1
Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
a
Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont o
2
us la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes
ont
dénoncé certaines des confusions sur quoi se fondent ces poétiques es
3
rs des plus tenaces de ces confusions. M. de Traz
a
visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux
4
, ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous
ont
habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus
5
aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’
avons
lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certaines pages
6
ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous
avons
fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir
7
de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’
ont
rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouv
8
fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en
ont
fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouve si juste : « Ce qui d
9
péril oriental très pressant, ni surtout que nous
ayons
à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulm
10
a nôtre. » La place me manque pour parler comme j’
aurais
voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance mo
11
ré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’
a
parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir parto
12
. Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris.
a
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Robert de Traz, Le Dépaysement
13
n cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous
a
pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est
14
trons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous
avez
dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Di
15
Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous
ont
reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vo
16
ire où tout le monde « se conduit bien » ? Il n’y
aurait
pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main
17
ion au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’
avoir
bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la Bibl
18
rétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy
a
plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant
19
les qui énervent nos vies de soucis dégradants. J’
ai
fait lire ce livre à des gens de toutes conditions, « de toutes croya
20
ndant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’
ai
terminé cette nuit ». — « Des livres comme celui-là, ça aide à vivre
21
lité c’est le terne train-train des journées. Ils
avaient
en somme raison, tout au moins pour leur compte, ajouterons-nous. À c
22
choses. Le regard « réaliste » de Hildur Dixelius
a
su voir dans la « vie courante » de ses héros des drames singuliers,
23
onger aux plus radieuses créations d’Andersen. On
a
fait un succès depuis quelques années à tant de traductions qui ne va
24
, en France, et spécialement le parti communiste,
ont
adopté depuis deux ans le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n
25
ns le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’
a
pas manqué de leur attirer de nombreuses et retentissantes « adhésion
26
moins contestées de la France contemporaine. N’y
a-t
-il pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans
27
N’y a-t-il pas là (comme disent les étrangers qui
ont
appris le français dans leur dictionnaire) « anguille sous roche » ?
28
les gauches antifascisme, l’Italie et l’Allemagne
ayant
, comme chacun sait, déclaré une guerre sans merci à toutes les formes
29
t-il, tous célèbres et « auteurs à succès », tous
ayant
atteint ou largement dépassé l’âge de la retraite, l’un se voit oblig
30
rivains ! La littérature n’est qu’un luxe, elle n’
a
pas à nourrir son homme. Et l’on cite M. Duhamel, qui est médecin. Vo
31
rares et fort peu concluants (Duhamel et Daudet n’
ont
pratiqué la médecine que durant les années de naturalisation de leur
32
urait admettre que seules les personnes fortunées
aient
quelque chose à dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’un
33
lle que je la décrivais dans mon premier article,
a
notablement empiré du fait de la crise générale. Et cela pour des rai
34
pes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être. Ils
ont
eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un poin
35
at d’édition. Depuis la crise, plusieurs éditeurs
ont
eu recours à l’expédient suivant. Lorsqu’un jeune auteur vient propos
36
’édition. Depuis la crise, plusieurs éditeurs ont
eu
recours à l’expédient suivant. Lorsqu’un jeune auteur vient proposer
37
quoi lit-on si peu ? Pourquoi, en temps de crise,
a-t
-on comme premier réflexe d’économiser sur les livres, plutôt que sur
38
conscience de citoyens. Les dictateurs actuels l’
ont
bien compris. Nous les voyons donner des soins jaloux au statut de la
39
et, la culture, et en particulier la littérature,
a
voulu se séparer des intérêts fondamentaux de la nation. Ce phénomène
40
art pour l’art. Pour mille raisons diverses, il n’
a
fait qu’empirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne sont pa
41
épète, c’est que les plus grands de nos écrivains
ont
beaucoup fait pour qu’il se perde en se « distinguant » volontairemen
42
s les deux cas, ce sont d’abord les écrivains qui
ont
manqué à leur fonction de guides des esprits, et ruiné leur autorité.
43
une véritable révolution dans les valeurs qu’ils
ont
cultivées jusqu’ici ! Car pour guider un peuple, et pour influencer s
44
rofonde. Mais un tel redressement de la culture n’
aurait
pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’avait
45
d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’
avait
à cœur d’y collaborer. Aussi bien, si j’écris ceci à l’intention d’un
46
rs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’il
a
souvent les auteurs qu’il mérite. Or, il importe hautement à notre pa
47
l mérite. Or, il importe hautement à notre pays d’
avoir
des écrivains représentatifs de ce qui fait sa force véritable. La ra
48
une étude du rêve et de l’inconscient telle que l’
a
poursuivie M. Albert Béguin, viennent s’ajouter, en 1937, des opportu
49
t notamment. Tout ce que les plus récentes écoles
ont
passionnément discuté, se trouve déjà posé et défini, avec une ampleu
50
préjugé qui veut que les romantiques allemands n’
aient
été que de « doux rêveurs », alors qu’ils furent souvent, en réalité,
51
. On saura gré, d’ailleurs, à M. Albert Béguin, d’
avoir
su marquer avec tant de justesse le point précis où l’entreprise tita
52
teindra la Suisse est l’une des plus violentes qu’
aient
connue les États-Unis. D’autant plus violente, semble-t-il, que l’enj
53
deux candidats n’est guère plus claire. Roosevelt
a
pris position contre l’idéal totalitaire, et ses partisans accusent W
54
match de football. M. Willkie et même Mrs Willkie
ont
reçu quelques œufs sur la tête, mais ces manifestations somme toute p
55
elles des candidats. La campagne des républicains
a
porté, pendant plus d’une semaine, sur un incident minuscule : la pro
56
de de capitaine aviateur. Cet acte de favoritisme
a
été exploité à fond pour persuader l’Américain moyen des intentions «
57
n peu puéril, mi-publicitaire mi-sportif, et l’on
a
souvent peine à croire que l’enjeu de cette compétition soit tout à f
58
sauront ce qu’ils pensent en tant que nation. Ils
auront
cessé de parier. Si Roosevelt l’emporte, les événements suivront leur
59
s’orner de bandes de papier portant : « Je vous l’
avais
bien dit ! » Une neige de papiers multicolores descendait lentement d
60
enait de soutenir Willkie avec ensemble, et qui n’
avait
pas cessé de démontrer que Roosevelt signifiait ruine, division, guer
61
nneaux et les insignes de propagande. La majorité
avait
parlé, le match était terminé, et parce que la démocratie avait tenu
62
e match était terminé, et parce que la démocratie
avait
tenu le coup, personne ne se sentait vraiment battu. On peut dire auj
63
i sans exagération que la réélection de Roosevelt
a
été l’une des trois « Kraftprobe » de la démocratie au xxe siècle. L
64
be » de la démocratie au xxe siècle. La première
a
été perdue par la France. La seconde a été gagnée par l’Amérique. En
65
a première a été perdue par la France. La seconde
a
été gagnée par l’Amérique. En attendant le résultat de la troisième e
66
resse et la radio lui en offrent les moyens. S’il
a
quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on ex
67
ou les économistes que le gouvernement Roosevelt
a
mis de la sorte au service de la nation, pour une période et pour une
68
voilà le problème qui se pose, voilà ce que nous
avons
fait, voilà ce qui reste à faire. Le président et ses secrétaires d’É
69
conférences régulières avec les journalistes, qui
ont
le droit de leur poser n’importe quelle question. Rien de plus frappa
70
e fait très simple que voici : en réalité, il n’y
a
pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument faux d’as
71
sable à toute vie démocratique. Le fait qu’il n’y
a
que deux partis, et que ces deux partis ne représentent nullement deu
72
tournant tout à l’heure le bouton de ma radio, j’
ai
entendu cette phrase prononcée d’une voix forte : « Ici Radio municip
73
-Unis (18 février 1941)l m New York, février J’
ai
fait une découverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’est pas de pay
74
ire, rien n’apparaît plus naturel. Les États-Unis
ont
été fondés par des groupes successifs de colons, la plupart exilés po
75
. Un Américain qui appartient à l’Église réformée
a
bien des chances d’être Hollandais d’origine ; Allemand ou Suédois s’
76
ique (dans un pays, remarquons-le, où les Églises
ont
toujours été séparées de l’État). Je me bornerai pour aujourd’hui à l
77
vent en détail les services de communion auxquels
ont
participé les deux candidats, ce même jour. Wallace, le vice-présiden
78
te de « l’Inauguration ». La veille, le président
avait
été harangué par des pasteurs et des prêtres des trois grandes religi
79
le Bible de famille, en langue hollandaise, qu’il
avait
choisi d’ouvrir au chapitre 13 de la première Épître aux Corinthiens
80
e la machine menaçait de leur procurer, après les
avoir
décimés. Les avions, par exemple, permettaient de voyager vingt fois
81
it de leur procurer, après les avoir décimés. Les
avions
, par exemple, permettaient de voyager vingt fois plus vite qu’en bate
82
n seul chien du même nom. Une aurore boréale nous
avait
arrêtés toute une nuit, non point que sa beauté nous eût cloués sur p
83
êtés toute une nuit, non point que sa beauté nous
eût
cloués sur place, mais parce qu’elle provoquait des tempêtes magnétiq
84
e qu’elle provoquait des tempêtes magnétiques qui
ont
