1
Monsieur le Recteur, Messieurs les Doyens, Il m’
est
un peu difficile de m’adresser à vous au nom des deux autres collègue
2
e juridique, dont je ne crains pas d’avouer qu’il
est
pratiquement nul. Il m’est arrivé de jouer avec l’idée qu’il pourrait
3
ins pas d’avouer qu’il est pratiquement nul. Il m’
est
arrivé de jouer avec l’idée qu’il pourrait être bien agréable, et lit
4
m’est arrivé de jouer avec l’idée qu’il pourrait
être
bien agréable, et littéralement merveilleux qu’un titre de docteur ho
5
onheur, je me trouve honoré par une faculté qui n’
est
pas seulement « de droit » mais qui est aussi une Staatswissenschaftl
6
lté qui n’est pas seulement « de droit » mais qui
est
aussi une Staatswissenschaftliche Fakultät, et bien que le second ter
7
schaftliche Fakultät, et bien que le second terme
soit
mal traduisible dans ma langue, il me rassure, je commence à mieux vo
8
ient les abords septentrionaux du Gothard, et qui
furent
un dernier écho du mouvement des communes lombardes dans un milieu ru
9
on du continent — et que mon utopie de l’Europe n’
était
rien d’autre, en dernière analyse, que la réalité de la Suisse ! Ains
10
rchill ne voyait pas de continuité logique. Qu’en
est
-il aujourd’hui de la Suisse et de l’Europe, et de la continuité logiq
11
unifiée des technocrates ? À cette question, qui
est
bien plutôt l’expression d’une angoisse réelle qu’une objection de na
12
la seule Europe qui a des chances de se réaliser
sera
l’Europe fédéraliste, helvétisée. Je ne crois pas à l’alliance de nos
13
on sur l’obstacle par excellence à toute union qu’
est
la souveraineté absolue, mythe hérité des monarchies de droit divin.
14
u bien vous formez une amicale, mais alors vous n’
êtes
plus des misanthropes, ou bien vous restez misanthropes, mais alors l
15
en vous restez misanthropes, mais alors l’amicale
est
exclue. Je ne souhaite nullement l’adhésion de la Suisse à quelque Eu
16
par des technocrates. Le vrai problème me paraît
être
l’adhésion de l’Europe à la Suisse, l’adhésion des Européens à la for
17
e qui a fait la Suisse et qui demeure sa raison d’
être
. En d’autres termes : je ne crains rien pour l’avenir de la Suisse en
18
crains rien pour l’avenir de la Suisse en Europe,
étant
bien convaincu que l’avenir de l’Europe ne saurait être qu’helvétique
19
ien convaincu que l’avenir de l’Europe ne saurait
être
qu’helvétique ! Si ces paroles vous semblent trop hardies, voire témé
20
ut plus opportune en l’occurrence, d’un homme qui
fut
à la fois un grand juriste, un grand Européen, et un grand Zurichois,
21
tion, avant que le xix e siècle ne l’ait étatisé,
était
donné par des réalités ethniques et linguistiques. Respecter les « pe
22
’on respecte leur « personnalité » officielle, se
sont
formés précisément au mépris de la personnalité authentique des petit
23
naître et s’imposer à tout le continent — avant d’
être
imités de nos jours par le tiers-monde — , tout ce qui compte pour l’
24
l’esprit refuse de compter avec aucun d’eux. Ce n’
est
pas le Danemark qui compte pour Kierkegaard ou qui nous intéresse à l
25
voir à la France, souhaite que son Ardenne natale
soit
occupée par les Prussiens, et la fuit, l’injure à la bouche, pour all
26
s ; et ce qu’il regrettera — il l’a prédit — ce n’
est
pas sa nation, mais l’Europe — « l’Europe aux anciens parapets ». Ceu
27
traire, disent tout devoir à leur État-nation, ne
sont
jamais ceux qui l’illustrent, ce sont les Déroulède et les Détaillé,
28
-nation, ne sont jamais ceux qui l’illustrent, ce
sont
les Déroulède et les Détaillé, non les Baudelaire et les Courbet. S’i
29
Détaillé, non les Baudelaire et les Courbet. S’il
est
vrai que les diversités, voire les contradictions de notre culture, o
30
s, voire les contradictions de notre culture, ont
été
le ressort de notre histoire, elles ne doivent rien à nos États-natio
31
La « personnalité » de nos États-nations, qu’elle
soit
hexagonale ou insulaire, en forme de botte ou de peau de taureau, est
32
sulaire, en forme de botte ou de peau de taureau,
est
finalement la moins sociable de toutes celles qui prétendent à notre
33
de l’unification impérialiste des régions. Qu’en
est
-il de nos vraies diversités ? Je proposerai là-dessus deux observatio
34
de leur propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne
sont
pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’es
35
e et diverse. 2. La création culturelle en Europe
est
d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralisée et que s
36
Europe est d’autant plus riche et intense qu’elle
est
moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge,
37
e qu’elle est moins centralisée et que ses foyers
sont
plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universi
38
us nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création
sont
les universités — de Bologne à Oxford, de Coimbra à Cracovie et de To
39
vitalité inégalée de notre culture européenne, il
est
dans cette interaction perpétuelle des grands courants continentaux,
40
stater que l’échelon national ne joue aucun rôle,
est
simplement omis, inexistant. Ce qui s’oppose à l’union de l’Europe et
41
onalisme, sous-produit de la culture, puisqu’il a
été
propagé par l’école et ses manuels depuis le milieu du xix e siècle,
42
tinctes, autonomes et rivales. Cette conception n’
est
pas seulement responsable des guerres absurdes, justifiées aux yeux d
43
2000 se joue dans nos écoles, pour autant qu’il n’
est
pas déjà compromis par les conséquences, peut-être irréversibles, d’u
44
s, un entraînement de l’esprit critique. Son rôle
est
donc double : d’une part initier l’enfant et l’adolescent aux règles
45
es chances d’accord sur un type idéal d’éducation
sont
très faibles, et c’est bien ce qui s’est amplement vérifié dans notre
46
ucation sont très faibles, et c’est bien ce qui s’
est
amplement vérifié dans notre commission ! Cela ne facilite pas la tâc
47
l’Europe. Ici, la question immédiatement posée a
été
la suivante : éducation pour quelle Europe ? On peut imaginer de nomb
48
la fédération la plus souple : tous, quels qu’ils
soient
, se heurtent à l’obstacle majeur que constitue l’État-nation, tel que
49
heurs variables, plus de cent-vingt États, ce qui
est
beaucoup, depuis un siècle et demi, ce qui n’est rien au regard de l’
50
est beaucoup, depuis un siècle et demi, ce qui n’
est
rien au regard de l’histoire humaine. À partir de là, nos débats se s
51
l’histoire humaine. À partir de là, nos débats se
sont
orientés vers des conclusions positives. Nous nous sommes tous trouvé
52
rientés vers des conclusions positives. Nous nous
sommes
tous trouvés d’accord pour condamner le nationalisme, dont l’école au
53
le nationalisme, dont l’école aux trois degrés a
été
la principale propagandiste depuis un siècle. Et pour demander que l’
54
hie, de l’économie et de l’instruction civique ne
soit
plus enfermé dans le cadre national et dans ses mythes, mais parte de
55
nentale — du local à l’universel. Mais nous avons
été
d’accord, aussi, pour récuser toute espèce de nationalisme européen,
56
faire face à ces responsabilités. Nous avons tous
été
d’accord pour déclarer que l’éducation civique comporte une éducation
57
ce par le respect de l’environnement. Enfin, il a
été
suggéré — et approuvé — que la meilleure formation du citoyen est bea
58
approuvé — que la meilleure formation du citoyen
est
beaucoup moins celle qu’on lui donne par l’enseignement que celle qu’
59
’est une pure utopie : l’État-nation, disent-ils,
est
encore un obstacle inébranlable, soyons « réalistes », acceptons-le.
60
disent-ils, est encore un obstacle inébranlable,
soyons
« réalistes », acceptons-le. Pour d’autres, les plus jeunes, l’État-n
61
in de siècle, et de toute l’éducation européenne,
est
de nous préparer à le dépasser. Oui, les obstacles sont réels, mais l
62
e nous préparer à le dépasser. Oui, les obstacles
sont
réels, mais le vrai « réalisme » est dans la volonté de les surmonter
63
s obstacles sont réels, mais le vrai « réalisme »
est
dans la volonté de les surmonter. c. Édition réalisée sur la base d
64
contre les autoroutes) (4 mars 1974)d 1. Je ne
suis
pas un spécialiste des autoroutes, ni un ingénieur de la circulation,
65
Car les autoroutes, quoi qu’on vous en dise, ce n’
est
pas un problème technique, c’est un problème civique, qui nous concer
66
le sol sacré de la patrie ». Depuis longtemps je
suis
frappé par une situation tragi-comique où je nous vois plongés en tou
67
n toute inconscience : pendant que notre armée se
tient
fin prête à garder la Suisse aux frontières et à défendre jusqu’à la
68
érieur du pays, c’est-à-dire le pays tout entier,
est
livré aux pelles mécaniques et bulldozers, défoncé, déboisé, saigné d
69
end du Conseil fédéral, dès que l’objet en litige
est
assez grand, comme autoroutes, centrales nucléaires, achat de Mirages
70
aires et les agences spécialisées dont les arrêts
sont
en fait tout-puissants, sur lesquels nous, citoyens, ne pouvons rien,
71
els nous, citoyens, ne pouvons rien, — puisqu’ils
sont
nommés et non pas élus, par suite inamovibles quoiqu’ils fassent. Voi
72
mauvaises gens animés d’intentions perverses. Ce
serait
méconnaître absolument le sérieux de notre situation. Car leur force
73
ent le sérieux de notre situation. Car leur force
est
le produit de nos inerties civiques, leur pouvoir naît de nos démissi
74
. Idoles et faux dieux que tout cela, à quoi nous
sommes
tous coupables d’avoir cru, par routine et facilité. Depuis des année
75
on a tout fait pour nous persuader que tout cela
était
inévitable, nécessaire, vital, que cela répondait aux « nécessités éc
76
pour nous convaincre que nous, simples citoyens,
étions
totalement impuissants devant cette évolution fatale. Et nous n’avons
77
e sept ans, à Bruxelles !). Le déficit en énergie
sera
de 20 % dans dix ans, donc, il est absolument nécessaire de faire des
78
it en énergie sera de 20 % dans dix ans, donc, il
est
absolument nécessaire de faire des centrales nucléaires. » Mais il es
79
aire de faire des centrales nucléaires. » Mais il
est
faux que la consommation d’électricité puisse encore doubler tous les
80
uple suisse a fait 20 % d’économie sur l’énergie.
