1 1980, Tapuscrits divers (1980-1985). [Entretien] Si nous continuons dans le même sens, nous allons vers un désastre général (5 juin 1980)
1 continuer, sans modification, ce qui se fait. Il serait vain d’essayer d’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de
2 confort, j’ai les plus grands doutes. Le confort est une conception qui est née d’une manière tout à fait obscure — à part
3 grands doutes. Le confort est une conception qui est née d’une manière tout à fait obscure — à partir de ce qu’on en dit d
4 blicité. Les Américains ont fini par croire qu’il était le fondement même, le but de la vie. La constitution américaine affir
5 lage d’énergie et je ne puis dire à quel point je suis contre la climatisation. Il y a beaucoup d’autres moyens de se débarr
6 barrasser de cet inconvénient peu considérable qu’ est l’excès de chaleur, dans nos pays. II. Voici les grandes question
7 nomies d’énergie, en particulier par l’isolation, est une des tâches immédiates et à moyen terme les plus importantes pour
8 e d’approvisionnement. Mais il me semble que nous sommes déjà en plein problème d’approvisionnement d’énergie, non pas que nou
9 pas que nous en manquions actuellement, mais nous sommes tout près d’en manquer par épuisement des ressources naturelles, non
10 des ressources naturelles, non renouvelables, qui sont le pétrole et l’uranium. Pour le pétrole, je me suis laissé dire par
11 t le pétrole et l’uranium. Pour le pétrole, je me suis laissé dire par des membres de la Commission du droit de la mer (ils
12 it de la mer (ils représentent des gouvernements, sont donc responsables) qu’il y a du pétrole offshore pour 500 ans, la que
13 y a du pétrole offshore pour 500 ans, la question étant une question d’écologie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et
14 on étant une question d’écologie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et de s’exposer à des accidents comme Ixtoc 2.
15 , c’est de la publicité pour le nucléaire. Cela a été presque avoué par un certain nombre de grands dirigeants des industri
16 nous avons l’énergie nucléaire ». Les vingt ans sont passés, et il y a encore du pétrole, on en a même découvert encore pl
17 ors, je me gratte la tête et je me demande : « Qu’ est -ce qu’on nous a raconté ? » « Est-ce qu’on y croyait vraiment et qu’o
18 demande : « Qu’est-ce qu’on nous a raconté ? » «  Est -ce qu’on y croyait vraiment et qu’on se trompait ? » Mais alors c’est
19 s c’est grave pour les appréciations futures ; ou est -ce qu’on n’y croyait pas du tout, et c’est encore plus grave, parce q
20  ? Le manque d’approvisionnement en électricité n’ est pas évident dans un pays comme la Suisse. Nous en avons à revendre, l
21 c’est qu’on a en tête une certaine politique qui est celle du nucléaire. Là, il me semble que des industries comme la vôtr
22 il y a 10-12 ans à Bruxelles au Marché commun) se sont révélées fausses. Quelques années plus tard, on a passé à « tous les
23 qui a suivi la soi-disant crise du pétrole — ce n’ était qu’une menace de crise du pétrole — , le conseiller fédéral Brugger a
24 nfirmant que le peuple suisse avait fait — sans y être forcé — 20 % d’économies de consommation d’électricité, par exemple e
25 e degré de température dans les appartements, qui était beaucoup trop élevé. On chauffait jusqu’à 25℃, on est descendu à 20℃,
26 beaucoup trop élevé. On chauffait jusqu’à 25℃, on est descendu à 20℃, ce qui est suffisant. Ainsi on donnait tort à toutes
27 uffait jusqu’à 25℃, on est descendu à 20℃, ce qui est suffisant. Ainsi on donnait tort à toutes les prévisions sur l’augmen
28 . Au haut de la page 4 de votre questionnaire, il est dit qu’il faut économiser l’énergie pour faire des économies de devis
29 des ressorts profonds de l’activité humaine, qui sont tout ce que l’homme peut sortir d’énergie de lui-même. Il y a là un p
30 mental. On nous dit : la population mondiale (qui est de quatre milliards) va doubler dans les 30 ans qui viennent ; il fau
31 ela représente beaucoup d’énergie ! Mais, on n’en tient aucun compte dans les prévisions ; on fait comme si toute l’énergie d
32 l’extérieur. Eh bien, une attitude de ce genre-là est extrêmement grave pour l’avenir de la race humaine. C’est peut-être e
33 nt ». Il me semble qu’il s’agit d’un terminal qui serait dans chaque ménage, comme on a aujourd’hui la télévision. Mais le tra
34 l’informatique sans qu’on en ajoute encore un qui serait de faire bricoler les émissions — je ne sais comment — par des gens q
35 soi, mais par l’usage que les hommes, tels qu’ils sont , seront amenés nécessairement à en faire par inertie, en position pas
36 ais par l’usage que les hommes, tels qu’ils sont, seront amenés nécessairement à en faire par inertie, en position passive — c
37 énergie de l’extérieur. Le « traitement » dont il est question ici par erreur (au lieu de réception) doit se faire dans not
38 qui devons retraiter tout ce que nous avons reçu. Sommes -nous en état de retraiter, de digérer toutes ces informations ? Voilà
39 rer toutes ces informations ? Voilà la question ! Est -ce que ce n’est pas pour le moment une pollution d’en avoir trop, com
40 nformations ? Voilà la question ! Est-ce que ce n’ est pas pour le moment une pollution d’en avoir trop, comme si on était o
41 moment une pollution d’en avoir trop, comme si on était obligé tout d’un coup de manger une tonne de viande en une semaine ?
42 temps d’accès à l’information : car notre cerveau est beaucoup plus lent que beaucoup de machines. Alors, à quoi cela sert-
43 le toucher et sans agir sur lui, ou bien qu’elle est de trop, qu’elle le brouille, qu’elle ajoute à l’obscurité ou à la di
44 ncore très peu traités. Quelques psychologues se sont mis à faire des mesures sur ces choses, mais le gros de l’effort se p
45 tres domaines comme celui de la guerre où il peut être très important de gagner par-ci par-là quelques millionièmes de secon
46 malheureusement ; ce qu’on appelle les « tours » est ce qu’il y a de plus énergivore au monde. On n’a jamais imaginé des m
47 ne me paraît pas la solution, de même que cela n’ est pas une solution de dire qu’à la fin du siècle — comme beaucoup de so
48 s cartes de géographies d’aujourd’hui, les villes sont des points noirs entourés de campagnes, ce sera l’inverse à ce moment
49 s sont des points noirs entourés de campagnes, ce sera l’inverse à ce moment-là. Il n’y aura presque que du noir et de temps
50 ’est impossible. C’est vraiment de l’utopie. Nous serons arrêtés par la force des choses, des résistances matérielles et de la
51 ir » : cela fait partie de ce grand système qui a été instauré par Ford à partir du début du siècle avec sa première usine
52 rs plus loin. On a créé à plaisir ce problème qui est devenu maintenant à peu près insoluble, qui se résume socialement par
53 homme avec la nature, des questions d’emploi, qui sont jugées à peu près de la même manière. Voyez les votes sur l’énergie n
54 l y a une très grande ressemblance entre ce qui s’ est passé en Suède et en Suisse. En revanche, le Danemark et les Pays-Bas
55 Bas ont banni le nucléaire, alors que leur régime est au fond très voisin de celui de la Suède et de la Suisse. Il me sembl
56 c’est une bonne direction en général ; mais ce n’ est pas du tout suffisant parce qu’il n’y a pas de prise de position sur
57 les pays européens et américains — que le chômage sera résorbé d’ici peu, on ne fait que du bruit avec la bouche, et on le s
58 évidemment énorme, le problème que cela pose. Qu’ est -ce qu’on va faire du temps libéré ? Comment va-t-on donner aux gens l
59 ent sentir ? Je peux vous donner un exemple qui n’ est pas suisse. J’habite le pays de Gex ; c’est un pays où, de Divonne à
60 e vous réparer une serrure. Il y en avait un, qui est en train de travailler chez moi. Il va s’en aller et prend du travail
61 e le remplacer. C’est un problème gigantesque qui sera le grand problème du xxi e siècle s’il n’y a pas une guerre avant qui
62 stèmes mi-socialistes, mi-libéraux que nous avons sont des moyens de retarder l’heure de vérité, l’heure de l’explication.
63 formes ? D’après les chiffres que je connais, il est tout à fait évident que le travail pour le maintien de l’environnemen
64 ou la lutte contre les pollutions déjà installées est un des moyens de répondre vraiment à la question de la suppression de
65 lié à l’environnement. Le recyclage des matériaux est à prendre très au sérieux. C’est une action du même ordre, dans mon i
66 en écologique qui maintient les équilibres et qui est réaliste, c’est-à-dire qui se modèle sur les réalités naturelles et p
67 ail technique, des techniques dures comme on dit, est un travail utopique, au sens étymologique du terme utopie : le u priv
68 topie : le u privatif et topos, le lieu. Utopique est ce qui se fait indépendamment du lieu, n’importe où. C’est une chose
69 ure, le respect des lois de l’écologie, tout cela est du réalisme, tout cela consiste à ordonner l’action de l’homme aux ré
70 probablement à un besoin profond de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort. Tout ce qui est
71 de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort. Tout ce qui est vivant et naturel est soumis à la m
72 rer, de ne pas être soumis à la mort. Tout ce qui est vivant et naturel est soumis à la mort, la mort étant une des conditi
73 umis à la mort. Tout ce qui est vivant et naturel est soumis à la mort, la mort étant une des conditions du renouveau de la
74 t vivant et naturel est soumis à la mort, la mort étant une des conditions du renouveau de la vie. L’homme a peur de la mort
75 arrivait à faire un homme presque robotisé, cela serait très bien parce qu’on vivrait toujours. C’est le comble de l’utopie.
