1
us méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous
à
demi-européanisés ou germains désillusionnés — nous annoncent le « cr
2
rts de l’Orient et de l’Europe, me paraît destiné
à
lever plusieurs des plus tenaces de ces confusions. M. de Traz a visi
3
it l’être aujourd’hui sans que cela nuise en rien
à
un don de sympathie qui est parfois la plus subtile de ses ruses de p
4
avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense
à
certaines pages sur Jérusalem qui touchent particulièrement une sensi
5
moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne
à
ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une p
6
rêveurs orientaux. De leur immense paresse, jusqu’
à
leur mysticisme, partout c’est une démission qu’ils désirent. Du diff
7
’Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent
à
cette constatation fondamentale que « notre intelligence et celle de
8
? Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’il éprouve
à
se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de Traz — si t
9
— sont plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire
à
un péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à chercher
10
oriental très pressant, ni surtout que nous ayons
à
chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulman
11
s à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon
à
attendre des musulmans, c’est que le spectacle de leur décadence nous
12
aucun système. Le livre se termine par un voyage
à
Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orien
13
ianisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orient
à
l’Europe ? Il y a là des pages d’un accent très noble et courageux mê
14
t que pour « mieux comprendre », assez « fidèle »
à
ses origines pour garder dans ses dépaysements un point de vue fixe,
15
mparer et, parfois, juger ; préférant obstinément
à
la légende le vrai, même amer, non par défaut d’un sens artistique do
16
ma de Budapest (23 mai 1929)b Passer de Vienne
à
Budapest, c’est, en six heures d’express, changer totalement d’atmosp
17
r totalement d’atmosphère, passer de la lassitude
à
la turbulence, d’une propreté joliette à un désordre pittoresque, d’u
18
assitude à la turbulence, d’une propreté joliette
à
un désordre pittoresque, d’un scepticisme poli à une excitation agres
19
à un désordre pittoresque, d’un scepticisme poli
à
une excitation agressive. La simple visite des cafés dans l’une et l’
20
fés dans l’une et l’autre de ces capitales suffit
à
vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le rest
21
imminente, une révolution, le transfert de la SDN
à
la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi sont en grosses lettr
22
peuple s’est résigné avec une facilité incroyable
à
la défaite, au marxisme, au chômage, lequel semble d’ailleurs corresp
23
au chômage, lequel semble d’ailleurs correspondre
à
son état d’esprit le plus naturel. Mais de quoi vivent ces bourgeois
24
ux verres d’eau que le garçon renouvelle de temps
à
autre, à lire des potins tout en essuyant une moustache de crème foue
25
d’eau que le garçon renouvelle de temps à autre,
à
lire des potins tout en essuyant une moustache de crème fouettée ? Bu
26
mporte dès l’entrée. Un violon vient vous siffler
à
l’oreille les notes les plus aiguës d’une chanson populaire, et à l’a
27
notes les plus aiguës d’une chanson populaire, et
à
l’autre extrémité de la salle, par-dessus la rumeur des clients, le v
28
rauques… Sortez pour en suivre une, arrêtez-vous
à
ses côtés devant cet étalage pour admirer un coussin aux curieux dess
29
s rouges et jaunes et d’inscriptions cascadantes,
à
l’orientale (on pense au mot bazar, qui sonne rouge et jaune aussi).
30
oici la trouée du Danube, Bude solidement amarrée
à
Pest par quatre énormes ponts de fer. Contre leurs piles, en hiver, v
31
encieuses, provinciales, bordées de petits palais
à
un étage, clos, secrets, abandonnés. Et des crémeries aux idylles dém
32
is le charme des voix hongroises féminines suffit
à
votre bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany est une grande arti
33
rtiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde,
à
l’entrée d’un des archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le
34
mme plus un Européen ne sait le faire, et dansent
à
tout propos de folles « czardas » qui deviennent tourbillonnantes et
35
934)c Il y a une chose au monde plus difficile
à
réussir qu’un beau roman : c’est un roman chrétien. Qu’est-ce donc qu
36
rait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste
à
la Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque ha
37
promesses de salut sont seuls capables de donner
à
l’homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courag
38
naître la nature et ses abîmes, si l’on veut être
à
même d’y voir les touches du surnaturel. Si les scandales du temps vo
39
ies de soucis dégradants. J’ai fait lire ce livre
à
des gens de toutes conditions, « de toutes croyances ou de toutes inc
40
ix fois, en me le rendant, « Je ne vous dirai pas
à
quelle heure je l’ai terminé cette nuit ». — « Des livres comme celui
41
te nuit ». — « Des livres comme celui-là, ça aide
à
vivre ! » Tout le charme profond de Selma Lagerlöf revit dans ces pei
42
ling : mais une sobriété qui vous saisit le cœur,
à
chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme large à
43
a vie quotidienne. Il y eut une école littéraire,
à
la fin du siècle dernier, pour soutenir que la réalité c’est le terne
44
tout au moins pour leur compte, ajouterons-nous.
À
chacun sa réalité : elle dépend du regard qu’on porte sur les choses.
45
ersen. On a fait un succès depuis quelques années
à
tant de traductions qui ne valent pas dix pages de ce roman ! La mode
46
stice dans le domaine littéraire, il faut prédire
à
Sara Alelia non pas un succès de saison, mais la carrière plus discrè
47
s la primauté du matériel cette subite conversion
à
la cause de l’esprit ? N’allons pas en chercher l’explication au-delà
48
comme chacun sait, déclaré une guerre sans merci
à
toutes les formes d’intelligence réfractaires à la caporalisation int
49
i à toutes les formes d’intelligence réfractaires
à
la caporalisation intégrale. Quelle que soit la part de vérité que co
50
econnaître qu’il est essentiellement négatif. Car
à
la vérité, et si libre qu’elle soit encore, Dieu merci, la culture fr
51
ls en chômage ». Ou bien l’on s’imagine un auteur
à
succès choyé par les « femmes du monde », hommes de toutes les fortun
52
adémiciens, disait-il, tous célèbres et « auteurs
à
succès », tous ayant atteint ou largement dépassé l’âge de la retrait
53
nfin, malgré ses quatre-vingts ans, en est encore
à
placer de la copie dans les journaux de province pour pouvoir payer s
54
s ! La littérature n’est qu’un luxe, elle n’a pas
à
nourrir son homme. Et l’on cite M. Duhamel, qui est médecin. Voire !
55
eules les personnes fortunées aient quelque chose
à
dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’une solution : que
56
de la vente. Supposez une vente normale de trois
à
six-mille exemplaires pour son volume annuel, cela fait un revenu de
57
ur son volume annuel, cela fait un revenu de 1000
à
2000 fr. suisses. De quoi payer un petit loyer, les cigarettes et les
58
graves, pour la plupart. Tout cela, que je résume
à
grands traits, me paraît tendre vers la même limite, et à bon train s
59
traits, me paraît tendre vers la même limite, et
à
bon train si l’on n’y veille ; dégradation et domestication de l’inte
60
utions. Ce qui oblige en fin de compte l’écrivain
à
déclarer pathétiquement que c’est la société qui est mal faite dans s
61
’y trouve pas sa place normale. Et ceci suffirait
à
expliquer que les meilleures œuvres du temps soient des cris de prote
62
e le plus souvent les mécanismes. Parlons un peu,
à
ce propos, des conditions actuelles de l’édition. Malgré toute leur b
63
as, ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi
à
« se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un point d’honneur
64
tre aux goûts (supposés) du public. Ils renoncent
à
former ces goûts. Ils se contentent de les flatter. Et aussitôt, comm
65
histoires coquines. (Il est certes des exceptions
à
cette règle déplorable. Elles se font excessivement rares.) Les débat
66
epuis la crise, plusieurs éditeurs ont eu recours
à
l’expédient suivant. Lorsqu’un jeune auteur vient proposer son manusc
67
un contrat qui l’engage pour cinq ou dix volumes
à
venir. La propriété de ces ouvrages se trouve par ailleurs assurée à
68
té de ces ouvrages se trouve par ailleurs assurée
à
l’éditeur jusqu’à 50 ans après la mort de l’écrivain. L’éditeur se ré
69
se trouve par ailleurs assurée à l’éditeur jusqu’
à
50 ans après la mort de l’écrivain. L’éditeur se réserve en outre le
70
ui plaisent pas. (Et qui trouveront difficilement
à
se faire accepter par un confrère, on l’imagine.) On escompte ainsi l
71
. Le projet de loi Jean Zay entend mettre une fin
à
ces pratiques, en limitant à 10 années l’effet des contrats d’édition
72
ntend mettre une fin à ces pratiques, en limitant
à
10 années l’effet des contrats d’édition. Tous les écrivains applaudi
73
. J’entends que nulle réforme légale ne suffirait
à
l’assainir. Et l’on pressent déjà que le problème déborde infiniment
74
lles disposent des meilleures armes ? Je persiste
à
croire, malgré tout, que c’est elles qui résoudront le mieux le probl
75
de la culture, — si toutefois elles se le posent
à
temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’écrivain II : La g
76
pas compte de l’importance réelle de cette crise,
à
qui la faute, disions-nous ? Au public ou aux écrivains ? On objecter
77
ès ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme
à
l’image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapport est inv
78
ècle ne sont pas des auteurs populaires. Ils sont
à
l’usage exclusif d’une classe restreinte de la population. Alors qu’u
79
rciale qui, elle, ne sera soucieuse que de plaire
à
bon compte, c’est-à-dire de flatter des instincts, d’offrir des parad
80
at, pour remettre le livre en honneur, sont voués
à
de faibles succès. C’est le sens même de la lecture qui s’est perdu.
81
cas, ce sont d’abord les écrivains qui ont manqué
à
leur fonction de guides des esprits, et ruiné leur autorité. Ils sont
82
, et ruiné leur autorité. Ils sont donc mal venus
à
se plaindre. Mais la société en pâtit, plus gravement qu’elle ne le c
83
le des grands, d’un Dante ou d’un Tolstoï, suffit
à
prouver le contraire. Jamais un écrivain ne travaille mieux que lorsq
84
utir si, d’autre part, le public lui-même n’avait
à
cœur d’y collaborer. Aussi bien, si j’écris ceci à l’intention d’un d
85
cœur d’y collaborer. Aussi bien, si j’écris ceci
à
l’intention d’un de nos journaux, ce n’est pas pour prêcher les écriv
86
urs. C’est vrai sans doute. Mais si l’on se borne
à
le répéter, cela cessera bientôt d’être vrai : nous suivrons le cours
87
vrons le cours fatal des choses. J’observais tout
à
l’heure que le public est à peu près ce que les auteurs le font. Mais
88
es auteurs qu’il mérite. Or, il importe hautement
à
notre pays d’avoir des écrivains représentatifs de ce qui fait sa for
89
ité, et la nature, des rêves qui mènent le monde,
à
un moment donné de son évolution. À cette raison très générale d’appr
90
ent le monde, à un moment donné de son évolution.