pour effet d’aveugler les avions aux appareils plus délicats que les
85
tes magnétiques qui ont pour effet d’aveugler les
avions
aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette belle cris
86
l’avion, attendre que la Boule au-dessous de nous
ait
tourné jusqu’au point désiré, pour y descendre et s’y poser. Rien ne
87
s passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’y
a
plus que, tout près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et le ron
88
n cher, ici, tout est beau !… » — « Mais tout ici
a
été fait par les Américains pendant la guerre… » — « Taisez-vous, me
89
rly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que je l’
ai
quitté… Par quelle Porte allons-nous entrer ? Je ne puis pas distingu
90
el ? Mais sur les Quais, où le car nous dépose, j’
ai
retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans quel silence, à quatre he
91
ailleurs. Crise des logements. — Est-ce que Paris
a
été bombardé ? me demandent-ils non sans inquiétude. — Et New York do
92
faveur d’une nuit déserte. Un rendez-vous dont j’
avais
bien souvent désespéré, après cet au revoir en juin 40, qui sonnait m
93
ur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord je n’
ai
distingué qu’un paysage de toits bleus, médiéval. Et voici qu’une clo
94
bleus, médiéval. Et voici qu’une cloche très fine
a
sonné cinq coups délicats. Puis une autre plus loin, et plusieurs en
95
es valises, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris
a
reculé d’un siècle, en direction d’une beauté oubliée. Mais que dire
96
e beauté oubliée. Mais que dire de la foule que j’
ai
vue le lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ? Je me disais : «
97
ature Que la Suisse soit restée aussi suisse m’
a
paru proprement incroyable. Je ne trouve ici d’autre sujet de m’étonn
98
e des mêmes employés intacte, une fois qu’on leur
a
laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours
99
après la plus rapide reconnaissance des lieux. J’
ai
revu des amis intacts, et dont l’amitié seule avait fleuri comme un b
100
’ai revu des amis intacts, et dont l’amitié seule
avait
fleuri comme un bon vin. Et j’ai feuilleté des éditions si belles qu’
101
’amitié seule avait fleuri comme un bon vin. Et j’
ai
feuilleté des éditions si belles qu’on se demande quels talents les m
102
ne décence fondamentale. Il se peut que la Suisse
ait
seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été contaminée par le gangs
103
e la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’
ait
pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le ma
104
ut simplement. On le tient encore pour anormal. J’
ai
l’impression qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du mond
105
peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’il n’y
ait
plus qu’un no man’s land où s’affrontent sournoisement les seules Pui
106
les Puissances qui comptent. Fin et Suite J’
ai
revu Genève et sa cyclophilie torrentielle, allègre et intacte. Et j’
107
yclophilie torrentielle, allègre et intacte. Et j’
ai
revu la SDN dans son palais sans patine, sans fantômes. Pourtant, cet
108
réunis pour célébrer une défaite victorieuse. On
a
parlé de funérailles. Il ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne pou
109
ierre Girard, mais l’idée d’une Ligue des Nations
a
survécu au déchaînement nationaliste. En attendant une vraie Ligue de
110
t — il ne s’en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard
a
voulu que, le soir même, je me visse entraîné à Cointrin, où se posai
111
core souveraines ? Voyons l’Histoire. Les Suisses
ont
réussi : voyons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et s’en va
112
réussi : voyons la Suisse. Tout le monde croit l’
avoir
vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sce
113
monde croit l’avoir vue et s’en va répétant qu’il
a
fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout le
114
r son union fédérale. Tout le monde se trompe. Il
a
fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Conféd
115
t. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’
a
pas fléchi durant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient
116
urant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois
avaient
suffi pour fédérer vingt-cinq États souverains… Pensez-vous que l’His
117
partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’
ai
plus d’une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les dé
118
temps fait beaucoup à l’affaire. Celui que vous n’
auriez
pas, Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agir. Mais c
119
cahier de doléances ou de revendications. Et je n’
ai
point de conseils à vous donner. Mais je vous écris au nom d’une cent
120
le reprochent certains qui, par principe ceux-là,
ont
décidé une fois pour toutes qu’il faut aller lentement dans tous les
121
vous dire que l’opinion s’en moque, parce qu’elle
a
ses doutes motivés sur vos intentions véritables. Elle n’est pas sûre
122
t —, vous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’
a
pas l’impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europe en
123
s de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous
a
permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa, déconcertés pa
124
s. Mais rien ne pourra jamais me persuader qu’ils
aient
tous raison à la fois, quand il n’en est pas deux qui tombent d’accor
125
prudences ? Je ne trouve pas. On dirait que vous
avez
le trac. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on s’engage dans
126
tés. Ceci me rappelle un argument de M. Bevin. On
aurait
tort, à son avis, de commencer l’Europe par le toit. Je ne sais pourq
127
ais cave ou toit, chacun peut voir que M. Bevin n’
a
jamais voulu rien commencer. Au reste, l’Europe existe depuis plus de
128
see, step by step, und so weiter. Les vieillards
ont
l’humeur proverbiale, mais votre assemblée est trop jeune. Je lui pro
129
îme. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y
a
pas une minute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne veut r
130
rope ; allez-vous-en. Laissez la place à ceux qui
ont
décidé d’agir. Avouez que rien ne vous paraît possible, on comprendra
131
août 1950)r Messieurs les députés européens, J’
ai
tenté de traduire le sentiment des peuples en face de l’inertie de l’
132
entière, voilà qui signifie, Messieurs, que vous
avez
perdu le droit d’être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun
133
tés de la conscience la plus inquiète que l’homme
ait
jamais prise de son destin et des chances de le surmonter. Les député
134
de la superficie du globe, mais bien de cela qui
a
fait au cours des âges, d’un cap médiocre en dimensions physiques, le
135
ilisation que rien ne s’offre à remplacer, et qui
a
su remplacer toutes les autres. D’où vient, Messieurs, que ce cap de
136
tres. D’où vient, Messieurs, que ce cap de l’Asie
ait
dominé le monde pendant des siècles ? D’où, sinon d’un pouvoir d’inve
137
Russes — sens de la mesure et sens critique — qu’
avons
-nous inventé, nous les Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : qu
138
Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’
avons
-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse
139
de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas
ont
appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des
140
rt retransmis de Salzbourg. Voilà ce que l’Europe
a
su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’Europe. Vous ê
141
ceux de notre continent, pour qui le nom d’Europe
a
représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets d’un bo
142
ènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’
a
pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’auteur du Manifeste publié
143
pareils ? Leur existence est purement négative. J’
ai
bien lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pas
144
cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y
a
pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi ; une seu
145
hode : étatiser les industries ; un seul pays qui
ait
su le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’est pas européen. En
146
lui, peut faire du bon travail, pourvu qu’elle n’
ait
aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’être démocratique
147
latifs, à l’Autorité politique, s’il faut qu’elle
ait
vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories d
148
dans le fait, où sont nos souverainetés ? Qui les
a
vues depuis quelques décennies ? Qui donc ose les défendre ouvertemen
149
mmandées par un Américain. On prétend même qu’ils
auraient
accepté que leur monnaie perde un tiers de sa valeur, parce que Londr
150
ie perde un tiers de sa valeur, parce que Londres
avait
dévalué. Je cherche en vain : Où sont encore les souverainetés de nos
151
systèmes fiscaux, je ne vois pas que leur variété
ait
empêché les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. L
152
illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’
a
plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauvai
153
es sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’
a
pas voté la suppression des souverainetés. Ses vingt-cinq États sont
154
sur le papier, mais fédérés en fait. Chacun d’eux
a
gardé sa personnalité, parce qu’un groupe d’Imprudents et d’Utopistes
155
qui aimaient toutes les couleurs du prisme, leur
a
donné presque sans qu’ils s’en doutent la force et les moyens de l’in
156
soudront aux compromis vitaux. Quant à ceux qui n’
ont
point cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux ob
157
» C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils
ont
négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes,
158
et les sceptiques, alors, pourront bien dire : J’
avais
raison, voyez l’obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’œil du s
159
n dire : J’avais raison, voyez l’obstacle ! Ils l’
auront
eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les obstacles insurmontabl
160
oudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’il
a
pour lui toute l’opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle l’
161
n. Elle l’était avant cela, bien sûr, mais elle n’
a
pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui, je l
162
t s’associer à ces engagements téméraires avant d’
avoir
pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en tous
163
lidement retranché dans le domaine des principes,
a
fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à notre cause à t
164
s peuples sans une propagande massive. Personne n’
a
les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une ca
165
rmes, il faut que le Parlement issu des élections
ait
quelque chose à faire. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux.