Tiens
! c’est justement ce 20 % qu’on nous affirmait qui devait manquer et
81
r : « Des problèmes tels que celui des autoroutes
sont
trop complexes, trop techniques, pour être soumis au vote populaire.
82
routes sont trop complexes, trop techniques, pour
être
soumis au vote populaire. Si on avait dû voter sur des objets de cett
83
ucléaire. » Eh oui, c’est probablement vrai, mais
est
-il vraiment démontré que ce serait un mal ? Beaucoup d’autres choses
84
lement vrai, mais est-il vraiment démontré que ce
serait
un mal ? Beaucoup d’autres choses seraient impossibles si on les soum
85
é que ce serait un mal ? Beaucoup d’autres choses
seraient
impossibles si on les soumettait au vote : par exemple les guerres !
86
en voir que plus les problèmes de la vie publique
sont
importants — plus leur objet est grand, cher, et dangereux — plus ils
87
la vie publique sont importants — plus leur objet
est
grand, cher, et dangereux — plus ils échappent aux décisions de l’ens
88
finalités. Il s’agit d’échapper, pendant qu’il en
est
temps, au cercle vicieux de la croissance illimitée, qui explique tou
89
trolières — jusqu’au point où les intérêts en jeu
sont
devenus si grands, que désormais c’est à eux que l’homme doit s’adapt
90
à anéantir les célèbres berges de la Seine : « Il
est
temps que Paris s’adapte à l’automobile ! » Hélas, ce ne sont pas seu
91
ue Paris s’adapte à l’automobile ! » Hélas, ce ne
sont
pas seulement nos villes, mais nos vies qui devraient, nous dit-on, s
92
pour lequel on construit nos autoroutes, qui n’en
seront
pas moins indestructibles, et qui auront détruit sous elles des centa
93
urs tonnes de plutonium, dont la période mortelle
est
de 24 000 ans !) Telles sont les vraies dimensions du problème. Qu’on
94
t la période mortelle est de 24 000 ans !) Telles
sont
les vraies dimensions du problème. Qu’on ne nous dise plus que ce n’e
95
ons du problème. Qu’on ne nous dise plus que ce n’
est
pas notre affaire d’en juger ! Exigeons, pendant qu’il en est temps,
96
e affaire d’en juger ! Exigeons, pendant qu’il en
est
temps, les moyens politiques d’intervenir dans un débat qui ne concer
97
onsables. Ce qui dépend de cette initiative, ce n’
est
rien de moins que l’avenir de la démocratie dans notre Suisse, j’ente
98
e en main leur destin, et d’affirmer que l’avenir
est
notre affaire, — non pas celle des ordinateurs, ces ventriloques de l
99
Franz Weber. Franz Weber et Denis de Rougemont y
étaient
les deux conférenciers. La fin du texte indique le 12 mars 1974, date
100
laquelle le texte de la conférence a probablement
été
mis au propre, sans être publié à notre connaissance.
101
conférence a probablement été mis au propre, sans
être
publié à notre connaissance.
102
974)e Cher Franz Weber, Une grippe m’empêche d’
être
parmi vous, mais non pas avec vous, cela va sans dire, et cela va enc
103
plus bête des envahisseurs : le béton, comment ne
serais
-je pas avec vous, encore, quand il s’agit de voler au secours non seu
104
ions à la crise mondiale qui s’annonce : car elle
est
née, cette crise, d’une mauvaise attitude de l’homme vis-à-vis de la
105
tions entre les hommes dans la cité. Tout cela se
tient
, organiquement, profondément. J’ai écrit il y a quelques années, et s
106
rte de provincialisme dans le temps, l’érotisme n’
est
pas une invention ni une « conquête » du xxe siècle : il a l’âge de l
107
avouée ni définie parce qu’elle va de soi, et qui
est
l’usage non procréateur de la sexualité ; son usage pour le plaisir s
108
e en suppose — pour les violer : sans gênes, il n’
est
pas de plaisir. Le christianisme, religion de l’Amour de Dieu et du p
109
oulement ? Non, car la tentation correspondante n’
est
pas sensible : la volupté et la luxure ne figurent pas au nombre des
110
au Christ dans le désert. On dira que l’Église s’
est
rattrapée ? Très tardivement, très partiellement. Et la très large to
111
e et du phénomène social de la vie de l’espèce, n’
est
mentionné par personne. » Nous sommes ici au degré zéro de l’érotisme
112
de l’espèce, n’est mentionné par personne. » Nous
sommes
ici au degré zéro de l’érotisme, nullement au comble de sa répression
113
un code de la sexualité dans le christianisme, qu’
est
né en Occident, et là seulement, le problème sexuel — expression qui
114
iècle. Malgré le christianisme, ou contre lui, ce
sont
des influences gnostiques (au sens large du terme) qui se trouvent av
115
le divin, constitutives de l’érotisme littéraire,
sont
le fait des gnostiques et non des scolastiques. L’amour-passion qui n
116
ssion rhétorique. Toutes les femmes qu’il célèbre
sont
mariées, sont des « Dames », deviennent objet d’adoration et reçoiven
117
ue. Toutes les femmes qu’il célèbre sont mariées,
sont
des « Dames », deviennent objet d’adoration et reçoivent le serment d
118
e de la Dame de ses pensées : « Par elle seule je
serai
sauvé ». Tout cela, qui est d’abord occitan et celte, va donner par B
119
« Par elle seule je serai sauvé ». Tout cela, qui
est
d’abord occitan et celte, va donner par Béroul et Chrétien de Troyes,
120
ler, Ces deux traditions de l’érotisme occidental
sont
littéraires, il est vrai, mais elles reflètent d’autant mieux les mœu
121
ons de l’érotisme occidental sont littéraires, il
est
vrai, mais elles reflètent d’autant mieux les mœurs réelles qu’elles
122
ment et décrivent la passion : « Combien d’hommes
seraient
amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour ? » se demande
123
nde La Rochefoucauld au xvii e siècle. L’érotisme
est
peut-être simplement la forme littéraire de la sexualité… 4. Don J
124
e Tristan Le xviii e dissocie l’érotique. Tout
est
sexe et le mariage nul dans les Liaisons dangereuses ou les aventures
125
ons dangereuses ou les aventures de Faublas. Tout
est
sexe et le sentiment nul chez Sade, qui traduit cyniquement le systèm
126
imauté dans les rapports entre les sexes, mais il
est
de Genève et démocrate. Sur lui se fondent les romantiques allemands
127
le mariage, en principe, sur le sentiment (ce qui
est
absurde), en fait sur l’héritage (ce qui est odieux), et tous ses écr
128
qui est absurde), en fait sur l’héritage (ce qui
est
odieux), et tous ses écrivains ignorent le sexe comme tel — sauf dans
129
ines. Voici enfin les tabous restaurés ! Comme il
est
entendu qu’on ne doit parler à table ou au salon ni de l’argent ni de
130
git de mode, c’est-à-dire d’éphémère : quand nous
serons
tous nus, il n’y aura plus qu’une chose à faire : se rhabiller. Déjà
131
rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente
est
peut-être une obscure tentative de compenser la rationalisation de no
132
ion, homosexualité, sexualité de groupe. Du moins
est
-ce le cas en Occident. Car les pays qui se réclament du marxisme, com
133
ui se réclament du marxisme, comme Chine et URSS,
sont
beaucoup plus réactionnaires que les bourgeois sur ce chapitre. Ils d
134
t propos. c) Toutefois, le fait que l’acte sexuel
soit
désormais filmé et projeté devant les foules me paraît moins « révolu
135
é (« ce tyran de notre âme » selon Casanova), qui
est
le ressort secret de l’érotisme, a plus de chances aujourd’hui de se
136
la sorte. Mais les facilités données à l’érotisme
sont
de nature à préparer une sorte d’anorexie sexuelle dans les nouvelles
137
me de l’autre, du prochain dans son autonomie. Ce
serait
enfin une érotique chrétienne. f. Édition réalisée sur la base d’u
138
hoix. Qu’on la souhaite ou qu’on s’en méfie, elle
est
inscrite dans les faits. Par son industrie et son commerce, par sa mo
139
es progrès scientifiques et techniques, la Suisse
est
dans le mouvement qui débouchera inéluctablement sur une union politi
140
es autres membres de cette communauté, le choix n’
est
plus entre l’intégration ou la non-intégration. Il est de subir l’Eur
141
lus entre l’intégration ou la non-intégration. Il
est
de subir l’Europe que d’autres auront voulue ou de mettre tout en œuv
142
. Le temps imparti à cette faculté d’intervention
est
court ; il l’est de par les décisions déjà prises dans le cadre de la
143
i à cette faculté d’intervention est court ; il l’
est
de par les décisions déjà prises dans le cadre de la CEE ; il l’est s
144
isions déjà prises dans le cadre de la CEE ; il l’
est
surtout à raison de l’urgence de problèmes dont la solution requiert
145
de la Communauté d’élaborer un rapport destiné à
être
soumis à une conférence au sommet ultérieure ». Ce rapport devra prop
146
s États membres en une union européenne. Il devra
être
déposé avant la fin de 1975, cependant que les chefs d’État et de gou
147
fs d’État et de gouvernement qui l’ont demandé se
sont
eux-mêmes donnés « comme objectif majeur de transformer, avant la fin
