1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 é. Nul n’est moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent p
2 ste une « préférence irréductible pour le vrai ». Ce qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « rel
3 isir. » Et encore ceci que je trouve si juste : «  Ce qui définit le plus profondément l’Occidental, c’est peut-être la fid
4 stes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
5 capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que con
6 s’arranger, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au ma
7 nt superbement cette ville désordonnée. Derrière, ce sont des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à
8 tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici tran
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
9 u’un beau roman : c’est un roman chrétien. Qu’est- ce donc qu’un roman chrétien ? Une histoire où tout le monde « se condui
10 ui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la Bibliothèque Rose. Est-ce un
11 e bleu, ou un volume de la Bibliothèque Rose. Est- ce une histoire qui finit bien, comme le croyaient les écrivains anglais
12 e mélancolie, le réalisme total qui éclatent dans ce chef-d’œuvre vous consoleront des réalités artificielles qui énervent
13 ent nos vies de soucis dégradants. J’ai fait lire ce livre à des gens de toutes conditions, « de toutes croyances ou de to
14 es conventions civilisées — inoubliable création, ce Norenius ! — qui prend soin d’elle au temps de sa misère. Puis une gr
15 ce que, mieux que d’autres, il sait aimer. Et sur ce monde, qu’il est, sur ces vies douloureuses, banales ou touchantes, m
16 euse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas « l’histoire ». Cette chronique
17 ant de traductions qui ne valent pas dix pages de ce roman ! La mode passe, le public se fatigue, paraît-il. « Achetez fra
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
18 is deux ans le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’a pas manqué de leur attirer de nombreuses et retentissantes « 
19 e. Quelle que soit la part de vérité que comporte ce point de vue simpliste (et ce n’est pas chez nous qu’on la niera) il
20 vérité que comporte ce point de vue simpliste (et ce n’est pas chez nous qu’on la niera) il faut reconnaître qu’il est ess
21 un écrivain, qu’on croie tout cela… Je doute que ce soit bien utile. Un membre de l’Académie Goncourt, M. Jean Ajalbert,
22 tre celui du poète ou du philosophe, par exemple. Ce qui ne va pas sans risques graves, pour la plupart. Tout cela, que je
23 irement les coupables, individus ou institutions. Ce qui oblige en fin de compte l’écrivain à déclarer pathétiquement que
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
24 le plus souvent les mécanismes. Parlons un peu, à ce propos, des conditions actuelles de l’édition. Malgré toute leur bonn
25 n roman en 10 volumes ! Et l’Adolphe de Constant, ce serait bien court… Et Nietzsche ? Qui voudrait de ce Zarathoustra don
26 serait bien court… Et Nietzsche ? Qui voudrait de ce Zarathoustra dont on vendit, lorsqu’il parut, 15 exemplaires ? Nul ne
27 ffection des grandes masses pour la lecture ? Est- ce la faute du public, ou bien des écrivains ? Et avant d’y porter remèd
28 nos démocraties se laisseraient-elles battre sur ce terrain, où elles disposent des meilleures armes ? Je persiste à croi
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
29 ilité ? Car, après tout, le public est à peu près ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme à l’image de ses auteurs
30 e séparer des intérêts fondamentaux de la nation. Ce phénomène est apparu dès le romantisme, avec la théorie de l’art pour
31 masse profonde du peuple, nous voyons aujourd’hui ce même peuple se contenter du roman policier ou de quelques pornographi
32 que de très petits cercles d’élus ? Le peuple lit ce qu’on écrit pour lui, et si les grands esprits se désintéressent de s
33 mier) la lecture, aujourd’hui, n’est plus du tout ce qu’elle était au siècle passé pour des millions de personnes de toute
34 t sur la paresse des lecteurs. Dans les deux cas, ce sont d’abord les écrivains qui ont manqué à leur fonction de guides d
35 ce déplaisante. Il s’agit, pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’oreille du peuple. Mais cela suppose une véritable ré
36 j’écris ceci à l’intention d’un de nos journaux, ce n’est pas pour prêcher les écrivains qui le lisent, mais dans l’espoi
37 rvais tout à l’heure que le public est à peu près ce que les auteurs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’il a souv