76 e place très importante. Qu’en pensez-vous ? J’en suis persuadé et je dis : hélas ! parce que les robots sont surtout indisp
77 persuadé et je dis : hélas ! parce que les robots sont surtout indispensables dans le cas où l’on doit manier des substances
78 igeront. Progrès technologique Le bâtiment est un secteur qui a encore très peu bénéficié des transferts technologiq
79 mble que là, les plus grandes évolutions ont déjà été faites, sauf — si je comprends bien — pour des questions comme l’isol
80 félicite que la préfabrication des maisons ne se soit pas développée en Suisse, car à parcourir nos villages on est frappé
81 loppée en Suisse, car à parcourir nos villages on est frappé par l’impression de bien-être et de beauté qu’ils donnent, com
82 rication. Je m’en félicite, parce que cet habitat est fait pour nos climats. On pourrait certainement faire encore de grand
83 n isolation. Les questions de chauffage devraient être revues. Exigences croissantes du consommateur 1° Confort N
84 vue du confort, l’habitat de qualité de l’an 2000 serait sans commune mesure avec celui d’aujourd’hui. Qu’en pensez-vous ? Je
85 qu’on a inventée pour ne pas dire bonheur ou bien être qui serait beaucoup plus exigeante, mais non pas vérifiable. Le confo
86 nventée pour ne pas dire bonheur ou bien être qui serait beaucoup plus exigeante, mais non pas vérifiable. Le confort peut se
87 itesse de la voiture, choses mesurables, mais qui sont très loin de ce qu’évoque le terme de bien-être, ou de bonheur. Je co
88 ort, n’a jamais donné pour but à la vie humaine d’ être « confortable ». C’est une création de la publicité. Cela a commencé
89 généralisée de l’artisanat, du travail manuel qui est au fond le travail créateur. Tous les créateurs sont des manuels, dep
90 t au fond le travail créateur. Tous les créateurs sont des manuels, depuis celui qui fait des statues ou du modelage, ou de
91 par les mains. C’est très curieux que les robots soient sans mains et que leurs pinces remplacent les mains. Ils ne sont pas
92 et que leurs pinces remplacent les mains. Ils ne sont pas créateurs, ils ne font que déplacer des choses. Toute création pa
93 s mains ce qui voulait dire que la pensée devait être responsable de ses créations. Je citais une phrase de saint Thomas :
94 ent pas peur des robots. J’ai peur du fait qu’ils soient multipliés dans une société qui n’aurait pas pu résoudre ce problème 
95 ociété qui n’aurait pas pu résoudre ce problème ! Est -ce qu’on crée du loisir avec les machines ou du chômage ? Il se trouv
96 à l’époque, et qui s’appelait L’Ordre nouveau , était intitulé « Liberté ou chômage ». C’est donc une préoccupation très an
97 se, nous devrions faire beaucoup, car les Suisses sont un peuple d’artisans, même quand ils sont ouvriers, ils sont « qualif
98 Suisses sont un peuple d’artisans, même quand ils sont ouvriers, ils sont « qualifiés ». Il y a une qualification beaucoup p
99 ple d’artisans, même quand ils sont ouvriers, ils sont « qualifiés ». Il y a une qualification beaucoup plus grande du trava
100 étrangers avec un peu de condescendance, mais ils étaient évidemment moins préparés à bien finir les choses à la main. 3° Be
101 ue le besoin grandissant de sécurité provoquerait soit un regroupement en « villages », soit l’apparition d’un « marché de l
102 rovoquerait soit un regroupement en « villages », soit l’apparition d’un « marché de la peur » (systèmes de sécurité, blinda
103 t, mais de leur bonheur. Le « marché de la peur » est une espèce de prime à la lâcheté civique et à l’inertie, à la paresse
104 ivique et à l’inertie, à la paresse sociale. Ce n’ est pas en multipliant les gadgets autour des maisons et en tuant de temp
105 ps un membre de sa famille par erreur parce qu’il est rentré un soir tard, comme on peut le lire dans les journaux, ce n’es
106 rd, comme on peut le lire dans les journaux, ce n’ est pas avec ces procédés qu’on remédiera à la vague énorme de délinquanc
107 de délinquance. La délinquance a des sources qui sont connues, et il faut réduire ces sources. On a fait des calculs par de
108 e. Un des moyens de diminuer la délinquance, ce n’ est donc pas d’installer des sonneries partout, mais de diminuer le nombr
109 s le lui permettraient. Qu’en pensez-vous ? Je me suis aperçu que la Suisse est un des seuls pays où l’abri antiatomique est
110 ’en pensez-vous ? Je me suis aperçu que la Suisse est un des seuls pays où l’abri antiatomique est obligatoire. Aux USA qui
111 isse est un des seuls pays où l’abri antiatomique est obligatoire. Aux USA qui ne croyaient qu’à cela — lors d’un voyage qu
112 ai eu l’occasion d’en parler, l’abri antiatomique est un leurre. Les bombes nucléaires produisent des incendies tels que ce
113 a quantité d’oxygène nécessaire pour les gens qui sont dans les abris. Il faudrait que dans ces abris on puisse fabriquer de
114 u’on puisse y vivre dix mois, ou des années. Ce n’ est pas envisageable. Donc, je n’y crois pas et je ne conseillerais pas à
115 ait pas, mais que la maison continuerait à devoir être transmise aux enfants…). Qu’en pensez-vous ? Je suis entièrement d’ac
116 e transmise aux enfants…). Qu’en pensez-vous ? Je suis entièrement d’accord avec cette vision des choses conservatrice des r
117 des ressources, et je crois qu’il n’y a rien qui soit plus précieux pour l’homme qu’une certaine continuité. C’est représen
118 r la conservation des ressources naturelles, on y est contraint maintenant. Prenez la question du recyclage du verre, du pa
119 n du recyclage du verre, du papier, etc. : nous y sommes contraints ; si nous ne recyclons pas le papier, si nous continuons à
120 faisons, bientôt la moitié de la forêt d’Amazonie sera détruite, ce qui changera complètement le climat de l’Europe. Voilà l
121 Europe. Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Je suis donc entièrement en faveur de la conservation au
122 de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Je suis donc entièrement en faveur de la conservation au maximum des ressourc
123 aux d’aménagement du logement par le particulier, serait importante : pour utiliser le temps disponible ; pour économiser de l
124 ressort nettement de mes réponses précédentes. Il est tout à fait évident que l’homme a besoin de créer, d’exprimer ce qui
125 que l’homme a besoin de créer, d’exprimer ce qui est en lui et qu’il ne peut connaître autrement que par les créations qui
126 éponds en deux phrases : l’Europe s’unira ou elle sera colonisée. Il y a trente ans que je le dis. C’était sur la bande de m
127 mon premier livre sur l’Europe. L’Europe de l’Est est déjà plus que colonisée par les Russes. L’Europe de l’Ouest risque d’
128 isée par les Russes. L’Europe de l’Ouest risque d’ être colonisée par les Américains, si nous ne faisons pas l’Europe unie, c
129 aisons pas l’Europe unie, car aucun de nos pays n’ est capable à lui seul de se défendre ni contre l’un ni avec l’autre. Je
130 à choisir entre Europe ou région, parce que l’une est condition de l’autre. Ce qui s’y oppose ce sont nos États-nations de
131 ne est condition de l’autre. Ce qui s’y oppose ce sont nos États-nations de type napoléonien centralisé, qui prétendent à un
132 e ou autres balivernes de ce genre. Il ne saurait être question d’autosuffisance dans aucun de ces domaines. Dans le domaine
133 ntièrement de ses centrales nucléaires. Or, elles sont construites d’après un procédé américain, et avec des fonds qui provi
134 même pas une majorité de fonds français : Eurodif était contrôlée jusqu’à ces derniers mois par une société Sofidif où l’Iran
135 e soutenir une seconde, à l’indépendance absolue, sont en train de bloquer d’une part le développement des régions et, d’aut
136 l que celui des fédérations nationales. Celles-ci sont , d’ailleurs, presque en majorité déjà en Europe à l’Allemagne fédéral
137 iculté dans une fédération européenne ; ce qui ne sera pas le cas de la France, comme l’avait signalé le ministre Edgar Faur
138 ant le référendum sur la question régionale qui a été repoussé et qui a entraîné le départ du général de Gaulle. Edgar Faur
139 ure disait à la TV, à la veille du scrutin : « Il est essentiel que la France comprenne qu’elle doit se fédérer intérieurem
140 formule d’avenir. Les grandes affaires aussi ont été amenées à choisir des formules de décentralisation très poussées, d’a
141 it en réalité d’un seul et même mouvement. Quelle sera la taille dirigeable des entreprises ? Petite, pour la même raison q
142 er, donne des indications importantes sur ce qu’a été fait par lui dans le National Coal Board en Grande-Bretagne, soit sur
143 i dans le National Coal Board en Grande-Bretagne, soit sur les mesures de décentralisation adoptées par la General Motors. I
144 leur permette de réaliser ensemble des objets qui sont trop grands pour chacun d’eux. Les autoroutes par exemple : il est no
145 our chacun d’eux. Les autoroutes par exemple : il est normal que cela dépende essentiellement du pouvoir fédéral en Suisse.
146 maginables, il y a des choses petites qui doivent être réglées à leur niveau et des questions très vastes qui ne peuvent êtr
147 iveau et des questions très vastes qui ne peuvent être réglées qu’à un niveau supérieur — national, continental, voire mondi
148 dial. De même, pour les questions d’écologie, il est très clair que la plupart des problèmes écologiques sont à résoudre l
149 ès clair que la plupart des problèmes écologiques sont à résoudre localement ou régionalement, le problème du Léman par exem
150 i de stocker. Qu’en pensez-vous ? Je pense que ce sera une réaction normale, mais qui ne mènera pas très loin ; le stockage
151 is qui ne mènera pas très loin ; le stockage ce n’ est pas une réponse durable et sûre. Il faut que les gens apprennent à pr
152 pas carrément à de nouvelles formes d’énergie qui seraient chères au début, mais ensuite beaucoup moins chères. Le solaire serai
153 t, mais ensuite beaucoup moins chères. Le solaire serait la moins chère des énergies si cela se généralisait. Évolution du
154 du consommateur Les exigences du consommateur sont créées en grande partie par la publicité. Il faudra que l’éducation,
155 eurs véritables besoins. Je crois que pour ce qui est du nombre de mètres carrés pour un logement, on pourrait arriver à de
156 ière significative depuis des millénaires. Elle s’ est un peu accrue dans les pays occidentaux à cause de la manière de se n
157 ans les villes, mais depuis le xix e siècle, elle est en stagnation. Évolution du niveau de vie Le niveau de vie, pou
158 e vie très inférieur au nôtre, selon nos mesures, sont beaucoup plus heureux, se sentent bien dans leur peau, et sont plus à
159 plus heureux, se sentent bien dans leur peau, et sont plus à l’aise dans leurs mœurs, dans leurs croyances, dans leur liber
160 u degré d’intervention des pouvoirs publics Il est destiné à s’accroître à la mesure exacte de notre degré de passivité
161 s démissions des citoyens. Pour moi, l’État ce n’ est pas seulement les bureaux des ministères de la capitale, les départem
162 , il y a de l’État au niveau de la fédération. Il serait très bon qu’il y ait de l’État au niveau de l’Europe, et pour certain
163 et en Amérique, dans l’Occident industriel, nous sommes en train de nous conduire comme des criminels à l’égard de beaucoup d
164 nat et la durabilité, la part d’industrialisation sera naturellement moindre ou elle consistera à produire des produits pour
165 rtainement oublié de poser des questions. Quelles sont celles qui, à la fin de cet entretien, vous viennent à l’esprit ?
