1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926) a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont o
2 us la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes ont dénoncé certaines des confusions sur quoi se fondent ces poétiques es
3 rs des plus tenaces de ces confusions. M. de Traz a visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux
4 , ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous ont habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus
5 aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’ avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certaines pages
6 ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir
7 de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouv
8 fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouve si juste : « Ce qui d
9 péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulm
10 a nôtre. » La place me manque pour parler comme j’ aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance mo
11 ré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’ a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir parto
12 . Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris. a . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Robert de Traz, Le Dépaysement
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
13 n cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est
14 trons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Di
15 Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vo
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
16 ire où tout le monde « se conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main
17 ion au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’ avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la Bibl
18 rétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant
19 les qui énervent nos vies de soucis dégradants. J’ ai fait lire ce livre à des gens de toutes conditions, « de toutes croya
20 ndant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’ ai terminé cette nuit ». — « Des livres comme celui-là, ça aide à vivre 
21 lité c’est le terne train-train des journées. Ils avaient en somme raison, tout au moins pour leur compte, ajouterons-nous. À c
22 choses. Le regard « réaliste » de Hildur Dixelius a su voir dans la « vie courante » de ses héros des drames singuliers,
23 onger aux plus radieuses créations d’Andersen. On a fait un succès depuis quelques années à tant de traductions qui ne va
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
24 , en France, et spécialement le parti communiste, ont adopté depuis deux ans le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n
25 ns le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’ a pas manqué de leur attirer de nombreuses et retentissantes « adhésion
26 moins contestées de la France contemporaine. N’y a-t -il pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans
27 N’y a-t-il pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans leur dictionnaire) « anguille sous roche » ?
28 les gauches antifascisme, l’Italie et l’Allemagne ayant , comme chacun sait, déclaré une guerre sans merci à toutes les formes
29 t-il, tous célèbres et « auteurs à succès », tous ayant atteint ou largement dépassé l’âge de la retraite, l’un se voit oblig
30 rivains ! La littérature n’est qu’un luxe, elle n’ a pas à nourrir son homme. Et l’on cite M. Duhamel, qui est médecin. Vo
31 rares et fort peu concluants (Duhamel et Daudet n’ ont pratiqué la médecine que durant les années de naturalisation de leur
32 urait admettre que seules les personnes fortunées aient quelque chose à dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’un
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
33 lle que je la décrivais dans mon premier article, a notablement empiré du fait de la crise générale. Et cela pour des rai
34 pes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un poin
35 at d’édition. Depuis la crise, plusieurs éditeurs ont eu recours à l’expédient suivant. Lorsqu’un jeune auteur vient propos
36 ’édition. Depuis la crise, plusieurs éditeurs ont eu recours à l’expédient suivant. Lorsqu’un jeune auteur vient proposer
37 quoi lit-on si peu ? Pourquoi, en temps de crise, a-t -on comme premier réflexe d’économiser sur les livres, plutôt que sur
38 conscience de citoyens. Les dictateurs actuels l’ ont bien compris. Nous les voyons donner des soins jaloux au statut de la
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
39 et, la culture, et en particulier la littérature, a voulu se séparer des intérêts fondamentaux de la nation. Ce phénomène
40 art pour l’art. Pour mille raisons diverses, il n’ a fait qu’empirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne sont pa
41 épète, c’est que les plus grands de nos écrivains ont beaucoup fait pour qu’il se perde en se « distinguant » volontairemen
42 s les deux cas, ce sont d’abord les écrivains qui ont manqué à leur fonction de guides des esprits, et ruiné leur autorité.
43 une véritable révolution dans les valeurs qu’ils ont cultivées jusqu’ici ! Car pour guider un peuple, et pour influencer s
44 rofonde. Mais un tel redressement de la culture n’ aurait pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’avait
45 d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’ avait à cœur d’y collaborer. Aussi bien, si j’écris ceci à l’intention d’un
46 rs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or, il importe hautement à notre pa
47 l mérite. Or, il importe hautement à notre pays d’ avoir des écrivains représentatifs de ce qui fait sa force véritable. La ra
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
48 une étude du rêve et de l’inconscient telle que l’ a poursuivie M. Albert Béguin, viennent s’ajouter, en 1937, des opportu
49 t notamment. Tout ce que les plus récentes écoles ont passionnément discuté, se trouve déjà posé et défini, avec une ampleu
50 préjugé qui veut que les romantiques allemands n’ aient été que de « doux rêveurs », alors qu’ils furent souvent, en réalité,
51 . On saura gré, d’ailleurs, à M. Albert Béguin, d’ avoir su marquer avec tant de justesse le point précis où l’entreprise tita
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
52 teindra la Suisse est l’une des plus violentes qu’ aient connue les États-Unis. D’autant plus violente, semble-t-il, que l’enj
53 deux candidats n’est guère plus claire. Roosevelt a pris position contre l’idéal totalitaire, et ses partisans accusent W
54 match de football. M. Willkie et même Mrs Willkie ont reçu quelques œufs sur la tête, mais ces manifestations somme toute p
55 elles des candidats. La campagne des républicains a porté, pendant plus d’une semaine, sur un incident minuscule : la pro
56 de de capitaine aviateur. Cet acte de favoritisme a été exploité à fond pour persuader l’Américain moyen des intentions «
57 n peu puéril, mi-publicitaire mi-sportif, et l’on a souvent peine à croire que l’enjeu de cette compétition soit tout à f
58 sauront ce qu’ils pensent en tant que nation. Ils auront cessé de parier. Si Roosevelt l’emporte, les événements suivront leur
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
59 s’orner de bandes de papier portant : « Je vous l’ avais bien dit ! » Une neige de papiers multicolores descendait lentement d
60 enait de soutenir Willkie avec ensemble, et qui n’ avait pas cessé de démontrer que Roosevelt signifiait ruine, division, guer
61 nneaux et les insignes de propagande. La majorité avait parlé, le match était terminé, et parce que la démocratie avait tenu
62 e match était terminé, et parce que la démocratie avait tenu le coup, personne ne se sentait vraiment battu. On peut dire auj
63 i sans exagération que la réélection de Roosevelt a été l’une des trois « Kraftprobe » de la démocratie au xxe siècle. L
64 be » de la démocratie au xxe siècle. La première a été perdue par la France. La seconde a été gagnée par l’Amérique. En
65 a première a été perdue par la France. La seconde a été gagnée par l’Amérique. En attendant le résultat de la troisième e
66 resse et la radio lui en offrent les moyens. S’il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on ex
67 ou les économistes que le gouvernement Roosevelt a mis de la sorte au service de la nation, pour une période et pour une
68 voilà le problème qui se pose, voilà ce que nous avons fait, voilà ce qui reste à faire. Le président et ses secrétaires d’É
69 conférences régulières avec les journalistes, qui ont le droit de leur poser n’importe quelle question. Rien de plus frappa
70 e fait très simple que voici : en réalité, il n’y a pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument faux d’as
71 sable à toute vie démocratique. Le fait qu’il n’y a que deux partis, et que ces deux partis ne représentent nullement deu
72 tournant tout à l’heure le bouton de ma radio, j’ ai entendu cette phrase prononcée d’une voix forte : « Ici Radio municip
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
73 -Unis (18 février 1941)l m New York, février J’ ai fait une découverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’est pas de pay
74 ire, rien n’apparaît plus naturel. Les États-Unis ont été fondés par des groupes successifs de colons, la plupart exilés po
75 . Un Américain qui appartient à l’Église réformée a bien des chances d’être Hollandais d’origine ; Allemand ou Suédois s’
76 ique (dans un pays, remarquons-le, où les Églises ont toujours été séparées de l’État). Je me bornerai pour aujourd’hui à l
77 vent en détail les services de communion auxquels ont participé les deux candidats, ce même jour. Wallace, le vice-présiden
78 te de « l’Inauguration ». La veille, le président avait été harangué par des pasteurs et des prêtres des trois grandes religi
79 le Bible de famille, en langue hollandaise, qu’il avait choisi d’ouvrir au chapitre 13 de la première Épître aux Corinthiens 
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
80 e la machine menaçait de leur procurer, après les avoir décimés. Les avions, par exemple, permettaient de voyager vingt fois
81 it de leur procurer, après les avoir décimés. Les avions , par exemple, permettaient de voyager vingt fois plus vite qu’en bate
82 n seul chien du même nom. Une aurore boréale nous avait arrêtés toute une nuit, non point que sa beauté nous eût cloués sur p
