1 )a I. À votre avis, vers quoi risquons-nous d’ aller dans les 20 ans qui viennent ? Très en gros, si nous continuo

2 sans modification, ce qui se fait. Il serait vain d’ essayer d’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 198

3 ication, ce qui se fait. Il serait vain d’essayer d’ extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’i

4 . Il serait vain d’essayer d’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’il faut savoir, c’est ve

5 t vain d’essayer d’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’il faut savoir, c’est vers quoi no

6 ’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’il faut savoir, c’est vers quoi nous voulons ou pouv

7 ugeage industriel… » Vous vendez donc du confort, de l’économie d’énergie et de la climatisation. Sur le confort, j’ai les

8 iel… » Vous vendez donc du confort, de l’économie d’ énergie et de la climatisation. Sur le confort, j’ai les plus grands d

9 endez donc du confort, de l’économie d’énergie et de la climatisation. Sur le confort, j’ai les plus grands doutes. Le con

10 doutes. Le confort est une conception qui est née d’ une manière tout à fait obscure — à partir de ce qu’on en dit dans la

11 par croire qu’il était le fondement même, le but de la vie. La constitution américaine affirme pour chaque homme le droit

12 droit au confort, c’est-à-dire un certain nombre de degrés de température dans les appartements (beaucoup trop élevé en g

13 confort, c’est-à-dire un certain nombre de degrés de température dans les appartements (beaucoup trop élevé en général) et

14 taux américains. C’est un épouvantable gaspillage d’ énergie et je ne puis dire à quel point je suis contre la climatisatio

15 la climatisation. Il y a beaucoup d’autres moyens de se débarrasser de cet inconvénient peu considérable qu’est l’excès de

16 Il y a beaucoup d’autres moyens de se débarrasser de cet inconvénient peu considérable qu’est l’excès de chaleur, dans nos

17 cet inconvénient peu considérable qu’est l’excès de chaleur, dans nos pays. II. Voici les grandes questions qui nous

18 s supposé qu’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’approvisionnement ; qu’il y aurait une augmentation import

19 ’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’ approvisionnement ; qu’il y aurait une augmentation importante des pri

20 économiserait l’énergie pour faire des économies de devises (balance des paiements). Qu’en pensez-vous ? 2° Nous avons su

21 de vous le dire, je pense que faire des économies d’ énergie, en particulier par l’isolation, est une des tâches immédiates

22 moyen terme les plus importantes pour l’industrie d’ aujourd’hui. Autrement, nous irons dans des impasses et nous n’avons p

23 es impasses et nous n’avons pas encore les moyens d’ y faire face. Donc, la première chose, c’est d’isoler, de conserver, d

24 ns d’y faire face. Donc, la première chose, c’est d’ isoler, de conserver, d’économiser l’énergie. Vous supposez qu’il n’y

25 re face. Donc, la première chose, c’est d’isoler, de conserver, d’économiser l’énergie. Vous supposez qu’il n’y aurait pas

26 la première chose, c’est d’isoler, de conserver, d’ économiser l’énergie. Vous supposez qu’il n’y aurait pas, quantitative

27 supposez qu’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’approvisionnement. Mais il me semble que nous sommes déjà

28 ’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’ approvisionnement. Mais il me semble que nous sommes déjà en plein pro

29 me semble que nous sommes déjà en plein problème d’ approvisionnement d’énergie, non pas que nous en manquions actuellemen

30 sommes déjà en plein problème d’approvisionnement d’ énergie, non pas que nous en manquions actuellement, mais nous sommes

31 anquions actuellement, mais nous sommes tout près d’ en manquer par épuisement des ressources naturelles, non renouvelables

32 e pétrole, je me suis laissé dire par des membres de la Commission du droit de la mer (ils représentent des gouvernements,

33 sé dire par des membres de la Commission du droit de la mer (ils représentent des gouvernements, sont donc responsables) q

34 hore pour 500 ans, la question étant une question d’ écologie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et de s’exposer à

35 question d’écologie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et de s’exposer à des accidents comme Ixtoc 2. Il semble q

36 gie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et de s’exposer à des accidents comme Ixtoc 2. Il semble que tout ce qu’on

37 . Il semble que tout ce qu’on raconte depuis plus de 20 ans : qu’il n’y a plus que pour 20 ans de pétrole dans le monde et

38 plus de 20 ans : qu’il n’y a plus que pour 20 ans de pétrole dans le monde et qu’il faut tout refaire d’après cette certit

39 ut tout refaire d’après cette certitude-là, c’est de la publicité pour le nucléaire. Cela a été presque avoué par un certa

40 e. Cela a été presque avoué par un certain nombre de grands dirigeants des industries nucléaires de différents pays. La qu

41 re de grands dirigeants des industries nucléaires de différents pays. La question de l’épuisement de l’uranium : on nous a

42 stries nucléaires de différents pays. La question de l’épuisement de l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20

43 s de différents pays. La question de l’épuisement de l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20 ans, que l’on t

44 l’épuisement de l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20 ans, que l’on transporte d’ailleurs inchangé à trave

45 e l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20 ans, que l’on transporte d’ailleurs inchangé à travers le temps. J

46 Congrès mondial des producteurs et distributeurs d’ électricité. Je leur avais dit : « D’après tous vos rapports, il sembl

47 s tous vos rapports, il semble qu’il n’y ait plus de pétrole que pour vingt ans et c’est une crise très grave pour l’Europ

48 ’est encore plus grave, parce que cela relèverait d’ une certaine politique inavouée ? Le manque d’approvisionnement en éle

49 ait d’une certaine politique inavouée ? Le manque d’ approvisionnement en électricité n’est pas évident dans un pays comme

50 ns à revendre, littéralement, chaque année. C’est de bonne politique d’avoir une certaine marge pour les années où il y au

51 éralement, chaque année. C’est de bonne politique d’ avoir une certaine marge pour les années où il y aurait moins d’eau et

52 rtaine marge pour les années où il y aurait moins d’ eau et où il y aurait des difficultés de se procurer du pétrole. Mais

53 ait moins d’eau et où il y aurait des difficultés de se procurer du pétrole. Mais il ne faut pas qu’on nous dise que nous

54 il ne faut pas qu’on nous dise que nous manquons d’ électricité ; nous n’en manquerons que si l’on continue à développer l

55 ns, les appartements, [sous peine de]b gaspillage d’ énergie électrique par le chauffage électrique qui a le plus bas rende

56 chauffage électrique qui a le plus bas rendement de tous les appareils que l’homme a faits jusqu’à présent — 5-6 % ! — ,

57 nt de passer à des aventures comme le nucléaire —  de produire le maximum d’isolation possible, c’est-à-dire de conservatio

58 tures comme le nucléaire — de produire le maximum d’ isolation possible, c’est-à-dire de conservation de l’énergie, puisque

59 ire le maximum d’isolation possible, c’est-à-dire de conservation de l’énergie, puisque nous en avons assez maintenant et

60 ’isolation possible, c’est-à-dire de conservation de l’énergie, puisque nous en avons assez maintenant et que toutes les e

61 ns qu’on avait faites, disant que la consommation d’ énergie doublerait tous les 7 ans (c’est ce qu’on m’affirmait il y a 1

62 rogrès. Et maintenant, c’est pure spéculation que de dire qu’on aura besoin de tant pour cent de plus d’électricité dans l

63 st pure spéculation que de dire qu’on aura besoin de tant pour cent de plus d’électricité dans les dix ans qui viennent, c

64 dire qu’on aura besoin de tant pour cent de plus d’ électricité dans les dix ans qui viennent, car personne n’en sait rien

65 ait rien. Je cite toujours cet exemple : à la fin de l’hiver 1973-1974, qui a suivi la soi-disant crise du pétrole — ce n’

66 isant crise du pétrole — ce n’était qu’une menace de crise du pétrole — , le conseiller fédéral Brugger a fait un discours

67 ew et une intervention aux Chambres dans l’espace d’ une semaine, confirmant que le peuple suisse avait fait — sans y être

68 uple suisse avait fait — sans y être forcé — 20 % d’ économies de consommation d’électricité, par exemple en abaissant le d

69 avait fait — sans y être forcé — 20 % d’économies de consommation d’électricité, par exemple en abaissant le degré de temp

70 s y être forcé — 20 % d’économies de consommation d’ électricité, par exemple en abaissant le degré de température dans les

71 d’électricité, par exemple en abaissant le degré de température dans les appartements, qui était beaucoup trop élevé. On

72 t tort à toutes les prévisions sur l’augmentation de la consommation d’énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnair

73 prévisions sur l’augmentation de la consommation d’ énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnaire, il est dit qu’il

74 ugmentation de la consommation d’énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnaire, il est dit qu’il faut économiser l’

75 e la consommation d’énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnaire, il est dit qu’il faut économiser l’énergie pour

76 aut économiser l’énergie pour faire des économies de devises. À mon sens, c’est beaucoup trop étroit, cette approche du pr

77 économiser l’énergie parce que c’est une question de société : nous faisons fausse route en utilisant toujours plus d’éner

78 s faisons fausse route en utilisant toujours plus d’ énergie et en gardant dans notre tête cette croyance superstitieuse, m

79 rstitieuse, mythologique, en la nécessité absolue d’ utiliser toujours plus de tout. Nous risquons de le payer très cher, p

80 en la nécessité absolue d’utiliser toujours plus de tout. Nous risquons de le payer très cher, pas seulement en devises.

81 e d’utiliser toujours plus de tout. Nous risquons de le payer très cher, pas seulement en devises. Nous risquons de le pay

82 rès cher, pas seulement en devises. Nous risquons de le payer par une espèce d’atrophie générale de l’énergie humaine. À f

83 devises. Nous risquons de le payer par une espèce d’ atrophie générale de l’énergie humaine. À force de faire croire aux ge

84 ns de le payer par une espèce d’atrophie générale de l’énergie humaine. À force de faire croire aux gens qu’ils ont besoin

85 force de faire croire aux gens qu’ils ont besoin de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctio

86 roire aux gens qu’ils ont besoin de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctionnent à leur plac

87 s qu’ils ont besoin de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctionnent à leur place, de toujour

88 in de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctionnent à leur place, de toujours plus d’ascenseu

89 plus de mécaniques qui fonctionnent à leur place, de toujours plus d’ascenseurs, etc., on arrivera d’abord tout bêtement à

90 s qui fonctionnent à leur place, de toujours plus d’ ascenseurs, etc., on arrivera d’abord tout bêtement à une atrophie mus

91 ent plus. Et on découragera des ressorts profonds de l’activité humaine, qui sont tout ce que l’homme peut sortir d’énergi

92 humaine, qui sont tout ce que l’homme peut sortir d’ énergie de lui-même. Il y a là un problème fondamental. On nous dit :

93 ui sont tout ce que l’homme peut sortir d’énergie de lui-même. Il y a là un problème fondamental. On nous dit : la populat

94 al. On nous dit : la population mondiale (qui est de quatre milliards) va doubler dans les 30 ans qui viennent ; il faudra

95 nt ; il faudra donc créer au moins deux fois plus d’ énergie. C’est oublier une seule chose : quatre milliards d’hommes et

96 C’est oublier une seule chose : quatre milliards d’ hommes et de femmes de plus, cela représente beaucoup d’énergie ! Mais

97 er une seule chose : quatre milliards d’hommes et de femmes de plus, cela représente beaucoup d’énergie ! Mais, on n’en ti

98 es et de femmes de plus, cela représente beaucoup d’ énergie ! Mais, on n’en tient aucun compte dans les prévisions ; on fa

99 comme si toute l’énergie devait arriver à l’homme de l’extérieur. Eh bien, une attitude de ce genre-là est extrêmement gra

100 r à l’homme de l’extérieur. Eh bien, une attitude de ce genre-là est extrêmement grave pour l’avenir de la race humaine. C

101 e ce genre-là est extrêmement grave pour l’avenir de la race humaine. C’est peut-être excellent pour le développement immé

102 payer par une décadence, une dégradation générale de la race elle-même, des hommes en général. Dans cette série de questi

103 le-même, des hommes en général. Dans cette série de questions où il y a l’énergie, j’ai aussi relevé la : Télématique

104 chaque logement une pièce réservée au traitement de l’information à domicile. Qu’en pensez-vous ? Je fais toutes réserves

105 pensez-vous ? Je fais toutes réserves sur le sens de « traitement ». Il me semble qu’il s’agit d’un terminal qui serait da

106 sens de « traitement ». Il me semble qu’il s’agit d’ un terminal qui serait dans chaque ménage, comme on a aujourd’hui la t

107 la télévision. Mais le traitement pose déjà assez de problèmes dans l’informatique sans qu’on en ajoute encore un qui sera

108 matique sans qu’on en ajoute encore un qui serait de faire bricoler les émissions — je ne sais comment — par des gens qui

109 n position passive — comme on reçoit déjà pas mal d’ informations, d’images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’

110 ve — comme on reçoit déjà pas mal d’informations, d’ images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’habituer à recev

111 e on reçoit déjà pas mal d’informations, d’images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’habituer à recevoir toute

112 ’images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’habituer à recevoir toute l’énergie de l’extérieur. Le « traitement

113 reux que de s’habituer à recevoir toute l’énergie de l’extérieur. Le « traitement » dont il est question ici par erreur (a

114 tout ce que nous avons reçu. Sommes-nous en état de retraiter, de digérer toutes ces informations ? Voilà la question ! E

115 ous avons reçu. Sommes-nous en état de retraiter, de digérer toutes ces informations ? Voilà la question ! Est-ce que ce n

116 -ce que ce n’est pas pour le moment une pollution d’ en avoir trop, comme si on était obligé tout d’un coup de manger une t

117 on d’en avoir trop, comme si on était obligé tout d’ un coup de manger une tonne de viande en une semaine ? C’est une pollu

118 oir trop, comme si on était obligé tout d’un coup de manger une tonne de viande en une semaine ? C’est une pollution qui p

119 n était obligé tout d’un coup de manger une tonne de viande en une semaine ? C’est une pollution qui peut devenir très gra

120 ut encrasser les canaux, les mécanismes chimiques de notre cerveau. C’est une crainte que j’ai, en transposant ce qui se p

121 n sait ce que signifie une indigestion ou l’excès de certains corps dans les aliments, ou leur manque, mais surtout leur e

122 , sur une base purement technique, pour améliorer d’ un millionième de seconde le temps d’accès à l’information : car notre

123 rement technique, pour améliorer d’un millionième de seconde le temps d’accès à l’information : car notre cerveau est beau

124 ur améliorer d’un millionième de seconde le temps d’ accès à l’information : car notre cerveau est beaucoup plus lent que b

125 s, à quoi cela sert-il qu’on lui diminue ce temps d’ accès ? Cela veut dire ou bien que l’information passe sans le toucher

126 toucher et sans agir sur lui, ou bien qu’elle est de trop, qu’elle le brouille, qu’elle ajoute à l’obscurité ou à la diffi

127 , qu’elle ajoute à l’obscurité ou à la difficulté de raisonner sur quelque chose. Il y a là un tas de problèmes qu’on a en

128 à faire des mesures sur ces choses, mais le gros de l’effort se porte sur la recherche technologique, parce qu’il y a d’a

129 ue, parce qu’il y a d’autres domaines comme celui de la guerre où il peut être très important de gagner par-ci par-là quel

130 celui de la guerre où il peut être très important de gagner par-ci par-là quelques millionièmes de seconde… Urbanisme

131 ant de gagner par-ci par-là quelques millionièmes de seconde… Urbanisme Nous avons supposé que les 20 ans à venir ve

132 illeurs que certains responsables, dans plusieurs de nos pays, en ont pris conscience : par exemple Giscard d’Estaing inte

133 ing interdisant qu’on dépasse un certain nombre X d’ étages dans les constructions à Paris et dans la région parisienne. Ce

134 jamais imaginé des monstres pareils pour dévorer de l’énergie (les ascenseurs, etc.). Et je ne vois pas très bien comment

135 solution, de même que cela n’est pas une solution de dire qu’à la fin du siècle — comme beaucoup de sociologues l’affirmen

136 beaucoup de sociologues l’affirment encore — 4/5e de la population vivraient dans de grandes villes. On ne sait d’ailleurs

137 ent encore — 4/5e de la population vivraient dans de grandes villes. On ne sait d’ailleurs plus ce que veut dire une grand

138 omme le disait Toynbee : alors que sur les cartes de géographies d’aujourd’hui, les villes sont des points noirs entourés

139 Toynbee : alors que sur les cartes de géographies d’ aujourd’hui, les villes sont des points noirs entourés de campagnes, c

140 rd’hui, les villes sont des points noirs entourés de campagnes, ce sera l’inverse à ce moment-là. Il n’y aura presque que

141 agricoles. Donc c’est impossible. C’est vraiment de l’utopie. Nous serons arrêtés par la force des choses, des résistance

142 force des choses, des résistances matérielles et de la nécessité de se nourrir. Les « distances à parcourir » : cela fait

143 s, des résistances matérielles et de la nécessité de se nourrir. Les « distances à parcourir » : cela fait partie de ce gr

144 Les « distances à parcourir » : cela fait partie de ce grand système qui a été instauré par Ford à partir du début du siè

145 partir du début du siècle avec sa première usine d’ autos, fondée en 1899 seulement. Cela a créé la possibilité d’aller à

146 ée en 1899 seulement. Cela a créé la possibilité d’ aller à de grandes distances de chez soi pour son travail et cette dis

147 seulement. Cela a créé la possibilité d’aller à de grandes distances de chez soi pour son travail et cette distance a en

148 réé la possibilité d’aller à de grandes distances de chez soi pour son travail et cette distance a en retour exigé une pro

149 n retour exigé une production toujours croissante d’ automobiles, pour que les ouvriers puissent aller sur leur lieu de tra

150 our que les ouvriers puissent aller sur leur lieu de travail fabriquer d’autres automobiles qui leur permettent d’aller to

151 abriquer d’autres automobiles qui leur permettent d’ aller toujours plus loin. On a créé à plaisir ce problème qui est deve

152 jour pour se déplacer, au détriment des loisirs, de la culture, de la vie affective, de l’hygiène. Donc, il ne faut pas r

153 éplacer, au détriment des loisirs, de la culture, de la vie affective, de l’hygiène. Donc, il ne faut pas resserrer le tis

154 des loisirs, de la culture, de la vie affective, de l’hygiène. Donc, il ne faut pas resserrer le tissu urbain, il faut ré

155 ne évidence. Je crois que tous les grands projets de ceux qu’on a appelés les « architectes visionnaires » consistent à ré

156 ensez-vous ? Je pense que cela ne changerait rien d’ essentiel à ce qui se fait aujourd’hui. Entre la conception suisse et

157 uédoise par exemple, je ne vois aucune différence de quelque importance dans l’appréciation des comportements humains, des

158 ’appréciation des comportements humains, des buts de la vie humaine, des moyens d’y arriver, ni dans la conception de la p

159 s humains, des buts de la vie humaine, des moyens d’ y arriver, ni dans la conception de la production d’énergie, des rappo

160 ne, des moyens d’y arriver, ni dans la conception de la production d’énergie, des rapports de l’homme avec la nature, des

161 y arriver, ni dans la conception de la production d’ énergie, des rapports de l’homme avec la nature, des questions d’emplo

162 nception de la production d’énergie, des rapports de l’homme avec la nature, des questions d’emploi, qui sont jugées à peu

163 rapports de l’homme avec la nature, des questions d’ emploi, qui sont jugées à peu près de la même manière. Voyez les votes

164 es questions d’emploi, qui sont jugées à peu près de la même manière. Voyez les votes sur l’énergie nucléaire par exemple 

165 re, alors que leur régime est au fond très voisin de celui de la Suède et de la Suisse. Il me semble que sur les points ca

166 que leur régime est au fond très voisin de celui de la Suède et de la Suisse. Il me semble que sur les points capitaux, i

167 e est au fond très voisin de celui de la Suède et de la Suisse. Il me semble que sur les points capitaux, il n’y a pour ai

168 les points capitaux, il n’y a pour ainsi dire pas de différences entre, disons, le capitalisme, tout de même assez solidar

169 n’est pas du tout suffisant parce qu’il n’y a pas de prise de position sur les points principaux : faut-il continuer à pou

170 du tout suffisant parce qu’il n’y a pas de prise de position sur les points principaux : faut-il continuer à pousser vers

171 ment industriel machinique, robotique, a pour fin de libérer l’homme du travail mécanique ? C’est-à-dire de créer, par son

172 bérer l’homme du travail mécanique ? C’est-à-dire de créer, par son succès même, une destruction toujours accrue des emplo

173 is qu’on ne pourra pas continuer dans cette ligne d’ hypocrisie sociale et de politique générale très longtemps et cela dev

174 ontinuer dans cette ligne d’hypocrisie sociale et de politique générale très longtemps et cela devient tout à fait évident

175 e des chiffres très impressionnants sur le nombre d’ emplois supprimés à chaque progrès normal de la science, de la technol

176 ombre d’emplois supprimés à chaque progrès normal de la science, de la technologie et de l’industrie qui les traduisent au

177 supprimés à chaque progrès normal de la science, de la technologie et de l’industrie qui les traduisent aussi vite qu’ell

178 rogrès normal de la science, de la technologie et de l’industrie qui les traduisent aussi vite qu’elles le peuvent, parce

179 masquer indéfiniment ce fait. J’ai donné dans un de mes derniers livres quelques exemples (comme celui des procédés de tr

180 ivres quelques exemples (comme celui des procédés de tri postal, des expéditions postales) qui permettront de supprimer 9/

181 postal, des expéditions postales) qui permettront de supprimer 9/10e des employés des PTT d’ici très peu de temps. Mais on

182 malthusianisme. À cet égard, on a peur justement de voir se développer les effets normaux, et qu’on recherchait au début,

183 es effets normaux, et qu’on recherchait au début, de la libération du travail humain par la mécanique. On recule devant ce

184  ? Comment va-t-on donner aux gens la possibilité de ne rien faire ou de faire ce qu’ils veulent de manière créative — art

185 onner aux gens la possibilité de ne rien faire ou de faire ce qu’ils veulent de manière créative — artisanat et toutes ces

186 té de ne rien faire ou de faire ce qu’ils veulent de manière créative — artisanat et toutes ces choses-là — que le machini

187 un exemple qui n’est pas suisse. J’habite le pays de Gex ; c’est un pays où, de Divonne à Bellegarde, on ne trouve pas un

188 isse. J’habite le pays de Gex ; c’est un pays où, de Divonne à Bellegarde, on ne trouve pas un ferronnier-serrurier qui pu

189 CERN, parce que — me dit-il — il doit payer 25 % d’ impôts et 45 % de licence, de patente et autres droits qui l’empêchent

190 — me dit-il — il doit payer 25 % d’impôts et 45 % de licence, de patente et autres droits qui l’empêchent de continuer son

191 — il doit payer 25 % d’impôts et 45 % de licence, de patente et autres droits qui l’empêchent de continuer son métier qu’i

192 ence, de patente et autres droits qui l’empêchent de continuer son métier qu’il aimait. Le machinisme a détruit tout cela.