166 industries qui appliquent cette technologie, nous sommes arrivés à une sorte de gigantisme dans beaucoup de domaines, à des ac
167 e situation sans précédent dans l’humanité, qui a été créée par les sciences d’abord, et dont l’ampleur ne se manifeste pas
168 ont on ne peut pas raccourcir la « période », qui est de 24 000 ans, de semi-activité radioactive. Cela pose des problèmes
169 inez, si on avait demandé à Ford en 1900 : — « Qu’ est -ce qui se passera et de quoi auront l’air les États-Unis, si vous arr
170 rte quoi sans envisager les conséquences, et nous sommes maintenant condamnés à avoir une politique d’ensemble de l’industrie
171 atteler immédiatement. Avant de faire quoi que ce soit , il faut nous poser la question des finalités et des résultats. La qu
172 ité et en plus grand nombre, mieux cela ira. Ce n’ est pas sûr du tout, étant donné les dimensions que cela prend. Et l’imme
173 nombre, mieux cela ira. Ce n’est pas sûr du tout, étant donné les dimensions que cela prend. Et l’immense répercussion latéra
174 hes scientifiques même dites « fondamentales » ne sont pas faites tout à fait au hasard. L’argument du libéralisme dans ce d
175 sard. L’argument du libéralisme dans ce domaine n’ est pas tout à fait honnête ; il y a certains ordres de recherche scienti
176 y a certains ordres de recherche scientifique qui sont fortement favorisés. Il y a d’énormes inégalités. L’exemple des reche
177 indirect avec la préparation à la guerre, car il est absolument exclu de nier l’interdépendance des recherches sur le nucl
178 ur les limites de la technologie et de la science sont des choses très importantes et qui pourraient apporter des réponses à
179 ou désastre global. Et chaque industrie me paraît être responsable de réévaluer — dans cette conjoncture qui devient dramati
180 tique — ses finalités et ses moyens. Ces derniers sont -ils vraiment au service de l’humanité, ou sont-ils les moyens au serv
181 rs sont-ils vraiment au service de l’humanité, ou sont -ils les moyens au service du profit à court terme d’une demi-générati
182 là, c’est le principal de ce qui me semble devoir être dit. a. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conservé à la
183 (« car alors ce ») sinon la syntaxe de la phrase est fautive. c. La numérotation a été modifié, car la
184 e de la phrase est fautive. c. La numérotation a été modifié, car la
2 1980, Tapuscrits divers (1980-1985). Un cap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occidentale (18 septembre 1980)
185 ciété occidentale (18 septembre 1980)d I. Nous sommes ici, une fois de plus ensemble, pour essayer de formuler les principe
186 s mass médias, des finances et de la police. Nous sommes ici pour formuler une fois de plus les relations inévitables entre va
187 ements énergétiques, etc. ; c’est-à-dire que nous sommes ici pour affirmer une fois de plus l’irréductible opposition entre le
188 mpatiente méditation sur ces deux thèmes, et ce n’ est qu’avec mon dernier livre, sur l’Avenir , que je suis arrivé à une fo
189 qu’avec mon dernier livre, sur l’Avenir , que je suis arrivé à une formule assez simple pour me convaincre, et que voici :
190 mmuns. Les conférences que vous allez entendre en seront témoins, j’en suis sûr : qu’il s’agisse de celle de mon collaborateur
191 s que vous allez entendre en seront témoins, j’en suis sûr : qu’il s’agisse de celle de mon collaborateur et ami Orio Giarin
192 ’Ivan Illich, toutes convergent : l’économie doit être faite pour l’homme et non l’homme pour l’économie. Or l’homme vient d
193 gé depuis vingt siècles. Les membres d’Ecoropa ne sont pas les seuls à en tirer des conséquences à bien des égards révolutio
194 mesures concrètes dans nos sociétés actuelles, où sont en train de s’organiser des désastres très exactement calculables… Ma
195 ts politiques et économiques de nos États-nations sont encore extrêmement et comme naïvement prisonniers des valeurs du xix
196 ré tout ce qui les nie, d’Hiroshima à Téhéran. Il est tard en Europe. Il est très tard ! Je propose que notre prochaine ren
197 d’Hiroshima à Téhéran. Il est tard en Europe. Il est très tard ! Je propose que notre prochaine rencontre, aussi prochaine
198 rochaine rencontre, aussi prochaine que possible, soit consacrée à l’examen des mesures tactiques et stratégiques, susceptib
199 catastrophes prochaines — à condition qu’elles ne soient pas totales, évidemment — pourront secouer l’inertie générale, change
3 1980, Tapuscrits divers (1980-1985). « Imaginer la vérité de la guerre demain, c’est déjà une action pour la paix » (Discours pour l’inauguration du GIPRI) (11 novembre 1980)
200 Permettez-moi de corriger d’abord l’erreur qui s’ est glissée dans le titre de mon intervention de ce soirf : ce n’est pas
201 s le titre de mon intervention de ce soirf : ce n’ est pas d’un enjeu moral, mais d’un enjeu global que je vais vous parler.
202 suite pourquoi. Autrefois, les enjeux des guerres étaient limités : on avait décidé de s’emparer d’une province ou d’une ville,
203 it au roi, de défendre la liberté d’un pays. Ce n’ est guère qu’à partir de la Révolution française que les enjeux deviennen
204 guerre « aux rois d’Europe »). Au xx e siècle ce sera pour l’idéal fasciste ou raciste contre les démocraties décadentes, p
205 socialisme contre le capitalisme, etc. Ces enjeux étant mal définis, mal vérifiables, mal limités, ils tendent vers l’illimit
206 ne voit pas le terme, l’enjeu d’une guerre demain sera nécessairement la domination globale, totale et définitive de l’human
207 ettant fin à l’histoire, pour autant que celle-ci est l’histoire des conflits entre les peuples ou leurs États, et y mettan
208 peuples. Il se peut que cette vision d’apocalypse soit le fruit d’une évaluation exagérée de la puissance des armes nouvelle
209 agérée de la puissance des armes nouvelles. Ce ne serait pas la première fois que l’on commettrait une erreur de cet ordre. He
210 Paris un philosophe marxiste soutenir que Hegel s’ était trompé : c’était en vérité Staline qui allait mettre un terme à l’his
211 and nombre de mitrailleuses. Aujourd’hui, ce qui est invoqué, ce sont bien sûr les armes nucléaires, avec beaucoup moins d
212 trailleuses. Aujourd’hui, ce qui est invoqué, ce sont bien sûr les armes nucléaires, avec beaucoup moins de chances d’erreu
213 beaucoup moins de chances d’erreur, car elles ne sont pas simplement deux fois ou dix fois plus puissantes, mais 100 000 fo
214 fois plus puissantes que tout ce qui avait jamais été connu avant la bombe d’Hiroshima. J’ai demandé un soir à Einstein (l
215 e de la puissance des armes utilisées, alors nous sommes en pleine aberration, nous entrons en démence pure, car un enjeu tota
216 ns en démence pure, car un enjeu total ne peut qu’ être perdu : la « victoire » de l’un des camps — peu importe lequel — ou u
217 manité civilisée. Même si de telles extrémités ne sont pas atteintes, il est certain que tout y prépare aujourd’hui, et que
218 si de telles extrémités ne sont pas atteintes, il est certain que tout y prépare aujourd’hui, et que l’idée d’un cataclysme
219 urd’hui, et que l’idée d’un cataclysme terminal n’ est plus jamais absente de notre esprit, quand nous imaginons l’avenir, c
220 ement. Avant le 6 août 1945, face à la guerre, on était militariste ou antimilitariste, mais dans la guerre demain, où seront
221 u antimilitariste, mais dans la guerre demain, où seront les militaires ? Tout se jouera sans eux et par-dessus leur tête, au
222 ra sans eux et par-dessus leur tête, au mieux ils seront enterrés avec la tourbe des civils, dans des abris d’ailleurs ineffic
223 itz, ce contemporain de Napoléon, que « la guerre est un conflit de grands intérêts réglé par le sang ». Mais en lisant dan
224 rêts », réglés non par le sang, mais par le fric, sont les seuls aujourd’hui à utiliser et à prendre au sérieux les règles d
225 abnégation patriotique et surtout de virilité qui étaient l’apanage de l’armée, c’est-à-dire des militaires ; ou au contraire o
226 point ». Depuis le 6 août 1945, cette opposition est devenue sans objet, puisque la guerre, désormais, se fera sans milita
227 bataille « atomique », le nombre des combattants est réduit à un strict minimum. Ce principe deviendra absolu quand la bom
228 viendra absolu quand la bombe-fusée atomique aura été mise au point. Alors le soldat ne sera plus que le spectateur effrayé
229 omique aura été mise au point. Alors le soldat ne sera plus que le spectateur effrayé d’une guerre menée par des robots. La
230 e encore des vivants sur la terre, une conférence sera très certainement organisée pour décider qui est le vainqueur et qui
231 sera très certainement organisée pour décider qui est le vainqueur et qui est le vaincu". Un an avant dans mes Lettres su
232 rganisée pour décider qui est le vainqueur et qui est le vaincu". Un an avant dans mes Lettres sur la bombe atomique , j’
233 t : La principale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. Sous sa forme militaire —
234 time de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. Sous sa forme militaire — c’était la guerre tou
235 lus qu’à se consacrer aux sports. Que la guerre n’ est plus leur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de guerre au
236 rres », nous disaient-ils. Sans doute. Mais ce ne seront plus les leurs, les « vraies », les héroïques, costumées et casquées,
237 e aux musées, depuis le 6 août. La guerre demain sera purement subie, n’appellera ni ne permettra aucun courage, aucune att
238 ion des vertus militaires par les armes nouvelles est une des conséquences inévitables de nos budgets de défense nationale 
239 t-ils songé ? Et nos antimilitaristes ? Le danger est le même pour les uns et les autres. Tous ensemble, il nous faut aujo
240 onomiste américain John Kenneth Galbraith avouait être l’auteur pseudonyme d’une préface au Rapport plus ou moins apocryphe
241 er et contrôler » les économies nationales ; elle est la source de l’autorité politique qui assure la stabilité des gouvern