83 êtés toute une nuit, non point que sa beauté nous eût cloués sur place, mais parce qu’elle provoquait des tempêtes magnétiq
84 e qu’elle provoquait des tempêtes magnétiques qui ont pour effet d’aveugler les avions aux appareils plus délicats que les
85 tes magnétiques qui ont pour effet d’aveugler les avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette belle cris
86 l’avion, attendre que la Boule au-dessous de nous ait tourné jusqu’au point désiré, pour y descendre et s’y poser. Rien ne
87 s passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’y a plus que, tout près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et le ron
88 n cher, ici, tout est beau !… » — « Mais tout ici a été fait par les Américains pendant la guerre… » — « Taisez-vous, me
89 rly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que je l’ ai quitté… Par quelle Porte allons-nous entrer ? Je ne puis pas distingu
90 el ? Mais sur les Quais, où le car nous dépose, j’ ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans quel silence, à quatre he
91 ailleurs. Crise des logements. — Est-ce que Paris a été bombardé ? me demandent-ils non sans inquiétude. — Et New York do
92 faveur d’une nuit déserte. Un rendez-vous dont j’ avais bien souvent désespéré, après cet au revoir en juin 40, qui sonnait m
93 ur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord je n’ ai distingué qu’un paysage de toits bleus, médiéval. Et voici qu’une clo
94 bleus, médiéval. Et voici qu’une cloche très fine a sonné cinq coups délicats. Puis une autre plus loin, et plusieurs en
95 es valises, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’une beauté oubliée. Mais que dire
96 e beauté oubliée. Mais que dire de la foule que j’ ai vue le lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ? Je me disais : « 
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
97 ature Que la Suisse soit restée aussi suisse m’ a paru proprement incroyable. Je ne trouve ici d’autre sujet de m’étonn
98 e des mêmes employés intacte, une fois qu’on leur a laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours
99 après la plus rapide reconnaissance des lieux. J’ ai revu des amis intacts, et dont l’amitié seule avait fleuri comme un b
100 ’ai revu des amis intacts, et dont l’amitié seule avait fleuri comme un bon vin. Et j’ai feuilleté des éditions si belles qu’
101 ’amitié seule avait fleuri comme un bon vin. Et j’ ai feuilleté des éditions si belles qu’on se demande quels talents les m
102 ne décence fondamentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été contaminée par le gangs
103 e la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le ma
104 ut simplement. On le tient encore pour anormal. J’ ai l’impression qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du mond
105 peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’il n’y ait plus qu’un no man’s land où s’affrontent sournoisement les seules Pui
106 les Puissances qui comptent. Fin et Suite J’ ai revu Genève et sa cyclophilie torrentielle, allègre et intacte. Et j’
107 yclophilie torrentielle, allègre et intacte. Et j’ ai revu la SDN dans son palais sans patine, sans fantômes. Pourtant, cet
108 réunis pour célébrer une défaite victorieuse. On a parlé de funérailles. Il ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne pou
109 ierre Girard, mais l’idée d’une Ligue des Nations a survécu au déchaînement nationaliste. En attendant une vraie Ligue de
110 t — il ne s’en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je me visse entraîné à Cointrin, où se posai
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
111 core souveraines ? Voyons l’Histoire. Les Suisses ont réussi : voyons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et s’en va
112 réussi : voyons la Suisse. Tout le monde croit l’ avoir vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sce
113 monde croit l’avoir vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout le
114 r son union fédérale. Tout le monde se trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Conféd
115 t. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’ a pas fléchi durant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient
116 urant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient suffi pour fédérer vingt-cinq États souverains… Pensez-vous que l’His
117 partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les dé
118 temps fait beaucoup à l’affaire. Celui que vous n’ auriez pas, Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agir. Mais c
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
119 cahier de doléances ou de revendications. Et je n’ ai point de conseils à vous donner. Mais je vous écris au nom d’une cent
120 le reprochent certains qui, par principe ceux-là, ont décidé une fois pour toutes qu’il faut aller lentement dans tous les
121 vous dire que l’opinion s’en moque, parce qu’elle a ses doutes motivés sur vos intentions véritables. Elle n’est pas sûre
122 t —, vous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’ a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europe en
123 s de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa, déconcertés pa
124 s. Mais rien ne pourra jamais me persuader qu’ils aient tous raison à la fois, quand il n’en est pas deux qui tombent d’accor
125 prudences ? Je ne trouve pas. On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on s’engage dans
126 tés. Ceci me rappelle un argument de M. Bevin. On aurait tort, à son avis, de commencer l’Europe par le toit. Je ne sais pourq
127 ais cave ou toit, chacun peut voir que M. Bevin n’ a jamais voulu rien commencer. Au reste, l’Europe existe depuis plus de
128 see, step by step, und so weiter. Les vieillards ont l’humeur proverbiale, mais votre assemblée est trop jeune. Je lui pro
129 îme. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne veut r
130 rope ; allez-vous-en. Laissez la place à ceux qui ont décidé d’agir. Avouez que rien ne vous paraît possible, on comprendra
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
131 août 1950)r Messieurs les députés européens, J’ ai tenté de traduire le sentiment des peuples en face de l’inertie de l’
132 entière, voilà qui signifie, Messieurs, que vous avez perdu le droit d’être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun
133 tés de la conscience la plus inquiète que l’homme ait jamais prise de son destin et des chances de le surmonter. Les député
134 de la superficie du globe, mais bien de cela qui a fait au cours des âges, d’un cap médiocre en dimensions physiques, le
135 ilisation que rien ne s’offre à remplacer, et qui a su remplacer toutes les autres. D’où vient, Messieurs, que ce cap de
136 tres. D’où vient, Messieurs, que ce cap de l’Asie ait dominé le monde pendant des siècles ? D’où, sinon d’un pouvoir d’inve
137 Russes — sens de la mesure et sens critique — qu’ avons -nous inventé, nous les Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : qu
138 Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’ avons -nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse
139 de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des
140 rt retransmis de Salzbourg. Voilà ce que l’Europe a su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’Europe. Vous ê
141 ceux de notre continent, pour qui le nom d’Europe a représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets d’un bo
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
142 ènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’ a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’auteur du Manifeste publié
143 pareils ? Leur existence est purement négative. J’ ai bien lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pas
144 cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi ; une seu
145 hode : étatiser les industries ; un seul pays qui ait su le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’est pas européen. En
146 lui, peut faire du bon travail, pourvu qu’elle n’ ait aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’être démocratique
147 latifs, à l’Autorité politique, s’il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories d
148 dans le fait, où sont nos souverainetés ? Qui les a vues depuis quelques décennies ? Qui donc ose les défendre ouvertemen
149 mmandées par un Américain. On prétend même qu’ils auraient accepté que leur monnaie perde un tiers de sa valeur, parce que Londr
150 ie perde un tiers de sa valeur, parce que Londres avait dévalué. Je cherche en vain : Où sont encore les souverainetés de nos
151 systèmes fiscaux, je ne vois pas que leur variété ait empêché les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. L
152 illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’ a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauvai
153 es sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’ a pas voté la suppression des souverainetés. Ses vingt-cinq États sont
154 sur le papier, mais fédérés en fait. Chacun d’eux a gardé sa personnalité, parce qu’un groupe d’Imprudents et d’Utopistes
155 qui aimaient toutes les couleurs du prisme, leur a donné presque sans qu’ils s’en doutent la force et les moyens de l’in
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
156 soudront aux compromis vitaux. Quant à ceux qui n’ ont point cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux ob
157 » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes,
158 et les sceptiques, alors, pourront bien dire : J’ avais raison, voyez l’obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’œil du s
159 n dire : J’avais raison, voyez l’obstacle ! Ils l’ auront eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les obstacles insurmontabl
160 oudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’il a pour lui toute l’opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle l’
161 n. Elle l’était avant cela, bien sûr, mais elle n’ a pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui, je l
162 t s’associer à ces engagements téméraires avant d’ avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en tous
163 lidement retranché dans le domaine des principes, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à notre cause à t
164 s peuples sans une propagande massive. Personne n’ a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une ca
165 rmes, il faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux.
