1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)a Il y a dans le monde intel
2 sement oriental (16 juillet 1926)a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne peut plus méc
3 Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’ Orient » dont on ne peut plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — h
4 stion d’Orient » dont on ne peut plus méconnaître l’ urgence. Des prophètes — hindous à demi-européanisés ou germains désil
5 nisés ou germains désillusionnés — nous annoncent le « crépuscule du monde occidental », et, au-dessus des ruines prochain
6 occidental », et, au-dessus des ruines prochaines de nos cités mécaniciennes, ils rallument le mirage d’un Orient paradisi
7 chaines de nos cités mécaniciennes, ils rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où nous viendraient une fois de plu
8 nos cités mécaniciennes, ils rallument le mirage d’ un Orient paradisiaque d’où nous viendraient une fois de plus la sages
9 ils rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’ où nous viendraient une fois de plus la sagesse et la lumière. De réce
10 radisiaque d’où nous viendraient une fois de plus la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes ont dénoncé certaines des
11 ù nous viendraient une fois de plus la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes ont dénoncé certaines des confusions su
12 raient une fois de plus la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes ont dénoncé certaines des confusions sur quoi se fo
13 inaires. Beaucoup pourtant subsistent encore. Or, le nouveau livre de M. de Traz1, par les précisions importantes qu’il ap
14 pourtant subsistent encore. Or, le nouveau livre de M. de Traz1, par les précisions importantes qu’il apporte sur les rap
15 encore. Or, le nouveau livre de M. de Traz1, par les précisions importantes qu’il apporte sur les rapports de l’Orient et
16 par les précisions importantes qu’il apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destiné à lever plusie
17 isions importantes qu’il apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destiné à lever plusieurs des plus
18 ons importantes qu’il apporte sur les rapports de l’ Orient et de l’Europe, me paraît destiné à lever plusieurs des plus te
19 tes qu’il apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destiné à lever plusieurs des plus tenaces de ces
20 qu’il apporte sur les rapports de l’Orient et de l’ Europe, me paraît destiné à lever plusieurs des plus tenaces de ces co
21 paraît destiné à lever plusieurs des plus tenaces de ces confusions. M. de Traz a visité l’Égypte, ses habitants, ses tomb
22 us tenaces de ces confusions. M. de Traz a visité l’ Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide du
23 secret dernier des choses, lucide, avec une sorte d’ acharnement, comme seul il sait l’être aujourd’hui sans que cela nuise
24 avec une sorte d’acharnement, comme seul il sait l’ être aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympathie qui
25 aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympathie qui est parfois la plus subtile de ses ruses de psychologue
26 ise en rien à un don de sympathie qui est parfois la plus subtile de ses ruses de psychologue. C’est parce que son livre,
27 don de sympathie qui est parfois la plus subtile de ses ruses de psychologue. C’est parce que son livre, aux petits chapi
28 thie qui est parfois la plus subtile de ses ruses de psychologue. C’est parce que son livre, aux petits chapitres à la foi
29 à la fois si concis et achevés, n’est ni un album de vues pittoresques, ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous on
30 hevés, n’est ni un album de vues pittoresques, ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous ont habitués les voyageurs
31 al plus ou moins lyrique auquel nous ont habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus sur l’âme or
32 habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’avons lu
33 n Orient, mais une suite de coups d’œil aigus sur l’ âme orientale de l’islam, que nous l’avons lu avec un intérêt si soute
34 ne suite de coups d’œil aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois —
35 suite de coups d’œil aigus sur l’âme orientale de l’ islam, que nous l’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je
36 il aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’ avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certaines
37 ante — si passionné. Nul n’est moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne
38 ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’est si souvent le cas, mais bien sur l’Orient. Enco
39 tie orientale de lui-même, comme c’est si souvent le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut-il s’entendre : les meilleur
40 ême, comme c’est si souvent le cas, mais bien sur l’ Orient. Encore faut-il s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orie
41 is bien sur l’Orient. Encore faut-il s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des Orientaux. L’int
42 faut-il s’entendre : les meilleurs documents sur l’ Orient sont les œuvres des Orientaux. L’intérêt d’un livre comme celui
43 endre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des Orientaux. L’intérêt d’un livre comme celui-ci est plus da
44 ments sur l’Orient sont les œuvres des Orientaux. L’ intérêt d’un livre comme celui-ci est plus dans l’opposition des deux
45 l’Orient sont les œuvres des Orientaux. L’intérêt d’ un livre comme celui-ci est plus dans l’opposition des deux mondes que
46 L’intérêt d’un livre comme celui-ci est plus dans l’ opposition des deux mondes que dans la peinture elle-même de l’Orient.
47 t plus dans l’opposition des deux mondes que dans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que s’accumulent les traits qu
48 on des deux mondes que dans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que s’accumulent les traits qui composent le portrai
49 des deux mondes que dans la peinture elle-même de l’ Orient. Tandis que s’accumulent les traits qui composent le portrait m
50 re elle-même de l’Orient. Tandis que s’accumulent les traits qui composent le portrait moral de l’Oriental, celui de l’Euro
51 Tandis que s’accumulent les traits qui composent le portrait moral de l’Oriental, celui de l’Européen se précise dans la
52 mulent les traits qui composent le portrait moral de l’Oriental, celui de l’Européen se précise dans la même mesure, — et
53 ent les traits qui composent le portrait moral de l’ Oriental, celui de l’Européen se précise dans la même mesure, — et aus
54 composent le portrait moral de l’Oriental, celui de l’Européen se précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’
55 mposent le portrait moral de l’Oriental, celui de l’ Européen se précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’aut
56 e l’Oriental, celui de l’Européen se précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’est guère de
57 ropéen se précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’est guère de comparaison valable qu’ent
58 précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’est guère de comparaison valable qu’entre individ
59 cise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’ auteur : car il n’est guère de comparaison valable qu’entre individus,
60 aussi la figure de l’auteur : car il n’est guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type d’individu euro
61 araison valable qu’entre individus, et comme type d’ individu européen Robert de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même
62 er mieux que lui-même. S’il dit des Égyptiens : «  Le mensonge, autant qu’une politesse, leur paraît une beauté », c’est po
63 par contraste une « préférence irréductible pour le vrai ». Ce qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualif
64 ce irréductible pour le vrai ». Ce qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « religion du fil de l’
65 met de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis
66 ans cet islam qu’il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attrait du c
67 cet islam qu’il qualifie de « religion du fil de l’ eau », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attrait du chri
68 u’il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attrait du christianisme es
69  », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis que «  l’ attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». «
70 tandis que « l’attrait du christianisme est dans l’ inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse,
71 r âme en veilleuse, dit-il des rêveurs orientaux. De leur immense paresse, jusqu’à leur mysticisme, partout c’est une démi
72 une démission qu’ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en
73 i de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je tr
74 re ceci que je trouve si juste : « Ce qui définit le plus profondément l’Occidental, c’est peut-être la fidélité. » Ses re
75 si juste : « Ce qui définit le plus profondément l’ Occidental, c’est peut-être la fidélité. » Ses remarques sur la psycho
76 e plus profondément l’Occidental, c’est peut-être la fidélité. » Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien ne sont pa
77 c’est peut-être la fidélité. » Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent à c
78 e la fidélité. » Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent à cette constatati
79 a fidélité. » Ses remarques sur la psychologie de l’ Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent à cette constatation
80 logie de l’Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent à cette constatation fondamentale que « notre intelligence et
81 on fondamentale que « notre intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables ». Dès lors, comment collaborer,
82 fondamentale que « notre intelligence et celle de l’ Oriental ne sont pas superposables ». Dès lors, comment collaborer, co
83 si c’est impossible, pourra-t-on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malgré l’« anxiété mélanco
84 conflit que certains prétendent menaçant ? Malgré l’ « anxiété mélancolique » qu’il éprouve à se sentir si loin de l’Orient
85 lancolique » qu’il éprouve à se sentir si loin de l’ Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’on peut concl
86 qu’il éprouve à se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’on peut conclure en une ma
87 se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’on peut conclure en une matière si comple
88 t que nous ayons à chercher là-bas notre salut. «  La seule leçon à attendre des musulmans, c’est que le spectacle de leur
89 a seule leçon à attendre des musulmans, c’est que le spectacle de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre. »
90 à attendre des musulmans, c’est que le spectacle de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place me m
91 le de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place me manque pour parler comme j’aurais voulu le faire
92 écadence nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place me manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des deux au
93 place me manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance moins actue
94 voulu le faire des deux autres parties du volume, d’ une importance moins actuelle, mais d’une qualité d’art peut-être supé
95 du volume, d’une importance moins actuelle, mais d’ une qualité d’art peut-être supérieure. Les méditations sur les ruines
96 une importance moins actuelle, mais d’une qualité d’ art peut-être supérieure. Les méditations sur les ruines de la Haute-É
97 e, mais d’une qualité d’art peut-être supérieure. Les méditations sur les ruines de la Haute-Égypte révèlent en de Traz un
98 é d’art peut-être supérieure. Les méditations sur les ruines de la Haute-Égypte révèlent en de Traz un philosophe de l’hist
99 t-être supérieure. Les méditations sur les ruines de la Haute-Égypte révèlent en de Traz un philosophe de l’histoire aux v
100 tre supérieure. Les méditations sur les ruines de la Haute-Égypte révèlent en de Traz un philosophe de l’histoire aux vues
101 ons sur les ruines de la Haute-Égypte révèlent en de Traz un philosophe de l’histoire aux vues larges et pourtant réaliste
102 la Haute-Égypte révèlent en de Traz un philosophe de l’histoire aux vues larges et pourtant réalistes, aux hypothèses hard
103 Haute-Égypte révèlent en de Traz un philosophe de l’ histoire aux vues larges et pourtant réalistes, aux hypothèses hardies
104 s et pourtant réalistes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun —
105 t pourtant réalistes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mai
106 alistes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste t
107 hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop méfiant de tout rom
108 igné du sens commun — mais qui reste trop méfiant de tout romantisme pour édifier aucun système. Le livre se termine par u
109 nt de tout romantisme pour édifier aucun système. Le livre se termine par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-i
110 . Le livre se termine par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ?
111 oyage à Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’un accen
112  : le christianisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’un accent très noble et c
113 le christianisme n’est-il pas le plus beau don de l’ Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’un accent très noble et cour
114 nisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’ Europe ? Il y a là des pages d’un accent très noble et courageux mêlé,
115 don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’ un accent très noble et courageux mêlé, parfois, d’une certaine amertu
116 ’un accent très noble et courageux mêlé, parfois, d’ une certaine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il s’impose
117 rageux mêlé, parfois, d’une certaine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue qu
118 rfois, d’une certaine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois u
119 e, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il s’impose d’ ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette présence de
120 ’avoue que m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religi
121 oue que m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religion
122 ’il fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que
123 aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque cons
124 lieux mêmes où naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque constam
125 de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’ attitude presque constamment critique de M. de Traz diminue l’intérêt
126 eurs, que l’attitude presque constamment critique de M. de Traz diminue l’intérêt vivant de son livre : cette impartialité
127 resque constamment critique de M. de Traz diminue l’ intérêt vivant de son livre : cette impartialité même, cette façon de
128 t critique de M. de Traz diminue l’intérêt vivant de son livre : cette impartialité même, cette façon de se placer en face
129 son livre : cette impartialité même, cette façon de se placer en face des choses, tout près, mais sans jamais s’y perdre
130 es, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une suite de pages lyriques toujours un peu stylisées. Il ap
131 lité peut-être mieux que ne le feraient une suite de pages lyriques toujours un peu stylisées. Il apparaît, ici, comme le
132 oujours un peu stylisées. Il apparaît, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d’être séduit que pour « 
133 me le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d’ être séduit que pour « mieux comprendre », assez « fidèle » à ses orig
134 arder dans ses dépaysements un point de vue fixe, d’ où comparer et, parfois, juger ; préférant obstinément à la légende le
135 arer et, parfois, juger ; préférant obstinément à la légende le vrai, même amer, non par défaut d’un sens artistique dont
136 rfois, juger ; préférant obstinément à la légende le vrai, même amer, non par défaut d’un sens artistique dont plusieurs d
137 t à la légende le vrai, même amer, non par défaut d’ un sens artistique dont plusieurs de ses morceaux attestent la délicat
138 on par défaut d’un sens artistique dont plusieurs de ses morceaux attestent la délicatesse, mais parce qu’il sait y trouve
139 tistique dont plusieurs de ses morceaux attestent la délicatesse, mais parce qu’il sait y trouver les seuls motifs réels d
140 t la délicatesse, mais parce qu’il sait y trouver les seuls motifs réels d’exaltation. 1. Le Dépaysement oriental, chez
141 parce qu’il sait y trouver les seuls motifs réels d’ exaltation. 1. Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris. a. R
142 rouver les seuls motifs réels d’exaltation. 1. Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris. a. Rougemont Denis de, «
143 iental, chez Grasset, Paris. a. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Robert de Traz, Le Dépaysement oriental  », Journal
144 gemont Denis de, « [Compte rendu] Robert de Traz, Le Dépaysement oriental  », Journal de Genève, Genève, 16 juillet 1926,
145 bert de Traz, Le Dépaysement oriental  », Journal de Genève, Genève, 16 juillet 1926, p. 1.
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
146 Panorama de Budapest (23 mai 1929)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six
147 Panorama de Budapest (23 mai 1929)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’express, changer totalement
148 Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’ express, changer totalement d’atmosphère, passer de la lassitude à la
149 ’est, en six heures d’express, changer totalement d’ atmosphère, passer de la lassitude à la turbulence, d’une propreté jol
150 ’express, changer totalement d’atmosphère, passer de la lassitude à la turbulence, d’une propreté joliette à un désordre p
151 press, changer totalement d’atmosphère, passer de la lassitude à la turbulence, d’une propreté joliette à un désordre pitt
152 totalement d’atmosphère, passer de la lassitude à la turbulence, d’une propreté joliette à un désordre pittoresque, d’un s
153 mosphère, passer de la lassitude à la turbulence, d’ une propreté joliette à un désordre pittoresque, d’un scepticisme poli
154 ’une propreté joliette à un désordre pittoresque, d’ un scepticisme poli à une excitation agressive. La simple visite des c
155 d’un scepticisme poli à une excitation agressive. La simple visite des cafés dans l’une et l’autre de ces capitales suffit
156 La simple visite des cafés dans l’une et l’autre de ces capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pour
157 l’autre de ces capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour
158 er la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette première impression
159 sation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette première impression. Vienne 
160 mer cette première impression. Vienne : assis sur les banquettes rembourrées de profondes loges, les clients dégustent des
161 on. Vienne : assis sur les banquettes rembourrées de profondes loges, les clients dégustent des cafés débordants de crème,
162 ur les banquettes rembourrées de profondes loges, les clients dégustent des cafés débordants de crème, avec une apathie qu’
163 loges, les clients dégustent des cafés débordants de crème, avec une apathie qu’aucun orchestre ne vient troubler, aucune
164 troubler, aucune voix haute, aucune couleur vive. Les journaux qu’ils lisent annoncent chaque jour quelque catastrophe immi
165 ur quelque catastrophe imminente, une révolution, le transfert de la SDN à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi
166 tastrophe imminente, une révolution, le transfert de la SDN à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi sont en gros
167 trophe imminente, une révolution, le transfert de la SDN à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi sont en grosses
168 minente, une révolution, le transfert de la SDN à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi sont en grosses lettres,
169 lution, le transfert de la SDN à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi sont en grosses lettres, et tout cela fini
170 nsfert de la SDN à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi sont en grosses lettres, et tout cela finira bien par s
171 ert de la SDN à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’ Opéra aussi sont en grosses lettres, et tout cela finira bien par s’ar
172 finira bien par s’arranger, comme au dernier acte d’ une opérette. Ce peuple s’est résigné avec une facilité incroyable à l
173 uple s’est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au chômage, lequel semble d’ailleurs correspond
174 emble d’ailleurs correspondre à son état d’esprit le plus naturel. Mais de quoi vivent ces bourgeois aimables et insipides
175 spondre à son état d’esprit le plus naturel. Mais de quoi vivent ces bourgeois aimables et insipides, qui passent des aprè
176 ipides, qui passent des après-midi entiers devant les deux verres d’eau que le garçon renouvelle de temps à autre, à lire d
177 ent des après-midi entiers devant les deux verres d’ eau que le garçon renouvelle de temps à autre, à lire des potins tout
178 rès-midi entiers devant les deux verres d’eau que le garçon renouvelle de temps à autre, à lire des potins tout en essuyan
179 nt les deux verres d’eau que le garçon renouvelle de temps à autre, à lire des potins tout en essuyant une moustache de cr
180 à lire des potins tout en essuyant une moustache de crème fouettée ? Budapest : une vague de musique tzigane vous emporte
181 oustache de crème fouettée ? Budapest : une vague de musique tzigane vous emporte dès l’entrée. Un violon vient vous siffl
182 t : une vague de musique tzigane vous emporte dès l’ entrée. Un violon vient vous siffler à l’oreille les notes les plus ai
183 orte dès l’entrée. Un violon vient vous siffler à l’ oreille les notes les plus aiguës d’une chanson populaire, et à l’autr
184 ’entrée. Un violon vient vous siffler à l’oreille les notes les plus aiguës d’une chanson populaire, et à l’autre extrémité
185 n violon vient vous siffler à l’oreille les notes les plus aiguës d’une chanson populaire, et à l’autre extrémité de la sal
186 ous siffler à l’oreille les notes les plus aiguës d’ une chanson populaire, et à l’autre extrémité de la salle, par-dessus
187 s d’une chanson populaire, et à l’autre extrémité de la salle, par-dessus la rumeur des clients, le violoncelle répond de
188 ’une chanson populaire, et à l’autre extrémité de la salle, par-dessus la rumeur des clients, le violoncelle répond de sa
189 e, et à l’autre extrémité de la salle, par-dessus la rumeur des clients, le violoncelle répond de sa voix profonde et pass
190 té de la salle, par-dessus la rumeur des clients, le violoncelle répond de sa voix profonde et passionnée, sous les roulad
191 ssus la rumeur des clients, le violoncelle répond de sa voix profonde et passionnée, sous les roulades d’un cymbalum. Aux
192 le répond de sa voix profonde et passionnée, sous les roulades d’un cymbalum. Aux parois, la prière pour la résurrection de
193 sa voix profonde et passionnée, sous les roulades d’ un cymbalum. Aux parois, la prière pour la résurrection de la Hongrie,
194 née, sous les roulades d’un cymbalum. Aux parois, la prière pour la résurrection de la Hongrie, des portraits de lord Roth
195 oulades d’un cymbalum. Aux parois, la prière pour la résurrection de la Hongrie, des portraits de lord Rothermere, et sur
196 balum. Aux parois, la prière pour la résurrection de la Hongrie, des portraits de lord Rothermere, et sur toutes les porte
197 um. Aux parois, la prière pour la résurrection de la Hongrie, des portraits de lord Rothermere, et sur toutes les portes l
198 pour la résurrection de la Hongrie, des portraits de lord Rothermere, et sur toutes les portes le fameux : « Non ! non ! j
199 , des portraits de lord Rothermere, et sur toutes les portes le fameux : « Non ! non ! jamais ! » Officiers élégants, tout
200 aits de lord Rothermere, et sur toutes les portes le fameux : « Non ! non ! jamais ! » Officiers élégants, tout de noir vê
201 « Non ! non ! jamais ! » Officiers élégants, tout de noir vêtus, belles femmes aux voix agréablement rauques… Sortez pour
202 x curieux dessins noirs et blancs : il représente l’ ancienne Hongrie découpée en blanc sur fond noir et portant, en cœur n
203 en blanc sur fond noir et portant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays
204 noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à ca
205 le… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause de la font
206 deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse,
207 … Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envie les bottes que po
208 n, jamais ! » La rue est sale à cause de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envie les bottes que portent les
209 jamais ! » La rue est sale à cause de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envie les bottes que portent les fe
210 nte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envie les bottes que portent les femmes), encombrée de piétons qui traversent e
211 ue ocre, épaisse, on envie les bottes que portent les femmes), encombrée de piétons qui traversent en tous sens, évitant vi
212 vie les bottes que portent les femmes), encombrée de piétons qui traversent en tous sens, évitant vivement les trams qui s
213 ons qui traversent en tous sens, évitant vivement les trams qui sonnent avec frénésie et les petits taxis rouges qui déferl
214 t vivement les trams qui sonnent avec frénésie et les petits taxis rouges qui déferlent sur les boulevards comme une nuée d
215 ésie et les petits taxis rouges qui déferlent sur les boulevards comme une nuée d’insectes affolés. Les maisons sont basses
216 s qui déferlent sur les boulevards comme une nuée d’ insectes affolés. Les maisons sont basses, couvertes du haut en bas d’
217 les boulevards comme une nuée d’insectes affolés. Les maisons sont basses, couvertes du haut en bas d’affiches rouges et ja
218 Les maisons sont basses, couvertes du haut en bas d’ affiches rouges et jaunes et d’inscriptions cascadantes, à l’orientale
219 tes du haut en bas d’affiches rouges et jaunes et d’ inscriptions cascadantes, à l’orientale (on pense au mot bazar, qui so
220 rouges et jaunes et d’inscriptions cascadantes, à l’ orientale (on pense au mot bazar, qui sonne rouge et jaune aussi). Sou
221 jaune aussi). Soudain se dresse une énorme maison de pierre brune, puis une banque en style hongrois, façade aux grandes l
222 açade aux grandes lignes verticales, peinturlurée de bleu, d’or et de violet. Puis une rue de pierre grise toute boursoufl
223 grandes lignes verticales, peinturlurée de bleu, d’ or et de violet. Puis une rue de pierre grise toute boursouflée de pré
224 lignes verticales, peinturlurée de bleu, d’or et de violet. Puis une rue de pierre grise toute boursouflée de prétentions
225 turlurée de bleu, d’or et de violet. Puis une rue de pierre grise toute boursouflée de prétentions munichoises. Puis un pa
226 t. Puis une rue de pierre grise toute boursouflée de prétentions munichoises. Puis un palais gothique 1880, qui est le Par
227 unichoises. Puis un palais gothique 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement amarrée à Pe
228 ais gothique 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement amarrée à Pest par quatre énormes p
229 olidement amarrée à Pest par quatre énormes ponts de fer. Contre leurs piles, en hiver, viennent se briser avec un fracas
230 en hiver, viennent se briser avec un fracas sourd les îlots de glace qui descendent lentement le fleuve. Au cœur de Prophèt
231 viennent se briser avec un fracas sourd les îlots de glace qui descendent lentement le fleuve. Au cœur de Prophète chauve
232 sourd les îlots de glace qui descendent lentement le fleuve. Au cœur de Prophète chauve s’élève la montagne de pierre de S
233 glace qui descendent lentement le fleuve. Au cœur de Prophète chauve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tom
234 ent le fleuve. Au cœur de Prophète chauve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falaises dans
235 e. Au cœur de Prophète chauve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falaises dans le Danube, f
236 de Prophète chauve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et n
237 de St-Gellert. Elle tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son flanc une grotte s’illumine, et
238 ue, mais dans son flanc une grotte s’illumine, et la Vierge y sourit. Le château royal avec son amiral régent et ses garde
239 anc une grotte s’illumine, et la Vierge y sourit. Le château royal avec son amiral régent et ses gardes blancs aux casques
240 on amiral régent et ses gardes blancs aux casques d’ or s’avance en proue, dominant superbement cette ville désordonnée. De
241 sont des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à un étage, clos, secrets, abandonnés. Et des crémeries
242 des crémeries aux idylles démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gen
243 a chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vous constatez que cette p
244 eçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vous constatez que cette profusion de liqueurs légères f
245 e salutation — vous constatez que cette profusion de liqueurs légères facilite singulièrement les rapports sociaux. On vou
246 usion de liqueurs légères facilite singulièrement les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, m
247 us mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voix hongroises féminines suffit à votre bonheur et vous v
248 iste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’ entrée d’un des archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le re
249 s vous êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’ un des archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le retour d’un
250 archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici transporté dans un bal costumé, parmi
251 . Car ce peuple, seul en Europe, attend le retour d’ un roi. Et vous voici transporté dans un bal costumé, parmi des gens q
252 ient et s’enivrent comme plus un Européen ne sait le faire, et dansent à tout propos de folles « czardas » qui deviennent
253 ropéen ne sait le faire, et dansent à tout propos de folles « czardas » qui deviennent tourbillonnantes et finissent en ch
254 finissent en chutes ivres sur des divans couverts de coussins Rothermere et Grande Hongrie… Ivresse dans le malheur, passi
255 ussins Rothermere et Grande Hongrie… Ivresse dans le malheur, passion et pauvreté, espoirs presque puérils et nostalgie de
256 spoirs presque puérils et nostalgie des grandeurs de naguère, tout cela compose un visage romantique et ardent dont le voy
257 cela compose un visage romantique et ardent dont le voyageur s’éprend malgré lui, malgré tout, comme d’une passion poétiq
258 voyageur s’éprend malgré lui, malgré tout, comme d’ une passion poétique un peu folle… b. Rougemont Denis de, « Panoram
259 sion poétique un peu folle… b. Rougemont Denis de , « Panorama de Budapest », Journal de Genève, Genève, 23 mai 1929, p.
260 n peu folle… b. Rougemont Denis de, « Panorama de Budapest », Journal de Genève, Genève, 23 mai 1929, p. 1-2.
261 emont Denis de, « Panorama de Budapest », Journal de Genève, Genève, 23 mai 1929, p. 1-2.
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
262 le monde « se conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main du Sei
263 » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main du Seigneur », ou encore « l’inson
264 . Une histoire dont le personnage principal est «  la main du Seigneur », ou encore « l’insondable Providence » mise en act
265 rincipal est « la main du Seigneur », ou encore «  l’ insondable Providence » mise en action au gré d’un moraliste qui se do
266 « l’insondable Providence » mise en action au gré d’ un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce ser
267 mise en action au gré d’un moraliste qui se donne l’ air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un vol
268 n action au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de
269 ction au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’ avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la
270 en sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la Bibliothèque Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le cr
271 sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la Bibliothèque Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le croya
272 e Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le croyaient les écrivains anglais du xixe — en conséquence de quoi les
273 e une histoire qui finit bien, comme le croyaient les écrivains anglais du xixe — en conséquence de quoi les romans des « 
274 rivains anglais du xixe — en conséquence de quoi les romans des « païens », d’un Thomas Hardy, par exemple, se devaient en
275 en conséquence de quoi les romans des « païens », d’ un Thomas Hardy, par exemple, se devaient en conséquence de finir carr
276 en conséquence de finir carrément mal ? Non, car le christianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas du christiani
277 cette vie ou bien n’est pas du christianisme. Et l’ on serait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Har
278 est pas du christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances
279 it en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque happy
280 e qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant édifian
281 an pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances d’ être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant, s’il est
282 ppy end soi-disant édifiant, s’il est certain que l’ Évangile et ses promesses de salut sont seuls capables de donner à l’h
283 s’il est certain que l’Évangile et ses promesses de salut sont seuls capables de donner à l’homme une vision réaliste de
284 ile et ses promesses de salut sont seuls capables de donner à l’homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sob
285 romesses de salut sont seuls capables de donner à l’ homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courage d
286 capables de donner à l’homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courage d’avouer sa dégradation. Un v
287 mme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courage d’avouer sa dégradation. Un vrai roman chrétien est d’a
288 aliste de son sort terrestre, et le sobre courage d’ avouer sa dégradation. Un vrai roman chrétien est d’abord réaliste. Ca
289 est d’abord réaliste. Car il faut bien connaître la nature et ses abîmes, si l’on veut être à même d’y voir les touches d
290 l faut bien connaître la nature et ses abîmes, si l’ on veut être à même d’y voir les touches du surnaturel. Si les scandal
291 la nature et ses abîmes, si l’on veut être à même d’ y voir les touches du surnaturel. Si les scandales du temps vous laiss
292 et ses abîmes, si l’on veut être à même d’y voir les touches du surnaturel. Si les scandales du temps vous laissent quelqu
293 tre à même d’y voir les touches du surnaturel. Si les scandales du temps vous laissent quelque loisir pour vous occuper de
294 ps vous laissent quelque loisir pour vous occuper de vous-mêmes et de l’enjeu de l’existence, vous lirez Sara Alelia 2. La
295 quelque loisir pour vous occuper de vous-mêmes et de l’enjeu de l’existence, vous lirez Sara Alelia 2. La puissante mélanc
296 lque loisir pour vous occuper de vous-mêmes et de l’ enjeu de l’existence, vous lirez Sara Alelia 2. La puissante mélancoli
297 sir pour vous occuper de vous-mêmes et de l’enjeu de l’existence, vous lirez Sara Alelia 2. La puissante mélancolie, le ré
298 pour vous occuper de vous-mêmes et de l’enjeu de l’ existence, vous lirez Sara Alelia 2. La puissante mélancolie, le réali
299 l’enjeu de l’existence, vous lirez Sara Alelia 2. La puissante mélancolie, le réalisme total qui éclatent dans ce chef-d’œ
300 ous lirez Sara Alelia 2. La puissante mélancolie, le réalisme total qui éclatent dans ce chef-d’œuvre vous consoleront des
301 des réalités artificielles qui énervent nos vies de soucis dégradants. J’ai fait lire ce livre à des gens de toutes condi
302 is dégradants. J’ai fait lire ce livre à des gens de toutes conditions, « de toutes croyances ou de toutes incroyances »,
303 lire ce livre à des gens de toutes conditions, «  de toutes croyances ou de toutes incroyances », comme disait Péguy. Et d
304 ns de toutes conditions, « de toutes croyances ou de toutes incroyances », comme disait Péguy. Et dix fois, en me le renda
305 oyances », comme disait Péguy. Et dix fois, en me le rendant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’ai terminé cette
306 rendant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’ ai terminé cette nuit ». — « Des livres comme celui-là, ça aide à vivr
307 s livres comme celui-là, ça aide à vivre ! » Tout le charme profond de Selma Lagerlöf revit dans ces peintures d’une Lapon
308 ui-là, ça aide à vivre ! » Tout le charme profond de Selma Lagerlöf revit dans ces peintures d’une Laponie lointaine, où d
309 rofond de Selma Lagerlöf revit dans ces peintures d’ une Laponie lointaine, où des gens simples mènent des existences bien
310 s simples mènent des existences bien plus proches de la nôtre que celle du passant qu’on coudoie. Moins d’art peut-être, j
311 imples mènent des existences bien plus proches de la nôtre que celle du passant qu’on coudoie. Moins d’art peut-être, je v
312 a nôtre que celle du passant qu’on coudoie. Moins d’ art peut-être, je veux dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur
313 oudoie. Moins d’art peut-être, je veux dire moins d’ apparent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling : mais une sobriét
314 e, je veux dire moins d’apparent lyrisme que chez l’ auteur de Gösta Berling : mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à
315 x dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling : mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque p
316 Gösta Berling : mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme
317 vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme large à travers une humanité vivement
318 nité vivement contrastée, et des paysages baignés d’ une longue lumière boréale. Cette femme n’est pas un ange, ni une sain
319 e sainte. Elle pèche, elle désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, u
320 . Elle pèche, elle désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, un vieil
321 lle pèche, elle désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, un vieil our
322 un vieil ours intraitable, toujours dressé contre les conventions civilisées — inoubliable création, ce Norenius ! — qui pr
323 ubliable création, ce Norenius ! — qui prend soin d’ elle au temps de sa misère. Puis une grâce vient dans sa vie et désorm
324 re. Puis une grâce vient dans sa vie et désormais l’ accompagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître e
325 et désormais l’accompagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître et grandir un fils, puis les enfants
326 hronique. On voit naître et grandir un fils, puis les enfants d’une troisième génération. (C’est un des grands pouvoirs des
327 voit naître et grandir un fils, puis les enfants d’ une troisième génération. (C’est un des grands pouvoirs des romanciers
328 n des grands pouvoirs des romanciers du Nord, que d’ introduire la durée d’une vie comme protagoniste du drame.) Des fragme
329 pouvoirs des romanciers du Nord, que d’introduire la durée d’une vie comme protagoniste du drame.) Des fragments émouvants
330 des romanciers du Nord, que d’introduire la durée d’ une vie comme protagoniste du drame.) Des fragments émouvants du journ
331 ste du drame.) Des fragments émouvants du journal de Sara commentent et rythment le déroulement de cette légende de la vie
332 ouvants du journal de Sara commentent et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Il y eut une écol
333 nal de Sara commentent et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Il y eut une école littéraire, à
334 ntent et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Il y eut une école littéraire, à la fin du siècle
335 nt et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Il y eut une école littéraire, à la fin du siècle de
336 vie quotidienne. Il y eut une école littéraire, à la fin du siècle dernier, pour soutenir que la réalité c’est le terne tr
337 re, à la fin du siècle dernier, pour soutenir que la réalité c’est le terne train-train des journées. Ils avaient en somme
338 iècle dernier, pour soutenir que la réalité c’est le terne train-train des journées. Ils avaient en somme raison, tout au
339 a réalité : elle dépend du regard qu’on porte sur les choses. Le regard « réaliste » de Hildur Dixelius a su voir dans la «
340 elle dépend du regard qu’on porte sur les choses. Le regard « réaliste » de Hildur Dixelius a su voir dans la « vie couran
341 u’on porte sur les choses. Le regard « réaliste » de Hildur Dixelius a su voir dans la « vie courante » de ses héros des d
342 rd « réaliste » de Hildur Dixelius a su voir dans la « vie courante » de ses héros des drames singuliers, de bizarres et p
343 ildur Dixelius a su voir dans la « vie courante » de ses héros des drames singuliers, de bizarres et profondes folies, l’o
344 ie courante » de ses héros des drames singuliers, de bizarres et profondes folies, l’originalité bouleversante des êtres,
345 ames singuliers, de bizarres et profondes folies, l’ originalité bouleversante des êtres, qu’il s’agisse d’un grand évêque
346 iginalité bouleversante des êtres, qu’il s’agisse d’ un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belett
347 te des êtres, qu’il s’agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son e
348 u’il s’agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son enfant dans la n
349 êque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’innoc
350 e visage de belette » qui enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’innocence animale. La superstition rôde dans c
351 i enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’ innocence animale. La superstition rôde dans ces campagnes désertiques
352 dans la neige avec une sorte d’innocence animale. La superstition rôde dans ces campagnes désertiques : il y a des fous, d
353 s, des femmes possédées ; des ivrognes qui citent les Écritures ; peut-être aussi des saints qui se croient plus mauvais qu
354 nt plus mauvais que tous ; surtout et jusque dans les choses, un mystère inquiétant se révèle aux yeux de celui qui sait vo
355 menacées, harmonieuses ou durement rabrouées par le sort, « la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une misér
356 harmonieuses ou durement rabrouées par le sort, «  la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une miséricorde lumi
357 la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’ une miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de
358 miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas « l’histoire ».
359 mineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas « l’histoire ». Cette chroniq
360 ujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas «  l’ histoire ». Cette chronique d’une vie de femme n’est pas de celles qui
361 vous conterai pas « l’histoire ». Cette chronique d’ une vie de femme n’est pas de celles qui se résument. Il y a là vingt
362 rai pas « l’histoire ». Cette chronique d’une vie de femme n’est pas de celles qui se résument. Il y a là vingt figures qu
363 e ». Cette chronique d’une vie de femme n’est pas de celles qui se résument. Il y a là vingt figures qui mériteraient d’êt
364 ésument. Il y a là vingt figures qui mériteraient d’ être citées, et qui vivent dans la mémoire avec leurs gestes lents et
365 ui mériteraient d’être citées, et qui vivent dans la mémoire avec leurs gestes lents et leurs passions étranges. Aussi, qu
366 ssi, quelques enfants qui semblent incarner toute la poésie des contes scandinaves, une merveilleuse petite Eva-Margareta
367 naves, une merveilleuse petite Eva-Margareta dont l’ apparition fait songer aux plus radieuses créations d’Andersen. On a f
368 parition fait songer aux plus radieuses créations d’ Andersen. On a fait un succès depuis quelques années à tant de traduct
369 à tant de traductions qui ne valent pas dix pages de ce roman ! La mode passe, le public se fatigue, paraît-il. « Achetez
370 uctions qui ne valent pas dix pages de ce roman ! La mode passe, le public se fatigue, paraît-il. « Achetez français », di
371 valent pas dix pages de ce roman ! La mode passe, le public se fatigue, paraît-il. « Achetez français », disent les critiq
372 fatigue, paraît-il. « Achetez français », disent les critiques, à l’instar de l’affiche (dont il faut regretter qu’elle so
373 z français », disent les critiques, à l’instar de l’ affiche (dont il faut regretter qu’elle soit elle-même un affreux barb
374 elle soit elle-même un affreux barbarisme importé d’ outre-Manche). Mais s’il est une justice dans le domaine littéraire, i
375 é d’outre-Manche). Mais s’il est une justice dans le domaine littéraire, il faut prédire à Sara Alelia non pas un succès d
376 , il faut prédire à Sara Alelia non pas un succès de saison, mais la carrière plus discrète, plus populaire et plus durabl
377 e à Sara Alelia non pas un succès de saison, mais la carrière plus discrète, plus populaire et plus durable, réservée aux
378 Éditions « Je sers », Paris. c. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Hildur Dixelius, Sara Alelia  », Journal de Genève,
379 e rendu] Hildur Dixelius, Sara Alelia  », Journal de Genève, Genève, 25 mai 1934, p. 1-2.
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
380 Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)d On n’ignore pas que les partis d
381 Condition de l’ écrivain (I) (15 février 1937)d On n’ignore pas que les partis de g
382 ain (I) (15 février 1937)d On n’ignore pas que les partis de gauche, en France, et spécialement le parti communiste, ont
383 février 1937)d On n’ignore pas que les partis de gauche, en France, et spécialement le parti communiste, ont adopté de
384 les partis de gauche, en France, et spécialement le parti communiste, ont adopté depuis deux ans le mot d’ordre Défense d
385 t le parti communiste, ont adopté depuis deux ans le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’a pas manqué de leur atti
386 ont adopté depuis deux ans le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’a pas manqué de leur attirer de nombreuses et re
387 adopté depuis deux ans le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’a pas manqué de leur attirer de nombreuses et reten
388 rdre Défense de la culture. Ce qui n’a pas manqué de leur attirer de nombreuses et retentissantes « adhésions » d’écrivain
389 la culture. Ce qui n’a pas manqué de leur attirer de nombreuses et retentissantes « adhésions » d’écrivains, dont certains
390 rer de nombreuses et retentissantes « adhésions » d’ écrivains, dont certains tels Gide et Jules Romains, comptent parmi le
391 rtains tels Gide et Jules Romains, comptent parmi les célébrités les moins contestées de la France contemporaine. N’y a-t-i
392 e et Jules Romains, comptent parmi les célébrités les moins contestées de la France contemporaine. N’y a-t-il pas là (comme
393 omptent parmi les célébrités les moins contestées de la France contemporaine. N’y a-t-il pas là (comme disent les étranger
394 tent parmi les célébrités les moins contestées de la France contemporaine. N’y a-t-il pas là (comme disent les étrangers q
395 ce contemporaine. N’y a-t-il pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans leur dictionnaire) « anguil
396 pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans leur dictionnaire) « anguille sous roche » ? Que signif
397 a part des marxistes, qui soutinrent si longtemps la primauté du matériel cette subite conversion à la cause de l’esprit ?
398 la primauté du matériel cette subite conversion à la cause de l’esprit ? N’allons pas en chercher l’explication au-delà de
399 té du matériel cette subite conversion à la cause de l’esprit ? N’allons pas en chercher l’explication au-delà des frontiè
400 du matériel cette subite conversion à la cause de l’ esprit ? N’allons pas en chercher l’explication au-delà des frontières
401 à la cause de l’esprit ? N’allons pas en chercher l’ explication au-delà des frontières immédiates de la France : défense d
402 r l’explication au-delà des frontières immédiates de la France : défense de la culture signifie pour les gauches antifasci
403 ’explication au-delà des frontières immédiates de la France : défense de la culture signifie pour les gauches antifascisme
404 s frontières immédiates de la France : défense de la culture signifie pour les gauches antifascisme, l’Italie et l’Allemag
405 e la France : défense de la culture signifie pour les gauches antifascisme, l’Italie et l’Allemagne ayant, comme chacun sai
406 a culture signifie pour les gauches antifascisme, l’ Italie et l’Allemagne ayant, comme chacun sait, déclaré une guerre san
407 gnifie pour les gauches antifascisme, l’Italie et l’ Allemagne ayant, comme chacun sait, déclaré une guerre sans merci à to
408 acun sait, déclaré une guerre sans merci à toutes les formes d’intelligence réfractaires à la caporalisation intégrale. Que
409 déclaré une guerre sans merci à toutes les formes d’ intelligence réfractaires à la caporalisation intégrale. Quelle que so
410 à toutes les formes d’intelligence réfractaires à la caporalisation intégrale. Quelle que soit la part de vérité que compo
411 es à la caporalisation intégrale. Quelle que soit la part de vérité que comporte ce point de vue simpliste (et ce n’est pa
412 caporalisation intégrale. Quelle que soit la part de vérité que comporte ce point de vue simpliste (et ce n’est pas chez n
413 de vue simpliste (et ce n’est pas chez nous qu’on la niera) il faut reconnaître qu’il est essentiellement négatif. Car à l
414 onnaître qu’il est essentiellement négatif. Car à la vérité, et si libre qu’elle soit encore, Dieu merci, la culture franç
415 ité, et si libre qu’elle soit encore, Dieu merci, la culture française est malade elle aussi d’une maladie qui n’est pas l
416 merci, la culture française est malade elle aussi d’ une maladie qui n’est pas le fascisme. Elle me paraît souffrir en prem
417 est malade elle aussi d’une maladie qui n’est pas le fascisme. Elle me paraît souffrir en premier lieu de l’inculture rela
418 fascisme. Elle me paraît souffrir en premier lieu de l’inculture relative des masses. (On lit beaucoup moins en France qu’
419 cisme. Elle me paraît souffrir en premier lieu de l’ inculture relative des masses. (On lit beaucoup moins en France qu’en
420 frir ensuite, et peut-être plus gravement encore, de la condition faite aux écrivains par un état de choses libéral certes
421 r ensuite, et peut-être plus gravement encore, de la condition faite aux écrivains par un état de choses libéral certes, m
422 es libéral certes, mais anarchique, et dominé par les seules nécessités de l’argent. En dehors des milieux directement inté
423 s anarchique, et dominé par les seules nécessités de l’argent. En dehors des milieux directement intéressés, on ignore, je
424 narchique, et dominé par les seules nécessités de l’ argent. En dehors des milieux directement intéressés, on ignore, je cr
425 ressés, on ignore, je crois bien, à peu près tout de cette condition des écrivains. L’on s’en fait une idée romantique : l
426 à peu près tout de cette condition des écrivains. L’ on s’en fait une idée romantique : le poète pauvre et méconnu, dans sa
427 s écrivains. L’on s’en fait une idée romantique : le poète pauvre et méconnu, dans sa soupente, vit de son orgueil et de l
428 le poète pauvre et méconnu, dans sa soupente, vit de son orgueil et de l’amour de sa Muse. C’est l’image que vulgarisait,
429 méconnu, dans sa soupente, vit de son orgueil et de l’amour de sa Muse. C’est l’image que vulgarisait, tout récemment enc
430 connu, dans sa soupente, vit de son orgueil et de l’ amour de sa Muse. C’est l’image que vulgarisait, tout récemment encore
431 ans sa soupente, vit de son orgueil et de l’amour de sa Muse. C’est l’image que vulgarisait, tout récemment encore, le tim
432 it de son orgueil et de l’amour de sa Muse. C’est l’ image que vulgarisait, tout récemment encore, le timbre-poste vendu au
433 t l’image que vulgarisait, tout récemment encore, le timbre-poste vendu au profit des « intellectuels en chômage ». Ou bie
434 profit des « intellectuels en chômage ». Ou bien l’ on s’imagine un auteur à succès choyé par les « femmes du monde », hom
435 bien l’on s’imagine un auteur à succès choyé par les « femmes du monde », hommes de toutes les fortunes et bonnes fortunes
436 succès choyé par les « femmes du monde », hommes de toutes les fortunes et bonnes fortunes, et traversant la vie dans un
437 oyé par les « femmes du monde », hommes de toutes les fortunes et bonnes fortunes, et traversant la vie dans un murmure fla
438 es les fortunes et bonnes fortunes, et traversant la vie dans un murmure flatteur, comme on peut le voir au cinéma. C’est
439 nt la vie dans un murmure flatteur, comme on peut le voir au cinéma. C’est agréable, pour un écrivain, qu’on croie tout ce
440 cela… Je doute que ce soit bien utile. Un membre de l’Académie Goncourt, M. Jean Ajalbert, citait l’autre jour quelques f
441 la… Je doute que ce soit bien utile. Un membre de l’ Académie Goncourt, M. Jean Ajalbert, citait l’autre jour quelques fait
442 peuvent donner une idée assez juste du sort réel de l’écrivain. Parmi ses confrères académiciens, disait-il, tous célèbre
443 uvent donner une idée assez juste du sort réel de l’ écrivain. Parmi ses confrères académiciens, disait-il, tous célèbres e
444 succès », tous ayant atteint ou largement dépassé l’ âge de la retraite, l’un se voit obligé de courir le monde pour faire
445  », tous ayant atteint ou largement dépassé l’âge de la retraite, l’un se voit obligé de courir le monde pour faire des re
446 tous ayant atteint ou largement dépassé l’âge de la retraite, l’un se voit obligé de courir le monde pour faire des repor
447 dépassé l’âge de la retraite, l’un se voit obligé de courir le monde pour faire des reportages, l’autre est enchaîné au bu
448 âge de la retraite, l’un se voit obligé de courir le monde pour faire des reportages, l’autre est enchaîné au bureau de so
449 re des reportages, l’autre est enchaîné au bureau de son journal où il écrit au moins deux articles par jour, un troisième
450 moins deux articles par jour, un troisième « fait les théâtres », besogne sans gloire et de maigre profit, un quatrième enf
451 ème « fait les théâtres », besogne sans gloire et de maigre profit, un quatrième enfin, malgré ses quatre-vingts ans, en e
452 gré ses quatre-vingts ans, en est encore à placer de la copie dans les journaux de province pour pouvoir payer son loyer !
453 ses quatre-vingts ans, en est encore à placer de la copie dans les journaux de province pour pouvoir payer son loyer ! Et
454 ngts ans, en est encore à placer de la copie dans les journaux de province pour pouvoir payer son loyer ! Et ainsi de suite
455 est encore à placer de la copie dans les journaux de province pour pouvoir payer son loyer ! Et ainsi de suite. Voilà la r
456 province pour pouvoir payer son loyer ! Et ainsi de suite. Voilà la réalité. Là-dessus, les bonnes gens disent d’ordinair
457 ouvoir payer son loyer ! Et ainsi de suite. Voilà la réalité. Là-dessus, les bonnes gens disent d’ordinaire : que ne prenn
458 ! Et ainsi de suite. Voilà la réalité. Là-dessus, les bonnes gens disent d’ordinaire : que ne prennent-ils un second métier
459 ilà la réalité. Là-dessus, les bonnes gens disent d’ ordinaire : que ne prennent-ils un second métier, ces écrivains ! La l
460 ne prennent-ils un second métier, ces écrivains ! La littérature n’est qu’un luxe, elle n’a pas à nourrir son homme. Et l’
461 qu’un luxe, elle n’a pas à nourrir son homme. Et l’ on cite M. Duhamel, qui est médecin. Voire ! Outre que les cas de « se
462 te M. Duhamel, qui est médecin. Voire ! Outre que les cas de « second métier » sont rares et fort peu concluants (Duhamel e
463 hamel, qui est médecin. Voire ! Outre que les cas de « second métier » sont rares et fort peu concluants (Duhamel et Daude
464 peu concluants (Duhamel et Daudet n’ont pratiqué la médecine que durant les années de naturalisation de leur œuvre), il e
465 l et Daudet n’ont pratiqué la médecine que durant les années de naturalisation de leur œuvre), il est clair que la création
466 n’ont pratiqué la médecine que durant les années de naturalisation de leur œuvre), il est clair que la création artistiqu
467 médecine que durant les années de naturalisation de leur œuvre), il est clair que la création artistique requiert toutes
468 e naturalisation de leur œuvre), il est clair que la création artistique requiert toutes les forces d’un homme, et s’accom
469 clair que la création artistique requiert toutes les forces d’un homme, et s’accommode très mal de la dispersion de ses ef
470 la création artistique requiert toutes les forces d’ un homme, et s’accommode très mal de la dispersion de ses efforts. Com
471 es les forces d’un homme, et s’accommode très mal de la dispersion de ses efforts. Comme, d’autre part, on ne saurait adme
472 les forces d’un homme, et s’accommode très mal de la dispersion de ses efforts. Comme, d’autre part, on ne saurait admettr
473 n homme, et s’accommode très mal de la dispersion de ses efforts. Comme, d’autre part, on ne saurait admettre que seules l
474 , d’autre part, on ne saurait admettre que seules les personnes fortunées aient quelque chose à dire dans le domaine de la
475 rsonnes fortunées aient quelque chose à dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’une solution : que l’écrivain v
476 tunées aient quelque chose à dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’une solution : que l’écrivain vive de sa p
477 ées aient quelque chose à dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’une solution : que l’écrivain vive de sa plum
478 de la culture, il ne reste qu’une solution : que l’ écrivain vive de sa plume. Or, c’est cela qui devient impraticable ; o
479 il ne reste qu’une solution : que l’écrivain vive de sa plume. Or, c’est cela qui devient impraticable ; ou si praticable,
480 cable ; ou si praticable, néfaste. Impraticable :  l’ écrivain ne touche sur les livres que dix pour cent du produit de la v
481 néfaste. Impraticable : l’écrivain ne touche sur les livres que dix pour cent du produit de la vente. Supposez une vente n
482 ouche sur les livres que dix pour cent du produit de la vente. Supposez une vente normale de trois à six-mille exemplaires
483 he sur les livres que dix pour cent du produit de la vente. Supposez une vente normale de trois à six-mille exemplaires po
484 u produit de la vente. Supposez une vente normale de trois à six-mille exemplaires pour son volume annuel, cela fait un re
485 aires pour son volume annuel, cela fait un revenu de 1000 à 2000 fr. suisses. De quoi payer un petit loyer, les cigarettes
486 , cela fait un revenu de 1000 à 2000 fr. suisses. De quoi payer un petit loyer, les cigarettes et les journaux, sauf cas d
487 à 2000 fr. suisses. De quoi payer un petit loyer, les cigarettes et les journaux, sauf cas d’ascétisme farouche, — ou de su
488 . De quoi payer un petit loyer, les cigarettes et les journaux, sauf cas d’ascétisme farouche, — ou de surproduction maladi
489 t loyer, les cigarettes et les journaux, sauf cas d’ ascétisme farouche, — ou de surproduction maladive. Praticable mais né
490 les journaux, sauf cas d’ascétisme farouche, — ou de surproduction maladive. Praticable mais néfaste : les livres ne payan
491 surproduction maladive. Praticable mais néfaste : les livres ne payant pas, il faudra faire du journalisme et courir les ré
492 ant pas, il faudra faire du journalisme et courir les rédactions, improviser… Or les nécessités du journalisme ne sont pas
493 rnalisme et courir les rédactions, improviser… Or les nécessités du journalisme ne sont pas celles de la littérature pure,
494 les nécessités du journalisme ne sont pas celles de la littérature pure, et nombre d’écrivains des mieux doués s’y montre
495 s nécessités du journalisme ne sont pas celles de la littérature pure, et nombre d’écrivains des mieux doués s’y montrent
496 sont pas celles de la littérature pure, et nombre d’ écrivains des mieux doués s’y montrent assez inhabiles. On retombe d’a
497 t assez inhabiles. On retombe d’ailleurs ici dans le cas du second métier, aggravé sans doute du fait qu’il s’agit encore
498 r, aggravé sans doute du fait qu’il s’agit encore d’ écrire, mais dans un style qui ne saurait être celui du poète ou du ph
499 je résume à grands traits, me paraît tendre vers la même limite, et à bon train si l’on n’y veille ; dégradation et domes
500 aît tendre vers la même limite, et à bon train si l’ on n’y veille ; dégradation et domestication de l’intelligence et de l
501 si l’on n’y veille ; dégradation et domestication de l’intelligence et de l’art. Sans que l’on puisse, et c’est là le trag
502 l’on n’y veille ; dégradation et domestication de l’ intelligence et de l’art. Sans que l’on puisse, et c’est là le tragiqu
503 dégradation et domestication de l’intelligence et de l’art. Sans que l’on puisse, et c’est là le tragique de l’affaire, dé
504 radation et domestication de l’intelligence et de l’ art. Sans que l’on puisse, et c’est là le tragique de l’affaire, dénon
505 stication de l’intelligence et de l’art. Sans que l’ on puisse, et c’est là le tragique de l’affaire, dénoncer clairement l
506 ce et de l’art. Sans que l’on puisse, et c’est là le tragique de l’affaire, dénoncer clairement les coupables, individus o
507 rt. Sans que l’on puisse, et c’est là le tragique de l’affaire, dénoncer clairement les coupables, individus ou institutio
508 Sans que l’on puisse, et c’est là le tragique de l’ affaire, dénoncer clairement les coupables, individus ou institutions.
509 là le tragique de l’affaire, dénoncer clairement les coupables, individus ou institutions. Ce qui oblige en fin de compte
510 s ou institutions. Ce qui oblige en fin de compte l’ écrivain à déclarer pathétiquement que c’est la société qui est mal fa
511 te l’écrivain à déclarer pathétiquement que c’est la société qui est mal faite dans son ensemble, étant faite de telle sor
512 qui est mal faite dans son ensemble, étant faite de telle sorte qu’il n’y trouve pas sa place normale. Et ceci suffirait
513 place normale. Et ceci suffirait à expliquer que les meilleures œuvres du temps soient des cris de protestation, souvent t
514 ue les meilleures œuvres du temps soient des cris de protestation, souvent très maladroits, et plus souvent encore, habile
515 liticiens qui, par ailleurs, se moquent un peu de la culture ! En vérité, il est grand temps de mettre un ordre neuf dans
516 peu de la culture ! En vérité, il est grand temps de mettre un ordre neuf dans tout cela. Mais il faudrait d’abord que cel
517 d’abord que cela se sache ! d. Rougemont Denis de , « Condition de l’écrivain I », Journal de Genève, Genève, 15 février
518 se sache ! d. Rougemont Denis de, « Condition de l’écrivain I », Journal de Genève, Genève, 15 février 1937, p. 1.
519 sache ! d. Rougemont Denis de, « Condition de l’ écrivain I », Journal de Genève, Genève, 15 février 1937, p. 1.
520 Denis de, « Condition de l’écrivain I », Journal de Genève, Genève, 15 février 1937, p. 1.
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
521 Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)e
522 Condition de l’ écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)e La
523 Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)e La situation de l’éc
524 Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)e La situation de l’écrivain moderne, t
525 ondition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’ édition (22 février 1937)e La situation de l’écrivain moderne, tell
526 grande misère de l’édition (22 février 1937)e La situation de l’écrivain moderne, telle que je la décrivais dans mon p
527 e de l’édition (22 février 1937)e La situation de l’écrivain moderne, telle que je la décrivais dans mon premier articl
528 e l’édition (22 février 1937)e La situation de l’ écrivain moderne, telle que je la décrivais dans mon premier article,
529 La situation de l’écrivain moderne, telle que je la décrivais dans mon premier article, a notablement empiré du fait de l
530 mon premier article, a notablement empiré du fait de la crise générale. Et cela pour des raisons d’ordre technique dont le
531 premier article, a notablement empiré du fait de la crise générale. Et cela pour des raisons d’ordre technique dont le le
532 it de la crise générale. Et cela pour des raisons d’ ordre technique dont le lecteur ignore le plus souvent les mécanismes.
533 . Et cela pour des raisons d’ordre technique dont le lecteur ignore le plus souvent les mécanismes. Parlons un peu, à ce p
534 raisons d’ordre technique dont le lecteur ignore le plus souvent les mécanismes. Parlons un peu, à ce propos, des conditi
535 technique dont le lecteur ignore le plus souvent les mécanismes. Parlons un peu, à ce propos, des conditions actuelles de
536 ons un peu, à ce propos, des conditions actuelles de l’édition. Malgré toute leur bonne volonté, les éditeurs ne sont pas
537 un peu, à ce propos, des conditions actuelles de l’ édition. Malgré toute leur bonne volonté, les éditeurs ne sont pas des
538 es de l’édition. Malgré toute leur bonne volonté, les éditeurs ne sont pas des philanthropes. En tout cas, ils ne peuvent p
539 s philanthropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’ être. Ils ont eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils se fais
540 ndre ». Naguère encore, ils se faisaient un point d’ honneur de découvrir et d’imposer certains auteurs originaux, donc peu
541 guère encore, ils se faisaient un point d’honneur de découvrir et d’imposer certains auteurs originaux, donc peu vendables
542 s se faisaient un point d’honneur de découvrir et d’ imposer certains auteurs originaux, donc peu vendables au début. Aujou
543 bles au début. Aujourd’hui, ils se voient obligés de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils renoncent à former c
544 s renoncent à former ces goûts. Ils se contentent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoir, le niveau bais
545 enoncent à former ces goûts. Ils se contentent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoir, le niveau baisse…
546 ent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoir, le niveau baisse… Les moralistes se récrient en vain : l’édi
547 latter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoir, le niveau baisse… Les moralistes se récrient en vain : l’éditeur répond
548 t, comme on pouvait le prévoir, le niveau baisse… Les moralistes se récrient en vain : l’éditeur répond qu’il faut vivre !
549 veau baisse… Les moralistes se récrient en vain : l’ éditeur répond qu’il faut vivre ! Règne de la publicité et de la litté
550 vain : l’éditeur répond qu’il faut vivre ! Règne de la publicité et de la littérature faite sur commande, comme s’il ne s
551 in : l’éditeur répond qu’il faut vivre ! Règne de la publicité et de la littérature faite sur commande, comme s’il ne s’ag
552 épond qu’il faut vivre ! Règne de la publicité et de la littérature faite sur commande, comme s’il ne s’agissait vraiment
553 nd qu’il faut vivre ! Règne de la publicité et de la littérature faite sur commande, comme s’il ne s’agissait vraiment que
554 r commande, comme s’il ne s’agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On exige des produits standard :
555 omme s’il ne s’agissait vraiment que de commerce, d’ épicerie, de macaronis. On exige des produits standard : ni trop gros,
556 s’agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On exige des produits standard : ni trop gros, ni trop min
557 t Paix : pensez donc, un roman en 10 volumes ! Et l’ Adolphe de Constant, ce serait bien court… Et Nietzsche ? Qui voudrait
558 ce serait bien court… Et Nietzsche ? Qui voudrait de ce Zarathoustra dont on vendit, lorsqu’il parut, 15 exemplaires ? Nul
559 parut, 15 exemplaires ? Nul ne peut plus se payer de telles fantaisies. Ainsi la situation est telle qu’un éditeur, bon gr
560 ne peut plus se payer de telles fantaisies. Ainsi la situation est telle qu’un éditeur, bon gré mal gré, se voit souvent c
561 iteur, bon gré mal gré, se voit souvent contraint de refuser les meilleurs livres qu’on lui offre, et cela pour les meille
562 gré mal gré, se voit souvent contraint de refuser les meilleurs livres qu’on lui offre, et cela pour les meilleures raisons
563 es meilleurs livres qu’on lui offre, et cela pour les meilleures raisons ! Ou s’il tente la chance avec un débutant, il est
564 cela pour les meilleures raisons ! Ou s’il tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper ailleurs, et de
565 il tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper ailleurs, et de publier, pour compenser sa perte, de bon
566 butant, il est forcé de se rattraper ailleurs, et de publier, pour compenser sa perte, de bonnes petites histoires coquine
567 ailleurs, et de publier, pour compenser sa perte, de bonnes petites histoires coquines. (Il est certes des exceptions à ce
568 e déplorable. Elles se font excessivement rares.) Les débats passionnés que vient de soulever le fameux projet de loi Jean
569 res.) Les débats passionnés que vient de soulever le fameux projet de loi Jean Zay démasquent un autre aspect de la questi
570 passionnés que vient de soulever le fameux projet de loi Jean Zay démasquent un autre aspect de la question : celui du con
571 projet de loi Jean Zay démasquent un autre aspect de la question : celui du contrat d’édition. Depuis la crise, plusieurs
572 jet de loi Jean Zay démasquent un autre aspect de la question : celui du contrat d’édition. Depuis la crise, plusieurs édi
573 un autre aspect de la question : celui du contrat d’ édition. Depuis la crise, plusieurs éditeurs ont eu recours à l’expédi
574 la question : celui du contrat d’édition. Depuis la crise, plusieurs éditeurs ont eu recours à l’expédient suivant. Lorsq
575 uis la crise, plusieurs éditeurs ont eu recours à l’ expédient suivant. Lorsqu’un jeune auteur vient proposer son manuscrit
576 son manuscrit, on lui fait signer un contrat qui l’ engage pour cinq ou dix volumes à venir. La propriété de ces ouvrages
577 at qui l’engage pour cinq ou dix volumes à venir. La propriété de ces ouvrages se trouve par ailleurs assurée à l’éditeur
578 ge pour cinq ou dix volumes à venir. La propriété de ces ouvrages se trouve par ailleurs assurée à l’éditeur jusqu’à 50 an
579 de ces ouvrages se trouve par ailleurs assurée à l’ éditeur jusqu’à 50 ans après la mort de l’écrivain. L’éditeur se réser
580 ailleurs assurée à l’éditeur jusqu’à 50 ans après la mort de l’écrivain. L’éditeur se réserve en outre le droit de refuser
581 assurée à l’éditeur jusqu’à 50 ans après la mort de l’écrivain. L’éditeur se réserve en outre le droit de refuser les man
582 surée à l’éditeur jusqu’à 50 ans après la mort de l’ écrivain. L’éditeur se réserve en outre le droit de refuser les manusc
583 iteur jusqu’à 50 ans après la mort de l’écrivain. L’ éditeur se réserve en outre le droit de refuser les manuscrits qui ne
584 mort de l’écrivain. L’éditeur se réserve en outre le droit de refuser les manuscrits qui ne lui plaisent pas. (Et qui trou
585 ’écrivain. L’éditeur se réserve en outre le droit de refuser les manuscrits qui ne lui plaisent pas. (Et qui trouveront di
586 L’éditeur se réserve en outre le droit de refuser les manuscrits qui ne lui plaisent pas. (Et qui trouveront difficilement
587 icilement à se faire accepter par un confrère, on l’ imagine.) On escompte ainsi les succès futurs du débutant, dont les pr
588 par un confrère, on l’imagine.) On escompte ainsi les succès futurs du débutant, dont les premiers ouvrages seront sans dou
589 t sans doute déficitaires, mais qui plus tard, si la célébrité se dessine, se verra prisonnier d’un contrat de débutant, p
590 , si la célébrité se dessine, se verra prisonnier d’ un contrat de débutant, précisément ! Au bénéfice de l’éditeur, cela v
591 rité se dessine, se verra prisonnier d’un contrat de débutant, précisément ! Au bénéfice de l’éditeur, cela va de soi. Le
592 un contrat de débutant, précisément ! Au bénéfice de l’éditeur, cela va de soi. Le projet de loi Jean Zay entend mettre un
593 contrat de débutant, précisément ! Au bénéfice de l’ éditeur, cela va de soi. Le projet de loi Jean Zay entend mettre une f
594 ément ! Au bénéfice de l’éditeur, cela va de soi. Le projet de loi Jean Zay entend mettre une fin à ces pratiques, en limi
595 bénéfice de l’éditeur, cela va de soi. Le projet de loi Jean Zay entend mettre une fin à ces pratiques, en limitant à 10
596 une fin à ces pratiques, en limitant à 10 années l’ effet des contrats d’édition. Tous les écrivains applaudissent. Mais l
597 ues, en limitant à 10 années l’effet des contrats d’ édition. Tous les écrivains applaudissent. Mais les éditeurs se récrie
598 à 10 années l’effet des contrats d’édition. Tous les écrivains applaudissent. Mais les éditeurs se récrient, et on les com
599 d’édition. Tous les écrivains applaudissent. Mais les éditeurs se récrient, et on les comprend assez bien : on les priverai
600 plaudissent. Mais les éditeurs se récrient, et on les comprend assez bien : on les priverait de la récompense, obtenue aprè
601 s se récrient, et on les comprend assez bien : on les priverait de la récompense, obtenue après bien des années, pour leurs
602 et on les comprend assez bien : on les priverait de la récompense, obtenue après bien des années, pour leurs sacrifices d
603 on les comprend assez bien : on les priverait de la récompense, obtenue après bien des années, pour leurs sacrifices du d
604 te polémique fait apparaître assez clairement que la situation est sans issue directe. J’entends que nulle réforme légale
605 J’entends que nulle réforme légale ne suffirait à l’ assainir. Et l’on pressent déjà que le problème déborde infiniment le
606 ulle réforme légale ne suffirait à l’assainir. Et l’ on pressent déjà que le problème déborde infiniment le plan technique 
607 suffirait à l’assainir. Et l’on pressent déjà que le problème déborde infiniment le plan technique : c’est tout le problèm
608 pressent déjà que le problème déborde infiniment le plan technique : c’est tout le problème des rapports de l’écrivain et
609 déborde infiniment le plan technique : c’est tout le problème des rapports de l’écrivain et du public, ou même de la cultu
610 n technique : c’est tout le problème des rapports de l’écrivain et du public, ou même de la culture et de la nation, qui s
611 echnique : c’est tout le problème des rapports de l’ écrivain et du public, ou même de la culture et de la nation, qui se p
612 des rapports de l’écrivain et du public, ou même de la culture et de la nation, qui se pose enfin dans son urgence et son
613 s rapports de l’écrivain et du public, ou même de la culture et de la nation, qui se pose enfin dans son urgence et son am
614 l’écrivain et du public, ou même de la culture et de la nation, qui se pose enfin dans son urgence et son ampleur. Pourquo
615 crivain et du public, ou même de la culture et de la nation, qui se pose enfin dans son urgence et son ampleur. Pourquoi l
616 leur. Pourquoi lit-on si peu ? Pourquoi, en temps de crise, a-t-on comme premier réflexe d’économiser sur les livres, plut
617 , en temps de crise, a-t-on comme premier réflexe d’ économiser sur les livres, plutôt que sur toute autre distraction, cin
618 se, a-t-on comme premier réflexe d’économiser sur les livres, plutôt que sur toute autre distraction, cinéma ou meetings sp
619 autre distraction, cinéma ou meetings sportifs ? D’ où vient cette désaffection des grandes masses pour la lecture ? Est-c
620 vient cette désaffection des grandes masses pour la lecture ? Est-ce la faute du public, ou bien des écrivains ? Et avant
621 ction des grandes masses pour la lecture ? Est-ce la faute du public, ou bien des écrivains ? Et avant d’y porter remède,
622 faute du public, ou bien des écrivains ? Et avant d’ y porter remède, ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les raison
623 t avant d’y porter remède, ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas s
624 emède, ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas seulement matérielles.
625 terroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas seulement matérielles. Je crois au contraire qu’elles affec
626 rielles. Je crois au contraire qu’elles affectent les sources vives de notre civilisation. C’est pourquoi le problème appar
627 au contraire qu’elles affectent les sources vives de notre civilisation. C’est pourquoi le problème apparemment secondaire
628 urces vives de notre civilisation. C’est pourquoi le problème apparemment secondaire de l’édition, et du sort matériel des
629 C’est pourquoi le problème apparemment secondaire de l’édition, et du sort matériel des écrivains, ne peut laisser indiffé
630 st pourquoi le problème apparemment secondaire de l’ édition, et du sort matériel des écrivains, ne peut laisser indifféren
631 ns, ne peut laisser indifférente notre conscience de citoyens. Les dictateurs actuels l’ont bien compris. Nous les voyons
632 aisser indifférente notre conscience de citoyens. Les dictateurs actuels l’ont bien compris. Nous les voyons donner des soi
633 re conscience de citoyens. Les dictateurs actuels l’ ont bien compris. Nous les voyons donner des soins jaloux au statut de
634 . Les dictateurs actuels l’ont bien compris. Nous les voyons donner des soins jaloux au statut de la culture dans leur pays
635 Nous les voyons donner des soins jaloux au statut de la culture dans leur pays. Pourquoi donc nos démocraties se laisserai
636 s les voyons donner des soins jaloux au statut de la culture dans leur pays. Pourquoi donc nos démocraties se laisseraient
637 oire, malgré tout, que c’est elles qui résoudront le mieux le problème de la culture, — si toutefois elles se le posent à
638 gré tout, que c’est elles qui résoudront le mieux le problème de la culture, — si toutefois elles se le posent à temps !
639 e c’est elles qui résoudront le mieux le problème de la culture, — si toutefois elles se le posent à temps ! e. Rougemo
640 ’est elles qui résoudront le mieux le problème de la culture, — si toutefois elles se le posent à temps ! e. Rougemont
641 e problème de la culture, — si toutefois elles se le posent à temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’écrivain 
642 lles se le posent à temps ! e. Rougemont Denis de , « Condition de l’écrivain II : La grande misère de l’édition », Jour
643 t à temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’écrivain II : La grande misère de l’édition », Journal de Genève, G
644 temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’ écrivain II : La grande misère de l’édition », Journal de Genève, Genè
645 ougemont Denis de, « Condition de l’écrivain II : La grande misère de l’édition », Journal de Genève, Genève, 22 février 1
646 , « Condition de l’écrivain II : La grande misère de l’édition », Journal de Genève, Genève, 22 février 1937, p. 1.
647  Condition de l’écrivain II : La grande misère de l’ édition », Journal de Genève, Genève, 22 février 1937, p. 1.
648 ain II : La grande misère de l’édition », Journal de Genève, Genève, 22 février 1937, p. 1.
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
649 Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)f
650 Condition de l’ écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)f Si
651 Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)f Si les livres se vendent si mal, et si
652 ondition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)f Si les livres se vendent si mal, et si le
653 sion civique de la culture (1er mars 1937)f Si les livres se vendent si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’
654 1937)f Si les livres se vendent si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’importance réelle de cette crise, à
655 ent si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’importance réelle de cette crise, à qui la faute, disions-nous ? Au
656 si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’ importance réelle de cette crise, à qui la faute, disions-nous ? Au pu
657 blic ne se rend pas compte de l’importance réelle de cette crise, à qui la faute, disions-nous ? Au public ou aux écrivain
658 mpte de l’importance réelle de cette crise, à qui la faute, disions-nous ? Au public ou aux écrivains ? On objectera sans
659 ic ou aux écrivains ? On objectera sans doute que le vrai responsable, c’est la paresse intellectuelle qui sévit dans tout
660 jectera sans doute que le vrai responsable, c’est la paresse intellectuelle qui sévit dans toutes les classes et qu’entret
661 t la paresse intellectuelle qui sévit dans toutes les classes et qu’entretiennent le cinéma, la TSF, les illustrés et les h
662 sévit dans toutes les classes et qu’entretiennent le cinéma, la TSF, les illustrés et les hebdomadaires. Je ne nie pas que
663 toutes les classes et qu’entretiennent le cinéma, la TSF, les illustrés et les hebdomadaires. Je ne nie pas que cela expli
664 es classes et qu’entretiennent le cinéma, la TSF, les illustrés et les hebdomadaires. Je ne nie pas que cela explique bien
665 entretiennent le cinéma, la TSF, les illustrés et les hebdomadaires. Je ne nie pas que cela explique bien des choses. Mais
666 e nie pas que cela explique bien des choses. Mais d’ où vient cette paresse ? D’où vient que le public se défende aussi mal
667 bien des choses. Mais d’où vient cette paresse ? D’ où vient que le public se défende aussi mal contre les sollicitations
668 s. Mais d’où vient cette paresse ? D’où vient que le public se défende aussi mal contre les sollicitations vulgaires des d
669 ù vient que le public se défende aussi mal contre les sollicitations vulgaires des distractions commerciales ? Les écrivain
670 tations vulgaires des distractions commerciales ? Les écrivains ne portent-ils pas une part de responsabilité ? Car, après
671 iales ? Les écrivains ne portent-ils pas une part de responsabilité ? Car, après tout, le public est à peu près ce qu’on l
672 pas une part de responsabilité ? Car, après tout, le public est à peu près ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme
673 ar, après tout, le public est à peu près ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme à l’image de ses auteurs préférés.
674 ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme à l’ image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapport est invers
675 n le fait. En temps normal, il se forme à l’image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapport est inversé, quand
676 ’image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapport est inversé, quand il existe. Et le plus souvent, il est inex
677 ’hui, le rapport est inversé, quand il existe. Et le plus souvent, il est inexistant. D’une part, en effet, la culture, et
678 souvent, il est inexistant. D’une part, en effet, la culture, et en particulier la littérature, a voulu se séparer des int
679 une part, en effet, la culture, et en particulier la littérature, a voulu se séparer des intérêts fondamentaux de la natio
680 ure, a voulu se séparer des intérêts fondamentaux de la nation. Ce phénomène est apparu dès le romantisme, avec la théorie
681 , a voulu se séparer des intérêts fondamentaux de la nation. Ce phénomène est apparu dès le romantisme, avec la théorie de
682 mentaux de la nation. Ce phénomène est apparu dès le romantisme, avec la théorie de l’art pour l’art. Pour mille raisons d
683 . Ce phénomène est apparu dès le romantisme, avec la théorie de l’art pour l’art. Pour mille raisons diverses, il n’a fait
684 ène est apparu dès le romantisme, avec la théorie de l’art pour l’art. Pour mille raisons diverses, il n’a fait qu’empirer
685 est apparu dès le romantisme, avec la théorie de l’ art pour l’art. Pour mille raisons diverses, il n’a fait qu’empirer de
686 dès le romantisme, avec la théorie de l’art pour l’ art. Pour mille raisons diverses, il n’a fait qu’empirer depuis. Les g
687 raisons diverses, il n’a fait qu’empirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne sont pas des auteurs populaires. Il
688 il n’a fait qu’empirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne sont pas des auteurs populaires. Ils sont à l’usage e
689 le ne sont pas des auteurs populaires. Ils sont à l’ usage exclusif d’une classe restreinte de la population. Alors qu’un H
690 s auteurs populaires. Ils sont à l’usage exclusif d’ une classe restreinte de la population. Alors qu’un Hugo, qu’un Balzac
691 s sont à l’usage exclusif d’une classe restreinte de la population. Alors qu’un Hugo, qu’un Balzac, qu’un Zola atteignent
692 ont à l’usage exclusif d’une classe restreinte de la population. Alors qu’un Hugo, qu’un Balzac, qu’un Zola atteignent rap
693 o, qu’un Balzac, qu’un Zola atteignent rapidement la masse profonde du peuple, nous voyons aujourd’hui ce même peuple se c
694 ce même peuple se contenter du roman policier ou de quelques pornographies situées dans un grand monde de cinéma. Comment
695 uelques pornographies situées dans un grand monde de cinéma. Comment veut-on qu’il en soit autrement, quand Proust, Gide o
696 d Proust, Gide ou Valéry ne paraissent rechercher l’ audience que de très petits cercles d’élus ? Le peuple lit ce qu’on éc
697 ou Valéry ne paraissent rechercher l’audience que de très petits cercles d’élus ? Le peuple lit ce qu’on écrit pour lui, e
698 rechercher l’audience que de très petits cercles d’ élus ? Le peuple lit ce qu’on écrit pour lui, et si les grands esprits
699 er l’audience que de très petits cercles d’élus ? Le peuple lit ce qu’on écrit pour lui, et si les grands esprits se désin
700 us ? Le peuple lit ce qu’on écrit pour lui, et si les grands esprits se désintéressent de son sort, il ne peut que leur ren
701 r lui, et si les grands esprits se désintéressent de son sort, il ne peut que leur rendre la pareille. Alors le champ devi
702 téressent de son sort, il ne peut que leur rendre la pareille. Alors le champ devient libre pour une « littérature » comme
703 rt, il ne peut que leur rendre la pareille. Alors le champ devient libre pour une « littérature » commerciale qui, elle, n
704 re » commerciale qui, elle, ne sera soucieuse que de plaire à bon compte, c’est-à-dire de flatter des instincts, d’offrir
705 oucieuse que de plaire à bon compte, c’est-à-dire de flatter des instincts, d’offrir des paradis artificiels, des compensa
706 on compte, c’est-à-dire de flatter des instincts, d’ offrir des paradis artificiels, des compensations illusoires au morne
707 des compensations illusoires au morne train-train de la vie. Ainsi le public perd l’habitude de demander aux écrivains aut
708 compensations illusoires au morne train-train de la vie. Ainsi le public perd l’habitude de demander aux écrivains autre
709 illusoires au morne train-train de la vie. Ainsi le public perd l’habitude de demander aux écrivains autre chose qu’« une
710 morne train-train de la vie. Ainsi le public perd l’ habitude de demander aux écrivains autre chose qu’« une heure d’oubli 
711 -train de la vie. Ainsi le public perd l’habitude de demander aux écrivains autre chose qu’« une heure d’oubli », une dist
712 demander aux écrivains autre chose qu’« une heure d’ oubli », une distraction sans conséquence entre les heures de bureau o
713 d’oubli », une distraction sans conséquence entre les heures de bureau ou d’usine. Après le travail et avant le sommeil (bi
714 une distraction sans conséquence entre les heures de bureau ou d’usine. Après le travail et avant le sommeil (bien plus se
715 on sans conséquence entre les heures de bureau ou d’ usine. Après le travail et avant le sommeil (bien plus semblable au se
716 ence entre les heures de bureau ou d’usine. Après le travail et avant le sommeil (bien plus semblable au second qu’au prem
717 s de bureau ou d’usine. Après le travail et avant le sommeil (bien plus semblable au second qu’au premier) la lecture, auj
718 eil (bien plus semblable au second qu’au premier) la lecture, aujourd’hui, n’est plus du tout ce qu’elle était au siècle p
719 e qu’elle était au siècle passé pour des millions de personnes de toutes conditions : une nourriture, un exercice de l’âme
720 it au siècle passé pour des millions de personnes de toutes conditions : une nourriture, un exercice de l’âme, de l’intell
721 e toutes conditions : une nourriture, un exercice de l’âme, de l’intelligence et du cœur. Dès lors, les efforts très louab
722 outes conditions : une nourriture, un exercice de l’ âme, de l’intelligence et du cœur. Dès lors, les efforts très louables
723 onditions : une nourriture, un exercice de l’âme, de l’intelligence et du cœur. Dès lors, les efforts très louables que te
724 itions : une nourriture, un exercice de l’âme, de l’ intelligence et du cœur. Dès lors, les efforts très louables que tente
725 de l’âme, de l’intelligence et du cœur. Dès lors, les efforts très louables que tentent les éditeurs, ou même l’État, pour
726 . Dès lors, les efforts très louables que tentent les éditeurs, ou même l’État, pour remettre le livre en honneur, sont vou
727 s très louables que tentent les éditeurs, ou même l’ État, pour remettre le livre en honneur, sont voués à de faibles succè
728 ntent les éditeurs, ou même l’État, pour remettre le livre en honneur, sont voués à de faibles succès. C’est le sens même
729 , pour remettre le livre en honneur, sont voués à de faibles succès. C’est le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et
730 en honneur, sont voués à de faibles succès. C’est le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’il s’est perdu, je le r
731 ont voués à de faibles succès. C’est le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’il s’est perdu, je le répète, c’est
732 voués à de faibles succès. C’est le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’il s’est perdu, je le répète, c’est que
733 lecture qui s’est perdu. Et s’il s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains ont beaucoup fait
734 rdu. Et s’il s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains ont beaucoup fait pour qu’il se perde en
735 st perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains ont beaucoup fait pour qu’il se perde en se « distingua
736 ontairement des préoccupations, jugées vulgaires, de la nation ; tandis que les autres spéculaient commercialement sur la
737 airement des préoccupations, jugées vulgaires, de la nation ; tandis que les autres spéculaient commercialement sur la par
738 ions, jugées vulgaires, de la nation ; tandis que les autres spéculaient commercialement sur la paresse des lecteurs. Dans
739 is que les autres spéculaient commercialement sur la paresse des lecteurs. Dans les deux cas, ce sont d’abord les écrivain
740 commercialement sur la paresse des lecteurs. Dans les deux cas, ce sont d’abord les écrivains qui ont manqué à leur fonctio
741 des lecteurs. Dans les deux cas, ce sont d’abord les écrivains qui ont manqué à leur fonction de guides des esprits, et ru
742 bord les écrivains qui ont manqué à leur fonction de guides des esprits, et ruiné leur autorité. Ils sont donc mal venus à
743 rité. Ils sont donc mal venus à se plaindre. Mais la société en pâtit, plus gravement qu’elle ne le croit, sans doute. Une
744 is la société en pâtit, plus gravement qu’elle ne le croit, sans doute. Une situation si compromise ne se rétablira point
745 point par quelque truc, loi nouvelle ou campagne de propagande. Il s’agit bien plutôt que les écrivains reprennent le sen
746 campagne de propagande. Il s’agit bien plutôt que les écrivains reprennent le sens de leur fonction sociale avant qu’un dic
747 l s’agit bien plutôt que les écrivains reprennent le sens de leur fonction sociale avant qu’un dictateur ne les y invite a
748 bien plutôt que les écrivains reprennent le sens de leur fonction sociale avant qu’un dictateur ne les y invite avec une
749 de leur fonction sociale avant qu’un dictateur ne les y invite avec une insistance déplaisante. Il s’agit, pour eux, de ret
750 une insistance déplaisante. Il s’agit, pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’oreille du peuple. Mais cela suppose une
751 l s’agit, pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’ oreille du peuple. Mais cela suppose une véritable révolution dans les
752 . Mais cela suppose une véritable révolution dans les valeurs qu’ils ont cultivées jusqu’ici ! Car pour guider un peuple, e
753 le ou son intellect (je ne dis pas son âme, c’est l’ affaire des Églises), il faudrait se soucier d’être utile, de servir l
754 st l’affaire des Églises), il faudrait se soucier d’ être utile, de servir la communauté, et non plus seulement d’amuser ou
755 es Églises), il faudrait se soucier d’être utile, de servir la communauté, et non plus seulement d’amuser ou de se montrer
756 ), il faudrait se soucier d’être utile, de servir la communauté, et non plus seulement d’amuser ou de se montrer original.
757 e, de servir la communauté, et non plus seulement d’ amuser ou de se montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’art en s
758 la communauté, et non plus seulement d’amuser ou de se montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’art en souffrirait :
759 de se montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’ art en souffrirait : l’exemple des grands, d’un Dante ou d’un Tolstoï,
760 Et qu’on ne croie pas que l’art en souffrirait : l’ exemple des grands, d’un Dante ou d’un Tolstoï, suffit à prouver le co
761 que l’art en souffrirait : l’exemple des grands, d’ un Dante ou d’un Tolstoï, suffit à prouver le contraire. Jamais un écr
762 souffrirait : l’exemple des grands, d’un Dante ou d’ un Tolstoï, suffit à prouver le contraire. Jamais un écrivain ne trava
763 nds, d’un Dante ou d’un Tolstoï, suffit à prouver le contraire. Jamais un écrivain ne travaille mieux que lorsqu’il sent q
764 ux que lorsqu’il sent qu’il est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réelle et sa nature profonde. Mais un tel
765 qu’il sent qu’il est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réelle et sa nature profonde. Mais un tel redressem
766 il sent qu’il est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réelle et sa nature profonde. Mais un tel redressement
767 e et sa nature profonde. Mais un tel redressement de la culture n’aurait pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le publ
768 t sa nature profonde. Mais un tel redressement de la culture n’aurait pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le public
769 is un tel redressement de la culture n’aurait pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’avait à cœur
770 redressement de la culture n’aurait pas de chance d’ aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’avait à cœur d’y collab
771 ’aurait pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’avait à cœur d’y collaborer. Aussi bien, si j’écris
772 , d’autre part, le public lui-même n’avait à cœur d’ y collaborer. Aussi bien, si j’écris ceci à l’intention d’un de nos jo
773 œur d’y collaborer. Aussi bien, si j’écris ceci à l’ intention d’un de nos journaux, ce n’est pas pour prêcher les écrivain
774 aborer. Aussi bien, si j’écris ceci à l’intention d’ un de nos journaux, ce n’est pas pour prêcher les écrivains qui le lis
775 r. Aussi bien, si j’écris ceci à l’intention d’un de nos journaux, ce n’est pas pour prêcher les écrivains qui le lisent,
776 n d’un de nos journaux, ce n’est pas pour prêcher les écrivains qui le lisent, mais dans l’espoir d’attirer l’attention de
777 naux, ce n’est pas pour prêcher les écrivains qui le lisent, mais dans l’espoir d’attirer l’attention de ceux qui sont du
778 ur prêcher les écrivains qui le lisent, mais dans l’ espoir d’attirer l’attention de ceux qui sont du côté du public sur l’
779 r les écrivains qui le lisent, mais dans l’espoir d’ attirer l’attention de ceux qui sont du côté du public sur l’importanc
780 vains qui le lisent, mais dans l’espoir d’attirer l’ attention de ceux qui sont du côté du public sur l’importance civique
781 lisent, mais dans l’espoir d’attirer l’attention de ceux qui sont du côté du public sur l’importance civique de ces probl
782 ’attention de ceux qui sont du côté du public sur l’ importance civique de ces problèmes. On ne manquera pas de me dire que
783 i sont du côté du public sur l’importance civique de ces problèmes. On ne manquera pas de me dire que la situation est loi
784 ance civique de ces problèmes. On ne manquera pas de me dire que la situation est loin d’être aussi grave chez nous qu’ail
785 ces problèmes. On ne manquera pas de me dire que la situation est loin d’être aussi grave chez nous qu’ailleurs. C’est vr
786 manquera pas de me dire que la situation est loin d’ être aussi grave chez nous qu’ailleurs. C’est vrai sans doute. Mais si
787 nous qu’ailleurs. C’est vrai sans doute. Mais si l’ on se borne à le répéter, cela cessera bientôt d’être vrai : nous suiv
788 s. C’est vrai sans doute. Mais si l’on se borne à le répéter, cela cessera bientôt d’être vrai : nous suivrons le cours fa
789 l’on se borne à le répéter, cela cessera bientôt d’ être vrai : nous suivrons le cours fatal des choses. J’observais tout
790 cela cessera bientôt d’être vrai : nous suivrons le cours fatal des choses. J’observais tout à l’heure que le public est
791 ons le cours fatal des choses. J’observais tout à l’ heure que le public est à peu près ce que les auteurs le font. Mais il
792 fatal des choses. J’observais tout à l’heure que le public est à peu près ce que les auteurs le font. Mais il est juste d
793 out à l’heure que le public est à peu près ce que les auteurs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’il a souvent les
794 e que le public est à peu près ce que les auteurs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’
795 rès ce que les auteurs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or, il importe h
796 . Mais il est juste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or, il importe hautement à notre pays d’avoir d
797 ’il mérite. Or, il importe hautement à notre pays d’ avoir des écrivains représentatifs de ce qui fait sa force véritable.
798 à notre pays d’avoir des écrivains représentatifs de ce qui fait sa force véritable. La raison d’être des petites démocrat
799 représentatifs de ce qui fait sa force véritable. La raison d’être des petites démocraties n’est pas dans le domaine matér
800 tifs de ce qui fait sa force véritable. La raison d’ être des petites démocraties n’est pas dans le domaine matériel, mais
801 son d’être des petites démocraties n’est pas dans le domaine matériel, mais dans le principe communautaire qui anime la fé
802 ies n’est pas dans le domaine matériel, mais dans le principe communautaire qui anime la fédération. Or, la force d’un tel
803 el, mais dans le principe communautaire qui anime la fédération. Or, la force d’un tel principe se mesure au niveau de la
804 incipe communautaire qui anime la fédération. Or, la force d’un tel principe se mesure au niveau de la culture. (Et non pa
805 mmunautaire qui anime la fédération. Or, la force d’ un tel principe se mesure au niveau de la culture. (Et non pas seuleme
806 la force d’un tel principe se mesure au niveau de la culture. (Et non pas seulement de l’instruction !) C’est pourquoi les
807 re au niveau de la culture. (Et non pas seulement de l’instruction !) C’est pourquoi les problèmes culturels sont pour nou
808 au niveau de la culture. (Et non pas seulement de l’ instruction !) C’est pourquoi les problèmes culturels sont pour nous,
809 pas seulement de l’instruction !) C’est pourquoi les problèmes culturels sont pour nous, Suisses, plus vitaux encore que p
810 t pour nous, Suisses, plus vitaux encore que pour les grandes nations qui nous entourent. Et c’est pourquoi enfin, j’y revi
811 chapitre, ce n’est pas seulement « faire marcher le commerce », mais c’est aussi faire acte civique, dans une cité dont l
812 ’est aussi faire acte civique, dans une cité dont l’ idéal est encore la plus sûre garantie. f. Rougemont Denis de, « Co
813 te civique, dans une cité dont l’idéal est encore la plus sûre garantie. f. Rougemont Denis de, « Condition de l’écriva
814 core la plus sûre garantie. f. Rougemont Denis de , « Condition de l’écrivain III : Mission civique de la culture », Jou
815 e garantie. f. Rougemont Denis de, « Condition de l’écrivain III : Mission civique de la culture », Journal de Genève,
816 arantie. f. Rougemont Denis de, « Condition de l’ écrivain III : Mission civique de la culture », Journal de Genève, Gen
817 , « Condition de l’écrivain III : Mission civique de la culture », Journal de Genève, Genève, 1 mars 1937, p. 1.
818  Condition de l’écrivain III : Mission civique de la culture », Journal de Genève, Genève, 1 mars 1937, p. 1.
819 in III : Mission civique de la culture », Journal de Genève, Genève, 1 mars 1937, p. 1.
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
820 L’ Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)g Le rêve, le romantisme ?
821 L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)g Le rêve, le romantisme ? Et traités en deux g
822 L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)g Le rêve, le romantisme ? Et traités en deux gros volumes qui, au surplus
823 romantique et le rêve (23 mars 1937)g Le rêve, le romantisme ? Et traités en deux gros volumes qui, au surplus, sont un
824 deux gros volumes qui, au surplus, sont une thèse de doctorat ?3 Quoi de moins actuel, sera-t-on tenté de penser. Notre âg
825 i, au surplus, sont une thèse de doctorat ?3 Quoi de moins actuel, sera-t-on tenté de penser. Notre âge est dur. Le temps
826 doctorat ?3 Quoi de moins actuel, sera-t-on tenté de penser. Notre âge est dur. Le temps des rêves est passé. « Nous ne so
827 el, sera-t-on tenté de penser. Notre âge est dur. Le temps des rêves est passé. « Nous ne sommes plus un peuple de rêveurs
828 rêves est passé. « Nous ne sommes plus un peuple de rêveurs et de philosophes ! », proclamait récemment M. Goebbels. Mais
829 sé. « Nous ne sommes plus un peuple de rêveurs et de philosophes ! », proclamait récemment M. Goebbels. Mais, tandis que s
830 récemment M. Goebbels. Mais, tandis que s’élevait l’ immense rumeur des heil ! et la vocifération triomphale des philistins
831 ndis que s’élevait l’immense rumeur des heil ! et la vocifération triomphale des philistins enfin vengés, perdu dans la fo
832 riomphale des philistins enfin vengés, perdu dans la foule exaltée je me disais : Qu’est-ce que tout cela, ce discours, ce
833 e que tout cela, ce discours, ces clameurs, sinon les phantasmes d’un rêve, d’un rêve de vie tendue, disciplinée, cruelle,
834 , ce discours, ces clameurs, sinon les phantasmes d’ un rêve, d’un rêve de vie tendue, disciplinée, cruelle, c’est vrai, rê
835 rs, ces clameurs, sinon les phantasmes d’un rêve, d’ un rêve de vie tendue, disciplinée, cruelle, c’est vrai, rêve pourtant
836 ameurs, sinon les phantasmes d’un rêve, d’un rêve de vie tendue, disciplinée, cruelle, c’est vrai, rêve pourtant, grande i
837 rêve pourtant, grande image collective exprimant le désir et l’inconscient d’un peuple, ses ambitions démesurées, ses uto
838 nt, grande image collective exprimant le désir et l’ inconscient d’un peuple, ses ambitions démesurées, ses utopies qui le
839 ge collective exprimant le désir et l’inconscient d’ un peuple, ses ambitions démesurées, ses utopies qui le consolent d’un
840 peuple, ses ambitions démesurées, ses utopies qui le consolent d’un présent beaucoup moins héroïque… En vérité, rien n’est
841 mbitions démesurées, ses utopies qui le consolent d’ un présent beaucoup moins héroïque… En vérité, rien n’est plus actuel
842 s héroïque… En vérité, rien n’est plus actuel que le phénomène du rêve, je dirais même en politique. Rien n’est plus impor
843 même en politique. Rien n’est plus important que de savoir la qualité, et la nature, des rêves qui mènent le monde, à un
844 olitique. Rien n’est plus important que de savoir la qualité, et la nature, des rêves qui mènent le monde, à un moment don
845 n’est plus important que de savoir la qualité, et la nature, des rêves qui mènent le monde, à un moment donné de son évolu
846 ir la qualité, et la nature, des rêves qui mènent le monde, à un moment donné de son évolution. À cette raison très généra
847 des rêves qui mènent le monde, à un moment donné de son évolution. À cette raison très générale d’approuver une étude du
848 né de son évolution. À cette raison très générale d’ approuver une étude du rêve et de l’inconscient telle que l’a poursuiv
849 on très générale d’approuver une étude du rêve et de l’inconscient telle que l’a poursuivie M. Albert Béguin, viennent s’a
850 très générale d’approuver une étude du rêve et de l’ inconscient telle que l’a poursuivie M. Albert Béguin, viennent s’ajou
851 r une étude du rêve et de l’inconscient telle que l’ a poursuivie M. Albert Béguin, viennent s’ajouter, en 1937, des opport
852 ’ajouter, en 1937, des opportunités plus précises d’ ordre culturel et littéraire. « Toute époque de la pensée humaine, dit
853 es d’ordre culturel et littéraire. « Toute époque de la pensée humaine, dit en débutant notre auteur, pourrait se définir,
854 d’ordre culturel et littéraire. « Toute époque de la pensée humaine, dit en débutant notre auteur, pourrait se définir, de
855 it en débutant notre auteur, pourrait se définir, de façon suffisamment profonde, par les relations qu’elle établit entre
856 t se définir, de façon suffisamment profonde, par les relations qu’elle établit entre le rêve et la vie réelle. » Or notre
857 profonde, par les relations qu’elle établit entre le rêve et la vie réelle. » Or notre époque, plus que toute autre semble
858 ar les relations qu’elle établit entre le rêve et la vie réelle. » Or notre époque, plus que toute autre semble-t-il, s’es
859 lus que toute autre semble-t-il, s’est attachée à l’ étude des rêves : qu’il suffise de citer Freud et Jung et, d’autre par
860 ’est attachée à l’étude des rêves : qu’il suffise de citer Freud et Jung et, d’autre part, l’école surréaliste. Une vague
861 suffise de citer Freud et Jung et, d’autre part, l’ école surréaliste. Une vague de rêves s’est étendue sur les années de
862 et, d’autre part, l’école surréaliste. Une vague de rêves s’est étendue sur les années de l’après-guerre, fécondant de va
863 surréaliste. Une vague de rêves s’est étendue sur les années de l’après-guerre, fécondant de vastes domaines : poésie, roma
864 . Une vague de rêves s’est étendue sur les années de l’après-guerre, fécondant de vastes domaines : poésie, roman, philoso
865 ne vague de rêves s’est étendue sur les années de l’ après-guerre, fécondant de vastes domaines : poésie, roman, philosophi
866 endue sur les années de l’après-guerre, fécondant de vastes domaines : poésie, roman, philosophie et sciences de l’homme.