242 qui assure la stabilité des gouvernements ; elle est sociologiquement indispensable pour assurer le contrôle « de dangereu
243 la rendre impossible. Une première condition : ce sera de l’imaginer. Et je voudrais vous lire ici quelques lignes du dernie
244 es du dernier livre publié juste avant sa mort, l’ été dernier, par Maurice Genevois, cet auteur qui avait décrit mieux que
245 chair, les horreurs de la guerre à Verdun : S’il est vrai que « gouverner c’est prévoir », la vérité de la formule appelle
246 se souvient des coulpes battues alors qu’il n’en était plus temps, des « Je-n’ai-pas-voulu-cela » sur les millions de croix
247 ale voire globale ? Il y faut une information qui soit capable de nous réveiller et non pas d’endormir nos angoisses comme l
248 yser les mécanismes économiques et politiques que sont en train de mettre en place les technologues du désastre, c’est déjà
249 fuser puisqu’il apparaît aussitôt qu’elle ne peut être que perdue par tous. Il ne me paraît pas indifférent que le siège du
250 e me paraît pas indifférent que le siège du GIPRI soit à Genève, non seulement au cœur de l’Europe, mais dans un pays neutre
251 ays neutre, c’est-à-dire : un pays qui se doit de tenir son rôle dans le drame énorme qui déroule autour de nous ses circonvo
252 ar les armes les conflits entre peuples — car tel est le vrai contenu de la neutralité — , pourquoi ce refus est la seule s
253 ai contenu de la neutralité — , pourquoi ce refus est la seule solution, la seule alternative au défi planétaire d’une guer
254 millions de dollars, on se dit qu’un 10e de 1 %, soit 1 millième ferait encore une jolie somme. Le malheur est que nous ne
255 illième ferait encore une jolie somme. Le malheur est que nous ne pouvons pas compter là-dessus. Et l’espoir des organisate
256 e Neuchâtel sous l’identifiant 847. Ce discours a été prononcé à l’auditoire Piaget (Uni II, Genève). f. Nous n’avons pas
4 1981, Tapuscrits divers (1980-1985). Nicolas de Flue, le Solitaire par qui tous sont unis (19 mai 1981)
257 Nicolas de Flue, le Solitaire par qui tous sont unis (19 mai 1981)g Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il
258 Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’ est pas de chance imméritée : les choses ne viennent à point que pour qui
259 nt à point que pour qui s’y attendait, pour qui s’ était obscurément disposé à les recevoir. Il importe au propos de ces pages
260 28 septembre 1938, au milieu de l’après-midi, je suis appelé au téléphone par un ami qui est à la Radio suisse. Est-ce la g
261 -midi, je suis appelé au téléphone par un ami qui est à la Radio suisse. Est-ce la guerre, qu’on attend d’une heure à l’aut
262 u téléphone par un ami qui est à la Radio suisse. Est -ce la guerre, qu’on attend d’une heure à l’autre ? C’est Munich, c’es
263 uchait plus qu’aucune de notre temps, si haut que fût à mes yeux Stravinsky, et je me disais qu’un jour je ferais quelque c
264 qui devait s’ouvrir à Zurich l’année suivante. J’ étais en train de sortir mes uniformes d’une malle, je n’avais pas de sujet
265 défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu les plans : 36 m d
266 laire que je gardais de cet ermite du xv e siècle était bien pâle. Mais ce soir-là, je reprends le livre et je découvre un pe
267 nce ! Revenir au théâtre grec avec son chœur ? Ce serait la solution formelle ; encore faudrait-il l’adapter à la structure es
268 rée l’appel au musicien — et celui-ci qui ne peut être qu’Honegger. Je vais le voir à Paris. Je ne le connaissais pas. En pl
269 forme théâtrale à laquelle il croit pour l’avenir est « celle qui arrive à grouper toute une population ». C’est donc oui e
270 u travail dès novembre. C’est en janvier que tout sera terminé. J’écris d’abord le 2e acte, et le lui envoie, puis le 1er,
271  » sur les marches de son escalier, un jour qu’il était en retard.) Nos entretiens sont strictement techniques. Il me demande
272 r, un jour qu’il était en retard.) Nos entretiens sont strictement techniques. Il me demande combien il y a de cuivres durs
273 un air quelconque, comme Frère Jacques. Ce qui a été une fois chanté peut être remis en musique. À chaque visite dans son
274 Frère Jacques. Ce qui a été une fois chanté peut être remis en musique. À chaque visite dans son grand atelier, il me joue
275 première fois à une répétition des chœurs — et ce sera la dernière : la guerre est pour demain — je me sens littéralement tr
276 n des chœurs — et ce sera la dernière : la guerre est pour demain — je me sens littéralement transporté ! Voici chanté, cla
277 rière-plan religieux de ma « légende dramatique » est ici révélé, tantôt en majesté, comme dans la prière « Mon Dieu ton se
278 qui font une bonne moitié de sa production, doit être qualifié d’essentiellement chrétien, ce n’est pas à cause des sujets
279 it être qualifié d’essentiellement chrétien, ce n’ est pas à cause des sujets ni des paroles et situations mises en musique,
280 i même des croyances de l’homme, quelles qu’elles fussent . Sa musique est chrétienne parce qu’elle est une prière, si la prière
281 de l’homme, quelles qu’elles fussent. Sa musique est chrétienne parce qu’elle est une prière, si la prière est l’acte de c
282 fussent. Sa musique est chrétienne parce qu’elle est une prière, si la prière est l’acte de celui qui s’ouvre et s’ordonne
283 tienne parce qu’elle est une prière, si la prière est l’acte de celui qui s’ouvre et s’ordonne à l’amour, donc à Dieu tel q
284 u’il s’annonce au « cœur » de l’homme. Sa musique est chrétienne en cela qu’elle signifie par son affectivité même « l’adéq
285 a propre existence, ou encore « le fondement de l’ être dans le monde, à savoir Dieu »2. En ce point tout s’éclaire et s’ench
286 ui avaient retardé la canonisation du Bienheureux était sans doute la crainte de susciter un motif de discorde entre catholiq
287 âce à l’action de Nicolas de Flue. Notre oratorio fut joué en cette occasion solennelle non seulement à Soleure et à Fribou
288 eules armes de l’Esprit. 1. En réalité, Nicolas était lié au mouvement rhénan des Amis de Dieu, disciples de Suso, dont il
5 1982, Tapuscrits divers (1980-1985). Pacifisme (6 janvier 1982)
289 dward Hughes, Sélection, janvier 1982.) L’article étant intitulé : « D’où vient cette vague de pacifisme ? », on est en droit
290 é : « D’où vient cette vague de pacifisme ? », on est en droit de demander « D’où vient cette vague d’anti-pacifisme ? » qu
291 « D’où vient cette vague d’anti-pacifisme ? » qui est en train de déferler sur la presse occidentale, quotidiens et magazin
292 puéril inciterait à penser que cet anti-pacifisme est « manipulé » par les États-Unis et à demander qui est ce Mr. Ed. Hugh
293 « manipulé » par les États-Unis et à demander qui est ce Mr. Ed. Hughes : un agent américain ? Je pense qu’il s’agit simple
294 ace aux SS 20 et aux milliers de chars russes, il est temps de « rétablir l’équilibre des armements », et pour cela d’insta
295 00 missiles (qu’on venait de montrer sur l’écran) sont aberrantes : 50 missiles de la plus petite espèce suffiraient à détru
296 ons, derrière ces humeurs des deux camps, quelles sont les réalités de la guerre possible. 1. Réalités politiques. Les USA d
297 ités politiques. Les USA dominent. Leurs intérêts sont avant tout économiques. Ils ont dans le monde, à ce niveau, deux conc
298 Japon d’abord, puis l’Europe. En revanche, l’URSS est leur plus gros client (blé, technologie). Devant un dilemme Europe-UR
299 t un dilemme Europe-URSS, leur intérêt économique est de protéger l’URSS, non l’Europe ; le gros client, non le concurrent.
300 mpatibilités idéologiques : le marxisme-léninisme est mort en URSS et les intellectuels marxisants et résolus sont certaine
301 n URSS et les intellectuels marxisants et résolus sont certainement plus nombreux dans les universités des USA que dans tous
302 jeures confrontées à l’échelle mondiale : les USA tiennent à garder leur hégémonie économique, et pour cela ils utilisent l’idéo
303 s interventions en Afrique et en Amérique latine) tient à son empire européo-asiatique sous la domination russe, et pour cela
304 fghanistan). La lutte entre ces deux « causes » n’ est pas idéologique dans ses motivations réelles. C’est la rivalité de de
305 2. Réalités économiques. Si pour les USA l’Europe est devenue un concurrent économique et un allié militaire rétif, pour le
306 industriel d’intérêt majeur, et dont il pourrait être intéressant de s’emparer sans risquer le désastre nucléaire par la ré
307 Reagan a déclaré que la guerre nucléaire pourrait être limitée à l’Europe. Ce qui signifierait : a) une attaque russe (« tac
308 is. (La force de frappe française terrestre ayant été détruite par les SS 20.) Les objectifs des Russes sont perdus à tout
309 détruite par les SS 20.) Les objectifs des Russes sont perdus à tout jamais, une partie de l’URSS est détruite, l’Europe ent
310 s sont perdus à tout jamais, une partie de l’URSS est détruite, l’Europe entière rayée de la carte industrielle, culturelle
311 à l’Oural. Seule la « possibilité » b) mérite d’ être envisagée. Car a) ne saurait être prévenu ni par des milliers de miss
312 é » b) mérite d’être envisagée. Car a) ne saurait être prévenu ni par des milliers de missiles nucléaires en Europe, ni enco
313 es européennes. Ni, de fait, par les USA. Mais ce serait sans rime ni raison de la part des Russes, qui auraient tout à perdre
314 tement les chances d’une guerre non nucléaire. Il est probable que les chars russes déferleraient sans trop de difficultés
315 ais alors (ici, mon article de Construire ). Il n’ est donc nullement exclu, il est même probable, que b) serait finalement
316 e Construire ). Il n’est donc nullement exclu, il est même probable, que b) serait finalement désastreux pour le régime rus
317 onc nullement exclu, il est même probable, que b) serait finalement désastreux pour le régime russe dit « communiste », et pou
318 ntifiant 861. Le tapuscrit indique que ce texte a été rédigé à Crans-sur-Sierre le 6 janvier 1982.