148
n européenne ». Des institutions de la Communauté
sont
déjà en place, d’autres vont être créées en vue d’autres domaines que
149
e la Communauté sont déjà en place, d’autres vont
être
créées en vue d’autres domaines que ceux de l’économie et de la monna
150
ie et de la monnaie ; le mouvement de coopération
est
amorcé, qui va très rapidement déboucher sur l’apparition de nouvelle
151
x centres de décision, auxquels les récalcitrants
seront
infailliblement voués à faire allégeance. L’avenir européen de la Sui
152
e ni à ces travaux ni à ces décisions pour ne pas
être
membre à part entière de la Communauté, ne résiste pas à l’examen. El
153
es milieux sociaux, etc., de l’Europe entière. Ce
serait
là des dépenses judicieuses infiniment moins lourdes que n’importe la
154
venir. Le pouvoir souverain d’un État ne saurait
être
une fin en soi, même lorsqu’il s’agit de protéger un domaine national
155
’il s’agit de protéger un domaine national : il n’
est
que l’instrument des moyens politiques dont disposent les personnes e
156
tion de leurs intérêts. Sa justification présente
sera
d’ouvrir la Suisse au monde, sans qu’elle ait à aliéner ce qui lui es
157
e au monde, sans qu’elle ait à aliéner ce qui lui
est
propre et que ses ressortissants tiennent en estime. Intervenir, m
158
r ce qui lui est propre et que ses ressortissants
tiennent
en estime. Intervenir, mais au nom de quoi ? Mais c’est à un ti
159
de son renouvellement. Le fédéralisme européen ne
sera
pas la copie du fédéralisme suisse. Les institutions politiques europ
160
. Les institutions politiques européennes devront
être
appropriées à d’autres dimensions, à d’autres tendances et à une tout
161
nctionner. N’empêche que la Suisse et les Suisses
sont
à même, s’ils le veulent bien, de proposer à l’Europe le projet d’une
162
ellement des cantons). Ils ignorent que la Suisse
serait
demeurée sans rayonnement dans le monde, si le fédéralisme n’avait ét
163
onnement dans le monde, si le fédéralisme n’avait
été
le levier de l’esprit d’entreprise, de l’émulation au travail et à l’
164
ques et d’affrontements idéologiques que l’Europe
est
à édifier. Il lui faut une méthode capable de surmonter sans éliminer
165
ute critique, qu’il y a la Révolution ; et qu’ils
soient
pour ou contre, peu importe : il n’y en a qu’une, qui changera tout d
166
vidence un mythe, au sens fort du ce terme, qui n’
est
pas illusion ni mensonge, mais structure gouvernant notre imagination
167
nsu, donc plus forte que toutes raisons. Le mythe
est
né en 1789 et à Paris, de la première révolution qui soit devenue mod
168
en 1789 et à Paris, de la première révolution qui
soit
devenue modèle universel. Auparavant, les rébellions locales, révolte
169
prises de pouvoir à l’échelle d’une nation, comme
furent
celles de Cromwell ou de George Washington, naissaient, évoluaient, s
170
ien vite son adjectif superflu. Et sa propagation
fut
si rapide qu’au xx e siècle, la forme politique qui en est née va se
171
pide qu’au xx e siècle, la forme politique qui en
est
née va se voir imitée sur toute la terre : 175 États-nations centrali
172
s centralisés, dictatoriaux, ou militaires (comme
furent
successivement les régimes français de 1793 à 1804) ont résulté de la
173
es de la planète. Mais la Révolution de 1789 n’a
été
qu’une première étape. Elle a marqué, ou plutôt confirmé, l’avènement
174
si. L’État bourgeois, parlementaire ou militaire,
fut
le produit de la Révolution, mis au point par le Premier consul puis
175
ier consul puis par l’Empereur Napoléon Ier. Il a
été
copié par tous les rois l’Europe qu’il avait attaqués. Finalement nou
176
rance révolutionnaire a donc gagné : son modèle s’
est
vendu partout au xx e siècle. Mais son triple idéal de Liberté, Égali
177
iplomatie des canonnières » à l’extérieur. Telles
sont
les réalités que Hegel traduira peu après2 en écrivant : « Les États
178
orcer l’État et la police contre lesquels elles s’
étaient
soulevées. Les bolchéviques vont changer tout cela. Un mois plus tard
179
s mesures et décisions proprement politiques vont
être
dirigées contre la fonction même des soviets — fonction civique, démo
180
olutionnaire, et lui répond : « En ce moment nous
sommes
absolument pour l’État. Proclamer à l’avance son extinction ce serait
181
ur l’État. Proclamer à l’avance son extinction ce
serait
forcer la perspective historique. » Par malheur, aux yeux du pouvoir
182
yeux du pouvoir centralisé de l’État-nation, nous
serons
toujours « en ce moment » où la guerre, les suites de la guerre, ou m
183
enace d’une prochaine guerre nous contraindront à
être
provisoirement mais « absolument pour l’État »… Et nous savons à quel
184
négatrice des droits de l’homme. Toutes les deux,
soit
par l’État-nation et ses armées de masses, soit par l’État totalitair
185
, soit par l’État-nation et ses armées de masses,
soit
par l’État totalitaire et ses fonctionnaires militarisés, ont mené en
186
i elle s’instaure dans la violence et la terreur,
est
condamnée à produire un régime radicalement contraire à celui qu’elle
187
sens de la guerre, et que la guerre aujourd’hui,
serait
la guerre atomique, bactériologique et chimique — qui est autant dire
188
uerre atomique, bactériologique et chimique — qui
est
autant dire la fin de l’humanité civilisée. Mais puisqu’on ne peut po
189
continents mais surtout de l’Europe (d’où le mal
est
venu) : ils se tournent vers une nouvelle évolution. Entre la gauche,
190
nomme un peu trop facilement « écologistes ». Ce
sont
en fait des citoyens et citoyennes qui découvrent qu’ils sont respons
191
des citoyens et citoyennes qui découvrent qu’ils
sont
responsables de leur avenir, et qu’ils ne seront libres, en fait, que
192
ls sont responsables de leur avenir, et qu’ils ne
seront
libres, en fait, que dans la mesure où ils cesseront de refuser leurs
193
ncrètes dans l’évolution de nos sociétés. Qu’ils
soient
préoccupés de protection de l’environnement naturel et urbain, de déf
194
ire dans notre époque de foules solitaires, — ils
sont
tous les porteurs d’un mouvement profond qui peut, demain, balayer le
195
aine et plus libérale, parce que chacun, en fait,
sera
plus responsable. D’ores et déjà l’on peut prévoir l’avènement d’une
196
élèbre de 1934. L’erreur fondamentale de Lénine a
été
la même que celle des jacobins, « prendre le pouvoir » tel qu’il est,
197
le des jacobins, « prendre le pouvoir » tel qu’il
est
, au lieu de favoriser la naissance et l’invention de pouvoirs tout no
198
l sous l’identifiant 755. i. La fin de la phrase
est
soulignée en rouge et accompagnée de deux points d’interrogation en m
199
vaut infiniment mieux selon les Grecs — que nous
sommes
réunis pour célébrer, ce soir. Il s’agit là, pour moi, d’un acte de p
200
ères comme le dira la Bible, « afin que tes jours
soient
prolongés sur la Terre ». Prolonger nos jours sur la Terre, ce n’est
201
a Terre ». Prolonger nos jours sur la Terre, ce n’
est
pas une recette pour mourir centenaire ! C’est une manière de prolong
202
rs 1820, sauf erreur, une fabrique ou manufacture
est
construite à Grandchamp, lieu tout proche, au milieu de la plaine de
203
aine de l’Areuse. De la région de Bovétie, Areuse
sera
donc le premier pôle, Grandchamp, le second. Dix minutes à pied les s
204
vue spirituel, tout un monde. Les Bovet d’Areuse
sont
militaires et progressent en grades de génération en génération (capi
205
tenant-colonel et enfin colonel). Tous mes oncles
seront
officiers tandis que Philippe Godet a pu écrire de Félix Bovet — qui
206
re, et en fait d’armée, la seule qu’il ait goûtée
fut
, je crois, l’Armée du salut ». Areuse est dominé par un pavillon dans
207
goûtée fut, je crois, l’Armée du salut ». Areuse
est
dominé par un pavillon dans les vignes nommé Tiens-toi bien (Tintaben
208
est dominé par un pavillon dans les vignes nommé
Tiens
-toi bien (Tintabene en patois) sur lequel les Jean-Jacques montaient
209
Arnold Bovet, fondera la Croix-Bleue. Mais ce ne
sont
là qu’anecdotes. Entre Areuse et Grandchamp, si les cousinages resten
210
ges restent proches, le contraste le plus profond
sera
de nature spirituelle. Je dirai simplement comment je l’ai ressenti,
211
ressenti, pendant mes vacances enfantines. Areuse
était
, pour moi, venant du Haut, je veux dire du Val-de-Travers, luxe pur,
212
ra bien que j’y aille un de ces jours — , mais je
suis
à peu près certain que cette maison, qui fut d’abord fabrique d’indie
213
je suis à peu près certain que cette maison, qui
fut
d’abord fabrique d’indiennes, atteint quelque 150 m de longueur. C’ét
214
dchamp. Le long bâtiment principal avait toujours
été
pour moi une sorte d’immense bibliothèque, dont je sais aujourd’hui q