166
un conflit éventuel.) Si vous acceptez cela, vous
aurez
avec vous l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe
167
i de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en
a
peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’ai
168
peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’y
a
presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tenter l’impossible ?
169
r de la part des millions qui se taisent mais qui
ont
peur ? Pardonnez mes violences et mes impertinences : comprenez l’anx
170
ster au contraire, de ne point se séparer avant d’
avoir
dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êtes pas encore l’espoir
171
èlent contraires au salut de l’ensemble ? Je veux
avoir
parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous propose une autre solution
172
ison visible, découpant une contrée que la nature
avait
conçue d’un seul tenant. Je connais peu de paysages aussi complets :
173
au pays de Gex, et son monument le plus vrai. Il
a
bien sa statue, grandeur nature, dans mon village. Mais ce n’est pas
174
t malgré son grand âge, il plantait. « Quand je n’
aurais
défriché qu’un champ et quand je n’aurais fait réussir que vingt arbr
175
nd je n’aurais défriché qu’un champ et quand je n’
aurais
fait réussir que vingt arbres, c’est toujours un bien qui ne sera pas
176
nève… Donnez vos ordres ; vous serez servis… Vous
aurez
de très belles montres et de très mauvais vers quand il vous plaira.
177
it un seul individu, dans ces temps que l’on nous
a
décrits comme adversaires des libertés réelles ! Enfin, Voltaire libè
178
ève. Le tout survolé trente fois par jour par des
avions
de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le
179
r nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils
ont
créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécess
180
tance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il
a
créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, ta
181
s un siècle et demi, les hommes d’État américains
ont
coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de
182
géographiquement, en quatre parties dont chacune
a
des intérêts distincts. L’Europe, pour le malheur des trois autres, l
183
. L’Europe, pour le malheur des trois autres, les
a
toutes, à des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et s
184
s sous sa domination. La supériorité que l’Europe
a
depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maî
185
té que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’
a
disposée à se regarder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire l
186
Des hommes, admirés comme de grands philosophes,
ont
positivement attribué à ses habitants une supériorité physique, et on
187
ibué à ses habitants une supériorité physique, et
ont
sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine,
188
chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après
avoir
respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longt
189
ré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits
ont
trop longtemps appuyé ces arrogantes prétentions des Européens. C’est
190
Or celle-ci serait ruineuse pour le principe qui
a
fait la force principale du stalinisme dans l’intelligentsia européen
191
mot. Ils proposent en effet trois principes qui n’
ont
jamais cessé d’être les nôtres. Nous sommes d’accord. Nous partons de
192
le toute neutralité reste illusoire. L’Amérique n’
aurait
rien à y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’Europe serait faite
193
re les hommes, je veux dire un langage commun. On
a
reconnu l’expression qui revient par deux fois, fortement soulignée,
194
re était le véritable agresseur, « les événements
ayant
donné au terme d’agression un contenu historique nouveau ». La franch
195
chise même de cette explication scandalisa : elle
aurait
dû, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe s’exprimait en effe
196
n et le désir de convaincre — sinon le dialogue n’
aurait
pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le respect d
197
en vue d’une recherche commune — autrement l’on n’
aurait
qu’une suite de monologues. Or ces deux conditions du dialogue vienne
198
agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’
ai
rien dit. Si chacun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’il en
199
us clairs et certains que la conscience qu’ils en
ont
. Le Père des peuples est mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du M
200
mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du MVD l’
a
suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, m
201
s présenter devant Dieu et demander pardon pour n’
avoir
pas bougé, pour avoir laissé faire sous nos yeux hébétés, sans un cri
202
u et demander pardon pour n’avoir pas bougé, pour
avoir
laissé faire sous nos yeux hébétés, sans un cri, sans un geste — cela
203
e resté paralysé devant leur appel, tant que je n’
aurai
pas fait tout ce que peut un homme libre pour hâter le jour de la ven
204
urreaux. Les jours du communisme sont comptés. Il
a
vu son Double effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À la
205
s avant que l’Histoire et la colère des peuples l’
ait
balayé de la planète, le communisme russe peut encore écraser d’autre
206
oviétique, ses clients et ses partisans. Je crois
avoir
été le premier à proposer, ici, la reprise du dialogue culturel avec
207
iques délivrés de Staline. Des rencontres privées
ont
suivi mon appel. Les Russes s’y sont montrés lourds et stupides, les
208
er du nom d’homme un communiste quelconque, qui n’
aurait
pas d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il a servie. Et
209
abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il
a
servie. Et jurons en même temps de faire l’Europe. Cette Europe qui a
210
en même temps de faire l’Europe. Cette Europe qui
aurait
pu, en s’unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rassemblant
211
ontraint, après coup, de refuser ce prix, dont il
eut
le temps de dire à des journalistes étrangers : « C’est une immense j
212
son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’
a
pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ont osé. Pascal
213
voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’
ont
osé. Pascal et Kierkegaard devant leur Dieu. Nietzsche au seuil du dé
214
e Dieu », qui est en même temps une théologie, il
a
recours à une méthode philosophique héritée de Husserl à travers Sart
215
oménologie. On se demande alors ce que l’auteur n’
a
pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vrai dire assez con
216
ation passive, tandis que le Christ des évangiles
a
été « le premier à révéler aux hommes la vérité de leur expérience de
217
nne. Mais qu’en dirait Karl Barth lui-même, qui n’
a
pas fini de nous surprendre ? C’est sans doute par rapport à Pascal q
218
vraie musique chez ceux de nos contemporains qui
ont
sciemment abandonné « le projet d’être à la ressemblance de Dieu ». P
219
oi active, fondée sur la doctrine chrétienne, qui
a
engendré la civilisation occidentale » (p. 209). Je suis bien placé p
220
st Ansermet ? Nul doute que la Genève de Calvin l’
eût
accusé de parler comme un athée, puisqu’il nie le Dieu personnel. Et
221
décaphonique assourdissant. Les uns et les autres
auraient
tort. Nous devons à Ansermet une tentative unique d’adéquation de l’a
222
22 juin 1968) que pendant six ans d’Amérique je n’
ai
fait que « papoter avec des milliardaires nyouorkaises » et me « perf
223
s réprouve. Tout autre chose est d’affirmer que j’
ai
« jeté mon sac (militaire) aux orties » avant de « disparaître dans l
224
r c’est là m’accuser d’un acte bien défini, qui m’
eût
valu un peu plus, croyez-moi, que les quinze jours de forteresse auxq
225
quinze jours de forteresse auxquels le Général m’
avait
condamné en juin pour un article sur l’entrée d’Hitler à Paris. Soyon
226
« de service », il est rigoureusement exclu qu’il
ait
jeté son uniforme aux orties, c’est-à-dire déserté, peu de jours aupa
227
fait superflue pour les lecteurs de mon livre, m’
a
paru nécessaire pour ceux qui n’auraient lu que l’article du Samedi l
228
de mon livre, m’a paru nécessaire pour ceux qui n’
auraient
lu que l’article du Samedi littéraire. aa. Rougemont Denis de, « D
229
devant le tribunal militaire que vous présidez. J’
ai
beaucoup d’estime pour M. Bugnot. Équilibré, maître de soi, convaincu
230
son ceux qui se réclament en toute conscience, qu’
aurons
-nous encore à défendre en Suisse, à part les « beautés de la nature »
231
tre le voudriez-vous mais je sais bien que vous n’
avez
pas le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas condamner «
232
ne voulais être qu’un témoin de moralité, et je n’
ai
pu m’empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen. Me le
233
le pardonnerez-vous en pensant aux efforts que j’
ai
faits — et ne cesserai de faire — pour expliquer notre pays, par la p
234
connaît mal et ne le comprend pas toujours ? Nous
avons
en commun le souci du bien public et cherchons à le servir chacun à s
235
dernier, le tribunal militaire de la 1re Division
a
condamné le jeune René Bugnot, pour avoir refusé, pour la seconde foi
236
re Division a condamné le jeune René Bugnot, pour
avoir
refusé, pour la seconde fois, de se présenter au recrutement, à une p
237
à travailler durant la journée à l’Hôpital. Il l’
a
également exclu de l’armée, suivant par là une récente jurisprudence
238
on recrutés. Cette peine est identique à cette qu’
a
déjà subie Bugnot une première fois. Et il ne pouvait en être autreme
239
re de l’écrivain et professeur Denis de Rougemont
a
été lue par le président du Tribunal. Une copie nous a été transmise
240
lue par le président du Tribunal. Une copie nous
a
été transmise que nous publions ci-dessous. » ad. Cette lettre est s
241
mission ou démission de la Suisse. Nul non plus n’
a
le droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’il
242
elus”. Il y a donc bien un problème, et Rougemont
a
raison de demander, au nom des valeurs qui étayent son patriotisme, q
243
et 1969)ae af Monsieur le rédacteur en chef, J’
ai