867 domaines : poésie, roman, philosophie et sciences de l’homme. Il était temps qu’un ouvrage d’ensemble reprenne l’étude du
868 aines : poésie, roman, philosophie et sciences de l’ homme. Il était temps qu’un ouvrage d’ensemble reprenne l’étude du phé
869 sciences de l’homme. Il était temps qu’un ouvrage d’ ensemble reprenne l’étude du phénomène à ses racines : M. Béguin vient
870 Il était temps qu’un ouvrage d’ensemble reprenne l’ étude du phénomène à ses racines : M. Béguin vient de nous le donner,
871 phénomène à ses racines : M. Béguin vient de nous le donner, avec une maîtrise qui le met du coup au premier rang des hist
872 in vient de nous le donner, avec une maîtrise qui le met du coup au premier rang des historiens modernes de la culture. C’
873 t du coup au premier rang des historiens modernes de la culture. C’est en effet au romantisme allemand qu’il faut remonter
874 u coup au premier rang des historiens modernes de la culture. C’est en effet au romantisme allemand qu’il faut remonter si
875 fet au romantisme allemand qu’il faut remonter si l’ on veut étudier la source véritable de préoccupations qui parurent for
876 allemand qu’il faut remonter si l’on veut étudier la source véritable de préoccupations qui parurent fort nouvelles lorsqu
877 remonter si l’on veut étudier la source véritable de préoccupations qui parurent fort nouvelles lorsque se vulgarisa l’œuv
878 qui parurent fort nouvelles lorsque se vulgarisa l’ œuvre de Freud. M. Béguin, d’ailleurs, prend ses distances vis-à-vis d
879 urent fort nouvelles lorsque se vulgarisa l’œuvre de Freud. M. Béguin, d’ailleurs, prend ses distances vis-à-vis de la psy
880 uin, d’ailleurs, prend ses distances vis-à-vis de la psychanalyse. Les interprétations de la vie onirique, qu’il nous prop
881 prend ses distances vis-à-vis de la psychanalyse. Les interprétations de la vie onirique, qu’il nous propose, sont infinime
882 vis-à-vis de la psychanalyse. Les interprétations de la vie onirique, qu’il nous propose, sont infiniment plus larges que
883 -à-vis de la psychanalyse. Les interprétations de la vie onirique, qu’il nous propose, sont infiniment plus larges que cel
884 e celles du savant viennois. Elles englobent tout le mystère de la création poétique, elles font une part notable aux fact
885 savant viennois. Elles englobent tout le mystère de la création poétique, elles font une part notable aux facteurs spirit
886 vant viennois. Elles englobent tout le mystère de la création poétique, elles font une part notable aux facteurs spirituel
887 Tout le premier volume est d’ailleurs consacré à l’ examen des théories romantiques du rêve. Ce sera sans doute pour la pl
888 es lecteurs non spécialisés une découverte pleine d’ attraits : nous étions loin de nous douter de la « modernité » aiguë d
889 eine d’attraits : nous étions loin de nous douter de la « modernité » aiguë des problèmes que posèrent un Hamann, un Carus
890 e d’attraits : nous étions loin de nous douter de la « modernité » aiguë des problèmes que posèrent un Hamann, un Carus, à
891 mes que posèrent un Hamann, un Carus, à propos de l’ inconscient notamment. Tout ce que les plus récentes écoles ont passio
892 à propos de l’inconscient notamment. Tout ce que les plus récentes écoles ont passionnément discuté, se trouve déjà posé e
893 œuvres sont pratiquement inaccessibles au public de langue française : en exposant leur contenu essentiel avec une clarté
894 ittérature un service dont on ne saurait exagérer l’ importance. Je n’hésite pas à affirmer que cette thèse fera date dans
895 ite pas à affirmer que cette thèse fera date dans l’ évolution naturelle du « domaine français » : d’une part en nous renda
896 d’une part en nous rendant accessible et actuelle la période la plus riche de la pensée germanique, d’autre part en déclar
897 en nous rendant accessible et actuelle la période la plus riche de la pensée germanique, d’autre part en déclarant et soul
898 t accessible et actuelle la période la plus riche de la pensée germanique, d’autre part en déclarant et soulignant des cor
899 ccessible et actuelle la période la plus riche de la pensée germanique, d’autre part en déclarant et soulignant des corres
900 espondances profondes, et toutes nouvelles, entre le romantisme allemand et les plus grands poètes modernes de la France :
901 toutes nouvelles, entre le romantisme allemand et les plus grands poètes modernes de la France : Nerval, Hugo, Baudelaire e
902 tisme allemand et les plus grands poètes modernes de la France : Nerval, Hugo, Baudelaire et Mallarmé, pour ne rien dire d
903 me allemand et les plus grands poètes modernes de la France : Nerval, Hugo, Baudelaire et Mallarmé, pour ne rien dire des
904 ontemporains. Il serait passionnant, à cet égard, de pousser plus avant cette étude, et de montrer l’analogie que présente
905 cet égard, de pousser plus avant cette étude, et de montrer l’analogie que présentent les recherches d’un Valéry ou d’un
906 de pousser plus avant cette étude, et de montrer l’ analogie que présentent les recherches d’un Valéry ou d’un Claudel ave
907 te étude, et de montrer l’analogie que présentent les recherches d’un Valéry ou d’un Claudel avec celles d’un Novalis, par
908 montrer l’analogie que présentent les recherches d’ un Valéry ou d’un Claudel avec celles d’un Novalis, par exemple. Ce se
909 ogie que présentent les recherches d’un Valéry ou d’ un Claudel avec celles d’un Novalis, par exemple. Ce serait l’occasion
910 echerches d’un Valéry ou d’un Claudel avec celles d’ un Novalis, par exemple. Ce serait l’occasion de réviser bien des préj
911 avec celles d’un Novalis, par exemple. Ce serait l’ occasion de réviser bien des préjugés ancrés dans nos esprits, notamme
912 s d’un Novalis, par exemple. Ce serait l’occasion de réviser bien des préjugés ancrés dans nos esprits, notamment le préju
913 n des préjugés ancrés dans nos esprits, notamment le préjugé qui veut que les romantiques allemands n’aient été que de « d
914 ns nos esprits, notamment le préjugé qui veut que les romantiques allemands n’aient été que de « doux rêveurs », alors qu’i
915 eut que les romantiques allemands n’aient été que de « doux rêveurs », alors qu’ils furent souvent, en réalité, des esprit
916 rs qu’ils furent souvent, en réalité, des esprits d’ une lucidité puissante, voire téméraire. On saura gré, d’ailleurs, à M
917 re. On saura gré, d’ailleurs, à M. Albert Béguin, d’ avoir su marquer avec tant de justesse le point précis où l’entreprise
918 Béguin, d’avoir su marquer avec tant de justesse le point précis où l’entreprise titanesque du romantisme déborde les lim
919 marquer avec tant de justesse le point précis où l’ entreprise titanesque du romantisme déborde les limites assignées à la
920 où l’entreprise titanesque du romantisme déborde les limites assignées à la personne humaine dans sa réalité. Il y fallait
921 que du romantisme déborde les limites assignées à la personne humaine dans sa réalité. Il y fallait toutes les ressources
922 onne humaine dans sa réalité. Il y fallait toutes les ressources d’un esprit bien armé par nos classiques, alliées à une pr
923 ns sa réalité. Il y fallait toutes les ressources d’ un esprit bien armé par nos classiques, alliées à une profonde sympath
924 classiques, alliées à une profonde sympathie pour les hardiesses de la pensée allemande. Il me plaît de souligner ici la ré
925 iées à une profonde sympathie pour les hardiesses de la pensée allemande. Il me plaît de souligner ici la réussite d’une t
926 s à une profonde sympathie pour les hardiesses de la pensée allemande. Il me plaît de souligner ici la réussite d’une tell
927 es hardiesses de la pensée allemande. Il me plaît de souligner ici la réussite d’une telle synthèse, dont il est permis de
928 la pensée allemande. Il me plaît de souligner ici la réussite d’une telle synthèse, dont il est permis de croire qu’elle e
929 lemande. Il me plaît de souligner ici la réussite d’ une telle synthèse, dont il est permis de croire qu’elle exprime la vo
930 réussite d’une telle synthèse, dont il est permis de croire qu’elle exprime la vocation européenne des Suisses français da
931 èse, dont il est permis de croire qu’elle exprime la vocation européenne des Suisses français dans l’ordre de l’esprit.
932 la vocation européenne des Suisses français dans l’ ordre de l’esprit. 3. Éditions des Cahiers du Sud, Marseille. g. R
933 tion européenne des Suisses français dans l’ordre de l’esprit. 3. Éditions des Cahiers du Sud, Marseille. g. Rougemont
934 n européenne des Suisses français dans l’ordre de l’ esprit. 3. Éditions des Cahiers du Sud, Marseille. g. Rougemont De
935 s Cahiers du Sud, Marseille. g. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Albert Béguin, L’Âme romantique et le rêve  », Jour
936 ugemont Denis de, « [Compte rendu] Albert Béguin, L’ Âme romantique et le rêve  », Journal de Genève, Genève, 23 mars 1937,
937 [Compte rendu] Albert Béguin, L’Âme romantique et le rêve  », Journal de Genève, Genève, 23 mars 1937, p. 1.
938 t Béguin, L’Âme romantique et le rêve  », Journal de Genève, Genève, 23 mars 1937, p. 1.
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
939 Veille d’ élection présidentielle (14 novembre 1940)h i New York, 25 octobre
940 (14 novembre 1940)h i New York, 25 octobre. La campagne électorale qui prendra fin au moment où cet article atteindr
941 ui prendra fin au moment où cet article atteindra la Suisse est l’une des plus violentes qu’aient connue les États-Unis. D
942 isse est l’une des plus violentes qu’aient connue les États-Unis. D’autant plus violente, semble-t-il, que l’enjeu en est p
943 es plus violentes qu’aient connue les États-Unis. D’ autant plus violente, semble-t-il, que l’enjeu en est plus confus, com
944 ts-Unis. D’autant plus violente, semble-t-il, que l’ enjeu en est plus confus, comme il arrive souvent dans les luttes poli
945 en est plus confus, comme il arrive souvent dans les luttes politiques. Roosevelt représente le New Deal, c’est-à-dire un
946 dans les luttes politiques. Roosevelt représente le New Deal, c’est-à-dire un ensemble assez peu homogène de réformes soc
947 Deal, c’est-à-dire un ensemble assez peu homogène de réformes sociales et économiques. Willkie représente Wall Street, c’e
948 ues. Willkie représente Wall Street, c’est-à-dire le capitalisme traditionnel. Mais Willkie promet aux foules de conserver
949 isme traditionnel. Mais Willkie promet aux foules de conserver et même de développer presque toutes les mesures adoptées p
950 is Willkie promet aux foules de conserver et même de développer presque toutes les mesures adoptées par le New Deal, et il
951 de conserver et même de développer presque toutes les mesures adoptées par le New Deal, et il vient de recevoir l’appui off
952 évelopper presque toutes les mesures adoptées par le New Deal, et il vient de recevoir l’appui officiel de John C. Lewis,
953 adoptées par le New Deal, et il vient de recevoir l’ appui officiel de John C. Lewis, chef de la fraction syndicaliste la p
954 ew Deal, et il vient de recevoir l’appui officiel de John C. Lewis, chef de la fraction syndicaliste la plus « rouge » des
955 recevoir l’appui officiel de John C. Lewis, chef de la fraction syndicaliste la plus « rouge » des États-Unis. Relativeme
956 cevoir l’appui officiel de John C. Lewis, chef de la fraction syndicaliste la plus « rouge » des États-Unis. Relativement
957 e John C. Lewis, chef de la fraction syndicaliste la plus « rouge » des États-Unis. Relativement à la politique extérieure
958 la plus « rouge » des États-Unis. Relativement à la politique extérieure, l’opposition des deux candidats n’est guère plu
959 ats-Unis. Relativement à la politique extérieure, l’ opposition des deux candidats n’est guère plus claire. Roosevelt a pri
960 ère plus claire. Roosevelt a pris position contre l’ idéal totalitaire, et ses partisans accusent Willkie de jouer — sans l
961 al totalitaire, et ses partisans accusent Willkie de jouer — sans le vouloir — le jeu des totalitaires. Mais Willkie répli
962 et ses partisans accusent Willkie de jouer — sans le vouloir — le jeu des totalitaires. Mais Willkie réplique que c’est Ro
963 ans accusent Willkie de jouer — sans le vouloir — le jeu des totalitaires. Mais Willkie réplique que c’est Roosevelt qui,
964 ir pour un « third term » — une troisième période de quatre ans —, sape les bases de la démocratie américaine et crée le v
965 m » — une troisième période de quatre ans —, sape les bases de la démocratie américaine et crée le véritable danger dictato
966 troisième période de quatre ans —, sape les bases de la démocratie américaine et crée le véritable danger dictatorial. Peu
967 isième période de quatre ans —, sape les bases de la démocratie américaine et crée le véritable danger dictatorial. Peut-o
968 ape les bases de la démocratie américaine et crée le véritable danger dictatorial. Peut-on dire, pour simplifier, qu’avec
969 Peut-on dire, pour simplifier, qu’avec Roosevelt l’ entrée en guerre des États-Unis serait un peu plus probable qu’avec Wi
970 -t-elle un rôle plus important qu’on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut bien se l’avouer ici dans le choix qu’est en t
971 on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut bien se l’ avouer ici dans le choix qu’est en train de faire le corps électoral a
972 dire, ou qu’on ne veut bien se l’avouer ici dans le choix qu’est en train de faire le corps électoral américain. Qu’on ne
973 avouer ici dans le choix qu’est en train de faire le corps électoral américain. Qu’on ne s’y trompe pas : le parti proalle
974 ps électoral américain. Qu’on ne s’y trompe pas : le parti proallemand est extrêmement faible aux États-Unis, mais le part
975 emand est extrêmement faible aux États-Unis, mais le parti antiguerre reste fort. En sera-t-il de même lorsque cet article
976 lorsque cet article paraîtra ? Il y a huit jours, les experts presque unanimes donnaient Roosevelt gagnant par 2 à 1. Aujou
977 nnaient Roosevelt gagnant par 2 à 1. Aujourd’hui, les chances de Willkie paraissent augmenter rapidement : les journaux par
978 evelt gagnant par 2 à 1. Aujourd’hui, les chances de Willkie paraissent augmenter rapidement : les journaux parlent de 48 
979 nces de Willkie paraissent augmenter rapidement : les journaux parlent de 48 % des voix à Willkie contre 50 % à Roosevelt,
980 ssent augmenter rapidement : les journaux parlent de 48 % des voix à Willkie contre 50 % à Roosevelt, le résidu allant aux
981 48 % des voix à Willkie contre 50 % à Roosevelt, le résidu allant aux candidats socialiste et communiste. Que s’est-il pa
982 uniste. Que s’est-il passé ? Personne ne pourrait le dire avec certitude, pas plus qu’on ne saurait prévoir l’issue de la
983 avec certitude, pas plus qu’on ne saurait prévoir l’ issue de la campagne. Ce qui rend cette dernière si « excitante » pour
984 titude, pas plus qu’on ne saurait prévoir l’issue de la campagne. Ce qui rend cette dernière si « excitante » pour les mas
985 ude, pas plus qu’on ne saurait prévoir l’issue de la campagne. Ce qui rend cette dernière si « excitante » pour les masses
986 Ce qui rend cette dernière si « excitante » pour les masses, c’est précisément le nombre des inconnues qu’elle met en jeu
987 « excitante » pour les masses, c’est précisément le nombre des inconnues qu’elle met en jeu et l’instabilité caractéristi
988 ent le nombre des inconnues qu’elle met en jeu et l’ instabilité caractéristique des passions dans ce pays. Je parlais tout
989 ique des passions dans ce pays. Je parlais tout à l’ heure d’une campagne violente. Cette épithète demande quelques explica
990 passions dans ce pays. Je parlais tout à l’heure d’ une campagne violente. Cette épithète demande quelques explications. E
991 pithète demande quelques explications. En Europe, la violence politique s’exprime par des bagarres et des injures, par une
992 res et des injures, par une fanatique intolérance de part et d’autre. En Amérique, il s’agit de quelque chose qui rappelle
993 injures, par une fanatique intolérance de part et d’ autre. En Amérique, il s’agit de quelque chose qui rappelle beaucoup p
994 érance de part et d’autre. En Amérique, il s’agit de quelque chose qui rappelle beaucoup plus la violence d’un match de fo
995 ’agit de quelque chose qui rappelle beaucoup plus la violence d’un match de football. M. Willkie et même Mrs Willkie ont r
996 lque chose qui rappelle beaucoup plus la violence d’ un match de football. M. Willkie et même Mrs Willkie ont reçu quelques
997 qui rappelle beaucoup plus la violence d’un match de football. M. Willkie et même Mrs Willkie ont reçu quelques œufs sur l
998 ie et même Mrs Willkie ont reçu quelques œufs sur la tête, mais ces manifestations somme toute peu dangereuses, de la pass
999 s ces manifestations somme toute peu dangereuses, de la passion politique, sont considérées comme des tricheries regrettab
1000 es manifestations somme toute peu dangereuses, de la passion politique, sont considérées comme des tricheries regrettables
1001 e des tricheries regrettables, dénotant un manque d’ éducation civique très exceptionnel. Loin d’exulter, les démocrates s’
1002 anque d’éducation civique très exceptionnel. Loin d’ exulter, les démocrates s’excusent, déplorent, sont désolés. Le manife
1003 cation civique très exceptionnel. Loin d’exulter, les démocrates s’excusent, déplorent, sont désolés. Le manifestant lui-mê
1004 s démocrates s’excusent, déplorent, sont désolés. Le manifestant lui-même se déclare désolé… Car la règle tacitement admis
1005 s. Le manifestant lui-même se déclare désolé… Car la règle tacitement admise est de laisser à chaque joueur toutes ses cha
1006 éclare désolé… Car la règle tacitement admise est de laisser à chaque joueur toutes ses chances, et de ne pas gêner son je
1007 de laisser à chaque joueur toutes ses chances, et de ne pas gêner son jeu davantage qu’on ne fait lors d’un match. On peut
1008 ne pas gêner son jeu davantage qu’on ne fait lors d’ un match. On peut applaudir ou huer, mais non pas entrer dans le terra
1009 peut applaudir ou huer, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’on se doit d’applaudir également les points marqués par
1010 ou huer, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’ on se doit d’applaudir également les points marqués par l’un et l’autr
1011 s non pas entrer dans le terrain. Et l’on se doit d’ applaudir également les points marqués par l’un et l’autre des adversa
1012 le terrain. Et l’on se doit d’applaudir également les points marqués par l’un et l’autre des adversaires : c’est le meilleu
1013 rqués par l’un et l’autre des adversaires : c’est le meilleur qui gagnera. Bien que la presse, à peu d’exceptions près, so
1014 rsaires : c’est le meilleur qui gagnera. Bien que la presse, à peu d’exceptions près, soutienne Willkie — comme elle souti
1015 e meilleur qui gagnera. Bien que la presse, à peu d’ exceptions près, soutienne Willkie — comme elle soutint Landon il y a
1016 e — comme elle soutint Landon il y a quatre ans — l’ information reste impartiale et le ton des critiques objectif. Un gran
1017 a quatre ans — l’information reste impartiale et le ton des critiques objectif. Un grand magazine publiait l’autre semain
1018 ancien secrétaire, l’autre contre Willkie, par un de ses amis de jeunesse. Les deux auteurs insistaient longuement sur la
1019 taire, l’autre contre Willkie, par un de ses amis de jeunesse. Les deux auteurs insistaient longuement sur la sympathie pe
1020 e contre Willkie, par un de ses amis de jeunesse. Les deux auteurs insistaient longuement sur la sympathie personnelle qui
1021 esse. Les deux auteurs insistaient longuement sur la sympathie personnelle qui les liait au candidat contre lequel ils pro
1022 aient longuement sur la sympathie personnelle qui les liait au candidat contre lequel ils proposaient cependant de voter. F
1023 candidat contre lequel ils proposaient cependant de voter. Fair play ! Ce qui frappe le plus un Européen fraîchement déba
1024 ent cependant de voter. Fair play ! Ce qui frappe le plus un Européen fraîchement débarqué, c’est l’absence quasi totale d
1025 e le plus un Européen fraîchement débarqué, c’est l’ absence quasi totale d’arguments idéologiques dans ce grand débat démo
1026 raîchement débarqué, c’est l’absence quasi totale d’ arguments idéologiques dans ce grand débat démocratique. Toute la polé
1027 ologiques dans ce grand débat démocratique. Toute la polémique se ramène à deux séries d’arguments : arguments de technici
1028 tique. Toute la polémique se ramène à deux séries d’ arguments : arguments de techniciens et arguments personnels. C’est ai
1029 e se ramène à deux séries d’arguments : arguments de techniciens et arguments personnels. C’est ainsi que, dans chaque jou
1030 ire quelques articles sérieusement documentés sur les défauts économiques du New Deal, suivis de lettres d’abonnés discutan
1031 s sur les défauts économiques du New Deal, suivis de lettres d’abonnés discutant les opinions publiées les jours précédent
1032 éfauts économiques du New Deal, suivis de lettres d’ abonnés discutant les opinions publiées les jours précédents. À côté d
1033 u New Deal, suivis de lettres d’abonnés discutant les opinions publiées les jours précédents. À côté de ce débat académique
1034 lettres d’abonnés discutant les opinions publiées les jours précédents. À côté de ce débat académique — recouvrant d’ailleu
1035 ls et non des idées — vous trouverez des articles d’ un ton beaucoup plus mordant, relatifs aux circonstances personnelles
1036 ifs aux circonstances personnelles des candidats. La campagne des républicains a porté, pendant plus d’une semaine, sur un
1037 a campagne des républicains a porté, pendant plus d’ une semaine, sur un incident minuscule : la promotion trop rapide d’un
1038 t plus d’une semaine, sur un incident minuscule : la promotion trop rapide d’un des fils de Roosevelt au grade de capitain
1039 un incident minuscule : la promotion trop rapide d’ un des fils de Roosevelt au grade de capitaine aviateur. Cet acte de f
1040 inuscule : la promotion trop rapide d’un des fils de Roosevelt au grade de capitaine aviateur. Cet acte de favoritisme a é
1041 n trop rapide d’un des fils de Roosevelt au grade de capitaine aviateur. Cet acte de favoritisme a été exploité à fond pou
1042 oosevelt au grade de capitaine aviateur. Cet acte de favoritisme a été exploité à fond pour persuader l’Américain moyen de
1043 favoritisme a été exploité à fond pour persuader l’ Américain moyen des intentions « dictatoriales » du président. Les par
1044 en des intentions « dictatoriales » du président. Les partisans de Willkie mirent en vente un bouton-insigne portant la dev
1045 ons « dictatoriales » du président. Les partisans de Willkie mirent en vente un bouton-insigne portant la devise : « Je vo
1046 Willkie mirent en vente un bouton-insigne portant la devise : « Je voudrais, moi aussi, être nommé capitaine. » La mode de
1047 « Je voudrais, moi aussi, être nommé capitaine. » La mode des boutons à slogans fait d’ailleurs fureur. L’Américain n’aime
1048 ode des boutons à slogans fait d’ailleurs fureur. L’ Américain n’aime guère discuter, mais il aime faire connaître son opin
1049 sevelt) comme président. » Tout cela paraît, dans l’ ensemble, gentil, un peu puéril, mi-publicitaire mi-sportif, et l’on a
1050 il, un peu puéril, mi-publicitaire mi-sportif, et l’ on a souvent peine à croire que l’enjeu de cette compétition soit tout
1051 mi-sportif, et l’on a souvent peine à croire que l’ enjeu de cette compétition soit tout à fait pris au sérieux par les él
1052 tif, et l’on a souvent peine à croire que l’enjeu de cette compétition soit tout à fait pris au sérieux par les électeurs.
1053 compétition soit tout à fait pris au sérieux par les électeurs. Pourtant personne n’ignore que le sort du pays dépendra ce
1054 par les électeurs. Pourtant personne n’ignore que le sort du pays dépendra certainement — quoique d’une manière encore imp
1055 e le sort du pays dépendra certainement — quoique d’ une manière encore imprévisible — de la décision du 5 novembre. Ce jou
1056 ent — quoique d’une manière encore imprévisible — de la décision du 5 novembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’i
1057 — quoique d’une manière encore imprévisible — de la décision du 5 novembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’ils
1058 sible — de la décision du 5 novembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’ils pensent en tant que nation. Ils auront c
1059 ’ils pensent en tant que nation. Ils auront cessé de parier. Si Roosevelt l’emporte, les événements suivront leur cours ac
1060 nation. Ils auront cessé de parier. Si Roosevelt l’ emporte, les événements suivront leur cours actuel, et le programme de
1061 s auront cessé de parier. Si Roosevelt l’emporte, les événements suivront leur cours actuel, et le programme de défense nat
1062 te, les événements suivront leur cours actuel, et le programme de défense nationale deviendra un programme nationaliste. E
1063 ments suivront leur cours actuel, et le programme de défense nationale deviendra un programme nationaliste. En somme, l’op
1064 le deviendra un programme nationaliste. En somme, l’ opposition des deux candidats peut être assez bien résumée par cette f
1065 être assez bien résumée par cette formule : C’est l’ opposition d’un aristocrate socialisant — Roosevelt — et d’un autorita
1066 en résumée par cette formule : C’est l’opposition d’ un aristocrate socialisant — Roosevelt — et d’un autoritaire plébéien,
1067 ion d’un aristocrate socialisant — Roosevelt — et d’ un autoritaire plébéien, s’accusant réciproquement de tendances antidé
1068 n autoritaire plébéien, s’accusant réciproquement de tendances antidémocratiques. La seule conclusion claire qui se dégage
1069 nt réciproquement de tendances antidémocratiques. La seule conclusion claire qui se dégage de ces paradoxes politiques me
1070 atiques. La seule conclusion claire qui se dégage de ces paradoxes politiques me paraît être la suivante : Quoi qu’il arri
1071 dégage de ces paradoxes politiques me paraît être la suivante : Quoi qu’il arrive le 5 novembre, l’unanimité des Américain
1072 es me paraît être la suivante : Quoi qu’il arrive le 5 novembre, l’unanimité des Américains se reformera toujours sur le m
1073 re la suivante : Quoi qu’il arrive le 5 novembre, l’ unanimité des Américains se reformera toujours sur le mot d’ordre : dé
1074 nanimité des Américains se reformera toujours sur le mot d’ordre : démocratie. Car « démocratie », dans ce pays, n’est pas
1075  », dans ce pays, n’est pas un terme usé comme il l’ était en France, mais un synonyme de santé civique, de volonté humaine
1076 usé comme il l’était en France, mais un synonyme de santé civique, de volonté humaine et de liberté chrétienne. Non seule
1077 ait en France, mais un synonyme de santé civique, de volonté humaine et de liberté chrétienne. Non seulement d’espoir, mai
1078 synonyme de santé civique, de volonté humaine et de liberté chrétienne. Non seulement d’espoir, mais de force. h. Roug
1079 é humaine et de liberté chrétienne. Non seulement d’ espoir, mais de force. h. Rougemont Denis de, « Veille d’élection p
1080 liberté chrétienne. Non seulement d’espoir, mais de force. h. Rougemont Denis de, « Veille d’élection présidentielle »
1081 nt d’espoir, mais de force. h. Rougemont Denis de , « Veille d’élection présidentielle », Journal de Genève, Genève, 14
1082 mais de force. h. Rougemont Denis de, « Veille d’ élection présidentielle », Journal de Genève, Genève, 14 novembre 1940
1083 de, « Veille d’élection présidentielle », Journal de Genève, Genève, 14 novembre 1940, p. 1-2. i. Le journal précise : « 
1084 de Genève, Genève, 14 novembre 1940, p. 1-2. i. Le journal précise : « De notre envoyé spécial ».
1085 novembre 1940, p. 1-2. i. Le journal précise : «  De notre envoyé spécial ».
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
1086 Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)j k New York, décembre
1087 Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)j k New York, décembre J’
1088 w York, décembre J’étais à Times Square, au cœur de Manhattan, le soir de l’élection présidentielle. À neuf heures, nous
1089 re J’étais à Times Square, au cœur de Manhattan, le soir de l’élection présidentielle. À neuf heures, nous étions cent-mi
1090 ais à Times Square, au cœur de Manhattan, le soir de l’élection présidentielle. À neuf heures, nous étions cent-mille, à o
1091 à Times Square, au cœur de Manhattan, le soir de l’ élection présidentielle. À neuf heures, nous étions cent-mille, à onze
1092 tions cent-mille, à onze heures, un demi-million. Le tout dans un ordre parfait, sous l’œil amical de trois-cents policeme
1093 demi-million. Le tout dans un ordre parfait, sous l’ œil amical de trois-cents policemen montés. On circulait sans nulle pe
1094 Le tout dans un ordre parfait, sous l’œil amical de trois-cents policemen montés. On circulait sans nulle peine autour du
1095 du Times, sur lequel passaient en rubans lumineux les résultats de la journée. À neuf heures, Willkie semblait mener. On ve
1096 lequel passaient en rubans lumineux les résultats de la journée. À neuf heures, Willkie semblait mener. On vendait à la cr
1097 uel passaient en rubans lumineux les résultats de la journée. À neuf heures, Willkie semblait mener. On vendait à la criée
1098 neuf heures, Willkie semblait mener. On vendait à la criée les derniers stocks de boutons au nom des candidats. À dix heur
1099 es, Willkie semblait mener. On vendait à la criée les derniers stocks de boutons au nom des candidats. À dix heures, les ch
1100 mener. On vendait à la criée les derniers stocks de boutons au nom des candidats. À dix heures, les chapeaux commencèrent
1101 ks de boutons au nom des candidats. À dix heures, les chapeaux commencèrent à s’orner de bandes de papier portant : « Je vo
1102 À dix heures, les chapeaux commencèrent à s’orner de bandes de papier portant : « Je vous l’avais bien dit ! » Une neige d
1103 es, les chapeaux commencèrent à s’orner de bandes de papier portant : « Je vous l’avais bien dit ! » Une neige de papiers
1104 à s’orner de bandes de papier portant : « Je vous l’ avais bien dit ! » Une neige de papiers multicolores descendait lentem
1105 ortant : « Je vous l’avais bien dit ! » Une neige de papiers multicolores descendait lentement du haut des gratte-ciel, da
1106 tement du haut des gratte-ciel, dansant à travers les faisceaux des projecteurs de cinéma. De quelque trentième étage, on d
1107 , dansant à travers les faisceaux des projecteurs de cinéma. De quelque trentième étage, on déroulait d’immenses serpentin
1108 travers les faisceaux des projecteurs de cinéma. De quelque trentième étage, on déroulait d’immenses serpentins blancs, b
1109 cinéma. De quelque trentième étage, on déroulait d’ immenses serpentins blancs, bleus et rouges. À onze heures, la foule é
1110 erpentins blancs, bleus et rouges. À onze heures, la foule épela ces mots courant sur les murailles du Times : « Roosevelt
1111 onze heures, la foule épela ces mots courant sur les murailles du Times : « Roosevelt entraîne New York City par 270 000 v
1112 Roosevelt entraîne New York City par 270 000 voix de majorité. » Je n’oublierai pas la rumeur qui monta lentement des mass
1113 ar 270 000 voix de majorité. » Je n’oublierai pas la rumeur qui monta lentement des masses, à mesure que la nouvelle faisa
1114 meur qui monta lentement des masses, à mesure que la nouvelle faisait le tour du bâtiment, se transmettait dans la profond
1115 ment des masses, à mesure que la nouvelle faisait le tour du bâtiment, se transmettait dans la profondeur des rues environ
1116 faisait le tour du bâtiment, se transmettait dans la profondeur des rues environnantes et revenait submerger le square com
1117 deur des rues environnantes et revenait submerger le square comme une marée de joie. Je n’oublierai pas le bonheur brillan
1118 s et revenait submerger le square comme une marée de joie. Je n’oublierai pas le bonheur brillant dans tous ces yeux levés
1119 quare comme une marée de joie. Je n’oublierai pas le bonheur brillant dans tous ces yeux levés, la fraternisation générale
1120 pas le bonheur brillant dans tous ces yeux levés, la fraternisation générale des classes et des races, les plaisanteries c
1121 fraternisation générale des classes et des races, les plaisanteries cordiales adressées aux derniers porteurs de boutons Wi
1122 nteries cordiales adressées aux derniers porteurs de boutons Willkie, — ce sentiment, cette sensation physique d’un renver
1123 Willkie, — ce sentiment, cette sensation physique d’ un renversement du destin en faveur de la démocratie. Et plus tard dan
1124 physique d’un renversement du destin en faveur de la démocratie. Et plus tard dans la nuit, traversant le square presque d
1125 tin en faveur de la démocratie. Et plus tard dans la nuit, traversant le square presque déserté, cette femme du peuple qui
1126 démocratie. Et plus tard dans la nuit, traversant le square presque déserté, cette femme du peuple qui chantait à pleine v
1127 cette femme du peuple qui chantait à pleine voix le Star-Spangled Banner, avec la ferveur d’une évangéliste de l’Armée du
1128 ntait à pleine voix le Star-Spangled Banner, avec la ferveur d’une évangéliste de l’Armée du salut. Trois jours plus tôt,
1129 ine voix le Star-Spangled Banner, avec la ferveur d’ une évangéliste de l’Armée du salut. Trois jours plus tôt, une dame mi
1130 pangled Banner, avec la ferveur d’une évangéliste de l’Armée du salut. Trois jours plus tôt, une dame milliardaire me décl
1131 gled Banner, avec la ferveur d’une évangéliste de l’ Armée du salut. Trois jours plus tôt, une dame milliardaire me déclara
1132 ment : « Si Roosevelt gagne, je remplis mes caves de conserves. Car ce sera, je vous le dis, la famine et le bolchévisme !
1133 plis mes caves de conserves. Car ce sera, je vous le dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame s’occupe aujourd’hui,
1134 caves de conserves. Car ce sera, je vous le dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame s’occupe aujourd’hui, comme t
1135 serves. Car ce sera, je vous le dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame s’occupe aujourd’hui, comme toutes ses par
1136 ses pareilles, à réunir des conserves, mais pour l’ Angleterre, à présider des comités pour l’Angleterre, à donner des bal
1137 is pour l’Angleterre, à présider des comités pour l’ Angleterre, à donner des bals pour l’Angleterre, à payer des ambulance
1138 comités pour l’Angleterre, à donner des bals pour l’ Angleterre, à payer des ambulances pour l’Angleterre. Le lendemain mêm
1139 ls pour l’Angleterre, à payer des ambulances pour l’ Angleterre. Le lendemain même de l’élection, toute la presse qui venai
1140 eterre, à payer des ambulances pour l’Angleterre. Le lendemain même de l’élection, toute la presse qui venait de soutenir
1141 s ambulances pour l’Angleterre. Le lendemain même de l’élection, toute la presse qui venait de soutenir Willkie avec ensem
1142 mbulances pour l’Angleterre. Le lendemain même de l’ élection, toute la presse qui venait de soutenir Willkie avec ensemble
1143 ngleterre. Le lendemain même de l’élection, toute la presse qui venait de soutenir Willkie avec ensemble, et qui n’avait p
1144 r Willkie avec ensemble, et qui n’avait pas cessé de démontrer que Roosevelt signifiait ruine, division, guerre et inflati
1145 uerre et inflation, toute cette presse proclamait l’ union des partis, l’oubli des polémiques, la confiance dans le gouvern
1146 toute cette presse proclamait l’union des partis, l’ oubli des polémiques, la confiance dans le gouvernement et la nécessit
1147 amait l’union des partis, l’oubli des polémiques, la confiance dans le gouvernement et la nécessité d’augmenter l’aide à l
1148 partis, l’oubli des polémiques, la confiance dans le gouvernement et la nécessité d’augmenter l’aide à l’Angleterre. Willk
1149 polémiques, la confiance dans le gouvernement et la nécessité d’augmenter l’aide à l’Angleterre. Willkie faisait une décl
1150 la confiance dans le gouvernement et la nécessité d’ augmenter l’aide à l’Angleterre. Willkie faisait une déclaration de lo
1151 dans le gouvernement et la nécessité d’augmenter l’ aide à l’Angleterre. Willkie faisait une déclaration de loyauté au pré
1152 gouvernement et la nécessité d’augmenter l’aide à l’ Angleterre. Willkie faisait une déclaration de loyauté au président et
1153 e à l’Angleterre. Willkie faisait une déclaration de loyauté au président et lui offrait l’appui d’une « opposition constr
1154 éclaration de loyauté au président et lui offrait l’ appui d’une « opposition constructive ». On brûlait sur les places les
1155 on de loyauté au président et lui offrait l’appui d’ une « opposition constructive ». On brûlait sur les places les panneau
1156 d’une « opposition constructive ». On brûlait sur les places les panneaux et les insignes de propagande. La majorité avait
1157 osition constructive ». On brûlait sur les places les panneaux et les insignes de propagande. La majorité avait parlé, le m
1158 tive ». On brûlait sur les places les panneaux et les insignes de propagande. La majorité avait parlé, le match était termi
1159 ûlait sur les places les panneaux et les insignes de propagande. La majorité avait parlé, le match était terminé, et parce
1160 laces les panneaux et les insignes de propagande. La majorité avait parlé, le match était terminé, et parce que la démocra
1161 insignes de propagande. La majorité avait parlé, le match était terminé, et parce que la démocratie avait tenu le coup, p
1162 avait parlé, le match était terminé, et parce que la démocratie avait tenu le coup, personne ne se sentait vraiment battu.
1163 it terminé, et parce que la démocratie avait tenu le coup, personne ne se sentait vraiment battu. On peut dire aujourd’hui
1164 tu. On peut dire aujourd’hui sans exagération que la réélection de Roosevelt a été l’une des trois « Kraftprobe » de la dé
1165 re aujourd’hui sans exagération que la réélection de Roosevelt a été l’une des trois « Kraftprobe » de la démocratie au xx
1166 de Roosevelt a été l’une des trois « Kraftprobe » de la démocratie au xxe siècle. La première a été perdue par la France.
1167 Roosevelt a été l’une des trois « Kraftprobe » de la démocratie au xxe siècle. La première a été perdue par la France. La
1168 atie au xxe siècle. La première a été perdue par la France. La seconde a été gagnée par l’Amérique. En attendant le résul
1169 perdue par la France. La seconde a été gagnée par l’ Amérique. En attendant le résultat de la troisième et dernière manche,
1170 seconde a été gagnée par l’Amérique. En attendant le résultat de la troisième et dernière manche, c’est-à-dire l’issue de
1171 é gagnée par l’Amérique. En attendant le résultat de la troisième et dernière manche, c’est-à-dire l’issue de la lutte que
1172 de la troisième et dernière manche, c’est-à-dire l’ issue de la lutte que soutient l’Empire britannique, essayons de compr
1173 roisième et dernière manche, c’est-à-dire l’issue de la lutte que soutient l’Empire britannique, essayons de comprendre le
1174 sième et dernière manche, c’est-à-dire l’issue de la lutte que soutient l’Empire britannique, essayons de comprendre les r
1175 he, c’est-à-dire l’issue de la lutte que soutient l’ Empire britannique, essayons de comprendre les raisons de la santé dém
1176 lutte que soutient l’Empire britannique, essayons de comprendre les raisons de la santé démocratique des USA. Un organisme
1177 ient l’Empire britannique, essayons de comprendre les raisons de la santé démocratique des USA. Un organisme est sain lorsq
1178 e britannique, essayons de comprendre les raisons de la santé démocratique des USA. Un organisme est sain lorsqu’il est ca
1179 ritannique, essayons de comprendre les raisons de la santé démocratique des USA. Un organisme est sain lorsqu’il est capab
1180 USA. Un organisme est sain lorsqu’il est capable de cicatriser rapidement ses blessures : signe que sa circulation est bo
1181 lessures : signe que sa circulation est bonne. Si les oppositions politiques les plus violentes laissent peu ou point de ra
1182 culation est bonne. Si les oppositions politiques les plus violentes laissent peu ou point de rancune et se résolvent si ra
1183 litiques les plus violentes laissent peu ou point de rancune et se résolvent si rapidement aux États-Unis, c’est en grande
1184 aux États-Unis, c’est en grande partie à cause de la constante circulation d’idées et d’hommes qui s’est établie dans ce p
1185 grande partie à cause de la constante circulation d’ idées et d’hommes qui s’est établie dans ce pays entre le gouvernement
1186 ie à cause de la constante circulation d’idées et d’ hommes qui s’est établie dans ce pays entre le gouvernement et la popu
1187 et d’hommes qui s’est établie dans ce pays entre le gouvernement et la population. L’opinion questionne, le gouvernement
1188 est établie dans ce pays entre le gouvernement et la population. L’opinion questionne, le gouvernement répond, il s’expliq
1189 s ce pays entre le gouvernement et la population. L’ opinion questionne, le gouvernement répond, il s’explique, il écoute à
1190 vernement et la population. L’opinion questionne, le gouvernement répond, il s’explique, il écoute à son tour. N’importe q
1191 quer publiquement telle ou telle mesure prise par l’ État : la presse et la radio lui en offrent les moyens. S’il a quelque
1192 iquement telle ou telle mesure prise par l’État : la presse et la radio lui en offrent les moyens. S’il a quelque chose de
1193 e ou telle mesure prise par l’État : la presse et la radio lui en offrent les moyens. S’il a quelque chose de mieux à prop
1194 par l’État : la presse et la radio lui en offrent les moyens. S’il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Wa
1195 o lui en offrent les moyens. S’il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on examine son projet,
1196 ens. S’il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on examine son projet, et il arrive qu’on le c
1197 ington, on examine son projet, et il arrive qu’on le charge officiellement de le réaliser. Nombreux sont les professeurs,
1198 ojet, et il arrive qu’on le charge officiellement de le réaliser. Nombreux sont les professeurs, les industriels, les fina
1199 t, et il arrive qu’on le charge officiellement de le réaliser. Nombreux sont les professeurs, les industriels, les financi
1200 arge officiellement de le réaliser. Nombreux sont les professeurs, les industriels, les financiers, les avocats ou les écon
1201 nt de le réaliser. Nombreux sont les professeurs, les industriels, les financiers, les avocats ou les économistes que le go
1202 . Nombreux sont les professeurs, les industriels, les financiers, les avocats ou les économistes que le gouvernement Roosev
1203 les professeurs, les industriels, les financiers, les avocats ou les économistes que le gouvernement Roosevelt a mis de la
1204 , les industriels, les financiers, les avocats ou les économistes que le gouvernement Roosevelt a mis de la sorte au servic
1205 es financiers, les avocats ou les économistes que le gouvernement Roosevelt a mis de la sorte au service de la nation, pou
1206 s économistes que le gouvernement Roosevelt a mis de la sorte au service de la nation, pour une période et pour une tâche
1207 conomistes que le gouvernement Roosevelt a mis de la sorte au service de la nation, pour une période et pour une tâche dét
1208 uvernement Roosevelt a mis de la sorte au service de la nation, pour une période et pour une tâche déterminées. Il en est
1209 rnement Roosevelt a mis de la sorte au service de la nation, pour une période et pour une tâche déterminées. Il en est rés
1210 en est résulté parfois certains flottements dans la politique du New Deal, mais ces défauts techniques sont compensés par
1211 avantage moral considérable : un nombre croissant de citoyens qualifiés participent à la vie publique. Celle-ci n’est plus
1212 bre croissant de citoyens qualifiés participent à la vie publique. Celle-ci n’est plus l’affaire exclusive des cliques de
1213 articipent à la vie publique. Celle-ci n’est plus l’ affaire exclusive des cliques de politiciens de métier. Elle n’est plu
1214 lle-ci n’est plus l’affaire exclusive des cliques de politiciens de métier. Elle n’est plus l’affaire des partis. Chacun p
1215 us l’affaire exclusive des cliques de politiciens de métier. Elle n’est plus l’affaire des partis. Chacun peut s’y intéres
1216 cliques de politiciens de métier. Elle n’est plus l’ affaire des partis. Chacun peut s’y intéresser, parce que chacun peut
1217 arce que chacun peut espérer qu’on tiendra compte de son avis ou de ses compétences, qu’on lui « donnera sa chance », comm
1218 peut espérer qu’on tiendra compte de son avis ou de ses compétences, qu’on lui « donnera sa chance », comme ils disent. C
1219 donnera sa chance », comme ils disent. Cet esprit de participation exerce une influence excellente à la fois sur le gouver
1220 ion exerce une influence excellente à la fois sur le gouvernement et sur l’opinion. Il incite les dirigeants à s’expliquer
1221 e excellente à la fois sur le gouvernement et sur l’ opinion. Il incite les dirigeants à s’expliquer franchement devant le
1222 s sur le gouvernement et sur l’opinion. Il incite les dirigeants à s’expliquer franchement devant le peuple, et à ne rien e
1223 e les dirigeants à s’expliquer franchement devant le peuple, et à ne rien entreprendre sans son appui. Les plus hauts fonc
1224 peuple, et à ne rien entreprendre sans son appui. Les plus hauts fonctionnaires n’hésitent pas à participer à des débats pu
1225 à participer à des débats publics, ou à commenter l’ activité de leur département devant les auditeurs de la radio : voilà
1226 r à des débats publics, ou à commenter l’activité de leur département devant les auditeurs de la radio : voilà le problème
1227 à commenter l’activité de leur département devant les auditeurs de la radio : voilà le problème qui se pose, voilà ce que n
1228 activité de leur département devant les auditeurs de la radio : voilà le problème qui se pose, voilà ce que nous avons fai
1229 ivité de leur département devant les auditeurs de la radio : voilà le problème qui se pose, voilà ce que nous avons fait,
1230 artement devant les auditeurs de la radio : voilà le problème qui se pose, voilà ce que nous avons fait, voilà ce qui rest
1231 que nous avons fait, voilà ce qui reste à faire. Le président et ses secrétaires d’État tiennent des conférences régulièr
1232 ui reste à faire. Le président et ses secrétaires d’ État tiennent des conférences régulières avec les journalistes, qui on
1233 s d’État tiennent des conférences régulières avec les journalistes, qui ont le droit de leur poser n’importe quelle questio
1234 érences régulières avec les journalistes, qui ont le droit de leur poser n’importe quelle question. Rien de plus frappant
1235 égulières avec les journalistes, qui ont le droit de leur poser n’importe quelle question. Rien de plus frappant que l’abs
1236 mporte quelle question. Rien de plus frappant que l’ absence de démagogie et d’effets oratoires qui caractérise ces communi
1237 lle question. Rien de plus frappant que l’absence de démagogie et d’effets oratoires qui caractérise ces communications pu
1238 en de plus frappant que l’absence de démagogie et d’ effets oratoires qui caractérise ces communications publiques : un ton
1239 : un ton familier, humain ; des faits, et non pas de vagues et solennelles déclarations de principe ; des appels à la réfl
1240 et non pas de vagues et solennelles déclarations de principe ; des appels à la réflexion et non pas des phrases pathétiqu
1241 lennelles déclarations de principe ; des appels à la réflexion et non pas des phrases pathétiques. Et ce souci constant de
1242 pas des phrases pathétiques. Et ce souci constant de l’humanité du citoyen, qu’il s’agisse des nationaux ou des étrangers…
1243 des phrases pathétiques. Et ce souci constant de l’ humanité du citoyen, qu’il s’agisse des nationaux ou des étrangers… Ai
1244 onaux ou des étrangers… Ainsi informée et formée, l’ opinion se sent responsable de ses réactions. Lorsqu’on sait que l’on
1245 informée et formée, l’opinion se sent responsable de ses réactions. Lorsqu’on sait que l’on sera pris au sérieux, on dit m
1246 responsable de ses réactions. Lorsqu’on sait que l’ on sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se contrôle davan
1247 sait que l’on sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se contrôle davantage. Contrairement à ce qui se passe da
1248 ment à ce qui se passe dans d’autres républiques, l’ opinion américaine discute réellement les problèmes posés. Elle cherch
1249 ubliques, l’opinion américaine discute réellement les problèmes posés. Elle cherche réellement à les résoudre dans l’intérê
1250 nt les problèmes posés. Elle cherche réellement à les résoudre dans l’intérêt commun, — et non pas à répéter à tout propos
1251 osés. Elle cherche réellement à les résoudre dans l’ intérêt commun, — et non pas à répéter à tout propos le credo trop con
1252 érêt commun, — et non pas à répéter à tout propos le credo trop connu d’un parti. Le secret de cette souplesse civique, de
1253 n pas à répéter à tout propos le credo trop connu d’ un parti. Le secret de cette souplesse civique, de ce dynamisme et de
1254 ter à tout propos le credo trop connu d’un parti. Le secret de cette souplesse civique, de ce dynamisme et de cette effici
1255 propos le credo trop connu d’un parti. Le secret de cette souplesse civique, de ce dynamisme et de cette efficience, qui
1256 d’un parti. Le secret de cette souplesse civique, de ce dynamisme et de cette efficience, qui contrastent si fortement ave
1257 et de cette souplesse civique, de ce dynamisme et de cette efficience, qui contrastent si fortement avec les scléroses et
1258 tte efficience, qui contrastent si fortement avec les scléroses et les vieilles rancunes de la vie politique européenne : c
1259 ui contrastent si fortement avec les scléroses et les vieilles rancunes de la vie politique européenne : ce secret réside p
1260 ement avec les scléroses et les vieilles rancunes de la vie politique européenne : ce secret réside peut-être dans le fait
1261 nt avec les scléroses et les vieilles rancunes de la vie politique européenne : ce secret réside peut-être dans le fait tr
1262 ique européenne : ce secret réside peut-être dans le fait très simple que voici : en réalité, il n’y a pas de partis aux É
1263 très simple que voici : en réalité, il n’y a pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument faux d’assimiler
1264 ux États-Unis. Il serait en effet absolument faux d’ assimiler les républicains et les démocrates américains à nos radicaux
1265 s. Il serait en effet absolument faux d’assimiler les républicains et les démocrates américains à nos radicaux, conservateu
1266 t absolument faux d’assimiler les républicains et les démocrates américains à nos radicaux, conservateurs, libéraux et soci
1267 icaux, conservateurs, libéraux et socialistes. Ni les républicains ni les démocrates ne possèdent une doctrine politique to
1268 , libéraux et socialistes. Ni les républicains ni les démocrates ne possèdent une doctrine politique totale, fixée pour tou
1269 nt une doctrine politique totale, fixée pour tous les cas et automatiquement par une longue tradition. Leur opposition rest
1270 finie… Elle se cristallise, et encore est-ce dans les courtes périodes d’élection, d’une manière d’ailleurs imprévisible. C
1271 llise, et encore est-ce dans les courtes périodes d’ élection, d’une manière d’ailleurs imprévisible. Cette division des ci
1272 core est-ce dans les courtes périodes d’élection, d’ une manière d’ailleurs imprévisible. Cette division des citoyens en de
1273 deux masses à peu près égales, — je serais tenté de dire : en deux teams — symbolise simplement le principe de la discuss
1274 té de dire : en deux teams — symbolise simplement le principe de la discussion, indispensable à toute vie démocratique. Le
1275 en deux teams — symbolise simplement le principe de la discussion, indispensable à toute vie démocratique. Le fait qu’il
1276 deux teams — symbolise simplement le principe de la discussion, indispensable à toute vie démocratique. Le fait qu’il n’y
1277 scussion, indispensable à toute vie démocratique. Le fait qu’il n’y a que deux partis, et que ces deux partis ne représent
1278 ux tendances générales, signifie pratiquement que les États-Unis sont une démocratie sans partis. Entre le citoyen et les a
1279 États-Unis sont une démocratie sans partis. Entre le citoyen et les autorités, pas d’autre intermédiaire que l’opinion pub
1280 t une démocratie sans partis. Entre le citoyen et les autorités, pas d’autre intermédiaire que l’opinion publique. L’Améric
1281 ns partis. Entre le citoyen et les autorités, pas d’ autre intermédiaire que l’opinion publique. L’Américain ne possède lég
1282 n et les autorités, pas d’autre intermédiaire que l’ opinion publique. L’Américain ne possède légalement ni le droit de réf
1283 pas d’autre intermédiaire que l’opinion publique. L’ Américain ne possède légalement ni le droit de référendum, ni le droit
1284 on publique. L’Américain ne possède légalement ni le droit de référendum, ni le droit d’initiative, mais il les exerce en
1285 ue. L’Américain ne possède légalement ni le droit de référendum, ni le droit d’initiative, mais il les exerce en fait, d’u
1286 possède légalement ni le droit de référendum, ni le droit d’initiative, mais il les exerce en fait, d’une manière permane
1287 légalement ni le droit de référendum, ni le droit d’ initiative, mais il les exerce en fait, d’une manière permanente, par
1288 de référendum, ni le droit d’initiative, mais il les exerce en fait, d’une manière permanente, par le moyen d’une opinion
1289 e droit d’initiative, mais il les exerce en fait, d’ une manière permanente, par le moyen d’une opinion publique abondammen
1290 les exerce en fait, d’une manière permanente, par le moyen d’une opinion publique abondamment informée, chaque jour sondée
1291 e en fait, d’une manière permanente, par le moyen d’ une opinion publique abondamment informée, chaque jour sondée par des
1292 uances par des lettres aux journaux, des articles de magazines, des interviews, des débats contradictoires à la radio, des
1293 nes, des interviews, des débats contradictoires à la radio, des sermons, des mandements et des manifestes. Sait-on assez q
1294 s mandements et des manifestes. Sait-on assez que les Américains sont très conscients et très jaloux de la qualité de leur
1295 es Américains sont très conscients et très jaloux de la qualité de leur esprit public ? Sait-on assez de quelle passion pr
1296 Américains sont très conscients et très jaloux de la qualité de leur esprit public ? Sait-on assez de quelle passion profo
1297 sont très conscients et très jaloux de la qualité de leur esprit public ? Sait-on assez de quelle passion profonde se char
1298 la qualité de leur esprit public ? Sait-on assez de quelle passion profonde se charge ici le terme de démocratie ? En tou
1299 on assez de quelle passion profonde se charge ici le terme de démocratie ? En tournant tout à l’heure le bouton de ma radi
1300 de quelle passion profonde se charge ici le terme de démocratie ? En tournant tout à l’heure le bouton de ma radio, j’ai e
1301 e ici le terme de démocratie ? En tournant tout à l’ heure le bouton de ma radio, j’ai entendu cette phrase prononcée d’une
1302 terme de démocratie ? En tournant tout à l’heure le bouton de ma radio, j’ai entendu cette phrase prononcée d’une voix fo
1303 démocratie ? En tournant tout à l’heure le bouton de ma radio, j’ai entendu cette phrase prononcée d’une voix forte : « Ic
1304 de ma radio, j’ai entendu cette phrase prononcée d’ une voix forte : « Ici Radio municipale de New York, cité de 7 million
1305 ononcée d’une voix forte : « Ici Radio municipale de New York, cité de 7 millions et demi d’habitants, bénéficiant de la l
1306 forte : « Ici Radio municipale de New York, cité de 7 millions et demi d’habitants, bénéficiant de la liberté démocratiqu
1307 unicipale de New York, cité de 7 millions et demi d’ habitants, bénéficiant de la liberté démocratique. » Cela ne fait pas
1308 té de 7 millions et demi d’habitants, bénéficiant de la liberté démocratique. » Cela ne fait pas sourire, quand on voit qu
1309 de 7 millions et demi d’habitants, bénéficiant de la liberté démocratique. » Cela ne fait pas sourire, quand on voit que c
1310 and on voit que c’est vrai. j. Rougemont Denis de , « Santé de la démocratie américaine », Journal de Genève, Genève, 17
1311 que c’est vrai. j. Rougemont Denis de, « Santé de la démocratie américaine », Journal de Genève, Genève, 17 janvier 194
1312 c’est vrai. j. Rougemont Denis de, « Santé de la démocratie américaine », Journal de Genève, Genève, 17 janvier 1941,
1313 e, « Santé de la démocratie américaine », Journal de Genève, Genève, 17 janvier 1941, p. 1. k. Le journal précise : « De
1314 nal de Genève, Genève, 17 janvier 1941, p. 1. k. Le journal précise : « De notre envoyé spécial ».
1315 17 janvier 1941, p. 1. k. Le journal précise : «  De notre envoyé spécial ».
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
1316 New York, février J’ai fait une découverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’est pas de pays moderne où la religion tie
1317 uverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’est pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique une place plu
1318 s-Unis : c’est qu’il n’est pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique une place plus importante et plu
1319 st pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique une place plus importante et plus visible. Il faut être
1320 ut être un Européen pour s’en étonner, me dit-on. De fait, pour un Américain qui connaît tant soit peu son histoire, rien
1321 t peu son histoire, rien n’apparaît plus naturel. Les États-Unis ont été fondés par des groupes successifs de colons, la pl
1322 ts-Unis ont été fondés par des groupes successifs de colons, la plupart exilés pour cause de religion. Seceders (séparatis
1323 uccessifs de colons, la plupart exilés pour cause de religion. Seceders (séparatistes) de l’Église anglicane ou du luthéri
1324 s pour cause de religion. Seceders (séparatistes) de l’Église anglicane ou du luthérianisme allemand, huguenots ou puritai
1325 our cause de religion. Seceders (séparatistes) de l’ Église anglicane ou du luthérianisme allemand, huguenots ou puritains,
1326 tous ces pionniers étaient d’abord des fanatiques d’ une foi, des missionnaires. Mais s’ils trouvaient sur le sol américain
1327 foi, des missionnaires. Mais s’ils trouvaient sur le sol américain la liberté de célébrer leur culte, ils y trouvaient aus
1328 aires. Mais s’ils trouvaient sur le sol américain la liberté de célébrer leur culte, ils y trouvaient aussi la possibilité
1329 s’ils trouvaient sur le sol américain la liberté de célébrer leur culte, ils y trouvaient aussi la possibilité de fonder
1330 té de célébrer leur culte, ils y trouvaient aussi la possibilité de fonder une « cité » entièrement conforme à leurs convi
1331 leur culte, ils y trouvaient aussi la possibilité de fonder une « cité » entièrement conforme à leurs convictions. D’où le
1332  cité » entièrement conforme à leurs convictions. D’ où le caractère social de leur religion, dès le début, mais aussi le c
1333  » entièrement conforme à leurs convictions. D’où le caractère social de leur religion, dès le début, mais aussi le caract
1334 rme à leurs convictions. D’où le caractère social de leur religion, dès le début, mais aussi le caractère religieux de leu
1335 s. D’où le caractère social de leur religion, dès le début, mais aussi le caractère religieux de leur civisme. La structur
1336 social de leur religion, dès le début, mais aussi le caractère religieux de leur civisme. La structure politique des États
1337 , dès le début, mais aussi le caractère religieux de leur civisme. La structure politique des États-Unis traduit aujourd’h
1338 ais aussi le caractère religieux de leur civisme. La structure politique des États-Unis traduit aujourd’hui encore le jeu
1339 litique des États-Unis traduit aujourd’hui encore le jeu complexe de ces apports religieux successifs. Ceux-ci se confonde
1340 s-Unis traduit aujourd’hui encore le jeu complexe de ces apports religieux successifs. Ceux-ci se confondent souvent d’ail
1341 fs. Ceux-ci se confondent souvent d’ailleurs avec les apports raciaux. Un Américain qui appartient à l’Église réformée a bi
1342 es apports raciaux. Un Américain qui appartient à l’ Église réformée a bien des chances d’être Hollandais d’origine ; Allem
1343 appartient à l’Église réformée a bien des chances d’ être Hollandais d’origine ; Allemand ou Suédois s’il est luthérien ; A
1344 ise réformée a bien des chances d’être Hollandais d’ origine ; Allemand ou Suédois s’il est luthérien ; Anglais s’il est pr
1345 tholique, Irlandais ou Italien. À ces différences d’ origine sont venues s’ajouter, par la suite, des différences de classe
1346 différences d’origine sont venues s’ajouter, par la suite, des différences de classe : l’Église baptiste est largement po
1347 t venues s’ajouter, par la suite, des différences de classe : l’Église baptiste est largement populaire, tandis que l’Égli
1348 jouter, par la suite, des différences de classe : l’ Église baptiste est largement populaire, tandis que l’Église protestan
1349 lise baptiste est largement populaire, tandis que l’ Église protestante épiscopale (de rite anglican) est surtout citadine
1350 aire, tandis que l’Église protestante épiscopale ( de rite anglican) est surtout citadine et « fashionable ». Voilà qui exp
1351 « fashionable ». Voilà qui explique, d’une part, l’ étonnante multiplicité des dénominations religieuses dans ce pays ; d’
1352 inations religieuses dans ce pays ; d’autre part, l’ importance sociale que chacune d’entre elles y revêt. On peut apprécie
1353 peut apprécier diversement cette interpénétration de la vie ecclésiastique et de la vie publique (dans un pays, remarquons
1354 t apprécier diversement cette interpénétration de la vie ecclésiastique et de la vie publique (dans un pays, remarquons-le
1355 ette interpénétration de la vie ecclésiastique et de la vie publique (dans un pays, remarquons-le, où les Églises ont touj
1356 e interpénétration de la vie ecclésiastique et de la vie publique (dans un pays, remarquons-le, où les Églises ont toujour
1357 e et de la vie publique (dans un pays, remarquons- le , où les Églises ont toujours été séparées de l’État). Je me bornerai
1358 la vie publique (dans un pays, remarquons-le, où les Églises ont toujours été séparées de l’État). Je me bornerai pour auj
1359 uons-le, où les Églises ont toujours été séparées de l’État). Je me bornerai pour aujourd’hui à la décrire comme un fait,
1360 s-le, où les Églises ont toujours été séparées de l’ État). Je me bornerai pour aujourd’hui à la décrire comme un fait, un
1361 ées de l’État). Je me bornerai pour aujourd’hui à la décrire comme un fait, un grand fait qui mérite d’être connu et médit
1362 a décrire comme un fait, un grand fait qui mérite d’ être connu et médité en Suisse, d’autant plus qu’il s’est vu curieusem
1363 fait qui mérite d’être connu et médité en Suisse, d’ autant plus qu’il s’est vu curieusement négligé par la presque totalit
1364 tant plus qu’il s’est vu curieusement négligé par la presque totalité des observateurs européens de l’Amérique. Ouvrez le
1365 ar la presque totalité des observateurs européens de l’Amérique. Ouvrez le New York Times : vous y trouverez, le samedi, d
1366 la presque totalité des observateurs européens de l’ Amérique. Ouvrez le New York Times : vous y trouverez, le samedi, deux
1367 des observateurs européens de l’Amérique. Ouvrez le New York Times : vous y trouverez, le samedi, deux grandes pages cons
1368 que. Ouvrez le New York Times : vous y trouverez, le samedi, deux grandes pages consacrées aux choses religieuses : sujets
1369 s sermons du lendemain, nouvelles des missions et de nombreuses activités sociales, programmes de musique sacrée, annonces
1370 s et de nombreuses activités sociales, programmes de musique sacrée, annonces détaillées des services que célébreront les
1371 annonces détaillées des services que célébreront les principales paroisses de la cité. (Trois cultes chaque dimanche dans
1372 ervices que célébreront les principales paroisses de la cité. (Trois cultes chaque dimanche dans beaucoup d’églises.) Le l
1373 ices que célébreront les principales paroisses de la cité. (Trois cultes chaque dimanche dans beaucoup d’églises.) Le lund
1374 cité. (Trois cultes chaque dimanche dans beaucoup d’ églises.) Le lundi, copieux résumés des sermons de la veille, avec man
1375 cultes chaque dimanche dans beaucoup d’églises.) Le lundi, copieux résumés des sermons de la veille, avec manchettes et s
1376 d’églises.) Le lundi, copieux résumés des sermons de la veille, avec manchettes et sous-titres ; on en accorde beaucoup mo
1377 glises.) Le lundi, copieux résumés des sermons de la veille, avec manchettes et sous-titres ; on en accorde beaucoup moins
1378  ; on en accorde beaucoup moins aux conférenciers les plus en vogue. Tournez le bouton de votre radio : à 14 h chaque jour,
1379 oins aux conférenciers les plus en vogue. Tournez le bouton de votre radio : à 14 h chaque jour, vous entendrez un choix «
1380 onférenciers les plus en vogue. Tournez le bouton de votre radio : à 14 h chaque jour, vous entendrez un choix « d’hymnes
1381 o : à 14 h chaque jour, vous entendrez un choix «  d’ hymnes de toutes les Églises ». Plus tard, un quart d’heure de nouvell
1382 h chaque jour, vous entendrez un choix « d’hymnes de toutes les Églises ». Plus tard, un quart d’heure de nouvelles religi
1383 our, vous entendrez un choix « d’hymnes de toutes les Églises ». Plus tard, un quart d’heure de nouvelles religieuses du mo
1384 toutes les Églises ». Plus tard, un quart d’heure de nouvelles religieuses du monde entier. Le samedi, les synagogues. Le
1385 d’heure de nouvelles religieuses du monde entier. Le samedi, les synagogues. Le dimanche, du matin au soir, une douzaine d
1386 nouvelles religieuses du monde entier. Le samedi, les synagogues. Le dimanche, du matin au soir, une douzaine de cultes rel
1387 euses du monde entier. Le samedi, les synagogues. Le dimanche, du matin au soir, une douzaine de cultes relayés par différ
1388 gues. Le dimanche, du matin au soir, une douzaine de cultes relayés par différentes stations. Vous passerez d’une liturgie
1389 s relayés par différentes stations. Vous passerez d’ une liturgie solennelle de l’Église épiscopale à quelque réunion de Ré
1390 stations. Vous passerez d’une liturgie solennelle de l’Église épiscopale à quelque réunion de Réveil ultradynamique dans u
1391 tions. Vous passerez d’une liturgie solennelle de l’ Église épiscopale à quelque réunion de Réveil ultradynamique dans un q
1392 lennelle de l’Église épiscopale à quelque réunion de Réveil ultradynamique dans un quartier miséreux, de là à une neuvaine
1393 Réveil ultradynamique dans un quartier miséreux, de là à une neuvaine dans un couvent, à un chœur luthérien, à un prêche
1394 , à un chœur luthérien, à un prêche baptiste pour les nègres… Je vais à une soirée chez un professeur du Séminaire de théol
1395 vais à une soirée chez un professeur du Séminaire de théologie protestante de New York : j’y trouve d’autres professeurs e
1396 professeur du Séminaire de théologie protestante de New York : j’y trouve d’autres professeurs et des étudiants, bien sûr
1397 stes, des personnalités politiques, des écrivains d’ « avant-garde »… Et ces professeurs de théologie n’hésitent pas à coll
1398 s écrivains d’« avant-garde »… Et ces professeurs de théologie n’hésitent pas à collaborer aux magazines politiques à gros
1399 x magazines politiques à gros tirages qui forment l’ opinion moyenne du pays. Ce qui est étonnant, c’est précisément que ce
1400 sément que cela n’étonne personne ici. Je songe à la France laïque de naguère ! Je songe même à la Suisse, à tant de timid
1401 ’étonne personne ici. Je songe à la France laïque de naguère ! Je songe même à la Suisse, à tant de timidités, de cloisonn
1402 e à la France laïque de naguère ! Je songe même à la Suisse, à tant de timidités, de cloisonnements, et peut-être de prude
1403 ! Je songe même à la Suisse, à tant de timidités, de cloisonnements, et peut-être de prudences aussi, que l’on n’imagine p
1404 ant de timidités, de cloisonnements, et peut-être de prudences aussi, que l’on n’imagine pas en Amérique… Cherchant à loue
1405 isonnements, et peut-être de prudences aussi, que l’ on n’imagine pas en Amérique… Cherchant à louer une maison, je parcour
1406 érique… Cherchant à louer une maison, je parcours les annonces. J’en trouve plusieurs de ce type : « Six pièces, confort, m
1407 , je parcours les annonces. J’en trouve plusieurs de ce type : « Six pièces, confort, métro, Églises à proximité. » J’achè
1408 , métro, Églises à proximité. » J’achète un guide de quartier, d’aspect commercial. Une page y est réservée aux lieux de c
1409 ses à proximité. » J’achète un guide de quartier, d’ aspect commercial. Une page y est réservée aux lieux de culte. En tête
1410 ect commercial. Une page y est réservée aux lieux de culte. En tête : « Préservez votre privilège américain : allez au cul
1411 servez votre privilège américain : allez au culte de votre paroisse. » Certes, l’on peut sourire de la publicité qu’étalen
1412 ain : allez au culte de votre paroisse. » Certes, l’ on peut sourire de la publicité qu’étalent les Églises de province, de
1413 te de votre paroisse. » Certes, l’on peut sourire de la publicité qu’étalent les Églises de province, des grands panneaux
1414 de votre paroisse. » Certes, l’on peut sourire de la publicité qu’étalent les Églises de province, des grands panneaux de
1415 tes, l’on peut sourire de la publicité qu’étalent les Églises de province, des grands panneaux de « bienvenue à tous » qu’e
1416 ut sourire de la publicité qu’étalent les Églises de province, des grands panneaux de « bienvenue à tous » qu’elles plante
1417 lent les Églises de province, des grands panneaux de « bienvenue à tous » qu’elles plantent à l’entrée de leur ville, et q
1418 neaux de « bienvenue à tous » qu’elles plantent à l’ entrée de leur ville, et qui promettent des jeux de loto le mardi soir
1419 « bienvenue à tous » qu’elles plantent à l’entrée de leur ville, et qui promettent des jeux de loto le mardi soir et de la
1420 ’entrée de leur ville, et qui promettent des jeux de loto le mardi soir et de la danse le samedi, même dans les églises ca
1421 de leur ville, et qui promettent des jeux de loto le mardi soir et de la danse le samedi, même dans les églises catholique
1422 qui promettent des jeux de loto le mardi soir et de la danse le samedi, même dans les églises catholiques. On peut déplor
1423 i promettent des jeux de loto le mardi soir et de la danse le samedi, même dans les églises catholiques. On peut déplorer
1424 ent des jeux de loto le mardi soir et de la danse le samedi, même dans les églises catholiques. On peut déplorer la concur
1425 le mardi soir et de la danse le samedi, même dans les églises catholiques. On peut déplorer la concurrence que se font les
1426 me dans les églises catholiques. On peut déplorer la concurrence que se font les diverses dénominations dans un même villa
1427 ques. On peut déplorer la concurrence que se font les diverses dénominations dans un même village. Mais ces traits extérieu
1428 traits extérieurs s’expliquent lorsqu’on découvre la réalité de la vie communautaire dans les paroisses. Devenir membre d’
1429 rieurs s’expliquent lorsqu’on découvre la réalité de la vie communautaire dans les paroisses. Devenir membre d’une Église,
1430 urs s’expliquent lorsqu’on découvre la réalité de la vie communautaire dans les paroisses. Devenir membre d’une Église, en
1431 découvre la réalité de la vie communautaire dans les paroisses. Devenir membre d’une Église, en Amérique, c’est aussi trou
1432 communautaire dans les paroisses. Devenir membre d’ une Église, en Amérique, c’est aussi trouver un milieu social, des ami
1433 ilieu social, des amis, des appuis matériels s’il le faut. Dans ce pays énorme, qui manque de cadres traditionnels, et don
1434 els s’il le faut. Dans ce pays énorme, qui manque de cadres traditionnels, et dont la population est si nomade encore, la
1435 orme, qui manque de cadres traditionnels, et dont la population est si nomade encore, la vraie cellule sociale, c’est la p
1436 nels, et dont la population est si nomade encore, la vraie cellule sociale, c’est la paroisse. Plus sociale que religieuse
1437 si nomade encore, la vraie cellule sociale, c’est la paroisse. Plus sociale que religieuse, dira-t-on ? C’est un risque. M
1438 C’est un risque. Mais c’est aussi une possibilité d’ action spirituelle constamment maintenue dans la cité. Il faut connaît
1439 é d’action spirituelle constamment maintenue dans la cité. Il faut connaître cet arrière-plan pour donner tout leur sens à
1440 n pour donner tout leur sens à certains incidents de la vie politique américaine. Imaginez, par exemple, le gouverneur d’u
1441 our donner tout leur sens à certains incidents de la vie politique américaine. Imaginez, par exemple, le gouverneur d’un d
1442 vie politique américaine. Imaginez, par exemple, le gouverneur d’un des grands États de l’Union prenant part à une campag
1443 américaine. Imaginez, par exemple, le gouverneur d’ un des grands États de l’Union prenant part à une campagne de « missio
1444 ands États de l’Union prenant part à une campagne de « mission intérieure » à travers tout le continent. Imaginez Roosevel
1445 campagne de « mission intérieure » à travers tout le continent. Imaginez Roosevelt prononçant une longue prière à la radio
1446 Imaginez Roosevelt prononçant une longue prière à la radio, la veille de l’élection présidentielle ; les journaux décriven
1447 oosevelt prononçant une longue prière à la radio, la veille de l’élection présidentielle ; les journaux décrivent en détai
1448 rononçant une longue prière à la radio, la veille de l’élection présidentielle ; les journaux décrivent en détail les serv
1449 onçant une longue prière à la radio, la veille de l’ élection présidentielle ; les journaux décrivent en détail les service
1450 a radio, la veille de l’élection présidentielle ; les journaux décrivent en détail les services de communion auxquels ont p
1451 présidentielle ; les journaux décrivent en détail les services de communion auxquels ont participé les deux candidats, ce m
1452 e ; les journaux décrivent en détail les services de communion auxquels ont participé les deux candidats, ce même jour. Wa
1453 les services de communion auxquels ont participé les deux candidats, ce même jour. Wallace, le vice-président, surnommé le
1454 ticipé les deux candidats, ce même jour. Wallace, le vice-président, surnommé le « timide mystique », déclarant après son
1455 e même jour. Wallace, le vice-président, surnommé le « timide mystique », déclarant après son installation qu’il va se ret
1456 rant après son installation qu’il va se retirer à la campagne pour une semaine de recueillement. Le choix de lord Halifax
1457 u’il va se retirer à la campagne pour une semaine de recueillement. Le choix de lord Halifax comme ambassadeur aux États-U
1458 à la campagne pour une semaine de recueillement. Le choix de lord Halifax comme ambassadeur aux États-Unis est particuliè
1459 pagne pour une semaine de recueillement. Le choix de lord Halifax comme ambassadeur aux États-Unis est particulièrement ap
1460 parce que, dit-on, sa piété profonde lui gagnera la confiance des États du Middle West… J’écoutais hier la cérémonie dite
1461 nfiance des États du Middle West… J’écoutais hier la cérémonie dite de « l’Inauguration ». La veille, le président avait é
1462 du Middle West… J’écoutais hier la cérémonie dite de « l’Inauguration ». La veille, le président avait été harangué par de
1463 ddle West… J’écoutais hier la cérémonie dite de «  l’ Inauguration ». La veille, le président avait été harangué par des pas
1464 ais hier la cérémonie dite de « l’Inauguration ». La veille, le président avait été harangué par des pasteurs et des prêtr
1465 cérémonie dite de « l’Inauguration ». La veille, le président avait été harangué par des pasteurs et des prêtres des troi
1466 teurs et des prêtres des trois grandes religions. Le matin, la radio diffusa les prières de « confession générale », dont
1467 es prêtres des trois grandes religions. Le matin, la radio diffusa les prières de « confession générale », dont il répétai
1468 ois grandes religions. Le matin, la radio diffusa les prières de « confession générale », dont il répétait les phrases à ha
1469 religions. Le matin, la radio diffusa les prières de « confession générale », dont il répétait les phrases à haute voix av
1470 ères de « confession générale », dont il répétait les phrases à haute voix avec tous les membres du Congrès, dans une églis
1471 nt il répétait les phrases à haute voix avec tous les membres du Congrès, dans une église de la capitale. Cela s’intitulait
1472 avec tous les membres du Congrès, dans une église de la capitale. Cela s’intitulait : « La nation prie avec son président.
1473 c tous les membres du Congrès, dans une église de la capitale. Cela s’intitulait : « La nation prie avec son président. »
1474 une église de la capitale. Cela s’intitulait : «  La nation prie avec son président. » Le speaker commentait : « Maintenan
1475 titulait : « La nation prie avec son président. » Le speaker commentait : « Maintenant, le président et M. Wallace s’ageno
1476 résident. » Le speaker commentait : « Maintenant, le président et M. Wallace s’agenouillent avec toute la congrégation… Le
1477 président et M. Wallace s’agenouillent avec toute la congrégation… Le chœur entonne le cantique : « Ô Dieu, notre aide aux
1478 allace s’agenouillent avec toute la congrégation… Le chœur entonne le cantique : « Ô Dieu, notre aide aux temps passés… Le
1479 lent avec toute la congrégation… Le chœur entonne le cantique : « Ô Dieu, notre aide aux temps passés… Le président y join
1480 cantique : « Ô Dieu, notre aide aux temps passés… Le président y joint sa voix. » Puis ce fut la prestation de serment, à
1481 ssés… Le président y joint sa voix. » Puis ce fut la prestation de serment, à la tribune élevée sur les marches du Capitol
1482 dent y joint sa voix. » Puis ce fut la prestation de serment, à la tribune élevée sur les marches du Capitole, devant des
1483 a voix. » Puis ce fut la prestation de serment, à la tribune élevée sur les marches du Capitole, devant des centaines de m
1484 la prestation de serment, à la tribune élevée sur les marches du Capitole, devant des centaines de milliers de spectateurs.
1485 sur les marches du Capitole, devant des centaines de milliers de spectateurs. Après une prière dite par le chapelain du Sé
1486 hes du Capitole, devant des centaines de milliers de spectateurs. Après une prière dite par le chapelain du Sénat, le prés
1487 illiers de spectateurs. Après une prière dite par le chapelain du Sénat, le président jura, la main posée sur sa vieille B
1488 Après une prière dite par le chapelain du Sénat, le président jura, la main posée sur sa vieille Bible de famille, en lan
1489 ite par le chapelain du Sénat, le président jura, la main posée sur sa vieille Bible de famille, en langue hollandaise, qu
1490 résident jura, la main posée sur sa vieille Bible de famille, en langue hollandaise, qu’il avait choisi d’ouvrir au chapit
1491 amille, en langue hollandaise, qu’il avait choisi d’ ouvrir au chapitre 13 de la première Épître aux Corinthiens : « Et mai
1492 daise, qu’il avait choisi d’ouvrir au chapitre 13 de la première Épître aux Corinthiens : « Et maintenant ces trois choses
1493 ns : « Et maintenant ces trois choses demeurent : la Foi, l’Espérance et la Charité… » Le discours inaugural terminé, et à
1494 t maintenant ces trois choses demeurent : la Foi, l’ Espérance et la Charité… » Le discours inaugural terminé, et à peine l
1495 s trois choses demeurent : la Foi, l’Espérance et la Charité… » Le discours inaugural terminé, et à peine les applaudissem
1496 demeurent : la Foi, l’Espérance et la Charité… » Le discours inaugural terminé, et à peine les applaudissements se sont-i
1497 rité… » Le discours inaugural terminé, et à peine les applaudissements se sont-ils apaisés, une voix forte prononce : « Au
1498 du Père, du Fils et du Saint-Esprit », annonçant la bénédiction. Si je relève tous ces traits, c’est que la presse et la
1499 édiction. Si je relève tous ces traits, c’est que la presse et la radio ne cesseront de les souligner et de les détailler
1500 je relève tous ces traits, c’est que la presse et la radio ne cesseront de les souligner et de les détailler le lendemain,
1501 its, c’est que la presse et la radio ne cesseront de les souligner et de les détailler le lendemain, c’est qu’ils sont rée
1502 , c’est que la presse et la radio ne cesseront de les souligner et de les détailler le lendemain, c’est qu’ils sont réellem
1503 esse et la radio ne cesseront de les souligner et de les détailler le lendemain, c’est qu’ils sont réellement essentiels à
1504 e et la radio ne cesseront de les souligner et de les détailler le lendemain, c’est qu’ils sont réellement essentiels à la
1505 ne cesseront de les souligner et de les détailler le lendemain, c’est qu’ils sont réellement essentiels à la compréhension
1506 demain, c’est qu’ils sont réellement essentiels à la compréhension de la démocratie américaine. Il est important de savoir
1507 ils sont réellement essentiels à la compréhension de la démocratie américaine. Il est important de savoir que les grandes
1508 sont réellement essentiels à la compréhension de la démocratie américaine. Il est important de savoir que les grandes cér
1509 ion de la démocratie américaine. Il est important de savoir que les grandes cérémonies civiques et politiques de ce pays,
1510 cratie américaine. Il est important de savoir que les grandes cérémonies civiques et politiques de ce pays, aussi impressio
1511 que les grandes cérémonies civiques et politiques de ce pays, aussi impressionnantes que les cérémonies totalitaires, se d
1512 politiques de ce pays, aussi impressionnantes que les cérémonies totalitaires, se déroulent dans un cadre chrétien, immédia
1513 n cadre chrétien, immédiatement significatif pour la grande majorité des participants, créateur d’un sentiment unanime et
1514 our la grande majorité des participants, créateur d’ un sentiment unanime et profond, mais aussi différent que possible de
1515 ime et profond, mais aussi différent que possible de ces passions de haine et d’orgueil collectif que l’on excite ailleurs
1516 mais aussi différent que possible de ces passions de haine et d’orgueil collectif que l’on excite ailleurs « Ô Dieu, priai
1517 ifférent que possible de ces passions de haine et d’ orgueil collectif que l’on excite ailleurs « Ô Dieu, priait le chapela
1518 ces passions de haine et d’orgueil collectif que l’ on excite ailleurs « Ô Dieu, priait le chapelain, revêts notre préside
1519 llectif que l’on excite ailleurs « Ô Dieu, priait le chapelain, revêts notre président du manteau de l’humilité…, couronne
1520 t le chapelain, revêts notre président du manteau de l’humilité…, couronne-le des dons les plus saints du chef, et permets
1521 e chapelain, revêts notre président du manteau de l’ humilité…, couronne-le des dons les plus saints du chef, et permets qu
1522 tre président du manteau de l’humilité…, couronne- le des dons les plus saints du chef, et permets que dans ces sombres jou
1523 t du manteau de l’humilité…, couronne-le des dons les plus saints du chef, et permets que dans ces sombres jours, il puisse
1524 jours, il puisse conduire un peuple pieux et uni de cette vallée d’ombre jusqu’aux éternelles collines de la paix. » Plus
1525 e conduire un peuple pieux et uni de cette vallée d’ ombre jusqu’aux éternelles collines de la paix. » Plusieurs dizaines d
1526 ette vallée d’ombre jusqu’aux éternelles collines de la paix. » Plusieurs dizaines de millions d’hommes entendaient cette
1527 e vallée d’ombre jusqu’aux éternelles collines de la paix. » Plusieurs dizaines de millions d’hommes entendaient cette pri
1528 rnelles collines de la paix. » Plusieurs dizaines de millions d’hommes entendaient cette prière, pouvaient s’y joindre.
1529 ines de la paix. » Plusieurs dizaines de millions d’ hommes entendaient cette prière, pouvaient s’y joindre. l. Rougemon
1530 ère, pouvaient s’y joindre. l. Rougemont Denis de , « Religion et vie publique aux États-Unis », Journal de Genève, Genè
1531 eligion et vie publique aux États-Unis », Journal de Genève, Genève, 18 février 1941, p. 1. m. Le journal précise : « De
1532 nal de Genève, Genève, 18 février 1941, p. 1. m. Le journal précise : « De notre envoyé spécial ».
1533 18 février 1941, p. 1. m. Le journal précise : «  De notre envoyé spécial ».
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
1534 Journal d’ un retour (11-12 mai 1946)n Le voyage immobile Vers le milieu
1535 Journal d’un retour (11-12 mai 1946)n Le voyage immobile Vers le milieu du xxe siècle, les hommes firent e
1536 (11-12 mai 1946)n Le voyage immobile Vers le milieu du xxe siècle, les hommes firent en sorte de réduire à peu de
1537 voyage immobile Vers le milieu du xxe siècle, les hommes firent en sorte de réduire à peu de chose les avantages que la
1538 milieu du xxe siècle, les hommes firent en sorte de réduire à peu de chose les avantages que la machine menaçait de leur
1539 hommes firent en sorte de réduire à peu de chose les avantages que la machine menaçait de leur procurer, après les avoir d
1540 sorte de réduire à peu de chose les avantages que la machine menaçait de leur procurer, après les avoir décimés. Les avion
1541 eu de chose les avantages que la machine menaçait de leur procurer, après les avoir décimés. Les avions, par exemple, perm
1542 s que la machine menaçait de leur procurer, après les avoir décimés. Les avions, par exemple, permettaient de voyager vingt
1543 naçait de leur procurer, après les avoir décimés. Les avions, par exemple, permettaient de voyager vingt fois plus vite qu’
1544 ir décimés. Les avions, par exemple, permettaient de voyager vingt fois plus vite qu’en bateau. L’on décida en conséquence
1545 ent de voyager vingt fois plus vite qu’en bateau. L’ on décida en conséquence de rendre vingt fois plus pénible et longue l
1546 uence de rendre vingt fois plus pénible et longue la préparation des voyages. Passer d’Amérique en Europe ne demandait plu
1547 ible et longue la préparation des voyages. Passer d’ Amérique en Europe ne demandait plus que quelques heures ? On y ajouta
1548 quelques heures ? On y ajouta plusieurs semaines de démarches et contrôles épuisants, ramenant ainsi la longueur du voyag
1549 démarches et contrôles épuisants, ramenant ainsi la longueur du voyage, pratiquement, à ce qu’elle était au bon vieux tem
1550 atiquement, à ce qu’elle était au bon vieux temps de Christophe Colomb. Et pourtant, me voici bien assis dans une Constell
1551 ssis dans une Constellation qui vient de décoller d’ un champ neigeux de Terre-Neuve, sous l’œil indifférent d’un seul chie
1552 ellation qui vient de décoller d’un champ neigeux de Terre-Neuve, sous l’œil indifférent d’un seul chien du même nom. Une
1553 décoller d’un champ neigeux de Terre-Neuve, sous l’ œil indifférent d’un seul chien du même nom. Une aurore boréale nous a
1554 mp neigeux de Terre-Neuve, sous l’œil indifférent d’ un seul chien du même nom. Une aurore boréale nous avait arrêtés toute
1555 quait des tempêtes magnétiques qui ont pour effet d’ aveugler les avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homm
1556 empêtes magnétiques qui ont pour effet d’aveugler les avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette bel
1557 eugler les avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette belle crise radio-poétique s’étant heureusemen
1558 s avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette belle crise radio-poétique s’étant heureusement dénoué
1559 vions aux appareils plus délicats que les sens de l’ homme. Cette belle crise radio-poétique s’étant heureusement dénouée d
1560 radio-poétique s’étant heureusement dénouée dans les hauteurs du ciel arctique, nous montâmes en spirale à 5000 mètres. J’
1561 mes en spirale à 5000 mètres. J’allais écrire : «  L’ avion s’élance pour franchir l’Océan d’un seul bond. Nous volons à tir
1562 ’allais écrire : « L’avion s’élance pour franchir l’ Océan d’un seul bond. Nous volons à tire-d’aile vers l’Irlande. » Mais
1563 écrire : « L’avion s’élance pour franchir l’Océan d’ un seul bond. Nous volons à tire-d’aile vers l’Irlande. » Mais ce clic
1564 an d’un seul bond. Nous volons à tire-d’aile vers l’ Irlande. » Mais ce cliché et ces jolies syllabes décrivent mal un voya
1565 st attendre. Non seulement attendre son tour dans la queue devant les guichets, mais encore, une fois installé dans le fau
1566 seulement attendre son tour dans la queue devant les guichets, mais encore, une fois installé dans le fauteuil profond de
1567 les guichets, mais encore, une fois installé dans le fauteuil profond de l’avion, attendre que la Boule au-dessous de nous
1568 ncore, une fois installé dans le fauteuil profond de l’avion, attendre que la Boule au-dessous de nous ait tourné jusqu’au
1569 re, une fois installé dans le fauteuil profond de l’ avion, attendre que la Boule au-dessous de nous ait tourné jusqu’au po
1570 dans le fauteuil profond de l’avion, attendre que la Boule au-dessous de nous ait tourné jusqu’au point désiré, pour y des
1571 y descendre et s’y poser. Rien ne donne une idée de l’immobilité comme ce vol sans repères en plein ciel, à 130 mètres à
1572 descendre et s’y poser. Rien ne donne une idée de l’ immobilité comme ce vol sans repères en plein ciel, à 130 mètres à la
1573 0 mètres à la seconde, sans vibrations ni courant d’ air, et sans nul signe apparent de mouvement. Les uns écrivent, d’autr
1574 ions ni courant d’air, et sans nul signe apparent de mouvement. Les uns écrivent, d’autres déjeunent. Je regarde par mon h
1575 t d’air, et sans nul signe apparent de mouvement. Les uns écrivent, d’autres déjeunent. Je regarde par mon hublot. La mer e
1576 t, d’autres déjeunent. Je regarde par mon hublot. La mer est blanche, un peu houleuse et cotonneuse. Mais tout d’un coup e
1577 blanche, un peu houleuse et cotonneuse. Mais tout d’ un coup elle se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mi
1578 n coup elle se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres plus bas paraît une surface bleue, comme u
1579 une surface bleue, comme un papier grenu ponctué de défauts blancs. Un petit fuseau clair y traîne sa fumée, c’est un paq
1580 n quatre heures. Nous sommes partis tout au début de la matinée. Voici déjà l’après-midi, voici le soir, nous volons contr
1581 uatre heures. Nous sommes partis tout au début de la matinée. Voici déjà l’après-midi, voici le soir, nous volons contre l
1582 es partis tout au début de la matinée. Voici déjà l’ après-midi, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps co
1583 but de la matinée. Voici déjà l’après-midi, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps coule deux fois plus v
1584 à l’après-midi, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps coule deux fois plus vite. La stratosphère se dore
1585 i, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps coule deux fois plus vite. La stratosphère se dore. Des cumulus
1586 le soleil et le temps coule deux fois plus vite. La stratosphère se dore. Des cumulus élèvent des tours et des créneaux d
1587 re. Des cumulus élèvent des tours et des créneaux d’ un rose feu sur l’horizon follement lointain, tandis que nous survolon
1588 èvent des tours et des créneaux d’un rose feu sur l’ horizon follement lointain, tandis que nous survolons des profondeurs
1589 s survolons des profondeurs multipliées, cavernes d’ ombre et gonflements majestueux où la lumière fait ses grands jeux, de
1590 es, cavernes d’ombre et gonflements majestueux où la lumière fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Au
1591 ts majestueux où la lumière fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la
1592 tueux où la lumière fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. De
1593 fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout
1594 e tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout est flamme et or. Mais u
1595 ous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’ Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout est flamme et or. Mais un t
1596 u bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout est flamme et or. Mais un toit d’ombre épai
1597 errière nous, tout est flamme et or. Mais un toit d’ ombre épaisse descend obliquement, rejoint la mer, ferme le monde deva
1598 toit d’ombre épaisse descend obliquement, rejoint la mer, ferme le monde devant nous. En deux minutes nous sommes passés d
1599 paisse descend obliquement, rejoint la mer, ferme le monde devant nous. En deux minutes nous sommes passés de la gloire au
1600 e devant nous. En deux minutes nous sommes passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’y a plus que, tout près sur nos t
1601 evant nous. En deux minutes nous sommes passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’y a plus que, tout près sur nos tête
1602 nses. Il n’y a plus que, tout près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et le ronron assourdi des moteurs. Une petite se
1603 t près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et le ronron assourdi des moteurs. Une petite secousse, des lumières, une l
1604 une longue promenade sur des pistes en ciment. Et l’ arrêt doux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’élégance.