215
der dans quelle mesure le Grandchamp des Bovet ne
fut
pas, proportions gardées, un Port-Royal de notre Suisse romande au de
216
ar la femme de Jean-Jacques, Barbe Paris : elle a
été
élevée dans les principes des frères moraves, dont on sait qu’ils pos
217
mère, Madame Philippe Bovet, née Bertha Mumm, qui
fut
la véritable fondatrice de la communauté spirituelle de Grandchamp, a
218
e ses deux filles Clara et Hélène (cette dernière
sera
la femme de Félix Bovet, père de Pierre). Toutes les trois ont été fo
219
élix Bovet, père de Pierre). Toutes les trois ont
été
formées soit en Allemagne, soit à Montmirail ou en Suisse allemande,
220
père de Pierre). Toutes les trois ont été formées
soit
en Allemagne, soit à Montmirail ou en Suisse allemande, par des piéti
221
utes les trois ont été formées soit en Allemagne,
soit
à Montmirail ou en Suisse allemande, par des piétistes, moraves ou il
222
que l’ancienne fabrique d’indiennes de Grandchamp
fut
achetée en 1856. De Clara, fille aînée de Bertha, dont le caractère
223
tère hautement original et le tempérament de chef
sont
restés légendaires à Grandchamp, Félix Bovet, qui deviendra son beau-
224
té : « Il n’y aurait personne comme elle, si elle
était
comme tout le monde. » (Pensées, 123) Il y avait aussi sœur Lisbeth,
225
et les visiteurs de Grandchamp. Charles Secrétan
était
de ceux-là. Quand il était en séjour chez son ami Félix Bovet, il le
226
hamp. Charles Secrétan était de ceux-là. Quand il
était
en séjour chez son ami Félix Bovet, il le laissait souvent « pour all
227
mp, p. 350) C’est également à de jeunes femmes qu’
est
consacrée la maison dite l’Andalouse : les Bovet y accueillent vers l
228
premier de sa sorte sur le continent — , mon père
fut
le premier chapelain. C’est au sujet de ces « âmes de prières » que f
229
in. C’est au sujet de ces « âmes de prières » que
furent
les femmes de Grandchamp qu’on a pu écrire que, quelle que fut leur o
230
s de Grandchamp qu’on a pu écrire que, quelle que
fut
leur origine, leur condition sociale et leur culture, elles étaient d
231
ne, leur condition sociale et leur culture, elles
étaient
dans la communauté, « entourées d’un respect égal à celui qu’inspirai
232
ui ait rien raconté), elle s’arrête et dit : « Là
sera
la chapelle. » « Le respect pour les princes de l’esprit ». C’est ic
233
es. Le Grandchamp de Félix Bovet. Félix Bovet qui
fut
bibliothécaire puis professeur de littérature à l’Académie de Neuchât
234
s plus encore qu’un écrivain de race, Félix Bovet
fut
l’âme discrète d’un large rayonnement intellectuel. C’est lui que vie
235
éphine Butler, et la maréchale Booth, — qui avait
été
emprisonnée à Boudry ! De ces Pensées (qu’on voudrait toutes citer)
236
Bovet, mais aussi de l’esprit de Grandchamp, que
sera
Pierre. Et tout d’abord un trait — sans doute fondamental chez le fil
237
mal l’étroitesse des Églises de son temps et ne s’
est
jamais privé de le dire avec une douce férocité que, précisément, l’h
238
xtes succéda le sermon comme une pluie tiède de l’
été
succède à l’éclair et au tonnerre… Je connais le procédé par lequel l
239
accompli cette parole du prophète : Toute hauteur
sera
abaissée et toute vallée sera comblée… Le chant était admirablement a
240
ète : Toute hauteur sera abaissée et toute vallée
sera
comblée… Le chant était admirablement adapté au reste du culte. C’éta
241
a abaissée et toute vallée sera comblée… Le chant
était
admirablement adapté au reste du culte. C’était les sublimes psaumes
242
t-on remarqué que dans bien des cas l’humour peut
être
aussi une forme de l’esprit de tolérance en ceci qu’il tend à désamor
243
irée d’une de ses Lettres de Grandchamp : « Je ne
serai
pleinement satisfait que quand j’aurai pleinement compris la raison d
244
que quand j’aurai pleinement compris la raison d’
être
de la tendance contraire. » Le principal reproche qu’il adresse aux É
245
Le principal reproche qu’il adresse aux Églises n’
est
-il pas justement celui de l’intolérance qu’elles ont montrée au cours
246
. (Pensées, n° 105, p. 63) Enfin, comment ne pas
être
frappé par les remarques toujours si drôles et pénétrantes qu’on trou
247
. Cet enfant m’inquiète, lit-on quelque part, il
est
trop avancé, il se développe trop ! — Il faudra le mettre à l’école,
248
a très loin : Nous dressons nos enfants, mais ce
sont
leurs enfants qui les élèveront. Il me paraît qu’ici nous venons de
249
enons de rejoindre, presque littéralement, ce qui
sera
l’idée centrale et le motto de l’Institut Rousseau, quand Pierre Bove
250
ecteur : Discat a puero magister, « que le maître
soit
instruit par l’élève ». Il me paraît aussi qu’en évoquant l’atmosphèr
251
t aurait-il reculé devant le jeu de mot ? je n’en
suis
pas certain), nous avons maintenant réuni les éléments d’un portrait
252
D’autres ont dit et vont nous dire encore ce que
fut
l’œuvre écrite du psychologue de l’Instinct combatif et l’œuvre agie
253
te figure de Pierre Bovet quelques traits qui lui
furent
d’autant plus particuliers et personnels qu’ils sont en fait paradoxa
254
t d’autant plus particuliers et personnels qu’ils
sont
en fait paradoxaux. Ce tolérant dans l’âme fut en même temps, et tou
255
sont en fait paradoxaux. Ce tolérant dans l’âme
fut
en même temps, et toute sa vie, le défenseur le plus ardent et effica
256
vaient appeler au cœur d’un homme pour qui la foi
était
action autant qu’amour. Pierre Bovet fut l’apôtre de la Paix par l’éc
257
la foi était action autant qu’amour. Pierre Bovet
fut
l’apôtre de la Paix par l’école, de la Fédération abolitionniste, de
258
ne risque guère de me tromper en disant qu’il eût
été
à ce titre là comme à tant d’autres un défenseur de l’environnement,
259
infatigable de toutes les diversités de l’humain
était
en même temps un timide ; ce pédagogue qui aidait les autres à se lib
260
on lui offrit « une fiche pour prendre contact ».
Était
-ce pour surmonter cette timidité et faciliter le dialogue que Pierre
261
e patrie locale, presque tribale, selon Amiel, qu’
était
la Bovétie. Son livre sur Grandchamp représente ses racines, sa patri
262
tout et après tout, par-dessus tout, Pierre Bovet
fut
un apôtre de la paix. Ne reculons pas devant l’aveu qui eût gêné ses
263
’aveu qui eût gêné ses cousins d’Areuse, mais qui
était
dans le droit fil des traditions de Grandchamp : Pierre Bovet fut un
264
t fil des traditions de Grandchamp : Pierre Bovet
fut
un pacifiste, pour les mêmes raisons qu’il fut éducateur, qu’il fut c
265
et fut un pacifiste, pour les mêmes raisons qu’il
fut
éducateur, qu’il fut chrétien, qu’il fut tout simplement intelligent.
266
pour les mêmes raisons qu’il fut éducateur, qu’il
fut
chrétien, qu’il fut tout simplement intelligent. Je sais que le mot f
267
ns qu’il fut éducateur, qu’il fut chrétien, qu’il
fut
tout simplement intelligent. Je sais que le mot fait peur à beaucoup
268
oup de braves gens qui croient que les pacifistes
sont
presque aussi dangereux que les Brigades rouges. Je tiens que son liv
269
esque aussi dangereux que les Brigades rouges. Je
tiens
que son livre sur l’Instinct combatif, en nous montrant que l’agressi
270
inct combatif, en nous montrant que l’agressivité
est
un instrument qu’il s’agit bien moins de réprimer que d’éduquer et de
271
et de civiliser ou « sublimer » comme dira Freud
est
un des ouvrages marquants de notre siècle, et qu’il peut faire davant
272
uest (8 décembre 1978)k 1. L’Europe de l’Ouest
est
l’élément fondamental de la problématique considérée, car : — elle a
273
elle a découvert le Monde, tandis que personne n’
est
jamais venu la découvrir ; elle a donc créé la notion même d’humanité
274
ndiale actuelle, d’où les problèmes que le NOEI s’
est
donné pour tâche de résoudre. Telles étant les responsabilités de l’E
275
e NOEI s’est donné pour tâche de résoudre. Telles
étant
les responsabilités de l’Europe (positives et négatives, créatrices e
276
ices et oppressives), un fait trop peu connu doit
être
ici mis en lumière : — L’Europe est la seule partie du Monde radicale
277
u connu doit être ici mis en lumière : — L’Europe
est
la seule partie du Monde radicalement divisée dans ses jugements quan
278
2. En effet : les Européens du xx e siècle ont
été
formés (même sans le savoir) par des traditions de pensée et des ment
279
ir et leurs vues sur le Monde, qui toutes peuvent
être
rapportées à deux grandes généalogies culturelles (religieuses, philo
280
un modèle occidental dont les caractères communs
sont
: — l’usage rationalisé des biens matériels produits par la Nature et
281
— enfin, l’intégration à « un type de société qui
serait
l’expression d’une conscience unifiée de l’humanité » (Herrera). 4.