6 1982, Tapuscrits divers (1980-1985). Débat sur le LEP, accélérateur de particules du CERN (11 février 1982)
319 la parole ici ce soir, je cours un risque dont je suis très conscient — très sereinement conscient, dirais-je — celui de déc
320 mon âme et conscience incapable encore de choisir soit le LEP avec ses dangers toujours possibles, quoiqu’on ait dit, soit l
321 es dangers toujours possibles, quoiqu’on ait dit, soit le repos du pays de Gex, mais pas de LEP, et peut-être, demain, plus
322 himie, de la génétique et les technologies qui en sont issues, car elles menacent l’intégrité du genre humain, voire sa surv
323 ntégrité du genre humain, voire sa survie. Je ne suis donc pas a priori contre le LEP en tant que projet lié à l’avenir du
324 N un préjugé très nettement favorable. Mais je ne suis pas non plus pour le LEP sans questions ; non point quant à la compat
325 découvertes qu’il permettra : personne au monde n’ est en mesure de démontrer que le LEP ne pourra jamais servir à des fins
326 ourd’hui, à l’extinction du genre humain, si ce n’ est de toute vie sur la Terre. Tout cela dit, j’ai accepté sans hésiter d
327 le débat sur le LEP un premier exercice, qui peut être exemplaire du débat, désormais inévitable, sur la recherche en généra
328 oute information dans des pays entiers qui auront été auparavant entièrement « informatisés », selon la formule à la mode.
329 r de le résoudre, ou tout au moins de l’atténuer, est née l’initiative conjointe de l’I.V. et du CERN. Ce soir — et très pr
330 discussion publique, à Genève, sur le LEP, il me fut répondu : — D’accord, mais à la condition que vous organisiez simulta
331 et permis l’économie des actuels débats. Et c’eût été dommage, car, je le répète, ces débats me paraissent inaugurer une pr
332 ivi, notre débat. Les autorisations de construire sont encore attendues de la France et de la Suisse. Tout n’est pas joué. I
333 re attendues de la France et de la Suisse. Tout n’ est pas joué. Il est cependant probable que sauf aboutissement très négat
334 a France et de la Suisse. Tout n’est pas joué. Il est cependant probable que sauf aboutissement très négatif des études d’i
335 impact en cours, la décision de construire le LEP sera prise d’ici quelques mois. On ne peut donc pas affirmer que nos débat
336 ous les pièges de ce genre d’exercice. Le premier est de céder à l’animosité partisane ; j’ai entendu parler de « l’adversa
337 mais nous n’avons pas gagné ! » Trop de questions sont restées sans réponse. Et trop souvent, c’est l’assurance de certains
338 ls nous disaient en juin 1981 que le tracé choisi était « by far the most suitable » et même « the only possible one » et ils
339 é trois mois plus tard, sans expliquer comment il est devenu meilleur que celui qui était en juin « le seul possible ». De
340 quer comment il est devenu meilleur que celui qui était en juin « le seul possible ». De même, les nombreuses discussions aux
341 surance hautaine que « toutes les précautions ont été prises ». Je ne vois pas que dans le cas qui nous occupe, on ait pris
342 etarde les calendriers de la recherche. Mais ce n’ est pas temps perdu que celui qui profite à une plus juste entente entre
343 dans la vie. Des initiatives très touchantes ont été prises par le CERN : journée « portes ouvertes » sur les bureaux et l
344 e visiter des cathédrales pour démontrer que Dieu est bon, ou bien ouvrir la Kaaba de la Mecque pour que tous voient qu’All
345 Kaaba de la Mecque pour que tous voient qu’Allah est grand. Enfin, le LEP pose d’une manière brûlante le problème nouveau
346 in, « ni l’État, ni l’industrie, ni le Capital ne sont guidés par l’esprit scientifique : ils utilisent les pouvoirs que leu
347 nces d’une telle ampleur qu’elles ne peuvent plus être soumises aux vérifications expérimentales. — Quand je pose la questio
348 e produire à Creys-Malville, on me répond qu’il n’ est pas question de faire une expérience en vraie grandeur : ce serait dé
349 on de faire une expérience en vraie grandeur : ce serait déclencher cet accident majeur dont on conteste d’ailleurs la possibi
350 oir, un certain nombre de générations… — Quand il est question de la guerre atomique, et de la défense civile, c’est-à-dire
351 , c’est-à-dire des abris, toute expérience réelle serait de l’assassinat. Ce qui revient à dire qu’au xx e siècle, on a dépass
352 e ne sait ce qui pourrait résulter de quoi que ce soit , une fois passé ce seuil. Bel aboutissement du Progrès ! Le xix e siè
353 ce de la recherche : tout ce qu’on allait trouver serait bon, serait en principe meilleur que ce qu’on connaissait. Toute déco
354 herche : tout ce qu’on allait trouver serait bon, serait en principe meilleur que ce qu’on connaissait. Toute découverte était
355 illeur que ce qu’on connaissait. Toute découverte était progrès en soi et ne pouvait que contribuer au Progrès général du gen
356 en dépit du mythe de la boîte de Pandore, savoir était meilleur que non-savoir. Un vers très étonnant de Victor Hugo exprime
357 lus le droit d’aller nul ne sait où : ce pourrait être aller au désastre final. On me dira sans doute que dans le cas justem
358 es qu’une société donnée fomente et encourage, ce sont les valeurs et croyances les plus répandues, les plus actives et réel
359 es chercheurs, le plus souvent à leur insu. Or ce sont aujourd’hui en Occident, des valeurs de puissance matérielle collecti
360 es, de profit immédiat et de prestige certain. Ce sont ces valeurs-là qui incitent les États, les banques, les industries et
361 au détriment de nécessités humaines criantes. Ce sont les croyances réelles de notre société qui déterminent en fait (pas t
362 guerre qui a toutes les chances, cette fois-ci, d’ être bien la dernière de notre histoire. Que devient, dans ces conditions,
363 conditions, la responsabilité du chercheur ? Elle est plus grande que jamais, mais il ne peut plus l’assumer. Ses découvert
364 tes risquent de déclencher des catastrophes qu’il est incapable de prévoir. En sera-t-il tenu pour « responsable » ? On sen
365 s catastrophes qu’il est incapable de prévoir. En sera-t -il tenu pour « responsable » ? On sent ici l’ambigüité du terme. Je d
366 phes qu’il est incapable de prévoir. En sera-t-il tenu pour « responsable » ? On sent ici l’ambigüité du terme. Je dirai non
367 sent ici l’ambigüité du terme. Je dirai non, il n’ est pas responsable moralement de ce que nulle science ne peut prévoir ;
368 cherche, besoin vital de l’homme, ne devrait plus être confiée essentiellement aux scientifiques, ni dirigée essentiellement
369 ifiques, ni dirigée essentiellement, comme elle l’ est en Europe depuis des siècles, vers la connaissance des lois de la mat
370 atière et des pouvoirs sur la matière, mais qu’il serait grand temps de l’orienter vers le domaine mal exploré par l’Occident,
371 existence qui se trouve posé, ou plutôt qui nous est imposé par le risque total que la science a créé, celui de l’holocaus
372 ogie, ethnographie, etc. Les fonctions du Conseil seraient essentiellement de rechercher un meilleur équilibre dans la promotion
373 projets tels que celui du LEP, précisément, qui a été l’occasion de nos débats. Je ne m’étendrai pas, ce soir, sur la descr
374 se la nature même de ce que l’homme d’aujourd’hui tient pour la vraie, la seule réalité, la réalité scientifique. Je l’ai dit
375 té, la réalité scientifique. Je l’ai dit : rien n’ est plus innocent dans nos recherches. Ce qui nous manque désormais, c’es
376 manque désormais, c’est ce qui permet à tous les êtres vivants de durer : un organe ou un système de régulation. C’est l’off
7 1982, Tapuscrits divers (1980-1985). Réponse à M. Grisoni (12 mai 1982)
377 e à l’article publié par Le Matin du 19 avril, il est indispensable de préciser les deux points suivants : 1. Le procès que
378 1. Le procès que j’ai fait à D. Grisoni, et qui a été plaidé le 20 avril, visait exclusivement la recension par D. Grisoni
379 se chevauchent, se répondent. Là, ceux de droite, tenus par leurs sombres thuriféraires, bien connus, les Drieu, de Rougemont
380 taque, sur cela seul : sur cette assimilation qui est faite expressément de moi et de mes idées à la personne et à l’action
381 mpte de faits rapportés dans le livre analysé, ou étaient simplement inventées par lui. Il ne lui restait plus qu’à parler d’au
382 élection de Pétain et l’Appel de Londres) j’avais été accusé par la Légation du IIIe Reich « d’insulte à chef d’État », et
383 Ie Reich « d’insulte à chef d’État », et j’allais être condamné à quinze jours de forteresse, au secret, pour avoir « mis en
384 nce organisée, la première en Europe sauf erreur, était dans le droit fil de tout ce que j’avais écrit depuis 1932 contre le
385 hir, encore moins interdire, des « mémoires » qui seraient , dans leur cas, de plusieurs années prénatales. Je ne puis opposer à
8 1982, Tapuscrits divers (1980-1985). De l’unité de culture à l’union fédérale de l’Europe (18 octobre 1982)
386 . L’union se fait, l’unité se constate. L’union est une opération. On la veut, on la réussit ou non. L’unité est une donn
387 ration. On la veut, on la réussit ou non. L’unité est une donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’un
388 et spécifique à travers les siècles, même si elle est multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la cultur
389 st multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’hui. II
390 éraclite)m La culture commune des Européens a été définie par Paul Valéry comme celle, essentiellement, des héritiers d
391 22, il disait : « Toute race et toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise quant à l’esprit,
392 mise quant à l’esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. » Voyons cela de plus près. Dès l’aube de la p
393 onde sur le paradoxe du citoyen libre parce qu’il est responsable, et réciproquement. Elle invente aussi l’analyse, et la p
394 sans confusion ni séparation ». Cette dialectique est passée dans nos mœurs, nos œuvres et nos institutions. Elle est donc
395 s nos mœurs, nos œuvres et nos institutions. Elle est donc constitutive de notre culture commune, et elle est restituée par
396 nc constitutive de notre culture commune, et elle est restituée par celle-ci à tous les Européens de tous les âges, s’il es
397 le-ci à tous les Européens de tous les âges, s’il est vrai que la culture représente « l’ensemble des informations non géné
398 éfinition de l’écologiste Paul Ehrlich. Mais ce n’ est pas tout. Avec les trois sources classiques, Athènes, Rome, Jérusalem
399 if, l’Anglo-Normand Béroul, dans la mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de
400 onflits permanents qu’ils entretiennent. Beaucoup sont donc tentés d’en conclure à la nécessité d’une unification culturelle