À
cette raison très générale d’approuver une étude du rêve et de l’inco
91
plus que toute autre semble-t-il, s’est attachée
à
l’étude des rêves : qu’il suffise de citer Freud et Jung et, d’autre
92
ouvrage d’ensemble reprenne l’étude du phénomène
à
ses racines : M. Béguin vient de nous le donner, avec une maîtrise qu
93
s. Tout le premier volume est d’ailleurs consacré
à
l’examen des théories romantiques du rêve. Ce sera sans doute pour la
94
larté et une précision admirables, M. Béguin rend
à
notre littérature un service dont on ne saurait exagérer l’importance
95
ne saurait exagérer l’importance. Je n’hésite pas
à
affirmer que cette thèse fera date dans l’évolution naturelle du « do
96
sante, voire téméraire. On saura gré, d’ailleurs,
à
M. Albert Béguin, d’avoir su marquer avec tant de justesse le point p
97
esque du romantisme déborde les limites assignées
à
la personne humaine dans sa réalité. Il y fallait toutes les ressourc
98
d’un esprit bien armé par nos classiques, alliées
à
une profonde sympathie pour les hardiesses de la pensée allemande. Il
99
te la plus « rouge » des États-Unis. Relativement
à
la politique extérieure, l’opposition des deux candidats n’est guère
100
resque unanimes donnaient Roosevelt gagnant par 2
à
1. Aujourd’hui, les chances de Willkie paraissent augmenter rapidemen
101
apidement : les journaux parlent de 48 % des voix
à
Willkie contre 50 % à Roosevelt, le résidu allant aux candidats socia
102
ux parlent de 48 % des voix à Willkie contre 50 %
à
Roosevelt, le résidu allant aux candidats socialiste et communiste. Q
103
stique des passions dans ce pays. Je parlais tout
à
l’heure d’une campagne violente. Cette épithète demande quelques expl
104
lé… Car la règle tacitement admise est de laisser
à
chaque joueur toutes ses chances, et de ne pas gêner son jeu davantag
105
’est le meilleur qui gagnera. Bien que la presse,
à
peu d’exceptions près, soutienne Willkie — comme elle soutint Landon
106
débat démocratique. Toute la polémique se ramène
à
deux séries d’arguments : arguments de techniciens et arguments perso
107
ussi, être nommé capitaine. » La mode des boutons
à
slogans fait d’ailleurs fureur. L’Américain n’aime guère discuter, ma
108
re connaître son opinion. Il délègue donc ce soin
à
un bouton tricolore qui proclame sur sa poitrine, avec une sobre éloq
109
-publicitaire mi-sportif, et l’on a souvent peine
à
croire que l’enjeu de cette compétition soit tout à fait pris au séri
110
croire que l’enjeu de cette compétition soit tout
à
fait pris au sérieux par les électeurs. Pourtant personne n’ignore qu
111
janvier 1941)j k New York, décembre J’étais
à
Times Square, au cœur de Manhattan, le soir de l’élection présidentie
112
Manhattan, le soir de l’élection présidentielle.
À
neuf heures, nous étions cent-mille, à onze heures, un demi-million.
113
dentielle. À neuf heures, nous étions cent-mille,
à
onze heures, un demi-million. Le tout dans un ordre parfait, sous l’œ
114
t en rubans lumineux les résultats de la journée.
À
neuf heures, Willkie semblait mener. On vendait à la criée les dernie
115
À neuf heures, Willkie semblait mener. On vendait
à
la criée les derniers stocks de boutons au nom des candidats. À dix h
116
derniers stocks de boutons au nom des candidats.
À
dix heures, les chapeaux commencèrent à s’orner de bandes de papier p
117
andidats. À dix heures, les chapeaux commencèrent
à
s’orner de bandes de papier portant : « Je vous l’avais bien dit ! »
118
it d’immenses serpentins blancs, bleus et rouges.
À
onze heures, la foule épela ces mots courant sur les murailles du Tim
119
rai pas la rumeur qui monta lentement des masses,
à
mesure que la nouvelle faisait le tour du bâtiment, se transmettait d
120
esque déserté, cette femme du peuple qui chantait
à
pleine voix le Star-Spangled Banner, avec la ferveur d’une évangélist
121
s’occupe aujourd’hui, comme toutes ses pareilles,
à
réunir des conserves, mais pour l’Angleterre, à présider des comités
122
, à réunir des conserves, mais pour l’Angleterre,
à
présider des comités pour l’Angleterre, à donner des bals pour l’Angl
123
eterre, à présider des comités pour l’Angleterre,
à
donner des bals pour l’Angleterre, à payer des ambulances pour l’Angl
124
’Angleterre, à donner des bals pour l’Angleterre,
à
payer des ambulances pour l’Angleterre. Le lendemain même de l’électi
125
e gouvernement et la nécessité d’augmenter l’aide
à
l’Angleterre. Willkie faisait une déclaration de loyauté au président
126
le gouvernement répond, il s’explique, il écoute
à
son tour. N’importe quel citoyen peut critiquer publiquement telle ou
127
offrent les moyens. S’il a quelque chose de mieux
à
proposer, on le convoque à Washington, on examine son projet, et il a
128
quelque chose de mieux à proposer, on le convoque
à
Washington, on examine son projet, et il arrive qu’on le charge offic
129
ombre croissant de citoyens qualifiés participent
à
la vie publique. Celle-ci n’est plus l’affaire exclusive des cliques
130
nement et sur l’opinion. Il incite les dirigeants
à
s’expliquer franchement devant le peuple, et à ne rien entreprendre s
131
ts à s’expliquer franchement devant le peuple, et
à
ne rien entreprendre sans son appui. Les plus hauts fonctionnaires n’
132
pui. Les plus hauts fonctionnaires n’hésitent pas
à
participer à des débats publics, ou à commenter l’activité de leur dé
133
hauts fonctionnaires n’hésitent pas à participer
à
des débats publics, ou à commenter l’activité de leur département dev
134
ésitent pas à participer à des débats publics, ou
à
commenter l’activité de leur département devant les auditeurs de la r
135
voilà ce que nous avons fait, voilà ce qui reste
à
faire. Le président et ses secrétaires d’État tiennent des conférence
136
solennelles déclarations de principe ; des appels
à
la réflexion et non pas des phrases pathétiques. Et ce souci constant
137
ment les problèmes posés. Elle cherche réellement
à
les résoudre dans l’intérêt commun, — et non pas à répéter à tout pro
138
les résoudre dans l’intérêt commun, — et non pas
à
répéter à tout propos le credo trop connu d’un parti. Le secret de ce
139
dre dans l’intérêt commun, — et non pas à répéter
à
tout propos le credo trop connu d’un parti. Le secret de cette souple
140
ler les républicains et les démocrates américains
à
nos radicaux, conservateurs, libéraux et socialistes. Ni les républic
141
ement le principe de la discussion, indispensable
à
toute vie démocratique. Le fait qu’il n’y a que deux partis, et que c
142
zines, des interviews, des débats contradictoires
à
la radio, des sermons, des mandements et des manifestes. Sait-on asse
143
rge ici le terme de démocratie ? En tournant tout
à
l’heure le bouton de ma radio, j’ai entendu cette phrase prononcée d’
144
ilité de fonder une « cité » entièrement conforme
à
leurs convictions. D’où le caractère social de leur religion, dès le
145
les apports raciaux. Un Américain qui appartient
à
l’Église réformée a bien des chances d’être Hollandais d’origine ; Al
146
n ; et s’il est catholique, Irlandais ou Italien.
À
ces différences d’origine sont venues s’ajouter, par la suite, des di
147
arées de l’État). Je me bornerai pour aujourd’hui
à
la décrire comme un fait, un grand fait qui mérite d’être connu et mé
148
plus en vogue. Tournez le bouton de votre radio :
à
14 h chaque jour, vous entendrez un choix « d’hymnes de toutes les Ég
149
d’une liturgie solennelle de l’Église épiscopale
à
quelque réunion de Réveil ultradynamique dans un quartier miséreux, d
150
l ultradynamique dans un quartier miséreux, de là
à
une neuvaine dans un couvent, à un chœur luthérien, à un prêche bapti
151
r miséreux, de là à une neuvaine dans un couvent,
à
un chœur luthérien, à un prêche baptiste pour les nègres… Je vais à u
152
e neuvaine dans un couvent, à un chœur luthérien,
à
un prêche baptiste pour les nègres… Je vais à une soirée chez un prof
153
en, à un prêche baptiste pour les nègres… Je vais
à
une soirée chez un professeur du Séminaire de théologie protestante d
154
»… Et ces professeurs de théologie n’hésitent pas
à
collaborer aux magazines politiques à gros tirages qui forment l’opin
155
ésitent pas à collaborer aux magazines politiques
à
gros tirages qui forment l’opinion moyenne du pays. Ce qui est étonna
156
cisément que cela n’étonne personne ici. Je songe
à
la France laïque de naguère ! Je songe même à la Suisse, à tant de ti
157
nge à la France laïque de naguère ! Je songe même
à
la Suisse, à tant de timidités, de cloisonnements, et peut-être de pr
158
ce laïque de naguère ! Je songe même à la Suisse,
à
tant de timidités, de cloisonnements, et peut-être de prudences aussi
159
si, que l’on n’imagine pas en Amérique… Cherchant
à
louer une maison, je parcours les annonces. J’en trouve plusieurs de
160
e ce type : « Six pièces, confort, métro, Églises
à
proximité. » J’achète un guide de quartier, d’aspect commercial. Une
161
s de province, des grands panneaux de « bienvenue
à
tous » qu’elles plantent à l’entrée de leur ville, et qui promettent
162
anneaux de « bienvenue à tous » qu’elles plantent
à
l’entrée de leur ville, et qui promettent des jeux de loto le mardi s
163
aître cet arrière-plan pour donner tout leur sens
à
certains incidents de la vie politique américaine. Imaginez, par exem
164
eur d’un des grands États de l’Union prenant part
à
une campagne de « mission intérieure » à travers tout le continent. I
165
. Imaginez Roosevelt prononçant une longue prière
à
la radio, la veille de l’élection présidentielle ; les journaux décri
166
larant après son installation qu’il va se retirer
à
la campagne pour une semaine de recueillement. Le choix de lord Halif
167
sa voix. » Puis ce fut la prestation de serment,
à
la tribune élevée sur les marches du Capitole, devant des centaines d
168
endemain, c’est qu’ils sont réellement essentiels
à
la compréhension de la démocratie américaine. Il est important de sav
169
xe siècle, les hommes firent en sorte de réduire
à
peu de chose les avantages que la machine menaçait de leur procurer,
170
menant ainsi la longueur du voyage, pratiquement,
à
ce qu’elle était au bon vieux temps de Christophe Colomb. Et pourtant
171
uteurs du ciel arctique, nous montâmes en spirale
à
5000 mètres. J’allais écrire : « L’avion s’élance pour franchir l’Océ
172
pour franchir l’Océan d’un seul bond. Nous volons
à
tire-d’aile vers l’Irlande. » Mais ce cliché et ces jolies syllabes d
173
mobilité comme ce vol sans repères en plein ciel,
à
130 mètres à la seconde, sans vibrations ni courant d’air, et sans nu
174
e ce vol sans repères en plein ciel, à 130 mètres
à
la seconde, sans vibrations ni courant d’air, et sans nul signe appar
175
r y traîne sa fumée, c’est un paquebot qui en est
à
la troisième journée du trajet que nous ferons à rebours en quatre he
176
les grandes mesures de Paris. Dans quel silence,
à
quatre heures du matin. Nous donnera-t-on des chambres pour le reste
177
convoi m’interrogent. Cet hôtel ne leur plaît qu’
à
moitié. Je les décourage d’aller chercher ailleurs. Crise des logemen
178
izarres, ici ! Comme ils se mettent immédiatement
à
ressembler à ce que l’on pense d’eux en Europe !) Il y a des chambres
179
! Comme ils se mettent immédiatement à ressembler
à
ce que l’on pense d’eux en Europe !) Il y a des chambres, et même des
180
rrive au rendez-vous après sept ans, furtivement,
à
la faveur d’une nuit déserte. Un rendez-vous dont j’avais bien souven
181
loches qui sonnent les heures, et qui s’accordent
à
la suavité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudaine de cris menu
182
ménage sort ses clés, ouvre une porte de service
à
côté du portail d’un ministère. Un vieux monsieur très grand, vêtu de
183
st pas vrai, je vais me réveiller, je ne suis pas
à
Paris. » Et c’est bien un de ces tours que nous jouent les cauchemars
184
de n’en point trouver, justement. Tout est pareil
à
mes souvenirs, à peine un peu plus ressemblant. Tout est intact. La b
185
une fois qu’on leur a laissé le temps de revenir
à
leur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.) Les maisons des qu
186
eule n’ait pas été contaminée par le gangstérisme
à
la mode. C’est clair : le mal y est mal venu, tout simplement. On le
187
t il m’apparaît. L’Europe ancienne s’est rétrécie
à
la mesure de nos frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’il en
188
t, cette grande figure voûtée qui lui ressemblait
à
s’y méprendre, c’était bien, finalement, lord Cecil… Un tiers de sall
189
ours que nul, parmi les officiels, ne se risquait
à
prononcer : « Messieurs, nous voici réunis pour célébrer une défaite
190
ndant une vraie Ligue des Peuples, préparons-nous
à
de nombreux voyages. La SDN ressemble à l’ONU comme le négatif d’un c
191
rons-nous à de nombreux voyages. La SDN ressemble
à
l’ONU comme le négatif d’un cliché au positif de la photo que l’on va
192
liché au positif de la photo que l’on va proposer
à
notre admiration. Elle tient ses dernières assises dans le pays qui l
193
, mais qui est le seul, ou presque, d’entre nous,
à
ne point faire partie de la Ligue nouvelle. Les deux grands qui, là-b
194
as représentés dans cette enceinte. Nous laissons
à
la Suisse minuscule un gigantesque palais vide, pour nous ruer vers l
195
grande Amérique où l’on ne trouve pas une chambre
à
louer pour plus d’une nuit. Paradoxe de la crise des logements ! Mais
196
d a voulu que, le soir même, je me visse entraîné
à
Cointrin, où se posait dans une gloire de lumière le premier appareil
197
rir au vaste monde, et le vaste monde, en retour,
à
l’idéal tenace des petits Suisses. o. Rougemont Denis de, « Journ
198
au nom des États et prenant leurs rares décisions
à
la majorité des trois quarts. Pratiquement : le veto paralysant un co
199
estreintes ; les barrières douanières multipliées
à
l’intérieur, nulles à l’extérieur, l’impuissance devant l’étranger et
200
ères douanières multipliées à l’intérieur, nulles
à
l’extérieur, l’impuissance devant l’étranger et même devant la guerre
201
e ce fût là, trait pour trait, un état comparable
à
celui de notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’était rien
202
ient dans le mot souveraineté la réponse décisive
à
cette « chimère ». Le bon sens dénonçait l’invivable chaos entretenu
203
e mouvements, de projets, de discours et de vœux.