282
ntal, quelque assoupli, adapté, différencié qu’il
soit
, se voit inévitablement marqué par l’utopie si longtemps acceptée san
283
videmment réfutée par le seul fait que la Planète
est
une sphère finie, mais que l’Occident (Europe xix e siècle, puis USA
284
t, incontestable, que le « nouvel ordre mondial »
soit
presque toujours qualifié d’économique est parfaitement révélateur de
285
ial » soit presque toujours qualifié d’économique
est
parfaitement révélateur de son origine occidentale (européenne d’abor
286
ntiste, matérialiste, quantitatif, deux réactions
sont
possibles : — celle positive, des élites sociales et du personnel dét
287
olution française, Napoléon) et dont la formule s’
est
propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils sont environ 160 aujo
288
t propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils
sont
environ 160 aujourd’hui) ; — celle, critique, sceptique, contestatair
289
e la productivité et de l’innovation à tout prix,
fût
-ce au prix des équilibres culturels et naturels les plus précieux pou
290
itique d’organisation mondiale de l’économie vont
être
consentis par les États-nations occidentaux (capitalistes et communis
291
ment). Au contraire : chacun de nos États (que ce
soit
à l’Est ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble
292
contraire : chacun de nos États (que ce soit à l’
Est
ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble de mesur
293
érêts, 2° que ce qui n’empiète pas, si peu que ce
soit
, sur ce qu’il considère comme relevant de sa souveraineté nationale a
294
énuries flagrantes. La pédagogie des catastrophes
est
seule capable de leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soi
295
s est seule capable de leur enseigner quoi que ce
soit
qui diffère tant soit peu des utopies du Progrès matériel, encore par
296
leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant
soit
peu des utopies du Progrès matériel, encore partout régnantes en dépi
297
faisant problème, car : 1° croire que le nouveau
est
toujours meilleur, c’est une des superstitions typiques nées en Europ
298
ions typiques nées en Europe ; 2° l’ordre ne peut
être
« nouveau », il n’y avait rien à remplacer ; 3° les caractéristiques
299
les caractéristiques du NOEI (voir les 33 thèmes)
sont
celles d’une mise en ordre plutôt que d’un ordre véritable qui suppos
300
rmonie, qui n’apparaît pas ; 4° l’ordre préconisé
est
conçu comme cadre et programme, faisant intervenir à tout instant des
301
u contraire une société mondiale où la différence
soit
non seulement reconnue mais garantie et cultivée. Ils demandent la li
302
utre. Ils savent, au surplus, que l’homme ne peut
être
libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsa
303
plus, que l’homme ne peut être libre que là où il
est
responsable ; et qu’il ne sera jamais responsable dans les villes éno
304
libre que là où il est responsable ; et qu’il ne
sera
jamais responsable dans les villes énormes et les collectivités gigan
305
à des gens passifs, incapables de répondre donc d’
être
responsables au sens étymologique du mot. 8. L’avenir et la possibi
306
issance, ne peut conduire qu’au désastre. Il doit
être
remplacé par un modèle qui vise à la Liberté. Seule la réalisation de
307
ation de ce second modèle par l’Europe de l’Ouest
sera
capable de libérer nos contemporains de la fascination qu’exerce sur
308
, et de préférence là même où le mauvais modèle s’
était
constitué. Le Dr Albert Schweizer disait : « On a tort de dire que l’
309
r disait : « On a tort de dire que l’exemple vécu
est
le meilleur moyen d’influencer les hommes. Car c’est le seul. » L’ave
310
seul. » L’avenir d’un ordre solidaire global, qui
est
la seule alternative au désastre économique et à la guerre nucléaire,
311
épithètes qui lui viennent à l’esprit se trouvent
être
désobligeantes, même pour définir ses compatriotes. Les Anglais sont
312
, même pour définir ses compatriotes. Les Anglais
sont
« ivrognes », les Allemands « coléreux », les Français « orgueilleux,
313
Plus précises et plus nationales au sens moderne
sont
les descriptions de Moreri dans son grand dictionnaire historique de
314
ychologie des peuples : « On dit que les Français
sont
polis, adroits, généreux, mais prompts et inconstants ; les Allemands
315
otypes tribaux, magiques, racistes, etc., si elle
est
la plus ancienne et la plus continue de nos traditions politiques, n’
316
la plus continue de nos traditions politiques, n’
est
pas encore la plus explicative des attitudes politiques traditionnell
317
raditionnelles de nos États. Celles-ci ne peuvent
être
comparées que sur le fond des grands Empires dont les nations moderne
318
d des grands Empires dont les nations modernes se
sont
détachées, ou dont elles sont les produits de décomposition. Une pre
319
nations modernes se sont détachées, ou dont elles
sont
les produits de décomposition. Une première grande division de l’Eur
320
ion. Une première grande division de l’Europe en
Est
et Ouest remonte à l’Empire romain : les pays à l’ouest du limes sont
321
e à l’Empire romain : les pays à l’ouest du limes
sont
, sans contestation possible, européens et trouvent dans l’héritage ro
322
omain le fondement de leur continuité. Les autres
seront
conquis par Charlemagne, ou ne se rattacheront à l’Occident que plus
323
ou les Anglais dans « l’Île » par excellence4. Ce
sont
les relations entretenues au cours des siècles par nos divers États a
324
s européens. Les plus constamment fidèles aux Six
furent
ceux qui avaient fait partie des trois Empires : Germanie, Italie, pa
325
omplices — qui remet en question, périodiquement,
soit
le traité de Rome, soit les mesures de défense commune (CED), soit l’
326
question, périodiquement, soit le traité de Rome,
soit
les mesures de défense commune (CED), soit l’élection du Parlement eu
327
Rome, soit les mesures de défense commune (CED),
soit
l’élection du Parlement européen. Enfin, ceux qui restent à l’écart n
328
i revient : la première ». Mais en même temps, ce
sont
des Français qui proposeront de siècle en siècle les plans d’union le
329
tide Briand, Robert Schuman et Jean Monnet. Et ce
sera
la France officielle qui les désavouera. Le cas de l’Allemagne et cel
330
ouera. Le cas de l’Allemagne et celui de l’Italie
sont
radicalement différents. Si la France, l’Espagne et la Grande-Bretagn
331
Si la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne se
sont
constituées en États nationaux dès le xiii e siècle par les entrepris
332
s le passé qu’aux traditions du Saint-Empire, qui
sont
précisément pluralistes, anti-unitaires et supranationales. Ainsi leu
333
et l’Italie, et un demi-siècle pour les pays de l’
Est
créés ou réformés par les traités de 1919-1920. C’est en fonction de
334
ptabilité d’un État moderne aux réalités modernes
est
en raison inverse de l’ancienneté de ses traditions nationales. La Fr
335
nt à l’échelle du Continent. La Russie ne cesse d’
être
asiatique et despotique que lorsqu’elle peut retourner contre l’Europ
336
aucrate, et sous Staline le marxisme. Bref, il n’
est
pas une « politique traditionnelle » qui ne joue contre l’Europe unie
337
reconnaître, contre tout bon sens politique, s’il
est
vrai que celui-ci est d’abord une capacité d’inventer de quoi faire f
338
ut bon sens politique, s’il est vrai que celui-ci
est
d’abord une capacité d’inventer de quoi faire face aux situations nou
339
ionnelle a par là même les plus grandes chances d’
être
en fait une anti-politique dans notre monde en mutation, quelles sont
340
i-politique dans notre monde en mutation, quelles
sont
les chances du contraire, consistant à nous libérer des attitudes tra
341
ses frontières sacralisées. Car nos États-nations
sont
dirigés par un personnel politique formé de fonctionnaires permanents
342
t de ministres semi- professionnels, que je crois
être
plus que tout autre groupe social, victime des stéréotypes réputés tr
343
inspirent les décisions de ce personnel politique
est
impropre à tout esprit de coopération et hostile à tout projet d’unio
344
coopération et hostile à tout projet d’union. Ce
sont
les restes de situations et d’accidents dépassés depuis longtemps et
345
erser » ou « faire sauter » les États-nations (ce
serait
de l’utopie au pire sens du mot), mais les laisser dépérir comme ils
346
emain. Car au niveau local se posent — et peuvent
être
résolus en partie — les problèmes immédiats de l’environnement, de l’
347
et de la participation civique, laquelle ne peut
être
réelle que dans de petites unités. Au niveau continental se forme le
348
nalistes, la seule Europe que nous pourrons bâtir
sera
celle des réalités en création : Écologie, Régions, Fédération : même
349
ous entendez dire à droite comme à gauche (ou à l’
Est
) que l’Europe ne serait qu’une invention de technocrates, de financie
350
roite comme à gauche (ou à l’Est) que l’Europe ne
serait
qu’une invention de technocrates, de financiers, d’industriels, ou d’
351
chnocrates, financiers et états-majors. Mais ce n’
est
pas cette Europe-là — d’ailleurs condamnée — que nous voulons sauver
352
— que nous voulons sauver à Ecoropa. Notre Europe
est
une nécessité qui s’inscrit dans l’histoire mondiale de cette fin du
353
ques pourtant nous avaient prévenus : « Le fini n’
est
pas capable d’infini. » Mais nous avons perdu de vue cette vérité fon
354
perdu de vue cette vérité fondamentale. Nous nous
sommes
imaginé que la Terre, loin d’être une sphère finie et que rien au mon
355
le. Nous nous sommes imaginé que la Terre, loin d’
être
une sphère finie et que rien au monde ne pourra rendre plus grande qu
356
ne pourra rendre plus grande qu’elle-même pouvait
être
exploitée indéfiniment en progression exponentielle : voilà l’utopie
357
ou dans 5 ans seulement que toutes ces ressources
seraient
épuisées. Devant un danger aussi pressant, nous ne pouvons nous conte
358
’élaborer un autre modèle de civilisation, qui ne
soit
plus axé sur la perspective d’un développement matériel indéfini ; el
359
u. J’aime ce mot du Dr Schweitzer : « L’exemple n’
est
PAS le meilleur moyen d’agir sur autrui : c’est le seul. » Mais passe
360
sation dans un monde où vingt-cinq à trente États
seront
armés de la Bombe d’ici quelques années. Dogme déjà dépassé parce qu
361
os États souverains ne fonctionnent plus. Aucun n’
est
en mesure de faire face correctement aux tâches que le gouvernement d
362
ement aux tâches que le gouvernement d’une nation
est
censé assurer. Nos souverainetés nationales, en effet, ne peuvent rés
363
i à une intervention militaire qui viendrait de l’
Est
. Elles ne peuvent ni lutter contre l’inflation sans augmenter le chôm
364
tre propre crise… Je le répète, les États-nations
sont
condamnés puisqu’ils ne peuvent plus jouer leur rôle. Je veux bien qu
365
es continuent d’aller, répétant que l’État-nation
est
la seule réalité avec laquelle il nous faut compter. Alors, qu’ils no
366
mme je préfère dire : le souci écologique, loin d’
être
une mode, est une nécessité vitale face à l’agression industrielle. O
367
dire : le souci écologique, loin d’être une mode,
est
une nécessité vitale face à l’agression industrielle. Or, l’applicati
368
trielle. Or, l’application de ses remèdes ne peut
être
que locale, régionale, ou continentale, mondiale. Jamais nationale !
