1 1971, Tapuscrits divers (1980-1985). Réception du doctorat honoris causa à Zurich (29 avril 1971)
1 Monsieur le Recteur, Messieurs les Doyens, Il m’ est un peu difficile de m’adresser à vous au nom des deux autres collègue
2 e juridique, dont je ne crains pas d’avouer qu’il est pratiquement nul. Il m’est arrivé de jouer avec l’idée qu’il pourrait
3 ins pas d’avouer qu’il est pratiquement nul. Il m’ est arrivé de jouer avec l’idée qu’il pourrait être bien agréable, et lit
4 m’est arrivé de jouer avec l’idée qu’il pourrait être bien agréable, et littéralement merveilleux qu’un titre de docteur ho
5 onheur, je me trouve honoré par une faculté qui n’ est pas seulement « de droit » mais qui est aussi une Staatswissenschaftl
6 lté qui n’est pas seulement « de droit » mais qui est aussi une Staatswissenschaftliche Fakultät, et bien que le second ter
7 schaftliche Fakultät, et bien que le second terme soit mal traduisible dans ma langue, il me rassure, je commence à mieux vo
8 ient les abords septentrionaux du Gothard, et qui furent un dernier écho du mouvement des communes lombardes dans un milieu ru
9 on du continent — et que mon utopie de l’Europe n’ était rien d’autre, en dernière analyse, que la réalité de la Suisse ! Ains
10 rchill ne voyait pas de continuité logique. Qu’en est -il aujourd’hui de la Suisse et de l’Europe, et de la continuité logiq
11 unifiée des technocrates ? À cette question, qui est bien plutôt l’expression d’une angoisse réelle qu’une objection de na
12 la seule Europe qui a des chances de se réaliser sera l’Europe fédéraliste, helvétisée. Je ne crois pas à l’alliance de nos
13 on sur l’obstacle par excellence à toute union qu’ est la souveraineté absolue, mythe hérité des monarchies de droit divin.
14 u bien vous formez une amicale, mais alors vous n’ êtes plus des misanthropes, ou bien vous restez misanthropes, mais alors l
15 en vous restez misanthropes, mais alors l’amicale est exclue. Je ne souhaite nullement l’adhésion de la Suisse à quelque Eu
16 par des technocrates. Le vrai problème me paraît être l’adhésion de l’Europe à la Suisse, l’adhésion des Européens à la for
17 e qui a fait la Suisse et qui demeure sa raison d’ être . En d’autres termes : je ne crains rien pour l’avenir de la Suisse en
18 crains rien pour l’avenir de la Suisse en Europe, étant bien convaincu que l’avenir de l’Europe ne saurait être qu’helvétique
19 ien convaincu que l’avenir de l’Europe ne saurait être qu’helvétique ! Si ces paroles vous semblent trop hardies, voire témé
20 ut plus opportune en l’occurrence, d’un homme qui fut à la fois un grand juriste, un grand Européen, et un grand Zurichois,
2 1973, Tapuscrits divers (1980-1985). De la « culture nationale » (mars 1973)
21 tion, avant que le xix e siècle ne l’ait étatisé, était donné par des réalités ethniques et linguistiques. Respecter les « pe
22 ’on respecte leur « personnalité » officielle, se sont formés précisément au mépris de la personnalité authentique des petit
23 naître et s’imposer à tout le continent — avant d’ être imités de nos jours par le tiers-monde — , tout ce qui compte pour l’
24 l’esprit refuse de compter avec aucun d’eux. Ce n’ est pas le Danemark qui compte pour Kierkegaard ou qui nous intéresse à l
25 voir à la France, souhaite que son Ardenne natale soit occupée par les Prussiens, et la fuit, l’injure à la bouche, pour all
26 s ; et ce qu’il regrettera — il l’a prédit — ce n’ est pas sa nation, mais l’Europe — « l’Europe aux anciens parapets ». Ceu
27 traire, disent tout devoir à leur État-nation, ne sont jamais ceux qui l’illustrent, ce sont les Déroulède et les Détaillé,
28 -nation, ne sont jamais ceux qui l’illustrent, ce sont les Déroulède et les Détaillé, non les Baudelaire et les Courbet. S’i
29 Détaillé, non les Baudelaire et les Courbet. S’il est vrai que les diversités, voire les contradictions de notre culture, o
30 s, voire les contradictions de notre culture, ont été le ressort de notre histoire, elles ne doivent rien à nos États-natio
31 La « personnalité » de nos États-nations, qu’elle soit hexagonale ou insulaire, en forme de botte ou de peau de taureau, est
32 sulaire, en forme de botte ou de peau de taureau, est finalement la moins sociable de toutes celles qui prétendent à notre
33 de l’unification impérialiste des régions. Qu’en est -il de nos vraies diversités ? Je proposerai là-dessus deux observatio
34 de leur propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’es
35 e et diverse. 2. La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralisée et que s
36 Europe est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge,
37 e qu’elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universi
38 us nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universités — de Bologne à Oxford, de Coimbra à Cracovie et de To
39 vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants continentaux,
40 stater que l’échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis, inexistant. Ce qui s’oppose à l’union de l’Europe et
41 onalisme, sous-produit de la culture, puisqu’il a été propagé par l’école et ses manuels depuis le milieu du xix e siècle,
42 tinctes, autonomes et rivales. Cette conception n’ est pas seulement responsable des guerres absurdes, justifiées aux yeux d
3 1973, Tapuscrits divers (1980-1985). Une éducation européenne (13 mai 1973)
43 2000 se joue dans nos écoles, pour autant qu’il n’ est pas déjà compromis par les conséquences, peut-être irréversibles, d’u
44 s, un entraînement de l’esprit critique. Son rôle est donc double : d’une part initier l’enfant et l’adolescent aux règles
45 es chances d’accord sur un type idéal d’éducation sont très faibles, et c’est bien ce qui s’est amplement vérifié dans notre
46 ucation sont très faibles, et c’est bien ce qui s’ est amplement vérifié dans notre commission ! Cela ne facilite pas la tâc
47 l’Europe. Ici, la question immédiatement posée a été la suivante : éducation pour quelle Europe ? On peut imaginer de nomb
48 la fédération la plus souple : tous, quels qu’ils soient , se heurtent à l’obstacle majeur que constitue l’État-nation, tel que
49 heurs variables, plus de cent-vingt États, ce qui est beaucoup, depuis un siècle et demi, ce qui n’est rien au regard de l’
50 est beaucoup, depuis un siècle et demi, ce qui n’ est rien au regard de l’histoire humaine. À partir de là, nos débats se s
51 l’histoire humaine. À partir de là, nos débats se sont orientés vers des conclusions positives. Nous nous sommes tous trouvé
52 rientés vers des conclusions positives. Nous nous sommes tous trouvés d’accord pour condamner le nationalisme, dont l’école au
53 le nationalisme, dont l’école aux trois degrés a été la principale propagandiste depuis un siècle. Et pour demander que l’
54 hie, de l’économie et de l’instruction civique ne soit plus enfermé dans le cadre national et dans ses mythes, mais parte de
55 nentale — du local à l’universel. Mais nous avons été d’accord, aussi, pour récuser toute espèce de nationalisme européen,
56 faire face à ces responsabilités. Nous avons tous été d’accord pour déclarer que l’éducation civique comporte une éducation
57 ce par le respect de l’environnement. Enfin, il a été suggéré — et approuvé — que la meilleure formation du citoyen est bea
58 approuvé — que la meilleure formation du citoyen est beaucoup moins celle qu’on lui donne par l’enseignement que celle qu’
59 ’est une pure utopie : l’État-nation, disent-ils, est encore un obstacle inébranlable, soyons « réalistes », acceptons-le.
60 disent-ils, est encore un obstacle inébranlable, soyons « réalistes », acceptons-le. Pour d’autres, les plus jeunes, l’État-n
61 in de siècle, et de toute l’éducation européenne, est de nous préparer à le dépasser. Oui, les obstacles sont réels, mais l
62 e nous préparer à le dépasser. Oui, les obstacles sont réels, mais le vrai « réalisme » est dans la volonté de les surmonter
63 s obstacles sont réels, mais le vrai « réalisme » est dans la volonté de les surmonter. c. Édition réalisée sur la base d
4 1974, Tapuscrits divers (1980-1985). « La vraie défense du territoire national » (soutien à l’initiative de Franz Weber contre les autoroutes) (4 mars 1974)
64 contre les autoroutes) (4 mars 1974)d 1. Je ne suis pas un spécialiste des autoroutes, ni un ingénieur de la circulation,
65 Car les autoroutes, quoi qu’on vous en dise, ce n’ est pas un problème technique, c’est un problème civique, qui nous concer
66  le sol sacré de la patrie ». Depuis longtemps je suis frappé par une situation tragi-comique où je nous vois plongés en tou
67 n toute inconscience : pendant que notre armée se tient fin prête à garder la Suisse aux frontières et à défendre jusqu’à la
68 érieur du pays, c’est-à-dire le pays tout entier, est livré aux pelles mécaniques et bulldozers, défoncé, déboisé, saigné d
69 end du Conseil fédéral, dès que l’objet en litige est assez grand, comme autoroutes, centrales nucléaires, achat de Mirages
70 aires et les agences spécialisées dont les arrêts sont en fait tout-puissants, sur lesquels nous, citoyens, ne pouvons rien,
71 els nous, citoyens, ne pouvons rien, — puisqu’ils sont nommés et non pas élus, par suite inamovibles quoiqu’ils fassent. Voi
72 mauvaises gens animés d’intentions perverses. Ce serait méconnaître absolument le sérieux de notre situation. Car leur force
73 ent le sérieux de notre situation. Car leur force est le produit de nos inerties civiques, leur pouvoir naît de nos démissi
74 . Idoles et faux dieux que tout cela, à quoi nous sommes tous coupables d’avoir cru, par routine et facilité. Depuis des année
75 on a tout fait pour nous persuader que tout cela était inévitable, nécessaire, vital, que cela répondait aux « nécessités éc
76 pour nous convaincre que nous, simples citoyens, étions totalement impuissants devant cette évolution fatale. Et nous n’avons
77 e sept ans, à Bruxelles !). Le déficit en énergie sera de 20 % dans dix ans, donc, il est absolument nécessaire de faire des
78 it en énergie sera de 20 % dans dix ans, donc, il est absolument nécessaire de faire des centrales nucléaires. » Mais il es
79 aire de faire des centrales nucléaires. » Mais il est faux que la consommation d’électricité puisse encore doubler tous les
80 uple suisse a fait 20 % d’économie sur l’énergie. Tiens  ! c’est justement ce 20 % qu’on nous affirmait qui devait manquer et
81 r : « Des problèmes tels que celui des autoroutes sont trop complexes, trop techniques, pour être soumis au vote populaire.