193 ruit tout cela. Il ne donne aucun moyen jusqu’ici de le remplacer. C’est un problème gigantesque qui sera le grand problèm

194 avant qui le résolve par la suppression générale de tous les problèmes. Je pense que c’est un problème que le socialisme

195 lème que le socialisme à la suédoise nous empêche de regarder en face. Les systèmes mi-socialistes, mi-libéraux que nous a

196 istes, mi-libéraux que nous avons sont des moyens de retarder l’heure de vérité, l’heure de l’explication. Environnemen

197 ue nous avons sont des moyens de retarder l’heure de vérité, l’heure de l’explication. Environnement Nous avons supp

198 des moyens de retarder l’heure de vérité, l’heure de l’explication. Environnement Nous avons supposé que la dépollut

199 ut à fait évident que le travail pour le maintien de l’environnement ou la lutte contre les pollutions déjà installées est

200 les pollutions déjà installées est un des moyens de répondre vraiment à la question de la suppression des emplois par le

201 un des moyens de répondre vraiment à la question de la suppression des emplois par le développement industriel. Des gens

202 qu’on appelle le combat écologique ou le maintien de l’environnement va pouvoir occuper un très grand nombre d’hommes et d

203 ronnement va pouvoir occuper un très grand nombre d’ hommes et d’une manière plus intéressante souvent et plus saine, que l

204 pouvoir occuper un très grand nombre d’hommes et d’ une manière plus intéressante souvent et plus saine, que le travail qu

205 usines. Je pense qu’il y a là un moyen provisoire de résoudre le problème de l’emploi, d’ici l’an 2000. Je vois ce qui se

206 a là un moyen provisoire de résoudre le problème de l’emploi, d’ici l’an 2000. Je vois ce qui se passe pour le lac Léman,

207 ravail pour beaucoup de monde. Il y a un problème de recyclage important, lié à l’environnement. Le recyclage des matériau

208 mon imagination, que l’isolation. C’est un moyen d’ atteindre les objectifs actuels à beaucoup moins de frais, en détruisa

209 ’atteindre les objectifs actuels à beaucoup moins de frais, en détruisant beaucoup moins de choses, en consommant beaucoup

210 coup moins de frais, en détruisant beaucoup moins de choses, en consommant beaucoup moins de ressources matérielles. Donc

211 oup moins de choses, en consommant beaucoup moins de ressources matérielles. Donc c’est un moyen écologique qui maintient

212 ologiques donnés à la nature, le respect des lois de l’écologie, tout cela est du réalisme, tout cela consiste à ordonner

213 réalisme, tout cela consiste à ordonner l’action de l’homme aux réalités, à ne pas les tuer d’abord pour instaurer à leur

214 r instaurer à leur place un monde artificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspon

215 r à leur place un monde artificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspondent à l’u

216 un monde artificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspondent à l’utopie en généra

217 rtificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspondent à l’utopie en général, pour l’

218 correspondent à l’utopie en général, pour l’homme d’ aujourd’hui. On peut essayer de l’expliquer en disant que cela répond

219 éral, pour l’homme d’aujourd’hui. On peut essayer de l’expliquer en disant que cela répond probablement à un besoin profon

220 que cela répond probablement à un besoin profond de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort.

221 à un besoin profond de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort. Tout ce qui est vivant et nat

222 n profond de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort. Tout ce qui est vivant et naturel est s

223 rt, la mort étant une des conditions du renouveau de la vie. L’homme a peur de la mort bien entendu. Il se dit que si, peu

224 conditions du renouveau de la vie. L’homme a peur de la mort bien entendu. Il se dit que si, peu à peu, il substituait à s

225 ien parce qu’on vivrait toujours. C’est le comble de l’utopie. En revanche, essayer de tenir compte des lois de la santé,

226 C’est le comble de l’utopie. En revanche, essayer de tenir compte des lois de la santé, des équilibres naturels, c’est le

227 ie. En revanche, essayer de tenir compte des lois de la santé, des équilibres naturels, c’est le comble du réalisme. Seule

228 st le comble du réalisme. Seulement cela implique de prendre en compte la mort, et c’est ce que les hommes ne veulent pas.

229 des substances radioactives. C’est le cas typique de l’utilité du robot. Puisque dans certains pays au moins on se lance à

230 ps perdu vers l’énergie nucléaire, on aura besoin de beaucoup de robots. Ces robots auront une autre conséquence, c’est qu

231 c’est qu’ils détruiront très visiblement beaucoup d’ emplois. Ils nous obligeront à faire face au problème de la destructio

232 ois. Ils nous obligeront à faire face au problème de la destruction des emplois par la machine, devant lequel, communistes

233 faisons tous retraite aujourd’hui. Nous refusons de le regarder. Les robots nous y obligeront. Progrès technologique

234 des questions comme l’isolation ou l’utilisation de l’énergie dans le bâtiment. Mais, à part cela, il me semble que les p

235 ourir nos villages on est frappé par l’impression de bien-être et de beauté qu’ils donnent, comparés aux villages de pays

236 es on est frappé par l’impression de bien-être et de beauté qu’ils donnent, comparés aux villages de pays environnants et

237 t de beauté qu’ils donnent, comparés aux villages de pays environnants et surtout aux villages industriels, aux villages n

238 s nouveaux, souvent construits selon les procédés de préfabrication. Je m’en félicite, parce que cet habitat est fait pour

239 os climats. On pourrait certainement faire encore de grands progrès en isolation. Les questions de chauffage devraient êtr

240 ore de grands progrès en isolation. Les questions de chauffage devraient être revues. Exigences croissantes du consomma

241 ° Confort Nous avons supposé que les exigences de confort augmenteraient ; en particulier que, du point de vue du confo

242 culier que, du point de vue du confort, l’habitat de qualité de l’an 2000 serait sans commune mesure avec celui d’aujourd’

243 du point de vue du confort, l’habitat de qualité de l’an 2000 serait sans commune mesure avec celui d’aujourd’hui. Qu’en

244 e l’an 2000 serait sans commune mesure avec celui d’ aujourd’hui. Qu’en pensez-vous ? Je déteste ce terme de confort, c’est

245 ourd’hui. Qu’en pensez-vous ? Je déteste ce terme de confort, c’est un concept en caoutchouc. C’est une chose qu’on a inve

246 vérifiable. Le confort peut se mesurer en degrés de température, en espace disponible, en vitesse de la voiture, choses m

247 de température, en espace disponible, en vitesse de la voiture, choses mesurables, mais qui sont très loin de ce qu’évoqu

248 mais qui sont très loin de ce qu’évoque le terme de bien-être, ou de bonheur. Je constate que pas une seule religion, de

249 ès loin de ce qu’évoque le terme de bien-être, ou de bonheur. Je constate que pas une seule religion, de toutes celles que

250 bonheur. Je constate que pas une seule religion, de toutes celles que j’ai pu étudier, pas une seule philosophie digne de

251 j’ai pu étudier, pas une seule philosophie digne de ce nom, n’a jamais eu un concept qui corresponde à celui du confort,

252 nfort, n’a jamais donné pour but à la vie humaine d’ être « confortable ». C’est une création de la publicité. Cela a comme

253 umaine d’être « confortable ». C’est une création de la publicité. Cela a commencé dans les pays industriels, en Grande-Br

254 aux États-Unis, c’est là qu’on a inventé ce terme de « confort » que nous avons repris ensuite, et au sérieux duquel je ne

255 s en plus grande du travail manuel (gratification de celui-ci, recherche d’un meilleur confort dans les entreprises, etc.)

256 vail manuel (gratification de celui-ci, recherche d’ un meilleur confort dans les entreprises, etc.) Qu’en pensez-vous ? Je

257 ) Qu’en pensez-vous ? Je pense qu’une des raisons d’ espérer que nous avons aujourd’hui, c’est la renaissance généralisée d

258 ons aujourd’hui, c’est la renaissance généralisée de l’artisanat, du travail manuel qui est au fond le travail créateur. T

259 uis celui qui fait des statues ou du modelage, ou de la poterie jusqu’à l’écrivain qui écrit à la main ou tape à la machin

260 oulait dire que la pensée devait être responsable de ses créations. Je citais une phrase de saint Thomas : « L’homme possè

261 esponsable de ses créations. Je citais une phrase de saint Thomas : « L’homme possède par nature la raison et une main » e

262 ature la raison et une main » et une autre phrase de Goethe : « La pensée ne vaut rien pour penser », c’est-à-dire qu’il f

263 ui viennent parce qu’il y aura tout ce contingent de travail humain libéré, substitué par la robotisation souhaitable. Je

264 mier article que j’ai publié à Paris sur ce genre de question, dans le numéro 1 d’une petite revue personnaliste que nous

265 Paris sur ce genre de question, dans le numéro 1 d’ une petite revue personnaliste que nous avions créée à l’époque, et qu

266 ard d’Estaing a beaucoup insisté sur la nécessité de l’artisanat. Il ne me semble pas que là encore on ait osé trop regard

267 ns faire beaucoup, car les Suisses sont un peuple d’ artisans, même quand ils sont ouvriers, ils sont « qualifiés ». Il y a

268 s à bien finir les choses à la main. 3° Besoin de sécurité Nous avons supposé que le besoin grandissant de sécurité

269 é Nous avons supposé que le besoin grandissant de sécurité provoquerait soit un regroupement en « villages », soit l’ap

270 n regroupement en « villages », soit l’apparition d’ un « marché de la peur » (systèmes de sécurité, blindage, etc.). Qu’en

271 en « villages », soit l’apparition d’un « marché de la peur » (systèmes de sécurité, blindage, etc.). Qu’en pensez-vous ?

272 l’apparition d’un « marché de la peur » (systèmes de sécurité, blindage, etc.). Qu’en pensez-vous ? Il me semble qu’on n’a

273 on du régime social, du régime moral, des raisons de vivre, du bonheur des gens — pas de leur confort, mais de leur bonheu

274 , des raisons de vivre, du bonheur des gens — pas de leur confort, mais de leur bonheur. Le « marché de la peur » est une

275 , du bonheur des gens — pas de leur confort, mais de leur bonheur. Le « marché de la peur » est une espèce de prime à la l

276 e leur confort, mais de leur bonheur. Le « marché de la peur » est une espèce de prime à la lâcheté civique et à l’inertie

277 bonheur. Le « marché de la peur » est une espèce de prime à la lâcheté civique et à l’inertie, à la paresse sociale. Ce n

278 s maisons et en tuant de temps en temps un membre de sa famille par erreur parce qu’il est rentré un soir tard, comme on p

279 ec ces procédés qu’on remédiera à la vague énorme de délinquance. La délinquance a des sources qui sont connues, et il fau

280 ect entre le nombre des étages et l’accroissement de la délinquance dans certains grands ensembles. C’est une mesure extrê

281 t une mesure extrêmement frappante. Un des moyens de diminuer la délinquance, ce n’est donc pas d’installer des sonneries

282 ens de diminuer la délinquance, ce n’est donc pas d’ installer des sonneries partout, mais de diminuer le nombre des étages

283 donc pas d’installer des sonneries partout, mais de diminuer le nombre des étages. 4° Abri antiatomique Nous avons

284 atoire. Aux USA qui ne croyaient qu’à cela — lors d’ un voyage que j’y avais fait il y a une vingtaine d’années, j’avais eu

285 un voyage que j’y avais fait il y a une vingtaine d’ années, j’avais eu une discussion avec un ancien ministre américain, A

286 x devant le danger atomique et vous ne faites pas d’ abris. Nous, en Amérique, c’est notre préoccupation numéro un maintena

287 rouvé que cela ne fonctionnerait pas et ont cessé d’ en construire. Il n’y a qu’en Suisse que l’on continue. Mais, d’après

288 près les spécialistes avec qui j’ai eu l’occasion d’ en parler, l’abri antiatomique est un leurre. Les bombes nucléaires pr

289 des incendies tels que cela supprime la quantité d’ oxygène nécessaire pour les gens qui sont dans les abris. Il faudrait

290 l faudrait que dans ces abris on puisse fabriquer de l’air et qu’on puisse y vivre dix mois, ou des années. Ce n’est pas e

291 is pas et je ne conseillerais pas à une industrie de se lancer dans la fabrication d’abris antiatomiques. 5° Durabilité

292 à une industrie de se lancer dans la fabrication d’ abris antiatomiques. 5° Durabilité des biens Nous avons supposé

293 sante se manifesterait pour une plus grande durée de vie des matériaux et des produits (par exemple que l’idée « maison à

294 ns des lieux invivables. Je crois à la continuité de la tradition au moins sur deux générations. Cela me paraît essentiel

295 ve encore ses parents. Je crois que pour la santé d’ une société, c’est indispensable. Je crois aussi que pour la conservat

296 s forêts comme nous le faisons, bientôt la moitié de la forêt d’Amazonie sera détruite, ce qui changera complètement le cl

297 me nous le faisons, bientôt la moitié de la forêt d’ Amazonie sera détruite, ce qui changera complètement le climat de l’Eu

298 détruite, ce qui changera complètement le climat de l’Europe. Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés

299 omplètement le climat de l’Europe. Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Je suis donc entièrement e

300 maines. 6° Utilisation du temps hors du temps de travail Nous avons supposé que la part d’autoproduction, c’est-à-d

301 emps de travail Nous avons supposé que la part d’ autoproduction, c’est-à-dire les travaux d’aménagement du logement par

302 a part d’autoproduction, c’est-à-dire les travaux d’ aménagement du logement par le particulier, serait importante : pour u

303 ur utiliser le temps disponible ; pour économiser de l’argent ; pour se substituer à des corps de métiers en voie de dispa

304 iser de l’argent ; pour se substituer à des corps de métiers en voie de disparition ; pour compenser un besoin de création

305 pour se substituer à des corps de métiers en voie de disparition ; pour compenser un besoin de création. Qu’en pensez-vous

306 en voie de disparition ; pour compenser un besoin de création. Qu’en pensez-vous, en particulier pour l’isolation en « do

307 n qu’on en peut penser, et cela ressort nettement de mes réponses précédentes. Il est tout à fait évident que l’homme a be

308 . Il est tout à fait évident que l’homme a besoin de créer, d’exprimer ce qui est en lui et qu’il ne peut connaître autrem

309 out à fait évident que l’homme a besoin de créer, d’ exprimer ce qui est en lui et qu’il ne peut connaître autrement que pa

310 aître autrement que par les créations qui sortent de ses mains. Il y a ce besoin de création qu’il faut nourrir et on le p

311 ations qui sortent de ses mains. Il y a ce besoin de création qu’il faut nourrir et on le pourra, si, grâce aux machines,

312 a, si, grâce aux machines, il y a de plus en plus de temps disponible. Pour le moment, il faut restituer les corps de méti

313 ible. Pour le moment, il faut restituer les corps de métier en voie de disparition. Cela va ensemble avec la nécessité d’u

314 nt, il faut restituer les corps de métier en voie de disparition. Cela va ensemble avec la nécessité d’une durabilité accr

315 e disparition. Cela va ensemble avec la nécessité d’ une durabilité accrue des biens : pour les faire durer, il faut savoir

316 finirc Comment voyez-vous l’avenir des moyens de transport ? Il faut multiplier les transports en commun dans l’avenir

317 a trente ans que je le dis. C’était sur la bande de mon premier livre sur l’Europe. L’Europe de l’Est est déjà plus que c

318 onisée par les Russes. L’Europe de l’Ouest risque d’ être colonisée par les Américains, si nous ne faisons pas l’Europe uni

319 , si nous ne faisons pas l’Europe unie, car aucun de nos pays n’est capable à lui seul de se défendre ni contre l’un ni av

320 e, car aucun de nos pays n’est capable à lui seul de se défendre ni contre l’un ni avec l’autre. Je pense qu’il n’y a pas

321 e Europe ou région, parce que l’une est condition de l’autre. Ce qui s’y oppose ce sont nos États-nations de type napoléon

322 utre. Ce qui s’y oppose ce sont nos États-nations de type napoléonien centralisé, qui prétendent à une absolue souverainet

323 t à une absolue souveraineté, ne veulent dépendre de personne, se donnent pour but presque l’autarcie, en tous cas l’autos

324 l’autosuffisance énergétique ou autres balivernes de ce genre. Il ne saurait être question d’autosuffisance dans aucun de

325 livernes de ce genre. Il ne saurait être question d’ autosuffisance dans aucun de ces domaines. Dans le domaine de l’énergi

326 saurait être question d’autosuffisance dans aucun de ces domaines. Dans le domaine de l’énergie, la France entend dépendre

327 sance dans aucun de ces domaines. Dans le domaine de l’énergie, la France entend dépendre entièrement de ses centrales nuc

328 l’énergie, la France entend dépendre entièrement de ses centrales nucléaires. Or, elles sont construites d’après un procé

329 cédé américain, et avec des fonds qui proviennent de neuf pays. Dans beaucoup d’entreprises nucléaires françaises comme ce

330 fonds qui proviennent de neuf pays. Dans beaucoup d’ entreprises nucléaires françaises comme celle de Tricastin, il n’y a m

331 p d’entreprises nucléaires françaises comme celle de Tricastin, il n’y a même pas une majorité de fonds français : Eurodif

332 elle de Tricastin, il n’y a même pas une majorité de fonds français : Eurodif était contrôlée jusqu’à ces derniers mois pa

333 s par une société Sofidif où l’Iran détenait 40 % de minorité de blocage. Ce qui a fait dire à la commission des finances

334 ciété Sofidif où l’Iran détenait 40 % de minorité de blocage. Ce qui a fait dire à la commission des finances du Parlement

335 l fallait souhaiter que l’Iran et le Commissariat de l’énergie atomique français s’entendent, car sinon l’Iran pouvait blo

336 ar sinon l’Iran pouvait bloquer tout le processus de l’énergie en France. Et c’est seulement depuis deux ou trois semaines

337 s cette société, Cogema, une très légère majorité de 51,8 % à la suite du retrait d’Italiens ou d’Espagnols — je ne sais p

338 s légère majorité de 51,8 % à la suite du retrait d’ Italiens ou d’Espagnols — je ne sais plus ! Les États-nations, par leu

339 ité de 51,8 % à la suite du retrait d’Italiens ou d’ Espagnols — je ne sais plus ! Les États-nations, par leur prétention c

340 développement des régions et, d’autre part, celui d’ une fédération européenne. Je disais que l’Europe fédérée suppose des

341 l’Europe fédérée suppose des régions. L’existence de régions avec un large degré d’autonomie suppose des agences européenn

342 gions. L’existence de régions avec un large degré d’ autonomie suppose des agences européennes avec tous les échelons inter

343 ’oriente vers un régime fédéral qui lui permettra d’ entrer sans difficulté dans une fédération européenne ; ce qui ne sera

344 fédération européenne ; ce qui ne sera pas le cas de la France, comme l’avait signalé le ministre Edgar Faure avant le réf

345 ncore triomphé. En Angleterre, par contre, l’idée de dévolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de g

346 En Angleterre, par contre, l’idée de dévolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions

347 e, par contre, l’idée de dévolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions fait des prog

348 évolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions fait des progrès considérables. Je pens

349 transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions fait des progrès considérables. Je pense que c’est la

350 grès considérables. Je pense que c’est la formule d’ avenir. Les grandes affaires aussi ont été amenées à choisir des formu

351 ires aussi ont été amenées à choisir des formules de décentralisation très poussées, d’autonomie des branches différentes.

352 r des formules de décentralisation très poussées, d’ autonomie des branches différentes. Je crois que là il n’y a pas de do

353 ranches différentes. Je crois que là il n’y a pas de doute. Malgré l’opposition apparente et purement formelle entre le mo

354 fédérations, on peut dire qu’il s’agit en réalité d’ un seul et même mouvement. Quelle sera la taille dirigeable des entrep

355 la même raison que je vous ai indiquée en parlant de l’Europe ou de régions. Small is beautiful, le livre célèbre de Erns

356 que je vous ai indiquée en parlant de l’Europe ou de régions. Small is beautiful, le livre célèbre de Ernst Schumacher, d

357 de régions. Small is beautiful, le livre célèbre de Ernst Schumacher, donne des indications importantes sur ce qu’a été f

358 al Board en Grande-Bretagne, soit sur les mesures de décentralisation adoptées par la General Motors. Il s’agit de décentr

359 isation adoptées par la General Motors. Il s’agit de décentralisation avec une certaine dose d’autonomie. Je voyais dans l

360 s’agit de décentralisation avec une certaine dose d’ autonomie. Je voyais dans les journaux l’autre jour le projet de coopé

361 e voyais dans les journaux l’autre jour le projet de coopération sans fusion entre Saint-Gobain et Olivetti et je retrouva

362 ts des régions fédérées, mais qu’il leur permette de réaliser ensemble des objets qui sont trop grands pour chacun d’eux.

363 emble des objets qui sont trop grands pour chacun d’ eux. Les autoroutes par exemple : il est normal que cela dépende essen

364 vent pas mettre bout à bout leurs petits morceaux d’ autoroutes, il faut une vision plus générale à cause de la dimension d

365 ntal, voire mondial. De même, pour les questions d’ écologie, il est très clair que la plupart des problèmes écologiques s

366 problème écologique : il n’a jamais la dimension d’ un État, fait au hasard, indépendamment des réalités, au hasard de l’h

367 au hasard, indépendamment des réalités, au hasard de l’histoire, des guerres, des traités. Les questions écologiques, c’es

368 dial dans le cas du sauvetage des océans. La peur de manquer : les gens auront moins le souci d’économiser que celui de st

369 peur de manquer : les gens auront moins le souci d’ économiser que celui de stocker. Qu’en pensez-vous ? Je pense que ce s

370 gens auront moins le souci d’économiser que celui de stocker. Qu’en pensez-vous ? Je pense que ce sera une réaction normal

371 tif, y a-t-il des faits qui vous semblent mériter de notre part une attention particulière ? Évolution du prix de l’é

372 e attention particulière ? Évolution du prix de l’énergie Il y a toutes les chances que cela grimpe tant qu’on en

373 ces que cela grimpe tant qu’on en reste à essayer de composer avec les difficultés déjà signalées, telles que la raréfacti

374 signalées, telles que la raréfaction du pétrole, de l’uranium. Tant qu’on n’en vient pas carrément à de nouvelles formes

375 l’uranium. Tant qu’on n’en vient pas carrément à de nouvelles formes d’énergie qui seraient chères au début, mais ensuite

376 on n’en vient pas carrément à de nouvelles formes d’ énergie qui seraient chères au début, mais ensuite beaucoup moins chèr

377 ies si cela se généralisait. Évolution du taux de l’inflation Cela dépend de tant de facteurs ! Cela dépend de tous

378 Évolution du taux de l’inflation Cela dépend de tant de facteurs ! Cela dépend de tous les rapports entre l’homme et

379 Cela dépend de tant de facteurs ! Cela dépend de tous les rapports entre l’homme et la nature, et de savoir s’il l’exp

380 tous les rapports entre l’homme et la nature, et de savoir s’il l’exploite d’une manière rentable ou s’il détruit les res

381 ’homme et la nature, et de savoir s’il l’exploite d’ une manière rentable ou s’il détruit les ressources naturelles, les fo

382 pour gagner trop vite beaucoup trop. Cela dépend de tout le régime des relations avec le tiers-monde. Je ne me sens pas c

383 ns avec le tiers-monde. Je ne me sens pas capable de répondre là-dessus ! Qui le peut ? Exigences du consommateur L

384 s besoins. Je crois que pour ce qui est du nombre de mètres carrés pour un logement, on pourrait arriver à des normes, par

385 ns l’humanité, c’est la taille qui n’a pas changé d’ une manière significative depuis des millénaires. Elle s’est un peu ac

386 e dans les pays occidentaux à cause de la manière de se nourrir surtout dans les villes, mais depuis le xix e siècle, elle

387 e même du faux problème ; il n’y a que la qualité de la vie qui importe. Il y a des gens qui avec un niveau de vie très in

388 erté que nous ou les Américains, avec des niveaux de vie considérables. On n’a jamais vu qu’il y a un rapport positif entr

389 bonheur des gens. Au contraire ! Voyez le nombre de suicides, des divorces, des maladies mentales dans nos pays riches.