401 es et continentaux, Scandinaves et Méditerranéens sont tels, quant aux modes de vie, aux confessions religieuses, aux instit
402 ême les tribunaux, dans les pays centralisés, s’y soient efforcés depuis un siècle. 2° Que pour pittoresques et voyants que so
403 n siècle. 2° Que pour pittoresques et voyants que soient les contrastes entre Suédois et Grecs, par exemple, il n’en reste pas
404 fiques de l’Europe. 3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses et si jalousement entretenues qu’on peut y voir, précis
405 chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’ être . L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme
406 é, jusqu’à y voir sa raison d’être. L’Européen ne serait -il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesu
407 opéen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit , prétendant au contraire s’identifier soit avec l’homme universel, so
408 ’il le soit, prétendant au contraire s’identifier soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation du grand
409 ntraire s’identifier soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation du grand complexe continental dont il
410 des peuples de ce continent n’a pris conscience d’ être européenne et non plus universelle qu’à partir de la chute de Constan
411 ovinciales. Cet équilibre entre l’un et le divers sera brusquement rompu par la Révolution française. Voici les faits. Le 14
412 is comme langue administrative de l’Ancien Régime est une conséquence du despotisme, et que l’esprit révolutionnaire doit t
413 , le 27 janvier 1794 : « La langue française doit être le ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une, comme l
414 ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une, comme la République. » Quant aux 13 millions d’individus qui, se
415 mposition d’uniformité par la force — cette force est ici Bonaparte — ne tarderont pas à se manifester : tout ce qui porte
416 a réalité d’une culture nationale. La fédération est la forme d’union qui par définition respecte les diversités, garantit
417 Belgique. Quant aux « cultures nationales », il m’ est arrivé plus d’une fois de nier purement et simplement leur existence,
418 es s’évaporent, rien de ce qui compte vraiment ne sera perdu. En revanche, la fédération continentale va libérer l’essor des
419 ntaux, foyers et grands courants qui ont toujours été les deux éléments dynamiques de la culture en Europe. V. Foyers lo
420 ulturelles de l’Europe, sans une seule exception, sont nées dans les foyers locaux, couvents, ateliers, conservatoires, univ
421 e, du Sud au Nord par l’axe rhénan, du Centre à l’ Est , et à l’Ouest ibérique, comme l’on fait l’art roman, le gothique, le
422 ui animait l’Empire austro-hongrois, la culture y est demeurée à la fois régionale et cosmopolite. Il en a résulté dans la
423 e même de l’unité fondamentale des Européens, qui est leur culture une et diverse, appelle et rend possible l’union des peu
424 leurs diversités. Les autonomies fédérées : tel est le seul avenir concevable — mais il est grand ! — de ce « cap de l’As
425 ées : tel est le seul avenir concevable — mais il est grand ! — de ce « cap de l’Asie », notre Europe, dont dépend aujourd’
9 1983, Tapuscrits divers (1980-1985). Devise du régionalisme : point de libertés sans responsabilités (6 mai 1983)
426 lités (6 mai 1983)p Au printemps de 1983, j’ai été invité à introduire la troisième rencontre d’Action sociale romande,
427 isième rencontre d’Action sociale romande, qui se tenait à Yverdon, sur le thème général de la régionalisation et de l’autonom
428 l’autonomie communale. Ma conception de la région étant celle d’un « espace de participation civique » constitué par une « gr
429 » constitué par une « grappe de communes », je me suis souvenu, une fois de plus, en rédigeant mes notes pour cette introduc
430 rédige aujourd’hui un texte plus complet, que je suis heureux de pouvoir dédier au professeur Adolf Gasser, en témoignage d
431 onheur pour moi, plus encore qu’un honneur, que d’ être invité à introduire votre rencontre : elle se place en effet sous le
432 ble de la liberté et de la responsabilité. Or, ce sont là précisément les mots-clés de l’action que je mène, depuis des déce
433 ration des Européens. Les communes et les régions sont les organes vitaux de toute fédération, voyez la Suisse, et l’action
434 on que nous avons à mener pour une Europe fédérée est la première condition de la paix dans le monde d’aujourd’hui, c’est-à
435 distingue un toutefois — peut-être un seul — qui serait le réarrangement (et non pas « l’organisation ») de nos sociétés, non
436 égions. II. Pourquoi des régions ? Que ceci soit dit bien clairement d’entrée de jeu : par le terme de régions, je n’e
437 erme de régions, je n’entends pas des ethnies qui seraient tentées de devenir des mini États-nations (exemple basque) ; ni des e
438 ns. Première raison : éviter la guerre nucléaire est le devoir le plus urgent de tous les hommes et femmes d’aujourd’hui.
439 . Or qui décide, déclare et fait les guerres ? Ce sont nos États-nations absolument souverains, centralisés, bureaucratiques
440 de leurs frontières que leur seul mode de contact est le choc. Il me paraît donc évident que la première condition pour évi
441 la première condition pour éviter une guerre qui serait la fin des hommes civilisés, c’est d’empêcher de nuire ceux qui pourr
442 ux qui pourraient la déclencher et qui ne peuvent être que les États-nations. Je ne propose pas de les détruire, c’est impos
443 urope : les deux guerres mondiales du xx e siècle sont nées du choc des nationalismes absolutisés. La première condition d’u
444 utisés. La première condition d’une paix mondiale serait donc l’union de nos peuples européens en une fédération si possible n
445 i possible neutre, selon le modèle suisse. Or, il est aberrant d’imaginer et impossible de réaliser une fédération qui se f
446 els se trouve divisée l’Europe actuelle. Pourquoi serait -ce aberrant ? Parce qu’il n’est pas imaginable qu’une fédération se f
447 elle. Pourquoi serait-ce aberrant ? Parce qu’il n’ est pas imaginable qu’une fédération se fonde sur la base d’entités absol
448 sur la base d’entités absolument souveraines : ce serait une contradictio in terminis. L’État-nation de modèle napoléonien ref
449 souveraineté à quelque entité plus globale que ce soit . Il constitue donc l’obstacle majeur, et même absolu, à toute union s
450 nos peuples. Croire qu’une « Europe des nations » est possible, comme on le fait à Strasbourg et à Bruxelles et dans tous l
451 ou dire, mais non pas réaliser. Car ou bien vous êtes misanthropes, et dans ce cas vous refuserez l’idée même d’une « amica
452 désirez fonder une amicale, et dans ce cas vous n’ êtes plus misanthropes. Une fédération de l’Europe n’est donc pensable et
453 s plus misanthropes. Une fédération de l’Europe n’ est donc pensable et ne peut se fonder en réalité que sur des communautés
454 uble besoin de former une union assez grande pour tenir en respect leurs grands voisins, mais assez limitée dans ses compéten
455 (nucléaire, chimique, économique ou terroriste) n’ est pas assez. La paix n’est pas l’absence de guerre, on le sait. Il faut
456 nomique ou terroriste) n’est pas assez. La paix n’ est pas l’absence de guerre, on le sait. Il faut créer la paix et l’anime
457 créer la paix et l’animer. Là encore, les régions sont la réponse. Non seulement parce qu’elles sont trop petites pour mener
458 ons sont la réponse. Non seulement parce qu’elles sont trop petites pour mener de grandes guerres, mais surtout parce qu’ell
459 importance décisive : c’est que nos États-nations sont presque tous à la fois trop petits et trop grands pour assumer le rôl
460 le rôle souverain qu’ils prétendent détenir. Ils sont trop petits pour jouer un rôle décisif à l’échelle mondiale ; et ils
461 uer un rôle décisif à l’échelle mondiale ; et ils sont trop grands pour animer et vivifier la vie de leurs communes et de le
462 usseau, n’ont cessé de préconiser : elles doivent être « à la taille de l’homme », « à hauteur d’homme », comme nous le disi
463 selon Jean-Jacques. Aristote, dans sa Politique, tient que les dimensions de la polis, c’est-à-dire de la cité, premier modè
464 t tous s’assembler sur une agora dont la grandeur soit définie par la portée de la voix d’un orateur « qui ne soit pas néces
465 ie par la portée de la voix d’un orateur « qui ne soit pas nécessairement Stentor ». Vingt-et-un siècles plus tard, Rousseau
466 ition première « un État très petit, où le peuple soit facile à rassembler ». (Il avait dans l’esprit, il l’a dit ailleurs,
467 e tous les États  prospèrent par cela seul qu’ils sont petits, que tous les citoyens s’y connaissent mutuellement et s’entre
468 ’objection qu’on va lui faire : « Mais si la cité est très petite, elle sera subjuguée ? » Non, répond-il, car si elle se f
469 i faire : « Mais si la cité est très petite, elle sera subjuguée ? » Non, répond-il, car si elle se fédère avec d’autres cit
470 ciable. Que la condition de la liberté des hommes soit leur responsabilité dans la communauté, c’est ce qu’ignorent les indi
471 Inversement, que la responsabilité d’un homme ne soit réelle que dans la seule mesure où il agit librement, c’est ce que ve
472 omme a tué sur ordre, « en service commandé », il sera peut-être décoré, et si son avocat peut démontrer qu’il a tué sous la
473 tué sous la contrainte d’une crise de démence, il sera sans doute acquitté4. Or seule une petite communauté peut permettre
474 ommunauté peut permettre à la voix d’un citoyen d’ être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire en connaissance
475 ue ses habitants ont à faire et peuvent faire. Ce sont les tâches dont les dimensions correspondent à celles de telle ou tel
476 telle communauté. Cela paraît compliqué, et ce l’ est très souvent dans les applications pratiques, mais pas dans la concep
477 onfiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par la plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalit
478 s cantons suisses et deux départements français s’ est constituée spontanément pour « sauver le Léman », ce lac le plus vast
479 n et chacune peuvent participer utilement, et qui sont créatrices de région. Commençons par ce qui est lié de plus près au t
480 sont créatrices de région. Commençons par ce qui est lié de plus près au territoire d’une région naturelle : l’environneme
481 depuis une ou deux décennies, les enjeux vitaux, sont pour la plupart d’abord et surtout régionaux : rendement des sols et
482 s. Deuxième exemple de problème dont la solution est surtout régionale : le chômage. Dans son livre Machinisme et chômage,