82 routes sont trop complexes, trop techniques, pour être soumis au vote populaire. Si on avait dû voter sur des objets de cett
83 ucléaire. » Eh oui, c’est probablement vrai, mais est -il vraiment démontré que ce serait un mal ? Beaucoup d’autres choses
84 lement vrai, mais est-il vraiment démontré que ce serait un mal ? Beaucoup d’autres choses seraient impossibles si on les soum
85 é que ce serait un mal ? Beaucoup d’autres choses seraient impossibles si on les soumettait au vote : par exemple les guerres !
86 en voir que plus les problèmes de la vie publique sont importants — plus leur objet est grand, cher, et dangereux — plus ils
87 la vie publique sont importants — plus leur objet est grand, cher, et dangereux — plus ils échappent aux décisions de l’ens
88 finalités. Il s’agit d’échapper, pendant qu’il en est temps, au cercle vicieux de la croissance illimitée, qui explique tou
89 trolières — jusqu’au point où les intérêts en jeu sont devenus si grands, que désormais c’est à eux que l’homme doit s’adapt
90 à anéantir les célèbres berges de la Seine : « Il est temps que Paris s’adapte à l’automobile ! » Hélas, ce ne sont pas seu
91 ue Paris s’adapte à l’automobile ! » Hélas, ce ne sont pas seulement nos villes, mais nos vies qui devraient, nous dit-on, s
92 pour lequel on construit nos autoroutes, qui n’en seront pas moins indestructibles, et qui auront détruit sous elles des centa
93 urs tonnes de plutonium, dont la période mortelle est de 24 000 ans !) Telles sont les vraies dimensions du problème. Qu’on
94 t la période mortelle est de 24 000 ans !) Telles sont les vraies dimensions du problème. Qu’on ne nous dise plus que ce n’e
95 ons du problème. Qu’on ne nous dise plus que ce n’ est pas notre affaire d’en juger ! Exigeons, pendant qu’il en est temps,
96 e affaire d’en juger ! Exigeons, pendant qu’il en est temps, les moyens politiques d’intervenir dans un débat qui ne concer
97 onsables. Ce qui dépend de cette initiative, ce n’ est rien de moins que l’avenir de la démocratie dans notre Suisse, j’ente
98 e en main leur destin, et d’affirmer que l’avenir est notre affaire, — non pas celle des ordinateurs, ces ventriloques de l
99 Franz Weber. Franz Weber et Denis de Rougemont y étaient les deux conférenciers. La fin du texte indique le 12 mars 1974, date
100 laquelle le texte de la conférence a probablement été mis au propre, sans être publié à notre connaissance.
101 conférence a probablement été mis au propre, sans être publié à notre connaissance.
5 1974, Tapuscrits divers (1980-1985). « La paix entre les hommes dépend aussi du respect de la vie sauvage » (message à Franz Weber) (11 décembre 1974)
102 974)e Cher Franz Weber, Une grippe m’empêche d’ être parmi vous, mais non pas avec vous, cela va sans dire, et cela va enc
103 plus bête des envahisseurs : le béton, comment ne serais -je pas avec vous, encore, quand il s’agit de voler au secours non seu
104 ions à la crise mondiale qui s’annonce : car elle est née, cette crise, d’une mauvaise attitude de l’homme vis-à-vis de la
105 tions entre les hommes dans la cité. Tout cela se tient , organiquement, profondément. J’ai écrit il y a quelques années, et s
6 1975, Tapuscrits divers (1980-1985). L’érotisme (août 1975)
106 rte de provincialisme dans le temps, l’érotisme n’ est pas une invention ni une « conquête » du xxe siècle : il a l’âge de l
107 avouée ni définie parce qu’elle va de soi, et qui est l’usage non procréateur de la sexualité ; son usage pour le plaisir s
108 e en suppose — pour les violer : sans gênes, il n’ est pas de plaisir. Le christianisme, religion de l’Amour de Dieu et du p
109 oulement ? Non, car la tentation correspondante n’ est pas sensible : la volupté et la luxure ne figurent pas au nombre des
110 au Christ dans le désert. On dira que l’Église s’ est rattrapée ? Très tardivement, très partiellement. Et la très large to
111 e et du phénomène social de la vie de l’espèce, n’ est mentionné par personne. » Nous sommes ici au degré zéro de l’érotisme
112 de l’espèce, n’est mentionné par personne. » Nous sommes ici au degré zéro de l’érotisme, nullement au comble de sa répression
113 un code de la sexualité dans le christianisme, qu’ est né en Occident, et là seulement, le problème sexuel — expression qui
114 iècle. Malgré le christianisme, ou contre lui, ce sont des influences gnostiques (au sens large du terme) qui se trouvent av
115 le divin, constitutives de l’érotisme littéraire, sont le fait des gnostiques et non des scolastiques. L’amour-passion qui n
116 ssion rhétorique. Toutes les femmes qu’il célèbre sont mariées, sont des « Dames », deviennent objet d’adoration et reçoiven
117 ue. Toutes les femmes qu’il célèbre sont mariées, sont des « Dames », deviennent objet d’adoration et reçoivent le serment d
118 e de la Dame de ses pensées : « Par elle seule je serai sauvé ». Tout cela, qui est d’abord occitan et celte, va donner par B
119 « Par elle seule je serai sauvé ». Tout cela, qui est d’abord occitan et celte, va donner par Béroul et Chrétien de Troyes,
120 ler, Ces deux traditions de l’érotisme occidental sont littéraires, il est vrai, mais elles reflètent d’autant mieux les mœu
121 ons de l’érotisme occidental sont littéraires, il est vrai, mais elles reflètent d’autant mieux les mœurs réelles qu’elles
122 ment et décrivent la passion : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour ? » se demande
123 nde La Rochefoucauld au xvii e siècle. L’érotisme est peut-être simplement la forme littéraire de la sexualité… 4. Don J
124 e Tristan Le xviii e dissocie l’érotique. Tout est sexe et le mariage nul dans les Liaisons dangereuses ou les aventures
125 ons dangereuses ou les aventures de Faublas. Tout est sexe et le sentiment nul chez Sade, qui traduit cyniquement le systèm
126 imauté dans les rapports entre les sexes, mais il est de Genève et démocrate. Sur lui se fondent les romantiques allemands
127 le mariage, en principe, sur le sentiment (ce qui est absurde), en fait sur l’héritage (ce qui est odieux), et tous ses écr
128 qui est absurde), en fait sur l’héritage (ce qui est odieux), et tous ses écrivains ignorent le sexe comme tel — sauf dans
129 ines. Voici enfin les tabous restaurés ! Comme il est entendu qu’on ne doit parler à table ou au salon ni de l’argent ni de
130 git de mode, c’est-à-dire d’éphémère : quand nous serons tous nus, il n’y aura plus qu’une chose à faire : se rhabiller. Déjà
131 rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente est peut-être une obscure tentative de compenser la rationalisation de no
132 ion, homosexualité, sexualité de groupe. Du moins est -ce le cas en Occident. Car les pays qui se réclament du marxisme, com
133 ui se réclament du marxisme, comme Chine et URSS, sont beaucoup plus réactionnaires que les bourgeois sur ce chapitre. Ils d
134 t propos. c) Toutefois, le fait que l’acte sexuel soit désormais filmé et projeté devant les foules me paraît moins « révolu
135 é (« ce tyran de notre âme » selon Casanova), qui est le ressort secret de l’érotisme, a plus de chances aujourd’hui de se
136 la sorte. Mais les facilités données à l’érotisme sont de nature à préparer une sorte d’anorexie sexuelle dans les nouvelles
137 me de l’autre, du prochain dans son autonomie. Ce serait enfin une érotique chrétienne. f. Édition réalisée sur la base d’u
7 1975, Tapuscrits divers (1980-1985). La Suisse et l’Europe : projet de résolution (septembre 1975)
138 hoix. Qu’on la souhaite ou qu’on s’en méfie, elle est inscrite dans les faits. Par son industrie et son commerce, par sa mo
139 es progrès scientifiques et techniques, la Suisse est dans le mouvement qui débouchera inéluctablement sur une union politi
140 es autres membres de cette communauté, le choix n’ est plus entre l’intégration ou la non-intégration. Il est de subir l’Eur
141 lus entre l’intégration ou la non-intégration. Il est de subir l’Europe que d’autres auront voulue ou de mettre tout en œuv
142 . Le temps imparti à cette faculté d’intervention est court ; il l’est de par les décisions déjà prises dans le cadre de la
143 i à cette faculté d’intervention est court ; il l’ est de par les décisions déjà prises dans le cadre de la CEE ; il l’est s
144 isions déjà prises dans le cadre de la CEE ; il l’ est surtout à raison de l’urgence de problèmes dont la solution requiert
145 de la Communauté d’élaborer un rapport destiné à être soumis à une conférence au sommet ultérieure ». Ce rapport devra prop
146 s États membres en une union européenne. Il devra être déposé avant la fin de 1975, cependant que les chefs d’État et de gou
147 fs d’État et de gouvernement qui l’ont demandé se sont eux-mêmes donnés « comme objectif majeur de transformer, avant la fin