1605 tes en ciment. Et l’arrêt doux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’élégance. Une dame qui vient de passer le
1606 ux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’ élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amériq
1607 nque pas d’élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se r
1608 d’élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : «
1609 légance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : « Qu
1610 e passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : « Quel goût ! Voilà l’Europe enfi
1611 ses fourrures et se récrie : « Quel goût ! Voilà l’ Europe enfin ! Et des fleurs vraies ! Ah mon cher, ici, tout est beau 
1612 ut est beau !… » — « Mais tout ici a été fait par les Américains pendant la guerre… » — « Taisez-vous, me crie-t-elle, je r
1613 is tout ici a été fait par les Américains pendant la guerre… » — « Taisez-vous, me crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce
1614 e… » — « Taisez-vous, me crie-t-elle, je retrouve l’ Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rid
1615 crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rideaux trop rouges, ces me
1616 le, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’ être objectif ! » Elle adore ces rideaux trop rouges, ces meubles blan
1617 rouges, ces meubles blancs, et ce grapefruit. Ils la vengent, croit-elle, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’où i
1618 cs, et ce grapefruit. Ils la vengent, croit-elle, d’ une Amérique « où tout est laid », mais d’où ils viennent. ⁂ Les oi
1619 t-elle, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’ où ils viennent. ⁂ Les oiseaux de Paris Nous roulons dans un pet
1620  où tout est laid », mais d’où ils viennent. ⁂ Les oiseaux de Paris Nous roulons dans un petit autobus, du terrain d’
1621 laid », mais d’où ils viennent. ⁂ Les oiseaux de Paris Nous roulons dans un petit autobus, du terrain d’Orly vers P
1622 Nous roulons dans un petit autobus, du terrain d’ Orly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que je l’ai quitté… Par quel
1623 ’Orly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que je l’ ai quitté… Par quelle Porte allons-nous entrer ? Je ne puis pas distin
1624 te allons-nous entrer ? Je ne puis pas distinguer les noms des rues sur ces maisons jaunes ou grises et si basses. Je cherc
1625 jaunes ou grises et si basses. Je cherche à voir, le nez contre la vitre, et tout d’un coup : Rue Claude Bernard, — en ple
1626 es et si basses. Je cherche à voir, le nez contre la vitre, et tout d’un coup : Rue Claude Bernard, — en plein cinquième a
1627 e cherche à voir, le nez contre la vitre, et tout d’ un coup : Rue Claude Bernard, — en plein cinquième arrondissement — qu
1628 arrondissement — quand je me croyais encore dans la banlieue… Déjà nous descendons une rue déserte et provinciale. C’étai
1629 ons une rue déserte et provinciale. C’était cela, le boulevard Saint-Michel ? Mais sur les Quais, où le car nous dépose, j
1630 ’était cela, le boulevard Saint-Michel ? Mais sur les Quais, où le car nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Pa
1631 e boulevard Saint-Michel ? Mais sur les Quais, où le car nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans que
1632 r les Quais, où le car nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans quel silence, à quatre heures du matin
1633 ar nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans quel silence, à quatre heures du matin. Nous donnera-t-on
1634 res du matin. Nous donnera-t-on des chambres pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi m’interrogent. Ce
1635 tin. Nous donnera-t-on des chambres pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi m’interrogent. Cet hôtel n
1636 . Nous donnera-t-on des chambres pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi m’interrogent. Cet hôtel ne l
1637 errogent. Cet hôtel ne leur plaît qu’à moitié. Je les décourage d’aller chercher ailleurs. Crise des logements. — Est-ce qu
1638 hôtel ne leur plaît qu’à moitié. Je les décourage d’ aller chercher ailleurs. Crise des logements. — Est-ce que Paris a été
1639 sez des chambres libres, faites-moi signe. (Comme les Américains paraissent bizarres, ici ! Comme ils se mettent immédiatem
1640 ls se mettent immédiatement à ressembler à ce que l’ on pense d’eux en Europe !) Il y a des chambres, et même des salles de
1641 nt immédiatement à ressembler à ce que l’on pense d’ eux en Europe !) Il y a des chambres, et même des salles de bain. Mais
1642 Europe !) Il y a des chambres, et même des salles de bain. Mais comment dormirais-je cette nuit ? J’arrive au rendez-vous
1643 ive au rendez-vous après sept ans, furtivement, à la faveur d’une nuit déserte. Un rendez-vous dont j’avais bien souvent d
1644 dez-vous après sept ans, furtivement, à la faveur d’ une nuit déserte. Un rendez-vous dont j’avais bien souvent désespéré,
1645 n juin 40, qui sonnait malgré moi comme un adieu… Le jour point derrière les rideaux. Je vais sortir sur mon balcon, je va
1646 malgré moi comme un adieu… Le jour point derrière les rideaux. Je vais sortir sur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord
1647 s rideaux. Je vais sortir sur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord je n’ai distingué qu’un paysage de toits bleus, mé
1648 oir… Tout d’abord je n’ai distingué qu’un paysage de toits bleus, médiéval. Et voici qu’une cloche très fine a sonné cinq
1649 usieurs en écho. Je ne savais plus, après six ans de New York, qu’il y a des cloches qui sonnent les heures, et qui s’acco
1650 ns de New York, qu’il y a des cloches qui sonnent les heures, et qui s’accordent à la suavité aiguë du petit jour. Et cette
1651 ches qui sonnent les heures, et qui s’accordent à la suavité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudaine de cris menus e
1652 ité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudaine de cris menus et de sifflets de tous côtés, comme les premières gouttes
1653 t jour. Et cette rumeur soudaine de cris menus et de sifflets de tous côtés, comme les premières gouttes d’une averse, ce
1654 ette rumeur soudaine de cris menus et de sifflets de tous côtés, comme les premières gouttes d’une averse, ce sont bien de
1655 fflets de tous côtés, comme les premières gouttes d’ une averse, ce sont bien des oiseaux ! Dans une ville ! Point d’autres
1656 e ne rêve pas : un coq qui crie, tout là-bas vers les Invalides. L’or pâle du Dôme s’avive au-dessus des toits bleus, des t
1657 un coq qui crie, tout là-bas vers les Invalides. L’ or pâle du Dôme s’avive au-dessus des toits bleus, des toits roux et d
1658 et des murs couleur du temps, où quelques taches de rosé clair ou de noir achèvent de composer une harmonie qui fait veni
1659 eur du temps, où quelques taches de rosé clair ou de noir achèvent de composer une harmonie qui fait venir les larmes aux
1660 quelques taches de rosé clair ou de noir achèvent de composer une harmonie qui fait venir les larmes aux yeux. Premier bru
1661 achèvent de composer une harmonie qui fait venir les larmes aux yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois.
1662 qui fait venir les larmes aux yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés,
1663 ir les larmes aux yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés, ouvre une p
1664 yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés, ouvre une porte de service à
1665 t de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés, ouvre une porte de service à côté du portail d’
1666 ne femme de ménage sort ses clés, ouvre une porte de service à côté du portail d’un ministère. Un vieux monsieur très gran
1667 lés, ouvre une porte de service à côté du portail d’ un ministère. Un vieux monsieur très grand, vêtu de noir, aux pantalon
1668 ’un ministère. Un vieux monsieur très grand, vêtu de noir, aux pantalons étroits, aux longs souliers pointus, sort d’un xi
1669 ntalons étroits, aux longs souliers pointus, sort d’ un xixe siècle d’illustrés de mon enfance. Des jeunes gens en chandai
1670 ux longs souliers pointus, sort d’un xixe siècle d’ illustrés de mon enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de gros
1671 liers pointus, sort d’un xixe siècle d’illustrés de mon enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de grosses valises,
1672 mon enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un
1673 ndail, portant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’une beauté o
1674 ortant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’ Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’une beauté oubliée.
1675 s, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’ un siècle, en direction d’une beauté oubliée. Mais que dire de la foul
1676 d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’ une beauté oubliée. Mais que dire de la foule que j’ai vue le lendemai
1677 en direction d’une beauté oubliée. Mais que dire de la foule que j’ai vue le lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ?
1678 direction d’une beauté oubliée. Mais que dire de la foule que j’ai vue le lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ? Je
1679 é oubliée. Mais que dire de la foule que j’ai vue le lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ? Je me disais : « Non, ce
1680 iller, je ne suis pas à Paris. » Et c’est bien un de ces tours que nous jouent les cauchemars, de rapetisser méchamment to
1681 . » Et c’est bien un de ces tours que nous jouent les cauchemars, de rapetisser méchamment tous les êtres, d’effacer les vi
1682 n un de ces tours que nous jouent les cauchemars, de rapetisser méchamment tous les êtres, d’effacer les visages, et de mu
1683 ent les cauchemars, de rapetisser méchamment tous les êtres, d’effacer les visages, et de multiplier les traits bizarres, l
1684 chemars, de rapetisser méchamment tous les êtres, d’ effacer les visages, et de multiplier les traits bizarres, les signes
1685 e rapetisser méchamment tous les êtres, d’effacer les visages, et de multiplier les traits bizarres, les signes d’anxiété !
1686 hamment tous les êtres, d’effacer les visages, et de multiplier les traits bizarres, les signes d’anxiété !… n. Rougem
1687 es êtres, d’effacer les visages, et de multiplier les traits bizarres, les signes d’anxiété !… n. Rougemont Denis de, «
1688 es visages, et de multiplier les traits bizarres, les signes d’anxiété !… n. Rougemont Denis de, « Journal d’un retour 
1689 et de multiplier les traits bizarres, les signes d’ anxiété !… n. Rougemont Denis de, « Journal d’un retour », Journal
1690 s, les signes d’anxiété !… n. Rougemont Denis de , « Journal d’un retour », Journal de Genève, Genève, 11–12 mai 1946,
1691 d’anxiété !… n. Rougemont Denis de, « Journal d’ un retour », Journal de Genève, Genève, 11–12 mai 1946, p. 3.
1692 gemont Denis de, « Journal d’un retour », Journal de Genève, Genève, 11–12 mai 1946, p. 3.
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
1693 Journal d’ un retour (fin) (18-19 mai 1946)o Plus Suisse que nature Que l
1694 -19 mai 1946)o Plus Suisse que nature Que la Suisse soit restée aussi suisse m’a paru proprement incroyable. Je ne
1695 m’a paru proprement incroyable. Je ne trouve ici d’ autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver, justement. Tout es
1696 rement incroyable. Je ne trouve ici d’autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver, justement. Tout est pareil à mes
1697 . Je ne trouve ici d’autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver, justement. Tout est pareil à mes souvenirs, à pei
1698 à peine un peu plus ressemblant. Tout est intact. La brusquerie des employés intacte, quand on demande un renseignement et
1699 tacte, quand on demande un renseignement et qu’on les voit s’identifier, en un clin d’œil, avec les règlements « pareils po
1700 ’on les voit s’identifier, en un clin d’œil, avec les règlements « pareils pour tous », non point avec votre situation d’us
1701 reils pour tous », non point avec votre situation d’ usager perplexe ou anxieux. La bonhomie des mêmes employés intacte, un
1702 vec votre situation d’usager perplexe ou anxieux. La bonhomie des mêmes employés intacte, une fois qu’on leur a laissé le
1703 es employés intacte, une fois qu’on leur a laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.)
1704 és intacte, une fois qu’on leur a laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.) Les mais
1705 eur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.) Les maisons des quartiers extérieurs intactes, et si parfaites dans le pr
1706 artiers extérieurs intactes, et si parfaites dans le propret-coquet scolaire 1910, que l’imagination se rend sans conditio
1707 rfaites dans le propret-coquet scolaire 1910, que l’ imagination se rend sans condition après la plus rapide reconnaissance
1708 0, que l’imagination se rend sans condition après la plus rapide reconnaissance des lieux. J’ai revu des amis intacts, et
1709 ce des lieux. J’ai revu des amis intacts, et dont l’ amitié seule avait fleuri comme un bon vin. Et j’ai feuilleté des édit
1710 éditions si belles qu’on se demande quels talents les méritent. Ce qu’il y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le
1711 il y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le mythe helvétique par excellence, d’une décence fondamentale. Il se pe
1712 t-être, c’est le mythe helvétique par excellence, d’ une décence fondamentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la
1713 lence, d’une décence fondamentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été contaminée p
1714 mentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mo
1715 la guerre, et seule n’ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le mal y est mal venu, tout sim
1716 le n’ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le mal y est mal venu, tout simplement. On le tie
1717 inée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le mal y est mal venu, tout simplement. On le tient encore pour anormal.
1718 lair : le mal y est mal venu, tout simplement. On le tient encore pour anormal. J’ai l’impression qu’on exagère un peu, à
1719 simplement. On le tient encore pour anormal. J’ai l’ impression qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde s
1720 mpression qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde se charge de rétablir un équilibre « humain », sur les
1721 eu, à cet égard. Mais le reste du monde se charge de rétablir un équilibre « humain », sur les modèles récemment présentés
1722 e charge de rétablir un équilibre « humain », sur les modèles récemment présentés par MM. Hitler et consorts. ⁂ Je m’en tie
1723 mes jugements, j’arrive à peine. Mais si j’essaie de situer ce pays dans le cadre de mon voyage, voici comment il m’appara
1724 à peine. Mais si j’essaie de situer ce pays dans le cadre de mon voyage, voici comment il m’apparaît. L’Europe ancienne s
1725 Mais si j’essaie de situer ce pays dans le cadre de mon voyage, voici comment il m’apparaît. L’Europe ancienne s’est rétr
1726 cadre de mon voyage, voici comment il m’apparaît. L’ Europe ancienne s’est rétrécie à la mesure de nos frontières. Je viens
1727 il m’apparaît. L’Europe ancienne s’est rétrécie à la mesure de nos frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’il en res
1728 aît. L’Europe ancienne s’est rétrécie à la mesure de nos frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’il en reste et que
1729 viens de voir, du monde, ce qu’il en reste et que l’ on est autorisé à voir : l’un des deux grands et le Tout Petit, qui es
1730 ’on est autorisé à voir : l’un des deux grands et le Tout Petit, qui est la dernière paroisse intacte du Continent. Un peu
1731 Continent. Un peu plus loin, j’irais buter contre le fameux « rideau de fer » marquant l’entrée du règne de l’Autre Grand.
1732 lus loin, j’irais buter contre le fameux « rideau de fer » marquant l’entrée du règne de l’Autre Grand. Entre l’Amérique e
1733 buter contre le fameux « rideau de fer » marquant l’ entrée du règne de l’Autre Grand. Entre l’Amérique et la Suisse — je s
1734 meux « rideau de fer » marquant l’entrée du règne de l’Autre Grand. Entre l’Amérique et la Suisse — je simplifie à peine,
1735 arquant l’entrée du règne de l’Autre Grand. Entre l’ Amérique et la Suisse — je simplifie à peine, et c’est déjà cruel — il
1736 ée du règne de l’Autre Grand. Entre l’Amérique et la Suisse — je simplifie à peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’il
1737 qu’un no man’s land où s’affrontent sournoisement les seules Puissances qui comptent. Fin et Suite J’ai revu Genève e
1738 ie torrentielle, allègre et intacte. Et j’ai revu la SDN dans son palais sans patine, sans fantômes. Pourtant, cette grand
1739 e, c’était bien, finalement, lord Cecil… Un tiers de salle, un ton d’obsèques officielles mais sans tristesse. Ce fut une
1740 finalement, lord Cecil… Un tiers de salle, un ton d’ obsèques officielles mais sans tristesse. Ce fut une glorieuse journée
1741 tesse. Ce fut une glorieuse journée, comme disent les Anglo-Saxons, pensant au temps qu’il fait, tout simplement. Les délég
1742 ns, pensant au temps qu’il fait, tout simplement. Les délégués paraissaient regretter « l’atmosphère de Genève » plus que l
1743 simplement. Les délégués paraissaient regretter «  l’ atmosphère de Genève » plus que leur job manqué, d’ailleurs repris par
1744 es délégués paraissaient regretter « l’atmosphère de Genève » plus que leur job manqué, d’ailleurs repris par l’ONU. Et, s
1745 » plus que leur job manqué, d’ailleurs repris par l’ ONU. Et, sur ce thème inépuisable, j’improvisai à part moi le discours
1746 sur ce thème inépuisable, j’improvisai à part moi le discours que nul, parmi les officiels, ne se risquait à prononcer : «
1747 ’improvisai à part moi le discours que nul, parmi les officiels, ne se risquait à prononcer : « Messieurs, nous voici réuni
1748 pour célébrer une défaite victorieuse. On a parlé de funérailles. Il ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne pourrons plu
1749 euse. On a parlé de funérailles. Il ne s’agit que d’ un déménagement. Nous ne pourrons plus faire signe aux cygnes, comme d
1750 e pourrons plus faire signe aux cygnes, comme dit l’ intact Pierre Girard, mais l’idée d’une Ligue des Nations a survécu au
1751 ux cygnes, comme dit l’intact Pierre Girard, mais l’ idée d’une Ligue des Nations a survécu au déchaînement nationaliste. E
1752 es, comme dit l’intact Pierre Girard, mais l’idée d’ une Ligue des Nations a survécu au déchaînement nationaliste. En atten
1753 ant une vraie Ligue des Peuples, préparons-nous à de nombreux voyages. La SDN ressemble à l’ONU comme le négatif d’un clic
1754 es Peuples, préparons-nous à de nombreux voyages. La SDN ressemble à l’ONU comme le négatif d’un cliché au positif de la p
1755 ns-nous à de nombreux voyages. La SDN ressemble à l’ ONU comme le négatif d’un cliché au positif de la photo que l’on va pr
1756 nombreux voyages. La SDN ressemble à l’ONU comme le négatif d’un cliché au positif de la photo que l’on va proposer à not
1757 oyages. La SDN ressemble à l’ONU comme le négatif d’ un cliché au positif de la photo que l’on va proposer à notre admirati
1758 e à l’ONU comme le négatif d’un cliché au positif de la photo que l’on va proposer à notre admiration. Elle tient ses dern
1759 l’ONU comme le négatif d’un cliché au positif de la photo que l’on va proposer à notre admiration. Elle tient ses dernièr
1760 le négatif d’un cliché au positif de la photo que l’ on va proposer à notre admiration. Elle tient ses dernières assises da
1761 admiration. Elle tient ses dernières assises dans le pays qui lui offrait son modèle, mais qui est le seul, ou presque, d’
1762 le pays qui lui offrait son modèle, mais qui est le seul, ou presque, d’entre nous, à ne point faire partie de la Ligue n
1763 ou presque, d’entre nous, à ne point faire partie de la Ligue nouvelle. Les deux grands qui, là-bas, occupent la scène ne
1764 presque, d’entre nous, à ne point faire partie de la Ligue nouvelle. Les deux grands qui, là-bas, occupent la scène ne son
1765 us, à ne point faire partie de la Ligue nouvelle. Les deux grands qui, là-bas, occupent la scène ne sont pas représentés da
1766 e nouvelle. Les deux grands qui, là-bas, occupent la scène ne sont pas représentés dans cette enceinte. Nous laissons à la
1767 représentés dans cette enceinte. Nous laissons à la Suisse minuscule un gigantesque palais vide, pour nous ruer vers la g
1768 e un gigantesque palais vide, pour nous ruer vers la grande Amérique où l’on ne trouve pas une chambre à louer pour plus d
1769 s vide, pour nous ruer vers la grande Amérique où l’ on ne trouve pas une chambre à louer pour plus d’une nuit. Paradoxe de
1770 l’on ne trouve pas une chambre à louer pour plus d’ une nuit. Paradoxe de la crise des logements ! Mais qu’importe. Notre
1771 ne chambre à louer pour plus d’une nuit. Paradoxe de la crise des logements ! Mais qu’importe. Notre idée se « développe »
1772 chambre à louer pour plus d’une nuit. Paradoxe de la crise des logements ! Mais qu’importe. Notre idée se « développe », c
1773 qu’importe. Notre idée se « développe », comme on le dit en photographie. Nous partons pour une Ligue meilleure. Et, plus
1774 lus heureux que Moïse, nous nous sentons certains d’ entrer dans l’ère de la Terre unifiée, qui était le but de nos travaux
1775 e Moïse, nous nous sentons certains d’entrer dans l’ ère de la Terre unifiée, qui était le but de nos travaux diserts. Nous
1776 e, nous nous sentons certains d’entrer dans l’ère de la Terre unifiée, qui était le but de nos travaux diserts. Nous y tou
1777 nous nous sentons certains d’entrer dans l’ère de la Terre unifiée, qui était le but de nos travaux diserts. Nous y toucho
1778 ’entrer dans l’ère de la Terre unifiée, qui était le but de nos travaux diserts. Nous y touchons, Messieurs, vraiment — il
1779 dans l’ère de la Terre unifiée, qui était le but de nos travaux diserts. Nous y touchons, Messieurs, vraiment — il ne s’e
1780 uchons, Messieurs, vraiment — il ne s’en faut que d’ un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je me visse entraîn
1781 s, vraiment — il ne s’en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je me visse entraîné à Cointrin, où
1782 n faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je me visse entraîné à Cointrin, où se posait dans une glo
1783 entraîné à Cointrin, où se posait dans une gloire de lumière le premier appareil arrivant de New York. Il repartit trente
1784 ne gloire de lumière le premier appareil arrivant de New York. Il repartit trente minutes plus tard, emportant un espoir r
1785 lus tard, emportant un espoir raisonnable : celui de voir les Suisses s’ouvrir au vaste monde, et le vaste monde, en retou
1786 , emportant un espoir raisonnable : celui de voir les Suisses s’ouvrir au vaste monde, et le vaste monde, en retour, à l’id
1787 i de voir les Suisses s’ouvrir au vaste monde, et le vaste monde, en retour, à l’idéal tenace des petits Suisses. o. R
1788 r au vaste monde, et le vaste monde, en retour, à l’ idéal tenace des petits Suisses. o. Rougemont Denis de, « Journal
1789 tenace des petits Suisses. o. Rougemont Denis de , « Journal d’un retour (fin) », Journal de Genève, Genève, 18–19 mai
1790 its Suisses. o. Rougemont Denis de, « Journal d’ un retour (fin) », Journal de Genève, Genève, 18–19 mai 1946, p. 3.
1791 Denis de, « Journal d’un retour (fin) », Journal de Genève, Genève, 18–19 mai 1946, p. 3.
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
1792 ux députés européens (15 août 1950)p Messieurs les députés européens, Vous êtes ici pour faire l’Europe, et non pour fai
1793 s les députés européens, Vous êtes ici pour faire l’ Europe, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifi
1794 i pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas
1795 our faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas gr
1796 pe, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’ Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose. Comme
1797 ire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose. Comment fédérer des nat
1798 ations qui se croient encore souveraines ? Voyons l’ Histoire. Les Suisses ont réussi : voyons la Suisse. Tout le monde cro
1799 e croient encore souveraines ? Voyons l’Histoire. Les Suisses ont réussi : voyons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vu
1800 oyons l’Histoire. Les Suisses ont réussi : voyons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et s’en va répétant qu’il a f
1801 nt réussi : voyons la Suisse. Tout le monde croit l’ avoir vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pou
1802 ’avoir vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout le monde se trom
1803 e monde se trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Confédération n’était qu’un Pacte d
1804 allu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Confédération n’était qu’un Pacte d’alliance entre vingt-cin
1805 mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Confédération n’était qu’un Pacte d’alliance entre vingt-cinq États a
1806 but de 1848, la Confédération n’était qu’un Pacte d’ alliance entre vingt-cinq États absolument souverains. Point de citoye
1807 tre vingt-cinq États absolument souverains. Point de citoyenneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’échange com
1808 nt souverains. Point de citoyenneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’échange commercial entre cantons, point
1809 ns. Point de citoyenneté suisse, point de liberté d’ établissement ou d’échange commercial entre cantons, point d’unité mon
1810 nneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’ échange commercial entre cantons, point d’unité monétaire, point de re
1811 ment ou d’échange commercial entre cantons, point d’ unité monétaire, point de représentation des peuples. Un seul organe c
1812 ial entre cantons, point d’unité monétaire, point de représentation des peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de
1813 eprésentation des peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de Comité des ministres, composé de plénipotentiaires ag
1814 s peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de Comité des ministres, composé de plénipotentiaires agissant au nom de
1815 la Diète, sorte de Comité des ministres, composé de plénipotentiaires agissant au nom des États et prenant leurs rares dé
1816 nom des États et prenant leurs rares décisions à la majorité des trois quarts. Pratiquement : le veto paralysant un corps
1817 ns à la majorité des trois quarts. Pratiquement : le veto paralysant un corps consultatif aux compétences douteuses et jal
1818 ompétences douteuses et jalousement restreintes ; les barrières douanières multipliées à l’intérieur, nulles à l’extérieur,
1819 treintes ; les barrières douanières multipliées à l’ intérieur, nulles à l’extérieur, l’impuissance devant l’étranger et mê
1820 es douanières multipliées à l’intérieur, nulles à l’ extérieur, l’impuissance devant l’étranger et même devant la guerre en
1821 multipliées à l’intérieur, nulles à l’extérieur, l’ impuissance devant l’étranger et même devant la guerre entre les États
1822 rieur, nulles à l’extérieur, l’impuissance devant l’ étranger et même devant la guerre entre les États membres. Niera-t-on
1823 r, l’impuissance devant l’étranger et même devant la guerre entre les États membres. Niera-t-on que ce fût là, trait pour
1824 devant l’étranger et même devant la guerre entre les États membres. Niera-t-on que ce fût là, trait pour trait, un état co
1825 là, trait pour trait, un état comparable à celui de notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’était rien au regar
1826 tat comparable à celui de notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’était rien au regard de celui que nous courons
1827 n au regard de celui que nous courons. Une partie de l’opinion réclamait une Autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités,
1828 u regard de celui que nous courons. Une partie de l’ opinion réclamait une Autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités, ma
1829 l’opinion réclamait une Autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités, mais réels. Rien d’autre, en vérité, ne pouvait ass
1830 rale, dotée de pouvoirs limités, mais réels. Rien d’ autre, en vérité, ne pouvait assurer l’indépendance du pays. Mais la D
1831 éels. Rien d’autre, en vérité, ne pouvait assurer l’ indépendance du pays. Mais la Diète, les États et leurs experts voyaie
1832 , ne pouvait assurer l’indépendance du pays. Mais la Diète, les États et leurs experts voyaient dans le mot souveraineté l
1833 it assurer l’indépendance du pays. Mais la Diète, les États et leurs experts voyaient dans le mot souveraineté la réponse d
1834 a Diète, les États et leurs experts voyaient dans le mot souveraineté la réponse décisive à cette « chimère ». Le bon sens
1835 t leurs experts voyaient dans le mot souveraineté la réponse décisive à cette « chimère ». Le bon sens dénonçait l’invivab
1836 eraineté la réponse décisive à cette « chimère ». Le bon sens dénonçait l’invivable chaos entretenu par les barrières doua
1837 cisive à cette « chimère ». Le bon sens dénonçait l’ invivable chaos entretenu par les barrières douanières. La routine rét
1838 on sens dénonçait l’invivable chaos entretenu par les barrières douanières. La routine rétorquait, chiffres en main, que la
1839 ble chaos entretenu par les barrières douanières. La routine rétorquait, chiffres en main, que la liberté d’échanges ne ma
1840 res. La routine rétorquait, chiffres en main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages loca
1841 tine rétorquait, chiffres en main, que la liberté d’ échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était
1842 main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était répandre, aux utopistes qui
1843 . C’était répandre, aux utopistes qui proposaient d’ éteindre l’incendie, que l’eau peut abîmer les meubles. Il y eut une g
1844 épandre, aux utopistes qui proposaient d’éteindre l’ incendie, que l’eau peut abîmer les meubles. Il y eut une guerre civil
1845 pistes qui proposaient d’éteindre l’incendie, que l’ eau peut abîmer les meubles. Il y eut une guerre civile entre cantons,
1846 ient d’éteindre l’incendie, que l’eau peut abîmer les meubles. Il y eut une guerre civile entre cantons, qui fit voir l’imp
1847 eut une guerre civile entre cantons, qui fit voir l’ impuissance du Pacte. Il y eut un long branle-bas de sociétés, de mouv
1848 impuissance du Pacte. Il y eut un long branle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la fav
1849 u Pacte. Il y eut un long branle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette
1850 ut un long branle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un p
1851 ranle-bas de sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe
1852 ciétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs
1853 mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthousias
1854 , de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthousiastes fit ad
1855 . À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’une
1856 upe de jeunes chefs enthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’une révision profonde du Pacte. En 1847, notons-l
1857 unes chefs enthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’une révision profonde du Pacte. En 1847, notons-le, rien n
1858 nthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’ une révision profonde du Pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait «
1859 d’une révision profonde du Pacte. En 1847, notons- le , rien ne semblait « praticable » aux yeux des réalistes. (Nous en som
1860 yeux des réalistes. (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la Commission
1861 (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’ année suivante. Le 17 février 1848, la Commission de révision — nommée
1862 à en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la Commission de révision — nommée par la Diète dans
1863 ion survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la Commission de révision — nommée par la Diète dans son sein et au-deho
1864 année suivante. Le 17 février 1848, la Commission de révision — nommée par la Diète dans son sein et au-dehors — se réunit
1865 rier 1848, la Commission de révision — nommée par la Diète dans son sein et au-dehors — se réunit pour la première fois. E
1866 rs — se réunit pour la première fois. Elle décide de siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine se
1867 cide de siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine ses travaux, dont elle soumet les résultats aux
1868 avril, elle termine ses travaux, dont elle soumet les résultats aux vingt-cinq États souverains. Le 15 mai, la Diète est sa
1869 et les résultats aux vingt-cinq États souverains. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pen
1870 ltats aux vingt-cinq États souverains. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le moi
1871 ai, la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août, le peuple vote dans les cantons. Le
1872 sie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août, le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diè
1873 rojet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’ août, le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète procl
1874 u’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août, le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète proclame que
1875 juin. Pendant le mois d’août, le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète proclame que la Constitution est a
1876 le mois d’août, le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète proclame que la Constitution est acceptée par
1877 le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète proclame que la Constitution est acceptée par près de 2/3 des É
1878 s cantons. Le 12 septembre, la Diète proclame que la Constitution est acceptée par près de 2/3 des États et plus de 2/3 de
1879 on est acceptée par près de 2/3 des États et plus de 2/3 des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil fédéral,
1880 /3 des États et plus de 2/3 des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil fédéral, organe exécutif, entre en fo
1881 seil fédéral, organe exécutif, entre en fonction. Le drapeau suisse est arboré à côté des drapeaux des cantons. Aucun des
1882 s prévues et dûment calculées ne se produisirent. L’ essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a pas fléchi durant un si
1883 nt calculées ne se produisirent. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a pas fléchi durant un siècle. Messieurs l
1884 stant, n’a pas fléchi durant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient suffi pour fédérer vingt-cinq États souver
1885 érer vingt-cinq États souverains… Pensez-vous que l’ Histoire vous en laisse beaucoup plus, pour unir vos États dans un plu
1886 tats dans un plus grand péril ? Vous me direz que l’ Europe est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut une bonne guerre p
1887  ? Vous me direz que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut une bonne guerre pour briser le tabou des souve
1888 uisse ; qu’il fallut une bonne guerre pour briser le tabou des souverainetés cantonales absolues ; que les cantons suisses
1889 tabou des souverainetés cantonales absolues ; que les cantons suisses vivaient ensemble depuis des siècles ; que les problè
1890 uisses vivaient ensemble depuis des siècles ; que les problèmes économiques sont plus complexes ; et qu’on ne peut comparer
1891 comparer, sans offense, nos modestes sagesses et les folies sublimes des grandes Nations contemporaines. Mais il n’est pas
1892 tions contemporaines. Mais il n’est pas exact que l’ Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous ête
1893 temporaines. Mais il n’est pas exact que l’Europe d’ aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus d
1894 t que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Ro
1895 rope d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’ alors : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou mêm
1896  : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a
1897 s de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’ Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour a
1898 asbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou de
1899 s qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deu
1900 pour aller de Genève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont vous sortez suffisent. Vos Natio
1901 s Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont vous sortez suffisent. Vos Nations vivent ensemble depuis a
1902 fisent. Vos Nations vivent ensemble depuis autant de siècles, et souvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont p
1903 rs sorts ne sont pas moins liés, si vous regardez l’ Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas pl
1904 nt pas moins liés, si vous regardez l’Europe dans l’ ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, n
1905 ez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l
1906 s plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l’ étaient les nôtres. Et vos économies ne sont pas plus disparates que c
1907 s économies ne sont pas plus disparates que celle de Zurich par exemple, et de ses petits voisins paysans. Les sombres pré
1908 us disparates que celle de Zurich par exemple, et de ses petits voisins paysans. Les sombres prévisions des réalistes quan
1909 ch par exemple, et de ses petits voisins paysans. Les sombres prévisions des réalistes quant aux effets d’une union « trop
1910 sombres prévisions des réalistes quant aux effets d’ une union « trop rapide » remplissaient nos journaux, il y a cent-troi
1911 ais pas une seule non plus qui ne reparaisse dans la bouche même de ceux qui affirment que nos réalités sont tellement dif
1912 le non plus qui ne reparaisse dans la bouche même de ceux qui affirment que nos réalités sont tellement différentes… Certe
1913 Certes, comparaison n’est pas raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est q
1914 paraison n’est pas raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’elles tra
1915 , mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’elles traduisent une certaine forme
1916 ive, c’est qu’elles traduisent une certaine forme d’ esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai
1917 taine forme d’esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltoni
1918 d’esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politi
1919 esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’ Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politique
1920 le devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’ une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n
1921 leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas
1922 l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas la Suisse 
1923 ison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas la Suisse ; elle existe en dépit de tous les a
1924 e politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas la Suisse ; elle existe en dépit de tous les arguments qu’on oppose aujo
1925 liez pas la Suisse ; elle existe en dépit de tous les arguments qu’on oppose aujourd’hui à l’Europe. Son exemple vivant ten
1926 de tous les arguments qu’on oppose aujourd’hui à l’ Europe. Son exemple vivant tend à nous démontrer que la solution fédér
1927 ope. Son exemple vivant tend à nous démontrer que la solution fédéraliste n’est pas seulement praticable en principe, mais
1928 ratique. C’est assez pour que j’ose vous supplier d’ y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il va
1929 ose vous supplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant
1930 nutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut
1931 Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller tr
1932 ieux se persuader qu’on peut aller très vite. Car le temps fait beaucoup à l’affaire. Celui que vous n’auriez pas, Staline
1933 eut aller très vite. Car le temps fait beaucoup à l’ affaire. Celui que vous n’auriez pas, Staline le prend. C’est le temps
1934 à l’affaire. Celui que vous n’auriez pas, Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agir. Mais celui que vous ri
1935 ui que vous n’auriez pas, Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre,
1936 us n’auriez pas, Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été,
1937 Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’ agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûr q
1938 méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûr qu’il le retrouvera : c’est le temps
1939 risquez de perdre, cet été, soyez bien sûr qu’il le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas des paragraphes, mais
1940 t été, soyez bien sûr qu’il le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille d
1941 yez bien sûr qu’il le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’armée
1942 e temps de modifier non pas des paragraphes, mais l’ ordre de bataille de l’armée rouge. p. Rougemont Denis de, « Lettre
1943 de modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’armée rouge. p. Rougemont Denis de, « Lettre aux dép
1944 non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’armée rouge. p. Rougemont Denis de, « Lettre aux députés europée
1945 pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’ armée rouge. p. Rougemont Denis de, « Lettre aux députés européens 
1946 bataille de l’armée rouge. p. Rougemont Denis de , « Lettre aux députés européens », Journal de Genève, Genève, 15 août
1947 nis de, « Lettre aux députés européens », Journal de Genève, Genève, 15 août 1950, p. 1.
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
1948 ux députés européens (16 août 1950)q Messieurs les députés, Ces lettres ne sont pas un cahier de doléances ou de revendi
1949 rs les députés, Ces lettres ne sont pas un cahier de doléances ou de revendications. Et je n’ai point de conseils à vous d
1950 Ces lettres ne sont pas un cahier de doléances ou de revendications. Et je n’ai point de conseils à vous donner. Mais je v
1951 doléances ou de revendications. Et je n’ai point de conseils à vous donner. Mais je vous écris au nom d’une centaine de m
1952 donner. Mais je vous écris au nom d’une centaine de milliers de militants fédéralistes, qui pensent comme des millions qu
1953 s je vous écris au nom d’une centaine de milliers de militants fédéralistes, qui pensent comme des millions que le temps p
1954 fédéralistes, qui pensent comme des millions que le temps presse, et que les lenteurs de l’Assemblée, ramenées par les mi
1955 nt comme des millions que le temps presse, et que les lenteurs de l’Assemblée, ramenées par les ministres à l’immobilité, s
1956 millions que le temps presse, et que les lenteurs de l’Assemblée, ramenées par les ministres à l’immobilité, sont la pire
1957 lions que le temps presse, et que les lenteurs de l’ Assemblée, ramenées par les ministres à l’immobilité, sont la pire imp
1958 et que les lenteurs de l’Assemblée, ramenées par les ministres à l’immobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne
1959 eurs de l’Assemblée, ramenées par les ministres à l’ immobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impa
1960 , ramenées par les ministres à l’immobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impatients, mais angois
1961 octrine, par manie ou par tempérament, comme nous le reprochent certains qui, par principe ceux-là, ont décidé une fois po
1962 pour toutes qu’il faut aller lentement dans tous les cas. Mais nous ne voyons aucun motif de croire qu’on leur laissera to
1963 ans tous les cas. Mais nous ne voyons aucun motif de croire qu’on leur laissera tout le temps d’aller lentement, et le loi
1964 ns aucun motif de croire qu’on leur laissera tout le temps d’aller lentement, et le loisir d’être prudents. Festina lente
1965 motif de croire qu’on leur laissera tout le temps d’ aller lentement, et le loisir d’être prudents. Festina lente nous dise
1966 leur laissera tout le temps d’aller lentement, et le loisir d’être prudents. Festina lente nous disent-ils. Les Coréens n’
1967 era tout le temps d’aller lentement, et le loisir d’ être prudents. Festina lente nous disent-ils. Les Coréens n’entendent
1968 r d’être prudents. Festina lente nous disent-ils. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’il est prononcé avec l’ac
1969 dent pas ce latin-là. Même s’il est prononcé avec l’ accent anglais. Vous allez me parler, je le sais bien, des grandes dif
1970 é avec l’accent anglais. Vous allez me parler, je le sais bien, des grandes difficultés accumulées sur votre route vers l’
1971 andes difficultés accumulées sur votre route vers l’ unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de
1972 re route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’ est moins, c’est votre volonté de les surmonter. L’un d’entre vous le
1973 connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonter. L’un d’entre vous le rappelait récemment : le premier
1974 nnues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonter. L’un d’entre vous le rappelait récemment : le premier devo
1975 votre volonté de les surmonter. L’un d’entre vous le rappelait récemment : le premier devoir de l’obstacle, c’est de se la
1976 e vous le rappelait récemment : le premier devoir de l’obstacle, c’est de se laisser vaincre. Votre Comité des ministres n
1977 ous le rappelait récemment : le premier devoir de l’ obstacle, c’est de se laisser vaincre. Votre Comité des ministres négl
1978 écemment : le premier devoir de l’obstacle, c’est de se laisser vaincre. Votre Comité des ministres néglige donc son premi
1979 ministres néglige donc son premier devoir. À qui la faute ? L’opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu’il vous f
1980 néglige donc son premier devoir. À qui la faute ? L’ opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu’il vous faut dissipe
1981 ssiper. Vous allez, paraît-il, réviser prudemment les statuts du Conseil de l’Europe, ainsi que vos rapports internes avec
1982 de l’Europe, ainsi que vos rapports internes avec le comité ministériel. Permettez-moi de vous dire que l’opinion s’en moq
1983 nternes avec le comité ministériel. Permettez-moi de vous dire que l’opinion s’en moque, parce qu’elle a ses doutes motivé
1984 omité ministériel. Permettez-moi de vous dire que l’ opinion s’en moque, parce qu’elle a ses doutes motivés sur vos intenti
1985 véritables. Elle n’est pas sûre qu’une fois dotés d’ un instrument un peu meilleur — moins astucieusement combiné pour s’en
1986 ieusement combiné pour s’enrayer sans faute avant le départ —, vous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’a pas l’impres
1987 rayer sans faute avant le départ —, vous en ferez l’ usage qu’elle attend. Elle n’a pas l’impression très nette que vous êt
1988 ous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’a pas l’ impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europe envers et
1989 pression très nette que vous êtes décidés à faire l’ Europe envers et contre toutes ses routines décadentes, à la sauver de
1990 nvers et contre toutes ses routines décadentes, à la sauver de la ruine en l’unissant, et pour tout dire d’un mot, à gouve
1991 ontre toutes ses routines décadentes, à la sauver de la ruine en l’unissant, et pour tout dire d’un mot, à gouverner. Elle
1992 re toutes ses routines décadentes, à la sauver de la ruine en l’unissant, et pour tout dire d’un mot, à gouverner. Elle vo
1993 s routines décadentes, à la sauver de la ruine en l’ unissant, et pour tout dire d’un mot, à gouverner. Elle vous voit réti
1994 uver de la ruine en l’unissant, et pour tout dire d’ un mot, à gouverner. Elle vous voit réticents pour la plupart, inquiet
1995 lle vous voit réticents pour la plupart, inquiets de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins
1996 plupart, inquiets de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa
1997 niens. Elle voit que votre Assemblée consultative d’ un comité lui-même consultatif, formé de ministres qui se refusent d’a
1998 sultative d’un comité lui-même consultatif, formé de ministres qui se refusent d’ailleurs à transmettre vos consultations,
1999 erts. Ces consultés à la troisième puissance — si l’ on peut dire ! — répondent après six mois que c’est prématuré, mais qu
2000 é, mais qu’il ne faut rien faire en attendant. Et l’ opinion se demande si tout cela dissimule une idée de derrière la tête
2001 pinion se demande si tout cela dissimule une idée de derrière la tête, ou révèle au contraire, bien clairement, l’absence
2002 mande si tout cela dissimule une idée de derrière la tête, ou révèle au contraire, bien clairement, l’absence d’idée maîtr
2003 la tête, ou révèle au contraire, bien clairement, l’ absence d’idée maîtresse, de grande vision du but, de volonté. J’enten
2004 u révèle au contraire, bien clairement, l’absence d’ idée maîtresse, de grande vision du but, de volonté. J’entends bien qu
2005 ire, bien clairement, l’absence d’idée maîtresse, de grande vision du but, de volonté. J’entends bien que l’opinion se tro
2006 bsence d’idée maîtresse, de grande vision du but, de volonté. J’entends bien que l’opinion se trompe et méconnaît vos sent
2007 nde vision du but, de volonté. J’entends bien que l’ opinion se trompe et méconnaît vos sentiments intimes, qui sont très p
2008 times, qui sont très purs : qu’elle distingue mal les forces colossales qui paralysent jusqu’à votre éloquence et vous empê
2009 alysent jusqu’à votre éloquence et vous empêchent d’ articuler des intentions peut-être subversives (on chuchote que vous t
2010 (on chuchote que vous tenez en réserve un projet de timbre-poste européen). Certes, il convient de saluer bien bas les in
2011 et de timbre-poste européen). Certes, il convient de saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de s’agenouiller devant
2012 européen). Certes, il convient de saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de s’agenouiller devant les Constitutions,
2013 s, il convient de saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de s’agenouiller devant les Constitutions, de ramper devant
2014 de saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de s’agenouiller devant les Constitutions, de ramper devant les partis,
2015 intérêts et les Pouvoirs, de s’agenouiller devant les Constitutions, de ramper devant les partis, et de confesser son pur n
2016 voirs, de s’agenouiller devant les Constitutions, de ramper devant les partis, et de confesser son pur néant devant les ex
2017 uiller devant les Constitutions, de ramper devant les partis, et de confesser son pur néant devant les experts. Mais rien n
2018 es Constitutions, de ramper devant les partis, et de confesser son pur néant devant les experts. Mais rien ne pourra jamai
2019 les partis, et de confesser son pur néant devant les experts. Mais rien ne pourra jamais me persuader qu’ils aient tous ra
2020 re. Parlons un peu de cette fameuse prudence dont l’ éloge inlassable embellit vos discours. En somme, que risquez-vous ? J
2021 s faire peur, ce qui peut être plus dangereux que l’ inaction totale où vous glissez, plus utopique que le maintien du stat
2022 naction totale où vous glissez, plus utopique que le maintien du statu quo, plus follement imprudent que vos prudences ? J
2023 ences ? Je ne trouve pas. On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on s’engage dans un
2024 engage dans une entreprise aussi vaste. Ah ! pour le coup, je trouve cela « prématuré » (je m’excuse de parler comme un mi
2025 e coup, je trouve cela « prématuré » (je m’excuse de parler comme un ministre). Car vous ne vous êtes, jusqu’ici, engagés
2026 us ne vous êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que l’ on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou
2027 que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
2028 che. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à nos calamités
2029 ent à nos calamités. Ceci me rappelle un argument de M. Bevin. On aurait tort, à son avis, de commencer l’Europe par le to
2030 argument de M. Bevin. On aurait tort, à son avis, de commencer l’Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’il veut
2031 . Bevin. On aurait tort, à son avis, de commencer l’ Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’il veut dire exactem
2032 urait tort, à son avis, de commencer l’Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’il veut dire exactement, mais cav
2033 Bevin n’a jamais voulu rien commencer. Au reste, l’ Europe existe depuis plus de 2000 ans. Ce qui lui manque est justement
2034 commencer. Au reste, l’Europe existe depuis plus de 2000 ans. Ce qui lui manque est justement un toit. Pour tout dire en
2035 e familier, ces éternelles prudences nous cassent les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre première sessio
2036 dences nous cassent les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre première session consultative (au second degr
2037 les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre première session consultative (au second degré) de quoi faire u
2038 e première session consultative (au second degré) de quoi faire un collier à trois rangs de perles du genre de Festina len
2039 ond degré) de quoi faire un collier à trois rangs de perles du genre de Festina lente. Paris ne s’est pas bâti en un jour,
2040 faire un collier à trois rangs de perles du genre de Festina lente. Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’oi
2041 Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’ oiseau fait son nid, prudence est mère de sûreté, chi va piano va sano
2042 à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mère de sûreté, chi va piano va sano, wait and see, step by step, und so weit
2043 sano, wait and see, step by step, und so weiter. Les vieillards ont l’humeur proverbiale, mais votre assemblée est trop je
2044 , step by step, und so weiter. Les vieillards ont l’ humeur proverbiale, mais votre assemblée est trop jeune. Je lui propos
2045 elques slogans nouveaux et quelques amendements à la sagesse des peuples. Petit à petit, Paris ne s’est pas fait. Mais par
2046 ait. Mais par deux ou trois décisions, dont celle d’ Haussmann, corrigée d’un coup de crayon par Napoléon III. L’oiseau fai
2047 trois décisions, dont celle d’Haussmann, corrigée d’ un coup de crayon par Napoléon III. L’oiseau fait son nid en un jour —
2048 sions, dont celle d’Haussmann, corrigée d’un coup de crayon par Napoléon III. L’oiseau fait son nid en un jour — toutes af
2049 n, corrigée d’un coup de crayon par Napoléon III. L’ oiseau fait son nid en un jour — toutes affaires cessantes. On peut to
2050 x pas, sauf franchir un abîme. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré,
2051 , pour celui qui ne veut rien. Chi va piano perd la Corée. La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux.
2052 ui qui ne veut rien. Chi va piano perd la Corée. La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux. Je me rés
2053 ien. Chi va piano perd la Corée. La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux. Je me résume. L’opinion v
2054 la Corée. La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux. Je me résume. L’opinion vous regarde. Elle n’ent
2055 timides et la vertu des audacieux. Je me résume. L’ opinion vous regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités. Elle vous
2056 me. L’opinion vous regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités. Elle vous demande « Que voulez-vous faire ? » Si vous ne
2057 ulez-vous faire ? » Si vous ne voulez pas fédérer l’ Europe, vous ne voulez rien qui l’intéresse. Si vous ne faites rien ce
2058 lez pas fédérer l’Europe, vous ne voulez rien qui l’ intéresse. Si vous ne faites rien cet été, vous serez oubliés cet auto
2059 mieux ne rien faire, ou qu’on ne peut rien faire de sérieux, vous pouvez encore rendre un service à l’Europe ; allez-vous
2060 e sérieux, vous pouvez encore rendre un service à l’ Europe ; allez-vous-en. Laissez la place à ceux qui ont décidé d’agir.
2061 re un service à l’Europe ; allez-vous-en. Laissez la place à ceux qui ont décidé d’agir. Avouez que rien ne vous paraît po
2062 z-vous-en. Laissez la place à ceux qui ont décidé d’ agir. Avouez que rien ne vous paraît possible, on comprendra que vous
2063 dra que vous n’êtes plus nécessaires. Mais cessez de faire semblant d’être là. Constater le néant représente un progrès su
2064 s plus nécessaires. Mais cessez de faire semblant d’ être là. Constater le néant représente un progrès sur l’entretien d’un
2065 ais cessez de faire semblant d’être là. Constater le néant représente un progrès sur l’entretien d’une illusion coûteuse d
2066 là. Constater le néant représente un progrès sur l’ entretien d’une illusion coûteuse dans un édifice inachevé. Mais si qu
2067 er le néant représente un progrès sur l’entretien d’ une illusion coûteuse dans un édifice inachevé. Mais si quelques-uns d
2068 hevé. Mais si quelques-uns d’entre vous, comme je le crois, sont fédéralistes, qu’ils le disent, qu’ils proclament leur bu
2069 ous, comme je le crois, sont fédéralistes, qu’ils le disent, qu’ils proclament leur but, et tout changera dans un instant.
2070 but, et tout changera dans un instant. Il s’agit d’ une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés. q. Rougem
2071 s un instant. Il s’agit d’une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés. q. Rougemont Denis de, « Deuxième l
2072 sage des vœux aux volontés. q. Rougemont Denis de , « Deuxième lettre aux députés européens », Journal de Genève, Genève
2073  Deuxième lettre aux députés européens », Journal de Genève, Genève, 16 août 1950, p. 1.
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
2074 Troisième lettre aux députés européens : L’ orgueil de l’Europe (17 août 1950)r Messieurs les députés européens
2075 roisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)r Messieurs les députés européens, J’ai ten
2076 sième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’ Europe (17 août 1950)r Messieurs les députés européens, J’ai tenté
2077 ’orgueil de l’Europe (17 août 1950)r Messieurs les députés européens, J’ai tenté de traduire le sentiment des peuples en
2078 )r Messieurs les députés européens, J’ai tenté de traduire le sentiment des peuples en face de l’inertie de l’Assemblée
2079 urs les députés européens, J’ai tenté de traduire le sentiment des peuples en face de l’inertie de l’Assemblée. Ce n’était
2080 é de traduire le sentiment des peuples en face de l’ inertie de l’Assemblée. Ce n’était pas une attaque, je décrivais ce qu
2081 ire le sentiment des peuples en face de l’inertie de l’Assemblée. Ce n’était pas une attaque, je décrivais ce qu’un chacun
2082 le sentiment des peuples en face de l’inertie de l’ Assemblée. Ce n’était pas une attaque, je décrivais ce qu’un chacun pe
2083 e attaque, je décrivais ce qu’un chacun peut voir de ses yeux. Et plusieurs d’entre vous, je le sais, s’en affligent. (On
2084 t voir de ses yeux. Et plusieurs d’entre vous, je le sais, s’en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisant.) Au
2085 as suffisant.) Aujourd’hui, je voudrais vous dire l’ admiration et le respect que j’éprouve, non point hélas ! pour vos suc
2086 ujourd’hui, je voudrais vous dire l’admiration et le respect que j’éprouve, non point hélas ! pour vos succès jusqu’à cett
2087 s ! pour vos succès jusqu’à cette date, mais pour le rôle qui vous est dévolu, et pour le nom qu’il vous convient de reven
2088 e, mais pour le rôle qui vous est dévolu, et pour le nom qu’il vous convient de revendiquer, celui dont, par avance, je vo
2089 us est dévolu, et pour le nom qu’il vous convient de revendiquer, celui dont, par avance, je vous salue. Vous êtes, Messie
2090 nce, je vous salue. Vous êtes, Messieurs, Députés de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’E
2091 , je vous salue. Vous êtes, Messieurs, Députés de l’ Europe. Essayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’Euro
2092 us êtes, Messieurs, Députés de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’Europe entière, voilà q
2093 ssieurs, Députés de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’Europe entière, voilà qui signifie
2094 utés de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’Europe entière, voilà qui signifie, Messieurs,
2095 ayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’Europe entière, voilà qui signifie, Messieurs, que vous avez perdu
2096 ns de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’ Europe entière, voilà qui signifie, Messieurs, que vous avez perdu le
2097 oilà qui signifie, Messieurs, que vous avez perdu le droit d’être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos pe
2098 signifie, Messieurs, que vous avez perdu le droit d’ être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos peuples, co
2099 s avez perdu le droit d’être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l
2100 re étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l’héritage deux fois millén
2101 s terres, dans aucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l’héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’êtes
2102 ucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l’ héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’êtes pas seulement l
2103 n de ce qui forme l’héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’êtes pas seulement les députés de quinze villes capi
2104 millénaire de nos fils. Vous n’êtes pas seulement les députés de quinze villes capitales, et de cent-vingt provinces, et de
2105 e nos fils. Vous n’êtes pas seulement les députés de quinze villes capitales, et de cent-vingt provinces, et de la générat
2106 lement les députés de quinze villes capitales, et de cent-vingt provinces, et de la génération qui les peuple aujourd’hui,
2107 villes capitales, et de cent-vingt provinces, et de la génération qui les peuple aujourd’hui, plus de deux-cents-millions
2108 lles capitales, et de cent-vingt provinces, et de la génération qui les peuple aujourd’hui, plus de deux-cents-millions d’
2109 de cent-vingt provinces, et de la génération qui les peuple aujourd’hui, plus de deux-cents-millions d’hommes et de femmes
2110 de la génération qui les peuple aujourd’hui, plus de deux-cents-millions d’hommes et de femmes, mais par-delà tous les acc
2111 s peuple aujourd’hui, plus de deux-cents-millions d’ hommes et de femmes, mais par-delà tous les accents locaux, les intérê
2112 ourd’hui, plus de deux-cents-millions d’hommes et de femmes, mais par-delà tous les accents locaux, les intérêts et les pa
2113 illions d’hommes et de femmes, mais par-delà tous les accents locaux, les intérêts et les passions, par-delà les croyances
2114 de femmes, mais par-delà tous les accents locaux, les intérêts et les passions, par-delà les croyances et les révoltes qui
2115 par-delà tous les accents locaux, les intérêts et les passions, par-delà les croyances et les révoltes qui rassemblent ou d
2116 ts locaux, les intérêts et les passions, par-delà les croyances et les révoltes qui rassemblent ou divisent les vivants, vo
2117 térêts et les passions, par-delà les croyances et les révoltes qui rassemblent ou divisent les vivants, vous êtes les déput
2118 ances et les révoltes qui rassemblent ou divisent les vivants, vous êtes les députés d’une aventure humaine qui tente à tra
2119 ui rassemblent ou divisent les vivants, vous êtes les députés d’une aventure humaine qui tente à travers vous, dans l’angoi
2120 nt ou divisent les vivants, vous êtes les députés d’ une aventure humaine qui tente à travers vous, dans l’angoisse et l’es
2121 e aventure humaine qui tente à travers vous, dans l’ angoisse et l’espoir, le risque et la grandeur d’une liberté nouvelle.
2122 aine qui tente à travers vous, dans l’angoisse et l’ espoir, le risque et la grandeur d’une liberté nouvelle. Que vous le s
2123 ente à travers vous, dans l’angoisse et l’espoir, le risque et la grandeur d’une liberté nouvelle. Que vous le sachiez ou
2124 s vous, dans l’angoisse et l’espoir, le risque et la grandeur d’une liberté nouvelle. Que vous le sachiez ou non, vous ête
2125 l’angoisse et l’espoir, le risque et la grandeur d’ une liberté nouvelle. Que vous le sachiez ou non, vous êtes les député
2126 e et la grandeur d’une liberté nouvelle. Que vous le sachiez ou non, vous êtes les députés d’Athènes, de Rome et de Jérusa
2127 é nouvelle. Que vous le sachiez ou non, vous êtes les députés d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscie
2128 Que vous le sachiez ou non, vous êtes les députés d’ Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus
2129 sachiez ou non, vous êtes les députés d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète q
2130 non, vous êtes les députés d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète que l’homme
2131 s les députés d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète que l’homme ait jamais pris
2132 s d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète que l’homme ait jamais prise de son de
2133 ’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète que l’homme ait jamais prise de son desti
2134 ome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète que l’homme ait jamais prise de son destin et des chanc
2135 Les députés de la conscience la plus inquiète que l’ homme ait jamais prise de son destin et des chances de le surmonter. L
2136 nce la plus inquiète que l’homme ait jamais prise de son destin et des chances de le surmonter. Les députés non point d’un
2137 mme ait jamais prise de son destin et des chances de le surmonter. Les députés non point d’une presqu’île de l’Asie un peu
2138 ait jamais prise de son destin et des chances de le surmonter. Les députés non point d’une presqu’île de l’Asie un peu pl
2139 ise de son destin et des chances de le surmonter. Les députés non point d’une presqu’île de l’Asie un peu plus grande que l
2140 es chances de le surmonter. Les députés non point d’ une presqu’île de l’Asie un peu plus grande que la Corée, quoique ne d
2141 surmonter. Les députés non point d’une presqu’île de l’Asie un peu plus grande que la Corée, quoique ne dépassant guère 4
2142 monter. Les députés non point d’une presqu’île de l’ Asie un peu plus grande que la Corée, quoique ne dépassant guère 4 % d
2143 d’une presqu’île de l’Asie un peu plus grande que la Corée, quoique ne dépassant guère 4 % de la superficie du globe, mais
2144 ande que la Corée, quoique ne dépassant guère 4 % de la superficie du globe, mais bien de cela qui a fait au cours des âge
2145 e que la Corée, quoique ne dépassant guère 4 % de la superficie du globe, mais bien de cela qui a fait au cours des âges,
2146 nt guère 4 % de la superficie du globe, mais bien de cela qui a fait au cours des âges, d’un cap médiocre en dimensions ph
2147 , mais bien de cela qui a fait au cours des âges, d’ un cap médiocre en dimensions physiques, le cœur et le cerveau de l’hu
2148 âges, d’un cap médiocre en dimensions physiques, le cœur et le cerveau de l’humanité : notre culture, cette civilisation
2149 cap médiocre en dimensions physiques, le cœur et le cerveau de l’humanité : notre culture, cette civilisation que rien ne
2150 re en dimensions physiques, le cœur et le cerveau de l’humanité : notre culture, cette civilisation que rien ne s’offre à
2151 en dimensions physiques, le cœur et le cerveau de l’ humanité : notre culture, cette civilisation que rien ne s’offre à rem
2152 s’offre à remplacer, et qui a su remplacer toutes les autres. D’où vient, Messieurs, que ce cap de l’Asie ait dominé le mon
2153 mplacer, et qui a su remplacer toutes les autres. D’ où vient, Messieurs, que ce cap de l’Asie ait dominé le monde pendant
2154 vient, Messieurs, que ce cap de l’Asie ait dominé le monde pendant des siècles ? D’où, sinon d’un pouvoir d’invention et d
2155 l’Asie ait dominé le monde pendant des siècles ? D’ où, sinon d’un pouvoir d’invention et de dépassement du destin dont no
2156 dominé le monde pendant des siècles ? D’où, sinon d’ un pouvoir d’invention et de dépassement du destin dont nous cherchons
2157 de pendant des siècles ? D’où, sinon d’un pouvoir d’ invention et de dépassement du destin dont nous cherchons en vain l’ég
2158 siècles ? D’où, sinon d’un pouvoir d’invention et de dépassement du destin dont nous cherchons en vain l’égal sur la Planè
2159 dépassement du destin dont nous cherchons en vain l’ égal sur la Planète ? Sans remonter jusqu’au déluge, ni même jusqu’aux
2160 du destin dont nous cherchons en vain l’égal sur la Planète ? Sans remonter jusqu’au déluge, ni même jusqu’aux Anciens qu
2161 déluge, ni même jusqu’aux Anciens qui manquent à l’ Amérique, ou à la Renaissance qui manque aux Russes — sens de la mesur
2162 jusqu’aux Anciens qui manquent à l’Amérique, ou à la Renaissance qui manque aux Russes — sens de la mesure et sens critiqu
2163 ou à la Renaissance qui manque aux Russes — sens de la mesure et sens critique — qu’avons-nous inventé, nous les Européen
2164 à la Renaissance qui manque aux Russes — sens de la mesure et sens critique — qu’avons-nous inventé, nous les Européens,
2165 re et sens critique — qu’avons-nous inventé, nous les Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inve
2166 ue n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, la sociologie et les grandes synthèses h
2167 pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, la sociologie et les grandes synthèses historiques, la
2168 cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, la sociologie et les grandes synthèses historiques, la relativité généra
2169 le marxisme et la psychanalyse, la sociologie et les grandes synthèses historiques, la relativité généralisée et la physiq
2170 sociologie et les grandes synthèses historiques, la relativité généralisée et la physique nucléaire, la radio et le ciném
2171 nthèses historiques, la relativité généralisée et la physique nucléaire, la radio et le cinéma, la pénicilline et le DDT,
2172 relativité généralisée et la physique nucléaire, la radio et le cinéma, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique
2173 généralisée et la physique nucléaire, la radio et le cinéma, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique et le radar,
2174 et la physique nucléaire, la radio et le cinéma, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique et le radar, la rationa
2175 cléaire, la radio et le cinéma, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique et le radar, la rationalisation du travai
2176 la radio et le cinéma, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique et le radar, la rationalisation du travail indust
2177 pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique et le radar, la rationalisation du travail industriel, la construction méta
2178 ne et le DDT, le pétrole synthétique et le radar, la rationalisation du travail industriel, la construction métallique, l’
2179 radar, la rationalisation du travail industriel, la construction métallique, l’école active, le syndicalisme et les coopé
2180 u travail industriel, la construction métallique, l’ école active, le syndicalisme et les coopératives, et enfin l’art mode
2181 riel, la construction métallique, l’école active, le syndicalisme et les coopératives, et enfin l’art moderne tout entier 
2182 on métallique, l’école active, le syndicalisme et les coopératives, et enfin l’art moderne tout entier : peinture, musique,
2183 ve, le syndicalisme et les coopératives, et enfin l’ art moderne tout entier : peinture, musique, littérature, poésie, théâ
2184 re ; presque tous leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
2185 ; presque tous leurs grands noms sont des noms de l’ Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de
2186 s leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, d
2187 ès rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou pa
2188 maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou par nos livres. Bien plus, le monde moderne tout entier peu
2189 des cafés de Paris, ou par nos livres. Bien plus, le monde moderne tout entier peut être appelé une création européenne. P
2190 er peut être appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, d’ailleurs, il imite à la fois nos mœurs et n
2191 une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, d’ailleurs, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos proc
2192 e à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’ art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie,
2193 is nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie, de médeci
2194 os objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie, de médecine. — et nos arme
2195 rocédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie, de médecine. — et nos armes, quitte à les
2196 de construction, de transport et de gouvernement, d’ industrie, de médecine. — et nos armes, quitte à les tourner contre no
2197 on, de transport et de gouvernement, d’industrie, de médecine. — et nos armes, quitte à les tourner contre nous. Que sont
2198 ’industrie, de médecine. — et nos armes, quitte à les tourner contre nous. Que sont en fin de compte les deux empires qui p
2199 es tourner contre nous. Que sont en fin de compte les deux empires qui prétendent partager notre monde ? L’Amérique, la Rus
2200 eux empires qui prétendent partager notre monde ? L’ Amérique, la Russie moderne, sont des produits de notre culture, de Ca
2201 qui prétendent partager notre monde ? L’Amérique, la Russie moderne, sont des produits de notre culture, de Calvin et de M
2202 L’Amérique, la Russie moderne, sont des produits de notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est né
2203 ssie moderne, sont des produits de notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants e
2204 sont des produits de notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants et de nos phil
2205 oduits de notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De
2206 vin et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes
2207 de notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes les Députés. On a
2208 qui est née de nos savants et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes les Députés. On attend de vous l’inve
2209 s philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes les Députés. On attend de vous l’invention qui sauve la paix du monde, et
2210 cela, Messieurs, vous êtes les Députés. On attend de vous l’invention qui sauve la paix du monde, et qui maintienne l’Euro
2211 ssieurs, vous êtes les Députés. On attend de vous l’ invention qui sauve la paix du monde, et qui maintienne l’Europe dans
2212 Députés. On attend de vous l’invention qui sauve la paix du monde, et qui maintienne l’Europe dans une fonction qu’aucun
2213 ion qui sauve la paix du monde, et qui maintienne l’ Europe dans une fonction qu’aucun Empire nouveau n’ose lui disputer sé
2214 nouveau n’ose lui disputer sérieusement. Je viens d’ entendre à la radio le Don Juan de Mozart retransmis de Salzbourg. Voi
2215 lui disputer sérieusement. Je viens d’entendre à la radio le Don Juan de Mozart retransmis de Salzbourg. Voilà ce que l’E
2216 uter sérieusement. Je viens d’entendre à la radio le Don Juan de Mozart retransmis de Salzbourg. Voilà ce que l’Europe a s
2217 endre à la radio le Don Juan de Mozart retransmis de Salzbourg. Voilà ce que l’Europe a su faire. Toute la musique est née
2218 n de Mozart retransmis de Salzbourg. Voilà ce que l’ Europe a su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’Europe
2219 alzbourg. Voilà ce que l’Europe a su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les
2220 su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, de
2221 faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’ Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, des s
2222 du contrepoint de l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, des symphonies et des Passions ; les d
2223 nt de l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, des symphonies et des Passions ; les députés de G
2224 ope. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, des symphonies et des Passions ; les députés de Goethe et de
2225 . Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’ opéra, des symphonies et des Passions ; les députés de Goethe et de la
2226 art, de l’opéra, des symphonies et des Passions ; les députés de Goethe et de la littérature ; de Descartes et des philosop
2227 éra, des symphonies et des Passions ; les députés de Goethe et de la littérature ; de Descartes et des philosophes ; d’Ein
2228 honies et des Passions ; les députés de Goethe et de la littérature ; de Descartes et des philosophes ; d’Einstein et des
2229 ies et des Passions ; les députés de Goethe et de la littérature ; de Descartes et des philosophes ; d’Einstein et des sav
2230 ns ; les députés de Goethe et de la littérature ; de Descartes et des philosophes ; d’Einstein et des savants ; de Rembran
2231 a littérature ; de Descartes et des philosophes ; d’ Einstein et des savants ; de Rembrandt et des peintres ; les députés a
2232 et des philosophes ; d’Einstein et des savants ; de Rembrandt et des peintres ; les députés aussi des auteurs anonymes de
2233 n et des savants ; de Rembrandt et des peintres ; les députés aussi des auteurs anonymes de la Magna Charta et du Pacte du
2234 peintres ; les députés aussi des auteurs anonymes de la Magna Charta et du Pacte du Grütli, de l’esprit des communes, des
2235 ntres ; les députés aussi des auteurs anonymes de la Magna Charta et du Pacte du Grütli, de l’esprit des communes, des éta
2236 nonymes de la Magna Charta et du Pacte du Grütli, de l’esprit des communes, des états généraux, et du Serment du Jeu de Pa
2237 ymes de la Magna Charta et du Pacte du Grütli, de l’ esprit des communes, des états généraux, et du Serment du Jeu de Paume
2238 ommunes, des états généraux, et du Serment du Jeu de Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge de l’avenir. Par l’un,
2239 de Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge de l’avenir. Par l’un, vous êtes à l’autre députés. Me voici partagé ent
2240 Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge de l’ avenir. Par l’un, vous êtes à l’autre députés. Me voici partagé entre
2241 us êtes à l’autre députés. Me voici partagé entre l’ envie de rire de vos craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentim
2242 à l’autre députés. Me voici partagé entre l’envie de rire de vos craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentiment très
2243 e députés. Me voici partagé entre l’envie de rire de vos craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentiment très vif de
2244 entre l’envie de rire de vos craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentiment très vif de mon néant devant l’ampleur d
2245 re de vos craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentiment très vif de mon néant devant l’ampleur de la mission qui vo
2246 isoires, de vos alinéas, et le sentiment très vif de mon néant devant l’ampleur de la mission qui vous anime, ou qui peut-
2247 éas, et le sentiment très vif de mon néant devant l’ ampleur de la mission qui vous anime, ou qui peut-être vous écrase. En
2248 sentiment très vif de mon néant devant l’ampleur de la mission qui vous anime, ou qui peut-être vous écrase. En vérité, j
2249 ntiment très vif de mon néant devant l’ampleur de la mission qui vous anime, ou qui peut-être vous écrase. En vérité, je n
2250 t par angoisse et en dernier recours, soulevé par la passion de tous les hommes, et pas seulement ceux de notre continent,
2251 sse et en dernier recours, soulevé par la passion de tous les hommes, et pas seulement ceux de notre continent, pour qui l
2252 n dernier recours, soulevé par la passion de tous les hommes, et pas seulement ceux de notre continent, pour qui le nom d’E
2253 passion de tous les hommes, et pas seulement ceux de notre continent, pour qui le nom d’Europe a représenté la beauté dans
2254 t pas seulement ceux de notre continent, pour qui le nom d’Europe a représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les
2255 eulement ceux de notre continent, pour qui le nom d’ Europe a représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets
2256 continent, pour qui le nom d’Europe a représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets d’un bonheur conquis
2257 r qui le nom d’Europe a représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets d’un bonheur conquis sur le destin,
2258 nom d’Europe a représenté la beauté dans la vie, l’ intelligence, les secrets d’un bonheur conquis sur le destin, et malgr
2259 représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets d’un bonheur conquis sur le destin, et malgré tant de crimes,
2260 a beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets d’ un bonheur conquis sur le destin, et malgré tant de crimes, l’honneur
2261 ntelligence, les secrets d’un bonheur conquis sur le destin, et malgré tant de crimes, l’honneur de l’être humain. Mais ce
2262 conquis sur le destin, et malgré tant de crimes, l’ honneur de l’être humain. Mais cette beauté, ce bonheur, cet honneur,
2263 ur le destin, et malgré tant de crimes, l’honneur de l’être humain. Mais cette beauté, ce bonheur, cet honneur, et cette c
2264 le destin, et malgré tant de crimes, l’honneur de l’ être humain. Mais cette beauté, ce bonheur, cet honneur, et cette cons
2265 tte conscience inquiète aussi, et ce grand risque de la liberté, tout cela qui vous délègue en ce lieu décisif, dans l’his
2266 conscience inquiète aussi, et ce grand risque de la liberté, tout cela qui vous délègue en ce lieu décisif, dans l’histoi
2267 ut cela qui vous délègue en ce lieu décisif, dans l’ histoire concrète de ce temps, tout cela peut disparaître à tout jamai
2268 ègue en ce lieu décisif, dans l’histoire concrète de ce temps, tout cela peut disparaître à tout jamais si vous manquez à
2269 mais si vous manquez à une mission précise, celle de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle. Messieurs le
2270 se, celle de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle. Messieurs les députés européens, saurez-vous mériter
2271 esses pour en faire la force du siècle. Messieurs les députés européens, saurez-vous mériter votre nom ? On attend de vous
2272 opéens, saurez-vous mériter votre nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, sont confondu
2273 saurez-vous mériter votre nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, sont confondues avec
2274 ériter votre nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances de
2275 nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances de l’homme. P
2276 m ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’ Europe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances de l’homme. Pers
2277 es de l’Europe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances de l’homme. Personne n’est assez grand pour répondre au défi
2278 pe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances de l’homme. Personne n’est assez grand pour répondre au défi d’un tel de
2279 aujourd’hui, sont confondues avec les chances de l’ homme. Personne n’est assez grand pour répondre au défi d’un tel desti
2280 Personne n’est assez grand pour répondre au défi d’ un tel destin. Groupez-vous. Dites au moins votre but ! Nous sommes pl
2281 ui n’attendons qu’un signe. r. Rougemont Denis de , « Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe »,
2282 is de, « Troisième lettre aux députés européens : L’ orgueil de l’Europe », Journal de Genève, Genève, 17 août 1950, p. 1.
2283 roisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe », Journal de Genève, Genève, 17 août 1950, p. 1.
2284 sième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’ Europe », Journal de Genève, Genève, 17 août 1950, p. 1.
2285 utés européens : L’orgueil de l’Europe », Journal de Genève, Genève, 17 août 1950, p. 1.
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
2286 uatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)s Messieurs de l’Assemblée
2287 hlet du Labour Party (18 août 1950)s Messieurs de l’Assemblée consultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de M
2288 t du Labour Party (18 août 1950)s Messieurs de l’ Assemblée consultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de Moza
2289 emblée consultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de
2290 sultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a p
2291 lqu’un qui ne se sent pas le député de Mozart, ni d’ Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le
2292 se sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’Europe,
2293 le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien
2294 ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’auteur du Manifest
2295 e, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’auteur du Manifeste publié par le Labour P
2296 e rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’ Europe, c’est bien l’auteur du Manifeste publié par le Labour Party su
2297 ce qu’a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’ auteur du Manifeste publié par le Labour Party sur le problème de l’un
2298 rope, c’est bien l’auteur du Manifeste publié par le Labour Party sur le problème de l’unité européenne. Quand il regarde
2299 uteur du Manifeste publié par le Labour Party sur le problème de l’unité européenne. Quand il regarde notre vieux continen
2300 ifeste publié par le Labour Party sur le problème de l’unité européenne. Quand il regarde notre vieux continent, il n’y vo
2301 ste publié par le Labour Party sur le problème de l’ unité européenne. Quand il regarde notre vieux continent, il n’y voit,
2302 ue ça n’est pas anglais. Il distingue un ensemble de pays peu sûrs, qui d’une part ne font point partie du Commonwealth, d
2303 alth, d’autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’unir avec des gens pareils ? L
2304 t ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’unir avec des gens pareils ? Leur existence est
2305 est purement négative. J’ai bien lu ce pamphlet, d’ une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il
2306 ujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’ idée que l’Europe soit une culture, une unité de civilisation, un foye
2307 r. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’ Europe soit une culture, une unité de civilisation, un foyer d’inventi
2308 . L’idée que l’Europe soit une culture, une unité de civilisation, un foyer d’inventions dans tous les ordres, un trésor d
2309 une culture, une unité de civilisation, un foyer d’ inventions dans tous les ordres, un trésor de diversités souvent irréd
2310 de civilisation, un foyer d’inventions dans tous les ordres, un trésor de diversités souvent irréductibles mais sans prix,
2311 oyer d’inventions dans tous les ordres, un trésor de diversités souvent irréductibles mais sans prix, de libertés, de foi,
2312 diversités souvent irréductibles mais sans prix, de libertés, de foi, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’ef
2313 ouvent irréductibles mais sans prix, de libertés, de foi, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. I
2314 ductibles mais sans prix, de libertés, de foi, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y a pou
2315 mais sans prix, de libertés, de foi, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y a pour lui qu’u
2316 i, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’ effleure pas. Il n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique du
2317 eure pas. Il n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi ; une seule méthode : étatiser les industri
2318 ue du plein emploi ; une seule méthode : étatiser les industries ; un seul pays qui ait su le faire : la Grande-Bretagne ;
2319 étatiser les industries ; un seul pays qui ait su le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’est pas européen. En effet,
2320 s industries ; un seul pays qui ait su le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’est pas européen. En effet, dit le pam
2321 ne ; et ce pays n’est pas européen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous sommes plus près des Dominions que d
2322 est pas européen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous sommes plus près des Dominions que de l’Europe, « par n
2323 Anglais, nous sommes plus près des Dominions que de l’Europe, « par notre langue ; et par nos origines, nos habitudes soc
2324 glais, nous sommes plus près des Dominions que de l’ Europe, « par notre langue ; et par nos origines, nos habitudes social
2325 et nos intérêts économiques »… Je ne sais ce que les Hindous, les Boers, les Canadiens français et même les Irlandais, pen
2326 êts économiques »… Je ne sais ce que les Hindous, les Boers, les Canadiens français et même les Irlandais, pensent de ces o
2327 ques »… Je ne sais ce que les Hindous, les Boers, les Canadiens français et même les Irlandais, pensent de ces origines com
2328 indous, les Boers, les Canadiens français et même les Irlandais, pensent de ces origines communes… Le point de vue politiqu
2329 Canadiens français et même les Irlandais, pensent de ces origines communes… Le point de vue politique des Dominions n’est
2330 les Irlandais, pensent de ces origines communes… Le point de vue politique des Dominions n’est pas celui de l’auteur sur
2331 nt de vue politique des Dominions n’est pas celui de l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolutions de Colom
2332 de vue politique des Dominions n’est pas celui de l’ auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolutions de Colombo 
2333 que des Dominions n’est pas celui de l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolutions de Colombo ; et pas un s
2334 nions n’est pas celui de l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul de ces p
2335 ns n’est pas celui de l’auteur sur la question de l’ Europe, — voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul de ces pays
2336 i de l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul de ces pays n’est travaillist
2337 r la question de l’Europe, — voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul de ces pays n’est travailliste… Les habitude
2338  voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul de ces pays n’est travailliste… Les habitudes sociales, les intérêts… On
2339  ; et pas un seul de ces pays n’est travailliste… Les habitudes sociales, les intérêts… On devine ce qu’il y aurait à dire
2340 pays n’est travailliste… Les habitudes sociales, les intérêts… On devine ce qu’il y aurait à dire là-dessus. Bref, une seu
2341 , une seule chose paraît claire, dans tout cela : les habitants de la Grande-Bretagne et leurs « parents de l’Australie et
2342 ose paraît claire, dans tout cela : les habitants de la Grande-Bretagne et leurs « parents de l’Australie et de la Nouvell
2343 paraît claire, dans tout cela : les habitants de la Grande-Bretagne et leurs « parents de l’Australie et de la Nouvelle-Z
2344 abitants de la Grande-Bretagne et leurs « parents de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande » (seuls mentionnés) restent un
2345 tants de la Grande-Bretagne et leurs « parents de l’ Australie et de la Nouvelle-Zélande » (seuls mentionnés) restent unis
2346 nde-Bretagne et leurs « parents de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande » (seuls mentionnés) restent unis par une même la
2347 -Bretagne et leurs « parents de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande » (seuls mentionnés) restent unis par une même langu
2348 angue. Si c’est celle du pamphlet, tremblons pour la famille ! Tous les adversaires de l’Europe méritent d’écrire comme M.
2349 lle du pamphlet, tremblons pour la famille ! Tous les adversaires de l’Europe méritent d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vo
2350 tremblons pour la famille ! Tous les adversaires de l’Europe méritent d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il s
2351 emblons pour la famille ! Tous les adversaires de l’ Europe méritent d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il se d
2352 mille ! Tous les adversaires de l’Europe méritent d’ écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il se dit partisan d’un p
2353 . Hugh Dalton. Je vois bien qu’il se dit partisan d’ un peu d’union tout de même, pour faire face aux Soviets et au déficit
2354 lton. Je vois bien qu’il se dit partisan d’un peu d’ union tout de même, pour faire face aux Soviets et au déficit en dolla
2355 m ne saurait être envisagé que s’il n’affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se convertit à l’étatisme
2356 affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’ Europe se convertit à l’étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base
2357 anglais, et que si toute l’Europe se convertit à l’ étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base de compromis, c’est-à-di
2358 à l’étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base de compromis, c’est-à-dire d’action positive. À ces deux conditions de l
2359 ui n’offre aucune base de compromis, c’est-à-dire d’ action positive. À ces deux conditions de l’union — les mieux faites p
2360 t-à-dire d’action positive. À ces deux conditions de l’union — les mieux faites pour la rendre impossible, l’une en esprit
2361 -dire d’action positive. À ces deux conditions de l’ union — les mieux faites pour la rendre impossible, l’une en esprit et
2362 tion positive. À ces deux conditions de l’union —  les mieux faites pour la rendre impossible, l’une en esprit et l’autre en
2363 eux conditions de l’union — les mieux faites pour la rendre impossible, l’une en esprit et l’autre en probabilité —, M. Da
2364 rit et l’autre en probabilité —, M. Dalton soumet le Conseil de l’Europe. Et cela produit des résultats bizarres. Votre As
2365 travail, pourvu qu’elle n’ait aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’être démocratique s’il accepte la loi de
2366 aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’ être démocratique s’il accepte la loi de la majorité. Cette logique fa
2367 istériel cessera d’être démocratique s’il accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du daltonisme, en
2368 l cessera d’être démocratique s’il accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du daltonisme, encore qu
2369 essera d’être démocratique s’il accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du daltonisme, encore qu’el
2370 accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du daltonisme, encore qu’elle ne soit pas tout inconnue des
2371 t pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’ axiome que la démocratie est identique au socialisme anglais. Il en dé
2372 connue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que la démocratie est identique au socialisme anglais. Il en découle primo :
2373 é travailliste ne saurait être tolérable que dans la mesure où elle reste impuissante — d’où le refus d’un Parlement europ
2374 le que dans la mesure où elle reste impuissante — d’ où le refus d’un Parlement européen ; secundo : que les champions d’un
2375 e dans la mesure où elle reste impuissante — d’où le refus d’un Parlement européen ; secundo : que les champions d’un régi
2376 mesure où elle reste impuissante — d’où le refus d’ un Parlement européen ; secundo : que les champions d’un régime fédéra
2377 le refus d’un Parlement européen ; secundo : que les champions d’un régime fédéral fondé sur la majorité « doivent être co
2378 Parlement européen ; secundo : que les champions d’ un régime fédéral fondé sur la majorité « doivent être considérés comm
2379 : que les champions d’un régime fédéral fondé sur la majorité « doivent être considérés comme les ennemis les plus dangere
2380 é sur la majorité « doivent être considérés comme les ennemis les plus dangereux de l’unité européenne », — d’où le refus d
2381 orité « doivent être considérés comme les ennemis les plus dangereux de l’unité européenne », — d’où le refus de toute auto
2382 e considérés comme les ennemis les plus dangereux de l’unité européenne », — d’où le refus de toute autorité politique sup
2383 onsidérés comme les ennemis les plus dangereux de l’ unité européenne », — d’où le refus de toute autorité politique super-
2384 mis les plus dangereux de l’unité européenne », —  d’ où le refus de toute autorité politique super-nationale. Cet ami de l’
2385 es plus dangereux de l’unité européenne », — d’où le refus de toute autorité politique super-nationale. Cet ami de l’unité
2386 angereux de l’unité européenne », — d’où le refus de toute autorité politique super-nationale. Cet ami de l’unité siège pa
2387 toute autorité politique super-nationale. Cet ami de l’unité siège parmi vous. Il va trouver sur vos banquettes des advers
2388 te autorité politique super-nationale. Cet ami de l’ unité siège parmi vous. Il va trouver sur vos banquettes des adversair
2389 quettes des adversaires et des alliés inattendus. Les socialistes continentaux seront des premiers, et les conservateurs br
2390 socialistes continentaux seront des premiers, et les conservateurs britanniques des seconds. On devine que ces conservateu
2391 suivent une logique non daltonienne : ils partent d’ un axiome inverse. Démocratie et socialisme leur apparaissent contradi
2392 apparaissent contradictoires. Et cependant, pour l’ étonnement des cartésiens, cette logique différente les conduit aux mê
2393 onnement des cartésiens, cette logique différente les conduit aux mêmes conclusions négatives. Au Parlement européen, s’il
2394 s négatives. Au Parlement européen, s’il est doté de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut qu’elle ait v
2395 uropéen, s’il est doté de pouvoirs législatifs, à l’ Autorité politique, s’il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne
2396 utorité politique, s’il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories disent non d’
2397 rité politique, s’il faut qu’elle ait vraiment de l’ autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories disent non d’un
2398 t vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories disent non d’un seul cœur, dans la même langue que l
2399 t de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories disent non d’un seul cœur, dans la même langue que le chanceli
2400 souffre donc point de veto, les Tories disent non d’ un seul cœur, dans la même langue que le chancelier du Lancaster. Oppo
2401 veto, les Tories disent non d’un seul cœur, dans la même langue que le chancelier du Lancaster. Opposés en tout, sauf en
2402 isent non d’un seul cœur, dans la même langue que le chancelier du Lancaster. Opposés en tout, sauf en cela, conservateurs
2403 bissent plus que d’autres en leur île : j’entends le nationalisme étatisé et le mythe survivant des souverainetés. L’un no
2404 n leur île : j’entends le nationalisme étatisé et le mythe survivant des souverainetés. L’un nourrit l’autre, parce qu’il
2405 recourt à ce mythe que pour garder quelque moyen d’ agir sans démasquer sa vraie nature. Car dans le fait, où sont nos sou
2406 n d’agir sans démasquer sa vraie nature. Car dans le fait, où sont nos souverainetés ? Qui les a vues depuis quelques déce
2407 Car dans le fait, où sont nos souverainetés ? Qui les a vues depuis quelques décennies ? Qui donc ose les défendre ouvertem
2408 s a vues depuis quelques décennies ? Qui donc ose les défendre ouvertement, à part nos staliniens sur l’ordre du Kremlin ?
2409 s défendre ouvertement, à part nos staliniens sur l’ ordre du Kremlin ? Et comment se définissent-elles ? Toynbee, qui est
2410 ien, écrit au Times qu’elles ne font point partie de la doctrine et des dogmes chrétiens. Suárez et les jésuites pensaient
2411 , écrit au Times qu’elles ne font point partie de la doctrine et des dogmes chrétiens. Suárez et les jésuites pensaient di
2412 de la doctrine et des dogmes chrétiens. Suárez et les jésuites pensaient différemment, mais c’était il y a trois-cents ans.
2413 . Personne ne sait très bien, en somme. On essaie de nous dire que l’opinion y tient. Quelle opinion, et qui l’exprime ? L
2414 t très bien, en somme. On essaie de nous dire que l’ opinion y tient. Quelle opinion, et qui l’exprime ? Les peuples, inter
2415 ire que l’opinion y tient. Quelle opinion, et qui l’ exprime ? Les peuples, interrogés sur la question, seraient bien en pe
2416 inion y tient. Quelle opinion, et qui l’exprime ? Les peuples, interrogés sur la question, seraient bien en peine d’en comp
2417 n, et qui l’exprime ? Les peuples, interrogés sur la question, seraient bien en peine d’en comprendre le sens. Ils n’aimen
2418 nterrogés sur la question, seraient bien en peine d’ en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étranger commande chez e
2419 question, seraient bien en peine d’en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étranger commande chez eux. C’est tout.
2420 ine d’en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’ étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’il faut éviter que l’ét
2421 e chez eux. C’est tout. Mais s’il faut éviter que l’ étranger soit Staline, ils acceptent fort bien que leurs armées soient
2422 auraient accepté que leur monnaie perde un tiers de sa valeur, parce que Londres avait dévalué. Je cherche en vain : Où s
2423 vait dévalué. Je cherche en vain : Où sont encore les souverainetés de nos États, quand l’armée et l’économie n’en dépenden
2424 herche en vain : Où sont encore les souverainetés de nos États, quand l’armée et l’économie n’en dépendent plus que pour l
2425 sont encore les souverainetés de nos États, quand l’ armée et l’économie n’en dépendent plus que pour la forme et le détail
2426 les souverainetés de nos États, quand l’armée et l’ économie n’en dépendent plus que pour la forme et le détail ? Restent
2427 ’armée et l’économie n’en dépendent plus que pour la forme et le détail ? Restent les tarifs douaniers, les monnaies mal c
2428 économie n’en dépendent plus que pour la forme et le détail ? Restent les tarifs douaniers, les monnaies mal couvertes, et
2429 ent plus que pour la forme et le détail ? Restent les tarifs douaniers, les monnaies mal couvertes, et les calibres différe
2430 orme et le détail ? Restent les tarifs douaniers, les monnaies mal couvertes, et les calibres différents : tout le monde vo
2431 tarifs douaniers, les monnaies mal couvertes, et les calibres différents : tout le monde voudrait leur unification. Et qua
2432 caux, je ne vois pas que leur variété ait empêché les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. La souveraine
2433 que leur variété ait empêché les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. La souveraineté nationale absolue
2434 riété ait empêché les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc
2435 té ait empêché les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc pl
2436 êché les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc plus qu’un p
2437 des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc plus qu’un prétexte au droi
2438 n prétexte au droit de veto, qui revient à donner le seul pouvoir réel, quoique négatif, à la minorité ; et derrière le ve
2439 à donner le seul pouvoir réel, quoique négatif, à la minorité ; et derrière le veto se cachent en fait les vieux nationali
2440 éel, quoique négatif, à la minorité ; et derrière le veto se cachent en fait les vieux nationalistes, les daltoniens, et l
2441 minorité ; et derrière le veto se cachent en fait les vieux nationalistes, les daltoniens, et les totalitaires cyniques. (O
2442 veto se cachent en fait les vieux nationalistes, les daltoniens, et les totalitaires cyniques. (Ou bien les staliniens ser
2443 fait les vieux nationalistes, les daltoniens, et les totalitaires cyniques. (Ou bien les staliniens seraient-ils naïfs, qu
2444 altoniens, et les totalitaires cyniques. (Ou bien les staliniens seraient-ils naïfs, quand c’est par décision d’un État étr
2445 iens seraient-ils naïfs, quand c’est par décision d’ un État étranger qu’ils disent vouloir garder la souveraineté du leur 
2446 n d’un État étranger qu’ils disent vouloir garder la souveraineté du leur ?) Messieurs les députés, ce serait pure folie q
2447 uloir garder la souveraineté du leur ?) Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va,
2448 ) Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’ essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. L
2449 s les députés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question
2450 ue d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’ avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverai
2451 yer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés ill
2452 e qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comme
2453 de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire abandon de ce
2454 souverainetés illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoq
2455 mment faire abandon de ce qu’on n’a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauvais motif qui en ca
2456 toutes, à invoquer ce mauvais motif qui en cache de pires, pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souve
2457 mauvais motif qui en cache de pires, pour arrêter l’ élan vers notre union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez-les 
2458 r arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Europe
2459 union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez- les  ! Refaites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépend
2460 s souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’ échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu
2461 netés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et
2462 és, dépassez-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’ Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu
2463 Refaites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu’elles sabotent. Le
2464 e, qui vaut mieux qu’elles, et qu’elles sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’a pas voté la suppression des souve
2465 . Le peuple suisse, il y a cent ans, n’a pas voté la suppression des souverainetés. Ses vingt-cinq États sont souverains s
2466 ainetés. Ses vingt-cinq États sont souverains sur le papier, mais fédérés en fait. Chacun d’eux a gardé sa personnalité, p
2467 rains sur le papier, mais fédérés en fait. Chacun d’ eux a gardé sa personnalité, parce qu’un groupe d’Imprudents et d’Utop
2468 d’eux a gardé sa personnalité, parce qu’un groupe d’ Imprudents et d’Utopistes, qui voyaient et qui aimaient toutes les cou
2469 personnalité, parce qu’un groupe d’Imprudents et d’ Utopistes, qui voyaient et qui aimaient toutes les couleurs du prisme,
2470 d’Utopistes, qui voyaient et qui aimaient toutes les couleurs du prisme, leur a donné presque sans qu’ils s’en doutent la
2471 me, leur a donné presque sans qu’ils s’en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité fédérale. Nous n
2472 onné presque sans qu’ils s’en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité fédérale. Nous n’attendons ri
2473 e sans qu’ils s’en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité fédérale. Nous n’attendons rien de plus
2474 ans qu’ils s’en doutent la force et les moyens de l’ indépendance : une Autorité fédérale. Nous n’attendons rien de plus, n
2475 fédérale. Nous n’attendons rien de plus, ni rien de moins de vous. s. Rougemont Denis de, « Quatrième lettre aux déput
2476 . Nous n’attendons rien de plus, ni rien de moins de vous. s. Rougemont Denis de, « Quatrième lettre aux députés europé
2477 , ni rien de moins de vous. s. Rougemont Denis de , « Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du
2478 uatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party », Journal de Genève, Genève, 18 août 1950,
2479 En lisant le pamphlet du Labour Party », Journal de Genève, Genève, 18 août 1950, p. 1.
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
2480 tez votre nom ! » (19-20 août 1950)t Messieurs les députés de l’Europe à sauver ! Ceux qui disent que « l’Europe sera so
2481 m ! » (19-20 août 1950)t Messieurs les députés de l’Europe à sauver ! Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou
2482  » (19-20 août 1950)t Messieurs les députés de l’ Europe à sauver ! Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou ne
2483 utés de l’Europe à sauver ! Ceux qui disent que «  l’ Europe sera socialiste ou ne sera pas », savent très bien qu’à ce prix
2484 nt très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ ennemi, et non point Vichinsky. Et cela vaut pour tous ceux qui pourra
2485 a vaut pour tous ceux qui pourraient déclarer que l’ Europe sera toute catholique, ou protestante, ou française, ou alleman
2486 e, ou protestante, ou française, ou allemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit
2487 nte, ou française, ou allemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle
2488 elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités de tous les ordres, que l’on ne peut préserver que par l’union, et que l
2489 t, pour qu’elle dure, dans ses diversités de tous les ordres, que l’on ne peut préserver que par l’union, et que l’unificat
2490 dure, dans ses diversités de tous les ordres, que l’ on ne peut préserver que par l’union, et que l’unification tuerait. Ma
2491 us les ordres, que l’on ne peut préserver que par l’ union, et que l’unification tuerait. Mais sans sacrifices d’amour-prop
2492 ue l’on ne peut préserver que par l’union, et que l’ unification tuerait. Mais sans sacrifices d’amour-propre, sans replis
2493 t que l’unification tuerait. Mais sans sacrifices d’ amour-propre, sans replis stratégiques d’intérêts légitimes, sans comp
2494 crifices d’amour-propre, sans replis stratégiques d’ intérêts légitimes, sans compromis elle ne sera pas. C’est clair. Seul
2495 ’est clair. Seuls, ceux qui veulent passionnément le But se résoudront aux compromis vitaux. Quant à ceux qui n’ont point
2496 itaux. Quant à ceux qui n’ont point cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles à l’union, perd
2497 ux. Quant à ceux qui n’ont point cette passion de l’ Europe, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles à l’union, perdant
2498 n’ont point cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité
2499 pe, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles à l’ union, perdant de vue sa nécessité, il nous reste à leur faire compren
2500 regard s’attarde aux obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous reste à leur faire comprendre que le pire o
2501 essité, il nous reste à leur faire comprendre que le pire obstacle, c’est eux-mêmes. Ils nous disent : « Je veux bien, je
2502 ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’ Opinion, par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rie
2503 faire sans elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’ opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfute
2504 ls se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’ écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes, démasquent
2505 our l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes, démasquent leurs arrière-pen
2506 leurs arrière-pensées, dénonçant leur parti pris de scepticisme. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’union,
2507 ensées, dénonçant leur parti pris de scepticisme. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’union, lorsqu’on les int
2508 e. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’ union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut pas plus pour fédérer l
2509 es Européens se déclarent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opi
2510 s interroge. Il n’en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l’entraîne. « On suit ceux qui marc
2511 n’en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’ opinion veut qu’on l’entraîne. « On suit ceux qui marchent », dit Pégu
2512 pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l’ entraîne. « On suit ceux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivr
2513 le ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourront bien dire : J’avais raison, voyez l’obsta
2514 alors, pourront bien dire : J’avais raison, voyez l’ obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les
2515 ien dire : J’avais raison, voyez l’obstacle ! Ils l’ auront eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les obstacles insurm
2516 oyez l’obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’ œil du sceptique crée les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes
2517 auront eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes d’opinions, celle que l’
2518 les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes d’ opinions, celle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’alibi
2519 ntables. Il y a deux sortes d’opinions, celle que l’ on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’alibi aux démagogues, et l’a
2520 eux sortes d’opinions, celle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’alibi aux démagogues, et l’autre qui les lais
2521 lle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’ alibi aux démagogues, et l’autre qui les laisse tomber ; l’une qui fai
2522 e qui sert d’alibi aux démagogues, et l’autre qui les laisse tomber ; l’une qui fait des discours, l’autre qui vote. La pre
2523 autre qui vote. La première est exactement ce que la presse et la radio déclarent qu’elle est. Presse et radio voudraient
2524 e. La première est exactement ce que la presse et la radio déclarent qu’elle est. Presse et radio voudraient que Dewey soi
2525 ey soit élu : on dit alors qu’il a pour lui toute l’ opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle l’était avant cela,
2526 ors qu’il a pour lui toute l’opinion. Truman élu, l’ opinion c’est Truman. Elle l’était avant cela, bien sûr, mais elle n’a
2527 opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle l’ était avant cela, bien sûr, mais elle n’a pu parler que dans le secret
2528 cela, bien sûr, mais elle n’a pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe
2529 elle n’a pu parler que dans le secret des urnes. L’ opinion d’aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bouger
2530 pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’ aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si
2531 le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites pre
2532 urnes. L’opinion d’aujourd’hui, je la sens, c’est l’ Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites presque rien. Elle
2533 as, si vous ne faites presque rien. Elle laissera les sceptiques parler « au nom des masses » dans l’indifférence générale.