369
grand égale fédération, et l’une sans l’autre ne
sera
jamais possible : elles sont en interaction créatrice. La fédération
370
’une sans l’autre ne sera jamais possible : elles
sont
en interaction créatrice. La fédération de l’Europe, ce vieux rêve s
371
t nos plus grands poètes, de Dante à Victor Hugo,
est
devenu de nos jours une urgence matérielle, économique d’abord aux ye
372
t topos, lieu, donc non-pays, lieu de nulle part)
est
exactement ce qui doit désigner l’État-nation, ce modèle abstrait pla
373
géo-historico-culturels et économiques. La région
est
le contraire absolu de l’u-topie ! C’est ce que les Européens ont sen
374
ée régionaliste par leur ampleur et leur rapidité
sont
bien faits pour ranimer les espoirs des fédéralistes : non seulement
375
déralistes : non seulement l’Allemagne de l’Ouest
est
déjà constituée de länder et la Suisse de cantons qui à certains égar
376
évoyant des régions autonomes, la Grande-Bretagne
est
aux prises avec le grave problème de la devolution, la France même co
377
. Je le répète : cette évolution vers les régions
est
issue des possibilités de dépassement par en haut de nos souveraineté
378
fédérée : même Avenir. Bien sûr, la fédération ne
sera
pas la panacée universelle, la formule magique. Mais s’il est probabl
379
anacée universelle, la formule magique. Mais s’il
est
probable que l’Europe fédérée n’a pas réponse à tout, il est certain
380
e que l’Europe fédérée n’a pas réponse à tout, il
est
certain que les souverainetés nationales n’ont plus réponse à rien !
381
italien, anglais, néerlandais et allemand) et qui
est
sorti des travaux d’un groupe Cadmos, dont plusieurs des membres les
382
mos, dont plusieurs des membres les plus éminents
sont
parmi les fondateurs d’Ecoropa. Il s’agit d’un Rapport au peuple eur
383
droits fondamentaux de l’homme, le droit au rêve
est
l’un des plus souvent négligés… par ses ayants droit. Saisissant l’oc
384
e viens soumettre au jugement du grand juriste qu’
est
Fernand Dehousse un cas pendable d’utopie fédéraliste, dont je ne con
385
ble d’utopie fédéraliste, dont je ne conteste pas
être
l’auteur. L’évolution de l’idée européenne, du congrès de La Haye,
386
ralisée, elles reprennent leur relief sitôt qu’il
est
question de dévaloriser si peu que ce soit les frontières que décrète
387
t qu’il est question de dévaloriser si peu que ce
soit
les frontières que décrètent, sur notre péninsule, le hasard des guer
388
lache. Une quarantaine de ces « reconnaissances »
sont
en train de s’opérer dans l’Ouest européen. Or, la plupart des aires
389
ionales qui se font reconnaître ainsi se trouvent
être
transfrontalières. Et l’on y est amené à constater que, confrontés au
390
nsi se trouvent être transfrontalières. Et l’on y
est
amené à constater que, confrontés aux problèmes qui s’y posent, les É
391
de l’autre en moyenne d’une heure d’avion — , ne
tiennent
des réunions hebdomadaires, afin de concerter les options politiques
392
les directives émises par chacune des agences ne
soient
reçues par les régions de la même manière que les ordonnances du méde
393
térielles, bien vite classées, parfois sans avoir
été
lues, puisqu’on ne les avait pas sollicitées et qu’elles servent peut
394
Un beau jour, on s’apercevra que l’Europe fédérée
est
virtuellement faite. (Ce qu’on ne saura peut-être pas, c’est qu’elle
395
. (Ce qu’on ne saura peut-être pas, c’est qu’elle
sera
faite à l’image de la Suisse, avec ses départements fédéraux dont les
396
égions, le tissu des relations nouées entre elles
sont
devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et abstra
397
nationale — ce jour-là, la révolution européenne
sera
virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses n
398
peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ils
soient
considérés par les habitants des régions comme des subsistances super
399
dence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’
être
, dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérative et peut même
400
n et de se battre pour ses compétences : qu’elles
soient
très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimensions europ
401
ionale et la souveraineté absolue de l’État. Tout
est
bloqué. Faut-il s’asseoir et pleurer ? Demandons-nous plutôt où se si
402
elles pas de régions ni de fédération, — mais qui
sont
beaucoup plus faciles à conquérir que les grandes décisions d’abandon
403
nous faut exiger les moyens de la construire, qui
sont
très simples : le droit de la commune à cotiser au syndicat régional
404
uple. La différence entre le rêve et la réalité
est
chronologique. La plupart des rêves de l’homme se sont réalisés au co
405
chronologique. La plupart des rêves de l’homme se
sont
réalisés au cours des âges, — voler, aller au fond des mers et sur la
406
ance, tuer de même et sans risques, voir ce qui n’
est
pas là, entendre Mozart ou Bach ou la voix de ses parents morts en to
407
core, pour des raisons tout à fait claires : elle
serait
pour notre société une catastrophe sans précédent. Mais rien de parei
408
ns, que c’était si facile à prévoir : tout ce qui
était
raisonnable y conduisait… II. Les étapes Telle étant l’idée gé
409
onnable y conduisait… II. Les étapes Telle
étant
l’idée générale du projet8 suggéré à Ecoropa lors de la réunion de Br
410
entifier les régions. On sait à peu près où elles
sont
, combien elles sont. Mais avant de les convoquer à l’échelle européen
411
. On sait à peu près où elles sont, combien elles
sont
. Mais avant de les convoquer à l’échelle européenne, il serait indisp
412
avant de les convoquer à l’échelle européenne, il
serait
indispensable de savoir : — Où sont celles qui méritent le titre de r
413
opéenne, il serait indispensable de savoir : — Où
sont
celles qui méritent le titre de région ? C’est-à-dire quels critères
414
ritères autorisent cette dénomination ? — Quelles
sont
leurs instances dirigeantes, if any ? — Quelles sont leurs principale
415
t leurs instances dirigeantes, if any ? — Quelles
sont
leurs principales données quantitatives (population, superficie), mai
416
égions. Le processus de nomination des délégués n’
est
pas très important dans les débuts, et variera d’une région à l’autre
417
ler dessus. (Le problème à résoudre préalablement
sera
celui du financement de l’Assemblée, voyage et séjour des délégués ré
418
ôt de mise en réseau des régions frontalières ont
été
esquissées, avec des succès divers par la Conférence des pouvoirs loc
419
t — dans l’esprit des fonctionnaires du CE qui en
sont
responsables, appuyés par de nombreux éléments des mouvements régiona
420
tionaux), les espoirs des fédéralistes véritables
seraient
compromis, voire anéantis pour longtemps. Le problème se ramène à cec
421
pa me paraît susceptible d’intervenir. Les partis
sont
exclus, comme agents fédérateurs. Leurs motivations sociales étant pl
422
me agents fédérateurs. Leurs motivations sociales
étant
plus polémiques ou impérialistes que fédératrices. (Voir les dénoncia
423
ement définit le fédéralisme européen. Ce facteur
est
l’écologie, la politique écologique. Je dis que ce facteur serait cat
424
e, la politique écologique. Je dis que ce facteur
serait
catalyseur. Ecoropa n’est nullement équipée, actuellement, pour assum
425
e dis que ce facteur serait catalyseur. Ecoropa n’
est
nullement équipée, actuellement, pour assumer la tâche de fédérer les
426
e de fédérer les régions européennes. Le problème
est
de savoir si, assumant ce but, elle trouverait par cela même les moye
427
e, réunir des fonds ? 6. Le texte ci-dessous a
été
écrit en 1975 pour le recueil de mélanges qui devait être présenté au
428
it en 1975 pour le recueil de mélanges qui devait
être
présenté au grand juriste belge Fernand Dehousse, décédé l’année suiv
429
déjà à Bruxelles (CEE) et à Genève (CERN). Elles
sont
intergouvemementales. Des agences privées sont en voie de formation :
430
es sont intergouvemementales. Des agences privées
sont
en voie de formation : instituts européens de l’éducation (Paris) et
431
peut le lire à peu près identique dans L’Avenir
est
notre affaire, p 352 à 355. n. Édition réalisée sur la base d’un tap
432
ifiant 817. Le tapuscrit indique que ce rapport a
été
rédigé « en vue de la rencontre du groupe d’animation du 25 au 27 sep
433
t de prendre, malgré moi, dans un rapport où il n’
est
pas toujours possible de nuancer suffisamment. Je prendrai donc d’abo
434
e, cela implique que ce qui fait obstacle devrait
être
écarté, supprimé, non pas considéré en soi, on its own merits, à des
435
tive : celle d’un accident, mais péjorative. Il n’
est
pas un signe à prendre au sérieux, mais une résistance morbide à élim
436
résistance morbide à éliminer. Son premier devoir
est
de se laisser surmonter, dit un proverbe italien. Or, en fait, je vou
437
paravant, son instauration subséquente ne saurait
