1 )a I. À votre avis, vers quoi risquons-nous d’ aller dans les 20 ans qui viennent ? Très en gros, si nous continuo

2 sans modification, ce qui se fait. Il serait vain d’ essayer d’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 198

3 ication, ce qui se fait. Il serait vain d’essayer d’ extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’i

4 . Il serait vain d’essayer d’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’il faut savoir, c’est ve

5 t vain d’essayer d’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’il faut savoir, c’est vers quoi no

6 ’extrapoler l’an 2000 de l’état de la conjoncture de l’an 1980. Ce qu’il faut savoir, c’est vers quoi nous voulons ou pouv

7 ugeage industriel… » Vous vendez donc du confort, de l’économie d’énergie et de la climatisation. Sur le confort, j’ai les

8 iel… » Vous vendez donc du confort, de l’économie d’ énergie et de la climatisation. Sur le confort, j’ai les plus grands d

9 endez donc du confort, de l’économie d’énergie et de la climatisation. Sur le confort, j’ai les plus grands doutes. Le con

10 doutes. Le confort est une conception qui est née d’ une manière tout à fait obscure — à partir de ce qu’on en dit dans la

11 par croire qu’il était le fondement même, le but de la vie. La constitution américaine affirme pour chaque homme le droit

12 droit au confort, c’est-à-dire un certain nombre de degrés de température dans les appartements (beaucoup trop élevé en g

13 confort, c’est-à-dire un certain nombre de degrés de température dans les appartements (beaucoup trop élevé en général) et

14 taux américains. C’est un épouvantable gaspillage d’ énergie et je ne puis dire à quel point je suis contre la climatisatio

15 la climatisation. Il y a beaucoup d’autres moyens de se débarrasser de cet inconvénient peu considérable qu’est l’excès de

16 Il y a beaucoup d’autres moyens de se débarrasser de cet inconvénient peu considérable qu’est l’excès de chaleur, dans nos

17 cet inconvénient peu considérable qu’est l’excès de chaleur, dans nos pays. II. Voici les grandes questions qui nous

18 s supposé qu’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’approvisionnement ; qu’il y aurait une augmentation import

19 ’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’ approvisionnement ; qu’il y aurait une augmentation importante des pri

20 économiserait l’énergie pour faire des économies de devises (balance des paiements). Qu’en pensez-vous ? 2° Nous avons su

21 de vous le dire, je pense que faire des économies d’ énergie, en particulier par l’isolation, est une des tâches immédiates

22 moyen terme les plus importantes pour l’industrie d’ aujourd’hui. Autrement, nous irons dans des impasses et nous n’avons p

23 es impasses et nous n’avons pas encore les moyens d’ y faire face. Donc, la première chose, c’est d’isoler, de conserver, d

24 ns d’y faire face. Donc, la première chose, c’est d’ isoler, de conserver, d’économiser l’énergie. Vous supposez qu’il n’y

25 re face. Donc, la première chose, c’est d’isoler, de conserver, d’économiser l’énergie. Vous supposez qu’il n’y aurait pas

26 la première chose, c’est d’isoler, de conserver, d’ économiser l’énergie. Vous supposez qu’il n’y aurait pas, quantitative

27 supposez qu’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’approvisionnement. Mais il me semble que nous sommes déjà

28 ’il n’y aurait pas, quantitativement, de problème d’ approvisionnement. Mais il me semble que nous sommes déjà en plein pro

29 me semble que nous sommes déjà en plein problème d’ approvisionnement d’énergie, non pas que nous en manquions actuellemen

30 sommes déjà en plein problème d’approvisionnement d’ énergie, non pas que nous en manquions actuellement, mais nous sommes

31 anquions actuellement, mais nous sommes tout près d’ en manquer par épuisement des ressources naturelles, non renouvelables

32 e pétrole, je me suis laissé dire par des membres de la Commission du droit de la mer (ils représentent des gouvernements,

33 sé dire par des membres de la Commission du droit de la mer (ils représentent des gouvernements, sont donc responsables) q

34 hore pour 500 ans, la question étant une question d’ écologie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et de s’exposer à

35 question d’écologie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et de s’exposer à des accidents comme Ixtoc 2. Il semble q

36 gie, à savoir : s’il est prudent de l’extraire et de s’exposer à des accidents comme Ixtoc 2. Il semble que tout ce qu’on

37 . Il semble que tout ce qu’on raconte depuis plus de 20 ans : qu’il n’y a plus que pour 20 ans de pétrole dans le monde et

38 plus de 20 ans : qu’il n’y a plus que pour 20 ans de pétrole dans le monde et qu’il faut tout refaire d’après cette certit

39 ut tout refaire d’après cette certitude-là, c’est de la publicité pour le nucléaire. Cela a été presque avoué par un certa

40 e. Cela a été presque avoué par un certain nombre de grands dirigeants des industries nucléaires de différents pays. La qu

41 re de grands dirigeants des industries nucléaires de différents pays. La question de l’épuisement de l’uranium : on nous a

42 stries nucléaires de différents pays. La question de l’épuisement de l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20

43 s de différents pays. La question de l’épuisement de l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20 ans, que l’on t

44 l’épuisement de l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20 ans, que l’on transporte d’ailleurs inchangé à trave

45 e l’uranium : on nous a aussi parlé de ce chiffre de 20 ans, que l’on transporte d’ailleurs inchangé à travers le temps. J

46 Congrès mondial des producteurs et distributeurs d’ électricité. Je leur avais dit : « D’après tous vos rapports, il sembl

47 s tous vos rapports, il semble qu’il n’y ait plus de pétrole que pour vingt ans et c’est une crise très grave pour l’Europ

48 ur vingt ans et c’est une crise très grave pour l’ Europe . Mais il se trouve que, par bonheur, nous avons l’énergie nucléaire »

49 ’est encore plus grave, parce que cela relèverait d’ une certaine politique inavouée ? Le manque d’approvisionnement en éle

50 ait d’une certaine politique inavouée ? Le manque d’ approvisionnement en électricité n’est pas évident dans un pays comme

51 ns à revendre, littéralement, chaque année. C’est de bonne politique d’avoir une certaine marge pour les années où il y au

52 éralement, chaque année. C’est de bonne politique d’ avoir une certaine marge pour les années où il y aurait moins d’eau et

53 rtaine marge pour les années où il y aurait moins d’ eau et où il y aurait des difficultés de se procurer du pétrole. Mais

54 ait moins d’eau et où il y aurait des difficultés de se procurer du pétrole. Mais il ne faut pas qu’on nous dise que nous

55 il ne faut pas qu’on nous dise que nous manquons d’ électricité ; nous n’en manquerons que si l’on continue à développer l

56 ns, les appartements, [sous peine de]b gaspillage d’ énergie électrique par le chauffage électrique qui a le plus bas rende

57 chauffage électrique qui a le plus bas rendement de tous les appareils que l’homme a faits jusqu’à présent — 5-6 % ! — ,

58 nt de passer à des aventures comme le nucléaire —  de produire le maximum d’isolation possible, c’est-à-dire de conservatio

59 tures comme le nucléaire — de produire le maximum d’ isolation possible, c’est-à-dire de conservation de l’énergie, puisque

60 ire le maximum d’isolation possible, c’est-à-dire de conservation de l’énergie, puisque nous en avons assez maintenant et

61 ’isolation possible, c’est-à-dire de conservation de l’énergie, puisque nous en avons assez maintenant et que toutes les e

62 ns qu’on avait faites, disant que la consommation d’ énergie doublerait tous les 7 ans (c’est ce qu’on m’affirmait il y a 1

63 rogrès. Et maintenant, c’est pure spéculation que de dire qu’on aura besoin de tant pour cent de plus d’électricité dans l

64 st pure spéculation que de dire qu’on aura besoin de tant pour cent de plus d’électricité dans les dix ans qui viennent, c

65 dire qu’on aura besoin de tant pour cent de plus d’ électricité dans les dix ans qui viennent, car personne n’en sait rien

66 ait rien. Je cite toujours cet exemple : à la fin de l’hiver 1973-1974, qui a suivi la soi-disant crise du pétrole — ce n’

67 isant crise du pétrole — ce n’était qu’une menace de crise du pétrole — , le conseiller fédéral Brugger a fait un discours

68 ew et une intervention aux Chambres dans l’espace d’ une semaine, confirmant que le peuple suisse avait fait — sans y être

69 uple suisse avait fait — sans y être forcé — 20 % d’ économies de consommation d’électricité, par exemple en abaissant le d

70 avait fait — sans y être forcé — 20 % d’économies de consommation d’électricité, par exemple en abaissant le degré de temp

71 s y être forcé — 20 % d’économies de consommation d’ électricité, par exemple en abaissant le degré de température dans les

72 d’électricité, par exemple en abaissant le degré de température dans les appartements, qui était beaucoup trop élevé. On

73 t tort à toutes les prévisions sur l’augmentation de la consommation d’énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnair

74 prévisions sur l’augmentation de la consommation d’ énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnaire, il est dit qu’il

75 ugmentation de la consommation d’énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnaire, il est dit qu’il faut économiser l’

76 e la consommation d’énergie. Au haut de la page 4 de votre questionnaire, il est dit qu’il faut économiser l’énergie pour

77 aut économiser l’énergie pour faire des économies de devises. À mon sens, c’est beaucoup trop étroit, cette approche du pr

78 économiser l’énergie parce que c’est une question de société : nous faisons fausse route en utilisant toujours plus d’éner

79 s faisons fausse route en utilisant toujours plus d’ énergie et en gardant dans notre tête cette croyance superstitieuse, m

80 rstitieuse, mythologique, en la nécessité absolue d’ utiliser toujours plus de tout. Nous risquons de le payer très cher, p

81 en la nécessité absolue d’utiliser toujours plus de tout. Nous risquons de le payer très cher, pas seulement en devises.

82 e d’utiliser toujours plus de tout. Nous risquons de le payer très cher, pas seulement en devises. Nous risquons de le pay

83 rès cher, pas seulement en devises. Nous risquons de le payer par une espèce d’atrophie générale de l’énergie humaine. À f

84 devises. Nous risquons de le payer par une espèce d’ atrophie générale de l’énergie humaine. À force de faire croire aux ge

85 ns de le payer par une espèce d’atrophie générale de l’énergie humaine. À force de faire croire aux gens qu’ils ont besoin

86 force de faire croire aux gens qu’ils ont besoin de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctio

87 roire aux gens qu’ils ont besoin de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctionnent à leur plac

88 s qu’ils ont besoin de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctionnent à leur place, de toujour

89 in de toujours plus de voitures, de toujours plus de mécaniques qui fonctionnent à leur place, de toujours plus d’ascenseu

90 plus de mécaniques qui fonctionnent à leur place, de toujours plus d’ascenseurs, etc., on arrivera d’abord tout bêtement à

91 s qui fonctionnent à leur place, de toujours plus d’ ascenseurs, etc., on arrivera d’abord tout bêtement à une atrophie mus

92 ent plus. Et on découragera des ressorts profonds de l’activité humaine, qui sont tout ce que l’homme peut sortir d’énergi

93 humaine, qui sont tout ce que l’homme peut sortir d’ énergie de lui-même. Il y a là un problème fondamental. On nous dit :

94 ui sont tout ce que l’homme peut sortir d’énergie de lui-même. Il y a là un problème fondamental. On nous dit : la populat

95 al. On nous dit : la population mondiale (qui est de quatre milliards) va doubler dans les 30 ans qui viennent ; il faudra

96 nt ; il faudra donc créer au moins deux fois plus d’ énergie. C’est oublier une seule chose : quatre milliards d’hommes et

97 C’est oublier une seule chose : quatre milliards d’ hommes et de femmes de plus, cela représente beaucoup d’énergie ! Mais

98 er une seule chose : quatre milliards d’hommes et de femmes de plus, cela représente beaucoup d’énergie ! Mais, on n’en ti

99 es et de femmes de plus, cela représente beaucoup d’ énergie ! Mais, on n’en tient aucun compte dans les prévisions ; on fa

100 comme si toute l’énergie devait arriver à l’homme de l’extérieur. Eh bien, une attitude de ce genre-là est extrêmement gra

101 r à l’homme de l’extérieur. Eh bien, une attitude de ce genre-là est extrêmement grave pour l’avenir de la race humaine. C

102 e ce genre-là est extrêmement grave pour l’avenir de la race humaine. C’est peut-être excellent pour le développement immé

103 payer par une décadence, une dégradation générale de la race elle-même, des hommes en général. Dans cette série de questi

104 le-même, des hommes en général. Dans cette série de questions où il y a l’énergie, j’ai aussi relevé la : Télématique

105 chaque logement une pièce réservée au traitement de l’information à domicile. Qu’en pensez-vous ? Je fais toutes réserves

106 pensez-vous ? Je fais toutes réserves sur le sens de « traitement ». Il me semble qu’il s’agit d’un terminal qui serait da

107 sens de « traitement ». Il me semble qu’il s’agit d’ un terminal qui serait dans chaque ménage, comme on a aujourd’hui la t

108 la télévision. Mais le traitement pose déjà assez de problèmes dans l’informatique sans qu’on en ajoute encore un qui sera

109 matique sans qu’on en ajoute encore un qui serait de faire bricoler les émissions — je ne sais comment — par des gens qui

110 n position passive — comme on reçoit déjà pas mal d’ informations, d’images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’

111 ve — comme on reçoit déjà pas mal d’informations, d’ images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’habituer à recev

112 e on reçoit déjà pas mal d’informations, d’images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’habituer à recevoir toute

113 ’images de TV. Cela me paraît aussi dangereux que de s’habituer à recevoir toute l’énergie de l’extérieur. Le « traitement

114 reux que de s’habituer à recevoir toute l’énergie de l’extérieur. Le « traitement » dont il est question ici par erreur (a

115 tout ce que nous avons reçu. Sommes-nous en état de retraiter, de digérer toutes ces informations ? Voilà la question ! E

116 ous avons reçu. Sommes-nous en état de retraiter, de digérer toutes ces informations ? Voilà la question ! Est-ce que ce n

117 -ce que ce n’est pas pour le moment une pollution d’ en avoir trop, comme si on était obligé tout d’un coup de manger une t

118 on d’en avoir trop, comme si on était obligé tout d’ un coup de manger une tonne de viande en une semaine ? C’est une pollu

119 oir trop, comme si on était obligé tout d’un coup de manger une tonne de viande en une semaine ? C’est une pollution qui p

120 n était obligé tout d’un coup de manger une tonne de viande en une semaine ? C’est une pollution qui peut devenir très gra

121 ut encrasser les canaux, les mécanismes chimiques de notre cerveau. C’est une crainte que j’ai, en transposant ce qui se p

122 n sait ce que signifie une indigestion ou l’excès de certains corps dans les aliments, ou leur manque, mais surtout leur e

123 , sur une base purement technique, pour améliorer d’ un millionième de seconde le temps d’accès à l’information : car notre

124 rement technique, pour améliorer d’un millionième de seconde le temps d’accès à l’information : car notre cerveau est beau

125 ur améliorer d’un millionième de seconde le temps d’ accès à l’information : car notre cerveau est beaucoup plus lent que b

126 s, à quoi cela sert-il qu’on lui diminue ce temps d’ accès ? Cela veut dire ou bien que l’information passe sans le toucher

127 toucher et sans agir sur lui, ou bien qu’elle est de trop, qu’elle le brouille, qu’elle ajoute à l’obscurité ou à la diffi

128 , qu’elle ajoute à l’obscurité ou à la difficulté de raisonner sur quelque chose. Il y a là un tas de problèmes qu’on a en

129 à faire des mesures sur ces choses, mais le gros de l’effort se porte sur la recherche technologique, parce qu’il y a d’a

130 ue, parce qu’il y a d’autres domaines comme celui de la guerre où il peut être très important de gagner par-ci par-là quel

131 celui de la guerre où il peut être très important de gagner par-ci par-là quelques millionièmes de seconde… Urbanisme

132 ant de gagner par-ci par-là quelques millionièmes de seconde… Urbanisme Nous avons supposé que les 20 ans à venir ve

133 illeurs que certains responsables, dans plusieurs de nos pays, en ont pris conscience : par exemple Giscard d’Estaing inte

134 ing interdisant qu’on dépasse un certain nombre X d’ étages dans les constructions à Paris et dans la région parisienne. Ce

135 jamais imaginé des monstres pareils pour dévorer de l’énergie (les ascenseurs, etc.). Et je ne vois pas très bien comment

136 solution, de même que cela n’est pas une solution de dire qu’à la fin du siècle — comme beaucoup de sociologues l’affirmen

137 beaucoup de sociologues l’affirment encore — 4/5e de la population vivraient dans de grandes villes. On ne sait d’ailleurs

138 ent encore — 4/5e de la population vivraient dans de grandes villes. On ne sait d’ailleurs plus ce que veut dire une grand

139 omme le disait Toynbee : alors que sur les cartes de géographies d’aujourd’hui, les villes sont des points noirs entourés

140 Toynbee : alors que sur les cartes de géographies d’ aujourd’hui, les villes sont des points noirs entourés de campagnes, c

141 rd’hui, les villes sont des points noirs entourés de campagnes, ce sera l’inverse à ce moment-là. Il n’y aura presque que

142 agricoles. Donc c’est impossible. C’est vraiment de l’utopie. Nous serons arrêtés par la force des choses, des résistance

143 force des choses, des résistances matérielles et de la nécessité de se nourrir. Les « distances à parcourir » : cela fait

144 s, des résistances matérielles et de la nécessité de se nourrir. Les « distances à parcourir » : cela fait partie de ce gr

145 Les « distances à parcourir » : cela fait partie de ce grand système qui a été instauré par Ford à partir du début du siè

146 partir du début du siècle avec sa première usine d’ autos, fondée en 1899 seulement. Cela a créé la possibilité d’aller à

147 ée en 1899 seulement. Cela a créé la possibilité d’ aller à de grandes distances de chez soi pour son travail et cette dis

148 seulement. Cela a créé la possibilité d’aller à de grandes distances de chez soi pour son travail et cette distance a en

149 réé la possibilité d’aller à de grandes distances de chez soi pour son travail et cette distance a en retour exigé une pro

150 n retour exigé une production toujours croissante d’ automobiles, pour que les ouvriers puissent aller sur leur lieu de tra

151 our que les ouvriers puissent aller sur leur lieu de travail fabriquer d’autres automobiles qui leur permettent d’aller to

152 abriquer d’autres automobiles qui leur permettent d’ aller toujours plus loin. On a créé à plaisir ce problème qui est deve

153 jour pour se déplacer, au détriment des loisirs, de la culture, de la vie affective, de l’hygiène. Donc, il ne faut pas r

154 éplacer, au détriment des loisirs, de la culture, de la vie affective, de l’hygiène. Donc, il ne faut pas resserrer le tis

155 des loisirs, de la culture, de la vie affective, de l’hygiène. Donc, il ne faut pas resserrer le tissu urbain, il faut ré

156 ne évidence. Je crois que tous les grands projets de ceux qu’on a appelés les « architectes visionnaires » consistent à ré

157 suédoise ou à la hollandaise aurait gagné toute l’ Europe . Qu’en pensez-vous ? Je pense que cela ne changerait rien d’essentiel

158 ensez-vous ? Je pense que cela ne changerait rien d’ essentiel à ce qui se fait aujourd’hui. Entre la conception suisse et

159 uédoise par exemple, je ne vois aucune différence de quelque importance dans l’appréciation des comportements humains, des

160 ’appréciation des comportements humains, des buts de la vie humaine, des moyens d’y arriver, ni dans la conception de la p

161 s humains, des buts de la vie humaine, des moyens d’ y arriver, ni dans la conception de la production d’énergie, des rappo

162 ne, des moyens d’y arriver, ni dans la conception de la production d’énergie, des rapports de l’homme avec la nature, des

163 y arriver, ni dans la conception de la production d’ énergie, des rapports de l’homme avec la nature, des questions d’emplo

164 nception de la production d’énergie, des rapports de l’homme avec la nature, des questions d’emploi, qui sont jugées à peu

165 rapports de l’homme avec la nature, des questions d’ emploi, qui sont jugées à peu près de la même manière. Voyez les votes

166 es questions d’emploi, qui sont jugées à peu près de la même manière. Voyez les votes sur l’énergie nucléaire par exemple 

167 re, alors que leur régime est au fond très voisin de celui de la Suède et de la Suisse. Il me semble que sur les points ca

168 que leur régime est au fond très voisin de celui de la Suède et de la Suisse. Il me semble que sur les points capitaux, i

169 e est au fond très voisin de celui de la Suède et de la Suisse. Il me semble que sur les points capitaux, il n’y a pour ai

170 les points capitaux, il n’y a pour ainsi dire pas de différences entre, disons, le capitalisme, tout de même assez solidar

171 n’est pas du tout suffisant parce qu’il n’y a pas de prise de position sur les points principaux : faut-il continuer à pou

172 du tout suffisant parce qu’il n’y a pas de prise de position sur les points principaux : faut-il continuer à pousser vers

173 ment industriel machinique, robotique, a pour fin de libérer l’homme du travail mécanique ? C’est-à-dire de créer, par son

174 bérer l’homme du travail mécanique ? C’est-à-dire de créer, par son succès même, une destruction toujours accrue des emplo

175 comme la plupart des ministres dans tous les pays européens et américains — que le chômage sera résorbé d’ici peu, on ne fait que

176 is qu’on ne pourra pas continuer dans cette ligne d’ hypocrisie sociale et de politique générale très longtemps et cela dev

177 ontinuer dans cette ligne d’hypocrisie sociale et de politique générale très longtemps et cela devient tout à fait évident

178 e des chiffres très impressionnants sur le nombre d’ emplois supprimés à chaque progrès normal de la science, de la technol

179 ombre d’emplois supprimés à chaque progrès normal de la science, de la technologie et de l’industrie qui les traduisent au

180 supprimés à chaque progrès normal de la science, de la technologie et de l’industrie qui les traduisent aussi vite qu’ell

181 rogrès normal de la science, de la technologie et de l’industrie qui les traduisent aussi vite qu’elles le peuvent, parce

182 masquer indéfiniment ce fait. J’ai donné dans un de mes derniers livres quelques exemples (comme celui des procédés de tr

183 ivres quelques exemples (comme celui des procédés de tri postal, des expéditions postales) qui permettront de supprimer 9/

184 postal, des expéditions postales) qui permettront de supprimer 9/10e des employés des PTT d’ici très peu de temps. Mais on

185 malthusianisme. À cet égard, on a peur justement de voir se développer les effets normaux, et qu’on recherchait au début,

186 es effets normaux, et qu’on recherchait au début, de la libération du travail humain par la mécanique. On recule devant ce

187  ? Comment va-t-on donner aux gens la possibilité de ne rien faire ou de faire ce qu’ils veulent de manière créative — art

188 onner aux gens la possibilité de ne rien faire ou de faire ce qu’ils veulent de manière créative — artisanat et toutes ces

189 té de ne rien faire ou de faire ce qu’ils veulent de manière créative — artisanat et toutes ces choses-là — que le machini

190 un exemple qui n’est pas suisse. J’habite le pays de Gex ; c’est un pays où, de Divonne à Bellegarde, on ne trouve pas un

191 isse. J’habite le pays de Gex ; c’est un pays où, de Divonne à Bellegarde, on ne trouve pas un ferronnier-serrurier qui pu

192 CERN, parce que — me dit-il — il doit payer 25 % d’ impôts et 45 % de licence, de patente et autres droits qui l’empêchent

193 — me dit-il — il doit payer 25 % d’impôts et 45 % de licence, de patente et autres droits qui l’empêchent de continuer son

194 — il doit payer 25 % d’impôts et 45 % de licence, de patente et autres droits qui l’empêchent de continuer son métier qu’i

195 ence, de patente et autres droits qui l’empêchent de continuer son métier qu’il aimait. Le machinisme a détruit tout cela.