390 tales dans nos pays riches. Évolution du degré d’ intervention des pouvoirs publics Il est destiné à s’accroître à la

391 Il est destiné à s’accroître à la mesure exacte de notre degré de passivité civique. C’est à cause de notre passivité et

392 é à s’accroître à la mesure exacte de notre degré de passivité civique. C’est à cause de notre passivité et c’est parce qu

393 c’est parce que nous n’utilisons pas nos facultés de liberté que l’État prend tellement de pouvoir. Quand on se plaint, c’

394 os facultés de liberté que l’État prend tellement de pouvoir. Quand on se plaint, c’est trop tard, cela n’a pas de sens, c

395 Quand on se plaint, c’est trop tard, cela n’a pas de sens, car l’État a exactement la force que lui laissent les abandons

396 ce n’est pas seulement les bureaux des ministères de la capitale, les départements fédéraux à Berne ; l’État : il y en a à

397 oue le rôle de l’État au niveau du couple. Il y a de l’État dans chacune de nos communes, il y a de l’État au niveau de la

398 u niveau du couple. Il y a de l’État dans chacune de nos communes, il y a de l’État au niveau de la fédération. Il serait

399 a de l’État dans chacune de nos communes, il y a de l’État au niveau de la fédération. Il serait très bon qu’il y ait de

400 de la fédération. Il serait très bon qu’il y ait de l’État au niveau de l’Europe, et pour certaines fonctions — comme la

401 a part de consommation des produits en provenance de l’étranger C’est un immense chapitre, dans lequel je ne voudrais p

402 gager. Tout ce que je voudrais dire avec beaucoup d’ insistance, c’est que nous en Europe et en Amérique, dans l’Occident i

403 rise ou que les prix tombent, ils n’ont même plus de quoi se nourrir chez eux. Industrialisation de la construction

404 de quoi se nourrir chez eux. Industrialisation de la construction Si on continue cette évolution vers des constructi

405 ions standardisées et mécanisées, de plus en plus de mauvaise qualité, on va vers des désastres sociaux, vers une délinqua

406 au contraire, on se tourne vers le développement de l’artisanat et la durabilité, la part d’industrialisation sera nature

407 oppement de l’artisanat et la durabilité, la part d’ industrialisation sera naturellement moindre ou elle consistera à prod

408 produits pour le « do it yourself » ou des corps de métier. IV. Nous avons certainement oublié de poser des question

409 e métier. IV. Nous avons certainement oublié de poser des questions. Quelles sont celles qui, à la fin de cet entreti

410 des questions. Quelles sont celles qui, à la fin de cet entretien, vous viennent à l’esprit ? Pour le dire en bref : à

411 Pour le dire en bref : à cause des dimensions et de l’ampleur des découvertes scientifiques, de la technologie qui en rés

412 ns et de l’ampleur des découvertes scientifiques, de la technologie qui en résulte, et des industries qui appliquent cette

413 ette technologie, nous sommes arrivés à une sorte de gigantisme dans beaucoup de domaines, à des accumulations de matériau

414 me dans beaucoup de domaines, à des accumulations de matériaux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de di

415 up de domaines, à des accumulations de matériaux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de dimensions telle

416 s, à des accumulations de matériaux, de capitaux, d’ investissements, de machines, d’armes de dimensions telles que la moin

417 ons de matériaux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de dimensions telles que la moindre erreur peut dev

418 aux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’ armes de dimensions telles que la moindre erreur peut devenir mortelle

419 capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de dimensions telles que la moindre erreur peut devenir mortelle, pas se

420 e choses que nous produisons aujourd’hui risquent d’ avoir des effets sur des centaines, des milliers de générations. L’exe

421 ’avoir des effets sur des centaines, des milliers de générations. L’exemple qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est c

422 immédiatement à l’esprit, c’est celui des déchets de plutonium dont on ne peut pas raccourcir la « période », qui est de 2

423 on ne peut pas raccourcir la « période », qui est de 24 000 ans, de semi-activité radioactive. Cela pose des problèmes abs

424 raccourcir la « période », qui est de 24 000 ans, de semi-activité radioactive. Cela pose des problèmes absolument insolub

425 ura encore du génie humain quand il n’y aura plus d’ hommes ! Il y a beaucoup d’autres exemples : la destruction des forêts

426 oup d’autres exemples : la destruction des forêts de l’Amazonie, les sécheresses presque continentales auxquelles on assis

427 nant — et la grande crise va venir d’ici à la fin de ce siècle — à renoncer à l’idée libérale, si sympathique au départ, q

428 art, que toute personne qui a une idée a le droit de la réaliser, que toute personne qui a trouvé un procédé nouveau peut

429 nouveau peut créer une industrie et la développer d’ une manière sauvage, sans aucun plan d’ensemble, sans aucun calcul de

430 développer d’une manière sauvage, sans aucun plan d’ ensemble, sans aucun calcul de prévision des conséquences de la chose

431 ge, sans aucun plan d’ensemble, sans aucun calcul de prévision des conséquences de la chose réalisée. Imaginez, si on ava

432 , sans aucun calcul de prévision des conséquences de la chose réalisée. Imaginez, si on avait demandé à Ford en 1900 : — 

433 à Ford en 1900 : — « Qu’est-ce qui se passera et de quoi auront l’air les États-Unis, si vous arrivez à faire non pas que

434 i vous arrivez à faire non pas quelques centaines de voitures comme cette première année, mais plusieurs millions, comme d

435 seulement des airs, des eaux et des forêts, mais de l’alimentation, et la destruction de l’humus. Nous ne pouvons plus co

436 forêts, mais de l’alimentation, et la destruction de l’humus. Nous ne pouvons plus continuer à faire n’importe quoi sans e

437 sommes maintenant condamnés à avoir une politique d’ ensemble de l’industrie et des produits industriels, et des répercussi

438 tenant condamnés à avoir une politique d’ensemble de l’industrie et des produits industriels, et des répercussions de leur

439 et des produits industriels, et des répercussions de leur production sur la nature, sur l’homme, sur la société. Je pense

440 , sur l’homme, sur la société. Je pense au nombre d’ étages par exemple, et aux conséquences sur la délinquance. Nous devon

441 idée que le développement va de soi. Plus on fera de choses de meilleure qualité et en plus grand nombre, mieux cela ira.

442 e développement va de soi. Plus on fera de choses de meilleure qualité et en plus grand nombre, mieux cela ira. Ce n’est p

443 nous faut une politique. Il y a nécessité urgente d’ une politique de la technologie, de l’industrie, mais peut-être, avant

444 litique. Il y a nécessité urgente d’une politique de la technologie, de l’industrie, mais peut-être, avant cela, des reche

445 essité urgente d’une politique de la technologie, de l’industrie, mais peut-être, avant cela, des recherches scientifiques

446 pas tout à fait honnête ; il y a certains ordres de recherche scientifique qui sont fortement favorisés. Il y a d’énormes

447 scientifique qui sont fortement favorisés. Il y a d’ énormes inégalités. L’exemple des recherches nucléaires et des recherc

448 tés. Prenez le budget des communautés européennes de Bruxelles : il y a deux ans, il prévoyait 66 millions d’unités de com

449 elles : il y a deux ans, il prévoyait 66 millions d’ unités de compte sur la continuation des recherches nucléaires et 6 mi

450 l y a deux ans, il prévoyait 66 millions d’unités de compte sur la continuation des recherches nucléaires et 6 millions d’

451 tinuation des recherches nucléaires et 6 millions d’ unités de compte pour les recherches sur l’énergie solaire. On voit bi

452 des recherches nucléaires et 6 millions d’unités de compte pour les recherches sur l’énergie solaire. On voit bien que ce

453 paration à la guerre, car il est absolument exclu de nier l’interdépendance des recherches sur le nucléaire militaire ou c

454 publiés récemment par le Vatican sur les limites de la technologie et de la science sont des choses très importantes et q

455 r le Vatican sur les limites de la technologie et de la science sont des choses très importantes et qui pourraient apporte

456 réponses à votre enquête. Je peux vous fournir un de ces textes, qui va très loin dans l’exigence de globaliser tous les e

457 n de ces textes, qui va très loin dans l’exigence de globaliser tous les efforts et d’envisager leurs répercussions sur l’

458 dans l’exigence de globaliser tous les efforts et d’ envisager leurs répercussions sur l’humanité, sur la liberté des homme

459 l. Et chaque industrie me paraît être responsable de réévaluer — dans cette conjoncture qui devient dramatique — ses final

460 moyens. Ces derniers sont-ils vraiment au service de l’humanité, ou sont-ils les moyens au service du profit à court terme

461 ils les moyens au service du profit à court terme d’ une demi-génération ? Voilà, c’est le principal de ce qui me semble de

462 d’une demi-génération ? Voilà, c’est le principal de ce qui me semble devoir être dit. a. Édition réalisée sur la base

463 voir être dit. a. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

464 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 1123. Entretien réalisé par Isover 2000,

465 tretien réalisé par Isover 2000, alors entreprise de vente de matériaux destinés à apporter une isolation thermique ou aco

466 éalisé par Isover 2000, alors entreprise de vente de matériaux destinés à apporter une isolation thermique ou acoustique.

467 ié l’original (« car alors ce ») sinon la syntaxe de la phrase est fautive. c. La numérotation a été modifié, car la

468 Un cap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occident

469 ap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occidentale (18 septembre 1980)d I. Nous sommes ici,

470 mmes ici, une fois de plus ensemble, pour essayer de formuler les principes de cohérence de chacun des deux systèmes antag

471 ensemble, pour essayer de formuler les principes de cohérence de chacun des deux systèmes antagonistes qui s’affrontent d

472 ur essayer de formuler les principes de cohérence de chacun des deux systèmes antagonistes qui s’affrontent dans le monde

473 tèmes antagonistes qui s’affrontent dans le monde d’ aujourd’hui : l’un qui gouverne en fait, qui veut la puissance et qui

474 cosmiques nous mène nécessairement cette volonté de puissance, mais qui ne peut que discourir, presque rien faire, parce

475 rien faire, parce qu’il ne dispose pas des moyens d’ imposer sa vision, son savoir, sa sagesse, parce qu’il ne dispose pas

476 l ne dispose pas des mass médias, des finances et de la police. Nous sommes ici pour formuler une fois de plus les relatio

477 leurs morales, procédures politiques et finalités de l’économie ; entre l’homme créateur et la nature productrice ; entre

478 ateur et la nature productrice ; entre les formes de l’État et la satisfaction des désirs humains ; entre les régions et l

479 entre le système régnant des nations souveraines, de la centralisation étatique et de l’épuisante énergie nucléaire, systè

480 ons souveraines, de la centralisation étatique et de l’épuisante énergie nucléaire, système qui comporte et implique la gu

481 qu’il n’y a dans notre société que deux systèmes de valeurs radicalement antagonistes : celui qui vise d’abord et peut-êt

482 sur soi-même.   II. Il me paraît très important de porter maintenant notre réflexion écologique sur l’économie, et de vé

483 ant notre réflexion écologique sur l’économie, et de vérifier que, dans ce domaine aussi, les écologistes ne peuvent manqu

484 domaine aussi, les écologistes ne peuvent manquer de trouver un langage spécifique, pour des analyses analogues et surtout

485 en seront témoins, j’en suis sûr : qu’il s’agisse de celle de mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Pass

486 témoins, j’en suis sûr : qu’il s’agisse de celle de mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Passet dont

487 e celle de mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Passet dont Le Monde publiait il y a quelques jours u

488 e mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Passet dont Le Monde publiait il y a quelques jours une interv

489 nde publiait il y a quelques jours une interview d’ une extrême densité et à mon sens entièrement convaincante, de celles

490 e densité et à mon sens entièrement convaincante, de celles enfin de Georgescu-Roegen et d’Ivan Illich, toutes convergent 

491 on sens entièrement convaincante, de celles enfin de Georgescu-Roegen et d’Ivan Illich, toutes convergent : l’économie doi

492 vaincante, de celles enfin de Georgescu-Roegen et d’ Ivan Illich, toutes convergent : l’économie doit être faite pour l’hom

493 u’il n’a changé depuis vingt siècles. Les membres d’ Ecoropa ne sont pas les seuls à en tirer des conséquences à bien des é

494 ires, telle que celle des rendements décroissants de la technologie, des déséconomies d’échelle, de la correspondance orga

495 décroissants de la technologie, des déséconomies d’ échelle, de la correspondance organique entre complexité et stabilité,

496 ts de la technologie, des déséconomies d’échelle, de la correspondance organique entre complexité et stabilité, entre dive

497 ité et stabilité, entre diversité et possibilités d’ union…   III. Mais après ? Ce consensus devrait se traduire au plus vi

498 el point les dirigeants politiques et économiques de nos États-nations sont encore extrêmement et comme naïvement prisonni

499 prolongent parmi nous malgré tout ce qui les nie, d’ Hiroshima à Téhéran. Il est tard en Europe. Il est très tard ! Je prop

500 s mesures tactiques et stratégiques, susceptibles de tirer un parti constructif des catastrophes d’ores et déjà inévitable

501 mouvement comme le nôtre pourra trouver sa chance d’ agir, c’est-à-dire d’orienter ou de réorienter le cours réel des évène

502 tre pourra trouver sa chance d’agir, c’est-à-dire d’ orienter ou de réorienter le cours réel des évènements. Je vois le rôl

503 uver sa chance d’agir, c’est-à-dire d’orienter ou de réorienter le cours réel des évènements. Je vois le rôle futur d’Ecor

504 cours réel des évènements. Je vois le rôle futur d’ Ecoropa comme celui d’une équipe de premiers secours, intellectuel et

505 ents. Je vois le rôle futur d’Ecoropa comme celui d’ une équipe de premiers secours, intellectuel et imaginatif, first aid

506 le rôle futur d’Ecoropa comme celui d’une équipe de premiers secours, intellectuel et imaginatif, first aid team, capable

507 tellectuel et imaginatif, first aid team, capable de faire voir immédiatement les raisons et les conséquences de ces avert

508 oir immédiatement les raisons et les conséquences de ces avertissements par le désastre, capable surtout de faire voir de

509 s avertissements par le désastre, capable surtout de faire voir de nouveaux buts pour le progrès humain, et de fixer un no

510 ts par le désastre, capable surtout de faire voir de nouveaux buts pour le progrès humain, et de fixer un nouveau cap, un

511 voir de nouveaux buts pour le progrès humain, et de fixer un nouveau cap, un cap de nouvelle espérance pour le navire dés

512 rogrès humain, et de fixer un nouveau cap, un cap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occident

513 ap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occidentale. d. Édition réalisée sur la base d’un tap

514 té occidentale. d. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

515 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 845. Il s’agit de l’introduction à un sy

516 re de Neuchâtel sous l’identifiant 845. Il s’agit de l’introduction à un symposium organisé par Ecoropa à l’Université de

517 un symposium organisé par Ecoropa à l’Université de Kassel en septembre 1980.

518 « Imaginer la vérité de la guerre demain, c’est déjà une action pour la paix » (Discours pour

519 on du GIPRI) (11 novembre 1980)e Permettez-moi de corriger d’abord l’erreur qui s’est glissée dans le titre de mon inte

520 d’abord l’erreur qui s’est glissée dans le titre de mon intervention de ce soirf : ce n’est pas d’un enjeu moral, mais d’

521 i s’est glissée dans le titre de mon intervention de ce soirf : ce n’est pas d’un enjeu moral, mais d’un enjeu global que

522 re de mon intervention de ce soirf : ce n’est pas d’ un enjeu moral, mais d’un enjeu global que je vais vous parler. Et vou

523 de ce soirf : ce n’est pas d’un enjeu moral, mais d’ un enjeu global que je vais vous parler. Et vous verrez tout de suite

524 eux des guerres étaient limités : on avait décidé de s’emparer d’une province ou d’une ville, de venger un affront fait au

525 es étaient limités : on avait décidé de s’emparer d’ une province ou d’une ville, de venger un affront fait au roi, de défe

526  : on avait décidé de s’emparer d’une province ou d’ une ville, de venger un affront fait au roi, de défendre la liberté d’

527 écidé de s’emparer d’une province ou d’une ville, de venger un affront fait au roi, de défendre la liberté d’un pays. Ce n

528 ou d’une ville, de venger un affront fait au roi, de défendre la liberté d’un pays. Ce n’est guère qu’à partir de la Révol

529 er un affront fait au roi, de défendre la liberté d’ un pays. Ce n’est guère qu’à partir de la Révolution française que les

530 que l’on combat, contre les tyrans (la Convention de 1792 déclare la guerre « aux rois d’Europe »). Au xx e siècle ce sera

531 a Convention de 1792 déclare la guerre « aux rois d’ Europe »). Au xx e siècle ce sera pour l’idéal fasciste ou raciste con

532 r non limitée et donc totale. Mais l’intervention de la Bombe le 6 août 1945, à Hiroshima, va transformer radicalement la

533 va transformer radicalement la nature et le sens de la guerre. À cause de la puissance des armes qu’on ne cesse d’invente

534 À cause de la puissance des armes qu’on ne cesse d’ inventer et de produire, la Bombe A, la Bombe H, ces dinosaures déjà,

535 puissance des armes qu’on ne cesse d’inventer et de produire, la Bombe A, la Bombe H, ces dinosaures déjà, et toute la su

536 s multiples, bombes à neutrons, armes à faisceaux de particules ou faisceaux laser, ces « rayons de la mort » de la scienc

537 ux de particules ou faisceaux laser, ces « rayons de la mort » de la science-fiction, sans compter les armes bactériologiq

538 les ou faisceaux laser, ces « rayons de la mort » de la science-fiction, sans compter les armes bactériologiques et chimiq

539 e tout cela dont on ne voit pas le terme, l’enjeu d’ une guerre demain sera nécessairement la domination globale, totale et

540 ement la domination globale, totale et définitive de l’humanité, mettant fin à l’histoire, pour autant que celle-ci est l’

541 es, mais des peuples. Il se peut que cette vision d’ apocalypse soit le fruit d’une évaluation exagérée de la puissance des

542 peut que cette vision d’apocalypse soit le fruit d’ une évaluation exagérée de la puissance des armes nouvelles. Ce ne ser

543 pocalypse soit le fruit d’une évaluation exagérée de la puissance des armes nouvelles. Ce ne serait pas la première fois q

544 la première fois que l’on commettrait une erreur de cet ordre. Hegel pensait que Napoléon imposerait une fin à l’Histoire

545 l’Histoire parce qu’il avait le plus grand nombre de baïonnettes. Juste avant la dernière guerre, j’ai entendu à Paris un

546 ’histoire, parce qu’il avait le plus grand nombre de mitrailleuses. Aujourd’hui, ce qui est invoqué, ce sont bien sûr les

547 ien sûr les armes nucléaires, avec beaucoup moins de chances d’erreur, car elles ne sont pas simplement deux fois ou dix f

548 armes nucléaires, avec beaucoup moins de chances d’ erreur, car elles ne sont pas simplement deux fois ou dix fois plus pu

549 plus puissantes, mais 100 000 fois, ou un million de fois plus puissantes que tout ce qui avait jamais été connu avant la

550 tout ce qui avait jamais été connu avant la bombe d’ Hiroshima. J’ai demandé un soir à Einstein (la seule fois où je l’ai

551 à Princeton) : « Que pensez-vous qu’il resterait de l’humanité au terme d’une guerre atomique ? » Il m’a dit : « Probable

552 ensez-vous qu’il resterait de l’humanité au terme d’ une guerre atomique ? » Il m’a dit : « Probablement une vingtaine de m

553 que ? » Il m’a dit : « Probablement une vingtaine de millions de survivants dans des angles morts. » Si l’enjeu de la guer

554 ’a dit : « Probablement une vingtaine de millions de survivants dans des angles morts. » Si l’enjeu de la guerre demain de

555 de survivants dans des angles morts. » Si l’enjeu de la guerre demain devient total, global, à cause de la puissance des a

556 jeu total ne peut qu’être perdu : la « victoire » de l’un des camps — peu importe lequel — ou un échange de coups au but,

557 un des camps — peu importe lequel — ou un échange de coups au but, équivaudrait en fait à l’anéantissement de l’humanité c

558 s au but, équivaudrait en fait à l’anéantissement de l’humanité civilisée. Même si de telles extrémités ne sont pas attein

559 l’anéantissement de l’humanité civilisée. Même si de telles extrémités ne sont pas atteintes, il est certain que tout y pr

560 ain que tout y prépare aujourd’hui, et que l’idée d’ un cataclysme terminal n’est plus jamais absente de notre esprit, quan

561 ’un cataclysme terminal n’est plus jamais absente de notre esprit, quand nous imaginons l’avenir, celui de l’humanité, ou

562 otre esprit, quand nous imaginons l’avenir, celui de l’humanité, ou le nôtre en elle, ou en tout cas celui de nos enfants

563 manité, ou le nôtre en elle, ou en tout cas celui de nos enfants et petits-enfants. Mais dans la mesure où la guerre a cha

564 nfants. Mais dans la mesure où la guerre a changé de nature et d’enjeu, les attitudes pour ou contre la guerre doivent cha

565 dans la mesure où la guerre a changé de nature et d’ enjeu, les attitudes pour ou contre la guerre doivent changer, elles a

566 1945, on pensait avec Clausewitz, ce contemporain de Napoléon, que « la guerre est un conflit de grands intérêts réglé par

567 orain de Napoléon, que « la guerre est un conflit de grands intérêts réglé par le sang ». Mais en lisant dans Le Monde d

568 du 28 octobre un article intitulé « Le marketing de combat », l’on s’aperçoit que « les conflits de grands intérêts », ré

569 g de combat », l’on s’aperçoit que « les conflits de grands intérêts », réglés non par le sang, mais par le fric, sont les

570 hui à utiliser et à prendre au sérieux les règles de la stratégie guerrière à la Clausewitz, cependant que la guerre nuclé

571 vant le 6 août 1945, ou bien on louait les vertus de courage, d’héroïsme, d’abnégation patriotique et surtout de virilité

572 ût 1945, ou bien on louait les vertus de courage, d’ héroïsme, d’abnégation patriotique et surtout de virilité qui étaient

573 bien on louait les vertus de courage, d’héroïsme, d’ abnégation patriotique et surtout de virilité qui étaient l’apanage de

574 , d’héroïsme, d’abnégation patriotique et surtout de virilité qui étaient l’apanage de l’armée, c’est-à-dire des militaire

575 ique et surtout de virilité qui étaient l’apanage de l’armée, c’est-à-dire des militaires ; ou au contraire on rappelait l

576 . Fuller, l’un des meilleurs critiques militaires de l’époque : La stratégie, le commandement, le courage, la discipline,

577 ues ne comptent plus devant une haute supériorité d’ armement. S’il fallait parler chiffres, nous dirions que le facteur ar

578 1 % dans la victoire. Mais la conception actuelle de l’armement devient absurde. Dans la bataille « atomique », le nombre

579 le soldat ne sera plus que le spectateur effrayé d’ une guerre menée par des robots. La victoire appartiendra à celui qui

580 iendra à celui qui disposera du plus grand nombre de bombes. Quelle place y aura-t-il dans une guerre de laboratoires pour

581 bombes. Quelle place y aura-t-il dans une guerre de laboratoires pour les tanks, l’artillerie, l’infanterie, pour les for

582 , pour les fortifications, les voies stratégiques de chemin de fer, pour les académies militaires, les écoles d’officiers

583 de fer, pour les académies militaires, les écoles d’ officiers et pour les généraux de terre et de l’air, les amiraux ? Auc

584 ires, les écoles d’officiers et pour les généraux de terre et de l’air, les amiraux ? Aucune. Ne voyez là aucune exagérati

585 oles d’officiers et pour les généraux de terre et de l’air, les amiraux ? Aucune. Ne voyez là aucune exagération. Personne

586 tion. Personne ne saura ce qui se passe au-dessus de sa tête. Personne ne saura qui combat et contre qui (et pourquoi !) L

587 ourquoi !) La guerre se poursuivra dans une sorte d’ exaltation belliqueuse, jusqu’au moment où le dernier laboratoire saut

588 atomique , j’avais écrit : La principale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. S

589 e — c’était la guerre tout court — , elle a moins de chances de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. J

590 la guerre tout court — , elle a moins de chances de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. Je ne dis pa

591 — , elle a moins de chances de renaître et moins d’ avenir que les ordres de chevalerie. Je ne dis pas que les conflits vo

592 nces de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. Je ne dis pas que les conflits vont cesser ; que les fort

593 fondre, les frontières s’évanouir, les gangsters de tous ordres modérer leurs ardeurs ; que les microbes font faire la pa

594 ur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de guerre au sens classique et multimillénaire du mot. « Il y aura toujo

595 ercées au centre, retraites stratégiques, mordant de l’infanterie, ordres du jour électrisants et grands chefs adulés par

596 qui s’avanceraient avec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique, nous reviendraient après quelques minutes sous for

597 l’appareil militaire qu’ont chanté les Déroulède de tous les temps, appartient en principe aux musées, depuis le 6 août.