148 n européenne ». Des institutions de la Communauté sont déjà en place, d’autres vont être créées en vue d’autres domaines que
149 e la Communauté sont déjà en place, d’autres vont être créées en vue d’autres domaines que ceux de l’économie et de la monna
150 ie et de la monnaie ; le mouvement de coopération est amorcé, qui va très rapidement déboucher sur l’apparition de nouvelle
151 x centres de décision, auxquels les récalcitrants seront infailliblement voués à faire allégeance. L’avenir européen de la Sui
152 e ni à ces travaux ni à ces décisions pour ne pas être membre à part entière de la Communauté, ne résiste pas à l’examen. El
153 es milieux sociaux, etc., de l’Europe entière. Ce serait là des dépenses judicieuses infiniment moins lourdes que n’importe la
154 venir. Le pouvoir souverain d’un État ne saurait être une fin en soi, même lorsqu’il s’agit de protéger un domaine national
155 ’il s’agit de protéger un domaine national : il n’ est que l’instrument des moyens politiques dont disposent les personnes e
156 tion de leurs intérêts. Sa justification présente sera d’ouvrir la Suisse au monde, sans qu’elle ait à aliéner ce qui lui es
157 e au monde, sans qu’elle ait à aliéner ce qui lui est propre et que ses ressortissants tiennent en estime. Intervenir, m
158 r ce qui lui est propre et que ses ressortissants tiennent en estime. Intervenir, mais au nom de quoi ? Mais c’est à un ti
159 de son renouvellement. Le fédéralisme européen ne sera pas la copie du fédéralisme suisse. Les institutions politiques europ
160 . Les institutions politiques européennes devront être appropriées à d’autres dimensions, à d’autres tendances et à une tout
161 nctionner. N’empêche que la Suisse et les Suisses sont à même, s’ils le veulent bien, de proposer à l’Europe le projet d’une
162 ellement des cantons). Ils ignorent que la Suisse serait demeurée sans rayonnement dans le monde, si le fédéralisme n’avait ét
163 onnement dans le monde, si le fédéralisme n’avait été le levier de l’esprit d’entreprise, de l’émulation au travail et à l’
164 ques et d’affrontements idéologiques que l’Europe est à édifier. Il lui faut une méthode capable de surmonter sans éliminer
8 1977, Tapuscrits divers (1980-1985). Les trois révolutions (14 octobre 1977)
165 ute critique, qu’il y a la Révolution ; et qu’ils soient pour ou contre, peu importe : il n’y en a qu’une, qui changera tout d
166 vidence un mythe, au sens fort du ce terme, qui n’ est pas illusion ni mensonge, mais structure gouvernant notre imagination
167 nsu, donc plus forte que toutes raisons. Le mythe est né en 1789 et à Paris, de la première révolution qui soit devenue mod
168 en 1789 et à Paris, de la première révolution qui soit devenue modèle universel. Auparavant, les rébellions locales, révolte
169 prises de pouvoir à l’échelle d’une nation, comme furent celles de Cromwell ou de George Washington, naissaient, évoluaient, s
170 ien vite son adjectif superflu. Et sa propagation fut si rapide qu’au xx e siècle, la forme politique qui en est née va se
171 pide qu’au xx e siècle, la forme politique qui en est née va se voir imitée sur toute la terre : 175 États-nations centrali
172 s centralisés, dictatoriaux, ou militaires (comme furent successivement les régimes français de 1793 à 1804) ont résulté de la
173 es de la planète. Mais la Révolution de 1789 n’a été qu’une première étape. Elle a marqué, ou plutôt confirmé, l’avènement
174 si. L’État bourgeois, parlementaire ou militaire, fut le produit de la Révolution, mis au point par le Premier consul puis
175 ier consul puis par l’Empereur Napoléon Ier. Il a été copié par tous les rois l’Europe qu’il avait attaqués. Finalement nou
176 rance révolutionnaire a donc gagné : son modèle s’ est vendu partout au xx e siècle. Mais son triple idéal de Liberté, Égali
177 iplomatie des canonnières » à l’extérieur. Telles sont les réalités que Hegel traduira peu après2 en écrivant : « Les États
178 orcer l’État et la police contre lesquels elles s’ étaient soulevées. Les bolchéviques vont changer tout cela. Un mois plus tard
179 s mesures et décisions proprement politiques vont être dirigées contre la fonction même des soviets — fonction civique, démo
180 olutionnaire, et lui répond : « En ce moment nous sommes absolument pour l’État. Proclamer à l’avance son extinction ce serait
181 ur l’État. Proclamer à l’avance son extinction ce serait forcer la perspective historique. » Par malheur, aux yeux du pouvoir
182 yeux du pouvoir centralisé de l’État-nation, nous serons toujours « en ce moment » où la guerre, les suites de la guerre, ou m
183 enace d’une prochaine guerre nous contraindront à être provisoirement mais « absolument pour l’État »… Et nous savons à quel
184 négatrice des droits de l’homme. Toutes les deux, soit par l’État-nation et ses armées de masses, soit par l’État totalitair
185 , soit par l’État-nation et ses armées de masses, soit par l’État totalitaire et ses fonctionnaires militarisés, ont mené en
186 i elle s’instaure dans la violence et la terreur, est condamnée à produire un régime radicalement contraire à celui qu’elle
187 sens de la guerre, et que la guerre aujourd’hui, serait la guerre atomique, bactériologique et chimique — qui est autant dire
188 uerre atomique, bactériologique et chimique — qui est autant dire la fin de l’humanité civilisée. Mais puisqu’on ne peut po
189 continents mais surtout de l’Europe (d’où le mal est venu) : ils se tournent vers une nouvelle évolution. Entre la gauche,
190 nomme un peu trop facilement « écologistes ». Ce sont en fait des citoyens et citoyennes qui découvrent qu’ils sont respons
191 des citoyens et citoyennes qui découvrent qu’ils sont responsables de leur avenir, et qu’ils ne seront libres, en fait, que
192 ls sont responsables de leur avenir, et qu’ils ne seront libres, en fait, que dans la mesure où ils cesseront de refuser leurs
193 ncrètes dans l’évolution de nos sociétés. Qu’ils soient préoccupés de protection de l’environnement naturel et urbain, de déf
194 ire dans notre époque de foules solitaires, — ils sont tous les porteurs d’un mouvement profond qui peut, demain, balayer le
195 aine et plus libérale, parce que chacun, en fait, sera plus responsable. D’ores et déjà l’on peut prévoir l’avènement d’une
196 élèbre de 1934. L’erreur fondamentale de Lénine a été la même que celle des jacobins, « prendre le pouvoir » tel qu’il est,
197 le des jacobins, « prendre le pouvoir » tel qu’il est , au lieu de favoriser la naissance et l’invention de pouvoirs tout no
198 l sous l’identifiant 755. i. La fin de la phrase est soulignée en rouge et accompagnée de deux points d’interrogation en m
9 1978, Tapuscrits divers (1980-1985). Le Grandchamp des Bovet (5 juin 1978)
199 vaut infiniment mieux selon les Grecs — que nous sommes réunis pour célébrer, ce soir. Il s’agit là, pour moi, d’un acte de p
200 ères comme le dira la Bible, « afin que tes jours soient prolongés sur la Terre ». Prolonger nos jours sur la Terre, ce n’est
201 a Terre ». Prolonger nos jours sur la Terre, ce n’ est pas une recette pour mourir centenaire ! C’est une manière de prolong
202 rs 1820, sauf erreur, une fabrique ou manufacture est construite à Grandchamp, lieu tout proche, au milieu de la plaine de
203 aine de l’Areuse. De la région de Bovétie, Areuse sera donc le premier pôle, Grandchamp, le second. Dix minutes à pied les s
204 vue spirituel, tout un monde. Les Bovet d’Areuse sont militaires et progressent en grades de génération en génération (capi
205 tenant-colonel et enfin colonel). Tous mes oncles seront officiers tandis que Philippe Godet a pu écrire de Félix Bovet — qui
206 re, et en fait d’armée, la seule qu’il ait goûtée fut , je crois, l’Armée du salut ». Areuse est dominé par un pavillon dans
207 goûtée fut, je crois, l’Armée du salut ». Areuse est dominé par un pavillon dans les vignes nommé Tiens-toi bien (Tintaben
208 est dominé par un pavillon dans les vignes nommé Tiens -toi bien (Tintabene en patois) sur lequel les Jean-Jacques montaient
209 Arnold Bovet, fondera la Croix-Bleue. Mais ce ne sont là qu’anecdotes. Entre Areuse et Grandchamp, si les cousinages resten
210 ges restent proches, le contraste le plus profond sera de nature spirituelle. Je dirai simplement comment je l’ai ressenti,
211 ressenti, pendant mes vacances enfantines. Areuse était , pour moi, venant du Haut, je veux dire du Val-de-Travers, luxe pur,
212 ra bien que j’y aille un de ces jours — , mais je suis à peu près certain que cette maison, qui fut d’abord fabrique d’indie
213 je suis à peu près certain que cette maison, qui fut d’abord fabrique d’indiennes, atteint quelque 150 m de longueur. C’ét
214 dchamp. Le long bâtiment principal avait toujours été pour moi une sorte d’immense bibliothèque, dont je sais aujourd’hui q