196 ruit tout cela. Il ne donne aucun moyen jusqu’ici de le remplacer. C’est un problème gigantesque qui sera le grand problèm

197 avant qui le résolve par la suppression générale de tous les problèmes. Je pense que c’est un problème que le socialisme

198 lème que le socialisme à la suédoise nous empêche de regarder en face. Les systèmes mi-socialistes, mi-libéraux que nous a

199 istes, mi-libéraux que nous avons sont des moyens de retarder l’heure de vérité, l’heure de l’explication. Environnemen

200 ue nous avons sont des moyens de retarder l’heure de vérité, l’heure de l’explication. Environnement Nous avons supp

201 des moyens de retarder l’heure de vérité, l’heure de l’explication. Environnement Nous avons supposé que la dépollut

202 ut à fait évident que le travail pour le maintien de l’environnement ou la lutte contre les pollutions déjà installées est

203 les pollutions déjà installées est un des moyens de répondre vraiment à la question de la suppression des emplois par le

204 un des moyens de répondre vraiment à la question de la suppression des emplois par le développement industriel. Des gens

205 qu’on appelle le combat écologique ou le maintien de l’environnement va pouvoir occuper un très grand nombre d’hommes et d

206 ronnement va pouvoir occuper un très grand nombre d’ hommes et d’une manière plus intéressante souvent et plus saine, que l

207 pouvoir occuper un très grand nombre d’hommes et d’ une manière plus intéressante souvent et plus saine, que le travail qu

208 usines. Je pense qu’il y a là un moyen provisoire de résoudre le problème de l’emploi, d’ici l’an 2000. Je vois ce qui se

209 a là un moyen provisoire de résoudre le problème de l’emploi, d’ici l’an 2000. Je vois ce qui se passe pour le lac Léman,

210 ravail pour beaucoup de monde. Il y a un problème de recyclage important, lié à l’environnement. Le recyclage des matériau

211 mon imagination, que l’isolation. C’est un moyen d’ atteindre les objectifs actuels à beaucoup moins de frais, en détruisa

212 ’atteindre les objectifs actuels à beaucoup moins de frais, en détruisant beaucoup moins de choses, en consommant beaucoup

213 coup moins de frais, en détruisant beaucoup moins de choses, en consommant beaucoup moins de ressources matérielles. Donc

214 oup moins de choses, en consommant beaucoup moins de ressources matérielles. Donc c’est un moyen écologique qui maintient

215 ologiques donnés à la nature, le respect des lois de l’écologie, tout cela est du réalisme, tout cela consiste à ordonner

216 réalisme, tout cela consiste à ordonner l’action de l’homme aux réalités, à ne pas les tuer d’abord pour instaurer à leur

217 r instaurer à leur place un monde artificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspon

218 r à leur place un monde artificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspondent à l’u

219 un monde artificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspondent à l’utopie en généra

220 rtificiel fait de métal, de verre, même de fibres de verre, toutes choses qui correspondent à l’utopie en général, pour l’

221 correspondent à l’utopie en général, pour l’homme d’ aujourd’hui. On peut essayer de l’expliquer en disant que cela répond

222 éral, pour l’homme d’aujourd’hui. On peut essayer de l’expliquer en disant que cela répond probablement à un besoin profon

223 que cela répond probablement à un besoin profond de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort.

224 à un besoin profond de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort. Tout ce qui est vivant et nat

225 n profond de l’homme, qui est le besoin de durer, de ne pas être soumis à la mort. Tout ce qui est vivant et naturel est s

226 rt, la mort étant une des conditions du renouveau de la vie. L’homme a peur de la mort bien entendu. Il se dit que si, peu

227 conditions du renouveau de la vie. L’homme a peur de la mort bien entendu. Il se dit que si, peu à peu, il substituait à s

228 ien parce qu’on vivrait toujours. C’est le comble de l’utopie. En revanche, essayer de tenir compte des lois de la santé,

229 C’est le comble de l’utopie. En revanche, essayer de tenir compte des lois de la santé, des équilibres naturels, c’est le

230 ie. En revanche, essayer de tenir compte des lois de la santé, des équilibres naturels, c’est le comble du réalisme. Seule

231 st le comble du réalisme. Seulement cela implique de prendre en compte la mort, et c’est ce que les hommes ne veulent pas.

232 des substances radioactives. C’est le cas typique de l’utilité du robot. Puisque dans certains pays au moins on se lance à

233 ps perdu vers l’énergie nucléaire, on aura besoin de beaucoup de robots. Ces robots auront une autre conséquence, c’est qu

234 c’est qu’ils détruiront très visiblement beaucoup d’ emplois. Ils nous obligeront à faire face au problème de la destructio

235 ois. Ils nous obligeront à faire face au problème de la destruction des emplois par la machine, devant lequel, communistes

236 faisons tous retraite aujourd’hui. Nous refusons de le regarder. Les robots nous y obligeront. Progrès technologique

237 des questions comme l’isolation ou l’utilisation de l’énergie dans le bâtiment. Mais, à part cela, il me semble que les p

238 ourir nos villages on est frappé par l’impression de bien-être et de beauté qu’ils donnent, comparés aux villages de pays

239 es on est frappé par l’impression de bien-être et de beauté qu’ils donnent, comparés aux villages de pays environnants et

240 t de beauté qu’ils donnent, comparés aux villages de pays environnants et surtout aux villages industriels, aux villages n

241 s nouveaux, souvent construits selon les procédés de préfabrication. Je m’en félicite, parce que cet habitat est fait pour

242 os climats. On pourrait certainement faire encore de grands progrès en isolation. Les questions de chauffage devraient êtr

243 ore de grands progrès en isolation. Les questions de chauffage devraient être revues. Exigences croissantes du consomma

244 ° Confort Nous avons supposé que les exigences de confort augmenteraient ; en particulier que, du point de vue du confo

245 culier que, du point de vue du confort, l’habitat de qualité de l’an 2000 serait sans commune mesure avec celui d’aujourd’

246 du point de vue du confort, l’habitat de qualité de l’an 2000 serait sans commune mesure avec celui d’aujourd’hui. Qu’en

247 e l’an 2000 serait sans commune mesure avec celui d’ aujourd’hui. Qu’en pensez-vous ? Je déteste ce terme de confort, c’est

248 ourd’hui. Qu’en pensez-vous ? Je déteste ce terme de confort, c’est un concept en caoutchouc. C’est une chose qu’on a inve

249 vérifiable. Le confort peut se mesurer en degrés de température, en espace disponible, en vitesse de la voiture, choses m

250 de température, en espace disponible, en vitesse de la voiture, choses mesurables, mais qui sont très loin de ce qu’évoqu

251 mais qui sont très loin de ce qu’évoque le terme de bien-être, ou de bonheur. Je constate que pas une seule religion, de

252 ès loin de ce qu’évoque le terme de bien-être, ou de bonheur. Je constate que pas une seule religion, de toutes celles que

253 bonheur. Je constate que pas une seule religion, de toutes celles que j’ai pu étudier, pas une seule philosophie digne de

254 j’ai pu étudier, pas une seule philosophie digne de ce nom, n’a jamais eu un concept qui corresponde à celui du confort,

255 nfort, n’a jamais donné pour but à la vie humaine d’ être « confortable ». C’est une création de la publicité. Cela a comme

256 umaine d’être « confortable ». C’est une création de la publicité. Cela a commencé dans les pays industriels, en Grande-Br

257 aux États-Unis, c’est là qu’on a inventé ce terme de « confort » que nous avons repris ensuite, et au sérieux duquel je ne

258 s en plus grande du travail manuel (gratification de celui-ci, recherche d’un meilleur confort dans les entreprises, etc.)

259 vail manuel (gratification de celui-ci, recherche d’ un meilleur confort dans les entreprises, etc.) Qu’en pensez-vous ? Je

260 ) Qu’en pensez-vous ? Je pense qu’une des raisons d’ espérer que nous avons aujourd’hui, c’est la renaissance généralisée d

261 ons aujourd’hui, c’est la renaissance généralisée de l’artisanat, du travail manuel qui est au fond le travail créateur. T

262 uis celui qui fait des statues ou du modelage, ou de la poterie jusqu’à l’écrivain qui écrit à la main ou tape à la machin

263 oulait dire que la pensée devait être responsable de ses créations. Je citais une phrase de saint Thomas : « L’homme possè

264 esponsable de ses créations. Je citais une phrase de saint Thomas : « L’homme possède par nature la raison et une main » e

265 ature la raison et une main » et une autre phrase de Goethe : « La pensée ne vaut rien pour penser », c’est-à-dire qu’il f

266 ui viennent parce qu’il y aura tout ce contingent de travail humain libéré, substitué par la robotisation souhaitable. Je

267 mier article que j’ai publié à Paris sur ce genre de question, dans le numéro 1 d’une petite revue personnaliste que nous

268 Paris sur ce genre de question, dans le numéro 1 d’ une petite revue personnaliste que nous avions créée à l’époque, et qu

269 ard d’Estaing a beaucoup insisté sur la nécessité de l’artisanat. Il ne me semble pas que là encore on ait osé trop regard

270 ns faire beaucoup, car les Suisses sont un peuple d’ artisans, même quand ils sont ouvriers, ils sont « qualifiés ». Il y a

271 s à bien finir les choses à la main. 3° Besoin de sécurité Nous avons supposé que le besoin grandissant de sécurité

272 é Nous avons supposé que le besoin grandissant de sécurité provoquerait soit un regroupement en « villages », soit l’ap

273 n regroupement en « villages », soit l’apparition d’ un « marché de la peur » (systèmes de sécurité, blindage, etc.). Qu’en

274 en « villages », soit l’apparition d’un « marché de la peur » (systèmes de sécurité, blindage, etc.). Qu’en pensez-vous ?

275 l’apparition d’un « marché de la peur » (systèmes de sécurité, blindage, etc.). Qu’en pensez-vous ? Il me semble qu’on n’a

276 on du régime social, du régime moral, des raisons de vivre, du bonheur des gens — pas de leur confort, mais de leur bonheu

277 , des raisons de vivre, du bonheur des gens — pas de leur confort, mais de leur bonheur. Le « marché de la peur » est une

278 , du bonheur des gens — pas de leur confort, mais de leur bonheur. Le « marché de la peur » est une espèce de prime à la l

279 e leur confort, mais de leur bonheur. Le « marché de la peur » est une espèce de prime à la lâcheté civique et à l’inertie

280 bonheur. Le « marché de la peur » est une espèce de prime à la lâcheté civique et à l’inertie, à la paresse sociale. Ce n

281 s maisons et en tuant de temps en temps un membre de sa famille par erreur parce qu’il est rentré un soir tard, comme on p

282 ec ces procédés qu’on remédiera à la vague énorme de délinquance. La délinquance a des sources qui sont connues, et il fau

283 ect entre le nombre des étages et l’accroissement de la délinquance dans certains grands ensembles. C’est une mesure extrê

284 t une mesure extrêmement frappante. Un des moyens de diminuer la délinquance, ce n’est donc pas d’installer des sonneries

285 ens de diminuer la délinquance, ce n’est donc pas d’ installer des sonneries partout, mais de diminuer le nombre des étages

286 donc pas d’installer des sonneries partout, mais de diminuer le nombre des étages. 4° Abri antiatomique Nous avons

287 atoire. Aux USA qui ne croyaient qu’à cela — lors d’ un voyage que j’y avais fait il y a une vingtaine d’années, j’avais eu

288 un voyage que j’y avais fait il y a une vingtaine d’ années, j’avais eu une discussion avec un ancien ministre américain, A

289 qui m’avait dit : « Je ne comprends pas, vous en Europe , vous fermez les yeux devant le danger atomique et vous ne faites pas

290 x devant le danger atomique et vous ne faites pas d’ abris. Nous, en Amérique, c’est notre préoccupation numéro un maintena

291 rouvé que cela ne fonctionnerait pas et ont cessé d’ en construire. Il n’y a qu’en Suisse que l’on continue. Mais, d’après

292 près les spécialistes avec qui j’ai eu l’occasion d’ en parler, l’abri antiatomique est un leurre. Les bombes nucléaires pr

293 des incendies tels que cela supprime la quantité d’ oxygène nécessaire pour les gens qui sont dans les abris. Il faudrait

294 l faudrait que dans ces abris on puisse fabriquer de l’air et qu’on puisse y vivre dix mois, ou des années. Ce n’est pas e

295 is pas et je ne conseillerais pas à une industrie de se lancer dans la fabrication d’abris antiatomiques. 5° Durabilité

296 à une industrie de se lancer dans la fabrication d’ abris antiatomiques. 5° Durabilité des biens Nous avons supposé

297 sante se manifesterait pour une plus grande durée de vie des matériaux et des produits (par exemple que l’idée « maison à

298 ns des lieux invivables. Je crois à la continuité de la tradition au moins sur deux générations. Cela me paraît essentiel

299 ve encore ses parents. Je crois que pour la santé d’ une société, c’est indispensable. Je crois aussi que pour la conservat

300 s forêts comme nous le faisons, bientôt la moitié de la forêt d’Amazonie sera détruite, ce qui changera complètement le cl

301 me nous le faisons, bientôt la moitié de la forêt d’ Amazonie sera détruite, ce qui changera complètement le climat de l’Eu

302 détruite, ce qui changera complètement le climat de l’Europe. Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés

303 uite, ce qui changera complètement le climat de l’ Europe . Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Je suis

304 omplètement le climat de l’Europe. Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Je suis donc entièrement e

305 maines. 6° Utilisation du temps hors du temps de travail Nous avons supposé que la part d’autoproduction, c’est-à-d

306 emps de travail Nous avons supposé que la part d’ autoproduction, c’est-à-dire les travaux d’aménagement du logement par

307 a part d’autoproduction, c’est-à-dire les travaux d’ aménagement du logement par le particulier, serait importante : pour u

308 ur utiliser le temps disponible ; pour économiser de l’argent ; pour se substituer à des corps de métiers en voie de dispa

309 iser de l’argent ; pour se substituer à des corps de métiers en voie de disparition ; pour compenser un besoin de création

310 pour se substituer à des corps de métiers en voie de disparition ; pour compenser un besoin de création. Qu’en pensez-vous

311 en voie de disparition ; pour compenser un besoin de création. Qu’en pensez-vous, en particulier pour l’isolation en « do

312 n qu’on en peut penser, et cela ressort nettement de mes réponses précédentes. Il est tout à fait évident que l’homme a be

313 . Il est tout à fait évident que l’homme a besoin de créer, d’exprimer ce qui est en lui et qu’il ne peut connaître autrem

314 out à fait évident que l’homme a besoin de créer, d’ exprimer ce qui est en lui et qu’il ne peut connaître autrement que pa

315 aître autrement que par les créations qui sortent de ses mains. Il y a ce besoin de création qu’il faut nourrir et on le p

316 ations qui sortent de ses mains. Il y a ce besoin de création qu’il faut nourrir et on le pourra, si, grâce aux machines,

317 a, si, grâce aux machines, il y a de plus en plus de temps disponible. Pour le moment, il faut restituer les corps de méti

318 ible. Pour le moment, il faut restituer les corps de métier en voie de disparition. Cela va ensemble avec la nécessité d’u

319 nt, il faut restituer les corps de métier en voie de disparition. Cela va ensemble avec la nécessité d’une durabilité accr

320 e disparition. Cela va ensemble avec la nécessité d’ une durabilité accrue des biens : pour les faire durer, il faut savoir

321 finirc Comment voyez-vous l’avenir des moyens de transport ? Il faut multiplier les transports en commun dans l’avenir

322 dans les expositions — et des autobus à bas prix. Europe ou région ? Je vous réponds en deux phrases : l’Europe s’unira ou ell

323 e ou région ? Je vous réponds en deux phrases : l’ Europe s’unira ou elle sera colonisée. Il y a trente ans que je le dis. C’ét

324 a trente ans que je le dis. C’était sur la bande de mon premier livre sur l’Europe. L’Europe de l’Est est déjà plus que c

325 . C’était sur la bande de mon premier livre sur l’ Europe . L’Europe de l’Est est déjà plus que colonisée par les Russes. L’Euro

326 onisée par les Russes. L’Europe de l’Ouest risque d’ être colonisée par les Américains, si nous ne faisons pas l’Europe uni

327 isée par les Américains, si nous ne faisons pas l’ Europe unie, car aucun de nos pays n’est capable à lui seul de se défendre n

328 , si nous ne faisons pas l’Europe unie, car aucun de nos pays n’est capable à lui seul de se défendre ni contre l’un ni av

329 e, car aucun de nos pays n’est capable à lui seul de se défendre ni contre l’un ni avec l’autre. Je pense qu’il n’y a pas

330 l’autre. Je pense qu’il n’y a pas à choisir entre Europe ou région, parce que l’une est condition de l’autre. Ce qui s’y oppos

331 e Europe ou région, parce que l’une est condition de l’autre. Ce qui s’y oppose ce sont nos États-nations de type napoléon

332 utre. Ce qui s’y oppose ce sont nos États-nations de type napoléonien centralisé, qui prétendent à une absolue souverainet

333 t à une absolue souveraineté, ne veulent dépendre de personne, se donnent pour but presque l’autarcie, en tous cas l’autos

334 l’autosuffisance énergétique ou autres balivernes de ce genre. Il ne saurait être question d’autosuffisance dans aucun de

335 livernes de ce genre. Il ne saurait être question d’ autosuffisance dans aucun de ces domaines. Dans le domaine de l’énergi

336 saurait être question d’autosuffisance dans aucun de ces domaines. Dans le domaine de l’énergie, la France entend dépendre

337 sance dans aucun de ces domaines. Dans le domaine de l’énergie, la France entend dépendre entièrement de ses centrales nuc

338 l’énergie, la France entend dépendre entièrement de ses centrales nucléaires. Or, elles sont construites d’après un procé

339 cédé américain, et avec des fonds qui proviennent de neuf pays. Dans beaucoup d’entreprises nucléaires françaises comme ce

340 fonds qui proviennent de neuf pays. Dans beaucoup d’ entreprises nucléaires françaises comme celle de Tricastin, il n’y a m

341 p d’entreprises nucléaires françaises comme celle de Tricastin, il n’y a même pas une majorité de fonds français : Eurodif

342 elle de Tricastin, il n’y a même pas une majorité de fonds français : Eurodif était contrôlée jusqu’à ces derniers mois pa

343 s par une société Sofidif où l’Iran détenait 40 % de minorité de blocage. Ce qui a fait dire à la commission des finances

344 ciété Sofidif où l’Iran détenait 40 % de minorité de blocage. Ce qui a fait dire à la commission des finances du Parlement

345 l fallait souhaiter que l’Iran et le Commissariat de l’énergie atomique français s’entendent, car sinon l’Iran pouvait blo

346 ar sinon l’Iran pouvait bloquer tout le processus de l’énergie en France. Et c’est seulement depuis deux ou trois semaines

347 s cette société, Cogema, une très légère majorité de 51,8 % à la suite du retrait d’Italiens ou d’Espagnols — je ne sais p

348 s légère majorité de 51,8 % à la suite du retrait d’ Italiens ou d’Espagnols — je ne sais plus ! Les États-nations, par leu

349 ité de 51,8 % à la suite du retrait d’Italiens ou d’ Espagnols — je ne sais plus ! Les États-nations, par leur prétention c

350 développement des régions et, d’autre part, celui d’ une fédération européenne. Je disais que l’Europe fédérée suppose des

351 régions et, d’autre part, celui d’une fédération européenne . Je disais que l’Europe fédérée suppose des régions. L’existence de r

352 elui d’une fédération européenne. Je disais que l’ Europe fédérée suppose des régions. L’existence de régions avec un large deg

353 l’Europe fédérée suppose des régions. L’existence de régions avec un large degré d’autonomie suppose des agences européenn

354 gions. L’existence de régions avec un large degré d’ autonomie suppose des agences européennes avec tous les échelons inter

355 ec un large degré d’autonomie suppose des agences européennes avec tous les échelons intermédiaires qu’on voudra, tel que celui des

356 -ci sont, d’ailleurs, presque en majorité déjà en Europe à l’Allemagne fédérale, la Suisse fédérale, l’Espagne qui s’oriente v

357 ’oriente vers un régime fédéral qui lui permettra d’ entrer sans difficulté dans une fédération européenne ; ce qui ne sera

358 ttra d’entrer sans difficulté dans une fédération européenne  ; ce qui ne sera pas le cas de la France, comme l’avait signalé le mi

359 fédération européenne ; ce qui ne sera pas le cas de la France, comme l’avait signalé le ministre Edgar Faure avant le réf

360 lle veut adhérer sans difficulté à une fédération européenne  ! » Il avait entièrement raison, mais sa voix n’a pas encore triomphé

361 ncore triomphé. En Angleterre, par contre, l’idée de dévolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de g

362 En Angleterre, par contre, l’idée de dévolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions

363 e, par contre, l’idée de dévolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions fait des prog

364 évolution, de transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions fait des progrès considérables. Je pens

365 transfert de pouvoir aux régions et de fédération de grandes régions fait des progrès considérables. Je pense que c’est la

366 grès considérables. Je pense que c’est la formule d’ avenir. Les grandes affaires aussi ont été amenées à choisir des formu

367 ires aussi ont été amenées à choisir des formules de décentralisation très poussées, d’autonomie des branches différentes.

368 r des formules de décentralisation très poussées, d’ autonomie des branches différentes. Je crois que là il n’y a pas de do

369 ranches différentes. Je crois que là il n’y a pas de doute. Malgré l’opposition apparente et purement formelle entre le mo

370 fédérations, on peut dire qu’il s’agit en réalité d’ un seul et même mouvement. Quelle sera la taille dirigeable des entrep

371 la même raison que je vous ai indiquée en parlant de l’Europe ou de régions. Small is beautiful, le livre célèbre de Erns

372 me raison que je vous ai indiquée en parlant de l’ Europe ou de régions. Small is beautiful, le livre célèbre de Ernst Schumac

373 que je vous ai indiquée en parlant de l’Europe ou de régions. Small is beautiful, le livre célèbre de Ernst Schumacher, d

374 de régions. Small is beautiful, le livre célèbre de Ernst Schumacher, donne des indications importantes sur ce qu’a été f

375 al Board en Grande-Bretagne, soit sur les mesures de décentralisation adoptées par la General Motors. Il s’agit de décentr

376 isation adoptées par la General Motors. Il s’agit de décentralisation avec une certaine dose d’autonomie. Je voyais dans l

377 s’agit de décentralisation avec une certaine dose d’ autonomie. Je voyais dans les journaux l’autre jour le projet de coopé

378 e voyais dans les journaux l’autre jour le projet de coopération sans fusion entre Saint-Gobain et Olivetti et je retrouva

379 ts des régions fédérées, mais qu’il leur permette de réaliser ensemble des objets qui sont trop grands pour chacun d’eux.

380 emble des objets qui sont trop grands pour chacun d’ eux. Les autoroutes par exemple : il est normal que cela dépende essen

381 vent pas mettre bout à bout leurs petits morceaux d’ autoroutes, il faut une vision plus générale à cause de la dimension d

382 ntal, voire mondial. De même, pour les questions d’ écologie, il est très clair que la plupart des problèmes écologiques s

383 problème écologique : il n’a jamais la dimension d’ un État, fait au hasard, indépendamment des réalités, au hasard de l’h

384 au hasard, indépendamment des réalités, au hasard de l’histoire, des guerres, des traités. Les questions écologiques, c’es

385 dial dans le cas du sauvetage des océans. La peur de manquer : les gens auront moins le souci d’économiser que celui de st

386 peur de manquer : les gens auront moins le souci d’ économiser que celui de stocker. Qu’en pensez-vous ? Je pense que ce s

387 gens auront moins le souci d’économiser que celui de stocker. Qu’en pensez-vous ? Je pense que ce sera une réaction normal

388 tif, y a-t-il des faits qui vous semblent mériter de notre part une attention particulière ? Évolution du prix de l’é

389 e attention particulière ? Évolution du prix de l’énergie Il y a toutes les chances que cela grimpe tant qu’on en

390 ces que cela grimpe tant qu’on en reste à essayer de composer avec les difficultés déjà signalées, telles que la raréfacti

391 signalées, telles que la raréfaction du pétrole, de l’uranium. Tant qu’on n’en vient pas carrément à de nouvelles formes

392 l’uranium. Tant qu’on n’en vient pas carrément à de nouvelles formes d’énergie qui seraient chères au début, mais ensuite

393 on n’en vient pas carrément à de nouvelles formes d’ énergie qui seraient chères au début, mais ensuite beaucoup moins chèr

394 ies si cela se généralisait. Évolution du taux de l’inflation Cela dépend de tant de facteurs ! Cela dépend de tous

395 Évolution du taux de l’inflation Cela dépend de tant de facteurs ! Cela dépend de tous les rapports entre l’homme et

396 Cela dépend de tant de facteurs ! Cela dépend de tous les rapports entre l’homme et la nature, et de savoir s’il l’exp

397 tous les rapports entre l’homme et la nature, et de savoir s’il l’exploite d’une manière rentable ou s’il détruit les res

398 ’homme et la nature, et de savoir s’il l’exploite d’ une manière rentable ou s’il détruit les ressources naturelles, les fo

399 pour gagner trop vite beaucoup trop. Cela dépend de tout le régime des relations avec le tiers-monde. Je ne me sens pas c

400 ns avec le tiers-monde. Je ne me sens pas capable de répondre là-dessus ! Qui le peut ? Exigences du consommateur L

401 s besoins. Je crois que pour ce qui est du nombre de mètres carrés pour un logement, on pourrait arriver à des normes, par

402 ns l’humanité, c’est la taille qui n’a pas changé d’ une manière significative depuis des millénaires. Elle s’est un peu ac

403 e dans les pays occidentaux à cause de la manière de se nourrir surtout dans les villes, mais depuis le xix e siècle, elle

404 e même du faux problème ; il n’y a que la qualité de la vie qui importe. Il y a des gens qui avec un niveau de vie très in

405 erté que nous ou les Américains, avec des niveaux de vie considérables. On n’a jamais vu qu’il y a un rapport positif entr

406 bonheur des gens. Au contraire ! Voyez le nombre de suicides, des divorces, des maladies mentales dans nos pays riches.