À
la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthous
204
unit pour la première fois. Elle décide de siéger
à
huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine ses travaux
205
, entre en fonction. Le drapeau suisse est arboré
à
côté des drapeaux des cantons. Aucun des troubles graves, aucune des
206
la Suisse d’alors : vous êtes venus de Stockholm
à
Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n
207
y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons
à
Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont vous sortez suffi
208
it de tous les arguments qu’on oppose aujourd’hui
à
l’Europe. Son exemple vivant tend à nous démontrer que la solution fé
209
e aujourd’hui à l’Europe. Son exemple vivant tend
à
nous démontrer que la solution fédéraliste n’est pas seulement pratic
210
peut aller très vite. Car le temps fait beaucoup
à
l’affaire. Celui que vous n’auriez pas, Staline le prend. C’est le te
211
u de revendications. Et je n’ai point de conseils
à
vous donner. Mais je vous écris au nom d’une centaine de milliers de
212
nteurs de l’Assemblée, ramenées par les ministres
à
l’immobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas i
213
té des ministres néglige donc son premier devoir.
À
qui la faute ? L’opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu’il
214
pas l’impression très nette que vous êtes décidés
à
faire l’Europe envers et contre toutes ses routines décadentes, à la
215
envers et contre toutes ses routines décadentes,
à
la sauver de la ruine en l’unissant, et pour tout dire d’un mot, à go
216
ruine en l’unissant, et pour tout dire d’un mot,
à
gouverner. Elle vous voit réticents pour la plupart, inquiets de ne p
217
if, formé de ministres qui se refusent d’ailleurs
à
transmettre vos consultations, consulte à son tour des experts. Ces c
218
illeurs à transmettre vos consultations, consulte
à
son tour des experts. Ces consultés à la troisième puissance — si l’o
219
s, consulte à son tour des experts. Ces consultés
à
la troisième puissance — si l’on peut dire ! — répondent après six mo
220
ue mal les forces colossales qui paralysent jusqu’
à
votre éloquence et vous empêchent d’articuler des intentions peut-êtr
221
ence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent
à
nos calamités. Ceci me rappelle un argument de M. Bevin. On aurait to
222
rappelle un argument de M. Bevin. On aurait tort,
à
son avis, de commencer l’Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni
223
tative (au second degré) de quoi faire un collier
à
trois rangs de perles du genre de Festina lente. Paris ne s’est pas b
224
lente. Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit
à
petit l’oiseau fait son nid, prudence est mère de sûreté, chi va pian
225
quelques slogans nouveaux et quelques amendements
à
la sagesse des peuples. Petit à petit, Paris ne s’est pas fait. Mais
226
lques amendements à la sagesse des peuples. Petit
à
petit, Paris ne s’est pas fait. Mais par deux ou trois décisions, don
227
re est de longue haleine, il n’y a pas une minute
à
perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne veut rien. Chi va pian
228
de sérieux, vous pouvez encore rendre un service
à
l’Europe ; allez-vous-en. Laissez la place à ceux qui ont décidé d’ag
229
vice à l’Europe ; allez-vous-en. Laissez la place
à
ceux qui ont décidé d’agir. Avouez que rien ne vous paraît possible,
230
’éprouve, non point hélas ! pour vos succès jusqu’
à
cette date, mais pour le rôle qui vous est dévolu, et pour le nom qu’
231
e de nos terres, dans aucun de nos peuples, comme
à
rien de ce qui forme l’héritage deux fois millénaire de nos fils. Vou
232
e culture, cette civilisation que rien ne s’offre
à
remplacer, et qui a su remplacer toutes les autres. D’où vient, Messi
233
au déluge, ni même jusqu’aux Anciens qui manquent
à
l’Amérique, ou à la Renaissance qui manque aux Russes — sens de la me
234
e jusqu’aux Anciens qui manquent à l’Amérique, ou
à
la Renaissance qui manque aux Russes — sens de la mesure et sens crit
235
d’industrie, de médecine. — et nos armes, quitte
à
les tourner contre nous. Que sont en fin de compte les deux empires q
236
se lui disputer sérieusement. Je viens d’entendre
à
la radio le Don Juan de Mozart retransmis de Salzbourg. Voilà ce que
237
urs, vous charge de l’avenir. Par l’un, vous êtes
à
l’autre députés. Me voici partagé entre l’envie de rire de vos craint
238
concrète de ce temps, tout cela peut disparaître
à
tout jamais si vous manquez à une mission précise, celle de fédérer n
239
la peut disparaître à tout jamais si vous manquez
à
une mission précise, celle de fédérer nos faiblesses pour en faire la
240
ciales, les intérêts… On devine ce qu’il y aurait
à
dire là-dessus. Bref, une seule chose paraît claire, dans tout cela :
241
ts anglais, et que si toute l’Europe se convertit
à
l’étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base de compromis, c’est-à
242
ase de compromis, c’est-à-dire d’action positive.
À
ces deux conditions de l’union — les mieux faites pour la rendre impo
243
européen, s’il est doté de pouvoirs législatifs,
à
l’Autorité politique, s’il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et
244
conservateurs et travaillistes nous obligent donc
à
constater objectivement que leurs motifs profonds ne sont point ceux
245
qu’il y trouve un alibi. Cette passion ne recourt
à
ce mythe que pour garder quelque moyen d’agir sans démasquer sa vraie
246
plus qu’un prétexte au droit de veto, qui revient
à
donner le seul pouvoir réel, quoique négatif, à la minorité ; et derr
247
t à donner le seul pouvoir réel, quoique négatif,
à
la minorité ; et derrière le veto se cachent en fait les vieux nation
248
de ce qui est. La question n’est pas de renoncer
à
des souverainetés illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’a
249
plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes,
à
invoquer ce mauvais motif qui en cache de pires, pour arrêter l’élan
250
les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en une
à
l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux
251
août 1950)t Messieurs les députés de l’Europe
à
sauver ! Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou ne sera pa
252
socialiste ou ne sera pas », savent très bien qu’
à
ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi, et non point Vichinsky. Et
253
le But se résoudront aux compromis vitaux. Quant
à
ceux qui n’ont point cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s
254
rope, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles
à
l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous reste à leur faire comp
255
union, perdant de vue sa nécessité, il nous reste
à
leur faire comprendre que le pire obstacle, c’est eux-mêmes. Ils nous
256
er l’étude de quelques mesures préalables tendant
à
renforcer le sentiment d’une solidarité qui ne saurait nuire à « l’av
257
e sentiment d’une solidarité qui ne saurait nuire
à
« l’avènement d’une union plus intime entre ses membres ». Les manche
258
les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s’associer
à
ces engagements téméraires avant d’avoir pris le temps d’étudier leur
259
tous les cas cela ne peut les conduire absolument
à
rien. Soyons francs : le Conseil de l’Europe, solidement retranché da
260
it jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien
à
notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affirmer des
261
ratiquement plus de mal que de bien à notre cause
à
tous. On me dira que si l’on se contente d’affirmer des principes san
262
sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal
à
personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se moque
263
le Parlement issu des élections ait quelque chose
à
faire. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’en vois pou
264
que chose à faire. Qu’un but concret soit assigné
à
ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter
265
nstitution fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est
à
vous de l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Il faut une
266
’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembre,
à
Strasbourg. Il faut une Commission ? Vous pouvez la nommer. Le Comité
267
maturé, je vous supplierai de déclarer clairement
à
quel moment, et sous quelles conditions, cela cessera d’être prématur
268
erai si quelque chose au monde est plus difficile
à
concevoir que le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre
269
ime social déficient, le chômage étendu, la ruine
à
bref délai, les trois-cents divisions de l’armée rouge. D’une part, o
270
int où nous en sommes, il n’y a presque plus rien
à
perdre. Que risquez-vous à tenter l’impossible ? D’autre part, il est
271
’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous
à
tenter l’impossible ? D’autre part, il est sûr qu’il y aurait tout à
272
le ? D’autre part, il est sûr qu’il y aurait tout
à
perdre, même l’espoir, à ne point risquer la dernière chance européen
273
sûr qu’il y aurait tout à perdre, même l’espoir,
à
ne point risquer la dernière chance européenne. Voilà le pari. Vous ê
274
ance européenne. Voilà le pari. Vous êtes acculés
à
l’audace. Donnez-nous la Constitution ! Messieurs les députés, faut-i
275
r et sonner le ralliement, cet été, en septembre,
à
Strasbourg. Tout tient à cela, tout tient à votre sage audace. Car si
276
, cet été, en septembre, à Strasbourg. Tout tient
à
cela, tout tient à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est pas
277
mbre, à Strasbourg. Tout tient à cela, tout tient
à
votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est pas un grand espoir ren
278
endant qu’il en est temps. Cet été, en septembre,
à
Strasbourg. t. Rougemont Denis de, « Cinquième lettre aux députés
279
e fait construire plus de cent maisons Il donne
à
la ville une église, une école, un hôpital Il fait dessécher les ma
280
canant dans le chemin de la vérité », écrivait-il
à
Madame du Deffand. Avec ou sans le curé, contre les tyranneaux, en dé
281
iclitent. Mais les arbres bordant la route de Gex
à
Genève me parlent chaque matin de son amour des lieux. Il fit venir d
282
ilait dans sa fabrique. La première paire parvint
à
la duchesse de Choiseul avec ce mot : « Daignez les mettre, Madame, u
283
me, une seule fois, et montrez ensuite vos jambes
à
qui vous voudrez ». À ses amis de Paris : « On fabrique ici beaucoup
284
montrez ensuite vos jambes à qui vous voudrez ».