215 der dans quelle mesure le Grandchamp des Bovet ne fut pas, proportions gardées, un Port-Royal de notre Suisse romande au de
216 ar la femme de Jean-Jacques, Barbe Paris : elle a été élevée dans les principes des frères moraves, dont on sait qu’ils pos
217 mère, Madame Philippe Bovet, née Bertha Mumm, qui fut la véritable fondatrice de la communauté spirituelle de Grandchamp, a
218 e ses deux filles Clara et Hélène (cette dernière sera la femme de Félix Bovet, père de Pierre). Toutes les trois ont été fo
219 élix Bovet, père de Pierre). Toutes les trois ont été formées soit en Allemagne, soit à Montmirail ou en Suisse allemande,
220 père de Pierre). Toutes les trois ont été formées soit en Allemagne, soit à Montmirail ou en Suisse allemande, par des piéti
221 utes les trois ont été formées soit en Allemagne, soit à Montmirail ou en Suisse allemande, par des piétistes, moraves ou il
222 que l’ancienne fabrique d’indiennes de Grandchamp fut achetée en 1856. De Clara, fille aînée de Bertha, dont le caractère
223 tère hautement original et le tempérament de chef sont restés légendaires à Grandchamp, Félix Bovet, qui deviendra son beau-
224 té : « Il n’y aurait personne comme elle, si elle était comme tout le monde. » (Pensées, 123) Il y avait aussi sœur Lisbeth,
225 et les visiteurs de Grandchamp. Charles Secrétan était de ceux-là. Quand il était en séjour chez son ami Félix Bovet, il le
226 hamp. Charles Secrétan était de ceux-là. Quand il était en séjour chez son ami Félix Bovet, il le laissait souvent « pour all
227 mp, p. 350) C’est également à de jeunes femmes qu’ est consacrée la maison dite l’Andalouse : les Bovet y accueillent vers l
228 premier de sa sorte sur le continent — , mon père fut le premier chapelain. C’est au sujet de ces « âmes de prières » que f
229 in. C’est au sujet de ces « âmes de prières » que furent les femmes de Grandchamp qu’on a pu écrire que, quelle que fut leur o
230 s de Grandchamp qu’on a pu écrire que, quelle que fut leur origine, leur condition sociale et leur culture, elles étaient d
231 ne, leur condition sociale et leur culture, elles étaient dans la communauté, « entourées d’un respect égal à celui qu’inspirai
232 ui ait rien raconté), elle s’arrête et dit : « Là sera la chapelle. » « Le respect pour les princes de l’esprit ». C’est ic
233 es. Le Grandchamp de Félix Bovet. Félix Bovet qui fut bibliothécaire puis professeur de littérature à l’Académie de Neuchât
234 s plus encore qu’un écrivain de race, Félix Bovet fut l’âme discrète d’un large rayonnement intellectuel. C’est lui que vie
235 éphine Butler, et la maréchale Booth, — qui avait été emprisonnée à Boudry ! De ces Pensées (qu’on voudrait toutes citer)
236 Bovet, mais aussi de l’esprit de Grandchamp, que sera Pierre. Et tout d’abord un trait — sans doute fondamental chez le fil
237 mal l’étroitesse des Églises de son temps et ne s’ est jamais privé de le dire avec une douce férocité que, précisément, l’h
238 xtes succéda le sermon comme une pluie tiède de l’ été succède à l’éclair et au tonnerre… Je connais le procédé par lequel l
239 accompli cette parole du prophète : Toute hauteur sera abaissée et toute vallée sera comblée… Le chant était admirablement a
240 ète : Toute hauteur sera abaissée et toute vallée sera comblée… Le chant était admirablement adapté au reste du culte. C’éta
241 a abaissée et toute vallée sera comblée… Le chant était admirablement adapté au reste du culte. C’était les sublimes psaumes
242 t-on remarqué que dans bien des cas l’humour peut être aussi une forme de l’esprit de tolérance en ceci qu’il tend à désamor
243 irée d’une de ses Lettres de Grandchamp : « Je ne serai pleinement satisfait que quand j’aurai pleinement compris la raison d
244 que quand j’aurai pleinement compris la raison d’ être de la tendance contraire. » Le principal reproche qu’il adresse aux É
245 Le principal reproche qu’il adresse aux Églises n’ est -il pas justement celui de l’intolérance qu’elles ont montrée au cours
246 . (Pensées, n° 105, p. 63) Enfin, comment ne pas être frappé par les remarques toujours si drôles et pénétrantes qu’on trou
247 . Cet enfant m’inquiète, lit-on quelque part, il est trop avancé, il se développe trop ! — Il faudra le mettre à l’école,
248 a très loin : Nous dressons nos enfants, mais ce sont leurs enfants qui les élèveront. Il me paraît qu’ici nous venons de
249 enons de rejoindre, presque littéralement, ce qui sera l’idée centrale et le motto de l’Institut Rousseau, quand Pierre Bove
250 ecteur : Discat a puero magister, « que le maître soit instruit par l’élève ». Il me paraît aussi qu’en évoquant l’atmosphèr
251 t aurait-il reculé devant le jeu de mot ? je n’en suis pas certain), nous avons maintenant réuni les éléments d’un portrait
252 D’autres ont dit et vont nous dire encore ce que fut l’œuvre écrite du psychologue de l’Instinct combatif et l’œuvre agie
253 te figure de Pierre Bovet quelques traits qui lui furent d’autant plus particuliers et personnels qu’ils sont en fait paradoxa
254 t d’autant plus particuliers et personnels qu’ils sont en fait paradoxaux. Ce tolérant dans l’âme fut en même temps, et tou
255 sont en fait paradoxaux. Ce tolérant dans l’âme fut en même temps, et toute sa vie, le défenseur le plus ardent et effica
256 vaient appeler au cœur d’un homme pour qui la foi était action autant qu’amour. Pierre Bovet fut l’apôtre de la Paix par l’éc
257 la foi était action autant qu’amour. Pierre Bovet fut l’apôtre de la Paix par l’école, de la Fédération abolitionniste, de
258 ne risque guère de me tromper en disant qu’il eût été à ce titre là comme à tant d’autres un défenseur de l’environnement,
259 infatigable de toutes les diversités de l’humain était en même temps un timide ; ce pédagogue qui aidait les autres à se lib
260 on lui offrit « une fiche pour prendre contact ». Était -ce pour surmonter cette timidité et faciliter le dialogue que Pierre
261 e patrie locale, presque tribale, selon Amiel, qu’ était la Bovétie. Son livre sur Grandchamp représente ses racines, sa patri
262 tout et après tout, par-dessus tout, Pierre Bovet fut un apôtre de la paix. Ne reculons pas devant l’aveu qui eût gêné ses
263 ’aveu qui eût gêné ses cousins d’Areuse, mais qui était dans le droit fil des traditions de Grandchamp : Pierre Bovet fut un
264 t fil des traditions de Grandchamp : Pierre Bovet fut un pacifiste, pour les mêmes raisons qu’il fut éducateur, qu’il fut c
265 et fut un pacifiste, pour les mêmes raisons qu’il fut éducateur, qu’il fut chrétien, qu’il fut tout simplement intelligent.
266 pour les mêmes raisons qu’il fut éducateur, qu’il fut chrétien, qu’il fut tout simplement intelligent. Je sais que le mot f
267 ns qu’il fut éducateur, qu’il fut chrétien, qu’il fut tout simplement intelligent. Je sais que le mot fait peur à beaucoup
268 oup de braves gens qui croient que les pacifistes sont presque aussi dangereux que les Brigades rouges. Je tiens que son liv
269 esque aussi dangereux que les Brigades rouges. Je tiens que son livre sur l’Instinct combatif, en nous montrant que l’agressi
270 inct combatif, en nous montrant que l’agressivité est un instrument qu’il s’agit bien moins de réprimer que d’éduquer et de
271 et de civiliser ou « sublimer » comme dira Freud est un des ouvrages marquants de notre siècle, et qu’il peut faire davant
10 1978, Tapuscrits divers (1980-1985). Obstacles et chances du nouvel ordre économique international (NOEI) : l’Europe de l’Ouest (8 décembre 1978)
272 uest (8 décembre 1978)k 1. L’Europe de l’Ouest est l’élément fondamental de la problématique considérée, car : — elle a
273  elle a découvert le Monde, tandis que personne n’ est jamais venu la découvrir ; elle a donc créé la notion même d’humanité
274 ndiale actuelle, d’où les problèmes que le NOEI s’ est donné pour tâche de résoudre. Telles étant les responsabilités de l’E
275 e NOEI s’est donné pour tâche de résoudre. Telles étant les responsabilités de l’Europe (positives et négatives, créatrices e
276 ices et oppressives), un fait trop peu connu doit être ici mis en lumière : — L’Europe est la seule partie du Monde radicale
277 u connu doit être ici mis en lumière : — L’Europe est la seule partie du Monde radicalement divisée dans ses jugements quan
278   2. En effet : les Européens du xx e siècle ont été formés (même sans le savoir) par des traditions de pensée et des ment
279 ir et leurs vues sur le Monde, qui toutes peuvent être rapportées à deux grandes généalogies culturelles (religieuses, philo
280 un modèle occidental dont les caractères communs sont  : — l’usage rationalisé des biens matériels produits par la Nature et
281 — enfin, l’intégration à « un type de société qui serait l’expression d’une conscience unifiée de l’humanité » (Herrera).   4.