407 tales dans nos pays riches. Évolution du degré d’ intervention des pouvoirs publics Il est destiné à s’accroître à la

408 Il est destiné à s’accroître à la mesure exacte de notre degré de passivité civique. C’est à cause de notre passivité et

409 é à s’accroître à la mesure exacte de notre degré de passivité civique. C’est à cause de notre passivité et c’est parce qu

410 c’est parce que nous n’utilisons pas nos facultés de liberté que l’État prend tellement de pouvoir. Quand on se plaint, c’

411 os facultés de liberté que l’État prend tellement de pouvoir. Quand on se plaint, c’est trop tard, cela n’a pas de sens, c

412 Quand on se plaint, c’est trop tard, cela n’a pas de sens, car l’État a exactement la force que lui laissent les abandons

413 ce n’est pas seulement les bureaux des ministères de la capitale, les départements fédéraux à Berne ; l’État : il y en a à

414 oue le rôle de l’État au niveau du couple. Il y a de l’État dans chacune de nos communes, il y a de l’État au niveau de la

415 u niveau du couple. Il y a de l’État dans chacune de nos communes, il y a de l’État au niveau de la fédération. Il serait

416 a de l’État dans chacune de nos communes, il y a de l’État au niveau de la fédération. Il serait très bon qu’il y ait de

417 de la fédération. Il serait très bon qu’il y ait de l’État au niveau de l’Europe, et pour certaines fonctions — comme la

418 ait très bon qu’il y ait de l’État au niveau de l’ Europe , et pour certaines fonctions — comme la surveillance des océans, au n

419 a part de consommation des produits en provenance de l’étranger C’est un immense chapitre, dans lequel je ne voudrais p

420 gager. Tout ce que je voudrais dire avec beaucoup d’ insistance, c’est que nous en Europe et en Amérique, dans l’Occident i

421 ire avec beaucoup d’insistance, c’est que nous en Europe et en Amérique, dans l’Occident industriel, nous sommes en train de n

422 rise ou que les prix tombent, ils n’ont même plus de quoi se nourrir chez eux. Industrialisation de la construction

423 de quoi se nourrir chez eux. Industrialisation de la construction Si on continue cette évolution vers des constructi

424 ions standardisées et mécanisées, de plus en plus de mauvaise qualité, on va vers des désastres sociaux, vers une délinqua

425 au contraire, on se tourne vers le développement de l’artisanat et la durabilité, la part d’industrialisation sera nature

426 oppement de l’artisanat et la durabilité, la part d’ industrialisation sera naturellement moindre ou elle consistera à prod

427 produits pour le « do it yourself » ou des corps de métier. IV. Nous avons certainement oublié de poser des question

428 e métier. IV. Nous avons certainement oublié de poser des questions. Quelles sont celles qui, à la fin de cet entreti

429 des questions. Quelles sont celles qui, à la fin de cet entretien, vous viennent à l’esprit ? Pour le dire en bref : à

430 Pour le dire en bref : à cause des dimensions et de l’ampleur des découvertes scientifiques, de la technologie qui en rés

431 ns et de l’ampleur des découvertes scientifiques, de la technologie qui en résulte, et des industries qui appliquent cette

432 ette technologie, nous sommes arrivés à une sorte de gigantisme dans beaucoup de domaines, à des accumulations de matériau

433 me dans beaucoup de domaines, à des accumulations de matériaux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de di

434 up de domaines, à des accumulations de matériaux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de dimensions telle

435 s, à des accumulations de matériaux, de capitaux, d’ investissements, de machines, d’armes de dimensions telles que la moin

436 ons de matériaux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de dimensions telles que la moindre erreur peut dev

437 aux, de capitaux, d’investissements, de machines, d’ armes de dimensions telles que la moindre erreur peut devenir mortelle

438 capitaux, d’investissements, de machines, d’armes de dimensions telles que la moindre erreur peut devenir mortelle, pas se

439 e choses que nous produisons aujourd’hui risquent d’ avoir des effets sur des centaines, des milliers de générations. L’exe

440 ’avoir des effets sur des centaines, des milliers de générations. L’exemple qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est c

441 immédiatement à l’esprit, c’est celui des déchets de plutonium dont on ne peut pas raccourcir la « période », qui est de 2

442 on ne peut pas raccourcir la « période », qui est de 24 000 ans, de semi-activité radioactive. Cela pose des problèmes abs

443 raccourcir la « période », qui est de 24 000 ans, de semi-activité radioactive. Cela pose des problèmes absolument insolub

444 ura encore du génie humain quand il n’y aura plus d’ hommes ! Il y a beaucoup d’autres exemples : la destruction des forêts

445 oup d’autres exemples : la destruction des forêts de l’Amazonie, les sécheresses presque continentales auxquelles on assis

446 nant — et la grande crise va venir d’ici à la fin de ce siècle — à renoncer à l’idée libérale, si sympathique au départ, q

447 art, que toute personne qui a une idée a le droit de la réaliser, que toute personne qui a trouvé un procédé nouveau peut

448 nouveau peut créer une industrie et la développer d’ une manière sauvage, sans aucun plan d’ensemble, sans aucun calcul de

449 développer d’une manière sauvage, sans aucun plan d’ ensemble, sans aucun calcul de prévision des conséquences de la chose

450 ge, sans aucun plan d’ensemble, sans aucun calcul de prévision des conséquences de la chose réalisée. Imaginez, si on ava

451 , sans aucun calcul de prévision des conséquences de la chose réalisée. Imaginez, si on avait demandé à Ford en 1900 : — 

452 à Ford en 1900 : — « Qu’est-ce qui se passera et de quoi auront l’air les États-Unis, si vous arrivez à faire non pas que

453 i vous arrivez à faire non pas quelques centaines de voitures comme cette première année, mais plusieurs millions, comme d

454 seulement des airs, des eaux et des forêts, mais de l’alimentation, et la destruction de l’humus. Nous ne pouvons plus co

455 forêts, mais de l’alimentation, et la destruction de l’humus. Nous ne pouvons plus continuer à faire n’importe quoi sans e

456 sommes maintenant condamnés à avoir une politique d’ ensemble de l’industrie et des produits industriels, et des répercussi

457 tenant condamnés à avoir une politique d’ensemble de l’industrie et des produits industriels, et des répercussions de leur

458 et des produits industriels, et des répercussions de leur production sur la nature, sur l’homme, sur la société. Je pense

459 , sur l’homme, sur la société. Je pense au nombre d’ étages par exemple, et aux conséquences sur la délinquance. Nous devon

460 idée que le développement va de soi. Plus on fera de choses de meilleure qualité et en plus grand nombre, mieux cela ira.

461 e développement va de soi. Plus on fera de choses de meilleure qualité et en plus grand nombre, mieux cela ira. Ce n’est p

462 nous faut une politique. Il y a nécessité urgente d’ une politique de la technologie, de l’industrie, mais peut-être, avant

463 litique. Il y a nécessité urgente d’une politique de la technologie, de l’industrie, mais peut-être, avant cela, des reche

464 essité urgente d’une politique de la technologie, de l’industrie, mais peut-être, avant cela, des recherches scientifiques

465 pas tout à fait honnête ; il y a certains ordres de recherche scientifique qui sont fortement favorisés. Il y a d’énormes

466 scientifique qui sont fortement favorisés. Il y a d’ énormes inégalités. L’exemple des recherches nucléaires et des recherc

467 ces inégalités. Prenez le budget des communautés européennes de Bruxelles : il y a deux ans, il prévoyait 66 millions d’unités de

468 tés. Prenez le budget des communautés européennes de Bruxelles : il y a deux ans, il prévoyait 66 millions d’unités de com

469 elles : il y a deux ans, il prévoyait 66 millions d’ unités de compte sur la continuation des recherches nucléaires et 6 mi

470 l y a deux ans, il prévoyait 66 millions d’unités de compte sur la continuation des recherches nucléaires et 6 millions d’

471 tinuation des recherches nucléaires et 6 millions d’ unités de compte pour les recherches sur l’énergie solaire. On voit bi

472 des recherches nucléaires et 6 millions d’unités de compte pour les recherches sur l’énergie solaire. On voit bien que ce

473 paration à la guerre, car il est absolument exclu de nier l’interdépendance des recherches sur le nucléaire militaire ou c

474 publiés récemment par le Vatican sur les limites de la technologie et de la science sont des choses très importantes et q

475 r le Vatican sur les limites de la technologie et de la science sont des choses très importantes et qui pourraient apporte

476 réponses à votre enquête. Je peux vous fournir un de ces textes, qui va très loin dans l’exigence de globaliser tous les e

477 n de ces textes, qui va très loin dans l’exigence de globaliser tous les efforts et d’envisager leurs répercussions sur l’

478 dans l’exigence de globaliser tous les efforts et d’ envisager leurs répercussions sur l’humanité, sur la liberté des homme

479 l. Et chaque industrie me paraît être responsable de réévaluer — dans cette conjoncture qui devient dramatique — ses final

480 moyens. Ces derniers sont-ils vraiment au service de l’humanité, ou sont-ils les moyens au service du profit à court terme

481 ils les moyens au service du profit à court terme d’ une demi-génération ? Voilà, c’est le principal de ce qui me semble de

482 d’une demi-génération ? Voilà, c’est le principal de ce qui me semble devoir être dit. a. Édition réalisée sur la base

483 voir être dit. a. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

484 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 1123. Entretien réalisé par Isover 2000,

485 tretien réalisé par Isover 2000, alors entreprise de vente de matériaux destinés à apporter une isolation thermique ou aco

486 éalisé par Isover 2000, alors entreprise de vente de matériaux destinés à apporter une isolation thermique ou acoustique.

487 ié l’original (« car alors ce ») sinon la syntaxe de la phrase est fautive. c. La numérotation a été modifié, car la

488 Un cap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occident

489 ap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occidentale (18 septembre 1980)d I. Nous sommes ici,

490 mmes ici, une fois de plus ensemble, pour essayer de formuler les principes de cohérence de chacun des deux systèmes antag

491 ensemble, pour essayer de formuler les principes de cohérence de chacun des deux systèmes antagonistes qui s’affrontent d

492 ur essayer de formuler les principes de cohérence de chacun des deux systèmes antagonistes qui s’affrontent dans le monde

493 tèmes antagonistes qui s’affrontent dans le monde d’ aujourd’hui : l’un qui gouverne en fait, qui veut la puissance et qui

494 cosmiques nous mène nécessairement cette volonté de puissance, mais qui ne peut que discourir, presque rien faire, parce

495 rien faire, parce qu’il ne dispose pas des moyens d’ imposer sa vision, son savoir, sa sagesse, parce qu’il ne dispose pas

496 l ne dispose pas des mass médias, des finances et de la police. Nous sommes ici pour formuler une fois de plus les relatio

497 leurs morales, procédures politiques et finalités de l’économie ; entre l’homme créateur et la nature productrice ; entre

498 ateur et la nature productrice ; entre les formes de l’État et la satisfaction des désirs humains ; entre les régions et l

499 entre le système régnant des nations souveraines, de la centralisation étatique et de l’épuisante énergie nucléaire, systè

500 ons souveraines, de la centralisation étatique et de l’épuisante énergie nucléaire, système qui comporte et implique la gu

501 qu’il n’y a dans notre société que deux systèmes de valeurs radicalement antagonistes : celui qui vise d’abord et peut-êt

502 sur soi-même.   II. Il me paraît très important de porter maintenant notre réflexion écologique sur l’économie, et de vé

503 ant notre réflexion écologique sur l’économie, et de vérifier que, dans ce domaine aussi, les écologistes ne peuvent manqu

504 domaine aussi, les écologistes ne peuvent manquer de trouver un langage spécifique, pour des analyses analogues et surtout

505 en seront témoins, j’en suis sûr : qu’il s’agisse de celle de mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Pass

506 témoins, j’en suis sûr : qu’il s’agisse de celle de mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Passet dont

507 e celle de mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Passet dont Le Monde publiait il y a quelques jours u

508 e mon collaborateur et ami Orio Giarini, de celle de René Passet dont Le Monde publiait il y a quelques jours une interv

509 nde publiait il y a quelques jours une interview d’ une extrême densité et à mon sens entièrement convaincante, de celles

510 e densité et à mon sens entièrement convaincante, de celles enfin de Georgescu-Roegen et d’Ivan Illich, toutes convergent 

511 on sens entièrement convaincante, de celles enfin de Georgescu-Roegen et d’Ivan Illich, toutes convergent : l’économie doi

512 vaincante, de celles enfin de Georgescu-Roegen et d’ Ivan Illich, toutes convergent : l’économie doit être faite pour l’hom

513 u’il n’a changé depuis vingt siècles. Les membres d’ Ecoropa ne sont pas les seuls à en tirer des conséquences à bien des é

514 ires, telle que celle des rendements décroissants de la technologie, des déséconomies d’échelle, de la correspondance orga

515 décroissants de la technologie, des déséconomies d’ échelle, de la correspondance organique entre complexité et stabilité,

516 ts de la technologie, des déséconomies d’échelle, de la correspondance organique entre complexité et stabilité, entre dive

517 ité et stabilité, entre diversité et possibilités d’ union…   III. Mais après ? Ce consensus devrait se traduire au plus vi

518 el point les dirigeants politiques et économiques de nos États-nations sont encore extrêmement et comme naïvement prisonni

519 prolongent parmi nous malgré tout ce qui les nie, d’ Hiroshima à Téhéran. Il est tard en Europe. Il est très tard ! Je prop

520 ui les nie, d’Hiroshima à Téhéran. Il est tard en Europe . Il est très tard ! Je propose que notre prochaine rencontre, aussi p

521 s mesures tactiques et stratégiques, susceptibles de tirer un parti constructif des catastrophes d’ores et déjà inévitable

522 mouvement comme le nôtre pourra trouver sa chance d’ agir, c’est-à-dire d’orienter ou de réorienter le cours réel des évène

523 tre pourra trouver sa chance d’agir, c’est-à-dire d’ orienter ou de réorienter le cours réel des évènements. Je vois le rôl

524 uver sa chance d’agir, c’est-à-dire d’orienter ou de réorienter le cours réel des évènements. Je vois le rôle futur d’Ecor

525 cours réel des évènements. Je vois le rôle futur d’ Ecoropa comme celui d’une équipe de premiers secours, intellectuel et

526 ents. Je vois le rôle futur d’Ecoropa comme celui d’ une équipe de premiers secours, intellectuel et imaginatif, first aid

527 le rôle futur d’Ecoropa comme celui d’une équipe de premiers secours, intellectuel et imaginatif, first aid team, capable

528 tellectuel et imaginatif, first aid team, capable de faire voir immédiatement les raisons et les conséquences de ces avert

529 oir immédiatement les raisons et les conséquences de ces avertissements par le désastre, capable surtout de faire voir de

530 s avertissements par le désastre, capable surtout de faire voir de nouveaux buts pour le progrès humain, et de fixer un no

531 ts par le désastre, capable surtout de faire voir de nouveaux buts pour le progrès humain, et de fixer un nouveau cap, un

532 voir de nouveaux buts pour le progrès humain, et de fixer un nouveau cap, un cap de nouvelle espérance pour le navire dés

533 rogrès humain, et de fixer un nouveau cap, un cap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occident

534 ap de nouvelle espérance pour le navire désemparé de notre société occidentale. d. Édition réalisée sur la base d’un tap

535 té occidentale. d. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

536 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 845. Il s’agit de l’introduction à un sy

537 re de Neuchâtel sous l’identifiant 845. Il s’agit de l’introduction à un symposium organisé par Ecoropa à l’Université de

538 un symposium organisé par Ecoropa à l’Université de Kassel en septembre 1980.

539 « Imaginer la vérité de la guerre demain, c’est déjà une action pour la paix » (Discours pour

540 on du GIPRI) (11 novembre 1980)e Permettez-moi de corriger d’abord l’erreur qui s’est glissée dans le titre de mon inte

541 d’abord l’erreur qui s’est glissée dans le titre de mon intervention de ce soirf : ce n’est pas d’un enjeu moral, mais d’

542 i s’est glissée dans le titre de mon intervention de ce soirf : ce n’est pas d’un enjeu moral, mais d’un enjeu global que

543 re de mon intervention de ce soirf : ce n’est pas d’ un enjeu moral, mais d’un enjeu global que je vais vous parler. Et vou

544 de ce soirf : ce n’est pas d’un enjeu moral, mais d’ un enjeu global que je vais vous parler. Et vous verrez tout de suite

545 eux des guerres étaient limités : on avait décidé de s’emparer d’une province ou d’une ville, de venger un affront fait au

546 es étaient limités : on avait décidé de s’emparer d’ une province ou d’une ville, de venger un affront fait au roi, de défe

547  : on avait décidé de s’emparer d’une province ou d’ une ville, de venger un affront fait au roi, de défendre la liberté d’

548 écidé de s’emparer d’une province ou d’une ville, de venger un affront fait au roi, de défendre la liberté d’un pays. Ce n

549 ou d’une ville, de venger un affront fait au roi, de défendre la liberté d’un pays. Ce n’est guère qu’à partir de la Révol

550 er un affront fait au roi, de défendre la liberté d’ un pays. Ce n’est guère qu’à partir de la Révolution française que les

551 que l’on combat, contre les tyrans (la Convention de 1792 déclare la guerre « aux rois d’Europe »). Au xx e siècle ce sera

552 a Convention de 1792 déclare la guerre « aux rois d’ Europe »). Au xx e siècle ce sera pour l’idéal fasciste ou raciste con

553 Convention de 1792 déclare la guerre « aux rois d’ Europe  »). Au xx e siècle ce sera pour l’idéal fasciste ou raciste contre le

554 r non limitée et donc totale. Mais l’intervention de la Bombe le 6 août 1945, à Hiroshima, va transformer radicalement la

555 va transformer radicalement la nature et le sens de la guerre. À cause de la puissance des armes qu’on ne cesse d’invente

556 À cause de la puissance des armes qu’on ne cesse d’ inventer et de produire, la Bombe A, la Bombe H, ces dinosaures déjà,

557 puissance des armes qu’on ne cesse d’inventer et de produire, la Bombe A, la Bombe H, ces dinosaures déjà, et toute la su

558 s multiples, bombes à neutrons, armes à faisceaux de particules ou faisceaux laser, ces « rayons de la mort » de la scienc

559 ux de particules ou faisceaux laser, ces « rayons de la mort » de la science-fiction, sans compter les armes bactériologiq

560 les ou faisceaux laser, ces « rayons de la mort » de la science-fiction, sans compter les armes bactériologiques et chimiq

561 e tout cela dont on ne voit pas le terme, l’enjeu d’ une guerre demain sera nécessairement la domination globale, totale et

562 ement la domination globale, totale et définitive de l’humanité, mettant fin à l’histoire, pour autant que celle-ci est l’

563 es, mais des peuples. Il se peut que cette vision d’ apocalypse soit le fruit d’une évaluation exagérée de la puissance des

564 peut que cette vision d’apocalypse soit le fruit d’ une évaluation exagérée de la puissance des armes nouvelles. Ce ne ser

565 pocalypse soit le fruit d’une évaluation exagérée de la puissance des armes nouvelles. Ce ne serait pas la première fois q

566 la première fois que l’on commettrait une erreur de cet ordre. Hegel pensait que Napoléon imposerait une fin à l’Histoire

567 l’Histoire parce qu’il avait le plus grand nombre de baïonnettes. Juste avant la dernière guerre, j’ai entendu à Paris un

568 ’histoire, parce qu’il avait le plus grand nombre de mitrailleuses. Aujourd’hui, ce qui est invoqué, ce sont bien sûr les

569 ien sûr les armes nucléaires, avec beaucoup moins de chances d’erreur, car elles ne sont pas simplement deux fois ou dix f

570 armes nucléaires, avec beaucoup moins de chances d’ erreur, car elles ne sont pas simplement deux fois ou dix fois plus pu

571 plus puissantes, mais 100 000 fois, ou un million de fois plus puissantes que tout ce qui avait jamais été connu avant la

572 tout ce qui avait jamais été connu avant la bombe d’ Hiroshima. J’ai demandé un soir à Einstein (la seule fois où je l’ai

573 à Princeton) : « Que pensez-vous qu’il resterait de l’humanité au terme d’une guerre atomique ? » Il m’a dit : « Probable

574 ensez-vous qu’il resterait de l’humanité au terme d’ une guerre atomique ? » Il m’a dit : « Probablement une vingtaine de m

575 que ? » Il m’a dit : « Probablement une vingtaine de millions de survivants dans des angles morts. » Si l’enjeu de la guer

576 ’a dit : « Probablement une vingtaine de millions de survivants dans des angles morts. » Si l’enjeu de la guerre demain de

577 de survivants dans des angles morts. » Si l’enjeu de la guerre demain devient total, global, à cause de la puissance des a

578 jeu total ne peut qu’être perdu : la « victoire » de l’un des camps — peu importe lequel — ou un échange de coups au but,

579 un des camps — peu importe lequel — ou un échange de coups au but, équivaudrait en fait à l’anéantissement de l’humanité c

580 s au but, équivaudrait en fait à l’anéantissement de l’humanité civilisée. Même si de telles extrémités ne sont pas attein

581 l’anéantissement de l’humanité civilisée. Même si de telles extrémités ne sont pas atteintes, il est certain que tout y pr

582 ain que tout y prépare aujourd’hui, et que l’idée d’ un cataclysme terminal n’est plus jamais absente de notre esprit, quan

583 ’un cataclysme terminal n’est plus jamais absente de notre esprit, quand nous imaginons l’avenir, celui de l’humanité, ou

584 otre esprit, quand nous imaginons l’avenir, celui de l’humanité, ou le nôtre en elle, ou en tout cas celui de nos enfants

585 manité, ou le nôtre en elle, ou en tout cas celui de nos enfants et petits-enfants. Mais dans la mesure où la guerre a cha

586 nfants. Mais dans la mesure où la guerre a changé de nature et d’enjeu, les attitudes pour ou contre la guerre doivent cha

587 dans la mesure où la guerre a changé de nature et d’ enjeu, les attitudes pour ou contre la guerre doivent changer, elles a

588 1945, on pensait avec Clausewitz, ce contemporain de Napoléon, que « la guerre est un conflit de grands intérêts réglé par

589 orain de Napoléon, que « la guerre est un conflit de grands intérêts réglé par le sang ». Mais en lisant dans Le Monde d

590 du 28 octobre un article intitulé « Le marketing de combat », l’on s’aperçoit que « les conflits de grands intérêts », ré

591 g de combat », l’on s’aperçoit que « les conflits de grands intérêts », réglés non par le sang, mais par le fric, sont les

592 hui à utiliser et à prendre au sérieux les règles de la stratégie guerrière à la Clausewitz, cependant que la guerre nuclé

593 vant le 6 août 1945, ou bien on louait les vertus de courage, d’héroïsme, d’abnégation patriotique et surtout de virilité

594 ût 1945, ou bien on louait les vertus de courage, d’ héroïsme, d’abnégation patriotique et surtout de virilité qui étaient

595 bien on louait les vertus de courage, d’héroïsme, d’ abnégation patriotique et surtout de virilité qui étaient l’apanage de

596 , d’héroïsme, d’abnégation patriotique et surtout de virilité qui étaient l’apanage de l’armée, c’est-à-dire des militaire

597 ique et surtout de virilité qui étaient l’apanage de l’armée, c’est-à-dire des militaires ; ou au contraire on rappelait l

598 . Fuller, l’un des meilleurs critiques militaires de l’époque : La stratégie, le commandement, le courage, la discipline,

599 ues ne comptent plus devant une haute supériorité d’ armement. S’il fallait parler chiffres, nous dirions que le facteur ar

600 1 % dans la victoire. Mais la conception actuelle de l’armement devient absurde. Dans la bataille « atomique », le nombre

601 le soldat ne sera plus que le spectateur effrayé d’ une guerre menée par des robots. La victoire appartiendra à celui qui

602 iendra à celui qui disposera du plus grand nombre de bombes. Quelle place y aura-t-il dans une guerre de laboratoires pour

603 bombes. Quelle place y aura-t-il dans une guerre de laboratoires pour les tanks, l’artillerie, l’infanterie, pour les for

604 , pour les fortifications, les voies stratégiques de chemin de fer, pour les académies militaires, les écoles d’officiers

605 de fer, pour les académies militaires, les écoles d’ officiers et pour les généraux de terre et de l’air, les amiraux ? Auc

606 ires, les écoles d’officiers et pour les généraux de terre et de l’air, les amiraux ? Aucune. Ne voyez là aucune exagérati

607 oles d’officiers et pour les généraux de terre et de l’air, les amiraux ? Aucune. Ne voyez là aucune exagération. Personne

608 tion. Personne ne saura ce qui se passe au-dessus de sa tête. Personne ne saura qui combat et contre qui (et pourquoi !) L

609 ourquoi !) La guerre se poursuivra dans une sorte d’ exaltation belliqueuse, jusqu’au moment où le dernier laboratoire saut

610 atomique , j’avais écrit : La principale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. S

611 e — c’était la guerre tout court — , elle a moins de chances de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. J

612 la guerre tout court — , elle a moins de chances de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. Je ne dis pa

613 — , elle a moins de chances de renaître et moins d’ avenir que les ordres de chevalerie. Je ne dis pas que les conflits vo

614 nces de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. Je ne dis pas que les conflits vont cesser ; que les fort

615 fondre, les frontières s’évanouir, les gangsters de tous ordres modérer leurs ardeurs ; que les microbes font faire la pa

616 ur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de guerre au sens classique et multimillénaire du mot. « Il y aura toujo

617 ercées au centre, retraites stratégiques, mordant de l’infanterie, ordres du jour électrisants et grands chefs adulés par

618 qui s’avanceraient avec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique, nous reviendraient après quelques minutes sous for

619 l’appareil militaire qu’ont chanté les Déroulède de tous les temps, appartient en principe aux musées, depuis le 6 août.