À
ses amis de Paris : « On fabrique ici beaucoup mieux qu’à Genève… Don
285
is de Paris : « On fabrique ici beaucoup mieux qu’
à
Genève… Donnez vos ordres ; vous serez servis… Vous aurez de très bel
286
n vingt ans, le village passe de cinquante foyers
à
plus de mille habitants qui deviennent propriétaires, par un système
287
s jours location-vente. « Il commande des maisons
à
son maçon comme d’autres commandent une paire de souliers à un cordon
288
n comme d’autres commandent une paire de souliers
à
un cordonnier », disent les Mémoires secrets. Mille tractations qu’il
289
age. Sur quoi le peuple vient lui rendre hommage,
à
la Saint-François de 1777. M. de Voltaire le reçoit « avec sensibilit
290
ment doux » de l’assistance. Les garçons défilent
à
cheval, en uniformes. « Sont-ce vos soldats ? » demande le prince de
291
del, informé par un ami commun de ce que j’habite
à
Ferney : « Est-ce que Voltaire ne vient pas lui chatouiller la plante
292
l’Europe (et déjà de l’Amérique) qui fait rumeur
à
Genève. Le tout survolé trente fois par jour par des avions de New Yo
293
mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire
à
l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’uni
294
nque d’union, appellent dangereusement l’Amérique
à
prendre en main le sort de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs
295
cer « l’emprise économique des USA », représentée
à
leurs yeux par le plan Marshall et ses suites ; « l’arrogance de Wash
296
suites ; « l’arrogance de Washington », confirmée
à
leurs yeux par le voyage d’études de M. Dulles et certains articles d
297
ur américaine ». Mais quel remède nous offre-t-on
à
cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’éloquence indignée ? L’
298
ée que sollicitée, des USA ? Leur nom même suffit
à
répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché co
299
Constitution fut voté par leurs délégués, réunis
à
Philadelphie. (Six nations de l’Europe viennent de voter un projet si
300
e l’Europe viennent de voter un projet similaire,
à
Strasbourg le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’opposi
301
ilaire, à Strasbourg le 10 mars 1953.) Il restait
à
le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans quelques vil
302
ew York était le plus réticent. Il fut le dernier
à
se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primau
303
e part il a créé l’animation politique nécessaire
à
la vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pen
304
ume de se référer aux maximes du Federalist comme
à
une sorte de jurisprudence des problèmes institutionnels. Or, voici q
305
, pour le malheur des trois autres, les a toutes,
à
des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et ses négocia
306
tres, les a toutes, à des degrés divers, soumises
à
son empire par ses armes et ses négociations, par la force et par la
307
rope a depuis si longtemps conservée l’a disposée
à
se regarder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire le reste du
308
à se regarder comme la maîtresse de l’Univers, et
à
croire le reste du genre humain créé pour son utilité. Des hommes, ad
309
de grands philosophes, ont positivement attribué
à
ses habitants une supériorité physique, et ont sérieusement assuré qu
310
é ces arrogantes prétentions des Européens. C’est
à
nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modéra
311
r de la race humaine et d’enseigner la modération
à
ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’Union nous en rendra capables. La
312
les. La désunion préparerait une nouvelle victime
à
leur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’être les instrume
313
ans une étroite et indissoluble union, concourent
à
la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contr
314
allélisme qu’un tel texte suggère, et même impose
à
l’évidence, entre la situation de départ de l’Amérique et celle de no
315
de reproduire les mêmes effets, cette page dicte
à
l’Europe une politique. v. Rougemont Denis de, « Aller et retour »
316
ou désavoue implicitement les partis qui agissent
à
son service dans nos pays. En insistant enfin sur l’importance vitale
317
nder et obtenir le rattachement des pays de l’Est
à
quelque forme d’union occidentale. On ne voit pas ce qui empêcherait
318
d’Européens ainsi réunis de se déclarer neutres,
à
partir du moment où ils disposeraient de l’armée commune sans laquell
319
tralité reste illusoire. L’Amérique n’aurait rien
à
y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’Europe serait faite et la
320
qui n’a l’air de rien, mais qui équivaut en fait
à
lever le rideau de fer. Je pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rie
321
, on vient de le voir. Les relations culturelles,
à
mes yeux, sont la condition préalable à toute entente sérieuse dans l
322
turelles, à mes yeux, sont la condition préalable
à
toute entente sérieuse dans les autres domaines, politiques ou économ
323
lignée, dans la déclaration que M. Boulganine fit
à
Moscou la semaine dernière, au moment de s’envoler pour franchir le R
324
a zone où l’on parle. Toute l’attitude des Russes
à
Genève peut se résumer en un seul mot : causons ! D’où l’accent mis s
325
la force brutale : c’est le vainqueur qui impose
à
tous le sens des mots qu’il juge convenable. On se rappelle qu’au mom
326
ation scandalisa : elle aurait dû, plutôt, donner
à
réfléchir. Le ministre russe s’exprimait en effet dans un langage tou
327
e désir de le comprendre, la faculté de se mettre
à
sa place et de remettre en question, fût-ce par simple hypothèse, ses
328
la naissance du conflit qui oppose le bolchévisme
à
l’Occident. Je cite : D’aucuns estiment que le capitalisme est meille
329
aurions demander rien de plus ; nous sommes prêts
à
« causer » dès demain. (Je le dis au nom de la grande majorité des in
330
s intellectuels de l’Europe, et des plus attachés
à
la cause de l’union fédérale de nos peuples !) Parlons et dialoguons,
331
utable dialectique » du partenaire : ce n’est pas
à
ceux qui croient cela que les Russes demanderont à parler ! Les conte
332
ceux qui croient cela que les Russes demanderont
à
parler ! Les contempteurs de l’Occident, douteurs chroniques ou neutr
333
effets d’un pareil changement peuvent être lents
à
se manifester dans l’énorme psyché collective soviétique. Celle-ci ch
334
nt la liberté, qu’elle redoute, mais la sécurité.
À
l’intérieur, elle ne trouve que problèmes. À l’extérieur, elle voit q
335
ité. À l’intérieur, elle ne trouve que problèmes.
À
l’extérieur, elle voit quelques hommes forts : un Tito, un Adenauer.
336
dès qu’on tournait le bouton d’un poste de radio,
à
nos oreilles, appelant l’Europe, qui ne pouvait pas répondre, appelan
337
effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest.
À
la question : qu’est-ce que le communisme ? le monde entier répondra
338
tique massive, le massacre des ouvriers succédant
à
celui des paysans, l’incompétence brutale avouée périodiquement, la t
339
liquider d’autres élites sans armes. Nous devons
à
la passion de Budapest martyre une réparation sans merci, vigilante,
340
igilante, obstinée, sans éclat, comme il convient
à
la repentance active. Nous devons tout d’abord faire l’Europe, pour q
341
ons tout d’abord faire l’Europe, pour qu’il y ait
à
l’appel de tous nos frères de l’Est une réponse qui ne dépende plus d
342
s et ses partisans. Je crois avoir été le premier
à
proposer, ici, la reprise du dialogue culturel avec les Soviétiques d
343
s, les marxistes parisiens ridicules. Mettons fin
à
cette comédie. Nous savons désormais que les Russes, dès qu’ils le pe
344
Russes. Je n’écris pas pour mettre ma conscience
à
l’aise. Je veux certes la mettre à l’aise, et tout homme doit le voul
345
ma conscience à l’aise. Je veux certes la mettre
à
l’aise, et tout homme doit le vouloir avant tout, mais ce n’est pas u
346
tte Europe qui pouvait, en rassemblant ses forces
à
l’appel angoissé de la liberté, éviter la honte éternelle qui accable
347
e sous les yeux de l’Occident, hurlant : l’Europe
à
l’aide ! et mourant sans réponse. x. Rougemont Denis de, « Oserons
348
Hommage
à
Pasternak (31 octobre 1958)y Qu’un écrivain de l’Ouest reçoive un
349
prix Nobel. Et pitié pour les Russes. Et respect
à
Boris Pasternak. S’il s’est vu contraint, après coup, de refuser ce p
350
de refuser ce prix, dont il eut le temps de dire
à
des journalistes étrangers : « C’est une immense joie, mais un peu so
351
e au sens ancien du mot, d’attachement instinctif
à
sa terre infinie, à son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’
352
mot, d’attachement instinctif à sa terre infinie,
à
son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’a pas voulu rester s
353
inctif à sa terre infinie, à son peuple mystique,
à
la misère du siècle. Il n’a pas voulu rester seul. Quelques-uns des p
354
fus le juge moins qu’il ne juge un régime qui ôte
à
l’homme le courage d’être lui-même, et le rabat au mutisme sans espoi
355
c son peuple. y. Rougemont Denis de, « Hommage
à
Pasternak », Journal de Genève, Genève, 31 octobre 1958, p. 1.
356
« Le Dieu immanent, qui s’annonce
à
leur cœur » (9-10 novembre 1963)z Descartes estimait qu’un athée n
357
ment commun, « fondement de l’être dans le monde,
à
savoir Dieu ». Ces derniers mots sont d’Ernest Ansermet, dans le gran
358
qui est en même temps une théologie, il a recours
à
une méthode philosophique héritée de Husserl à travers Sartre (et don
359
rs, pour réfuter l’athéisme de Sartre) mais aussi
à
son expérience de musicien. Ce chapitre sur Dieu, qui occupe une plac
360
ment » et de la « relationalité », nous assistons
à
la reconstruction toute naturelle des vérités centrales du christiani
361
t voici que l’analyse de ce « fondement » conduit
à
retrouver par l’intérieur les grandes notions traditionnelles et dogm
362
re lien au monde. Et la Grâce, « réponse du monde
à
notre ouverture à lui ». Et l’humilité, et même la « prédestination d
363
Et la Grâce, « réponse du monde à notre ouverture
à
lui ». Et l’humilité, et même la « prédestination de notre personne m
364
e personne morale » (avec une référence explicite
à
Calvin). Tout cela, sans aucun recours au vocabulaire consacré de la
365
à même, dit Ansermet, abandonnant notre bas monde
à
ses fins matérielles, à l’intérêt. C’est la croyance à la survie de l
366
andonnant notre bas monde à ses fins matérielles,
à
l’intérêt. C’est la croyance à la survie de l’âme personnelle, à quoi
367
fins matérielles, à l’intérêt. C’est la croyance
à
la survie de l’âme personnelle, à quoi l’auteur substitue d’une maniè
368
est la croyance à la survie de l’âme personnelle,
à
quoi l’auteur substitue d’une manière assez surprenante un proverbial
369
is que le Christ des évangiles a été « le premier
à
révéler aux hommes la vérité de leur expérience de Dieu, en les ramen
370
Dieu des philosophes qui sera d’un grand secours
à
l’homme d’aujourd’hui. (Paragraphe sur « l’éducation chrétienne », p.