282 ntal, quelque assoupli, adapté, différencié qu’il soit , se voit inévitablement marqué par l’utopie si longtemps acceptée san
283 videmment réfutée par le seul fait que la Planète est une sphère finie, mais que l’Occident (Europe xix e siècle, puis USA
284 t, incontestable, que le « nouvel ordre mondial » soit presque toujours qualifié d’économique est parfaitement révélateur de
285 ial » soit presque toujours qualifié d’économique est parfaitement révélateur de son origine occidentale (européenne d’abor
286 ntiste, matérialiste, quantitatif, deux réactions sont possibles : — celle positive, des élites sociales et du personnel dét
287 olution française, Napoléon) et dont la formule s’ est propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils sont environ 160 aujo
288 t propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils sont environ 160 aujourd’hui) ; — celle, critique, sceptique, contestatair
289 e la productivité et de l’innovation à tout prix, fût -ce au prix des équilibres culturels et naturels les plus précieux pou
290 itique d’organisation mondiale de l’économie vont être consentis par les États-nations occidentaux (capitalistes et communis
291 ment). Au contraire : chacun de nos États (que ce soit à l’Est ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble
292 contraire : chacun de nos États (que ce soit à l’ Est ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble de mesur
293 érêts, 2° que ce qui n’empiète pas, si peu que ce soit , sur ce qu’il considère comme relevant de sa souveraineté nationale a
294 énuries flagrantes. La pédagogie des catastrophes est seule capable de leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soi
295 s est seule capable de leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soit peu des utopies du Progrès matériel, encore par
296 leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soit peu des utopies du Progrès matériel, encore partout régnantes en dépi
297 faisant problème, car : 1° croire que le nouveau est toujours meilleur, c’est une des superstitions typiques nées en Europ
298 ions typiques nées en Europe ; 2° l’ordre ne peut être « nouveau », il n’y avait rien à remplacer ; 3° les caractéristiques
299 les caractéristiques du NOEI (voir les 33 thèmes) sont celles d’une mise en ordre plutôt que d’un ordre véritable qui suppos
300 rmonie, qui n’apparaît pas ; 4° l’ordre préconisé est conçu comme cadre et programme, faisant intervenir à tout instant des
301 u contraire une société mondiale où la différence soit non seulement reconnue mais garantie et cultivée. Ils demandent la li
302 utre. Ils savent, au surplus, que l’homme ne peut être libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsa
303 plus, que l’homme ne peut être libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsable dans les villes éno
304 libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsable dans les villes énormes et les collectivités gigan
305 à des gens passifs, incapables de répondre donc d’ être responsables au sens étymologique du mot.   8. L’avenir et la possibi
306 issance, ne peut conduire qu’au désastre. Il doit être remplacé par un modèle qui vise à la Liberté. Seule la réalisation de
307 ation de ce second modèle par l’Europe de l’Ouest sera capable de libérer nos contemporains de la fascination qu’exerce sur
308 , et de préférence là même où le mauvais modèle s’ était constitué. Le Dr Albert Schweizer disait : « On a tort de dire que l’
309 r disait : « On a tort de dire que l’exemple vécu est le meilleur moyen d’influencer les hommes. Car c’est le seul. » L’ave
310 seul. » L’avenir d’un ordre solidaire global, qui est la seule alternative au désastre économique et à la guerre nucléaire,
11 1979, Tapuscrits divers (1980-1985). Continuité des politiques nationales en Europe (8 février 1979)
311 épithètes qui lui viennent à l’esprit se trouvent être désobligeantes, même pour définir ses compatriotes. Les Anglais sont
312 , même pour définir ses compatriotes. Les Anglais sont « ivrognes », les Allemands « coléreux », les Français « orgueilleux,
313 Plus précises et plus nationales au sens moderne sont les descriptions de Moreri dans son grand dictionnaire historique de
314 ychologie des peuples : « On dit que les Français sont polis, adroits, généreux, mais prompts et inconstants ; les Allemands
315 otypes tribaux, magiques, racistes, etc., si elle est la plus ancienne et la plus continue de nos traditions politiques, n’
316 la plus continue de nos traditions politiques, n’ est pas encore la plus explicative des attitudes politiques traditionnell
317 raditionnelles de nos États. Celles-ci ne peuvent être comparées que sur le fond des grands Empires dont les nations moderne
318 d des grands Empires dont les nations modernes se sont détachées, ou dont elles sont les produits de décomposition. Une pre
319 nations modernes se sont détachées, ou dont elles sont les produits de décomposition. Une première grande division de l’Eur
320 ion. Une première grande division de l’Europe en Est et Ouest remonte à l’Empire romain : les pays à l’ouest du limes sont
321 e à l’Empire romain : les pays à l’ouest du limes sont , sans contestation possible, européens et trouvent dans l’héritage ro
322 omain le fondement de leur continuité. Les autres seront conquis par Charlemagne, ou ne se rattacheront à l’Occident que plus
323 ou les Anglais dans « l’Île » par excellence4. Ce sont les relations entretenues au cours des siècles par nos divers États a
324 s européens. Les plus constamment fidèles aux Six furent ceux qui avaient fait partie des trois Empires : Germanie, Italie, pa
325 omplices — qui remet en question, périodiquement, soit le traité de Rome, soit les mesures de défense commune (CED), soit l’
326 question, périodiquement, soit le traité de Rome, soit les mesures de défense commune (CED), soit l’élection du Parlement eu
327 Rome, soit les mesures de défense commune (CED), soit l’élection du Parlement européen. Enfin, ceux qui restent à l’écart n
328 i revient : la première ». Mais en même temps, ce sont des Français qui proposeront de siècle en siècle les plans d’union le
329 tide Briand, Robert Schuman et Jean Monnet. Et ce sera la France officielle qui les désavouera. Le cas de l’Allemagne et cel
330 ouera. Le cas de l’Allemagne et celui de l’Italie sont radicalement différents. Si la France, l’Espagne et la Grande-Bretagn
331 Si la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne se sont constituées en États nationaux dès le xiii e siècle par les entrepris
332 s le passé qu’aux traditions du Saint-Empire, qui sont précisément pluralistes, anti-unitaires et supranationales. Ainsi leu
333 et l’Italie, et un demi-siècle pour les pays de l’ Est créés ou réformés par les traités de 1919-1920. C’est en fonction de
334 ptabilité d’un État moderne aux réalités modernes est en raison inverse de l’ancienneté de ses traditions nationales. La Fr
335 nt à l’échelle du Continent. La Russie ne cesse d’ être asiatique et despotique que lorsqu’elle peut retourner contre l’Europ
336 aucrate, et sous Staline le marxisme. Bref, il n’ est pas une « politique traditionnelle » qui ne joue contre l’Europe unie
337 reconnaître, contre tout bon sens politique, s’il est vrai que celui-ci est d’abord une capacité d’inventer de quoi faire f
338 ut bon sens politique, s’il est vrai que celui-ci est d’abord une capacité d’inventer de quoi faire face aux situations nou
339 ionnelle a par là même les plus grandes chances d’ être en fait une anti-politique dans notre monde en mutation, quelles sont
340 i-politique dans notre monde en mutation, quelles sont les chances du contraire, consistant à nous libérer des attitudes tra
341 ses frontières sacralisées. Car nos États-nations sont dirigés par un personnel politique formé de fonctionnaires permanents
342 t de ministres semi- professionnels, que je crois être plus que tout autre groupe social, victime des stéréotypes réputés tr
343 inspirent les décisions de ce personnel politique est impropre à tout esprit de coopération et hostile à tout projet d’unio
344 coopération et hostile à tout projet d’union. Ce sont les restes de situations et d’accidents dépassés depuis longtemps et
345 erser » ou « faire sauter » les États-nations (ce serait de l’utopie au pire sens du mot), mais les laisser dépérir comme ils
346 emain. Car au niveau local se posent — et peuvent être résolus en partie — les problèmes immédiats de l’environnement, de l’
347 et de la participation civique, laquelle ne peut être réelle que dans de petites unités. Au niveau continental se forme le
348 nalistes, la seule Europe que nous pourrons bâtir sera celle des réalités en création : Écologie, Régions, Fédération : même
12 1979, Tapuscrits divers (1980-1985). Conférence de presse Ecoropa (7 mai 1979)
349 ous entendez dire à droite comme à gauche (ou à l’ Est ) que l’Europe ne serait qu’une invention de technocrates, de financie
350 roite comme à gauche (ou à l’Est) que l’Europe ne serait qu’une invention de technocrates, de financiers, d’industriels, ou d’
351 chnocrates, financiers et états-majors. Mais ce n’ est pas cette Europe-là — d’ailleurs condamnée — que nous voulons sauver
352 — que nous voulons sauver à Ecoropa. Notre Europe est une nécessité qui s’inscrit dans l’histoire mondiale de cette fin du
353 ques pourtant nous avaient prévenus : « Le fini n’ est pas capable d’infini. » Mais nous avons perdu de vue cette vérité fon
354 perdu de vue cette vérité fondamentale. Nous nous sommes imaginé que la Terre, loin d’être une sphère finie et que rien au mon
355 le. Nous nous sommes imaginé que la Terre, loin d’ être une sphère finie et que rien au monde ne pourra rendre plus grande qu
356 ne pourra rendre plus grande qu’elle-même pouvait être exploitée indéfiniment en progression exponentielle : voilà l’utopie
357 ou dans 5 ans seulement que toutes ces ressources seraient épuisées. Devant un danger aussi pressant, nous ne pouvons nous conte
358 ’élaborer un autre modèle de civilisation, qui ne soit plus axé sur la perspective d’un développement matériel indéfini ; el
359 u. J’aime ce mot du Dr Schweitzer : « L’exemple n’ est PAS le meilleur moyen d’agir sur autrui : c’est le seul. » Mais passe
360 sation dans un monde où vingt-cinq à trente États seront armés de la Bombe d’ici quelques années. Dogme déjà dépassé parce qu
361 os États souverains ne fonctionnent plus. Aucun n’ est en mesure de faire face correctement aux tâches que le gouvernement d
362 ement aux tâches que le gouvernement d’une nation est censé assurer. Nos souverainetés nationales, en effet, ne peuvent rés
363 i à une intervention militaire qui viendrait de l’ Est . Elles ne peuvent ni lutter contre l’inflation sans augmenter le chôm
364 tre propre crise… Je le répète, les États-nations sont condamnés puisqu’ils ne peuvent plus jouer leur rôle. Je veux bien qu
365 es continuent d’aller, répétant que l’État-nation est la seule réalité avec laquelle il nous faut compter. Alors, qu’ils no
366 mme je préfère dire : le souci écologique, loin d’ être une mode, est une nécessité vitale face à l’agression industrielle. O
367 dire : le souci écologique, loin d’être une mode, est une nécessité vitale face à l’agression industrielle. Or, l’applicati
368 trielle. Or, l’application de ses remèdes ne peut être que locale, régionale, ou continentale, mondiale. Jamais nationale !