620 e, mais au contraire évacuera la possibilité même de tout cela. Cette évacuation des vertus militaires par les armes nouve

621 es nouvelles est une des conséquences inévitables de nos budgets de défense nationale : nos militaires y ont-ils songé ? E

622 t une des conséquences inévitables de nos budgets de défense nationale : nos militaires y ont-ils songé ? Et nos antimilit

623 mble, il nous faut aujourd’hui prendre conscience de la réalité d’une guerre demain, et de ce qui la prépare aujourd’hui :

624 faut aujourd’hui prendre conscience de la réalité d’ une guerre demain, et de ce qui la prépare aujourd’hui : j’entends le

625 conscience de la réalité d’une guerre demain, et de ce qui la prépare aujourd’hui : j’entends le système constitué par un

626 une science sans freins spirituels, sans respect de la vie, au service d’une classe politique qui sacrifie l’avenir humai

627 ns spirituels, sans respect de la vie, au service d’ une classe politique qui sacrifie l’avenir humain aux exigences de sa

628 itique qui sacrifie l’avenir humain aux exigences de sa réélection ou de son idéologie. Il y a quelques années, le célèbre

629 l’avenir humain aux exigences de sa réélection ou de son idéologie. Il y a quelques années, le célèbre économiste américai

630 enneth Galbraith avouait être l’auteur pseudonyme d’ une préface au Rapport plus ou moins apocryphe intitulé La Paix indési

631 clusions : La guerre offre le seul système digne de confiance « pour stabiliser et contrôler » les économies nationales ;

632 r » les économies nationales ; elle est la source de l’autorité politique qui assure la stabilité des gouvernements ; elle

633 iquement indispensable pour assurer le contrôle «  de dangereuses subversions sociales et des tendances destructrices antis

634 us, en cette fin du xx e siècle, qu’un seul moyen de gagner la guerre demain, c’est de ne pas la faire, c’est de la rendre

635 u’un seul moyen de gagner la guerre demain, c’est de ne pas la faire, c’est de la rendre impossible. Une première conditio

636 la guerre demain, c’est de ne pas la faire, c’est de la rendre impossible. Une première condition : ce sera de l’imaginer.

637 ndre impossible. Une première condition : ce sera de l’imaginer. Et je voudrais vous lire ici quelques lignes du dernier l

638 ir vécues, souffertes dans sa chair, les horreurs de la guerre à Verdun : S’il est vrai que « gouverner c’est prévoir »,

639 t vrai que « gouverner c’est prévoir », la vérité de la formule appellerait un complément modeste ; car prévoir, c’est ima

640 , des « Je-n’ai-pas-voulu-cela » sur les millions de croix de bois et les cris des hôpitaux. Trente-cinq ans d’une paix pr

641 e-n’ai-pas-voulu-cela » sur les millions de croix de bois et les cris des hôpitaux. Trente-cinq ans d’une paix précaire, [

642 de bois et les cris des hôpitaux. Trente-cinq ans d’ une paix précaire, [c’est aujourd’hui, en 1980] et voici que les chanc

643 nglantent partout la planète, évoquent à longueur de jour (et ça bavarde, ça bavarde ; et les mots mêmes n’ont-ils plus de

644 de, ça bavarde ; et les mots mêmes n’ont-ils plus de sens ?) les prochaines apocalypses, au nom de Dieu, messieurs, imagin

645 ieu, messieurs, imaginez ! Mais comment attendre d’ un peuple, comment attendre de chacun de nous, qu’il imagine ce qui se

646 is comment attendre d’un peuple, comment attendre de chacun de nous, qu’il imagine ce qui se prépare, ces Verdun à l’échel

647 attendre d’un peuple, comment attendre de chacun de nous, qu’il imagine ce qui se prépare, ces Verdun à l’échelle contine

648 bale ? Il y faut une information qui soit capable de nous réveiller et non pas d’endormir nos angoisses comme le voudraien

649 ion qui soit capable de nous réveiller et non pas d’ endormir nos angoisses comme le voudraient les experts des gouvernemen

650 les experts des gouvernements. Imaginer la vérité de la guerre demain, c’est déjà une action pour la paix. Et c’est à cela

651 ège du GIPRI soit à Genève, non seulement au cœur de l’Europe, mais dans un pays neutre, c’est-à-dire : un pays qui se doi

652 u GIPRI soit à Genève, non seulement au cœur de l’ Europe , mais dans un pays neutre, c’est-à-dire : un pays qui se doit de teni

653 n pays neutre, c’est-à-dire : un pays qui se doit de tenir son rôle dans le drame énorme qui déroule autour de nous ses ci

654  : montrer pourquoi le refus une fois pour toutes de régler par les armes les conflits entre peuples — car tel est le vrai

655 flits entre peuples — car tel est le vrai contenu de la neutralité — , pourquoi ce refus est la seule solution, la seule a

656 solution, la seule alternative au défi planétaire d’ une guerre demain. Pour mener à bien une telle tâche, il faut de l’arg

657 emain. Pour mener à bien une telle tâche, il faut de l’argent, me direz-vous. Je voudrais rappeler ici la suggestion récen

658 ons Unies : que chaque nation consacre un dixième de 1 % de ses défenses militaires à la recherche, l’éducation et l’infor

659 es : que chaque nation consacre un dixième de 1 % de ses défenses militaires à la recherche, l’éducation et l’information

660 des dépenses militaires dépasse déjà 500 millions de dollars, on se dit qu’un 10e de 1 %, soit 1 millième ferait encore un

661 déjà 500 millions de dollars, on se dit qu’un 10e de 1 %, soit 1 millième ferait encore une jolie somme. Le malheur est qu

662 t. Commencez, commençons dès ce soir. Car l’enjeu de la paix, demain, c’est la survie du genre humain. e. Édition réalis

663 u genre humain. e. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

664 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 847. Ce discours a été prononcé à l’audi

665 ve). f. Nous n’avons pas retrouvé le titre exact de ce discours.

666 ui tous sont unis (19 mai 1981)g Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de chance imméritée : les cho

667 is (19 mai 1981)g Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de chance imméritée : les choses ne viennent

668 monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de chance imméritée : les choses ne viennent à point que pour qui s’y at

669 ment disposé à les recevoir. Il importe au propos de ces pages que je marque d’abord la part des hasards apparents dans la

670 tion du Nicolas de Flue qui me valut le bonheur de travailler avec Arthur Honegger. Le mercredi 28 septembre 1938, au mi

671 à la Radio suisse. Est-ce la guerre, qu’on attend d’ une heure à l’autre ? C’est Munich, c’est la paix (pense-t-on vraiment

672 (pense-t-on vraiment ce jour-là…), c’est l’avenir d’ un coup qui se rouvre, mais aussi les problèmes qui reviennent, cette

673 outais Honegger dirigeant son Nocturne au théâtre de la Fenice. J’éprouvais une fois de plus que sa musique me touchait pl

674 de plus que sa musique me touchait plus qu’aucune de notre temps, si haut que fût à mes yeux Stravinsky, et je me disais q

675 vec et pour cet homme selon mon cœur… Les menaces de guerre me firent rentrer en Suisse plus tôt que prévu. C’est à ce mom

676 ôt que prévu. C’est à ce moment que l’on m’offrit d’ écrire une pièce pour l’Exposition nationale qui devait s’ouvrir à Zur

677 uivante. J’étais en train de sortir mes uniformes d’ une malle, je n’avais pas de sujet et je défiais quiconque d’en trouve

678 sortir mes uniformes d’une malle, je n’avais pas de sujet et je défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de

679 , je n’avais pas de sujet et je défiais quiconque d’ en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène d

680 ais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu les plans : 36 m de l

681 r l’énorme scène dont j’avais vu les plans : 36 m de large, 18 m de profondeur, trois niveaux reliés par des marches, pas

682 e dont j’avais vu les plans : 36 m de large, 18 m de profondeur, trois niveaux reliés par des marches, pas de décor ni de

683 ondeur, trois niveaux reliés par des marches, pas de décor ni de rideaux, tout cela béant devant une salle de 6000 places.

684 s niveaux reliés par des marches, pas de décor ni de rideaux, tout cela béant devant une salle de 6000 places. Je demandai

685 r ni de rideaux, tout cela béant devant une salle de 6000 places. Je demandai quelques jours « pour réfléchir » et n’en fi

686 la catastrophe réglerait tout. Sur quoi, le coup de téléphone que j’ai dit, toute la vie qui se reprend à vivre, les déla

687 tre sans raison apparente une biographie nouvelle de Nicolas de Flue. J’en avais parcouru distraitement quelques pages. L’

688 t quelques pages. L’image scolaire que je gardais de cet ermite du xv e siècle était bien pâle. Mais ce soir-là, je repren

689 fascinant. Mystique naïf en apparence,1 exerçant de son ermitage dans les Alpes un empire étendu et profond sur l’esprit

690 es Alpes un empire étendu et profond sur l’esprit de ses compatriotes, s’il a prévenu in extremis la guerre entre les cant

691 cantons suisses, c’est par l’autorité que sa vie d’ ascète donne au message secret qu’il envoie à la Diète et dont on ne c

692 e « comme par miracle », disent les témoins. Tout d’ un coup un contact s’établit, le passé se charge de l’émotion présente

693 ’un coup un contact s’établit, le passé se charge de l’émotion présente et lui prête en retour une dimension nouvelle, com

694 le, le peuple attend l’annonce fatidique, et tout d’ un coup, à grandes volées, les cloches de la délivrance : c’est cela q

695 et tout d’un coup, à grandes volées, les cloches de la délivrance : c’est cela que l’Europe vient de vivre ! Nuit blanche

696 , les cloches de la délivrance : c’est cela que l’ Europe vient de vivre ! Nuit blanche. Trois actes se composent. Au matin j’a

697 is actes se composent. Au matin j’ai tout le plan de la pièce, et j’en ai vu le paradoxe essentiel : peupler et animer une

698 tiel : peupler et animer une scène immense autour d’ un seul personnage important, le Solitaire par excellence ! Revenir au

699 ité qui peut s’adapter à la fois à la déclamation d’ un chœur en marche et au dialogue du drame civique et spirituel. Tout

700 aissais pas. En pleine gloire, à 46 ans, il vient d’ écrire Jeanne au bûcher et la Danse des morts avec Claudel. J’ai quinz

701 la Danse des morts avec Claudel. J’ai quinze ans de moins que lui et ne lui apporte rien qu’une commande peu munificente.

702 ui en résume les données, j’esquisse la structure de la pièce, suggérée par l’architecture de la scène, et les ressources

703 tructure de la pièce, suggérée par l’architecture de la scène, et les ressources du canton qui patronnera l’œuvre : une co

704 du canton qui patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’amateurs et deux petits chœurs à Neuchâtel, un grand chœur

705 qui patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’ amateurs et deux petits chœurs à Neuchâtel, un grand chœur et une fanf

706 stumes à domicile. Je tombe bien : Honegger vient d’ écrire que la seule forme théâtrale à laquelle il croit pour l’avenir

707 Une ou deux fois la semaine, je descends à Paris, de La Celle-Saint-Cloud où j’habite, et je monte au boulevard de Clichy

708 Saint-Cloud où j’habite, et je monte au boulevard de Clichy avec quelques pages dans ma poche. (J’ai écrit le chœur des « 

709 s ma poche. (J’ai écrit le chœur des « Compagnons de la Follevie » sur les marches de son escalier, un jour qu’il était en

710 des « Compagnons de la Follevie » sur les marches de son escalier, un jour qu’il était en retard.) Nos entretiens sont str

711 ictement techniques. Il me demande combien il y a de cuivres durs et de cuivres mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds.

712 . Il me demande combien il y a de cuivres durs et de cuivres mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds. (Je n’en sais rien

713 e cuivres durs et de cuivres mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds. (Je n’en sais rien.) Il me prête un recueil de cho

714 onds. (Je n’en sais rien.) Il me prête un recueil de chorals luthériens, pour que j’en étudie la prosodie précise et m’en

715 oir la fonction, la durée, et presque la tonalité de chacune des interventions d’un des trois chœurs que j’ai prévus. Quel

716 presque la tonalité de chacune des interventions d’ un des trois chœurs que j’ai prévus. Quelques fois il m’appelle au tél

717 ues fois il m’appelle au téléphone : « Au 5e vers de la troisième reprise du choral I, il manque une syllabe. — Ah ? Que f

718 . » Il m’a dit : — Quand vous écrivez les paroles d’ un chœur, chantez-les sur un air quelconque, comme Frère Jacques. Ce q

719 oue mal, je ne distingue pas grand-chose, une fin de choral pourtant, dont il me dit en riant : « Vous voyez, ça finit com

720 protestante, peu importe. » Mais le dernier soir d’ août 1939, à La Chaux-de-Fonds, assistant pour la première fois à une

721 chanté, clamé, ou soutenu par le chœur au sublime de la précision dans le sentiment, non seulement mon texte, mais tout ce

722 aute de mots… Et surtout l’arrière-plan religieux de ma « légende dramatique » est ici révélé, tantôt en majesté, comme da

723 u matin ». Plus tard, je lui ai demandé le secret de cette divination, et il m’a dit modestement : « J’apprends par cœur

724 . Il y a là plus qu’un processus psychologique ou de transmission par les mots. Cette espèce d’harmonie préétablie, commen

725 que ou de transmission par les mots. Cette espèce d’ harmonie préétablie, comment ne pas admettre après coup qu’elle ait go

726 u’elle ait gouverné dans le fait plusieurs séries de « hasards objectifs » comme dit André Breton, et tiré bon parti de le

727 ctifs » comme dit André Breton, et tiré bon parti de leur convergence avec l’évènement historique, pour aboutir à notre or

728 n 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de la canonisation (combien tardive) de Nicolas, premier saint suisse, c

729 rs des fêtes de la canonisation (combien tardive) de Nicolas, premier saint suisse, célébré par deux protestants ! Si le s

730 uisse, célébré par deux protestants ! Si le style d’ Honegger, dans la plupart des œuvres « à sujet religieux » qui font un

731 s « à sujet religieux » qui font une bonne moitié de sa production, doit être qualifié d’essentiellement chrétien, ce n’es

732 bonne moitié de sa production, doit être qualifié d’ essentiellement chrétien, ce n’est pas à cause des sujets ni des parol

733 ituations mises en musique, ni même des croyances de l’homme, quelles qu’elles fussent. Sa musique est chrétienne parce qu

734 e qu’elle est une prière, si la prière est l’acte de celui qui s’ouvre et s’ordonne à l’amour, donc à Dieu tel qu’il s’ann

735 mour, donc à Dieu tel qu’il s’annonce au « cœur » de l’homme. Sa musique est chrétienne en cela qu’elle signifie par son a

736 par son affectivité même « l’adéquation psychique de l’homme au monde » pour reprendre une formule d’Ansermet, le fondemen

737 de l’homme au monde » pour reprendre une formule d’ Ansermet, le fondement commun du monde et de sa propre existence, ou e

738 rmule d’Ansermet, le fondement commun du monde et de sa propre existence, ou encore « le fondement de l’être dans le monde

739 de sa propre existence, ou encore « le fondement de l’être dans le monde, à savoir Dieu »2. En ce point tout s’éclaire et

740 s’éclaire et s’enchaîne. L’anecdote prend valeur d’ exemple nécessaire, les hasards apparents deviennent autant de signes,

741 cessaire, les hasards apparents deviennent autant de signes, s’organisent comme s’ils obéissaient à un plan, et rejoignent

742 ils obéissaient à un plan, et rejoignent le cours d’ une histoire vécue, la nôtre, dont ils révèlent le sens réel. L’une de

743 sation du Bienheureux était sans doute la crainte de susciter un motif de discorde entre catholiques et protestants suisse

744 était sans doute la crainte de susciter un motif de discorde entre catholiques et protestants suisses, et cela devenait s

745 des deux guerres mondiales. L’approbation unanime de la pièce, jouée à Neuchâtel en 1941 pour le 650e anniversaire du pact

746 rtus du « Bruder Claus », et salué en lui le père de cette « paix suisse », qui devait se nommer plus tard neutralité. Apr

747 r plus tard neutralité. Après les représentations de Neuchâtel, en pleine guerre hitlérienne, face à la pire menace non se

748 ration, Nicolas redevenait le symbole et l’apôtre de notre défense spirituelle — au sens fort, religieux du terme — et de

749 irituelle — au sens fort, religieux du terme — et de l’union qui, une fois de plus, allait sauver notre pays. Au début de

750 fois de plus, allait sauver notre pays. Au début de cette année, Soleure et Fribourg célébraient le 500e anniversaire de

751 eure et Fribourg célébraient le 500e anniversaire de leur entrée dans la Confédération grâce à l’action de Nicolas de Flue

752 eur entrée dans la Confédération grâce à l’action de Nicolas de Flue. Notre oratorio fut joué en cette occasion solennelle

753 g, mais, suprême consécration, dans l’église même de Sachseln, devant le tombeau du saint qui défend notre paix par les se

754 saint qui défend notre paix par les seules armes de l’Esprit. 1. En réalité, Nicolas était lié au mouvement rhénan des

755 é, Nicolas était lié au mouvement rhénan des Amis de Dieu, disciples de Suso, dont il connaissait les ouvrages, puisqu’il

756 é au mouvement rhénan des Amis de Dieu, disciples de Suso, dont il connaissait les ouvrages, puisqu’il lui avait emprunté

757 ux Gebetlein. 2. Ernest Ansermet, Les Fondements de la musique dans la conscience humaine, Tome I, p. 200, 188 et 178. g

758 200, 188 et 178. g. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

759 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 855.

760 Pacifisme (6 janvier 1982)h (Point de départ : l’article d’Edward Hughes, Sélection, janvier 1982.) L’artic

761 (6 janvier 1982)h (Point de départ : l’article d’ Edward Hughes, Sélection, janvier 1982.) L’article étant intitulé : « 

762 tion, janvier 1982.) L’article étant intitulé : «  D’ où vient cette vague de pacifisme ? », on est en droit de demander « D

763 article étant intitulé : « D’où vient cette vague de pacifisme ? », on est en droit de demander « D’où vient cette vague d

764 ent cette vague de pacifisme ? », on est en droit de demander « D’où vient cette vague d’anti-pacifisme ? » qui est en tra

765 e de pacifisme ? », on est en droit de demander «  D’ où vient cette vague d’anti-pacifisme ? » qui est en train de déferler

766 est en droit de demander « D’où vient cette vague d’ anti-pacifisme ? » qui est en train de déferler sur la presse occident

767 menace aujourd’hui l’Europe de l’Ouest. Un esprit de symétrie un peu puéril inciterait à penser que cet anti-pacifisme est

768 gent américain ? Je pense qu’il s’agit simplement d’ un journaliste en quête d’un bon sujet. Si son article a tant de succè

769 qu’il s’agit simplement d’un journaliste en quête d’ un bon sujet. Si son article a tant de succès (d’innombrables journaux

770 d’un bon sujet. Si son article a tant de succès ( d’ innombrables journaux de second ordre en Europe de l’Ouest le reprodui

771 article a tant de succès (d’innombrables journaux de second ordre en Europe de l’Ouest le reproduisent, les autres s’en in

772 nt parfois littéralement, mais avaient-ils besoin de ça ?), c’est qu’il répond exactement à ce que l’Européen moyen attend

773 e ça ?), c’est qu’il répond exactement à ce que l’ Européen moyen attend qu’on lui dise : que face aux SS 20 et aux milliers de c

774 ’on lui dise : que face aux SS 20 et aux milliers de chars russes, il est temps de « rétablir l’équilibre des armements »,

775 20 et aux milliers de chars russes, il est temps de « rétablir l’équilibre des armements », et pour cela d’installer en E

776 établir l’équilibre des armements », et pour cela d’ installer en Europe des milliers de missiles destinés à dissuader les

777 ibre des armements », et pour cela d’installer en Europe des milliers de missiles destinés à dissuader les Russes de nous atta

778 , et pour cela d’installer en Europe des milliers de missiles destinés à dissuader les Russes de nous attaquer. Ainsi nous

779 liers de missiles destinés à dissuader les Russes de nous attaquer. Ainsi nous protégerons la paix. Si la symétrie des « m

780 Buis l’a dit à la TV française : « Ces histoires de 5000 contre 7000 missiles (qu’on venait de montrer sur l’écran) sont

781 ontrer sur l’écran) sont aberrantes : 50 missiles de la plus petite espèce suffiraient à détruire l’Europe entière. » Voyo

782 de la plus petite espèce suffiraient à détruire l’ Europe entière. » Voyons, derrière ces humeurs des deux camps, quelles sont

783 humeurs des deux camps, quelles sont les réalités de la guerre possible. 1. Réalités politiques. Les USA dominent. Leurs i

784 veau, deux concurrents : le Japon d’abord, puis l’ Europe . En revanche, l’URSS est leur plus gros client (blé, technologie). De

785 dilemme Europe-URSS, leur intérêt économique est de protéger l’URSS, non l’Europe ; le gros client, non le concurrent. Q

786 intérêt économique est de protéger l’URSS, non l’ Europe  ; le gros client, non le concurrent. Qu’on ne m’objecte pas les affi

787 sent l’idéologie démocratique et les mots d’ordre de liberté à tout prix (plutôt morts que rouges !), l’URSS (même sans pa