166 un conflit éventuel.) Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe
167 i de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’ai
168 peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tenter l’impossible ?
169 r de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences et mes impertinences : comprenez l’anx
170 ster au contraire, de ne point se séparer avant d’ avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êtes pas encore l’espoir
171 èlent contraires au salut de l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous propose une autre solution
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
172 ison visible, découpant une contrée que la nature avait conçue d’un seul tenant. Je connais peu de paysages aussi complets :
173 au pays de Gex, et son monument le plus vrai. Il a bien sa statue, grandeur nature, dans mon village. Mais ce n’est pas
174 t malgré son grand âge, il plantait. « Quand je n’ aurais défriché qu’un champ et quand je n’aurais fait réussir que vingt arbr
175 nd je n’aurais défriché qu’un champ et quand je n’ aurais fait réussir que vingt arbres, c’est toujours un bien qui ne sera pas
176 nève… Donnez vos ordres ; vous serez servis… Vous aurez de très belles montres et de très mauvais vers quand il vous plaira. 
177 it un seul individu, dans ces temps que l’on nous a décrits comme adversaires des libertés réelles ! Enfin, Voltaire libè
178 ève. Le tout survolé trente fois par jour par des avions de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
179 r nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécess
180 tance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, ta
181 s un siècle et demi, les hommes d’État américains ont coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de
182 géographiquement, en quatre parties dont chacune a des intérêts distincts. L’Europe, pour le malheur des trois autres, l
183 . L’Europe, pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et s
184 s sous sa domination. La supériorité que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maî
185 té que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’ a disposée à se regarder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire l
186 Des hommes, admirés comme de grands philosophes, ont positivement attribué à ses habitants une supériorité physique, et on
187 ibué à ses habitants une supériorité physique, et ont sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine,
188 chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longt
189 ré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longtemps appuyé ces arrogantes prétentions des Européens. C’est
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
190 Or celle-ci serait ruineuse pour le principe qui a fait la force principale du stalinisme dans l’intelligentsia européen
191 mot. Ils proposent en effet trois principes qui n’ ont jamais cessé d’être les nôtres. Nous sommes d’accord. Nous partons de
192 le toute neutralité reste illusoire. L’Amérique n’ aurait rien à y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’Europe serait faite
193 re les hommes, je veux dire un langage commun. On a reconnu l’expression qui revient par deux fois, fortement soulignée,
194 re était le véritable agresseur, « les événements ayant donné au terme d’agression un contenu historique nouveau ». La franch
195 chise même de cette explication scandalisa : elle aurait dû, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe s’exprimait en effe
196 n et le désir de convaincre — sinon le dialogue n’ aurait pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le respect d
197 en vue d’une recherche commune — autrement l’on n’ aurait qu’une suite de monologues. Or ces deux conditions du dialogue vienne
198 agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ ai rien dit. Si chacun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’il en
199 us clairs et certains que la conscience qu’ils en ont . Le Père des peuples est mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du M
200 mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du MVD l’ a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, m
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
201 s présenter devant Dieu et demander pardon pour n’ avoir pas bougé, pour avoir laissé faire sous nos yeux hébétés, sans un cri
202 u et demander pardon pour n’avoir pas bougé, pour avoir laissé faire sous nos yeux hébétés, sans un cri, sans un geste — cela
203 e resté paralysé devant leur appel, tant que je n’ aurai pas fait tout ce que peut un homme libre pour hâter le jour de la ven
204 urreaux. Les jours du communisme sont comptés. Il a vu son Double effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À la
205 s avant que l’Histoire et la colère des peuples l’ ait balayé de la planète, le communisme russe peut encore écraser d’autre
206 oviétique, ses clients et ses partisans. Je crois avoir été le premier à proposer, ici, la reprise du dialogue culturel avec
207 iques délivrés de Staline. Des rencontres privées ont suivi mon appel. Les Russes s’y sont montrés lourds et stupides, les
208 er du nom d’homme un communiste quelconque, qui n’ aurait pas d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il a servie. Et
209 abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il a servie. Et jurons en même temps de faire l’Europe. Cette Europe qui a
210 en même temps de faire l’Europe. Cette Europe qui aurait pu, en s’unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rassemblant
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
211 ontraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps de dire à des journalistes étrangers : « C’est une immense j
212 son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’ a pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ont osé. Pascal
213 voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ ont osé. Pascal et Kierkegaard devant leur Dieu. Nietzsche au seuil du dé
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
214 e Dieu », qui est en même temps une théologie, il a recours à une méthode philosophique héritée de Husserl à travers Sart
215 oménologie. On se demande alors ce que l’auteur n’ a pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vrai dire assez con
216 ation passive, tandis que le Christ des évangiles a été « le premier à révéler aux hommes la vérité de leur expérience de
217 nne. Mais qu’en dirait Karl Barth lui-même, qui n’ a pas fini de nous surprendre ? C’est sans doute par rapport à Pascal q
218 vraie musique chez ceux de nos contemporains qui ont sciemment abandonné « le projet d’être à la ressemblance de Dieu ». P
219 oi active, fondée sur la doctrine chrétienne, qui a engendré la civilisation occidentale » (p. 209). Je suis bien placé p
220 st Ansermet ? Nul doute que la Genève de Calvin l’ eût accusé de parler comme un athée, puisqu’il nie le Dieu personnel. Et
221 décaphonique assourdissant. Les uns et les autres auraient tort. Nous devons à Ansermet une tentative unique d’adéquation de l’a
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
222 22 juin 1968) que pendant six ans d’Amérique je n’ ai fait que « papoter avec des milliardaires nyouorkaises » et me « perf
223 s réprouve. Tout autre chose est d’affirmer que j’ ai « jeté mon sac (militaire) aux orties » avant de « disparaître dans l
224 r c’est là m’accuser d’un acte bien défini, qui m’ eût valu un peu plus, croyez-moi, que les quinze jours de forteresse auxq
225 quinze jours de forteresse auxquels le Général m’ avait condamné en juin pour un article sur l’entrée d’Hitler à Paris. Soyon
226 « de service », il est rigoureusement exclu qu’il ait jeté son uniforme aux orties, c’est-à-dire déserté, peu de jours aupa
227 fait superflue pour les lecteurs de mon livre, m’ a paru nécessaire pour ceux qui n’auraient lu que l’article du Samedi l
228 de mon livre, m’a paru nécessaire pour ceux qui n’ auraient lu que l’article du Samedi littéraire. aa. Rougemont Denis de, « D
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
229 devant le tribunal militaire que vous présidez. J’ ai beaucoup d’estime pour M. Bugnot. Équilibré, maître de soi, convaincu
230 son ceux qui se réclament en toute conscience, qu’ aurons -nous encore à défendre en Suisse, à part les « beautés de la nature »
231 tre le voudriez-vous mais je sais bien que vous n’ avez pas le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas condamner «
232 ne voulais être qu’un témoin de moralité, et je n’ ai pu m’empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen. Me le
233 le pardonnerez-vous en pensant aux efforts que j’ ai faits — et ne cesserai de faire — pour expliquer notre pays, par la p
234 connaît mal et ne le comprend pas toujours ? Nous avons en commun le souci du bien public et cherchons à le servir chacun à s
235 dernier, le tribunal militaire de la 1re Division a condamné le jeune René Bugnot, pour avoir refusé, pour la seconde foi
236 re Division a condamné le jeune René Bugnot, pour avoir refusé, pour la seconde fois, de se présenter au recrutement, à une p
237 à travailler durant la journée à l’Hôpital. Il l’ a également exclu de l’armée, suivant par là une récente jurisprudence
238 on recrutés. Cette peine est identique à cette qu’ a déjà subie Bugnot une première fois. Et il ne pouvait en être autreme
239 re de l’écrivain et professeur Denis de Rougemont a été lue par le président du Tribunal. Une copie nous a été transmise
240 lue par le président du Tribunal. Une copie nous a été transmise que nous publions ci-dessous. » ad. Cette lettre est s
241 mission ou démission de la Suisse. Nul non plus n’ a le droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’il
242 elus”. Il y a donc bien un problème, et Rougemont a raison de demander, au nom des valeurs qui étayent son patriotisme, q
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