598 e, mais au contraire évacuera la possibilité même de tout cela. Cette évacuation des vertus militaires par les armes nouve

599 es nouvelles est une des conséquences inévitables de nos budgets de défense nationale : nos militaires y ont-ils songé ? E

600 t une des conséquences inévitables de nos budgets de défense nationale : nos militaires y ont-ils songé ? Et nos antimilit

601 mble, il nous faut aujourd’hui prendre conscience de la réalité d’une guerre demain, et de ce qui la prépare aujourd’hui :

602 faut aujourd’hui prendre conscience de la réalité d’ une guerre demain, et de ce qui la prépare aujourd’hui : j’entends le

603 conscience de la réalité d’une guerre demain, et de ce qui la prépare aujourd’hui : j’entends le système constitué par un

604 une science sans freins spirituels, sans respect de la vie, au service d’une classe politique qui sacrifie l’avenir humai

605 ns spirituels, sans respect de la vie, au service d’ une classe politique qui sacrifie l’avenir humain aux exigences de sa

606 itique qui sacrifie l’avenir humain aux exigences de sa réélection ou de son idéologie. Il y a quelques années, le célèbre

607 l’avenir humain aux exigences de sa réélection ou de son idéologie. Il y a quelques années, le célèbre économiste américai

608 enneth Galbraith avouait être l’auteur pseudonyme d’ une préface au Rapport plus ou moins apocryphe intitulé La Paix indési

609 clusions : La guerre offre le seul système digne de confiance « pour stabiliser et contrôler » les économies nationales ;

610 r » les économies nationales ; elle est la source de l’autorité politique qui assure la stabilité des gouvernements ; elle

611 iquement indispensable pour assurer le contrôle «  de dangereuses subversions sociales et des tendances destructrices antis

612 us, en cette fin du xx e siècle, qu’un seul moyen de gagner la guerre demain, c’est de ne pas la faire, c’est de la rendre

613 u’un seul moyen de gagner la guerre demain, c’est de ne pas la faire, c’est de la rendre impossible. Une première conditio

614 la guerre demain, c’est de ne pas la faire, c’est de la rendre impossible. Une première condition : ce sera de l’imaginer.

615 ndre impossible. Une première condition : ce sera de l’imaginer. Et je voudrais vous lire ici quelques lignes du dernier l

616 ir vécues, souffertes dans sa chair, les horreurs de la guerre à Verdun : S’il est vrai que « gouverner c’est prévoir »,

617 t vrai que « gouverner c’est prévoir », la vérité de la formule appellerait un complément modeste ; car prévoir, c’est ima

618 , des « Je-n’ai-pas-voulu-cela » sur les millions de croix de bois et les cris des hôpitaux. Trente-cinq ans d’une paix pr

619 e-n’ai-pas-voulu-cela » sur les millions de croix de bois et les cris des hôpitaux. Trente-cinq ans d’une paix précaire, [

620 de bois et les cris des hôpitaux. Trente-cinq ans d’ une paix précaire, [c’est aujourd’hui, en 1980] et voici que les chanc

621 nglantent partout la planète, évoquent à longueur de jour (et ça bavarde, ça bavarde ; et les mots mêmes n’ont-ils plus de

622 de, ça bavarde ; et les mots mêmes n’ont-ils plus de sens ?) les prochaines apocalypses, au nom de Dieu, messieurs, imagin

623 ieu, messieurs, imaginez ! Mais comment attendre d’ un peuple, comment attendre de chacun de nous, qu’il imagine ce qui se

624 is comment attendre d’un peuple, comment attendre de chacun de nous, qu’il imagine ce qui se prépare, ces Verdun à l’échel

625 attendre d’un peuple, comment attendre de chacun de nous, qu’il imagine ce qui se prépare, ces Verdun à l’échelle contine

626 bale ? Il y faut une information qui soit capable de nous réveiller et non pas d’endormir nos angoisses comme le voudraien

627 ion qui soit capable de nous réveiller et non pas d’ endormir nos angoisses comme le voudraient les experts des gouvernemen

628 les experts des gouvernements. Imaginer la vérité de la guerre demain, c’est déjà une action pour la paix. Et c’est à cela

629 ège du GIPRI soit à Genève, non seulement au cœur de l’Europe, mais dans un pays neutre, c’est-à-dire : un pays qui se doi

630 n pays neutre, c’est-à-dire : un pays qui se doit de tenir son rôle dans le drame énorme qui déroule autour de nous ses ci

631  : montrer pourquoi le refus une fois pour toutes de régler par les armes les conflits entre peuples — car tel est le vrai

632 flits entre peuples — car tel est le vrai contenu de la neutralité — , pourquoi ce refus est la seule solution, la seule a

633 solution, la seule alternative au défi planétaire d’ une guerre demain. Pour mener à bien une telle tâche, il faut de l’arg

634 emain. Pour mener à bien une telle tâche, il faut de l’argent, me direz-vous. Je voudrais rappeler ici la suggestion récen

635 ons Unies : que chaque nation consacre un dixième de 1 % de ses défenses militaires à la recherche, l’éducation et l’infor

636 es : que chaque nation consacre un dixième de 1 % de ses défenses militaires à la recherche, l’éducation et l’information

637 des dépenses militaires dépasse déjà 500 millions de dollars, on se dit qu’un 10e de 1 %, soit 1 millième ferait encore un

638 déjà 500 millions de dollars, on se dit qu’un 10e de 1 %, soit 1 millième ferait encore une jolie somme. Le malheur est qu

639 t. Commencez, commençons dès ce soir. Car l’enjeu de la paix, demain, c’est la survie du genre humain. e. Édition réalis

640 u genre humain. e. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

641 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 847. Ce discours a été prononcé à l’audi

642 ve). f. Nous n’avons pas retrouvé le titre exact de ce discours.

643 ui tous sont unis (19 mai 1981)g Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de chance imméritée : les cho

644 is (19 mai 1981)g Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de chance imméritée : les choses ne viennent

645 monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de chance imméritée : les choses ne viennent à point que pour qui s’y at

646 ment disposé à les recevoir. Il importe au propos de ces pages que je marque d’abord la part des hasards apparents dans la

647 tion du Nicolas de Flue qui me valut le bonheur de travailler avec Arthur Honegger. Le mercredi 28 septembre 1938, au mi

648 à la Radio suisse. Est-ce la guerre, qu’on attend d’ une heure à l’autre ? C’est Munich, c’est la paix (pense-t-on vraiment

649 (pense-t-on vraiment ce jour-là…), c’est l’avenir d’ un coup qui se rouvre, mais aussi les problèmes qui reviennent, cette

650 outais Honegger dirigeant son Nocturne au théâtre de la Fenice. J’éprouvais une fois de plus que sa musique me touchait pl

651 de plus que sa musique me touchait plus qu’aucune de notre temps, si haut que fût à mes yeux Stravinsky, et je me disais q

652 vec et pour cet homme selon mon cœur… Les menaces de guerre me firent rentrer en Suisse plus tôt que prévu. C’est à ce mom

653 ôt que prévu. C’est à ce moment que l’on m’offrit d’ écrire une pièce pour l’Exposition nationale qui devait s’ouvrir à Zur

654 uivante. J’étais en train de sortir mes uniformes d’ une malle, je n’avais pas de sujet et je défiais quiconque d’en trouve

655 sortir mes uniformes d’une malle, je n’avais pas de sujet et je défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de

656 , je n’avais pas de sujet et je défiais quiconque d’ en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène d

657 ais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu les plans : 36 m de l

658 r l’énorme scène dont j’avais vu les plans : 36 m de large, 18 m de profondeur, trois niveaux reliés par des marches, pas

659 e dont j’avais vu les plans : 36 m de large, 18 m de profondeur, trois niveaux reliés par des marches, pas de décor ni de

660 ondeur, trois niveaux reliés par des marches, pas de décor ni de rideaux, tout cela béant devant une salle de 6000 places.

661 s niveaux reliés par des marches, pas de décor ni de rideaux, tout cela béant devant une salle de 6000 places. Je demandai

662 r ni de rideaux, tout cela béant devant une salle de 6000 places. Je demandai quelques jours « pour réfléchir » et n’en fi

663 la catastrophe réglerait tout. Sur quoi, le coup de téléphone que j’ai dit, toute la vie qui se reprend à vivre, les déla

664 tre sans raison apparente une biographie nouvelle de Nicolas de Flue. J’en avais parcouru distraitement quelques pages. L’

665 t quelques pages. L’image scolaire que je gardais de cet ermite du xv e siècle était bien pâle. Mais ce soir-là, je repren

666 fascinant. Mystique naïf en apparence,1 exerçant de son ermitage dans les Alpes un empire étendu et profond sur l’esprit

667 es Alpes un empire étendu et profond sur l’esprit de ses compatriotes, s’il a prévenu in extremis la guerre entre les cant

668 cantons suisses, c’est par l’autorité que sa vie d’ ascète donne au message secret qu’il envoie à la Diète et dont on ne c

669 e « comme par miracle », disent les témoins. Tout d’ un coup un contact s’établit, le passé se charge de l’émotion présente

670 ’un coup un contact s’établit, le passé se charge de l’émotion présente et lui prête en retour une dimension nouvelle, com

671 le, le peuple attend l’annonce fatidique, et tout d’ un coup, à grandes volées, les cloches de la délivrance : c’est cela q

672 et tout d’un coup, à grandes volées, les cloches de la délivrance : c’est cela que l’Europe vient de vivre ! Nuit blanche

673 is actes se composent. Au matin j’ai tout le plan de la pièce, et j’en ai vu le paradoxe essentiel : peupler et animer une

674 tiel : peupler et animer une scène immense autour d’ un seul personnage important, le Solitaire par excellence ! Revenir au

675 ité qui peut s’adapter à la fois à la déclamation d’ un chœur en marche et au dialogue du drame civique et spirituel. Tout

676 aissais pas. En pleine gloire, à 46 ans, il vient d’ écrire Jeanne au bûcher et la Danse des morts avec Claudel. J’ai quinz

677 la Danse des morts avec Claudel. J’ai quinze ans de moins que lui et ne lui apporte rien qu’une commande peu munificente.

678 ui en résume les données, j’esquisse la structure de la pièce, suggérée par l’architecture de la scène, et les ressources

679 tructure de la pièce, suggérée par l’architecture de la scène, et les ressources du canton qui patronnera l’œuvre : une co

680 du canton qui patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’amateurs et deux petits chœurs à Neuchâtel, un grand chœur

681 qui patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’ amateurs et deux petits chœurs à Neuchâtel, un grand chœur et une fanf

682 stumes à domicile. Je tombe bien : Honegger vient d’ écrire que la seule forme théâtrale à laquelle il croit pour l’avenir

683 Une ou deux fois la semaine, je descends à Paris, de La Celle-Saint-Cloud où j’habite, et je monte au boulevard de Clichy

684 Saint-Cloud où j’habite, et je monte au boulevard de Clichy avec quelques pages dans ma poche. (J’ai écrit le chœur des « 

685 s ma poche. (J’ai écrit le chœur des « Compagnons de la Follevie » sur les marches de son escalier, un jour qu’il était en

686 des « Compagnons de la Follevie » sur les marches de son escalier, un jour qu’il était en retard.) Nos entretiens sont str

687 ictement techniques. Il me demande combien il y a de cuivres durs et de cuivres mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds.

688 . Il me demande combien il y a de cuivres durs et de cuivres mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds. (Je n’en sais rien

689 e cuivres durs et de cuivres mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds. (Je n’en sais rien.) Il me prête un recueil de cho

690 onds. (Je n’en sais rien.) Il me prête un recueil de chorals luthériens, pour que j’en étudie la prosodie précise et m’en

691 oir la fonction, la durée, et presque la tonalité de chacune des interventions d’un des trois chœurs que j’ai prévus. Quel

692 presque la tonalité de chacune des interventions d’ un des trois chœurs que j’ai prévus. Quelques fois il m’appelle au tél

693 ues fois il m’appelle au téléphone : « Au 5e vers de la troisième reprise du choral I, il manque une syllabe. — Ah ? Que f

694 . » Il m’a dit : — Quand vous écrivez les paroles d’ un chœur, chantez-les sur un air quelconque, comme Frère Jacques. Ce q

695 oue mal, je ne distingue pas grand-chose, une fin de choral pourtant, dont il me dit en riant : « Vous voyez, ça finit com

696 protestante, peu importe. » Mais le dernier soir d’ août 1939, à La Chaux-de-Fonds, assistant pour la première fois à une

697 chanté, clamé, ou soutenu par le chœur au sublime de la précision dans le sentiment, non seulement mon texte, mais tout ce

698 aute de mots… Et surtout l’arrière-plan religieux de ma « légende dramatique » est ici révélé, tantôt en majesté, comme da

699 u matin ». Plus tard, je lui ai demandé le secret de cette divination, et il m’a dit modestement : « J’apprends par cœur

700 . Il y a là plus qu’un processus psychologique ou de transmission par les mots. Cette espèce d’harmonie préétablie, commen

701 que ou de transmission par les mots. Cette espèce d’ harmonie préétablie, comment ne pas admettre après coup qu’elle ait go

702 u’elle ait gouverné dans le fait plusieurs séries de « hasards objectifs » comme dit André Breton, et tiré bon parti de le

703 ctifs » comme dit André Breton, et tiré bon parti de leur convergence avec l’évènement historique, pour aboutir à notre or

704 n 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de la canonisation (combien tardive) de Nicolas, premier saint suisse, c

705 rs des fêtes de la canonisation (combien tardive) de Nicolas, premier saint suisse, célébré par deux protestants ! Si le s

706 uisse, célébré par deux protestants ! Si le style d’ Honegger, dans la plupart des œuvres « à sujet religieux » qui font un

707 s « à sujet religieux » qui font une bonne moitié de sa production, doit être qualifié d’essentiellement chrétien, ce n’es

708 bonne moitié de sa production, doit être qualifié d’ essentiellement chrétien, ce n’est pas à cause des sujets ni des parol

709 ituations mises en musique, ni même des croyances de l’homme, quelles qu’elles fussent. Sa musique est chrétienne parce qu

710 e qu’elle est une prière, si la prière est l’acte de celui qui s’ouvre et s’ordonne à l’amour, donc à Dieu tel qu’il s’ann

711 mour, donc à Dieu tel qu’il s’annonce au « cœur » de l’homme. Sa musique est chrétienne en cela qu’elle signifie par son a

712 par son affectivité même « l’adéquation psychique de l’homme au monde » pour reprendre une formule d’Ansermet, le fondemen

713 de l’homme au monde » pour reprendre une formule d’ Ansermet, le fondement commun du monde et de sa propre existence, ou e

714 rmule d’Ansermet, le fondement commun du monde et de sa propre existence, ou encore « le fondement de l’être dans le monde

715 de sa propre existence, ou encore « le fondement de l’être dans le monde, à savoir Dieu »2. En ce point tout s’éclaire et

716 s’éclaire et s’enchaîne. L’anecdote prend valeur d’ exemple nécessaire, les hasards apparents deviennent autant de signes,

717 cessaire, les hasards apparents deviennent autant de signes, s’organisent comme s’ils obéissaient à un plan, et rejoignent

718 ils obéissaient à un plan, et rejoignent le cours d’ une histoire vécue, la nôtre, dont ils révèlent le sens réel. L’une de

719 sation du Bienheureux était sans doute la crainte de susciter un motif de discorde entre catholiques et protestants suisse

720 était sans doute la crainte de susciter un motif de discorde entre catholiques et protestants suisses, et cela devenait s

721 des deux guerres mondiales. L’approbation unanime de la pièce, jouée à Neuchâtel en 1941 pour le 650e anniversaire du pact

722 rtus du « Bruder Claus », et salué en lui le père de cette « paix suisse », qui devait se nommer plus tard neutralité. Apr

723 r plus tard neutralité. Après les représentations de Neuchâtel, en pleine guerre hitlérienne, face à la pire menace non se

724 ration, Nicolas redevenait le symbole et l’apôtre de notre défense spirituelle — au sens fort, religieux du terme — et de

725 irituelle — au sens fort, religieux du terme — et de l’union qui, une fois de plus, allait sauver notre pays. Au début de

726 fois de plus, allait sauver notre pays. Au début de cette année, Soleure et Fribourg célébraient le 500e anniversaire de

727 eure et Fribourg célébraient le 500e anniversaire de leur entrée dans la Confédération grâce à l’action de Nicolas de Flue

728 eur entrée dans la Confédération grâce à l’action de Nicolas de Flue. Notre oratorio fut joué en cette occasion solennelle

729 g, mais, suprême consécration, dans l’église même de Sachseln, devant le tombeau du saint qui défend notre paix par les se

730 saint qui défend notre paix par les seules armes de l’Esprit. 1. En réalité, Nicolas était lié au mouvement rhénan des

731 é, Nicolas était lié au mouvement rhénan des Amis de Dieu, disciples de Suso, dont il connaissait les ouvrages, puisqu’il

732 é au mouvement rhénan des Amis de Dieu, disciples de Suso, dont il connaissait les ouvrages, puisqu’il lui avait emprunté

733 ux Gebetlein. 2. Ernest Ansermet, Les Fondements de la musique dans la conscience humaine, Tome I, p. 200, 188 et 178. g

734 200, 188 et 178. g. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

735 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 855.

736 Pacifisme (6 janvier 1982)h (Point de départ : l’article d’Edward Hughes, Sélection, janvier 1982.) L’artic

737 (6 janvier 1982)h (Point de départ : l’article d’ Edward Hughes, Sélection, janvier 1982.) L’article étant intitulé : « 

738 tion, janvier 1982.) L’article étant intitulé : «  D’ où vient cette vague de pacifisme ? », on est en droit de demander « D

739 article étant intitulé : « D’où vient cette vague de pacifisme ? », on est en droit de demander « D’où vient cette vague d

740 ent cette vague de pacifisme ? », on est en droit de demander « D’où vient cette vague d’anti-pacifisme ? » qui est en tra

741 e de pacifisme ? », on est en droit de demander «  D’ où vient cette vague d’anti-pacifisme ? » qui est en train de déferler

742 est en droit de demander « D’où vient cette vague d’ anti-pacifisme ? » qui est en train de déferler sur la presse occident

743 menace aujourd’hui l’Europe de l’Ouest. Un esprit de symétrie un peu puéril inciterait à penser que cet anti-pacifisme est

744 gent américain ? Je pense qu’il s’agit simplement d’ un journaliste en quête d’un bon sujet. Si son article a tant de succè

745 qu’il s’agit simplement d’un journaliste en quête d’ un bon sujet. Si son article a tant de succès (d’innombrables journaux

746 d’un bon sujet. Si son article a tant de succès ( d’ innombrables journaux de second ordre en Europe de l’Ouest le reprodui

747 article a tant de succès (d’innombrables journaux de second ordre en Europe de l’Ouest le reproduisent, les autres s’en in

748 nt parfois littéralement, mais avaient-ils besoin de ça ?), c’est qu’il répond exactement à ce que l’Européen moyen attend

749 ’on lui dise : que face aux SS 20 et aux milliers de chars russes, il est temps de « rétablir l’équilibre des armements »,

750 20 et aux milliers de chars russes, il est temps de « rétablir l’équilibre des armements », et pour cela d’installer en E

751 établir l’équilibre des armements », et pour cela d’ installer en Europe des milliers de missiles destinés à dissuader les

752 , et pour cela d’installer en Europe des milliers de missiles destinés à dissuader les Russes de nous attaquer. Ainsi nous

753 liers de missiles destinés à dissuader les Russes de nous attaquer. Ainsi nous protégerons la paix. Si la symétrie des « m

754 Buis l’a dit à la TV française : « Ces histoires de 5000 contre 7000 missiles (qu’on venait de montrer sur l’écran) sont

755 ontrer sur l’écran) sont aberrantes : 50 missiles de la plus petite espèce suffiraient à détruire l’Europe entière. » Voyo

756 humeurs des deux camps, quelles sont les réalités de la guerre possible. 1. Réalités politiques. Les USA dominent. Leurs i

757 dilemme Europe-URSS, leur intérêt économique est de protéger l’URSS, non l’Europe ; le gros client, non le concurrent. Q

758 sent l’idéologie démocratique et les mots d’ordre de liberté à tout prix (plutôt morts que rouges !), l’URSS (même sans pa

759 tôt morts que rouges !), l’URSS (même sans parler de ses interventions en Afrique et en Amérique latine) tient à son empir

760 e dans ses motivations réelles. C’est la rivalité de deux impérialismes qui subsistent après avoir écrasé tous les autres,

761 représente un domaine technologique et industriel d’ intérêt majeur, et dont il pourrait être intéressant de s’emparer sans

762 érêt majeur, et dont il pourrait être intéressant de s’emparer sans risquer le désastre nucléaire par la réplique des bomb

763 sur le Rhin (cf. la thèse du général Close). Pas de réaction américaine possible avant 48 heures, donc l’Europe prise int

764 sans coup férir (nucléaire). L’occupation totale de l’Europe par quelques millions de soldats russes s’ensuivrait. c) une

765 cupation totale de l’Europe par quelques millions de soldats russes s’ensuivrait. c) une attaque russe « conventionnelle »

766 des bombes à neutrons. Nécessité pour les Russes de répondre par SS 20. Destruction totale de l’Europe de l’Ouest par SS

767 Russes de répondre par SS 20. Destruction totale de l’Europe de l’Ouest par SS 20, destruction de l’Europe de l’Est par P

768 ale de l’Europe de l’Ouest par SS 20, destruction de l’Europe de l’Est par Pershing, enfin destruction des plus grandes vi

769 ar les sous-marins nucléaires français. (La force de frappe française terrestre ayant été détruite par les SS 20.) Les obj

770 des Russes sont perdus à tout jamais, une partie de l’URSS est détruite, l’Europe entière rayée de la carte industrielle,

771 ie de l’URSS est détruite, l’Europe entière rayée de la carte industrielle, culturelle et touristique. d) une attaque russ

772 léaire stratégique des USA. Destruction intégrale de l’Occident, de la Californie à l’Oural. Seule la « possibilité » b)

773 que des USA. Destruction intégrale de l’Occident, de la Californie à l’Oural. Seule la « possibilité » b) mérite d’être e

774 ie à l’Oural. Seule la « possibilité » b) mérite d’ être envisagée. Car a) ne saurait être prévenu ni par des milliers de

775 ar a) ne saurait être prévenu ni par des milliers de missiles nucléaires en Europe, ni encore moins par les armées europée

776 , ni encore moins par les armées européennes. Ni, de fait, par les USA. Mais ce serait sans rime ni raison de la part des

777 es Russes, qui auraient tout à perdre. c) inutile de gloser. d) inutile de gloser. Voyons donc ce que nous pouvons déduire

778 t tout à perdre. c) inutile de gloser. d) inutile de gloser. Voyons donc ce que nous pouvons déduire de la « possibilité »

779 e gloser. Voyons donc ce que nous pouvons déduire de la « possibilité » b), seule probable. Un armement nucléaire tactique

780  » des Russes qu’à ceux des Européens. L’absence d’ armes nucléaires tactiques européennes et de missiles USA n’obligerait

781 sence d’armes nucléaires tactiques européennes et de missiles USA n’obligerait pas les Russes à utiliser contre leur gré e

782 iques, et augmenterait donc fortement les chances d’ une guerre non nucléaire. Il est probable que les chars russes déferle

783 able que les chars russes déferleraient sans trop de difficultés (sauf en Suisse) sur toute l’Europe. Mais alors (ici, mon

784 sur toute l’Europe. Mais alors (ici, mon article de Construire ). Il n’est donc nullement exclu, il est même probable, qu

785 gime russe dit « communiste », et pourrait ouvrir de la sorte une ère de paix, et au moins la destruction de toutes les ar

786 muniste », et pourrait ouvrir de la sorte une ère de paix, et au moins la destruction de toutes les armes nucléaires dans