2534 les sceptiques parler « au nom des masses » dans l’ indifférence générale. Elle laissera le Conseil de l’Europe murmurer p
2535 ses » dans l’indifférence générale. Elle laissera le Conseil de l’Europe murmurer pudiquement chaque année qu’il reste dés
2536 rer pudiquement chaque année qu’il reste désireux d’ envisager l’étude de quelques mesures préalables tendant à renforcer l
2537 ent chaque année qu’il reste désireux d’envisager l’ étude de quelques mesures préalables tendant à renforcer le sentiment
2538 ue année qu’il reste désireux d’envisager l’étude de quelques mesures préalables tendant à renforcer le sentiment d’une so
2539 e quelques mesures préalables tendant à renforcer le sentiment d’une solidarité qui ne saurait nuire à « l’avènement d’une
2540 sures préalables tendant à renforcer le sentiment d’ une solidarité qui ne saurait nuire à « l’avènement d’une union plus i
2541 ntiment d’une solidarité qui ne saurait nuire à «  l’ avènement d’une union plus intime entre ses membres ». Les manchettes
2542 e solidarité qui ne saurait nuire à « l’avènement d’ une union plus intime entre ses membres ». Les manchettes des journaux
2543 ment d’une union plus intime entre ses membres ». Les manchettes des journaux parleront d’un « pas important vers l’union »
2544 membres ». Les manchettes des journaux parleront d’ un « pas important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne p
2545 des journaux parleront d’un « pas important vers l’ union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s’associer à ces en
2546 parleront d’un « pas important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s’associer à ces engagements témér
2547 ent s’associer à ces engagements téméraires avant d’ avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en
2548 r à ces engagements téméraires avant d’avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en tous les cas
2549 ngagements téméraires avant d’avoir pris le temps d’ étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne
2550 d’avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolumen
2551 ier leur contenu, et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à rien. Soyons francs : le C
2552 de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à rien. Soyons francs : le Conseil de l’Europe, s
2553 t les conduire absolument à rien. Soyons francs : le Conseil de l’Europe, solidement retranché dans le domaine des princip
2554 le Conseil de l’Europe, solidement retranché dans le domaine des principes, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que
2555 des principes, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se conte
2556 es, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affir
2557 e de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’ on se contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, c
2558 cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’ affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de ma
2559 si l’on se contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait
2560 incipes sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se
2561 principes vaut beaucoup moins qu’une Amérique qui les professe, et ne vaut rien en face des Russes qui les assènent. Il fau
2562 professe, et ne vaut rien en face des Russes qui les assènent. Il faut des actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes s
2563 sses qui les assènent. Il faut des actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes sont parfois plus vains que les paroles.
2564 . Il faut des actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes sont parfois plus vains que les paroles. Lancer un timbre europ
2565 est vague. Les actes sont parfois plus vains que les paroles. Lancer un timbre européen, ce serait un acte enfin, quelque
2566 européen, ce serait un acte enfin, quelque chose de concret… Et je me garde de sous-estimer la puissance des philatéliste
2567 e enfin, quelque chose de concret… Et je me garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Strasbourg accou
2568 chose de concret… Et je me garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Strasbourg accouche d’un timbre-
2569 ce des philatélistes. Mais si Strasbourg accouche d’ un timbre-poste, nous serons un peu déçus, et Staline très content. Vo
2570 rons un peu déçus, et Staline très content. Voici l’ acte que je vous propose, au nom de l’opinion qui ne parle pas encore.
2571 tent. Voici l’acte que je vous propose, au nom de l’ opinion qui ne parle pas encore. Messieurs les députés, vous le savez
2572 m de l’opinion qui ne parle pas encore. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car le
2573 ne parle pas encore. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus
2574 les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délég
2575 savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation.
2576 es simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire élire. Un raisonnement très simple appuie cette suggestion
2577 ès simple appuie cette suggestion. On ne fera pas l’ Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de l
2578 rmer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’in
2579 r ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’infor
2580 t constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples sans une propagande massive. Personne n’a les moyens de la fi
2581 peuples sans une propagande massive. Personne n’a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une campag
2582 s une propagande massive. Personne n’a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une campagne élector
2583 ne propagande massive. Personne n’a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une campagne électorale
2584 massive. Personne n’a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une campagne électorale organisée pa
2585 able, c’est une campagne électorale organisée par les États, en vue de nommer leurs députés au premier Parlement de l’Europ
2586 vue de nommer leurs députés au premier Parlement de l’Europe. Les partis présenteront leurs candidats. Et les mouvements
2587 e de nommer leurs députés au premier Parlement de l’ Europe. Les partis présenteront leurs candidats. Et les mouvements féd
2588 r leurs députés au premier Parlement de l’Europe. Les partis présenteront leurs candidats. Et les mouvements fédéralistes a
2589 rope. Les partis présenteront leurs candidats. Et les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’intérêts professionne
2590 ndidats. Et les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. I
2591 les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’ intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résult
2592 . Il en résultera dans nos provinces une campagne d’ agitation, d’émulation, de polémique européenne, que nulle autre métho
2593 tera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’ émulation, de polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait
2594 provinces une campagne d’agitation, d’émulation, de polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait provoquer. L
2595 ne, que nulle autre méthode ne saurait provoquer. La condition à la fois nécessaire et suffisante d’une telle campagne, c’
2596 . La condition à la fois nécessaire et suffisante d’ une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte
2597 essaire et suffisante d’une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu, et que leur sort
2598 ur sort peut changer, matériellement aussi, selon l’ issue des élections. En d’autres termes, il faut que le Parlement issu
2599 ue des élections. En d’autres termes, il faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Qu’un but con
2600 un seul : discuter et voter un projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élabo
2601 er un projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembr
2602 un projet bien précis de Constitution fédérale de l’ Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembre,
2603 ion fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Il faut une Commissi
2604 fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’ élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Il faut une Commission 
2605 Strasbourg. Il faut une Commission ? Vous pouvez la nommer. Le Comité ministériel va s’y opposer ? Vous pouvez passer out
2606 . Il faut une Commission ? Vous pouvez la nommer. Le Comité ministériel va s’y opposer ? Vous pouvez passer outre, et jure
2607 s’y opposer ? Vous pouvez passer outre, et jurer de rester où vos parlements vous envoient. (Les ministres dépendent auss
2608 jurer de rester où vos parlements vous envoient. ( Les ministres dépendent aussi de vos parlements, qui restent les seuls ju
2609 nts vous envoient. (Les ministres dépendent aussi de vos parlements, qui restent les seuls juges d’un conflit éventuel.) S
2610 es dépendent aussi de vos parlements, qui restent les seuls juges d’un conflit éventuel.) Si vous acceptez cela, vous aurez
2611 si de vos parlements, qui restent les seuls juges d’ un conflit éventuel.) Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’op
2612 uel.) Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’ opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe, la logique
2613 aurez avec vous l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre e
2614 s l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si
2615 ’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’ Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vou
2616 raie dans sa majorité, les militants de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’accept
2617 a majorité, les militants de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vou
2618 ajorité, les militants de l’Europe, la logique de l’ Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous n
2619 militants de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez
2620 de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière v
2621 acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’acier !
2622 s, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’ indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’acier ! Si vous me
2623 s que le vide et l’indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’acier ! Si vous me dites que c’est prématuré, je vo
2624 indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’ acier ! Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de dé
2625 me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer clairement à quel moment, et sous quelles conditions, cela c
2626 moment, et sous quelles conditions, cela cessera d’ être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut
2627 ut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites
2628 qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’ obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites enf
2629 laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’e
2630 enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose
2631 fin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose au
2632 chose au monde est plus difficile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée,
2633 ile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que
2634 ncevoir que le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous sav
2635 ue le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un r
2636 , la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un régime social déficient, le chômage étend
2637 aces que vous savez : un régime social déficient, le chômage étendu, la ruine à bref délai, les trois-cents divisions de l
2638  : un régime social déficient, le chômage étendu, la ruine à bref délai, les trois-cents divisions de l’armée rouge. D’une
2639 icient, le chômage étendu, la ruine à bref délai, les trois-cents divisions de l’armée rouge. D’une part, on peut penser qu
2640 la ruine à bref délai, les trois-cents divisions de l’armée rouge. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en somm
2641 ruine à bref délai, les trois-cents divisions de l’ armée rouge. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en sommes,
2642 que plus rien à perdre. Que risquez-vous à tenter l’ impossible ? D’autre part, il est sûr qu’il y aurait tout à perdre, mê
2643 rt, il est sûr qu’il y aurait tout à perdre, même l’ espoir, à ne point risquer la dernière chance européenne. Voilà le par
2644 oint risquer la dernière chance européenne. Voilà le pari. Vous êtes acculés à l’audace. Donnez-nous la Constitution ! Mes
2645 ce européenne. Voilà le pari. Vous êtes acculés à l’ audace. Donnez-nous la Constitution ! Messieurs les députés, faut-il v
2646 e pari. Vous êtes acculés à l’audace. Donnez-nous la Constitution ! Messieurs les députés, faut-il vous dire encore que je
2647 l’audace. Donnez-nous la Constitution ! Messieurs les députés, faut-il vous dire encore que je ne suis rien qu’une voix pre
2648 oix presque désespérée, et sans autre pouvoir que de vous adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur
2649 ez mes violences et mes impertinences : comprenez l’ anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si je ne savais très bi
2650 es et mes impertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’une parti
2651 et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, al
2652  ! Mais beaucoup d’entre vous veulent agir, et je les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de rester au contraire, de ne
2653 ent agir, et je les supplie maintenant, au nom de l’ Europe, de rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir d
2654 et je les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pou
2655 nant, au nom de l’Europe, de rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe
2656 rester au contraire, de ne point se séparer avant d’ avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êtes pas encore l’e
2657 r notre espoir, un signe ! Vous n’êtes pas encore l’ espoir des peuples libres, ni des peuples muets de l’Est européen. Mai
2658 l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets de l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement,
2659 spoir des peuples libres, ni des peuples muets de l’ Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement, cet
2660 peuples muets de l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement, cet été, en septembre, à Strasbourg.
2661 t européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement, cet été, en septembre, à Strasbourg. Tout tient à cela, t
2662 nt à cela, tout tient à votre sage audace. Car si l’ Europe unie n’est pas un grand espoir renaissant dans le cœur des mass
2663 pe unie n’est pas un grand espoir renaissant dans le cœur des masses, aucune armée du monde ne pourra la défendre. Personn
2664 cœur des masses, aucune armée du monde ne pourra la défendre. Personne ne veut mourir, que pour des raisons de vivre. Moz
2665 re. Personne ne veut mourir, que pour des raisons de vivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas un
2666 s raisons de vivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique, une doctrine partisane
2667 une doctrine partisane ou une autre, qui résoudra le problème du chômage, mais l’union de nos sacrifices. Qui peut nous l’
2668 autre, qui résoudra le problème du chômage, mais l’ union de nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire recu
2669 qui résoudra le problème du chômage, mais l’union de nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire reculer les
2670 ge, mais l’union de nos sacrifices. Qui peut nous l’ imposer ? Qui peut faire reculer les intérêts puissants, et parfois lé
2671 Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire reculer les intérêts puissants, et parfois légitimes, qui se révèlent contraires
2672 is légitimes, qui se révèlent contraires au salut de l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous
2673 légitimes, qui se révèlent contraires au salut de l’ ensemble ? Je veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous pr
2674 si quelqu’un nous propose une autre solution que l’ Autorité fédérale, souveraine au-dessus des États. Messieurs les déput
2675 dérale, souveraine au-dessus des États. Messieurs les députés européens, je vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui
2676 s. Messieurs les députés européens, je vous salue d’ un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l
2677 je vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d
2678 ait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espérances : méritez votre nom,
2679 résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’ avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espérances : méritez votre nom, fa
2680 nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’ angoisse et d’espérances : méritez votre nom, faites-vous élire, et fé
2681 ux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’ espérances : méritez votre nom, faites-vous élire, et fédérez l’Europe
2682 méritez votre nom, faites-vous élire, et fédérez l’ Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg
2683 en septembre, à Strasbourg. t. Rougemont Denis de , « Cinquième lettre aux députés européens : “Méritez votre nom !” »,
2684 utés européens : “Méritez votre nom !” », Journal de Genève, Genève, 19–20 août 1950, p. 1.
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
2685 Patriarche (29-30 novembre 1952)u Détaché vers l’ est et la Suisse par un département qui se tourne vers l’ouest, le pay
2686 e (29-30 novembre 1952)u Détaché vers l’est et la Suisse par un département qui se tourne vers l’ouest, le pays de Gex
2687 t la Suisse par un département qui se tourne vers l’ ouest, le pays de Gex est-il une arrière-garde ou un poste avancé de l
2688 se par un département qui se tourne vers l’ouest, le pays de Gex est-il une arrière-garde ou un poste avancé de la France 
2689 n département qui se tourne vers l’ouest, le pays de Gex est-il une arrière-garde ou un poste avancé de la France ? Il vit
2690 e Gex est-il une arrière-garde ou un poste avancé de la France ? Il vit sa vie locale, adossé au Jura, s’approche assez de
2691 ex est-il une arrière-garde ou un poste avancé de la France ? Il vit sa vie locale, adossé au Jura, s’approche assez de Ge
2692 t sa vie locale, adossé au Jura, s’approche assez de Genève pour lui vendre ses bœufs, mais s’arrête avant de toucher les
2693 vendre ses bœufs, mais s’arrête avant de toucher les rives du lac ; les paysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’eau
2694 mais s’arrête avant de toucher les rives du lac ; les paysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’eau. La frontière est
2695 les paysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’ eau. La frontière est partout, sans nulle raison visible, découpant un
2696 ysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’eau. La frontière est partout, sans nulle raison visible, découpant une contr
2697 s nulle raison visible, découpant une contrée que la nature avait conçue d’un seul tenant. Je connais peu de paysages auss
2698 découpant une contrée que la nature avait conçue d’ un seul tenant. Je connais peu de paysages aussi complets : la plaine
2699 nant. Je connais peu de paysages aussi complets : la plaine et ses intimités cloisonnées de rideaux de peupliers, les mont
2700 complets : la plaine et ses intimités cloisonnées de rideaux de peupliers, les montagnes lointaines ou proches figurant le
2701 la plaine et ses intimités cloisonnées de rideaux de peupliers, les montagnes lointaines ou proches figurant le sublime et
2702 es intimités cloisonnées de rideaux de peupliers, les montagnes lointaines ou proches figurant le sublime et le familier, l
2703 ers, les montagnes lointaines ou proches figurant le sublime et le familier, le grand couloir des vents européens et ces p
2704 gnes lointaines ou proches figurant le sublime et le familier, le grand couloir des vents européens et ces prairies entre
2705 es ou proches figurant le sublime et le familier, le grand couloir des vents européens et ces prairies entre deux bois de
2706 s vents européens et ces prairies entre deux bois de très vieux chênes, où persiste un tapis de brume. Aux bords de ce rui
2707 x bois de très vieux chênes, où persiste un tapis de brume. Aux bords de ce ruisseau qui longe mon jardin, qui l’inonde au
2708 chênes, où persiste un tapis de brume. Aux bords de ce ruisseau qui longe mon jardin, qui l’inonde aux crues de printemps
2709 ux bords de ce ruisseau qui longe mon jardin, qui l’ inonde aux crues de printemps, Chateaubriand passa des heures d’heureu
2710 seau qui longe mon jardin, qui l’inonde aux crues de printemps, Chateaubriand passa des heures d’heureux ennui, méditant s
2711 rues de printemps, Chateaubriand passa des heures d’ heureux ennui, méditant sur la gloire et les jeux de Ferney. Le souven
2712 nd passa des heures d’heureux ennui, méditant sur la gloire et les jeux de Ferney. Le souvenir de Voltaire anime toute la
2713 heures d’heureux ennui, méditant sur la gloire et les jeux de Ferney. Le souvenir de Voltaire anime toute la région ; il ne
2714 heureux ennui, méditant sur la gloire et les jeux de Ferney. Le souvenir de Voltaire anime toute la région ; il ne vit pas
2715 ui, méditant sur la gloire et les jeux de Ferney. Le souvenir de Voltaire anime toute la région ; il ne vit pas seulement
2716 sur la gloire et les jeux de Ferney. Le souvenir de Voltaire anime toute la région ; il ne vit pas seulement dans les mém
2717 ux de Ferney. Le souvenir de Voltaire anime toute la région ; il ne vit pas seulement dans les mémoires : ces maisons, ces
2718 me toute la région ; il ne vit pas seulement dans les mémoires : ces maisons, ces fabriques, ces allées de peupliers, ces c
2719 mémoires : ces maisons, ces fabriques, ces allées de peupliers, ces champs gagnés sur les marais, voilà l’œuvre du Patriar
2720 s, ces allées de peupliers, ces champs gagnés sur les marais, voilà l’œuvre du Patriarche au pays de Gex, et son monument l
2721 eupliers, ces champs gagnés sur les marais, voilà l’ œuvre du Patriarche au pays de Gex, et son monument le plus vrai. Il a
2722 r les marais, voilà l’œuvre du Patriarche au pays de Gex, et son monument le plus vrai. Il a bien sa statue, grandeur natu
2723 vre du Patriarche au pays de Gex, et son monument le plus vrai. Il a bien sa statue, grandeur nature, dans mon village. Ma
2724 ’est pas ce petit corps maigre, et ce rire édenté de vieillard polisson qui le rendent présent parmi nous. Plutôt ces insc
2725 igre, et ce rire édenté de vieillard polisson qui le rendent présent parmi nous. Plutôt ces inscriptions, que je copie sur
2726 i nous. Plutôt ces inscriptions, que je copie sur le socle : Face nord : Au bienfaiteur de Ferney Voltaire fait constru
2727 copie sur le socle : Face nord : Au bienfaiteur de Ferney Voltaire fait construire plus de cent maisons Il donne à l
2728 faiteur de Ferney Voltaire fait construire plus de cent maisons Il donne à la ville une église, une école, un hôpital
2729 fait construire plus de cent maisons Il donne à la ville une église, une école, un hôpital Il fait dessécher les marai
2730 église, une école, un hôpital Il fait dessécher les marais du pays Il établit des foires et des marchés Il nourrit le
2731 Il établit des foires et des marchés Il nourrit les habitants pendant la disette de 1771 Face sud : Au poète philosophe
2732 et des marchés Il nourrit les habitants pendant la disette de 1771 Face sud : Au poète philosophe Calas, Sirven, Mon
2733 hés Il nourrit les habitants pendant la disette de 1771 Face sud : Au poète philosophe Calas, Sirven, Montbailli, La
2734 Au poète philosophe Calas, Sirven, Montbailli, La Barre, Lally-Tollendal Émancipation des serfs du Jura Affranchiss
2735 tion des serfs du Jura Affranchissement du pays de Gex Essai sur les Mœurs, Dictionnaire philosophique, Tancrède, Irèn
2736 ura Affranchissement du pays de Gex Essai sur les Mœurs, Dictionnaire philosophique, Tancrède, Irène. Le voilà, l’écri
2737 rs, Dictionnaire philosophique, Tancrède, Irène. Le voilà, l’écrivain « engagé » ! Il ignorait le mot, mais faisait un pa
2738 nnaire philosophique, Tancrède, Irène. Le voilà, l’ écrivain « engagé » ! Il ignorait le mot, mais faisait un pays. Et cer
2739 e. Le voilà, l’écrivain « engagé » ! Il ignorait le mot, mais faisait un pays. Et certes personne ne l’aidait, mais il ét
2740 mot, mais faisait un pays. Et certes personne ne l’ aidait, mais il était fort riche et souvent généreux, pourvu d’une plu
2741 s il était fort riche et souvent généreux, pourvu d’ une plume qui valait une armée, et d’un mauvais esprit qui valait cent
2742 reux, pourvu d’une plume qui valait une armée, et d’ un mauvais esprit qui valait cent vertus. « Marchez toujours en ricana
2743 cent vertus. « Marchez toujours en ricanant dans le chemin de la vérité », écrivait-il à Madame du Deffand. Avec ou sans
2744 us. « Marchez toujours en ricanant dans le chemin de la vérité », écrivait-il à Madame du Deffand. Avec ou sans le curé, c
2745 « Marchez toujours en ricanant dans le chemin de la vérité », écrivait-il à Madame du Deffand. Avec ou sans le curé, cont
2746  », écrivait-il à Madame du Deffand. Avec ou sans le curé, contre les tyranneaux, en dépit des conseils des réalistes, il
2747 à Madame du Deffand. Avec ou sans le curé, contre les tyranneaux, en dépit des conseils des réalistes, il édifiait, il réfo
2748 , c’est toujours un bien qui ne sera pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envoyés par la grande Catherine, périclitent. Mais
2749 a pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envoyés par la grande Catherine, périclitent. Mais les arbres bordant la route de Ge
2750 nvoyés par la grande Catherine, périclitent. Mais les arbres bordant la route de Gex à Genève me parlent chaque matin de so
2751 e Catherine, périclitent. Mais les arbres bordant la route de Gex à Genève me parlent chaque matin de son amour des lieux.
2752 ne, périclitent. Mais les arbres bordant la route de Gex à Genève me parlent chaque matin de son amour des lieux. Il fit v
2753 la route de Gex à Genève me parlent chaque matin de son amour des lieux. Il fit venir de Genève cinquante familles d’arti
2754 lieux. Il fit venir de Genève cinquante familles d’ artisans, d’horlogers, de céramistes, tous protestants, mais qui vécur
2755 it venir de Genève cinquante familles d’artisans, d’ horlogers, de céramistes, tous protestants, mais qui vécurent en paix
2756 enève cinquante familles d’artisans, d’horlogers, de céramistes, tous protestants, mais qui vécurent en paix avec ceux qu’
2757 s, il faisait bâtir une église neuve. Au fronton, l’ on peut lire encore : Deo erexit Voltaire. « Deux bien grands noms ! »
2758 t Voltaire. « Deux bien grands noms ! », disaient les voyageurs du temps. Il y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et
2759 âques, non sans ostentation, et ne se privait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vieux père de fam
2760 ns ostentation, et ne se privait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vieux père de famille. C’est i
2761 ait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vieux père de famille. C’est ici que la publicité fut inven
2762 bon peuple à la sortie de la messe, en vieux père de famille. C’est ici que la publicité fut inventée. Voltaire n’écrivait
2763 la messe, en vieux père de famille. C’est ici que la publicité fut inventée. Voltaire n’écrivait plus une lettre aux princ
2764 une lettre aux princes intellectuels et temporels de l’Europe sans y ajouter un prospectus vantant la qualité des montres
2765 lettre aux princes intellectuels et temporels de l’ Europe sans y ajouter un prospectus vantant la qualité des montres de
2766 de l’Europe sans y ajouter un prospectus vantant la qualité des montres de Ferney, ou des bas de soie que l’on filait dan
2767 uter un prospectus vantant la qualité des montres de Ferney, ou des bas de soie que l’on filait dans sa fabrique. La premi
2768 tant la qualité des montres de Ferney, ou des bas de soie que l’on filait dans sa fabrique. La première paire parvint à la
2769 ité des montres de Ferney, ou des bas de soie que l’ on filait dans sa fabrique. La première paire parvint à la duchesse de
2770 ait dans sa fabrique. La première paire parvint à la duchesse de Choiseul avec ce mot : « Daignez les mettre, Madame, une
2771 à la duchesse de Choiseul avec ce mot : « Daignez les mettre, Madame, une seule fois, et montrez ensuite vos jambes à qui v
2772 suite vos jambes à qui vous voudrez ». À ses amis de Paris : « On fabrique ici beaucoup mieux qu’à Genève… Donnez vos ordr
2773 Donnez vos ordres ; vous serez servis… Vous aurez de très belles montres et de très mauvais vers quand il vous plaira. » E
2774 erez servis… Vous aurez de très belles montres et de très mauvais vers quand il vous plaira. » En vingt ans, le village pa
2775 auvais vers quand il vous plaira. » En vingt ans, le village passe de cinquante foyers à plus de mille habitants qui devie
2776 il vous plaira. » En vingt ans, le village passe de cinquante foyers à plus de mille habitants qui deviennent propriétair
2777 ans, le village passe de cinquante foyers à plus de mille habitants qui deviennent propriétaires, par un système qu’on no
2778 ent propriétaires, par un système qu’on nommerait de nos jours location-vente. « Il commande des maisons à son maçon comme
2779 s à son maçon comme d’autres commandent une paire de souliers à un cordonnier », disent les Mémoires secrets. Mille tracta
2780 t une paire de souliers à un cordonnier », disent les Mémoires secrets. Mille tractations qu’il combine avec joie permetten
2781 le tractations qu’il combine avec joie permettent de supprimer les douanes de notre zone : ah ! que ne pouvait un seul ind
2782 s qu’il combine avec joie permettent de supprimer les douanes de notre zone : ah ! que ne pouvait un seul individu, dans ce
2783 ine avec joie permettent de supprimer les douanes de notre zone : ah ! que ne pouvait un seul individu, dans ces temps que
2784 e ne pouvait un seul individu, dans ces temps que l’ on nous a décrits comme adversaires des libertés réelles ! Enfin, Volt
2785 rtés réelles ! Enfin, Voltaire libère ses vassaux de la gabelle et même du servage. Sur quoi le peuple vient lui rendre ho
2786 s réelles ! Enfin, Voltaire libère ses vassaux de la gabelle et même du servage. Sur quoi le peuple vient lui rendre homma
2787 assaux de la gabelle et même du servage. Sur quoi le peuple vient lui rendre hommage, à la Saint-François de 1777. M. de V
2788 e. Sur quoi le peuple vient lui rendre hommage, à la Saint-François de 1777. M. de Voltaire le reçoit « avec sensibilité »
2789 ple vient lui rendre hommage, à la Saint-François de 1777. M. de Voltaire le reçoit « avec sensibilité », sur le perron de
2790 mage, à la Saint-François de 1777. M. de Voltaire le reçoit « avec sensibilité », sur le perron de son château. Les enfant
2791 . de Voltaire le reçoit « avec sensibilité », sur le perron de son château. Les enfants du village en habits de bergers lu
2792 ire le reçoit « avec sensibilité », sur le perron de son château. Les enfants du village en habits de bergers lui présente
2793 avec sensibilité », sur le perron de son château. Les enfants du village en habits de bergers lui présentent des œufs, du l
2794 de son château. Les enfants du village en habits de bergers lui présentent des œufs, du lait, des fruits. Une jeune fille
2795 eune fille qui se tient au milieu d’eux, porteuse d’ une corbeille fleurie, figure « le sentiment doux » de l’assistance. L
2796 d’eux, porteuse d’une corbeille fleurie, figure «  le sentiment doux » de l’assistance. Les garçons défilent à cheval, en u
2797 e corbeille fleurie, figure « le sentiment doux » de l’assistance. Les garçons défilent à cheval, en uniformes. « Sont-ce
2798 orbeille fleurie, figure « le sentiment doux » de l’ assistance. Les garçons défilent à cheval, en uniformes. « Sont-ce vos
2799 ie, figure « le sentiment doux » de l’assistance. Les garçons défilent à cheval, en uniformes. « Sont-ce vos soldats ? » de
2800 , en uniformes. « Sont-ce vos soldats ? » demande le prince de Hesse. « Non, mes amis ! », dit le grand homme. Et tous de
2801 ande le prince de Hesse. « Non, mes amis ! », dit le grand homme. Et tous de pleurer à l’envi. Paul Claudel, informé par u
2802 « Non, mes amis ! », dit le grand homme. Et tous de pleurer à l’envi. Paul Claudel, informé par un ami commun de ce que j
2803 à l’envi. Paul Claudel, informé par un ami commun de ce que j’habite à Ferney : « Est-ce que Voltaire ne vient pas lui cha
2804  Est-ce que Voltaire ne vient pas lui chatouiller la plante des pieds pendant la nuit ? » Non pas son mince fantôme, mais
2805 t pas lui chatouiller la plante des pieds pendant la nuit ? » Non pas son mince fantôme, mais certes son exemple vient cha
2806 que bien d’autres images entraînent, dans ce pays de « marches » entre Alpes et Jura, entre le xviiie et notre siècle, en
2807 ce pays de « marches » entre Alpes et Jura, entre le xviiie et notre siècle, entre ces jardins de Candide et cette Bourse
2808 tre le xviiie et notre siècle, entre ces jardins de Candide et cette Bourse des valeurs de toute l’Europe (et déjà de l’A
2809 es jardins de Candide et cette Bourse des valeurs de toute l’Europe (et déjà de l’Amérique) qui fait rumeur à Genève. Le t
2810 s de Candide et cette Bourse des valeurs de toute l’ Europe (et déjà de l’Amérique) qui fait rumeur à Genève. Le tout survo
2811 tte Bourse des valeurs de toute l’Europe (et déjà de l’Amérique) qui fait rumeur à Genève. Le tout survolé trente fois par
2812 Bourse des valeurs de toute l’Europe (et déjà de l’ Amérique) qui fait rumeur à Genève. Le tout survolé trente fois par jo
2813 (et déjà de l’Amérique) qui fait rumeur à Genève. Le tout survolé trente fois par jour par des avions de New York, de l’In
2814 tout survolé trente fois par jour par des avions de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le bo
2815 trente fois par jour par des avions de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le bois tout proch
2816 ente fois par jour par des avions de New York, de l’ Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le bois tout proche,
2817 par jour par des avions de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le bois tout proche, qui assour
2818 ’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le bois tout proche, qui assourdit tout d’un coup leur grondement. Vous
2819 derrière le bois tout proche, qui assourdit tout d’ un coup leur grondement. Vous voyez que ce pays est le centre du monde
2820 coup leur grondement. Vous voyez que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’on pense toujours d’un lieu qu’on aim
2821 que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’ on pense toujours d’un lieu qu’on aime. u. Rougemont Denis de, « Au
2822 centre du monde. C’est ce que l’on pense toujours d’ un lieu qu’on aime. u. Rougemont Denis de, « Au pays du Patriarche 
2823 jours d’un lieu qu’on aime. u. Rougemont Denis de , « Au pays du Patriarche », Journal de Genève, Genève, 29–30 novembre
2824 mont Denis de, « Au pays du Patriarche », Journal de Genève, Genève, 29–30 novembre 1952, p. 3.
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
2825 Aller et retour (21 mai 1953)v Parmi toutes les raisons de faire l’Europe, économiques, militaires, culturelles, il y
2826 retour (21 mai 1953)v Parmi toutes les raisons de faire l’Europe, économiques, militaires, culturelles, il y a celle-ci
2827 1 mai 1953)v Parmi toutes les raisons de faire l’ Europe, économiques, militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’e
2828 le : rendre nos différentes nations indépendantes de l’aide américaine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’est
2829 : rendre nos différentes nations indépendantes de l’ aide américaine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’est pa
2830 pendantes de l’aide américaine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’est pas un des responsables de la politique
2831 ne conviction qu’il n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’ét
2832 conviction qu’il n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’état
2833 ndiale des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’ état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’union,
2834 des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’union, appell
2835 à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’union, appellent dangereusement l’Amérique à prendre e
2836 llites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’ union, appellent dangereusement l’Amérique à prendre en main le sort d
2837 de notre manque d’union, appellent dangereusement l’ Amérique à prendre en main le sort de débiteurs chroniques. Déjà, dans
2838 llent dangereusement l’Amérique à prendre en main le sort de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs de nos pays, natio
2839 ngereusement l’Amérique à prendre en main le sort de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs de nos pays, nationalistes
2840 ort de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs de nos pays, nationalistes et communistes s’unissent pour dénoncer « l’e
2841 alistes et communistes s’unissent pour dénoncer «  l’ emprise économique des USA », représentée à leurs yeux par le plan Mar
2842 conomique des USA », représentée à leurs yeux par le plan Marshall et ses suites ; « l’arrogance de Washington », confirmé
2843 leurs yeux par le plan Marshall et ses suites ; «  l’ arrogance de Washington », confirmée à leurs yeux par le voyage d’étud
2844 ar le plan Marshall et ses suites ; « l’arrogance de Washington », confirmée à leurs yeux par le voyage d’études de M. Dul
2845 gance de Washington », confirmée à leurs yeux par le voyage d’études de M. Dulles et certains articles de Life ; enfin « l
2846 ashington », confirmée à leurs yeux par le voyage d’ études de M. Dulles et certains articles de Life ; enfin « l’invasion
2847  », confirmée à leurs yeux par le voyage d’études de M. Dulles et certains articles de Life ; enfin « l’invasion culturell
2848 voyage d’études de M. Dulles et certains articles de Life ; enfin « l’invasion culturelle » symbolisée par le succès des D
2849 M. Dulles et certains articles de Life ; enfin «  l’ invasion culturelle » symbolisée par le succès des Digests. Selon les
2850  ; enfin « l’invasion culturelle » symbolisée par le succès des Digests. Selon les inspirateurs de cette campagne insensée
2851 lle » symbolisée par le succès des Digests. Selon les inspirateurs de cette campagne insensée — mais qui se branche sur le
2852 par le succès des Digests. Selon les inspirateurs de cette campagne insensée — mais qui se branche sur le sentiment sponta
2853 cette campagne insensée — mais qui se branche sur le sentiment spontané de larges masses, latines surtout —, les nations e
2854 e — mais qui se branche sur le sentiment spontané de larges masses, latines surtout —, les nations européennes seraient dé
2855 ent spontané de larges masses, latines surtout —, les nations européennes seraient déjà réduites au rôle de simples « instr
2856 ations européennes seraient déjà réduites au rôle de simples « instruments de la grandeur américaine ». Mais quel remède n
2857 nt déjà réduites au rôle de simples « instruments de la grandeur américaine ». Mais quel remède nous offre-t-on à cette si
2858 déjà réduites au rôle de simples « instruments de la grandeur américaine ». Mais quel remède nous offre-t-on à cette situa
2859 de nous offre-t-on à cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’éloquence indignée ? L’adoption de la ligne communiste 
2860 -on à cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’ éloquence indignée ? L’adoption de la ligne communiste ? Le fait bruta
2861 umiliante ? Le statu quo ? L’éloquence indignée ? L’ adoption de la ligne communiste ? Le fait brutal, incontestable, c’est
2862 Le statu quo ? L’éloquence indignée ? L’adoption de la ligne communiste ? Le fait brutal, incontestable, c’est qu’aussi l
2863 statu quo ? L’éloquence indignée ? L’adoption de la ligne communiste ? Le fait brutal, incontestable, c’est qu’aussi long
2864 ce indignée ? L’adoption de la ligne communiste ? Le fait brutal, incontestable, c’est qu’aussi longtemps que nos pays res
2865 ont désunis et même rivaux, ils seront incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d’assurer leur défense
2866 et même rivaux, ils seront incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d’assurer leur défense, incapables
2867 de soutenir la concurrence américaine, incapables d’ assurer leur défense, incapables enfin de retrouver, avec leur fierté
2868 capables d’assurer leur défense, incapables enfin de retrouver, avec leur fierté légitime, leur indépendance réelle. D’où
2869 c leur fierté légitime, leur indépendance réelle. D’ où vient, après tout, la puissance, non moins redoutée que sollicitée,
2870 leur indépendance réelle. D’où vient, après tout, la puissance, non moins redoutée que sollicitée, des USA ? Leur nom même
2871 répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécessaire de toute exis
2872 créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécessaire de toute existence autonome dans notre monde du
2873 d marché commun » qui est la condition nécessaire de toute existence autonome dans notre monde du xxe siècle. On sait l’h
2874 autonome dans notre monde du xxe siècle. On sait l’ histoire de cette union. En 1787, les treize États qui venaient de se
2875 ns notre monde du xxe siècle. On sait l’histoire de cette union. En 1787, les treize États qui venaient de se libérer de
2876 ècle. On sait l’histoire de cette union. En 1787, les treize États qui venaient de se libérer de la tutelle britannique déc
2877 1787, les treize États qui venaient de se libérer de la tutelle britannique décidèrent que leur simple alliance confédéral
2878 7, les treize États qui venaient de se libérer de la tutelle britannique décidèrent que leur simple alliance confédérale d
2879 vait être remplacée par une fédération. Un projet de Constitution fut voté par leurs délégués, réunis à Philadelphie. (Six
2880 urs délégués, réunis à Philadelphie. (Six nations de l’Europe viennent de voter un projet similaire, à Strasbourg le 10 ma
2881 délégués, réunis à Philadelphie. (Six nations de l’ Europe viennent de voter un projet similaire, à Strasbourg le 10 mars
2882 ennent de voter un projet similaire, à Strasbourg le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition se montra
2883 aire, à Strasbourg le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans quelques villes
2884 le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’ opposition se montra violente. Dans quelques villes, le projet fut brû
2885 osition se montra violente. Dans quelques villes, le projet fut brûlé par la population en place publique. L’État de New Y
2886 te. Dans quelques villes, le projet fut brûlé par la population en place publique. L’État de New York était le plus rétice
2887 et fut brûlé par la population en place publique. L’ État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallie
2888 ation en place publique. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait as
2889 vait assurer son essor et sa longue primauté dans l’ Union. C’est donc précisément dans la presse de New York que trois des
2890 rimauté dans l’Union. C’est donc précisément dans la presse de New York que trois des rédacteurs de la Constitution, Hamil
2891 ns l’Union. C’est donc précisément dans la presse de New York que trois des rédacteurs de la Constitution, Hamilton, Jay e
2892 ns la presse de New York que trois des rédacteurs de la Constitution, Hamilton, Jay et Madison, entreprirent au lendemain
2893 la presse de New York que trois des rédacteurs de la Constitution, Hamilton, Jay et Madison, entreprirent au lendemain de
2894 milton, Jay et Madison, entreprirent au lendemain de Philadelphie de publier une longue série d’articles discutant le proj
2895 adison, entreprirent au lendemain de Philadelphie de publier une longue série d’articles discutant le projet d’union et dé
2896 emain de Philadelphie de publier une longue série d’ articles discutant le projet d’union et démontrant ses avantages. Ces
2897 de publier une longue série d’articles discutant le projet d’union et démontrant ses avantages. Ces écrits réunis sous un
2898 r une longue série d’articles discutant le projet d’ union et démontrant ses avantages. Ces écrits réunis sous un nom bient
2899 nsi que nul écolier américain ne peut aujourd’hui l’ ignorer. S’il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance
2900 i l’ignorer. S’il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il a cr
2901 . S’il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’ importance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’animat
2902 t résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’ un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’animation politique
2903 ’un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’ animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, tandis que
2904 part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pendan
2905 a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pendant libér
2906 créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pendant libéral
2907 Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pendant libéral au Prince de Machiavel. Depuis un siècle et demi, les
2908 au Prince de Machiavel. Depuis un siècle et demi, les hommes d’État américains ont coutume de se référer aux maximes du Fed
2909 et demi, les hommes d’État américains ont coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de jurispruden
2910 férer aux maximes du Federalist comme à une sorte de jurisprudence des problèmes institutionnels. Or, voici qu’au onzième
2911 institutionnels. Or, voici qu’au onzième chapitre de ce fameux texte de base de la grandeur américaine, je tombe sur un pa
2912 , voici qu’au onzième chapitre de ce fameux texte de base de la grandeur américaine, je tombe sur un passage dont le lecte
2913 qu’au onzième chapitre de ce fameux texte de base de la grandeur américaine, je tombe sur un passage dont le lecteur va co
2914 au onzième chapitre de ce fameux texte de base de la grandeur américaine, je tombe sur un passage dont le lecteur va compr
2915 grandeur américaine, je tombe sur un passage dont le lecteur va comprendre l’extrême importance : Le monde peut être divi
2916 ombe sur un passage dont le lecteur va comprendre l’ extrême importance : Le monde peut être divisé politiquement, comme g
2917 le lecteur va comprendre l’extrême importance : Le monde peut être divisé politiquement, comme géographiquement, en quat
2918 re parties dont chacune a des intérêts distincts. L’ Europe, pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés d
2919 chacune a des intérêts distincts. L’Europe, pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés divers, soumises
2920 ncts. L’Europe, pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et
2921 son empire par ses armes et ses négociations, par la force et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique sont successive
2922 es armes et ses négociations, par la force et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique sont successivement tombées sou
2923 ses négociations, par la force et par la fraude. L’ Afrique, l’Asie, l’Amérique sont successivement tombées sous sa domina
2924 ations, par la force et par la fraude. L’Afrique, l’ Asie, l’Amérique sont successivement tombées sous sa domination. La su
2925 par la force et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’ Amérique sont successivement tombées sous sa domination. La supériorit
2926 e sont successivement tombées sous sa domination. La supériorité que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’a disposée
2927 nt tombées sous sa domination. La supériorité que l’ Europe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comm
2928 rité que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’ a disposée à se regarder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire
2929 gtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire le reste du genre humain créé pou
2930 rder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire le reste du genre humain créé pour son utilité. Des hommes, admirés comm
2931 créé pour son utilité. Des hommes, admirés comme de grands philosophes, ont positivement attribué à ses habitants une sup
2932 ité physique, et ont sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine, dégénéraient en Amérique ; que le
2933 rieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine, dégénéraient en Amérique ; que les chiens même perdaien
2934 e la race humaine, dégénéraient en Amérique ; que les chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après avoir respiré quelqu
2935 aient en Amérique ; que les chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosp
2936 érique ; que les chiens même perdaient la faculté d’ aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les f
2937 voir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longtemps appuyé ces arrogantes prétentions des Europé
2938 rrogantes prétentions des Européens. C’est à nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modération à c
2939 rétentions des Européens. C’est à nous de relever l’ honneur de la race humaine et d’enseigner la modération à ces frères t
2940 des Européens. C’est à nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modération à ces frères trop sûrs d
2941 s Européens. C’est à nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modération à ces frères trop sûrs d’eu
2942 à nous de relever l’honneur de la race humaine et d’ enseigner la modération à ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’Union no
2943 lever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modération à ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’Union nous en rendra
2944 d’enseigner la modération à ces frères trop sûrs d’ eux-mêmes. L’Union nous en rendra capables. La désunion préparerait un
2945 la modération à ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’ Union nous en rendra capables. La désunion préparerait une nouvelle vi
2946 ûrs d’eux-mêmes. L’Union nous en rendra capables. La désunion préparerait une nouvelle victime à leur triomphe. Que les Am
2947 arerait une nouvelle victime à leur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’être les instruments de la grandeur euro
2948 leur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’ être les instruments de la grandeur européenne ! que les treize États,
2949 iomphe. Que les Américains méprisent enfin d’être les instruments de la grandeur européenne ! que les treize États, réunis
2950 Américains méprisent enfin d’être les instruments de la grandeur européenne ! que les treize États, réunis dans une étroit
2951 ricains méprisent enfin d’être les instruments de la grandeur européenne ! que les treize États, réunis dans une étroite e
2952 e les instruments de la grandeur européenne ! que les treize États, réunis dans une étroite et indissoluble union, concoure
2953 s une étroite et indissoluble union, concourent à la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle
2954 et indissoluble union, concourent à la formation d’ un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute for
2955 système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne, et qui leur permette de
2956 qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne, et qui leur permette de dicter les termes
2957 toute influence européenne, et qui leur permette de dicter les termes des relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde.
2958 luence européenne, et qui leur permette de dicter les termes des relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde. Je vous lai
2959 permette de dicter les termes des relations entre l’ Ancien et le Nouveau Monde. Je vous laisse le soin de commenter le pa
2960 dicter les termes des relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde. Je vous laisse le soin de commenter le parallélisme q
2961 tre l’Ancien et le Nouveau Monde. Je vous laisse le soin de commenter le parallélisme qu’un tel texte suggère, et même im
2962 cien et le Nouveau Monde. Je vous laisse le soin de commenter le parallélisme qu’un tel texte suggère, et même impose à l
2963 uveau Monde. Je vous laisse le soin de commenter le parallélisme qu’un tel texte suggère, et même impose à l’évidence, en
2964 lélisme qu’un tel texte suggère, et même impose à l’ évidence, entre la situation de départ de l’Amérique et celle de notre
2965 texte suggère, et même impose à l’évidence, entre la situation de départ de l’Amérique et celle de notre Europe en formati
2966 , et même impose à l’évidence, entre la situation de départ de l’Amérique et celle de notre Europe en formation. Regardons
2967 impose à l’évidence, entre la situation de départ de l’Amérique et celle de notre Europe en formation. Regardons-nous dans
2968 ose à l’évidence, entre la situation de départ de l’ Amérique et celle de notre Europe en formation. Regardons-nous dans ce
2969 tre la situation de départ de l’Amérique et celle de notre Europe en formation. Regardons-nous dans ce miroir ! Nous y rec
2970 és, nos erreurs, mais aussi nos espoirs. (Et même les articles de Life, dans cette histoire de chiens qui n’aboient plus !)
2971 rs, mais aussi nos espoirs. (Et même les articles de Life, dans cette histoire de chiens qui n’aboient plus !) Dans la mes
2972 Et même les articles de Life, dans cette histoire de chiens qui n’aboient plus !) Dans la mesure où les mêmes causes sont
2973 tte histoire de chiens qui n’aboient plus !) Dans la mesure où les mêmes causes sont susceptibles de reproduire les mêmes
2974 de chiens qui n’aboient plus !) Dans la mesure où les mêmes causes sont susceptibles de reproduire les mêmes effets, cette
2975 s la mesure où les mêmes causes sont susceptibles de reproduire les mêmes effets, cette page dicte à l’Europe une politiqu
2976 les mêmes causes sont susceptibles de reproduire les mêmes effets, cette page dicte à l’Europe une politique. v. Rougem
2977 e reproduire les mêmes effets, cette page dicte à l’ Europe une politique. v. Rougemont Denis de, « Aller et retour », J
2978 e à l’Europe une politique. v. Rougemont Denis de , « Aller et retour », Journal de Genève, Genève, 21 mai 1953, p. 1.
2979 Rougemont Denis de, « Aller et retour », Journal de Genève, Genève, 21 mai 1953, p. 1.
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
2980 ral (19 juillet 1955)w Comment ne pas voir que les thèses officielles, présentées par les Russes avant Genève, sont en o
2981 s voir que les thèses officielles, présentées par les Russes avant Genève, sont en opposition fondamentale avec celles de n
2982 nève, sont en opposition fondamentale avec celles de nos communistes occidentaux et des neutralistes qui les suivent ? En
2983 s communistes occidentaux et des neutralistes qui les suivent ? En proposant un système de sécurité européenne, Moscou reco
2984 alistes qui les suivent ? En proposant un système de sécurité européenne, Moscou reconnaît implicitement la nécessité de n
2985 curité européenne, Moscou reconnaît implicitement la nécessité de notre union, dénoncée par les communistes comme une idée
2986 enne, Moscou reconnaît implicitement la nécessité de notre union, dénoncée par les communistes comme une idée américaine.
2987 itement la nécessité de notre union, dénoncée par les communistes comme une idée américaine. En affirmant le principe de la
2988 mmunistes comme une idée américaine. En affirmant le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres
2989 mme une idée américaine. En affirmant le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, Moscou dés
2990 une idée américaine. En affirmant le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, Moscou désavo
2991 En affirmant le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, Moscou désavoue implicitement les pa
2992 rieures des autres, Moscou désavoue implicitement les partis qui agissent à son service dans nos pays. En insistant enfin s
2993 son service dans nos pays. En insistant enfin sur l’ importance vitale d’une reprise des échanges culturels, Moscou réintro
2994 pays. En insistant enfin sur l’importance vitale d’ une reprise des échanges culturels, Moscou réintroduit implicitement l
2995 anges culturels, Moscou réintroduit implicitement la possibilité d’une libre discussion. Or celle-ci serait ruineuse pour
2996 , Moscou réintroduit implicitement la possibilité d’ une libre discussion. Or celle-ci serait ruineuse pour le principe qui
2997 ibre discussion. Or celle-ci serait ruineuse pour le principe qui a fait la force principale du stalinisme dans l’intellig
2998 le-ci serait ruineuse pour le principe qui a fait la force principale du stalinisme dans l’intelligentsia européenne : l’a
2999 qui a fait la force principale du stalinisme dans l’ intelligentsia européenne : l’autorité sans discussion. Telles étant l
3000 du stalinisme dans l’intelligentsia européenne : l’ autorité sans discussion. Telles étant les implications de l’offre rus
3001 péenne : l’autorité sans discussion. Telles étant les implications de l’offre russe, il appartient aux hommes d’État de l’O
3002 té sans discussion. Telles étant les implications de l’offre russe, il appartient aux hommes d’État de l’Occident de les t
3003 sans discussion. Telles étant les implications de l’ offre russe, il appartient aux hommes d’État de l’Occident de les tran
3004 de l’offre russe, il appartient aux hommes d’État de l’Occident de les transformer en engagements concrets. Se demander si
3005 l’offre russe, il appartient aux hommes d’État de l’ Occident de les transformer en engagements concrets. Se demander si le
3006 se, il appartient aux hommes d’État de l’Occident de les transformer en engagements concrets. Se demander si les Russes so
3007 il appartient aux hommes d’État de l’Occident de les transformer en engagements concrets. Se demander si les Russes sont s
3008 ansformer en engagements concrets. Se demander si les Russes sont sincères serait bien vain : il faut absolument les prendr
3009 nt sincères serait bien vain : il faut absolument les prendre au mot. Ils proposent en effet trois principes qui n’ont jama
3010 t en effet trois principes qui n’ont jamais cessé d’ être les nôtres. Nous sommes d’accord. Nous partons de là. Voyons main
3011 re les nôtres. Nous sommes d’accord. Nous partons de là. Voyons maintenant les conditions précises de la mise en pratique
3012 s d’accord. Nous partons de là. Voyons maintenant les conditions précises de la mise en pratique de ces principes. Prendre
3013 de là. Voyons maintenant les conditions précises de la mise en pratique de ces principes. Prendre au sérieux l’offre russ
3014 là. Voyons maintenant les conditions précises de la mise en pratique de ces principes. Prendre au sérieux l’offre russe d
3015 nt les conditions précises de la mise en pratique de ces principes. Prendre au sérieux l’offre russe de sécurité occidenta
3016 en pratique de ces principes. Prendre au sérieux l’ offre russe de sécurité occidentale, c’est demander et obtenir le ratt
3017 e ces principes. Prendre au sérieux l’offre russe de sécurité occidentale, c’est demander et obtenir le rattachement des p
3018 e sécurité occidentale, c’est demander et obtenir le rattachement des pays de l’Est à quelque forme d’union occidentale. O
3019 ’est demander et obtenir le rattachement des pays de l’Est à quelque forme d’union occidentale. On ne voit pas ce qui empê
3020 t demander et obtenir le rattachement des pays de l’ Est à quelque forme d’union occidentale. On ne voit pas ce qui empêche
3021 le rattachement des pays de l’Est à quelque forme d’ union occidentale. On ne voit pas ce qui empêcherait les 435 millions
3022 on occidentale. On ne voit pas ce qui empêcherait les 435 millions d’Européens ainsi réunis de se déclarer neutres, à parti
3023 n ne voit pas ce qui empêcherait les 435 millions d’ Européens ainsi réunis de se déclarer neutres, à partir du moment où i
3024 cherait les 435 millions d’Européens ainsi réunis de se déclarer neutres, à partir du moment où ils disposeraient de l’arm
3025 neutres, à partir du moment où ils disposeraient de l’armée commune sans laquelle toute neutralité reste illusoire. L’Amé
3026 utres, à partir du moment où ils disposeraient de l’ armée commune sans laquelle toute neutralité reste illusoire. L’Amériq
3027 e sans laquelle toute neutralité reste illusoire. L’ Amérique n’aurait rien à y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’Eu
3028 e illusoire. L’Amérique n’aurait rien à y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’Europe serait faite et la paix avec ell
3029 t rien à y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’ Europe serait faite et la paix avec elle. Prendre au sérieux le princi
3030 sie se verrait rassurée, l’Europe serait faite et la paix avec elle. Prendre au sérieux le principe de la non-ingérence, c
3031 it faite et la paix avec elle. Prendre au sérieux le principe de la non-ingérence, c’est par exemple décider que les parti
3032 la paix avec elle. Prendre au sérieux le principe de la non-ingérence, c’est par exemple décider que les partis communiste
3033 paix avec elle. Prendre au sérieux le principe de la non-ingérence, c’est par exemple décider que les partis communistes d
3034 e la non-ingérence, c’est par exemple décider que les partis communistes de l’Occident vont vivre de leurs seules ressource
3035 st par exemple décider que les partis communistes de l’Occident vont vivre de leurs seules ressources : on m’entendra. Enf
3036 par exemple décider que les partis communistes de l’ Occident vont vivre de leurs seules ressources : on m’entendra. Enfin,
3037 e les partis communistes de l’Occident vont vivre de leurs seules ressources : on m’entendra. Enfin, prendre au sérieux le
3038 ources : on m’entendra. Enfin, prendre au sérieux les relations culturelles, c’est accepter la libre discussion, le libre é
3039 sérieux les relations culturelles, c’est accepter la libre discussion, le libre échange des hommes, des œuvres et des idée
3040 culturelles, c’est accepter la libre discussion, le libre échange des hommes, des œuvres et des idées. Et voilà qui n’a l
3041 , des œuvres et des idées. Et voilà qui n’a l’air de rien, mais qui équivaut en fait à lever le rideau de fer. Je pars de
3042 l’air de rien, mais qui équivaut en fait à lever le rideau de fer. Je pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rien ne m’ob
3043 rien, mais qui équivaut en fait à lever le rideau de fer. Je pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rien ne m’oblige aux p
3044 quivaut en fait à lever le rideau de fer. Je pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rien ne m’oblige aux prudences des hom
3045 lige aux prudences des hommes d’État, on vient de le voir. Les relations culturelles, à mes yeux, sont la condition préala
3046 prudences des hommes d’État, on vient de le voir. Les relations culturelles, à mes yeux, sont la condition préalable à tout
3047 voir. Les relations culturelles, à mes yeux, sont la condition préalable à toute entente sérieuse dans les autres domaines
3048 condition préalable à toute entente sérieuse dans les autres domaines, politiques ou économiques. Car ce sont elles seules
3049 nomiques. Car ce sont elles seules qui permettent l’ élaboration de l’instrument sans lequel il n’est point d’entente entre
3050 ce sont elles seules qui permettent l’élaboration de l’instrument sans lequel il n’est point d’entente entre les hommes, j
3051 sont elles seules qui permettent l’élaboration de l’ instrument sans lequel il n’est point d’entente entre les hommes, je v
3052 ration de l’instrument sans lequel il n’est point d’ entente entre les hommes, je veux dire un langage commun. On a reconnu
3053 rument sans lequel il n’est point d’entente entre les hommes, je veux dire un langage commun. On a reconnu l’expression qui
3054 mes, je veux dire un langage commun. On a reconnu l’ expression qui revient par deux fois, fortement soulignée, dans la déc
3055 revient par deux fois, fortement soulignée, dans la déclaration que M. Boulganine fit à Moscou la semaine dernière, au mo
3056 ans la déclaration que M. Boulganine fit à Moscou la semaine dernière, au moment de s’envoler pour franchir le Rideau — ce
3057 ne dernière, au moment de s’envoler pour franchir le Rideau — ce mur du son de la politique contemporaine. Précisons notre
3058 s’envoler pour franchir le Rideau — ce mur du son de la politique contemporaine. Précisons notre image : quand un pilote p
3059 nvoler pour franchir le Rideau — ce mur du son de la politique contemporaine. Précisons notre image : quand un pilote pass
3060 ne. Précisons notre image : quand un pilote passe le mur du son, il entre dans une zone de silence. Mais quand un homme d’
3061 ilote passe le mur du son, il entre dans une zone de silence. Mais quand un homme d’État soviétique passe le Rideau, c’est
3062 ence. Mais quand un homme d’État soviétique passe le Rideau, c’est pour entrer dans la zone où l’on parle. Toute l’attitud
3063 oviétique passe le Rideau, c’est pour entrer dans la zone où l’on parle. Toute l’attitude des Russes à Genève peut se résu
3064 asse le Rideau, c’est pour entrer dans la zone où l’ on parle. Toute l’attitude des Russes à Genève peut se résumer en un s
3065 est pour entrer dans la zone où l’on parle. Toute l’ attitude des Russes à Genève peut se résumer en un seul mot : causons 
3066 Genève peut se résumer en un seul mot : causons ! D’ où l’accent mis sur le langage commun. Il existe en fait deux moyens d
3067 e peut se résumer en un seul mot : causons ! D’où l’ accent mis sur le langage commun. Il existe en fait deux moyens d’inst
3068 en un seul mot : causons ! D’où l’accent mis sur le langage commun. Il existe en fait deux moyens d’instaurer un langage
3069 le langage commun. Il existe en fait deux moyens d’ instaurer un langage commun. Le premier est la force brutale : c’est l
3070 ens d’instaurer un langage commun. Le premier est la force brutale : c’est le vainqueur qui impose à tous le sens des mots
3071 e commun. Le premier est la force brutale : c’est le vainqueur qui impose à tous le sens des mots qu’il juge convenable. O
3072 ce brutale : c’est le vainqueur qui impose à tous le sens des mots qu’il juge convenable. On se rappelle qu’au moment où l
3073 l juge convenable. On se rappelle qu’au moment où l’ armée rouge tentait d’envahir la petite Finlande, M. Molotov déclara q
3074 se rappelle qu’au moment où l’armée rouge tentait d’ envahir la petite Finlande, M. Molotov déclara que cette dernière étai
3075 e qu’au moment où l’armée rouge tentait d’envahir la petite Finlande, M. Molotov déclara que cette dernière était le vérit
3076 ande, M. Molotov déclara que cette dernière était le véritable agresseur, « les événements ayant donné au terme d’agressio
3077 ue cette dernière était le véritable agresseur, «  les événements ayant donné au terme d’agression un contenu historique nou
3078 agresseur, « les événements ayant donné au terme d’ agression un contenu historique nouveau ». La franchise même de cette
3079 erme d’agression un contenu historique nouveau ». La franchise même de cette explication scandalisa : elle aurait dû, plut
3080 n contenu historique nouveau ». La franchise même de cette explication scandalisa : elle aurait dû, plutôt, donner à réflé
3081 isa : elle aurait dû, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe s’exprimait en effet dans un langage tout naturel pour
3082 s un langage tout naturel pour quiconque est imbu de la croyance marxiste au mouvement fatal de l’Histoire. Le malentendu
3083 n langage tout naturel pour quiconque est imbu de la croyance marxiste au mouvement fatal de l’Histoire. Le malentendu ave
3084 t imbu de la croyance marxiste au mouvement fatal de l’Histoire. Le malentendu avec l’Occident — qui se traduisait alors p
3085 mbu de la croyance marxiste au mouvement fatal de l’ Histoire. Le malentendu avec l’Occident — qui se traduisait alors par
3086 oyance marxiste au mouvement fatal de l’Histoire. Le malentendu avec l’Occident — qui se traduisait alors par une ingérenc
3087 mouvement fatal de l’Histoire. Le malentendu avec l’ Occident — qui se traduisait alors par une ingérence qualifiée dans le
3088 traduisait alors par une ingérence qualifiée dans les affaires d’un autre pays — provenait ainsi d’une théorie, donc d’un f
3089 ors par une ingérence qualifiée dans les affaires d’ un autre pays — provenait ainsi d’une théorie, donc d’un fait de cultu
3090 ns les affaires d’un autre pays — provenait ainsi d’ une théorie, donc d’un fait de culture ; mais comme il n’était pas que
3091 autre pays — provenait ainsi d’une théorie, donc d’ un fait de culture ; mais comme il n’était pas question d’en discuter,
3092 s — provenait ainsi d’une théorie, donc d’un fait de culture ; mais comme il n’était pas question d’en discuter, ce fut la
3093 t de culture ; mais comme il n’était pas question d’ en discuter, ce fut la force qui trancha. Le second moyen d’instaurer
3094 mme il n’était pas question d’en discuter, ce fut la force qui trancha. Le second moyen d’instaurer un langage commun, c’e
3095 ter, ce fut la force qui trancha. Le second moyen d’ instaurer un langage commun, c’est le dialogue. Or un dialogue réel su
3096 second moyen d’instaurer un langage commun, c’est le dialogue. Or un dialogue réel suppose deux conditions. Il suppose tou
3097 se deux conditions. Il suppose tout d’abord, chez les deux partenaires, la conviction et le désir de convaincre — sinon le
3098 suppose tout d’abord, chez les deux partenaires, la conviction et le désir de convaincre — sinon le dialogue n’aurait pas
3099 bord, chez les deux partenaires, la conviction et le désir de convaincre — sinon le dialogue n’aurait pas d’intérêt ni de
3100 z les deux partenaires, la conviction et le désir de convaincre — sinon le dialogue n’aurait pas d’intérêt ni de raison d’
3101 , la conviction et le désir de convaincre — sinon le dialogue n’aurait pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose
3102 ir de convaincre — sinon le dialogue n’aurait pas d’ intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le respect de l’aut
3103 cre — sinon le dialogue n’aurait pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le respect de l’autre et le dési
3104 n le dialogue n’aurait pas d’intérêt ni de raison d’ être. Mais il suppose aussi le respect de l’autre et le désir de le co
3105 ntérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le respect de l’autre et le désir de le comprendre, la faculté de se met
3106 e raison d’être. Mais il suppose aussi le respect de l’autre et le désir de le comprendre, la faculté de se mettre à sa pl
3107 e. Mais il suppose aussi le respect de l’autre et le désir de le comprendre, la faculté de se mettre à sa place et de reme
3108 l suppose aussi le respect de l’autre et le désir de le comprendre, la faculté de se mettre à sa place et de remettre en q
3109 uppose aussi le respect de l’autre et le désir de le comprendre, la faculté de se mettre à sa place et de remettre en ques
3110 respect de l’autre et le désir de le comprendre, la faculté de se mettre à sa place et de remettre en question, fût-ce pa
3111 l’autre et le désir de le comprendre, la faculté de se mettre à sa place et de remettre en question, fût-ce par simple hy
3112 comprendre, la faculté de se mettre à sa place et de remettre en question, fût-ce par simple hypothèse, ses propres préjug
3113 othèse, ses propres préjugés et attitudes, en vue d’ une recherche commune — autrement l’on n’aurait qu’une suite de monolo
3114 tudes, en vue d’une recherche commune — autrement l’ on n’aurait qu’une suite de monologues. Or ces deux conditions du dial
3115 he commune — autrement l’on n’aurait qu’une suite de monologues. Or ces deux conditions du dialogue viennent d’être accept
3116 gues. Or ces deux conditions du dialogue viennent d’ être acceptées sans réserve par la déclaration de Boulganine — et cela
3117 alogue viennent d’être acceptées sans réserve par la déclaration de Boulganine — et cela pour la première fois depuis la n
3118 d’être acceptées sans réserve par la déclaration de Boulganine — et cela pour la première fois depuis la naissance du con
3119 Boulganine — et cela pour la première fois depuis la naissance du conflit qui oppose le bolchévisme à l’Occident. Je cite 
3120 re fois depuis la naissance du conflit qui oppose le bolchévisme à l’Occident. Je cite : D’aucuns estiment que le capitali
3121 naissance du conflit qui oppose le bolchévisme à l’ Occident. Je cite : D’aucuns estiment que le capitalisme est meilleur
3122 qui oppose le bolchévisme à l’Occident. Je cite : D’ aucuns estiment que le capitalisme est meilleur que le socialisme. Nou
3123 sme à l’Occident. Je cite : D’aucuns estiment que le capitalisme est meilleur que le socialisme. Nous sommes convaincus du
3124 cuns estiment que le capitalisme est meilleur que le socialisme. Nous sommes convaincus du contraire. Cette discussion ne
3125 ntraire. Cette discussion ne peut être réglée par la force. Que chacun prouve la justesse de sa cause dans une compétition
3126 peut être réglée par la force. Que chacun prouve la justesse de sa cause dans une compétition pacifique. Une compétition
3127 églée par la force. Que chacun prouve la justesse de sa cause dans une compétition pacifique. Une compétition pacifique e
3128 ette offre est aussi valable pour d’autres sujets de débats, plus actuels et moins rebattus que celui qu’on vient de menti
3129  ; nous sommes prêts à « causer » dès demain. (Je le dis au nom de la grande majorité des intellectuels de l’Europe, et de
3130 êts à « causer » dès demain. (Je le dis au nom de la grande majorité des intellectuels de l’Europe, et des plus attachés à
3131 is au nom de la grande majorité des intellectuels de l’Europe, et des plus attachés à la cause de l’union fédérale de nos
3132 au nom de la grande majorité des intellectuels de l’ Europe, et des plus attachés à la cause de l’union fédérale de nos peu
3133 intellectuels de l’Europe, et des plus attachés à la cause de l’union fédérale de nos peuples !) Parlons et dialoguons, no
3134 uels de l’Europe, et des plus attachés à la cause de l’union fédérale de nos peuples !) Parlons et dialoguons, non pas dan
3135 s de l’Europe, et des plus attachés à la cause de l’ union fédérale de nos peuples !) Parlons et dialoguons, non pas dans d
3136 des plus attachés à la cause de l’union fédérale de nos peuples !) Parlons et dialoguons, non pas dans des congrès où s’a
3137 loguons, non pas dans des congrès où s’affrontent les démagogies, mais par groupes de professionnels ; parlons d’histoire,
3138 où s’affrontent les démagogies, mais par groupes de professionnels ; parlons d’histoire, d’arts et de science, d’éducatio
3139 ies, mais par groupes de professionnels ; parlons d’ histoire, d’arts et de science, d’éducation, et de culture en général.
3140 r groupes de professionnels ; parlons d’histoire, d’ arts et de science, d’éducation, et de culture en général. Échangeons
3141 de professionnels ; parlons d’histoire, d’arts et de science, d’éducation, et de culture en général. Échangeons nos revues
3142 nnels ; parlons d’histoire, d’arts et de science, d’ éducation, et de culture en général. Échangeons nos revues et nos livr
3143 d’histoire, d’arts et de science, d’éducation, et de culture en général. Échangeons nos revues et nos livres, nos points d
3144 se fait chez l’autre, ce qu’il dit et comment il le sent ; et que l’autre en fasse autant chez nous. Circulons. Questionn
3145 ommes trop faibles sur nos positions trop variées d’ Occidentaux chrétiens ou humanistes, pour affronter la « redoutable di
3146 cidentaux chrétiens ou humanistes, pour affronter la « redoutable dialectique » du partenaire : ce n’est pas à ceux qui cr
3147 enaire : ce n’est pas à ceux qui croient cela que les Russes demanderont à parler ! Les contempteurs de l’Occident, douteur
3148 roient cela que les Russes demanderont à parler ! Les contempteurs de l’Occident, douteurs chroniques ou neutralistes de l’
3149 es Russes demanderont à parler ! Les contempteurs de l’Occident, douteurs chroniques ou neutralistes de l’esprit ne peuven
3150 Russes demanderont à parler ! Les contempteurs de l’ Occident, douteurs chroniques ou neutralistes de l’esprit ne peuvent r
3151 e l’Occident, douteurs chroniques ou neutralistes de l’esprit ne peuvent rien apprendre aux hommes de l’Est : ceux-ci n’en
3152 ’Occident, douteurs chroniques ou neutralistes de l’ esprit ne peuvent rien apprendre aux hommes de l’Est : ceux-ci n’enver
3153 de l’esprit ne peuvent rien apprendre aux hommes de l’Est : ceux-ci n’enverront pas non plus leurs opposants… D’autres cr
3154 l’esprit ne peuvent rien apprendre aux hommes de l’ Est : ceux-ci n’enverront pas non plus leurs opposants… D’autres crain
3155 non plus leurs opposants… D’autres craindront que la culture du voisin soit au contraire son cheval de Troie. Mais il s’ag
3156 la culture du voisin soit au contraire son cheval de Troie. Mais il s’agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ai
3157 au contraire son cheval de Troie. Mais il s’agit d’ échanges réels dans les deux sens, ou je n’ai rien dit. Si chacun mène
3158 al de Troie. Mais il s’agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ai rien dit. Si chacun mène chez l’autre un cheval
3159 i rien dit. Si chacun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’il en organise, en place publique, la visite officielle e
3160 de Troie et qu’il en organise, en place publique, la visite officielle et gratuite, l’arme secrète des Achéens devient un
3161 place publique, la visite officielle et gratuite, l’ arme secrète des Achéens devient un pavillon d’exposition. On ne court
3162 e, l’arme secrète des Achéens devient un pavillon d’ exposition. On ne court plus que le risque normal d’une « compétition
3163 nt un pavillon d’exposition. On ne court plus que le risque normal d’une « compétition pacifique ». Il est temps de courir
3164 exposition. On ne court plus que le risque normal d’ une « compétition pacifique ». Il est temps de courir le risque de la
3165 mal d’une « compétition pacifique ». Il est temps de courir le risque de la paix ! Soyons francs : tout cela repose sur l’
3166 « compétition pacifique ». Il est temps de courir le risque de la paix ! Soyons francs : tout cela repose sur l’hypothèse
3167 ion pacifique ». Il est temps de courir le risque de la paix ! Soyons francs : tout cela repose sur l’hypothèse d’un chang
3168 pacifique ». Il est temps de courir le risque de la paix ! Soyons francs : tout cela repose sur l’hypothèse d’un changeme
3169 de la paix ! Soyons francs : tout cela repose sur l’ hypothèse d’un changement d’attitude des Russes. Il se peut que les no
3170 Soyons francs : tout cela repose sur l’hypothèse d’ un changement d’attitude des Russes. Il se peut que les nombreux témoi
3171 tout cela repose sur l’hypothèse d’un changement d’ attitude des Russes. Il se peut que les nombreux témoignages qu’ils en
3172 changement d’attitude des Russes. Il se peut que les nombreux témoignages qu’ils en donnent depuis quelques mois soient pl
3173 quelques mois soient plus clairs et certains que la conscience qu’ils en ont. Le Père des peuples est mort, qui tenait to
3174 airs et certains que la conscience qu’ils en ont. Le Père des peuples est mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du MVD l
3175 e des peuples est mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du MVD l’a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nom
3176 st mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du MVD l’ a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la détente,
3177 nait tout ensemble. Le chef du MVD l’a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, mot qu’il faut
3178 emble. Le chef du MVD l’a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, mot qu’il faut prendre ici d
3179 dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, mot qu’il faut prendre ici dans son sens littéral : un resso
3180 dans son sens littéral : un ressort est détendu, la pression tombe. Les effets d’un pareil changement peuvent être lents
3181 éral : un ressort est détendu, la pression tombe. Les effets d’un pareil changement peuvent être lents à se manifester dans
3182 essort est détendu, la pression tombe. Les effets d’ un pareil changement peuvent être lents à se manifester dans l’énorme
3183 hangement peuvent être lents à se manifester dans l’ énorme psyché collective soviétique. Celle-ci cherche avant tout non p
3184 soviétique. Celle-ci cherche avant tout non point la liberté, qu’elle redoute, mais la sécurité. À l’intérieur, elle ne tr
3185 tout non point la liberté, qu’elle redoute, mais la sécurité. À l’intérieur, elle ne trouve que problèmes. À l’extérieur,
3186 la liberté, qu’elle redoute, mais la sécurité. À l’ intérieur, elle ne trouve que problèmes. À l’extérieur, elle voit quel
3187 é. À l’intérieur, elle ne trouve que problèmes. À l’ extérieur, elle voit quelques hommes forts : un Tito, un Adenauer. C’e
3188 ’est vers eux que s’en vont ceux qui parlent pour les Russes — comme aujourd’hui Joukov va vers Eisenhower. Et ils viendron
3189 e sera forte et rassurante. w. Rougemont Denis de , « Pour un désarmement moral », Journal de Genève, Genève, 19 juillet
3190 Denis de, « Pour un désarmement moral », Journal de Genève, Genève, 19 juillet 1955, p. 1.
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
3191 os chambres, criant au secours dès qu’on tournait le bouton d’un poste de radio, à nos oreilles, appelant l’Europe, qui ne
3192 s, criant au secours dès qu’on tournait le bouton d’ un poste de radio, à nos oreilles, appelant l’Europe, qui ne pouvait p
3193 u secours dès qu’on tournait le bouton d’un poste de radio, à nos oreilles, appelant l’Europe, qui ne pouvait pas répondre
3194 ton d’un poste de radio, à nos oreilles, appelant l’ Europe, qui ne pouvait pas répondre, appelant l’Europe sans chefs et s
3195 t l’Europe, qui ne pouvait pas répondre, appelant l’ Europe sans chefs et sans armée, et sans même un porte-parole pour nou
3196 s maintenant, non je n’oserai pas demander pardon d’ être resté paralysé devant leur appel, tant que je n’aurai pas fait to
3197 s fait tout ce que peut un homme libre pour hâter le jour de la vengeance du peuple hongrois et du châtiment de ses bourre
3198 out ce que peut un homme libre pour hâter le jour de la vengeance du peuple hongrois et du châtiment de ses bourreaux. Les
3199 ce que peut un homme libre pour hâter le jour de la vengeance du peuple hongrois et du châtiment de ses bourreaux. Les jo
3200 e la vengeance du peuple hongrois et du châtiment de ses bourreaux. Les jours du communisme sont comptés. Il a vu son Doub
3201 peuple hongrois et du châtiment de ses bourreaux. Les jours du communisme sont comptés. Il a vu son Double effrayant dans l
3202 e sont comptés. Il a vu son Double effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À la question : qu’est-ce que le commu
3203 mptés. Il a vu son Double effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À la question : qu’est-ce que le communisme ?
3204 u son Double effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À la question : qu’est-ce que le communisme ? le monde enti
3205 frayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À la question : qu’est-ce que le communisme ? le monde entier répondra dés
3206 nań et de Budapest. À la question : qu’est-ce que le communisme ? le monde entier répondra désormais : la théorie du crime
3207 st. À la question : qu’est-ce que le communisme ? le monde entier répondra désormais : la théorie du crime et sa pratique
3208 communisme ? le monde entier répondra désormais : la théorie du crime et sa pratique massive, le massacre des ouvriers suc
3209 ais : la théorie du crime et sa pratique massive, le massacre des ouvriers succédant à celui des paysans, l’incompétence b
3210 sacre des ouvriers succédant à celui des paysans, l’ incompétence brutale avouée périodiquement, la trahison des chefs dont
3211 ns, l’incompétence brutale avouée périodiquement, la trahison des chefs dont pas un seul n’est mort sous les balles des « 
3212 ahison des chefs dont pas un seul n’est mort sous les balles des « réactionnaires », car c’est entre eux qu’ils se sont tou
3213 qu’ils se sont tous assassinés depuis trente ans, la misère collective et le canon des chars dans la foule serrée chantant
3214 ssinés depuis trente ans, la misère collective et le canon des chars dans la foule serrée chantant la liberté. Mais avant
3215 , la misère collective et le canon des chars dans la foule serrée chantant la liberté. Mais avant que l’Histoire et la col
3216 le canon des chars dans la foule serrée chantant la liberté. Mais avant que l’Histoire et la colère des peuples l’ait bal
3217 foule serrée chantant la liberté. Mais avant que l’ Histoire et la colère des peuples l’ait balayé de la planète, le commu
3218 chantant la liberté. Mais avant que l’Histoire et la colère des peuples l’ait balayé de la planète, le communisme russe pe
3219 ais avant que l’Histoire et la colère des peuples l’ ait balayé de la planète, le communisme russe peut encore écraser d’au
3220 l’Histoire et la colère des peuples l’ait balayé de la planète, le communisme russe peut encore écraser d’autres capitale
3221 Histoire et la colère des peuples l’ait balayé de la planète, le communisme russe peut encore écraser d’autres capitales d
3222 la colère des peuples l’ait balayé de la planète, le communisme russe peut encore écraser d’autres capitales de l’Europe,
3223 isme russe peut encore écraser d’autres capitales de l’Europe, massacrer d’autres foules révoltées, et liquider d’autres é
3224 e russe peut encore écraser d’autres capitales de l’ Europe, massacrer d’autres foules révoltées, et liquider d’autres élit
3225 iquider d’autres élites sans armes. Nous devons à la passion de Budapest martyre une réparation sans merci, vigilante, obs
3226 utres élites sans armes. Nous devons à la passion de Budapest martyre une réparation sans merci, vigilante, obstinée, sans
3227 ilante, obstinée, sans éclat, comme il convient à la repentance active. Nous devons tout d’abord faire l’Europe, pour qu’i
3228 repentance active. Nous devons tout d’abord faire l’ Europe, pour qu’il y ait à l’appel de tous nos frères de l’Est une rép
3229 s tout d’abord faire l’Europe, pour qu’il y ait à l’ appel de tous nos frères de l’Est une réponse qui ne dépende plus des
3230 ’abord faire l’Europe, pour qu’il y ait à l’appel de tous nos frères de l’Est une réponse qui ne dépende plus des élection
3231 réponse qui ne dépende plus des élections locales d’ un peuple d’outre-mer, mais de nos seules consciences, advienne que po
3232 ne dépende plus des élections locales d’un peuple d’ outre-mer, mais de nos seules consciences, advienne que pourra. Nous
3233 s élections locales d’un peuple d’outre-mer, mais de nos seules consciences, advienne que pourra. Nous devons mettre le c
3234 ciences, advienne que pourra. Nous devons mettre le communisme au ban de l’humanité civilisée. Et cela signifie pratiquem
3235 pourra. Nous devons mettre le communisme au ban de l’humanité civilisée. Et cela signifie pratiquement : rompre toutes r
3236 urra. Nous devons mettre le communisme au ban de l’ humanité civilisée. Et cela signifie pratiquement : rompre toutes rela
3237 e toutes relations, diplomatiques ou autres, avec la Russie soviétique, ses clients et ses partisans. Je crois avoir été l
3238 s. Je crois avoir été le premier à proposer, ici, la reprise du dialogue culturel avec les Soviétiques délivrés de Staline
3239 oposer, ici, la reprise du dialogue culturel avec les Soviétiques délivrés de Staline. Des rencontres privées ont suivi mon
3240 u dialogue culturel avec les Soviétiques délivrés de Staline. Des rencontres privées ont suivi mon appel. Les Russes s’y s
3241 line. Des rencontres privées ont suivi mon appel. Les Russes s’y sont montrés lourds et stupides, les marxistes parisiens r
3242 . Les Russes s’y sont montrés lourds et stupides, les marxistes parisiens ridicules. Mettons fin à cette comédie. Nous savo
3243 ns fin à cette comédie. Nous savons désormais que les Russes, dès qu’ils le peuvent, utilisent les négociations pour arrête
3244 Nous savons désormais que les Russes, dès qu’ils le peuvent, utilisent les négociations pour arrêter et tuer ceux qui vie
3245 que les Russes, dès qu’ils le peuvent, utilisent les négociations pour arrêter et tuer ceux qui viennent négocier. Le comm
3246 pour arrêter et tuer ceux qui viennent négocier. Le communiste actuel, plus encore que le fasciste, est un malade mental,
3247 t négocier. Le communiste actuel, plus encore que le fasciste, est un malade mental, ou, s’il est sain d’esprit, c’est un
3248 fasciste, est un malade mental, ou, s’il est sain d’ esprit, c’est un criminel en puissance : c’est un homme qui approuve,
3249 c’est un homme qui approuve, excuse et justifie, les massacres de Budapest ; qui trouve cela moins grave que d’arrêter Nas
3250 e qui approuve, excuse et justifie, les massacres de Budapest ; qui trouve cela moins grave que d’arrêter Nasser, s’il pré
3251 res de Budapest ; qui trouve cela moins grave que d’ arrêter Nasser, s’il prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter a
3252 aël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, et les Hongrois tombent sous les balles des Russes. Je n’écris pas pour mett
3253 er avec ça. J’écris, et les Hongrois tombent sous les balles des Russes. Je n’écris pas pour mettre ma conscience à l’aise.
3254 usses. Je n’écris pas pour mettre ma conscience à l’ aise. Je veux certes la mettre à l’aise, et tout homme doit le vouloir
3255 our mettre ma conscience à l’aise. Je veux certes la mettre à l’aise, et tout homme doit le vouloir avant tout, mais ce n’
3256 a conscience à l’aise. Je veux certes la mettre à l’ aise, et tout homme doit le vouloir avant tout, mais ce n’est pas un a
3257 eux certes la mettre à l’aise, et tout homme doit le vouloir avant tout, mais ce n’est pas un article qui pourrait y suffi
3258 qui pourrait y suffire, il faut agir. Je parlais d’ une action vigilante, obstinée. Nous vivons en démocratie, qui veut di
3259 ocratie, qui veut dire souveraineté du peuple. Or le peuple, c’est vous et moi. Profitant du silence ignominieux qui succè
3260 inieux qui succède aux flagrants délits, exigeons de nos gouvernements une rupture immédiate avec Moscou. Exigeons la diss
3261 ments une rupture immédiate avec Moscou. Exigeons la dissolution des partis communistes d’Occident, complices du crime le
3262 u. Exigeons la dissolution des partis communistes d’ Occident, complices du crime le plus atroce de toute l’Histoire. Refus
3263 partis communistes d’Occident, complices du crime le plus atroce de toute l’Histoire. Refusons ces ballets, ces équipes de
3264 tes d’Occident, complices du crime le plus atroce de toute l’Histoire. Refusons ces ballets, ces équipes de football, ces
3265 ident, complices du crime le plus atroce de toute l’ Histoire. Refusons ces ballets, ces équipes de football, ces délégatio
3266 ute l’Histoire. Refusons ces ballets, ces équipes de football, ces délégations policières, ces « gardiens de la paix » aux
3267 tball, ces délégations policières, ces « gardiens de la paix » aux mains rouges : Budapest nous le crie de tout son sang v
3268 ll, ces délégations policières, ces « gardiens de la paix » aux mains rouges : Budapest nous le crie de tout son sang vers
3269 ens de la paix » aux mains rouges : Budapest nous le crie de tout son sang versé. Et jurons de refuser, dorénavant, de sal
3270 a paix » aux mains rouges : Budapest nous le crie de tout son sang versé. Et jurons de refuser, dorénavant, de saluer du n
3271 st nous le crie de tout son sang versé. Et jurons de refuser, dorénavant, de saluer du nom d’homme un communiste quelconqu
3272 son sang versé. Et jurons de refuser, dorénavant, de saluer du nom d’homme un communiste quelconque, qui n’aurait pas d’ab
3273 t jurons de refuser, dorénavant, de saluer du nom d’ homme un communiste quelconque, qui n’aurait pas d’abord abjuré publiq
3274 que, qui n’aurait pas d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il a servie. Et jurons en même temps de faire l’Eur
3275 du crime qu’il a servie. Et jurons en même temps de faire l’Europe. Cette Europe qui aurait pu, en s’unissant plus tôt, c
3276 qu’il a servie. Et jurons en même temps de faire l’ Europe. Cette Europe qui aurait pu, en s’unissant plus tôt, cette Euro
3277 e Europe qui pouvait, en rassemblant ses forces à l’ appel angoissé de la liberté, éviter la honte éternelle qui accable dé
3278 ait, en rassemblant ses forces à l’appel angoissé de la liberté, éviter la honte éternelle qui accable désormais toute cet
3279 , en rassemblant ses forces à l’appel angoissé de la liberté, éviter la honte éternelle qui accable désormais toute cette
3280 s forces à l’appel angoissé de la liberté, éviter la honte éternelle qui accable désormais toute cette génération — la Hon
3281 le qui accable désormais toute cette génération — la Hongrie massacrée sous les yeux de l’Occident, hurlant : l’Europe à l
3282 énération — la Hongrie massacrée sous les yeux de l’ Occident, hurlant : l’Europe à l’aide ! et mourant sans réponse. x.
3283 massacrée sous les yeux de l’Occident, hurlant : l’ Europe à l’aide ! et mourant sans réponse. x. Rougemont Denis de, «
3284 sous les yeux de l’Occident, hurlant : l’Europe à l’ aide ! et mourant sans réponse. x. Rougemont Denis de, « Oserons-no
3285  ! et mourant sans réponse. x. Rougemont Denis de , « Oserons-nous encore… », Journal de Genève, Genève, 6 novembre 1956
3286 emont Denis de, « Oserons-nous encore… », Journal de Genève, Genève, 6 novembre 1956, p. 1.
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
3287 à Pasternak (31 octobre 1958)y Qu’un écrivain de l’Ouest reçoive un prix Staline, nous pensons simplement que cet heur
3288 Pasternak (31 octobre 1958)y Qu’un écrivain de l’ Ouest reçoive un prix Staline, nous pensons simplement que cet heureux
3289 and romancier ou grand styliste, et nous passons. La radio cite et passe, la presse en fait autant, et nos sociétés d’écri
3290 tyliste, et nous passons. La radio cite et passe, la presse en fait autant, et nos sociétés d’écrivains ne se réveillent p
3291 passe, la presse en fait autant, et nos sociétés d’ écrivains ne se réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de
3292 veillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mais qu’un écrivain russe reçoive le prix Nobel, tout le mond
3293 llent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’ État. Mais qu’un écrivain russe reçoive le prix Nobel, tout le monde s
3294 pas de l’État. Mais qu’un écrivain russe reçoive le prix Nobel, tout le monde sait aussitôt qu’il se passe quelque chose,
3295 ssitôt qu’il se passe quelque chose, qu’il s’agit d’ un talent et d’un homme. Ses confrères communistes le savent aussi — e
3296 passe quelque chose, qu’il s’agit d’un talent et d’ un homme. Ses confrères communistes le savent aussi — et le font bien
3297 n talent et d’un homme. Ses confrères communistes le savent aussi — et le font bien voir… Hommage au prix Nobel. Et pitié
3298 e. Ses confrères communistes le savent aussi — et le font bien voir… Hommage au prix Nobel. Et pitié pour les Russes. Et r
3299 t bien voir… Hommage au prix Nobel. Et pitié pour les Russes. Et respect à Boris Pasternak. S’il s’est vu contraint, après
3300 s Pasternak. S’il s’est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps de dire à des journalistes étra
3301 aint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps de dire à des journalistes étrangers : « C’est une immense joie
3302 ès coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps de dire à des journalistes étrangers : « C’est une immense joie, mais un
3303 s un peu solitaire ! » sachons qu’il s’agit moins de lâcheté, dans son cas, que de patriotisme au sens ancien du mot, d’at
3304 qu’il s’agit moins de lâcheté, dans son cas, que de patriotisme au sens ancien du mot, d’attachement instinctif à sa terr
3305 on cas, que de patriotisme au sens ancien du mot, d’ attachement instinctif à sa terre infinie, à son peuple mystique, à la
3306 ctif à sa terre infinie, à son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’a pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus
3307 s voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ ont osé. Pascal et Kierkegaard devant leur Dieu. Nietzsche au seuil du
3308 che au seuil du délire mental, Dostoïevski devant la potence, au petit matin sibérien. C’est devant une autre tragédie que
3309 tin sibérien. C’est devant une autre tragédie que l’ esprit s’arrête, dans le cas de Boris Pasternak. Son refus le juge moi
3310 nt une autre tragédie que l’esprit s’arrête, dans le cas de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’il ne juge un régi
3311 autre tragédie que l’esprit s’arrête, dans le cas de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’il ne juge un régime qui
3312 arrête, dans le cas de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’il ne juge un régime qui ôte à l’homme le courage d’êtr
3313 s le juge moins qu’il ne juge un régime qui ôte à l’ homme le courage d’être lui-même, et le rabat au mutisme sans espoir,
3314 e moins qu’il ne juge un régime qui ôte à l’homme le courage d’être lui-même, et le rabat au mutisme sans espoir, seule co
3315 il ne juge un régime qui ôte à l’homme le courage d’ être lui-même, et le rabat au mutisme sans espoir, seule communion pos
3316 qui ôte à l’homme le courage d’être lui-même, et le rabat au mutisme sans espoir, seule communion possible encore avec so
3317 ble encore avec son peuple. y. Rougemont Denis de , « Hommage à Pasternak », Journal de Genève, Genève, 31 octobre 1958,
3318 gemont Denis de, « Hommage à Pasternak », Journal de Genève, Genève, 31 octobre 1958, p. 1.