38 otre pays d’avoir des écrivains représentatifs de ce qui fait sa force véritable. La raison d’être des petites démocraties
39 cheter des livres et se montrer fort exigeant sur ce chapitre, ce n’est pas seulement « faire marcher le commerce », mais
40 vres et se montrer fort exigeant sur ce chapitre, ce n’est pas seulement « faire marcher le commerce », mais c’est aussi f
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
41 perdu dans la foule exaltée je me disais : Qu’est- ce que tout cela, ce discours, ces clameurs, sinon les phantasmes d’un r
42 e exaltée je me disais : Qu’est-ce que tout cela, ce discours, ces clameurs, sinon les phantasmes d’un rêve, d’un rêve de
43 acré à l’examen des théories romantiques du rêve. Ce sera sans doute pour la plupart des lecteurs non spécialisés une déco
44 Carus, à propos de l’inconscient notamment. Tout ce que les plus récentes écoles ont passionnément discuté, se trouve déj
45 un Claudel avec celles d’un Novalis, par exemple. Ce serait l’occasion de réviser bien des préjugés ancrés dans nos esprit
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
46 nis serait un peu plus probable qu’avec Willkie ? Ce n’est pas certain. Mais peut-être cette nuance hypothétique joue-t-el
47 qu’on ne saurait prévoir l’issue de la campagne. Ce qui rend cette dernière si « excitante » pour les masses, c’est préci
48 t l’instabilité caractéristique des passions dans ce pays. Je parlais tout à l’heure d’une campagne violente. Cette épithè
49 l ils proposaient cependant de voter. Fair play ! Ce qui frappe le plus un Européen fraîchement débarqué, c’est l’absence
50 bsence quasi totale d’arguments idéologiques dans ce grand débat démocratique. Toute la polémique se ramène à deux séries
51 opinions publiées les jours précédents. À côté de ce débat académique — recouvrant d’ailleurs des intérêts matériels et no
52 aime faire connaître son opinion. Il délègue donc ce soin à un bouton tricolore qui proclame sur sa poitrine, avec une sob
53 core imprévisible — de la décision du 5 novembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’ils pensent en tant que nation.
54 du 5 novembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’ils pensent en tant que nation. Ils auront cessé de parier. Si Roo
55 ot d’ordre : démocratie. Car « démocratie », dans ce pays, n’est pas un terme usé comme il l’était en France, mais un syno
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
56 ssées aux derniers porteurs de boutons Willkie, —  ce sentiment, cette sensation physique d’un renversement du destin en fa
57 elt gagne, je remplis mes caves de conserves. Car ce sera, je vous le dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame s’oc
58 lation d’idées et d’hommes qui s’est établie dans ce pays entre le gouvernement et la population. L’opinion questionne, le
59 e la radio : voilà le problème qui se pose, voilà ce que nous avons fait, voilà ce qui reste à faire. Le président et ses
60 qui se pose, voilà ce que nous avons fait, voilà ce qui reste à faire. Le président et ses secrétaires d’État tiennent de
61 réflexion et non pas des phrases pathétiques. Et ce souci constant de l’humanité du citoyen, qu’il s’agisse des nationaux
62 êtises, on se contrôle davantage. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres républiques, l’opinion américaine discute
63 n parti. Le secret de cette souplesse civique, de ce dynamisme et de cette efficience, qui contrastent si fortement avec l
64 ieilles rancunes de la vie politique européenne : ce secret réside peut-être dans le fait très simple que voici : en réali
65 , mal définie… Elle se cristallise, et encore est- ce dans les courtes périodes d’élection, d’une manière d’ailleurs imprév
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
66 e multiplicité des dénominations religieuses dans ce pays ; d’autre part, l’importance sociale que chacune d’entre elles y
67 os tirages qui forment l’opinion moyenne du pays. Ce qui est étonnant, c’est précisément que cela n’étonne personne ici. J
68 e parcours les annonces. J’en trouve plusieurs de ce type : « Six pièces, confort, métro, Églises à proximité. » J’achète
69 des amis, des appuis matériels s’il le faut. Dans ce pays énorme, qui manque de cadres traditionnels, et dont la populatio
70 munion auxquels ont participé les deux candidats, ce même jour. Wallace, le vice-président, surnommé le « timide mystique 
71 emps passés… Le président y joint sa voix. » Puis ce fut la prestation de serment, à la tribune élevée sur les marches du
72 les grandes cérémonies civiques et politiques de ce pays, aussi impressionnantes que les cérémonies totalitaires, se déro