787 sorte une ère de paix, et au moins la destruction de toutes les armes nucléaires dans le monde. C’est notre seule chance d

788 ucléaires dans le monde. C’est notre seule chance de survie, et même de victoire. Le pacifisme en 1982 consiste donc pour

789 onde. C’est notre seule chance de survie, et même de victoire. Le pacifisme en 1982 consiste donc pour les Européens à ref

790 t, par tous les médias, sans relâche, les raisons d’ une telle conduite. h. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit c

791 telle conduite. h. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

792 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 861. Le tapuscrit indique que ce texte a

793 Débat sur le LEP, accélérateur de particules du CERN (11 février 1982)i En prenant la parole ici ce

794 t — très sereinement conscient, dirais-je — celui de décevoir les deux camps en présence, dans la mesure où il s’agit de c

795 ux camps en présence, dans la mesure où il s’agit de camps, précisément, c’est-à-dire d’équipes opposées, comme dans un ma

796 où il s’agit de camps, précisément, c’est-à-dire d’ équipes opposées, comme dans un match où il faut à tout prix gagner, c

797 e jeu un peu puéril, un peu gratuit, deux groupes d’ intérêts très concrets qu’il paraît difficile de concilier : intérêts

798 s d’intérêts très concrets qu’il paraît difficile de concilier : intérêts d’une institution scientifique prestigieuse, et

799 ts qu’il paraît difficile de concilier : intérêts d’ une institution scientifique prestigieuse, et de l’avenir de ses cherc

800 s d’une institution scientifique prestigieuse, et de l’avenir de ses chercheurs d’une part ; intérêts écologiques, sociaux

801 itution scientifique prestigieuse, et de l’avenir de ses chercheurs d’une part ; intérêts écologiques, sociaux, économique

802 ques, sociaux, économiques, des habitants du pays de Gex et de quelques communes genevoises, d’autre part. Ayant suivi les

803 aux, économiques, des habitants du pays de Gex et de quelques communes genevoises, d’autre part. Ayant suivi les deux prem

804 me sens en mon âme et conscience incapable encore de choisir soit le LEP avec ses dangers toujours possibles, quoiqu’on ai

805 ssibles, quoiqu’on ait dit, soit le repos du pays de Gex, mais pas de LEP, et peut-être, demain, plus de CERN. Si j’affron

806 n ait dit, soit le repos du pays de Gex, mais pas de LEP, et peut-être, demain, plus de CERN. Si j’affronte volontiers le

807 Gex, mais pas de LEP, et peut-être, demain, plus de CERN. Si j’affronte volontiers le risque de déplaire à tout le monde

808 plus de CERN. Si j’affronte volontiers le risque de déplaire à tout le monde ce soir en suspendant encore mon jugement, c

809 ncture présente, il ne peut plus s’agir pour nous de « gagner » contre un camp ou un parti, aux dépens d’intérêts légitime

810 « gagner » contre un camp ou un parti, aux dépens d’ intérêts légitimes, mais il s’agit de gagner tous ensemble, c’est-à-di

811 , aux dépens d’intérêts légitimes, mais il s’agit de gagner tous ensemble, c’est-à-dire de chercher ensemble, et de trouve

812 s il s’agit de gagner tous ensemble, c’est-à-dire de chercher ensemble, et de trouver ensemble, le moyen, pour la société

813 s ensemble, c’est-à-dire de chercher ensemble, et de trouver ensemble, le moyen, pour la société du xx e siècle de maîtris

814 nsemble, le moyen, pour la société du xx e siècle de maîtriser les découvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de

815 ciété du xx e siècle de maîtriser les découvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de la génétique et les technolog

816 îtriser les découvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de la génétique et les technologies qui en sont issues, ca

817 couvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de la génétique et les technologies qui en sont issues, car elles menace

818 u Centre européen de la culture dans le lancement de l’idée d’un Centre européen de la recherche nucléaire me porterait pl

819 uropéen de la culture dans le lancement de l’idée d’ un Centre européen de la recherche nucléaire me porterait plutôt à acc

820 dans le lancement de l’idée d’un Centre européen de la recherche nucléaire me porterait plutôt à accorder au CERN un préj

821 ns ; non point quant à la compatibilité théorique de ses objectifs avec la mission générale du CERN, mais bien quant à ses

822 à ses nuisances pratiques sur la vie dans ce pays de Gex qu’il se trouve que j’habite depuis 35 ans, et quant aux conséque

823 ’il permettra : personne au monde n’est en mesure de démontrer que le LEP ne pourra jamais servir à des fins militaires, c

824 ’hui, à l’extinction du genre humain, si ce n’est de toute vie sur la Terre. Tout cela dit, j’ai accepté sans hésiter de p

825 a Terre. Tout cela dit, j’ai accepté sans hésiter de prendre la parole ce soir, parce que je vois dans le débat sur le LEP

826 ur ses enjeux et ses finalités, sur ses processus de décision et la nécessité de les soumettre au préalable d’une concerta

827 és, sur ses processus de décision et la nécessité de les soumettre au préalable d’une concertation tout à la fois civique,

828 ion et la nécessité de les soumettre au préalable d’ une concertation tout à la fois civique, sociale, économique, écologiq

829 ue, et cela dans les domaines les plus « chauds » de la science et des technologies qui en résultent, qu’il s’agisse des c

830 ltent, qu’il s’agisse des centrales nucléaires ou de l’informatique, des manipulations génétiques ou des armes nouvelles,

831 iques ou des armes nouvelles, beam weapons, rayon de la mort, ou encore explosions pouvant entraîner la paralysie définiti

832 losions pouvant entraîner la paralysie définitive de toute information dans des pays entiers qui auront été auparavant ent

833 formatisés », selon la formule à la mode. Je pars d’ un conflit déplorable entre certains espoirs à la fois très précis et

834 ains espoirs à la fois très précis et grandioses, d’ un côté, et des craintes plus confuses et terre à terre, de l’autre ;

835 , et des craintes plus confuses et terre à terre, de l’autre ; entre un certain romantisme prométhéen, et un réalisme simp

836 t un réalisme simplement humain, entre la volonté de réalisation d’un projet qui passionne un certain nombre de scientifiq

837 implement humain, entre la volonté de réalisation d’ un projet qui passionne un certain nombre de scientifiques, et les réa

838 ation d’un projet qui passionne un certain nombre de scientifiques, et les réactions instinctives de refus dans une popula

839 e de scientifiques, et les réactions instinctives de refus dans une population qui en subira les nuisances ou dangers éven

840 qui en subira les nuisances ou dangers éventuels. De l’existence de ce conflit, et pour essayer de le résoudre, ou tout au

841 es nuisances ou dangers éventuels. De l’existence de ce conflit, et pour essayer de le résoudre, ou tout au moins de l’att

842 ls. De l’existence de ce conflit, et pour essayer de le résoudre, ou tout au moins de l’atténuer, est née l’initiative con

843 et pour essayer de le résoudre, ou tout au moins de l’atténuer, est née l’initiative conjointe de l’I.V. et du CERN. Ce s

844 ins de l’atténuer, est née l’initiative conjointe de l’I.V. et du CERN. Ce soir — et très provisoirement, je l’espère — ,

845 rovisoirement, je l’espère — , nous allons tenter de conclure un débat qui nous dépasse tous, largement. Ayant, il y a deu

846 s 12 pays membres (message reçu)… J’ai donc salué de tout cœur l’attitude très ouverte du nouveau directeur général. Si el

847 tefois, il faut bien le reconnaître : la décision de réaliser le LEP, prise en principe par les 12 gouvernements membres d

848 dé, non pas suivi, notre débat. Les autorisations de construire sont encore attendues de la France et de la Suisse. Tout n

849 autorisations de construire sont encore attendues de la France et de la Suisse. Tout n’est pas joué. Il est cependant prob

850 construire sont encore attendues de la France et de la Suisse. Tout n’est pas joué. Il est cependant probable que sauf ab

851 le que sauf aboutissement très négatif des études d’ impact en cours, la décision de construire le LEP sera prise d’ici que

852 négatif des études d’impact en cours, la décision de construire le LEP sera prise d’ici quelques mois. On ne peut donc pas

853 le cours des choses, ni que les citoyens du pays de Gex aient pu faire valoir, pratiquement, leurs droits de contrôle et

854 aient pu faire valoir, pratiquement, leurs droits de contrôle et leur autonomie. Mais ce qui ôte à nos débats leur portée

855 leur portée pratique, immédiate, ne les prive pas d’ une valeur exemplaire et d’une portée plus générale, à terme. Je m’exp

856 iate, ne les prive pas d’une valeur exemplaire et d’ une portée plus générale, à terme. Je m’explique. Par valeur exemplair

857 que. Par valeur exemplaire, je veux dire : valeur d’ innovation, d’exemple à imiter, non pas, certes, modèle parfait du pre

858 r exemplaire, je veux dire : valeur d’innovation, d’ exemple à imiter, non pas, certes, modèle parfait du premier coup, bie

859 ns ni les uns ni les autres évité tous les pièges de ce genre d’exercice. Le premier est de céder à l’animosité partisane 

860 s ni les autres évité tous les pièges de ce genre d’ exercice. Le premier est de céder à l’animosité partisane ; j’ai enten

861 les pièges de ce genre d’exercice. Le premier est de céder à l’animosité partisane ; j’ai entendu parler de « l’adversaire

862 der à l’animosité partisane ; j’ai entendu parler de « l’adversaire » pour désigner des gens d’un autre avis ou qui exprim

863 parler de « l’adversaire » pour désigner des gens d’ un autre avis ou qui exprimaient tout simplement leurs doutes ; et cet

864 s doutes ; et cette phrase m’a frappé, en sortant d’ un débat : « Oui, mais nous n’avons pas gagné ! » Trop de questions so

865 bat : « Oui, mais nous n’avons pas gagné ! » Trop de questions sont restées sans réponse. Et trop souvent, c’est l’assuran

866 sans réponse. Et trop souvent, c’est l’assurance de certains responsables du LEP qui m’a parue fort inquiétante. Ils nous

867 que dans le cas qui nous occupe, on ait pris plus de précautions que pour la première traversée du Titanic… Mais ce qui im

868 importe, en fin de compte, c’est l’existence même d’ un débat ; public, prolongé, très ouvert, visant au maximum de transpa

869 public, prolongé, très ouvert, visant au maximum de transparence et de respect des opinions diverses : — démocratique pou

870 très ouvert, visant au maximum de transparence et de respect des opinions diverses : — démocratique pour tout dire. Il se

871 peut qu’un tel processus retarde les calendriers de la recherche. Mais ce n’est pas temps perdu que celui qui profite à u

872 des gens qui ne savent rien des quarks, mais plus de choses que vous sur leur petit pays, leurs soucis et leurs buts dans

873 rands appareils existants : le public peut y voir de ses yeux qu’il n’y a là pas le moindre danger… On peut aussi faire vi

874 ous voient qu’Allah est grand. Enfin, le LEP pose d’ une manière brûlante le problème nouveau pour la science de sa dépenda

875 ière brûlante le problème nouveau pour la science de sa dépendance de l’État quant au financement de la recherche. Car, co

876 problème nouveau pour la science de sa dépendance de l’État quant au financement de la recherche. Car, comme l’observe ave

877 e de sa dépendance de l’État quant au financement de la recherche. Car, comme l’observe avec lucidité Edgar Morin, « ni l’

878 apporte la recherche ». Je mets en doute qu’aucun de nos États ne respecte la recherche fondamentale, et même ne la subven

879 ndustriels ou militaires. Dire que le CERN refuse de considérer les retombées de ses recherches ne prouve nullement que le

880 re que le CERN refuse de considérer les retombées de ses recherches ne prouve nullement que les États ne le subventionnent

881 e de ces retombées. ⁂ J’en viens au cœur du débat de ce soir : la notion de responsabilité dans la recherche. Je voudrais

882 ’en viens au cœur du débat de ce soir : la notion de responsabilité dans la recherche. Je voudrais dire d’abord ceci : c’e

883 ais dire d’abord ceci : c’est que les découvertes de la science au xx e siècle développent des conséquences d’une telle am

884 ience au xx e siècle développent des conséquences d’ une telle ampleur qu’elles ne peuvent plus être soumises aux vérificat

885 tions expérimentales. — Quand je pose la question de l’accident majeur qui pourrait se produire à Creys-Malville, on me ré

886 s-Malville, on me répond qu’il n’est pas question de faire une expérience en vraie grandeur : ce serait déclencher cet acc

887 lité ! — Quand je pose la question des résultats de certaines manipulations génétiques, on me répond qu’il faut attendre,

888 ’il faut attendre, pour savoir, un certain nombre de générations… — Quand il est question de la guerre atomique, et de la

889 in nombre de générations… — Quand il est question de la guerre atomique, et de la défense civile, c’est-à-dire des abris,

890 — Quand il est question de la guerre atomique, et de la défense civile, c’est-à-dire des abris, toute expérience réelle se

891 -à-dire des abris, toute expérience réelle serait de l’assassinat. Ce qui revient à dire qu’au xx e siècle, on a dépassé l

892 t à dire qu’au xx e siècle, on a dépassé le seuil d’ expérimentation « en vraie grandeur ». Personne ne sait ce qui pourrai

893 deur ». Personne ne sait ce qui pourrait résulter de quoi que ce soit, une fois passé ce seuil. Bel aboutissement du Progr

894 ès ! Le xix e siècle croyait encore à l’innocence de la recherche : tout ce qu’on allait trouver serait bon, serait en pri

895 e humain. Dans tous les cas, et en dépit du mythe de la boîte de Pandore, savoir était meilleur que non-savoir. Un vers tr

896 ns tous les cas, et en dépit du mythe de la boîte de Pandore, savoir était meilleur que non-savoir. Un vers très étonnant

897 it meilleur que non-savoir. Un vers très étonnant de Victor Hugo exprime très bien cette foi naïve : « Vous dites : où vas

898 ause des dimensions atteintes par les découvertes de la science et plus encore par les effets qu’en tire la technologie, n

899 n tire la technologie, nous n’avons plus le droit d’ aller nul ne sait où : ce pourrait être aller au désastre final. On me

900 stement qui nous occupe ce soir, celui du CERN et de son projet LEP, il ne s’agit que de « recherche fondamentale », nulle

901 ui du CERN et de son projet LEP, il ne s’agit que de « recherche fondamentale », nullement d’applications technologiques,

902 agit que de « recherche fondamentale », nullement d’ applications technologiques, encore moins de retombées militaires. Oui

903 ement d’applications technologiques, encore moins de retombées militaires. Oui, bien sûr… Mais je garde mes doutes quant à

904 garde mes doutes quant à la possibilité, surtout de nos jours, d’une recherche entièrement innocente dans ses motivations

905 tes quant à la possibilité, surtout de nos jours, d’ une recherche entièrement innocente dans ses motivations comme dans se

906 veut et ne se croit guidé que par la passion pure de savoir, de connaître d’une manière toujours plus complète et cohérent

907 se croit guidé que par la passion pure de savoir, de connaître d’une manière toujours plus complète et cohérente le monde

908 é que par la passion pure de savoir, de connaître d’ une manière toujours plus complète et cohérente le monde physique. Par

909 . Or ce sont aujourd’hui en Occident, des valeurs de puissance matérielle collective, industrielles, nationales, étatiques

910 collective, industrielles, nationales, étatiques, de profit immédiat et de prestige certain. Ce sont ces valeurs-là qui in

911 les, nationales, étatiques, de profit immédiat et de prestige certain. Ce sont ces valeurs-là qui incitent les États, les

912 ns à financer très largement les recherches liées de près ou de loin au nucléaire, et cela trop souvent au détriment de né

913 er très largement les recherches liées de près ou de loin au nucléaire, et cela trop souvent au détriment de nécessités hu

914 humaines criantes. Ce sont les croyances réelles de notre société qui déterminent en fait (pas toujours consciemment) l’o

915 e guerre qui a toutes les chances, cette fois-ci, d’ être bien la dernière de notre histoire. Que devient, dans ces conditi

916 s chances, cette fois-ci, d’être bien la dernière de notre histoire. Que devient, dans ces conditions, la responsabilité d

917 ne peut plus l’assumer. Ses découvertes risquent de déclencher des catastrophes qu’il est incapable de prévoir. En sera-t

918 e déclencher des catastrophes qu’il est incapable de prévoir. En sera-t-il tenu pour « responsable » ? On sent ici l’ambig

919 Je dirai non, il n’est pas responsable moralement de ce que nulle science ne peut prévoir ; mais comment pourrait-il redev

920  ; mais comment pourrait-il redevenir responsable de la nature même de sa recherche ? Je ne vois pas encore de solution au

921 urrait-il redevenir responsable de la nature même de sa recherche ? Je ne vois pas encore de solution au problème dramatiq

922 ture même de sa recherche ? Je ne vois pas encore de solution au problème dramatique que nous posent ces trois impossibili

923 rois impossibilités simultanées : l’impossibilité de brider la recherche, l’impossibilité de ne pas appliquer ses découver

924 ssibilité de brider la recherche, l’impossibilité de ne pas appliquer ses découvertes et l’impossibilité de vivre avec ces

925 pas appliquer ses découvertes et l’impossibilité de vivre avec ces applications (ou de leur survivre). L’homme d’aujourd’

926 ’impossibilité de vivre avec ces applications (ou de leur survivre). L’homme d’aujourd’hui, qui en général ne croit plus q

927 c ces applications (ou de leur survivre). L’homme d’ aujourd’hui, qui en général ne croit plus qu’à la science, se trouve p

928 me sans défense contre les dangers qui surgissent de ses applications sans frein ni prévision. Quelle limite absolue, quel

929 i prévision. Quelle limite absolue, quel principe de « prudence » (comme on disait au Moyen Âge), quels critères absolus,

930 i dangereusement défaut ; une véritable stratégie de la connaissance ? De là sans doute cette idée qui se répand dans cer

931 t ; une véritable stratégie de la connaissance ? De là sans doute cette idée qui se répand dans certains milieux intellec

932 eux intellectuels, que la recherche, besoin vital de l’homme, ne devrait plus être confiée essentiellement aux scientifiqu

933 depuis des siècles, vers la connaissance des lois de la matière et des pouvoirs sur la matière, mais qu’il serait grand te

934 irs sur la matière, mais qu’il serait grand temps de l’orienter vers le domaine mal exploré par l’Occident, des réalités d

935 domaine mal exploré par l’Occident, des réalités de l’esprit, des conditions d’un vrai progrès de l’homme, et de sa liber

936 ccident, des réalités de l’esprit, des conditions d’ un vrai progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissanc

937 tés de l’esprit, des conditions d’un vrai progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissance. C’est tout le p

938 , des conditions d’un vrai progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissance. C’est tout le problème des fin

939 i progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissance. C’est tout le problème des finalités de notre existence

940 a puissance. C’est tout le problème des finalités de notre existence qui se trouve posé, ou plutôt qui nous est imposé par

941 par le risque total que la science a créé, celui de l’holocauste nucléaire. Ceci m’amène à proposer, en conclusion, une i

942 on, une idée que j’avais soumise il y a longtemps de cela — en 1958 — à une cinquantaine de personnalités de la science et

943 longtemps de cela — en 1958 — à une cinquantaine de personnalités de la science et de la culture en général : l’idée de f

944 a — en 1958 — à une cinquantaine de personnalités de la science et de la culture en général : l’idée de former un Conseil

945 ne cinquantaine de personnalités de la science et de la culture en général : l’idée de former un Conseil européen de la re

946 e la science et de la culture en général : l’idée de former un Conseil européen de la recherche, réunissant des représenta

947 en général : l’idée de former un Conseil européen de la recherche, réunissant des représentants de toutes les branches de

948 éen de la recherche, réunissant des représentants de toutes les branches de la recherche, en sciences physiques et naturel

949 unissant des représentants de toutes les branches de la recherche, en sciences physiques et naturelles, économie, sociolog

950 Les fonctions du Conseil seraient essentiellement de rechercher un meilleur équilibre dans la promotion des recherches, af

951 ’insistance excessive sur les sciences physiques, de favoriser de nouvelles orientations vers des réalités trop négligées

952 xcessive sur les sciences physiques, de favoriser de nouvelles orientations vers des réalités trop négligées de nos jours,

953 les orientations vers des réalités trop négligées de nos jours, mais aussi de se prononcer sur des projets tels que celui

954 réalités trop négligées de nos jours, mais aussi de se prononcer sur des projets tels que celui du LEP, précisément, qui

955 e celui du LEP, précisément, qui a été l’occasion de nos débats. Je ne m’étendrai pas, ce soir, sur la description du Cons

956 nseil, sa composition, son statut, et ses chances de succès. Je préciserai seulement ceci : l’exemple des recherches nuclé

957 t à la bombe atomique doit nous rendre conscients de la nécessité d’un organisme de prévision d’un genre nouveau, capable

958 mique doit nous rendre conscients de la nécessité d’ un organisme de prévision d’un genre nouveau, capable de remettre en c

959 rendre conscients de la nécessité d’un organisme de prévision d’un genre nouveau, capable de remettre en cause la nature

960 ients de la nécessité d’un organisme de prévision d’ un genre nouveau, capable de remettre en cause la nature même de ce qu

961 rganisme de prévision d’un genre nouveau, capable de remettre en cause la nature même de ce que l’homme d’aujourd’hui tien

962 veau, capable de remettre en cause la nature même de ce que l’homme d’aujourd’hui tient pour la vraie, la seule réalité, l

963 emettre en cause la nature même de ce que l’homme d’ aujourd’hui tient pour la vraie, la seule réalité, la réalité scientif

964 ais, c’est ce qui permet à tous les êtres vivants de durer : un organe ou un système de régulation. C’est l’office que dev

965 êtres vivants de durer : un organe ou un système de régulation. C’est l’office que devrait accomplir le Conseil d’orienta

966 . C’est l’office que devrait accomplir le Conseil d’ orientation de la recherche. Si parmi les participants à nos débats il

967 ce que devrait accomplir le Conseil d’orientation de la recherche. Si parmi les participants à nos débats il s’en trouve q

968 e propose intéresse, j’y verrais un signe de plus de l’utilité de telles rencontres, du besoin auquel elles répondent, et

969 éresse, j’y verrais un signe de plus de l’utilité de telles rencontres, du besoin auquel elles répondent, et j’avoue que j

970 j’en tirerais, pour ma part, une nouvelle raison d’ espérer. i. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conservé à l

971 ison d’espérer. i. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

972 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 863. Le tapuscrit indique que le débat,

973 ié par Le Matin du 19 avril, il est indispensable de préciser les deux points suivants : 1. Le procès que j’ai fait à D. G

974 ment la recension par D. Grisoni du dernier livre de B.-H. Lévy, parue dans la revue Lu en forme de fiche bibliographique 

975 ecroisent, se chevauchent, se répondent. Là, ceux de droite, tenus par leurs sombres thuriféraires, bien connus, les Drieu

976 arquier de Pellepoix : recours à la Terre, rappel de la Race, éloge du Corps, haine de l’Argent, amour de la Nation. C’es

977 a Terre, rappel de la Race, éloge du Corps, haine de l’Argent, amour de la Nation. C’est là-dessus que j’attaque, sur cel

978 la Race, éloge du Corps, haine de l’Argent, amour de la Nation. C’est là-dessus que j’attaque, sur cela seul : sur cette

979 sur cette assimilation qui est faite expressément de moi et de mes idées à la personne et à l’action de deux des plus gran

980 assimilation qui est faite expressément de moi et de mes idées à la personne et à l’action de deux des plus grands crimine

981 e moi et de mes idées à la personne et à l’action de deux des plus grands criminels de guerre qu’ait produit la France au

982 e et à l’action de deux des plus grands criminels de guerre qu’ait produit la France au xx e siècle : l’ancien chef commun

983 xx e siècle : l’ancien chef communiste fondateur de la LVF et le responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs

984 fondateur de la LVF et le responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Som

985 la LVF et le responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner

986 e responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner ses preuves

987 e de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner ses preuves quant aux faits invoqué