été surpris de vous voir répondre à une lettre que j’avais adressée a
244
surpris de vous voir répondre à une lettre que j’
avais
adressée au président d’un tribunal militaire et que vous publiez à m
245
er la foule par-dessus la tête du président. Si j’
avais
voulu traiter publiquement de l’objection de conscience en général, e
246
l, et des objecteurs suisses en particulier, il m’
eût
fallu beaucoup de temps, beaucoup de place, et un minimum de précauti
247
coup de place, et un minimum de précautions. Il m’
eût
fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Suisse
248
ent, de tout contestataire de nos institutions. J’
ai
parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien, je n’ai pas proposé qu’o
249
parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien, je n’
ai
pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale
250
dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’
ai
pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au
251
e ne le crois pas justifié par mon texte, et vous
avez
raison de refuser de me suivre dans une direction où jamais je n’ai s
252
er de me suivre dans une direction où jamais je n’
ai
songé à entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc pas
253
entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’
ai
donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse ne s
254
urs, la Suisse ne serait qu’un État policier ». J’
ai
dit seulement que si l’on choisissait de s’en tenir à « l’ordre à tou
255
ue nous. Cela dit, il me reste à vous remercier d’
avoir
, en publiant ma lettre, ramené l’attention de vos lecteurs sur le gra
256
ntion de vos lecteurs sur le grave problème qui l’
avait
motivée : c’est ce problème qui importe seul, et qu’il faut prendre s
257
Le texte est précédé du chapeau suivant : « Nous
avons
publié lundi dernier une lettre que le professeur Denis de Rougemont
258
r une lettre que le professeur Denis de Rougemont
avait
adressée le vendredi précédent au président du tribunal militaire de
259
e bourgeoise ? Le terme de « culture bourgeoise »
a
été largement employé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y a pas
260
employé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y
a
pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a u
261
1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y
a
pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est la plus
262
s en dehors de l’Europe. Les grandes écoles d’art
ont
été communes à tous nos pays, l’art roman, le gothique, le baroque, l
263
de l’influence germanique ou celtique. Ainsi nous
avons
une communauté indiscutable de culture. La division de la culture est
264
apparue avec l’école obligatoire et la presse. On
a
fabriqué le nationalisme au xixe siècle. En peinture, voyez comme l’
265
nd par culture bourgeoise, parce que la culture n’
a
pas été faite par des bourgeois. La culture occidentale repose sur l’
266
es bourgeois. Ce qui n’empêche pas les ouvriers d’
avoir
des goûts plus bourgeois que les bourgeois cultivés. L’avant-garde es
267
toujours sortie de la bourgeoisie. Le communisme
a
toujours condamné l’avant-garde et ne cesse encore de le faire. C’est
268
tous les pays. La bourgeoisie est une classe qui
a
été et qui est encore au pouvoir dans la plupart des pays, mais ce n’
269
C’est exact. On dit n’importe quoi, parce qu’on n’
a
pas fait une bonne analyse de la situation. Quand Sartre dit aux étud
270
ation occidentale ? C’est impossible. Paul Valéry
a
écrit : « Nous autres, civilisations, nous savons aujourd’hui que nou
271
ieu, la civilisation occidentale est la seule qui
ait
conquis le monde entier. Si on déclare qu’elle va mourir, cela revien
272
qu’elle va mourir, cela revient à dire qu’il n’y
aura
plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y aurait de
273
soit une civilisation vraiment différente, et qui
ait
de meilleures solutions que les nôtres. Or nous constatons un gigante
274
pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en
a
jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des tyr
275
out au succès des révolutions. Il n’y en a jamais
eu
une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des tyrannies. Un
276
révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qui
ait
réussi. Elles ont toutes abouti à des tyrannies. Une révolution about
277
’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles
ont
toutes abouti à des tyrannies. Une révolution aboutit à une tyrannie,
278
le « désordre établi ». Ces conditions idéales n’
ont
encore jamais été réalisées. La Révolution française a abouti à la ty
279
ore jamais été réalisées. La Révolution française
a
abouti à la tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848 ont été é
280
a tyrannie napoléonienne. Les révolutions de 1848
ont
été écrasées ou bien ont abouti, par les nationalistes, à la guerre d
281
Les révolutions de 1848 ont été écrasées ou bien
ont
abouti, par les nationalistes, à la guerre de 1914. Un homme politiqu
282
à la guerre de 1914. Un homme politique français
a
déclaré : « Le pouvoir personnel finit toujours mal. » Bon. Mais qu’e
283
mpersonnels nous instruit grandement. La première
a
abouti à Napoléon, pouvoir personnel. La seconde à Louis-Napoléon, po
284
oisième à Pétain, pouvoir personnel. La quatrième
a
abouti à de Gaulle. Faudrait-il saluer le régime personnel, parce qu’
285
ts, fanent et meurent. Hegel, Spengler et Toynbee
ont
développé cette idée, séduisante mais fausse. Aujourd’hui, la civilis
286
s de ce que l’Homme, indépendamment de la nature,
a
développé dans cette civilisation. Je ne crois pas que l’homme devien
287
té sociale par exemple. Dans un petit livre que j’
ai
écrit en 1946 sur la bombe atomique, je disais en post-scriptum à mes
288
es modèles efficaces pour la sensibilité. Comme l’
ont
fait la statuaire grecque avec ses dieux à formes humaines, l’archite
289
’est à cela que l’art peut nous aider. Kafka nous
a
révélé dès 1930 le style et l’habitus des régimes policiers que la ps
290
ette période anarchique que traverse notre siècle
a-t
-elle été préparée ? Je vous dirais sans trop réfléchir : par le natio
291
yance aux toujours plus grands nombres. Mais je n’
ai
pas envie d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas
292
changer dans le bon sens. Une des formules que j’
ai
lancées dans ma jeunesse (outre celle de l’engagement de l’écrivain),
293
conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
ai
Le 27 juin dernier, le professeur Denis de Rougemont intervenait
294
dent du Tribunal militaire un témoignage que nous
avons
publié le 30 juin. Ce témoignage a suscité des controverses, auxquell
295
e que nous avons publié le 30 juin. Ce témoignage
a
suscité des controverses, auxquelles le débat que nous présentons ici
296
es, auxquelles le débat que nous présentons ici n’
a
pas la prétention d’apporter une conclusion définitive. Il s’agit ava
297
e conscience que les tribunaux militaires suisses
ont
condamnés en 1967 peut être rapidement esquissé : l’objecteur est gén
298
e romande. Si la notion d’objection de conscience
a
été récemment étendue à des motifs d’ordre philosophique, elle n’en p
299
er chef l’objection de conscience religieuse. N’y
a-t
-il pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédérale st
300
tion de conscience pour raison religieuse. Il n’y
a
donc aucun conflit entre l’armée et l’objecteur de conscience, dont l
301
Au Dieu Tout-Puissant ». Christian Schaller, vous
avez
objecté pour des motifs religieux… La religion n’est pas le motif e
302
religieux, humanitaire ou autre. Michel Barde. —
Avez
-vous eu le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitarist
303
, humanitaire ou autre. Michel Barde. — Avez-vous
eu
le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitariste — je p
304
Pas chez nous. Denis de Rougemont. — Non. Mais j’
ai
dit dans certains régimes, et très logiquement. Car là il n’y a plus
305
tains régimes, et très logiquement. Car là il n’y
a
plus aucun recours à une transcendance, à quelque chose qui soit au-d
306
nisme face à celui d’une collectivité, qui, elle,
a
jugé le christianisme compatible avec le service militaire du citoyen
307
t partie intégrante des qualités du civisme. Nous
avons
vu à quoi pouvait aboutir une religion de l’État où le citoyen appliq
308
ces lois, ou si elles lui sont dictées. Si elles
ont
été faites par la collectivité, et si elles sont amendables par elle
309
on de mettre en évidence certains problèmes qu’on
a
tendance à masquer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas l
310
cience vis-à-vis de l’armée. Bernard Béguin. — Il
a
été dit clairement que le conflit était plutôt avec la Constitution q
311
e qui les juge. Le colonel divisionnaire Dénéréaz
a
commandé la section du recrutement. Dans quel cadre agissent les colo
312
e à l’objecteur pour la première fois, quand il n’
a
même pas 20 ans, qu’il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionnaire
313
citoyen ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Nous
avons
quelque 35 000 conscrits qui se présentent au recrutement chaque anné
314
arlent d’objection de conscience. De ces 300, 200
ont
une attitude positive à l’égard de l’armée et acceptent d’être incorp
315
service de santé tous ceux qui le désirent. Nous
avons
besoin d’eux, et cela montre que si nous n’avons pas en droit un stat
316
avons besoin d’eux, et cela montre que si nous n’
avons
pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’avons en fait. L’ob
317
pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’
avons
en fait. L’objecteur peut accomplir ses devoirs civiques sans s’oppos
318
s peut obtenir un sursis… Michel Barde. — Il y en
a
qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de l
319
ans condamné pour objection de conscience — vous
avez
dit que c’est un honnête homme — va loger trois mois à Saint-Antoine,
320
e sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’
avons
, je dois dire, jamais eu de plainte de la part des condamnés sur les
321
nt chargés. Et nous n’avons, je dois dire, jamais
eu
de plainte de la part des condamnés sur les conditions de détention.