243 et 1969)ae af Monsieur le rédacteur en chef, J’ ai été surpris de vous voir répondre à une lettre que j’avais adressée a
244 surpris de vous voir répondre à une lettre que j’ avais adressée au président d’un tribunal militaire et que vous publiez à m
245 er la foule par-dessus la tête du président. Si j’ avais voulu traiter publiquement de l’objection de conscience en général, e
246 l, et des objecteurs suisses en particulier, il m’ eût fallu beaucoup de temps, beaucoup de place, et un minimum de précauti
247 coup de place, et un minimum de précautions. Il m’ eût fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Suisse
248 ent, de tout contestataire de nos institutions. J’ ai parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien, je n’ai pas proposé qu’o
249 parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien, je n’ ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale
250  dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ ai pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au
251 e ne le crois pas justifié par mon texte, et vous avez raison de refuser de me suivre dans une direction où jamais je n’ai s
252 er de me suivre dans une direction où jamais je n’ ai songé à entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc pas
253 entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ ai donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse ne s
254 urs, la Suisse ne serait qu’un État policier ». J’ ai dit seulement que si l’on choisissait de s’en tenir à « l’ordre à tou
255 ue nous. Cela dit, il me reste à vous remercier d’ avoir , en publiant ma lettre, ramené l’attention de vos lecteurs sur le gra
256 ntion de vos lecteurs sur le grave problème qui l’ avait motivée : c’est ce problème qui importe seul, et qu’il faut prendre s
257 Le texte est précédé du chapeau suivant : « Nous avons publié lundi dernier une lettre que le professeur Denis de Rougemont
258 r une lettre que le professeur Denis de Rougemont avait adressée le vendredi précédent au président du tribunal militaire de
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
259 e bourgeoise ? Le terme de « culture bourgeoise » a été largement employé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y a pas
260 employé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a u
261 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est la plus
262 s en dehors de l’Europe. Les grandes écoles d’art ont été communes à tous nos pays, l’art roman, le gothique, le baroque, l
263 de l’influence germanique ou celtique. Ainsi nous avons une communauté indiscutable de culture. La division de la culture est
264 apparue avec l’école obligatoire et la presse. On a fabriqué le nationalisme au xixe siècle. En peinture, voyez comme l’
265 nd par culture bourgeoise, parce que la culture n’ a pas été faite par des bourgeois. La culture occidentale repose sur l’
266 es bourgeois. Ce qui n’empêche pas les ouvriers d’ avoir des goûts plus bourgeois que les bourgeois cultivés. L’avant-garde es
267 toujours sortie de la bourgeoisie. Le communisme a toujours condamné l’avant-garde et ne cesse encore de le faire. C’est
268 tous les pays. La bourgeoisie est une classe qui a été et qui est encore au pouvoir dans la plupart des pays, mais ce n’
269 C’est exact. On dit n’importe quoi, parce qu’on n’ a pas fait une bonne analyse de la situation. Quand Sartre dit aux étud
270 ation occidentale ? C’est impossible. Paul Valéry a écrit : « Nous autres, civilisations, nous savons aujourd’hui que nou
271 ieu, la civilisation occidentale est la seule qui ait conquis le monde entier. Si on déclare qu’elle va mourir, cela revien
272 qu’elle va mourir, cela revient à dire qu’il n’y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y aurait de
273 soit une civilisation vraiment différente, et qui ait de meilleures solutions que les nôtres. Or nous constatons un gigante
274 pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des tyr
275 out au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des tyrannies. Un
276 révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des tyrannies. Une révolution about
277 ’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des tyrannies. Une révolution aboutit à une tyrannie,
278 le « désordre établi ». Ces conditions idéales n’ ont encore jamais été réalisées. La Révolution française a abouti à la ty
279 ore jamais été réalisées. La Révolution française a abouti à la tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848 ont été é
280 a tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848 ont été écrasées ou bien ont abouti, par les nationalistes, à la guerre d
281 Les révolutions de 1848 ont été écrasées ou bien ont abouti, par les nationalistes, à la guerre de 1914. Un homme politiqu
282 à la guerre de 1914. Un homme politique français a déclaré : « Le pouvoir personnel finit toujours mal. » Bon. Mais qu’e
283 mpersonnels nous instruit grandement. La première a abouti à Napoléon, pouvoir personnel. La seconde à Louis-Napoléon, po
284 oisième à Pétain, pouvoir personnel. La quatrième a abouti à de Gaulle. Faudrait-il saluer le régime personnel, parce qu’
285 ts, fanent et meurent. Hegel, Spengler et Toynbee ont développé cette idée, séduisante mais fausse. Aujourd’hui, la civilis
286 s de ce que l’Homme, indépendamment de la nature, a développé dans cette civilisation. Je ne crois pas que l’homme devien
287 té sociale par exemple. Dans un petit livre que j’ ai écrit en 1946 sur la bombe atomique, je disais en post-scriptum à mes
288 es modèles efficaces pour la sensibilité. Comme l’ ont fait la statuaire grecque avec ses dieux à formes humaines, l’archite
289 ’est à cela que l’art peut nous aider. Kafka nous a révélé dès 1930 le style et l’habitus des régimes policiers que la ps
290 ette période anarchique que traverse notre siècle a-t -elle été préparée ? Je vous dirais sans trop réfléchir : par le natio
291 yance aux toujours plus grands nombres. Mais je n’ ai pas envie d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas
292 changer dans le bon sens. Une des formules que j’ ai lancées dans ma jeunesse (outre celle de l’engagement de l’écrivain),
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
293 conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969) ai Le 27 juin dernier, le professeur Denis de Rougemont intervenait
294 dent du Tribunal militaire un témoignage que nous avons publié le 30 juin. Ce témoignage a suscité des controverses, auxquell
295 e que nous avons publié le 30 juin. Ce témoignage a suscité des controverses, auxquelles le débat que nous présentons ici
296 es, auxquelles le débat que nous présentons ici n’ a pas la prétention d’apporter une conclusion définitive. Il s’agit ava
297 e conscience que les tribunaux militaires suisses ont condamnés en 1967 peut être rapidement esquissé : l’objecteur est gén
298 e romande. Si la notion d’objection de conscience a été récemment étendue à des motifs d’ordre philosophique, elle n’en p
299 er chef l’objection de conscience religieuse. N’y a-t -il pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédérale st
300 tion de conscience pour raison religieuse. Il n’y a donc aucun conflit entre l’armée et l’objecteur de conscience, dont l
301 Au Dieu Tout-Puissant ». Christian Schaller, vous avez objecté pour des motifs religieux… La religion n’est pas le motif e
302 religieux, humanitaire ou autre. Michel Barde. —  Avez -vous eu le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitarist
303 , humanitaire ou autre. Michel Barde. — Avez-vous eu le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitariste — je p
304  Pas chez nous. Denis de Rougemont. — Non. Mais j’ ai dit dans certains régimes, et très logiquement. Car là il n’y a plus
305 tains régimes, et très logiquement. Car là il n’y a plus aucun recours à une transcendance, à quelque chose qui soit au-d
306 nisme face à celui d’une collectivité, qui, elle, a jugé le christianisme compatible avec le service militaire du citoyen
307 t partie intégrante des qualités du civisme. Nous avons vu à quoi pouvait aboutir une religion de l’État où le citoyen appliq
308 ces lois, ou si elles lui sont dictées. Si elles ont été faites par la collectivité, et si elles sont amendables par elle
309 on de mettre en évidence certains problèmes qu’on a tendance à masquer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas l
310 cience vis-à-vis de l’armée. Bernard Béguin. — Il a été dit clairement que le conflit était plutôt avec la Constitution q
311 e qui les juge. Le colonel divisionnaire Dénéréaz a commandé la section du recrutement. Dans quel cadre agissent les colo
312 e à l’objecteur pour la première fois, quand il n’ a même pas 20 ans, qu’il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionnaire
313 citoyen ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Nous avons quelque 35 000 conscrits qui se présentent au recrutement chaque anné
314 arlent d’objection de conscience. De ces 300, 200 ont une attitude positive à l’égard de l’armée et acceptent d’être incorp
315 service de santé tous ceux qui le désirent. Nous avons besoin d’eux, et cela montre que si nous n’avons pas en droit un stat
316 avons besoin d’eux, et cela montre que si nous n’ avons pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’avons en fait. L’ob
317 pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’ avons en fait. L’objecteur peut accomplir ses devoirs civiques sans s’oppos
318 s peut obtenir un sursis… Michel Barde. — Il y en a qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de l
319 ans condamné pour objection de conscience — vous avez dit que c’est un honnête homme — va loger trois mois à Saint-Antoine,
320 e sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’ avons , je dois dire, jamais eu de plainte de la part des condamnés sur les
321 nt chargés. Et nous n’avons, je dois dire, jamais eu de plainte de la part des condamnés sur les conditions de détention.