369 grand égale fédération, et l’une sans l’autre ne sera jamais possible : elles sont en interaction créatrice. La fédération
370 ’une sans l’autre ne sera jamais possible : elles sont en interaction créatrice. La fédération de l’Europe, ce vieux rêve s
371 t nos plus grands poètes, de Dante à Victor Hugo, est devenu de nos jours une urgence matérielle, économique d’abord aux ye
372 t topos, lieu, donc non-pays, lieu de nulle part) est exactement ce qui doit désigner l’État-nation, ce modèle abstrait pla
373 géo-historico-culturels et économiques. La région est le contraire absolu de l’u-topie ! C’est ce que les Européens ont sen
374 ée régionaliste par leur ampleur et leur rapidité sont bien faits pour ranimer les espoirs des fédéralistes : non seulement
375 déralistes : non seulement l’Allemagne de l’Ouest est déjà constituée de länder et la Suisse de cantons qui à certains égar
376 évoyant des régions autonomes, la Grande-Bretagne est aux prises avec le grave problème de la devolution, la France même co
377 . Je le répète : cette évolution vers les régions est issue des possibilités de dépassement par en haut de nos souveraineté
378 fédérée : même Avenir. Bien sûr, la fédération ne sera pas la panacée universelle, la formule magique. Mais s’il est probabl
379 anacée universelle, la formule magique. Mais s’il est probable que l’Europe fédérée n’a pas réponse à tout, il est certain
380 e que l’Europe fédérée n’a pas réponse à tout, il est certain que les souverainetés nationales n’ont plus réponse à rien !
381 italien, anglais, néerlandais et allemand) et qui est sorti des travaux d’un groupe Cadmos, dont plusieurs des membres les
382 mos, dont plusieurs des membres les plus éminents sont parmi les fondateurs d’Ecoropa. Il s’agit d’un Rapport au peuple eur
13 1979, Tapuscrits divers (1980-1985). Rapport intérimaire pour Ecoropa (27 juillet 1979)
383 droits fondamentaux de l’homme, le droit au rêve est l’un des plus souvent négligés… par ses ayants droit. Saisissant l’oc
384 e viens soumettre au jugement du grand juriste qu’ est Fernand Dehousse un cas pendable d’utopie fédéraliste, dont je ne con
385 ble d’utopie fédéraliste, dont je ne conteste pas être l’auteur.   L’évolution de l’idée européenne, du congrès de La Haye,
386 ralisée, elles reprennent leur relief sitôt qu’il est question de dévaloriser si peu que ce soit les frontières que décrète
387 t qu’il est question de dévaloriser si peu que ce soit les frontières que décrètent, sur notre péninsule, le hasard des guer
388 lache. Une quarantaine de ces « reconnaissances » sont en train de s’opérer dans l’Ouest européen. Or, la plupart des aires
389 ionales qui se font reconnaître ainsi se trouvent être transfrontalières. Et l’on y est amené à constater que, confrontés au
390 nsi se trouvent être transfrontalières. Et l’on y est amené à constater que, confrontés aux problèmes qui s’y posent, les É
391 de l’autre en moyenne d’une heure d’avion — , ne tiennent des réunions hebdomadaires, afin de concerter les options politiques
392 les directives émises par chacune des agences ne soient reçues par les régions de la même manière que les ordonnances du méde
393 térielles, bien vite classées, parfois sans avoir été lues, puisqu’on ne les avait pas sollicitées et qu’elles servent peut
394 Un beau jour, on s’apercevra que l’Europe fédérée est virtuellement faite. (Ce qu’on ne saura peut-être pas, c’est qu’elle
395 . (Ce qu’on ne saura peut-être pas, c’est qu’elle sera faite à l’image de la Suisse, avec ses départements fédéraux dont les
396 égions, le tissu des relations nouées entre elles sont devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et abstra
397 nationale — ce jour-là, la révolution européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses n
398 peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ils soient considérés par les habitants des régions comme des subsistances super
399 dence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’ être , dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérative et peut même
400 n et de se battre pour ses compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimensions europ
401 ionale et la souveraineté absolue de l’État. Tout est bloqué. Faut-il s’asseoir et pleurer ? Demandons-nous plutôt où se si
402 elles pas de régions ni de fédération, — mais qui sont beaucoup plus faciles à conquérir que les grandes décisions d’abandon
403 nous faut exiger les moyens de la construire, qui sont très simples : le droit de la commune à cotiser au syndicat régional
404 uple.   La différence entre le rêve et la réalité est chronologique. La plupart des rêves de l’homme se sont réalisés au co
405 chronologique. La plupart des rêves de l’homme se sont réalisés au cours des âges, — voler, aller au fond des mers et sur la
406 ance, tuer de même et sans risques, voir ce qui n’ est pas là, entendre Mozart ou Bach ou la voix de ses parents morts en to
407 core, pour des raisons tout à fait claires : elle serait pour notre société une catastrophe sans précédent. Mais rien de parei
408 ns, que c’était si facile à prévoir : tout ce qui était raisonnable y conduisait… II. Les étapes Telle étant l’idée gé
409 onnable y conduisait… II. Les étapes Telle étant l’idée générale du projet8 suggéré à Ecoropa lors de la réunion de Br
410 entifier les régions. On sait à peu près où elles sont , combien elles sont. Mais avant de les convoquer à l’échelle européen
411 . On sait à peu près où elles sont, combien elles sont . Mais avant de les convoquer à l’échelle européenne, il serait indisp
412 avant de les convoquer à l’échelle européenne, il serait indispensable de savoir : — Où sont celles qui méritent le titre de r
413 opéenne, il serait indispensable de savoir : — Où sont celles qui méritent le titre de région ? C’est-à-dire quels critères
414 ritères autorisent cette dénomination ? — Quelles sont leurs instances dirigeantes, if any ? — Quelles sont leurs principale
415 t leurs instances dirigeantes, if any ? — Quelles sont leurs principales données quantitatives (population, superficie), mai
416 égions. Le processus de nomination des délégués n’ est pas très important dans les débuts, et variera d’une région à l’autre
417 ler dessus. (Le problème à résoudre préalablement sera celui du financement de l’Assemblée, voyage et séjour des délégués ré
418 ôt de mise en réseau des régions frontalières ont été esquissées, avec des succès divers par la Conférence des pouvoirs loc
419 t — dans l’esprit des fonctionnaires du CE qui en sont responsables, appuyés par de nombreux éléments des mouvements régiona
420 tionaux), les espoirs des fédéralistes véritables seraient compromis, voire anéantis pour longtemps. Le problème se ramène à cec
421 pa me paraît susceptible d’intervenir. Les partis sont exclus, comme agents fédérateurs. Leurs motivations sociales étant pl
422 me agents fédérateurs. Leurs motivations sociales étant plus polémiques ou impérialistes que fédératrices. (Voir les dénoncia
423 ement définit le fédéralisme européen. Ce facteur est l’écologie, la politique écologique. Je dis que ce facteur serait cat
424 e, la politique écologique. Je dis que ce facteur serait catalyseur. Ecoropa n’est nullement équipée, actuellement, pour assum
425 e dis que ce facteur serait catalyseur. Ecoropa n’ est nullement équipée, actuellement, pour assumer la tâche de fédérer les
426 e de fédérer les régions européennes. Le problème est de savoir si, assumant ce but, elle trouverait par cela même les moye
427 e, réunir des fonds ? 6. Le texte ci-dessous a été écrit en 1975 pour le recueil de mélanges qui devait être présenté au
428 it en 1975 pour le recueil de mélanges qui devait être présenté au grand juriste belge Fernand Dehousse, décédé l’année suiv
429 déjà à Bruxelles (CEE) et à Genève (CERN). Elles sont intergouvemementales. Des agences privées sont en voie de formation :
430 es sont intergouvemementales. Des agences privées sont en voie de formation : instituts européens de l’éducation (Paris) et
431 peut le lire à peu près identique dans L’Avenir est notre affaire, p 352 à 355. n. Édition réalisée sur la base d’un tap
432 ifiant 817. Le tapuscrit indique que ce rapport a été rédigé « en vue de la rencontre du groupe d’animation du 25 au 27 sep
14 1979, Tapuscrits divers (1980-1985). Obstacles au nouvel ordre économique international (NOEI) en Europe du Centre (24 septembre 1979)
433 t de prendre, malgré moi, dans un rapport où il n’ est pas toujours possible de nuancer suffisamment. Je prendrai donc d’abo
434 e, cela implique que ce qui fait obstacle devrait être écarté, supprimé, non pas considéré en soi, on its own merits, à des
435 tive : celle d’un accident, mais péjorative. Il n’ est pas un signe à prendre au sérieux, mais une résistance morbide à élim
436 résistance morbide à éliminer. Son premier devoir est de se laisser surmonter, dit un proverbe italien. Or, en fait, je vou