322
rs de conscience. Je pense à tous les soldats qui
ont
commis des actes d’indiscipline, qui n’ont pas fait leur service par
323
ts qui ont commis des actes d’indiscipline, qui n’
ont
pas fait leur service par négligence, ou parce que les conditions de
324
u près, viennent pour des fautes de discipline. J’
ai
peine à entrer dans une classification de tribunaux pour honnêtes gen
325
arbitraire, mais il existe. Et d’autre part nous
avons
une Constitution qui définit des obéissances. Par conséquent il y a u
326
rsis ne peut être accordé que lorsque le tribunal
a
la conviction que cette mesure détournera l’accusé de commettre de no
327
velles infractions. Quelques tribunaux militaires
ont
essayé de dire qu’ils n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que
328
tribunaux militaires ont essayé de dire qu’ils n’
avaient
pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléchirait et q
329
présenterait au service militaire. Ces jugements
ont
été cassés par le tribunal militaire de cassation : conformément à la
330
es, le sursis ne peut être accordé que si le juge
a
plus qu’un espoir, mais une conviction suffisante. Alors, l’objecteur
331
t réalisées. Mais avec les atténuations dont nous
avons
parlé. Bernard Béguin. — Ces atténuations, est-ce qu’elles sont venue
332
aux ? Colonel Vaucher. — C’est le législateur qui
a
modifié la loi, à la suite de débats concernant l’objection de consci
333
s pas du tout objecteur de conscience moi-même. J’
ai
fait pas mal de service dans ma vie. Mais je suis intervenu à propos
334
tervenu à propos d’un de mes étudiants pour qui j’
avais
de l’estime, parce qu’il avait déjà été condamné une fois, et que les
335
udiants pour qui j’avais de l’estime, parce qu’il
avait
déjà été condamné une fois, et que les choses semblaient se présenter
336
erait certainement pas son fusil d’épaule — après
avoir
refusé de le porter. J’ai eu l’impression que les objecteurs étaient
337
sil d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’
ai
eu l’impression que les objecteurs étaient toujours punis, et que le
338
d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai
eu
l’impression que les objecteurs étaient toujours punis, et que le pro
339
cteurs étaient toujours punis, et que le procès n’
avait
pas d’autre objet que de déterminer si les conditions objectives de l
340
e personnage était un hérétique. Après ça, il n’y
avait
plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un peu scandal
341
t plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’
ai
été un peu scandalisé à l’idée que, dans le cas de l’objecteur de con
342
ndamne comme un hérétique, uniquement parce qu’on
a
enregistré le fait qu’il était objecteur. On tient compte des circ
343
sera acquitté aussi. C’est évident. Mais je n’en
ai
jamais vu. Tous les objecteurs que j’ai connus étaient des gens sensé
344
s je n’en ai jamais vu. Tous les objecteurs que j’
ai
connus étaient des gens sensés. Donc pas de maladie mentale, pas de c
345
Béguin. — M. Schaller va me répondre parce que j’
ai
dit qu’il cherchait la condamnation. Christian Schaller. — Je voudrai
346
es cas où des tribunaux valaisans ou fribourgeois
ont
refusé à l’accusé le droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience.
347
ou fribourgeois ont refusé à l’accusé le droit d’
avoir
eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part qu
348
ibourgeois ont refusé à l’accusé le droit d’avoir
eu
un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part que l
349
ce sont des miliciens. Denis de Rougemont. — Je n’
ai
absolument rien dit contre l’armée en tant que telle. Je parle contre
350
civils sont souvent absolument intolérants. Ils n’
ont
absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemment co
351
ls n’ont absolument pas la compréhension que vous
avez
. Ils sont violemment contre : « Ce sont des lavettes, ce sont des lâc
352
de Rougemont. — Effectivement, dans l’armée je n’
ai
pas entendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup à le dire : nous
353
vous, d’admettre un service civil ? Est-ce que ça
a
un sens de contraindre au service militaire des hommes qui ont l’obje
354
e contraindre au service militaire des hommes qui
ont
l’objection chevillée à l’âme ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Le
355
ne manquons pas de leur dire chaque fois : « Vous
avez
le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de fa
356
ite à créer un statut de l’objecteur, c’est qu’on
a
le sentiment qu’il vise l’appareil qui défendra les institutions. Ce
357
comme au temps de Morgarten. On peut dire — je l’
ai
entendu dire par des officiers supérieurs — qu’on se prépare très con
358
ontentons d’appliquer les recettes du passé — qui
ont
toujours si bien marché — ou bien est-ce que nous avons autre chose à
359
toujours si bien marché — ou bien est-ce que nous
avons
autre chose à faire que simplement assurer notre prospérité et la déf
360
, tel qu’il est maintenant, avec l’armée que nous
avons
, est certainement un élément positif, en dépit de la bombe atomique d
361
en connaître les effets. Par deux fois déjà, nous
avons
été maintenus à l’écart de la guerre. S’il y avait eu un vide stratég
362
n vide stratégique, il est fort possible que nous
aurions
été attaqués. Pour citer le dernier exemple : 40 divisions massées à
363
affaire des Balkans… le grand état-major allemand
a
estimé que ce n’était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’armée la p
364
stimé que ce n’était pas suffisant. Demain ? Nous
avons
l’armée la plus nombreuse d’Europe. Ce qui est déjà un signe de puiss
365
nd on aborde ce problème, en dépit de tout ce qui
a
été fait à l’étranger. D’ailleurs, vous savez qu’en France un objecte
366
endre notre pays, c’est tout. Le général Guisan l’
a
magnifiquement exprimé, quand il a dit : « Objecteurs de conscience ?