371
ns qui ont sciemment abandonné « le projet d’être
à
la ressemblance de Dieu ». Pour eux, « la perte de la loi tonale équi
372
». Pour eux, « la perte de la loi tonale équivaut
à
la mort de Dieu pour la conscience musicale ». L’atonalité serait-ell
373
docteurs jugeront hérétique, voilà de quoi faire
à
notre ami beaucoup d’ennemis dans tous les camps ! La question se pos
374
nnemis dans tous les camps ! La question se pose,
à
la mode de naguère dans les revues d’avant-garde parisiennes : faut-i
375
Les uns et les autres auraient tort. Nous devons
à
Ansermet une tentative unique d’adéquation de l’affectif au spirituel
376
manière exemplaire dans l’aggiornamento, ou mise
à
jour, des vérités traditionnelles, dont Jean XXIII fut l’admirable pr
377
t l’admirable promoteur. D’autre part, elle porte
à
l’extrême l’intériorisation des réalités de foi, qui fut le mouvement
378
t (6-7 juillet 1968)aa M. P.-O. Walzer suggère
à
vos lecteurs ( Samedi littéraire, 22 juin 1968) que pendant six ans d
379
mné en juin pour un article sur l’entrée d’Hitler
à
Paris. Soyons précis : un officier qui quitte la Suisse à la fin d’ao
380
Soyons précis : un officier qui quitte la Suisse
à
la fin d’août de 1940 en mission et muni d’un passeport « de service
381
ours auparavant. Un critique qui l’en accuserait,
à
ce moment-là, serait requis de s’en expliquer sur l’heure devant un t
382
ler » pour faire drôle. Cette mise au point, tout
à
fait superflue pour les lecteurs de mon livre, m’a paru nécessaire po
383
a vocation pastorale. Ils relèvent de sa fidélité
à
l’idéal chrétien. Ils sont une prise au sérieux des principes au nom
384
’en fait M. Bugnot. Mais il y a loin de contester
à
condamner et à flétrir publiquement. Si nous nous moquons de ces idéa
385
not. Mais il y a loin de contester à condamner et
à
flétrir publiquement. Si nous nous moquons de ces idéaux, ou si nous
386
nous moquons de ces idéaux, ou si nous condamnons
à
la prison ceux qui se réclament en toute conscience, qu’aurons-nous e
387
lament en toute conscience, qu’aurons-nous encore
à
défendre en Suisse, à part les « beautés de la nature » et des entrep
388
e ses lois ceux qui commettent la faute de croire
à
ses fondements moraux et politiques. Des jeunes gens comme René Bugno
389
e de la communauté confédérale ? Si c’est l’ordre
à
tout prix et l’écrasement légal des opposants et dissidents, les Sovi
390
n excuser la liberté que je prends en m’adressant
à
vous si franchement et longuement. Je ne voulais être qu’un témoin de
391
pliquer notre pays, par la parole et par l’écrit,
à
un monde qui le connaît mal et ne le comprend pas toujours ? Nous avo
392
ns en commun le souci du bien public et cherchons
à
le servir chacun à sa manière. C’est de cette conviction que je m’aut
393
ci du bien public et cherchons à le servir chacun
à
sa manière. C’est de cette conviction que je m’autorise pour vous com
394
la seconde fois, de se présenter au recrutement,
à
une peine de quatre mois d’emprisonnement à subir sous la forme des a
395
ment, à une peine de quatre mois d’emprisonnement
à
subir sous la forme des arrêts répressifs. Ce qui l’autorisera, en ve
396
qui marquent à cet égard une évolution certaine,
à
travailler durant la journée à l’Hôpital. Il l’a également exclu de l
397
volution certaine, à travailler durant la journée
à
l’Hôpital. Il l’a également exclu de l’armée, suivant par là une réce
398
onscience non recrutés. Cette peine est identique
à
cette qu’a déjà subie Bugnot une première fois. Et il ne pouvait en ê
399
conscience, il ne peut cependant guère envisager,
à
la seconde condamnation, une peine plus faible qu’à la première. Au c
400
la seconde condamnation, une peine plus faible qu’
à
la première. Au cours de cette audience, une lettre de l’écrivain et
401
ifficile, d’autre part, d’admettre que la prison,
à
titre répressif, correctif ou préventif, est une peine trop sommaire
402
e peine trop sommaire pour répondre équitablement
à
l’aliénation sociale des objecteurs de conscience. Et il est facile d
403
voici un cas de plus — qu’elle tend au contraire
à
éloigner de la solidarité nationale des hommes comme Denis de Rougemo
404
le suivre dans ce “tout ou rien” qui voudrait qu’
à
défaut d’un statut des objecteurs de conscience, la Suisse ne serait
405
r en chef, J’ai été surpris de vous voir répondre
à
une lettre que j’avais adressée au président d’un tribunal militaire
406
ident d’un tribunal militaire et que vous publiez
à
mon insu, sous un titre trompeur, je le crains. Car ce titre semble a
407
este. Or, il s’agit d’un simple témoignage rédigé
à
des fins précises, pour servir une cause personnelle, et pas du tout
408
toyen qui trahit ses devoirs de solidarité. Quant
à
votre sous-titre « Tout ou rien », je ne le crois pas justifié par mo
409
suivre dans une direction où jamais je n’ai songé
à
entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc pas dit « qu
410
Non, je ne pense pas et je n’ai donc pas dit « qu’
à
défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse ne serait qu’un État pol
411
t seulement que si l’on choisissait de s’en tenir
à
« l’ordre à tout prix » et à l’écrasement légal des opposants ou des
412
que si l’on choisissait de s’en tenir à « l’ordre
à
tout prix » et à l’écrasement légal des opposants ou des simples non-
413
issait de s’en tenir à « l’ordre à tout prix » et
à
l’écrasement légal des opposants ou des simples non-conformistes, Mos
414
t cela bien mieux que nous. Cela dit, il me reste
à
vous remercier d’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’attention de
415
. Veuillez croire, Monsieur le rédacteur en chef,
à
mes sentiments dévoués. ae. Rougemont Denis de, « Objection de con
416
etite unité que l’on puisse trouver. Je suis tout
à
fait d’accord avec l’historien anglais Toynbee qui dit que la plus pe
417
ères de la littérature par exemple, sont communes
à
tous les Européens. Vous trouvez dans toute l’Europe des romans, des
418
Europe. Les grandes écoles d’art ont été communes
à
tous nos pays, l’art roman, le gothique, le baroque, le classique, to
419
unités de base aux tâches nouvelles qui seraient
à
accomplir. Comme disent les Américains : « It doesn’t work », ça ne f
420
l’Université », c’est absurde. Il me fait penser
à
ces grands-pères qui veulent se rendre populaires auprès de leurs pet
421
, c’est-à-dire des possibilités de choix laissées
à
chaque individu. Le progrès n’est pas dans le fait (absolument invéri
422
ibilités de choix. Pensez-vous que nous assistons
à
la mort de la civilisation occidentale ? C’est impossible. Paul Valér
423
yen-Orient, de la Grèce et de Rome qui continuent
à
vivre en elles. En deuxième lieu, la civilisation occidentale est la
424
er. Si on déclare qu’elle va mourir, cela revient
à
dire qu’il n’y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez p
425
une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti
à
des tyrannies. Une révolution aboutit à une tyrannie, parce qu’elle m
426
es abouti à des tyrannies. Une révolution aboutit
à
une tyrannie, parce qu’elle manque de fondements doctrinaux, philosop
427
s été réalisées. La Révolution française a abouti
à
la tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848 ont été écrasées o
428
rasées ou bien ont abouti, par les nationalistes,
à
la guerre de 1914. Un homme politique français a déclaré : « Le pouvo
429
ls nous instruit grandement. La première a abouti
à
Napoléon, pouvoir personnel. La seconde à Louis-Napoléon, pouvoir per
430
abouti à Napoléon, pouvoir personnel. La seconde
à
Louis-Napoléon, pouvoir personnel. La troisième à Pétain, pouvoir per
431
à Louis-Napoléon, pouvoir personnel. La troisième
à
Pétain, pouvoir personnel. La quatrième a abouti à de Gaulle. Faudrai
432
Pétain, pouvoir personnel. La quatrième a abouti
à
de Gaulle. Faudrait-il saluer le régime personnel, parce qu’il condui
433
l saluer le régime personnel, parce qu’il conduit
à
un régime impersonnel ? Comment expliquez-vous l’apogée et la chute d
434
Europe recouvre la terre entière ; elle n’est pas
à
la merci des forces extérieures qui pourraient la détruire. Elle s’al
435
ritique extraordinaire. Je ne suis pas pessimiste
à
son sujet, mais je le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’
436
sur la bombe atomique, je disais en post-scriptum
à
mes lettres : « Un dernier mot, et dire que j’allais l’oublier : la b
437
me l’ont fait la statuaire grecque avec ses dieux
à
formes humaines, l’architecture médiévale avec les voûtes romanes et
438
les courants, mais n’agissent plus sur eux. C’est
à
l’essayiste, au philosophe lyrique, au moraliste imaginatif, de tente
439
e si l’on veut essayer de l’influencer : et c’est
à
cela que l’art peut nous aider. Kafka nous a révélé dès 1930 le style
440
généralement de confession protestante, âgé de 20
à
26 ans, célibataire ; il est proportionnellement plus nombreux en Sui
441
d’objection de conscience a été récemment étendue
à
des motifs d’ordre philosophique, elle n’en puise pas moins ses racin
442
que l’objecteur de conscience religieux se réfère
à
cette même Constitution, dont le préambule commence par une invocatio
443
. Cela doit être dit car la procédure qui conduit
à
la sanction peut faire croire qu’il s’agit uniquement d’une oppositio
444
de conscience. Les questions posées sont communes
à
beaucoup d’objecteurs et dépassent le cadre strictement religieux. Be
445
préambule de la Constitution pour vous autoriser
à
objecter autrement que les autres ? Christian Schaller. — Non. Je ne
446
intimiste » que l’objecteur humanitaire, attaché
à
renverser certaines structures ? Christian Schaller. — Pas forcément.
447
tenu est une autre religion que le christianisme,
à
savoir la religion civique. C’est la religion stato-nationaliste fabr
448
t la religion qui aboutit, dans certains régimes,
à
ce qu’on sait : au régime totalitaire. Colonel Voucher. — Pas chez no
449
s logiquement. Car là il n’y a plus aucun recours
à
une transcendance, à quelque chose qui soit au-dessus de l’État et de
450
il n’y a plus aucun recours à une transcendance,
à
quelque chose qui soit au-dessus de l’État et des intérêts de l’État.
451
intégrante des qualités du civisme. Nous avons vu
à
quoi pouvait aboutir une religion de l’État où le citoyen applique le
452
Béguin. — Tout dépend si le citoyen est autorisé
à
les faire, ces lois, ou si elles lui sont dictées. Si elles ont été f
453
de conscience n’est que l’un des moyens d’amener
à
ce que les lois puissent s’amender. C’est une façon de mettre en évid
454
e en évidence certains problèmes qu’on a tendance
à
masquer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas la même chos
455
’anarchie. La désobéissance civique peut conduire
à
l’anarchie. Christian Schaller. — Vous êtes conscient de ce danger-là
456
e qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas
à
l’anarchie, mais conduit à la dictature. C’est la démission des citoy
457
isme-là ne conduit pas à l’anarchie, mais conduit
à
la dictature. C’est la démission des citoyens qui fait la force des d
458
i nous fait peur dans un militantisme qui attaque
à
sa base une constitution démocratique au lieu de chercher la réforme
459
re agissent les colonels recruteurs qui font face
à
l’objecteur pour la première fois, quand il n’a même pas 20 ans, qu’i
460
eut accomplir ses devoirs civiques sans s’opposer
à
sa propre conscience. Pour les autres, l’officier de recrutement cher
461
l’officier de recrutement cherche encore une fois
à
les convaincre puis il les incorpore ; s’ils persistent dans leur ref
462
d-elle ce problème : défi constitutionnel et défi
à
l’armée, lorsqu’il s’agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoye
463
ce militaire, nous ne verrions aucun inconvénient
à
ce que les objecteurs de conscience soient jugés par des tribunaux ci
464
conscience soient jugés par des tribunaux civils.