437 paravant, son instauration subséquente ne saurait être dite « nouvelle » : elle serait inaugurale. Or qui peut soutenir que
438 séquente ne saurait être dite « nouvelle » : elle serait inaugurale. Or qui peut soutenir que le « nouvel » ordre souhaité suc
439 nce à un état — previous — antérieur bien défini) est devenue valeur en soi dans les pays européens, puis aux USA, au cours
440 lisant des mass médias sur celle-ci, la nouveauté est devenue synonyme de produit à acheter d’urgence, et exclusivement, dé
441 n mode de vie plus juste ou plus heureux. Nouveau est devenu un terme valorisant en soi et par soi, absolument : il ne s’ag
442 et de l’imposer (sans avertir) au monde entier n’ est nullement évidente. Elle ne se défend que dans la seule mesure où ell
443 la seule mesure où elle « va de soi » — ce qui n’ est pas le cas aux yeux de ceux que j’essaie de représenter ici. La notio
444 Au surplus : tout programme uniformisant — qu’il soit ou non conscient chez les agents de son application — joue en faveur
445 — joue en faveur du modèle occidental. Peut-être est -il plus sage de penser que l’humanité ne forme pas un système, mais p
446 lations aléatoires, de sorte qu’un malheur puisse être compensé plutôt que répercuté à l’infini ; ou puisse être circonscrit
447 pensé plutôt que répercuté à l’infini ; ou puisse être circonscrit, comme un incendie. c) Économique. Cet adjectif est bien
448 t, comme un incendie. c) Économique. Cet adjectif est bien sûr le plus sûr indicateur de l’origine occidentale du projet, o
449 , à leur déterminisme intrinsèque. Cette croyance est purement européenne (xvii e siècle « matérialiste », xix e siècle sai
450 iècle saint-simonien, xx e siècle marxiste). Marx est sans doute le penseur le plus irréductible à toute forme de pensée as
451 n dehors du complexe européen du xix e siècle, il est proprement inconcevable. Un consensus mondial ne peut être conçu — rê
452 rement inconcevable. Un consensus mondial ne peut être conçu — rêvé, imaginé, projeté dans l’utopie — que sur la base d’un d
453 me implique que l’ordre des nations existe, qu’il est réel, qu’il doit et peut servir de fondement à tout « ordre » mondial
454 e » mondial — et d’abord continental — ne saurait être imaginé sur la base d’éléments par définition hostiles à toute compos
455 ts coûte que coûte : c’est l’élément national qui est responsable des deux grandes guerres mondiales du xx e siècle. Qui di
456 t obstacle à toute union (autre que militaire) qu’ est l’État-nation — modèle typiquement occidental, élaboré par la Révolut
457 l’extrême, uniformisé et uniformisant. La guerre étant l’ultima ratio de l’État-nation, on ne voit pas comment pourrait en s
458 voit pas comment pourrait en sortir la paix, qui est la seule preuve du règne d’un ordre humain. Résumé des objections pré
459 cours de toutes parts, à quelque forme de NOEI, a été provoquée au xx e siècle par les séquelles du colonialisme, lui-même
460 a raison fondamentale que tout État-nation en soi est une structure colonialiste : elle consiste à soumettre les peuples co
461 jourd’hui Occident et tiers-monde ou Nord et Sud, sont de structures homologues aux conflits qui opposaient naguère colonisa
462 eurs et colonies. Les Européens, par exemple, qui étaient encore il y a cent ans aux 4/5e agriculteurs et villageois, ont été c
463 cent ans aux 4/5e agriculteurs et villageois, ont été colonisés par la technique et l’urbanisme tout comme les Africains, l
464 es idéologies et la pharmacopée occidentale. Nous sommes tous colonisés. Européens et peuples du tiers-monde, par un certain m
465 rence importante : le système inventé en Europe a été essayé d’abord sur les peuples européens, et avec quel succès, pendan
466 sante (mais si brève aux yeux de l’Histoire) il s’ est mis à revendiquer le pire de notre héritage et le moins assimilable p
467 ement à leur insu — au vocabulaire colonisant qui est celui des États-nations centralisés, et qui transporte des valeurs, d
468 ifférentes ». Si vous parlez ce langage, les jeux sont faits, les conclusions préfabriquées. Un dernier mot, dans cette mise
469 r le NOEI. D’abord parce que l’Europe du Centre n’ est pas une entité juridique, ni de pensée et encore moins d’action, ensu
470 ur part, il leur arrive d’opposer en fait au NOEI sont d’un tout autre ordre : ils ne relèvent pas de la nature même du proj
471 t du programme des résistances ou des refus, ce n’ est en vérité qu’au nom d’intérêts économiques nationaux, ou de la politi
472 jourd’hui la majeure partie de l’Europe de l’Est, est l’élément fondamental de la problématique considérée, car : — c’est e
473 fois-ci avec les pays du Nord, du Centre et de l’ Est , la science, la technologie, le commerce intercontinental, qui a élab
474 e qui a découvert la Terre entière, et personne n’ est jamais venu la découvrir ». Cette phrase, qui figure dans mon livre
475 , mettra dans la bouche du général de Gaulle10, n’ est pas un jugement de valeur, mais la constatation d’un fait, qui a fond
476 é de concevoir une civilisation universelle. Il n’ est pas inutile de rappeler qu’une culture comme celle de l’Inde brahaman
477 de quitter le territoire de l’Inde, tout le reste étant impur, et une civilisation comme celle de la Chine qui tenait tous le
478 , et une civilisation comme celle de la Chine qui tenait tous les non-Chinois pour des sous-hommes, ne pouvaient concevoir l’i
479 part des peuples des quatre autres continents. Il serait faux de condamner, voire de nier purement et simplement, l’action civ
480 ontrées où jadis le massacre massif, le génocide, étaient érigés en procédés sacrés ou simplement réalistes de gouvernement. C’
481 à son « prestige », dont la composante principale est la puissance de l’armement dont il dispose. L’État-nation de modèle j
482 0 autres pays au cours des xix e et xx e siècles, est la forme la plus facilement transférable et imitable d’organisation s
483 ginels et structurels avec la guerre, celle qu’il était le plus dangereux d’imiter au siècle où les moyens de la guerre (arme
484 a nation puis l’État-nation, dont le stade ultime est l’État totalitaire, qui est l’État de guerre en permanence, — et, à p
485 dont le stade ultime est l’État totalitaire, qui est l’État de guerre en permanence, — et, à partir du xvi e siècle, la sc
486 é ces créations. Mais si ces modèles continuent d’ être copiés par le reste du Monde, sans critique fondamental et sans innov
487 voquée, empoisonnée, pillée, au point que l’homme est en train d’y détruire les conditions mêmes de la vie, et en tout cas
488 e, et en tout cas de la vie de son espèce. Telles étant les responsabilités de l’Europe — positives et négatives, créatrices
489 ices et oppressives — un fait trop peu connu doit être ici mis en lumière : c’est que l’Europe est aujourd’hui la seule part
490 doit être ici mis en lumière : c’est que l’Europe est aujourd’hui la seule partie du Monde radicalement divisée dans ses ju
491 ais une question se pose alors : si les Européens sont profondément divisés sur ce problème, ne serait-ce pas qu’ils obéisse
492 ens sont profondément divisés sur ce problème, ne serait -ce pas qu’ils obéissent à au moins deux traditions ou mentalités diff
493 ous nos peuples. Les Européens du xx e siècle ont été formés (sans le savoir) par des structures de pensée et des mentalité
494 t leurs vues sur le Monde — et qui toutes peuvent être rapportées à deux grandes généalogies culturelles (religieuses, philo
495 e nombreux caractères communs dont les principaux sont les suivants : — l’usage rationalisé des biens matériels fournis par
496 t enfin, l’intégration à un « type de société qui serait l’expression d’une conscience unifiée de l’humanité » (Herrera). 4. D
497 videmment réfutée par le seul fait que la Planète est une sphère finie, mais que l’Occident — c’est-à-dire l’Europe du xix
498 ontestable, que le « nouvel ordre international » soit presque toujours qualifié « d’économique » est parfaitement révélateu
499 » soit presque toujours qualifié « d’économique » est parfaitement révélateur de son origine et de ses buts réels : l’exten
500 nale (capitaliste ou marxiste) du xx e siècle. Il est clair que nous sommes ici en présence d’un schéma bien connu de l’his
501 u marxiste) du xx e siècle. Il est clair que nous sommes ici en présence d’un schéma bien connu de l’histoire des idées politi
502 victimes les plus célèbres de cette illusion aura été Jean Monnet, dont toute l’action pour l’union de l’Europe a reposé su
503 Communauté instituée grâce à J. Monnet, la CECA —  tient du même coup les réalités politiques. Il a fallu les décrets arbitrai
504 prestige, pour que « l’illusion de Jean Monnet » soit publiquement et concrètement réfutée, au grand dam des efforts les pl
505 ntiste, matérialiste, quantitatif, deux réactions sont toujours possibles : — celle, positive, des élites sociales et du pe