322 rs de conscience. Je pense à tous les soldats qui ont commis des actes d’indiscipline, qui n’ont pas fait leur service par
323 ts qui ont commis des actes d’indiscipline, qui n’ ont pas fait leur service par négligence, ou parce que les conditions de
324 u près, viennent pour des fautes de discipline. J’ ai peine à entrer dans une classification de tribunaux pour honnêtes gen
325 arbitraire, mais il existe. Et d’autre part nous avons une Constitution qui définit des obéissances. Par conséquent il y a u
326 rsis ne peut être accordé que lorsque le tribunal a la conviction que cette mesure détournera l’accusé de commettre de no
327 velles infractions. Quelques tribunaux militaires ont essayé de dire qu’ils n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que
328 tribunaux militaires ont essayé de dire qu’ils n’ avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléchirait et q
329 présenterait au service militaire. Ces jugements ont été cassés par le tribunal militaire de cassation : conformément à la
330 es, le sursis ne peut être accordé que si le juge a plus qu’un espoir, mais une conviction suffisante. Alors, l’objecteur
331 t réalisées. Mais avec les atténuations dont nous avons parlé. Bernard Béguin. — Ces atténuations, est-ce qu’elles sont venue
332 aux ? Colonel Vaucher. — C’est le législateur qui a modifié la loi, à la suite de débats concernant l’objection de consci
333 s pas du tout objecteur de conscience moi-même. J’ ai fait pas mal de service dans ma vie. Mais je suis intervenu à propos
334 tervenu à propos d’un de mes étudiants pour qui j’ avais de l’estime, parce qu’il avait déjà été condamné une fois, et que les
335 udiants pour qui j’avais de l’estime, parce qu’il avait déjà été condamné une fois, et que les choses semblaient se présenter
336 erait certainement pas son fusil d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai eu l’impression que les objecteurs étaient
337 sil d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’ ai eu l’impression que les objecteurs étaient toujours punis, et que le
338 d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai eu l’impression que les objecteurs étaient toujours punis, et que le pro
339 cteurs étaient toujours punis, et que le procès n’ avait pas d’autre objet que de déterminer si les conditions objectives de l
340 e personnage était un hérétique. Après ça, il n’y avait plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un peu scandal
341 t plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ ai été un peu scandalisé à l’idée que, dans le cas de l’objecteur de con
342 ndamne comme un hérétique, uniquement parce qu’on a enregistré le fait qu’il était objecteur. On tient compte des circ
343 sera acquitté aussi. C’est évident. Mais je n’en ai jamais vu. Tous les objecteurs que j’ai connus étaient des gens sensé
344 s je n’en ai jamais vu. Tous les objecteurs que j’ ai connus étaient des gens sensés. Donc pas de maladie mentale, pas de c
345 Béguin. — M. Schaller va me répondre parce que j’ ai dit qu’il cherchait la condamnation. Christian Schaller. — Je voudrai
346 es cas où des tribunaux valaisans ou fribourgeois ont refusé à l’accusé le droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience.
347 ou fribourgeois ont refusé à l’accusé le droit d’ avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part qu
348 ibourgeois ont refusé à l’accusé le droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part que l
349 ce sont des miliciens. Denis de Rougemont. — Je n’ ai absolument rien dit contre l’armée en tant que telle. Je parle contre
350 civils sont souvent absolument intolérants. Ils n’ ont absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemment co
351 ls n’ont absolument pas la compréhension que vous avez . Ils sont violemment contre : « Ce sont des lavettes, ce sont des lâc
352 de Rougemont. — Effectivement, dans l’armée je n’ ai pas entendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup à le dire : nous
353 vous, d’admettre un service civil ? Est-ce que ça a un sens de contraindre au service militaire des hommes qui ont l’obje
354 e contraindre au service militaire des hommes qui ont l’objection chevillée à l’âme ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Le
355 ne manquons pas de leur dire chaque fois : « Vous avez le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de fa
356 ite à créer un statut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’il vise l’appareil qui défendra les institutions. Ce
357 comme au temps de Morgarten. On peut dire — je l’ ai entendu dire par des officiers supérieurs — qu’on se prépare très con
358 ontentons d’appliquer les recettes du passé — qui ont toujours si bien marché — ou bien est-ce que nous avons autre chose à
359 toujours si bien marché — ou bien est-ce que nous avons autre chose à faire que simplement assurer notre prospérité et la déf
360 , tel qu’il est maintenant, avec l’armée que nous avons , est certainement un élément positif, en dépit de la bombe atomique d
361 en connaître les effets. Par deux fois déjà, nous avons été maintenus à l’écart de la guerre. S’il y avait eu un vide stratég
362 n vide stratégique, il est fort possible que nous aurions été attaqués. Pour citer le dernier exemple : 40 divisions massées à
363 affaire des Balkans… le grand état-major allemand a estimé que ce n’était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’armée la p
364 stimé que ce n’était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’armée la plus nombreuse d’Europe. Ce qui est déjà un signe de puiss
365 nd on aborde ce problème, en dépit de tout ce qui a été fait à l’étranger. D’ailleurs, vous savez qu’en France un objecte
366 endre notre pays, c’est tout. Le général Guisan l’ a magnifiquement exprimé, quand il a dit : « Objecteurs de conscience ?