À
leur place, je préférerais être jugé par un tribunal militaire, qui j
465
rsis… Michel Barde. — Il y en a qui se présentent
à
19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de leur jeune âge, dans
466
néréaz. — Je croyais qu’il pouvait attendre jusqu’
à
sa majorité. Colonel Vaucher. — Non, non. Colonel divisionnaire Dénér
467
onnement tout court, on prononce l’emprisonnement
à
subir sous le régime des arrêts répressifs ; ou bien, on peut aussi p
468
nt théorique : les arrêts répressifs sont limités
à
trois mois au maximum, tandis que l’emprisonnement peut être plus lon
469
mais les objecteurs de conscience sont autorisés
à
travailler pendant la journée dans des établissements hospitaliers. B
470
des prisons militaires ? Colonel Vaucher. — Non.
À
Genève, ce sera Saint-Antoine, et ils travailleront à l’hôpital canto
471
nève, ce sera Saint-Antoine, et ils travailleront
à
l’hôpital cantonal. Bernard Béguin. — Cela veut dire, en fait, qu’un
472
que c’est un honnête homme — va loger trois mois
à
Saint-Antoine, qui est une prison de droit commun. Colonel Vaucher. —
473
jecteurs de conscience disposent de cellules tout
à
fait séparées. Bernard Béguin. — Nous éprouvons tout de même un malai
474
Béguin. — Nous éprouvons tout de même un malaise
à
juger des honnêtes gens et à les mettre dans une prison de droit comm
475
t de même un malaise à juger des honnêtes gens et
à
les mettre dans une prison de droit commun. Colonel Vaucher. — Les tr
476
seulement aux objecteurs de conscience. Je pense
à
tous les soldats qui ont commis des actes d’indiscipline, qui n’ont p
477
égligence, ou parce que les conditions de famille
à
ce moment-là leur causaient un grave préjudice financier. Je les cons
478
s comme des hérétiques ? Christian Schaller. —
À
la limite, on pourrait étendre votre définition et dire que tous les
479
iennent pour des fautes de discipline. J’ai peine
à
entrer dans une classification de tribunaux pour honnêtes gens et de
480
y a une très grande différence entre l’infraction
à
la discipline et l’infraction contre le Code pénal. Colonel divisionn
481
en bénéficier, sauf s’ils déclarent être disposés
à
l’avenir à faire leur service. L’article 32 du Code pénal militaire,
482
er, sauf s’ils déclarent être disposés à l’avenir
à
faire leur service. L’article 32 du Code pénal militaire, qui est abs
483
’il serait certainement condamné une seconde fois
à
la même peine ou à une peine plus forte, puisqu’il ne changerait cert
484
ment condamné une seconde fois à la même peine ou
à
une peine plus forte, puisqu’il ne changerait certainement pas son fu
485
it un hérétique. Après ça, il n’y avait plus rien
à
discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un peu scandalisé à l’idée
486
n le brûlait. Et alors j’ai été un peu scandalisé
à
l’idée que, dans le cas de l’objecteur de conscience, on le condamne
487
nt eux-mêmes aucune circonstance pouvant conduire
à
un acquittement. Bernard Béguin. — Ils plaident coupables, ils cherch
488
es tribunaux valaisans ou fribourgeois ont refusé
à
l’accusé le droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peu
489
en se faisant réformer.) Mais sans se soustraire
à
la loi l’objecteur cherche à montrer les failles de la loi, et à modi
490
s sans se soustraire à la loi l’objecteur cherche
à
montrer les failles de la loi, et à modifier l’esprit du législateur.
491
cteur cherche à montrer les failles de la loi, et
à
modifier l’esprit du législateur. Ce qui malgré tout peut se faire, p
492
t. Colonel Vaucher. — Je voudrais répondre encore
à
M. de Rougemont que l’appréciation des mobiles joue un rôle dans la q
493
é de la peine. Nous donnons beaucoup d’importance
à
ce que la vie des objecteurs soit en rapport avec leurs principes. En
494
nce trois condamnations. C’était trop. Maintenant
à
la deuxième condamnation au plus tard, nous excluons de l’armée et c’
495
entendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup
à
le dire : nous ne représentons pas l’armée au tribunal militaire. Nou
496
isse veut déférer le jugement de certaines causes
à
d’autres instances, eh bien ! qu’il le fasse. Bernard Béguin. — Colon
497
ilitaire des hommes qui ont l’objection chevillée
à
l’âme ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Le Tribunal militaire ne ju
498
surtout dans la période atomique qui change tout
à
mon sens. Bernard Béguin. — Quand vous dites que l’objection n’est pa
499
militarisme, il faut bien voir que si l’on hésite
à
créer un statut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’il vise
500
e, en Suisse, c’est qu’il s’attaque en même temps
à
un appareil militaire dont les obligations constitutionnelles et les
501
elles et les structures excluent toute initiative
à
l’extérieur, et qui ne peut agir qu’en autodéfense. Service civil
502
rieurs — qu’on se prépare très consciencieusement
à
la dernière guerre. Une des questions que posent les objecteurs, est
503
arché — ou bien est-ce que nous avons autre chose
à
faire que simplement assurer notre prospérité et la défendre par nos
504
ets. Par deux fois déjà, nous avons été maintenus
à
l’écart de la guerre. S’il y avait eu un vide stratégique, il est for
505
r citer le dernier exemple : 40 divisions massées
à
notre frontière avant l’affaire des Balkans… le grand état-major alle
506
e ce problème, en dépit de tout ce qui a été fait
à
l’étranger. D’ailleurs, vous savez qu’en France un objecteur doit se
507
la guerre est un mal. C’est ma conviction intime,
à
moi militaire ! Mais que voulons-nous faire ? défendre notre pays, c’
508
quelle raison en Suisse ? Nous ne voulons de mal
à
personne, sinon défendre ce que nous avons reçu. » Colonel Vaucher. —
509
l’économie d’abandonner notre neutralité, adhérer
à
l’OTAN, nous mettre sous le parapluie américain. Ce serait une soluti
510
doute obligatoire, nous passerions pour une part
à
une armée de métier. Mais à ce moment-là, nous serions obligés de fai
511
serions pour une part à une armée de métier. Mais
à
ce moment-là, nous serions obligés de faire des concessions à tout, u
512
là, nous serions obligés de faire des concessions
à
tout, un système international, supranational. L’armée que nous avons
513
ctions de la bombe atomique sont très comparables
à
celles que nous avons tolérées, idéologiquement, pendant la dernière
514
et ordre. Christian Schaller. — Mais je suis tout
à
fait d’accord. Bernard Béguin. — Nous ne pouvons pas ignorer non plus
515
système que nous appelons, en tant qu’objecteurs,
à
un élargissement de nos conceptions actuelles. Nous pouvons le faire
516
tate qu’on a toujours consacré beaucoup d’énergie
à
la neutralité et bien peu à la solidarité. Bernard Béguin. — Parce qu
517
ré beaucoup d’énergie à la neutralité et bien peu
à
la solidarité. Bernard Béguin. — Parce que la solidarité implique d’a
518
hui. Je me demande si on peut toujours se référer
à
notre neutralité comme à une espèce de privilège, et s’il ne faut pas
519
peut toujours se référer à notre neutralité comme
à
une espèce de privilège, et s’il ne faut pas dire aussi : Neutralité
520
e manière dramatique, et qu’ils forcent le public
à
se poser des questions auxquelles je ne prétends pas répondre, mais q
521
e se demander… Ceci dit, réduisons « l’invasion »
à
ses justes proportions : L’Amour et l’Occident , Comme toi-même (o
522
mour… Je sais bien — mais je suis presque le seul
à
le savoir — que j’ai aussi écrit un roman, et des poèmes, qui peut-êt
523
trangeté essentielle de la personne aimée demeure
à
jamais fascinante, « passionnante ». La jeunesse dans son ensemble vi
524
amour-possession de l’autre. Certains vont jusqu’
à
penser qu’« il faut guérir l’Occident de sa maladie monogamique ». De
525
e pensez-vous de ce phénomène qui met votre œuvre
à
l’ordre du jour ? La jeunesse, dans son ensemble, ne me paraît vivre
526
n ensemble, ne me paraît vivre rien qui ressemble
à
un « l’éclatement de l’Éros », si j’en crois mes yeux et les statisti
527
Le fait qu’un livre comme Love Story ait été tiré
à
plusieurs millions montre une persistance très remarquable des mythes
528
ès remarquable des mythes de l’amour. J’ai hésité
à
maintenir dans ma dernière édition une phrase qui se termine ainsi :
529
t réduites en Occident, et la proportion réservée
à
l’adultère s’est largement accrue. » Me voici dépassé, mais dans mon
530
t humain le plus total, survivra sans trop de mal
à
nos modes intellectuelles. La mode littéraire des troubadours et des
531
our dix lecteurs soucieux de William Reich. Quant
à
l’érotisme, que je définis comme « l’usage non procréateur du sexe »
532
anisme cybernétique. Et nul besoin de philosopher
à
son propos, comme l’a fait avec tant de talent Georges Bataille. Fasc
533
nais, ou Raja Rao, le romancier hindou — répondre
à
ma place et me donner raison. Je suis revenu sur ce problème dans L’
534
révolution qu’européenne, c’est-à-dire chrétienne
à
sa source : le socialiste Henri de Man l’avait bien vu. Vous avez été
535
s êtes un écrivain engagé. Comment continuez-vous
à
« fédérer les peuples » depuis le Centre européen de la culture tel q
536
opéen de la culture tel que vous vouliez le faire
à
votre retour d’Amérique en Europe en 1946 ? Je suis un écrivain engag
537
ot que j’ai défini dans mon premier livre, publié
à
Paris en 1934, Politique de la personne et qui est exactement le co
538
e du clerc qui s’engage ». Le tout était un appel
à
l’engagement de l’écrivain en tant que tel. Quand je suis rentré des
539
j’ai vu que l’engagement était devenu une théorie
à
la mode. Je n’en ai plus parlé, mais pratiquement je me suis engagé a
540
gé au service de l’Europe, d’une société nouvelle
à
créer pour l’Europe. Aujourd’hui tout espoir est tourné vers la révol
541
urd’hui tout espoir est tourné vers la révolution
à
venir. Comment à votre avis celle-ci pourrait-elle s’opérer ? Peut-êt
542
ir est tourné vers la révolution à venir. Comment
à
votre avis celle-ci pourrait-elle s’opérer ? Peut-être ai-je répondu
543
pourrait-elle s’opérer ? Peut-être ai-je répondu
à
cette question, sur le fond, dans ma Lettre ouverte aux Européens :
544
e que par l’Europe en train de se faire, consiste
à
déplacer le centre du système politique, non seulement de la nation v
545
donc confiance dans cet avenir ? Nous n’avons pas
à
prédire l’avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis de, « [Entre
546
avenir ? Nous n’avons pas à prédire l’avenir mais
à
le faire. aj. Rougemont Denis de, « [Entretien] Denis de Rougemont
547
es ou bloquées par un cordon douanier qui ne sert
à
rien ni à personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’ailleur
548
uées par un cordon douanier qui ne sert à rien ni
à
personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’ailleurs de plus
549
ravailleurs français : vingt-trois-mille environ,
à
cette date, viennent chaque matin à Genève, et rentrent le soir en Fr
550
ille environ, à cette date, viennent chaque matin
à
Genève, et rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un r
551
fin une région universitaire, qui va de Neuchâtel
à
Saint-Étienne et d’Aoste à Besançon, en passant par Fribourg et Lausa
552
e, qui va de Neuchâtel à Saint-Étienne et d’Aoste
à
Besançon, en passant par Fribourg et Lausanne, Grenoble, Lyon et Genè
553
lissements d’enseignement supérieur, densité tout
à
fait exceptionnelle, entre lesquels des liens spéciaux pourraient s’i
554
paralyser par la fiction, décidément indéfendable
à
tous points de vue, des frontières nationales héritées d’autres âges.