988 e Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner ses preuves quant aux faits invoqués, Grisoni n’a rien pu répo

989 Grisoni n’a rien pu répondre, n’a pas même essayé de répondre, et n’a même pas pu dire au tribunal si ses accusations préc

990 cusations précises et infamantes rendaient compte de faits rapportés dans le livre analysé, ou étaient simplement inventée

991 ntées par lui. Il ne lui restait plus qu’à parler d’ autre chose, à tenter d’égarer l’attention dans un dédale de citations

992 restait plus qu’à parler d’autre chose, à tenter d’ égarer l’attention dans un dédale de citations tripatouillées, d’où ré

993 ose, à tenter d’égarer l’attention dans un dédale de citations tripatouillées, d’où résulterait, par exemple, que j’ai fai

994 ntion dans un dédale de citations tripatouillées, d’ où résulterait, par exemple, que j’ai fait preuve d’un « antisémitisme

995 où résulterait, par exemple, que j’ai fait preuve d’ un « antisémitisme vulgaire » et d’une admiration « extatique » pour H

996 ai fait preuve d’un « antisémitisme vulgaire » et d’ une admiration « extatique » pour Hitler. (Je parlais du « regard exta

997 pour Hitler. (Je parlais du « regard extatique » de Hitler ! Il a mal lu.) Je ne perdrai pas mon temps à démontrer le méc

998 l) ; cela m’obligerait à recopier ici une dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant l

999 m’obligerait à recopier ici une dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant le sens de

1000 ecopier ici une dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant le sens des fragments de ph

1001 dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant le sens des fragments de phrases et groupes

1002 e 1932 à 1942, rétablissant le sens des fragments de phrases et groupes de mots qu’on y a découpés pour en recomposer une

1003 ssant le sens des fragments de phrases et groupes de mots qu’on y a découpés pour en recomposer une mosaïque de diffamatio

1004 u’on y a découpés pour en recomposer une mosaïque de diffamation. L’art de faire dire aux « textes » ainsi produits tout l

1005 en recomposer une mosaïque de diffamation. L’art de faire dire aux « textes » ainsi produits tout le contraire de ce qu’i

1006 e aux « textes » ainsi produits tout le contraire de ce qu’ils signifient dans leur contexte, ce Grisoni l’a bien appris d

1007 nt dans leur contexte, ce Grisoni l’a bien appris de son petit maître Lévy. C’est tout ce qu’il peut, et cela n’apporte pa

1008 tout ce qu’il peut, et cela n’apporte pas l’ombre d’ une preuve aux affirmations que je dénonce : à savoir qu’après le 17 j

1009 j’aurais rejoint Doriot et Darquier « mes frères d’ armes… à la pointe du combat, [pour un fascisme national français] pré

1010 ise dans Le Matin du 19 avril. ⁂ Dans leur délire d’ interprétation des textes et leur mépris affichés des faits, MM. Lévy

1011 ne matérielle et l’autre spirituelle. L’avènement de Pétain date de la seconde quinzaine de juin 1940. Comment pouvais-je

1012 t l’autre spirituelle. L’avènement de Pétain date de la seconde quinzaine de juin 1940. Comment pouvais-je saluer le Maréc

1013 ’avènement de Pétain date de la seconde quinzaine de juin 1940. Comment pouvais-je saluer le Maréchal au nom de la droite

1014 bilisé en tant qu’officier suisse dans un service de l’État-major général ? Comment aurais-je pu rejoindre mes « frères d’

1015 ral ? Comment aurais-je pu rejoindre mes « frères d’ armes » sans déserter en temps de guerre ? Eussé-je même voulu le tent

1016 dre mes « frères d’armes » sans déserter en temps de guerre ? Eussé-je même voulu le tenter, deux faits « incontournables 

1017 eussent interdit : — Pour un article sur l’entrée d’ Hitler à Paris, paru le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , (entre l

1018 d’Hitler à Paris, paru le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , (entre l’élection de Pétain et l’Appel de Londres) j’avais

1019 n dans la Gazette de Lausanne , (entre l’élection de Pétain et l’Appel de Londres) j’avais été accusé par la Légation du I

1020 Lausanne , (entre l’élection de Pétain et l’Appel de Londres) j’avais été accusé par la Légation du IIIe Reich « d’insulte

1021 ’avais été accusé par la Légation du IIIe Reich «  d’ insulte à chef d’État », et j’allais être condamné à quinze jours de f

1022 ’État », et j’allais être condamné à quinze jours de forteresse, au secret, pour avoir « mis en danger la sécurité de la S

1023 au secret, pour avoir « mis en danger la sécurité de la Suisse ». — Au même moment, je préparais la création d’un mouvemen

1024 sse ». — Au même moment, je préparais la création d’ un mouvement civil et militaire (ce dernier clandestin) de résistance

1025 vement civil et militaire (ce dernier clandestin) de résistance à tout prix aux nazis : la Ligue du Gothard. J’en avais ré

1026 même jour, dans 73 journaux suisses. Cette action de résistance organisée, la première en Europe sauf erreur, était dans l

1027 re en Europe sauf erreur, était dans le droit fil de tout ce que j’avais écrit depuis 1932 contre le fascisme sous toutes

1028 ontre tout ce qui allait se déchaîner sous le nom de « collaboration » et que j’avais dénoncé dès 1936 comme le danger d’u

1029 » et que j’avais dénoncé dès 1936 comme le danger d’ un « fascisme à la française ». Peu après, le gouvernement jugea prude

1030 çaise ». Peu après, le gouvernement jugea prudent de m’envoyer aux États-Unis, en mission de conférences sur la Suisse. Em

1031 a prudent de m’envoyer aux États-Unis, en mission de conférences sur la Suisse. Empêché de regagner l’Europe par Pearl Har

1032 en mission de conférences sur la Suisse. Empêché de regagner l’Europe par Pearl Harbour, je devais passer cinq ans de plu

1033 l’Office of War Information, rédacteur principal de l’émission « La Voix de l’Amérique parle aux Français », j’eus l’occa

1034 tion, rédacteur principal de l’émission « La Voix de l’Amérique parle aux Français », j’eus l’occasion de m’exprimer plus

1035 l’Amérique parle aux Français », j’eus l’occasion de m’exprimer plus librement sur mes « frères d’armes » putatifs, au mom

1036 ion de m’exprimer plus librement sur mes « frères d’ armes » putatifs, au moment où ils entraient en action (1942-1943) et

1037 tion (1942-1943) et l’on m’a dit que des journaux de la Résistance reproduisirent parfois mes textes, lus au micro quotidi

1038 es, lus au micro quotidiennement par deux équipes d’ announcers, parmi lesquels André Breton et Lévi-Strauss. Grisoni, comm

1039 re sans doute, ignore ces « faits ». Il se plaint de ma plainte : elle constitue selon lui « un terrible diktat » contre l

1040 mémoire » et leur « patiente, mais obstinée quête de la vérité ». Il faut, s’écrie-t-il, « sceller dans l’oubli le nom et

1041 -il, « sceller dans l’oubli le nom et l’ouvrage » de gens comme moi. Je ne puis pas rafraîchir, encore moins interdire, de

1042 re, des « mémoires » qui seraient, dans leur cas, de plusieurs années prénatales. Je ne puis opposer à leur vœu d’oblitére

1043 années prénatales. Je ne puis opposer à leur vœu d’ oblitérer « mon nom et mon ouvrage » que le souhait qu’ils apprennent

1044 prendre mes livres. Mais il me plairait davantage de les convaincre que toute quête de la vérité commence par celle de la

1045 irait davantage de les convaincre que toute quête de la vérité commence par celle de la véracité. j. Édition réalisée su

1046 e que toute quête de la vérité commence par celle de la véracité. j. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conserv

1047 de la véracité. j. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1048 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 866.

1049 De l’unité de culture à l’union fédérale de l’Europe (18 octobre 1982)k

1050 De l’unité de culture à l’union fédérale de l’Europe (18 octobre 1982)k I. Un

1051 De l’unité de culture à l’union fédérale de l’Europe (18 octobre 1982)k I. Union et unité européennel J

1052 I. Union et unité européennel Je partirai de quatre observations qui auront valeur de définitions. L’union se fai

1053 partirai de quatre observations qui auront valeur de définitions. L’union se fait, l’unité se constate. L’union est une

1054 eut, on la réussit ou non. L’unité est une donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’union politique

1055 e donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’union politique librement nouée entre les peuples de la p

1056 union politique librement nouée entre les peuples de la péninsule ne pourra s’instaurer que sur le fondement d’une unité s

1057 insule ne pourra s’instaurer que sur le fondement d’ une unité spatio-temporelle bien définie d’histoire lisible et spécifi

1058 dement d’une unité spatio-temporelle bien définie d’ histoire lisible et spécifique à travers les siècles, même si elle est

1059 i elle est multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’h

1060 e dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’hui. II. « Ce qu

1061 celle de la culture commune à tous les Européens d’ aujourd’hui. II. « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des cont

1062 aujourd’hui. II. « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie » (Héraclite)m

1063 aléry comme celle, essentiellement, des héritiers d’ Athènes, de Rome et de Jérusalem. Dans une conférence donnée à l’Unive

1064 celle, essentiellement, des héritiers d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Dans une conférence donnée à l’Université de Zu

1065 entiellement, des héritiers d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Dans une conférence donnée à l’Université de Zurich en 192

1066 usalem. Dans une conférence donnée à l’Université de Zurich en 1922, il disait : « Toute race et toute terre qui a été suc

1067 uropéenne. » Voyons cela de plus près. Dès l’aube de la philosophie qui définit le monde occidental, Héraclite, magistrat

1068 le monde occidental, Héraclite, magistrat suprême de l’une des premières cités grecques, celle d’Éphèse, écrit cette phras

1069 rême de l’une des premières cités grecques, celle d’ Éphèse, écrit cette phrase décisive : « Ce qui s’oppose coopère, et de

1070 e phrase décisive : « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie. » (Fragment 9

1071 lle harmonie. » (Fragment 92, trad. Simone Weil). De ce temps jusqu’à nous, tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi

1072 urt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre histoire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la di

1073 loi constitutive de notre histoire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la diversité, et la coexistence fécon

1074 des contraires. La Grèce invente la cité (polis, d’ où politique, dans toutes nos langues Politik, policy, politique, etc.

1075 aussi l’analyse, et la poursuit jusqu’aux notions de l’atome matériel et de l’atome humain, l’individu. D’où les excès ana

1076 poursuit jusqu’aux notions de l’atome matériel et de l’atome humain, l’individu. D’où les excès anarchisants, qui créent l

1077 ’atome matériel et de l’atome humain, l’individu. D’ où les excès anarchisants, qui créent le vide social des grandes ville

1078 erselle jusqu’à l’irrémédiable Ennui, malgré plus de deux cents jours fériés sous Dioclétien. Le vide de l’âme, inoccupée,

1079 deux cents jours fériés sous Dioclétien. Le vide de l’âme, inoccupée, appelle les tempêtes de l’esprit. Le christianisme

1080 Le vide de l’âme, inoccupée, appelle les tempêtes de l’esprit. Le christianisme apporte alors un troisième monde de valeur

1081 Le christianisme apporte alors un troisième monde de valeurs, parfois mal compatibles avec celles de la sagesse grecque, s

1082 e de valeurs, parfois mal compatibles avec celles de la sagesse grecque, souvent contraires à celles de Rome. À la morale

1083 e la sagesse grecque, souvent contraires à celles de Rome. À la morale grecque de la mesure comme à la morale romaine de l

1084 contraires à celles de Rome. À la morale grecque de la mesure comme à la morale romaine de la raison utilitaire, l’Évangi

1085 le grecque de la mesure comme à la morale romaine de la raison utilitaire, l’Évangile oppose les élans de l’amour sans cal

1086 la raison utilitaire, l’Évangile oppose les élans de l’amour sans calcul ; au droit de la force, le service du prochain ;

1087 sacrifice pour ceux qu’on aime. De plus, le dogme de l’Incarnation porte à l’extrême la dialectique héraclitéenne de la co

1088 on porte à l’extrême la dialectique héraclitéenne de la coexistence des contraires, lorsque les conciles de Nicée puis de

1089 coexistence des contraires, lorsque les conciles de Nicée puis de Chalcédoine formulent la définition de la Personne de J

1090 es contraires, lorsque les conciles de Nicée puis de Chalcédoine formulent la définition de la Personne de Jésus-Christ co

1091 Nicée puis de Chalcédoine formulent la définition de la Personne de Jésus-Christ comme « vrai Dieu et vrai homme à la fois

1092 halcédoine formulent la définition de la Personne de Jésus-Christ comme « vrai Dieu et vrai homme à la fois, sans confusio

1093 s et nos institutions. Elle est donc constitutive de notre culture commune, et elle est restituée par celle-ci à tous les

1094 e est restituée par celle-ci à tous les Européens de tous les âges, s’il est vrai que la culture représente « l’ensemble d

1095 semble des informations non génétiques transmises de génération en génération » selon la belle définition de l’écologiste

1096 ération en génération » selon la belle définition de l’écologiste Paul Ehrlich. Mais ce n’est pas tout. Avec les trois sou

1097 le droit communautaire et personnel, les valeurs d’ honneur et de fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formu

1098 munautaire et personnel, les valeurs d’honneur et de fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formuler les princ

1099 s d’honneur et de fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formuler les principes du fédéralisme. Et les Celtes

1100 e fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formuler les principes du fédéralisme. Et les Celtes nous lèguent leu

1101 fédéralisme. Et les Celtes nous lèguent leur sens de l’imaginaire et du rêve, rédemption de l’échec historique, et le gran

1102 leur sens de l’imaginaire et du rêve, rédemption de l’échec historique, et le grand thème de la Quête aventureuse, symbol

1103 demption de l’échec historique, et le grand thème de la Quête aventureuse, symbole mystique. Le trésor des symboles de l’

1104 ureuse, symbole mystique. Le trésor des symboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcenda

1105 mbole mystique. Le trésor des symboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcendante, l’Ili

1106 Le trésor des symboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcendante, l’Iliade et l’Odyssée

1107 mboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcendante, l’Iliade et l’Odyssée, puis l’Énéide,

1108 ’Énéide, les Eddas, les Nibelungen, et les tomans de la Table ronde, jouent dès lors un rôle comparable à celui de la trag

1109 ronde, jouent dès lors un rôle comparable à celui de la tragédie grecque et de la Bible judéo-chrétienne : grands textes é

1110 rôle comparable à celui de la tragédie grecque et de la Bible judéo-chrétienne : grands textes éducateurs de la psyché ind

1111 Bible judéo-chrétienne : grands textes éducateurs de la psyché individuelle et collective, des désirs du cœur, des passion

1112 des désirs du cœur, des passions et des volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent

1113 ions et des volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’ amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des troubadou

1114 es volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des troubadours du xii

1115 oèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des troubadours du xii e siècle. Tous nos romans dérivant

1116 ’Anglo-Normand Béroul, dans la mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’

1117 a mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’inconscient, a inspiré la poé

1118 e vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’inconscient, a inspiré la poésie anglaise moderne,

1119 Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’inconscient, a inspiré la poésie anglaise moderne, les comédies de

1120 inspiré la poésie anglaise moderne, les comédies de Shakespeare, les opéras de Wagner, les récits oniriques du surréalism

1121 moderne, les comédies de Shakespeare, les opéras de Wagner, les récits oniriques du surréalisme, la part du rêve dans la

1122 ’Espagne médiévale, l’une des sources principales de la lyrique des troubadours, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’

1123 s principales de la lyrique des troubadours, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’on croit le sentir en Occident ? Et

1124 lave dès la fin du xix e siècle ? Enfin, l’apport de l’Afrique noire, les masques, le jazz, le rock et les negro-spirituel

1125 de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres »n L’unité de la culture européenne r

1126 oût de différer les uns des autres »n L’unité de la culture européenne résulte donc non seulement de la confluence d’a

1127 la culture européenne résulte donc non seulement de la confluence d’apports divers, mais aussi des conflits permanents qu

1128 éenne résulte donc non seulement de la confluence d’ apports divers, mais aussi des conflits permanents qu’ils entretiennen

1129 s qu’ils entretiennent. Beaucoup sont donc tentés d’ en conclure à la nécessité d’une unification culturelle imposée comme

1130 oup sont donc tentés d’en conclure à la nécessité d’ une unification culturelle imposée comme préalable à toute union polit

1131 ires et leurs stéréotypes nationalistes, beaucoup d’ Européens répètent que les contrastes entre Allemands et Français, ins

1132 aux coutumes civiques, qu’ils nous interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moins assez consistan

1133 qu’ils nous interdiraient de croire à l’existence d’ une unité de culture, du moins assez consistante pour servir de fondem

1134 interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moins assez consistante pour servir de fondement à une év

1135 e culture, du moins assez consistante pour servir de fondement à une éventuelle union politique. Sur quoi, tout en restan

1136 politique. Sur quoi, tout en restant sur le plan de la culture, on peut observer : 1° Que les différences de langue, de r

1137 ulture, on peut observer : 1° Que les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre B

1138 peut observer : 1° Que les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Als

1139  : 1° Que les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Alsaciens et Pro

1140 les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Alsaciens et Provençaux,

1141 s de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Alsaciens et Provençaux, Souabes et Prus

1142 et Siciliens, ou encore entre pâtres catholiques de l’Appenzell et banquiers protestants de Genève n’ont pas empêché l’un

1143 tholiques de l’Appenzell et banquiers protestants de Genève n’ont pas empêché l’unification nationale de la France, de l’A

1144 Genève n’ont pas empêché l’unification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, ni la fédération des cantons

1145 pas empêché l’unification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, ni la fédération des cantons suisses — pas

1146 ification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, ni la fédération des cantons suisses — pas plus que cette u

1147 re-plan millénaire sur lequel se détachent l’idée de la personne, la lutte contre le destin, l’acceptation du temps et don

1148 contre le destin, l’acceptation du temps et donc de l’histoire, l’affirmation de la dignité de l’homme, valeurs fondament

1149 ion du temps et donc de l’histoire, l’affirmation de la dignité de l’homme, valeurs fondamentales et spécifiques de l’Euro

1150 t donc de l’histoire, l’affirmation de la dignité de l’homme, valeurs fondamentales et spécifiques de l’Europe. 3° Et qu’e

1151 de l’homme, valeurs fondamentales et spécifiques de l’Europe. 3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses et si jalo

1152 voir, précisément, comme une première définition de l’Europe. Rien de plus commun à tous les Européens que leur goût de d

1153 de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres, de se distinguer du voisin, de cultiver

1154 ens que leur goût de différer les uns des autres, de se distinguer du voisin, de cultiver chacun sa singularité, jusqu’à y

1155 r les uns des autres, de se distinguer du voisin, de cultiver chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’être. L’Eu

1156 r chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’ être. L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste c

1157 er soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’ une seule nation du grand complexe continental dont il révèle ainsi qu

1158 onales ? La culture une et diverse des peuples de ce continent n’a pris conscience d’être européenne et non plus univer

1159 e des peuples de ce continent n’a pris conscience d’ être européenne et non plus universelle qu’à partir de la chute de Con

1160 e et non plus universelle qu’à partir de la chute de Constantinople (1453) et plus encore au lendemain des Grandes Découve

1161 lendemain des Grandes Découvertes. Ses facteurs d’ unité fondamentale, puissamment confirmés par la redécouverte de l’Ant

1162 entale, puissamment confirmés par la redécouverte de l’Antiquité et par la diffusion des Écritures imprimées va compenser

1163 ritures imprimées va compenser durant les siècles de l’absolutisme — de la Réforme à la Révolution — les phénomènes de div

1164 a compenser durant les siècles de l’absolutisme —  de la Réforme à la Révolution — les phénomènes de diversification nation

1165 — de la Réforme à la Révolution — les phénomènes de diversification nationale : en 1539, par l’édit de Villers-Cotterêts,

1166 nes de diversification nationale : en 1539, par l’ édit de Villers-Cotterêts, François 1er impose le français comme seule lan

1167 e diversification nationale : en 1539, par l’édit de Villers-Cotterêts, François 1er impose le français comme seule langue

1168 ngue officielle dans son royaume (contre le latin de l’Église et des traités, mais aussi contre les langues différentes de

1169 faits. Le 14 janvier 1790, la Constituante décide de faire traduire les nouvelles lois, rédigées en français de Paris, dan

1170 traduire les nouvelles lois, rédigées en français de Paris, dans les langues usitées en Bretagne, Alsace, Corse, Roussillo

1171  l’emploi du français comme langue administrative de l’Ancien Régime est une conséquence du despotisme, et que l’esprit ré

1172 l’esprit révolutionnaire doit trouver les moyens de tempérer cette espèce d’aristocratie du langage. » Quatre ans plus ta

1173 doit trouver les moyens de tempérer cette espèce d’ aristocratie du langage. » Quatre ans plus tard, la Commune de Paris r

1174 ie du langage. » Quatre ans plus tard, la Commune de Paris règne à la place du roi, qu’elle a tué. Barère déclare à la Con

1175 1794 : « La langue française doit être le ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une, comme la République.