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
3319 «  Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)z D
3320 cartes estimait qu’un athée ne pourrait pas faire de physique. Certes, beaucoup de physiciens après lui se sont dit athées
3321 dit athées, mais cela ne change rien au fait que le mouvement créateur de la science procède d’une confiance intuitive da
3322 ne change rien au fait que le mouvement créateur de la science procède d’une confiance intuitive dans l’accord de l’homme
3323 change rien au fait que le mouvement créateur de la science procède d’une confiance intuitive dans l’accord de l’homme et
3324 t que le mouvement créateur de la science procède d’ une confiance intuitive dans l’accord de l’homme et du monde, et suppo
3325 la science procède d’une confiance intuitive dans l’ accord de l’homme et du monde, et suppose une foi dans leur fondement
3326 e procède d’une confiance intuitive dans l’accord de l’homme et du monde, et suppose une foi dans leur fondement commun, «
3327 rocède d’une confiance intuitive dans l’accord de l’ homme et du monde, et suppose une foi dans leur fondement commun, « fo
3328 e une foi dans leur fondement commun, « fondement de l’être dans le monde, à savoir Dieu ». Ces derniers mots sont d’Ernes
3329 ne foi dans leur fondement commun, « fondement de l’ être dans le monde, à savoir Dieu ». Ces derniers mots sont d’Ernest A
3330 leur fondement commun, « fondement de l’être dans le monde, à savoir Dieu ». Ces derniers mots sont d’Ernest Ansermet, dan
3331 le monde, à savoir Dieu ». Ces derniers mots sont d’ Ernest Ansermet, dans le grand livre où il démontre, en somme, qu’un a
3332 ». Ces derniers mots sont d’Ernest Ansermet, dans le grand livre où il démontre, en somme, qu’un athée ne peut pas faire d
3333 démontre, en somme, qu’un athée ne peut pas faire de musique. Pas davantage que Descartes, Ansermet ne se fonde sur le dog
3334 davantage que Descartes, Ansermet ne se fonde sur le dogme, sur la Bible et la Tradition, ni sur quelque apologétique conf
3335 Descartes, Ansermet ne se fonde sur le dogme, sur la Bible et la Tradition, ni sur quelque apologétique confessionnelle. P
3336 nsermet ne se fonde sur le dogme, sur la Bible et la Tradition, ni sur quelque apologétique confessionnelle. Pour développ
3337 gétique confessionnelle. Pour développer en moins de cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’il nomme sa « phénom
3338 sionnelle. Pour développer en moins de cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’il nomme sa « phénoménologie de Di
3339 velopper en moins de cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’il nomme sa « phénoménologie de Dieu », qui est en m
3340 opper en moins de cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’il nomme sa « phénoménologie de Dieu », qui est en même
3341 de la musique ce qu’il nomme sa « phénoménologie de Dieu », qui est en même temps une théologie, il a recours à une métho
3342 il a recours à une méthode philosophique héritée de Husserl à travers Sartre (et dont il s’autorise d’ailleurs, pour réfu
3343 e (et dont il s’autorise d’ailleurs, pour réfuter l’ athéisme de Sartre) mais aussi à son expérience de musicien. Ce chapit
3344 il s’autorise d’ailleurs, pour réfuter l’athéisme de Sartre) mais aussi à son expérience de musicien. Ce chapitre sur Dieu
3345 l’athéisme de Sartre) mais aussi à son expérience de musicien. Ce chapitre sur Dieu, qui occupe une place centrale et dont
3346 e sur Dieu, qui occupe une place centrale et dont l’ écho s’entend dans tout l’ouvrage, est sans nul doute l’une des proues
3347 place centrale et dont l’écho s’entend dans tout l’ ouvrage, est sans nul doute l’une des prouesses intellectuelles les pl
3348 ans nul doute l’une des prouesses intellectuelles les plus mémorables du siècle. À partir de relations logarithmiques, de c
3349 du siècle. À partir de relations logarithmiques, de considérations mathématiques sur la fréquence et la période des sons,
3350 garithmiques, de considérations mathématiques sur la fréquence et la période des sons, et de définitions du « fondement »
3351 considérations mathématiques sur la fréquence et la période des sons, et de définitions du « fondement » et de la « relat
3352 iques sur la fréquence et la période des sons, et de définitions du « fondement » et de la « relationalité », nous assisto
3353 e des sons, et de définitions du « fondement » et de la « relationalité », nous assistons à la reconstruction toute nature
3354 es sons, et de définitions du « fondement » et de la « relationalité », nous assistons à la reconstruction toute naturelle
3355 nt » et de la « relationalité », nous assistons à la reconstruction toute naturelle des vérités centrales du christianisme
3356 ités centrales du christianisme : et je dis bien, de la religion et de l’éthique du Christ des évangiles, « pivot de l’His
3357 s centrales du christianisme : et je dis bien, de la religion et de l’éthique du Christ des évangiles, « pivot de l’Histoi
3358 christianisme : et je dis bien, de la religion et de l’éthique du Christ des évangiles, « pivot de l’Histoire », et non pa
3359 istianisme : et je dis bien, de la religion et de l’ éthique du Christ des évangiles, « pivot de l’Histoire », et non pas d
3360 et de l’éthique du Christ des évangiles, « pivot de l’Histoire », et non pas d’un théisme quelconque, d’une spiritualité
3361 de l’éthique du Christ des évangiles, « pivot de l’ Histoire », et non pas d’un théisme quelconque, d’une spiritualité plu
3362 es évangiles, « pivot de l’Histoire », et non pas d’ un théisme quelconque, d’une spiritualité plus ou moins bouddhiste ou
3363 l’Histoire », et non pas d’un théisme quelconque, d’ une spiritualité plus ou moins bouddhiste ou guénonienne. Dieu n’étant
3364 moins bouddhiste ou guénonienne. Dieu n’étant pas l’ objet d’un problème, mais « le fondement commun du monde et de notre e
3365 uddhiste ou guénonienne. Dieu n’étant pas l’objet d’ un problème, mais « le fondement commun du monde et de notre existence
3366 e. Dieu n’étant pas l’objet d’un problème, mais «  le fondement commun du monde et de notre existence dans le monde », la q
3367 problème, mais « le fondement commun du monde et de notre existence dans le monde », la question de savoir s’il existe, a
3368 dement commun du monde et de notre existence dans le monde », la question de savoir s’il existe, au sens courant et plat d
3369 n du monde et de notre existence dans le monde », la question de savoir s’il existe, au sens courant et plat du terme, se
3370 t de notre existence dans le monde », la question de savoir s’il existe, au sens courant et plat du terme, se trouve d’emb
3371 ourant et plat du terme, se trouve d’emblée vidée de sens. « Dieu n’est pas ce qui est vu, mais ce qui voit », écrit très
3372 justement J.-C. Piguet, commentateur et assistant de l’œuvre. Et voici que l’analyse de ce « fondement » conduit à retrouv
3373 tement J.-C. Piguet, commentateur et assistant de l’ œuvre. Et voici que l’analyse de ce « fondement » conduit à retrouver
3374 ommentateur et assistant de l’œuvre. Et voici que l’ analyse de ce « fondement » conduit à retrouver par l’intérieur les gr
3375 r et assistant de l’œuvre. Et voici que l’analyse de ce « fondement » conduit à retrouver par l’intérieur les grandes noti
3376 alyse de ce « fondement » conduit à retrouver par l’ intérieur les grandes notions traditionnelles et dogmatiques : la Trin
3377 « fondement » conduit à retrouver par l’intérieur les grandes notions traditionnelles et dogmatiques : la Trinité d’abord,
3378 grandes notions traditionnelles et dogmatiques : la Trinité d’abord, Père, Fils et Saint-Esprit, définis en termes de str
3379 Saint-Esprit, définis en termes de structures et de relations musicales pour la conscience. Le primat de l’éthique ensuit
3380 rmes de structures et de relations musicales pour la conscience. Le primat de l’éthique ensuite : « Ne jugeons point de la
3381 res et de relations musicales pour la conscience. Le primat de l’éthique ensuite : « Ne jugeons point de la fonction de Di
3382 relations musicales pour la conscience. Le primat de l’éthique ensuite : « Ne jugeons point de la fonction de Dieu dans la
3383 ations musicales pour la conscience. Le primat de l’ éthique ensuite : « Ne jugeons point de la fonction de Dieu dans la vi
3384 primat de l’éthique ensuite : « Ne jugeons point de la fonction de Dieu dans la vie humaine par la croyance ou l’incroyan
3385 imat de l’éthique ensuite : « Ne jugeons point de la fonction de Dieu dans la vie humaine par la croyance ou l’incroyance
3386 hique ensuite : « Ne jugeons point de la fonction de Dieu dans la vie humaine par la croyance ou l’incroyance des hommes,
3387  : « Ne jugeons point de la fonction de Dieu dans la vie humaine par la croyance ou l’incroyance des hommes, mais par les
3388 nt de la fonction de Dieu dans la vie humaine par la croyance ou l’incroyance des hommes, mais par les signes de sa présen
3389 on de Dieu dans la vie humaine par la croyance ou l’ incroyance des hommes, mais par les signes de sa présence dans l’exist
3390 la croyance ou l’incroyance des hommes, mais par les signes de sa présence dans l’existence de l’homme en tant qu’être psy
3391 e ou l’incroyance des hommes, mais par les signes de sa présence dans l’existence de l’homme en tant qu’être psychique. »
3392 s hommes, mais par les signes de sa présence dans l’ existence de l’homme en tant qu’être psychique. » Et la norme de l’éth
3393 is par les signes de sa présence dans l’existence de l’homme en tant qu’être psychique. » Et la norme de l’éthique, qui es
3394 par les signes de sa présence dans l’existence de l’ homme en tant qu’être psychique. » Et la norme de l’éthique, qui est l
3395 stence de l’homme en tant qu’être psychique. » Et la norme de l’éthique, qui est l’Amour, « appétit d’unité… modalité affe
3396 l’homme en tant qu’être psychique. » Et la norme de l’éthique, qui est l’Amour, « appétit d’unité… modalité affective fon
3397 homme en tant qu’être psychique. » Et la norme de l’ éthique, qui est l’Amour, « appétit d’unité… modalité affective fondam
3398 re psychique. » Et la norme de l’éthique, qui est l’ Amour, « appétit d’unité… modalité affective fondamentale ». Et le péc
3399 la norme de l’éthique, qui est l’Amour, « appétit d’ unité… modalité affective fondamentale ». Et le péché, hiatus irréduct
3400 it d’unité… modalité affective fondamentale ». Et le péché, hiatus irréductible entre la situation existentielle et l’être
3401 mentale ». Et le péché, hiatus irréductible entre la situation existentielle et l’être. Et la prière, acte de recueillemen
3402 irréductible entre la situation existentielle et l’ être. Et la prière, acte de recueillement dans ce qui fonde l’homme et
3403 le entre la situation existentielle et l’être. Et la prière, acte de recueillement dans ce qui fonde l’homme et le transce
3404 ation existentielle et l’être. Et la prière, acte de recueillement dans ce qui fonde l’homme et le transcende. Et la foi,
3405 a prière, acte de recueillement dans ce qui fonde l’ homme et le transcende. Et la foi, qui « se porte sur Dieu » comme sur
3406 cte de recueillement dans ce qui fonde l’homme et le transcende. Et la foi, qui « se porte sur Dieu » comme sur le fondeme
3407 nt dans ce qui fonde l’homme et le transcende. Et la foi, qui « se porte sur Dieu » comme sur le fondement de notre lien a
3408 e. Et la foi, qui « se porte sur Dieu » comme sur le fondement de notre lien au monde. Et la Grâce, « réponse du monde à n
3409 qui « se porte sur Dieu » comme sur le fondement de notre lien au monde. Et la Grâce, « réponse du monde à notre ouvertur
3410 comme sur le fondement de notre lien au monde. Et la Grâce, « réponse du monde à notre ouverture à lui ». Et l’humilité, e
3411 « réponse du monde à notre ouverture à lui ». Et l’ humilité, et même la « prédestination de notre personne morale » (avec
3412 à notre ouverture à lui ». Et l’humilité, et même la « prédestination de notre personne morale » (avec une référence expli
3413 lui ». Et l’humilité, et même la « prédestination de notre personne morale » (avec une référence explicite à Calvin). Tout
3414 cela, sans aucun recours au vocabulaire consacré de la piété, ni aux symboles de la mythologie biblique, encore que le se
3415 la, sans aucun recours au vocabulaire consacré de la piété, ni aux symboles de la mythologie biblique, encore que le sens
3416 vocabulaire consacré de la piété, ni aux symboles de la mythologie biblique, encore que le sens de quelques-uns d’entre eu
3417 abulaire consacré de la piété, ni aux symboles de la mythologie biblique, encore que le sens de quelques-uns d’entre eux —
3418 ux symboles de la mythologie biblique, encore que le sens de quelques-uns d’entre eux — comme l’Arbre de Vie de la Genèse
3419 les de la mythologie biblique, encore que le sens de quelques-uns d’entre eux — comme l’Arbre de Vie de la Genèse — se voi
3420 e que le sens de quelques-uns d’entre eux — comme l’ Arbre de Vie de la Genèse — se voient interprétés dans la logique de c
3421 sens de quelques-uns d’entre eux — comme l’Arbre de Vie de la Genèse — se voient interprétés dans la logique de cette phé
3422 e quelques-uns d’entre eux — comme l’Arbre de Vie de la Genèse — se voient interprétés dans la logique de cette phénoménol
3423 uelques-uns d’entre eux — comme l’Arbre de Vie de la Genèse — se voient interprétés dans la logique de cette phénoménologi
3424 de Vie de la Genèse — se voient interprétés dans la logique de cette phénoménologie. On se demande alors ce que l’auteur
3425 la Genèse — se voient interprétés dans la logique de cette phénoménologie. On se demande alors ce que l’auteur n’a pas res
3426 cette phénoménologie. On se demande alors ce que l’ auteur n’a pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vrai dire
3427 se demande alors ce que l’auteur n’a pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vrai dire assez considérable. C’est
3428 demande alors ce que l’auteur n’a pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vrai dire assez considérable. C’est l’
3429 ses ? C’est à vrai dire assez considérable. C’est l’ idée d’un Dieu personnel. C’est l’insistance paulinienne sur la mort e
3430 ’est à vrai dire assez considérable. C’est l’idée d’ un Dieu personnel. C’est l’insistance paulinienne sur la mort et la ré
3431 idérable. C’est l’idée d’un Dieu personnel. C’est l’ insistance paulinienne sur la mort et la résurrection du Christ interp
3432 ieu personnel. C’est l’insistance paulinienne sur la mort et la résurrection du Christ interprétées comme promesses d’une
3433 el. C’est l’insistance paulinienne sur la mort et la résurrection du Christ interprétées comme promesses d’une vie future,
3434 surrection du Christ interprétées comme promesses d’ une vie future, et par là même, dit Ansermet, abandonnant notre bas mo
3435 donnant notre bas monde à ses fins matérielles, à l’ intérêt. C’est la croyance à la survie de l’âme personnelle, à quoi l’
3436 monde à ses fins matérielles, à l’intérêt. C’est la croyance à la survie de l’âme personnelle, à quoi l’auteur substitue
3437 ins matérielles, à l’intérêt. C’est la croyance à la survie de l’âme personnelle, à quoi l’auteur substitue d’une manière
3438 elles, à l’intérêt. C’est la croyance à la survie de l’âme personnelle, à quoi l’auteur substitue d’une manière assez surp
3439 es, à l’intérêt. C’est la croyance à la survie de l’ âme personnelle, à quoi l’auteur substitue d’une manière assez surpren
3440 croyance à la survie de l’âme personnelle, à quoi l’ auteur substitue d’une manière assez surprenante un proverbial « nos a
3441 e de l’âme personnelle, à quoi l’auteur substitue d’ une manière assez surprenante un proverbial « nos actes nous suivent »
3442 e un proverbial « nos actes nous suivent ». C’est la mystique et le surnaturel, autant que la magie et la superstition. C’
3443 « nos actes nous suivent ». C’est la mystique et le surnaturel, autant que la magie et la superstition. C’est enfin et su
3444 ». C’est la mystique et le surnaturel, autant que la magie et la superstition. C’est enfin et surtout la notion d’une tran
3445 mystique et le surnaturel, autant que la magie et la superstition. C’est enfin et surtout la notion d’une transcendance to
3446 magie et la superstition. C’est enfin et surtout la notion d’une transcendance tout extérieure de Dieu, tenant l’homme da
3447 la superstition. C’est enfin et surtout la notion d’ une transcendance tout extérieure de Dieu, tenant l’homme dans sa dépe
3448 out la notion d’une transcendance tout extérieure de Dieu, tenant l’homme dans sa dépendance, donc dans une relation passi
3449 une transcendance tout extérieure de Dieu, tenant l’ homme dans sa dépendance, donc dans une relation passive, tandis que l
3450 dance, donc dans une relation passive, tandis que le Christ des évangiles a été « le premier à révéler aux hommes la vérit
3451 évangiles a été « le premier à révéler aux hommes la vérité de leur expérience de Dieu, en les ramenant du Dieu transcenda
3452 a été « le premier à révéler aux hommes la vérité de leur expérience de Dieu, en les ramenant du Dieu transcendant que seu
3453 à révéler aux hommes la vérité de leur expérience de Dieu, en les ramenant du Dieu transcendant que seul ils s’étaient rév
3454 x hommes la vérité de leur expérience de Dieu, en les ramenant du Dieu transcendant que seul ils s’étaient révélé jusqu’alo
3455 en leur cœur ». Sur une telle phrase, on imagine d’ admirables disputations ! On voit bien ce qu’en diraient les barthiens
3456 les disputations ! On voit bien ce qu’en diraient les barthiens dont je fus : Ansermet, partant de Husserl, réinvente le li
3457 ent les barthiens dont je fus : Ansermet, partant de Husserl, réinvente le libéralisme protestant de l’époque post-hégélie
3458 je fus : Ansermet, partant de Husserl, réinvente le libéralisme protestant de l’époque post-hégélienne. Mais qu’en dirait
3459 t de Husserl, réinvente le libéralisme protestant de l’époque post-hégélienne. Mais qu’en dirait Karl Barth lui-même, qui
3460 e Husserl, réinvente le libéralisme protestant de l’ époque post-hégélienne. Mais qu’en dirait Karl Barth lui-même, qui n’a
3461 u’en dirait Karl Barth lui-même, qui n’a pas fini de nous surprendre ? C’est sans doute par rapport à Pascal qu’il serait
3462 ’est sans doute par rapport à Pascal qu’il serait le plus intéressant d’évaluer la théologie logarithmique de notre auteur
3463 rapport à Pascal qu’il serait le plus intéressant d’ évaluer la théologie logarithmique de notre auteur. Le « Dieu d’Abraha
3464 Pascal qu’il serait le plus intéressant d’évaluer la théologie logarithmique de notre auteur. Le « Dieu d’Abraham, d’Isaac
3465 intéressant d’évaluer la théologie logarithmique de notre auteur. Le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » fait place i
3466 aluer la théologie logarithmique de notre auteur. Le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » fait place ici au « Dieu des
3467 garithmique de notre auteur. Le « Dieu d’Abraham, d’ Isaac et de Jacob » fait place ici au « Dieu des philosophes et des sa
3468 de notre auteur. Le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » fait place ici au « Dieu des philosophes et des savants », en
3469 ncore qu’Ansermet dise très bien que ce n’est pas le Dieu des philosophes qui sera d’un grand secours à l’homme d’aujourd’
3470 que ce n’est pas le Dieu des philosophes qui sera d’ un grand secours à l’homme d’aujourd’hui. (Paragraphe sur « l’éducatio
3471 ieu des philosophes qui sera d’un grand secours à l’ homme d’aujourd’hui. (Paragraphe sur « l’éducation chrétienne », p. 23
3472 philosophes qui sera d’un grand secours à l’homme d’ aujourd’hui. (Paragraphe sur « l’éducation chrétienne », p. 231.) Or,
3473 ecours à l’homme d’aujourd’hui. (Paragraphe sur «  l’ éducation chrétienne », p. 231.) Or, ce Dieu que l’on écrit sans sourc
3474 ’éducation chrétienne », p. 231.) Or, ce Dieu que l’ on écrit sans sourciller Ps-Pr-F — comme l’énergie s’écrit mc2 dans la
3475 eu que l’on écrit sans sourciller Ps-Pr-F — comme l’ énergie s’écrit mc2 dans la célèbre équation d’Einstein — voici qu’il
3476 ciller Ps-Pr-F — comme l’énergie s’écrit mc2 dans la célèbre équation d’Einstein — voici qu’il est aussi, pour Ansermet, p
3477 me l’énergie s’écrit mc2 dans la célèbre équation d’ Einstein — voici qu’il est aussi, pour Ansermet, précisément le « Dieu
3478 voici qu’il est aussi, pour Ansermet, précisément le « Dieu sensible au cœur », saisi dans la conscience par l’affectivité
3479 cisément le « Dieu sensible au cœur », saisi dans la conscience par l’affectivité, et par elle seule ! La musique, phénomè
3480 sensible au cœur », saisi dans la conscience par l’ affectivité, et par elle seule ! La musique, phénomène affectif condit
3481 conscience par l’affectivité, et par elle seule ! La musique, phénomène affectif conditionné par des structures physico-ma
3482 ques, est inconcevable sans Dieu. Elle cesse donc d’ être vraie musique chez ceux de nos contemporains qui ont sciemment ab
3483 u. Elle cesse donc d’être vraie musique chez ceux de nos contemporains qui ont sciemment abandonné « le projet d’être à la
3484 e nos contemporains qui ont sciemment abandonné «  le projet d’être à la ressemblance de Dieu ». Pour eux, « la perte de la
3485 emporains qui ont sciemment abandonné « le projet d’ être à la ressemblance de Dieu ». Pour eux, « la perte de la loi tonal
3486 qui ont sciemment abandonné « le projet d’être à la ressemblance de Dieu ». Pour eux, « la perte de la loi tonale équivau
3487 nt abandonné « le projet d’être à la ressemblance de Dieu ». Pour eux, « la perte de la loi tonale équivaut à la mort de D
3488 t d’être à la ressemblance de Dieu ». Pour eux, «  la perte de la loi tonale équivaut à la mort de Dieu pour la conscience
3489 à la ressemblance de Dieu ». Pour eux, « la perte de la loi tonale équivaut à la mort de Dieu pour la conscience musicale 
3490 a ressemblance de Dieu ». Pour eux, « la perte de la loi tonale équivaut à la mort de Dieu pour la conscience musicale ».
3491 Pour eux, « la perte de la loi tonale équivaut à la mort de Dieu pour la conscience musicale ». L’atonalité serait-elle l
3492 x, « la perte de la loi tonale équivaut à la mort de Dieu pour la conscience musicale ». L’atonalité serait-elle la défini
3493 de la loi tonale équivaut à la mort de Dieu pour la conscience musicale ». L’atonalité serait-elle la définition du péché
3494 à la mort de Dieu pour la conscience musicale ». L’ atonalité serait-elle la définition du péché, en termes de technique m
3495 la conscience musicale ». L’atonalité serait-elle la définition du péché, en termes de technique musicale ? Dans ce contex
3496 e ? Dans ce contexte, une autre thèse me frappe : la musique est d’Europe, essentiellement, parce qu’elle est née, comme t
3497 texte, une autre thèse me frappe : la musique est d’ Europe, essentiellement, parce qu’elle est née, comme tous nos arts, s
3498 née, comme tous nos arts, sciences et techniques, de « la foi active, fondée sur la doctrine chrétienne, qui a engendré la
3499 comme tous nos arts, sciences et techniques, de «  la foi active, fondée sur la doctrine chrétienne, qui a engendré la civi
3500 ces et techniques, de « la foi active, fondée sur la doctrine chrétienne, qui a engendré la civilisation occidentale » (p.
3501 fondée sur la doctrine chrétienne, qui a engendré la civilisation occidentale » (p. 209). Je suis bien placé pour savoir l
3502 entale » (p. 209). Je suis bien placé pour savoir les résistances que ce point de vue provoque dans l’intelligentsia plus o
3503 les résistances que ce point de vue provoque dans l’ intelligentsia plus ou moins masochiste de notre Europe. Mais surtout,
3504 ue dans l’intelligentsia plus ou moins masochiste de notre Europe. Mais surtout, condamner radicalement presque toute la m
3505 ais surtout, condamner radicalement presque toute la musique contemporaine au nom d’une théologie que, d’autre part, nos d
3506 utre part, nos docteurs jugeront hérétique, voilà de quoi faire à notre ami beaucoup d’ennemis dans tous les camps ! La qu
3507 rétique, voilà de quoi faire à notre ami beaucoup d’ ennemis dans tous les camps ! La question se pose, à la mode de naguèr
3508 oi faire à notre ami beaucoup d’ennemis dans tous les camps ! La question se pose, à la mode de naguère dans les revues d’a
3509 otre ami beaucoup d’ennemis dans tous les camps ! La question se pose, à la mode de naguère dans les revues d’avant-garde
3510 emis dans tous les camps ! La question se pose, à la mode de naguère dans les revues d’avant-garde parisiennes : faut-il b
3511 s tous les camps ! La question se pose, à la mode de naguère dans les revues d’avant-garde parisiennes : faut-il brûler Er
3512  ! La question se pose, à la mode de naguère dans les revues d’avant-garde parisiennes : faut-il brûler Ernest Ansermet ? N
3513 ion se pose, à la mode de naguère dans les revues d’ avant-garde parisiennes : faut-il brûler Ernest Ansermet ? Nul doute q
3514  : faut-il brûler Ernest Ansermet ? Nul doute que la Genève de Calvin l’eût accusé de parler comme un athée, puisqu’il nie
3515 nest Ansermet ? Nul doute que la Genève de Calvin l’ eût accusé de parler comme un athée, puisqu’il nie le Dieu personnel.
3516  ? Nul doute que la Genève de Calvin l’eût accusé de parler comme un athée, puisqu’il nie le Dieu personnel. Et toute une
3517 ût accusé de parler comme un athée, puisqu’il nie le Dieu personnel. Et toute une école d’aujourd’hui, pour des raisons d’
3518 isqu’il nie le Dieu personnel. Et toute une école d’ aujourd’hui, pour des raisons d’ailleurs inverses, saluerait sa condam
3519 ns d’ailleurs inverses, saluerait sa condamnation d’ un bruitage post-dodécaphonique assourdissant. Les uns et les autres a
3520 d’un bruitage post-dodécaphonique assourdissant. Les uns et les autres auraient tort. Nous devons à Ansermet une tentative
3521 age post-dodécaphonique assourdissant. Les uns et les autres auraient tort. Nous devons à Ansermet une tentative unique d’a
3522 tort. Nous devons à Ansermet une tentative unique d’ adéquation de l’affectif au spirituel, et d’appropriation des vérités
3523 vons à Ansermet une tentative unique d’adéquation de l’affectif au spirituel, et d’appropriation des vérités religieuses.
3524 s à Ansermet une tentative unique d’adéquation de l’ affectif au spirituel, et d’appropriation des vérités religieuses. Que
3525 nique d’adéquation de l’affectif au spirituel, et d’ appropriation des vérités religieuses. Quelles que soient les réserves
3526 ation des vérités religieuses. Quelles que soient les réserves qu’inspirent parfois tant d’assurance intellectuelle et un v
3527 que soient les réserves qu’inspirent parfois tant d’ assurance intellectuelle et un vocabulaire trop spécifique, cette tent
3528 ulaire trop spécifique, cette tentative s’inscrit d’ une manière exemplaire dans l’aggiornamento, ou mise à jour, des vérit
3529 tentative s’inscrit d’une manière exemplaire dans l’ aggiornamento, ou mise à jour, des vérités traditionnelles, dont Jean
3530 des vérités traditionnelles, dont Jean XXIII fut l’ admirable promoteur. D’autre part, elle porte à l’extrême l’intérioris
3531 l’admirable promoteur. D’autre part, elle porte à l’ extrême l’intériorisation des réalités de foi, qui fut le mouvement in
3532 e promoteur. D’autre part, elle porte à l’extrême l’ intériorisation des réalités de foi, qui fut le mouvement intime de la
3533 porte à l’extrême l’intériorisation des réalités de foi, qui fut le mouvement intime de la Réforme. Voilà de grandes rais
3534 me l’intériorisation des réalités de foi, qui fut le mouvement intime de la Réforme. Voilà de grandes raisons de se passio
3535 des réalités de foi, qui fut le mouvement intime de la Réforme. Voilà de grandes raisons de se passionner pour ou contre
3536 s réalités de foi, qui fut le mouvement intime de la Réforme. Voilà de grandes raisons de se passionner pour ou contre cet
3537 qui fut le mouvement intime de la Réforme. Voilà de grandes raisons de se passionner pour ou contre cette œuvre d’une jeu
3538 nt intime de la Réforme. Voilà de grandes raisons de se passionner pour ou contre cette œuvre d’une jeunesse étonnante, do
3539 isons de se passionner pour ou contre cette œuvre d’ une jeunesse étonnante, dont l’avenir seul découvrira les véritables p
3540 contre cette œuvre d’une jeunesse étonnante, dont l’ avenir seul découvrira les véritables proportions. z. Rougemont Den
3541 jeunesse étonnante, dont l’avenir seul découvrira les véritables proportions. z. Rougemont Denis de, « “Le Dieu immanent
3542 les véritables proportions. z. Rougemont Denis de , « “Le Dieu immanent, qui s’annonce en leur cœur” (À propos d’Ernest
3543 itables proportions. z. Rougemont Denis de, « “ Le Dieu immanent, qui s’annonce en leur cœur” (À propos d’Ernest Anserme
3544 eur cœur” (À propos d’Ernest Ansermet) », Journal de Genève, Genève, 9–10 novembre 1963, p. III.
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
3545 edi littéraire, 22 juin 1968) que pendant six ans d’ Amérique je n’ai fait que « papoter avec des milliardaires nyouorkaise
3546 rdaires nyouorkaises » et me « perfectionner dans les parlers locaux » (?). Bien entendu, mon livre parle d’autre chose et
3547 rlers locaux » (?). Bien entendu, mon livre parle d’ autre chose et ne mentionne, en fait de papotages, que des conversatio
3548 ivre parle d’autre chose et ne mentionne, en fait de papotages, que des conversations avec Jacques Maritain, André Breton
3549 et Saint-Exupéry — ou mes émissions quotidiennes de « La Voix de l’Amérique parle aux Français ». Mais la caricature veut
3550 aint-Exupéry — ou mes émissions quotidiennes de «  La Voix de l’Amérique parle aux Français ». Mais la caricature veut ces
3551 péry — ou mes émissions quotidiennes de « La Voix de l’Amérique parle aux Français ». Mais la caricature veut ces déformat
3552 y — ou mes émissions quotidiennes de « La Voix de l’ Amérique parle aux Français ». Mais la caricature veut ces déformation
3553  La Voix de l’Amérique parle aux Français ». Mais la caricature veut ces déformations, si la critique honnête les réprouve
3554 s ». Mais la caricature veut ces déformations, si la critique honnête les réprouve. Tout autre chose est d’affirmer que j’
3555 ure veut ces déformations, si la critique honnête les réprouve. Tout autre chose est d’affirmer que j’ai « jeté mon sac (mi
3556 itique honnête les réprouve. Tout autre chose est d’ affirmer que j’ai « jeté mon sac (militaire) aux orties » avant de « d
3557 litaire) aux orties » avant de « disparaître dans les Amériques ». Car c’est là m’accuser d’un acte bien défini, qui m’eût
3558 ître dans les Amériques ». Car c’est là m’accuser d’ un acte bien défini, qui m’eût valu un peu plus, croyez-moi, que les q
3559 fini, qui m’eût valu un peu plus, croyez-moi, que les quinze jours de forteresse auxquels le Général m’avait condamné en ju
3560 alu un peu plus, croyez-moi, que les quinze jours de forteresse auxquels le Général m’avait condamné en juin pour un artic
3561 -moi, que les quinze jours de forteresse auxquels le Général m’avait condamné en juin pour un article sur l’entrée d’Hitle
3562 éral m’avait condamné en juin pour un article sur l’ entrée d’Hitler à Paris. Soyons précis : un officier qui quitte la Sui
3563 ait condamné en juin pour un article sur l’entrée d’ Hitler à Paris. Soyons précis : un officier qui quitte la Suisse à la
3564 r à Paris. Soyons précis : un officier qui quitte la Suisse à la fin d’août de 1940 en mission et muni d’un passeport « de
3565 oyons précis : un officier qui quitte la Suisse à la fin d’août de 1940 en mission et muni d’un passeport « de service »,
3566 récis : un officier qui quitte la Suisse à la fin d’ août de 1940 en mission et muni d’un passeport « de service », il est
3567 un officier qui quitte la Suisse à la fin d’août de 1940 en mission et muni d’un passeport « de service », il est rigoure
3568 Suisse à la fin d’août de 1940 en mission et muni d’ un passeport « de service », il est rigoureusement exclu qu’il ait jet
3569 ’août de 1940 en mission et muni d’un passeport «  de service », il est rigoureusement exclu qu’il ait jeté son uniforme au
3570 déserté, peu de jours auparavant. Un critique qui l’ en accuserait, à ce moment-là, serait requis de s’en expliquer sur l’h
3571 ui l’en accuserait, à ce moment-là, serait requis de s’en expliquer sur l’heure devant un tribunal militaire, lequel n’adm
3572 ce moment-là, serait requis de s’en expliquer sur l’ heure devant un tribunal militaire, lequel n’admettrait pas l’excuse d
3573 nt un tribunal militaire, lequel n’admettrait pas l’ excuse d’une « manière de parler » pour faire drôle. Cette mise au poi
3574 bunal militaire, lequel n’admettrait pas l’excuse d’ une « manière de parler » pour faire drôle. Cette mise au point, tout
3575 lequel n’admettrait pas l’excuse d’une « manière de parler » pour faire drôle. Cette mise au point, tout à fait superflue
3576 . Cette mise au point, tout à fait superflue pour les lecteurs de mon livre, m’a paru nécessaire pour ceux qui n’auraient l
3577 au point, tout à fait superflue pour les lecteurs de mon livre, m’a paru nécessaire pour ceux qui n’auraient lu que l’arti
3578 a paru nécessaire pour ceux qui n’auraient lu que l’ article du Samedi littéraire. aa. Rougemont Denis de, « Denis de Ro
3579 icle du Samedi littéraire. aa. Rougemont Denis de , « Denis de Rougemont nous écrit », Journal de Genève, Genève, 6–7 ju
3580 is de, « Denis de Rougemont nous écrit », Journal de Genève, Genève, 6–7 juillet 1968, p. 17.
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
3581 Denis de Rougemont et l’ objection de conscience (30 juin 1969)ab ac Monsieur le président,
3582 Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)ab ac Monsieur le président, Un étudiant
3583 ion de conscience (30 juin 1969)ab ac Monsieur le président, Un étudiant en théologie, qui suit depuis deux ans mes cou
3584 puis deux ans mes cours, René Bugnot, comparaîtra le 27 juin devant le tribunal militaire que vous présidez. J’ai beaucoup
3585 cours, René Bugnot, comparaîtra le 27 juin devant le tribunal militaire que vous présidez. J’ai beaucoup d’estime pour M.
3586 ibunal militaire que vous présidez. J’ai beaucoup d’ estime pour M. Bugnot. Équilibré, maître de soi, convaincu mais sans f
3587 aucoup d’estime pour M. Bugnot. Équilibré, maître de soi, convaincu mais sans fanatisme, il n’est ni subversif, ni anarchi
3588 e farfelu. C’est un homme sérieux et ouvert, doué d’ esprit critique mais capable de s’enthousiasmer autant que de s’indign
3589 ux et ouvert, doué d’esprit critique mais capable de s’enthousiasmer autant que de s’indigner. Les motifs de son objection
3590 itique mais capable de s’enthousiasmer autant que de s’indigner. Les motifs de son objection sont les mêmes que ceux de sa
3591 able de s’enthousiasmer autant que de s’indigner. Les motifs de son objection sont les mêmes que ceux de sa vocation pastor
3592 nthousiasmer autant que de s’indigner. Les motifs de son objection sont les mêmes que ceux de sa vocation pastorale. Ils r
3593 e de s’indigner. Les motifs de son objection sont les mêmes que ceux de sa vocation pastorale. Ils relèvent de sa fidélité
3594 s motifs de son objection sont les mêmes que ceux de sa vocation pastorale. Ils relèvent de sa fidélité à l’idéal chrétien
3595 s que ceux de sa vocation pastorale. Ils relèvent de sa fidélité à l’idéal chrétien. Ils sont une prise au sérieux des pri
3596 vocation pastorale. Ils relèvent de sa fidélité à l’ idéal chrétien. Ils sont une prise au sérieux des principes au nom des
3597 ration s’est formée et qu’elle prétend défendre : le respect du prochain et de sa différence, la liberté de jugement et d’
3598 elle prétend défendre : le respect du prochain et de sa différence, la liberté de jugement et d’expression, le droit d’opp
3599 dre : le respect du prochain et de sa différence, la liberté de jugement et d’expression, le droit d’opposition. On peut c
3600 spect du prochain et de sa différence, la liberté de jugement et d’expression, le droit d’opposition. On peut certes discu
3601 in et de sa différence, la liberté de jugement et d’ expression, le droit d’opposition. On peut certes discuter, contester
3602 fférence, la liberté de jugement et d’expression, le droit d’opposition. On peut certes discuter, contester certaines appl
3603 la liberté de jugement et d’expression, le droit d’ opposition. On peut certes discuter, contester certaines applications
3604 r et à flétrir publiquement. Si nous nous moquons de ces idéaux, ou si nous condamnons à la prison ceux qui se réclament e
3605 us moquons de ces idéaux, ou si nous condamnons à la prison ceux qui se réclament en toute conscience, qu’aurons-nous enco
3606 u’aurons-nous encore à défendre en Suisse, à part les « beautés de la nature » et des entreprises dont beaucoup d’autres sa
3607 encore à défendre en Suisse, à part les « beautés de la nature » et des entreprises dont beaucoup d’autres sauraient prend
3608 ore à défendre en Suisse, à part les « beautés de la nature » et des entreprises dont beaucoup d’autres sauraient prendre
3609 eux que nous. En tout cas, il n’y aurait pas lieu de se faire tuer pour si peu que de savoir qui administrerait une sociét
3610 aurait pas lieu de se faire tuer pour si peu que de savoir qui administrerait une société préalablement amputée de son id
3611 administrerait une société préalablement amputée de son idéal, j’entends une société capable de condamner par une applica
3612 putée de son idéal, j’entends une société capable de condamner par une application routinière de ses lois ceux qui commett
3613 pable de condamner par une application routinière de ses lois ceux qui commettent la faute de croire à ses fondements mora
3614 cation routinière de ses lois ceux qui commettent la faute de croire à ses fondements moraux et politiques. Des jeunes gen
3615 lement exigeants, civiquement alertés, préoccupés de mettre en accord leur foi intime et leur action dans la communauté, c
3616 tre en accord leur foi intime et leur action dans la communauté, comment ne pas voir qu’ils sont au moins d’aussi bons Sui
3617 munauté, comment ne pas voir qu’ils sont au moins d’ aussi bons Suisses que ceux qui, trop souvent, en toute indifférence e
3618 e indifférence et ignorance quant aux bases mêmes de notre civisme, ne font leur service que pour faire comme les autres ?
3619 ivisme, ne font leur service que pour faire comme les autres ? Où sont en vérité les meilleurs Suisses ? Quelles sont les r
3620 e pour faire comme les autres ? Où sont en vérité les meilleurs Suisses ? Quelles sont les raisons d’être de la communauté
3621 nt en vérité les meilleurs Suisses ? Quelles sont les raisons d’être de la communauté confédérale ? Si c’est l’ordre à tout
3622 les meilleurs Suisses ? Quelles sont les raisons d’ être de la communauté confédérale ? Si c’est l’ordre à tout prix et l’
3623 illeurs Suisses ? Quelles sont les raisons d’être de la communauté confédérale ? Si c’est l’ordre à tout prix et l’écrasem
3624 eurs Suisses ? Quelles sont les raisons d’être de la communauté confédérale ? Si c’est l’ordre à tout prix et l’écrasement
3625 ns d’être de la communauté confédérale ? Si c’est l’ ordre à tout prix et l’écrasement légal des opposants et dissidents, l
3626 uté confédérale ? Si c’est l’ordre à tout prix et l’ écrasement légal des opposants et dissidents, les Soviétiques le feron
3627 t l’écrasement légal des opposants et dissidents, les Soviétiques le feront mieux que nous : voir Budapest et Prague. Si c’
3628 égal des opposants et dissidents, les Soviétiques le feront mieux que nous : voir Budapest et Prague. Si c’est la liberté,
3629 ieux que nous : voir Budapest et Prague. Si c’est la liberté, vous acquitterez René Bugnot. Ou plutôt, il faudrait l’acqui
3630 s acquitterez René Bugnot. Ou plutôt, il faudrait l’ acquitter, et peut-être le voudriez-vous mais je sais bien que vous n’
3631 Ou plutôt, il faudrait l’acquitter, et peut-être le voudriez-vous mais je sais bien que vous n’avez pas le droit formel.
3632 udriez-vous mais je sais bien que vous n’avez pas le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas condamner « pour l
3633 ces conditions, pourquoi ne pas condamner « pour la forme », en saisissant l’occasion de dénoncer — parce qu’elle est sca
3634 ne pas condamner « pour la forme », en saisissant l’ occasion de dénoncer — parce qu’elle est scandaleuse et honteuse pour
3635 amner « pour la forme », en saisissant l’occasion de dénoncer — parce qu’elle est scandaleuse et honteuse pour notre pays
3636 lle est scandaleuse et honteuse pour notre pays — l’ absence de toute espèce de reconnaissance légale de l’objection de con
3637 andaleuse et honteuse pour notre pays — l’absence de toute espèce de reconnaissance légale de l’objection de conscience en
3638 teuse pour notre pays — l’absence de toute espèce de reconnaissance légale de l’objection de conscience en Suisse et d’un
3639 ’absence de toute espèce de reconnaissance légale de l’objection de conscience en Suisse et d’un statut correspondant ? La
3640 sence de toute espèce de reconnaissance légale de l’ objection de conscience en Suisse et d’un statut correspondant ? La vé
3641 te espèce de reconnaissance légale de l’objection de conscience en Suisse et d’un statut correspondant ? La véritable util
3642 légale de l’objection de conscience en Suisse et d’ un statut correspondant ? La véritable utilité d’un procès d’objecteur
3643 nscience en Suisse et d’un statut correspondant ? La véritable utilité d’un procès d’objecteur c’est, aujourd’hui, me semb
3644 d’un statut correspondant ? La véritable utilité d’ un procès d’objecteur c’est, aujourd’hui, me semble-t-il, de hâter le
3645 correspondant ? La véritable utilité d’un procès d’ objecteur c’est, aujourd’hui, me semble-t-il, de hâter le temps où de
3646 s d’objecteur c’est, aujourd’hui, me semble-t-il, de hâter le temps où de tels exercices rejoindront dans l’Histoire les p
3647 teur c’est, aujourd’hui, me semble-t-il, de hâter le temps où de tels exercices rejoindront dans l’Histoire les procès de
3648 aujourd’hui, me semble-t-il, de hâter le temps où de tels exercices rejoindront dans l’Histoire les procès de sorcières. J
3649 er le temps où de tels exercices rejoindront dans l’ Histoire les procès de sorcières. J’espère, Monsieur le président, que
3650 où de tels exercices rejoindront dans l’Histoire les procès de sorcières. J’espère, Monsieur le président, que vous voudre
3651 exercices rejoindront dans l’Histoire les procès de sorcières. J’espère, Monsieur le président, que vous voudrez bien exc
3652 toire les procès de sorcières. J’espère, Monsieur le président, que vous voudrez bien excuser la liberté que je prends en
3653 sieur le président, que vous voudrez bien excuser la liberté que je prends en m’adressant à vous si franchement et longuem
3654 nt et longuement. Je ne voulais être qu’un témoin de moralité, et je n’ai pu m’empêcher de vous faire part de mes convicti
3655 u’un témoin de moralité, et je n’ai pu m’empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen. Me le pardonnerez-vous
3656 lité, et je n’ai pu m’empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen. Me le pardonnerez-vous en pensant aux eff
3657 m’empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen. Me le pardonnerez-vous en pensant aux efforts que j’ai faits
3658 vous faire part de mes convictions de citoyen. Me le pardonnerez-vous en pensant aux efforts que j’ai faits — et ne cesser
3659 nsant aux efforts que j’ai faits — et ne cesserai de faire — pour expliquer notre pays, par la parole et par l’écrit, à un
3660 esserai de faire — pour expliquer notre pays, par la parole et par l’écrit, à un monde qui le connaît mal et ne le compren
3661 — pour expliquer notre pays, par la parole et par l’ écrit, à un monde qui le connaît mal et ne le comprend pas toujours ?
3662 ays, par la parole et par l’écrit, à un monde qui le connaît mal et ne le comprend pas toujours ? Nous avons en commun le
3663 par l’écrit, à un monde qui le connaît mal et ne le comprend pas toujours ? Nous avons en commun le souci du bien public
3664 e le comprend pas toujours ? Nous avons en commun le souci du bien public et cherchons à le servir chacun à sa manière. C’
3665 en commun le souci du bien public et cherchons à le servir chacun à sa manière. C’est de cette conviction que je m’autori
3666 cherchons à le servir chacun à sa manière. C’est de cette conviction que je m’autorise pour vous communiquer mes réflexio
3667 e pour vous communiquer mes réflexions sur ce cas de conscience difficile. Veuillez être assuré, Monsieur le président, de
3668 science difficile. Veuillez être assuré, Monsieur le président, de mes sentiments les plus distingués et dévoués.ad ab.
3669 ile. Veuillez être assuré, Monsieur le président, de mes sentiments les plus distingués et dévoués.ad ab. Rougemont De
3670 assuré, Monsieur le président, de mes sentiments les plus distingués et dévoués.ad ab. Rougemont Denis de, « Denis de
3671 distingués et dévoués.ad ab. Rougemont Denis de , « Denis de Rougemont et l’objection de conscience », Journal de Genè
3672 ab. Rougemont Denis de, « Denis de Rougemont et l’ objection de conscience », Journal de Genève, Genève, 30 juin 1969, p.
3673 ont Denis de, « Denis de Rougemont et l’objection de conscience », Journal de Genève, Genève, 30 juin 1969, p. 9. ac. Le
3674 Rougemont et l’objection de conscience », Journal de Genève, Genève, 30 juin 1969, p. 9. ac. Le texte est précédé du chap
3675 urnal de Genève, Genève, 30 juin 1969, p. 9. ac. Le texte est précédé du chapeau suivant : « Vendredi dernier, le tribuna
3676 précédé du chapeau suivant : « Vendredi dernier, le tribunal militaire de la 1re Division a condamné le jeune René Bugnot
3677 ivant : « Vendredi dernier, le tribunal militaire de la 1re Division a condamné le jeune René Bugnot, pour avoir refusé, p
3678 nt : « Vendredi dernier, le tribunal militaire de la 1re Division a condamné le jeune René Bugnot, pour avoir refusé, pour
3679 tribunal militaire de la 1re Division a condamné le jeune René Bugnot, pour avoir refusé, pour la seconde fois, de se pré
3680 Bugnot, pour avoir refusé, pour la seconde fois, de se présenter au recrutement, à une peine de quatre mois d’emprisonnem
3681 fois, de se présenter au recrutement, à une peine de quatre mois d’emprisonnement à subir sous la forme des arrêts répress
3682 senter au recrutement, à une peine de quatre mois d’ emprisonnement à subir sous la forme des arrêts répressifs. Ce qui l’a
3683 eine de quatre mois d’emprisonnement à subir sous la forme des arrêts répressifs. Ce qui l’autorisera, en vertu des nouvea
3684 subir sous la forme des arrêts répressifs. Ce qui l’ autorisera, en vertu des nouveaux règlements qui marquent à cet égard
3685 égard une évolution certaine, à travailler durant la journée à l’Hôpital. Il l’a également exclu de l’armée, suivant par l
3686 lution certaine, à travailler durant la journée à l’ Hôpital. Il l’a également exclu de l’armée, suivant par là une récente
3687 e, à travailler durant la journée à l’Hôpital. Il l’ a également exclu de l’armée, suivant par là une récente jurisprudence
3688 nt la journée à l’Hôpital. Il l’a également exclu de l’armée, suivant par là une récente jurisprudence du tribunal militai
3689 la journée à l’Hôpital. Il l’a également exclu de l’ armée, suivant par là une récente jurisprudence du tribunal militaire
3690 à une récente jurisprudence du tribunal militaire de cassation qui permet désormais également l’exclusion pour les objecte
3691 taire de cassation qui permet désormais également l’ exclusion pour les objecteurs de conscience non recrutés. Cette peine
3692 n qui permet désormais également l’exclusion pour les objecteurs de conscience non recrutés. Cette peine est identique à ce
3693 sormais également l’exclusion pour les objecteurs de conscience non recrutés. Cette peine est identique à cette qu’a déjà
3694 fois. Et il ne pouvait en être autrement. Car si le juge n’est plus obligé d’aggraver la peine du fait qu’il n’est plus t
3695 être autrement. Car si le juge n’est plus obligé d’ aggraver la peine du fait qu’il n’est plus tenu compte de la récidive
3696 ment. Car si le juge n’est plus obligé d’aggraver la peine du fait qu’il n’est plus tenu compte de la récidive en matière
3697 ver la peine du fait qu’il n’est plus tenu compte de la récidive en matière d’objection de conscience, il ne peut cependan
3698 la peine du fait qu’il n’est plus tenu compte de la récidive en matière d’objection de conscience, il ne peut cependant g
3699 n’est plus tenu compte de la récidive en matière d’ objection de conscience, il ne peut cependant guère envisager, à la se
3700 tenu compte de la récidive en matière d’objection de conscience, il ne peut cependant guère envisager, à la seconde condam
3701 première. Au cours de cette audience, une lettre de l’écrivain et professeur Denis de Rougemont a été lue par le présiden
3702 emière. Au cours de cette audience, une lettre de l’ écrivain et professeur Denis de Rougemont a été lue par le président d
3703 in et professeur Denis de Rougemont a été lue par le président du Tribunal. Une copie nous a été transmise que nous publio
3704 d. Cette lettre est suivie du commentaire suivant de Bernard Béguin, intitulé « Le “tout ou rien” » : « Personne, au coura
3705 commentaire suivant de Bernard Béguin, intitulé «  Le “tout ou rien” » : « Personne, au courant de la vie intellectuelle su
3706 lé « Le “tout ou rien” » : « Personne, au courant de la vie intellectuelle suisse des trente dernières années, n’osera nie
3707 « Le “tout ou rien” » : « Personne, au courant de la vie intellectuelle suisse des trente dernières années, n’osera nier [
3708 suisse des trente dernières années, n’osera nier [ de ] Denis de Rougemont les titres dont il se réclame pour parler de miss
3709 ères années, n’osera nier [de] Denis de Rougemont les titres dont il se réclame pour parler de mission ou démission de la S
3710 ugemont les titres dont il se réclame pour parler de mission ou démission de la Suisse. Nul non plus n’a le droit de conte
3711 il se réclame pour parler de mission ou démission de la Suisse. Nul non plus n’a le droit de contester le témoignage de mo
3712 se réclame pour parler de mission ou démission de la Suisse. Nul non plus n’a le droit de contester le témoignage de moral
3713 ssion ou démission de la Suisse. Nul non plus n’a le droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’il po
3714 démission de la Suisse. Nul non plus n’a le droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’il porte sur u
3715 la Suisse. Nul non plus n’a le droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’il porte sur un homme dont
3716 non plus n’a le droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’il porte sur un homme dont il connaît per
3717 e droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’il porte sur un homme dont il connaît personnellement la
3718 orte sur un homme dont il connaît personnellement la pensée et les mobiles. Il n’est pas difficile, d’autre part, d’admett
3719 omme dont il connaît personnellement la pensée et les mobiles. Il n’est pas difficile, d’autre part, d’admettre que la pris
3720 es mobiles. Il n’est pas difficile, d’autre part, d’ admettre que la prison, à titre répressif, correctif ou préventif, est
3721 n’est pas difficile, d’autre part, d’admettre que la prison, à titre répressif, correctif ou préventif, est une peine trop
3722 peine trop sommaire pour répondre équitablement à l’ aliénation sociale des objecteurs de conscience. Et il est facile de v
3723 uitablement à l’aliénation sociale des objecteurs de conscience. Et il est facile de voir — voici un cas de plus — qu’elle
3724 le des objecteurs de conscience. Et il est facile de voir — voici un cas de plus — qu’elle tend au contraire à éloigner de
3725 as de plus — qu’elle tend au contraire à éloigner de la solidarité nationale des hommes comme Denis de Rougemont, qui ne s
3726 de plus — qu’elle tend au contraire à éloigner de la solidarité nationale des hommes comme Denis de Rougemont, qui ne sont
3727 y a donc bien un problème, et Rougemont a raison de demander, au nom des valeurs qui étayent son patriotisme, que ce prob
3728 roblème soit étudié. En revanche, nous ne pouvons le suivre dans ce “tout ou rien” qui voudrait qu’à défaut d’un statut de
3729 e dans ce “tout ou rien” qui voudrait qu’à défaut d’ un statut des objecteurs de conscience, la Suisse ne serait qu’un État
3730 i voudrait qu’à défaut d’un statut des objecteurs de conscience, la Suisse ne serait qu’un État policier régnant sur des ê
3731 défaut d’un statut des objecteurs de conscience, la Suisse ne serait qu’un État policier régnant sur des êtres sans âmes.
3732 un État policier régnant sur des êtres sans âmes. La politique de neutralité donne aux responsabilités du citoyen-soldat u
3733 ier régnant sur des êtres sans âmes. La politique de neutralité donne aux responsabilités du citoyen-soldat une garantie d
3734 ux responsabilités du citoyen-soldat une garantie de légitime défense que personne ne peut contester, et qui rassure valab
3735 nt des hommes qui acceptent leur service non dans l’ indifférence ou l’ignorance, mais dans la connaissance lucide des choi
3736 acceptent leur service non dans l’indifférence ou l’ ignorance, mais dans la connaissance lucide des choix que poserait un
3737 non dans l’indifférence ou l’ignorance, mais dans la connaissance lucide des choix que poserait un conflit armé. La statis
3738 ce lucide des choix que poserait un conflit armé. La statistique montre que les objecteurs de conscience ne sont qu’une in
3739 serait un conflit armé. La statistique montre que les objecteurs de conscience ne sont qu’une infime minorité. Humainement
3740 it armé. La statistique montre que les objecteurs de conscience ne sont qu’une infime minorité. Humainement respectable, o
3741 norité. Humainement respectable, oui. Dépositaire de la mission morale du pays, non. »
3742 ité. Humainement respectable, oui. Dépositaire de la mission morale du pays, non. »
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
3743 Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)ae af Monsi
3744 ougemont répond (4 juillet 1969)ae af Monsieur le rédacteur en chef, J’ai été surpris de vous voir répondre à une lettr
3745 Monsieur le rédacteur en chef, J’ai été surpris de vous voir répondre à une lettre que j’avais adressée au président d’u
3746 re à une lettre que j’avais adressée au président d’ un tribunal militaire et que vous publiez à mon insu, sous un titre tr
3747 us publiez à mon insu, sous un titre trompeur, je le crains. Car ce titre semble annoncer une prise de position de princip
3748 le crains. Car ce titre semble annoncer une prise de position de principe sur le problème de l’objection, voire une sorte
3749 ar ce titre semble annoncer une prise de position de principe sur le problème de l’objection, voire une sorte de manifeste
3750 le annoncer une prise de position de principe sur le problème de l’objection, voire une sorte de manifeste. Or, il s’agit
3751 une prise de position de principe sur le problème de l’objection, voire une sorte de manifeste. Or, il s’agit d’un simple
3752 prise de position de principe sur le problème de l’ objection, voire une sorte de manifeste. Or, il s’agit d’un simple tém
3753 e sur le problème de l’objection, voire une sorte de manifeste. Or, il s’agit d’un simple témoignage rédigé à des fins pré
3754 tion, voire une sorte de manifeste. Or, il s’agit d’ un simple témoignage rédigé à des fins précises, pour servir une cause
3755 cause personnelle, et pas du tout pour haranguer la foule par-dessus la tête du président. Si j’avais voulu traiter publi
3756 et pas du tout pour haranguer la foule par-dessus la tête du président. Si j’avais voulu traiter publiquement de l’objecti
3757 président. Si j’avais voulu traiter publiquement de l’objection de conscience en général, et des objecteurs suisses en pa
3758 ésident. Si j’avais voulu traiter publiquement de l’ objection de conscience en général, et des objecteurs suisses en parti
3759 j’avais voulu traiter publiquement de l’objection de conscience en général, et des objecteurs suisses en particulier, il m
3760 aucoup de temps, beaucoup de place, et un minimum de précautions. Il m’eût fallu peser le pour et le contre, et surtout da
3761 t un minimum de précautions. Il m’eût fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Suisse, pays où il es
3762 m de précautions. Il m’eût fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Suisse, pays où il est le plus d
3763 fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Suisse, pays où il est le plus difficile de défendre l’armé
3764 eser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Suisse, pays où il est le plus difficile de défendre l’armée, le p
3765 r le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Suisse, pays où il est le plus difficile de défendre l’armée, le plus
3766 surtout dans le cas de la Suisse, pays où il est le plus difficile de défendre l’armée, le plus difficile de se dire obje
3767 as de la Suisse, pays où il est le plus difficile de défendre l’armée, le plus difficile de se dire objecteur, donc le plu
3768 sse, pays où il est le plus difficile de défendre l’ armée, le plus difficile de se dire objecteur, donc le plus courageux
3769 où il est le plus difficile de défendre l’armée, le plus difficile de se dire objecteur, donc le plus courageux de l’être
3770 difficile de défendre l’armée, le plus difficile de se dire objecteur, donc le plus courageux de l’être — si l’on est sér
3771 mée, le plus difficile de se dire objecteur, donc le plus courageux de l’être — si l’on est sérieux, toutefois, ce qui n’e
3772 cile de se dire objecteur, donc le plus courageux de l’être — si l’on est sérieux, toutefois, ce qui n’est pas le cas, néc
3773 e de se dire objecteur, donc le plus courageux de l’ être — si l’on est sérieux, toutefois, ce qui n’est pas le cas, nécess
3774 objecteur, donc le plus courageux de l’être — si l’ on est sérieux, toutefois, ce qui n’est pas le cas, nécessairement, de
3775 si l’on est sérieux, toutefois, ce qui n’est pas le cas, nécessairement, de tout contestataire de nos institutions. J’ai
3776 utefois, ce qui n’est pas le cas, nécessairement, de tout contestataire de nos institutions. J’ai parlé pour René Bugnot.
3777 pas le cas, nécessairement, de tout contestataire de nos institutions. J’ai parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien, j
3778 je me relis bien, je n’ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ai pas dema
3779 elis bien, je n’ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ai pas demandé qu’
3780 i pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ai pas demandé qu’on le décore, mai
3781 as proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ai pas demandé qu’on le décore, mais s
3782 ssion morale du pays ». Je n’ai pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au ban de notre société
3783 demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au ban de notre société et que l’on s’interdise de répéter
3784 ore, mais simplement qu’on ne le mette pas au ban de notre société et que l’on s’interdise de répéter que l’objecteur est
3785 on ne le mette pas au ban de notre société et que l’ on s’interdise de répéter que l’objecteur est lâche, un mauvais citoye
3786 s au ban de notre société et que l’on s’interdise de répéter que l’objecteur est lâche, un mauvais citoyen qui trahit ses
3787 re société et que l’on s’interdise de répéter que l’ objecteur est lâche, un mauvais citoyen qui trahit ses devoirs de soli
3788 lâche, un mauvais citoyen qui trahit ses devoirs de solidarité. Quant à votre sous-titre « Tout ou rien », je ne le crois
3789 Quant à votre sous-titre « Tout ou rien », je ne le crois pas justifié par mon texte, et vous avez raison de refuser de m
3790 s pas justifié par mon texte, et vous avez raison de refuser de me suivre dans une direction où jamais je n’ai songé à ent
3791 fié par mon texte, et vous avez raison de refuser de me suivre dans une direction où jamais je n’ai songé à entraîner pers
3792 e pense pas et je n’ai donc pas dit « qu’à défaut d’ un statut des objecteurs, la Suisse ne serait qu’un État policier ». J
3793 pas dit « qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse ne serait qu’un État policier ». J’ai dit seulement que si l’o
3794 qu’un État policier ». J’ai dit seulement que si l’ on choisissait de s’en tenir à « l’ordre à tout prix » et à l’écraseme
3795 ier ». J’ai dit seulement que si l’on choisissait de s’en tenir à « l’ordre à tout prix » et à l’écrasement légal des oppo
3796 ulement que si l’on choisissait de s’en tenir à «  l’ ordre à tout prix » et à l’écrasement légal des opposants ou des simpl
3797 sait de s’en tenir à « l’ordre à tout prix » et à l’ écrasement légal des opposants ou des simples non-conformistes, Moscou
3798 que nous. Cela dit, il me reste à vous remercier d’ avoir, en publiant ma lettre, ramené l’attention de vos lecteurs sur l
3799 remercier d’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’ attention de vos lecteurs sur le grave problème qui l’avait motivée :
3800 ’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’attention de vos lecteurs sur le grave problème qui l’avait motivée : c’est ce pro
3801 ma lettre, ramené l’attention de vos lecteurs sur le grave problème qui l’avait motivée : c’est ce problème qui importe se
3802 tention de vos lecteurs sur le grave problème qui l’ avait motivée : c’est ce problème qui importe seul, et qu’il faut pren
3803 lème qui importe seul, et qu’il faut prendre soin de poser dans ses termes les plus authentiques. Veuillez croire, Monsieu
3804 qu’il faut prendre soin de poser dans ses termes les plus authentiques. Veuillez croire, Monsieur le rédacteur en chef, à
3805 les plus authentiques. Veuillez croire, Monsieur le rédacteur en chef, à mes sentiments dévoués. ae. Rougemont Denis d
3806 à mes sentiments dévoués. ae. Rougemont Denis de , « Objection de conscience : Denis de Rougemont répond », Journal de
3807 s dévoués. ae. Rougemont Denis de, « Objection de conscience : Denis de Rougemont répond », Journal de Genève, Genève,
3808 conscience : Denis de Rougemont répond », Journal de Genève, Genève, 4 juillet 1969, p. 11. af. Le texte est précédé du c
3809 al de Genève, Genève, 4 juillet 1969, p. 11. af. Le texte est précédé du chapeau suivant : « Nous avons publié lundi dern
3810 « Nous avons publié lundi dernier une lettre que le professeur Denis de Rougemont avait adressée le vendredi précédent au
3811 e le professeur Denis de Rougemont avait adressée le vendredi précédent au président du tribunal militaire de 1re Division
3812 redi précédent au président du tribunal militaire de 1re Division devant lequel comparaissait un jeune objecteur de consci
3813 on devant lequel comparaissait un jeune objecteur de conscience, René Bugnot. Lue lors de l’audience publique du Tribunal,
3814 objecteur de conscience, René Bugnot. Lue lors de l’ audience publique du Tribunal, cette lettre, ou plutôt l’une de ses co
3815 blique du Tribunal, cette lettre, ou plutôt l’une de ses copies, nous fut transmise par l’un des camarades de Bugnot. Bern
3816 copies, nous fut transmise par l’un des camarades de Bugnot. Bernard Béguin y ajouta un commentaire dans lequel il nuançai
3817 n y ajouta un commentaire dans lequel il nuançait les termes de ce qu’il considérait comme une alternative de la part de De
3818 un commentaire dans lequel il nuançait les termes de ce qu’il considérait comme une alternative de la part de Denis de Rou
3819 mont. Celui-ci répond aujourd’hui. » Un débat sur l’ objection de conscience, auquel Denis de Rougemont prendra part, sera
3820 ci répond aujourd’hui. » Un débat sur l’objection de conscience, auquel Denis de Rougemont prendra part, sera organisé et
3821 gemont prendra part, sera organisé et publié dans le Journal de Genève en octobre 1969 : « Entre Dieu et l’État », Journal
3822 dra part, sera organisé et publié dans le Journal de Genève en octobre 1969 : « Entre Dieu et l’État », Journal de Genève,
3823 urnal de Genève en octobre 1969 : « Entre Dieu et l’ État », Journal de Genève, Genève, n° 231, 4-5 octobre 1969, p. 14‑15.
3824 octobre 1969 : « Entre Dieu et l’État », Journal de Genève, Genève, n° 231, 4-5 octobre 1969, p. 14‑15.
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
3825 Pensez-vous qu’il existe une culture bourgeoise ? Le terme de « culture bourgeoise » a été largement employé au cours des
3826 us qu’il existe une culture bourgeoise ? Le terme de « culture bourgeoise » a été largement employé au cours des émeutes d
3827 se » a été largement employé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture
3828 yé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une cult
3829 Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est la plus petite
3830 re ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est la plus petite unité que l’on puisse trouver. Je suis tout à fait d’acco
3831 ulture européenne. C’est la plus petite unité que l’ on puisse trouver. Je suis tout à fait d’accord avec l’historien angla
3832 puisse trouver. Je suis tout à fait d’accord avec l’ historien anglais Toynbee qui dit que la plus petite unité d’étude int
3833 cord avec l’historien anglais Toynbee qui dit que la plus petite unité d’étude intelligible qu’on puisse prendre est une c
3834 anglais Toynbee qui dit que la plus petite unité d’ étude intelligible qu’on puisse prendre est une civilisation de dimens
3835 ligible qu’on puisse prendre est une civilisation de dimension continentale. Nous parlons de culture française, de culture
3836 ilisation de dimension continentale. Nous parlons de culture française, de culture allemande, cela n’existe pas. Il y a se
3837 continentale. Nous parlons de culture française, de culture allemande, cela n’existe pas. Il y a seulement des différence
3838 as. Il y a seulement des différences, des nuances de langue. D’abord, toutes ces langues sont parentes, ensuite toutes les
3839 toutes ces langues sont parentes, ensuite toutes les formes générales de la culture ou particulières de la littérature par
3840 ont parentes, ensuite toutes les formes générales de la culture ou particulières de la littérature par exemple, sont commu
3841 parentes, ensuite toutes les formes générales de la culture ou particulières de la littérature par exemple, sont communes
3842 s formes générales de la culture ou particulières de la littérature par exemple, sont communes à tous les Européens. Vous
3843 ormes générales de la culture ou particulières de la littérature par exemple, sont communes à tous les Européens. Vous tro
3844 la littérature par exemple, sont communes à tous les Européens. Vous trouvez dans toute l’Europe des romans, des sonnets,
3845 nes à tous les Européens. Vous trouvez dans toute l’ Europe des romans, des sonnets, des tableaux de chevalet, le concerto,
3846 te l’Europe des romans, des sonnets, des tableaux de chevalet, le concerto, la symphonie, que vous ne trouvez pas en dehor
3847 es romans, des sonnets, des tableaux de chevalet, le concerto, la symphonie, que vous ne trouvez pas en dehors de l’Europe
3848 s sonnets, des tableaux de chevalet, le concerto, la symphonie, que vous ne trouvez pas en dehors de l’Europe. Les grandes
3849 a symphonie, que vous ne trouvez pas en dehors de l’ Europe. Les grandes écoles d’art ont été communes à tous nos pays, l’a
3850 e, que vous ne trouvez pas en dehors de l’Europe. Les grandes écoles d’art ont été communes à tous nos pays, l’art roman, l
3851 vez pas en dehors de l’Europe. Les grandes écoles d’ art ont été communes à tous nos pays, l’art roman, le gothique, le bar
3852 es écoles d’art ont été communes à tous nos pays, l’ art roman, le gothique, le baroque, le classique, tous produits de la
3853 rt ont été communes à tous nos pays, l’art roman, le gothique, le baroque, le classique, tous produits de la Grèce, de Rom
3854 mmunes à tous nos pays, l’art roman, le gothique, le baroque, le classique, tous produits de la Grèce, de Rome, du christi
3855 s nos pays, l’art roman, le gothique, le baroque, le classique, tous produits de la Grèce, de Rome, du christianisme, de l
3856 gothique, le baroque, le classique, tous produits de la Grèce, de Rome, du christianisme, de l’influence germanique ou cel
3857 hique, le baroque, le classique, tous produits de la Grèce, de Rome, du christianisme, de l’influence germanique ou celtiq
3858 baroque, le classique, tous produits de la Grèce, de Rome, du christianisme, de l’influence germanique ou celtique. Ainsi
3859 produits de la Grèce, de Rome, du christianisme, de l’influence germanique ou celtique. Ainsi nous avons une communauté i
3860 oduits de la Grèce, de Rome, du christianisme, de l’ influence germanique ou celtique. Ainsi nous avons une communauté indi
3861 que. Ainsi nous avons une communauté indiscutable de culture. La division de la culture est apparue avec l’école obligatoi
3862 ous avons une communauté indiscutable de culture. La division de la culture est apparue avec l’école obligatoire et la pre
3863 e communauté indiscutable de culture. La division de la culture est apparue avec l’école obligatoire et la presse. On a fa
3864 ommunauté indiscutable de culture. La division de la culture est apparue avec l’école obligatoire et la presse. On a fabri
3865 lture. La division de la culture est apparue avec l’ école obligatoire et la presse. On a fabriqué le nationalisme au xixe
3866 a culture est apparue avec l’école obligatoire et la presse. On a fabriqué le nationalisme au xixe siècle. En peinture, v
3867 c l’école obligatoire et la presse. On a fabriqué le nationalisme au xixe siècle. En peinture, voyez comme l’École de Par
3868 nalisme au xixe siècle. En peinture, voyez comme l’ École de Paris est peu française en vérité : Picasso, Chagall, Modigli
3869 au xixe siècle. En peinture, voyez comme l’École de Paris est peu française en vérité : Picasso, Chagall, Modigliani, Sou
3870 asso, Chagall, Modigliani, Soutine, Max Ernst… Et la culture, qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas très bien ce que l’on e
3871 st-ce que c’est ? Je ne sais pas très bien ce que l’ on entend par culture bourgeoise, parce que la culture n’a pas été fai
3872 que l’on entend par culture bourgeoise, parce que la culture n’a pas été faite par des bourgeois. La culture occidentale r
3873 e la culture n’a pas été faite par des bourgeois. La culture occidentale repose sur l’héritage gréco-romain et la théologi
3874 des bourgeois. La culture occidentale repose sur l’ héritage gréco-romain et la théologie chrétienne, transmise par des mo
3875 occidentale repose sur l’héritage gréco-romain et la théologie chrétienne, transmise par des moines au Moyen Âge. On ne pe
3876 se par des moines au Moyen Âge. On ne peut parler de culture bourgeoise qu’en pensant aux consommateurs de cette culture.
3877 ulture bourgeoise qu’en pensant aux consommateurs de cette culture. Bien sûr, depuis cent ans, ce sont essentiellement des
3878 sentiellement des bourgeois. Ce qui n’empêche pas les ouvriers d’avoir des goûts plus bourgeois que les bourgeois cultivés.
3879 des bourgeois. Ce qui n’empêche pas les ouvriers d’ avoir des goûts plus bourgeois que les bourgeois cultivés. L’avant-gar
3880 les ouvriers d’avoir des goûts plus bourgeois que les bourgeois cultivés. L’avant-garde est toujours sortie de la bourgeois
3881 goûts plus bourgeois que les bourgeois cultivés. L’ avant-garde est toujours sortie de la bourgeoisie. Le communisme a tou
3882 geois cultivés. L’avant-garde est toujours sortie de la bourgeoisie. Le communisme a toujours condamné l’avant-garde et ne
3883 is cultivés. L’avant-garde est toujours sortie de la bourgeoisie. Le communisme a toujours condamné l’avant-garde et ne ce
3884 vant-garde est toujours sortie de la bourgeoisie. Le communisme a toujours condamné l’avant-garde et ne cesse encore de le
3885 la bourgeoisie. Le communisme a toujours condamné l’ avant-garde et ne cesse encore de le faire. C’est uniquement l’avant-g
3886 oujours condamné l’avant-garde et ne cesse encore de le faire. C’est uniquement l’avant-garde que vous trouvez dans les pr
3887 ours condamné l’avant-garde et ne cesse encore de le faire. C’est uniquement l’avant-garde que vous trouvez dans les priso
3888 et ne cesse encore de le faire. C’est uniquement l’ avant-garde que vous trouvez dans les prisons russes. Vous n’y trouver
3889 st uniquement l’avant-garde que vous trouvez dans les prisons russes. Vous n’y trouverez pas un seul représentant de l’art
3890 sses. Vous n’y trouverez pas un seul représentant de l’art pompier, parce qu’il est au pouvoir, là-bas, depuis cinquante a
3891 s. Vous n’y trouverez pas un seul représentant de l’ art pompier, parce qu’il est au pouvoir, là-bas, depuis cinquante ans
3892 oir, là-bas, depuis cinquante ans officiellement, Le pompiérisme qui tranquillise les gouvernements n’est pas toujours bou
3893 s officiellement, Le pompiérisme qui tranquillise les gouvernements n’est pas toujours bourgeois, mais il est toujours gouv
3894 s, mais il est toujours gouvernemental, dans tous les pays. La bourgeoisie est une classe qui a été et qui est encore au po
3895 est toujours gouvernemental, dans tous les pays. La bourgeoisie est une classe qui a été et qui est encore au pouvoir dan
3896 n’est pas elle qui donne ce ton-là, puisque vous le retrouverez dans toutes les dictatures communistes. Pensez-vous que n
3897 e ton-là, puisque vous le retrouverez dans toutes les dictatures communistes. Pensez-vous que nous sommes entrés dans une è
3898 . Pensez-vous que nous sommes entrés dans une ère de révolutions ? Il y a une nécessité révolutionnaire qui vient de cette
3899 utionnaire qui vient de cette mauvaise adaptation de nos unités de base aux tâches nouvelles qui seraient à accomplir. Com
3900 vient de cette mauvaise adaptation de nos unités de base aux tâches nouvelles qui seraient à accomplir. Comme disent les
3901 nouvelles qui seraient à accomplir. Comme disent les Américains : « It doesn’t work », ça ne fonctionne pas, ça ne joue pl
3902 onne pas, ça ne joue plus. Ne pensez-vous pas que les revendications ne sont pas assez bien formulées ? C’est exact. On dit
3903 quoi, parce qu’on n’a pas fait une bonne analyse de la situation. Quand Sartre dit aux étudiants « cassez l’Université »,
3904 oi, parce qu’on n’a pas fait une bonne analyse de la situation. Quand Sartre dit aux étudiants « cassez l’Université », c’
3905 ituation. Quand Sartre dit aux étudiants « cassez l’ Université », c’est absurde. Il me fait penser à ces grands-pères qui
3906 uprès de leurs petits enfants en leur conseillant de casser leurs jouets. Il faudrait plutôt leur dire de créer une nouvel
3907 casser leurs jouets. Il faudrait plutôt leur dire de créer une nouvelle Université qui soit digne de ce nom. Vers quoi va
3908 e de créer une nouvelle Université qui soit digne de ce nom. Vers quoi va l’homme ? une mutation tant physique que spiritu
3909 Université qui soit digne de ce nom. Vers quoi va l’ homme ? une mutation tant physique que spirituelle ? Je n’en sais rien
3910 rien. Je sais vers quoi je voudrais qu’on aille. Le progrès est l’augmentation des risques humains, c’est-à-dire des poss
3911 vers quoi je voudrais qu’on aille. Le progrès est l’ augmentation des risques humains, c’est-à-dire des possibilités de cho
3912 es risques humains, c’est-à-dire des possibilités de choix laissées à chaque individu. Le progrès n’est pas dans le fait (
3913 possibilités de choix laissées à chaque individu. Le progrès n’est pas dans le fait (absolument invérifiable et très peu p
3914 sées à chaque individu. Le progrès n’est pas dans le fait (absolument invérifiable et très peu probable) d’un monde rendu
3915 it (absolument invérifiable et très peu probable) d’ un monde rendu meilleur mais dans l’augmentation des possibilités de c
3916 peu probable) d’un monde rendu meilleur mais dans l’ augmentation des possibilités de choix. Pensez-vous que nous assistons
3917 eilleur mais dans l’augmentation des possibilités de choix. Pensez-vous que nous assistons à la mort de la civilisation oc
3918 ilités de choix. Pensez-vous que nous assistons à la mort de la civilisation occidentale ? C’est impossible. Paul Valéry a
3919 e choix. Pensez-vous que nous assistons à la mort de la civilisation occidentale ? C’est impossible. Paul Valéry a écrit :
3920 hoix. Pensez-vous que nous assistons à la mort de la civilisation occidentale ? C’est impossible. Paul Valéry a écrit : « 
3921 es. » C’est doublement inexact : en premier lieu, la civilisation occidentale prolonge les civilisations du Moyen-Orient,
3922 remier lieu, la civilisation occidentale prolonge les civilisations du Moyen-Orient, de la Grèce et de Rome qui continuent
3923 ntale prolonge les civilisations du Moyen-Orient, de la Grèce et de Rome qui continuent à vivre en elles. En deuxième lieu
3924 le prolonge les civilisations du Moyen-Orient, de la Grèce et de Rome qui continuent à vivre en elles. En deuxième lieu, l
3925 les civilisations du Moyen-Orient, de la Grèce et de Rome qui continuent à vivre en elles. En deuxième lieu, la civilisati
3926 ui continuent à vivre en elles. En deuxième lieu, la civilisation occidentale est la seule qui ait conquis le monde entier
3927 En deuxième lieu, la civilisation occidentale est la seule qui ait conquis le monde entier. Si on déclare qu’elle va mouri
3928 lisation occidentale est la seule qui ait conquis le monde entier. Si on déclare qu’elle va mourir, cela revient à dire qu
3929 a mourir, cela revient à dire qu’il n’y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y aurait des indice
3930 qui pourrait s’épanouir ? Je n’en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-il que ce soit une civilisation vraiment diff
3931 une civilisation vraiment différente, et qui ait de meilleures solutions que les nôtres. Or nous constatons un gigantesqu
3932 tesque effort pour imposer aux Chinois une partie de la civilisation occidentale : le marxisme. Quelle différence faites-v
3933 que effort pour imposer aux Chinois une partie de la civilisation occidentale : le marxisme. Quelle différence faites-vous
3934 inois une partie de la civilisation occidentale : le marxisme. Quelle différence faites-vous entre marxisme et maoïsme ? L
3935 ifférence faites-vous entre marxisme et maoïsme ? Le maoïsme prétend être le vrai marxisme. Mais c’est un mélange de marxi
3936 tre marxisme et maoïsme ? Le maoïsme prétend être le vrai marxisme. Mais c’est un mélange de marxisme-léninisme et de cert
3937 tend être le vrai marxisme. Mais c’est un mélange de marxisme-léninisme et de certaines traditions chinoises d’un moralism
3938 e. Mais c’est un mélange de marxisme-léninisme et de certaines traditions chinoises d’un moralisme utilitaire des plus sim
3939 me-léninisme et de certaines traditions chinoises d’ un moralisme utilitaire des plus simplets : voyez le Petit Livre rouge
3940 un moralisme utilitaire des plus simplets : voyez le Petit Livre rouge. Un mélange grossier, stérile, très contesté. Lorsq
3941 mélange grossier, stérile, très contesté. Lorsque les étudiants chinois protestent, ils le font à coup de mitrailleuses. Il
3942 té. Lorsque les étudiants chinois protestent, ils le font à coup de mitrailleuses. Il y a probablement alors des centaines
3943 illeuses. Il y a probablement alors des centaines de morts, quoiqu’on n’en parle guère. Je ne vois dans le maoïsme aucun g
3944 orts, quoiqu’on n’en parle guère. Je ne vois dans le maoïsme aucun germe de civilisation nouvelle. Croyez-vous plus au suc
3945 rle guère. Je ne vois dans le maoïsme aucun germe de civilisation nouvelle. Croyez-vous plus au succès des révolutions que
3946 tion aboutit à une tyrannie, parce qu’elle manque de fondements doctrinaux, philosophiques, religieux acceptés et assumés
3947 philosophiques, religieux acceptés et assumés par les meilleurs. Une révolution sanglante est une révolution mal préparée.
3948 lution sanglante est une révolution mal préparée. La seule qui pourrait réussir serait celle qui apporterait, un ordre nou
3949 qui apporterait, un ordre nouveau, prêt à prendre la relève du désordre ancien, ce que j’appelle le « désordre établi ». C
3950 re la relève du désordre ancien, ce que j’appelle le « désordre établi ». Ces conditions idéales n’ont encore jamais été r
3951 itions idéales n’ont encore jamais été réalisées. La Révolution française a abouti à la tyrannie napoléonienne. Les révolu
3952 été réalisées. La Révolution française a abouti à la tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848 ont été écrasées ou b
3953 n française a abouti à la tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848 ont été écrasées ou bien ont abouti, par les nati
3954 outi à la tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848 ont été écrasées ou bien ont abouti, par les nationalistes, à la
3955 de 1848 ont été écrasées ou bien ont abouti, par les nationalistes, à la guerre de 1914. Un homme politique français a déc
3956 sées ou bien ont abouti, par les nationalistes, à la guerre de 1914. Un homme politique français a déclaré : « Le pouvoir
3957 en ont abouti, par les nationalistes, à la guerre de 1914. Un homme politique français a déclaré : « Le pouvoir personnel
3958 e 1914. Un homme politique français a déclaré : «  Le pouvoir personnel finit toujours mal. » Bon. Mais qu’en est-il du pou
3959 » Bon. Mais qu’en est-il du pouvoir impersonnel ? Le cas des quatre Républiques françaises qui étaient des pouvoirs impers
3960 uatrième a abouti à de Gaulle. Faudrait-il saluer le régime personnel, parce qu’il conduit à un régime impersonnel ? Comme
3961 à un régime impersonnel ? Comment expliquez-vous l’ apogée et la chute des civilisations ? Personnellement, je ne crois pa
3962 impersonnel ? Comment expliquez-vous l’apogée et la chute des civilisations ? Personnellement, je ne crois pas que les ci
3963 ilisations ? Personnellement, je ne crois pas que les civilisations soient comme les plantes, qui poussent, donnent des fru
3964 e ne crois pas que les civilisations soient comme les plantes, qui poussent, donnent des fruits, fanent et meurent. Hegel,
3965 cette idée, séduisante mais fausse. Aujourd’hui, la civilisation née en Europe recouvre la terre entière ; elle n’est pas
3966 jourd’hui, la civilisation née en Europe recouvre la terre entière ; elle n’est pas à la merci des forces extérieures qui
3967 rope recouvre la terre entière ; elle n’est pas à la merci des forces extérieures qui pourraient la détruire. Elle s’alime
3968 à la merci des forces extérieures qui pourraient la détruire. Elle s’alimente par elle-même. Elle est devenue une force d
3969 limente par elle-même. Elle est devenue une force de production et d’autocritique extraordinaire. Je ne suis pas pessimist
3970 même. Elle est devenue une force de production et d’ autocritique extraordinaire. Je ne suis pas pessimiste à son sujet, ma
3971 e. Je ne suis pas pessimiste à son sujet, mais je le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’Homme, indépendamment
3972 e à son sujet, mais je le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’Homme, indépendamment de la nature, a développé da
3973 et, mais je le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’Homme, indépendamment de la nature, a développé dans cette c
3974 e le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’ Homme, indépendamment de la nature, a développé dans cette civilisatio
3975 erne les effets de ce que l’Homme, indépendamment de la nature, a développé dans cette civilisation. Je ne crois pas que l
3976 e les effets de ce que l’Homme, indépendamment de la nature, a développé dans cette civilisation. Je ne crois pas que l’ho
3977 oppé dans cette civilisation. Je ne crois pas que l’ homme devient esclave des machines ; il est esclave de certaines de se
3978 mme devient esclave des machines ; il est esclave de certaines de ses tendances qui prennent les machines comme paravent.
3979 sclave des machines ; il est esclave de certaines de ses tendances qui prennent les machines comme paravent. L’homme n’est
3980 sclave de certaines de ses tendances qui prennent les machines comme paravent. L’homme n’est pas esclave de sa voiture, il
3981 ndances qui prennent les machines comme paravent. L’ homme n’est pas esclave de sa voiture, il est esclave de sa vanité soc
3982 achines comme paravent. L’homme n’est pas esclave de sa voiture, il est esclave de sa vanité sociale par exemple. Dans un
3983 e n’est pas esclave de sa voiture, il est esclave de sa vanité sociale par exemple. Dans un petit livre que j’ai écrit en
3984 e. Dans un petit livre que j’ai écrit en 1946 sur la bombe atomique, je disais en post-scriptum à mes lettres : « Un derni
3985 lettres : « Un dernier mot, et dire que j’allais l’ oublier : la bombe n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Si vo
3986  Un dernier mot, et dire que j’allais l’oublier : la bombe n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Si vous la laisse
3987 t pas dangereuse du tout. C’est un objet. Si vous la laissez tranquille dans sa caisse, elle ne va pas en sortir toute seu
3988 toute seule. On nomme des comités pour contrôler la bombe ! C’est aussi absurde que si l’on se jetait sur une chaise pour
3989 r contrôler la bombe ! C’est aussi absurde que si l’ on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser un vase de
3990 absurde que si l’on se jetait sur une chaise pour l’ empêcher d’aller casser un vase de Chine. Le “contrôle de la bombe” es
3991 si l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’ aller casser un vase de Chine. Le “contrôle de la bombe” est une absur
3992 une chaise pour l’empêcher d’aller casser un vase de Chine. Le “contrôle de la bombe” est une absurdité. Ce qu’il nous fau
3993 pour l’empêcher d’aller casser un vase de Chine. Le “contrôle de la bombe” est une absurdité. Ce qu’il nous faut, c’est u
3994 her d’aller casser un vase de Chine. Le “contrôle de la bombe” est une absurdité. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de
3995 d’aller casser un vase de Chine. Le “contrôle de la bombe” est une absurdité. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’
3996 absurdité. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. » Les gens disent : « Nous sommes envahis par les machines. 