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
73 nant ainsi la longueur du voyage, pratiquement, à ce qu’elle était au bon vieux temps de Christophe Colomb. Et pourtant, m
74 Nous volons à tire-d’aile vers l’Irlande. » Mais ce cliché et ces jolies syllabes décrivent mal un voyage aérien. Car voy
75 ser. Rien ne donne une idée de l’immobilité comme ce vol sans repères en plein ciel, à 130 mètres à la seconde, sans vibra
76 cotonneuse. Mais tout d’un coup elle se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres plus bas paraît u
77 isez-vous, me crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rideaux trop r
78 e ces rideaux trop rouges, ces meubles blancs, et ce grapefruit. Ils la vengent, croit-elle, d’une Amérique « où tout est
79 ler chercher ailleurs. Crise des logements. — Est- ce que Paris a été bombardé ? me demandent-ils non sans inquiétude. — Et
80 Comme ils se mettent immédiatement à ressembler à ce que l’on pense d’eux en Europe !) Il y a des chambres, et même des sa
81 côtés, comme les premières gouttes d’une averse, ce sont bien des oiseaux ! Dans une ville ! Point d’autres sons… Si ! je
82 ttoirs des Champs-Élysées ? Je me disais : « Non, ce n’est pas vrai, je vais me réveiller, je ne suis pas à Paris. » Et c’
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
83 a laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.) Les maisons des quartiers extérieurs in
84 lles qu’on se demande quels talents les méritent. Ce qu’il y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le mythe helvéti
85 nts, j’arrive à peine. Mais si j’essaie de situer ce pays dans le cadre de mon voyage, voici comment il m’apparaît. L’Euro
86 re de nos frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’il en reste et que l’on est autorisé à voir : l’un des deux grands
87 n ton d’obsèques officielles mais sans tristesse. Ce fut une glorieuse journée, comme disent les Anglo-Saxons, pensant au
88 job manqué, d’ailleurs repris par l’ONU. Et, sur ce thème inépuisable, j’improvisai à part moi le discours que nul, parmi
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
89 la guerre entre les États membres. Niera-t-on que ce fût là, trait pour trait, un état comparable à celui de notre Europe,
90 n neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller très vite. Car le temp
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
91 ente nous disent-ils. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’il est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez me
92 sur votre route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonter. L’un d’entre v
93 n premier devoir. À qui la faute ? L’opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu’il vous faut dissiper. Vous allez,
94 upart, inquiets de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa, d
95 s. En somme, que risquez-vous ? Je cherche à voir ce qui peut vous faire peur, ce qui peut être plus dangereux que l’inact
96  ? Je cherche à voir ce qui peut vous faire peur, ce qui peut être plus dangereux que l’inaction totale où vous glissez, p
97 cer l’Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’il veut dire exactement, mais cave ou toit, chacun peut voir que M
98 u reste, l’Europe existe depuis plus de 2000 ans. Ce qui lui manque est justement un toit. Pour tout dire en style familie
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
99 des peuples en face de l’inertie de l’Assemblée. Ce n’était pas une attaque, je décrivais ce qu’un chacun peut voir de se
100 semblée. Ce n’était pas une attaque, je décrivais ce qu’un chacun peut voir de ses yeux. Et plusieurs d’entre vous, je le
101 , je le sais, s’en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui, je voudrais vous dire l’admiration
102 s de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’Europe entière, voilà qui signifie, Messieurs, qu
103 erres, dans aucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l’héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’êtes pa
104 cer toutes les autres. D’où vient, Messieurs, que ce cap de l’Asie ait dominé le monde pendant des siècles ? D’où, sinon d
105 Don Juan de Mozart retransmis de Salzbourg. Voilà ce que l’Europe a su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l
106 es états généraux, et du Serment du Jeu de Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge de l’avenir. Par l’un, vous êtes
107 vérité, je ne sais comment j’ose vous parler, si ce n’est par angoisse et en dernier recours, soulevé par la passion de t
108 s, l’honneur de l’être humain. Mais cette beauté, ce bonheur, cet honneur, et cette conscience inquiète aussi, et ce grand