483 écente d’articles au Monde , Alfred Sauvy, qui n’ est pas connu pour ses tendances « alternatives », en vient à affirmer qu
484 vient à affirmer que le problème du chômage, qui est pourtant à ses yeux « le mal impardonnable » de notre société industr
485 pardonnable » de notre société industrielle, n’en est pas moins un faux problème. Selon lui, « 30 à 40 milliards d’heures d
486 jours par semaine semblent un minimum, quelle que soit la conduite sociale. » ( Le Monde , 14 avril 1983.) Or toutes ces act
487 e Monde , 14 avril 1983.) Or toutes ces activités sont par nature communales, au mieux régionales, jamais nationales. Et j’a
488 nes de tous âges. Et enfin, mon troisième exemple est le plus évident, ici et aujourd’hui : c’est celui des activités diver
489 fiées qu’englobe le terme d’action sociale, qui n’ est jamais aux dimensions d’un État national, toujours à celle d’une comm
490 ’aujourd’hui Mais enfin, me dira-t-on, quelles sont les chances de réalisation en temps utile, de votre utopie des région
491 mplaire : les réalités communales et régionales s’ étaient montrées beaucoup plus fortes dans le concret que les idéologies. J’a
492 se jaloux : l’art. 5 de la constitution italienne est ainsi conçu : « La République une et indivisible reconnaît et favoris
493 érale composée de provinces, la tendance générale est à la régionalisation de ses provinces. Suisse. Les cantons ne sont q
494 isation de ses provinces. Suisse. Les cantons ne sont qu’une première approximation de régions qui se dessinent aujourd’hui
495 les : les régions alpestres — de Nice à Trieste —  sont en train de chercher des formules neuves répondant à leurs besoins sp
496 que » que l’on sait. Mais tous leurs problèmes ne sont pas encore résolus. Plusieurs länder, notamment, sont trop grands pou
497 pas encore résolus. Plusieurs länder, notamment, sont trop grands pour rendre justice aux besoins régionaux. Belgique. La
498 onaux. Belgique. La création de régions fédérées est la condition même de la survie d’une nation belge. Les projets propos
499 ». Pays-Bas. Les 13 provinces traditionnelles se sont dotées d’organes de décentralisation administrative. Grande-Bretagne
500 ministrative. Grande-Bretagne. Le grand problème est celui de la « dévolution » progressive des pouvoirs centralisés par L
501 » : c’est ainsi que l’Andalousie et la Galice ont été dotées par un vote des Cortès, d’un statut de communauté autonome, co
502 aux plus anciennes traditions ibériques. Et ce n’ est qu’un début. Enfin, la France. Dans la patrie même des jacobins, en 1
503 rgé de la régionalisation. Des conseils régionaux sont élus, leurs compétences définies, mais leur statut financier demeure
504 e problématique… VII. Pour conclure Rien n’ est encore gagné, bien sûr ; mais on le voit : tout est en marche. Mainte
505 t encore gagné, bien sûr ; mais on le voit : tout est en marche. Maintenant, il dépend de chacun de nous que cette évolutio
506 nder si cela suffira, si cela réussira : car ce n’ est pas la bonne question. « On suit ceux qui marchent ! » disait Charles
507 e de Neuchâtel sous l’identifiant 877. Ce texte a été publié en allemand : « Die Devise des Regionalismus : keine Freiheit
508 und Humblot, 1983, p. 519-528. q. Ce sous-titre est ajouté par nous.
10 1983, Tapuscrits divers (1980-1985). D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? (à propos du CEC) (10 novembre 1983)
509 D’où venons-nous ? Où sommes -nous ? Où allons-nous ? (à propos du CEC) (10 novembre 1983)r L
510 ons de la liberté personnelle qu’on nomme Europe, est aujourd’hui menacé dans ses raisons d’être et ses possibilités de per
511 Europe, est aujourd’hui menacé dans ses raisons d’ être et ses possibilités de persévérer dans son être. La situation politiq
512 d’être et ses possibilités de persévérer dans son être . La situation politique mondiale est en train de faire des Européens,
513 er dans son être. La situation politique mondiale est en train de faire des Européens, jadis maîtres des trois-quarts des t
514 sation au milieu du xx e, ils courent le risque d’ être occupés demain non seulement militairement, mais économiquement et mo
515 Troisième Guerre mondiale qui, cette fois-ci, ne serait pas déclenchée par eux. La crise mondiale actuelle est née des œuvres
516 as déclenchée par eux. La crise mondiale actuelle est née des œuvres de l’Europe, qui a répandu sur toute la Terre ce qu’el
517 « probables », au sens mathématique du terme, qui sont  : a) l’aggravation universelle, plus ou moins rapide, des conflits lo
518 lle au plus bas niveau moral et matériel. Quelle seraient alors les issues souhaitables ? Il en est une au moins — la seule peu
519 le seraient alors les issues souhaitables ? Il en est une au moins — la seule peut-être — qui dépend de l’Europe et des Eur
520 de la souveraineté absolue des États-nations. Il est devenu parfaitement clair qu’on ne peut pas fonder l’union de l’Europ
521 ure commune des Européens. Tous les Européens ont été formés, en effet, qu’ils le sachent ou non, par une culture dont la c
522 t ou non, par une culture dont la caractéristique est la diversité des sources : mythes et philosophie des Grecs, Bible des
523 tres continents, dont les principes d’homogénéité sont connus : pour la plupart d’ordre religieux (brahmanisme, bouddhisme,
524 une union bâtie sur une unité pluraliste ne peut être que fédérale, c’est-à-dire garantissant les diversités et les autonom
525 nt conclue et jurée. L’Europe des nationalismes a été responsable de deux guerres mondialisées. Elle a été également — colo
526 responsable de deux guerres mondialisées. Elle a été également — colonisation puis développement du tiers-monde — l’agent
527 s mouvements européens des années 1945 à 1950, qu’ est née l’idée du Centre européen de la culture. II. Création du CEC
528 Conception initiale Au début de mai 1948 se tient à La Haye le premier Congrès de l’Europe, dont le Rapport culturel pr
529 juste valeur des mots sans lesquels aucun pacte n’ est possible ; Et de proclamer : a) le droit qu’a tout citoyen de connaît
530 ment de toute pression, de quelque nature qu’elle soit  ; 4. De favoriser la libre circulation des idées, des publications et
531 ye, la proposition d’établir le Centre à Genève a été formulée de tous côtés, spontanément et sans rencontrer d’opposition
532 ndemain de la guerre, en effet, Genève, qui avait été le siège de la SDN, devenait le siège européen des Nations unies et d
533 iodiffusion. La décision relative au siège du CEC fut prise par le Mouvement européen, qui ouvrit à Genève fin 1948, un org
534 un Centre européen de la culture. Le directeur en était Denis de Rougemont et le secrétaire général Raymond Silva. Le Bureau
535 49 une Conférence européenne de la culture qui se tint à Lausanne. Elle étudia et définit les tâches précises du CEC, et ado
536 ons, dont il vaut la peine de signaler que 21 ont été réalisées à ce jour. L’inauguration officielle du CEC eut lieu le 7
537 à cette époque, le CEC n’a cessé d’affirmer qu’il était là pour servir dans le domaine culturel la cause d’une union fédérale
538 our mettre la culture au service d’une politique, fût -elle « européiste » d’étiquette ou d’ambition. Le CEC a été créé : — 
539  européiste » d’étiquette ou d’ambition. Le CEC a été créé : — pour aider les Européens à prendre conscience de leur cultur
540 sance, mais pour la liberté. En résumé : le CEC n’ est pas là pour favoriser l’instauration d’un « troisième Grand », mais b
541 dans la paix. Les méthodes de travail du CEC ont été dictées dès le départ par les finalités qu’on vient de rappeler. Face
542 a construction de l’Europe, retenir ceux qui nous sont signalés de plusieurs côtés et dans plusieurs pays comme réellement r
543 ropéennes définies par le CEC. C’est ainsi qu’ont été entreprises, depuis 1950, les activités dont la liste suit, regroupée
544 pport général présenté au congrès, une résolution est adoptée, prévoyant la création d’un Laboratoire européen de recherche
545 s le départ, ce projet conçu et initié par le CEC sera réalisé via l’Unesco avec la participation de treize États européens
546 a opéré pendant deux ans au siège du CEC, puis a été transférée à Amsterdam sous la présidence de S. A. R. le prince Bernh
547 as (Manchester).   Les autres entreprises du CEC sont restées pendant toute la durée de leurs activités attachées à l’insti
548 tivités attachées à l’institution mère dont elles sont encore membres. Elles peuvent être groupées sous les rubriques suivan
549 ère dont elles sont encore membres. Elles peuvent être groupées sous les rubriques suivantes : 3. Enseignement L’Assoc
550 ation des instituts d’études européennes, AIEE, a été fondée en 1951 pour regrouper les nombreux instituts dédiés à l’étude
551 es de professeurs. Sous les auspices de l’AIEE se sont tenus au CEC plusieurs colloques sur l’Europe des régions, et un coll
552 professeurs. Sous les auspices de l’AIEE se sont tenus au CEC plusieurs colloques sur l’Europe des régions, et un colloque p
553 préparatoire pour l’Université européenne, qui a été créée à Florence avec l’aide des Communautés économiques de Bruxelles
554 lans de causeries sur les problèmes européens ont été rédigés par le CEC et distribués à plus d’un million d’exemplaires en
555 unauté européenne des guildes et clubs du livre a été fondée au CEC en 1951, avec pour objectifs principaux : l’introductio
556 ve. Elle a créé un Prix littéraire européen qui a été donné entre autres à Czeslav Milosz (prix Nobel 1981) pour son premie
557 tés « pour cause de succès », ses objectifs ayant été pleinement atteints. Dans les années 1960, un groupe de grands éditeu
558 Europe à lancer simultanément dans nos pays. Il a été suivi par la création d’un Pool européen de l’édition, repris sous le
559 ériennes. Une assemblée générale annuelle, qui se tient successivement au siège de chacun des membres, favorise la coopératio
560 communs des festivals. Soulignons ici que l’AEFM est la seule association culturelle européenne qui réunisse des membres d
561 , 29 membres des pays de l’Ouest, 9 des pays de l’ Est , plus Israël et Osaka, membres associés.) Elle préfigure peut-être un
562 le préfigure peut-être une réconciliation dont il est juste qu’elle commence dans le domaine d’une culture qui nous est com
563 e commence dans le domaine d’une culture qui nous est commune. 7. Colloques et séminaires À raison de trois à cinq pa
564 européenne et les problèmes de l’union, l’accent étant porté sur les solutions fédéralistes et sur les régions. Au nombre de
565 s venus de tous les pays d’Europe, y compris de l’ Est , mais aussi des deux Amériques, de l’Afrique et du Proche-Orient.