3997 surdité. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’ homme. » Les gens disent : « Nous sommes envahis par les machines. » J
3998 qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. » Les gens disent : « Nous sommes envahis par les machines. » Je leur répon
3999 me. » Les gens disent : « Nous sommes envahis par les machines. » Je leur réponds : « Je voudrais bien qu’une Rolls-Royce o
4000 Rolls-Royce ou même une VW vienne m’envahir dans la cour de ma maison. Mais cela ne s’est jamais vu. » Quelle est la resp
4001 oyce ou même une VW vienne m’envahir dans la cour de ma maison. Mais cela ne s’est jamais vu. » Quelle est la responsabili
4002 aison. Mais cela ne s’est jamais vu. » Quelle est la responsabilité de l’artiste dans un monde en transformation ? Dans un
4003 e s’est jamais vu. » Quelle est la responsabilité de l’artiste dans un monde en transformation ? Dans une société qui s’ag
4004 ’est jamais vu. » Quelle est la responsabilité de l’ artiste dans un monde en transformation ? Dans une société qui s’agran
4005 é qui s’agrandit follement, qui perd ses mesures, la fonction de l’art pourrait être d’illustrer des mesures nouvelles, de
4006 ndit follement, qui perd ses mesures, la fonction de l’art pourrait être d’illustrer des mesures nouvelles, des modèles ef
4007 t follement, qui perd ses mesures, la fonction de l’ art pourrait être d’illustrer des mesures nouvelles, des modèles effic
4008 d ses mesures, la fonction de l’art pourrait être d’ illustrer des mesures nouvelles, des modèles efficaces pour la sensibi
4009 des mesures nouvelles, des modèles efficaces pour la sensibilité. Comme l’ont fait la statuaire grecque avec ses dieux à f
4010 des modèles efficaces pour la sensibilité. Comme l’ ont fait la statuaire grecque avec ses dieux à formes humaines, l’arch
4011 s efficaces pour la sensibilité. Comme l’ont fait la statuaire grecque avec ses dieux à formes humaines, l’architecture mé
4012 atuaire grecque avec ses dieux à formes humaines, l’ architecture médiévale avec les voûtes romanes et les flèches gothique
4013 à formes humaines, l’architecture médiévale avec les voûtes romanes et les flèches gothiques, les troubadours avec leurs p
4014 architecture médiévale avec les voûtes romanes et les flèches gothiques, les troubadours avec leurs poèmes d’un érotisme ra
4015 avec les voûtes romanes et les flèches gothiques, les troubadours avec leurs poèmes d’un érotisme raffiné, les romanciers d
4016 ches gothiques, les troubadours avec leurs poèmes d’ un érotisme raffiné, les romanciers du cycle de la Table ronde, modèle
4017 ubadours avec leurs poèmes d’un érotisme raffiné, les romanciers du cycle de la Table ronde, modèles de l’aventure spiritue
4018 es d’un érotisme raffiné, les romanciers du cycle de la Table ronde, modèles de l’aventure spirituelle et de la passion. M
4019 d’un érotisme raffiné, les romanciers du cycle de la Table ronde, modèles de l’aventure spirituelle et de la passion. Mais
4020 es romanciers du cycle de la Table ronde, modèles de l’aventure spirituelle et de la passion. Mais aujourd’hui, les artist
4021 romanciers du cycle de la Table ronde, modèles de l’ aventure spirituelle et de la passion. Mais aujourd’hui, les artistes
4022 Table ronde, modèles de l’aventure spirituelle et de la passion. Mais aujourd’hui, les artistes ne fondent plus rien : ils
4023 le ronde, modèles de l’aventure spirituelle et de la passion. Mais aujourd’hui, les artistes ne fondent plus rien : ils ré
4024 e spirituelle et de la passion. Mais aujourd’hui, les artistes ne fondent plus rien : ils réagissent aux mouvements affecti
4025 ectifs passionnels, aux névroses et aux psychoses de l’époque, ils sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en tra
4026 ifs passionnels, aux névroses et aux psychoses de l’ époque, ils sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en tradui
4027 x névroses et aux psychoses de l’époque, ils sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en traduisent et révèlent les
4028 t aux psychoses de l’époque, ils sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en traduisent et révèlent les courants,
4029 ux psychoses de l’époque, ils sont les ludions de l’ inconscient collectif, ils en traduisent et révèlent les courants, mai
4030 onscient collectif, ils en traduisent et révèlent les courants, mais n’agissent plus sur eux. C’est à l’essayiste, au philo
4031 s courants, mais n’agissent plus sur eux. C’est à l’ essayiste, au philosophe lyrique, au moraliste imaginatif, de tenter d
4032 , au philosophe lyrique, au moraliste imaginatif, de tenter d’agir sur l’époque dans la mesure où elle est guidée par des
4033 sophe lyrique, au moraliste imaginatif, de tenter d’ agir sur l’époque dans la mesure où elle est guidée par des idées, des
4034 ue, au moraliste imaginatif, de tenter d’agir sur l’ époque dans la mesure où elle est guidée par des idées, des concepts,
4035 te imaginatif, de tenter d’agir sur l’époque dans la mesure où elle est guidée par des idées, des concepts, des angles de
4036 st guidée par des idées, des concepts, des angles de vision qu’on lui propose et qui s’imposent plus ou moins aux esprits
4037 s et aux sensibilités. Mais encore faut-il sentir l’ époque si l’on veut essayer de l’influencer : et c’est à cela que l’ar
4038 sibilités. Mais encore faut-il sentir l’époque si l’ on veut essayer de l’influencer : et c’est à cela que l’art peut nous
4039 core faut-il sentir l’époque si l’on veut essayer de l’influencer : et c’est à cela que l’art peut nous aider. Kafka nous
4040 e faut-il sentir l’époque si l’on veut essayer de l’ influencer : et c’est à cela que l’art peut nous aider. Kafka nous a r
4041 eut essayer de l’influencer : et c’est à cela que l’ art peut nous aider. Kafka nous a révélé dès 1930 le style et l’habitu
4042 art peut nous aider. Kafka nous a révélé dès 1930 le style et l’habitus des régimes policiers que la psyché moderne foment
4043 s aider. Kafka nous a révélé dès 1930 le style et l’ habitus des régimes policiers que la psyché moderne fomentait dans sa
4044 0 le style et l’habitus des régimes policiers que la psyché moderne fomentait dans sa démence la plus secrète. Par quoi ce
4045 s que la psyché moderne fomentait dans sa démence la plus secrète. Par quoi cette période anarchique que traverse notre si
4046 éparée ? Je vous dirais sans trop réfléchir : par le nationalisme militarisé, l’étatisme, le matérialisme capitaliste, le
4047 trop réfléchir : par le nationalisme militarisé, l’ étatisme, le matérialisme capitaliste, le scientisme plat et la croyan
4048 hir : par le nationalisme militarisé, l’étatisme, le matérialisme capitaliste, le scientisme plat et la croyance aux toujo
4049 itarisé, l’étatisme, le matérialisme capitaliste, le scientisme plat et la croyance aux toujours plus grands nombres. Mais
4050 e matérialisme capitaliste, le scientisme plat et la croyance aux toujours plus grands nombres. Mais je n’ai pas envie d’é
4051 jours plus grands nombres. Mais je n’ai pas envie d’ étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas mon souci, ni
4052 bres. Mais je n’ai pas envie d’étudier après coup l’ histoire de mon temps, ce n’est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui
4053 je n’ai pas envie d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse
4054 ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’en sortir. C’es
4055 cation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’en sortir. C’est-à-dire
4056 se, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’en sortir. C’est-à-dire de créer un ordre plus h
4057 t pas le passé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’en sortir. C’est-à-dire de créer un ordre plus humain : par
4058 ssé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’ en sortir. C’est-à-dire de créer un ordre plus humain : par quoi je ve
4059 s de trouver les moyens d’en sortir. C’est-à-dire de créer un ordre plus humain : par quoi je veux dire plus divin. Et ne
4060 réussira : car nous ne sommes pas là pour essayer de prévoir l’avenir, mais pour le faire, disons d’une manière réaliste,
4061 car nous ne sommes pas là pour essayer de prévoir l’ avenir, mais pour le faire, disons d’une manière réaliste, pour essaye
4062 as là pour essayer de prévoir l’avenir, mais pour le faire, disons d’une manière réaliste, pour essayer de le changer dans
4063 r de prévoir l’avenir, mais pour le faire, disons d’ une manière réaliste, pour essayer de le changer dans le bon sens. Une
4064 aire, disons d’une manière réaliste, pour essayer de le changer dans le bon sens. Une des formules que j’ai lancées dans m
4065 e, disons d’une manière réaliste, pour essayer de le changer dans le bon sens. Une des formules que j’ai lancées dans ma j
4066 manière réaliste, pour essayer de le changer dans le bon sens. Une des formules que j’ai lancées dans ma jeunesse (outre c
4067 es que j’ai lancées dans ma jeunesse (outre celle de l’engagement de l’écrivain), c’était la politique du pessimisme actif
4068 que j’ai lancées dans ma jeunesse (outre celle de l’ engagement de l’écrivain), c’était la politique du pessimisme actif. Q
4069 ées dans ma jeunesse (outre celle de l’engagement de l’écrivain), c’était la politique du pessimisme actif. Qu’est-ce que
4070 dans ma jeunesse (outre celle de l’engagement de l’ écrivain), c’était la politique du pessimisme actif. Qu’est-ce que cel
4071 tre celle de l’engagement de l’écrivain), c’était la politique du pessimisme actif. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est e
4072 ire ? C’est en somme une morale du risque assumé, de l’action, orientée par l’esprit, et de la vocation personnelle. Je m’
4073  ? C’est en somme une morale du risque assumé, de l’ action, orientée par l’esprit, et de la vocation personnelle. Je m’y t
4074 orale du risque assumé, de l’action, orientée par l’ esprit, et de la vocation personnelle. Je m’y tiens et l’époque fera c
4075 ue assumé, de l’action, orientée par l’esprit, et de la vocation personnelle. Je m’y tiens et l’époque fera ce qu’elle pou
4076 assumé, de l’action, orientée par l’esprit, et de la vocation personnelle. Je m’y tiens et l’époque fera ce qu’elle pourra
4077 t, et de la vocation personnelle. Je m’y tiens et l’ époque fera ce qu’elle pourra… Après tout, le but de la société n’est
4078 s et l’époque fera ce qu’elle pourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société elle-même, mais la personne, c
4079 époque fera ce qu’elle pourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société elle-même, mais la personne, c’est-à-
4080 que fera ce qu’elle pourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société elle-même, mais la personne, c’est-à-dir
4081 ourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société elle-même, mais la personne, c’est-à-dire l’homme, à la fois
4082 e la société n’est pas la société elle-même, mais la personne, c’est-à-dire l’homme, à la fois libre et responsable, tradu
4083 société elle-même, mais la personne, c’est-à-dire l’ homme, à la fois libre et responsable, traduction simple de cette phra
4084 à la fois libre et responsable, traduction simple de cette phrase mystérieuse pour peu qu’on y réfléchisse : « Tu aimeras
4085 prochain comme toi-même. » ag. Rougemont Denis de , « [Entretien] Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! », Journa
4086 otre civilisation n’est pas mortelle ! », Journal de Genève, Genève, 30–31 août 1969, p. 29. ah. Interview par Anouchka V
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
4087 Un débat sur l’ objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)ai
4088 Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)ai Le 27 juin d
4089 bat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’ État (4 octobre 1969)ai Le 27 juin dernier, le professeur Denis de
4090 nce : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)ai Le 27 juin dernier, le professeur Denis de Rougemont intervenait dans le
4091 l’État (4 octobre 1969)ai Le 27 juin dernier, le professeur Denis de Rougemont intervenait dans le procès d’un objecte
4092 le professeur Denis de Rougemont intervenait dans le procès d’un objecteur de conscience en adressant au président du Trib
4093 eur Denis de Rougemont intervenait dans le procès d’ un objecteur de conscience en adressant au président du Tribunal milit
4094 ugemont intervenait dans le procès d’un objecteur de conscience en adressant au président du Tribunal militaire un témoign
4095 nal militaire un témoignage que nous avons publié le 30 juin. Ce témoignage a suscité des controverses, auxquelles le déba
4096 témoignage a suscité des controverses, auxquelles le débat que nous présentons ici n’a pas la prétention d’apporter une co
4097 xquelles le débat que nous présentons ici n’a pas la prétention d’apporter une conclusion définitive. Il s’agit avant tout
4098 bat que nous présentons ici n’a pas la prétention d’ apporter une conclusion définitive. Il s’agit avant tout de s’éclairci
4099 r une conclusion définitive. Il s’agit avant tout de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l’objection de conscie
4100 n définitive. Il s’agit avant tout de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l’objection de conscience, c’est admet
4101 git avant tout de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l’objection de conscience, c’est admettre en préalable qu
4102 ut de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l’objection de conscience, c’est admettre en préalable que ce problèm
4103 de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l’ objection de conscience, c’est admettre en préalable que ce problème e
4104 ir les idées. Examiner le problème de l’objection de conscience, c’est admettre en préalable que ce problème existe. Non p
4105 en préalable que ce problème existe. Non pas par l’ importance du nombre de ceux qui professent l’objection et en portent
4106 oblème existe. Non pas par l’importance du nombre de ceux qui professent l’objection et en portent témoignage, mais par la
4107 par l’importance du nombre de ceux qui professent l’ objection et en portent témoignage, mais par la valeur des principes q
4108 nt l’objection et en portent témoignage, mais par la valeur des principes qu’elle révèle et des questions qu’elle pose et
4109 ose et qu’elle nous pose. Confrontée au phénomène de la guerre, l’objection de conscience, paradoxalement, est un problème
4110 et qu’elle nous pose. Confrontée au phénomène de la guerre, l’objection de conscience, paradoxalement, est un problème de
4111 nous pose. Confrontée au phénomène de la guerre, l’ objection de conscience, paradoxalement, est un problème de temps de p
4112 Confrontée au phénomène de la guerre, l’objection de conscience, paradoxalement, est un problème de temps de paix. C’est d
4113 on de conscience, paradoxalement, est un problème de temps de paix. C’est dans ce cadre-là, d’abord, qu’elle doit être env
4114 science, paradoxalement, est un problème de temps de paix. C’est dans ce cadre-là, d’abord, qu’elle doit être envisagée et
4115 être envisagée et discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’on s’interroge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoi
4116 ée et discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’ on s’interroge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoins de Jéhova
4117 e n’est que dans la paix que l’on s’interroge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoins de Jéhova qui constituent un c
4118 ns la paix que l’on s’interroge sur la guerre. Si l’ on met à part les Témoins de Jéhova qui constituent un cas particulier
4119 ’on s’interroge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoins de Jéhova qui constituent un cas particulier, le « portrait-r
4120 oge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoins de Jéhova qui constituent un cas particulier, le « portrait-robot » des
4121 ins de Jéhova qui constituent un cas particulier, le « portrait-robot » des soixante-quinze objecteurs de conscience que l
4122 « portrait-robot » des soixante-quinze objecteurs de conscience que les tribunaux militaires suisses ont condamnés en 1967
4123 des soixante-quinze objecteurs de conscience que les tribunaux militaires suisses ont condamnés en 1967 peut être rapideme
4124 condamnés en 1967 peut être rapidement esquissé : l’ objecteur est généralement de confession protestante, âgé de 20 à 26 a
4125 apidement esquissé : l’objecteur est généralement de confession protestante, âgé de 20 à 26 ans, célibataire ; il est prop
4126 r est généralement de confession protestante, âgé de 20 à 26 ans, célibataire ; il est proportionnellement plus nombreux e
4127 tionnellement plus nombreux en Suisse romande. Si la notion d’objection de conscience a été récemment étendue à des motifs
4128 ent plus nombreux en Suisse romande. Si la notion d’ objection de conscience a été récemment étendue à des motifs d’ordre p
4129 breux en Suisse romande. Si la notion d’objection de conscience a été récemment étendue à des motifs d’ordre philosophique
4130 e conscience a été récemment étendue à des motifs d’ ordre philosophique, elle n’en puise pas moins ses racines dans des mo
4131 motivations chrétiennes. C’est donc par elles que la discussion doit commencer. Et là, deux religions se heurtent : la rel
4132 it commencer. Et là, deux religions se heurtent : la religion civique et la religion divine. Laquelle doit primer l’autre 
4133 ux religions se heurtent : la religion civique et la religion divine. Laquelle doit primer l’autre ? C’est la première que
4134 Michel Barde. — Nous examinerons au premier chef l’ objection de conscience religieuse. N’y a-t-il pas une contradiction d
4135 e. — Nous examinerons au premier chef l’objection de conscience religieuse. N’y a-t-il pas une contradiction dans le fait
4136 religieuse. N’y a-t-il pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédérale stipule que tout Suisse est astrein
4137 N’y a-t-il pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédérale stipule que tout Suisse est astreint au service
4138 isse est astreint au service militaire, alors que l’ objecteur de conscience religieux se réfère à cette même Constitution,
4139 reint au service militaire, alors que l’objecteur de conscience religieux se réfère à cette même Constitution, dont le pré
4140 ligieux se réfère à cette même Constitution, dont le préambule commence par une invocation « Au nom du Dieu Tout-Puissant 
4141 ut-Puissant » ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. —  L’ article 49 de la Constitution garantit la liberté religieuse et de con
4142  ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — L’article 49 de la Constitution garantit la liberté religieuse et de conscience. Mais
4143 Colonel divisionnaire Dénéréaz. — L’article 49 de la Constitution garantit la liberté religieuse et de conscience. Mais le
4144 éréaz. — L’article 49 de la Constitution garantit la liberté religieuse et de conscience. Mais le paragraphe 5 de cet arti
4145 la Constitution garantit la liberté religieuse et de conscience. Mais le paragraphe 5 de cet article dit qu’« on ne peut,
4146 ntit la liberté religieuse et de conscience. Mais le paragraphe 5 de cet article dit qu’« on ne peut, pour cause d’opinion
4147 religieuse et de conscience. Mais le paragraphe 5 de cet article dit qu’« on ne peut, pour cause d’opinion religieuse, s’a
4148 5 de cet article dit qu’« on ne peut, pour cause d’ opinion religieuse, s’affranchir de l’accomplissement d’un devoir civi
4149 ut, pour cause d’opinion religieuse, s’affranchir de l’accomplissement d’un devoir civique ». Donc, le fondement juridique
4150 pour cause d’opinion religieuse, s’affranchir de l’ accomplissement d’un devoir civique ». Donc, le fondement juridique es
4151 ion religieuse, s’affranchir de l’accomplissement d’ un devoir civique ». Donc, le fondement juridique est clair : la Const
4152 de l’accomplissement d’un devoir civique ». Donc, le fondement juridique est clair : la Constitution ne permet pas l’objec
4153 vique ». Donc, le fondement juridique est clair : la Constitution ne permet pas l’objection de conscience pour raison reli
4154 ridique est clair : la Constitution ne permet pas l’ objection de conscience pour raison religieuse. Il n’y a donc aucun co
4155 clair : la Constitution ne permet pas l’objection de conscience pour raison religieuse. Il n’y a donc aucun conflit entre
4156 son religieuse. Il n’y a donc aucun conflit entre l’ armée et l’objecteur de conscience, dont l’attitude est anticonstituti
4157 use. Il n’y a donc aucun conflit entre l’armée et l’ objecteur de conscience, dont l’attitude est anticonstitutionnelle et
4158 a donc aucun conflit entre l’armée et l’objecteur de conscience, dont l’attitude est anticonstitutionnelle et non pas anti
4159 entre l’armée et l’objecteur de conscience, dont l’ attitude est anticonstitutionnelle et non pas antimilitariste. Cela do
4160 t non pas antimilitariste. Cela doit être dit car la procédure qui conduit à la sanction peut faire croire qu’il s’agit un
4161 Cela doit être dit car la procédure qui conduit à la sanction peut faire croire qu’il s’agit uniquement d’une opposition d
4162 anction peut faire croire qu’il s’agit uniquement d’ une opposition d’intérêt entre l’armée et l’objecteur. Michel Barde. —
4163 e croire qu’il s’agit uniquement d’une opposition d’ intérêt entre l’armée et l’objecteur. Michel Barde. — L’opposition de
4164 ’agit uniquement d’une opposition d’intérêt entre l’ armée et l’objecteur. Michel Barde. — L’opposition de l’objecteur est
4165 ement d’une opposition d’intérêt entre l’armée et l’ objecteur. Michel Barde. — L’opposition de l’objecteur est anticonstit
4166 rêt entre l’armée et l’objecteur. Michel Barde. —  L’ opposition de l’objecteur est anticonstitutionnelle, mais elle peut s’
4167 rmée et l’objecteur. Michel Barde. — L’opposition de l’objecteur est anticonstitutionnelle, mais elle peut s’appuyer sur l
4168 e et l’objecteur. Michel Barde. — L’opposition de l’ objecteur est anticonstitutionnelle, mais elle peut s’appuyer sur le f
4169 ticonstitutionnelle, mais elle peut s’appuyer sur le fait que la Constitution se réfère « Au Dieu Tout-Puissant ». Christi
4170 onnelle, mais elle peut s’appuyer sur le fait que la Constitution se réfère « Au Dieu Tout-Puissant ». Christian Schaller,
4171 r, vous avez objecté pour des motifs religieux… La religion n’est pas le motif exclusif Christian Schaller. — Je ne p
4172 our des motifs religieux… La religion n’est pas le motif exclusif Christian Schaller. — Je ne pense pas qu’il y ait d
4173 Christian Schaller. — Je ne pense pas qu’il y ait de différence dans les aboutissants entre une objection pour des motifs
4174 — Je ne pense pas qu’il y ait de différence dans les aboutissants entre une objection pour des motifs religieux et pour d’
4175 pour des motifs religieux et pour d’autres motifs de conscience. Les questions posées sont communes à beaucoup d’objecteur
4176 religieux et pour d’autres motifs de conscience. Les questions posées sont communes à beaucoup d’objecteurs et dépassent l
4177 ce. Les questions posées sont communes à beaucoup d’ objecteurs et dépassent le cadre strictement religieux. Bernard Béguin
4178 ont communes à beaucoup d’objecteurs et dépassent le cadre strictement religieux. Bernard Béguin. — Donc vous n’invoquez p
4179 gieux. Bernard Béguin. — Donc vous n’invoquez pas le préambule de la Constitution pour vous autoriser à objecter autrement
4180 d Béguin. — Donc vous n’invoquez pas le préambule de la Constitution pour vous autoriser à objecter autrement que les autr
4181 éguin. — Donc vous n’invoquez pas le préambule de la Constitution pour vous autoriser à objecter autrement que les autres 
4182 tion pour vous autoriser à objecter autrement que les autres ? Christian Schaller. — Non. Je ne fais personnellement pas de
4183 n Schaller. — Non. Je ne fais personnellement pas de différence entre les diverses catégories d’objecteurs. Je pense que c
4184 e ne fais personnellement pas de différence entre les diverses catégories d’objecteurs. Je pense que ce qui est important,
4185 t pas de différence entre les diverses catégories d’ objecteurs. Je pense que ce qui est important, c’est ce qu’ils demande
4186 t que leurs motivations personnelles peuvent être d’ ordre religieux, humanitaire ou autre. Michel Barde. — Avez-vous eu le
4187 umanitaire ou autre. Michel Barde. — Avez-vous eu le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitariste — je préc
4188 Barde. — Avez-vous eu le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitariste — je précise que ceux qui font du ser
4189 challer. — Je pense plutôt anticonstitutionnelle. L’ objecteur choisit un moyen défini de mettre en évidence l’injustice d’
4190 itutionnelle. L’objecteur choisit un moyen défini de mettre en évidence l’injustice d’une loi et de préconiser quelque cho
4191 eur choisit un moyen défini de mettre en évidence l’ injustice d’une loi et de préconiser quelque chose de nouveau au moyen
4192 un moyen défini de mettre en évidence l’injustice d’ une loi et de préconiser quelque chose de nouveau au moyen d’une oppos
4193 ni de mettre en évidence l’injustice d’une loi et de préconiser quelque chose de nouveau au moyen d’une opposition au syst
4194 t de préconiser quelque chose de nouveau au moyen d’ une opposition au système actuel. Il choisit le moyen de la refuser d’
4195 en d’une opposition au système actuel. Il choisit le moyen de la refuser d’une certaine manière, mais il s’y soumet par un
4196 opposition au système actuel. Il choisit le moyen de la refuser d’une certaine manière, mais il s’y soumet par une autre p
4197 osition au système actuel. Il choisit le moyen de la refuser d’une certaine manière, mais il s’y soumet par une autre puis
4198 système actuel. Il choisit le moyen de la refuser d’ une certaine manière, mais il s’y soumet par une autre puisqu’il accep
4199 ais il s’y soumet par une autre puisqu’il accepte le jugement des tribunaux (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de tous le
4200 gement des tribunaux (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de tous les objecteurs). D’autre part je ne pense pas que la sépa
4201 des tribunaux (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de tous les objecteurs). D’autre part je ne pense pas que la séparation
4202 unaux (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de tous les objecteurs). D’autre part je ne pense pas que la séparation soit tell
4203 les objecteurs). D’autre part je ne pense pas que la séparation soit tellement entre militaires et objecteurs qu’entre « c
4204 rvateurs » et « progressistes », si je puis dire. L’ objection est l’un des moyens de proposer des solutions nouvelles, et
4205 si je puis dire. L’objection est l’un des moyens de proposer des solutions nouvelles, et de faire en sorte que les problè
4206 es moyens de proposer des solutions nouvelles, et de faire en sorte que les problèmes soient posés, mais ce n’est qu’un mo
4207 des solutions nouvelles, et de faire en sorte que les problèmes soient posés, mais ce n’est qu’un moyen parmi d’autres. Et
4208 très proche des militaires qui, à l’intérieur de l’ édifice, font le même travail d’une autre manière. Michel Barde. — L’o
4209 militaires qui, à l’intérieur de l’édifice, font le même travail d’une autre manière. Michel Barde. — L’objecteur religie
4210 à l’intérieur de l’édifice, font le même travail d’ une autre manière. Michel Barde. — L’objecteur religieux n’est-il pas
4211 même travail d’une autre manière. Michel Barde. —  L’ objecteur religieux n’est-il pas plus « intimiste » que l’objecteur hu
4212 eur religieux n’est-il pas plus « intimiste » que l’ objecteur humanitaire, attaché à renverser certaines structures ? Chri
4213 lusions. Denis de Rougemont. — Je suis frappé par la lecture de cet article 49, paragraphe 5, qui dit que dans le cas d’un
4214 nis de Rougemont. — Je suis frappé par la lecture de cet article 49, paragraphe 5, qui dit que dans le cas d’un conflit en
4215 de cet article 49, paragraphe 5, qui dit que dans le cas d’un conflit entre les devoirs civiques et ce que l’on considère
4216 article 49, paragraphe 5, qui dit que dans le cas d’ un conflit entre les devoirs civiques et ce que l’on considère comme s
4217 phe 5, qui dit que dans le cas d’un conflit entre les devoirs civiques et ce que l’on considère comme ses devoirs religieux
4218 d’un conflit entre les devoirs civiques et ce que l’ on considère comme ses devoirs religieux, ce sont les devoirs civiques
4219 on considère comme ses devoirs religieux, ce sont les devoirs civiques qui l’emportent. Que veut dire alors « Au nom du Die
4220 voirs religieux, ce sont les devoirs civiques qui l’ emportent. Que veut dire alors « Au nom du Dieu Tout-Puissant », inscr
4221 nom du Dieu Tout-Puissant », inscrit au portique de cette Constitution ? Cela ne veut absolument rien dire. C’est une cou
4222 ire. C’est une couverture pour quelque chose dont le contenu est une autre religion que le christianisme, à savoir la reli
4223 chose dont le contenu est une autre religion que le christianisme, à savoir la religion civique. C’est la religion stato-
4224 une autre religion que le christianisme, à savoir la religion civique. C’est la religion stato-nationaliste fabriquée par
4225 hristianisme, à savoir la religion civique. C’est la religion stato-nationaliste fabriquée par la Révolution française et
4226 ’est la religion stato-nationaliste fabriquée par la Révolution française et par Napoléon. Il ne faut pas nous raconter d’
4227 ise et par Napoléon. Il ne faut pas nous raconter d’ histoires, c’est la religion qui aboutit, dans certains régimes, à ce
4228 . Il ne faut pas nous raconter d’histoires, c’est la religion qui aboutit, dans certains régimes, à ce qu’on sait : au rég
4229 transcendance, à quelque chose qui soit au-dessus de l’État et des intérêts de l’État. Ce qui me paraît absolument hypocri
4230 nscendance, à quelque chose qui soit au-dessus de l’ État et des intérêts de l’État. Ce qui me paraît absolument hypocrite,
4231 hose qui soit au-dessus de l’État et des intérêts de l’État. Ce qui me paraît absolument hypocrite, c’est de mettre « Au n
4232 e qui soit au-dessus de l’État et des intérêts de l’ État. Ce qui me paraît absolument hypocrite, c’est de mettre « Au nom
4233 tat. Ce qui me paraît absolument hypocrite, c’est de mettre « Au nom du Dieu Tout-Puissant », entendant le Dieu chrétien,
4234 ettre « Au nom du Dieu Tout-Puissant », entendant le Dieu chrétien, en tête d’une Constitution qui n’est absolument pas ch
4235 t-Puissant », entendant le Dieu chrétien, en tête d’ une Constitution qui n’est absolument pas chrétienne. Bernard Béguin.
4236 lle antichrétienne ? Denis de Rougemont. — En cas de conflit, oui. Dans le cas du conflit prévu par cet article 49, paragr
4237 enis de Rougemont. — En cas de conflit, oui. Dans le cas du conflit prévu par cet article 49, paragraphe 8, on tranche con
4238 r cet article 49, paragraphe 8, on tranche contre la religion chrétienne. Bernard Béguin. — Contre l’interprétation d’un i
4239 la religion chrétienne. Bernard Béguin. — Contre l’ interprétation d’un individu… Denis de Rougemont. — C’est la religion
4240 tienne. Bernard Béguin. — Contre l’interprétation d’ un individu… Denis de Rougemont. — C’est la religion civique qui triom
4241 tation d’un individu… Denis de Rougemont. — C’est la religion civique qui triomphe. Si l’objecteur invoque son christianis
4242 ont. — C’est la religion civique qui triomphe. Si l’ objecteur invoque son christianisme, on lui dira : « Tant pis, c’est l
4243 on christianisme, on lui dira : « Tant pis, c’est le civisme. » Bernard Béguin. — C’est une interprétation personnelle du
4244 étation personnelle du christianisme face à celui d’ une collectivité, qui, elle, a jugé le christianisme compatible avec l
4245 ace à celui d’une collectivité, qui, elle, a jugé le christianisme compatible avec le service militaire du citoyen. Moy
4246 ui, elle, a jugé le christianisme compatible avec le service militaire du citoyen. Moyen légal ou ferment d’anarchie ?
4247 e militaire du citoyen. Moyen légal ou ferment d’ anarchie ? Denis de Rougemont. — Voilà le dilemme. Colonel division
4248 rment d’anarchie ? Denis de Rougemont. — Voilà le dilemme. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Dans les conseils de nos p
4249 e dilemme. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Dans les conseils de nos plus petites communes, chaque séance débute en plaçan
4250 lonel divisionnaire Dénéréaz. — Dans les conseils de nos plus petites communes, chaque séance débute en plaçant cette réun
4251 es, chaque séance débute en plaçant cette réunion d’ une cinquantaine de citoyens « sous la protection divine ». Christian
4252 ébute en plaçant cette réunion d’une cinquantaine de citoyens « sous la protection divine ». Christian Schaller. — Mais qu
4253 tte réunion d’une cinquantaine de citoyens « sous la protection divine ». Christian Schaller. — Mais quel est le sens de c
4254 ion divine ». Christian Schaller. — Mais quel est le sens de cette protection divine que l’on utilise pour la religion du
4255 ne ». Christian Schaller. — Mais quel est le sens de cette protection divine que l’on utilise pour la religion du civisme 
4256 s quel est le sens de cette protection divine que l’ on utilise pour la religion du civisme ? Est-ce que c’est vraiment la
4257 de cette protection divine que l’on utilise pour la religion du civisme ? Est-ce que c’est vraiment la même chose d’être
4258 a religion du civisme ? Est-ce que c’est vraiment la même chose d’être chrétien, et d’être civique, et d’être citoyen ? Il
4259 civisme ? Est-ce que c’est vraiment la même chose d’ être chrétien, et d’être civique, et d’être citoyen ? Il y a les lois,
4260 c’est vraiment la même chose d’être chrétien, et d’ être civique, et d’être citoyen ? Il y a les lois, mais il y a aussi l
4261 même chose d’être chrétien, et d’être civique, et d’ être citoyen ? Il y a les lois, mais il y a aussi l’esprit des lois. J
4262 en, et d’être civique, et d’être citoyen ? Il y a les lois, mais il y a aussi l’esprit des lois. Je ne pense pas que le con
4263 être citoyen ? Il y a les lois, mais il y a aussi l’ esprit des lois. Je ne pense pas que le conformisme soit une qualité p
4264 y a aussi l’esprit des lois. Je ne pense pas que le conformisme soit une qualité première du bon citoyen, et je pense que
4265 qualité première du bon citoyen, et je pense que la critique des lois fait partie intégrante des qualités du civisme. Nou
4266 Nous avons vu à quoi pouvait aboutir une religion de l’État où le citoyen applique les lois et y obéit sans les mettre plu
4267 s avons vu à quoi pouvait aboutir une religion de l’ État où le citoyen applique les lois et y obéit sans les mettre plus j
4268 à quoi pouvait aboutir une religion de l’État où le citoyen applique les lois et y obéit sans les mettre plus jamais en q
4269 tir une religion de l’État où le citoyen applique les lois et y obéit sans les mettre plus jamais en question. Bernard Bégu
4270 t où le citoyen applique les lois et y obéit sans les mettre plus jamais en question. Bernard Béguin. — Tout dépend si le c
4271 ais en question. Bernard Béguin. — Tout dépend si le citoyen est autorisé à les faire, ces lois, ou si elles lui sont dict
4272 éguin. — Tout dépend si le citoyen est autorisé à les faire, ces lois, ou si elles lui sont dictées. Si elles ont été faite
4273 les lui sont dictées. Si elles ont été faites par la collectivité, et si elles sont amendables par elle en tout temps. Chr
4274 le en tout temps. Christian Schaller. — Eh bien ! L’ objection de conscience n’est que l’un des moyens d’amener à ce que le
4275 emps. Christian Schaller. — Eh bien ! L’objection de conscience n’est que l’un des moyens d’amener à ce que les lois puiss
4276 objection de conscience n’est que l’un des moyens d’ amener à ce que les lois puissent s’amender. C’est une façon de mettre
4277 ience n’est que l’un des moyens d’amener à ce que les lois puissent s’amender. C’est une façon de mettre en évidence certai
4278 que les lois puissent s’amender. C’est une façon de mettre en évidence certains problèmes qu’on a tendance à masquer d’ha
4279 nce certains problèmes qu’on a tendance à masquer d’ habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas la même chose d’être ch
4280 u’on a tendance à masquer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas la même chose d’être chrétien et d’être citoyen
4281 d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas la même chose d’être chrétien et d’être citoyen. L’objecteur prend une p
4282 ar exemple le fait que ce n’est pas la même chose d’ être chrétien et d’être citoyen. L’objecteur prend une position partic
4283 que ce n’est pas la même chose d’être chrétien et d’ être citoyen. L’objecteur prend une position particulière pour mettre
4284 la même chose d’être chrétien et d’être citoyen. L’ objecteur prend une position particulière pour mettre en évidence un é
4285 tion particulière pour mettre en évidence un état de fait. Ce n’est pas un anarchiste. Bernard Béguin. — Il peut être ferm
4286 narchiste. Bernard Béguin. — Il peut être ferment d’ anarchie. La désobéissance civique peut conduire à l’anarchie. Christi
4287 ernard Béguin. — Il peut être ferment d’anarchie. La désobéissance civique peut conduire à l’anarchie. Christian Schaller.
4288 narchie. La désobéissance civique peut conduire à l’ anarchie. Christian Schaller. — Vous êtes conscient de ce danger-là, m
4289 archie. Christian Schaller. — Vous êtes conscient de ce danger-là, mais êtes-vous conscient aussi du danger inverse, qui e
4290 s-vous conscient aussi du danger inverse, qui est le danger de l’obéissance inconditionnelle ? La compétence de la just
4291 scient aussi du danger inverse, qui est le danger de l’obéissance inconditionnelle ? La compétence de la justice milita
4292 ent aussi du danger inverse, qui est le danger de l’ obéissance inconditionnelle ? La compétence de la justice militaire
4293 t le danger de l’obéissance inconditionnelle ? La compétence de la justice militaire Bernard Béguin. — Vous ne conna
4294 l’obéissance inconditionnelle ? La compétence de la justice militaire Bernard Béguin. — Vous ne connaissez pas les
4295 obéissance inconditionnelle ? La compétence de la justice militaire Bernard Béguin. — Vous ne connaissez pas les tro
4296 taire Bernard Béguin. — Vous ne connaissez pas les troupes genevoises si vous parlez d’obéissance inconditionnelle… Deni
4297 naissez pas les troupes genevoises si vous parlez d’ obéissance inconditionnelle… Denis de Rougemont. — Au point de vue des
4298 t de vue des citoyens, c’est beaucoup plus grave. Le conformisme du citoyen qui se croit bon citoyen parce qu’il fait tout
4299 qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’ anarchie, mais conduit à la dictature. C’est la démission des citoyens
4300 me-là ne conduit pas à l’anarchie, mais conduit à la dictature. C’est la démission des citoyens qui fait la force des dict
4301 à l’anarchie, mais conduit à la dictature. C’est la démission des citoyens qui fait la force des dictateurs. Bernard Bégu
4302 ctature. C’est la démission des citoyens qui fait la force des dictateurs. Bernard Béguin. — C’est le désordre dans la dém
4303 la force des dictateurs. Bernard Béguin. — C’est le désordre dans la démocratie qui appelle les dictateurs. Et quand le c
4304 tateurs. Bernard Béguin. — C’est le désordre dans la démocratie qui appelle les dictateurs. Et quand le citoyen récuse les
4305  C’est le désordre dans la démocratie qui appelle les dictateurs. Et quand le citoyen récuse les lois d’une collectivité dé
4306 a démocratie qui appelle les dictateurs. Et quand le citoyen récuse les lois d’une collectivité démocratique il ne crée pa
4307 ppelle les dictateurs. Et quand le citoyen récuse les lois d’une collectivité démocratique il ne crée pas une superdémocrat
4308 s dictateurs. Et quand le citoyen récuse les lois d’ une collectivité démocratique il ne crée pas une superdémocratie, il f
4309 tique il ne crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’est cela qui nous fait peur dans un militantis
4310 l ne crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’est cela qui nous fait peur dans un militantisme qui
4311 e crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’est cela qui nous fait peur dans un militantisme qui att
4312 une constitution démocratique au lieu de chercher la réforme dans son cadre. Denis de Rougemont. — J’aimerais rappeler que
4313 re. Denis de Rougemont. — J’aimerais rappeler que le problème est celui de l’objecteur de conscience vis-à-vis de l’armée.
4314 . — J’aimerais rappeler que le problème est celui de l’objecteur de conscience vis-à-vis de l’armée. Bernard Béguin. — Il
4315  J’aimerais rappeler que le problème est celui de l’ objecteur de conscience vis-à-vis de l’armée. Bernard Béguin. — Il a é
4316 rappeler que le problème est celui de l’objecteur de conscience vis-à-vis de l’armée. Bernard Béguin. — Il a été dit clair
4317 t celui de l’objecteur de conscience vis-à-vis de l’ armée. Bernard Béguin. — Il a été dit clairement que le conflit était
4318 ée. Bernard Béguin. — Il a été dit clairement que le conflit était plutôt avec la Constitution qu’avec l’armée. Or en effe
4319 é dit clairement que le conflit était plutôt avec la Constitution qu’avec l’armée. Or en effet c’est l’armée qui accueille
4320 conflit était plutôt avec la Constitution qu’avec l’ armée. Or en effet c’est l’armée qui accueille les objecteurs au momen
4321 a Constitution qu’avec l’armée. Or en effet c’est l’ armée qui accueille les objecteurs au moment du recrutement, et c’est
4322 l’armée. Or en effet c’est l’armée qui accueille les objecteurs au moment du recrutement, et c’est l’armée qui les juge. L
4323 les objecteurs au moment du recrutement, et c’est l’ armée qui les juge. Le colonel divisionnaire Dénéréaz a commandé la se
4324 rs au moment du recrutement, et c’est l’armée qui les juge. Le colonel divisionnaire Dénéréaz a commandé la section du recr
4325 nt du recrutement, et c’est l’armée qui les juge. Le colonel divisionnaire Dénéréaz a commandé la section du recrutement.
4326 uge. Le colonel divisionnaire Dénéréaz a commandé la section du recrutement. Dans quel cadre agissent les colonels recrute
4327 section du recrutement. Dans quel cadre agissent les colonels recruteurs qui font face à l’objecteur pour la première fois
4328 agissent les colonels recruteurs qui font face à l’ objecteur pour la première fois, quand il n’a même pas 20 ans, qu’il n
4329 nt chaque année. Sur ce nombre, environ 300, pour l’ ensemble de la Suisse, parlent d’objection de conscience. De ces 300,
4330 nnée. Sur ce nombre, environ 300, pour l’ensemble de la Suisse, parlent d’objection de conscience. De ces 300, 200 ont une
4331 e. Sur ce nombre, environ 300, pour l’ensemble de la Suisse, parlent d’objection de conscience. De ces 300, 200 ont une at
4332 nviron 300, pour l’ensemble de la Suisse, parlent d’ objection de conscience. De ces 300, 200 ont une attitude positive à l
4333 pour l’ensemble de la Suisse, parlent d’objection de conscience. De ces 300, 200 ont une attitude positive à l’égard de l’
4334 de la Suisse, parlent d’objection de conscience. De ces 300, 200 ont une attitude positive à l’égard de l’armée et accept
4335 s 300, 200 ont une attitude positive à l’égard de l’ armée et acceptent d’être incorporés dans le service de santé. Sur la
4336 titude positive à l’égard de l’armée et acceptent d’ être incorporés dans le service de santé. Sur la centaine d’irréductib
4337 rd de l’armée et acceptent d’être incorporés dans le service de santé. Sur la centaine d’irréductibles, une majorité sont
4338 ée et acceptent d’être incorporés dans le service de santé. Sur la centaine d’irréductibles, une majorité sont des Témoins
4339 t d’être incorporés dans le service de santé. Sur la centaine d’irréductibles, une majorité sont des Témoins de Jéhovah. V
4340 orporés dans le service de santé. Sur la centaine d’ irréductibles, une majorité sont des Témoins de Jéhovah. Vous connaiss
4341 ne d’irréductibles, une majorité sont des Témoins de Jéhovah. Vous connaissez leur doctrine — je simplifie : il y a le roy
4342 connaissez leur doctrine — je simplifie : il y a le royaume de Dieu, et le royaume de Satan. On est soldat de Dieu dans l
4343 leur doctrine — je simplifie : il y a le royaume de Dieu, et le royaume de Satan. On est soldat de Dieu dans le ciel, ou
4344 ne — je simplifie : il y a le royaume de Dieu, et le royaume de Satan. On est soldat de Dieu dans le ciel, ou soldat de Sa
4345 plifie : il y a le royaume de Dieu, et le royaume de Satan. On est soldat de Dieu dans le ciel, ou soldat de Satan sur la
4346 me de Dieu, et le royaume de Satan. On est soldat de Dieu dans le ciel, ou soldat de Satan sur la terre. Les directives ?
4347 t le royaume de Satan. On est soldat de Dieu dans le ciel, ou soldat de Satan sur la terre. Les directives ? Nous accepton
4348 an. On est soldat de Dieu dans le ciel, ou soldat de Satan sur la terre. Les directives ? Nous acceptons d’incorporer dans
4349 ldat de Dieu dans le ciel, ou soldat de Satan sur la terre. Les directives ? Nous acceptons d’incorporer dans le service d
4350 eu dans le ciel, ou soldat de Satan sur la terre. Les directives ? Nous acceptons d’incorporer dans le service de santé tou
4351 tan sur la terre. Les directives ? Nous acceptons d’ incorporer dans le service de santé tous ceux qui le désirent. Nous av
4352 Les directives ? Nous acceptons d’incorporer dans le service de santé tous ceux qui le désirent. Nous avons besoin d’eux,
4353 ves ? Nous acceptons d’incorporer dans le service de santé tous ceux qui le désirent. Nous avons besoin d’eux, et cela mon
4354 incorporer dans le service de santé tous ceux qui le désirent. Nous avons besoin d’eux, et cela montre que si nous n’avons
4355 anté tous ceux qui le désirent. Nous avons besoin d’ eux, et cela montre que si nous n’avons pas en droit un statut pour le
4356 e que si nous n’avons pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’avons en fait. L’objecteur peut accomplir ses devoi
4357 s pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’ avons en fait. L’objecteur peut accomplir ses devoirs civiques sans s’
4358 statut pour les objecteurs nous l’avons en fait. L’ objecteur peut accomplir ses devoirs civiques sans s’opposer à sa prop
4359 iques sans s’opposer à sa propre conscience. Pour les autres, l’officier de recrutement cherche encore une fois à les conva
4360 ’opposer à sa propre conscience. Pour les autres, l’ officier de recrutement cherche encore une fois à les convaincre puis
4361 sa propre conscience. Pour les autres, l’officier de recrutement cherche encore une fois à les convaincre puis il les inco
4362 officier de recrutement cherche encore une fois à les convaincre puis il les incorpore ; s’ils persistent dans leur refus d
4363 cherche encore une fois à les convaincre puis il les incorpore ; s’ils persistent dans leur refus de servir, ils arrivent
4364 les incorpore ; s’ils persistent dans leur refus de servir, ils arrivent devant les tribunaux militaires. Bernard Béguin.
4365 nt dans leur refus de servir, ils arrivent devant les tribunaux militaires. Bernard Béguin. — Colonel Vaucher, comment la j
4366 aires. Bernard Béguin. — Colonel Vaucher, comment la justice militaire prend-elle ce problème : défi constitutionnel et dé
4367 elle ce problème : défi constitutionnel et défi à l’ armée, lorsqu’il s’agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens,
4368 nstitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’il s’agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore soldats, et qu
4369 dats, et qu’on lui envoie pour leur premier refus de servir ? Colonel Vaucher. — La justice militaire est compétente parce
4370 leur premier refus de servir ? Colonel Vaucher. —  La justice militaire est compétente parce que la loi le dit. Nous, offic
4371 . — La justice militaire est compétente parce que la loi le dit. Nous, officiers de justice militaire, nous ne verrions au
4372 justice militaire est compétente parce que la loi le dit. Nous, officiers de justice militaire, nous ne verrions aucun inc
4373 mpétente parce que la loi le dit. Nous, officiers de justice militaire, nous ne verrions aucun inconvénient à ce que les o
4374 ire, nous ne verrions aucun inconvénient à ce que les objecteurs de conscience soient jugés par des tribunaux civils. À leu
4375 rrions aucun inconvénient à ce que les objecteurs de conscience soient jugés par des tribunaux civils. À leur place, je pr
4376 sionnaire Dénéréaz. — Jugez-vous des mineurs dans les tribunaux militaires ? Colonel Vaucher. — Si, nous pouvons les juger.
4377 militaires ? Colonel Vaucher. — Si, nous pouvons les juger. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Mais le garçon de 18 ans peu
4378 les juger. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Mais le garçon de 18 ans peut obtenir un sursis… Michel Barde. — Il y en a qu
4379 Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Mais le garçon de 18 ans peut obtenir un sursis… Michel Barde. — Il y en a qui se prése
4380 de. — Il y en a qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de leur jeune âge, dans l’examen des circo
4381 nt à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de leur jeune âge, dans l’examen des circonstances atténuantes. Colonel
4382 ribunaux. Ils bénéficient de leur jeune âge, dans l’ examen des circonstances atténuantes. Colonel divisionnaire Dénéréaz.
4383 déterminons notre compétence. Nous ne pouvons pas la récuser. Bernard Béguin. — Pouvez-vous maintenant définir la punition
4384 Bernard Béguin. — Pouvez-vous maintenant définir la punition ? Colonel Vaucher. — La punition de l’objecteur de conscienc
4385 intenant définir la punition ? Colonel Vaucher. —  La punition de l’objecteur de conscience pour motifs religieux, ou pour
4386 inir la punition ? Colonel Vaucher. — La punition de l’objecteur de conscience pour motifs religieux, ou pour motifs morau
4387 r la punition ? Colonel Vaucher. — La punition de l’ objecteur de conscience pour motifs religieux, ou pour motifs moraux,
4388 n ? Colonel Vaucher. — La punition de l’objecteur de conscience pour motifs religieux, ou pour motifs moraux, philosophiqu
4389 fs moraux, philosophiques, peut être atténuée par le tribunal. Au lieu de l’emprisonnement tout court, on prononce l’empri
4390 s, peut être atténuée par le tribunal. Au lieu de l’ emprisonnement tout court, on prononce l’emprisonnement à subir sous l
4391 lieu de l’emprisonnement tout court, on prononce l’ emprisonnement à subir sous le régime des arrêts répressifs ; ou bien,
4392 court, on prononce l’emprisonnement à subir sous le régime des arrêts répressifs ; ou bien, on peut aussi prononcer direc
4393 fs ; ou bien, on peut aussi prononcer directement les arrêts répressifs. La différence n’est pas seulement théorique : les
4394 ussi prononcer directement les arrêts répressifs. La différence n’est pas seulement théorique : les arrêts répressifs sont
4395 fs. La différence n’est pas seulement théorique : les arrêts répressifs sont limités à trois mois au maximum, tandis que l’
4396 sont limités à trois mois au maximum, tandis que l’ emprisonnement peut être plus long. Bernard Béguin. — Mais est-ce que
4397 être plus long. Bernard Béguin. — Mais est-ce que les arrêts répressifs se purgent avec des prisonniers de droit commun ? C
4398 arrêts répressifs se purgent avec des prisonniers de droit commun ? Colonel Vaucher. — Absolument pas. Les arrêts répressi
4399 droit commun ? Colonel Vaucher. — Absolument pas. Les arrêts répressifs des objecteurs de conscience sont subis dans des pr
4400 olument pas. Les arrêts répressifs des objecteurs de conscience sont subis dans des prisons, certainement, mais les object
4401 e sont subis dans des prisons, certainement, mais les objecteurs de conscience sont autorisés à travailler pendant la journ
4402 ns des prisons, certainement, mais les objecteurs de conscience sont autorisés à travailler pendant la journée dans des ét
4403 de conscience sont autorisés à travailler pendant la journée dans des établissements hospitaliers. Bernard Béguin. — Mais
4404 ve, ce sera Saint-Antoine, et ils travailleront à l’ hôpital cantonal. Bernard Béguin. — Cela veut dire, en fait, qu’un gar
4405 d Béguin. — Cela veut dire, en fait, qu’un garçon de 20 ans condamné pour objection de conscience — vous avez dit que c’es
4406 t, qu’un garçon de 20 ans condamné pour objection de conscience — vous avez dit que c’est un honnête homme — va loger troi
4407 er trois mois à Saint-Antoine, qui est une prison de droit commun. Colonel Vaucher. — Nous ne sommes pas chargés de l’exéc
4408 un. Colonel Vaucher. — Nous ne sommes pas chargés de l’exécution. Ce sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’avons
4409 Colonel Vaucher. — Nous ne sommes pas chargés de l’ exécution. Ce sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’avons, j
4410 ous ne sommes pas chargés de l’exécution. Ce sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’avons, je dois dire, jamais eu
4411 chargés. Et nous n’avons, je dois dire, jamais eu de plainte de la part des condamnés sur les conditions de détention. Mic
4412 jamais eu de plainte de la part des condamnés sur les conditions de détention. Michel Barde. — Il est évident que l’on ne p
4413 ainte de la part des condamnés sur les conditions de détention. Michel Barde. — Il est évident que l’on ne peut éviter tou
4414 de détention. Michel Barde. — Il est évident que l’ on ne peut éviter toute promiscuité, mais les objecteurs de conscience
4415 t que l’on ne peut éviter toute promiscuité, mais les objecteurs de conscience disposent de cellules tout à fait séparées.
4416 eut éviter toute promiscuité, mais les objecteurs de conscience disposent de cellules tout à fait séparées. Bernard Béguin
4417 uité, mais les objecteurs de conscience disposent de cellules tout à fait séparées. Bernard Béguin. — Nous éprouvons tout
4418 de même un malaise à juger des honnêtes gens et à les mettre dans une prison de droit commun. Colonel Vaucher. — Les tribun
4419 des honnêtes gens et à les mettre dans une prison de droit commun. Colonel Vaucher. — Les tribunaux militaires jugent en m
4420 ns une prison de droit commun. Colonel Vaucher. —  Les tribunaux militaires jugent en majorité des honnêtes gens, c’est vrai
4421 rai ; et je ne pense pas seulement aux objecteurs de conscience. Je pense à tous les soldats qui ont commis des actes d’in
4422 ent aux objecteurs de conscience. Je pense à tous les soldats qui ont commis des actes d’indiscipline, qui n’ont pas fait l
4423 pense à tous les soldats qui ont commis des actes d’ indiscipline, qui n’ont pas fait leur service par négligence, ou parce
4424 as fait leur service par négligence, ou parce que les conditions de famille à ce moment-là leur causaient un grave préjudic
4425 rvice par négligence, ou parce que les conditions de famille à ce moment-là leur causaient un grave préjudice financier. J
4426 à leur causaient un grave préjudice financier. Je les considère tous comme des honnêtes gens. Ils viennent devant nous pour
4427 es gens. Ils viennent devant nous pour des fautes de discipline. Condamnés comme des hérétiques ? Christian Schaller
4428 comme des hérétiques ? Christian Schaller. — À la limite, on pourrait étendre votre définition et dire que tous les gen
4429 ourrait étendre votre définition et dire que tous les gens qui vont devant les tribunaux, ou à peu près, viennent pour des
4430 inition et dire que tous les gens qui vont devant les tribunaux, ou à peu près, viennent pour des fautes de discipline. J’a
4431 ribunaux, ou à peu près, viennent pour des fautes de discipline. J’ai peine à entrer dans une classification de tribunaux
4432 line. J’ai peine à entrer dans une classification de tribunaux pour honnêtes gens et de tribunaux pour malhonnêtes gens. B
4433 classification de tribunaux pour honnêtes gens et de tribunaux pour malhonnêtes gens. Bernard Béguin. — Mais si. Il y a un
4434 un délit pénal. Il y a un Code pénal qui définit l’ honnêteté. Vous pouvez le considérer comme arbitraire, mais il existe.
4435 n Code pénal qui définit l’honnêteté. Vous pouvez le considérer comme arbitraire, mais il existe. Et d’autre part nous avo
4436 onséquent il y a une très grande différence entre l’ infraction à la discipline et l’infraction contre le Code pénal. Colon
4437 a une très grande différence entre l’infraction à la discipline et l’infraction contre le Code pénal. Colonel divisionnair
4438 différence entre l’infraction à la discipline et l’ infraction contre le Code pénal. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — J’a
4439 infraction à la discipline et l’infraction contre le Code pénal. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — J’aimerais que le colon
4440 Colonel divisionnaire Dénéréaz. — J’aimerais que le colonel Vaucher parle du sursis.   Colonel Vaucher. — Depuis 1950, l
4441 rle du sursis.   Colonel Vaucher. — Depuis 1950, le Code militaire n’autorise plus de prononcer comme peine accessoire la
4442 — Depuis 1950, le Code militaire n’autorise plus de prononcer comme peine accessoire la privation des droits civiques, à
4443 autorise plus de prononcer comme peine accessoire la privation des droits civiques, à l’encontre des objecteurs de conscie
4444 des droits civiques, à l’encontre des objecteurs de conscience. Quant au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf s’ils
4445 bénéficier, sauf s’ils déclarent être disposés à l’ avenir à faire leur service. L’article 32 du Code pénal militaire, qui
4446 nt être disposés à l’avenir à faire leur service. L’ article 32 du Code pénal militaire, qui est absolument pareil au Code
4447 il au Code pénal suisse sur ce point, précise que le sursis ne peut être accordé que lorsque le tribunal a la conviction q
4448 se que le sursis ne peut être accordé que lorsque le tribunal a la conviction que cette mesure détournera l’accusé de comm
4449 is ne peut être accordé que lorsque le tribunal a la conviction que cette mesure détournera l’accusé de commettre de nouve
4450 bunal a la conviction que cette mesure détournera l’ accusé de commettre de nouvelles infractions. Quelques tribunaux milit
4451 a conviction que cette mesure détournera l’accusé de commettre de nouvelles infractions. Quelques tribunaux militaires ont
4452 que cette mesure détournera l’accusé de commettre de nouvelles infractions. Quelques tribunaux militaires ont essayé de di
4453 actions. Quelques tribunaux militaires ont essayé de dire qu’ils n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune h
4454 ilitaires ont essayé de dire qu’ils n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’il se
4455 de dire qu’ils n’avaient pas la conviction, mais l’ espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’il se présenterait au ser
4456 ls n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’il se présenterait au service militair
4457 rvice militaire. Ces jugements ont été cassés par le tribunal militaire de cassation : conformément à la jurisprudence de
4458 ugements ont été cassés par le tribunal militaire de cassation : conformément à la jurisprudence de tous les tribunaux pén
4459 tribunal militaire de cassation : conformément à la jurisprudence de tous les tribunaux pénaux suisses, le sursis ne peut
4460 re de cassation : conformément à la jurisprudence de tous les tribunaux pénaux suisses, le sursis ne peut être accordé que
4461 ssation : conformément à la jurisprudence de tous les tribunaux pénaux suisses, le sursis ne peut être accordé que si le ju
4462 risprudence de tous les tribunaux pénaux suisses, le sursis ne peut être accordé que si le juge a plus qu’un espoir, mais
4463 ux suisses, le sursis ne peut être accordé que si le juge a plus qu’un espoir, mais une conviction suffisante. Alors, l’ob
4464 un espoir, mais une conviction suffisante. Alors, l’ objecteur est forcément condamné, puisque les conditions objectives d’
4465 lors, l’objecteur est forcément condamné, puisque les conditions objectives d’une infraction (art. 81 du Code pénal militai
4466 ément condamné, puisque les conditions objectives d’ une infraction (art. 81 du Code pénal militaire : refus de servir) son
4467 fraction (art. 81 du Code pénal militaire : refus de servir) sont réalisées. Mais avec les atténuations dont nous avons pa
4468 aire : refus de servir) sont réalisées. Mais avec les atténuations dont nous avons parlé. Bernard Béguin. — Ces atténuation
4469 . — Ces atténuations, est-ce qu’elles sont venues d’ un malaise, d’un sentiment public que la répression était excessive ?
4470 ations, est-ce qu’elles sont venues d’un malaise, d’ un sentiment public que la répression était excessive ? Est-ce que c’e
4471 nt venues d’un malaise, d’un sentiment public que la répression était excessive ? Est-ce que c’est une évolution de la pen
4472 était excessive ? Est-ce que c’est une évolution de la pensée du législateur interprétée par les tribunaux ? Colonel Vauc
4473 ait excessive ? Est-ce que c’est une évolution de la pensée du législateur interprétée par les tribunaux ? Colonel Vaucher
4474 ution de la pensée du législateur interprétée par les tribunaux ? Colonel Vaucher. — C’est le législateur qui a modifié la
4475 étée par les tribunaux ? Colonel Vaucher. — C’est le législateur qui a modifié la loi, à la suite de débats concernant l’o
4476 nel Vaucher. — C’est le législateur qui a modifié la loi, à la suite de débats concernant l’objection de conscience, devan
4477 a modifié la loi, à la suite de débats concernant l’ objection de conscience, devant les Chambres. Denis de Rougemont. — La
4478 loi, à la suite de débats concernant l’objection de conscience, devant les Chambres. Denis de Rougemont. — La condamnatio
4479 bats concernant l’objection de conscience, devant les Chambres. Denis de Rougemont. — La condamnation est forcément prononc
4480 ience, devant les Chambres. Denis de Rougemont. —  La condamnation est forcément prononcée lorsque les conditions objective
4481 — La condamnation est forcément prononcée lorsque les conditions objectives sont réunies, disiez-vous ? Colonel Vaucher. — 
4482 es sont réunies, disiez-vous ? Colonel Vaucher. —  L’ intention subjective de faire défaut au service doit être aussi réalis
4483 -vous ? Colonel Vaucher. — L’intention subjective de faire défaut au service doit être aussi réalisée. Denis de Rougemont.
4484 de Rougemont. — Je ne suis pas du tout objecteur de conscience moi-même. J’ai fait pas mal de service dans ma vie. Mais j
4485 jecteur de conscience moi-même. J’ai fait pas mal de service dans ma vie. Mais je suis intervenu à propos d’un de mes étud
4486 dans ma vie. Mais je suis intervenu à propos d’un de mes étudiants pour qui j’avais de l’estime, parce qu’il avait déjà ét
4487 u à propos d’un de mes étudiants pour qui j’avais de l’estime, parce qu’il avait déjà été condamné une fois, et que les ch
4488 propos d’un de mes étudiants pour qui j’avais de l’ estime, parce qu’il avait déjà été condamné une fois, et que les chose
4489 ce qu’il avait déjà été condamné une fois, et que les choses semblaient se présenter de telle manière qu’il serait certaine
4490 e fois, et que les choses semblaient se présenter de telle manière qu’il serait certainement condamné une seconde fois à l
4491 l serait certainement condamné une seconde fois à la même peine ou à une peine plus forte, puisqu’il ne changerait certain
4492 uisqu’il ne changerait certainement pas son fusil d’ épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai eu l’impression que les
4493 ement pas son fusil d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai eu l’impression que les objecteurs étaient toujours p
4494 nt pas son fusil d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai eu l’impression que les objecteurs étaient toujours puni
4495 épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai eu l’ impression que les objecteurs étaient toujours punis, et que le procès
4496 oir refusé de le porter. J’ai eu l’impression que les objecteurs étaient toujours punis, et que le procès n’avait pas d’aut
4497 que les objecteurs étaient toujours punis, et que le procès n’avait pas d’autre objet que de déterminer si les conditions
4498 ient toujours punis, et que le procès n’avait pas d’ autre objet que de déterminer si les conditions objectives de l’object
4499 s, et que le procès n’avait pas d’autre objet que de déterminer si les conditions objectives de l’objection de conscience
4500 ès n’avait pas d’autre objet que de déterminer si les conditions objectives de l’objection de conscience étaient réunies. C
4501 et que de déterminer si les conditions objectives de l’objection de conscience étaient réunies. C’est ainsi que cela se pa
4502 que de déterminer si les conditions objectives de l’ objection de conscience étaient réunies. C’est ainsi que cela se passa
4503 miner si les conditions objectives de l’objection de conscience étaient réunies. C’est ainsi que cela se passait au Moyen
4504 C’est ainsi que cela se passait au Moyen Âge dans les tribunaux de l’Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonsta
4505 e cela se passait au Moyen Âge dans les tribunaux de l’Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les mot
4506 ela se passait au Moyen Âge dans les tribunaux de l’ Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les motifs
4507 aux de l’Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les motifs. On cherchait uniquement la constatation ob
4508 n. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les motifs. On cherchait uniquement la constatation objective que le pers
4509 irconstances, les motifs. On cherchait uniquement la constatation objective que le personnage était un hérétique. Après ça
4510 herchait uniquement la constatation objective que le personnage était un hérétique. Après ça, il n’y avait plus rien à dis
4511 . Après ça, il n’y avait plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un peu scandalisé à l’idée que, dans le ca
4512 le brûlait. Et alors j’ai été un peu scandalisé à l’ idée que, dans le cas de l’objecteur de conscience, on le condamne com
4513 ors j’ai été un peu scandalisé à l’idée que, dans le cas de l’objecteur de conscience, on le condamne comme un hérétique,
4514 i été un peu scandalisé à l’idée que, dans le cas de l’objecteur de conscience, on le condamne comme un hérétique, uniquem
4515 té un peu scandalisé à l’idée que, dans le cas de l’ objecteur de conscience, on le condamne comme un hérétique, uniquement
4516 andalisé à l’idée que, dans le cas de l’objecteur de conscience, on le condamne comme un hérétique, uniquement parce qu’on
4517 que, dans le cas de l’objecteur de conscience, on le condamne comme un hérétique, uniquement parce qu’on a enregistré le f
4518 un hérétique, uniquement parce qu’on a enregistré le fait qu’il était objecteur. On tient compte des circonstances atté
4519 ntes Colonel Vaucher. — Ce n’est pas exact. Si l’ objecteur bénéficie de circonstances atténuantes ou exculpantes, il se
4520 r. — Ce n’est pas exact. Si l’objecteur bénéficie de circonstances atténuantes ou exculpantes, il sera — tout comme un meu
4521 lonel Vaucher. — Mais oui, bien sûr, mais en fait le cas ne se présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’il est t
4522 it le cas ne se présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’il est totalement irresponsable. Un objecteur totalemen
4523 i. C’est évident. Mais je n’en ai jamais vu. Tous les objecteurs que j’ai connus étaient des gens sensés. Donc pas de malad
4524 que j’ai connus étaient des gens sensés. Donc pas de maladie mentale, pas de circonstance atténuante ou exculpante dans ce
4525 des gens sensés. Donc pas de maladie mentale, pas de circonstance atténuante ou exculpante dans ce sens-là. Ils ne plaidai
4526 d Béguin. — Ils plaident coupables, ils cherchent la condamnation. Denis de Rougemont. — Comme les hérétiques. Les civi
4527 hent la condamnation. Denis de Rougemont. — Comme les hérétiques. Les civils plus intolérants que l’armée Colonel Vau
4528 n. Denis de Rougemont. — Comme les hérétiques. Les civils plus intolérants que l’armée Colonel Vaucher. — Nous écouto
4529 es hérétiques. Les civils plus intolérants que l’ armée Colonel Vaucher. — Nous écoutons très longuement leurs motifs
4530  Nous écoutons très longuement leurs motifs, nous les demandons, car si ces motifs ne sont ni religieux, ni moraux, ni phil
4531 ilosophiques, alors nous ne pouvons leur accorder le bénéfice d’un traitement plus favorable, et c’est l’emprisonnement to
4532 , alors nous ne pouvons leur accorder le bénéfice d’ un traitement plus favorable, et c’est l’emprisonnement tout court. Be
4533 bénéfice d’un traitement plus favorable, et c’est l’ emprisonnement tout court. Bernard Béguin. — M. Schaller va me répondr
4534 va me répondre parce que j’ai dit qu’il cherchait la condamnation. Christian Schaller. — Je voudrais répondre également au
4535 rais répondre également au grand juge Vaucher que le tribunal apprécie les motifs de conscience avec plus ou moins de soin
4536 nt au grand juge Vaucher que le tribunal apprécie les motifs de conscience avec plus ou moins de soin. Il y a des cas où de
4537 juge Vaucher que le tribunal apprécie les motifs de conscience avec plus ou moins de soin. Il y a des cas où des tribunau
4538 récie les motifs de conscience avec plus ou moins de soin. Il y a des cas où des tribunaux valaisans ou fribourgeois ont r
4539 tribunaux valaisans ou fribourgeois ont refusé à l’ accusé le droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut p
4540 x valaisans ou fribourgeois ont refusé à l’accusé le droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d
4541 ns ou fribourgeois ont refusé à l’accusé le droit d’ avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre pa
4542 sé à l’accusé le droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part que l’objecteur cherche
4543 conscience. On ne peut pas dire d’autre part que l’ objecteur cherche sa condamnation. Il accepte la loi. (Il pourrait s’y
4544 e l’objecteur cherche sa condamnation. Il accepte la loi. (Il pourrait s’y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans s
4545 n se faisant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi l’objecteur cherche à montrer les failles de la loi, et à modifie
4546 isant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi l’ objecteur cherche à montrer les failles de la loi, et à modifier l’esp
4547 soustraire à la loi l’objecteur cherche à montrer les failles de la loi, et à modifier l’esprit du législateur. Ce qui malg
4548 la loi l’objecteur cherche à montrer les failles de la loi, et à modifier l’esprit du législateur. Ce qui malgré tout peu
4549 loi l’objecteur cherche à montrer les failles de la loi, et à modifier l’esprit du législateur. Ce qui malgré tout peut s
4550 he à montrer les failles de la loi, et à modifier l’ esprit du législateur. Ce qui malgré tout peut se faire, puisque les l
4551 lateur. Ce qui malgré tout peut se faire, puisque les lois changent. Colonel Vaucher. — Je voudrais répondre encore à M. de
4552 Je voudrais répondre encore à M. de Rougemont que l’ appréciation des mobiles joue un rôle dans la quotité de la peine. Nou
4553 que l’appréciation des mobiles joue un rôle dans la quotité de la peine. Nous donnons beaucoup d’importance à ce que la v
4554 éciation des mobiles joue un rôle dans la quotité de la peine. Nous donnons beaucoup d’importance à ce que la vie des obje
4555 ation des mobiles joue un rôle dans la quotité de la peine. Nous donnons beaucoup d’importance à ce que la vie des objecte
4556 ans la quotité de la peine. Nous donnons beaucoup d’ importance à ce que la vie des objecteurs soit en rapport avec leurs p
4557 eine. Nous donnons beaucoup d’importance à ce que la vie des objecteurs soit en rapport avec leurs principes. Enfin nous n
4558 s pas perpétuellement. Autrefois, il arrivait que l’ on prononce trois condamnations. C’était trop. Maintenant à la deuxièm
4559 deuxième condamnation au plus tard, nous excluons de l’armée et c’est fini. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Vous parlez
4560 xième condamnation au plus tard, nous excluons de l’ armée et c’est fini. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Vous parlez de
4561 ni. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Vous parlez de tribunaux militaires et de tribunaux civils. Je crois que dans notre
4562 énéréaz. — Vous parlez de tribunaux militaires et de tribunaux civils. Je crois que dans notre pays, l’armée et le peuple
4563 e tribunaux civils. Je crois que dans notre pays, l’ armée et le peuple sont si intimement mêlés que vous retrouvez les mêm
4564 civils. Je crois que dans notre pays, l’armée et le peuple sont si intimement mêlés que vous retrouvez les mêmes personna
4565 euple sont si intimement mêlés que vous retrouvez les mêmes personnages dans les deux juridictions. Ce ne sont pas des offi
4566 lés que vous retrouvez les mêmes personnages dans les deux juridictions. Ce ne sont pas des officiers de carrière qui, en r
4567 s deux juridictions. Ce ne sont pas des officiers de carrière qui, en règle générale, sont juges militaires, ce sont des m
4568 e Rougemont. — Je n’ai absolument rien dit contre l’ armée en tant que telle. Je parle contre un certain état d’esprit que
4569 d’esprit que je trouve beaucoup plus répandu chez les civils que chez les officiers. Les civils sont souvent absolument int
4570 ve beaucoup plus répandu chez les civils que chez les officiers. Les civils sont souvent absolument intolérants. Ils n’ont
4571 s répandu chez les civils que chez les officiers. Les civils sont souvent absolument intolérants. Ils n’ont absolument pas
4572 absolument intolérants. Ils n’ont absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemment contre : « Ce sont d
4573 tre : « Ce sont des lavettes, ce sont des lâches, de mauvais citoyens. » Colonel Vaucher. — Vous trouverez exactement le c
4574 s. » Colonel Vaucher. — Vous trouverez exactement le contraire dans nos jugements. Denis de Rougemont. — Effectivement, da
4575 ements. Denis de Rougemont. — Effectivement, dans l’ armée je n’ai pas entendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup à l
4576 ntendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup à le dire : nous ne représentons pas l’armée au tribunal militaire. Nous r
4577 ens beaucoup à le dire : nous ne représentons pas l’ armée au tribunal militaire. Nous représentons le peuple, et si le peu
4578 l’armée au tribunal militaire. Nous représentons le peuple, et si le peuple suisse veut déférer le jugement de certaines
4579 nal militaire. Nous représentons le peuple, et si le peuple suisse veut déférer le jugement de certaines causes à d’autres
4580 ns le peuple, et si le peuple suisse veut déférer le jugement de certaines causes à d’autres instances, eh bien ! qu’il le
4581 , et si le peuple suisse veut déférer le jugement de certaines causes à d’autres instances, eh bien ! qu’il le fasse. Bern
4582 ines causes à d’autres instances, eh bien ! qu’il le fasse. Bernard Béguin. — Colonel divisionnaire Dénéréaz, vous command
4583 tenant une division mécanisée. Vous êtes officier de carrière. Est-ce qu’il ne serait pas plus simple, pour vous, d’admett
4584 st-ce qu’il ne serait pas plus simple, pour vous, d’ admettre un service civil ? Est-ce que ça a un sens de contraindre au
4585 mettre un service civil ? Est-ce que ça a un sens de contraindre au service militaire des hommes qui ont l’objection chevi
4586 ntraindre au service militaire des hommes qui ont l’ objection chevillée à l’âme ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Le Tri
4587 itaire des hommes qui ont l’objection chevillée à l’ âme ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Le Tribunal militaire ne juge
4588 illée à l’âme ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. —  Le Tribunal militaire ne juge pas l’objecteur de conscience. Il juge le
4589 ire Dénéréaz. — Le Tribunal militaire ne juge pas l’ objecteur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pas servir — p
4590 . — Le Tribunal militaire ne juge pas l’objecteur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’il e
4591 re ne juge pas l’objecteur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’il est objecteur. Ce n’est
4592 servir — parce qu’il est objecteur. Ce n’est pas la même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne manquons pas de leur dire chaq
4593 me chose. Colonel Vaucher. — Nous ne manquons pas de leur dire chaque fois : « Vous avez le droit de critiquer l’armée. To
4594 nquons pas de leur dire chaque fois : « Vous avez le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de faire
4595 s de leur dire chaque fois : « Vous avez le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de faire votre se
4596 e chaque fois : « Vous avez le droit de critiquer l’ armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de faire votre service. Nous n
4597 itiquer l’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de faire votre service. Nous ne vous demandons pas de l’aimer, ni d’en ê
4598 e faire votre service. Nous ne vous demandons pas de l’aimer, ni d’en être partisan. » Denis de Rougemont. — L’objecteur d
4599 aire votre service. Nous ne vous demandons pas de l’ aimer, ni d’en être partisan. » Denis de Rougemont. — L’objecteur de c
4600 ervice. Nous ne vous demandons pas de l’aimer, ni d’ en être partisan. » Denis de Rougemont. — L’objecteur de conscience n’
4601 r, ni d’en être partisan. » Denis de Rougemont. —  L’ objecteur de conscience n’est pas quelqu’un qui trouve que l’armée est
4602 tre partisan. » Denis de Rougemont. — L’objecteur de conscience n’est pas quelqu’un qui trouve que l’armée est mal faite.
4603 de conscience n’est pas quelqu’un qui trouve que l’ armée est mal faite. Il veut manifester contre la guerre. C’est un pro
4604 l’armée est mal faite. Il veut manifester contre la guerre. C’est un problème formidable qui est posé aujourd’hui, surtou
4605 formidable qui est posé aujourd’hui, surtout dans la période atomique qui change tout à mon sens. Bernard Béguin. — Quand
4606 mon sens. Bernard Béguin. — Quand vous dites que l’ objection n’est pas de l’antimilitarisme, il faut bien voir que si l’o
4607 uin. — Quand vous dites que l’objection n’est pas de l’antimilitarisme, il faut bien voir que si l’on hésite à créer un st
4608 . — Quand vous dites que l’objection n’est pas de l’ antimilitarisme, il faut bien voir que si l’on hésite à créer un statu
4609 as de l’antimilitarisme, il faut bien voir que si l’ on hésite à créer un statut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment
4610 ut bien voir que si l’on hésite à créer un statut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’il vise l’appareil qui déf
4611 bien voir que si l’on hésite à créer un statut de l’ objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’il vise l’appareil qui défend
4612 e à créer un statut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’il vise l’appareil qui défendra les institutions. Ce que
4613 ’objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’il vise l’ appareil qui défendra les institutions. Ce que l’objecteur nous expliq
4614 a le sentiment qu’il vise l’appareil qui défendra les institutions. Ce que l’objecteur nous explique mal quand il veut lutt
4615 l’appareil qui défendra les institutions. Ce que l’ objecteur nous explique mal quand il veut lutter contre la guerre, en
4616 eur nous explique mal quand il veut lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’il s’attaque en même temps à un appareil
4617 ttaque en même temps à un appareil militaire dont les obligations constitutionnelles et les structures excluent toute initi
4618 itaire dont les obligations constitutionnelles et les structures excluent toute initiative à l’extérieur, et qui ne peut ag
4619 les et les structures excluent toute initiative à l’ extérieur, et qui ne peut agir qu’en autodéfense. Service civil et
4620 faut pas confondre soldat et militarisme. Mais si l’ on discute l’efficacité de la non-violence, il faut aussi discuter l’e
4621 ondre soldat et militarisme. Mais si l’on discute l’ efficacité de la non-violence, il faut aussi discuter l’efficacité, da
4622 et militarisme. Mais si l’on discute l’efficacité de la non-violence, il faut aussi discuter l’efficacité, dans notre mond
4623 militarisme. Mais si l’on discute l’efficacité de la non-violence, il faut aussi discuter l’efficacité, dans notre monde a
4624 cacité de la non-violence, il faut aussi discuter l’ efficacité, dans notre monde actuel, de notre système de défense. On n
4625 i discuter l’efficacité, dans notre monde actuel, de notre système de défense. On ne peut plus raisonner au temps de la bo
4626 cacité, dans notre monde actuel, de notre système de défense. On ne peut plus raisonner au temps de la bombe atomique comm
4627 de défense. On ne peut plus raisonner au temps de la bombe atomique comme au temps de Morgarten. On peut dire — je l’ai en
4628 ue comme au temps de Morgarten. On peut dire — je l’ ai entendu dire par des officiers supérieurs — qu’on se prépare très c
4629 la dernière guerre. Une des questions que posent les objecteurs, est de savoir : que faisons-nous dans le monde où nous vi
4630 Une des questions que posent les objecteurs, est de savoir : que faisons-nous dans le monde où nous vivons ? Est-ce que n
4631 objecteurs, est de savoir : que faisons-nous dans le monde où nous vivons ? Est-ce que nous nous contentons d’appliquer le
4632 où nous vivons ? Est-ce que nous nous contentons d’ appliquer les recettes du passé — qui ont toujours si bien marché — ou
4633 ons ? Est-ce que nous nous contentons d’appliquer les recettes du passé — qui ont toujours si bien marché — ou bien est-ce
4634 faire que simplement assurer notre prospérité et la défendre par nos moyens traditionnels ? Est-ce que la Suisse, c’est u
4635 éfendre par nos moyens traditionnels ? Est-ce que la Suisse, c’est uniquement la conservation de son acquis, ou est-ce qu’
4636 tionnels ? Est-ce que la Suisse, c’est uniquement la conservation de son acquis, ou est-ce qu’il y a une autre dimension ?
4637 e que la Suisse, c’est uniquement la conservation de son acquis, ou est-ce qu’il y a une autre dimension ? Colonel divisio
4638 s que tout cela soit dépassé. Je suis un officier de métier, un technicien, si vous voulez, qui fait des additions et des
4639 système militaire, tel qu’il est maintenant, avec l’ armée que nous avons, est certainement un élément positif, en dépit de
4640 est certainement un élément positif, en dépit de la bombe atomique dont on parle beaucoup sans en connaître les effets. P
4641 atomique dont on parle beaucoup sans en connaître les effets. Par deux fois déjà, nous avons été maintenus à l’écart de la
4642 s. Par deux fois déjà, nous avons été maintenus à l’ écart de la guerre. S’il y avait eu un vide stratégique, il est fort p
4643 eux fois déjà, nous avons été maintenus à l’écart de la guerre. S’il y avait eu un vide stratégique, il est fort possible
4644 fois déjà, nous avons été maintenus à l’écart de la guerre. S’il y avait eu un vide stratégique, il est fort possible que
4645 le : 40 divisions massées à notre frontière avant l’ affaire des Balkans… le grand état-major allemand a estimé que ce n’ét
4646 es à notre frontière avant l’affaire des Balkans… le grand état-major allemand a estimé que ce n’était pas suffisant. Dema
4647 que ce n’était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’ armée la plus nombreuse d’Europe. Ce qui est déjà un signe de puissanc
4648 ’était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’armée la plus nombreuse d’Europe. Ce qui est déjà un signe de puissance. Je vo
4649 nt. Demain ? Nous avons l’armée la plus nombreuse d’ Europe. Ce qui est déjà un signe de puissance. Je vous fais sourire pe
4650 plus nombreuse d’Europe. Ce qui est déjà un signe de puissance. Je vous fais sourire peut-être ? Christian Schaller. — Pas
4651 ut-être ? Christian Schaller. — Pas du tout. Avec les armes conventionnelles, certainement. Colonel divisionnaire Dénéréaz.
4652 el divisionnaire Dénéréaz. — Il n’est pas dit que la bombe atomique intervienne dans les combats. Je ne veux pas faire ici
4653 st pas dit que la bombe atomique intervienne dans les combats. Je ne veux pas faire ici de la tactique. Je suis persuadé qu
4654 vienne dans les combats. Je ne veux pas faire ici de la tactique. Je suis persuadé que l’État ne peut pas mettre en doute,
4655 nne dans les combats. Je ne veux pas faire ici de la tactique. Je suis persuadé que l’État ne peut pas mettre en doute, su
4656 as faire ici de la tactique. Je suis persuadé que l’ État ne peut pas mettre en doute, surtout dans notre communauté helvét
4657 doute, surtout dans notre communauté helvétique, la justification morale du service militaire, voulu par le peuple, et ac
4658 tification morale du service militaire, voulu par le peuple, et accepter d’instaurer un service civil. Numériquement, cela
4659 rvice militaire, voulu par le peuple, et accepter d’ instaurer un service civil. Numériquement, cela ne jouerait aucun rôle
4660 riquement, cela ne jouerait aucun rôle. Mais pour d’ aucuns, il y aurait de bons chrétiens qui ne portent pas les armes, et
4661 erait aucun rôle. Mais pour d’aucuns, il y aurait de bons chrétiens qui ne portent pas les armes, et de mauvais chrétiens
4662 il y aurait de bons chrétiens qui ne portent pas les armes, et de mauvais chrétiens qui portent les armes. Il faut faire t
4663 e bons chrétiens qui ne portent pas les armes, et de mauvais chrétiens qui portent les armes. Il faut faire très attention
4664 as les armes, et de mauvais chrétiens qui portent les armes. Il faut faire très attention quand on aborde ce problème, en d
4665 ce problème, en dépit de tout ce qui a été fait à l’ étranger. D’ailleurs, vous savez qu’en France un objecteur doit se déc
4666 tel au recrutement, et qu’il ne peut assumer par la suite aucune charge d’État… Christian Schaller. — N’empêche qu’il y a
4667 qu’il ne peut assumer par la suite aucune charge d’ État… Christian Schaller. — N’empêche qu’il y a un statut, c’est déjà
4668 Dénéréaz. — Ce n’est pas un progrès. Vous dites, la guerre est un mal. C’est ma conviction intime, à moi militaire ! Mais
4669 ons-nous faire ? défendre notre pays, c’est tout. Le général Guisan l’a magnifiquement exprimé, quand il a dit : « Objecte
4670 éfendre notre pays, c’est tout. Le général Guisan l’ a magnifiquement exprimé, quand il a dit : « Objecteurs de conscience 
4671 ifiquement exprimé, quand il a dit : « Objecteurs de conscience ? oui, mais pas en Suisse. Pour quelle raison en Suisse ?
4672 e. Pour quelle raison en Suisse ? Nous ne voulons de mal à personne, sinon défendre ce que nous avons reçu. » Colonel Vauc
4673 nous avons reçu. » Colonel Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire, s’il existait un service civil, nous n’aurions
4674 s avons reçu. » Colonel Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire, s’il existait un service civil, nous n’aurions plu
4675 vice civil, nous n’aurions plus un certain nombre d’ objecteurs. Nous en serions ravis. Mais si je me pose la question comm
4676 citoyen — et je suis reconnaissant aux objecteurs de la faire poser — , je pense finalement qu’une armée est indispensable
4677 oyen — et je suis reconnaissant aux objecteurs de la faire poser — , je pense finalement qu’une armée est indispensable en
4678 t qu’une armée est indispensable en Suisse et que le service militaire obligatoire paraît la forme la plus démocratique de
4679 se et que le service militaire obligatoire paraît la forme la plus démocratique de réaliser cette armée. J’ignore totaleme
4680 le service militaire obligatoire paraît la forme la plus démocratique de réaliser cette armée. J’ignore totalement si une
4681 obligatoire paraît la forme la plus démocratique de réaliser cette armée. J’ignore totalement si une armée de métier ou s
4682 ser cette armée. J’ignore totalement si une armée de métier ou simplement des volontaires pourraient assurer cette défense
4683 urraient assurer cette défense. Mais même si elle le pouvait elle présenterait l’immense inconvénient d’être un noyau de m
4684 e. Mais même si elle le pouvait elle présenterait l’ immense inconvénient d’être un noyau de militarisme, et j’ai le milita
4685 pouvait elle présenterait l’immense inconvénient d’ être un noyau de militarisme, et j’ai le militarisme en horreur. Berna
4686 ésenterait l’immense inconvénient d’être un noyau de militarisme, et j’ai le militarisme en horreur. Bernard Béguin. — Est
4687 onvénient d’être un noyau de militarisme, et j’ai le militarisme en horreur. Bernard Béguin. — Est-ce qu’un service civil
4688 Béguin. — Est-ce qu’un service civil affaiblirait l’ armée de milice ? Colonel Vaucher. — Probablement… Beaucoup de nos con
4689 — Est-ce qu’un service civil affaiblirait l’armée de milice ? Colonel Vaucher. — Probablement… Beaucoup de nos concitoyens
4690 el divisionnaire Dénéréaz. — Nous pourrions faire l’ économie d’abandonner notre neutralité, adhérer à l’OTAN, nous mettre
4691 naire Dénéréaz. — Nous pourrions faire l’économie d’ abandonner notre neutralité, adhérer à l’OTAN, nous mettre sous le par
4692 économie d’abandonner notre neutralité, adhérer à l’ OTAN, nous mettre sous le parapluie américain. Ce serait une solution.
4693 re neutralité, adhérer à l’OTAN, nous mettre sous le parapluie américain. Ce serait une solution. Mais nous abandonnerions
4694 Ce serait une solution. Mais nous abandonnerions le service militaire sans doute obligatoire, nous passerions pour une pa
4695 atoire, nous passerions pour une part à une armée de métier. Mais à ce moment-là, nous serions obligés de faire des conces
4696 métier. Mais à ce moment-là, nous serions obligés de faire des concessions à tout, un système international, supranational
4697 à tout, un système international, supranational. L’ armée que nous avons actuellement en propre nous permet en cas de conf
4698 s avons actuellement en propre nous permet en cas de conflit de faire entendre notre propre voix, et d’oser dire non en to
4699 uellement en propre nous permet en cas de conflit de faire entendre notre propre voix, et d’oser dire non en toute indépen
4700 e conflit de faire entendre notre propre voix, et d’ oser dire non en toute indépendance. Christian Schaller. — Mais la que
4701 en toute indépendance. Christian Schaller. — Mais la question est bien là. Nous conservons, mais que construisons-nous ? C
4702 , mais que construisons-nous ? C’est peut-être ça la question que nous pouvons nous poser ? Colonel divisionnaire Dénéréaz
4703 ns nous poser ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. —  L’ armée n’a jamais contesté l’aide au tiers-monde. Au contraire. Denis d
4704 sionnaire Dénéréaz. — L’armée n’a jamais contesté l’ aide au tiers-monde. Au contraire. Denis de Rougemont. — La défense su
4705 tiers-monde. Au contraire. Denis de Rougemont. —  La défense suisse nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’y a pas le moin
4706 de Rougemont. — La défense suisse nous a épargné d’ être hitlérisés. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais mainten
4707 se nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’avis à cause d
4708 ndre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’ avis à cause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce de valeur hu
4709 us. Mais maintenant j’ai changé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce de valeur humaine qui vaille l
4710 ause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce de valeur humaine qui vaille les destructions physiques et morales qu’en
4711 n’y a aucune espèce de valeur humaine qui vaille les destructions physiques et morales qu’entraînerait la bombe atomique s
4712 destructions physiques et morales qu’entraînerait la bombe atomique sur un pays. Cela me paraît changer radicalement la va
4713 sur un pays. Cela me paraît changer radicalement la valeur de la guerre aujourd’hui. Bernard Béguin. — Les grandes crises
4714 ys. Cela me paraît changer radicalement la valeur de la guerre aujourd’hui. Bernard Béguin. — Les grandes crises de consci
4715 Cela me paraît changer radicalement la valeur de la guerre aujourd’hui. Bernard Béguin. — Les grandes crises de conscienc
4716 aleur de la guerre aujourd’hui. Bernard Béguin. —  Les grandes crises de conscience sur la guerre que nous avons vécues et q
4717 aujourd’hui. Bernard Béguin. — Les grandes crises de conscience sur la guerre que nous avons vécues et que notre jeunesse
4718 rd Béguin. — Les grandes crises de conscience sur la guerre que nous avons vécues et que notre jeunesse vit actuellement s
4719 t que notre jeunesse vit actuellement sont venues de deux guerres très conventionnelles : la guerre d’Algérie et la guerre
4720 nt venues de deux guerres très conventionnelles : la guerre d’Algérie et la guerre au Vietnam. Et les destructions de la b
4721 de deux guerres très conventionnelles : la guerre d’ Algérie et la guerre au Vietnam. Et les destructions de la bombe atomi
4722 es très conventionnelles : la guerre d’Algérie et la guerre au Vietnam. Et les destructions de la bombe atomique sont très
4723 : la guerre d’Algérie et la guerre au Vietnam. Et les destructions de la bombe atomique sont très comparables à celles que
4724 érie et la guerre au Vietnam. Et les destructions de la bombe atomique sont très comparables à celles que nous avons tolér
4725 e et la guerre au Vietnam. Et les destructions de la bombe atomique sont très comparables à celles que nous avons tolérées
4726 déologiquement, pendant la dernière guerre, comme le bombardement de Dresde… Christian Schaller. — On peut précisément s’é
4727 pendant la dernière guerre, comme le bombardement de Dresde… Christian Schaller. — On peut précisément s’étonner que vous
4728 — On peut précisément s’étonner que vous ayez pu le tolérer si bien sans changer de mentalité. Bernard Béguin. — Pourquoi
4729 que vous ayez pu le tolérer si bien sans changer de mentalité. Bernard Béguin. — Pourquoi nous l’avons toléré ? Parce que
4730 ger de mentalité. Bernard Béguin. — Pourquoi nous l’ avons toléré ? Parce que la victoire hitlérienne nous aurait définitiv
4731 éguin. — Pourquoi nous l’avons toléré ? Parce que la victoire hitlérienne nous aurait définitivement enlevé tout droit de
4732 enne nous aurait définitivement enlevé tout droit de poser aujourd’hui des questions de cet ordre. Christian Schaller. — M
4733 evé tout droit de poser aujourd’hui des questions de cet ordre. Christian Schaller. — Mais je suis tout à fait d’accord. B
4734 ntières, des forces peuvent menacer notre liberté d’ exprimer cette solidarité. Christian Schaller. — C’est au nom des vale
4735 é. Christian Schaller. — C’est au nom des valeurs de ce système que nous appelons, en tant qu’objecteurs, à un élargisseme
4736 pelons, en tant qu’objecteurs, à un élargissement de nos conceptions actuelles. Nous pouvons le faire en Suisse. Nous ne p
4737 sement de nos conceptions actuelles. Nous pouvons le faire en Suisse. Nous ne pourrions peut-être pas le faire en Russie.
4738 faire en Suisse. Nous ne pourrions peut-être pas le faire en Russie. Mais je pense, pour ma part, que si la neutralité su
4739 re en Russie. Mais je pense, pour ma part, que si la neutralité suisse doit s’accompagner de la solidarité, il faut savoir
4740 t, que si la neutralité suisse doit s’accompagner de la solidarité, il faut savoir lequel des termes on va toujours préfér
4741 que si la neutralité suisse doit s’accompagner de la solidarité, il faut savoir lequel des termes on va toujours préférer.
4742 oir lequel des termes on va toujours préférer. Or l’ on constate qu’on a toujours consacré beaucoup d’énergie à la neutrali
4743 l’on constate qu’on a toujours consacré beaucoup d’ énergie à la neutralité et bien peu à la solidarité. Bernard Béguin. —
4744 te qu’on a toujours consacré beaucoup d’énergie à la neutralité et bien peu à la solidarité. Bernard Béguin. — Parce que l
4745 beaucoup d’énergie à la neutralité et bien peu à la solidarité. Bernard Béguin. — Parce que la solidarité implique d’abor
4746 peu à la solidarité. Bernard Béguin. — Parce que la solidarité implique d’abord la survie. Vous ne pouvez pas être solida
4747 éguin. — Parce que la solidarité implique d’abord la survie. Vous ne pouvez pas être solidaire si vous courez le risque de
4748 Vous ne pouvez pas être solidaire si vous courez le risque de l’anéantissement. Christian Schaller. — Parfaitement. Mais
4749 ouvez pas être solidaire si vous courez le risque de l’anéantissement. Christian Schaller. — Parfaitement. Mais les fronti
4750 ez pas être solidaire si vous courez le risque de l’ anéantissement. Christian Schaller. — Parfaitement. Mais les frontière
4751 ssement. Christian Schaller. — Parfaitement. Mais les frontières de la survie ne passent plus par nos frontières. Elles pas
4752 ian Schaller. — Parfaitement. Mais les frontières de la survie ne passent plus par nos frontières. Elles passent par tous
4753 Schaller. — Parfaitement. Mais les frontières de la survie ne passent plus par nos frontières. Elles passent par tous les
4754 t plus par nos frontières. Elles passent par tous les coins du monde. Nous ne pouvons pas simplement défendre les frontière
4755 du monde. Nous ne pouvons pas simplement défendre les frontières du passé sans tenir compte du fait que nos frontières actu
4756 du fait que nos frontières actuelles sont celles de la planète. Denis de Rougemont. — On parle de la situation particuliè
4757 fait que nos frontières actuelles sont celles de la planète. Denis de Rougemont. — On parle de la situation particulière
4758 les de la planète. Denis de Rougemont. — On parle de la situation particulière de la Suisse. Je me demande si cette situat
4759 de la planète. Denis de Rougemont. — On parle de la situation particulière de la Suisse. Je me demande si cette situation
4760 ougemont. — On parle de la situation particulière de la Suisse. Je me demande si cette situation ne crée pas des devoirs p
4761 emont. — On parle de la situation particulière de la Suisse. Je me demande si cette situation ne crée pas des devoirs part
4762 rée pas des devoirs particuliers aux Suisses dans la prise en considération et au sérieux, du problème de la guerre tel qu
4763 prise en considération et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’il se présente aujourd’hui. Je me demande si on peut
4764 se en considération et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’il se présente aujourd’hui. Je me demande si on peut to
4765 se référer à notre neutralité comme à une espèce de privilège, et s’il ne faut pas dire aussi : Neutralité oblige, allez
4766 ue je voudrais dire ici, en faveur des objecteurs de conscience, c’est qu’ils posent cette question d’une manière dramatiq
4767 de conscience, c’est qu’ils posent cette question d’ une manière dramatique, et qu’ils forcent le public à se poser des que
4768 stion d’une manière dramatique, et qu’ils forcent le public à se poser des questions auxquelles je ne prétends pas répondr
4769 une fonction civique irremplaçable aux objecteurs de conscience.   Nos invités : M. Denis de Rougemont, écrivain, direct
4770 tés : M. Denis de Rougemont, écrivain, directeur de l’Institut universitaire d’études européennes. Colonel divisionnaire
4771  : M. Denis de Rougemont, écrivain, directeur de l’ Institut universitaire d’études européennes. Colonel divisionnaire Dén
4772 , écrivain, directeur de l’Institut universitaire d’ études européennes. Colonel divisionnaire Dénéréaz, commandant de la d
4773 ennes. Colonel divisionnaire Dénéréaz, commandant de la division mécanisée 1. Colonel Vaucher, président du Tribunal fédér
4774 es. Colonel divisionnaire Dénéréaz, commandant de la division mécanisée 1. Colonel Vaucher, président du Tribunal fédéral
4775 des assurances, grand juge du Tribunal militaire de division 1. M. Christian Schaller, étudiant en médecine, co-auteur du
4776 Schaller, étudiant en médecine, co-auteur du Sens de notre refus (Éditions La Baconnière). Direction technique : Michel Ba
4777 ecine, co-auteur du Sens de notre refus (Éditions La Baconnière). Direction technique : Michel Barde. Rédaction : Bernard
4778 daction : Bernard Béguin. ai. Rougemont Denis de , « Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État », J
4779 éguin. ai. Rougemont Denis de, « Un débat sur l’ objection de conscience : entre Dieu et l’État », Journal de Genève, G
4780 . Rougemont Denis de, « Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État », Journal de Genève, Genève, 4 oct
4781 bat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’ État », Journal de Genève, Genève, 4 octobre 1969, p. 2-3.
4782 n de conscience : entre Dieu et l’État », Journal de Genève, Genève, 4 octobre 1969, p. 2-3.
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
4783 « Denis de Rougemont, l’ amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)aj ak Pourquoi l’amour est-il de
4784 « Denis de Rougemont, l’amour et l’ Europe » (3-4 mars 1973)aj ak Pourquoi l’amour est-il devenu l’une
4785 ur et l’Europe » (3-4 mars 1973)aj ak Pourquoi l’ amour est-il devenu l’une des préoccupations majeures de votre pensée 
4786 r est-il devenu l’une des préoccupations majeures de votre pensée ? Pourquoi j’ai écrit sur l’amour ? C’est la question po
4787 ajeures de votre pensée ? Pourquoi j’ai écrit sur l’ amour ? C’est la question posée le plus souvent par les interviewers.