367 néral Guisan l’a magnifiquement exprimé, quand il a dit : « Objecteurs de conscience ? oui, mais pas en Suisse. Pour quel
368 ons de mal à personne, sinon défendre ce que nous avons reçu. » Colonel Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire, s’il
369 militaire, s’il existait un service civil, nous n’ aurions plus un certain nombre d’objecteurs. Nous en serions ravis. Mais si j
370 inconvénient d’être un noyau de militarisme, et j’ ai le militarisme en horreur. Bernard Béguin. — Est-ce qu’un service civ
371 me international, supranational. L’armée que nous avons actuellement en propre nous permet en cas de conflit de faire entendr
372 ser ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — L’armée n’ a jamais contesté l’aide au tiers-monde. Au contraire. Denis de Rougemo
373 ire. Denis de Rougemont. — La défense suisse nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. M
374 e suisse nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’avis à
375 pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ ai changé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce de
376 hangé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce de valeur humaine qui vaille les destructions physiques
377 andes crises de conscience sur la guerre que nous avons vécues et que notre jeunesse vit actuellement sont venues de deux gue
378 atomique sont très comparables à celles que nous avons tolérées, idéologiquement, pendant la dernière guerre, comme le bomba
379 challer. — On peut précisément s’étonner que vous ayez pu le tolérer si bien sans changer de mentalité. Bernard Béguin. — Po
380 r de mentalité. Bernard Béguin. — Pourquoi nous l’ avons toléré ? Parce que la victoire hitlérienne nous aurait définitivement
381 s toléré ? Parce que la victoire hitlérienne nous aurait définitivement enlevé tout droit de poser aujourd’hui des questions d
382 s on va toujours préférer. Or l’on constate qu’on a toujours consacré beaucoup d’énergie à la neutralité et bien peu à la
383 ue : Michel Barde. Rédaction : Bernard Béguin. ai . Rougemont Denis de, « Un débat sur l’objection de conscience : entr
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
384 occupations majeures de votre pensée ? Pourquoi j’ ai écrit sur l’amour ? C’est la question posée le plus souvent par les i
385 ion posée le plus souvent par les interviewers. J’ ai coutume de répondre : Dites-moi plutôt pourquoi et comment vous imagi
386 oi plutôt pourquoi et comment vous imaginez que j’ aurais pu ne pas le faire, étant écrivain, et Européen ! Quand on constate q
387 constate qu’un écrivain véritable, et d’Europe, n’ a jamais écrit sur l’amour, là, il y a lieu de se demander… Ceci dit, r
388 Doctrine fabuleuse , sur les trente volumes que j’ ai publiés, ce n’est guère envahissant. N’oubliez pas mes journaux réun
389 mais je suis presque le seul à le savoir — que j’ ai aussi écrit un roman, et des poèmes, qui peut-être, un jour ou l’autr
390 oi-même , je cherche les complémentarités. Il n’y a pas mutation, mais maturation. J’ai voulu faireal, par des exemples t
391 arités. Il n’y a pas mutation, mais maturation. J’ ai voulu faireal, par des exemples tirés de romans contemporains (Naboko
392 tatistiques. Le fait qu’un livre comme Love Story ait été tiré à plusieurs millions montre une persistance très remarquable
393 istance très remarquable des mythes de l’amour. J’ ai hésité à maintenir dans ma dernière édition une phrase qui se termine
394 cender la condition humaine, trop humaine. Rien n’ a fait plus de mal que la passion, ni créé plus de beauté, en Occident.
395 t nul besoin de philosopher à son propos, comme l’ a fait avec tant de talent Georges Bataille. Fasciné par la problématiq
396 Fasciné par la problématique de l’amour qui vous a permis de toucher aux phénomènes religieux, culturels et artistiques
397 turels et artistiques de notre civilisation, vous avez parallèlement développé vos propres thèses sur l’Europe. Y a-t-il un
398 ment développé vos propres thèses sur l’Europe. Y a-t -il un lien entre ces deux pôles d’attraction que sont pour vous l’amo
399 titre vous répond : L’Amour et l’Occident . On m’ a reproché d’avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’absenc
400 pond : L’Amour et l’Occident . On m’a reproché d’ avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’absence de lien Asie-am
401 blème dans L’Aventure occidentale de l’homme . J’ ai essayé de montrer que la notion de révolution n’est rien d’autre que
402 assion transposée au niveau collectif. Or, il n’y a de révolution qu’européenne, c’est-à-dire chrétienne à sa source : le
403 tienne à sa source : le socialiste Henri de Man l’ avait bien vu. Vous avez été, vous êtes un écrivain engagé. Comment continu
404 le socialiste Henri de Man l’avait bien vu. Vous avez été, vous êtes un écrivain engagé. Comment continuez-vous à « fédérer
405 uis un écrivain engagé au sens actif du mot que j’ ai défini dans mon premier livre, publié à Paris en 1934, Politique de
406 . Quand je suis rentré des États-Unis, en 1946, j’ ai vu que l’engagement était devenu une théorie à la mode. Je n’en ai pl
407 ement était devenu une théorie à la mode. Je n’en ai plus parlé, mais pratiquement je me suis engagé au service de l’Europ
408 avis celle-ci pourrait-elle s’opérer ? Peut-être ai -je répondu à cette question, sur le fond, dans ma Lettre ouverte aux
409 petit pamphlet, avouons-le, car c’est l’école qui a fabriqué nos nationalismes. C’est un écrit de jeunesse que je renie d
410 rit de jeunesse que je renie d’autant moins qu’il a gardé la vertu réjouissante d’exaspérer ceux qui aujourd’hui encore j
411 ent ses injustes sévérités et ceux-là seuls. Vous avez donc confiance dans cet avenir ? Nous n’avons pas à prédire l’avenir
412 Vous avez donc confiance dans cet avenir ? Nous n’ avons pas à prédire l’avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis de, « 
413 u chapeau suivant : « En 1972, Denis de Rougemont a réédité quatre ouvrages anciens, augmentés de préfaces inédites et il
414 ges anciens, augmentés de préfaces inédites et il a fait paraître plusieurs inédits. Ces ouvrages, et d’autres, ont été t
415 tre plusieurs inédits. Ces ouvrages, et d’autres, ont été traduits en norvégien, en grec, en anglais, en catalan, en portug
416 s, en japonais et en italien. C’est dire que 1972 a été pour lui “une année de mise au point d’une partie de son œuvre an
30 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
417 ion », s’exclamait une des personnalités que nous avions conviées à notre table ronde. De toute évidence, que l’on y soit favo
418 orable ou non, il faut reconnaître que la voiture a très largement débordé le cadre social, économique et politique qui l
419 le cadre social, économique et politique qui lui avait été fixé au départ. Pour faire le point sur la « voiture dans la soci
420 sur la « voiture dans la société moderne », nous avons demandé à quatre personnalités de venir à notre rédaction débattre du
421 ttre du sujet, qu’elles connaissent toutes pour l’ avoir étudié à fond, bien que sous des angles différents : Denis de Rougemo
422 rnier livre, L’Avenir est notre affaire , il lui a consacré un chapitre intitulé : « Première histoire de fous : la voit
423 ève. Avant d’être pour ou contre l’automobile, il a l’immense responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le dévelop
424 conséquence. Jacob Roffler, étudiant en médecine, a participé en 1976 à l’organisation de l’Anti-Salon. Il est un membre
425 slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture avait été, dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait-elle con
426 dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait -elle connu l’expansion qui est la sienne depuis bientôt 100 ans ? Den
427 ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs je n’ aurais pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tranché
428 ue je l’aime bien ou que je la trouve utile. Si j’ ai consacré dans mon dernier livre une trentaine de pages à l’auto, c’es
429 du national-socialisme. Et j’espère qu’il n’y en aura pas une troisième qui serait celle des centrales nucléaires… La premi
430 le, tout le monde me mettait en garde, car il n’y avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouvaient cet o
431 ttant en fuite les enfants et les chevaux. » Ford a alors estimé que la seule manière de surmonter cette répugnance c’éta
432 en prenant les gens par leur côté enfantin. Cela a très bien marché. Ensuite de quoi il a mis sur pied une fantastique p
433 ntin. Cela a très bien marché. Ensuite de quoi il a mis sur pied une fantastique publicité, d’ailleurs avec beaucoup de t
434 ’existait pas avant. Les premières années, Ford n’ a vendu que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en avait vendu 18 
435 u que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 par jour. Aujourd’hu
436 r an. Ford est mort dans une petite auberge qu’il avait achetée pour jouer avec ses petits enfants. Il avait obtenu du gouver
437 it achetée pour jouer avec ses petits enfants. Il avait obtenu du gouverneur de l’État l’interdiction absolue pour les voitur
438 de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement changé d’avis. Hubert de Senarclens : On viendra
439 créé de toute pièce et qu’elle est répugnante, il aurait une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’invention a
440 une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’invention au monde qui n’ait été faite sans un besoin et sans d
441 Peyrot : Il n’y a pas d’invention au monde qui n’ ait été faite sans un besoin et sans des années et des années de recherch
442 industriel vous le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle
443 irmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle fondamentale de notre ci
444 tion que l’on se propose de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’avait créé,
445 le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’ avait créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les financiers qui mett
446 oit rentable. Jean Kräyenbühl : Je pense que Ford a surtout exprimé un sentiment personnel. Il aura peut-être perçu, déjà
447 Ford a surtout exprimé un sentiment personnel. Il aura peut-être perçu, déjà à cette époque le danger que pouvait apporter l
448 e le danger que pouvait apporter l’automobile. Il aura donc fait cette déclaration dans un moment d’angoisse tel que d’autre
449 moment d’angoisse tel que d’autres chercheurs en ont connu dans d’autres domaines. Denis de Rougemont : Je m’inscris en fa
450 ntre cette interprétation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses
451 ation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était la vox pop
452 es, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la v
453 dogme ! Dans le cas de la voiture, Ford lui-même a assené la preuve contraire. Son expérience peut être opposée à une dé
454 nces, pour la placer en vérité absolue. M. Ford n’ a pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication stan
455 absolue. M. Ford n’a pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Tayl
456 a eu avant Ford une cinquantaine d’inventeurs qui ont fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y avait presque pas p
457 fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évid
458 presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industrie automobile. II
459 pourtant le développement effréné de la voiture n’ a-t -il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François P
460 toute une quantité de choses merveilleuses qu’ils auraient de la peine à découvrir autrement, à pied ou à vélo. Vous demandez si
461 Vous demandez si la prolifération des autos n’en a pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits en
462 uit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles aisées
463 lévation du niveau de vie — et je m’en félicite —  a fait que beaucoup ont aujourd’hui accès à l’automobile. Une personne
464 e vie — et je m’en félicite — a fait que beaucoup ont aujourd’hui accès à l’automobile. Une personne sur trois ou quatre en