788 tôt morts que rouges !), l’URSS (même sans parler de ses interventions en Afrique et en Amérique latine) tient à son empir

789 e dans ses motivations réelles. C’est la rivalité de deux impérialismes qui subsistent après avoir écrasé tous les autres,

790 diale. 2. Réalités économiques. Si pour les USA l’ Europe est devenue un concurrent économique et un allié militaire rétif, pou

791 représente un domaine technologique et industriel d’ intérêt majeur, et dont il pourrait être intéressant de s’emparer sans

792 érêt majeur, et dont il pourrait être intéressant de s’emparer sans risquer le désastre nucléaire par la réplique des bomb

793 que la guerre nucléaire pourrait être limitée à l’ Europe . Ce qui signifierait : a) une attaque russe (« tactique » ou non) dét

794 it les objectifs des Russes et leur interdirait l’ Europe , pour cent ans, mieux que toutes nos armées et mieux que les USA. b)

795 sur le Rhin (cf. la thèse du général Close). Pas de réaction américaine possible avant 48 heures, donc l’Europe prise int

796 ction américaine possible avant 48 heures, donc l’ Europe prise intacte et sans coup férir (nucléaire). L’occupation totale de

797 sans coup férir (nucléaire). L’occupation totale de l’Europe par quelques millions de soldats russes s’ensuivrait. c) une

798 coup férir (nucléaire). L’occupation totale de l’ Europe par quelques millions de soldats russes s’ensuivrait. c) une attaque

799 cupation totale de l’Europe par quelques millions de soldats russes s’ensuivrait. c) une attaque russe « conventionnelle »

800 des bombes à neutrons. Nécessité pour les Russes de répondre par SS 20. Destruction totale de l’Europe de l’Ouest par SS

801 Russes de répondre par SS 20. Destruction totale de l’Europe de l’Ouest par SS 20, destruction de l’Europe de l’Est par P

802 ale de l’Europe de l’Ouest par SS 20, destruction de l’Europe de l’Est par Pershing, enfin destruction des plus grandes vi

803 ar les sous-marins nucléaires français. (La force de frappe française terrestre ayant été détruite par les SS 20.) Les obj

804 des Russes sont perdus à tout jamais, une partie de l’URSS est détruite, l’Europe entière rayée de la carte industrielle,

805 tout jamais, une partie de l’URSS est détruite, l’ Europe entière rayée de la carte industrielle, culturelle et touristique. d)

806 ie de l’URSS est détruite, l’Europe entière rayée de la carte industrielle, culturelle et touristique. d) une attaque russ

807 léaire stratégique des USA. Destruction intégrale de l’Occident, de la Californie à l’Oural. Seule la « possibilité » b)

808 que des USA. Destruction intégrale de l’Occident, de la Californie à l’Oural. Seule la « possibilité » b) mérite d’être e

809 ie à l’Oural. Seule la « possibilité » b) mérite d’ être envisagée. Car a) ne saurait être prévenu ni par des milliers de

810 ar a) ne saurait être prévenu ni par des milliers de missiles nucléaires en Europe, ni encore moins par les armées europée

811 enu ni par des milliers de missiles nucléaires en Europe , ni encore moins par les armées européennes. Ni, de fait, par les USA

812 léaires en Europe, ni encore moins par les armées européennes . Ni, de fait, par les USA. Mais ce serait sans rime ni raison de la p

813 , ni encore moins par les armées européennes. Ni, de fait, par les USA. Mais ce serait sans rime ni raison de la part des

814 es Russes, qui auraient tout à perdre. c) inutile de gloser. d) inutile de gloser. Voyons donc ce que nous pouvons déduire

815 t tout à perdre. c) inutile de gloser. d) inutile de gloser. Voyons donc ce que nous pouvons déduire de la « possibilité »

816 e gloser. Voyons donc ce que nous pouvons déduire de la « possibilité » b), seule probable. Un armement nucléaire tactique

817 eule probable. Un armement nucléaire tactique des Européens , s’il entrait en jeu, déclencherait une riposte russe au moins égale,

818 ntraire aux « intérêts » des Russes qu’à ceux des Européens . L’absence d’armes nucléaires tactiques européennes et de missiles U

819  » des Russes qu’à ceux des Européens. L’absence d’ armes nucléaires tactiques européennes et de missiles USA n’obligerait

820 uropéens. L’absence d’armes nucléaires tactiques européennes et de missiles USA n’obligerait pas les Russes à utiliser contre leur

821 sence d’armes nucléaires tactiques européennes et de missiles USA n’obligerait pas les Russes à utiliser contre leur gré e

822 iques, et augmenterait donc fortement les chances d’ une guerre non nucléaire. Il est probable que les chars russes déferle

823 able que les chars russes déferleraient sans trop de difficultés (sauf en Suisse) sur toute l’Europe. Mais alors (ici, mon

824 trop de difficultés (sauf en Suisse) sur toute l’ Europe . Mais alors (ici, mon article de Construire ). Il n’est donc nullemen

825 sur toute l’Europe. Mais alors (ici, mon article de Construire ). Il n’est donc nullement exclu, il est même probable, qu

826 gime russe dit « communiste », et pourrait ouvrir de la sorte une ère de paix, et au moins la destruction de toutes les ar

827 muniste », et pourrait ouvrir de la sorte une ère de paix, et au moins la destruction de toutes les armes nucléaires dans

828 sorte une ère de paix, et au moins la destruction de toutes les armes nucléaires dans le monde. C’est notre seule chance d

829 ucléaires dans le monde. C’est notre seule chance de survie, et même de victoire. Le pacifisme en 1982 consiste donc pour

830 onde. C’est notre seule chance de survie, et même de victoire. Le pacifisme en 1982 consiste donc pour les Européens à ref

831 oire. Le pacifisme en 1982 consiste donc pour les Européens à refuser tout armement nucléaire américain ou européen ; à se prépar

832 ns à refuser tout armement nucléaire américain ou européen  ; à se préparer à une résistance civique universelle (cf. mon intervi

833 t, par tous les médias, sans relâche, les raisons d’ une telle conduite. h. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit c

834 telle conduite. h. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

835 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 861. Le tapuscrit indique que ce texte a

836 Débat sur le LEP, accélérateur de particules du CERN (11 février 1982)i En prenant la parole ici ce

837 t — très sereinement conscient, dirais-je — celui de décevoir les deux camps en présence, dans la mesure où il s’agit de c

838 ux camps en présence, dans la mesure où il s’agit de camps, précisément, c’est-à-dire d’équipes opposées, comme dans un ma

839 où il s’agit de camps, précisément, c’est-à-dire d’ équipes opposées, comme dans un match où il faut à tout prix gagner, c

840 e jeu un peu puéril, un peu gratuit, deux groupes d’ intérêts très concrets qu’il paraît difficile de concilier : intérêts

841 s d’intérêts très concrets qu’il paraît difficile de concilier : intérêts d’une institution scientifique prestigieuse, et

842 ts qu’il paraît difficile de concilier : intérêts d’ une institution scientifique prestigieuse, et de l’avenir de ses cherc

843 s d’une institution scientifique prestigieuse, et de l’avenir de ses chercheurs d’une part ; intérêts écologiques, sociaux

844 itution scientifique prestigieuse, et de l’avenir de ses chercheurs d’une part ; intérêts écologiques, sociaux, économique

845 ques, sociaux, économiques, des habitants du pays de Gex et de quelques communes genevoises, d’autre part. Ayant suivi les

846 aux, économiques, des habitants du pays de Gex et de quelques communes genevoises, d’autre part. Ayant suivi les deux prem

847 me sens en mon âme et conscience incapable encore de choisir soit le LEP avec ses dangers toujours possibles, quoiqu’on ai

848 ssibles, quoiqu’on ait dit, soit le repos du pays de Gex, mais pas de LEP, et peut-être, demain, plus de CERN. Si j’affron

849 n ait dit, soit le repos du pays de Gex, mais pas de LEP, et peut-être, demain, plus de CERN. Si j’affronte volontiers le

850 Gex, mais pas de LEP, et peut-être, demain, plus de CERN. Si j’affronte volontiers le risque de déplaire à tout le monde

851 plus de CERN. Si j’affronte volontiers le risque de déplaire à tout le monde ce soir en suspendant encore mon jugement, c

852 ncture présente, il ne peut plus s’agir pour nous de « gagner » contre un camp ou un parti, aux dépens d’intérêts légitime

853 « gagner » contre un camp ou un parti, aux dépens d’ intérêts légitimes, mais il s’agit de gagner tous ensemble, c’est-à-di

854 , aux dépens d’intérêts légitimes, mais il s’agit de gagner tous ensemble, c’est-à-dire de chercher ensemble, et de trouve

855 s il s’agit de gagner tous ensemble, c’est-à-dire de chercher ensemble, et de trouver ensemble, le moyen, pour la société

856 s ensemble, c’est-à-dire de chercher ensemble, et de trouver ensemble, le moyen, pour la société du xx e siècle de maîtris

857 nsemble, le moyen, pour la société du xx e siècle de maîtriser les découvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de

858 ciété du xx e siècle de maîtriser les découvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de la génétique et les technolog

859 îtriser les découvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de la génétique et les technologies qui en sont issues, ca

860 couvertes de la physique nucléaire, de la chimie, de la génétique et les technologies qui en sont issues, car elles menace

861 u Centre européen de la culture dans le lancement de l’idée d’un Centre européen de la recherche nucléaire me porterait pl

862 uropéen de la culture dans le lancement de l’idée d’ un Centre européen de la recherche nucléaire me porterait plutôt à acc

863 a culture dans le lancement de l’idée d’un Centre européen de la recherche nucléaire me porterait plutôt à accorder au CERN un p

864 dans le lancement de l’idée d’un Centre européen de la recherche nucléaire me porterait plutôt à accorder au CERN un préj

865 ns ; non point quant à la compatibilité théorique de ses objectifs avec la mission générale du CERN, mais bien quant à ses

866 à ses nuisances pratiques sur la vie dans ce pays de Gex qu’il se trouve que j’habite depuis 35 ans, et quant aux conséque

867 ’il permettra : personne au monde n’est en mesure de démontrer que le LEP ne pourra jamais servir à des fins militaires, c

868 ’hui, à l’extinction du genre humain, si ce n’est de toute vie sur la Terre. Tout cela dit, j’ai accepté sans hésiter de p

869 a Terre. Tout cela dit, j’ai accepté sans hésiter de prendre la parole ce soir, parce que je vois dans le débat sur le LEP

870 ur ses enjeux et ses finalités, sur ses processus de décision et la nécessité de les soumettre au préalable d’une concerta

871 és, sur ses processus de décision et la nécessité de les soumettre au préalable d’une concertation tout à la fois civique,

872 ion et la nécessité de les soumettre au préalable d’ une concertation tout à la fois civique, sociale, économique, écologiq

873 ue, et cela dans les domaines les plus « chauds » de la science et des technologies qui en résultent, qu’il s’agisse des c

874 ltent, qu’il s’agisse des centrales nucléaires ou de l’informatique, des manipulations génétiques ou des armes nouvelles,

875 iques ou des armes nouvelles, beam weapons, rayon de la mort, ou encore explosions pouvant entraîner la paralysie définiti

876 losions pouvant entraîner la paralysie définitive de toute information dans des pays entiers qui auront été auparavant ent

877 formatisés », selon la formule à la mode. Je pars d’ un conflit déplorable entre certains espoirs à la fois très précis et

878 ains espoirs à la fois très précis et grandioses, d’ un côté, et des craintes plus confuses et terre à terre, de l’autre ;

879 , et des craintes plus confuses et terre à terre, de l’autre ; entre un certain romantisme prométhéen, et un réalisme simp

880 t un réalisme simplement humain, entre la volonté de réalisation d’un projet qui passionne un certain nombre de scientifiq

881 implement humain, entre la volonté de réalisation d’ un projet qui passionne un certain nombre de scientifiques, et les réa

882 ation d’un projet qui passionne un certain nombre de scientifiques, et les réactions instinctives de refus dans une popula

883 e de scientifiques, et les réactions instinctives de refus dans une population qui en subira les nuisances ou dangers éven

884 qui en subira les nuisances ou dangers éventuels. De l’existence de ce conflit, et pour essayer de le résoudre, ou tout au

885 es nuisances ou dangers éventuels. De l’existence de ce conflit, et pour essayer de le résoudre, ou tout au moins de l’att

886 ls. De l’existence de ce conflit, et pour essayer de le résoudre, ou tout au moins de l’atténuer, est née l’initiative con

887 et pour essayer de le résoudre, ou tout au moins de l’atténuer, est née l’initiative conjointe de l’I.V. et du CERN. Ce s

888 ins de l’atténuer, est née l’initiative conjointe de l’I.V. et du CERN. Ce soir — et très provisoirement, je l’espère — ,

889 rovisoirement, je l’espère — , nous allons tenter de conclure un débat qui nous dépasse tous, largement. Ayant, il y a deu

890 s 12 pays membres (message reçu)… J’ai donc salué de tout cœur l’attitude très ouverte du nouveau directeur général. Si el

891 tefois, il faut bien le reconnaître : la décision de réaliser le LEP, prise en principe par les 12 gouvernements membres d

892 dé, non pas suivi, notre débat. Les autorisations de construire sont encore attendues de la France et de la Suisse. Tout n

893 autorisations de construire sont encore attendues de la France et de la Suisse. Tout n’est pas joué. Il est cependant prob

894 construire sont encore attendues de la France et de la Suisse. Tout n’est pas joué. Il est cependant probable que sauf ab

895 le que sauf aboutissement très négatif des études d’ impact en cours, la décision de construire le LEP sera prise d’ici que

896 négatif des études d’impact en cours, la décision de construire le LEP sera prise d’ici quelques mois. On ne peut donc pas

897 le cours des choses, ni que les citoyens du pays de Gex aient pu faire valoir, pratiquement, leurs droits de contrôle et

898 aient pu faire valoir, pratiquement, leurs droits de contrôle et leur autonomie. Mais ce qui ôte à nos débats leur portée

899 leur portée pratique, immédiate, ne les prive pas d’ une valeur exemplaire et d’une portée plus générale, à terme. Je m’exp

900 iate, ne les prive pas d’une valeur exemplaire et d’ une portée plus générale, à terme. Je m’explique. Par valeur exemplair

901 que. Par valeur exemplaire, je veux dire : valeur d’ innovation, d’exemple à imiter, non pas, certes, modèle parfait du pre

902 r exemplaire, je veux dire : valeur d’innovation, d’ exemple à imiter, non pas, certes, modèle parfait du premier coup, bie

903 ns ni les uns ni les autres évité tous les pièges de ce genre d’exercice. Le premier est de céder à l’animosité partisane 

904 s ni les autres évité tous les pièges de ce genre d’ exercice. Le premier est de céder à l’animosité partisane ; j’ai enten

905 les pièges de ce genre d’exercice. Le premier est de céder à l’animosité partisane ; j’ai entendu parler de « l’adversaire

906 der à l’animosité partisane ; j’ai entendu parler de « l’adversaire » pour désigner des gens d’un autre avis ou qui exprim

907 parler de « l’adversaire » pour désigner des gens d’ un autre avis ou qui exprimaient tout simplement leurs doutes ; et cet

908 s doutes ; et cette phrase m’a frappé, en sortant d’ un débat : « Oui, mais nous n’avons pas gagné ! » Trop de questions so

909 bat : « Oui, mais nous n’avons pas gagné ! » Trop de questions sont restées sans réponse. Et trop souvent, c’est l’assuran

910 sans réponse. Et trop souvent, c’est l’assurance de certains responsables du LEP qui m’a parue fort inquiétante. Ils nous

911 que dans le cas qui nous occupe, on ait pris plus de précautions que pour la première traversée du Titanic… Mais ce qui im

912 importe, en fin de compte, c’est l’existence même d’ un débat ; public, prolongé, très ouvert, visant au maximum de transpa

913 public, prolongé, très ouvert, visant au maximum de transparence et de respect des opinions diverses : — démocratique pou

914 très ouvert, visant au maximum de transparence et de respect des opinions diverses : — démocratique pour tout dire. Il se

915 peut qu’un tel processus retarde les calendriers de la recherche. Mais ce n’est pas temps perdu que celui qui profite à u

916 des gens qui ne savent rien des quarks, mais plus de choses que vous sur leur petit pays, leurs soucis et leurs buts dans

917 rands appareils existants : le public peut y voir de ses yeux qu’il n’y a là pas le moindre danger… On peut aussi faire vi

918 ous voient qu’Allah est grand. Enfin, le LEP pose d’ une manière brûlante le problème nouveau pour la science de sa dépenda

919 ière brûlante le problème nouveau pour la science de sa dépendance de l’État quant au financement de la recherche. Car, co

920 problème nouveau pour la science de sa dépendance de l’État quant au financement de la recherche. Car, comme l’observe ave

921 e de sa dépendance de l’État quant au financement de la recherche. Car, comme l’observe avec lucidité Edgar Morin, « ni l’

922 apporte la recherche ». Je mets en doute qu’aucun de nos États ne respecte la recherche fondamentale, et même ne la subven

923 ndustriels ou militaires. Dire que le CERN refuse de considérer les retombées de ses recherches ne prouve nullement que le

924 re que le CERN refuse de considérer les retombées de ses recherches ne prouve nullement que les États ne le subventionnent

925 e de ces retombées. ⁂ J’en viens au cœur du débat de ce soir : la notion de responsabilité dans la recherche. Je voudrais

926 ’en viens au cœur du débat de ce soir : la notion de responsabilité dans la recherche. Je voudrais dire d’abord ceci : c’e

927 ais dire d’abord ceci : c’est que les découvertes de la science au xx e siècle développent des conséquences d’une telle am

928 ience au xx e siècle développent des conséquences d’ une telle ampleur qu’elles ne peuvent plus être soumises aux vérificat

929 tions expérimentales. — Quand je pose la question de l’accident majeur qui pourrait se produire à Creys-Malville, on me ré

930 s-Malville, on me répond qu’il n’est pas question de faire une expérience en vraie grandeur : ce serait déclencher cet acc

931 lité ! — Quand je pose la question des résultats de certaines manipulations génétiques, on me répond qu’il faut attendre,

932 ’il faut attendre, pour savoir, un certain nombre de générations… — Quand il est question de la guerre atomique, et de la

933 in nombre de générations… — Quand il est question de la guerre atomique, et de la défense civile, c’est-à-dire des abris,

934 — Quand il est question de la guerre atomique, et de la défense civile, c’est-à-dire des abris, toute expérience réelle se

935 -à-dire des abris, toute expérience réelle serait de l’assassinat. Ce qui revient à dire qu’au xx e siècle, on a dépassé l

936 t à dire qu’au xx e siècle, on a dépassé le seuil d’ expérimentation « en vraie grandeur ». Personne ne sait ce qui pourrai

937 deur ». Personne ne sait ce qui pourrait résulter de quoi que ce soit, une fois passé ce seuil. Bel aboutissement du Progr

938 ès ! Le xix e siècle croyait encore à l’innocence de la recherche : tout ce qu’on allait trouver serait bon, serait en pri

939 e humain. Dans tous les cas, et en dépit du mythe de la boîte de Pandore, savoir était meilleur que non-savoir. Un vers tr

940 ns tous les cas, et en dépit du mythe de la boîte de Pandore, savoir était meilleur que non-savoir. Un vers très étonnant

941 it meilleur que non-savoir. Un vers très étonnant de Victor Hugo exprime très bien cette foi naïve : « Vous dites : où vas

942 ause des dimensions atteintes par les découvertes de la science et plus encore par les effets qu’en tire la technologie, n

943 n tire la technologie, nous n’avons plus le droit d’ aller nul ne sait où : ce pourrait être aller au désastre final. On me

944 stement qui nous occupe ce soir, celui du CERN et de son projet LEP, il ne s’agit que de « recherche fondamentale », nulle

945 ui du CERN et de son projet LEP, il ne s’agit que de « recherche fondamentale », nullement d’applications technologiques,

946 agit que de « recherche fondamentale », nullement d’ applications technologiques, encore moins de retombées militaires. Oui

947 ement d’applications technologiques, encore moins de retombées militaires. Oui, bien sûr… Mais je garde mes doutes quant à

948 garde mes doutes quant à la possibilité, surtout de nos jours, d’une recherche entièrement innocente dans ses motivations

949 tes quant à la possibilité, surtout de nos jours, d’ une recherche entièrement innocente dans ses motivations comme dans se

950 veut et ne se croit guidé que par la passion pure de savoir, de connaître d’une manière toujours plus complète et cohérent

951 se croit guidé que par la passion pure de savoir, de connaître d’une manière toujours plus complète et cohérente le monde

952 é que par la passion pure de savoir, de connaître d’ une manière toujours plus complète et cohérente le monde physique. Par

953 . Or ce sont aujourd’hui en Occident, des valeurs de puissance matérielle collective, industrielles, nationales, étatiques

954 collective, industrielles, nationales, étatiques, de profit immédiat et de prestige certain. Ce sont ces valeurs-là qui in

955 les, nationales, étatiques, de profit immédiat et de prestige certain. Ce sont ces valeurs-là qui incitent les États, les

956 ns à financer très largement les recherches liées de près ou de loin au nucléaire, et cela trop souvent au détriment de né

957 er très largement les recherches liées de près ou de loin au nucléaire, et cela trop souvent au détriment de nécessités hu

958 humaines criantes. Ce sont les croyances réelles de notre société qui déterminent en fait (pas toujours consciemment) l’o

959 e guerre qui a toutes les chances, cette fois-ci, d’ être bien la dernière de notre histoire. Que devient, dans ces conditi

960 s chances, cette fois-ci, d’être bien la dernière de notre histoire. Que devient, dans ces conditions, la responsabilité d

961 ne peut plus l’assumer. Ses découvertes risquent de déclencher des catastrophes qu’il est incapable de prévoir. En sera-t

962 e déclencher des catastrophes qu’il est incapable de prévoir. En sera-t-il tenu pour « responsable » ? On sent ici l’ambig

963 Je dirai non, il n’est pas responsable moralement de ce que nulle science ne peut prévoir ; mais comment pourrait-il redev

964  ; mais comment pourrait-il redevenir responsable de la nature même de sa recherche ? Je ne vois pas encore de solution au

965 urrait-il redevenir responsable de la nature même de sa recherche ? Je ne vois pas encore de solution au problème dramatiq

966 ture même de sa recherche ? Je ne vois pas encore de solution au problème dramatique que nous posent ces trois impossibili

967 rois impossibilités simultanées : l’impossibilité de brider la recherche, l’impossibilité de ne pas appliquer ses découver

968 ssibilité de brider la recherche, l’impossibilité de ne pas appliquer ses découvertes et l’impossibilité de vivre avec ces

969 pas appliquer ses découvertes et l’impossibilité de vivre avec ces applications (ou de leur survivre). L’homme d’aujourd’

970 ’impossibilité de vivre avec ces applications (ou de leur survivre). L’homme d’aujourd’hui, qui en général ne croit plus q

971 c ces applications (ou de leur survivre). L’homme d’ aujourd’hui, qui en général ne croit plus qu’à la science, se trouve p

972 me sans défense contre les dangers qui surgissent de ses applications sans frein ni prévision. Quelle limite absolue, quel

973 i prévision. Quelle limite absolue, quel principe de « prudence » (comme on disait au Moyen Âge), quels critères absolus,

974 i dangereusement défaut ; une véritable stratégie de la connaissance ? De là sans doute cette idée qui se répand dans cer

975 t ; une véritable stratégie de la connaissance ? De là sans doute cette idée qui se répand dans certains milieux intellec

976 eux intellectuels, que la recherche, besoin vital de l’homme, ne devrait plus être confiée essentiellement aux scientifiqu

977 , ni dirigée essentiellement, comme elle l’est en Europe depuis des siècles, vers la connaissance des lois de la matière et de

978 depuis des siècles, vers la connaissance des lois de la matière et des pouvoirs sur la matière, mais qu’il serait grand te

979 irs sur la matière, mais qu’il serait grand temps de l’orienter vers le domaine mal exploré par l’Occident, des réalités d

980 domaine mal exploré par l’Occident, des réalités de l’esprit, des conditions d’un vrai progrès de l’homme, et de sa liber