566 oir plus haut p. 4). Lors de cette conférence ont été décidées les créations du CEC, celle du Collège d’Europe à Bruges, du
567 s irréguliers, des Dossiers d’environ 200 pages sont publiés sur des sujets tels que la coopération régionale transfrontal
568 égionale (Aix-Marseille-Étang de Berre). Colloque tenu à Aix-en-Provence, 136 p. , 1963. Le Dialogue des cultures , colloq
569 p. , 1963. Le Dialogue des cultures , colloque tenu à Genève. Interventions de 14 auteurs, 156 p. , 1962. Les Chances d
570 es accords entre États. Les militants européistes sont parfois tentés de baisser les bras, après trente à quarante ans d’eff
571 ces sur la paix du monde et la survie de l’Europe sont à court terme — quelques années, selon les plus réalistes. Plusieurs
572 les plus réalistes. Plusieurs signes, cependant, sont de nature à entretenir l’espoir. L’influence de notre action de fédér
573 e des progrès, parfois inespérés. Déjà, la guerre est devenue impensable entre deux peuples de l’Europe : fait capital, don
574 Or les solutions aux grands problèmes écologiques sont de nature tantôt locales tantôt continentales, jamais nationales7 : e
575 erspectives du CEC pour les années 1980 Telles étant les conditions actuelles, comment se présente la vocation du CEC ? Le
576 e la vocation du CEC ? Les tâches immédiates nous sont dictées par les considérations suivantes : 1. On n’attend pas du CEC
577 s. 2. Les obstacles à la fédération européenne ne sont pas dans les choses, mais dans les esprits. C’est donc là qu’il s’agi
578 de les réduire en premier lieu, et cette tâche n’ est pas économique d’abord, ni politique d’abord, mais d’abord culturelle
579 CEC, de sa fondation à nos jours — certaines ont été confiées à d’autres institutions, comme prévu par le Centre lui-même 
580 me prévu par le Centre lui-même : — certaines ont été suspendues « pour cause de succès » : — certaines ont été interrompue
581 endues « pour cause de succès » : — certaines ont été interrompues avant terme par suite de circonstances accidentelles, in
582 u sous le coup de pressions extérieures, comme ce fut le cas de la Campagne d’éducation civique européenne et du Dialogue d
583 us nécessaires aujourd’hui que naguère et doivent être maintenues et développées.   1. Colloques et séminaires. Leurs sujets
584 ppées.   1. Colloques et séminaires. Leurs sujets seront déterminés par les grands thèmes de nos activités : — La méthode fédé
585 ) la Campagne d’éducation civique européenne peut être reprise au point où elle fut interrompue en 1978. 5. Archives europée
586 que européenne peut être reprise au point où elle fut interrompue en 1978. 5. Archives européennes. Ce nouveau département
587 . 5. Archives européennes. Ce nouveau département est en train de naître d’une offre faite par la Fondation Coudenhove-Kale
588 morandum Briand présenté à la SDN, Paneuropa peut être considérée comme la première manifestation historique de la volonté d
589 union des Européens au xx e siècle. Cette offre a été pour le CEC l’occasion de réaliser son projet de constituer des Archi
590 Archives européennes, dont les statuts viennent d’ être signés. Il est souhaitable qu’elles se fédèrent par la suite avec d’a
591 nnes, dont les statuts viennent d’être signés. Il est souhaitable qu’elles se fédèrent par la suite avec d’autres fonds eur
592 ec d’autres fonds européens, de telle manière que soit créé à Genève un centre ouvert à la recherche sur l’union européenne,
593 s les pays occidentaux. 6. Enfin, le CEC doit se tenir prêt à intervenir dans des domaines nouveaux qui peuvent se révéler d
594 onséquences financières et sociales (si sérieuses soient -elles). Il devient en effet de plus en plus évident que le problème
595 non pas seulement techniques du phénomène, telle sera l’ambition du CEC au cours de la prochaine décennie. De ces recherche
596 le mondiale. Ce « dialogue multilatéral » devrait être , dans notre esprit, beaucoup moins comparatiste que prospectif ; beau
597 pécifiques que chaque culture, désormais, devrait être en mesure de donner aux mêmes défis de la civilisation technico-indus
598 te Richard Coudenhove-Kalergi, date de 1926. Il a été à l’origine du projet d’union européenne, présenté à la Société des N
599 scrits, dont on a édité le plus récent. s. Ici s’ est glissée une erreur : l’Assemblée ad hoc est une émanation de la CECA
600 Ici s’est glissée une erreur : l’Assemblée ad hoc est une émanation de la CECA et non du Conseil de l’Europe.
11 1985, Tapuscrits divers (1980-1985). Membre d’honneur de la Fondation européenne de la culture (6 juin 1985)
601 mais il y aura bientôt quarante ans de cela, ce n’ est pas rien, c’est la moitié de notre vie pour l’un et l’autre, et cette
602 l’autre, et cette moitié, précisément, dont nous sommes le plus responsables… Qu’avons-nous réussi, de nos projets d’alors ?
603 de l’Europe ! Pourtant, ne pleurons pas : rien n’ est encore joué ! Essayons plutôt d’évoquer en quelques touches l’état d’
604 d’évoquer en quelques touches l’état d’esprit qui était alors le nôtre, ce mélange d’enthousiasme et de naïveté, ont dit cert
605 usiasme et de naïveté, ont dit certains ? Non, ce fut en réalité un mélange beaucoup plus complexe de lucidité quant aux da
606 e aux inerties de l’Histoire. L’Europe, certes, n’ est pas encore « faite », c’est-à-dire fédérée comme nous le voulions, ma
607 ons, mais quelques-uns des moyens de la faire ont été mis en place par nous : parmi eux, le Centre européen de la culture e
608 omiques ont eu pour fondateur Jean Monnet, lequel est très souvent cité pour avoir dit, dans les dernières années de sa vie
609 l’Europe le soir même de mes 40 ans. Mon approche est purement philosophique, morale et culturelle, ce soir-là. Un an plus
610 1947, rentrant définitivement des États-Unis, je suis invité par l’Union européenne des fédéralistes que préside Henri Brug
611 ompagnon de combat personnaliste, Alexandre Marc, est le délégué général, à prononcer le « keynote speech » du premier cong
612 fédéraliste ». À peine descendu de la tribune, je suis abordé par Retinger, appuyé sur sa canne légendaire, qui me dit : « V
613 l’eau au Montreux Palace. » Dès cet instant, j’ai été engagé au service de l’Europe fédérée, gage de paix pour cette fin du
614 me donniez la preuve que la culture, pour vous, n’ est pas seulement l’ornement rhétorique d’un discours de fin de banquet.
615 fin de banquet. Je demande donc que ma commission soit chargée de rédiger le Message final du congrès. Condition aussitôt ac
616 10 mai, la résolution de la commission culturelle est adoptée : elle propose la création d’un Centre européen de la culture
617 de dollars pour l’Europe, dont une large partie a été promise au Centre. Au jour annoncé pour la décision, j’attends chez m
618 t que nous nous occupons de trop de choses !… » J’ étais en train de fermer mes grands rideaux jaunes. Pris de colère, je les
619 onnera de l’argent que lorsqu’on pensera que nous sommes en mesure d’en distribuer nous-même… ! » Et Silva de conclure ma phra
620 rase : « Et cela signifie : fondation ! » Telle a été , Madame, l’occasion de la naissance de la Fondation européenne de la
621 cela, les choses vont se précipiter. L’année 1953 est occupée par des contacts — pour beaucoup organisés par Retinger — ave
622 ientôt le nom de « Club européen ». La réunion se tient les 14 et 15 novembre 1953 au Pavillon Henry IV, à Saint-Germain-en-L
623 ne à Bruxelles, où l’on craint un moment que tout soit compromis, comme il arrive, une autre à Bâle, qui prépare les statuts
624 llande. Le notaire nous demande de signer : « Qui est le président ? » Stupeur : nous avons oublié, tout simplement, d’en n
625 emplaciez à la première occasion ! Cette occasion sera aménagée, une fois de plus, par Retinger : ce sera S. A. R. le prince
626 era aménagée, une fois de plus, par Retinger : ce sera S. A. R. le prince Bernhard des Pays-Bas qui acceptera la présidence
627 us l’avez dit très justement, Madame, le Centre a été , dès 1948, « the main focus of my struggle », et les circonstances mê
628 Centre. Mais, depuis lors, les deux institutions sont toujours restées inséparables dans mon esprit, et ne cesseront pas de
629 arables dans mon esprit, et ne cesseront pas de l’ être tant qu’il me restera assez d’énergie pour poursuivre mon grand desse
630 olitique et l’éducation (médias compris), quelles sont les vraies fins à poursuivre et quels critères éthiques doivent être
631 s à poursuivre et quels critères éthiques doivent être respectés si l’on veut aller vraiment vers ces fins, comme la paix, l
632 buts réels de notre société, analyse qui devrait être conduite par les meilleures têtes dans chaque domaine, et qui pourrai
633 ui l’humanité et même toute vie sur la Terre. Tel serait le Programme culturel que l’Europe pourrait instituer en modèle pour
634 pte près de 70 — qui, chose étrange, n’ont jamais été réunies jusqu’ici, alors qu’ensemble elles peuvent créer demain une f
635 hes à entreprendre, et s’ils le font ensemble, je serai le plus heureux des militants de cette fédération européenne, « suprê
636 uchâtel sous l’identifiant 890. Le titre original est  : « Remerciement de Denis de Rougemont après le discours de S. A. R.