465 Occident par rapport à l’Union soviétique, il n’y a aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % aux USA.
466 s de leur lieu d’habitation. Jacob Roffler : Vous avez énuméré les avantages de la voiture qui soi-disant rendrait libre. Ma
467 davantage un « stress » que vous ressentez. Vous avez évoqué la culture. Je parlerais plutôt d’anti-culture, car quoi de pl
468 ns certains milieux — d’être pour ou contre, d’en avoir ou pas. Cela équivaut à réduire le problème à une dimension absolumen
469 xemple parfait d’absence totale de prospective. J’ ai omis de vous dire à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il a
470 ve. J’ai omis de vous dire à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il a rencontré sa première locomotive routière à va
471 à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il a rencontré sa première locomotive routière à vapeur. Cela a été pour l
472 ré sa première locomotive routière à vapeur. Cela a été pour lui son chemin de Damas. On voit d’ailleurs très bien le pré
473 utes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents ont passé par là. L’envie de se débarrasser de tout et de ne connaître au
474 Mais à partir de ce fantasme, qu’est-ce que cela a donné ? Quand il disait à ses ouvriers : « achetez des voitures, cela
475 inverse d’un succès. C’est l’une des machines qui a le plus mauvais rendement qui soit. Les Américains ont calculé que le
476 e plus mauvais rendement qui soit. Les Américains ont calculé que leurs voitures rejettent le 87 % de l’énergie qu’elles co
477 le 87 % de l’énergie qu’elles consomment. Illich a calculé que la vitesse moyenne des automobiles dans les villes des Ét
478 la limite romantiques, on constate que la voiture a donné exactement le contraire : un rendement minable, des villes invi
479 . Mais le problème c’est que les gens aujourd’hui ont appris à se servir de leur voiture comme d’un instrument de travail.
480 eur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont été s’installer à la campagne et s’en servent pour venir travailler.
481 des quatre roues. François Peyrot : M. Kräyenbühl a parfaitement raison de mettre en évidence le problème de l’individu p
482 du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’ a dit. Mais je voudrais reprendre mon propos initial. En moins de cinqu
483 je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’ a plus aucune importance. Je parlais de bouleversements. C’est en raiso
484 dépend aujourd’hui. Pensez-vous qu’à l’origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accepté de rendre toute l’écon
485 ’origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accepté de rendre toute l’économie occidentale dépendante des caprice
486 se réunis dans une émission de midi à 14 heures n’ ont trouvé que cela à me répondre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez-vo
487 ela à me répondre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez -vous une voiture ? ». C’est grotesque, c’est de l’enfantillage. II
488 équilibre entre les activités des individus. Vous avez fait allusion à la démocratisation des décisions de l’État. Je suis p
489 n système politique démocratique où chaque organe a ses pouvoirs et sa représentativité. Je suis contre la descente de to
490 erons ! disent ces messieurs qui forment ce qu’on a appelé la « chevalerie du nucléaire ». Les expropriations au nom des
491 oncer. L’initiative Weber ne vise rien d’autre. J’ ai peur que lorsque vous dites, M. Peyrot, que la démocratie dépend des
492 ent de droit divin ! François Peyrot : La loi qui a été votée à l’époque sur les autoroutes a été soumise à un délai réfé
493 loi qui a été votée à l’époque sur les autoroutes a été soumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référend
494 été soumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février
495 oumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février à M. We
496 suisse donne raison le 26 février à M. Weber, il aura obtenu son changement et plus personne ne discutera. Je n’ai jamais d
497 on changement et plus personne ne discutera. Je n’ ai jamais dit que cette initiative était antidémocratique. J’ai seulemen
498 it que cette initiative était antidémocratique. J’ ai seulement affirmé que les reproches adressés à nos autorités, en ce m
499 a majorité de la population. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout à l’heure les méfaits des autoroutes. Une des revendicati
500 Rougemont : Vous savez bien pourquoi au départ il avait demandé cela. C’est pour obliger les gens à faire attention avant de
501 vrait davantage utiliser le chemin de fer. Il n’y a aucune raison pour tout mettre sur les routes. Et d’un point de vue é
502 sible. Hubert de Senarclens : Des récentes études ont montré que les gens sont de plus en plus concernés par les effets nég
503 tifs de la voiture sur le visage des villes. Vous avez souvent écrit, M. de Rougemont, que l’automobile avait détruit les ra
504 souvent écrit, M. de Rougemont, que l’automobile avait détruit les rapports humains dans les villes et finalement la véritab
505 roblème de la circulation et des transports. On l’ a dit : de plus en plus les gens vont habiter loin du centre, à la camp
506 ce qu’ils disposent d’un véhicule. Cette tendance a considérablement modifié le visage de la ville. À Genève, je dois dir
507 le visage de la ville. À Genève, je dois dire, on a très tôt vu le danger que représentait une utilisation abusive de la
508 , rappelez-vous, la notion de « petite ceinture » a été introduite. Le Conseil d’État et le conseil municipal ont proposé
509 oduite. Le Conseil d’État et le conseil municipal ont proposé quatre objectifs : enlever du centre tous les courants de tra
510 e qui concerne les transports en commun, l’État n’ a pas été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl : Il semble qu’il y
511 l à propos de l’urbanisme est juste. Dès que vous avez créé des zones d’habitation extérieures à la ville, vous avez mis en
512 s zones d’habitation extérieures à la ville, vous avez mis en marche des mouvements pendulaires avec des gens qui vont à leu
513 hats, acceptera de s’extraire de sa voiture qu’il aura laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de plus en plus
514 a laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de plus en plus aujourd’hui des centres commerciaux où l’on peut gare
515 des lieux de loisirs. L’homme est un tout. Vous n’ avez qu’à constater les effets catastrophiques des cités-dortoirs où les g
516 lèmes psychologiques. Hubert de Senarclens : Vous avez fréquemment écrit Denis de Rougemont, que la voiture avait tué les re
517 quemment écrit Denis de Rougemont, que la voiture avait tué les relations humaines dans la cité. Denis de Rougemont : Je cite
518 ed Sauvy. Le premier dans plusieurs ouvrages nous a rendus attentifs à ce fait que la voiture, en envahissant complètemen
519 omain et aux places des communes au Moyen Âge qui ont joué un rôle si important. Voilà encore un certain nombre d’effets ob
520 certain nombre d’effets objectifs que personne n’ avait pu prévoir, et qui repose le problème de l’automobile de manière beau
521 te en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été sacrifiés sans douleur, logement, enseignement, téléphone, urbani
522 ville doit s’adapter, tout en gardant ce qu’elle a d’authentique et qui doit absolument être préservé IV Hubert d
523 économique ? François Peyrot : En effet, si vous avez eu l’occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez constaté
524 omique ? François Peyrot : En effet, si vous avez eu l’occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez constaté qu