109 t honneur, et cette conscience inquiète aussi, et ce grand risque de la liberté, tout cela qui vous délègue en ce lieu déc
110 sque de la liberté, tout cela qui vous délègue en ce lieu décisif, dans l’histoire concrète de ce temps, tout cela peut di
111 e en ce lieu décisif, dans l’histoire concrète de ce temps, tout cela peut disparaître à tout jamais si vous manquez à une
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
112 d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’auteur du Manifeste p
113 vieux continent, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas
114 eur existence est purement négative. J’ai bien lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pas toujours cl
115 ’ai bien lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeu
116 arrogance. Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’Europe soit une culture
117 ays qui ait su le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’est pas européen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais,
118 litique et nos intérêts économiques »… Je ne sais ce que les Hindous, les Boers, les Canadiens français et même les Irland
119 … Les habitudes sociales, les intérêts… On devine ce qu’il y aurait à dire là-dessus. Bref, une seule chose paraît claire,
120 Si peu que rien, en fait, car selon sa brochure, ce minimum ne saurait être envisagé que s’il n’affecte pas les intérêts
121 oute l’Europe se convertit à l’étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base de compromis, c’est-à-dire d’action positive.
122 ’il y trouve un alibi. Cette passion ne recourt à ce mythe que pour garder quelque moyen d’agir sans démasquer sa vraie na
123 la souveraineté du leur ?) Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de
124 tés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas
125 de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illuso
126 uverainetés illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer
127 ais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauvais motif qui en cache de pires, pour arrêter l’élan vers notre u
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
128 ocialiste ou ne sera pas », savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi, et non point Vichinsky. Et cel
129 urs, l’autre qui vote. La première est exactement ce que la presse et la radio déclarent qu’elle est. Presse et radio voud
130 vains que les paroles. Lancer un timbre européen, ce serait un acte enfin, quelque chose de concret… Et je me garde de sou
131 bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbou
132 e. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique, une doctrine partisane ou une autre, q
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
133 ênes, où persiste un tapis de brume. Aux bords de ce ruisseau qui longe mon jardin, qui l’inonde aux crues de printemps, C
134 a statue, grandeur nature, dans mon village. Mais ce n’est pas ce petit corps maigre, et ce rire édenté de vieillard polis
135 ndeur nature, dans mon village. Mais ce n’est pas ce petit corps maigre, et ce rire édenté de vieillard polisson qui le re
136 lage. Mais ce n’est pas ce petit corps maigre, et ce rire édenté de vieillard polisson qui le rendent présent parmi nous.
137 ière paire parvint à la duchesse de Choiseul avec ce mot : « Daignez les mettre, Madame, une seule fois, et montrez ensuit
138 s garçons défilent à cheval, en uniformes. « Sont- ce vos soldats ? » demande le prince de Hesse. « Non, mes amis ! », dit
139 ’envi. Paul Claudel, informé par un ami commun de ce que j’habite à Ferney : « Est-ce que Voltaire ne vient pas lui chatou
140 un ami commun de ce que j’habite à Ferney : « Est- ce que Voltaire ne vient pas lui chatouiller la plante des pieds pendant
141 nation, que bien d’autres images entraînent, dans ce pays de « marches » entre Alpes et Jura, entre le xviiie et notre si
142 it tout d’un coup leur grondement. Vous voyez que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’on pense toujours d’un li
143 s voyez que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’on pense toujours d’un lieu qu’on aime. u. Rougemont Denis d
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
144 titutionnels. Or, voici qu’au onzième chapitre de ce fameux texte de base de la grandeur américaine, je tombe sur un passa
145 de notre Europe en formation. Regardons-nous dans ce miroir ! Nous y reconnaîtrons nos anxiétés, nos erreurs, mais aussi n
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