1176 une, comme la République. » Quant aux 13 millions d’ individus qui, selon l’abbé Grégoire, ne comprennent pas le français (

1177 goire, ne comprennent pas le français (c’est plus de la moitié de la population), ils n’ont qu’à retourner à l’école. Et B

1178 prennent pas le français (c’est plus de la moitié de la population), ils n’ont qu’à retourner à l’école. Et Barère poursui

1179 tion parlent bas-breton, l’émigration et la haine de la République parlent allemand, la contre-révolution parle italien3,

1180 fanatisme parle basque. » Les résultats culturels de cette imposition d’uniformité par la force — cette force est ici Bona

1181 ue. » Les résultats culturels de cette imposition d’ uniformité par la force — cette force est ici Bonaparte — ne tarderont

1182 à se manifester : tout ce qui porte encore un nom de créateur quitte la France de Napoléon (Mme de Staël, Benjamin Constan

1183 expliquent sans doute que certains nationalistes d’ aujourd’hui redoutent qu’une Europe fédérée applique à leur France et

1184 nt : sur le sens du fédéralisme et sur la réalité d’ une culture nationale. La fédération est la forme d’union qui par déf

1185 ne culture nationale. La fédération est la forme d’ union qui par définition respecte les diversités, garantit les autonom

1186 antit les autonomies, et interdit toute tentative d’ uniformisation culturelle. Voir la Confédération suisse, avec ses 26 É

1187 où l’on parle en toute liberté quatre langues et d’ innombrables dialectes. Voir aussi l’actuel projet de Constitution féd

1188 nnombrables dialectes. Voir aussi l’actuel projet de Constitution fédéraliste de la Belgique. Quant aux « cultures nationa

1189 aussi l’actuel projet de Constitution fédéraliste de la Belgique. Quant aux « cultures nationales », il m’est arrivé plus

1190 aux « cultures nationales », il m’est arrivé plus d’ une fois de nier purement et simplement leur existence, pour la raison

1191 res nationales », il m’est arrivé plus d’une fois de nier purement et simplement leur existence, pour la raison que la cul

1192 pour la raison que la culture en Europe a précédé de mille à deux mille ans le phénomène de l’État-nation centralisé. J’av

1193 a précédé de mille à deux mille ans le phénomène de l’État-nation centralisé. J’avais tort en ceci que nos États-nations

1194 en ceci que nos États-nations tentent bel et bien de créer par décrets ces « cultures nationales » synthétiques, et ont pa

1195 espotique », comme on disait en 1790. Par la cour de Versailles dès le xvii e siècle, par l’École et la presse, par les tr

1196 isien à la culture dans l’Hexagone. C’est au prix d’ un appauvrissement très certain de la langue, qui se mesure par la com

1197 . C’est au prix d’un appauvrissement très certain de la langue, qui se mesure par la comparaison du vocabulaire de Montaig

1198 , qui se mesure par la comparaison du vocabulaire de Montaigne avec celui de Voltaire. Il en va de même — mais c’est beauc

1199 omparaison du vocabulaire de Montaigne avec celui de Voltaire. Il en va de même — mais c’est beaucoup moins grave — de l’a

1200 en va de même — mais c’est beaucoup moins grave —  de l’accent oxonien de la « culture britannique » et du Hochdeutsch dans

1201 c’est beaucoup moins grave — de l’accent oxonien de la « culture britannique » et du Hochdeutsch dans les pays germanopho

1202 nt qu’on les enseigne. Si elles s’évaporent, rien de ce qui compte vraiment ne sera perdu. En revanche, la fédération cont

1203 qui ont toujours été les deux éléments dynamiques de la culture en Europe. V. Foyers locaux, courants continentaux T

1204 continentaux Toutes les créations culturelles de l’Europe, sans une seule exception, sont nées dans les foyers locaux,

1205 es cours « éclairées » ou un peu folles, sociétés de pensée, communautés de travail, etc. Des noms ? Padoue, Mantoue, Sie

1206 ou un peu folles, sociétés de pensée, communautés de travail, etc. Des noms ? Padoue, Mantoue, Sienne, Florence et Venise

1207 s et Milan, puis les cités rhénanes et flamandes, de Bâle à Bruges, mais aussi Tolède et Poitiers, Oxford et Prague ; plus

1208 ngen et Göttingen… Là naissent les grandes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont travers

1209 ingen… Là naissent les grandes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont traverser toute l’E

1210 ssent les grandes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont traverser toute l’Europe, du Sud

1211 ndes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont traverser toute l’Europe, du Sud au Nord par

1212 rile, mais que (pour citer à nouveau Héraclite) «  de la coexistence des contraires procède la plus belle harmonie », la cr

1213 s procède la plus belle harmonie », la créativité de la culture. De cela notre époque a fourni deux illustrations mémorabl

1214 us belle harmonie », la créativité de la culture. De cela notre époque a fourni deux illustrations mémorables, je veux par

1215 rni deux illustrations mémorables, je veux parler de Vienne et de Paris, foyers locaux des grands courants de pensée et d’

1216 strations mémorables, je veux parler de Vienne et de Paris, foyers locaux des grands courants de pensée et d’art du xx e s

1217 ne et de Paris, foyers locaux des grands courants de pensée et d’art du xx e siècle. À la faveur de la coutume fédéraliste

1218 s, foyers locaux des grands courants de pensée et d’ art du xx e siècle. À la faveur de la coutume fédéraliste qui animait

1219 ts de pensée et d’art du xx e siècle. À la faveur de la coutume fédéraliste qui animait l’Empire austro-hongrois, la cultu

1220 . Il en a résulté dans la Vienne du premier tiers de notre siècle une floraison d’écoles qui influencera et transformera t

1221 ne du premier tiers de notre siècle une floraison d’ écoles qui influencera et transformera toute la culture européenne d’u

1222 ncera et transformera toute la culture européenne d’ une manière incomparable. Qu’il me suffise d’énumérer ici quelques exe

1223 enne d’une manière incomparable. Qu’il me suffise d’ énumérer ici quelques exemples célèbres : — la psychanalyse, avec Sigm

1224 is de Wittgenstein, Hilbert, Carnap, et plus tard de Karl Popper, qui va dominer la scène universitaire anglo-saxonne sous

1225 la scène universitaire anglo-saxonne sous le nom de logical positivism, nom que lui donnera son second père, Bertrand Rus

1226 s disciples et successeurs ; — enfin une pléiade de grands écrivains dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de

1227 e pléiade de grands écrivains dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de Rilke suffisent à rappeler l’importance 

1228 de grands écrivains dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de Rilke suffisent à rappeler l’importance : ils cara

1229 dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de Rilke suffisent à rappeler l’importance : ils caractérisent une époqu

1230 audel et Marcel Proust, et l’on baptisera « École de Paris » une génération de grands peintres et sculpteurs venus en réal

1231 l’on baptisera « École de Paris » une génération de grands peintres et sculpteurs venus en réalité de toute l’Europe à Mo

1232 de grands peintres et sculpteurs venus en réalité de toute l’Europe à Montmartre puis à Montparnasse : Picasso et Miró, Ch

1233 éens doit exprimer demain les réalités créatrices de leur culture commune, elle ne pourra que traduire en formes et en ins

1234 qui représente la systole et la diastole du cœur de l’Europe. Foyers locaux et grandes écoles continentales appellent au

1235 et la fédération ; les régions en deçà des cadres de l’État-nation, et la fédération au-delà de ces cadres. Ainsi, la natu

1236 cadres de l’État-nation, et la fédération au-delà de ces cadres. Ainsi, la nature même de l’unité fondamentale des Europée

1237 tion au-delà de ces cadres. Ainsi, la nature même de l’unité fondamentale des Européens, qui est leur culture une et diver

1238 rse, appelle et rend possible l’union des peuples de l’Europe dans le respect de leurs diversités. Les autonomies fédérée

1239 e l’union des peuples de l’Europe dans le respect de leurs diversités. Les autonomies fédérées : tel est le seul avenir c

1240 le seul avenir concevable — mais il est grand ! —  de ce « cap de l’Asie », notre Europe, dont dépend aujourd’hui plus que

1241 on à Bonaparte ? k. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1242 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 871. Une note manuscrite indique sur la

1243 Devise du régionalisme : point de libertés sans responsabilités (6 mai 1983)p Au printemps de 1983,

1244 ans responsabilités (6 mai 1983)p Au printemps de 1983, j’ai été invité à introduire la troisième rencontre d’Action so

1245 ai été invité à introduire la troisième rencontre d’ Action sociale romande, qui se tenait à Yverdon, sur le thème général

1246 de, qui se tenait à Yverdon, sur le thème général de la régionalisation et de l’autonomie communale. Ma conception de la r

1247 on, sur le thème général de la régionalisation et de l’autonomie communale. Ma conception de la région étant celle d’un « 

1248 sation et de l’autonomie communale. Ma conception de la région étant celle d’un « espace de participation civique » consti

1249 communale. Ma conception de la région étant celle d’ un « espace de participation civique » constitué par une « grappe de c

1250 conception de la région étant celle d’un « espace de participation civique » constitué par une « grappe de communes », je

1251 articipation civique » constitué par une « grappe de communes », je me suis souvenu, une fois de plus, en rédigeant mes no

1252 nt mes notes pour cette introduction, des travaux d’ Adolf Gasser sur les communes, qui avaient influencé dès l’avant-guerr

1253 uerre les groupes personnalistes, notamment celui de la revue L’Ordre nouveau , publiée par Arnaud Dandieu, Robert Aron,

1254 ert Aron, Daniel-Rops, Alexandre Marc et moi-même de 1933 jusqu’à la guerre. Sur ces notes, je rédige aujourd’hui un texte

1255 rd’hui un texte plus complet, que je suis heureux de pouvoir dédier au professeur Adolf Gasser, en témoignage de ma vive e

1256 dédier au professeur Adolf Gasser, en témoignage de ma vive et durable gratitude intellectuelle. I. Un espoir : les rég

1257 bonheur pour moi, plus encore qu’un honneur, que d’ être invité à introduire votre rencontre : elle se place en effet sous

1258 et des autonomies communales, et vous me proposez d’ y parler sur le couple indissociable de la liberté et de la responsabi

1259 e proposez d’y parler sur le couple indissociable de la liberté et de la responsabilité. Or, ce sont là précisément les mo

1260 rler sur le couple indissociable de la liberté et de la responsabilité. Or, ce sont là précisément les mots-clés de l’acti

1261 abilité. Or, ce sont là précisément les mots-clés de l’action que je mène, depuis des décennies, en tant qu’écrivain, mais

1262 ofesseur, mais non moins organisateur responsable d’ institutions culturelles et politiques, dédiées à la fédération des Eu

1263 s communes et les régions sont les organes vitaux de toute fédération, voyez la Suisse, et l’action que nous avons à mener

1264 pour une Europe fédérée est la première condition de la paix dans le monde d’aujourd’hui, c’est-à-dire pratiquement, de la

1265 st la première condition de la paix dans le monde d’ aujourd’hui, c’est-à-dire pratiquement, de la continuation de l’humani

1266 e monde d’aujourd’hui, c’est-à-dire pratiquement, de la continuation de l’humanité. Ce monde d’aujourd’hui tel qu’il va, e

1267 ui, c’est-à-dire pratiquement, de la continuation de l’humanité. Ce monde d’aujourd’hui tel qu’il va, et tel que le caract

1268 ement, de la continuation de l’humanité. Ce monde d’ aujourd’hui tel qu’il va, et tel que le caractérise sa crise, pour la

1269 terrorisme partout comme en écho à « l’équilibre de la terreur » — équilibre entretenu par les Deux Grands, comme pour se

1270 ar les Deux Grands, comme pour se donner le temps de mieux préparer les armements requis par cette guerre nucléaire qui me

1271 ivilisations, — ce monde offre bien peu de motifs d’ espoir. J’en distingue un toutefois — peut-être un seul — qui serait l

1272 le réarrangement (et non pas « l’organisation ») de nos sociétés, non plus sous la dictée des États-nations animés par le

1273 dictée des États-nations animés par leur volonté de puissance et donc implicitement de guerre, mais sur la base de commun

1274 r leur volonté de puissance et donc implicitement de guerre, mais sur la base de communautés vivantes, animées par une sol

1275 et donc implicitement de guerre, mais sur la base de communautés vivantes, animées par une solidarité humaine génératrice

1276 s, animées par une solidarité humaine génératrice de paix. Et cet espoir s’appelle : régions. II. Pourquoi des régions 

1277 es régions ? Que ceci soit dit bien clairement d’ entrée de jeu : par le terme de régions, je n’entends pas des ethnies

1278 s ? Que ceci soit dit bien clairement d’entrée de jeu : par le terme de régions, je n’entends pas des ethnies qui serai

1279 it bien clairement d’entrée de jeu : par le terme de régions, je n’entends pas des ethnies qui seraient tentées de devenir

1280 je n’entends pas des ethnies qui seraient tentées de devenir des mini États-nations (exemple basque) ; ni des entités défi

1281 ditionnel ou économique ; mais bien : des espaces de participation civique constitués par des grappes de communes. Comment

1282 participation civique constitués par des grappes de communes. Comment justifier mon espoir ? Pourquoi des régions ? Je va

1283 la guerre nucléaire est le devoir le plus urgent de tous les hommes et femmes d’aujourd’hui. Or qui décide, déclare et fa

1284 evoir le plus urgent de tous les hommes et femmes d’ aujourd’hui. Or qui décide, déclare et fait les guerres ? Ce sont nos

1285 ratiques et militarisés, modèle Napoléon Ier, nés de la guerre et pour la guerre, uns-et-indivisibles dans leurs limites,

1286 s, aujourd’hui idéologiques ; soucieux avant tout de leur puissance et non des libertés de leurs sujets, et devenus si rig

1287 avant tout de leur puissance et non des libertés de leurs sujets, et devenus si rigides dans le carcan de leurs frontière

1288 eurs sujets, et devenus si rigides dans le carcan de leurs frontières que leur seul mode de contact est le choc. Il me par

1289 le carcan de leurs frontières que leur seul mode de contact est le choc. Il me paraît donc évident que la première condit

1290 rre qui serait la fin des hommes civilisés, c’est d’ empêcher de nuire ceux qui pourraient la déclencher et qui ne peuvent

1291 ait la fin des hommes civilisés, c’est d’empêcher de nuire ceux qui pourraient la déclencher et qui ne peuvent être que le

1292 ent être que les États-nations. Je ne propose pas de les détruire, c’est impossible. Je propose de les dépasser, à la fois

1293 pas de les détruire, c’est impossible. Je propose de les dépasser, à la fois par en haut et par en bas, et cela, c’est dev

1294 et par en bas, signifie régions. Prenons le cas de notre Europe : les deux guerres mondiales du xx e siècle sont nées du

1295 nationalismes absolutisés. La première condition d’ une paix mondiale serait donc l’union de nos peuples européens en une

1296 condition d’une paix mondiale serait donc l’union de nos peuples européens en une fédération si possible neutre, selon le

1297 utre, selon le modèle suisse. Or, il est aberrant d’ imaginer et impossible de réaliser une fédération qui se fonderait sur

1298 sse. Or, il est aberrant d’imaginer et impossible de réaliser une fédération qui se fonderait sur l’union des quelque 29 É

1299 imaginable qu’une fédération se fonde sur la base d’ entités absolument souveraines : ce serait une contradictio in termini

1300 erait une contradictio in terminis. L’État-nation de modèle napoléonien refuse toute délégation de souveraineté à quelque

1301 ion de modèle napoléonien refuse toute délégation de souveraineté à quelque entité plus globale que ce soit. Il constitue

1302 t même absolu, à toute union sincère et effective de nos peuples. Croire qu’une « Europe des nations » est possible, comme

1303 rasbourg et à Bruxelles et dans tous les discours de nos chefs d’État, c’est croire à la possibilité d’une « amicale des m

1304 e nos chefs d’État, c’est croire à la possibilité d’ une « amicale des misanthropes » — chose que l’on peut écrire ou dire,

1305 hropes, et dans ce cas vous refuserez l’idée même d’ une « amicale » ; ou bien vous désirez fonder une amicale, et dans ce

1306 cas vous n’êtes plus misanthropes. Une fédération de l’Europe n’est donc pensable et ne peut se fonder en réalité que sur

1307 it parfois, leur « subsidiarité ». Une fédération de l’Europe ne peut donc se fonder que sur des régions regroupées en féd

1308 ire continentales, qui éprouvent le double besoin de former une union assez grande pour tenir en respect leurs grands vois

1309 er vivre à leur manière après les avoir empêchées de mourir. Deuxième raison : mais écarter les causes évidentes d’une gu

1310 uxième raison : mais écarter les causes évidentes d’ une guerre (nucléaire, chimique, économique ou terroriste) n’est pas a

1311 ste) n’est pas assez. La paix n’est pas l’absence de guerre, on le sait. Il faut créer la paix et l’animer. Là encore, les

1312 ement parce qu’elles sont trop petites pour mener de grandes guerres, mais surtout parce qu’elles ont les dimensions juste

1313 ier la vie sociale, communautaire. Cette question de dimension me paraît primordiale. De nombreux observateurs de nos soci

1314 ette question de dimension me paraît primordiale. De nombreux observateurs de nos sociétés actuelles — sociologues, économ

1315 n me paraît primordiale. De nombreux observateurs de nos sociétés actuelles — sociologues, économistes, politologues ou si

1316 s ou simplement philosophes — ont observé ce fait d’ importance décisive : c’est que nos États-nations sont presque tous à

1317 s sont trop grands pour animer et vivifier la vie de leurs communes et de leurs régions. III. Responsabilité et liberté

1318 ur animer et vivifier la vie de leurs communes et de leurs régions. III. Responsabilité et liberté Les régions ont t

1319 ont toujours eu les dimensions que tous les sages de la politique, d’Aristote à nos jours en passant par J.-J. Rousseau, n

1320 es dimensions que tous les sages de la politique, d’ Aristote à nos jours en passant par J.-J. Rousseau, n’ont cessé de pré

1321 jours en passant par J.-J. Rousseau, n’ont cessé de préconiser : elles doivent être « à la taille de l’homme », « à haute

1322 de préconiser : elles doivent être « à la taille de l’homme », « à hauteur d’homme », comme nous le disions dans le mouve

1323 vent être « à la taille de l’homme », « à hauteur d’ homme », comme nous le disions dans le mouvement personnaliste des ann

1324 années 1930, c’est-à-dire relativement petites, «  de médiocre étendue » selon Jean-Jacques. Aristote, dans sa Politique, t

1325 tote, dans sa Politique, tient que les dimensions de la polis, c’est-à-dire de la cité, premier modèle de l’État, ne doive

1326 ient que les dimensions de la polis, c’est-à-dire de la cité, premier modèle de l’État, ne doivent pas excéder celles d’un

1327 la polis, c’est-à-dire de la cité, premier modèle de l’État, ne doivent pas excéder celles d’un territoire et d’une popula

1328 r modèle de l’État, ne doivent pas excéder celles d’ un territoire et d’une population dont les hommes libres, les citoyens

1329 ne doivent pas excéder celles d’un territoire et d’ une population dont les hommes libres, les citoyens peuvent tous s’ass

1330 agora dont la grandeur soit définie par la portée de la voix d’un orateur « qui ne soit pas nécessairement Stentor ». Ving

1331 la grandeur soit définie par la portée de la voix d’ un orateur « qui ne soit pas nécessairement Stentor ». Vingt-et-un siè

1332 ait dans l’esprit, il l’a dit ailleurs, l’exemple de la République de Genève, dont les quelque trois mille citoyens pouvai

1333 tard, dans ses Considérations sur le gouvernement de Pologne, Rousseau revient avec insistance sur l’importance des dimens

1334 t avec insistance sur l’importance des dimensions de l’État non seulement pour la démocratie, mais pour la paix : Grandeu

1335 pour gouverner les grandes nations. Et Rousseau de prévenir l’objection qu’on va lui faire : « Mais si la cité est très

1336 « comment on peut réunir la puissance extérieure d’ un grand peuple avec le bon ordre d’un petit État ». IV. « Le règne

1337 ce extérieure d’un grand peuple avec le bon ordre d’ un petit État ». IV. « Le règne du civisme »q Que devons-nous e

1338 dans la cité, sinon le règne du civisme, qui naît de la juste relation entre la liberté et la responsabilité, en couple in

1339 bilité, en couple indissociable. Que la condition de la liberté des hommes soit leur responsabilité dans la communauté, c’

1340 ns l’anarchie. Inversement, que la responsabilité d’ un homme ne soit réelle que dans la seule mesure où il agit librement,

1341 cat peut démontrer qu’il a tué sous la contrainte d’ une crise de démence, il sera sans doute acquitté4. Or seule une peti

1342 ontrer qu’il a tué sous la contrainte d’une crise de démence, il sera sans doute acquitté4. Or seule une petite communaut

1343 le une petite communauté peut permettre à la voix d’ un citoyen d’être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire

1344 communauté peut permettre à la voix d’un citoyen d’ être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire en connaissa

1345 permettre à la voix d’un citoyen d’être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire en connaissance de cause. Le

1346 n d’être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire en connaissance de cause. Le fracas de la « grande ville » é

1347 t de le faire en connaissance de cause. Le fracas de la « grande ville » étouffe tout, à commencer par l’exercice du civis

1348 grandes dimensions « nationales » en font autant. D’ où la phrase si souvent entendue : « Moi, je ne fais pas de politique,

1349 hrase si souvent entendue : « Moi, je ne fais pas de politique, de toute façon mon vote se perdrait dans la masse, ça ne c

1350 nt entendue : « Moi, je ne fais pas de politique, de toute façon mon vote se perdrait dans la masse, ça ne changerait rien

1351 la région, et là seulement, on peut agir : voter d’ une manière utile, choisir et assumer ses responsabilités, proposer de

1352 tout faire dépendre des décisions du « centre », de la capitale, d’en haut. Or tout doit dépendre au contraire du civisme

1353 ndre des décisions du « centre », de la capitale, d’ en haut. Or tout doit dépendre au contraire du civisme, d’en bas, de l

1354 t. Or tout doit dépendre au contraire du civisme, d’ en bas, de la communauté. Le grand géographe français du siècle dernie

1355 doit dépendre au contraire du civisme, d’en bas, de la communauté. Le grand géographe français du siècle dernier, Vidal d

1356 nnaître par une action volontaire, au double sens de volonté et de volontariat. V. Compétences locales et régionales

1357 e action volontaire, au double sens de volonté et de volontariat. V. Compétences locales et régionales Mais venons-e

1358 ocales et régionales Mais venons-en au concret de l’affaire. Ce qui suscite une région, la caractérise et en définit l’

1359 tâches dont les dimensions correspondent à celles de telle ou telle communauté. Cela paraît compliqué, et ce l’est très so

1360 ile à illustrer si l’on prend l’exemple des voies de communication : à la commune, les chemins vicinaux ; à la région les

1361 es. Ou l’exemple des eaux : à la commune l’amener d’ eau dans les maisons et les mesures d’épuration ; à la région, la prot

1362 ne l’amener d’eau dans les maisons et les mesures d’ épuration ; à la région, la protection des rivières et des lacs contre

1363 ce lac le plus vaste, mais aussi le plus profond d’ Europe, menacé d’eutrophisation irréversible d’ici quelques années, sa

1364 aste, mais aussi le plus profond d’Europe, menacé d’ eutrophisation irréversible d’ici quelques années, sauf intervention i

1365 s, sauf intervention immédiate) ; aux fédérations de régions d’échelles nationales ou continentales, la protection des fle

1366 ervention immédiate) ; aux fédérations de régions d’ échelles nationales ou continentales, la protection des fleuves tels q

1367 mondiale la protection des océans (déjà couverts d’ un « film » d’hydrocarbures diminuant l’évaporation et menaçant de cau

1368 rotection des océans (déjà couverts d’un « film » d’ hydrocarbures diminuant l’évaporation et menaçant de causer des sécher

1369 hydrocarbures diminuant l’évaporation et menaçant de causer des sécheresses continentales). Mais il y a plus : à l’échelle

1370 es continentales). Mais il y a plus : à l’échelle de chaque région considérée comme « grappe de communes », et tout d’abor

1371 chelle de chaque région considérée comme « grappe de communes », et tout d’abord de chaque commune ou quartier de grande v

1372 rée comme « grappe de communes », et tout d’abord de chaque commune ou quartier de grande ville, s’imposent des tâches com

1373  », et tout d’abord de chaque commune ou quartier de grande ville, s’imposent des tâches communautaires auxquelles chacun

1374 vent participer utilement, et qui sont créatrices de région. Commençons par ce qui est lié de plus près au territoire d’un

1375 ons par ce qui est lié de plus près au territoire d’ une région naturelle : l’environnement. Les problèmes d’environnement,

1376 région naturelle : l’environnement. Les problèmes d’ environnement, dont les Européens ont enfin reconnu, depuis une ou deu

1377 aces et les petits commerçants. Deuxième exemple de problème dont la solution est surtout régionale : le chômage. Dans so

1378 chinisme et chômage, comme dans une suite récente d’ articles au Monde , Alfred Sauvy, qui n’est pas connu pour ses tendan

1379 est pourtant à ses yeux « le mal impardonnable » de notre société industrielle, n’en est pas moins un faux problème. Selo

1380 un faux problème. Selon lui, « 30 à 40 milliards d’ heures de travail » attendent aujourd’hui leurs hommes. Il donne des e

1381 problème. Selon lui, « 30 à 40 milliards d’heures de travail » attendent aujourd’hui leurs hommes. Il donne des exemples à

1382 France, et qui pourrait y employer des centaines de milliers de personnes de tous âges. Et enfin, mon troisième exemple e

1383 qui pourrait y employer des centaines de milliers de personnes de tous âges. Et enfin, mon troisième exemple est le plus é

1384 y employer des centaines de milliers de personnes de tous âges. Et enfin, mon troisième exemple est le plus évident, ici e

1385 ui des activités diversifiées qu’englobe le terme d’ action sociale, qui n’est jamais aux dimensions d’un État national, to

1386 d’action sociale, qui n’est jamais aux dimensions d’ un État national, toujours à celle d’une commune ou d’une grappe de co

1387 x dimensions d’un État national, toujours à celle d’ une commune ou d’une grappe de communes — d’une région. VI. Chances

1388 État national, toujours à celle d’une commune ou d’ une grappe de communes — d’une région. VI. Chances de la région dan

1389 l, toujours à celle d’une commune ou d’une grappe de communes — d’une région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’

1390 celle d’une commune ou d’une grappe de communes —  d’ une région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’aujourd’hui

1391 grappe de communes — d’une région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’aujourd’hui Mais enfin, me dira-t-on, qu

1392 région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’ aujourd’hui Mais enfin, me dira-t-on, quelles sont les chances de r

1393 ais enfin, me dira-t-on, quelles sont les chances de réalisation en temps utile, de votre utopie des régions ? Quelques r

1394 s sont les chances de réalisation en temps utile, de votre utopie des régions ? Quelques rappels de la situation présente

1395 , de votre utopie des régions ? Quelques rappels de la situation présente dans neuf pays de l’Europe de l’Ouest me suffir

1396 s rappels de la situation présente dans neuf pays de l’Europe de l’Ouest me suffiront pour illustrer le « phénomène région

1397  ». Italie. La constitution adoptée au lendemain de la guerre et de la chute du fascisme prévoyait la création de régions

1398 constitution adoptée au lendemain de la guerre et de la chute du fascisme prévoyait la création de régions autonomes et se

1399 et de la chute du fascisme prévoyait la création de régions autonomes et semi-autonomes (5 à statut spécial, 15 à statut

1400 dinaire). Pour la mise en fonction de ce chapitre de la Constitution de 1946, il a fallu attendre jusqu’en 1970 : on avait

1401 ise en fonction de ce chapitre de la Constitution de 1946, il a fallu attendre jusqu’en 1970 : on avait peur que le Parti

1402 ge, tous ont vu et admis que la région communiste de Bologne se comportait d’une manière exemplaire : les réalités communa

1403 que la région communiste de Bologne se comportait d’ une manière exemplaire : les réalités communales et régionales s’étaie

1404 t que les idéologies. J’ajouterai ceci, à l’éloge d’ un sens du compromis qui pourrait rendre même un Suisse jaloux : l’art

1405 pourrait rendre même un Suisse jaloux : l’art. 5 de la constitution italienne est ainsi conçu : « La République une et in

1406 Autriche. Dans cette République fédérale composée de provinces, la tendance générale est à la régionalisation de ses provi

1407 es, la tendance générale est à la régionalisation de ses provinces. Suisse. Les cantons ne sont qu’une première approxima

1408 Les cantons ne sont qu’une première approximation de régions qui se dessinent aujourd’hui par-dessus les frontières non se

1409 tonales, mais fédérales : les régions alpestres —  de Nice à Trieste — sont en train de chercher des formules neuves répond

1410 pécifiques. Il en va de même depuis une vingtaine d’ années déjà pour les régions transfrontalières, dont la Regio basilien

1411 une partie du land Bade-Wurtemberg). Les cantons de Genève, du Tessin et de Schaffhouse ont pris des initiatives plus ou

1412 -Wurtemberg). Les cantons de Genève, du Tessin et de Schaffhouse ont pris des initiatives plus ou moins analogues avec leu

1413 llemands. (Au total, 45 régions transfrontalières de formules très variées s’organisent aujourd’hui en Europe de l’Ouest.)