981 ccident, des réalités de l’esprit, des conditions d’ un vrai progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissanc

982 tés de l’esprit, des conditions d’un vrai progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissance. C’est tout le p

983 , des conditions d’un vrai progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissance. C’est tout le problème des fin

984 i progrès de l’homme, et de sa liberté plutôt que de sa puissance. C’est tout le problème des finalités de notre existence

985 a puissance. C’est tout le problème des finalités de notre existence qui se trouve posé, ou plutôt qui nous est imposé par

986 par le risque total que la science a créé, celui de l’holocauste nucléaire. Ceci m’amène à proposer, en conclusion, une i

987 on, une idée que j’avais soumise il y a longtemps de cela — en 1958 — à une cinquantaine de personnalités de la science et

988 longtemps de cela — en 1958 — à une cinquantaine de personnalités de la science et de la culture en général : l’idée de f

989 a — en 1958 — à une cinquantaine de personnalités de la science et de la culture en général : l’idée de former un Conseil

990 ne cinquantaine de personnalités de la science et de la culture en général : l’idée de former un Conseil européen de la re

991 e la science et de la culture en général : l’idée de former un Conseil européen de la recherche, réunissant des représenta

992 culture en général : l’idée de former un Conseil européen de la recherche, réunissant des représentants de toutes les branches

993 en général : l’idée de former un Conseil européen de la recherche, réunissant des représentants de toutes les branches de

994 éen de la recherche, réunissant des représentants de toutes les branches de la recherche, en sciences physiques et naturel

995 unissant des représentants de toutes les branches de la recherche, en sciences physiques et naturelles, économie, sociolog

996 Les fonctions du Conseil seraient essentiellement de rechercher un meilleur équilibre dans la promotion des recherches, af

997 ’insistance excessive sur les sciences physiques, de favoriser de nouvelles orientations vers des réalités trop négligées

998 xcessive sur les sciences physiques, de favoriser de nouvelles orientations vers des réalités trop négligées de nos jours,

999 les orientations vers des réalités trop négligées de nos jours, mais aussi de se prononcer sur des projets tels que celui

1000 réalités trop négligées de nos jours, mais aussi de se prononcer sur des projets tels que celui du LEP, précisément, qui

1001 e celui du LEP, précisément, qui a été l’occasion de nos débats. Je ne m’étendrai pas, ce soir, sur la description du Cons

1002 nseil, sa composition, son statut, et ses chances de succès. Je préciserai seulement ceci : l’exemple des recherches nuclé

1003 t à la bombe atomique doit nous rendre conscients de la nécessité d’un organisme de prévision d’un genre nouveau, capable

1004 mique doit nous rendre conscients de la nécessité d’ un organisme de prévision d’un genre nouveau, capable de remettre en c

1005 rendre conscients de la nécessité d’un organisme de prévision d’un genre nouveau, capable de remettre en cause la nature

1006 ients de la nécessité d’un organisme de prévision d’ un genre nouveau, capable de remettre en cause la nature même de ce qu

1007 rganisme de prévision d’un genre nouveau, capable de remettre en cause la nature même de ce que l’homme d’aujourd’hui tien

1008 veau, capable de remettre en cause la nature même de ce que l’homme d’aujourd’hui tient pour la vraie, la seule réalité, l

1009 emettre en cause la nature même de ce que l’homme d’ aujourd’hui tient pour la vraie, la seule réalité, la réalité scientif

1010 ais, c’est ce qui permet à tous les êtres vivants de durer : un organe ou un système de régulation. C’est l’office que dev

1011 êtres vivants de durer : un organe ou un système de régulation. C’est l’office que devrait accomplir le Conseil d’orienta

1012 . C’est l’office que devrait accomplir le Conseil d’ orientation de la recherche. Si parmi les participants à nos débats il

1013 ce que devrait accomplir le Conseil d’orientation de la recherche. Si parmi les participants à nos débats il s’en trouve q

1014 e propose intéresse, j’y verrais un signe de plus de l’utilité de telles rencontres, du besoin auquel elles répondent, et

1015 éresse, j’y verrais un signe de plus de l’utilité de telles rencontres, du besoin auquel elles répondent, et j’avoue que j

1016 j’en tirerais, pour ma part, une nouvelle raison d’ espérer. i. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conservé à l

1017 ison d’espérer. i. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1018 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 863. Le tapuscrit indique que le débat,

1019 ié par Le Matin du 19 avril, il est indispensable de préciser les deux points suivants : 1. Le procès que j’ai fait à D. G

1020 ment la recension par D. Grisoni du dernier livre de B.-H. Lévy, parue dans la revue Lu en forme de fiche bibliographique 

1021 ecroisent, se chevauchent, se répondent. Là, ceux de droite, tenus par leurs sombres thuriféraires, bien connus, les Drieu

1022 arquier de Pellepoix : recours à la Terre, rappel de la Race, éloge du Corps, haine de l’Argent, amour de la Nation. C’es

1023 a Terre, rappel de la Race, éloge du Corps, haine de l’Argent, amour de la Nation. C’est là-dessus que j’attaque, sur cel

1024 la Race, éloge du Corps, haine de l’Argent, amour de la Nation. C’est là-dessus que j’attaque, sur cela seul : sur cette

1025 sur cette assimilation qui est faite expressément de moi et de mes idées à la personne et à l’action de deux des plus gran

1026 assimilation qui est faite expressément de moi et de mes idées à la personne et à l’action de deux des plus grands crimine

1027 e moi et de mes idées à la personne et à l’action de deux des plus grands criminels de guerre qu’ait produit la France au

1028 e et à l’action de deux des plus grands criminels de guerre qu’ait produit la France au xx e siècle : l’ancien chef commun

1029 xx e siècle : l’ancien chef communiste fondateur de la LVF et le responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs

1030 fondateur de la LVF et le responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Som

1031 la LVF et le responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner

1032 e responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner ses preuves

1033 e de dizaines de milliers de Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner ses preuves quant aux faits invoqué

1034 e Juifs dans les camps de la mort nazis. 2. Sommé de donner ses preuves quant aux faits invoqués, Grisoni n’a rien pu répo

1035 Grisoni n’a rien pu répondre, n’a pas même essayé de répondre, et n’a même pas pu dire au tribunal si ses accusations préc

1036 cusations précises et infamantes rendaient compte de faits rapportés dans le livre analysé, ou étaient simplement inventée

1037 ntées par lui. Il ne lui restait plus qu’à parler d’ autre chose, à tenter d’égarer l’attention dans un dédale de citations

1038 restait plus qu’à parler d’autre chose, à tenter d’ égarer l’attention dans un dédale de citations tripatouillées, d’où ré

1039 ose, à tenter d’égarer l’attention dans un dédale de citations tripatouillées, d’où résulterait, par exemple, que j’ai fai

1040 ntion dans un dédale de citations tripatouillées, d’ où résulterait, par exemple, que j’ai fait preuve d’un « antisémitisme

1041 où résulterait, par exemple, que j’ai fait preuve d’ un « antisémitisme vulgaire » et d’une admiration « extatique » pour H

1042 ai fait preuve d’un « antisémitisme vulgaire » et d’ une admiration « extatique » pour Hitler. (Je parlais du « regard exta

1043 pour Hitler. (Je parlais du « regard extatique » de Hitler ! Il a mal lu.) Je ne perdrai pas mon temps à démontrer le méc

1044 l) ; cela m’obligerait à recopier ici une dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant l

1045 m’obligerait à recopier ici une dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant le sens de

1046 ecopier ici une dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant le sens des fragments de ph

1047 dizaine de pages de mes livres et de mes articles de 1932 à 1942, rétablissant le sens des fragments de phrases et groupes

1048 e 1932 à 1942, rétablissant le sens des fragments de phrases et groupes de mots qu’on y a découpés pour en recomposer une

1049 ssant le sens des fragments de phrases et groupes de mots qu’on y a découpés pour en recomposer une mosaïque de diffamatio

1050 u’on y a découpés pour en recomposer une mosaïque de diffamation. L’art de faire dire aux « textes » ainsi produits tout l

1051 en recomposer une mosaïque de diffamation. L’art de faire dire aux « textes » ainsi produits tout le contraire de ce qu’i

1052 e aux « textes » ainsi produits tout le contraire de ce qu’ils signifient dans leur contexte, ce Grisoni l’a bien appris d

1053 nt dans leur contexte, ce Grisoni l’a bien appris de son petit maître Lévy. C’est tout ce qu’il peut, et cela n’apporte pa

1054 tout ce qu’il peut, et cela n’apporte pas l’ombre d’ une preuve aux affirmations que je dénonce : à savoir qu’après le 17 j

1055 j’aurais rejoint Doriot et Darquier « mes frères d’ armes… à la pointe du combat, [pour un fascisme national français] pré

1056 ise dans Le Matin du 19 avril. ⁂ Dans leur délire d’ interprétation des textes et leur mépris affichés des faits, MM. Lévy

1057 ne matérielle et l’autre spirituelle. L’avènement de Pétain date de la seconde quinzaine de juin 1940. Comment pouvais-je

1058 t l’autre spirituelle. L’avènement de Pétain date de la seconde quinzaine de juin 1940. Comment pouvais-je saluer le Maréc

1059 ’avènement de Pétain date de la seconde quinzaine de juin 1940. Comment pouvais-je saluer le Maréchal au nom de la droite

1060 bilisé en tant qu’officier suisse dans un service de l’État-major général ? Comment aurais-je pu rejoindre mes « frères d’

1061 ral ? Comment aurais-je pu rejoindre mes « frères d’ armes » sans déserter en temps de guerre ? Eussé-je même voulu le tent

1062 dre mes « frères d’armes » sans déserter en temps de guerre ? Eussé-je même voulu le tenter, deux faits « incontournables 

1063 eussent interdit : — Pour un article sur l’entrée d’ Hitler à Paris, paru le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , (entre l

1064 d’Hitler à Paris, paru le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , (entre l’élection de Pétain et l’Appel de Londres) j’avais

1065 n dans la Gazette de Lausanne , (entre l’élection de Pétain et l’Appel de Londres) j’avais été accusé par la Légation du I

1066 Lausanne , (entre l’élection de Pétain et l’Appel de Londres) j’avais été accusé par la Légation du IIIe Reich « d’insulte

1067 ’avais été accusé par la Légation du IIIe Reich «  d’ insulte à chef d’État », et j’allais être condamné à quinze jours de f

1068 ’État », et j’allais être condamné à quinze jours de forteresse, au secret, pour avoir « mis en danger la sécurité de la S

1069 au secret, pour avoir « mis en danger la sécurité de la Suisse ». — Au même moment, je préparais la création d’un mouvemen

1070 sse ». — Au même moment, je préparais la création d’ un mouvement civil et militaire (ce dernier clandestin) de résistance

1071 vement civil et militaire (ce dernier clandestin) de résistance à tout prix aux nazis : la Ligue du Gothard. J’en avais ré

1072 même jour, dans 73 journaux suisses. Cette action de résistance organisée, la première en Europe sauf erreur, était dans l

1073 te action de résistance organisée, la première en Europe sauf erreur, était dans le droit fil de tout ce que j’avais écrit dep

1074 re en Europe sauf erreur, était dans le droit fil de tout ce que j’avais écrit depuis 1932 contre le fascisme sous toutes

1075 ontre tout ce qui allait se déchaîner sous le nom de « collaboration » et que j’avais dénoncé dès 1936 comme le danger d’u

1076 » et que j’avais dénoncé dès 1936 comme le danger d’ un « fascisme à la française ». Peu après, le gouvernement jugea prude

1077 çaise ». Peu après, le gouvernement jugea prudent de m’envoyer aux États-Unis, en mission de conférences sur la Suisse. Em

1078 a prudent de m’envoyer aux États-Unis, en mission de conférences sur la Suisse. Empêché de regagner l’Europe par Pearl Har

1079 en mission de conférences sur la Suisse. Empêché de regagner l’Europe par Pearl Harbour, je devais passer cinq ans de plu

1080 conférences sur la Suisse. Empêché de regagner l’ Europe par Pearl Harbour, je devais passer cinq ans de plus à New York. À l’

1081 l’Office of War Information, rédacteur principal de l’émission « La Voix de l’Amérique parle aux Français », j’eus l’occa

1082 tion, rédacteur principal de l’émission « La Voix de l’Amérique parle aux Français », j’eus l’occasion de m’exprimer plus

1083 l’Amérique parle aux Français », j’eus l’occasion de m’exprimer plus librement sur mes « frères d’armes » putatifs, au mom

1084 ion de m’exprimer plus librement sur mes « frères d’ armes » putatifs, au moment où ils entraient en action (1942-1943) et

1085 tion (1942-1943) et l’on m’a dit que des journaux de la Résistance reproduisirent parfois mes textes, lus au micro quotidi

1086 es, lus au micro quotidiennement par deux équipes d’ announcers, parmi lesquels André Breton et Lévi-Strauss. Grisoni, comm

1087 re sans doute, ignore ces « faits ». Il se plaint de ma plainte : elle constitue selon lui « un terrible diktat » contre l

1088 mémoire » et leur « patiente, mais obstinée quête de la vérité ». Il faut, s’écrie-t-il, « sceller dans l’oubli le nom et

1089 -il, « sceller dans l’oubli le nom et l’ouvrage » de gens comme moi. Je ne puis pas rafraîchir, encore moins interdire, de

1090 re, des « mémoires » qui seraient, dans leur cas, de plusieurs années prénatales. Je ne puis opposer à leur vœu d’oblitére

1091 années prénatales. Je ne puis opposer à leur vœu d’ oblitérer « mon nom et mon ouvrage » que le souhait qu’ils apprennent

1092 prendre mes livres. Mais il me plairait davantage de les convaincre que toute quête de la vérité commence par celle de la

1093 irait davantage de les convaincre que toute quête de la vérité commence par celle de la véracité. j. Édition réalisée su

1094 e que toute quête de la vérité commence par celle de la véracité. j. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conserv

1095 de la véracité. j. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1096 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 866.

1097 De l’unité de culture à l’union fédérale de l’Europe (18 octobre 1982)k

1098 De l’unité de culture à l’union fédérale de l’Europe (18 octobre 1982)k I. Un

1099 De l’unité de culture à l’union fédérale de l’Europe (18 octobre 1982)k I. Union et unité européennel J

1100 De l’unité de culture à l’union fédérale de l’ Europe (18 octobre 1982)k I. Union et unité européennel Je partira

1101 I. Union et unité européennel Je partirai de quatre observations qui auront valeur de définitions. L’union se fai

1102 partirai de quatre observations qui auront valeur de définitions. L’union se fait, l’unité se constate. L’union est une

1103 eut, on la réussit ou non. L’unité est une donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’union politique

1104 e donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’union politique librement nouée entre les peuples de la p

1105 née de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’ Europe , l’union politique librement nouée entre les peuples de la péninsule

1106 union politique librement nouée entre les peuples de la péninsule ne pourra s’instaurer que sur le fondement d’une unité s

1107 insule ne pourra s’instaurer que sur le fondement d’ une unité spatio-temporelle bien définie d’histoire lisible et spécifi

1108 dement d’une unité spatio-temporelle bien définie d’ histoire lisible et spécifique à travers les siècles, même si elle est

1109 i elle est multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’h

1110 e dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’hui. II. « Ce qu

1111 e base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’hui. II. « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des c

1112 celle de la culture commune à tous les Européens d’ aujourd’hui. II. « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des cont

1113 aujourd’hui. II. « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie » (Héraclite)m

1114 armonie » (Héraclite)m La culture commune des Européens a été définie par Paul Valéry comme celle, essentiellement, des hérit

1115 aléry comme celle, essentiellement, des héritiers d’ Athènes, de Rome et de Jérusalem. Dans une conférence donnée à l’Unive

1116 celle, essentiellement, des héritiers d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Dans une conférence donnée à l’Université de Zu

1117 entiellement, des héritiers d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Dans une conférence donnée à l’Université de Zurich en 192

1118 usalem. Dans une conférence donnée à l’Université de Zurich en 1922, il disait : « Toute race et toute terre qui a été suc

1119 esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne . » Voyons cela de plus près. Dès l’aube de la philosophie qui définit

1120 uropéenne. » Voyons cela de plus près. Dès l’aube de la philosophie qui définit le monde occidental, Héraclite, magistrat

1121 le monde occidental, Héraclite, magistrat suprême de l’une des premières cités grecques, celle d’Éphèse, écrit cette phras

1122 rême de l’une des premières cités grecques, celle d’ Éphèse, écrit cette phrase décisive : « Ce qui s’oppose coopère, et de

1123 e phrase décisive : « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie. » (Fragment 9

1124 lle harmonie. » (Fragment 92, trad. Simone Weil). De ce temps jusqu’à nous, tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi

1125 urt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre histoire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la di

1126 loi constitutive de notre histoire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la diversité, et la coexistence fécon

1127 des contraires. La Grèce invente la cité (polis, d’ où politique, dans toutes nos langues Politik, policy, politique, etc.

1128 aussi l’analyse, et la poursuit jusqu’aux notions de l’atome matériel et de l’atome humain, l’individu. D’où les excès ana

1129 poursuit jusqu’aux notions de l’atome matériel et de l’atome humain, l’individu. D’où les excès anarchisants, qui créent l

1130 ’atome matériel et de l’atome humain, l’individu. D’ où les excès anarchisants, qui créent le vide social des grandes ville

1131 erselle jusqu’à l’irrémédiable Ennui, malgré plus de deux cents jours fériés sous Dioclétien. Le vide de l’âme, inoccupée,

1132 deux cents jours fériés sous Dioclétien. Le vide de l’âme, inoccupée, appelle les tempêtes de l’esprit. Le christianisme

1133 Le vide de l’âme, inoccupée, appelle les tempêtes de l’esprit. Le christianisme apporte alors un troisième monde de valeur

1134 Le christianisme apporte alors un troisième monde de valeurs, parfois mal compatibles avec celles de la sagesse grecque, s

1135 e de valeurs, parfois mal compatibles avec celles de la sagesse grecque, souvent contraires à celles de Rome. À la morale

1136 e la sagesse grecque, souvent contraires à celles de Rome. À la morale grecque de la mesure comme à la morale romaine de l

1137 contraires à celles de Rome. À la morale grecque de la mesure comme à la morale romaine de la raison utilitaire, l’Évangi

1138 le grecque de la mesure comme à la morale romaine de la raison utilitaire, l’Évangile oppose les élans de l’amour sans cal

1139 la raison utilitaire, l’Évangile oppose les élans de l’amour sans calcul ; au droit de la force, le service du prochain ;

1140 sacrifice pour ceux qu’on aime. De plus, le dogme de l’Incarnation porte à l’extrême la dialectique héraclitéenne de la co

1141 on porte à l’extrême la dialectique héraclitéenne de la coexistence des contraires, lorsque les conciles de Nicée puis de

1142 coexistence des contraires, lorsque les conciles de Nicée puis de Chalcédoine formulent la définition de la Personne de J

1143 es contraires, lorsque les conciles de Nicée puis de Chalcédoine formulent la définition de la Personne de Jésus-Christ co

1144 Nicée puis de Chalcédoine formulent la définition de la Personne de Jésus-Christ comme « vrai Dieu et vrai homme à la fois

1145 halcédoine formulent la définition de la Personne de Jésus-Christ comme « vrai Dieu et vrai homme à la fois, sans confusio

1146 s et nos institutions. Elle est donc constitutive de notre culture commune, et elle est restituée par celle-ci à tous les

1147 ne, et elle est restituée par celle-ci à tous les Européens de tous les âges, s’il est vrai que la culture représente « l’ensembl

1148 e est restituée par celle-ci à tous les Européens de tous les âges, s’il est vrai que la culture représente « l’ensemble d

1149 semble des informations non génétiques transmises de génération en génération » selon la belle définition de l’écologiste

1150 ération en génération » selon la belle définition de l’écologiste Paul Ehrlich. Mais ce n’est pas tout. Avec les trois sou

1151 le droit communautaire et personnel, les valeurs d’ honneur et de fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formu

1152 munautaire et personnel, les valeurs d’honneur et de fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formuler les princ

1153 s d’honneur et de fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formuler les principes du fédéralisme. Et les Celtes

1154 e fidélité, tout ce qui permettra de concevoir et de formuler les principes du fédéralisme. Et les Celtes nous lèguent leu

1155 fédéralisme. Et les Celtes nous lèguent leur sens de l’imaginaire et du rêve, rédemption de l’échec historique, et le gran

1156 leur sens de l’imaginaire et du rêve, rédemption de l’échec historique, et le grand thème de la Quête aventureuse, symbol

1157 demption de l’échec historique, et le grand thème de la Quête aventureuse, symbole mystique. Le trésor des symboles de l’

1158 ureuse, symbole mystique. Le trésor des symboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcenda

1159 mbole mystique. Le trésor des symboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcendante, l’Ili

1160 Le trésor des symboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcendante, l’Iliade et l’Odyssée

1161 mboles de l’âme, de la nostalgie de puissance, et de la connaissance transcendante, l’Iliade et l’Odyssée, puis l’Énéide,

1162 ’Énéide, les Eddas, les Nibelungen, et les tomans de la Table ronde, jouent dès lors un rôle comparable à celui de la trag

1163 ronde, jouent dès lors un rôle comparable à celui de la tragédie grecque et de la Bible judéo-chrétienne : grands textes é

1164 rôle comparable à celui de la tragédie grecque et de la Bible judéo-chrétienne : grands textes éducateurs de la psyché ind

1165 Bible judéo-chrétienne : grands textes éducateurs de la psyché individuelle et collective, des désirs du cœur, des passion

1166 des désirs du cœur, des passions et des volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent

1167 ions et des volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’ amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des troubadou

1168 es volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des troubadours du xii

1169 oèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des troubadours du xii e siècle. Tous nos romans dérivant

1170 ’Anglo-Normand Béroul, dans la mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’

1171 a mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’inconscient, a inspiré la poé

1172 e vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’inconscient, a inspiré la poésie anglaise moderne,

1173 Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de l’inconscient, a inspiré la poésie anglaise moderne, les comédies de

1174 inspiré la poésie anglaise moderne, les comédies de Shakespeare, les opéras de Wagner, les récits oniriques du surréalism

1175 moderne, les comédies de Shakespeare, les opéras de Wagner, les récits oniriques du surréalisme, la part du rêve dans la

1176 ’Espagne médiévale, l’une des sources principales de la lyrique des troubadours, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’

1177 s principales de la lyrique des troubadours, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’on croit le sentir en Occident ? Et

1178 lave dès la fin du xix e siècle ? Enfin, l’apport de l’Afrique noire, les masques, le jazz, le rock et les negro-spirituel

1179 e celte… III. « Rien de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres »n L’unité de la cul

1180 de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres »n L’unité de la culture européenne r

1181 oût de différer les uns des autres »n L’unité de la culture européenne résulte donc non seulement de la confluence d’a

1182 r les uns des autres »n L’unité de la culture européenne résulte donc non seulement de la confluence d’apports divers, mais au

1183 la culture européenne résulte donc non seulement de la confluence d’apports divers, mais aussi des conflits permanents qu

1184 éenne résulte donc non seulement de la confluence d’ apports divers, mais aussi des conflits permanents qu’ils entretiennen

1185 s qu’ils entretiennent. Beaucoup sont donc tentés d’ en conclure à la nécessité d’une unification culturelle imposée comme

1186 oup sont donc tentés d’en conclure à la nécessité d’ une unification culturelle imposée comme préalable à toute union polit

1187 ires et leurs stéréotypes nationalistes, beaucoup d’ Européens répètent que les contrastes entre Allemands et Français, ins

1188 es et leurs stéréotypes nationalistes, beaucoup d’ Européens répètent que les contrastes entre Allemands et Français, insulaires e

1189 aux coutumes civiques, qu’ils nous interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moins assez consistan

1190 qu’ils nous interdiraient de croire à l’existence d’ une unité de culture, du moins assez consistante pour servir de fondem

1191 interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moins assez consistante pour servir de fondement à une év

1192 e culture, du moins assez consistante pour servir de fondement à une éventuelle union politique. Sur quoi, tout en restan

1193 politique. Sur quoi, tout en restant sur le plan de la culture, on peut observer : 1° Que les différences de langue, de r

1194 ulture, on peut observer : 1° Que les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre B