555
it une des personnalités que nous avions conviées
à
notre table ronde. De toute évidence, que l’on y soit favorable ou no
556
ure dans la société moderne », nous avons demandé
à
quatre personnalités de venir à notre rédaction débattre du sujet, qu
557
ous avons demandé à quatre personnalités de venir
à
notre rédaction débattre du sujet, qu’elles connaissent toutes pour l
558
dent du Centre européen de la culture, professeur
à
l’Institut universitaire d’études européennes, parallèlement à une œu
559
universitaire d’études européennes, parallèlement
à
une œuvre extrêmement importante, étudie depuis plus de cinquante ans
560
iant pas certains inconvénients qui se rattachent
à
la voiture, n’en demeure pas moins un farouche partisan. Sur le plan
561
lan économique, parce qu’elle dispense un travail
à
des millions de gens. Jean Kräyenbühl est notre ingénieur de la circu
562
Kräyenbühl est notre ingénieur de la circulation
à
Genève. Avant d’être pour ou contre l’automobile, il a l’immense resp
563
offler, étudiant en médecine, a participé en 1976
à
l’organisation de l’Anti-Salon. Il est un membre actif de la campagne
564
a campagne pour l’aménagement de pistes cyclables
à
Genève. En tant que futur médecin, il s’est bien sûr penché plus part
565
têtu et sans culture, dites-vous, qui est parvenu
à
ses fins en créant dans ses usines des sortes de circuits fermés « pr
566
cré dans mon dernier livre une trentaine de pages
à
l’auto, c’est que je la considère — son titre l’indique — comme une h
567
ne histoire de fous, susceptible de nous conduire
à
de véritables désastres économiques et éthiques. L’autre histoire de
568
eprise de construction d’automobiles date de 1899
à
Detroit : c’est la création du jeune Henry Ford qui s’est lancé dans
569
ous remarquerez l’humour noir, lorsque l’on pense
à
la pollution de nos villes… On voit donc très bien que la création de
570
donc très bien que la création de l’auto équivaut
à
l’imposition d’un besoin qui n’existait pas avant. Les premières anné
571
rdiction absolue pour les voitures de s’approcher
à
plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement changé d’a
572
clens : On viendrait dire aujourd’hui, M. Peyrot,
à
l’utilisateur moyen que la voiture est un besoin créé de toute pièce
573
et des années de recherches. L’auto n’échappe pas
à
la règle. Je suis pour ma part convaincu — et n’importe quel industri
574
ffisante. Les financiers qui mettent des capitaux
à
la construction d’une usine, demandent bien évidemment que cette usin
575
entiment personnel. Il aura peut-être perçu, déjà
à
cette époque le danger que pouvait apporter l’automobile. Il aura don
576
reuve contraire. Son expérience peut être opposée
à
une déclaration très générale et non vérifiable scientifiquement selo
577
on ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme
à
la fin de sa vie, sur une partie de ses expériences, pour la placer e
578
eyrot : La voiture permet un déplacement de porte
à
porte. Elle donne une liberté de mouvement qu’aucun autre mode de tra
579
n instrument de travail qui permet de vous rendre
à
votre bureau, un instrument de plaisir, de tourisme, de culture même.
580
t de plaisir, de tourisme, de culture même. Grâce
à
elle les gens partent à l’aventure et découvrent toute une quantité d
581
e, de culture même. Grâce à elle les gens partent
à
l’aventure et découvrent toute une quantité de choses merveilleuses q
582
choses merveilleuses qu’ils auraient de la peine
à
découvrir autrement, à pied ou à vélo. Vous demandez si la proliférat
583
u’ils auraient de la peine à découvrir autrement,
à
pied ou à vélo. Vous demandez si la prolifération des autos n’en a pa
584
ient de la peine à découvrir autrement, à pied ou
à
vélo. Vous demandez si la prolifération des autos n’en a pas réduit l
585
icite — a fait que beaucoup ont aujourd’hui accès
à
l’automobile. Une personne sur trois ou quatre en Suisse, ce qui est
586
en voiture, ils n’accepteront plus d’être bloqués
à
30 kilomètres de leur lieu d’habitation. Jacob Roffler : Vous avez én
587
est de savoir si le bilan est positif ou négatif.
À
mon avis il est immensément positif, c’est tout ! Denis de Rougemont
588
pour ou contre, d’en avoir ou pas. Cela équivaut
à
réduire le problème à une dimension absolument puérile. La voiture es
589
avoir ou pas. Cela équivaut à réduire le problème
à
une dimension absolument puérile. La voiture est l’exemple type du da
590
voiture est l’exemple type du danger qui consiste
à
accepter ou promouvoir des innovations technologiques dans notre soci
591
ns notre société, sans nous demander au préalable
à
quoi cela peut bien nous mener. Mais voilà, Henry Ford ne s’est pas p
592
qu’il a rencontré sa première locomotive routière
à
vapeur. Cela a été pour lui son chemin de Damas. On voit d’ailleurs t
593
sme, qu’est-ce que cela a donné ? Quand il disait
à
ses ouvriers : « achetez des voitures, cela vous rendra libres », en
594
n fait leur véhicule leur servait essentiellement
à
aller travailler. Autre aspect : le rendement de l’automobile — sur l
595
iles dans les villes des États-Unis était de 4 km
à
l’heure. Donc à partir de buts qui étaient au départ parfaitement acc
596
étaient au départ parfaitement acceptables, même
à
la limite romantiques, on constate que la voiture a donné exactement
597
pourrait adresser exactement les mêmes critiques
à
d’autres produits, dans d’autres secteurs. Pourquoi ne retenir que le
598
permet, par exemple, d’accroître les déplacements
à
pied et de ce fait réduit la mobilité. Au contraire un urbanisme très
599
roblème c’est que les gens aujourd’hui ont appris
à
se servir de leur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont é
600
un instrument de travail. Ils ont été s’installer
à
la campagne et s’en servent pour venir travailler. Jacob Roffler : Ce
601
anisme, c’est la place beaucoup trop grande faite
à
la voiture et à ceux qui l’utilisent. C’est ce qui explique que des z
602
place beaucoup trop grande faite à la voiture et
à
ceux qui l’utilisent. C’est ce qui explique que des zones de verdure
603
rger de tous les péchés du monde. Il faut revenir
à
une saine interprétation des choses. Nul doute que l’extraordinaire p
604
ie occidentale dépend aujourd’hui. Pensez-vous qu’
à
l’origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accepté de
605
mobile française réunis dans une émission de midi
à
14 heures n’ont trouvé que cela à me répondre : « Mais Monsieur de Ro
606
mission de midi à 14 heures n’ont trouvé que cela
à
me répondre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez-vous une voiture ? »
607
ôté, que l’intervention de l’État pour faire face
à
l’extension de la voiture, est de plus en plus brutale et ne tient pa
608
des intérêts souvent divergents. Il doit veiller
à
ce qu’il y ait un certain équilibre entre les activités des individus
609
activités des individus. Vous avez fait allusion
à
la démocratisation des décisions de l’État. Je suis pour ma part en f
610
s les pouvoirs dans la masse, car c’est s’opposer
à
notre système démocratique. Prenez l’exemple très actuel de l’initiat
611
aître les pouvoirs constitutionnellement accordés
à
un gouvernement ou à un parlement. Et, finalement, on entre dans un é
612
nstitutionnellement accordés à un gouvernement ou
à
un parlement. Et, finalement, on entre dans un état de confusion. Jac
613
rave la liberté du plus grand nombre. On en vient
à
construire des autoroutes à côté de villages, sans que la population
614
tiative Weber peut justement amener la population
à
une prise de conscience. Comme vous le savez, chaque année, le nombre
615
at. Pensez aux expropriations que l’on se prépare
à
faire, selon des déclarations officielles, à cause des centrales nucl
616
pare à faire, selon des déclarations officielles,
à
cause des centrales nucléaires. Il n’est plus question de demander l’
617
divin ! François Peyrot : La loi qui a été votée
à
l’époque sur les autoroutes a été soumise à un délai référendaire. Ma
618
votée à l’époque sur les autoroutes a été soumise
à
un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référendum. Si le peup
619
m. Si le peuple suisse donne raison le 26 février
à
M. Weber, il aura obtenu son changement et plus personne ne discutera
620
J’ai seulement affirmé que les reproches adressés
à
nos autorités, en ce moment, étaient injustifiés. Car nos autorités a
621
la population. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout
à
l’heure les méfaits des autoroutes. Une des revendications des milieu
622
s revendications des milieux écologiques consiste
à
dire : il faut délester les zones d’habitation d’un trafic trop inten
623
ent d’accord avec vous. Seulement pour en revenir
à
l’initiative Weber, elle ne demande rien d’impossible. Elle demande s
624
is Peyrot : Rétroactivement, ce qui est contraire
à
tous nos us et coutumes ! Denis de Rougemont : Vous savez bien pourqu
625
l avait demandé cela. C’est pour obliger les gens
à
faire attention avant de multiplier les permis de construire. Une err
626
lus en plus les gens vont habiter loin du centre,
à
la campagne, parce qu’ils disposent d’un véhicule. Cette tendance a c
627
a considérablement modifié le visage de la ville.
À
Genève, je dois dire, on a très tôt vu le danger que représentait une
628
manière à permettre aux gens de gagner le centre
à
pied ; enfin une nouvelle distribution de l’espace en faveur des piét
629
vous avez créé des zones d’habitation extérieures
à
la ville, vous avez mis en marche des mouvements pendulaires avec des
630
des mouvements pendulaires avec des gens qui vont
à
leur travail et qui en reviennent. Ces mouvements amènent par conséqu
631
: Si beaucoup de personnes désirent aller habiter
à
la campagne, c’est que la ville est devenue invivable. Ce qui se pass
632
ys en voie de développement. Là-bas vous assistez
à
un afflux des populations vers la ville, où se déroulent les activité
633
x de loisirs. L’homme est un tout. Vous n’avez qu’
à
constater les effets catastrophiques des cités-dortoirs où les gens s
634
r dans plusieurs ouvrages nous a rendus attentifs
à
ce fait que la voiture, en envahissant complètement les places transf
635
ment les places transformées en parkings — pensez
à
la grande place de Bruxelles — ruine les bases mêmes de la démocratie
636
dministration de la ville de Paris sont consacrés
à
la voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritai
637
sacrés à la voiture. Et il ajoute en substance qu’
à
ce jeu de l’auto prioritaire ont été sacrifiés sans douleur, logement
638
s de la Seine : « Il est temps que Paris s’adapte
à
l’automobile ». François Peyrot : C’est en effet une erreur, car une
639
de bien d’autres industries, allant des tracteurs
à
l’armement, en passant par l’aéronautique. L’industrie est un tout et
640
, m’enthousiasme. Je trouve merveilleux de penser
à
quel point la majorité des gens, en Occident, vit aujourd’hui mieux q
641
acob Roffler : Quatre mille personnes travaillent
à
l’hôpital cantonal de Genève. Non seulement pour soigner des maladies
642
ns compter des millions de gens qui sont blessés.