367
néral Guisan l’a magnifiquement exprimé, quand il
a
dit : « Objecteurs de conscience ? oui, mais pas en Suisse. Pour quel
368
ons de mal à personne, sinon défendre ce que nous
avons
reçu. » Colonel Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire, s’il
369
militaire, s’il existait un service civil, nous n’
aurions
plus un certain nombre d’objecteurs. Nous en serions ravis. Mais si j
370
inconvénient d’être un noyau de militarisme, et j’
ai
le militarisme en horreur. Bernard Béguin. — Est-ce qu’un service civ
371
me international, supranational. L’armée que nous
avons
actuellement en propre nous permet en cas de conflit de faire entendr
372
ser ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — L’armée n’
a
jamais contesté l’aide au tiers-monde. Au contraire. Denis de Rougemo
373
ire. Denis de Rougemont. — La défense suisse nous
a
épargné d’être hitlérisés. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. M
374
e suisse nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’y
a
pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’avis à
375
pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’
ai
changé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce de
376
hangé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’y
a
aucune espèce de valeur humaine qui vaille les destructions physiques
377
andes crises de conscience sur la guerre que nous
avons
vécues et que notre jeunesse vit actuellement sont venues de deux gue
378
atomique sont très comparables à celles que nous
avons
tolérées, idéologiquement, pendant la dernière guerre, comme le bomba
379
challer. — On peut précisément s’étonner que vous
ayez
pu le tolérer si bien sans changer de mentalité. Bernard Béguin. — Po
380
r de mentalité. Bernard Béguin. — Pourquoi nous l’
avons
toléré ? Parce que la victoire hitlérienne nous aurait définitivement
381
s toléré ? Parce que la victoire hitlérienne nous
aurait
définitivement enlevé tout droit de poser aujourd’hui des questions d
382
s on va toujours préférer. Or l’on constate qu’on
a
toujours consacré beaucoup d’énergie à la neutralité et bien peu à la
383
ue : Michel Barde. Rédaction : Bernard Béguin.
ai
. Rougemont Denis de, « Un débat sur l’objection de conscience : entr
384
occupations majeures de votre pensée ? Pourquoi j’
ai
écrit sur l’amour ? C’est la question posée le plus souvent par les i
385
ion posée le plus souvent par les interviewers. J’
ai
coutume de répondre : Dites-moi plutôt pourquoi et comment vous imagi
386
oi plutôt pourquoi et comment vous imaginez que j’
aurais
pu ne pas le faire, étant écrivain, et Européen ! Quand on constate q
387
constate qu’un écrivain véritable, et d’Europe, n’
a
jamais écrit sur l’amour, là, il y a lieu de se demander… Ceci dit, r
388
Doctrine fabuleuse , sur les trente volumes que j’
ai
publiés, ce n’est guère envahissant. N’oubliez pas mes journaux réun
389
mais je suis presque le seul à le savoir — que j’
ai
aussi écrit un roman, et des poèmes, qui peut-être, un jour ou l’autr
390
oi-même , je cherche les complémentarités. Il n’y
a
pas mutation, mais maturation. J’ai voulu faireal, par des exemples t
391
arités. Il n’y a pas mutation, mais maturation. J’
ai
voulu faireal, par des exemples tirés de romans contemporains (Naboko
392
tatistiques. Le fait qu’un livre comme Love Story
ait
été tiré à plusieurs millions montre une persistance très remarquable
393
istance très remarquable des mythes de l’amour. J’
ai
hésité à maintenir dans ma dernière édition une phrase qui se termine
394
cender la condition humaine, trop humaine. Rien n’
a
fait plus de mal que la passion, ni créé plus de beauté, en Occident.
395
t nul besoin de philosopher à son propos, comme l’
a
fait avec tant de talent Georges Bataille. Fasciné par la problématiq
396
Fasciné par la problématique de l’amour qui vous
a
permis de toucher aux phénomènes religieux, culturels et artistiques
397
turels et artistiques de notre civilisation, vous
avez
parallèlement développé vos propres thèses sur l’Europe. Y a-t-il un
398
ment développé vos propres thèses sur l’Europe. Y
a-t
-il un lien entre ces deux pôles d’attraction que sont pour vous l’amo
399
titre vous répond : L’Amour et l’Occident . On m’
a
reproché d’avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’absenc
400
pond : L’Amour et l’Occident . On m’a reproché d’
avoir
passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’absence de lien Asie-am
401
blème dans L’Aventure occidentale de l’homme . J’
ai
essayé de montrer que la notion de révolution n’est rien d’autre que
402
assion transposée au niveau collectif. Or, il n’y
a
de révolution qu’européenne, c’est-à-dire chrétienne à sa source : le
403
tienne à sa source : le socialiste Henri de Man l’
avait
bien vu. Vous avez été, vous êtes un écrivain engagé. Comment continu
404
le socialiste Henri de Man l’avait bien vu. Vous
avez
été, vous êtes un écrivain engagé. Comment continuez-vous à « fédérer
405
uis un écrivain engagé au sens actif du mot que j’
ai
défini dans mon premier livre, publié à Paris en 1934, Politique de
406
. Quand je suis rentré des États-Unis, en 1946, j’
ai
vu que l’engagement était devenu une théorie à la mode. Je n’en ai pl
407
ement était devenu une théorie à la mode. Je n’en
ai
plus parlé, mais pratiquement je me suis engagé au service de l’Europ
408
avis celle-ci pourrait-elle s’opérer ? Peut-être
ai
-je répondu à cette question, sur le fond, dans ma Lettre ouverte aux
409
petit pamphlet, avouons-le, car c’est l’école qui
a
fabriqué nos nationalismes. C’est un écrit de jeunesse que je renie d
410
rit de jeunesse que je renie d’autant moins qu’il
a
gardé la vertu réjouissante d’exaspérer ceux qui aujourd’hui encore j
411
ent ses injustes sévérités et ceux-là seuls. Vous
avez
donc confiance dans cet avenir ? Nous n’avons pas à prédire l’avenir
412
Vous avez donc confiance dans cet avenir ? Nous n’
avons
pas à prédire l’avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis de, «
413
u chapeau suivant : « En 1972, Denis de Rougemont
a
réédité quatre ouvrages anciens, augmentés de préfaces inédites et il
414
ges anciens, augmentés de préfaces inédites et il
a
fait paraître plusieurs inédits. Ces ouvrages, et d’autres, ont été t
415
tre plusieurs inédits. Ces ouvrages, et d’autres,
ont
été traduits en norvégien, en grec, en anglais, en catalan, en portug
416
s, en japonais et en italien. C’est dire que 1972
a
été pour lui “une année de mise au point d’une partie de son œuvre an
417
ion », s’exclamait une des personnalités que nous
avions
conviées à notre table ronde. De toute évidence, que l’on y soit favo
418
orable ou non, il faut reconnaître que la voiture
a
très largement débordé le cadre social, économique et politique qui l
419
le cadre social, économique et politique qui lui
avait
été fixé au départ. Pour faire le point sur la « voiture dans la soci
420
sur la « voiture dans la société moderne », nous
avons
demandé à quatre personnalités de venir à notre rédaction débattre du
421
ttre du sujet, qu’elles connaissent toutes pour l’
avoir
étudié à fond, bien que sous des angles différents : Denis de Rougemo
422
rnier livre, L’Avenir est notre affaire , il lui
a
consacré un chapitre intitulé : « Première histoire de fous : la voit
423
ève. Avant d’être pour ou contre l’automobile, il
a
l’immense responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le dévelop
424
conséquence. Jacob Roffler, étudiant en médecine,
a
participé en 1976 à l’organisation de l’Anti-Salon. Il est un membre
425
slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture
avait
été, dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait-elle con
426
dès le départ, un besoin inventé de toute pièce,
aurait
-elle connu l’expansion qui est la sienne depuis bientôt 100 ans ? Den
427
ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs je n’
aurais
pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tranché
428
ue je l’aime bien ou que je la trouve utile. Si j’
ai
consacré dans mon dernier livre une trentaine de pages à l’auto, c’es
429
du national-socialisme. Et j’espère qu’il n’y en
aura
pas une troisième qui serait celle des centrales nucléaires… La premi
430
le, tout le monde me mettait en garde, car il n’y
avait
pas de demande pour les automobiles et même les gens trouvaient cet o
431
ttant en fuite les enfants et les chevaux. » Ford
a
alors estimé que la seule manière de surmonter cette répugnance c’éta
432
en prenant les gens par leur côté enfantin. Cela
a
très bien marché. Ensuite de quoi il a mis sur pied une fantastique p
433
ntin. Cela a très bien marché. Ensuite de quoi il
a
mis sur pied une fantastique publicité, d’ailleurs avec beaucoup de t
434
’existait pas avant. Les premières années, Ford n’
a
vendu que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en avait vendu 18
435
u que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en
avait
vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 par jour. Aujourd’hu
436
r an. Ford est mort dans une petite auberge qu’il
avait
achetée pour jouer avec ses petits enfants. Il avait obtenu du gouver
437
it achetée pour jouer avec ses petits enfants. Il
avait
obtenu du gouverneur de l’État l’interdiction absolue pour les voitur
438
de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il
avait
en fait complètement changé d’avis. Hubert de Senarclens : On viendra
439
créé de toute pièce et qu’elle est répugnante, il
aurait
une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’invention a
440
une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y
a
pas d’invention au monde qui n’ait été faite sans un besoin et sans d
441
Peyrot : Il n’y a pas d’invention au monde qui n’
ait
été faite sans un besoin et sans des années et des années de recherch
442
industriel vous le confirmera — que là où il n’y
a
pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle
443
irmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y
a
pas de fabrication possible. C’est une règle fondamentale de notre ci
444
tion que l’on se propose de faire. Que Henry Ford
ait
dit que le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’avait créé,
445
le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’
avait
créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les financiers qui mett
446
oit rentable. Jean Kräyenbühl : Je pense que Ford
a
surtout exprimé un sentiment personnel. Il aura peut-être perçu, déjà
447
Ford a surtout exprimé un sentiment personnel. Il
aura
peut-être perçu, déjà à cette époque le danger que pouvait apporter l
448
e le danger que pouvait apporter l’automobile. Il
aura
donc fait cette déclaration dans un moment d’angoisse tel que d’autre
449
moment d’angoisse tel que d’autres chercheurs en
ont
connu dans d’autres domaines. Denis de Rougemont : Je m’inscris en fa
450
ntre cette interprétation. Ce n’était pas lui qui
a
affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses
451
ation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’y
avait
pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était la vox pop
452
es, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y
a
pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la v
453
dogme ! Dans le cas de la voiture, Ford lui-même
a
assené la preuve contraire. Son expérience peut être opposée à une dé
454
nces, pour la placer en vérité absolue. M. Ford n’
a
pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication stan
455
absolue. M. Ford n’a pas inventé l’automobile. Il
a
été le pionnier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Tayl
456
a eu avant Ford une cinquantaine d’inventeurs qui
ont
fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y avait presque pas p
457
fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y
avait
presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évid
458
presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il
a
été de toute évidence le créateur de l’industrie automobile. II
459
pourtant le développement effréné de la voiture n’
a-t
-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François P
460
toute une quantité de choses merveilleuses qu’ils
auraient
de la peine à découvrir autrement, à pied ou à vélo. Vous demandez si
461
Vous demandez si la prolifération des autos n’en
a
pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits en
462
uit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les
a
réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles aisées
463
lévation du niveau de vie — et je m’en félicite —
a
fait que beaucoup ont aujourd’hui accès à l’automobile. Une personne
464
e vie — et je m’en félicite — a fait que beaucoup
ont
aujourd’hui accès à l’automobile. Une personne sur trois ou quatre en
465
Occident par rapport à l’Union soviétique, il n’y
a
aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % aux USA.