1195 peut observer : 1° Que les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Als

1196  : 1° Que les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Alsaciens et Pro

1197 les différences de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Alsaciens et Provençaux,

1198 s de langue, de religion, de race, de coutumes et de niveau de vie entre Bretons, Alsaciens et Provençaux, Souabes et Prus

1199 et Siciliens, ou encore entre pâtres catholiques de l’Appenzell et banquiers protestants de Genève n’ont pas empêché l’un

1200 tholiques de l’Appenzell et banquiers protestants de Genève n’ont pas empêché l’unification nationale de la France, de l’A

1201 Genève n’ont pas empêché l’unification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, ni la fédération des cantons

1202 pas empêché l’unification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, ni la fédération des cantons suisses — pas

1203 ification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, ni la fédération des cantons suisses — pas plus que cette u

1204 re-plan millénaire sur lequel se détachent l’idée de la personne, la lutte contre le destin, l’acceptation du temps et don

1205 contre le destin, l’acceptation du temps et donc de l’histoire, l’affirmation de la dignité de l’homme, valeurs fondament

1206 ion du temps et donc de l’histoire, l’affirmation de la dignité de l’homme, valeurs fondamentales et spécifiques de l’Euro

1207 t donc de l’histoire, l’affirmation de la dignité de l’homme, valeurs fondamentales et spécifiques de l’Europe. 3° Et qu’e

1208 de l’homme, valeurs fondamentales et spécifiques de l’Europe. 3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses et si jalo

1209 ’homme, valeurs fondamentales et spécifiques de l’ Europe . 3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses et si jalousement e

1210 voir, précisément, comme une première définition de l’Europe. Rien de plus commun à tous les Européens que leur goût de d

1211 , précisément, comme une première définition de l’ Europe . Rien de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer l

1212 ition de l’Europe. Rien de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres, de se distinguer du voi

1213 de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres, de se distinguer du voisin, de cultiver

1214 ens que leur goût de différer les uns des autres, de se distinguer du voisin, de cultiver chacun sa singularité, jusqu’à y

1215 r les uns des autres, de se distinguer du voisin, de cultiver chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’être. L’Eu

1216 r chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’ être. L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste c

1217 a singularité, jusqu’à y voir sa raison d’être. L’ Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen da

1218 t-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, prétendant au contr

1219 er soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’ une seule nation du grand complexe continental dont il révèle ainsi qu

1220 onales ? La culture une et diverse des peuples de ce continent n’a pris conscience d’être européenne et non plus univer

1221 e des peuples de ce continent n’a pris conscience d’ être européenne et non plus universelle qu’à partir de la chute de Con

1222 euples de ce continent n’a pris conscience d’être européenne et non plus universelle qu’à partir de la chute de Constantinople (14

1223 e et non plus universelle qu’à partir de la chute de Constantinople (1453) et plus encore au lendemain des Grandes Découve

1224 lendemain des Grandes Découvertes. Ses facteurs d’ unité fondamentale, puissamment confirmés par la redécouverte de l’Ant

1225 entale, puissamment confirmés par la redécouverte de l’Antiquité et par la diffusion des Écritures imprimées va compenser

1226 ritures imprimées va compenser durant les siècles de l’absolutisme — de la Réforme à la Révolution — les phénomènes de div

1227 a compenser durant les siècles de l’absolutisme —  de la Réforme à la Révolution — les phénomènes de diversification nation

1228 — de la Réforme à la Révolution — les phénomènes de diversification nationale : en 1539, par l’édit de Villers-Cotterêts,

1229 e diversification nationale : en 1539, par l’édit de Villers-Cotterêts, François 1er impose le français comme seule langue

1230 ngue officielle dans son royaume (contre le latin de l’Église et des traités, mais aussi contre les langues différentes de

1231 faits. Le 14 janvier 1790, la Constituante décide de faire traduire les nouvelles lois, rédigées en français de Paris, dan

1232 traduire les nouvelles lois, rédigées en français de Paris, dans les langues usitées en Bretagne, Alsace, Corse, Roussillo

1233  l’emploi du français comme langue administrative de l’Ancien Régime est une conséquence du despotisme, et que l’esprit ré

1234 l’esprit révolutionnaire doit trouver les moyens de tempérer cette espèce d’aristocratie du langage. » Quatre ans plus ta

1235 doit trouver les moyens de tempérer cette espèce d’ aristocratie du langage. » Quatre ans plus tard, la Commune de Paris r

1236 ie du langage. » Quatre ans plus tard, la Commune de Paris règne à la place du roi, qu’elle a tué. Barère déclare à la Con

1237 1794 : « La langue française doit être le ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une, comme la République.

1238 une, comme la République. » Quant aux 13 millions d’ individus qui, selon l’abbé Grégoire, ne comprennent pas le français (

1239 goire, ne comprennent pas le français (c’est plus de la moitié de la population), ils n’ont qu’à retourner à l’école. Et B

1240 prennent pas le français (c’est plus de la moitié de la population), ils n’ont qu’à retourner à l’école. Et Barère poursui

1241 tion parlent bas-breton, l’émigration et la haine de la République parlent allemand, la contre-révolution parle italien3,

1242 fanatisme parle basque. » Les résultats culturels de cette imposition d’uniformité par la force — cette force est ici Bona

1243 ue. » Les résultats culturels de cette imposition d’ uniformité par la force — cette force est ici Bonaparte — ne tarderont

1244 à se manifester : tout ce qui porte encore un nom de créateur quitte la France de Napoléon (Mme de Staël, Benjamin Constan

1245 expliquent sans doute que certains nationalistes d’ aujourd’hui redoutent qu’une Europe fédérée applique à leur France et

1246 ains nationalistes d’aujourd’hui redoutent qu’une Europe fédérée applique à leur France et à sa culture nationale les mêmes pr

1247 nt : sur le sens du fédéralisme et sur la réalité d’ une culture nationale. La fédération est la forme d’union qui par déf

1248 ne culture nationale. La fédération est la forme d’ union qui par définition respecte les diversités, garantit les autonom

1249 antit les autonomies, et interdit toute tentative d’ uniformisation culturelle. Voir la Confédération suisse, avec ses 26 É

1250 où l’on parle en toute liberté quatre langues et d’ innombrables dialectes. Voir aussi l’actuel projet de Constitution féd

1251 nnombrables dialectes. Voir aussi l’actuel projet de Constitution fédéraliste de la Belgique. Quant aux « cultures nationa

1252 aussi l’actuel projet de Constitution fédéraliste de la Belgique. Quant aux « cultures nationales », il m’est arrivé plus

1253 aux « cultures nationales », il m’est arrivé plus d’ une fois de nier purement et simplement leur existence, pour la raison

1254 res nationales », il m’est arrivé plus d’une fois de nier purement et simplement leur existence, pour la raison que la cul

1255 leur existence, pour la raison que la culture en Europe a précédé de mille à deux mille ans le phénomène de l’État-nation cen

1256 pour la raison que la culture en Europe a précédé de mille à deux mille ans le phénomène de l’État-nation centralisé. J’av

1257 a précédé de mille à deux mille ans le phénomène de l’État-nation centralisé. J’avais tort en ceci que nos États-nations

1258 en ceci que nos États-nations tentent bel et bien de créer par décrets ces « cultures nationales » synthétiques, et ont pa

1259 espotique », comme on disait en 1790. Par la cour de Versailles dès le xvii e siècle, par l’École et la presse, par les tr

1260 isien à la culture dans l’Hexagone. C’est au prix d’ un appauvrissement très certain de la langue, qui se mesure par la com

1261 . C’est au prix d’un appauvrissement très certain de la langue, qui se mesure par la comparaison du vocabulaire de Montaig

1262 , qui se mesure par la comparaison du vocabulaire de Montaigne avec celui de Voltaire. Il en va de même — mais c’est beauc

1263 omparaison du vocabulaire de Montaigne avec celui de Voltaire. Il en va de même — mais c’est beaucoup moins grave — de l’a

1264 en va de même — mais c’est beaucoup moins grave —  de l’accent oxonien de la « culture britannique » et du Hochdeutsch dans

1265 c’est beaucoup moins grave — de l’accent oxonien de la « culture britannique » et du Hochdeutsch dans les pays germanopho

1266 nt qu’on les enseigne. Si elles s’évaporent, rien de ce qui compte vraiment ne sera perdu. En revanche, la fédération cont

1267 qui ont toujours été les deux éléments dynamiques de la culture en Europe. V. Foyers locaux, courants continentaux T

1268 été les deux éléments dynamiques de la culture en Europe . V. Foyers locaux, courants continentaux Toutes les créations c

1269 continentaux Toutes les créations culturelles de l’Europe, sans une seule exception, sont nées dans les foyers locaux,

1270 inentaux Toutes les créations culturelles de l’ Europe , sans une seule exception, sont nées dans les foyers locaux, couvents

1271 es cours « éclairées » ou un peu folles, sociétés de pensée, communautés de travail, etc. Des noms ? Padoue, Mantoue, Sie

1272 ou un peu folles, sociétés de pensée, communautés de travail, etc. Des noms ? Padoue, Mantoue, Sienne, Florence et Venise

1273 s et Milan, puis les cités rhénanes et flamandes, de Bâle à Bruges, mais aussi Tolède et Poitiers, Oxford et Prague ; plus

1274 ngen et Göttingen… Là naissent les grandes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont travers

1275 ingen… Là naissent les grandes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont traverser toute l’E

1276 ssent les grandes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont traverser toute l’Europe, du Sud

1277 ndes écoles de musique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont traverser toute l’Europe, du Sud au Nord par

1278 ure, de philosophie. Elles vont traverser toute l’ Europe , du Sud au Nord par l’axe rhénan, du Centre à l’Est, et à l’Ouest ibé

1279 rile, mais que (pour citer à nouveau Héraclite) «  de la coexistence des contraires procède la plus belle harmonie », la cr

1280 s procède la plus belle harmonie », la créativité de la culture. De cela notre époque a fourni deux illustrations mémorabl

1281 us belle harmonie », la créativité de la culture. De cela notre époque a fourni deux illustrations mémorables, je veux par

1282 rni deux illustrations mémorables, je veux parler de Vienne et de Paris, foyers locaux des grands courants de pensée et d’

1283 strations mémorables, je veux parler de Vienne et de Paris, foyers locaux des grands courants de pensée et d’art du xx e s

1284 ne et de Paris, foyers locaux des grands courants de pensée et d’art du xx e siècle. À la faveur de la coutume fédéraliste

1285 s, foyers locaux des grands courants de pensée et d’ art du xx e siècle. À la faveur de la coutume fédéraliste qui animait

1286 ts de pensée et d’art du xx e siècle. À la faveur de la coutume fédéraliste qui animait l’Empire austro-hongrois, la cultu

1287 . Il en a résulté dans la Vienne du premier tiers de notre siècle une floraison d’écoles qui influencera et transformera t

1288 ne du premier tiers de notre siècle une floraison d’ écoles qui influencera et transformera toute la culture européenne d’u

1289 qui influencera et transformera toute la culture européenne d’une manière incomparable. Qu’il me suffise d’énumérer ici quelques

1290 ncera et transformera toute la culture européenne d’ une manière incomparable. Qu’il me suffise d’énumérer ici quelques exe

1291 enne d’une manière incomparable. Qu’il me suffise d’ énumérer ici quelques exemples célèbres : — la psychanalyse, avec Sigm

1292 is de Wittgenstein, Hilbert, Carnap, et plus tard de Karl Popper, qui va dominer la scène universitaire anglo-saxonne sous

1293 la scène universitaire anglo-saxonne sous le nom de logical positivism, nom que lui donnera son second père, Bertrand Rus

1294 s disciples et successeurs ; — enfin une pléiade de grands écrivains dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de

1295 e pléiade de grands écrivains dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de Rilke suffisent à rappeler l’importance 

1296 de grands écrivains dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de Rilke suffisent à rappeler l’importance : ils cara

1297 dont les seuls noms de Kafka, de Hofmannsthal et de Rilke suffisent à rappeler l’importance : ils caractérisent une époqu

1298 audel et Marcel Proust, et l’on baptisera « École de Paris » une génération de grands peintres et sculpteurs venus en réal

1299 l’on baptisera « École de Paris » une génération de grands peintres et sculpteurs venus en réalité de toute l’Europe à Mo

1300 de grands peintres et sculpteurs venus en réalité de toute l’Europe à Montmartre puis à Montparnasse : Picasso et Miró, Ch

1301 eintres et sculpteurs venus en réalité de toute l’ Europe à Montmartre puis à Montparnasse : Picasso et Miró, Chirico et Modigl

1302 par l’union fédérale »o Si la fédération des Européens doit exprimer demain les réalités créatrices de leur culture commune,

1303 éens doit exprimer demain les réalités créatrices de leur culture commune, elle ne pourra que traduire en formes et en ins

1304 qui représente la systole et la diastole du cœur de l’Europe. Foyers locaux et grandes écoles continentales appellent au

1305 représente la systole et la diastole du cœur de l’ Europe . Foyers locaux et grandes écoles continentales appellent au niveau po

1306 et la fédération ; les régions en deçà des cadres de l’État-nation, et la fédération au-delà de ces cadres. Ainsi, la natu

1307 cadres de l’État-nation, et la fédération au-delà de ces cadres. Ainsi, la nature même de l’unité fondamentale des Europée

1308 tion au-delà de ces cadres. Ainsi, la nature même de l’unité fondamentale des Européens, qui est leur culture une et diver

1309 Ainsi, la nature même de l’unité fondamentale des Européens , qui est leur culture une et diverse, appelle et rend possible l’unio

1310 rse, appelle et rend possible l’union des peuples de l’Europe dans le respect de leurs diversités. Les autonomies fédérée

1311 appelle et rend possible l’union des peuples de l’ Europe dans le respect de leurs diversités. Les autonomies fédérées : tel e

1312 e l’union des peuples de l’Europe dans le respect de leurs diversités. Les autonomies fédérées : tel est le seul avenir c

1313 le seul avenir concevable — mais il est grand ! —  de ce « cap de l’Asie », notre Europe, dont dépend aujourd’hui plus que

1314 s il est grand ! — de ce « cap de l’Asie », notre Europe , dont dépend aujourd’hui plus que jamais le sort du monde, — la paix

1315 on à Bonaparte ? k. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1316 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 871. Une note manuscrite indique sur la

1317 Devise du régionalisme : point de libertés sans responsabilités (6 mai 1983)p Au printemps de 1983,

1318 ans responsabilités (6 mai 1983)p Au printemps de 1983, j’ai été invité à introduire la troisième rencontre d’Action so

1319 ai été invité à introduire la troisième rencontre d’ Action sociale romande, qui se tenait à Yverdon, sur le thème général

1320 de, qui se tenait à Yverdon, sur le thème général de la régionalisation et de l’autonomie communale. Ma conception de la r

1321 on, sur le thème général de la régionalisation et de l’autonomie communale. Ma conception de la région étant celle d’un « 

1322 sation et de l’autonomie communale. Ma conception de la région étant celle d’un « espace de participation civique » consti

1323 communale. Ma conception de la région étant celle d’ un « espace de participation civique » constitué par une « grappe de c

1324 conception de la région étant celle d’un « espace de participation civique » constitué par une « grappe de communes », je

1325 articipation civique » constitué par une « grappe de communes », je me suis souvenu, une fois de plus, en rédigeant mes no

1326 nt mes notes pour cette introduction, des travaux d’ Adolf Gasser sur les communes, qui avaient influencé dès l’avant-guerr

1327 uerre les groupes personnalistes, notamment celui de la revue L’Ordre nouveau , publiée par Arnaud Dandieu, Robert Aron,

1328 ert Aron, Daniel-Rops, Alexandre Marc et moi-même de 1933 jusqu’à la guerre. Sur ces notes, je rédige aujourd’hui un texte

1329 rd’hui un texte plus complet, que je suis heureux de pouvoir dédier au professeur Adolf Gasser, en témoignage de ma vive e

1330 dédier au professeur Adolf Gasser, en témoignage de ma vive et durable gratitude intellectuelle. I. Un espoir : les rég

1331 bonheur pour moi, plus encore qu’un honneur, que d’ être invité à introduire votre rencontre : elle se place en effet sous

1332 et des autonomies communales, et vous me proposez d’ y parler sur le couple indissociable de la liberté et de la responsabi

1333 e proposez d’y parler sur le couple indissociable de la liberté et de la responsabilité. Or, ce sont là précisément les mo

1334 rler sur le couple indissociable de la liberté et de la responsabilité. Or, ce sont là précisément les mots-clés de l’acti

1335 abilité. Or, ce sont là précisément les mots-clés de l’action que je mène, depuis des décennies, en tant qu’écrivain, mais

1336 ofesseur, mais non moins organisateur responsable d’ institutions culturelles et politiques, dédiées à la fédération des Eu

1337 relles et politiques, dédiées à la fédération des Européens . Les communes et les régions sont les organes vitaux de toute fédérat

1338 s communes et les régions sont les organes vitaux de toute fédération, voyez la Suisse, et l’action que nous avons à mener

1339 isse, et l’action que nous avons à mener pour une Europe fédérée est la première condition de la paix dans le monde d’aujourd’

1340 pour une Europe fédérée est la première condition de la paix dans le monde d’aujourd’hui, c’est-à-dire pratiquement, de la

1341 st la première condition de la paix dans le monde d’ aujourd’hui, c’est-à-dire pratiquement, de la continuation de l’humani

1342 e monde d’aujourd’hui, c’est-à-dire pratiquement, de la continuation de l’humanité. Ce monde d’aujourd’hui tel qu’il va, e

1343 ui, c’est-à-dire pratiquement, de la continuation de l’humanité. Ce monde d’aujourd’hui tel qu’il va, et tel que le caract

1344 ement, de la continuation de l’humanité. Ce monde d’ aujourd’hui tel qu’il va, et tel que le caractérise sa crise, pour la

1345 terrorisme partout comme en écho à « l’équilibre de la terreur » — équilibre entretenu par les Deux Grands, comme pour se

1346 ar les Deux Grands, comme pour se donner le temps de mieux préparer les armements requis par cette guerre nucléaire qui me

1347 ivilisations, — ce monde offre bien peu de motifs d’ espoir. J’en distingue un toutefois — peut-être un seul — qui serait l

1348 le réarrangement (et non pas « l’organisation ») de nos sociétés, non plus sous la dictée des États-nations animés par le

1349 dictée des États-nations animés par leur volonté de puissance et donc implicitement de guerre, mais sur la base de commun

1350 r leur volonté de puissance et donc implicitement de guerre, mais sur la base de communautés vivantes, animées par une sol

1351 et donc implicitement de guerre, mais sur la base de communautés vivantes, animées par une solidarité humaine génératrice

1352 s, animées par une solidarité humaine génératrice de paix. Et cet espoir s’appelle : régions. II. Pourquoi des régions 

1353 es régions ? Que ceci soit dit bien clairement d’ entrée de jeu : par le terme de régions, je n’entends pas des ethnies

1354 s ? Que ceci soit dit bien clairement d’entrée de jeu : par le terme de régions, je n’entends pas des ethnies qui serai

1355 it bien clairement d’entrée de jeu : par le terme de régions, je n’entends pas des ethnies qui seraient tentées de devenir

1356 je n’entends pas des ethnies qui seraient tentées de devenir des mini États-nations (exemple basque) ; ni des entités défi

1357 ditionnel ou économique ; mais bien : des espaces de participation civique constitués par des grappes de communes. Comment

1358 participation civique constitués par des grappes de communes. Comment justifier mon espoir ? Pourquoi des régions ? Je va

1359 la guerre nucléaire est le devoir le plus urgent de tous les hommes et femmes d’aujourd’hui. Or qui décide, déclare et fa

1360 evoir le plus urgent de tous les hommes et femmes d’ aujourd’hui. Or qui décide, déclare et fait les guerres ? Ce sont nos

1361 ratiques et militarisés, modèle Napoléon Ier, nés de la guerre et pour la guerre, uns-et-indivisibles dans leurs limites,

1362 s, aujourd’hui idéologiques ; soucieux avant tout de leur puissance et non des libertés de leurs sujets, et devenus si rig

1363 avant tout de leur puissance et non des libertés de leurs sujets, et devenus si rigides dans le carcan de leurs frontière

1364 eurs sujets, et devenus si rigides dans le carcan de leurs frontières que leur seul mode de contact est le choc. Il me par

1365 le carcan de leurs frontières que leur seul mode de contact est le choc. Il me paraît donc évident que la première condit

1366 rre qui serait la fin des hommes civilisés, c’est d’ empêcher de nuire ceux qui pourraient la déclencher et qui ne peuvent

1367 ait la fin des hommes civilisés, c’est d’empêcher de nuire ceux qui pourraient la déclencher et qui ne peuvent être que le

1368 ent être que les États-nations. Je ne propose pas de les détruire, c’est impossible. Je propose de les dépasser, à la fois

1369 pas de les détruire, c’est impossible. Je propose de les dépasser, à la fois par en haut et par en bas, et cela, c’est dev

1370 et par en bas, signifie régions. Prenons le cas de notre Europe : les deux guerres mondiales du xx e siècle sont nées du

1371 n bas, signifie régions. Prenons le cas de notre Europe  : les deux guerres mondiales du xx e siècle sont nées du choc des nat

1372 nationalismes absolutisés. La première condition d’ une paix mondiale serait donc l’union de nos peuples européens en une

1373 condition d’une paix mondiale serait donc l’union de nos peuples européens en une fédération si possible neutre, selon le

1374 paix mondiale serait donc l’union de nos peuples européens en une fédération si possible neutre, selon le modèle suisse. Or, il

1375 utre, selon le modèle suisse. Or, il est aberrant d’ imaginer et impossible de réaliser une fédération qui se fonderait sur

1376 sse. Or, il est aberrant d’imaginer et impossible de réaliser une fédération qui se fonderait sur l’union des quelque 29 É

1377 États-nations entre lesquels se trouve divisée l’ Europe actuelle. Pourquoi serait-ce aberrant ? Parce qu’il n’est pas imagina

1378 imaginable qu’une fédération se fonde sur la base d’ entités absolument souveraines : ce serait une contradictio in termini

1379 erait une contradictio in terminis. L’État-nation de modèle napoléonien refuse toute délégation de souveraineté à quelque

1380 ion de modèle napoléonien refuse toute délégation de souveraineté à quelque entité plus globale que ce soit. Il constitue

1381 t même absolu, à toute union sincère et effective de nos peuples. Croire qu’une « Europe des nations » est possible, comme

1382 cère et effective de nos peuples. Croire qu’une «  Europe des nations » est possible, comme on le fait à Strasbourg et à Bruxel

1383 rasbourg et à Bruxelles et dans tous les discours de nos chefs d’État, c’est croire à la possibilité d’une « amicale des m

1384 e nos chefs d’État, c’est croire à la possibilité d’ une « amicale des misanthropes » — chose que l’on peut écrire ou dire,

1385 hropes, et dans ce cas vous refuserez l’idée même d’ une « amicale » ; ou bien vous désirez fonder une amicale, et dans ce

1386 cas vous n’êtes plus misanthropes. Une fédération de l’Europe n’est donc pensable et ne peut se fonder en réalité que sur

1387 ous n’êtes plus misanthropes. Une fédération de l’ Europe n’est donc pensable et ne peut se fonder en réalité que sur des commu

1388 it parfois, leur « subsidiarité ». Une fédération de l’Europe ne peut donc se fonder que sur des régions regroupées en féd

1389 rfois, leur « subsidiarité ». Une fédération de l’ Europe ne peut donc se fonder que sur des régions regroupées en fédérations

1390 ire continentales, qui éprouvent le double besoin de former une union assez grande pour tenir en respect leurs grands vois

1391 er vivre à leur manière après les avoir empêchées de mourir. Deuxième raison : mais écarter les causes évidentes d’une gu

1392 uxième raison : mais écarter les causes évidentes d’ une guerre (nucléaire, chimique, économique ou terroriste) n’est pas a

1393 ste) n’est pas assez. La paix n’est pas l’absence de guerre, on le sait. Il faut créer la paix et l’animer. Là encore, les

1394 ement parce qu’elles sont trop petites pour mener de grandes guerres, mais surtout parce qu’elles ont les dimensions juste

1395 ier la vie sociale, communautaire. Cette question de dimension me paraît primordiale. De nombreux observateurs de nos soci