506 et de Napoléon (1805-1815), et dont la formule s’ est propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils sont environ 160 aujo
507 t propagée sur toute la Terre au xx e siècle (ils sont environ 160 aujourd’hui). — celle critique, sceptique, contestatrice,
508 ité et de l’innovation technologique à tout prix, fût -ce au prix des équilibres culturels et naturels les plus précieux pou
509 itique d’organisation mondiale de l’économie vont être consentis par les États-nations occidentaux (capitalistes et communis
510 ment). Au contraire : chacun de nos États (que ce soit à l’Est ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble
511 contraire : chacun de nos États (que ce soit à l’ Est ou à l’Ouest) s’empresse de déclarer, devant chaque ensemble de mesur
512 érêts, 2° que ce qui n’empiète pas, si peu que ce soit , sur ce qu’il considère comme relevant de sa souveraineté nationale a
513 agrantes. Seule, la pédagogie des catastrophes 11 est capable de leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soit peu
514 phes 11 est capable de leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soit peu des utopies du Progrès matériel, encore par
515 leur enseigner quoi que ce soit qui diffère tant soit peu des utopies du Progrès matériel, encore partout régnantes en dépi
516 proposés par le papier de présentation d’UNITAR) sont celles d’une mise en ordre plutôt que d’un ordre véritable, lequel su
517 spirituel) qui n’apparaît pas. L’ordre préconisé est conçu comme cadre et programme, faisant intervenir à tout instant des
518 és sur une consommation gaspilleuse d’énergie qui serait censée doubler tous les 10 ans selon certaines projections des années
519 itée. Ils savent, au surplus, que l’homme ne peut être libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsa
520 plus, que l’homme ne peut être libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsable dans les villes éno
521 libre que là où il est responsable ; et qu’il ne sera jamais responsable dans les villes énormes et les collectivités gigan
522 à des gens passifs, incapables de répondre donc d’ être responsables au sens étymologique du mot. L’avenir et la possibilité
523 Pour un modèle européen très différent Telles étant les responsabilités de l’Europe, comment donner une réponse positive
524 és nationales ne peut conduire qu’au désastre. Il est urgent qu’il soit remplacé par un modèle qui vise à la Liberté. La ré
525 peut conduire qu’au désastre. Il est urgent qu’il soit remplacé par un modèle qui vise à la Liberté. La réalisation de ce se
526 dans des conditions toujours plus difficiles, il est vrai, et avec des marges de manœuvre toujours plus étroites, contraig
527 aboutissement logique (peut-être le vœu secret) n’ est autre que la guerre. Au contraire, viser à la solidarité des autonome
528 rer une politique dont les finalités et le moteur sont la Liberté des personnes (et non le bon plaisir des collectivités arm
529 art, de préférence là même où le mauvais modèle s’ était constitué. Le Dr Albert Schweitzer disait : « L’exemple vécu n’est pa
530 Dr Albert Schweitzer disait : « L’exemple vécu n’ est pas le meilleur moyen d’influencer les hommes. C’est le seul. » L’ave
531 ’un régime de solidarité des autonomes ne saurait être l’affaire des économistes. Cette instauration implique en effet une p
532 e l’État-nation centralisé à souveraineté absolue est devenue incompatible avec la survie du genre humain, ne fût-ce qu’en
533 e incompatible avec la survie du genre humain, ne fût -ce qu’en raison de la puissance destructrice des armements dont ces É
534 tites unités territoriales, urbaines, régionales, sont les seules qui permettent au citoyen d’exercer ses responsabilités, d
535 ’avantage des petites unités sur les grands États est lisible en clair dans toutes les statistiques des Nations unies et de
536 e d’habitants en donne un bon exemple : la Suisse est largement en tête, suivie par le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche e
537 onomiques aux États-nations centralisés se trouve être à la fois un gage de paix, d’impossibilité de faire de grandes guerre
538 rs européens et américains du Nord naguère encore tenus pour des « contestataires » ou des « marginaux » dans les milieux gou
539 vernementaux et parmi les experts internationaux, soient parvenus à faire admettre par les responsables de la World Bank que n
540 mé la solidarité des autonomes, l’élément décisif est sans nul doute possible l’élimination de l’obstacle principal et fina
541 mplique cette préparation. Le problème du NOEI ne sera jamais résolu sur les plans économique, technologique, social et cult
542 ire aboutir les plans de solidarité des autonomes est de régler d’abord le problème du désarmement général. Mais le seul m
543 nent qui a donné naissance à l’État-nation, qui a été le premier à en subir les effets destructeurs de toute communauté, et
544 nature, le continent qui a donc toutes raisons d’ être le premier à produire les anticorps du virus qu’il a sécrétés. 9.
545 71. 11. Théorie exposée dans mon livre L’Avenir est notre affaire , Paris, Stock, 1977. o. Édition réalisée sur la base
15 1979, Tapuscrits divers (1980-1985). Manès Sperber ou « l’homme qui rappelle » (22 novembre 1979)
546  l’homme qui rappelle » (22 novembre 1979)p Il est rare qu’on approche un écrivain par ce qui n’est pas littéraire dans
547 est rare qu’on approche un écrivain par ce qui n’ est pas littéraire dans son action ni dans sa création. C’est ce qui m’es
548 ns son action ni dans sa création. C’est ce qui m’ est arrivé avec Manès Sperber. Je le connaissais depuis un quart de siècl
549 itant de la liberté de l’esprit, engagés que nous étions tous les deux, dès 1950, dans une lutte commune et quotidienne, celle
550 its de l’homme ou la recherche scientifique. Nous fûmes des camarades d’action intellectuelle, politique au sens fort du term
551 iance immédiate et jamais discutée, avant de nous être lus mutuellement, j’entends d’avoir lu l’un de l’autre autre chose qu
552 œuvre, éminemment lisible, de près de 800 pages, tient sans nul doute à l’art du romancier qui a su transformer cette réflex
553 e doctrines, de passions collectives. Tout ce qui serait chez d’autres débat d’idées devient ici dialogue, action, conflit ou
554 ocialisme d’une part, du stalinisme de l’autre, y sont saisis dans l’existence éthique et psychologique de l’homme européen,
555 iste » dans ces volumes, mais en revanche l’œuvre est nourrie — comme peu d’autres aujourd’hui — d’une connaissance approfo
556 nfance, il se voit « obligé de se débattre que ce soit à l’école ou avec les domestiques de ses parents, entre cinq langues 
557 res « enfants viennois sous-alimentés » passer un été à Amsterdam. À Vienne, il découvrira très tôt la psychanalyse d’Alfre
558 les nazis, arrêté, battu, emprisonné à Berlin, il est libéré en tant que sujet autrichien et part en exil à Paris, où le PC
559 laissé un souvenir très amer de notre pays, n’eût été l’intervention du pasteur Maurer et de sa femme, qui recueillent chez
560 t dans ce presbytère de la Haldenstrasse. De tels êtres justifient non seulement leur propre existence, mais celle de nous to
561 s ma prime jeunesse j’ai toujours considéré qu’il était judicieux et par conséquent nécessaire que chaque être humain vive po
562 judicieux et par conséquent nécessaire que chaque être humain vive pour quelque chose. Ou encore : Depuis mon jeune âge co
563 epuis mon jeune âge connaître et professer sa foi étaient pour moi deux actes indissolublement liés. D’où sa conception très e
564 rès engagée de l’œuvre littéraire : Toute œuvre est pour moi un appel toujours renouvelé qui doit éveiller le lecteur et
565 hose de fraternel entre le fils de pasteur que je suis et le petit-fils de rabin qu’est Manès.) Cette exigence, d’origine re
566 pasteur que je suis et le petit-fils de rabin qu’ est Manès.) Cette exigence, d’origine religieuse, toujours restée décisiv
567 toujours restée décisive même chez l’athée qu’il est devenu dès son adolescence, lui donne une lucidité rare dans l’analys
568 qui elle seule reste invariable… Leur seul espoir est qu’on oublie tout ce qu’ils proféraient hier, non la notoriété qu’ils
569 Manès Sperber a écrit pour sa part qu’il voudrait être « l’homme qui rappelle ». Celui qui analyse l’époque avec toute la pa
570 x ce qu’il faut faire pour obéir à leur appel. Il est resté le militant, le responsable de l’espoir. En fêtant aujourd’hui
571 l’espoir. En fêtant aujourd’hui cette œuvre qui n’ est pas seulement celle d’un homme, celle d’un artiste, celle de l’un des
572 plus pénétrants parmi nos contemporains, mais qui est aussi la biographie de notre époque, votre académie a voulu attirer l
573 par la fondation Charles Veillon. La cérémonie s’ est déroulée à l’Athénée (Genève), le 22 novembre 1979. Y prirent part ég