être
dite « nouvelle » : elle serait inaugurale. Or qui peut soutenir que
438
séquente ne saurait être dite « nouvelle » : elle
serait
inaugurale. Or qui peut soutenir que le « nouvel » ordre souhaité suc
439
nce à un état — previous — antérieur bien défini)
est
devenue valeur en soi dans les pays européens, puis aux USA, au cours
440
lisant des mass médias sur celle-ci, la nouveauté
est
devenue synonyme de produit à acheter d’urgence, et exclusivement, dé
441
n mode de vie plus juste ou plus heureux. Nouveau
est
devenu un terme valorisant en soi et par soi, absolument : il ne s’ag
442
et de l’imposer (sans avertir) au monde entier n’
est
nullement évidente. Elle ne se défend que dans la seule mesure où ell
443
la seule mesure où elle « va de soi » — ce qui n’
est
pas le cas aux yeux de ceux que j’essaie de représenter ici. La notio
444
Au surplus : tout programme uniformisant — qu’il
soit
ou non conscient chez les agents de son application — joue en faveur
445
— joue en faveur du modèle occidental. Peut-être
est
-il plus sage de penser que l’humanité ne forme pas un système, mais p
446
lations aléatoires, de sorte qu’un malheur puisse
être
compensé plutôt que répercuté à l’infini ; ou puisse être circonscrit
447
pensé plutôt que répercuté à l’infini ; ou puisse
être
circonscrit, comme un incendie. c) Économique. Cet adjectif est bien
448
t, comme un incendie. c) Économique. Cet adjectif
est
bien sûr le plus sûr indicateur de l’origine occidentale du projet, o
449
, à leur déterminisme intrinsèque. Cette croyance
est
purement européenne (xvii e siècle « matérialiste », xix e siècle sai
450
iècle saint-simonien, xx e siècle marxiste). Marx
est
sans doute le penseur le plus irréductible à toute forme de pensée as
451
n dehors du complexe européen du xix e siècle, il
est
proprement inconcevable. Un consensus mondial ne peut être conçu — rê
452
rement inconcevable. Un consensus mondial ne peut
être
conçu — rêvé, imaginé, projeté dans l’utopie — que sur la base d’un d
453
me implique que l’ordre des nations existe, qu’il
est
réel, qu’il doit et peut servir de fondement à tout « ordre » mondial
454
e » mondial — et d’abord continental — ne saurait
être
imaginé sur la base d’éléments par définition hostiles à toute compos
455
ts coûte que coûte : c’est l’élément national qui
est
responsable des deux grandes guerres mondiales du xx e siècle. Qui di
456
t obstacle à toute union (autre que militaire) qu’
est
l’État-nation — modèle typiquement occidental, élaboré par la Révolut
457
l’extrême, uniformisé et uniformisant. La guerre
étant
l’ultima ratio de l’État-nation, on ne voit pas comment pourrait en s
458
voit pas comment pourrait en sortir la paix, qui
est
la seule preuve du règne d’un ordre humain. Résumé des objections pré
459
cours de toutes parts, à quelque forme de NOEI, a
été
provoquée au xx e siècle par les séquelles du colonialisme, lui-même
460
a raison fondamentale que tout État-nation en soi
est
une structure colonialiste : elle consiste à soumettre les peuples co
461
jourd’hui Occident et tiers-monde ou Nord et Sud,
sont
de structures homologues aux conflits qui opposaient naguère colonisa
462
eurs et colonies. Les Européens, par exemple, qui
étaient
encore il y a cent ans aux 4/5e agriculteurs et villageois, ont été c
463
cent ans aux 4/5e agriculteurs et villageois, ont
été
colonisés par la technique et l’urbanisme tout comme les Africains, l
464
es idéologies et la pharmacopée occidentale. Nous
sommes
tous colonisés. Européens et peuples du tiers-monde, par un certain m
465
rence importante : le système inventé en Europe a
été
essayé d’abord sur les peuples européens, et avec quel succès, pendan
466
sante (mais si brève aux yeux de l’Histoire) il s’
est
mis à revendiquer le pire de notre héritage et le moins assimilable p
467
ement à leur insu — au vocabulaire colonisant qui
est
celui des États-nations centralisés, et qui transporte des valeurs, d
468
ifférentes ». Si vous parlez ce langage, les jeux
sont
faits, les conclusions préfabriquées. Un dernier mot, dans cette mise
469
r le NOEI. D’abord parce que l’Europe du Centre n’
est
pas une entité juridique, ni de pensée et encore moins d’action, ensu
470
ur part, il leur arrive d’opposer en fait au NOEI
sont
d’un tout autre ordre : ils ne relèvent pas de la nature même du proj
471
t du programme des résistances ou des refus, ce n’
est
en vérité qu’au nom d’intérêts économiques nationaux, ou de la politi
472
jourd’hui la majeure partie de l’Europe de l’Est,
est
l’élément fondamental de la problématique considérée, car : — c’est e
473
fois-ci avec les pays du Nord, du Centre et de l’
Est
, la science, la technologie, le commerce intercontinental, qui a élab
474
e qui a découvert la Terre entière, et personne n’
est
jamais venu la découvrir ». Cette phrase, qui figure dans mon livre
475
, mettra dans la bouche du général de Gaulle10, n’
est
pas un jugement de valeur, mais la constatation d’un fait, qui a fond
476
é de concevoir une civilisation universelle. Il n’
est
pas inutile de rappeler qu’une culture comme celle de l’Inde brahaman
477
de quitter le territoire de l’Inde, tout le reste
étant
impur, et une civilisation comme celle de la Chine qui tenait tous le
478
, et une civilisation comme celle de la Chine qui
tenait
tous les non-Chinois pour des sous-hommes, ne pouvaient concevoir l’i
479
part des peuples des quatre autres continents. Il
serait
faux de condamner, voire de nier purement et simplement, l’action civ
480
ontrées où jadis le massacre massif, le génocide,
étaient
érigés en procédés sacrés ou simplement réalistes de gouvernement. C’
481
à son « prestige », dont la composante principale
est
la puissance de l’armement dont il dispose. L’État-nation de modèle j
482
0 autres pays au cours des xix e et xx e siècles,
est
la forme la plus facilement transférable et imitable d’organisation s
483
ginels et structurels avec la guerre, celle qu’il
était
le plus dangereux d’imiter au siècle où les moyens de la guerre (arme
484
a nation puis l’État-nation, dont le stade ultime
est
l’État totalitaire, qui est l’État de guerre en permanence, — et, à p
485
dont le stade ultime est l’État totalitaire, qui
est
l’État de guerre en permanence, — et, à partir du xvi e siècle, la sc
486
é ces créations. Mais si ces modèles continuent d’
être
copiés par le reste du Monde, sans critique fondamental et sans innov
487
voquée, empoisonnée, pillée, au point que l’homme
est
en train d’y détruire les conditions mêmes de la vie, et en tout cas
488
e, et en tout cas de la vie de son espèce. Telles
étant
les responsabilités de l’Europe — positives et négatives, créatrices
489
ices et oppressives — un fait trop peu connu doit
être
ici mis en lumière : c’est que l’Europe est aujourd’hui la seule part
490
doit être ici mis en lumière : c’est que l’Europe
est
aujourd’hui la seule partie du Monde radicalement divisée dans ses ju
491
ais une question se pose alors : si les Européens
sont
profondément divisés sur ce problème, ne serait-ce pas qu’ils obéisse
492
ens sont profondément divisés sur ce problème, ne
serait
-ce pas qu’ils obéissent à au moins deux traditions ou mentalités diff
493
ous nos peuples. Les Européens du xx e siècle ont
été
formés (sans le savoir) par des structures de pensée et des mentalité
494
t leurs vues sur le Monde — et qui toutes peuvent
être
rapportées à deux grandes généalogies culturelles (religieuses, philo
495
e nombreux caractères communs dont les principaux
sont
les suivants : — l’usage rationalisé des biens matériels fournis par
496
t enfin, l’intégration à un « type de société qui
serait
l’expression d’une conscience unifiée de l’humanité » (Herrera). 4. D
497
videmment réfutée par le seul fait que la Planète
est
une sphère finie, mais que l’Occident — c’est-à-dire l’Europe du xix
498
ontestable, que le « nouvel ordre international »
soit
presque toujours qualifié « d’économique » est parfaitement révélateu
499
» soit presque toujours qualifié « d’économique »
est
parfaitement révélateur de son origine et de ses buts réels : l’exten
500
nale (capitaliste ou marxiste) du xx e siècle. Il
est
clair que nous sommes ici en présence d’un schéma bien connu de l’his
501
u marxiste) du xx e siècle. Il est clair que nous
sommes
ici en présence d’un schéma bien connu de l’histoire des idées politi
502
victimes les plus célèbres de cette illusion aura
été
Jean Monnet, dont toute l’action pour l’union de l’Europe a reposé su
503
Communauté instituée grâce à J. Monnet, la CECA —
tient
du même coup les réalités politiques. Il a fallu les décrets arbitrai
504
prestige, pour que « l’illusion de Jean Monnet »
soit
publiquement et concrètement réfutée, au grand dam des efforts les pl
505
ntiste, matérialiste, quantitatif, deux réactions
sont
toujours possibles : — celle, positive, des élites sociales et du pe