4788 pensée ? Pourquoi j’ai écrit sur l’amour ? C’est la question posée le plus souvent par les interviewers. J’ai coutume de
4789 j’ai écrit sur l’amour ? C’est la question posée le plus souvent par les interviewers. J’ai coutume de répondre : Dites-m
4790 our ? C’est la question posée le plus souvent par les interviewers. J’ai coutume de répondre : Dites-moi plutôt pourquoi et
4791 e plus souvent par les interviewers. J’ai coutume de répondre : Dites-moi plutôt pourquoi et comment vous imaginez que j’a
4792 i et comment vous imaginez que j’aurais pu ne pas le faire, étant écrivain, et Européen ! Quand on constate qu’un écrivain
4793  ! Quand on constate qu’un écrivain véritable, et d’ Europe, n’a jamais écrit sur l’amour, là, il y a lieu de se demander…
4794 vain véritable, et d’Europe, n’a jamais écrit sur l’ amour, là, il y a lieu de se demander… Ceci dit, réduisons « l’invasio
4795 pe, n’a jamais écrit sur l’amour, là, il y a lieu de se demander… Ceci dit, réduisons « l’invasion » à ses justes proporti
4796 il y a lieu de se demander… Ceci dit, réduisons «  l’ invasion » à ses justes proportions : L’Amour et l’Occident , Comme
4797 uisons « l’invasion » à ses justes proportions : L’ Amour et l’Occident , Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour en li
4798 invasion » à ses justes proportions : L’Amour et l’ Occident , Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour en livre de poch
4799 s : L’Amour et l’Occident , Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diabl
4800 r et l’Occident , Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diable et une
4801 t l’Occident , Comme toi-même (ou Les Mythes de l’ amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diable et une brè
4802 omme toi-même (ou Les Mythes de l’amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diable et une brève nouvelle dans
4803 Mythes de l’amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diable et une brève nouvelle dans Doctrine fabuleuse , su
4804 hes de l’amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diable et une brève nouvelle dans Doctrine fabuleuse , sur l
4805 une brève nouvelle dans Doctrine fabuleuse , sur les trente volumes que j’ai publiés, ce n’est guère envahissant. N’oublie
4806 olémiques, où il n’est, hélas, nullement question d’ amour… Je sais bien — mais je suis presque le seul à le savoir — que j
4807 tion d’amour… Je sais bien — mais je suis presque le seul à le savoir — que j’ai aussi écrit un roman, et des poèmes, qui
4808 ur… Je sais bien — mais je suis presque le seul à le savoir — que j’ai aussi écrit un roman, et des poèmes, qui peut-être,
4809 être, un jour ou l’autre, paraîtront… Mais enfin, le centre de ma méditation écrite reste le mystère religieux, philosophi
4810 our ou l’autre, paraîtront… Mais enfin, le centre de ma méditation écrite reste le mystère religieux, philosophique et civ
4811 is enfin, le centre de ma méditation écrite reste le mystère religieux, philosophique et civique de la personne. L’Amour
4812 te le mystère religieux, philosophique et civique de la personne. L’Amour et l’Occident n’en est en somme qu’une illustr
4813 le mystère religieux, philosophique et civique de la personne. L’Amour et l’Occident n’en est en somme qu’une illustrati
4814 igieux, philosophique et civique de la personne. L’ Amour et l’Occident n’en est en somme qu’une illustration dans le dom
4815 losophique et civique de la personne. L’Amour et l’ Occident n’en est en somme qu’une illustration dans le domaine des re
4816 ident n’en est en somme qu’une illustration dans le domaine des relations individuelles, dont l’exemple privilégié reste
4817 dans le domaine des relations individuelles, dont l’ exemple privilégié reste le couple. Votre livre Comme toi-même (ou L
4818 ns individuelles, dont l’exemple privilégié reste le couple. Votre livre Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour) s’ins
4819 reste le couple. Votre livre Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour) s’inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’Oc
4820 uple. Votre livre Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour) s’inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’Occident . S
4821 e. Votre livre Comme toi-même (ou Les Mythes de l’ amour) s’inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’Occident . Si l
4822 i-même (ou Les Mythes de l’amour) s’inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’Occident . Si le second ne renie pas le
4823 Mythes de l’amour) s’inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’Occident . Si le second ne renie pas le premier, toutef
4824 es de l’amour) s’inscrit dans le prolongement de L’ Amour et l’Occident . Si le second ne renie pas le premier, toutefois
4825 ur) s’inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’ Occident . Si le second ne renie pas le premier, toutefois il le recti
4826 i le second ne renie pas le premier, toutefois il le rectifie. Comment expliquez-vous cette mutation ? Dans L’Amour et l’
4827 ie. Comment expliquez-vous cette mutation ? Dans L’ Amour et l’Occident je soulignais les contrastes, dans Comme toi-mêm
4828 expliquez-vous cette mutation ? Dans L’Amour et l’ Occident je soulignais les contrastes, dans Comme toi-même , je cher
4829 tion ? Dans L’Amour et l’Occident je soulignais les contrastes, dans Comme toi-même , je cherche les complémentarités. I
4830 les contrastes, dans Comme toi-même , je cherche les complémentarités. Il n’y a pas mutation, mais maturation. J’ai voulu
4831 ation. J’ai voulu faireal, par des exemples tirés de romans contemporains (Nabokov, Musil, Pasternak), mais aussi de la vi
4832 emporains (Nabokov, Musil, Pasternak), mais aussi de la vie et des œuvres de Kierkegaard et de Nietzsche, que la dialectiq
4833 orains (Nabokov, Musil, Pasternak), mais aussi de la vie et des œuvres de Kierkegaard et de Nietzsche, que la dialectique
4834 l, Pasternak), mais aussi de la vie et des œuvres de Kierkegaard et de Nietzsche, que la dialectique de l’amour-passion, e
4835 s aussi de la vie et des œuvres de Kierkegaard et de Nietzsche, que la dialectique de l’amour-passion, exalté par l’obstac
4836 et des œuvres de Kierkegaard et de Nietzsche, que la dialectique de l’amour-passion, exalté par l’obstacle qui le nie, se
4837 e Kierkegaard et de Nietzsche, que la dialectique de l’amour-passion, exalté par l’obstacle qui le nie, se retrouve dans l
4838 ierkegaard et de Nietzsche, que la dialectique de l’ amour-passion, exalté par l’obstacle qui le nie, se retrouve dans la v
4839 que la dialectique de l’amour-passion, exalté par l’ obstacle qui le nie, se retrouve dans la vie du couple le plus « fidèl
4840 que de l’amour-passion, exalté par l’obstacle qui le nie, se retrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’il est v
4841 xalté par l’obstacle qui le nie, se retrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’il est vrai que la passion cherch
4842 cle qui le nie, se retrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’il est vrai que la passion cherche l’inaccessible,
4843 e du couple le plus « fidèle ». S’il est vrai que la passion cherche l’inaccessible, et que l’autre en tant qu’autre reste
4844 « fidèle ». S’il est vrai que la passion cherche l’ inaccessible, et que l’autre en tant qu’autre reste aux yeux de l’amou
4845 et que l’autre en tant qu’autre reste aux yeux de l’ amour exigeant le mystère le mieux défendu, Éros et Agapè ne pourraien
4846 tant qu’autre reste aux yeux de l’amour exigeant le mystère le mieux défendu, Éros et Agapè ne pourraient-ils pas nouer u
4847 tre reste aux yeux de l’amour exigeant le mystère le mieux défendu, Éros et Agapè ne pourraient-ils pas nouer une alliance
4848 nce paradoxale, au sein même du mariage accepté ? L’ étrangeté essentielle de la personne aimée demeure à jamais fascinante
4849 même du mariage accepté ? L’étrangeté essentielle de la personne aimée demeure à jamais fascinante, « passionnante ». La j
4850 e du mariage accepté ? L’étrangeté essentielle de la personne aimée demeure à jamais fascinante, « passionnante ». La jeun
4851 ée demeure à jamais fascinante, « passionnante ». La jeunesse dans son ensemble vit actuellement ce que nous pourrions app
4852 le vit actuellement ce que nous pourrions appeler l’ éclatement de l’Éros, ce qui entraîne une sorte de dépréciation de l’a
4853 lement ce que nous pourrions appeler l’éclatement de l’Éros, ce qui entraîne une sorte de dépréciation de l’amour-passion
4854 ent ce que nous pourrions appeler l’éclatement de l’ Éros, ce qui entraîne une sorte de dépréciation de l’amour-passion com
4855 l’éclatement de l’Éros, ce qui entraîne une sorte de dépréciation de l’amour-passion compris comme amour-possession de l’a
4856 l’Éros, ce qui entraîne une sorte de dépréciation de l’amour-passion compris comme amour-possession de l’autre. Certains v
4857 ros, ce qui entraîne une sorte de dépréciation de l’ amour-passion compris comme amour-possession de l’autre. Certains vont
4858 de l’amour-passion compris comme amour-possession de l’autre. Certains vont jusqu’à penser qu’« il faut guérir l’Occident
4859 Certains vont jusqu’à penser qu’« il faut guérir l’ Occident de sa maladie monogamique ». De l’unicité, l’amour va, si l’o
4860 ont jusqu’à penser qu’« il faut guérir l’Occident de sa maladie monogamique ». De l’unicité, l’amour va, si l’on peut dire
4861 ut guérir l’Occident de sa maladie monogamique ». De l’unicité, l’amour va, si l’on peut dire, vers la « pluridimensionnal
4862 guérir l’Occident de sa maladie monogamique ». De l’ unicité, l’amour va, si l’on peut dire, vers la « pluridimensionnalité
4863 cident de sa maladie monogamique ». De l’unicité, l’ amour va, si l’on peut dire, vers la « pluridimensionnalité ». Avant «
4864 ladie monogamique ». De l’unicité, l’amour va, si l’ on peut dire, vers la « pluridimensionnalité ». Avant « la mort de la
4865 De l’unicité, l’amour va, si l’on peut dire, vers la « pluridimensionnalité ». Avant « la mort de la famille » dont on par
4866 t dire, vers la « pluridimensionnalité ». Avant «  la mort de la famille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du coup
4867 vers la « pluridimensionnalité ». Avant « la mort de la famille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du couple. Que
4868 s la « pluridimensionnalité ». Avant « la mort de la famille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du couple. Que pen
4869 ort de la famille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met votre œuvr
4870 de la famille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met votre œuvre à
4871 , il s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met votre œuvre à l’ordre du jour ? La jeunesse, dan
4872 pensez-vous de ce phénomène qui met votre œuvre à l’ ordre du jour ? La jeunesse, dans son ensemble, ne me paraît vivre rie
4873 phénomène qui met votre œuvre à l’ordre du jour ? La jeunesse, dans son ensemble, ne me paraît vivre rien qui ressemble à
4874 ble, ne me paraît vivre rien qui ressemble à un «  l’ éclatement de l’Éros », si j’en crois mes yeux et les statistiques. Le
4875 raît vivre rien qui ressemble à un « l’éclatement de l’Éros », si j’en crois mes yeux et les statistiques. Le fait qu’un l
4876 t vivre rien qui ressemble à un « l’éclatement de l’ Éros », si j’en crois mes yeux et les statistiques. Le fait qu’un livr
4877 éclatement de l’Éros », si j’en crois mes yeux et les statistiques. Le fait qu’un livre comme Love Story ait été tiré à plu
4878 os », si j’en crois mes yeux et les statistiques. Le fait qu’un livre comme Love Story ait été tiré à plusieurs millions m
4879 ontre une persistance très remarquable des mythes de l’amour. J’ai hésité à maintenir dans ma dernière édition une phrase
4880 re une persistance très remarquable des mythes de l’ amour. J’ai hésité à maintenir dans ma dernière édition une phrase qui
4881 ère édition une phrase qui se termine ainsi : « … la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère ». Je craig
4882  : « … la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère ». Je craignais que cette observation fût « dépassée »
4883 la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’ adultère ». Je craignais que cette observation fût « dépassée ». Mais
4884 nais que cette observation fût « dépassée ». Mais le Nouvel Observateur, qui la cite, ajoute : « Trente-cinq ans plus tard
4885 fût « dépassée ». Mais le Nouvel Observateur, qui la cite, ajoute : « Trente-cinq ans plus tard, il y a sûrement un change
4886 inq ans plus tard, il y a sûrement un changement. Les autres sources de malheur sont réduites en Occident, et la proportion
4887 il y a sûrement un changement. Les autres sources de malheur sont réduites en Occident, et la proportion réservée à l’adul
4888 sources de malheur sont réduites en Occident, et la proportion réservée à l’adultère s’est largement accrue. » Me voici d
4889 réduites en Occident, et la proportion réservée à l’ adultère s’est largement accrue. » Me voici dépassé, mais dans mon sen
4890 voici dépassé, mais dans mon sens ! Il reste que l’ amour-passion est une maladie de l’amour comme la drogue et l’alcoolis
4891 ns ! Il reste que l’amour-passion est une maladie de l’amour comme la drogue et l’alcoolisme sont des maladies de l’imagin
4892 ! Il reste que l’amour-passion est une maladie de l’ amour comme la drogue et l’alcoolisme sont des maladies de l’imaginati
4893 l’amour-passion est une maladie de l’amour comme la drogue et l’alcoolisme sont des maladies de l’imagination ou plutôt s
4894 ion est une maladie de l’amour comme la drogue et l’ alcoolisme sont des maladies de l’imagination ou plutôt sont les expre
4895 comme la drogue et l’alcoolisme sont des maladies de l’imagination ou plutôt sont les expressions d’un besoin « fou » de t
4896 me la drogue et l’alcoolisme sont des maladies de l’ imagination ou plutôt sont les expressions d’un besoin « fou » de tran
4897 sont des maladies de l’imagination ou plutôt sont les expressions d’un besoin « fou » de transcender la condition humaine,
4898 s de l’imagination ou plutôt sont les expressions d’ un besoin « fou » de transcender la condition humaine, trop humaine. R
4899 u plutôt sont les expressions d’un besoin « fou » de transcender la condition humaine, trop humaine. Rien n’a fait plus de
4900 es expressions d’un besoin « fou » de transcender la condition humaine, trop humaine. Rien n’a fait plus de mal que la pas
4901 ndition humaine, trop humaine. Rien n’a fait plus de mal que la passion, ni créé plus de beauté, en Occident. Je pense que
4902 aine, trop humaine. Rien n’a fait plus de mal que la passion, ni créé plus de beauté, en Occident. Je pense que le couple,
4903 n’a fait plus de mal que la passion, ni créé plus de beauté, en Occident. Je pense que le couple, fondement du rapport hum
4904 ni créé plus de beauté, en Occident. Je pense que le couple, fondement du rapport humain le plus total, survivra sans trop
4905 pense que le couple, fondement du rapport humain le plus total, survivra sans trop de mal à nos modes intellectuelles. La
4906 rapport humain le plus total, survivra sans trop de mal à nos modes intellectuelles. La mode littéraire des troubadours e
4907 vra sans trop de mal à nos modes intellectuelles. La mode littéraire des troubadours et des romans de la Table ronde domin
4908 La mode littéraire des troubadours et des romans de la Table ronde domine encore, dans la proportion de dix millions d’ad
4909 mode littéraire des troubadours et des romans de la Table ronde domine encore, dans la proportion de dix millions d’adept
4910 des romans de la Table ronde domine encore, dans la proportion de dix millions d’adeptes fervents, pour dix lecteurs souc
4911 la Table ronde domine encore, dans la proportion de dix millions d’adeptes fervents, pour dix lecteurs soucieux de Willia
4912 domine encore, dans la proportion de dix millions d’ adeptes fervents, pour dix lecteurs soucieux de William Reich. Quant à
4913 ns d’adeptes fervents, pour dix lecteurs soucieux de William Reich. Quant à l’érotisme, que je définis comme « l’usage non
4914 r dix lecteurs soucieux de William Reich. Quant à l’ érotisme, que je définis comme « l’usage non procréateur du sexe » — j
4915 Reich. Quant à l’érotisme, que je définis comme «  l’ usage non procréateur du sexe » — j’y vois un mécanisme de défense de
4916 non procréateur du sexe » — j’y vois un mécanisme de défense de l’espèce contre la démographie galopante. Quand la populat
4917 r du sexe » — j’y vois un mécanisme de défense de l’ espèce contre la démographie galopante. Quand la population ratière de
4918 y vois un mécanisme de défense de l’espèce contre la démographie galopante. Quand la population ratière devient trop nombr
4919 e l’espèce contre la démographie galopante. Quand la population ratière devient trop nombreuse pour la nourriture disponib
4920 la population ratière devient trop nombreuse pour la nourriture disponible, les rats deviennent homosexuels. Mécanisme cyb
4921 ent trop nombreuse pour la nourriture disponible, les rats deviennent homosexuels. Mécanisme cybernétique. Et nul besoin de
4922 omosexuels. Mécanisme cybernétique. Et nul besoin de philosopher à son propos, comme l’a fait avec tant de talent Georges
4923 Et nul besoin de philosopher à son propos, comme l’ a fait avec tant de talent Georges Bataille. Fasciné par la problémati
4924 avec tant de talent Georges Bataille. Fasciné par la problématique de l’amour qui vous a permis de toucher aux phénomènes
4925 nt Georges Bataille. Fasciné par la problématique de l’amour qui vous a permis de toucher aux phénomènes religieux, cultur
4926 Georges Bataille. Fasciné par la problématique de l’ amour qui vous a permis de toucher aux phénomènes religieux, culturels
4927 par la problématique de l’amour qui vous a permis de toucher aux phénomènes religieux, culturels et artistiques de notre c
4928 ux phénomènes religieux, culturels et artistiques de notre civilisation, vous avez parallèlement développé vos propres thè
4929 ez parallèlement développé vos propres thèses sur l’ Europe. Y a-t-il un lien entre ces deux pôles d’attraction que sont po
4930 r l’Europe. Y a-t-il un lien entre ces deux pôles d’ attraction que sont pour vous l’amour d’une part, l’Europe d’autre par
4931 re ces deux pôles d’attraction que sont pour vous l’ amour d’une part, l’Europe d’autre part ? Mon titre vous répond : L’A
4932 attraction que sont pour vous l’amour d’une part, l’ Europe d’autre part ? Mon titre vous répond : L’Amour et l’Occident .
4933 l’Europe d’autre part ? Mon titre vous répond : L’ Amour et l’Occident . On m’a reproché d’avoir passé trop vite sur le l
4934 ’autre part ? Mon titre vous répond : L’Amour et l’ Occident . On m’a reproché d’avoir passé trop vite sur le lien Europe-
4935 répond : L’Amour et l’Occident . On m’a reproché d’ avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’absence de lien As
4936 ent . On m’a reproché d’avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’absence de lien Asie-amour. Je laisse de grand
4937 avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’ absence de lien Asie-amour. Je laisse de grands auteurs d’Asie, comme
4938 é trop vite sur le lien Europe-amour et l’absence de lien Asie-amour. Je laisse de grands auteurs d’Asie, comme Suzuki, le
4939 -amour et l’absence de lien Asie-amour. Je laisse de grands auteurs d’Asie, comme Suzuki, le « pape du zen » japonais, ou
4940 e de lien Asie-amour. Je laisse de grands auteurs d’ Asie, comme Suzuki, le « pape du zen » japonais, ou Raja Rao, le roman
4941 Je laisse de grands auteurs d’Asie, comme Suzuki, le « pape du zen » japonais, ou Raja Rao, le romancier hindou — répondre
4942 Suzuki, le « pape du zen » japonais, ou Raja Rao, le romancier hindou — répondre à ma place et me donner raison. Je suis r
4943 nner raison. Je suis revenu sur ce problème dans L’ Aventure occidentale de l’homme . J’ai essayé de montrer que la notion
4944 venu sur ce problème dans L’Aventure occidentale de l’homme . J’ai essayé de montrer que la notion de révolution n’est ri
4945 u sur ce problème dans L’Aventure occidentale de l’ homme . J’ai essayé de montrer que la notion de révolution n’est rien
4946 L’Aventure occidentale de l’homme . J’ai essayé de montrer que la notion de révolution n’est rien d’autre que la passion
4947 cidentale de l’homme . J’ai essayé de montrer que la notion de révolution n’est rien d’autre que la passion transposée au
4948 de l’homme . J’ai essayé de montrer que la notion de révolution n’est rien d’autre que la passion transposée au niveau col
4949 de montrer que la notion de révolution n’est rien d’ autre que la passion transposée au niveau collectif. Or, il n’y a de r
4950 ue la notion de révolution n’est rien d’autre que la passion transposée au niveau collectif. Or, il n’y a de révolution qu
4951 sion transposée au niveau collectif. Or, il n’y a de révolution qu’européenne, c’est-à-dire chrétienne à sa source : le so
4952 européenne, c’est-à-dire chrétienne à sa source : le socialiste Henri de Man l’avait bien vu. Vous avez été, vous êtes un
4953 rétienne à sa source : le socialiste Henri de Man l’ avait bien vu. Vous avez été, vous êtes un écrivain engagé. Comment co
4954 rivain engagé. Comment continuez-vous à « fédérer les peuples » depuis le Centre européen de la culture tel que vous voulie
4955 t continuez-vous à « fédérer les peuples » depuis le Centre européen de la culture tel que vous vouliez le faire à votre r
4956 entre européen de la culture tel que vous vouliez le faire à votre retour d’Amérique en Europe en 1946 ? Je suis un écriva
4957 ture tel que vous vouliez le faire à votre retour d’ Amérique en Europe en 1946 ? Je suis un écrivain engagé au sens actif
4958 premier livre, publié à Paris en 1934, Politique de la personne et qui est exactement le contraire du sens actuel, qui e
4959 mier livre, publié à Paris en 1934, Politique de la personne et qui est exactement le contraire du sens actuel, qui est
4960 Politique de la personne et qui est exactement le contraire du sens actuel, qui est passif : embrigadement dans un part
4961 un parti. Le premier chapitre était intitulé : «  L’ engagement politique », le second : « Ridicule et impuissance du clerc
4962  Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage ». Le tout était un appel à l’engagement de l’écrivain en tant que tel. Qua
4963 du clerc qui s’engage ». Le tout était un appel à l’ engagement de l’écrivain en tant que tel. Quand je suis rentré des Éta
4964 s’engage ». Le tout était un appel à l’engagement de l’écrivain en tant que tel. Quand je suis rentré des États-Unis, en 1
4965 ngage ». Le tout était un appel à l’engagement de l’ écrivain en tant que tel. Quand je suis rentré des États-Unis, en 1946
4966 suis rentré des États-Unis, en 1946, j’ai vu que l’ engagement était devenu une théorie à la mode. Je n’en ai plus parlé,
4967 ai vu que l’engagement était devenu une théorie à la mode. Je n’en ai plus parlé, mais pratiquement je me suis engagé au s
4968 é, mais pratiquement je me suis engagé au service de l’Europe, d’une société nouvelle à créer pour l’Europe. Aujourd’hui t
4969 mais pratiquement je me suis engagé au service de l’ Europe, d’une société nouvelle à créer pour l’Europe. Aujourd’hui tout
4970 quement je me suis engagé au service de l’Europe, d’ une société nouvelle à créer pour l’Europe. Aujourd’hui tout espoir es
4971 de l’Europe, d’une société nouvelle à créer pour l’ Europe. Aujourd’hui tout espoir est tourné vers la révolution à venir.
4972 l’Europe. Aujourd’hui tout espoir est tourné vers la révolution à venir. Comment à votre avis celle-ci pourrait-elle s’opé
4973 r ? Peut-être ai-je répondu à cette question, sur le fond, dans ma Lettre ouverte aux Européens  : « La révolution que j’
4974 fond, dans ma Lettre ouverte aux Européens  : «  La révolution que j’appelle, qui fera seule l’Europe et qui ne peut être
4975  : « La révolution que j’appelle, qui fera seule l’ Europe et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire
4976 seule l’Europe et qui ne peut être faite que par l’ Europe en train de se faire, consiste à déplacer le centre du système
4977 ’Europe en train de se faire, consiste à déplacer le centre du système politique, non seulement de la nation vers l’Europe
4978 cer le centre du système politique, non seulement de la nation vers l’Europe, mais encore vers l’humanité dans son ensembl
4979 le centre du système politique, non seulement de la nation vers l’Europe, mais encore vers l’humanité dans son ensemble e
4980 ystème politique, non seulement de la nation vers l’ Europe, mais encore vers l’humanité dans son ensemble et en même temps
4981 ment de la nation vers l’Europe, mais encore vers l’ humanité dans son ensemble et en même temps vers la personne. » Y’a-t-
4982 ’humanité dans son ensemble et en même temps vers la personne. » Y’a-t-il un rapport entre cette « révolution » et votre p
4983 port entre cette « révolution » et votre pamphlet de jeunesse, qu’on vient de rééditer, Les Méfaits de l’instruction publ
4984 e pamphlet de jeunesse, qu’on vient de rééditer, Les Méfaits de l’instruction publique  ? Il y a sans doute une convergenc
4985 e jeunesse, qu’on vient de rééditer, Les Méfaits de l’instruction publique  ? Il y a sans doute une convergence, mais la
4986 eunesse, qu’on vient de rééditer, Les Méfaits de l’ instruction publique  ? Il y a sans doute une convergence, mais la sit
4987 blique  ? Il y a sans doute une convergence, mais la situation actuelle est plus sérieuse que mon petit pamphlet, avouons-
4988 est plus sérieuse que mon petit pamphlet, avouons- le , car c’est l’école qui a fabriqué nos nationalismes. C’est un écrit d
4989 use que mon petit pamphlet, avouons-le, car c’est l’ école qui a fabriqué nos nationalismes. C’est un écrit de jeunesse que
4990 qui a fabriqué nos nationalismes. C’est un écrit de jeunesse que je renie d’autant moins qu’il a gardé la vertu réjouissa
4991 nalismes. C’est un écrit de jeunesse que je renie d’ autant moins qu’il a gardé la vertu réjouissante d’exaspérer ceux qui
4992 eunesse que je renie d’autant moins qu’il a gardé la vertu réjouissante d’exaspérer ceux qui aujourd’hui encore justifient
4993 ’autant moins qu’il a gardé la vertu réjouissante d’ exaspérer ceux qui aujourd’hui encore justifient ses injustes sévérité
4994 ance dans cet avenir ? Nous n’avons pas à prédire l’ avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis de, « [Entretien] Denis
4995 enir ? Nous n’avons pas à prédire l’avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis de, « [Entretien] Denis de Rougemont, l
4996 l’avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis de , « [Entretien] Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe », Journal de
4997 emont Denis de, « [Entretien] Denis de Rougemont, l’ amour et l’Europe », Journal de Genève, Genève, 3–4 mars 1972, p. 15.
4998 de, « [Entretien] Denis de Rougemont, l’amour et l’ Europe », Journal de Genève, Genève, 3–4 mars 1972, p. 15. ak. Propos
4999 enis de Rougemont, l’amour et l’Europe », Journal de Genève, Genève, 3–4 mars 1972, p. 15. ak. Propos recueillis par Gene
5000 mont a réédité quatre ouvrages anciens, augmentés de préfaces inédites et il a fait paraître plusieurs inédits. Ces ouvrag
5001 en. C’est dire que 1972 a été pour lui “une année de mise au point d’une partie de son œuvre ancienne, mais aussi d’ouvert
5002 e 1972 a été pour lui “une année de mise au point d’ une partie de son œuvre ancienne, mais aussi d’ouverture sur l’avenir
5003 pour lui “une année de mise au point d’une partie de son œuvre ancienne, mais aussi d’ouverture sur l’avenir de notre soci
5004 nt d’une partie de son œuvre ancienne, mais aussi d’ ouverture sur l’avenir de notre société”. » al. Un verbe semble ici m
5005 de son œuvre ancienne, mais aussi d’ouverture sur l’ avenir de notre société”. » al. Un verbe semble ici manquer : voir /
5006 vre ancienne, mais aussi d’ouverture sur l’avenir de notre société”. » al. Un verbe semble ici manquer : voir / comprendr
30 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
5007 européen ? (10-11 novembre 1973)am On connaît le problème : Genève, ville internationale, manque d’hinterland, et les
5008 e problème : Genève, ville internationale, manque d’ hinterland, et les zones voisines voient leurs relations d’échanges av
5009 ve, ville internationale, manque d’hinterland, et les zones voisines voient leurs relations d’échanges avec elle brimées, r
5010 and, et les zones voisines voient leurs relations d’ échanges avec elle brimées, ralenties, pénalisées ou bloquées par un c
5011 ne sert à rien ni à personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’ailleurs de plus en plus fictive) des États. Or,
5012 eurs de plus en plus fictive) des États. Or, tous les problèmes concrets qui se posent dans cette région appellent des solu
5013 de territoire. Il y a autour de Genève une région de main-d’œuvre définie par le mouvement pendulaire des travailleurs fra
5014 de Genève une région de main-d’œuvre définie par le mouvement pendulaire des travailleurs français : vingt-trois-mille en
5015 date, viennent chaque matin à Genève, et rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un rayon d’une quarantaine
5016 oir en France. Cette région s’étend dans un rayon d’ une quarantaine de kilomètres autour de la ville. Il y a, autour du Lé
5017 te région s’étend dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres autour de la ville. Il y a, autour du Léman, une région éc
5018 n rayon d’une quarantaine de kilomètres autour de la ville. Il y a, autour du Léman, une région écologique définie par la
5019 utour du Léman, une région écologique définie par la pollution du lac (affluents, usines, riverains), l’aérodrome de Coint
5020 pollution du lac (affluents, usines, riverains), l’ aérodrome de Cointrin, la centrale nucléaire (projetée) de Verbois. Sa
5021 u lac (affluents, usines, riverains), l’aérodrome de Cointrin, la centrale nucléaire (projetée) de Verbois. Sa superficie
5022 nts, usines, riverains), l’aérodrome de Cointrin, la centrale nucléaire (projetée) de Verbois. Sa superficie déborde très
5023 ome de Cointrin, la centrale nucléaire (projetée) de Verbois. Sa superficie déborde très largement celle de la région de m
5024 rbois. Sa superficie déborde très largement celle de la région de main-d’œuvre. Il y a une région définie par les échanges
5025 is. Sa superficie déborde très largement celle de la région de main-d’œuvre. Il y a une région définie par les échanges de
5026 erficie déborde très largement celle de la région de main-d’œuvre. Il y a une région définie par les échanges de biens ind
5027 on de main-d’œuvre. Il y a une région définie par les échanges de biens industriels, commerciaux, et de services, dont l’ai
5028 œuvre. Il y a une région définie par les échanges de biens industriels, commerciaux, et de services, dont l’aire ne recouv
5029 es échanges de biens industriels, commerciaux, et de services, dont l’aire ne recouvre ni celle de la région de main-d’œuv
5030 ns industriels, commerciaux, et de services, dont l’ aire ne recouvre ni celle de la région de main-d’œuvre, ni celle de la
5031 et de services, dont l’aire ne recouvre ni celle de la région de main-d’œuvre, ni celle de la région écologique. Il y a e
5032 de services, dont l’aire ne recouvre ni celle de la région de main-d’œuvre, ni celle de la région écologique. Il y a enfi
5033 es, dont l’aire ne recouvre ni celle de la région de main-d’œuvre, ni celle de la région écologique. Il y a enfin une régi
5034 e ni celle de la région de main-d’œuvre, ni celle de la région écologique. Il y a enfin une région universitaire, qui va d
5035 i celle de la région de main-d’œuvre, ni celle de la région écologique. Il y a enfin une région universitaire, qui va de N
5036 ue. Il y a enfin une région universitaire, qui va de Neuchâtel à Saint-Étienne et d’Aoste à Besançon, en passant par Fribo
5037 ersitaire, qui va de Neuchâtel à Saint-Étienne et d’ Aoste à Besançon, en passant par Fribourg et Lausanne, Grenoble, Lyon
5038 ève au centre. Elle comprend seize établissements d’ enseignement supérieur, densité tout à fait exceptionnelle, entre lesq
5039 spéciaux pourraient s’instituer. Il ne s’agit pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon — une sorte de mini
5040 pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon — une sorte de mini-État-nation nouveau, qui ajouterait aux défa
5041 r de Genève — et encore moins de Lyon — une sorte de mini-État-nation nouveau, qui ajouterait aux défauts de la centralisa
5042 i-État-nation nouveau, qui ajouterait aux défauts de la centralisation ceux des trop petites dimensions économiques. Il s’
5043 tat-nation nouveau, qui ajouterait aux défauts de la centralisation ceux des trop petites dimensions économiques. Il s’agi
5044 ites dimensions économiques. Il s’agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie moderne selon leur « m
5045 ons économiques. Il s’agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie moderne selon leur « mérite », c’es
5046 t simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie moderne selon leur « mérite », c’est-à-dire leur nature et
5047 leur contenu, sans plus se laisser paralyser par la fiction, décidément indéfendable à tous points de vue, des frontières
5048 es héritées d’autres âges. am. Rougemont Denis de , « Genève, exemple européen ? », Journal de Genève, Genève, 10–11 nov
5049 Denis de, « Genève, exemple européen ? », Journal de Genève, Genève, 10–11 novembre 1973, p. 17.
31 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
5050 Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)an Dans moins de de
5051 Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)an Dans moins de deux semaines le S
5052 a société moderne (février 1978)an Dans moins de deux semaines le Salon ! Genève avant le printemps redevient la capit
5053 (février 1978)an Dans moins de deux semaines le Salon ! Genève avant le printemps redevient la capitale mondiale de l
5054 ns moins de deux semaines le Salon ! Genève avant le printemps redevient la capitale mondiale de l’automobile. Mais la voi
5055 es le Salon ! Genève avant le printemps redevient la capitale mondiale de l’automobile. Mais la voiture en 1978, loin d’êt
5056 avant le printemps redevient la capitale mondiale de l’automobile. Mais la voiture en 1978, loin d’être un simple objet de
5057 nt le printemps redevient la capitale mondiale de l’ automobile. Mais la voiture en 1978, loin d’être un simple objet de co
5058 evient la capitale mondiale de l’automobile. Mais la voiture en 1978, loin d’être un simple objet de consommation, figure
5059 le de l’automobile. Mais la voiture en 1978, loin d’ être un simple objet de consommation, figure au cœur de presque tous l
5060 s la voiture en 1978, loin d’être un simple objet de consommation, figure au cœur de presque tous les grands débats politi
5061 e un simple objet de consommation, figure au cœur de presque tous les grands débats politiques. Rien que pour les votation
5062 t de consommation, figure au cœur de presque tous les grands débats politiques. Rien que pour les votations du 26 février p
5063 tous les grands débats politiques. Rien que pour les votations du 26 février prochain, deux sujets sur six la concernent d
5064 tions du 26 février prochain, deux sujets sur six la concernent directement (aménagement de la place Cornavin et initiativ
5065 ts sur six la concernent directement (aménagement de la place Cornavin et initiative Franz Weber). Que l’on parle d’aménag
5066 sur six la concernent directement (aménagement de la place Cornavin et initiative Franz Weber). Que l’on parle d’aménageme
5067 la place Cornavin et initiative Franz Weber). Que l’ on parle d’aménagement du territoire, de reconstruction de quartiers,
5068 rnavin et initiative Franz Weber). Que l’on parle d’ aménagement du territoire, de reconstruction de quartiers, de construc
5069 ber). Que l’on parle d’aménagement du territoire, de reconstruction de quartiers, de construction de parking, de problèmes
5070 le d’aménagement du territoire, de reconstruction de quartiers, de construction de parking, de problèmes de santé ou de ch
5071 nt du territoire, de reconstruction de quartiers, de construction de parking, de problèmes de santé ou de chômage, en vill
5072 , de reconstruction de quartiers, de construction de parking, de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la voiture es
5073 ruction de quartiers, de construction de parking, de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la voiture est là, avec s
5074 artiers, de construction de parking, de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la voiture est là, avec ses partisans
5075 construction de parking, de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la voiture est là, avec ses partisans et ses détra
5076 g, de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la voiture est là, avec ses partisans et ses détracteurs. Voiture foncti
5077 arvient plus. « C’est devenu une véritable guerre de religion », s’exclamait une des personnalités que nous avions conviée
5078 tés que nous avions conviées à notre table ronde. De toute évidence, que l’on y soit favorable ou non, il faut reconnaître
5079 viées à notre table ronde. De toute évidence, que l’ on y soit favorable ou non, il faut reconnaître que la voiture a très
5080 y soit favorable ou non, il faut reconnaître que la voiture a très largement débordé le cadre social, économique et polit
5081 connaître que la voiture a très largement débordé le cadre social, économique et politique qui lui avait été fixé au dépar
5082 ique qui lui avait été fixé au départ. Pour faire le point sur la « voiture dans la société moderne », nous avons demandé
5083 avait été fixé au départ. Pour faire le point sur la « voiture dans la société moderne », nous avons demandé à quatre pers
5084 départ. Pour faire le point sur la « voiture dans la société moderne », nous avons demandé à quatre personnalités de venir
5085 erne », nous avons demandé à quatre personnalités de venir à notre rédaction débattre du sujet, qu’elles connaissent toute
5086 battre du sujet, qu’elles connaissent toutes pour l’ avoir étudié à fond, bien que sous des angles différents : Denis de Ro
5087 nt du Centre européen de la culture, professeur à l’ Institut universitaire d’études européennes, parallèlement à une œuvre
5088 la culture, professeur à l’Institut universitaire d’ études européennes, parallèlement à une œuvre extrêmement importante,
5089 œuvre extrêmement importante, étudie depuis plus de cinquante ans le phénomène de la voiture. Dans son tout dernier livre
5090 t importante, étudie depuis plus de cinquante ans le phénomène de la voiture. Dans son tout dernier livre, L’Avenir est n
5091 étudie depuis plus de cinquante ans le phénomène de la voiture. Dans son tout dernier livre, L’Avenir est notre affaire
5092 udie depuis plus de cinquante ans le phénomène de la voiture. Dans son tout dernier livre, L’Avenir est notre affaire , i
5093 mène de la voiture. Dans son tout dernier livre, L’ Avenir est notre affaire , il lui a consacré un chapitre intitulé : « 
5094 nsacré un chapitre intitulé : « Première histoire de fous : la voiture. » François Peyrot, ancien conseiller d’État, prési
5095 chapitre intitulé : « Première histoire de fous : la voiture. » François Peyrot, ancien conseiller d’État, président du Sa
5096 la voiture. » François Peyrot, ancien conseiller d’ État, président du Salon international de l’automobile de Genève, tout
5097 nseiller d’État, président du Salon international de l’automobile de Genève, tout en ne niant pas certains inconvénients q
5098 iller d’État, président du Salon international de l’ automobile de Genève, tout en ne niant pas certains inconvénients qui
5099 président du Salon international de l’automobile de Genève, tout en ne niant pas certains inconvénients qui se rattachent
5100 nt pas certains inconvénients qui se rattachent à la voiture, n’en demeure pas moins un farouche partisan. Sur le plan soc
5101 social, parce qu’il estime qu’elle nous rapproche les uns des autres, sur le plan économique, parce qu’elle dispense un tra
5102 parce qu’elle dispense un travail à des millions de gens. Jean Kräyenbühl est notre ingénieur de la circulation à Genève.
5103 ions de gens. Jean Kräyenbühl est notre ingénieur de la circulation à Genève. Avant d’être pour ou contre l’automobile, il
5104 s de gens. Jean Kräyenbühl est notre ingénieur de la circulation à Genève. Avant d’être pour ou contre l’automobile, il a
5105 notre ingénieur de la circulation à Genève. Avant d’ être pour ou contre l’automobile, il a l’immense responsabilité d’orga
5106 circulation à Genève. Avant d’être pour ou contre l’ automobile, il a l’immense responsabilité d’organiser le trafic, de pr
5107 e. Avant d’être pour ou contre l’automobile, il a l’ immense responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le développem
5108 ontre l’automobile, il a l’immense responsabilité d’ organiser le trafic, de prévoir le développement des divers modes de t
5109 mobile, il a l’immense responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le développement des divers modes de transports et
5110 a l’immense responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le développement des divers modes de transports et d’élaborer
5111 responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le développement des divers modes de transports et d’élaborer des plans
5112 fic, de prévoir le développement des divers modes de transports et d’élaborer des plans en conséquence. Jacob Roffler, étu
5113 e développement des divers modes de transports et d’ élaborer des plans en conséquence. Jacob Roffler, étudiant en médecine
5114 fler, étudiant en médecine, a participé en 1976 à l’ organisation de l’Anti-Salon. Il est un membre actif de la campagne po
5115 en médecine, a participé en 1976 à l’organisation de l’Anti-Salon. Il est un membre actif de la campagne pour l’aménagemen
5116 médecine, a participé en 1976 à l’organisation de l’ Anti-Salon. Il est un membre actif de la campagne pour l’aménagement d
5117 anisation de l’Anti-Salon. Il est un membre actif de la campagne pour l’aménagement de pistes cyclables à Genève. En tant
5118 sation de l’Anti-Salon. Il est un membre actif de la campagne pour l’aménagement de pistes cyclables à Genève. En tant que
5119 Salon. Il est un membre actif de la campagne pour l’ aménagement de pistes cyclables à Genève. En tant que futur médecin, i
5120 un membre actif de la campagne pour l’aménagement de pistes cyclables à Genève. En tant que futur médecin, il s’est bien s
5121 l s’est bien sûr penché plus particulièrement sur les effets de la pollution des voitures sur notre santé. I Hubert d
5122 n sûr penché plus particulièrement sur les effets de la pollution des voitures sur notre santé. I Hubert de Senarcle
5123 ûr penché plus particulièrement sur les effets de la pollution des voitures sur notre santé. I Hubert de Senarclens 
5124 enarclens : Denis de Rougemont, dans votre livre, L’ Avenir est notre affaire, vous décrivez une voiture née non pas d’une
5125 re affaire, vous décrivez une voiture née non pas d’ une nécessité économique quelconque, mais de l’imagination d’un Henry
5126 n pas d’une nécessité économique quelconque, mais de l’imagination d’un Henry Ford, mécanicien têtu et sans culture, dites
5127 as d’une nécessité économique quelconque, mais de l’ imagination d’un Henry Ford, mécanicien têtu et sans culture, dites-vo
5128 sité économique quelconque, mais de l’imagination d’ un Henry Ford, mécanicien têtu et sans culture, dites-vous, qui est pa
5129 u à ses fins en créant dans ses usines des sortes de circuits fermés « producteur-consommateur », tout en s’aidant de slog
5130 més « producteur-consommateur », tout en s’aidant de slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture avait été, dès le d
5131 ’aidant de slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture avait été, dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, a
5132 taires habiles. Mais si la voiture avait été, dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait-elle connu l’expansi
5133 iture avait été, dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait-elle connu l’expansion qui est la sienne depuis b
5134 besoin inventé de toute pièce, aurait-elle connu l’ expansion qui est la sienne depuis bientôt 100 ans ? Denis de Rougemon
5135 nne depuis bientôt 100 ans ? Denis de Rougemont : d’ entrée de jeu, je souhaite affirmer que je ne suis pas contre l’automo
5136 s bientôt 100 ans ? Denis de Rougemont : d’entrée de jeu, je souhaite affirmer que je ne suis pas contre l’automobile. D’a
5137 u, je souhaite affirmer que je ne suis pas contre l’ automobile. D’ailleurs je n’aurais pas l’outrecuidance de penser que l
5138 s contre l’automobile. D’ailleurs je n’aurais pas l’ outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tranché du seul
5139 obile. D’ailleurs je n’aurais pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tranché du seul fait que je l’a
5140 urs je n’aurais pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tranché du seul fait que je l’aime bien ou qu
5141 ais pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tranché du seul fait que je l’aime bien ou que je la trou
5142 pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’ auto soit tranché du seul fait que je l’aime bien ou que je la trouve
5143 oblème de l’auto soit tranché du seul fait que je l’ aime bien ou que je la trouve utile. Si j’ai consacré dans mon dernier
5144 tranché du seul fait que je l’aime bien ou que je la trouve utile. Si j’ai consacré dans mon dernier livre une trentaine d
5145 ’ai consacré dans mon dernier livre une trentaine de pages à l’auto, c’est que je la considère — son titre l’indique — com
5146 é dans mon dernier livre une trentaine de pages à l’ auto, c’est que je la considère — son titre l’indique — comme une hist
5147 vre une trentaine de pages à l’auto, c’est que je la considère — son titre l’indique — comme une histoire de fous, suscept
5148 s à l’auto, c’est que je la considère — son titre l’ indique — comme une histoire de fous, susceptible de nous conduire à d
5149 sidère — son titre l’indique — comme une histoire de fous, susceptible de nous conduire à de véritables désastres économiq
5150 indique — comme une histoire de fous, susceptible de nous conduire à de véritables désastres économiques et éthiques. L’au
5151 histoire de fous, susceptible de nous conduire à de véritables désastres économiques et éthiques. L’autre histoire de fou
5152 sastres économiques et éthiques. L’autre histoire de fous étant, dans mon ouvrage, le développement du national-socialisme
5153 L’autre histoire de fous étant, dans mon ouvrage, le développement du national-socialisme. Et j’espère qu’il n’y en aura p
5154 ntrales nucléaires… La première grande entreprise de construction d’automobiles date de 1899 à Detroit : c’est la création
5155 es… La première grande entreprise de construction d’ automobiles date de 1899 à Detroit : c’est la création du jeune Henry
5156 nde entreprise de construction d’automobiles date de 1899 à Detroit : c’est la création du jeune Henry Ford qui s’est lanc
5157 tion d’automobiles date de 1899 à Detroit : c’est la création du jeune Henry Ford qui s’est lancé dans cette aventure cont
5158 dans cette aventure contre laquelle tous ses amis le mettaient en garde. Dans son livre Ma vie, qui fut un immense best-se
5159 e monde me mettait en garde, car il n’y avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouvaient cet objet ré
5160 it en garde, car il n’y avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouvaient cet objet répugnant, laid, pu
5161 avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouvaient cet objet répugnant, laid, puant, bruyant, mettant en
5162 répugnant, laid, puant, bruyant, mettant en fuite les enfants et les chevaux. » Ford a alors estimé que la seule manière de
5163 , puant, bruyant, mettant en fuite les enfants et les chevaux. » Ford a alors estimé que la seule manière de surmonter cett
5164 enfants et les chevaux. » Ford a alors estimé que la seule manière de surmonter cette répugnance c’était d’organiser des c
5165 evaux. » Ford a alors estimé que la seule manière de surmonter cette répugnance c’était d’organiser des concours de vitess
5166 ule manière de surmonter cette répugnance c’était d’ organiser des concours de vitesse, c’est-à-dire en prenant les gens pa
5167 cette répugnance c’était d’organiser des concours de vitesse, c’est-à-dire en prenant les gens par leur côté enfantin. Cel
5168 des concours de vitesse, c’est-à-dire en prenant les gens par leur côté enfantin. Cela a très bien marché. Ensuite de quoi
5169 r côté enfantin. Cela a très bien marché. Ensuite de quoi il a mis sur pied une fantastique publicité, d’ailleurs avec bea
5170 t. Dans une des premières brochures publicitaires de Ford, il est dit : « L’auto peut vous conduire n’importe où il vous p
5171 s brochures publicitaires de Ford, il est dit : «  L’ auto peut vous conduire n’importe où il vous plaira d’aller, pour vous
5172 to peut vous conduire n’importe où il vous plaira d’ aller, pour vous reposer le cerveau par de longues promenades au grand
5173 orte où il vous plaira d’aller, pour vous reposer le cerveau par de longues promenades au grand air et vous rafraîchir les
5174 plaira d’aller, pour vous reposer le cerveau par de longues promenades au grand air et vous rafraîchir les poumons grâce
5175 ongues promenades au grand air et vous rafraîchir les poumons grâce à ce tonique des toniques, une atmosphère salubre. » Vo
5176 iques, une atmosphère salubre. » Vous remarquerez l’ humour noir, lorsque l’on pense à la pollution de nos villes… On voit
5177 alubre. » Vous remarquerez l’humour noir, lorsque l’ on pense à la pollution de nos villes… On voit donc très bien que la c
5178 s remarquerez l’humour noir, lorsque l’on pense à la pollution de nos villes… On voit donc très bien que la création de l’
5179 l’humour noir, lorsque l’on pense à la pollution de nos villes… On voit donc très bien que la création de l’auto équivaut
5180 llution de nos villes… On voit donc très bien que la création de l’auto équivaut à l’imposition d’un besoin qui n’existait
5181 os villes… On voit donc très bien que la création de l’auto équivaut à l’imposition d’un besoin qui n’existait pas avant.
5182 villes… On voit donc très bien que la création de l’ auto équivaut à l’imposition d’un besoin qui n’existait pas avant. Les
5183 nc très bien que la création de l’auto équivaut à l’ imposition d’un besoin qui n’existait pas avant. Les premières années,
5184 que la création de l’auto équivaut à l’imposition d’ un besoin qui n’existait pas avant. Les premières années, Ford n’a ven
5185 1 million et en 1924 7000 par jour. Aujourd’hui, les États-Unis produisent 12 millions de voitures par an. Ford est mort d
5186 ujourd’hui, les États-Unis produisent 12 millions de voitures par an. Ford est mort dans une petite auberge qu’il avait ac
5187 ses petits enfants. Il avait obtenu du gouverneur de l’État l’interdiction absolue pour les voitures de s’approcher à plus
5188 petits enfants. Il avait obtenu du gouverneur de l’ État l’interdiction absolue pour les voitures de s’approcher à plus de
5189 enfants. Il avait obtenu du gouverneur de l’État l’ interdiction absolue pour les voitures de s’approcher à plus de 5 mile
5190 gouverneur de l’État l’interdiction absolue pour les voitures de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fa
5191 e l’État l’interdiction absolue pour les voitures de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètem
5192 n absolue pour les voitures de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement changé d’avis. Hub
5193 our les voitures de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement changé d’avis. Hubert de Sena
5194 de chez lui. Il avait en fait complètement changé d’ avis. Hubert de Senarclens : On viendrait dire aujourd’hui, M. Peyrot,
5195 ens : On viendrait dire aujourd’hui, M. Peyrot, à l’ utilisateur moyen que la voiture est un besoin créé de toute pièce et
5196 aujourd’hui, M. Peyrot, à l’utilisateur moyen que la voiture est un besoin créé de toute pièce et qu’elle est répugnante,
5197 ilisateur moyen que la voiture est un besoin créé de toute pièce et qu’elle est répugnante, il aurait une réaction assez v
5198 action assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’ invention au monde qui n’ait été faite sans un besoin et sans des anné
5199 e sans un besoin et sans des années et des années de recherches. L’auto n’échappe pas à la règle. Je suis pour ma part con
5200 n et sans des années et des années de recherches. L’ auto n’échappe pas à la règle. Je suis pour ma part convaincu — et n’i
5201 des années de recherches. L’auto n’échappe pas à la règle. Je suis pour ma part convaincu — et n’importe quel industriel
5202 art convaincu — et n’importe quel industriel vous le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabric
5203 triel vous le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle fondame
5204 — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle fondamentale de notre civilisat
5205 abrication possible. C’est une règle fondamentale de notre civilisation industrielle, quel que soit le type de fabrication
5206 de notre civilisation industrielle, quel que soit le type de fabrication que l’on se propose de faire. Que Henry Ford ait
5207 civilisation industrielle, quel que soit le type de fabrication que l’on se propose de faire. Que Henry Ford ait dit que
5208 trielle, quel que soit le type de fabrication que l’ on se propose de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voitur
5209 e soit le type de fabrication que l’on se propose de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’existait pas
5210 n se propose de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’avait créé, n’est pas
5211 se de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’avait créé, n’est pas une démons
5212 e le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’ avait créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les financiers qui
5213 ait créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les financiers qui mettent des capitaux à la construction d’une usine, de
5214 isante. Les financiers qui mettent des capitaux à la construction d’une usine, demandent bien évidemment que cette usine p
5215 nciers qui mettent des capitaux à la construction d’ une usine, demandent bien évidemment que cette usine puisse fonctionne
5216 nel. Il aura peut-être perçu, déjà à cette époque le danger que pouvait apporter l’automobile. Il aura donc fait cette déc
5217 éjà à cette époque le danger que pouvait apporter l’ automobile. Il aura donc fait cette déclaration dans un moment d’angoi
5218 l aura donc fait cette déclaration dans un moment d’ angoisse tel que d’autres chercheurs en ont connu dans d’autres domain
5219 n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était la vox populi. Ja
5220 qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était la vox populi. Jacob Roffler : R
5221 soin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était la vox populi. Jacob Roffler : Rien n’est plus facile que de créer des b
5222 opuli. Jacob Roffler : Rien n’est plus facile que de créer des besoins, grâce aux mass medias et aux moyens financiers don
5223 parfaitement aujourd’hui, au niveau social, créer le besoin d’utiliser la voiture, notamment lorsque vous habitez la campa
5224 nt aujourd’hui, au niveau social, créer le besoin d’ utiliser la voiture, notamment lorsque vous habitez la campagne et que
5225 hui, au niveau social, créer le besoin d’utiliser la voiture, notamment lorsque vous habitez la campagne et que vous devez
5226 iliser la voiture, notamment lorsque vous habitez la campagne et que vous devez vous rendre en ville pour travailler. Mais
5227 ler. Mais aussi sur le plan des loisirs. Regardez l’ affiche du Salon 78 : « La voiture vous rend indépendant. » Mais rien
5228 n des loisirs. Regardez l’affiche du Salon 78 : «  La voiture vous rend indépendant. » Mais rien n’est plus faux. En auto,
5229 er des horaires au même titre que si vous preniez le train. Vous partez en vacance non pas le samedi matin, mais le vendre
5230 preniez le train. Vous partez en vacance non pas le samedi matin, mais le vendredi soir pour éviter les embouteillages. D
5231 s partez en vacance non pas le samedi matin, mais le vendredi soir pour éviter les embouteillages. Denis de Rougemont : Vo
5232 e samedi matin, mais le vendredi soir pour éviter les embouteillages. Denis de Rougemont : Vous dites, M. Peyrot, là où il
5233 ugemont : Vous dites, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Da
5234 Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la voiture,
5235 e production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la voiture, Ford lui-même a assené la preuve contraire. Son ex
5236 ction possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la voiture, Ford lui-même a assené la preuve contraire. Son expérienc
5237 on possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la voiture, Ford lui-même a assené la preuve contraire. Son expérience p
5238 Dans le cas de la voiture, Ford lui-même a assené la preuve contraire. Son expérience peut être opposée à une déclaration
5239 ible sans besoin. François Peyrot : Permettez-moi d’ observer que l’on ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme à la
5240 n. François Peyrot : Permettez-moi d’observer que l’ on ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme à la fin de sa vie,
5241 rmettez-moi d’observer que l’on ne peut pas tirer d’ une déclaration d’un homme à la fin de sa vie, sur une partie de ses e
5242 rver que l’on ne peut pas tirer d’une déclaration d’ un homme à la fin de sa vie, sur une partie de ses expériences, pour l
5243 ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme à la fin de sa vie, sur une partie de ses expériences, pour la placer en v
5244 t pas tirer d’une déclaration d’un homme à la fin de sa vie, sur une partie de ses expériences, pour la placer en vérité a
5245 ion d’un homme à la fin de sa vie, sur une partie de ses expériences, pour la placer en vérité absolue. M. Ford n’a pas in
5246 e sa vie, sur une partie de ses expériences, pour la placer en vérité absolue. M. Ford n’a pas inventé l’automobile. Il a
5247 placer en vérité absolue. M. Ford n’a pas inventé l’ automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication standardisée, dans
5248 e. M. Ford n’a pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Taylor. Den
5249 ’a pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Taylor. Denis de Rougem
5250 le pionnier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Taylor. Denis de Rougemont : Il y a eu avant Ford une cinqua
5251 ier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Taylor. Denis de Rougemont : Il y a eu avant Ford une cinquantaine d’
5252 Rougemont : Il y a eu avant Ford une cinquantaine d’ inventeurs qui ont fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y a
5253 e voitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de
5254 ut… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’ inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industrie auto
5255 e pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industrie automobile. II Huber
5256 ures que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industrie automobile. II Hubert de Senarclens :
5257 nventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industrie automobile. II Hubert de Senarclens : On parle de
5258 nteurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’ industrie automobile. II Hubert de Senarclens : On parle de la
5259 mobile. II Hubert de Senarclens : On parle de la voiture qui rapproche, qui libère, qui rend indépendant. Aujourd’h
5260 ile. II Hubert de Senarclens : On parle de la voiture qui rapproche, qui libère, qui rend indépendant. Aujourd’hui
5261 ibère, qui rend indépendant. Aujourd’hui pourtant le développement effréné de la voiture n’a-t-il pas « torpillé » les ava
5262 nt. Aujourd’hui pourtant le développement effréné de la voiture n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de tran
5263 Aujourd’hui pourtant le développement effréné de la voiture n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transpo
5264 t effréné de la voiture n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François Peyrot : La voiture perme
5265 a voiture n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François Peyrot : La voiture permet un déplacem
5266 ’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François Peyrot : La voiture permet un déplacement de port
5267 ntages de ce mode de transport? François Peyrot : La voiture permet un déplacement de porte à porte. Elle donne une libert
5268 rançois Peyrot : La voiture permet un déplacement de porte à porte. Elle donne une liberté de mouvement qu’aucun autre mod
5269 lacement de porte à porte. Elle donne une liberté de mouvement qu’aucun autre mode de transport ne peut donner. Vous sorte
5270 onne une liberté de mouvement qu’aucun autre mode de transport ne peut donner. Vous sortez de chez vous, vous entrez dans
5271 tre mode de transport ne peut donner. Vous sortez de chez vous, vous entrez dans votre voiture, vous arrivez au point de d
5272 entrez dans votre voiture, vous arrivez au point de destination. C’est un instrument de travail qui permet de vous rendre
5273 ivez au point de destination. C’est un instrument de travail qui permet de vous rendre à votre bureau, un instrument de pl
5274 nation. C’est un instrument de travail qui permet de vous rendre à votre bureau, un instrument de plaisir, de tourisme, de
5275 rmet de vous rendre à votre bureau, un instrument de plaisir, de tourisme, de culture même. Grâce à elle les gens partent
5276 rendre à votre bureau, un instrument de plaisir, de tourisme, de culture même. Grâce à elle les gens partent à l’aventure
5277 re bureau, un instrument de plaisir, de tourisme, de culture même. Grâce à elle les gens partent à l’aventure et découvren
5278 aisir, de tourisme, de culture même. Grâce à elle les gens partent à l’aventure et découvrent toute une quantité de choses
5279 de culture même. Grâce à elle les gens partent à l’ aventure et découvrent toute une quantité de choses merveilleuses qu’i
5280 ent à l’aventure et découvrent toute une quantité de choses merveilleuses qu’ils auraient de la peine à découvrir autremen
5281 quantité de choses merveilleuses qu’ils auraient de la peine à découvrir autrement, à pied ou à vélo. Vous demandez si la
5282 antité de choses merveilleuses qu’ils auraient de la peine à découvrir autrement, à pied ou à vélo. Vous demandez si la pr
5283 rir autrement, à pied ou à vélo. Vous demandez si la prolifération des autos n’en a pas réduit les avantages. Mais c’est c
5284 z si la prolifération des autos n’en a pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits en partie. La « b
5285 réduit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles aisée
5286 is c’est certain qu’elle les a réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles aisées roulaient en voiture e
5287 réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles aisées roulaient en voiture est dépassée. L’élévation du niv
5288 amilles aisées roulaient en voiture est dépassée. L’ élévation du niveau de vie — et je m’en félicite — a fait que beaucoup
5289 ite — a fait que beaucoup ont aujourd’hui accès à l’ automobile. Une personne sur trois ou quatre en Suisse, ce qui est con
5290 ients. Un autre aspect qu’il faut souligner c’est la voiture signe de la civilisation industrielle et signe de la liberté
5291 spect qu’il faut souligner c’est la voiture signe de la civilisation industrielle et signe de la liberté des peuples. C’es
5292 ct qu’il faut souligner c’est la voiture signe de la civilisation industrielle et signe de la liberté des peuples. C’est u
5293 re signe de la civilisation industrielle et signe de la liberté des peuples. C’est un point primordial. Si vous comparez l
5294 signe de la civilisation industrielle et signe de la liberté des peuples. C’est un point primordial. Si vous comparez le n
5295 ples. C’est un point primordial. Si vous comparez le nombre de véhicules par habitant en Occident par rapport à l’Union so
5296 t un point primordial. Si vous comparez le nombre de véhicules par habitant en Occident par rapport à l’Union soviétique,
5297 véhicules par habitant en Occident par rapport à l’ Union soviétique, il n’y a aucune commune mesure : 0,5 % de la populat
5298 oviétique, il n’y a aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % aux USA. Dès que vous créez la voiture, v
5299 étique, il n’y a aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % aux USA. Dès que vous créez la voiture, vous
5300 ulation en URSS, 50 % aux USA. Dès que vous créez la voiture, vous appelez la liberté. Le jour où 50 % des Soviétiques pou
5301 USA. Dès que vous créez la voiture, vous appelez la liberté. Le jour où 50 % des Soviétiques pourront aussi se déplacer e
5302 e vous créez la voiture, vous appelez la liberté. Le jour où 50 % des Soviétiques pourront aussi se déplacer en voiture, i
5303 si se déplacer en voiture, ils n’accepteront plus d’ être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d’habitation. Jacob Roffler 
5304 n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d’habitation. Jacob Roffler : Vous avez énuméré les avantag
5305 plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d’ habitation. Jacob Roffler : Vous avez énuméré les avantages de la voit
5306 u d’habitation. Jacob Roffler : Vous avez énuméré les avantages de la voiture qui soi-disant rendrait libre. Mais vous save
5307 . Jacob Roffler : Vous avez énuméré les avantages de la voiture qui soi-disant rendrait libre. Mais vous savez très bien q
5308 acob Roffler : Vous avez énuméré les avantages de la voiture qui soi-disant rendrait libre. Mais vous savez très bien que
5309 très bien que lorsque vous prenez votre véhicule le matin pour aller travailler, vous êtes continuellement pressés, stopp
5310 n « stress » que vous ressentez. Vous avez évoqué la culture. Je parlerais plutôt d’anti-culture, car quoi de plus abrutis
5311 Vous avez évoqué la culture. Je parlerais plutôt d’ anti-culture, car quoi de plus abrutissant que les conditions de condu
5312 d’anti-culture, car quoi de plus abrutissant que les conditions de conduite sur nos routes ? François Peyrot : Mais il fau
5313 , car quoi de plus abrutissant que les conditions de conduite sur nos routes ? François Peyrot : Mais il faut faire un bil
5314 t : Mais il faut faire un bilan ! C’est clair que l’ on peut mentionner des avantages comme des inconvénients. L’important
5315 mentionner des avantages comme des inconvénients. L’ important est de savoir si le bilan est positif ou négatif. À mon avis
5316 vantages comme des inconvénients. L’important est de savoir si le bilan est positif ou négatif. À mon avis il est immensém
5317 e des inconvénients. L’important est de savoir si le bilan est positif ou négatif. À mon avis il est immensément positif,
5318 , c’est tout ! Denis de Rougemont : Permettez-moi de signaler quelques-uns des côtés négatifs. Il ne s’agit nullement — co
5319 . Il ne s’agit nullement — comme on voudrait nous le faire croire dans certains milieux — d’être pour ou contre, d’en avoi
5320 rait nous le faire croire dans certains milieux —  d’ être pour ou contre, d’en avoir ou pas. Cela équivaut à réduire le pro
5321 re dans certains milieux — d’être pour ou contre, d’ en avoir ou pas. Cela équivaut à réduire le problème à une dimension a
5322 ontre, d’en avoir ou pas. Cela équivaut à réduire le problème à une dimension absolument puérile. La voiture est l’exemple
5323 e le problème à une dimension absolument puérile. La voiture est l’exemple type du danger qui consiste à accepter ou promo
5324 une dimension absolument puérile. La voiture est l’ exemple type du danger qui consiste à accepter ou promouvoir des innov
5325 it des millions. Il ne s’est jamais interrogé sur les conséquences au niveau social, économique, sur la vie morale des gens
5326 es conséquences au niveau social, économique, sur la vie morale des gens. La voiture est un exemple parfait d’absence tota
5327 u social, économique, sur la vie morale des gens. La voiture est un exemple parfait d’absence totale de prospective. J’ai
5328 orale des gens. La voiture est un exemple parfait d’ absence totale de prospective. J’ai omis de vous dire à propos de Ford
5329 a voiture est un exemple parfait d’absence totale de prospective. J’ai omis de vous dire à propos de Ford qu’il avait douz
5330 arfait d’absence totale de prospective. J’ai omis de vous dire à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il a rencont
5331 routière à vapeur. Cela a été pour lui son chemin de Damas. On voit d’ailleurs très bien le préadolescent dont le fantasme
5332 son chemin de Damas. On voit d’ailleurs très bien le préadolescent dont le fantasme préféré est de s’enfuir sur les routes
5333 n voit d’ailleurs très bien le préadolescent dont le fantasme préféré est de s’enfuir sur les routes, au hasard. Le fugueu
5334 ien le préadolescent dont le fantasme préféré est de s’enfuir sur les routes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents
5335 cent dont le fantasme préféré est de s’enfuir sur les routes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents ont passé par là.
5336 référé est de s’enfuir sur les routes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents ont passé par là. L’envie de se débarra
5337 nfuir sur les routes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents ont passé par là. L’envie de se débarrasser de tout et de
5338 e fugueur. Tous les adolescents ont passé par là. L’ envie de se débarrasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il
5339 r. Tous les adolescents ont passé par là. L’envie de se débarrasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il opposait
5340 cents ont passé par là. L’envie de se débarrasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la voiture au che
5341 assé par là. L’envie de se débarrasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la voiture au chemin de fer
5342 ut et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la voiture au chemin de fer qui lui est réglé et n’offre aucune possibil
5343 r qui lui est réglé et n’offre aucune possibilité de détour. Mais à partir de ce fantasme, qu’est-ce que cela a donné ? Qu
5344 ssentiellement à aller travailler. Autre aspect : le rendement de l’automobile — sur le plan technique — est l’inverse d’u
5345 t à aller travailler. Autre aspect : le rendement de l’automobile — sur le plan technique — est l’inverse d’un succès. C’e
5346 aller travailler. Autre aspect : le rendement de l’ automobile — sur le plan technique — est l’inverse d’un succès. C’est
5347 ent de l’automobile — sur le plan technique — est l’ inverse d’un succès. C’est l’une des machines qui a le plus mauvais re
5348 utomobile — sur le plan technique — est l’inverse d’ un succès. C’est l’une des machines qui a le plus mauvais rendement qu
5349 verse d’un succès. C’est l’une des machines qui a le plus mauvais rendement qui soit. Les Américains ont calculé que leurs
5350 achines qui a le plus mauvais rendement qui soit. Les Américains ont calculé que leurs voitures rejettent le 87 % de l’éner
5351 éricains ont calculé que leurs voitures rejettent le 87 % de l’énergie qu’elles consomment. Illich a calculé que la vitess
5352 ont calculé que leurs voitures rejettent le 87 % de l’énergie qu’elles consomment. Illich a calculé que la vitesse moyenn
5353 t calculé que leurs voitures rejettent le 87 % de l’ énergie qu’elles consomment. Illich a calculé que la vitesse moyenne d
5354 énergie qu’elles consomment. Illich a calculé que la vitesse moyenne des automobiles dans les villes des États-Unis était
5355 lculé que la vitesse moyenne des automobiles dans les villes des États-Unis était de 4 km à l’heure. Donc à partir de buts
5356 automobiles dans les villes des États-Unis était de 4 km à l’heure. Donc à partir de buts qui étaient au départ parfaitem
5357 es dans les villes des États-Unis était de 4 km à l’ heure. Donc à partir de buts qui étaient au départ parfaitement accept
5358 taient au départ parfaitement acceptables, même à la limite romantiques, on constate que la voiture a donné exactement le
5359 es, même à la limite romantiques, on constate que la voiture a donné exactement le contraire : un rendement minable, des v
5360 es, on constate que la voiture a donné exactement le contraire : un rendement minable, des villes invivables, et des embou
5361 bühl : Je pense qu’il faudrait davantage analyser le comportement de la population et des individus, plutôt que la voiture
5362 qu’il faudrait davantage analyser le comportement de la population et des individus, plutôt que la voiture en tant que tel
5363 il faudrait davantage analyser le comportement de la population et des individus, plutôt que la voiture en tant que telle.
5364 ent de la population et des individus, plutôt que la voiture en tant que telle. Car on pourrait adresser exactement les mê
5365 nt que telle. Car on pourrait adresser exactement les mêmes critiques à d’autres produits, dans d’autres secteurs. Pourquoi
5366 , dans d’autres secteurs. Pourquoi ne retenir que le cas de la voiture ? Il faut prendre en considération l’individu et vo
5367 d’autres secteurs. Pourquoi ne retenir que le cas de la voiture ? Il faut prendre en considération l’individu et voir les
5368 utres secteurs. Pourquoi ne retenir que le cas de la voiture ? Il faut prendre en considération l’individu et voir les con
5369 de la voiture ? Il faut prendre en considération l’ individu et voir les conséquences de son comportement sur l’urbanisme.
5370 faut prendre en considération l’individu et voir les conséquences de son comportement sur l’urbanisme. Au niveau du compor
5371 considération l’individu et voir les conséquences de son comportement sur l’urbanisme. Au niveau du comportement, il faut
5372 et voir les conséquences de son comportement sur l’ urbanisme. Au niveau du comportement, il faut reconnaître qu’il y a tr
5373 comportement, il faut reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de la voiture un usage abusif. Un urbanisme dense perme
5374 faut reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de la voiture un usage abusif. Un urbanisme dense permet, par exemple, d
5375 ut reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de la voiture un usage abusif. Un urbanisme dense permet, par exemple, d’ac
5376 e abusif. Un urbanisme dense permet, par exemple, d’ accroître les déplacements à pied et de ce fait réduit la mobilité. Au
5377 urbanisme dense permet, par exemple, d’accroître les déplacements à pied et de ce fait réduit la mobilité. Au contraire un
5378 r exemple, d’accroître les déplacements à pied et de ce fait réduit la mobilité. Au contraire un urbanisme très dispersé,
5379 ître les déplacements à pied et de ce fait réduit la mobilité. Au contraire un urbanisme très dispersé, « consomme » des t
5380 rès dispersé, « consomme » des terrains, gaspille les zones agricoles. C’est un aspect négatif. Mais le problème c’est que
5381 es zones agricoles. C’est un aspect négatif. Mais le problème c’est que les gens aujourd’hui ont appris à se servir de leu
5382 est un aspect négatif. Mais le problème c’est que les gens aujourd’hui ont appris à se servir de leur voiture comme d’un in
5383 t que les gens aujourd’hui ont appris à se servir de leur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont été s’installe
5384 ’hui ont appris à se servir de leur voiture comme d’ un instrument de travail. Ils ont été s’installer à la campagne et s’e
5385 à se servir de leur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont été s’installer à la campagne et s’en servent pour v
5386 instrument de travail. Ils ont été s’installer à la campagne et s’en servent pour venir travailler. Jacob Roffler : Ce qu
5387 ravailler. Jacob Roffler : Ce que je déplore dans l’ évolution actuelle de l’urbanisme, c’est la place beaucoup trop grande
5388 ler : Ce que je déplore dans l’évolution actuelle de l’urbanisme, c’est la place beaucoup trop grande faite à la voiture e
5389  : Ce que je déplore dans l’évolution actuelle de l’ urbanisme, c’est la place beaucoup trop grande faite à la voiture et à
5390 e dans l’évolution actuelle de l’urbanisme, c’est la place beaucoup trop grande faite à la voiture et à ceux qui l’utilise
5391 isme, c’est la place beaucoup trop grande faite à la voiture et à ceux qui l’utilisent. C’est ce qui explique que des zone
5392 coup trop grande faite à la voiture et à ceux qui l’ utilisent. C’est ce qui explique que des zones de verdure continuent c
5393 l’utilisent. C’est ce qui explique que des zones de verdure continuent chaque année de disparaître au détriment des besoi
5394 que des zones de verdure continuent chaque année de disparaître au détriment des besoins fondamentaux des familles. Regar
5395 t des besoins fondamentaux des familles. Regardez les structures autour des grands ensembles, tout est bétonné en fonction
5396 çois Peyrot : M. Kräyenbühl a parfaitement raison de mettre en évidence le problème de l’individu plutôt que celui de la v
5397 nbühl a parfaitement raison de mettre en évidence le problème de l’individu plutôt que celui de la voiture. Car de cette d
5398 aitement raison de mettre en évidence le problème de l’individu plutôt que celui de la voiture. Car de cette dernière, com
5399 ement raison de mettre en évidence le problème de l’ individu plutôt que celui de la voiture. Car de cette dernière, comme
5400 idence le problème de l’individu plutôt que celui de la voiture. Car de cette dernière, comme de n’importe quel objet, vou
5401 nce le problème de l’individu plutôt que celui de la voiture. Car de cette dernière, comme de n’importe quel objet, vous p
5402 de l’individu plutôt que celui de la voiture. Car de cette dernière, comme de n’importe quel objet, vous pouvez en faire u
5403 celui de la voiture. Car de cette dernière, comme de n’importe quel objet, vous pouvez en faire une bonne ou une mauvaise
5404 aise utilisation. On vit dans une civilisation où la voiture et très importante. Il faut faire façon d’elle. Ce qui me cho
5405 a voiture et très importante. Il faut faire façon d’ elle. Ce qui me choque c’est qu’on veut absolument la charger de tous
5406 lle. Ce qui me choque c’est qu’on veut absolument la charger de tous les péchés du monde. Il faut revenir à une saine inte
5407 me choque c’est qu’on veut absolument la charger de tous les péchés du monde. Il faut revenir à une saine interprétation
5408 ue c’est qu’on veut absolument la charger de tous les péchés du monde. Il faut revenir à une saine interprétation des chose
5409 ne saine interprétation des choses. Nul doute que l’ extraordinaire prolifération du nombre de véhicules pose des problèmes
5410 oute que l’extraordinaire prolifération du nombre de véhicules pose des problèmes. Des solutions peuvent être apportées. C
5411 vent être apportées. Certains sont pour accroître l’ importance des transports en commun, d’autres au contraire pour favori
5412 s en commun, d’autres au contraire pour favoriser la liberté du trafic, tout est possible. Mais on ne peut seulement préco
5413 st possible. Mais on ne peut seulement préconiser de rayer la voiture de la surface du globe… Denis de Rougemont : Cela pe
5414 le. Mais on ne peut seulement préconiser de rayer la voiture de la surface du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne
5415 ne peut seulement préconiser de rayer la voiture de la surface du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’a dit. M
5416 peut seulement préconiser de rayer la voiture de la surface du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’a dit. Mais
5417 e du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’ a dit. Mais je voudrais reprendre mon propos initial. En moins de cinq
5418 e voudrais reprendre mon propos initial. En moins de cinquante ans la voiture est devenue le numéro un de l’industrie mond
5419 dre mon propos initial. En moins de cinquante ans la voiture est devenue le numéro un de l’industrie mondiale. L’index de
5420 En moins de cinquante ans la voiture est devenue le numéro un de l’industrie mondiale. L’index de la conjoncture économiq
5421 cinquante ans la voiture est devenue le numéro un de l’industrie mondiale. L’index de la conjoncture économique c’est véri
5422 quante ans la voiture est devenue le numéro un de l’ industrie mondiale. L’index de la conjoncture économique c’est véritab
5423 est devenue le numéro un de l’industrie mondiale. L’ index de la conjoncture économique c’est véritablement la General Moto
5424 nue le numéro un de l’industrie mondiale. L’index de la conjoncture économique c’est véritablement la General Motors et en
5425 le numéro un de l’industrie mondiale. L’index de la conjoncture économique c’est véritablement la General Motors et ensui
5426 de la conjoncture économique c’est véritablement la General Motors et ensuite Ford qui sont depuis fort longtemps les num
5427 rs et ensuite Ford qui sont depuis fort longtemps les numéro un et deux de toutes les grandes industries. C’est personnelle
5428 sont depuis fort longtemps les numéro un et deux de toutes les grandes industries. C’est personnellement un phénomène qui
5429 is fort longtemps les numéro un et deux de toutes les grandes industries. C’est personnellement un phénomène qui m’impressi
5430 de face à cette réalité si je suis pour ou contre la voiture, je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’a plus auc
5431 ou contre la voiture, je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’a plus aucune importance. Je parlais de boulevers
5432 contre la voiture, je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’a plus aucune importance. Je parlais de bouleverseme
5433 lade. Cela n’a plus aucune importance. Je parlais de bouleversements. C’est en raison de l’auto que le pétrole est devenu
5434 Je parlais de bouleversements. C’est en raison de l’ auto que le pétrole est devenu le produit dont toute l’économie occide
5435 de bouleversements. C’est en raison de l’auto que le pétrole est devenu le produit dont toute l’économie occidentale dépen
5436 est en raison de l’auto que le pétrole est devenu le produit dont toute l’économie occidentale dépend aujourd’hui. Pensez-
5437 o que le pétrole est devenu le produit dont toute l’ économie occidentale dépend aujourd’hui. Pensez-vous qu’à l’origine on
5438 occidentale dépend aujourd’hui. Pensez-vous qu’à l’ origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accepté de ren
5439 it compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accepté de rendre toute l’économie occidentale dépendante des caprices de quelqu
5440 ela ? Est-ce qu’on aurait accepté de rendre toute l’ économie occidentale dépendante des caprices de quelques émirs du golf
5441 te l’économie occidentale dépendante des caprices de quelques émirs du golfe Persique ? Tout cela pour dire que l’on ne pe
5442 émirs du golfe Persique ? Tout cela pour dire que l’ on ne peut traiter d’une question aussi grave en demandant simplement
5443 ue ? Tout cela pour dire que l’on ne peut traiter d’ une question aussi grave en demandant simplement aux gens s’ils sont p
5444 nt simplement aux gens s’ils sont pour ou contre. Les PDG de l’industrie automobile française réunis dans une émission de m
5445 ement aux gens s’ils sont pour ou contre. Les PDG de l’industrie automobile française réunis dans une émission de midi à 1
5446 nt aux gens s’ils sont pour ou contre. Les PDG de l’ industrie automobile française réunis dans une émission de midi à 14 h
5447 rie automobile française réunis dans une émission de midi à 14 heures n’ont trouvé que cela à me répondre : « Mais Monsieu
5448 avez-vous une voiture ? ». C’est grotesque, c’est de l’enfantillage. III Hubert de Senarclens : Entraver le dévelop
5449 z-vous une voiture ? ». C’est grotesque, c’est de l’ enfantillage. III Hubert de Senarclens : Entraver le développem
5450 llage. III Hubert de Senarclens : Entraver le développement de la voiture ou son utilisation, affirment ses partisa
5451 Hubert de Senarclens : Entraver le développement de la voiture ou son utilisation, affirment ses partisans, c’est porter
5452 bert de Senarclens : Entraver le développement de la voiture ou son utilisation, affirment ses partisans, c’est porter att
5453 rtisans, c’est porter atteinte aux libertés. Mais les opposants prétendent, de leur côté, que l’intervention de l’État pour
5454 inte aux libertés. Mais les opposants prétendent, de leur côté, que l’intervention de l’État pour faire face à l’extension
5455 Mais les opposants prétendent, de leur côté, que l’ intervention de l’État pour faire face à l’extension de la voiture, es
5456 ants prétendent, de leur côté, que l’intervention de l’État pour faire face à l’extension de la voiture, est de plus en pl
5457 s prétendent, de leur côté, que l’intervention de l’ État pour faire face à l’extension de la voiture, est de plus en plus
5458 é, que l’intervention de l’État pour faire face à l’ extension de la voiture, est de plus en plus brutale et ne tient pas c
5459 ervention de l’État pour faire face à l’extension de la voiture, est de plus en plus brutale et ne tient pas compte des in
5460 ention de l’État pour faire face à l’extension de la voiture, est de plus en plus brutale et ne tient pas compte des intér
5461 t pas compte des intérêts régionaux. Alors, entre les deux libertés, laquelle choisir ? François Peyrot : La vérité n’est n
5462 ux libertés, laquelle choisir ? François Peyrot : La vérité n’est ni d’un côté ni de l’autre. L’État est l’arbitre entre d
5463 le choisir ? François Peyrot : La vérité n’est ni d’ un côté ni de l’autre. L’État est l’arbitre entre des intérêts souvent
5464 François Peyrot : La vérité n’est ni d’un côté ni de l’autre. L’État est l’arbitre entre des intérêts souvent divergents.
5465 rot : La vérité n’est ni d’un côté ni de l’autre. L’ État est l’arbitre entre des intérêts souvent divergents. Il doit veil
5466 rité n’est ni d’un côté ni de l’autre. L’État est l’ arbitre entre des intérêts souvent divergents. Il doit veiller à ce qu
5467 iller à ce qu’il y ait un certain équilibre entre les activités des individus. Vous avez fait allusion à la démocratisation
5468 ctivités des individus. Vous avez fait allusion à la démocratisation des décisions de l’État. Je suis pour ma part en fave
5469 fait allusion à la démocratisation des décisions de l’État. Je suis pour ma part en faveur d’un système politique démocra
5470 it allusion à la démocratisation des décisions de l’ État. Je suis pour ma part en faveur d’un système politique démocratiq
5471 s pouvoirs et sa représentativité. Je suis contre la descente de tous les pouvoirs dans la masse, car c’est s’opposer à no
5472 t sa représentativité. Je suis contre la descente de tous les pouvoirs dans la masse, car c’est s’opposer à notre système
5473 résentativité. Je suis contre la descente de tous les pouvoirs dans la masse, car c’est s’opposer à notre système démocrati
5474 suis contre la descente de tous les pouvoirs dans la masse, car c’est s’opposer à notre système démocratique. Prenez l’exe
5475 st s’opposer à notre système démocratique. Prenez l’ exemple très actuel de l’initiative Franz Weber : on ne veut pas recon
5476 ystème démocratique. Prenez l’exemple très actuel de l’initiative Franz Weber : on ne veut pas reconnaître les pouvoirs co
5477 ème démocratique. Prenez l’exemple très actuel de l’ initiative Franz Weber : on ne veut pas reconnaître les pouvoirs const
5478 itiative Franz Weber : on ne veut pas reconnaître les pouvoirs constitutionnellement accordés à un gouvernement ou à un par
5479 parlement. Et, finalement, on entre dans un état de confusion. Jacob Roffler : Je considère comme essentielle cette prise
5480 idère comme essentielle cette prise de conscience de la menace qui pèse sur la démocratie. L’utilisation abusive de l’auto
5481 re comme essentielle cette prise de conscience de la menace qui pèse sur la démocratie. L’utilisation abusive de l’automob
5482 tte prise de conscience de la menace qui pèse sur la démocratie. L’utilisation abusive de l’automobile entrave la liberté
5483 nscience de la menace qui pèse sur la démocratie. L’ utilisation abusive de l’automobile entrave la liberté du plus grand n
5484 qui pèse sur la démocratie. L’utilisation abusive de l’automobile entrave la liberté du plus grand nombre. On en vient à c
5485 pèse sur la démocratie. L’utilisation abusive de l’ automobile entrave la liberté du plus grand nombre. On en vient à cons
5486 ie. L’utilisation abusive de l’automobile entrave la liberté du plus grand nombre. On en vient à construire des autoroutes
5487 ruire des autoroutes à côté de villages, sans que la population concernée soit consultée. L’initiative Weber peut justemen
5488 sans que la population concernée soit consultée. L’ initiative Weber peut justement amener la population à une prise de co
5489 nsultée. L’initiative Weber peut justement amener la population à une prise de conscience. Comme vous le savez, chaque ann
5490 population à une prise de conscience. Comme vous le savez, chaque année, le nombre de voitures augmente ; donc il faut co
5491 de conscience. Comme vous le savez, chaque année, le nombre de voitures augmente ; donc il faut construire davantage de ro
5492 nce. Comme vous le savez, chaque année, le nombre de voitures augmente ; donc il faut construire davantage de routes et d’
5493 ures augmente ; donc il faut construire davantage de routes et d’autoroutes. Ce qui nous fait déboucher sur un cercle vici
5494  ; donc il faut construire davantage de routes et d’ autoroutes. Ce qui nous fait déboucher sur un cercle vicieux qu’il nou
5495 eyrot : Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre l’ initiative qui est constitutionnelle. Mais je suis contre le but qu’el
5496 ve qui est constitutionnelle. Mais je suis contre le but qu’elle vise. Denis de Rougemont : Je suis bien obligé de reconna
5497 le vise. Denis de Rougemont : Je suis bien obligé de reconnaître que les expropriations sont de plus en plus fréquentes et
5498 ougemont : Je suis bien obligé de reconnaître que les expropriations sont de plus en plus fréquentes et représentent une at
5499 de plus en plus brutales. Elles se font au nom de la raison d’État. Pensez aux expropriations que l’on se prépare à faire,
5500 plus brutales. Elles se font au nom de la raison d’ État. Pensez aux expropriations que l’on se prépare à faire, selon des
5501 e la raison d’État. Pensez aux expropriations que l’ on se prépare à faire, selon des déclarations officielles, à cause des
5502 des centrales nucléaires. Il n’est plus question de demander l’avis de qui que ce soit. Nous le ferons ! disent ces messi
5503 es nucléaires. Il n’est plus question de demander l’ avis de qui que ce soit. Nous le ferons ! disent ces messieurs qui for
5504 éaires. Il n’est plus question de demander l’avis de qui que ce soit. Nous le ferons ! disent ces messieurs qui forment ce
5505 stion de demander l’avis de qui que ce soit. Nous le ferons ! disent ces messieurs qui forment ce qu’on a appelé la « chev
5506 isent ces messieurs qui forment ce qu’on a appelé la « chevalerie du nucléaire ». Les expropriations au nom des autoroutes
5507 ce qu’on a appelé la « chevalerie du nucléaire ». Les expropriations au nom des autoroutes, ou le seul fait que la Confédér
5508 e ». Les expropriations au nom des autoroutes, ou le seul fait que la Confédération puisse imposer certains tracés contre
5509 ations au nom des autoroutes, ou le seul fait que la Confédération puisse imposer certains tracés contre la volonté popula
5510 nfédération puisse imposer certains tracés contre la volonté populaire, ne sont pas, selon moi, une illustration parfaite
5511 ne sont pas, selon moi, une illustration parfaite de la démocratie. Ce qui me paraît en revanche démocratique, c’est de la
5512 sont pas, selon moi, une illustration parfaite de la démocratie. Ce qui me paraît en revanche démocratique, c’est de laiss
5513 Ce qui me paraît en revanche démocratique, c’est de laisser le droit aux populations de se prononcer. L’initiative Weber
5514 paraît en revanche démocratique, c’est de laisser le droit aux populations de se prononcer. L’initiative Weber ne vise rie
5515 atique, c’est de laisser le droit aux populations de se prononcer. L’initiative Weber ne vise rien d’autre. J’ai peur que
5516 laisser le droit aux populations de se prononcer. L’ initiative Weber ne vise rien d’autre. J’ai peur que lorsque vous dite
5517 de se prononcer. L’initiative Weber ne vise rien d’ autre. J’ai peur que lorsque vous dites, M. Peyrot, que la démocratie
5518 J’ai peur que lorsque vous dites, M. Peyrot, que la démocratie dépend des corps constitués, vous parliez d’oligarchie. Ma
5519 ocratie dépend des corps constitués, vous parliez d’ oligarchie. Mais la démocratie part d’en bas, des communes. Notre fédé
5520 corps constitués, vous parliez d’oligarchie. Mais la démocratie part d’en bas, des communes. Notre fédéralisme suisse et f
5521 ous parliez d’oligarchie. Mais la démocratie part d’ en bas, des communes. Notre fédéralisme suisse et fondé sur les commun
5522 s communes. Notre fédéralisme suisse et fondé sur les communes. Les trois communes autour du Gothard. Il s’agissait de comm
5523 tre fédéralisme suisse et fondé sur les communes. Les trois communes autour du Gothard. Il s’agissait de communes et non pa
5524 s trois communes autour du Gothard. Il s’agissait de communes et non pas de corps constitués. Car ces derniers ne sont nul
5525 du Gothard. Il s’agissait de communes et non pas de corps constitués. Car ces derniers ne sont nullement de droit divin !
5526 ps constitués. Car ces derniers ne sont nullement de droit divin ! François Peyrot : La loi qui a été votée à l’époque sur
5527 sont nullement de droit divin ! François Peyrot : La loi qui a été votée à l’époque sur les autoroutes a été soumise à un
5528 ivin ! François Peyrot : La loi qui a été votée à l’ époque sur les autoroutes a été soumise à un délai référendaire. Mais
5529 is Peyrot : La loi qui a été votée à l’époque sur les autoroutes a été soumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas e
5530 ise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février à M. Weber
5531 érendaire. Mais il n’y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février à M. Weber, il aura obtenu s
5532 u de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février à M. Weber, il aura obtenu son changement et plus personne
5533 tait antidémocratique. J’ai seulement affirmé que les reproches adressés à nos autorités, en ce moment, étaient injustifiés
5534 orités agissent conformément aux lois voulues par la majorité de la population. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout à l’heu
5535 ent conformément aux lois voulues par la majorité de la population. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout à l’heure les méfai
5536 conformément aux lois voulues par la majorité de la population. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout à l’heure les méfaits
5537 population. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout à l’ heure les méfaits des autoroutes. Une des revendications des milieux é
5538 ion. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout à l’heure les méfaits des autoroutes. Une des revendications des milieux écologique
5539 ux écologiques consiste à dire : il faut délester les zones d’habitation d’un trafic trop intense, en particulier du trafic
5540 ques consiste à dire : il faut délester les zones d’ habitation d’un trafic trop intense, en particulier du trafic commerci
5541 à dire : il faut délester les zones d’habitation d’ un trafic trop intense, en particulier du trafic commercial des poids
5542 commercial des poids lourds et du trafic nocturne de transit. Alors d’un côté on nous demande de décharger le réseau routi
5543 ds lourds et du trafic nocturne de transit. Alors d’ un côté on nous demande de décharger le réseau routier qui n’est pas c
5544 turne de transit. Alors d’un côté on nous demande de décharger le réseau routier qui n’est pas conçu pour ce genre de traf
5545 sit. Alors d’un côté on nous demande de décharger le réseau routier qui n’est pas conçu pour ce genre de trafic mais, lors
5546 réseau routier qui n’est pas conçu pour ce genre de trafic mais, lorsque l’on veut construire des routes de contournement
5547 t pas conçu pour ce genre de trafic mais, lorsque l’ on veut construire des routes de contournement, qui sont d’un degré de
5548 fic mais, lorsque l’on veut construire des routes de contournement, qui sont d’un degré de sécurité beaucoup plus élevé, e
5549 construire des routes de contournement, qui sont d’ un degré de sécurité beaucoup plus élevé, et qui offrent des nuisances
5550 des routes de contournement, qui sont d’un degré de sécurité beaucoup plus élevé, et qui offrent des nuisances bien moind
5551 uisances bien moindres, alors on crie au massacre de notre environnement, il y a là une énorme contradiction. Denis de Rou
5552 t d’accord avec vous. Seulement pour en revenir à l’ initiative Weber, elle ne demande rien d’impossible. Elle demande simp
5553 evenir à l’initiative Weber, elle ne demande rien d’ impossible. Elle demande simplement que le peuple puisse se prononcer.
5554 de rien d’impossible. Elle demande simplement que le peuple puisse se prononcer. François Peyrot : Rétroactivement, ce qui
5555 départ il avait demandé cela. C’est pour obliger les gens à faire attention avant de multiplier les permis de construire.
5556 er les gens à faire attention avant de multiplier les permis de construire. Une erreur que l’on commet avec le trafic routi
5557 à faire attention avant de multiplier les permis de construire. Une erreur que l’on commet avec le trafic routier, c’est
5558 ltiplier les permis de construire. Une erreur que l’ on commet avec le trafic routier, c’est de transporter beaucoup trop d
5559 is de construire. Une erreur que l’on commet avec le trafic routier, c’est de transporter beaucoup trop de choses en camio
5560 eur que l’on commet avec le trafic routier, c’est de transporter beaucoup trop de choses en camion, alors que l’on devrait
5561 rafic routier, c’est de transporter beaucoup trop de choses en camion, alors que l’on devrait davantage utiliser le chemin
5562 rter beaucoup trop de choses en camion, alors que l’ on devrait davantage utiliser le chemin de fer. Il n’y a aucune raison
5563 camion, alors que l’on devrait davantage utiliser le chemin de fer. Il n’y a aucune raison pour tout mettre sur les routes
5564 fer. Il n’y a aucune raison pour tout mettre sur les routes. Et d’un point de vue économique l’avantage est également démo
5565 aucune raison pour tout mettre sur les routes. Et d’ un point de vue économique l’avantage est également démontré. On bâtit
5566 e sur les routes. Et d’un point de vue économique l’ avantage est également démontré. On bâtit trop d’autoroutes en Suisse.