466
s de leur lieu d’habitation. Jacob Roffler : Vous
avez
énuméré les avantages de la voiture qui soi-disant rendrait libre. Ma
467
davantage un « stress » que vous ressentez. Vous
avez
évoqué la culture. Je parlerais plutôt d’anti-culture, car quoi de pl
468
ns certains milieux — d’être pour ou contre, d’en
avoir
ou pas. Cela équivaut à réduire le problème à une dimension absolumen
469
xemple parfait d’absence totale de prospective. J’
ai
omis de vous dire à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il a
470
ve. J’ai omis de vous dire à propos de Ford qu’il
avait
douze ans, lorsqu’il a rencontré sa première locomotive routière à va
471
à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il
a
rencontré sa première locomotive routière à vapeur. Cela a été pour l
472
ré sa première locomotive routière à vapeur. Cela
a
été pour lui son chemin de Damas. On voit d’ailleurs très bien le pré
473
utes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents
ont
passé par là. L’envie de se débarrasser de tout et de ne connaître au
474
Mais à partir de ce fantasme, qu’est-ce que cela
a
donné ? Quand il disait à ses ouvriers : « achetez des voitures, cela
475
inverse d’un succès. C’est l’une des machines qui
a
le plus mauvais rendement qui soit. Les Américains ont calculé que le
476
e plus mauvais rendement qui soit. Les Américains
ont
calculé que leurs voitures rejettent le 87 % de l’énergie qu’elles co
477
le 87 % de l’énergie qu’elles consomment. Illich
a
calculé que la vitesse moyenne des automobiles dans les villes des Ét
478
la limite romantiques, on constate que la voiture
a
donné exactement le contraire : un rendement minable, des villes invi
479
. Mais le problème c’est que les gens aujourd’hui
ont
appris à se servir de leur voiture comme d’un instrument de travail.
480
eur voiture comme d’un instrument de travail. Ils
ont
été s’installer à la campagne et s’en servent pour venir travailler.
481
des quatre roues. François Peyrot : M. Kräyenbühl
a
parfaitement raison de mettre en évidence le problème de l’individu p
482
du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’
a
dit. Mais je voudrais reprendre mon propos initial. En moins de cinqu
483
je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’
a
plus aucune importance. Je parlais de bouleversements. C’est en raiso
484
dépend aujourd’hui. Pensez-vous qu’à l’origine on
avait
compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accepté de rendre toute l’écon
485
’origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’on
aurait
accepté de rendre toute l’économie occidentale dépendante des caprice
486
se réunis dans une émission de midi à 14 heures n’
ont
trouvé que cela à me répondre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez-vo
487
ela à me répondre : « Mais Monsieur de Rougemont,
avez
-vous une voiture ? ». C’est grotesque, c’est de l’enfantillage. II
488
équilibre entre les activités des individus. Vous
avez
fait allusion à la démocratisation des décisions de l’État. Je suis p
489
n système politique démocratique où chaque organe
a
ses pouvoirs et sa représentativité. Je suis contre la descente de to
490
erons ! disent ces messieurs qui forment ce qu’on
a
appelé la « chevalerie du nucléaire ». Les expropriations au nom des
491
oncer. L’initiative Weber ne vise rien d’autre. J’
ai
peur que lorsque vous dites, M. Peyrot, que la démocratie dépend des
492
ent de droit divin ! François Peyrot : La loi qui
a
été votée à l’époque sur les autoroutes a été soumise à un délai réfé
493
loi qui a été votée à l’époque sur les autoroutes
a
été soumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référend
494
été soumise à un délai référendaire. Mais il n’y
a
pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février
495
oumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas
eu
de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février à M. We
496
suisse donne raison le 26 février à M. Weber, il
aura
obtenu son changement et plus personne ne discutera. Je n’ai jamais d
497
on changement et plus personne ne discutera. Je n’
ai
jamais dit que cette initiative était antidémocratique. J’ai seulemen
498
it que cette initiative était antidémocratique. J’
ai
seulement affirmé que les reproches adressés à nos autorités, en ce m
499
a majorité de la population. Jean Kräyenbühl : On
a
évoqué tout à l’heure les méfaits des autoroutes. Une des revendicati
500
Rougemont : Vous savez bien pourquoi au départ il
avait
demandé cela. C’est pour obliger les gens à faire attention avant de
501
vrait davantage utiliser le chemin de fer. Il n’y
a
aucune raison pour tout mettre sur les routes. Et d’un point de vue é
502
sible. Hubert de Senarclens : Des récentes études
ont
montré que les gens sont de plus en plus concernés par les effets nég
503
tifs de la voiture sur le visage des villes. Vous
avez
souvent écrit, M. de Rougemont, que l’automobile avait détruit les ra
504
souvent écrit, M. de Rougemont, que l’automobile
avait
détruit les rapports humains dans les villes et finalement la véritab
505
roblème de la circulation et des transports. On l’
a
dit : de plus en plus les gens vont habiter loin du centre, à la camp
506
ce qu’ils disposent d’un véhicule. Cette tendance
a
considérablement modifié le visage de la ville. À Genève, je dois dir
507
le visage de la ville. À Genève, je dois dire, on
a
très tôt vu le danger que représentait une utilisation abusive de la
508
, rappelez-vous, la notion de « petite ceinture »
a
été introduite. Le Conseil d’État et le conseil municipal ont proposé
509
oduite. Le Conseil d’État et le conseil municipal
ont
proposé quatre objectifs : enlever du centre tous les courants de tra
510
e qui concerne les transports en commun, l’État n’
a
pas été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl : Il semble qu’il y
511
l à propos de l’urbanisme est juste. Dès que vous
avez
créé des zones d’habitation extérieures à la ville, vous avez mis en
512
s zones d’habitation extérieures à la ville, vous
avez
mis en marche des mouvements pendulaires avec des gens qui vont à leu
513
hats, acceptera de s’extraire de sa voiture qu’il
aura
laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de plus en plus
514
a laissée dans un de ces parkings, alors que vous
avez
de plus en plus aujourd’hui des centres commerciaux où l’on peut gare
515
des lieux de loisirs. L’homme est un tout. Vous n’
avez
qu’à constater les effets catastrophiques des cités-dortoirs où les g
516
lèmes psychologiques. Hubert de Senarclens : Vous
avez
fréquemment écrit Denis de Rougemont, que la voiture avait tué les re
517
quemment écrit Denis de Rougemont, que la voiture
avait
tué les relations humaines dans la cité. Denis de Rougemont : Je cite
518
ed Sauvy. Le premier dans plusieurs ouvrages nous
a
rendus attentifs à ce fait que la voiture, en envahissant complètemen
519
omain et aux places des communes au Moyen Âge qui
ont
joué un rôle si important. Voilà encore un certain nombre d’effets ob
520
certain nombre d’effets objectifs que personne n’
avait
pu prévoir, et qui repose le problème de l’automobile de manière beau
521
te en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire
ont
été sacrifiés sans douleur, logement, enseignement, téléphone, urbani
522
ville doit s’adapter, tout en gardant ce qu’elle
a
d’authentique et qui doit absolument être préservé IV Hubert d
523
économique ? François Peyrot : En effet, si vous
avez
eu l’occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez constaté
524
omique ? François Peyrot : En effet, si vous avez
eu
l’occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez constaté qu