506
et de Napoléon (1805-1815), et dont la formule s’
est
propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils sont environ 160 aujo
507
t propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils
sont
environ 160 aujourd’hui). — celle critique, sceptique, contestatrice,
508
ité et de l’innovation technologique à tout prix,
fût
-ce au prix des équilibres culturels et naturels les plus précieux pou
509
itique d’organisation mondiale de l’économie vont
être
consentis par les États-nations occidentaux (capitalistes et communis
510
ment). Au contraire : chacun de nos États (que ce
soit
à l’Est ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble
511
contraire : chacun de nos États (que ce soit à l’
Est
ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble de mesur
512
érêts, 2° que ce qui n’empiète pas, si peu que ce
soit
, sur ce qu’il considère comme relevant de sa souveraineté nationale a
513
agrantes. Seule, la pédagogie des catastrophes 11
est
capable de leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soit peu
514
phes 11 est capable de leur enseigner quoi que ce
soit
qui diffère tant soit peu des utopies du Progrès matériel, encore par
515
leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant
soit
peu des utopies du Progrès matériel, encore partout régnantes en dépi
516
proposés par le papier de présentation d’UNITAR)
sont
celles d’une mise en ordre plutôt que d’un ordre véritable, lequel su
517
spirituel) qui n’apparaît pas. L’ordre préconisé
est
conçu comme cadre et programme, faisant intervenir à tout instant des
518
és sur une consommation gaspilleuse d’énergie qui
serait
censée doubler tous les 10 ans selon certaines projections des années
519
itée. Ils savent, au surplus, que l’homme ne peut
être
libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsa
520
plus, que l’homme ne peut être libre que là où il
est
responsable ; et qu’il ne sera jamais responsable dans les villes éno
521
libre que là où il est responsable ; et qu’il ne
sera
jamais responsable dans les villes énormes et les collectivités gigan
522
à des gens passifs, incapables de répondre donc d’
être
responsables au sens étymologique du mot. L’avenir et la possibilité
523
Pour un modèle européen très différent Telles
étant
les responsabilités de l’Europe, comment donner une réponse positive
524
és nationales ne peut conduire qu’au désastre. Il
est
urgent qu’il soit remplacé par un modèle qui vise à la Liberté. La ré
525
peut conduire qu’au désastre. Il est urgent qu’il
soit
remplacé par un modèle qui vise à la Liberté. La réalisation de ce se
526
dans des conditions toujours plus difficiles, il
est
vrai, et avec des marges de manœuvre toujours plus étroites, contraig
527
aboutissement logique (peut-être le vœu secret) n’
est
autre que la guerre. Au contraire, viser à la solidarité des autonome
528
rer une politique dont les finalités et le moteur
sont
la Liberté des personnes (et non le bon plaisir des collectivités arm
529
art, de préférence là même où le mauvais modèle s’
était
constitué. Le Dr Albert Schweitzer disait : « L’exemple vécu n’est pa
530
Dr Albert Schweitzer disait : « L’exemple vécu n’
est
pas le meilleur moyen d’influencer les hommes. C’est le seul. » L’ave
531
’un régime de solidarité des autonomes ne saurait
être
l’affaire des économistes. Cette instauration implique en effet une p
532
e l’État-nation centralisé à souveraineté absolue
est
devenue incompatible avec la survie du genre humain, ne fût-ce qu’en
533
e incompatible avec la survie du genre humain, ne
fût
-ce qu’en raison de la puissance destructrice des armements dont ces É
534
tites unités territoriales, urbaines, régionales,
sont
les seules qui permettent au citoyen d’exercer ses responsabilités, d
535
’avantage des petites unités sur les grands États
est
lisible en clair dans toutes les statistiques des Nations unies et de
536
e d’habitants en donne un bon exemple : la Suisse
est
largement en tête, suivie par le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche e
537
onomiques aux États-nations centralisés se trouve
être
à la fois un gage de paix, d’impossibilité de faire de grandes guerre
538
rs européens et américains du Nord naguère encore
tenus
pour des « contestataires » ou des « marginaux » dans les milieux gou
539
vernementaux et parmi les experts internationaux,
soient
parvenus à faire admettre par les responsables de la World Bank que n
540
mé la solidarité des autonomes, l’élément décisif
est
sans nul doute possible l’élimination de l’obstacle principal et fina
541
mplique cette préparation. Le problème du NOEI ne
sera
jamais résolu sur les plans économique, technologique, social et cult
542
ire aboutir les plans de solidarité des autonomes
est
de régler d’abord le problème du désarmement général. Mais le seul m
543
nent qui a donné naissance à l’État-nation, qui a
été
le premier à en subir les effets destructeurs de toute communauté, et
544
nature, le continent qui a donc toutes raisons d’
être
le premier à produire les anticorps du virus qu’il a sécrétés. 9.
545
71. 11. Théorie exposée dans mon livre L’Avenir
est
notre affaire , Paris, Stock, 1977. o. Édition réalisée sur la base
546
l’homme qui rappelle » (22 novembre 1979)p Il
est
rare qu’on approche un écrivain par ce qui n’est pas littéraire dans
547
est rare qu’on approche un écrivain par ce qui n’
est
pas littéraire dans son action ni dans sa création. C’est ce qui m’es
548
ns son action ni dans sa création. C’est ce qui m’
est
arrivé avec Manès Sperber. Je le connaissais depuis un quart de siècl
549
itant de la liberté de l’esprit, engagés que nous
étions
tous les deux, dès 1950, dans une lutte commune et quotidienne, celle
550
its de l’homme ou la recherche scientifique. Nous
fûmes
des camarades d’action intellectuelle, politique au sens fort du term
551
iance immédiate et jamais discutée, avant de nous
être
lus mutuellement, j’entends d’avoir lu l’un de l’autre autre chose qu
552
œuvre, éminemment lisible, de près de 800 pages,
tient
sans nul doute à l’art du romancier qui a su transformer cette réflex
553
e doctrines, de passions collectives. Tout ce qui
serait
chez d’autres débat d’idées devient ici dialogue, action, conflit ou
554
ocialisme d’une part, du stalinisme de l’autre, y
sont
saisis dans l’existence éthique et psychologique de l’homme européen,
555
iste » dans ces volumes, mais en revanche l’œuvre
est
nourrie — comme peu d’autres aujourd’hui — d’une connaissance approfo
556
nfance, il se voit « obligé de se débattre que ce
soit
à l’école ou avec les domestiques de ses parents, entre cinq langues
557
res « enfants viennois sous-alimentés » passer un
été
à Amsterdam. À Vienne, il découvrira très tôt la psychanalyse d’Alfre
558
les nazis, arrêté, battu, emprisonné à Berlin, il
est
libéré en tant que sujet autrichien et part en exil à Paris, où le PC
559
laissé un souvenir très amer de notre pays, n’eût
été
l’intervention du pasteur Maurer et de sa femme, qui recueillent chez
560
t dans ce presbytère de la Haldenstrasse. De tels
êtres
justifient non seulement leur propre existence, mais celle de nous to
561
s ma prime jeunesse j’ai toujours considéré qu’il
était
judicieux et par conséquent nécessaire que chaque être humain vive po
562
judicieux et par conséquent nécessaire que chaque
être
humain vive pour quelque chose. Ou encore : Depuis mon jeune âge co
563
epuis mon jeune âge connaître et professer sa foi
étaient
pour moi deux actes indissolublement liés. D’où sa conception très e
564
rès engagée de l’œuvre littéraire : Toute œuvre
est
pour moi un appel toujours renouvelé qui doit éveiller le lecteur et
565
hose de fraternel entre le fils de pasteur que je
suis
et le petit-fils de rabin qu’est Manès.) Cette exigence, d’origine re
566
pasteur que je suis et le petit-fils de rabin qu’
est
Manès.) Cette exigence, d’origine religieuse, toujours restée décisiv
567
toujours restée décisive même chez l’athée qu’il
est
devenu dès son adolescence, lui donne une lucidité rare dans l’analys
568
qui elle seule reste invariable… Leur seul espoir
est
qu’on oublie tout ce qu’ils proféraient hier, non la notoriété qu’ils
569
Manès Sperber a écrit pour sa part qu’il voudrait
être
« l’homme qui rappelle ». Celui qui analyse l’époque avec toute la pa
570
x ce qu’il faut faire pour obéir à leur appel. Il
est
resté le militant, le responsable de l’espoir. En fêtant aujourd’hui
571
l’espoir. En fêtant aujourd’hui cette œuvre qui n’
est
pas seulement celle d’un homme, celle d’un artiste, celle de l’un des
572
plus pénétrants parmi nos contemporains, mais qui
est
aussi la biographie de notre époque, votre académie a voulu attirer l
573
par la fondation Charles Veillon. La cérémonie s’
est
déroulée à l’Athénée (Genève), le 22 novembre 1979. Y prirent part ég