525 occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez constaté qu’elle dépend d’un nombre considérable de sous-traitants qu
526 ens, en Occident, vit aujourd’hui mieux qu’il n’y a un ou deux siècles. Moi ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans la cr
527 rie automobile à cette affaire d’emploi. Mais n’y a-t -il vraiment pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est-on véritab
528 redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa multiplication ou à la
529 e l’oxyde d’azote sur les poumons. Les recherches ont débuté il y a cinq ou dix ans. Je vous signale qu’un groupe d’ingénie
530 ous signale qu’un groupe d’ingénieurs de Lausanne a calculé que 900 tonnes d’hydrocarbures sont déposées chaque année sur
531 evinez. Le reste par le vent. Or on sait — pour l’ avoir testé sur des animaux de laboratoires — que certains hydrocarbures so
532 e vasculaire ou sur le comportement de l’individu ont été étudiés. Des chercheurs ont notamment prouvé que des écoliers étu
533 ent de l’individu ont été étudiés. Des chercheurs ont notamment prouvé que des écoliers étudiant à proximité de routes fréq
534 decins à le déterminer. Et jusqu’à présent cela n’ a pas tellement été fait. J’ai assisté à toutes les séances sur les règ
535 usqu’à présent cela n’a pas tellement été fait. J’ ai assisté à toutes les séances sur les règlements du Conseil fédéral en
536 très sérieusement à ce problème. Le peuple suisse a écarté l’initiative Albatros. Par contre il a fait confiance aux disp
537 sse a écarté l’initiative Albatros. Par contre il a fait confiance aux dispositions du Conseil fédéral. Alors attendons !
538 de Rougemont : Je dois dire, M. Peyrot, que vous avez systématiquement, au cours de ce débat, minimisé les inconvénients de
31 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
539 31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans ma jeunesse, j’ ai longtemps joué comme gardien de but dans les équipes de football du g
540 remier article, qui fut publié dans une revue — j’ avais alors un peu plus de 17 ans — était une critique d’un livre de Monthe
541 le thème principal était justement le football. J’ avais beaucoup aimé ce recueil d’essais : autant pour la manière dont Month
542 uisse romande, une semaine à peine après que je l’ aie écrit. Il s’intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jés
543 rain de bloquer un ballon. Au dos de celle-ci, il avait écrit de sa grande écriture, impériale. « À Denis de Rougemont, colon
544 e un merveilleux écrivain. Mes débuts littéraires ont donc coïncidé avec ma passion pour le football. Par la suite, j’ai eu
545 avec ma passion pour le football. Par la suite, j’ ai eu l’occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui
546 c ma passion pour le football. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui j’a
547 ontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui j’ ai beaucoup parlé football. Il jouait, lui aussi, au poste de gardien de
548 Je pense qu’en 1936, les démocraties occidentales ont eu le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d
549 ense qu’en 1936, les démocraties occidentales ont eu le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d’y
550 le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d’y aller tout en exprimant clairement leurs raisons, à savoir
551 la publicité d’un régime scandaleux, la guerre n’ aurait pas été évitée certes, mais se serait sans doute engagée dans des con
552 s conditions bien différentes. Le peuple allemand aurait en effet commencé à remettre en cause très sérieusement la valeur de
553 que l’on sait. D’autant que le gouvernement russe a largement diffusé une brochure, contre laquelle Lord Killanin a d’ail
554 ffusé une brochure, contre laquelle Lord Killanin a d’ailleurs vivement protesté, disant clairement que le fait que Mosco
555 rotesté, disant clairement que le fait que Moscou ait été choisi comme siège des JO est un témoignage d’admiration du monde
556 itraires à leurs adversaires. Les pages sportives ont donc l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on en a plus vu depuis
557 c l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on en a plus vu depuis Gengis Khan. Et tout cela fait bien entendu régner aut
558 l’Occident demeure sans doute le plus célèbre, il a médité sur les thèmes essentiels de notre temps. Mais, aussi surprena
559 que cela puisse paraître, sa vocation littéraire a commencé avec le football… »
32 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Mes amis et Nerval (9 octobre 1982)
560 Valéry, compagnons de mes mises en train. Le sort a voulu que je n’arrive à lire qu’un seul des « livres d’amis » : le Po
561 are aujourd’hui ! Mais pour le reste, hélas, je n’ ai pu que relire, et de très près, sept ou huit de mes propres livres, e
33 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
562 s-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982) as Mardi dernier, au Conservatoire de musique de Genève, Denis de Ro
563 rvatoire de musique de Genève, Denis de Rougemont a reçu le Grand Prix Schiller, une des plus hautes distinctions littéra
564 ive : c’est quelqu’un qui publie bien sûr, mais n’ a pas publié un seul roman, un seul recueil de poèmes, ni même une seul
565 s il se perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes engagements européens étaient « au détriment de
566 défis de l’Histoire auxquels toute ma génération eut à faire face, et d’autre part l’évolution intérieure qui fut la mienn
567 lerai d’abord la nature du défi que ma génération eut à relever. Arthur Kœstler l’a fort bien dit : ce fut l’affrontement e
568 que ma génération eut à relever. Arthur Kœstler l’ a fort bien dit : ce fut l’affrontement entre un mensonge total, celui
569 es. La guerre entre eux devenait inévitable. Nous aurions à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre l
570 le là-bas, pensait-on sans doute en haut lieu. Qu’ ai -je fait durant mes six années américaines ? J’ai écrit quelques livre
571 ’ai-je fait durant mes six années américaines ? J’ ai écrit quelques livres, sur la Suisse, sur le diable, et sur la bombe
572 constante et poignante nostalgie, en Amérique, j’ ai découvert l’Europe et la nécessité vitale de son union, si les Alliés
573 s peuples. À mes amis fédéralistes, dont beaucoup avaient milité avant la guerre dans nos groupements personnalistes, puis insp
574 nts personnalistes, puis inspiré la Résistance, j’ ai dit que j’étais prêt à donner à leur cause deux ans de ma vie, et tan
575 et Karl Barth Vers ma vingt-quatrième année, j’ avais découvert deux auteurs qui furent décisifs pour ma vie : Kierkegaard
576 t tenu pour responsable de ses actes si ceux-ci n’ ont pas été accomplis librement (les juristes connaissent bien cela) et à
577 rter et où n’importe qui puisse lui répondre sans avoir l’organe de Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote qu’il décrit
578 ur de cette communauté. Voilà pour la doctrine. J’ ai dit les conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « 
579 ur la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ? J
580 conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ ont -elles « perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon acti
581 ? J’ose dire que non. De mon action européenne, j’ ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’ai publié jusqu’
582 é huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’ ai publié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de, « Suis-je perdu pour la
583 ès d’un quart de ce que j’ai publié jusqu’ici. as . Rougemont Denis de, « Suis-je perdu pour la littérature ? », Journa