5567 l’avantage est également démontré. On bâtit trop d’ autoroutes en Suisse. Étant Neuchâtelois, je connais bien les problème
5568 es en Suisse. Étant Neuchâtelois, je connais bien les problèmes qu’apporte la construction d’une autoroute sur le côté nord
5569 âtelois, je connais bien les problèmes qu’apporte la construction d’une autoroute sur le côté nord du lac de Neuchâtel et
5570 ais bien les problèmes qu’apporte la construction d’ une autoroute sur le côté nord du lac de Neuchâtel et les débats terri
5571 es qu’apporte la construction d’une autoroute sur le côté nord du lac de Neuchâtel et les débats terribles que cela entraî
5572 struction d’une autoroute sur le côté nord du lac de Neuchâtel et les débats terribles que cela entraîne : va-t-on passer
5573 autoroute sur le côté nord du lac de Neuchâtel et les débats terribles que cela entraîne : va-t-on passer à travers la vill
5574 bles que cela entraîne : va-t-on passer à travers la ville, va-t-on détruire les rives du lac ? Sans compter que l’on nous
5575 -t-on passer à travers la ville, va-t-on détruire les rives du lac ? Sans compter que l’on nous construit une seconde autor
5576 t-on détruire les rives du lac ? Sans compter que l’ on nous construit une seconde autoroute de l’autre côté du lac qui fer
5577 ter que l’on nous construit une seconde autoroute de l’autre côté du lac qui fera gagner 3,5 kilomètres aux automobilistes
5578 r 3,5 kilomètres aux automobilistes… Alors face à de telles choses, on est bien obligé de penser que si le fédéral s’obsti
5579 Alors face à de telles choses, on est bien obligé de penser que si le fédéral s’obstine, un recours démocratique doit être
5580 elles choses, on est bien obligé de penser que si le fédéral s’obstine, un recours démocratique doit être possible. Hubert
5581 e Senarclens : Des récentes études ont montré que les gens sont de plus en plus concernés par les effets négatifs de la voi
5582 é que les gens sont de plus en plus concernés par les effets négatifs de la voiture sur le visage des villes. Vous avez sou
5583 de plus en plus concernés par les effets négatifs de la voiture sur le visage des villes. Vous avez souvent écrit, M. de R
5584 plus en plus concernés par les effets négatifs de la voiture sur le visage des villes. Vous avez souvent écrit, M. de Roug
5585 ncernés par les effets négatifs de la voiture sur le visage des villes. Vous avez souvent écrit, M. de Rougemont, que l’au
5586 es. Vous avez souvent écrit, M. de Rougemont, que l’ automobile avait détruit les rapports humains dans les villes et final
5587 , M. de Rougemont, que l’automobile avait détruit les rapports humains dans les villes et finalement la véritable démocrati
5588 utomobile avait détruit les rapports humains dans les villes et finalement la véritable démocratie. Jean Kräyenbühl : L’urb
5589 es rapports humains dans les villes et finalement la véritable démocratie. Jean Kräyenbühl : L’urbanisme est en effet au c
5590 lement la véritable démocratie. Jean Kräyenbühl : L’ urbanisme est en effet au cœur du problème de la circulation et des tr
5591 hl : L’urbanisme est en effet au cœur du problème de la circulation et des transports. On l’a dit : de plus en plus les ge
5592 : L’urbanisme est en effet au cœur du problème de la circulation et des transports. On l’a dit : de plus en plus les gens
5593 problème de la circulation et des transports. On l’ a dit : de plus en plus les gens vont habiter loin du centre, à la cam
5594 n et des transports. On l’a dit : de plus en plus les gens vont habiter loin du centre, à la campagne, parce qu’ils dispose
5595 s en plus les gens vont habiter loin du centre, à la campagne, parce qu’ils disposent d’un véhicule. Cette tendance a cons
5596 du centre, à la campagne, parce qu’ils disposent d’ un véhicule. Cette tendance a considérablement modifié le visage de la
5597 hicule. Cette tendance a considérablement modifié le visage de la ville. À Genève, je dois dire, on a très tôt vu le dange
5598 tte tendance a considérablement modifié le visage de la ville. À Genève, je dois dire, on a très tôt vu le danger que repr
5599 tendance a considérablement modifié le visage de la ville. À Genève, je dois dire, on a très tôt vu le danger que représe
5600 a ville. À Genève, je dois dire, on a très tôt vu le danger que représentait une utilisation abusive de la voiture. Déjà e
5601 e danger que représentait une utilisation abusive de la voiture. Déjà en 1968, rappelez-vous, la notion de « petite ceintu
5602 anger que représentait une utilisation abusive de la voiture. Déjà en 1968, rappelez-vous, la notion de « petite ceinture 
5603 usive de la voiture. Déjà en 1968, rappelez-vous, la notion de « petite ceinture » a été introduite. Le Conseil d’État et
5604 a voiture. Déjà en 1968, rappelez-vous, la notion de « petite ceinture » a été introduite. Le Conseil d’État et le conseil
5605 a notion de « petite ceinture » a été introduite. Le Conseil d’État et le conseil municipal ont proposé quatre objectifs :
5606 « petite ceinture » a été introduite. Le Conseil d’ État et le conseil municipal ont proposé quatre objectifs : enlever du
5607 ceinture » a été introduite. Le Conseil d’État et le conseil municipal ont proposé quatre objectifs : enlever du centre to
5608 proposé quatre objectifs : enlever du centre tous les courants de transit ; accorder une préférence aux transports publics,
5609 e objectifs : enlever du centre tous les courants de transit ; accorder une préférence aux transports publics, surtout dan
5610 e préférence aux transports publics, surtout dans le périmètre situé à l’intérieur de la « petite ceinture » ; interdire l
5611 surtout dans le périmètre situé à l’intérieur de la « petite ceinture » ; interdire la construction de parkings au centre
5612 l’intérieur de la « petite ceinture » ; interdire la construction de parkings au centre en favorisant leur implantation au
5613 a « petite ceinture » ; interdire la construction de parkings au centre en favorisant leur implantation autour de cette pe
5614 petite ceinture, de manière à permettre aux gens de gagner le centre à pied ; enfin une nouvelle distribution de l’espace
5615 inture, de manière à permettre aux gens de gagner le centre à pied ; enfin une nouvelle distribution de l’espace en faveur
5616 e centre à pied ; enfin une nouvelle distribution de l’espace en faveur des piétons et des transports en commun. Hubert de
5617 entre à pied ; enfin une nouvelle distribution de l’ espace en faveur des piétons et des transports en commun. Hubert de Se
5618 ubert de Senarclens : Pourtant en ce qui concerne les transports en commun, l’État n’a pas été particulièrement rapide ! Je
5619 tant en ce qui concerne les transports en commun, l’ État n’a pas été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl : Il semble
5620 Jean Kräyenbühl : Il semble qu’il y ait une sorte de schizophrénie dans la population. Tout le monde semble d’accord sur l
5621 emble qu’il y ait une sorte de schizophrénie dans la population. Tout le monde semble d’accord sur le rôle que doivent jou
5622 la population. Tout le monde semble d’accord sur le rôle que doivent jouer les transports en commun, notamment dans les z
5623 nde semble d’accord sur le rôle que doivent jouer les transports en commun, notamment dans les zones densément peuplées où
5624 nt jouer les transports en commun, notamment dans les zones densément peuplées où la voiture ne devrait plus être qu’un app
5625 n, notamment dans les zones densément peuplées où la voiture ne devrait plus être qu’un appoint. Mais lorsque l’on passe a
5626 ne devrait plus être qu’un appoint. Mais lorsque l’ on passe aux actes, plus personne n’est prêt à abandonner son véhicule
5627 à abandonner son véhicule individuel pour prendre les transports en commun. Denis de Rougemont : Vous me rappelez ce que di
5628 que disait Alfred Sauvy dans son petit livre sur l’ auto : « Les accidents sont impopulaires mais les mesures prises pour
5629 Alfred Sauvy dans son petit livre sur l’auto : «  Les accidents sont impopulaires mais les mesures prises pour les empêcher
5630 r l’auto : « Les accidents sont impopulaires mais les mesures prises pour les empêcher sont encore plus impopulaires ». Ce
5631 ts sont impopulaires mais les mesures prises pour les empêcher sont encore plus impopulaires ». Ce qui ne veut pas dire, bi
5632 s Peyrot : Ce que dit Jean Kräyenbühl à propos de l’ urbanisme est juste. Dès que vous avez créé des zones d’habitation ext
5633 nisme est juste. Dès que vous avez créé des zones d’ habitation extérieures à la ville, vous avez mis en marche des mouveme
5634 us avez créé des zones d’habitation extérieures à la ville, vous avez mis en marche des mouvements pendulaires avec des ge
5635 es en ville, laquelle est utilisée davantage pour les bureaux. C’est ainsi que Wall Street ou le centre de Paris sont deven
5636 pour les bureaux. C’est ainsi que Wall Street ou le centre de Paris sont devenus complètement morts. En ce qui concerne l
5637 bureaux. C’est ainsi que Wall Street ou le centre de Paris sont devenus complètement morts. En ce qui concerne les parking
5638 nt devenus complètement morts. En ce qui concerne les parkings périphériques un point d’interrogation demeure selon moi : e
5639 qui concerne les parkings périphériques un point d’ interrogation demeure selon moi : est-ce que le conducteur qui va fair
5640 nt d’interrogation demeure selon moi : est-ce que le conducteur qui va faire ses achats, acceptera de s’extraire de sa voi
5641 le conducteur qui va faire ses achats, acceptera de s’extraire de sa voiture qu’il aura laissée dans un de ces parkings,
5642 qui va faire ses achats, acceptera de s’extraire de sa voiture qu’il aura laissée dans un de ces parkings, alors que vous
5643 extraire de sa voiture qu’il aura laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de plus en plus aujourd’hui des cen
5644 us en plus aujourd’hui des centres commerciaux où l’ on peut garer en sous-sol ? J’émets donc un doute sur cette politique
5645 doute sur cette politique des parkings autour de la petite ceinture, qui risque de créer une dévitalisation du centre com
5646 parkings autour de la petite ceinture, qui risque de créer une dévitalisation du centre commercial de la ville. Jacob Roff
5647 de créer une dévitalisation du centre commercial de la ville. Jacob Roffler : Si beaucoup de personnes désirent aller hab
5648 créer une dévitalisation du centre commercial de la ville. Jacob Roffler : Si beaucoup de personnes désirent aller habite
5649 Si beaucoup de personnes désirent aller habiter à la campagne, c’est que la ville est devenue invivable. Ce qui se passe e
5650 s désirent aller habiter à la campagne, c’est que la ville est devenue invivable. Ce qui se passe en Occident, à cet égard
5651 qui se passe en Occident, à cet égard, est juste l’ inverse de ce que l’on constate dans les pays en voie de développement
5652 sse en Occident, à cet égard, est juste l’inverse de ce que l’on constate dans les pays en voie de développement. Là-bas v
5653 ident, à cet égard, est juste l’inverse de ce que l’ on constate dans les pays en voie de développement. Là-bas vous assist
5654 est juste l’inverse de ce que l’on constate dans les pays en voie de développement. Là-bas vous assistez à un afflux des p
5655 rse de ce que l’on constate dans les pays en voie de développement. Là-bas vous assistez à un afflux des populations vers
5656 as vous assistez à un afflux des populations vers la ville, où se déroulent les activités mais également l’animation. On n
5657 ux des populations vers la ville, où se déroulent les activités mais également l’animation. On ne peut pas couper les lieux
5658 lle, où se déroulent les activités mais également l’ animation. On ne peut pas couper les lieux d’activité des lieux de loi
5659 mais également l’animation. On ne peut pas couper les lieux d’activité des lieux de loisirs. L’homme est un tout. Vous n’av
5660 ment l’animation. On ne peut pas couper les lieux d’ activité des lieux de loisirs. L’homme est un tout. Vous n’avez qu’à c
5661 ne peut pas couper les lieux d’activité des lieux de loisirs. L’homme est un tout. Vous n’avez qu’à constater les effets c
5662 couper les lieux d’activité des lieux de loisirs. L’ homme est un tout. Vous n’avez qu’à constater les effets catastrophiqu
5663 . L’homme est un tout. Vous n’avez qu’à constater les effets catastrophiques des cités-dortoirs où les gens se connaissent
5664 les effets catastrophiques des cités-dortoirs où les gens se connaissent à peine, ce qui débouche tôt ou tard sur des prob
5665 us avez fréquemment écrit Denis de Rougemont, que la voiture avait tué les relations humaines dans la cité. Denis de Rouge
5666 crit Denis de Rougemont, que la voiture avait tué les relations humaines dans la cité. Denis de Rougemont : Je citerai deux
5667 la voiture avait tué les relations humaines dans la cité. Denis de Rougemont : Je citerai deux penseurs français actuels 
5668 rs ouvrages nous a rendus attentifs à ce fait que la voiture, en envahissant complètement les places transformées en parki
5669 fait que la voiture, en envahissant complètement les places transformées en parkings — pensez à la grande place de Bruxell
5670 nt les places transformées en parkings — pensez à la grande place de Bruxelles — ruine les bases mêmes de la démocratie, c
5671 ansformées en parkings — pensez à la grande place de Bruxelles — ruine les bases mêmes de la démocratie, c’est-à-dire les
5672 s — pensez à la grande place de Bruxelles — ruine les bases mêmes de la démocratie, c’est-à-dire les lieux de la ville où l
5673 grande place de Bruxelles — ruine les bases mêmes de la démocratie, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens se renc
5674 nde place de Bruxelles — ruine les bases mêmes de la démocratie, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens se rencont
5675 ne les bases mêmes de la démocratie, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens se rencontrent librement, même sans se
5676 es mêmes de la démocratie, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens se rencontrent librement, même sans se connaître
5677 mêmes de la démocratie, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens se rencontrent librement, même sans se connaître, o
5678 démocratie, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens se rencontrent librement, même sans se connaître, où se formait
5679 librement, même sans se connaître, où se formait l’ opinion et cela depuis la cité grecque. De l’agora jusqu’au forum roma
5680 connaître, où se formait l’opinion et cela depuis la cité grecque. De l’agora jusqu’au forum romain et aux places des comm
5681 formait l’opinion et cela depuis la cité grecque. De l’agora jusqu’au forum romain et aux places des communes au Moyen Âge
5682 mait l’opinion et cela depuis la cité grecque. De l’ agora jusqu’au forum romain et aux places des communes au Moyen Âge qu
5683 rôle si important. Voilà encore un certain nombre d’ effets objectifs que personne n’avait pu prévoir, et qui repose le pro
5684 fs que personne n’avait pu prévoir, et qui repose le problème de l’automobile de manière beaucoup plus globale. Alfred Sau
5685 nne n’avait pu prévoir, et qui repose le problème de l’automobile de manière beaucoup plus globale. Alfred Sauvy dans un p
5686 n’avait pu prévoir, et qui repose le problème de l’ automobile de manière beaucoup plus globale. Alfred Sauvy dans un peti
5687 révoir, et qui repose le problème de l’automobile de manière beaucoup plus globale. Alfred Sauvy dans un petit livre qui d
5688 lobale. Alfred Sauvy dans un petit livre qui date de 1968 — les choses se sont aggravées depuis — dit que le 40 % des frai
5689 fred Sauvy dans un petit livre qui date de 1968 —  les choses se sont aggravées depuis — dit que le 40 % des frais d’adminis
5690 8 — les choses se sont aggravées depuis — dit que le 40 % des frais d’administration de la ville de Paris sont consacrés à
5691 sont aggravées depuis — dit que le 40 % des frais d’ administration de la ville de Paris sont consacrés à la voiture. Et il
5692 puis — dit que le 40 % des frais d’administration de la ville de Paris sont consacrés à la voiture. Et il ajoute en substa
5693 s — dit que le 40 % des frais d’administration de la ville de Paris sont consacrés à la voiture. Et il ajoute en substance
5694 ue le 40 % des frais d’administration de la ville de Paris sont consacrés à la voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce
5695 inistration de la ville de Paris sont consacrés à la voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire
5696 la voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été sacrifiés sans douleur, logement, enseigne
5697 voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’ auto prioritaire ont été sacrifiés sans douleur, logement, enseignemen
5698 x bien qu’il mentionne Paris et non pas Genève où les choses se déroulent autrement. Mais tout de même, ce jugement est ass
5699 ême, ce jugement est assez impressionnant lorsque l’ on sait que Sauvy est non seulement professeur au Collège de France ma
5700 que Sauvy est non seulement professeur au Collège de France mais qu’il s’occupe chaque année du budget de la nation. Franç
5701 France mais qu’il s’occupe chaque année du budget de la nation. François Peyrot : On amène une circulation moderne dans de
5702 nce mais qu’il s’occupe chaque année du budget de la nation. François Peyrot : On amène une circulation moderne dans des v
5703 rne dans des villes qui n’étaient pas faites pour la recevoir. Il en résulte, c’est clair, des problèmes presque insoluble
5704 clair, des problèmes presque insolubles. Je suis d’ avis que des règlements s’imposent. Denis de Rougemont : Nous sommes i
5705 , tous d’accord pour penser que cette déclaration de feu le président Georges Pompidou est une monstruosité. À propos des
5706 d’accord pour penser que cette déclaration de feu le président Georges Pompidou est une monstruosité. À propos des quais d
5707 Pompidou est une monstruosité. À propos des quais de la Seine : « Il est temps que Paris s’adapte à l’automobile ». Franço
5708 pidou est une monstruosité. À propos des quais de la Seine : « Il est temps que Paris s’adapte à l’automobile ». François
5709 de la Seine : « Il est temps que Paris s’adapte à l’ automobile ». François Peyrot : C’est en effet une erreur, car une vil
5710 ille doit s’adapter, tout en gardant ce qu’elle a d’ authentique et qui doit absolument être préservé IV Hubert de S
5711 xiste un chiffre assez « intimidant » à propos de l’ industrie automobile : 30 millions d’emplois dans les sept pays produc
5712 à propos de l’industrie automobile : 30 millions d’ emplois dans les sept pays producteurs membres de l’OCDE. Alors toute
5713 industrie automobile : 30 millions d’emplois dans les sept pays producteurs membres de l’OCDE. Alors toute réflexion philos
5714 d’emplois dans les sept pays producteurs membres de l’OCDE. Alors toute réflexion philosophique, sociale ou politique sur
5715 emplois dans les sept pays producteurs membres de l’ OCDE. Alors toute réflexion philosophique, sociale ou politique sur la
5716 réflexion philosophique, sociale ou politique sur la voiture — qu’on le veuille ou non — n’est-elle pas neutralisée par ce
5717 ique, sociale ou politique sur la voiture — qu’on le veuille ou non — n’est-elle pas neutralisée par cette réalité économi
5718 que ? François Peyrot : En effet, si vous avez eu l’ occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez constaté qu’el
5719 ois Peyrot : En effet, si vous avez eu l’occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez constaté qu’elle dépend d
5720 , si vous avez eu l’occasion de visiter une usine d’ automobiles, vous aurez constaté qu’elle dépend d’un nombre considérab
5721 d’automobiles, vous aurez constaté qu’elle dépend d’ un nombre considérable de sous-traitants qui eux-mêmes sont les fourni
5722 constaté qu’elle dépend d’un nombre considérable de sous-traitants qui eux-mêmes sont les fournisseurs de bien d’autres i
5723 considérable de sous-traitants qui eux-mêmes sont les fournisseurs de bien d’autres industries, allant des tracteurs à l’ar
5724 ous-traitants qui eux-mêmes sont les fournisseurs de bien d’autres industries, allant des tracteurs à l’armement, en passa
5725 bien d’autres industries, allant des tracteurs à l’ armement, en passant par l’aéronautique. L’industrie est un tout et da
5726 allant des tracteurs à l’armement, en passant par l’ aéronautique. L’industrie est un tout et dans le cas de l’automobile,
5727 eurs à l’armement, en passant par l’aéronautique. L’ industrie est un tout et dans le cas de l’automobile, elle débouche su
5728 r l’aéronautique. L’industrie est un tout et dans le cas de l’automobile, elle débouche sur une quantité d’emplois. Rien q
5729 onautique. L’industrie est un tout et dans le cas de l’automobile, elle débouche sur une quantité d’emplois. Rien que pour
5730 utique. L’industrie est un tout et dans le cas de l’ automobile, elle débouche sur une quantité d’emplois. Rien que pour la
5731 s de l’automobile, elle débouche sur une quantité d’ emplois. Rien que pour la Suisse — qui pourtant ne fabrique pas direct
5732 ébouche sur une quantité d’emplois. Rien que pour la Suisse — qui pourtant ne fabrique pas directement d’automobiles — , c
5733 Suisse — qui pourtant ne fabrique pas directement d’ automobiles — , cela représente 80 000 emplois. C’est considérable ! V
5734 ui brancher votre télévision sans entendre parler d’ emplois et de niveau de vie. La voiture y contribue de façon très impo
5735 otre télévision sans entendre parler d’emplois et de niveau de vie. La voiture y contribue de façon très importante. D’ail
5736 ns entendre parler d’emplois et de niveau de vie. La voiture y contribue de façon très importante. D’ailleurs cet aspect d
5737 plois et de niveau de vie. La voiture y contribue de façon très importante. D’ailleurs cet aspect du niveau de vie, person
5738 nnellement, m’enthousiasme. Je trouve merveilleux de penser à quel point la majorité des gens, en Occident, vit aujourd’hu
5739 sme. Je trouve merveilleux de penser à quel point la majorité des gens, en Occident, vit aujourd’hui mieux qu’il n’y a un
5740 cles. Moi ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans la critique que vous faites du système en général c’est que vous insiste
5741 e en général c’est que vous insistez beaucoup sur l’ objet — en l’occurrence la voiture — mais vous insistez beaucoup moins
5742 c’est que vous insistez beaucoup sur l’objet — en l’ occurrence la voiture — mais vous insistez beaucoup moins sur le sujet
5743 s insistez beaucoup sur l’objet — en l’occurrence la voiture — mais vous insistez beaucoup moins sur le sujet. Jacob Roffl
5744 a voiture — mais vous insistez beaucoup moins sur le sujet. Jacob Roffler : Quatre mille personnes travaillent à l’hôpital
5745 ob Roffler : Quatre mille personnes travaillent à l’ hôpital cantonal de Genève. Non seulement pour soigner des maladies ch
5746 mille personnes travaillent à l’hôpital cantonal de Genève. Non seulement pour soigner des maladies chroniques, mais auss
5747 i des accidentés. Lorsque votre voiture va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer. Il y a par
5748 son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer. Il y a par le monde plus de 200 000 personnes qui meurent chaqu
5749 ut pas oublier qu’elle risque de tuer. Il y a par le monde plus de 200 000 personnes qui meurent chaque année sur les rout
5750 qu’elle risque de tuer. Il y a par le monde plus de 200 000 personnes qui meurent chaque année sur les routes, sans compt
5751 de 200 000 personnes qui meurent chaque année sur les routes, sans compter des millions de gens qui sont blessés. À cela s’
5752 e année sur les routes, sans compter des millions de gens qui sont blessés. À cela s’ajoute le coût social. Je reconnais q
5753 illions de gens qui sont blessés. À cela s’ajoute le coût social. Je reconnais qu’actuellement, sur le plan strictement éc
5754 strictement économique, il serait très difficile de s’arrêter de produire des voitures. Mais ne pourrait-on pas, au moins
5755 économique, il serait très difficile de s’arrêter de produire des voitures. Mais ne pourrait-on pas, au moins, envisager d
5756 res. Mais ne pourrait-on pas, au moins, envisager de mettre au point des véhicules qui au lieu de durer cinq ans, si tout
5757 nnellement scandaleux — c’est un pur gaspillage —  de voir ces voitures qui ne durent pas et auxquelles l’on doit continuel
5758 voir ces voitures qui ne durent pas et auxquelles l’ on doit continuellement changer des pièces. Denis de Rougemont : En ce
5759 s pièces. Denis de Rougemont : En ce qui concerne l’ économie, je pense qu’il faut rester humain. Il y a des limites qui co
5760 mites qui commencent à être atteintes : celles où l’ on subordonne l’économie et en particulier l’industrie automobile à ce
5761 cent à être atteintes : celles où l’on subordonne l’ économie et en particulier l’industrie automobile à cette affaire d’em
5762 s où l’on subordonne l’économie et en particulier l’ industrie automobile à cette affaire d’emploi. Mais n’y a-t-il vraimen
5763 articulier l’industrie automobile à cette affaire d’ emploi. Mais n’y a-t-il vraiment pas d’autres moyens de créer des empl
5764 loi. Mais n’y a-t-il vraiment pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est-on véritablement obligé de provoquer des acci
5765 e créer des emplois ? Est-on véritablement obligé de provoquer des accidents car cela évite du chômage dans la carrosserie
5766 quer des accidents car cela évite du chômage dans la carrosserie. Je pose le problème, je ne suis pas redevable de la répo
5767 ela évite du chômage dans la carrosserie. Je pose le problème, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas mo
5768 ie. Je pose le problème, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas mo
5769 Je pose le problème, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi q
5770 de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’ auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa multiplication ou à la construc
5771 n’est pas moi qui pousse à sa multiplication ou à la construction d’autoroutes. Pour les autoroutes, il est clairement éta
5772 i pousse à sa multiplication ou à la construction d’ autoroutes. Pour les autoroutes, il est clairement établi que loin de
5773 plication ou à la construction d’autoroutes. Pour les autoroutes, il est clairement établi que loin de résoudre le problème
5774 es, il est clairement établi que loin de résoudre le problème du trafic, elles tendent à le bloquer. Écoutez la radio le w
5775 e résoudre le problème du trafic, elles tendent à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on vous conseille d’éviter le
5776 me du trafic, elles tendent à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on vous conseille d’éviter les autoroutes pour em
5777 fic, elles tendent à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on vous conseille d’éviter les autoroutes pour emprunter l
5778 Écoutez la radio le week-end : on vous conseille d’ éviter les autoroutes pour emprunter les parcours « Émeraude », c’est-
5779 la radio le week-end : on vous conseille d’éviter les autoroutes pour emprunter les parcours « Émeraude », c’est-à-dire les
5780 conseille d’éviter les autoroutes pour emprunter les parcours « Émeraude », c’est-à-dire les petites routes de campagne. C
5781 emprunter les parcours « Émeraude », c’est-à-dire les petites routes de campagne. C’est d’un burlesque incroyable, digne de
5782 urs « Émeraude », c’est-à-dire les petites routes de campagne. C’est d’un burlesque incroyable, digne de Courteline : on a
5783 ’est-à-dire les petites routes de campagne. C’est d’ un burlesque incroyable, digne de Courteline : on aménage des autorout
5784 campagne. C’est d’un burlesque incroyable, digne de Courteline : on aménage des autoroutes pour rendre la circulation plu
5785 ourteline : on aménage des autoroutes pour rendre la circulation plus fluide mais on s’aperçoit qu’au moindre départ en va
5786 is on s’aperçoit qu’au moindre départ en vacances les voitures y sont bloquées. Hubert de Senarclens : La pollution due à l
5787 voitures y sont bloquées. Hubert de Senarclens : La pollution due à la voiture serait responsable de graves méfaits sur n
5788 oquées. Hubert de Senarclens : La pollution due à la voiture serait responsable de graves méfaits sur notre santé : possib
5789 La pollution due à la voiture serait responsable de graves méfaits sur notre santé : possibilité de cancer par les hydroc
5790 e de graves méfaits sur notre santé : possibilité de cancer par les hydrocarbures, trouble du comportement dû au plomb, da
5791 faits sur notre santé : possibilité de cancer par les hydrocarbures, trouble du comportement dû au plomb, danger de l’oxyde
5792 ures, trouble du comportement dû au plomb, danger de l’oxyde d’azote pour les poumons, hausse des maladies pulmonaires, et
5793 s, trouble du comportement dû au plomb, danger de l’ oxyde d’azote pour les poumons, hausse des maladies pulmonaires, etc.
5794 le du comportement dû au plomb, danger de l’oxyde d’ azote pour les poumons, hausse des maladies pulmonaires, etc. Une chos
5795 ement dû au plomb, danger de l’oxyde d’azote pour les poumons, hausse des maladies pulmonaires, etc. Une chose étonne tout
5796 milieux médicaux marginaux. Alors doit-on parler de « conspiration du silence » de la part de la grande majorité des méde
5797 rler de « conspiration du silence » de la part de la grande majorité des médecins ou ces faits sont-ils fortement exagérés
5798 nt exagérés ? Jacob Roffler : Je ne pense pas que l’ on puisse parler de conspiration du silence. En fait même si certains
5799 Roffler : Je ne pense pas que l’on puisse parler de conspiration du silence. En fait même si certains phénomènes sont con
5800 médecins qui se soient véritablement penchés sur la question de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voit
5801 i se soient véritablement penchés sur la question de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la s
5802 e soient véritablement penchés sur la question de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la sant
5803 ablement penchés sur la question de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont loin d’
5804 ement penchés sur la question de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont loin d’êtr
5805 a question de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont loin d’être négligeables. Ains
5806 de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont loin d’être négligeables. Ainsi on comme
5807 la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont loin d’être négligeables. Ainsi on commence
5808 e la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont loin d’être négligeables. Ainsi on commence à s’apercevoir
5809 t les effets de la voiture sur la santé sont loin d’ être négligeables. Ainsi on commence à s’apercevoir des conséquences d
5810 Ainsi on commence à s’apercevoir des conséquences de l’oxyde d’azote sur les poumons. Les recherches ont débuté il y a cin
5811 si on commence à s’apercevoir des conséquences de l’ oxyde d’azote sur les poumons. Les recherches ont débuté il y a cinq o
5812 mmence à s’apercevoir des conséquences de l’oxyde d’ azote sur les poumons. Les recherches ont débuté il y a cinq ou dix an
5813 percevoir des conséquences de l’oxyde d’azote sur les poumons. Les recherches ont débuté il y a cinq ou dix ans. Je vous si
5814 conséquences de l’oxyde d’azote sur les poumons. Les recherches ont débuté il y a cinq ou dix ans. Je vous signale qu’un g
5815 y a cinq ou dix ans. Je vous signale qu’un groupe d’ ingénieurs de Lausanne a calculé que 900 tonnes d’hydrocarbures sont d
5816 ix ans. Je vous signale qu’un groupe d’ingénieurs de Lausanne a calculé que 900 tonnes d’hydrocarbures sont déposées chaqu
5817 d’ingénieurs de Lausanne a calculé que 900 tonnes d’ hydrocarbures sont déposées chaque année sur un kilomètre de route. Un
5818 bures sont déposées chaque année sur un kilomètre de route. Une bonne partie est évacuée par les eaux de pluie avec les ef
5819 omètre de route. Une bonne partie est évacuée par les eaux de pluie avec les effets biologiques que vous devinez. Le reste
5820 route. Une bonne partie est évacuée par les eaux de pluie avec les effets biologiques que vous devinez. Le reste par le v
5821 nne partie est évacuée par les eaux de pluie avec les effets biologiques que vous devinez. Le reste par le vent. Or on sait
5822 uie avec les effets biologiques que vous devinez. Le reste par le vent. Or on sait — pour l’avoir testé sur des animaux de
5823 effets biologiques que vous devinez. Le reste par le vent. Or on sait — pour l’avoir testé sur des animaux de laboratoires
5824 devinez. Le reste par le vent. Or on sait — pour l’ avoir testé sur des animaux de laboratoires — que certains hydrocarbur
5825 . Or on sait — pour l’avoir testé sur des animaux de laboratoires — que certains hydrocarbures sont responsables du cancer
5826 sont responsables du cancer. On connaît également le taux de plomb déposé chaque année sur nos routes et qui se retrouve d
5827 ponsables du cancer. On connaît également le taux de plomb déposé chaque année sur nos routes et qui se retrouve dans l’ai
5828 aque année sur nos routes et qui se retrouve dans l’ air ou dans l’eau. L’effet du plomb sur le système vasculaire ou sur l
5829 nos routes et qui se retrouve dans l’air ou dans l’ eau. L’effet du plomb sur le système vasculaire ou sur le comportement
5830 utes et qui se retrouve dans l’air ou dans l’eau. L’ effet du plomb sur le système vasculaire ou sur le comportement de l’i
5831 ve dans l’air ou dans l’eau. L’effet du plomb sur le système vasculaire ou sur le comportement de l’individu ont été étudi
5832 L’effet du plomb sur le système vasculaire ou sur le comportement de l’individu ont été étudiés. Des chercheurs ont notamm
5833 sur le système vasculaire ou sur le comportement de l’individu ont été étudiés. Des chercheurs ont notamment prouvé que d
5834 r le système vasculaire ou sur le comportement de l’ individu ont été étudiés. Des chercheurs ont notamment prouvé que des
5835 ment prouvé que des écoliers étudiant à proximité de routes fréquentées, connaissent une modification de leur comportement
5836 routes fréquentées, connaissent une modification de leur comportement. La pollution des voitures est en outre responsable
5837 onnaissent une modification de leur comportement. La pollution des voitures est en outre responsable d’un certain nombre d
5838 a pollution des voitures est en outre responsable d’ un certain nombre de maladies pulmonaires. La bronchite chronique pren
5839 ures est en outre responsable d’un certain nombre de maladies pulmonaires. La bronchite chronique prend une forte expansio
5840 able d’un certain nombre de maladies pulmonaires. La bronchite chronique prend une forte expansion avec l’air des villes.
5841 ronchite chronique prend une forte expansion avec l’ air des villes. Le coût social de ces maladies est épouvantablement él
5842 prend une forte expansion avec l’air des villes. Le coût social de ces maladies est épouvantablement élevé. D’autre part
5843 e expansion avec l’air des villes. Le coût social de ces maladies est épouvantablement élevé. D’autre part en ce qui conce
5844 ntablement élevé. D’autre part en ce qui concerne les accidents, je pense qu’il ne faut pas prendre uniquement en considéra
5845 l ne faut pas prendre uniquement en considération le choc ou la blessure mais l’ensemble des suites telles que la diminuti
5846 as prendre uniquement en considération le choc ou la blessure mais l’ensemble des suites telles que la diminution de l’esp
5847 ment en considération le choc ou la blessure mais l’ ensemble des suites telles que la diminution de l’espérance de vie, la
5848 la blessure mais l’ensemble des suites telles que la diminution de l’espérance de vie, la diminution des chances de promot
5849 is l’ensemble des suites telles que la diminution de l’espérance de vie, la diminution des chances de promotion profession
5850 l’ensemble des suites telles que la diminution de l’ espérance de vie, la diminution des chances de promotion professionnel
5851 es suites telles que la diminution de l’espérance de vie, la diminution des chances de promotion professionnelle, la perte
5852 s telles que la diminution de l’espérance de vie, la diminution des chances de promotion professionnelle, la perte de la j
5853 de l’espérance de vie, la diminution des chances de promotion professionnelle, la perte de la joie de vivre, la douleur,
5854 inution des chances de promotion professionnelle, la perte de la joie de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la vo
5855 es chances de promotion professionnelle, la perte de la joie de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la voiture don
5856 chances de promotion professionnelle, la perte de la joie de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la voiture donne
5857 de promotion professionnelle, la perte de la joie de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la voiture donne une cert
5858 on professionnelle, la perte de la joie de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la voiture donne une certaine liber
5859 ie de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la voiture donne une certaine liberté, on paie celle-ci horriblement che
5860 paie celle-ci horriblement cher. Par des milliers de morts, des millions de blessés et des milliards de dépenses sociales.
5861 ent cher. Par des milliers de morts, des millions de blessés et des milliards de dépenses sociales. Denis de Rougemont : U
5862 e morts, des millions de blessés et des milliards de dépenses sociales. Denis de Rougemont : Une adjonction s’impose. C’es
5863 nis de Rougemont : Une adjonction s’impose. C’est l’ aspect de la criminalité. Il est évident que nos outils ne sont jamais
5864 ugemont : Une adjonction s’impose. C’est l’aspect de la criminalité. Il est évident que nos outils ne sont jamais responsa
5865 mont : Une adjonction s’impose. C’est l’aspect de la criminalité. Il est évident que nos outils ne sont jamais responsable
5866 vident que nos outils ne sont jamais responsables de nos crimes. Ce qui est dangereux c’est l’homme. La bombe atomique seu
5867 nsables de nos crimes. Ce qui est dangereux c’est l’ homme. La bombe atomique seule n’est pas dangereuse. Mais le risque ap
5868 e nos crimes. Ce qui est dangereux c’est l’homme. La bombe atomique seule n’est pas dangereuse. Mais le risque apparaît lo
5869 a bombe atomique seule n’est pas dangereuse. Mais le risque apparaît lorsque vous donnez aux hommes tels qu’ils sont — fin
5870 ement assez dangereux et bêtes — des jouets comme la bombe ou d’une manière plus modeste l’automobile. Car même en les bar
5871 dangereux et bêtes — des jouets comme la bombe ou d’ une manière plus modeste l’automobile. Car même en les baratinant, vou
5872 uets comme la bombe ou d’une manière plus modeste l’ automobile. Car même en les baratinant, vous n’obtiendrez pas qu’ils r
5873 ne manière plus modeste l’automobile. Car même en les baratinant, vous n’obtiendrez pas qu’ils restent « gentils ». Cela me
5874 ’ils restent « gentils ». Cela me rappelle ce que l’ on dit aux États auxquels on vend des centrales : « Surtout ne faites
5875 s on vend des centrales : « Surtout ne faites pas de mal avec ». Ils le jurent tous. Ils paient 6 milliards pour une usine
5876 ales : « Surtout ne faites pas de mal avec ». Ils le jurent tous. Ils paient 6 milliards pour une usine de retraitement, m
5877 urent tous. Ils paient 6 milliards pour une usine de retraitement, mais ils ne vont jamais l’utiliser… François Peyrot : P
5878 ne usine de retraitement, mais ils ne vont jamais l’ utiliser… François Peyrot : Personne ne discute le fait que les gaz de
5879 l’utiliser… François Peyrot : Personne ne discute le fait que les gaz de voiture sont toxiques à forte dose. Mais quels so
5880 François Peyrot : Personne ne discute le fait que les gaz de voiture sont toxiques à forte dose. Mais quels sont les méfait
5881 Peyrot : Personne ne discute le fait que les gaz de voiture sont toxiques à forte dose. Mais quels sont les méfaits et le
5882 iture sont toxiques à forte dose. Mais quels sont les méfaits et leur importance dans la vie courante ? C’est aux médecins
5883 is quels sont les méfaits et leur importance dans la vie courante ? C’est aux médecins à le déterminer. Et jusqu’à présent
5884 tance dans la vie courante ? C’est aux médecins à le déterminer. Et jusqu’à présent cela n’a pas tellement été fait. J’ai
5885 n’a pas tellement été fait. J’ai assisté à toutes les séances sur les règlements du Conseil fédéral en la matière. Tout éta
5886 t été fait. J’ai assisté à toutes les séances sur les règlements du Conseil fédéral en la matière. Tout était, je vous l’as
5887 séances sur les règlements du Conseil fédéral en la matière. Tout était, je vous l’assure, plutôt obscur. Jacob Roffler :
5888 onseil fédéral en la matière. Tout était, je vous l’ assure, plutôt obscur. Jacob Roffler : Mais alors pourquoi le Conseil
5889 lutôt obscur. Jacob Roffler : Mais alors pourquoi le Conseil fédéral prend-il des mesures pour réduire le taux de plomb ?
5890 Conseil fédéral prend-il des mesures pour réduire le taux de plomb ? François Peyrot : La réglementation fédérale s’est at
5891 fédéral prend-il des mesures pour réduire le taux de plomb ? François Peyrot : La réglementation fédérale s’est attaquée t
5892 pour réduire le taux de plomb ? François Peyrot : La réglementation fédérale s’est attaquée très sérieusement à ce problèm
5893 e s’est attaquée très sérieusement à ce problème. Le peuple suisse a écarté l’initiative Albatros. Par contre il a fait co
5894 eusement à ce problème. Le peuple suisse a écarté l’ initiative Albatros. Par contre il a fait confiance aux dispositions d
5895 systématiquement, au cours de ce débat, minimisé les inconvénients de la voiture. François Peyrot : Et vous, ses avantages
5896 au cours de ce débat, minimisé les inconvénients de la voiture. François Peyrot : Et vous, ses avantages… an. Rougemo
5897 cours de ce débat, minimisé les inconvénients de la voiture. François Peyrot : Et vous, ses avantages… an. Rougemont
5898 : Et vous, ses avantages… an. Rougemont Denis de , « Débat sur la voiture dans la société moderne », Journal de Genève,
5899 vantages… an. Rougemont Denis de, « Débat sur la voiture dans la société moderne », Journal de Genève, Genève, 17–19 f
5900 Rougemont Denis de, « Débat sur la voiture dans la société moderne », Journal de Genève, Genève, 17–19 février 1978, p. 
5901 sur la voiture dans la société moderne », Journal de Genève, Genève, 17–19 février 1978, p. 19, 22, 21, 16.
32 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
5902 Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1e
5903 s journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans ma jeunesse, j’ai longtemp
5904 ns ma jeunesse, j’ai longtemps joué comme gardien de but dans les équipes de football du gymnase puis de l’Université de N
5905 se, j’ai longtemps joué comme gardien de but dans les équipes de football du gymnase puis de l’Université de Neuchâtel. Ce
5906 gtemps joué comme gardien de but dans les équipes de football du gymnase puis de l’Université de Neuchâtel. Ce que j’aimai
5907 but dans les équipes de football du gymnase puis de l’Université de Neuchâtel. Ce que j’aimais tout particulièrement dans
5908 t dans les équipes de football du gymnase puis de l’ Université de Neuchâtel. Ce que j’aimais tout particulièrement dans ce
5909 uipes de football du gymnase puis de l’Université de Neuchâtel. Ce que j’aimais tout particulièrement dans ce rôle, c’étai
5910 imais tout particulièrement dans ce rôle, c’était le moment de crise où je devais intervenir ; cet instant presque lyrique
5911 particulièrement dans ce rôle, c’était le moment de crise où je devais intervenir ; cet instant presque lyrique, d’une gr
5912 devais intervenir ; cet instant presque lyrique, d’ une gravité extrême. Curieusement, d’ailleurs, mon premier article, qu
5913 publié dans une revue — j’avais alors un peu plus de 17 ans — était une critique d’un livre de Montherlant intitulé Le Par
5914 alors un peu plus de 17 ans — était une critique d’ un livre de Montherlant intitulé Le Paradis à l’ombre des épées et don
5915 eu plus de 17 ans — était une critique d’un livre de Montherlant intitulé Le Paradis à l’ombre des épées et dont le thème
5916 t une critique d’un livre de Montherlant intitulé Le Paradis à l’ombre des épées et dont le thème principal était justemen
5917 e d’un livre de Montherlant intitulé Le Paradis à l’ ombre des épées et dont le thème principal était justement le football
5918 t intitulé Le Paradis à l’ombre des épées et dont le thème principal était justement le football. J’avais beaucoup aimé ce
5919 épées et dont le thème principal était justement le football. J’avais beaucoup aimé ce recueil d’essais : autant pour la
5920 ent le football. J’avais beaucoup aimé ce recueil d’ essais : autant pour la manière dont Montherlant parlait du football q
5921 s beaucoup aimé ce recueil d’essais : autant pour la manière dont Montherlant parlait du football que pour son style. Mon
5922 pour son style. Mon article fut donc publié dans La semaine littéraire, seule revue paraissant alors en Suisse romande, u
5923 Suisse romande, une semaine à peine après que je l’ aie écrit. Il s’intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les
5924 écrit. Il s’intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jésuites » et fut pour moi à l’origine d’un échange de l
5925 intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jésuites » et fut pour moi à l’origine d’un échange de lettres assez
5926 ant, le sport et les jésuites » et fut pour moi à l’ origine d’un échange de lettres assez nourri avec Montherlant. Ce dern
5927 ort et les jésuites » et fut pour moi à l’origine d’ un échange de lettres assez nourri avec Montherlant. Ce dernier alla m
5928 suites » et fut pour moi à l’origine d’un échange de lettres assez nourri avec Montherlant. Ce dernier alla même jusqu’à m
5929 rnier alla même jusqu’à m’envoyer une photo où on le voyait habillé comme un gardien de but, en train de bloquer un ballon
5930 ne photo où on le voyait habillé comme un gardien de but, en train de bloquer un ballon. Au dos de celle-ci, il avait écri
5931 ien de but, en train de bloquer un ballon. Au dos de celle-ci, il avait écrit de sa grande écriture, impériale. « À Denis
5932 uer un ballon. Au dos de celle-ci, il avait écrit de sa grande écriture, impériale. « À Denis de Rougemont, colonne de la
5933 iture, impériale. « À Denis de Rougemont, colonne de la défense, son camarade, Montherlant. » J’étais bien entendu très fi
5934 re, impériale. « À Denis de Rougemont, colonne de la défense, son camarade, Montherlant. » J’étais bien entendu très fier
5935 de, Montherlant. » J’étais bien entendu très fier de recevoir des lettres de celui que je considérais comme un merveilleux
5936 is bien entendu très fier de recevoir des lettres de celui que je considérais comme un merveilleux écrivain. Mes débuts li
5937 ittéraires ont donc coïncidé avec ma passion pour le football. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencontrer à maintes re
5938 nc coïncidé avec ma passion pour le football. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Cam
5939 a passion pour le football. Par la suite, j’ai eu l’ occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui j’ai b
5940 our le football. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui j’ai beaucoup par
5941 up parlé football. Il jouait, lui aussi, au poste de gardien de but dans une équipe. Nous étions donc trois écrivains de l
5942 otball. Il jouait, lui aussi, au poste de gardien de but dans une équipe. Nous étions donc trois écrivains de la même géné
5943 dans une équipe. Nous étions donc trois écrivains de la même génération, passionnés de football et jouant, tous trois, en
5944 s une équipe. Nous étions donc trois écrivains de la même génération, passionnés de football et jouant, tous trois, en qua
5945 trois écrivains de la même génération, passionnés de football et jouant, tous trois, en qualité de gardiens de but. C’est
5946 nés de football et jouant, tous trois, en qualité de gardiens de but. C’est tout de même étonnant. Si vous deviez définir
5947 all et jouant, tous trois, en qualité de gardiens de but. C’est tout de même étonnant. Si vous deviez définir le rôle du s
5948 est tout de même étonnant. Si vous deviez définir le rôle du sport… Je crois que le sport doit être pour l’individu une so
5949 ous deviez définir le rôle du sport… Je crois que le sport doit être pour l’individu une sorte de morale ; celle de la tol
5950 le du sport… Je crois que le sport doit être pour l’ individu une sorte de morale ; celle de la tolérance, du fair-play, du
5951 que le sport doit être pour l’individu une sorte de morale ; celle de la tolérance, du fair-play, du respect de l’autre.
5952 être pour l’individu une sorte de morale ; celle de la tolérance, du fair-play, du respect de l’autre. Mais force est de
5953 re pour l’individu une sorte de morale ; celle de la tolérance, du fair-play, du respect de l’autre. Mais force est de con
5954 ; celle de la tolérance, du fair-play, du respect de l’autre. Mais force est de constater qu’à l’heure actuelle cette mora
5955 fair-play, du respect de l’autre. Mais force est de constater qu’à l’heure actuelle cette morale est en train de fortemen
5956 pect de l’autre. Mais force est de constater qu’à l’ heure actuelle cette morale est en train de fortement se dégrader en r
5957 in de fortement se dégrader en raison, selon moi, de deux facteurs particulièrement néfastes : la commercialisation à outr
5958 moi, de deux facteurs particulièrement néfastes : la commercialisation à outrance de certains sports, dont certains mérite
5959 rement néfastes : la commercialisation à outrance de certains sports, dont certains méritent à peine ce nom, et bien évide
5960 tains méritent à peine ce nom, et bien évidemment le nationalisme, lequel s’est désormais emparé de la grande majorité des
5961 nt le nationalisme, lequel s’est désormais emparé de la grande majorité des compétitions internationales, des JO en partic
5962 le nationalisme, lequel s’est désormais emparé de la grande majorité des compétitions internationales, des JO en particuli
5963  ? Je suis violemment opposé à tout ce qui exalte le nationalisme lors des JO : hymnes nationaux, drapeaux, bref le protoc
5964 me lors des JO : hymnes nationaux, drapeaux, bref le protocole. Tout cela est, à mon sens, une effroyable caricature de l’
5965 t cela est, à mon sens, une effroyable caricature de l’esprit olympique et de la morale sportive en général. De toute faço
5966 ela est, à mon sens, une effroyable caricature de l’ esprit olympique et de la morale sportive en général. De toute façon,
5967 ne effroyable caricature de l’esprit olympique et de la morale sportive en général. De toute façon, je ne vois vraiment pa
5968 effroyable caricature de l’esprit olympique et de la morale sportive en général. De toute façon, je ne vois vraiment pas l
5969 it olympique et de la morale sportive en général. De toute façon, je ne vois vraiment pas le rapport qui existe entre la p
5970 général. De toute façon, je ne vois vraiment pas le rapport qui existe entre la performance de l’athlète et le pays d’où
5971 ne vois vraiment pas le rapport qui existe entre la performance de l’athlète et le pays d’où il vient. Certains tirent de
5972 nt pas le rapport qui existe entre la performance de l’athlète et le pays d’où il vient. Certains tirent des parallèles en
5973 pas le rapport qui existe entre la performance de l’ athlète et le pays d’où il vient. Certains tirent des parallèles entre
5974 t qui existe entre la performance de l’athlète et le pays d’où il vient. Certains tirent des parallèles entre les JO de Be
5975 iste entre la performance de l’athlète et le pays d’ où il vient. Certains tirent des parallèles entre les JO de Berlin de
5976 où il vient. Certains tirent des parallèles entre les JO de Berlin de 1936 et ceux qui vont se dérouler à Moscou. Je pense
5977 ains tirent des parallèles entre les JO de Berlin de 1936 et ceux qui vont se dérouler à Moscou. Je pense qu’en 1936, les
5978 i vont se dérouler à Moscou. Je pense qu’en 1936, les démocraties occidentales ont eu le plus grand tort de participer aux
5979 e qu’en 1936, les démocraties occidentales ont eu le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d’y all
5980 émocraties occidentales ont eu le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d’y aller tout en expriman
5981 ort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d’ y aller tout en exprimant clairement leurs raisons, à savoir qu’elles
5982 aisons, à savoir qu’elles ne voulaient pas servir la publicité d’un régime scandaleux, la guerre n’aurait pas été évitée c
5983 oir qu’elles ne voulaient pas servir la publicité d’ un régime scandaleux, la guerre n’aurait pas été évitée certes, mais s
5984 t pas servir la publicité d’un régime scandaleux, la guerre n’aurait pas été évitée certes, mais se serait sans doute enga
5985 ute engagée dans des conditions bien différentes. Le peuple allemand aurait en effet commencé à remettre en cause très sér
5986 et commencé à remettre en cause très sérieusement la valeur de la politique menée par son gouvernement. Pour les mêmes rai
5987 é à remettre en cause très sérieusement la valeur de la politique menée par son gouvernement. Pour les mêmes raisons, j’ap
5988 remettre en cause très sérieusement la valeur de la politique menée par son gouvernement. Pour les mêmes raisons, j’appro
5989 de la politique menée par son gouvernement. Pour les mêmes raisons, j’approuve totalement ceux qui refusent d’aller à Mosc
5990 raisons, j’approuve totalement ceux qui refusent d’ aller à Moscou tant que le régime soviétique continue à faire ce que l
5991 ement ceux qui refusent d’aller à Moscou tant que le régime soviétique continue à faire ce que l’on sait. D’autant que le
5992 que le régime soviétique continue à faire ce que l’ on sait. D’autant que le gouvernement russe a largement diffusé une br
5993 e continue à faire ce que l’on sait. D’autant que le gouvernement russe a largement diffusé une brochure, contre laquelle
5994 ailleurs vivement protesté, disant clairement que le fait que Moscou ait été choisi comme siège des JO est un témoignage d
5995 t été choisi comme siège des JO est un témoignage d’ admiration du monde entier à l’égard du régime communiste soviétique.
5996 entier à l’égard du régime communiste soviétique. Le fait de supprimer les hymnes et les drapeaux serait-il selon vous suf
5997 l’égard du régime communiste soviétique. Le fait de supprimer les hymnes et les drapeaux serait-il selon vous suffisant p
5998 égime communiste soviétique. Le fait de supprimer les hymnes et les drapeaux serait-il selon vous suffisant pour sauver les
5999 te soviétique. Le fait de supprimer les hymnes et les drapeaux serait-il selon vous suffisant pour sauver les JO ? Non. Il
6000 apeaux serait-il selon vous suffisant pour sauver les JO ? Non. Il faut repartir sur un autre pied, rédiger une charte olym
6001 nt nouvelle, qui élimine expressément toute forme de nationalisme. Mais certains ne seraient sans doute pas du tout d’acco
6002 ment radical. D’ailleurs je voyais l’autre jour à la TV des membres de nombreux comités olympiques se réjouir à l’idée de
6003 lleurs je voyais l’autre jour à la TV des membres de nombreux comités olympiques se réjouir à l’idée de voir disparaître à
6004 mbres de nombreux comités olympiques se réjouir à l’ idée de voir disparaître à jamais les hymnes et les drapeaux des JO. U
6005 e nombreux comités olympiques se réjouir à l’idée de voir disparaître à jamais les hymnes et les drapeaux des JO. Un des d
6006 se réjouir à l’idée de voir disparaître à jamais les hymnes et les drapeaux des JO. Un des dirigeants du Comité olympique
6007 l’idée de voir disparaître à jamais les hymnes et les drapeaux des JO. Un des dirigeants du Comité olympique français s’est
6008 oi ! On veut m’arracher mon drapeau, on en veut à l’ honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’il n’est pl
6009 ut m’arracher mon drapeau, on en veut à l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’il n’est plus questio
6010 en arrive là, je crois qu’il n’est plus question de sport mais de délire nationaliste. Et la presse sportive dans tout ce
6011 je crois qu’il n’est plus question de sport mais de délire nationaliste. Et la presse sportive dans tout cela… Je pense q
6012 question de sport mais de délire nationaliste. Et la presse sportive dans tout cela… Je pense que les mass médias, dans le
6013 t la presse sportive dans tout cela… Je pense que les mass médias, dans leur ensemble, sont en grande partie responsables d
6014 leur ensemble, sont en grande partie responsables de la dégradation du sport. Voyez les pages sportives des journaux : le
6015 r ensemble, sont en grande partie responsables de la dégradation du sport. Voyez les pages sportives des journaux : le lan
6016 ie responsables de la dégradation du sport. Voyez les pages sportives des journaux : le langage y est féroce. Beaucoup de j
6017 u sport. Voyez les pages sportives des journaux : le langage y est féroce. Beaucoup de journalistes vont même jusqu’à écri
6018 e des phrases telles que « Tartampion ne fait pas de quartier, il écrase ses adversaires, dicte sa loi », un peu comme si
6019 ses adversaires, dicte sa loi », un peu comme si les grands sportifs imposaient leurs volontés les plus arbitraires à leur
6020 si les grands sportifs imposaient leurs volontés les plus arbitraires à leurs adversaires. Les pages sportives ont donc l’
6021 olontés les plus arbitraires à leurs adversaires. Les pages sportives ont donc l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on
6022 à leurs adversaires. Les pages sportives ont donc l’ air de glorifier d’affreux tyrans comme on en a plus vu depuis Gengis
6023 s adversaires. Les pages sportives ont donc l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on en a plus vu depuis Gengis Khan.
6024 . Les pages sportives ont donc l’air de glorifier d’ affreux tyrans comme on en a plus vu depuis Gengis Khan. Et tout cela
6025 ait bien entendu régner autour du sport un climat de violence, où les pires instincts, l’agressivité peuvent se déchaîner.
6026 régner autour du sport un climat de violence, où les pires instincts, l’agressivité peuvent se déchaîner. Ne serait-il don
6027 rt un climat de violence, où les pires instincts, l’ agressivité peuvent se déchaîner. Ne serait-il donc pas temps de reven
6028 peuvent se déchaîner. Ne serait-il donc pas temps de revenir à une vraie morale du sport telle que je l’admirais comme ado
6029 revenir à une vraie morale du sport telle que je l’ admirais comme adolescent dans les premiers livres de Montherlant ?
6030 dmirais comme adolescent dans les premiers livres de Montherlant ? ao. Rougemont Denis de, « [Entretien] Les journalist
6031 rs livres de Montherlant ? ao. Rougemont Denis de , « [Entretien] Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment le
6032 erlant ? ao. Rougemont Denis de, « [Entretien] Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans », Journal
6033 s journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans », Journal de Genève, Genève, 31 mai–1 juin 1980, p. 24. ap.
6034 s ? On dirait qu’ils aiment les tyrans », Journal de Genève, Genève, 31 mai–1 juin 1980, p. 24. ap. Propos recueillis par
6035  24. ap. Propos recueillis par Bertrand Monnard. L’ entretien est précédé du chapeau suivant : « Né à Neuchâtel en 1906, D
6036 « Né à Neuchâtel en 1906, Denis de Rougemont est l’ écrivain suisse le plus engagé dans les divers mouvements pour l’unité
6037 en 1906, Denis de Rougemont est l’écrivain suisse le plus engagé dans les divers mouvements pour l’unité politique et cult
6038 ugemont est l’écrivain suisse le plus engagé dans les divers mouvements pour l’unité politique et culturelle de l’Europe. À
6039 se le plus engagé dans les divers mouvements pour l’ unité politique et culturelle de l’Europe. À travers ses nombreux livr
6040 s mouvements pour l’unité politique et culturelle de l’Europe. À travers ses nombreux livres parmi lesquels L’Amour et l’O
6041 ouvements pour l’unité politique et culturelle de l’ Europe. À travers ses nombreux livres parmi lesquels L’Amour et l’Occi
6042 ope. À travers ses nombreux livres parmi lesquels L’ Amour et l’Occident demeure sans doute le plus célèbre, il a médité su
6043 ers ses nombreux livres parmi lesquels L’Amour et l’ Occident demeure sans doute le plus célèbre, il a médité sur les thème
6044 lesquels L’Amour et l’Occident demeure sans doute le plus célèbre, il a médité sur les thèmes essentiels de notre temps. M
6045 meure sans doute le plus célèbre, il a médité sur les thèmes essentiels de notre temps. Mais, aussi surprenant que cela pui
6046 us célèbre, il a médité sur les thèmes essentiels de notre temps. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, sa voca
6047 paraître, sa vocation littéraire a commencé avec le football… »
33 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Mes amis et Nerval (9 octobre 1982)
6048 je suis parti en vacances avec une pleine valise de manuscrits en train et de livres « à lire en vacances », livres d’ami
6049 avec une pleine valise de manuscrits en train et de livres « à lire en vacances », livres d’amis, reçus depuis des mois,
6050 train et de livres « à lire en vacances », livres d’ amis, reçus depuis des mois, et livres qui m’aident à travailler, comm
6051 mois, et livres qui m’aident à travailler, comme la série des petits volumes d’Après l’exil de Hugo et de Tel quel de Val
6052 ailler, comme la série des petits volumes d’Après l’ exil de Hugo et de Tel quel de Valéry, compagnons de mes mises en trai
6053 comme la série des petits volumes d’Après l’exil de Hugo et de Tel quel de Valéry, compagnons de mes mises en train. Le s
6054 érie des petits volumes d’Après l’exil de Hugo et de Tel quel de Valéry, compagnons de mes mises en train. Le sort a voulu
6055 its volumes d’Après l’exil de Hugo et de Tel quel de Valéry, compagnons de mes mises en train. Le sort a voulu que je n’ar
6056 exil de Hugo et de Tel quel de Valéry, compagnons de mes mises en train. Le sort a voulu que je n’arrive à lire qu’un seul
6057 quel de Valéry, compagnons de mes mises en train. Le sort a voulu que je n’arrive à lire qu’un seul des « livres d’amis » 
6058 lu que je n’arrive à lire qu’un seul des « livres d’ amis » : le Poisson-scorpion de Nicolas Bouvier, avec le plaisir const
6059 ’arrive à lire qu’un seul des « livres d’amis » : le Poisson-scorpion de Nicolas Bouvier, avec le plaisir constant, finale
6060  » : le Poisson-scorpion de Nicolas Bouvier, avec le plaisir constant, finalement envoûtant, d’une surprise ou d’une trouv
6061 , avec le plaisir constant, finalement envoûtant, d’ une surprise ou d’une trouvaille de langage par phrase, ou presque ; u
6062 constant, finalement envoûtant, d’une surprise ou d’ une trouvaille de langage par phrase, ou presque ; un écrivain digne d
6063 ent envoûtant, d’une surprise ou d’une trouvaille de langage par phrase, ou presque ; un écrivain digne du nom, c’est deve
6064 est devenu tellement rare aujourd’hui ! Mais pour le reste, hélas, je n’ai pu que relire, et de très près, sept ou huit de
6065 s pour le reste, hélas, je n’ai pu que relire, et de très près, sept ou huit de mes propres livres, en vue de traductions
6066 n’ai pu que relire, et de très près, sept ou huit de mes propres livres, en vue de traductions nouvelles en anglais, rouma
6067 our des rééditions revues et augmentées en livres de poche, à paraître à l’automne, ces tâches bloquant tout, écriture et
6068 es et augmentées en livres de poche, à paraître à l’ automne, ces tâches bloquant tout, écriture et lectures. À la seule ex
6069 ces tâches bloquant tout, écriture et lectures. À la seule exception d’une plongée de quelques jours dans Nerval : je m’ét
6070 tout, écriture et lectures. À la seule exception d’ une plongée de quelques jours dans Nerval : je m’étais aperçu à ma hon
6071 e et lectures. À la seule exception d’une plongée de quelques jours dans Nerval : je m’étais aperçu à ma honte que je ne s
6072 aperçu à ma honte que je ne savais plus par cœur les sonnets des Chimères : c’est réparé. aq. Rougemont Denis de, « [Ré
6073 s Chimères : c’est réparé. aq. Rougemont Denis de , « [Réponse à une enquête] Mes amis et Nerval », Journal de Genève, G
6074 onse à une enquête] Mes amis et Nerval », Journal de Genève, Genève, 9 octobre 1982, p. V. ar. Réponse à l’enquête « Que
6075 ève, Genève, 9 octobre 1982, p. V. ar. Réponse à l’ enquête « Que lisent les écrivains romands ? »
6076 1982, p. V. ar. Réponse à l’enquête « Que lisent les écrivains romands ? »
34 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
6077 Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)as Mardi dernier, au Conservatoire
6078 tobre 1982)as Mardi dernier, au Conservatoire de musique de Genève, Denis de Rougemont a reçu le Grand Prix Schiller,
6079 as Mardi dernier, au Conservatoire de musique de Genève, Denis de Rougemont a reçu le Grand Prix Schiller, une des plu
6080 e de musique de Genève, Denis de Rougemont a reçu le Grand Prix Schiller, une des plus hautes distinctions littéraires de
6081 ler, une des plus hautes distinctions littéraires de notre pays, doté cette année de 25 000 francs. Après l’introduction d
6082 tions littéraires de notre pays, doté cette année de 25 000 francs. Après l’introduction d’Yvette Z’Graggen et de Fritz Le
6083 re pays, doté cette année de 25 000 francs. Après l’ introduction d’Yvette Z’Graggen et de Fritz Leutwiler (respectivement
6084 ette année de 25 000 francs. Après l’introduction d’ Yvette Z’Graggen et de Fritz Leutwiler (respectivement vice-présidente
6085 rancs. Après l’introduction d’Yvette Z’Graggen et de Fritz Leutwiler (respectivement vice-présidente et président de la Fo
6086 iler (respectivement vice-présidente et président de la Fondation Schiller Suisse), Georges Anex et le conseiller d’État A
6087 r (respectivement vice-présidente et président de la Fondation Schiller Suisse), Georges Anex et le conseiller d’État Andr
6088 de la Fondation Schiller Suisse), Georges Anex et le conseiller d’État André Chavanne firent l’éloge, l’un de l’écrivain,
6089 n Schiller Suisse), Georges Anex et le conseiller d’ État André Chavanne firent l’éloge, l’un de l’écrivain, l’autre du cit
6090 nex et le conseiller d’État André Chavanne firent l’ éloge, l’un de l’écrivain, l’autre du citoyen engagé. Dans son remerci
6091 eiller d’État André Chavanne firent l’éloge, l’un de l’écrivain, l’autre du citoyen engagé. Dans son remerciement, avant d
6092 ler d’État André Chavanne firent l’éloge, l’un de l’ écrivain, l’autre du citoyen engagé. Dans son remerciement, avant de p
6093 en engagé. Dans son remerciement, avant de parler de cette Europe qui lui « tient au cœur, au corps et à l’âme » et de réa
6094 tte Europe qui lui « tient au cœur, au corps et à l’ âme » et de réaffirmer avec force sa foi en un avenir qui sera ce que
6095 qui lui « tient au cœur, au corps et à l’âme » et de réaffirmer avec force sa foi en un avenir qui sera ce que nous en fer
6096 s en ferons, Denis de Rougemont expliqua pourquoi l’ essai est, à son sens, un genre pleinement littéraire, et il retraça l
6097 ns, un genre pleinement littéraire, et il retraça les origines à la fois historiques et spirituelles de son engagement. Le
6098 es origines à la fois historiques et spirituelles de son engagement. Le choix de la Fondation Schiller Suisse — choix lon
6099 s historiques et spirituelles de son engagement. Le choix de la Fondation Schiller Suisse — choix longuement mûri s’il en
6100 ques et spirituelles de son engagement. Le choix de la Fondation Schiller Suisse — choix longuement mûri s’il en fut, pui
6101 s et spirituelles de son engagement. Le choix de la Fondation Schiller Suisse — choix longuement mûri s’il en fut, puisqu
6102 e se déclare, pour notre Suisse romande, que tous les vingt ans en moyenne — je vous dirai qu’il me rassure au moins autant
6103 n effet un « essayiste », c’est-à-dire une espèce d’ écrivain qui ne se définit aujourd’hui, dans le domaine littéraire, qu
6104 ce d’écrivain qui ne se définit aujourd’hui, dans le domaine littéraire, que d’une manière négative : c’est quelqu’un qui
6105 init aujourd’hui, dans le domaine littéraire, que d’ une manière négative : c’est quelqu’un qui publie bien sûr, mais n’a p
6106 ais n’a pas publié un seul roman, un seul recueil de poèmes, ni même une seule pièce de théâtre. Fait-il vraiment partie d
6107 n seul recueil de poèmes, ni même une seule pièce de théâtre. Fait-il vraiment partie de la littérature ? Tel est le doute
6108 e seule pièce de théâtre. Fait-il vraiment partie de la littérature ? Tel est le doute qu’en me donnant votre Grand Prix v
6109 eule pièce de théâtre. Fait-il vraiment partie de la littérature ? Tel est le doute qu’en me donnant votre Grand Prix vous
6110 it-il vraiment partie de la littérature ? Tel est le doute qu’en me donnant votre Grand Prix vous tranchez en faveur de l’
6111 nnant votre Grand Prix vous tranchez en faveur de l’ essai comme genre légitime de la littérature. Mais il y a plus grave e
6112 ranchez en faveur de l’essai comme genre légitime de la littérature. Mais il y a plus grave encore dans mon cas, puisque c
6113 chez en faveur de l’essai comme genre légitime de la littérature. Mais il y a plus grave encore dans mon cas, puisque c’es
6114 y a plus grave encore dans mon cas, puisque c’est le cas d’un essayiste qui n’écrit même pas sur la chose littéraire, ou à
6115 s grave encore dans mon cas, puisque c’est le cas d’ un essayiste qui n’écrit même pas sur la chose littéraire, ou à la rig
6116 st le cas d’un essayiste qui n’écrit même pas sur la chose littéraire, ou à la rigueur philosophique, mais sur les problèm
6117 ui n’écrit même pas sur la chose littéraire, ou à la rigueur philosophique, mais sur les problèmes de ce temps, face auxqu
6118 ttéraire, ou à la rigueur philosophique, mais sur les problèmes de ce temps, face auxquels il prend position, ou comme on l
6119 la rigueur philosophique, mais sur les problèmes de ce temps, face auxquels il prend position, ou comme on le dit, dès ce
6120 mps, face auxquels il prend position, ou comme on le dit, dès ce temps-là, « s’engage ». Rendons leur place aux essayist
6121 ur place aux essayistes ! C’est sur ces thèmes de l’essayiste et de l’engagement de l’écrivain que je vous proposerai q
6122 place aux essayistes ! C’est sur ces thèmes de l’ essayiste et de l’engagement de l’écrivain que je vous proposerai quel
6123 istes ! C’est sur ces thèmes de l’essayiste et de l’engagement de l’écrivain que je vous proposerai quelques très brève
6124 es ! C’est sur ces thèmes de l’essayiste et de l’ engagement de l’écrivain que je vous proposerai quelques très brèves r
6125 sur ces thèmes de l’essayiste et de l’engagement de l’écrivain que je vous proposerai quelques très brèves remarques. Dep
6126 r ces thèmes de l’essayiste et de l’engagement de l’ écrivain que je vous proposerai quelques très brèves remarques. Depuis
6127 proposerai quelques très brèves remarques. Depuis le xix e siècle romantique, le grand public et la plupart des critiques
6128 ves remarques. Depuis le xix e siècle romantique, le grand public et la plupart des critiques semblent penser que la litté
6129 c et la plupart des critiques semblent penser que la littérature c’est poésie, roman, théâtre, et création littéraire sera
6130 , théâtre, et création littéraire serait synonyme de fiction. Voilà qui est méconnaître à tout le moins l’histoire de la l
6131 nyme de fiction. Voilà qui est méconnaître à tout le moins l’histoire de la littérature française. Les chefs-d’œuvre de no
6132 iction. Voilà qui est méconnaître à tout le moins l’ histoire de la littérature française. Les chefs-d’œuvre de notre langu
6133 là qui est méconnaître à tout le moins l’histoire de la littérature française. Les chefs-d’œuvre de notre langue, la flora
6134 qui est méconnaître à tout le moins l’histoire de la littérature française. Les chefs-d’œuvre de notre langue, la floraiso
6135 le moins l’histoire de la littérature française. Les chefs-d’œuvre de notre langue, la floraison de son vocabulaire, la gr
6136 re de la littérature française. Les chefs-d’œuvre de notre langue, la floraison de son vocabulaire, la grande allure et le
6137 ure française. Les chefs-d’œuvre de notre langue, la floraison de son vocabulaire, la grande allure et les éclats du style
6138 . Les chefs-d’œuvre de notre langue, la floraison de son vocabulaire, la grande allure et les éclats du style, ne se voien
6139 de notre langue, la floraison de son vocabulaire, la grande allure et les éclats du style, ne se voient guère chez les rom
6140 floraison de son vocabulaire, la grande allure et les éclats du style, ne se voient guère chez les romanciers, à part Stend
6141 e et les éclats du style, ne se voient guère chez les romanciers, à part Stendhal, ni même chez les poètes français, à part
6142 hez les romanciers, à part Stendhal, ni même chez les poètes français, à part Baudelaire et Saint-John Perse. Mais dans Cal
6143 Baudelaire et Saint-John Perse. Mais dans Calvin, l’ initiateur de la langue des idées en France, et dans Montaigne, invent
6144 Saint-John Perse. Mais dans Calvin, l’initiateur de la langue des idées en France, et dans Montaigne, inventeur des Essai
6145 int-John Perse. Mais dans Calvin, l’initiateur de la langue des idées en France, et dans Montaigne, inventeur des Essais p
6146 gne, inventeur des Essais précisément ; puis dans le Pascal des Pensées, le Descartes du Discours, le Montesquieu des Lett
6147 is précisément ; puis dans le Pascal des Pensées, le Descartes du Discours, le Montesquieu des Lettres persanes, le Voltai
6148 le Pascal des Pensées, le Descartes du Discours, le Montesquieu des Lettres persanes, le Voltaire des écrits polémiques e
6149 du Discours, le Montesquieu des Lettres persanes, le Voltaire des écrits polémiques et pas du tout des tragédies en vers,
6150 polémiques et pas du tout des tragédies en vers, le Rousseau des Rêveries et des Confessions, le Chateaubriand des Mémoir
6151 ers, le Rousseau des Rêveries et des Confessions, le Chateaubriand des Mémoires d’outre-tombe, le Victor Hugo des discours
6152 et des Confessions, le Chateaubriand des Mémoires d’ outre-tombe, le Victor Hugo des discours sur l’Europe et pour la paix,
6153 ons, le Chateaubriand des Mémoires d’outre-tombe, le Victor Hugo des discours sur l’Europe et pour la paix, le Rimbaud d’U
6154 es d’outre-tombe, le Victor Hugo des discours sur l’ Europe et pour la paix, le Rimbaud d’Une saison en enfer, et tout près
6155 le Victor Hugo des discours sur l’Europe et pour la paix, le Rimbaud d’Une saison en enfer, et tout près de nous, le Valé
6156 r Hugo des discours sur l’Europe et pour la paix, le Rimbaud d’Une saison en enfer, et tout près de nous, le Valéry de Var
6157 baud d’Une saison en enfer, et tout près de nous, le Valéry de Variété et de Tel Quel, l’André Breton des Manifestes surré
6158 er, et tout près de nous, le Valéry de Variété et de Tel Quel, l’André Breton des Manifestes surréalistes, le Saint-Exupér
6159 rès de nous, le Valéry de Variété et de Tel Quel, l’ André Breton des Manifestes surréalistes, le Saint-Exupéry de Terre de
6160 Quel, l’André Breton des Manifestes surréalistes, le Saint-Exupéry de Terre des hommes, Jean Paulhan et Roger Caillois… Vo
6161 eption, comme toute préférence quelque injustice. Le style d’un écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à se
6162 omme toute préférence quelque injustice. Le style d’ un écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à ses romans
6163 ue injustice. Le style d’un écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’o
6164 injustice. Le style d’un écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on l
6165 est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendons leur place aux essayistes dans toute littérature dign
6166 s dans toute littérature digne du nom, et surtout d’ expression française. L’avis de Malraux Ceci dit sur un plan gén
6167 gne du nom, et surtout d’expression française. L’ avis de Malraux Ceci dit sur un plan général, j’en viens à mon cas
6168 nom, et surtout d’expression française. L’avis de Malraux Ceci dit sur un plan général, j’en viens à mon cas personn
6169 première fois en public. On s’étonne souvent, ou l’ on juge regrettable, que je donne le plus clair de mes journées, depui
6170 e souvent, ou l’on juge regrettable, que je donne le plus clair de mes journées, depuis plus de trente ans, à l’action. Qu
6171 l’on juge regrettable, que je donne le plus clair de mes journées, depuis plus de trente ans, à l’action. Qu’est-ce à dire
6172 donne le plus clair de mes journées, depuis plus de trente ans, à l’action. Qu’est-ce à dire? Action pour l’Europe fédéré
6173 air de mes journées, depuis plus de trente ans, à l’ action. Qu’est-ce à dire? Action pour l’Europe fédérée dès 1946, fonda
6174 te ans, à l’action. Qu’est-ce à dire? Action pour l’ Europe fédérée dès 1946, fondation et direction effective pendant tren
6175 ve ; présidence pendant seize ans du Congrès pour la liberté de la culture, à Paris ; de l’Institut universitaire d’études
6176 ence pendant seize ans du Congrès pour la liberté de la culture, à Paris ; de l’Institut universitaire d’études européenne
6177 e pendant seize ans du Congrès pour la liberté de la culture, à Paris ; de l’Institut universitaire d’études européennes,
6178 Congrès pour la liberté de la culture, à Paris ; de l’Institut universitaire d’études européennes, à Genève encore ; sans
6179 ngrès pour la liberté de la culture, à Paris ; de l’ Institut universitaire d’études européennes, à Genève encore ; sans pa
6180 la culture, à Paris ; de l’Institut universitaire d’ études européennes, à Genève encore ; sans parler de l’Association eur
6181 études européennes, à Genève encore ; sans parler de l’Association européenne des festivals de musique, de l’Association d
6182 des européennes, à Genève encore ; sans parler de l’ Association européenne des festivals de musique, de l’Association des
6183 parler de l’Association européenne des festivals de musique, de l’Association des instituts d’études européennes, de la C
6184 ’Association européenne des festivals de musique, de l’Association des instituts d’études européennes, de la Campagne d’éd
6185 sociation européenne des festivals de musique, de l’ Association des instituts d’études européennes, de la Campagne d’éduca
6186 tivals de musique, de l’Association des instituts d’ études européennes, de la Campagne d’éducation civique et d’une dizain
6187 l’Association des instituts d’études européennes, de la Campagne d’éducation civique et d’une dizaine d’autres actions… Av
6188 ssociation des instituts d’études européennes, de la Campagne d’éducation civique et d’une dizaine d’autres actions… Avec
6189 es instituts d’études européennes, de la Campagne d’ éducation civique et d’une dizaine d’autres actions… Avec tout ce que
6190 uropéennes, de la Campagne d’éducation civique et d’ une dizaine d’autres actions… Avec tout ce que cela nécessite de tâche
6191 d’autres actions… Avec tout ce que cela nécessite de tâches quotidiennes, d’animation, d’organisation et d’administration,
6192 out ce que cela nécessite de tâches quotidiennes, d’ animation, d’organisation et d’administration, et de présidences de co
6193 la nécessite de tâches quotidiennes, d’animation, d’ organisation et d’administration, et de présidences de comités : je n’
6194 ches quotidiennes, d’animation, d’organisation et d’ administration, et de présidences de comités : je n’ose pas vous dire
6195 animation, d’organisation et d’administration, et de présidences de comités : je n’ose pas vous dire combien depuis trente
6196 ganisation et d’administration, et de présidences de comités : je n’ose pas vous dire combien depuis trente ans, plusieurs
6197 ombien depuis trente ans, plusieurs centaines, je le crains. D’où le propos d’André Malraux, à moi transmis par l’un de se
6198 is trente ans, plusieurs centaines, je le crains. D’ où le propos d’André Malraux, à moi transmis par l’un de ses amis espa
6199 ente ans, plusieurs centaines, je le crains. D’où le propos d’André Malraux, à moi transmis par l’un de ses amis espagnols
6200 plusieurs centaines, je le crains. D’où le propos d’ André Malraux, à moi transmis par l’un de ses amis espagnols : « C’est
6201 e propos d’André Malraux, à moi transmis par l’un de ses amis espagnols : « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais il s
6202 nsmis par l’un de ses amis espagnols : « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais il se perd dans les comités »… Combien
6203 de nos meilleurs écrivains, mais il se perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes engagements euro
6204 t de mon œuvre littéraire ». Je serais perdu pour la littérature… Le prix que vous me donnez aujourd’hui, non seulement ré
6205 ittéraire ». Je serais perdu pour la littérature… Le prix que vous me donnez aujourd’hui, non seulement réfute ces propos,
6206 i, non seulement réfute ces propos, mais me donne l’ occasion de m’expliquer là-dessus, m’en fait même peut-être un devoir.
6207 ement réfute ces propos, mais me donne l’occasion de m’expliquer là-dessus, m’en fait même peut-être un devoir. Tout s’
6208 0 J’oserai donc aborder sans aucune précaution la question que beaucoup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-i
6209 osent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’ Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horribile dictu, de paci
6210 et : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horribile dictu, de pacifisme ? Je pass
6211 uoi s’occupe-t-il tant d’Europe unie, de régions, d’ écologie, ou même, horribile dictu, de pacifisme ? Je passe donc aux a
6212 de régions, d’écologie, ou même, horribile dictu, de pacifisme ? Je passe donc aux aveux : ils ne seront pas complets, fau
6213 plets, faute de temps, mais candides. Deux séries de motifs pourraient être évoquées ici : d’une part, les défis de l’Hist
6214 motifs pourraient être évoquées ici : d’une part, les défis de l’Histoire auxquels toute ma génération eut à faire face, et
6215 rraient être évoquées ici : d’une part, les défis de l’Histoire auxquels toute ma génération eut à faire face, et d’autre
6216 ient être évoquées ici : d’une part, les défis de l’ Histoire auxquels toute ma génération eut à faire face, et d’autre par
6217 e ma génération eut à faire face, et d’autre part l’ évolution intérieure qui fut la mienne dans le même temps, je veux dir
6218 art l’évolution intérieure qui fut la mienne dans le même temps, je veux dire dans les années 1930 à 1940. Durant cette dé
6219 t la mienne dans le même temps, je veux dire dans les années 1930 à 1940. Durant cette décennie tout s’est joué, à la fois
6220 ors de moi et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’interaction de ces deux séries de motifs dans
6221 qui m’importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’ interaction de ces deux séries de motifs dans mon travail d’écrivain e
6222 ici, c’est de vous faire entrevoir l’interaction de ces deux séries de motifs dans mon travail d’écrivain et dans mon act
6223 faire entrevoir l’interaction de ces deux séries de motifs dans mon travail d’écrivain et dans mon action d’homme, de cit
6224 ion de ces deux séries de motifs dans mon travail d’ écrivain et dans mon action d’homme, de citoyen. Je rappellerai d’abor
6225 fs dans mon travail d’écrivain et dans mon action d’ homme, de citoyen. Je rappellerai d’abord la nature du défi que ma gén
6226 on travail d’écrivain et dans mon action d’homme, de citoyen. Je rappellerai d’abord la nature du défi que ma génération e
6227 ction d’homme, de citoyen. Je rappellerai d’abord la nature du défi que ma génération eut à relever. Arthur Kœstler l’a fo
6228 i que ma génération eut à relever. Arthur Kœstler l’ a fort bien dit : ce fut l’affrontement entre un mensonge total, celui
6229 elever. Arthur Kœstler l’a fort bien dit : ce fut l’ affrontement entre un mensonge total, celui des dictatures à l’Est, et
6230 t entre un mensonge total, celui des dictatures à l’ Est, et une demi-vérité à l’Ouest, celle des États-nations démocratiqu
6231 elui des dictatures à l’Est, et une demi-vérité à l’ Ouest, celle des États-nations démocratiques. La guerre entre eux deve
6232 à l’Ouest, celle des États-nations démocratiques. La guerre entre eux devenait inévitable. Nous aurions à la faire, vu not
6233 rre entre eux devenait inévitable. Nous aurions à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les tr
6234 re âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les trois régimes totalitaires et les régimes dits libéraux, adultérés pa
6235 e guerre. Entre les trois régimes totalitaires et les régimes dits libéraux, adultérés par le centralisme étatique et par l
6236 aires et les régimes dits libéraux, adultérés par le centralisme étatique et par la soumission de l’homme à ses machines,
6237 aux, adultérés par le centralisme étatique et par la soumission de l’homme à ses machines, tout en nous refusait le choix.
6238 par le centralisme étatique et par la soumission de l’homme à ses machines, tout en nous refusait le choix. Nous étions c
6239 r le centralisme étatique et par la soumission de l’ homme à ses machines, tout en nous refusait le choix. Nous étions cond
6240 de l’homme à ses machines, tout en nous refusait le choix. Nous étions condamnés à inventer, dans un temps ridiculement b
6241 s de connaître, Alexandre Marc, me remit une page de manifeste au milieu de laquelle cette phrase me frappa, tapée en maju
6242 ctivistes, nous sommes personnalistes ». Un trait de lumière dans mon esprit : cette formule se trouvait répondre aux ques
6243 cette formule se trouvait répondre aux questions les plus lancinantes que me posaient alors l’époque, les carences de nos
6244 stions les plus lancinantes que me posaient alors l’ époque, les carences de nos démocraties et le défi des totalitaires. P
6245 plus lancinantes que me posaient alors l’époque, les carences de nos démocraties et le défi des totalitaires. Par Alexandr
6246 ntes que me posaient alors l’époque, les carences de nos démocraties et le défi des totalitaires. Par Alexandre Marc, j’en
6247 lors l’époque, les carences de nos démocraties et le défi des totalitaires. Par Alexandre Marc, j’entrai en relation avec
6248 Marc, j’entrai en relation avec quelques dizaines de jeunes intellectuels, avec ce que l’on nomme aujourd’hui, d’après une
6249 ues dizaines de jeunes intellectuels, avec ce que l’ on nomme aujourd’hui, d’après une thèse célèbre, « les non-conformiste
6250 n nomme aujourd’hui, d’après une thèse célèbre, «  les non-conformistes des années trente », bientôt reliés à d’autres group
6251 nglais, belges, hollandais et suisses, mais aussi d’ une manière clandestine, on s’en doute, dans l’Allemagne nazie et l’It
6252 si d’une manière clandestine, on s’en doute, dans l’ Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ils allaient lancer des revues c
6253 destine, on s’en doute, dans l’Allemagne nazie et l’ Italie fasciste. Ils allaient lancer des revues comme Esprit , L’Ord
6254 t , L’Ordre nouveau et Hic et Nunc à Paris, à la fondation et à la vie desquelles je fus étroitement associé dès 1931
6255 au et Hic et Nunc à Paris, à la fondation et à la vie desquelles je fus étroitement associé dès 1931 jusqu’à la guerre.
6256 elles je fus étroitement associé dès 1931 jusqu’à la guerre. Au pain et à l’eau Car la guerre arriva, comme prévu, n
6257 socié dès 1931 jusqu’à la guerre. Au pain et à l’ eau Car la guerre arriva, comme prévu, nous dispersant dans nos pay
6258 1 jusqu’à la guerre. Au pain et à l’eau Car la guerre arriva, comme prévu, nous dispersant dans nos pays et leurs ar
6259 es parfois ennemies. Je fus mobilisé d’abord dans le Jura, puis attaché au service Armée et foyer de l’état-major général,
6260 s le Jura, puis attaché au service Armée et foyer de l’état-major général, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à
6261 e Jura, puis attaché au service Armée et foyer de l’ état-major général, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la
6262 et foyer de l’état-major général, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l
6263 major général, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée d’Hitler à P
6264 , à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée d’Hitler à Paris, qui par
6265 C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée d’Hitler à Paris, qui parut le 17 ju
6266 e 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l’ entrée d’Hitler à Paris, qui parut le 17 juin, lendemain de l’arrivée
6267 à la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée d’ Hitler à Paris, qui parut le 17 juin, lendemain de l’arrivée au pouvoi
6268 article sur l’entrée d’Hitler à Paris, qui parut le 17 juin, lendemain de l’arrivée au pouvoir de Pétain et veille de l’a
6269 d’Hitler à Paris, qui parut le 17 juin, lendemain de l’arrivée au pouvoir de Pétain et veille de l’appel lancé par de Gaul
6270 itler à Paris, qui parut le 17 juin, lendemain de l’ arrivée au pouvoir de Pétain et veille de l’appel lancé par de Gaulle
6271 rut le 17 juin, lendemain de l’arrivée au pouvoir de Pétain et veille de l’appel lancé par de Gaulle à Londres. Cet articl
6272 emain de l’arrivée au pouvoir de Pétain et veille de l’appel lancé par de Gaulle à Londres. Cet article me valut une conda
6273 in de l’arrivée au pouvoir de Pétain et veille de l’ appel lancé par de Gaulle à Londres. Cet article me valut une condamna
6274 article me valut une condamnation à quinze jours de forteresse « au pain et à l’eau, sans visites ni courrier », pour « i
6275 ation à quinze jours de forteresse « au pain et à l’ eau, sans visites ni courrier », pour « insultes à chef d’État étrange
6276 , pour « insultes à chef d’État étranger risquant de mettre en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa.
6277 chef d’État étranger risquant de mettre en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je
6278 étranger risquant de mettre en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je me vis gent
6279 anger risquant de mettre en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je me vis gentime
6280 en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé à partir pour N
6281 de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé à partir pour New York, chargé d’une
6282 s gentiment poussé à partir pour New York, chargé d’ une mission de conférences sur la Suisse. Je serais moins gênant, et m
6283 ussé à partir pour New York, chargé d’une mission de conférences sur la Suisse. Je serais moins gênant, et même plus utile
6284 New York, chargé d’une mission de conférences sur la Suisse. Je serais moins gênant, et même plus utile là-bas, pensait-on
6285 ées américaines ? J’ai écrit quelques livres, sur la Suisse, sur le diable, et sur la bombe atomique notamment. Mais surto
6286  ? J’ai écrit quelques livres, sur la Suisse, sur le diable, et sur la bombe atomique notamment. Mais surtout, par la forc
6287 ques livres, sur la Suisse, sur le diable, et sur la bombe atomique notamment. Mais surtout, par la force en mon cas créat
6288 ur la bombe atomique notamment. Mais surtout, par la force en mon cas créatrice d’une constante et poignante nostalgie, en
6289 . Mais surtout, par la force en mon cas créatrice d’ une constante et poignante nostalgie, en Amérique, j’ai découvert l’Eu
6290 poignante nostalgie, en Amérique, j’ai découvert l’ Europe et la nécessité vitale de son union, si les Alliés gagnaient, l
6291 ostalgie, en Amérique, j’ai découvert l’Europe et la nécessité vitale de son union, si les Alliés gagnaient, la délivraien
6292 e, j’ai découvert l’Europe et la nécessité vitale de son union, si les Alliés gagnaient, la délivraient d’Hitler. Et dès m
6293 l’Europe et la nécessité vitale de son union, si les Alliés gagnaient, la délivraient d’Hitler. Et dès mon retour définiti
6294 ité vitale de son union, si les Alliés gagnaient, la délivraient d’Hitler. Et dès mon retour définitif en Suisse, je me su
6295 on union, si les Alliés gagnaient, la délivraient d’ Hitler. Et dès mon retour définitif en Suisse, je me suis trouvé, sans
6296 uis trouvé, sans trop savoir comment, engagé dans la lutte militante pour la fédération de nos peuples. À mes amis fédéral
6297 voir comment, engagé dans la lutte militante pour la fédération de nos peuples. À mes amis fédéralistes, dont beaucoup ava
6298 engagé dans la lutte militante pour la fédération de nos peuples. À mes amis fédéralistes, dont beaucoup avaient milité av
6299 fédéralistes, dont beaucoup avaient milité avant la guerre dans nos groupements personnalistes, puis inspiré la Résistanc
6300 dans nos groupements personnalistes, puis inspiré la Résistance, j’ai dit que j’étais prêt à donner à leur cause deux ans
6301 t que j’étais prêt à donner à leur cause deux ans de ma vie, et tant pis pour mon œuvre littéraire. C’était en 1947. J’y s
6302 vre littéraire. C’était en 1947. J’y suis encore, les deux ans sont devenus trente-cinq ans, et pourtant je ne regrette rie
6303 e-cinq ans, et pourtant je ne regrette rien, pour les raisons tout intérieures auxquelles il est temps que je vienne. Ki
6304 r une du protestantisme totalement différente, je le confesse, de celle que je gardais de mon école du dimanche. C’était l
6305 estantisme totalement différente, je le confesse, de celle que je gardais de mon école du dimanche. C’était l’idée très ca
6306 fférente, je le confesse, de celle que je gardais de mon école du dimanche. C’était l’idée très calvinienne de la personne
6307 que je gardais de mon école du dimanche. C’était l’ idée très calvinienne de la personne, c’est-à-dire d’un individu charg
6308 cole du dimanche. C’était l’idée très calvinienne de la personne, c’est-à-dire d’un individu chargé d’une vocation unique
6309 e du dimanche. C’était l’idée très calvinienne de la personne, c’est-à-dire d’un individu chargé d’une vocation unique qui
6310 dée très calvinienne de la personne, c’est-à-dire d’ un individu chargé d’une vocation unique qui le relie à la communauté.
6311 de la personne, c’est-à-dire d’un individu chargé d’ une vocation unique qui le relie à la communauté. Paul Valéry nous con
6312 re d’un individu chargé d’une vocation unique qui le relie à la communauté. Paul Valéry nous convaincus de ce que « toute
6313 ividu chargé d’une vocation unique qui le relie à la communauté. Paul Valéry nous convaincus de ce que « toute politique s
6314 elie à la communauté. Paul Valéry nous convaincus de ce que « toute politique suppose une certaine idée de l’homme ». Nous
6315 e que « toute politique suppose une certaine idée de l’homme ». Nous en déduisons que le communisme supposait un individu
6316 ue « toute politique suppose une certaine idée de l’ homme ». Nous en déduisons que le communisme supposait un individu emb
6317 certaine idée de l’homme ». Nous en déduisons que le communisme supposait un individu embrigadé, le komsomol ; que les fas
6318 ue le communisme supposait un individu embrigadé, le komsomol ; que les fascismes, noir ou brun, impliquaient à peu près l
6319 upposait un individu embrigadé, le komsomol ; que les fascismes, noir ou brun, impliquaient à peu près la même conception,
6320 fascismes, noir ou brun, impliquaient à peu près la même conception, dictée par des buts collectifs, l’impérialisme de l’
6321 même conception, dictée par des buts collectifs, l’ impérialisme de l’État ou de la race substitué à celui de la classe ;
6322 n, dictée par des buts collectifs, l’impérialisme de l’État ou de la race substitué à celui de la classe ; mais qu’en reva
6323 dictée par des buts collectifs, l’impérialisme de l’ État ou de la race substitué à celui de la classe ; mais qu’en revanch
6324 des buts collectifs, l’impérialisme de l’État ou de la race substitué à celui de la classe ; mais qu’en revanche une soci
6325 s buts collectifs, l’impérialisme de l’État ou de la race substitué à celui de la classe ; mais qu’en revanche une société
6326 ialisme de l’État ou de la race substitué à celui de la classe ; mais qu’en revanche une société vraiment démocratique et
6327 isme de l’État ou de la race substitué à celui de la classe ; mais qu’en revanche une société vraiment démocratique et lib
6328 ent démocratique et libertaire, supposait un type d’ homme qui serait à la fois pleinement libre et pleinement responsable
6329 a fois pleinement libre et pleinement responsable de ses actes, chacun de ces termes conditionnant l’autre : nul n’est ten
6330 re et pleinement responsable de ses actes, chacun de ces termes conditionnant l’autre : nul n’est tenu pour responsable de
6331 ionnant l’autre : nul n’est tenu pour responsable de ses actes si ceux-ci n’ont pas été accomplis librement (les juristes
6332 tes si ceux-ci n’ont pas été accomplis librement ( les juristes connaissent bien cela) et à l’inverse, personne n’est vraime
6333 brement (les juristes connaissent bien cela) et à l’ inverse, personne n’est vraiment libre de ses décisions si celles-ci n
6334 la) et à l’inverse, personne n’est vraiment libre de ses décisions si celles-ci ne peuvent entraîner aucun effort concret.
6335 ursuivant ce raisonnement, nous observions — nous les personnalistes, précisons — que l’homme n’est responsable qu’au sein
6336 rvions — nous les personnalistes, précisons — que l’ homme n’est responsable qu’au sein d’une communauté où sa voix puisse
6337 t où n’importe qui puisse lui répondre sans avoir l’ organe de Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote qu’il décrit da
6338 porte qui puisse lui répondre sans avoir l’organe de Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote qu’il décrit dans sa Pol
6339 sans avoir l’organe de Stentor. Nous retrouvions l’ idéal d’Aristote qu’il décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du
6340 oir l’organe de Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’ Aristote qu’il décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même cou
6341 ’idéal d’Aristote qu’il décrit dans sa Politique, l’ idéal de Calvin du même coup, et le modèle de cité idéale que Rousseau
6342 ’Aristote qu’il décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèle de cité idéale que Rousseau devait
6343 sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèle de cité idéale que Rousseau devait reprendre en l’appliquant a
6344 que, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèle de cité idéale que Rousseau devait reprendre en l’appliquant aux citoyen
6345 e de cité idéale que Rousseau devait reprendre en l’ appliquant aux citoyens de Genève réunis dans la cathédrale. Le mod
6346 eau devait reprendre en l’appliquant aux citoyens de Genève réunis dans la cathédrale. Le modèle suisse D’où l’idée,
6347 n l’appliquant aux citoyens de Genève réunis dans la cathédrale. Le modèle suisse D’où l’idée, dérivée de Proudhon,
6348 citoyens de Genève réunis dans la cathédrale. Le modèle suisse D’où l’idée, dérivée de Proudhon, cette fois-ci, d’u
6349 réunis dans la cathédrale. Le modèle suisse D’ où l’idée, dérivée de Proudhon, cette fois-ci, d’une société fondée su
6350 s dans la cathédrale. Le modèle suisse D’où l’ idée, dérivée de Proudhon, cette fois-ci, d’une société fondée sur les
6351 rale. Le modèle suisse D’où l’idée, dérivée de Proudhon, cette fois-ci, d’une société fondée sur les communes, s’ass
6352 D’où l’idée, dérivée de Proudhon, cette fois-ci, d’ une société fondée sur les communes, s’associant en régions pour les t
6353 Proudhon, cette fois-ci, d’une société fondée sur les communes, s’associant en régions pour les tâches qui dépassent leur c
6354 dée sur les communes, s’associant en régions pour les tâches qui dépassent leur compétence ; ces régions à leur tour se féd
6355 e ; ces régions à leur tour se fédérant, et ainsi de suite jusqu’au niveau continental d’une fédération de l’Europe. L’idé
6356 nt, et ainsi de suite jusqu’au niveau continental d’ une fédération de l’Europe. L’idée générale n’étant pas de créer une p
6357 uite jusqu’au niveau continental d’une fédération de l’Europe. L’idée générale n’étant pas de créer une puissance nouvelle
6358 e jusqu’au niveau continental d’une fédération de l’ Europe. L’idée générale n’étant pas de créer une puissance nouvelle — 
6359 niveau continental d’une fédération de l’Europe. L’ idée générale n’étant pas de créer une puissance nouvelle — un « trois
6360 dération de l’Europe. L’idée générale n’étant pas de créer une puissance nouvelle — un « troisième Grand » dans le cas de
6361 puissance nouvelle — un « troisième Grand » dans le cas de l’Europe — mais seulement le minimum de pouvoir capable d’assu
6362 nce nouvelle — un « troisième Grand » dans le cas de l’Europe — mais seulement le minimum de pouvoir capable d’assurer l’a
6363 nouvelle — un « troisième Grand » dans le cas de l’ Europe — mais seulement le minimum de pouvoir capable d’assurer l’auto
6364 Grand » dans le cas de l’Europe — mais seulement le minimum de pouvoir capable d’assurer l’autonomie de chacune des régio
6365 ns le cas de l’Europe — mais seulement le minimum de pouvoir capable d’assurer l’autonomie de chacune des régions fédérées
6366 pe — mais seulement le minimum de pouvoir capable d’ assurer l’autonomie de chacune des régions fédérées : le modèle suisse
6367 seulement le minimum de pouvoir capable d’assurer l’ autonomie de chacune des régions fédérées : le modèle suisse ! À la ba
6368 minimum de pouvoir capable d’assurer l’autonomie de chacune des régions fédérées : le modèle suisse ! À la base de cette
6369 rer l’autonomie de chacune des régions fédérées : le modèle suisse ! À la base de cette construction nullement utopique — 
6370 acune des régions fédérées : le modèle suisse ! À la base de cette construction nullement utopique — voir la Suisse justem
6371 s régions fédérées : le modèle suisse ! À la base de cette construction nullement utopique — voir la Suisse justement — un
6372 e de cette construction nullement utopique — voir la Suisse justement — une idée de l’homme que nous appelions la personne
6373 nt utopique — voir la Suisse justement — une idée de l’homme que nous appelions la personne, c’est-à-dire un individu à la
6374 utopique — voir la Suisse justement — une idée de l’ homme que nous appelions la personne, c’est-à-dire un individu à la fo
6375 ustement — une idée de l’homme que nous appelions la personne, c’est-à-dire un individu à la fois libre et engagé ; distin
6376 un individu à la fois libre et engagé ; distingué de tout autre par sa vocation, mais responsable de l’exercer dans la cit
6377 é de tout autre par sa vocation, mais responsable de l’exercer dans la cité, par là même relié à la communauté, et même pl
6378 e tout autre par sa vocation, mais responsable de l’ exercer dans la cité, par là même relié à la communauté, et même plus 
6379 r sa vocation, mais responsable de l’exercer dans la cité, par là même relié à la communauté, et même plus : créateur de c
6380 le de l’exercer dans la cité, par là même relié à la communauté, et même plus : créateur de cette communauté. Voilà pour l
6381 me relié à la communauté, et même plus : créateur de cette communauté. Voilà pour la doctrine. J’ai dit les conséquences q
6382 e plus : créateur de cette communauté. Voilà pour la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie.
6383 ette communauté. Voilà pour la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu po
6384 entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon action européenne, j’ai ti
6385 perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon action européenne, j’ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart
6386 on européenne, j’ai tiré huit volumes, c’est près d’ un quart de ce que j’ai publié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de,
6387 ne, j’ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’ai publié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de, « Suis-je p
6388 ue j’ai publié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de , « Suis-je perdu pour la littérature ? », Journal de Genève, Genève,
6389 as. Rougemont Denis de, « Suis-je perdu pour la littérature ? », Journal de Genève, Genève, 30 octobre 1982, p. I, IV
6390 « Suis-je perdu pour la littérature ? », Journal de Genève, Genève, 30 octobre 1982, p. I, IV.