525
occasion de visiter une usine d’automobiles, vous
aurez
constaté qu’elle dépend d’un nombre considérable de sous-traitants qu
526
ens, en Occident, vit aujourd’hui mieux qu’il n’y
a
un ou deux siècles. Moi ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans la cr
527
rie automobile à cette affaire d’emploi. Mais n’y
a-t
-il vraiment pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est-on véritab
528
redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui
ai
conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa multiplication ou à la
529
e l’oxyde d’azote sur les poumons. Les recherches
ont
débuté il y a cinq ou dix ans. Je vous signale qu’un groupe d’ingénie
530
ous signale qu’un groupe d’ingénieurs de Lausanne
a
calculé que 900 tonnes d’hydrocarbures sont déposées chaque année sur
531
evinez. Le reste par le vent. Or on sait — pour l’
avoir
testé sur des animaux de laboratoires — que certains hydrocarbures so
532
e vasculaire ou sur le comportement de l’individu
ont
été étudiés. Des chercheurs ont notamment prouvé que des écoliers étu
533
ent de l’individu ont été étudiés. Des chercheurs
ont
notamment prouvé que des écoliers étudiant à proximité de routes fréq
534
decins à le déterminer. Et jusqu’à présent cela n’
a
pas tellement été fait. J’ai assisté à toutes les séances sur les règ
535
usqu’à présent cela n’a pas tellement été fait. J’
ai
assisté à toutes les séances sur les règlements du Conseil fédéral en
536
très sérieusement à ce problème. Le peuple suisse
a
écarté l’initiative Albatros. Par contre il a fait confiance aux disp
537
sse a écarté l’initiative Albatros. Par contre il
a
fait confiance aux dispositions du Conseil fédéral. Alors attendons !
538
de Rougemont : Je dois dire, M. Peyrot, que vous
avez
systématiquement, au cours de ce débat, minimisé les inconvénients de
539
31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans ma jeunesse, j’
ai
longtemps joué comme gardien de but dans les équipes de football du g
540
remier article, qui fut publié dans une revue — j’
avais
alors un peu plus de 17 ans — était une critique d’un livre de Monthe
541
le thème principal était justement le football. J’
avais
beaucoup aimé ce recueil d’essais : autant pour la manière dont Month
542
uisse romande, une semaine à peine après que je l’
aie
écrit. Il s’intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jés
543
rain de bloquer un ballon. Au dos de celle-ci, il
avait
écrit de sa grande écriture, impériale. « À Denis de Rougemont, colon
544
e un merveilleux écrivain. Mes débuts littéraires
ont
donc coïncidé avec ma passion pour le football. Par la suite, j’ai eu
545
avec ma passion pour le football. Par la suite, j’
ai
eu l’occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui
546
c ma passion pour le football. Par la suite, j’ai
eu
l’occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui j’a
547
ontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui j’
ai
beaucoup parlé football. Il jouait, lui aussi, au poste de gardien de
548
Je pense qu’en 1936, les démocraties occidentales
ont
eu le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d
549
ense qu’en 1936, les démocraties occidentales ont
eu
le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d’y
550
le plus grand tort de participer aux JO. Si elles
avaient
refusé d’y aller tout en exprimant clairement leurs raisons, à savoir
551
la publicité d’un régime scandaleux, la guerre n’
aurait
pas été évitée certes, mais se serait sans doute engagée dans des con
552
s conditions bien différentes. Le peuple allemand
aurait
en effet commencé à remettre en cause très sérieusement la valeur de
553
que l’on sait. D’autant que le gouvernement russe
a
largement diffusé une brochure, contre laquelle Lord Killanin a d’ail
554
ffusé une brochure, contre laquelle Lord Killanin
a
d’ailleurs vivement protesté, disant clairement que le fait que Mosco
555
rotesté, disant clairement que le fait que Moscou
ait
été choisi comme siège des JO est un témoignage d’admiration du monde
556
itraires à leurs adversaires. Les pages sportives
ont
donc l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on en a plus vu depuis
557
c l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on en
a
plus vu depuis Gengis Khan. Et tout cela fait bien entendu régner aut
558
l’Occident demeure sans doute le plus célèbre, il
a
médité sur les thèmes essentiels de notre temps. Mais, aussi surprena
559
que cela puisse paraître, sa vocation littéraire
a
commencé avec le football… »
560
Valéry, compagnons de mes mises en train. Le sort
a
voulu que je n’arrive à lire qu’un seul des « livres d’amis » : le Po
561
are aujourd’hui ! Mais pour le reste, hélas, je n’
ai
pu que relire, et de très près, sept ou huit de mes propres livres, e
562
s-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
as
Mardi dernier, au Conservatoire de musique de Genève, Denis de Ro
563
rvatoire de musique de Genève, Denis de Rougemont
a
reçu le Grand Prix Schiller, une des plus hautes distinctions littéra
564
ive : c’est quelqu’un qui publie bien sûr, mais n’
a
pas publié un seul roman, un seul recueil de poèmes, ni même une seul
565
s il se perd dans les comités »… Combien d’autres
ont
dit ou écrit que mes engagements européens étaient « au détriment de
566
défis de l’Histoire auxquels toute ma génération
eut
à faire face, et d’autre part l’évolution intérieure qui fut la mienn
567
lerai d’abord la nature du défi que ma génération
eut
à relever. Arthur Kœstler l’a fort bien dit : ce fut l’affrontement e
568
que ma génération eut à relever. Arthur Kœstler l’
a
fort bien dit : ce fut l’affrontement entre un mensonge total, celui
569
es. La guerre entre eux devenait inévitable. Nous
aurions
à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre l
570
le là-bas, pensait-on sans doute en haut lieu. Qu’
ai
-je fait durant mes six années américaines ? J’ai écrit quelques livre
571
’ai-je fait durant mes six années américaines ? J’
ai
écrit quelques livres, sur la Suisse, sur le diable, et sur la bombe
572
constante et poignante nostalgie, en Amérique, j’
ai
découvert l’Europe et la nécessité vitale de son union, si les Alliés
573
s peuples. À mes amis fédéralistes, dont beaucoup
avaient
milité avant la guerre dans nos groupements personnalistes, puis insp
574
nts personnalistes, puis inspiré la Résistance, j’
ai
dit que j’étais prêt à donner à leur cause deux ans de ma vie, et tan
575
et Karl Barth Vers ma vingt-quatrième année, j’
avais
découvert deux auteurs qui furent décisifs pour ma vie : Kierkegaard
576
t tenu pour responsable de ses actes si ceux-ci n’
ont
pas été accomplis librement (les juristes connaissent bien cela) et à
577
rter et où n’importe qui puisse lui répondre sans
avoir
l’organe de Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote qu’il décrit
578
ur de cette communauté. Voilà pour la doctrine. J’
ai
dit les conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-elles «
579
ur la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’elle
a
entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ? J
580
conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’
ont
-elles « perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon acti
581
? J’ose dire que non. De mon action européenne, j’
ai
tiré huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’ai publié jusqu’
582
é huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’
ai
publié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de, « Suis-je perdu pour la
583
ès d’un quart de ce que j’ai publié jusqu’ici.
as
. Rougemont Denis de, « Suis-je perdu pour la littérature ? », Journa