1414 Alliés pour « punir » l’Allemagne après la guerre d’ Hitler, ont abouti au « miracle économique » que l’on sait. Mais tous

1415 ice aux besoins régionaux. Belgique. La création de régions fédérées est la condition même de la survie d’une nation belg

1416 réation de régions fédérées est la condition même de la survie d’une nation belge. Les projets proposés se fondent notamme

1417 gions fédérées est la condition même de la survie d’ une nation belge. Les projets proposés se fondent notamment sur des so

1418 se fondent notamment sur des sous-régions formées de communes regroupées, qu’on a parfois voulu nommer des « fédérations d

1419 s, qu’on a parfois voulu nommer des « fédérations de pays ». Pays-Bas. Les 13 provinces traditionnelles se sont dotées d’

1420 . Les 13 provinces traditionnelles se sont dotées d’ organes de décentralisation administrative. Grande-Bretagne. Le grand

1421 rovinces traditionnelles se sont dotées d’organes de décentralisation administrative. Grande-Bretagne. Le grand problème

1422 ve. Grande-Bretagne. Le grand problème est celui de la « dévolution » progressive des pouvoirs centralisés par Londres à

1423 t. Espagne. La constitution adoptée au lendemain de l’ère franquiste présente des caractères fédéralistes très remarquabl

1424 les. Elle définit l’État espagnol comme une union de « Communidades autonomas » déjà existantes (telles la Catalogne, le P

1425 la Galice ont été dotées par un vote des Cortès, d’ un statut de communauté autonome, correspondant aux plus anciennes tra

1426 nt été dotées par un vote des Cortès, d’un statut de communauté autonome, correspondant aux plus anciennes traditions ibér

1427 en 1964, le gouvernement décrétait onze « régions de programme », premier pas vers une régionalisation plus poussée de la

1428 premier pas vers une régionalisation plus poussée de la République « une et indivisible », régionalisation en laquelle le

1429 aulle disait voir « la réforme la plus importante de cette fin du xxe siècle ». En 1981, le gouvernement socialiste compor

1430 , le gouvernement socialiste comporte un ministre d’ État chargé de la régionalisation. Des conseils régionaux sont élus, l

1431 ent socialiste comporte un ministre d’État chargé de la régionalisation. Des conseils régionaux sont élus, leurs compétenc

1432 voit : tout est en marche. Maintenant, il dépend de chacun de nous que cette évolution, qui va vers la paix par la libert

1433 ut est en marche. Maintenant, il dépend de chacun de nous que cette évolution, qui va vers la paix par la liberté et la re

1434 ne sur celle qui va vers la guerre par la volonté de puissance des États-nations. Vers la guerre signifiant au concret : v

1435 u continent européen. J’ajouterai que cela dépend de vous plus que de quiconque, animateurs de l’action sociale dans nos c

1436 éen. J’ajouterai que cela dépend de vous plus que de quiconque, animateurs de l’action sociale dans nos communes, là où se

1437 dépend de vous plus que de quiconque, animateurs de l’action sociale dans nos communes, là où se forme le tissu de la soc

1438 ociale dans nos communes, là où se forme le tissu de la société, à l’échelle de cette région qui formera l’unité de base d

1439 à où se forme le tissu de la société, à l’échelle de cette région qui formera l’unité de base d’une Europe fédérée, gage d

1440 , à l’échelle de cette région qui formera l’unité de base d’une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demande

1441 helle de cette région qui formera l’unité de base d’ une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demander si cel

1442 ormera l’unité de base d’une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demander si cela suffira, si cela réussira

1443 d’une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demander si cela suffira, si cela réussira : car ce n’est pas la

1444 etournent pour voir si on les suit. Tout dépendra de nous tous, de notre liberté gagée par notre prise de responsabilités.

1445 voir si on les suit. Tout dépendra de nous tous, de notre liberté gagée par notre prise de responsabilités. Il y a longte

1446 nous tous, de notre liberté gagée par notre prise de responsabilités. Il y a longtemps que je l’ai écrit, et c’est ici la

1447 je l’ai écrit, et c’est ici la meilleure occasion de le répéter : la décadence d’une société commence quand l’homme se dem

1448 a meilleure occasion de le répéter : la décadence d’ une société commence quand l’homme se demande : que va-t-il arriver ?

1449 re ? 4. Comme l’a montré, récemment, l’exemple de Louis Althusser qui avait étranglé sa femme de ses propres mains : la

1450 le de Louis Althusser qui avait étranglé sa femme de ses propres mains : la maladie mentale dont on le savait atteint ne l

1451 tale dont on le savait atteint ne l’empêchait pas de donner à l’École normale de Paris des cours célèbres sur le marxisme,

1452 nt ne l’empêchait pas de donner à l’École normale de Paris des cours célèbres sur le marxisme, mais a suffi pour empêcher

1453 après son crime. p. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1454 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 877. Ce texte a été publié en allemand :

1455 D’ où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? (à propos du CEC) (

1456 propos du CEC) (10 novembre 1983)r L’union de l’Europe nécessaire au monde autant qu’à l’Europe La crise Fo

1457 t qu’à l’Europe La crise Foyer millénaire de l’histoire universelle, pour le meilleur et pour le pire, ce complexe

1458 le, pour le meilleur et pour le pire, ce complexe de dynamismes contradictoires, d’impérialismes collectifs et de religion

1459 pire, ce complexe de dynamismes contradictoires, d’ impérialismes collectifs et de religions de la liberté personnelle qu’

1460 es contradictoires, d’impérialismes collectifs et de religions de la liberté personnelle qu’on nomme Europe, est aujourd’h

1461 oires, d’impérialismes collectifs et de religions de la liberté personnelle qu’on nomme Europe, est aujourd’hui menacé dan

1462 e Europe, est aujourd’hui menacé dans ses raisons d’ être et ses possibilités de persévérer dans son être. La situation pol

1463 enacé dans ses raisons d’être et ses possibilités de persévérer dans son être. La situation politique mondiale est en trai

1464 adis maîtres des trois-quarts des terres habitées de la Planète, les objets ou même les otages de la rivalité des deux Gra

1465 tées de la Planète, les objets ou même les otages de la rivalité des deux Grands. Inventeurs du colonialisme dès le xvi e

1466 s du colonialisme dès le xvi e siècle, mais aussi de la décolonisation au milieu du xx e, ils courent le risque d’être occ

1467 nisation au milieu du xx e, ils courent le risque d’ être occupés demain non seulement militairement, mais économiquement e

1468 ux. La crise mondiale actuelle est née des œuvres de l’Europe, qui a répandu sur toute la Terre ce qu’elle nomme aujourd’h

1469 ne civilisation technico-industrielle génératrice d’ idéaux de liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalis

1470 sation technico-industrielle génératrice d’idéaux de liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalisme libéra

1471 ielle génératrice d’idéaux de liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalisme libéral, mais aussi de commun

1472 e liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalisme libéral, mais aussi de communisme étatique, de loisirs vi

1473 impérialistes, de capitalisme libéral, mais aussi de communisme étatique, de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel,

1474 lisme libéral, mais aussi de communisme étatique, de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel, de richesses inouïes, m

1475 munisme étatique, de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel, de richesses inouïes, mais rongées par l’inflation, de

1476 de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel, de richesses inouïes, mais rongées par l’inflation, de justice sociale,

1477 richesses inouïes, mais rongées par l’inflation, de justice sociale, mais aussi de révoltes sans fin, de démocratie, mais

1478 s par l’inflation, de justice sociale, mais aussi de révoltes sans fin, de démocratie, mais aussi d’États totalitaires, d’

1479 justice sociale, mais aussi de révoltes sans fin, de démocratie, mais aussi d’États totalitaires, d’internationales, mais

1480 i de révoltes sans fin, de démocratie, mais aussi d’ États totalitaires, d’internationales, mais aussi de nationalismes sus

1481 , de démocratie, mais aussi d’États totalitaires, d’ internationales, mais aussi de nationalismes suscitant le terrorisme u

1482 États totalitaires, d’internationales, mais aussi de nationalismes suscitant le terrorisme universel. Issues possibles

1483 tant le terrorisme universel. Issues possibles de la crise Laissons de côté les plus « probables », au sens mathémat

1484 rsel. Issues possibles de la crise Laissons de côté les plus « probables », au sens mathématique du terme, qui sont 

1485 internationaux, jusqu’à la guerre nucléaire : fin de l’Histoire ; b) la survie et la domination de fait d’un des Grands à

1486 fin de l’Histoire ; b) la survie et la domination de fait d’un des Grands à la faveur d’une dégradation morale et matériel

1487 ’Histoire ; b) la survie et la domination de fait d’ un des Grands à la faveur d’une dégradation morale et matérielle sans

1488 la domination de fait d’un des Grands à la faveur d’ une dégradation morale et matérielle sans précédent de l’humanité « un

1489 e dégradation morale et matérielle sans précédent de l’humanité « unifiée » malgré elle au plus bas niveau moral et matéri

1490 st une au moins — la seule peut-être — qui dépend de l’Europe et des Européens : l’union fédérale de nos peuples, réalisée

1491 d de l’Europe et des Européens : l’union fédérale de nos peuples, réalisée par eux seuls, et à temps. À cette union s’oppo

1492 et à temps. À cette union s’oppose — depuis plus d’ un demi-siècle qu’on la préconise5 — le dogme de la souveraineté absol

1493 s d’un demi-siècle qu’on la préconise5 — le dogme de la souveraineté absolue des États-nations. Il est devenu parfaitement

1494 rfaitement clair qu’on ne peut pas fonder l’union de l’Europe sur la base de ces États-nations qui s’y opposent par nature

1495 e peut pas fonder l’union de l’Europe sur la base de ces États-nations qui s’y opposent par nature, en fait comme en princ

1496 ouloir. Toute union suppose l’existence préalable d’ une unité de base sur laquelle on puisse la construire. Cette unité ex

1497 e union suppose l’existence préalable d’une unité de base sur laquelle on puisse la construire. Cette unité existe : c’est

1498 rétiens prolongée par les Évangiles, institutions d’ État de l’Empire de Rome, coutumes communautaires des Germains, mythes

1499 te diversité constitutive distingue notre culture de celles des autres continents, dont les principes d’homogénéité sont c

1500 celles des autres continents, dont les principes d’ homogénéité sont connus : pour la plupart d’ordre religieux (brahmanis

1501 cipes d’homogénéité sont connus : pour la plupart d’ ordre religieux (brahmanisme, bouddhisme, islam, animisme…) Mais alors

1502 rée. L’Europe des nationalismes a été responsable de deux guerres mondialisées. Elle a été également — colonisation puis d

1503 veloppement du tiers-monde — l’agent mondialisant d’ une forme de culture technico-scientifique souvent incompatible avec l

1504 du tiers-monde — l’agent mondialisant d’une forme de culture technico-scientifique souvent incompatible avec les valeurs f

1505 es non européennes. Il appartient donc à l’Europe de proposer le modèle d’une société respectueuse des valeurs culturelles

1506 appartient donc à l’Europe de proposer le modèle d’ une société respectueuse des valeurs culturelles ; et d’abord, et plus

1507  ; et d’abord, et plus spécifiquement des valeurs de la communauté vivante, qui ne dépendent pas de l’État — simple servic

1508 rs de la communauté vivante, qui ne dépendent pas de l’État — simple service public — mais des personnes libres et respons

1509 ublic — mais des personnes libres et responsables de leurs communautés vivantes. C’est de l’ensemble de ces analyses et de

1510 responsables de leurs communautés vivantes. C’est de l’ensemble de ces analyses et de ces objectifs plus ou moins claireme

1511 e leurs communautés vivantes. C’est de l’ensemble de ces analyses et de ces objectifs plus ou moins clairement perçus par

1512 vivantes. C’est de l’ensemble de ces analyses et de ces objectifs plus ou moins clairement perçus par les mouvements euro

1513 ation du CEC Conception initiale Au début de mai 1948 se tient à La Haye le premier Congrès de l’Europe, dont le R

1514 de mai 1948 se tient à La Haye le premier Congrès de l’Europe, dont le Rapport culturel préconise la création d’un Centre

1515 e, dont le Rapport culturel préconise la création d’ un Centre européen de la culture. La résolution acceptée par le congrè

1516 e des débats décrit ainsi la nature et les tâches de l’organisme à créer : Le Congrès de l’Europe propose : La création d

1517 t les tâches de l’organisme à créer : Le Congrès de l’Europe propose : La création d’un organisme permanent qui aurait no

1518 r : Le Congrès de l’Europe propose : La création d’ un organisme permanent qui aurait notamment pour tâche d’étudier la co

1519 ganisme permanent qui aurait notamment pour tâche d’ étudier la constitution et les attributions d’un Centre européen de la

1520 che d’étudier la constitution et les attributions d’ un Centre européen de la culture. Constitué en toute indépendance des

1521 ntaux, cet organisme aurait pour mission générale de donner une voix à la conscience européenne. Le Centre européen de la

1522 de la culture aurait pour tâches immédiates : 1. D’ entretenir le sentiment de la communauté européenne par le moyen d’inf

1523 tâches immédiates : 1. D’entretenir le sentiment de la communauté européenne par le moyen d’informations et d’initiatives

1524 entiment de la communauté européenne par le moyen d’ informations et d’initiatives, dans le domaine de la presse, du livre,

1525 munauté européenne par le moyen d’informations et d’ initiatives, dans le domaine de la presse, du livre, du film et de la

1526 d’informations et d’initiatives, dans le domaine de la presse, du livre, du film et de la radio, mais aussi dans les étab

1527 ans le domaine de la presse, du livre, du film et de la radio, mais aussi dans les établissements d’enseignement scolaires

1528 t de la radio, mais aussi dans les établissements d’ enseignement scolaires, universitaires et populaires ; 2. D’offrir un

1529 ment scolaires, universitaires et populaires ; 2. D’ offrir un lieu de rencontre aux représentants de la culture, afin qu’i

1530 niversitaires et populaires ; 2. D’offrir un lieu de rencontre aux représentants de la culture, afin qu’ils puissent expri

1531 . D’offrir un lieu de rencontre aux représentants de la culture, afin qu’ils puissent exprimer un point de vue proprement

1532 estions intéressant la vie du continent, par voie d’ appels à l’opinion et aux gouvernements ; 3. D’exercer une action de

1533 e d’appels à l’opinion et aux gouvernements ; 3. D’ exercer une action de vigilance critique pour assurer ou restaurer la

1534 n et aux gouvernements ; 3. D’exercer une action de vigilance critique pour assurer ou restaurer la juste valeur des mots

1535 ots sans lesquels aucun pacte n’est possible ; Et de proclamer : a) le droit qu’a tout citoyen de connaître les faits brut

1536 ; Et de proclamer : a) le droit qu’a tout citoyen de connaître les faits bruts de l’actualité, indépendamment des interpré

1537 it qu’a tout citoyen de connaître les faits bruts de l’actualité, indépendamment des interprétations et des commentaires ;

1538 ires ; b) le devoir qui incombe aux gouvernements de laisser chaque communauté donner satisfaction à ce droit, indépendamm

1539 té donner satisfaction à ce droit, indépendamment de toute pression, de quelque nature qu’elle soit ; 4. De favoriser la l

1540 ion à ce droit, indépendamment de toute pression, de quelque nature qu’elle soit ; 4. De favoriser la libre circulation de

1541 ute pression, de quelque nature qu’elle soit ; 4. De favoriser la libre circulation des idées, des publications et des œuv

1542 n des idées, des publications et des œuvres d’art d’ un pays à l’autre ; 5. De faciliter la coordination des recherches sur

1543 ions et des œuvres d’art d’un pays à l’autre ; 5. De faciliter la coordination des recherches sur la condition de l’homme

1544 r la coordination des recherches sur la condition de l’homme européen au xx e siècle, en particulier dans les domaines de

1545 au xx e siècle, en particulier dans les domaines de la pédagogie, de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie

1546 en particulier dans les domaines de la pédagogie, de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie et du droit ; 6.

1547 les domaines de la pédagogie, de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie et du droit ; 6. D’appuyer tous les

1548 pédagogie, de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie et du droit ; 6. D’appuyer tous les efforts tendant à l

1549 la philosophie, de la sociologie et du droit ; 6. D’ appuyer tous les efforts tendant à la fédération des universités europ

1550 ion des universités européennes, et à la garantie de leur indépendance par rapport aux États et aux pressions politiques ;

1551 apport aux États et aux pressions politiques ; et de favoriser la collaboration étroite des corps enseignants, en vue nota

1552 n étroite des corps enseignants, en vue notamment de procéder à une révision des manuels d’histoire. Période préparato

1553 notamment de procéder à une révision des manuels d’ histoire. Période préparatoire C’est ici le lieu de rappeler qu

1554 re. Période préparatoire C’est ici le lieu de rappeler que durant les débats de la commission culturelle du congrès

1555 est ici le lieu de rappeler que durant les débats de la commission culturelle du congrès de La Haye, la proposition d’étab

1556 les débats de la commission culturelle du congrès de La Haye, la proposition d’établir le Centre à Genève a été formulée d

1557 culturelle du congrès de La Haye, la proposition d’ établir le Centre à Genève a été formulée de tous côtés, spontanément

1558 ition d’établir le Centre à Genève a été formulée de tous côtés, spontanément et sans rencontrer d’opposition notable. Au

1559 ée de tous côtés, spontanément et sans rencontrer d’ opposition notable. Au lendemain de la guerre, en effet, Genève, qui a

1560 ans rencontrer d’opposition notable. Au lendemain de la guerre, en effet, Genève, qui avait été le siège de la SDN, devena

1561 guerre, en effet, Genève, qui avait été le siège de la SDN, devenait le siège européen des Nations unies et d’une série d

1562 , devenait le siège européen des Nations unies et d’ une série d’institutions internationales telles que le BIT et l’OMS, m

1563 e siège européen des Nations unies et d’une série d’ institutions internationales telles que le BIT et l’OMS, mais aussi le

1564 es et le CICR, ou encore l’Association européenne de libre-échange et l’Union européenne de radiodiffusion. La décision re

1565 européenne de libre-échange et l’Union européenne de radiodiffusion. La décision relative au siège du CEC fut prise par le

1566 ve fin 1948, un organisme provisoire nommé Bureau d’ études pour un Centre européen de la culture. Le directeur en était De

1567 t le secrétaire général Raymond Silva. Le Bureau d’ étude pour un CEC, dès son entrée en fonction, organisa et convoqua po

1568 e en fonction, organisa et convoqua pour le début de décembre 1949 une Conférence européenne de la culture qui se tint à L

1569 début de décembre 1949 une Conférence européenne de la culture qui se tint à Lausanne. Elle étudia et définit les tâches

1570 , et adopta 23 résolutions, dont il vaut la peine de signaler que 21 ont été réalisées à ce jour. L’inauguration officiel

1571 eu le 7 octobre 1950 à Genève, sous la présidence de Salvador de Madariaga, en présence de délégués du Conseil de l’Europe

1572 . III. Objectifs et méthodes À l’occasion de cette cérémonie comme dans toutes les déclarations publiées à cette é

1573 rations publiées à cette époque, le CEC n’a cessé d’ affirmer qu’il était là pour servir dans le domaine culturel la cause

1574 là pour servir dans le domaine culturel la cause d’ une union fédérale de l’Europe, et non pour mettre la culture au servi

1575 le domaine culturel la cause d’une union fédérale de l’Europe, et non pour mettre la culture au service d’une politique, f

1576 ’Europe, et non pour mettre la culture au service d’ une politique, fût-elle « européiste » d’étiquette ou d’ambition. Le C

1577 service d’une politique, fût-elle « européiste » d’ étiquette ou d’ambition. Le CEC a été créé : — pour aider les Européen

1578 politique, fût-elle « européiste » d’étiquette ou d’ ambition. Le CEC a été créé : — pour aider les Européens à prendre con

1579 : — pour aider les Européens à prendre conscience de leur culture commune, de ses conséquences morales, sociales, économiq

1580 ens à prendre conscience de leur culture commune, de ses conséquences morales, sociales, économiques, et de la politique q

1581 s conséquences morales, sociales, économiques, et de la politique qui doit l’exprimer et la servir : la fédération des peu

1582 exprimer et la servir : la fédération des peuples de l’Europe ; — pour faire comprendre la nécessité vitale inhérente à ce

1583 re la nécessité vitale inhérente à cette culture, d’ entrer en dialogue avec les autres cultures vivantes de la Planète : A

1584 rer en dialogue avec les autres cultures vivantes de la Planète : Afrique noire, Monde arabe, Inde, Chine, Japon, Amérique

1585 iaux qui se posent au monde actuel tels que celui de l’adaptation ou non de chacune de ces cultures à la civilisation tech

1586 onde actuel tels que celui de l’adaptation ou non de chacune de ces cultures à la civilisation technico-industrielle née e

1587 tels que celui de l’adaptation ou non de chacune de ces cultures à la civilisation technico-industrielle née en Europe, e

1588 lle née en Europe, et aux conceptions européennes de l’État souverain et de son contraire, la libre fédération des peuples

1589 ux conceptions européennes de l’État souverain et de son contraire, la libre fédération des peuples ; — pour amener les cr

1590 les ; — pour amener les créateurs et les porteurs de la culture (théologiens, philosophes, psychologues, artistes, écrivai

1591 s, artistes, écrivains, enseignants et animateurs de médias) à participer à la construction d’une Europe unie enfin réalis

1592 mateurs de médias) à participer à la construction d’ une Europe unie enfin réalisable, c’est-à-dire fédérée dans ses divers