À
cela s’ajoute le coût social. Je reconnais qu’actuellement, sur le pl
643
rester humain. Il y a des limites qui commencent
à
être atteintes : celles où l’on subordonne l’économie et en particuli
644
économie et en particulier l’industrie automobile
à
cette affaire d’emploi. Mais n’y a-t-il vraiment pas d’autres moyens
645
qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse
à
sa multiplication ou à la construction d’autoroutes. Pour les autorou
646
e n’est pas moi qui pousse à sa multiplication ou
à
la construction d’autoroutes. Pour les autoroutes, il est clairement
647
de résoudre le problème du trafic, elles tendent
à
le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on vous conseille d’éviter
648
bloquées. Hubert de Senarclens : La pollution due
à
la voiture serait responsable de graves méfaits sur notre santé : pos
649
sont loin d’être négligeables. Ainsi on commence
à
s’apercevoir des conséquences de l’oxyde d’azote sur les poumons. Les
650
rs ont notamment prouvé que des écoliers étudiant
à
proximité de routes fréquentées, connaissent une modification de leur
651
cute le fait que les gaz de voiture sont toxiques
à
forte dose. Mais quels sont les méfaits et leur importance dans la vi
652
ortance dans la vie courante ? C’est aux médecins
à
le déterminer. Et jusqu’à présent cela n’a pas tellement été fait. J’
653
ent cela n’a pas tellement été fait. J’ai assisté
à
toutes les séances sur les règlements du Conseil fédéral en la matièr
654
ntation fédérale s’est attaquée très sérieusement
à
ce problème. Le peuple suisse a écarté l’initiative Albatros. Par con
655
que d’un livre de Montherlant intitulé Le Paradis
à
l’ombre des épées et dont le thème principal était justement le footb
656
rlant, le sport et les jésuites » et fut pour moi
à
l’origine d’un échange de lettres assez nourri avec Montherlant. Ce d
657
urri avec Montherlant. Ce dernier alla même jusqu’
à
m’envoyer une photo où on le voyait habillé comme un gardien de but,
658
l avait écrit de sa grande écriture, impériale. «
À
Denis de Rougemont, colonne de la défense, son camarade, Montherlant.
659
l. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencontrer
à
maintes reprises Albert Camus avec qui j’ai beaucoup parlé football.
660
espect de l’autre. Mais force est de constater qu’
à
l’heure actuelle cette morale est en train de fortement se dégrader e
661
particulièrement néfastes : la commercialisation
à
outrance de certains sports, dont certains méritent à peine ce nom, e
662
s des Jeux olympiques ? Je suis violemment opposé
à
tout ce qui exalte le nationalisme lors des JO : hymnes nationaux, dr
663
naux, drapeaux, bref le protocole. Tout cela est,
à
mon sens, une effroyable caricature de l’esprit olympique et de la mo
664
JO de Berlin de 1936 et ceux qui vont se dérouler
à
Moscou. Je pense qu’en 1936, les démocraties occidentales ont eu le p
665
aller tout en exprimant clairement leurs raisons,
à
savoir qu’elles ne voulaient pas servir la publicité d’un régime scan
666
ntes. Le peuple allemand aurait en effet commencé
à
remettre en cause très sérieusement la valeur de la politique menée p
667
, j’approuve totalement ceux qui refusent d’aller
à
Moscou tant que le régime soviétique continue à faire ce que l’on sai
668
r à Moscou tant que le régime soviétique continue
à
faire ce que l’on sait. D’autant que le gouvernement russe a largemen
669
gement radical. D’ailleurs je voyais l’autre jour
à
la TV des membres de nombreux comités olympiques se réjouir à l’idée
670
membres de nombreux comités olympiques se réjouir
à
l’idée de voir disparaître à jamais les hymnes et les drapeaux des JO
671
lympiques se réjouir à l’idée de voir disparaître
à
jamais les hymnes et les drapeaux des JO. Un des dirigeants du Comité
672
Quoi ! On veut m’arracher mon drapeau, on en veut
à
l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’il n’est
673
féroce. Beaucoup de journalistes vont même jusqu’
à
écrire des phrases telles que « Tartampion ne fait pas de quartier, i
674
fs imposaient leurs volontés les plus arbitraires
à
leurs adversaires. Les pages sportives ont donc l’air de glorifier d’
675
déchaîner. Ne serait-il donc pas temps de revenir
à
une vraie morale du sport telle que je l’admirais comme adolescent da
676
L’entretien est précédé du chapeau suivant : « Né
à
Neuchâtel en 1906, Denis de Rougemont est l’écrivain suisse le plus e
677
eine valise de manuscrits en train et de livres «
à
lire en vacances », livres d’amis, reçus depuis des mois, et livres q
678
is, reçus depuis des mois, et livres qui m’aident
à
travailler, comme la série des petits volumes d’Après l’exil de Hugo
679
s mises en train. Le sort a voulu que je n’arrive
à
lire qu’un seul des « livres d’amis » : le Poisson-scorpion de Nicola
680
éditions revues et augmentées en livres de poche,
à
paraître à l’automne, ces tâches bloquant tout, écriture et lectures.
681
vues et augmentées en livres de poche, à paraître
à
l’automne, ces tâches bloquant tout, écriture et lectures. À la seule
682
, ces tâches bloquant tout, écriture et lectures.
À
la seule exception d’une plongée de quelques jours dans Nerval : je m
683
de quelques jours dans Nerval : je m’étais aperçu
à
ma honte que je ne savais plus par cœur les sonnets des Chimères : c’
684
est réparé. aq. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] Mes amis et Nerval », Journal de Genève, Genève, 9 octob
685
enève, Genève, 9 octobre 1982, p. V. ar. Réponse
à
l’enquête « Que lisent les écrivains romands ? »
686
cette Europe qui lui « tient au cœur, au corps et
à
l’âme » et de réaffirmer avec force sa foi en un avenir qui sera ce q
687
Denis de Rougemont expliqua pourquoi l’essai est,
à
son sens, un genre pleinement littéraire, et il retraça les origines
688
qui n’écrit même pas sur la chose littéraire, ou
à
la rigueur philosophique, mais sur les problèmes de ce temps, face au
689
it synonyme de fiction. Voilà qui est méconnaître
à
tout le moins l’histoire de la littérature française. Les chefs-d’œuv
690
an Paulhan et Roger Caillois… Voilà ce qui compte
à
mes yeux, plus que tout, dans ma bibliothèque française. Seul Benjami
691
vain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas
à
ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendons leur place
692
langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien
à
ses essais qu’on le jugera. Rendons leur place aux essayistes dans to
693
lraux Ceci dit sur un plan général, j’en viens
à
mon cas personnel, pour la première fois en public. On s’étonne souve
694
clair de mes journées, depuis plus de trente ans,
à
l’action. Qu’est-ce à dire? Action pour l’Europe fédérée dès 1946, fo
695
depuis plus de trente ans, à l’action. Qu’est-ce
à
dire? Action pour l’Europe fédérée dès 1946, fondation et direction e
696
ndant trente ans du Centre européen de la culture
à
Genève ; présidence pendant seize ans du Congrès pour la liberté de l
697
ize ans du Congrès pour la liberté de la culture,
à
Paris ; de l’Institut universitaire d’études européennes, à Genève en
698
de l’Institut universitaire d’études européennes,
à
Genève encore ; sans parler de l’Association européenne des festivals
699
es, je le crains. D’où le propos d’André Malraux,
à
moi transmis par l’un de ses amis espagnols : « C’est un de nos meill
700
une précaution la question que beaucoup se posent
à
mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’Europe unie, de régions,
701
is de l’Histoire auxquels toute ma génération eut
à
faire face, et d’autre part l’évolution intérieure qui fut la mienne
702
le même temps, je veux dire dans les années 1930
à
1940. Durant cette décennie tout s’est joué, à la fois hors de moi et
703
i d’abord la nature du défi que ma génération eut
à
relever. Arthur Kœstler l’a fort bien dit : ce fut l’affrontement ent
704
ent entre un mensonge total, celui des dictatures
à
l’Est, et une demi-vérité à l’Ouest, celle des États-nations démocrat
705
celui des dictatures à l’Est, et une demi-vérité
à
l’Ouest, celle des États-nations démocratiques. La guerre entre eux d
706
uerre entre eux devenait inévitable. Nous aurions
à
la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les
707
tralisme étatique et par la soumission de l’homme
à
ses machines, tout en nous refusait le choix. Nous étions condamnés à
708
en nous refusait le choix. Nous étions condamnés
à
inventer, dans un temps ridiculement bref, une troisième voie. Ce fut
709
-conformistes des années trente », bientôt reliés
à
d’autres groupes anglais, belges, hollandais et suisses, mais aussi d
710
omme Esprit , L’Ordre nouveau et Hic et Nunc
à
Paris, à la fondation et à la vie desquelles je fus étroitement assoc
711
rit , L’Ordre nouveau et Hic et Nunc à Paris,
à
la fondation et à la vie desquelles je fus étroitement associé dès 19
712
veau et Hic et Nunc à Paris, à la fondation et
à
la vie desquelles je fus étroitement associé dès 1931 jusqu’à la guer
713
quelles je fus étroitement associé dès 1931 jusqu’
à
la guerre. Au pain et à l’eau Car la guerre arriva, comme prévu
714
associé dès 1931 jusqu’à la guerre. Au pain et
à
l’eau Car la guerre arriva, comme prévu, nous dispersant dans nos
715
u service Armée et foyer de l’état-major général,
à
Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne
716
al, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin
à
la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée d’Hitler à Paris, qui
717
ette de Lausanne un article sur l’entrée d’Hitler
à
Paris, qui parut le 17 juin, lendemain de l’arrivée au pouvoir de Pét
718
e Pétain et veille de l’appel lancé par de Gaulle
à
Londres. Cet article me valut une condamnation à quinze jours de fort
719
à Londres. Cet article me valut une condamnation
à
quinze jours de forteresse « au pain et à l’eau, sans visites ni cour
720
mnation à quinze jours de forteresse « au pain et
à
l’eau, sans visites ni courrier », pour « insultes à chef d’État étra
721
’eau, sans visites ni courrier », pour « insultes
à
chef d’État étranger risquant de mettre en danger la sécurité de la S
722
isa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé
à
partir pour New York, chargé d’une mission de conférences sur la Suis
723
utte militante pour la fédération de nos peuples.
À
mes amis fédéralistes, dont beaucoup avaient milité avant la guerre d
724
la Résistance, j’ai dit que j’étais prêt à donner
à
leur cause deux ans de ma vie, et tant pis pour mon œuvre littéraire.
725
ndividu chargé d’une vocation unique qui le relie
à
la communauté. Paul Valéry nous convaincus de ce que « toute politiqu
726
l’impérialisme de l’État ou de la race substitué
à
celui de la classe ; mais qu’en revanche une société vraiment démocra
727
librement (les juristes connaissent bien cela) et
à
l’inverse, personne n’est vraiment libre de ses décisions si celles-c
728
âches qui dépassent leur compétence ; ces régions
à
leur tour se fédérant, et ainsi de suite jusqu’au niveau continental
729
chacune des régions fédérées : le modèle suisse !
À
la base de cette construction nullement utopique — voir la Suisse jus
730
able de l’exercer dans la cité, par là même relié
à
la communauté, et même plus : créateur de cette communauté. Voilà pou