1396 ette question de dimension me paraît primordiale. De nombreux observateurs de nos sociétés actuelles — sociologues, économ

1397 n me paraît primordiale. De nombreux observateurs de nos sociétés actuelles — sociologues, économistes, politologues ou si

1398 s ou simplement philosophes — ont observé ce fait d’ importance décisive : c’est que nos États-nations sont presque tous à

1399 s sont trop grands pour animer et vivifier la vie de leurs communes et de leurs régions. III. Responsabilité et liberté

1400 ur animer et vivifier la vie de leurs communes et de leurs régions. III. Responsabilité et liberté Les régions ont t

1401 ont toujours eu les dimensions que tous les sages de la politique, d’Aristote à nos jours en passant par J.-J. Rousseau, n

1402 es dimensions que tous les sages de la politique, d’ Aristote à nos jours en passant par J.-J. Rousseau, n’ont cessé de pré

1403 jours en passant par J.-J. Rousseau, n’ont cessé de préconiser : elles doivent être « à la taille de l’homme », « à haute

1404 de préconiser : elles doivent être « à la taille de l’homme », « à hauteur d’homme », comme nous le disions dans le mouve

1405 vent être « à la taille de l’homme », « à hauteur d’ homme », comme nous le disions dans le mouvement personnaliste des ann

1406 années 1930, c’est-à-dire relativement petites, «  de médiocre étendue » selon Jean-Jacques. Aristote, dans sa Politique, t

1407 tote, dans sa Politique, tient que les dimensions de la polis, c’est-à-dire de la cité, premier modèle de l’État, ne doive

1408 ient que les dimensions de la polis, c’est-à-dire de la cité, premier modèle de l’État, ne doivent pas excéder celles d’un

1409 la polis, c’est-à-dire de la cité, premier modèle de l’État, ne doivent pas excéder celles d’un territoire et d’une popula

1410 r modèle de l’État, ne doivent pas excéder celles d’ un territoire et d’une population dont les hommes libres, les citoyens

1411 ne doivent pas excéder celles d’un territoire et d’ une population dont les hommes libres, les citoyens peuvent tous s’ass

1412 agora dont la grandeur soit définie par la portée de la voix d’un orateur « qui ne soit pas nécessairement Stentor ». Ving

1413 la grandeur soit définie par la portée de la voix d’ un orateur « qui ne soit pas nécessairement Stentor ». Vingt-et-un siè

1414 ait dans l’esprit, il l’a dit ailleurs, l’exemple de la République de Genève, dont les quelque trois mille citoyens pouvai

1415 tard, dans ses Considérations sur le gouvernement de Pologne, Rousseau revient avec insistance sur l’importance des dimens

1416 t avec insistance sur l’importance des dimensions de l’État non seulement pour la démocratie, mais pour la paix : Grandeu

1417 pour gouverner les grandes nations. Et Rousseau de prévenir l’objection qu’on va lui faire : « Mais si la cité est très

1418 « comment on peut réunir la puissance extérieure d’ un grand peuple avec le bon ordre d’un petit État ». IV. « Le règne

1419 ce extérieure d’un grand peuple avec le bon ordre d’ un petit État ». IV. « Le règne du civisme »q Que devons-nous e

1420 dans la cité, sinon le règne du civisme, qui naît de la juste relation entre la liberté et la responsabilité, en couple in

1421 bilité, en couple indissociable. Que la condition de la liberté des hommes soit leur responsabilité dans la communauté, c’

1422 ns l’anarchie. Inversement, que la responsabilité d’ un homme ne soit réelle que dans la seule mesure où il agit librement,

1423 cat peut démontrer qu’il a tué sous la contrainte d’ une crise de démence, il sera sans doute acquitté4. Or seule une peti

1424 ontrer qu’il a tué sous la contrainte d’une crise de démence, il sera sans doute acquitté4. Or seule une petite communaut

1425 le une petite communauté peut permettre à la voix d’ un citoyen d’être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire

1426 communauté peut permettre à la voix d’un citoyen d’ être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire en connaissa

1427 permettre à la voix d’un citoyen d’être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire en connaissance de cause. Le

1428 n d’être écoutée, de faire valoir son opinion, et de le faire en connaissance de cause. Le fracas de la « grande ville » é

1429 t de le faire en connaissance de cause. Le fracas de la « grande ville » étouffe tout, à commencer par l’exercice du civis

1430 grandes dimensions « nationales » en font autant. D’ où la phrase si souvent entendue : « Moi, je ne fais pas de politique,

1431 hrase si souvent entendue : « Moi, je ne fais pas de politique, de toute façon mon vote se perdrait dans la masse, ça ne c

1432 nt entendue : « Moi, je ne fais pas de politique, de toute façon mon vote se perdrait dans la masse, ça ne changerait rien

1433 la région, et là seulement, on peut agir : voter d’ une manière utile, choisir et assumer ses responsabilités, proposer de

1434 tout faire dépendre des décisions du « centre », de la capitale, d’en haut. Or tout doit dépendre au contraire du civisme

1435 ndre des décisions du « centre », de la capitale, d’ en haut. Or tout doit dépendre au contraire du civisme, d’en bas, de l

1436 t. Or tout doit dépendre au contraire du civisme, d’ en bas, de la communauté. Le grand géographe français du siècle dernie

1437 doit dépendre au contraire du civisme, d’en bas, de la communauté. Le grand géographe français du siècle dernier, Vidal d

1438 nnaître par une action volontaire, au double sens de volonté et de volontariat. V. Compétences locales et régionales

1439 e action volontaire, au double sens de volonté et de volontariat. V. Compétences locales et régionales Mais venons-e

1440 ocales et régionales Mais venons-en au concret de l’affaire. Ce qui suscite une région, la caractérise et en définit l’

1441 tâches dont les dimensions correspondent à celles de telle ou telle communauté. Cela paraît compliqué, et ce l’est très so

1442 ile à illustrer si l’on prend l’exemple des voies de communication : à la commune, les chemins vicinaux ; à la région les

1443 es. Ou l’exemple des eaux : à la commune l’amener d’ eau dans les maisons et les mesures d’épuration ; à la région, la prot

1444 ne l’amener d’eau dans les maisons et les mesures d’ épuration ; à la région, la protection des rivières et des lacs contre

1445 ce lac le plus vaste, mais aussi le plus profond d’ Europe, menacé d’eutrophisation irréversible d’ici quelques années, sa

1446 e lac le plus vaste, mais aussi le plus profond d’ Europe , menacé d’eutrophisation irréversible d’ici quelques années, sauf int

1447 aste, mais aussi le plus profond d’Europe, menacé d’ eutrophisation irréversible d’ici quelques années, sauf intervention i

1448 s, sauf intervention immédiate) ; aux fédérations de régions d’échelles nationales ou continentales, la protection des fle

1449 ervention immédiate) ; aux fédérations de régions d’ échelles nationales ou continentales, la protection des fleuves tels q

1450 mondiale la protection des océans (déjà couverts d’ un « film » d’hydrocarbures diminuant l’évaporation et menaçant de cau

1451 rotection des océans (déjà couverts d’un « film » d’ hydrocarbures diminuant l’évaporation et menaçant de causer des sécher

1452 hydrocarbures diminuant l’évaporation et menaçant de causer des sécheresses continentales). Mais il y a plus : à l’échelle

1453 es continentales). Mais il y a plus : à l’échelle de chaque région considérée comme « grappe de communes », et tout d’abor

1454 chelle de chaque région considérée comme « grappe de communes », et tout d’abord de chaque commune ou quartier de grande v

1455 rée comme « grappe de communes », et tout d’abord de chaque commune ou quartier de grande ville, s’imposent des tâches com

1456  », et tout d’abord de chaque commune ou quartier de grande ville, s’imposent des tâches communautaires auxquelles chacun

1457 vent participer utilement, et qui sont créatrices de région. Commençons par ce qui est lié de plus près au territoire d’un

1458 ons par ce qui est lié de plus près au territoire d’ une région naturelle : l’environnement. Les problèmes d’environnement,

1459 région naturelle : l’environnement. Les problèmes d’ environnement, dont les Européens ont enfin reconnu, depuis une ou deu

1460 onnement. Les problèmes d’environnement, dont les Européens ont enfin reconnu, depuis une ou deux décennies, les enjeux vitaux, s

1461 aces et les petits commerçants. Deuxième exemple de problème dont la solution est surtout régionale : le chômage. Dans so

1462 chinisme et chômage, comme dans une suite récente d’ articles au Monde , Alfred Sauvy, qui n’est pas connu pour ses tendan

1463 est pourtant à ses yeux « le mal impardonnable » de notre société industrielle, n’en est pas moins un faux problème. Selo

1464 un faux problème. Selon lui, « 30 à 40 milliards d’ heures de travail » attendent aujourd’hui leurs hommes. Il donne des e

1465 problème. Selon lui, « 30 à 40 milliards d’heures de travail » attendent aujourd’hui leurs hommes. Il donne des exemples à

1466 France, et qui pourrait y employer des centaines de milliers de personnes de tous âges. Et enfin, mon troisième exemple e

1467 qui pourrait y employer des centaines de milliers de personnes de tous âges. Et enfin, mon troisième exemple est le plus é

1468 y employer des centaines de milliers de personnes de tous âges. Et enfin, mon troisième exemple est le plus évident, ici e

1469 ui des activités diversifiées qu’englobe le terme d’ action sociale, qui n’est jamais aux dimensions d’un État national, to

1470 d’action sociale, qui n’est jamais aux dimensions d’ un État national, toujours à celle d’une commune ou d’une grappe de co

1471 x dimensions d’un État national, toujours à celle d’ une commune ou d’une grappe de communes — d’une région. VI. Chances

1472 État national, toujours à celle d’une commune ou d’ une grappe de communes — d’une région. VI. Chances de la région dan

1473 l, toujours à celle d’une commune ou d’une grappe de communes — d’une région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’

1474 celle d’une commune ou d’une grappe de communes —  d’ une région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’aujourd’hui

1475 grappe de communes — d’une région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’aujourd’hui Mais enfin, me dira-t-on, qu

1476  d’une région. VI. Chances de la région dans l’ Europe d’aujourd’hui Mais enfin, me dira-t-on, quelles sont les chances d

1477 région. VI. Chances de la région dans l’Europe d’ aujourd’hui Mais enfin, me dira-t-on, quelles sont les chances de r

1478 ais enfin, me dira-t-on, quelles sont les chances de réalisation en temps utile, de votre utopie des régions ? Quelques r

1479 s sont les chances de réalisation en temps utile, de votre utopie des régions ? Quelques rappels de la situation présente

1480 , de votre utopie des régions ? Quelques rappels de la situation présente dans neuf pays de l’Europe de l’Ouest me suffir

1481 s rappels de la situation présente dans neuf pays de l’Europe de l’Ouest me suffiront pour illustrer le « phénomène région

1482  ». Italie. La constitution adoptée au lendemain de la guerre et de la chute du fascisme prévoyait la création de régions

1483 constitution adoptée au lendemain de la guerre et de la chute du fascisme prévoyait la création de régions autonomes et se

1484 et de la chute du fascisme prévoyait la création de régions autonomes et semi-autonomes (5 à statut spécial, 15 à statut

1485 dinaire). Pour la mise en fonction de ce chapitre de la Constitution de 1946, il a fallu attendre jusqu’en 1970 : on avait

1486 ise en fonction de ce chapitre de la Constitution de 1946, il a fallu attendre jusqu’en 1970 : on avait peur que le Parti

1487 ge, tous ont vu et admis que la région communiste de Bologne se comportait d’une manière exemplaire : les réalités communa

1488 que la région communiste de Bologne se comportait d’ une manière exemplaire : les réalités communales et régionales s’étaie

1489 t que les idéologies. J’ajouterai ceci, à l’éloge d’ un sens du compromis qui pourrait rendre même un Suisse jaloux : l’art

1490 pourrait rendre même un Suisse jaloux : l’art. 5 de la constitution italienne est ainsi conçu : « La République une et in

1491 Autriche. Dans cette République fédérale composée de provinces, la tendance générale est à la régionalisation de ses provi

1492 es, la tendance générale est à la régionalisation de ses provinces. Suisse. Les cantons ne sont qu’une première approxima

1493 Les cantons ne sont qu’une première approximation de régions qui se dessinent aujourd’hui par-dessus les frontières non se

1494 tonales, mais fédérales : les régions alpestres —  de Nice à Trieste — sont en train de chercher des formules neuves répond

1495 pécifiques. Il en va de même depuis une vingtaine d’ années déjà pour les régions transfrontalières, dont la Regio basilien

1496 une partie du land Bade-Wurtemberg). Les cantons de Genève, du Tessin et de Schaffhouse ont pris des initiatives plus ou

1497 -Wurtemberg). Les cantons de Genève, du Tessin et de Schaffhouse ont pris des initiatives plus ou moins analogues avec leu

1498 llemands. (Au total, 45 régions transfrontalières de formules très variées s’organisent aujourd’hui en Europe de l’Ouest.)

1499 Alliés pour « punir » l’Allemagne après la guerre d’ Hitler, ont abouti au « miracle économique » que l’on sait. Mais tous

1500 ice aux besoins régionaux. Belgique. La création de régions fédérées est la condition même de la survie d’une nation belg

1501 réation de régions fédérées est la condition même de la survie d’une nation belge. Les projets proposés se fondent notamme

1502 gions fédérées est la condition même de la survie d’ une nation belge. Les projets proposés se fondent notamment sur des so

1503 se fondent notamment sur des sous-régions formées de communes regroupées, qu’on a parfois voulu nommer des « fédérations d

1504 s, qu’on a parfois voulu nommer des « fédérations de pays ». Pays-Bas. Les 13 provinces traditionnelles se sont dotées d’

1505 . Les 13 provinces traditionnelles se sont dotées d’ organes de décentralisation administrative. Grande-Bretagne. Le grand

1506 rovinces traditionnelles se sont dotées d’organes de décentralisation administrative. Grande-Bretagne. Le grand problème

1507 ve. Grande-Bretagne. Le grand problème est celui de la « dévolution » progressive des pouvoirs centralisés par Londres à

1508 t. Espagne. La constitution adoptée au lendemain de l’ère franquiste présente des caractères fédéralistes très remarquabl

1509 les. Elle définit l’État espagnol comme une union de « Communidades autonomas » déjà existantes (telles la Catalogne, le P

1510 la Galice ont été dotées par un vote des Cortès, d’ un statut de communauté autonome, correspondant aux plus anciennes tra

1511 nt été dotées par un vote des Cortès, d’un statut de communauté autonome, correspondant aux plus anciennes traditions ibér

1512 en 1964, le gouvernement décrétait onze « régions de programme », premier pas vers une régionalisation plus poussée de la

1513 premier pas vers une régionalisation plus poussée de la République « une et indivisible », régionalisation en laquelle le

1514 aulle disait voir « la réforme la plus importante de cette fin du xxe siècle ». En 1981, le gouvernement socialiste compor

1515 , le gouvernement socialiste comporte un ministre d’ État chargé de la régionalisation. Des conseils régionaux sont élus, l

1516 ent socialiste comporte un ministre d’État chargé de la régionalisation. Des conseils régionaux sont élus, leurs compétenc

1517 voit : tout est en marche. Maintenant, il dépend de chacun de nous que cette évolution, qui va vers la paix par la libert

1518 ut est en marche. Maintenant, il dépend de chacun de nous que cette évolution, qui va vers la paix par la liberté et la re

1519 ne sur celle qui va vers la guerre par la volonté de puissance des États-nations. Vers la guerre signifiant au concret : v

1520 t : vers la vitrification définitive du continent européen . J’ajouterai que cela dépend de vous plus que de quiconque, animateur

1521 u continent européen. J’ajouterai que cela dépend de vous plus que de quiconque, animateurs de l’action sociale dans nos c

1522 éen. J’ajouterai que cela dépend de vous plus que de quiconque, animateurs de l’action sociale dans nos communes, là où se

1523 dépend de vous plus que de quiconque, animateurs de l’action sociale dans nos communes, là où se forme le tissu de la soc

1524 ociale dans nos communes, là où se forme le tissu de la société, à l’échelle de cette région qui formera l’unité de base d

1525 à où se forme le tissu de la société, à l’échelle de cette région qui formera l’unité de base d’une Europe fédérée, gage d

1526 , à l’échelle de cette région qui formera l’unité de base d’une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demande

1527 helle de cette région qui formera l’unité de base d’ une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demander si cel

1528 de cette région qui formera l’unité de base d’une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demander si cela suffira,

1529 ormera l’unité de base d’une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demander si cela suffira, si cela réussira

1530 d’une Europe fédérée, gage de paix. Cessons donc de nous demander si cela suffira, si cela réussira : car ce n’est pas la

1531 etournent pour voir si on les suit. Tout dépendra de nous tous, de notre liberté gagée par notre prise de responsabilités.

1532 voir si on les suit. Tout dépendra de nous tous, de notre liberté gagée par notre prise de responsabilités. Il y a longte

1533 nous tous, de notre liberté gagée par notre prise de responsabilités. Il y a longtemps que je l’ai écrit, et c’est ici la

1534 je l’ai écrit, et c’est ici la meilleure occasion de le répéter : la décadence d’une société commence quand l’homme se dem

1535 a meilleure occasion de le répéter : la décadence d’ une société commence quand l’homme se demande : que va-t-il arriver ?

1536 re ? 4. Comme l’a montré, récemment, l’exemple de Louis Althusser qui avait étranglé sa femme de ses propres mains : la

1537 le de Louis Althusser qui avait étranglé sa femme de ses propres mains : la maladie mentale dont on le savait atteint ne l

1538 tale dont on le savait atteint ne l’empêchait pas de donner à l’École normale de Paris des cours célèbres sur le marxisme,

1539 nt ne l’empêchait pas de donner à l’École normale de Paris des cours célèbres sur le marxisme, mais a suffi pour empêcher

1540 après son crime. p. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1541 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 877. Ce texte a été publié en allemand :

1542 ! », Von der freien Gemeinde zum föderalistischen Europa  : Festschrift für Adolf Gasser zum 80. Geburtstag, Berlin, Duncker un

1543 D’ où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? (à propos du CEC) (

1544 propos du CEC) (10 novembre 1983)r L’union de l’Europe nécessaire au monde autant qu’à l’Europe La crise Fo

1545 os du CEC) (10 novembre 1983)r L’union de l’ Europe nécessaire au monde autant qu’à l’Europe La crise Foyer millé

1546 ion de l’Europe nécessaire au monde autant qu’à l’ Europe La crise Foyer millénaire de l’histoire universelle, pour le

1547 t qu’à l’Europe La crise Foyer millénaire de l’histoire universelle, pour le meilleur et pour le pire, ce complexe

1548 le, pour le meilleur et pour le pire, ce complexe de dynamismes contradictoires, d’impérialismes collectifs et de religion

1549 pire, ce complexe de dynamismes contradictoires, d’ impérialismes collectifs et de religions de la liberté personnelle qu’

1550 es contradictoires, d’impérialismes collectifs et de religions de la liberté personnelle qu’on nomme Europe, est aujourd’h

1551 oires, d’impérialismes collectifs et de religions de la liberté personnelle qu’on nomme Europe, est aujourd’hui menacé dan

1552 e religions de la liberté personnelle qu’on nomme Europe , est aujourd’hui menacé dans ses raisons d’être et ses possibilités d

1553 e Europe, est aujourd’hui menacé dans ses raisons d’ être et ses possibilités de persévérer dans son être. La situation pol

1554 enacé dans ses raisons d’être et ses possibilités de persévérer dans son être. La situation politique mondiale est en trai

1555 tion politique mondiale est en train de faire des Européens , jadis maîtres des trois-quarts des terres habitées de la Planète, le

1556 adis maîtres des trois-quarts des terres habitées de la Planète, les objets ou même les otages de la rivalité des deux Gra

1557 tées de la Planète, les objets ou même les otages de la rivalité des deux Grands. Inventeurs du colonialisme dès le xvi e

1558 s du colonialisme dès le xvi e siècle, mais aussi de la décolonisation au milieu du xx e, ils courent le risque d’être occ

1559 nisation au milieu du xx e, ils courent le risque d’ être occupés demain non seulement militairement, mais économiquement e

1560 ux. La crise mondiale actuelle est née des œuvres de l’Europe, qui a répandu sur toute la Terre ce qu’elle nomme aujourd’h

1561 a crise mondiale actuelle est née des œuvres de l’ Europe , qui a répandu sur toute la Terre ce qu’elle nomme aujourd’hui le pro

1562 ne civilisation technico-industrielle génératrice d’ idéaux de liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalis

1563 sation technico-industrielle génératrice d’idéaux de liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalisme libéra

1564 ielle génératrice d’idéaux de liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalisme libéral, mais aussi de commun

1565 e liberté, mais aussi de pratiques impérialistes, de capitalisme libéral, mais aussi de communisme étatique, de loisirs vi

1566 impérialistes, de capitalisme libéral, mais aussi de communisme étatique, de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel,

1567 lisme libéral, mais aussi de communisme étatique, de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel, de richesses inouïes, m

1568 munisme étatique, de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel, de richesses inouïes, mais rongées par l’inflation, de

1569 de loisirs virtuels, mais aussi de chômage réel, de richesses inouïes, mais rongées par l’inflation, de justice sociale,

1570 richesses inouïes, mais rongées par l’inflation, de justice sociale, mais aussi de révoltes sans fin, de démocratie, mais

1571 s par l’inflation, de justice sociale, mais aussi de révoltes sans fin, de démocratie, mais aussi d’États totalitaires, d’

1572 justice sociale, mais aussi de révoltes sans fin, de démocratie, mais aussi d’États totalitaires, d’internationales, mais

1573 i de révoltes sans fin, de démocratie, mais aussi d’ États totalitaires, d’internationales, mais aussi de nationalismes sus

1574 , de démocratie, mais aussi d’États totalitaires, d’ internationales, mais aussi de nationalismes suscitant le terrorisme u

1575 États totalitaires, d’internationales, mais aussi de nationalismes suscitant le terrorisme universel. Issues possibles

1576 tant le terrorisme universel. Issues possibles de la crise Laissons de côté les plus « probables », au sens mathémat

1577 rsel. Issues possibles de la crise Laissons de côté les plus « probables », au sens mathématique du terme, qui sont 

1578 internationaux, jusqu’à la guerre nucléaire : fin de l’Histoire ; b) la survie et la domination de fait d’un des Grands à

1579 fin de l’Histoire ; b) la survie et la domination de fait d’un des Grands à la faveur d’une dégradation morale et matériel

1580 ’Histoire ; b) la survie et la domination de fait d’ un des Grands à la faveur d’une dégradation morale et matérielle sans

1581 la domination de fait d’un des Grands à la faveur d’ une dégradation morale et matérielle sans précédent de l’humanité « un

1582 e dégradation morale et matérielle sans précédent de l’humanité « unifiée » malgré elle au plus bas niveau moral et matéri

1583 st une au moins — la seule peut-être — qui dépend de l’Europe et des Européens : l’union fédérale de nos peuples, réalisée

1584 e au moins — la seule peut-être — qui dépend de l’ Europe et des Européens : l’union fédérale de nos peuples, réalisée par eux

1585 a seule peut-être — qui dépend de l’Europe et des Européens  : l’union fédérale de nos peuples, réalisée par eux seuls, et à temps

1586 d de l’Europe et des Européens : l’union fédérale de nos peuples, réalisée par eux seuls, et à temps. À cette union s’oppo

1587 et à temps. À cette union s’oppose — depuis plus d’ un demi-siècle qu’on la préconise5 — le dogme de la souveraineté absol

1588 s d’un demi-siècle qu’on la préconise5 — le dogme de la souveraineté absolue des États-nations. Il est devenu parfaitement

1589 rfaitement clair qu’on ne peut pas fonder l’union de l’Europe sur la base de ces États-nations qui s’y opposent par nature

1590 ement clair qu’on ne peut pas fonder l’union de l’ Europe sur la base de ces États-nations qui s’y opposent par nature, en fait

1591 e peut pas fonder l’union de l’Europe sur la base de ces États-nations qui s’y opposent par nature, en fait comme en princ

1592 ouloir. Toute union suppose l’existence préalable d’ une unité de base sur laquelle on puisse la construire. Cette unité ex