146 quelque forme d’union occidentale. On ne voit pas ce qui empêcherait les 435 millions d’Européens ainsi réunis de se décla
147 s autres domaines, politiques ou économiques. Car ce sont elles seules qui permettent l’élaboration de l’instrument sans l
148 au moment de s’envoler pour franchir le Rideau — ce mur du son de la politique contemporaine. Précisons notre image : qua
149 mais comme il n’était pas question d’en discuter, ce fut la force qui trancha. Le second moyen d’instaurer un langage comm
150 mettre à sa place et de remettre en question, fût- ce par simple hypothèse, ses propres préjugés et attitudes, en vue d’une
151 os points de vue et leurs défenseurs. Allons voir ce qui se fait chez l’autre, ce qu’il dit et comment il le sent ; et que
152 enseurs. Allons voir ce qui se fait chez l’autre, ce qu’il dit et comment il le sent ; et que l’autre en fasse autant chez
153 ter la « redoutable dialectique » du partenaire : ce n’est pas à ceux qui croient cela que les Russes demanderont à parler
154 MVD l’a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, mot qu’il faut prendre ici dans son sens litt
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
155 ant leur appel, tant que je n’aurai pas fait tout ce que peut un homme libre pour hâter le jour de la vengeance du peuple
156 de Poznań et de Budapest. À la question : qu’est- ce que le communisme ? le monde entier répondra désormais : la théorie d
157 e, et tout homme doit le vouloir avant tout, mais ce n’est pas un article qui pourrait y suffire, il faut agir. Je parlais
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
158 . S’il s’est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps de dire à des journalistes étrangers : « C
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
159 ins de cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’il nomme sa « phénoménologie de Dieu », qui est en même temps une
160 Sartre) mais aussi à son expérience de musicien. Ce chapitre sur Dieu, qui occupe une place centrale et dont l’écho s’ent
161 e trouve d’emblée vidée de sens. « Dieu n’est pas ce qui est vu, mais ce qui voit », écrit très justement J.-C. Piguet, co
162 dée de sens. « Dieu n’est pas ce qui est vu, mais ce qui voit », écrit très justement J.-C. Piguet, commentateur et assist
163 t assistant de l’œuvre. Et voici que l’analyse de ce « fondement » conduit à retrouver par l’intérieur les grandes notions
164 l’être. Et la prière, acte de recueillement dans ce qui fonde l’homme et le transcende. Et la foi, qui « se porte sur Die
165 ique de cette phénoménologie. On se demande alors ce que l’auteur n’a pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vr
166 imagine d’admirables disputations ! On voit bien ce qu’en diraient les barthiens dont je fus : Ansermet, partant de Husse
167 savants », encore qu’Ansermet dise très bien que ce n’est pas le Dieu des philosophes qui sera d’un grand secours à l’hom
168 aphe sur « l’éducation chrétienne », p. 231.) Or, ce Dieu que l’on écrit sans sourciller Ps-Pr-F — comme l’énergie s’écrit
169 du péché, en termes de technique musicale ? Dans ce contexte, une autre thèse me frappe : la musique est d’Europe, essent
170 e suis bien placé pour savoir les résistances que ce point de vue provoque dans l’intelligentsia plus ou moins masochiste
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
171 rs auparavant. Un critique qui l’en accuserait, à ce moment-là, serait requis de s’en expliquer sur l’heure devant un trib
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
172 autorise pour vous communiquer mes réflexions sur ce cas de conscience difficile. Veuillez être assuré, Monsieur le présid
173 ment à subir sous la forme des arrêts répressifs. Ce qui l’autorisera, en vertu des nouveaux règlements qui marquent à cet
174 nom des valeurs qui étayent son patriotisme, que ce problème soit étudié. En revanche, nous ne pouvons le suivre dans ce
175 udié. En revanche, nous ne pouvons le suivre dans ce “tout ou rien” qui voudrait qu’à défaut d’un statut des objecteurs de
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
176 n insu, sous un titre trompeur, je le crains. Car ce titre semble annoncer une prise de position de principe sur le problè
177 ageux de l’être — si l’on est sérieux, toutefois, ce qui n’est pas le cas, nécessairement, de tout contestataire de nos in
178 sur le grave problème qui l’avait motivée : c’est ce problème qui importe seul, et qu’il faut prendre soin de poser dans s
179 commentaire dans lequel il nuançait les termes de ce qu’il considérait comme une alternative de la part de Denis de Rougem
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
180 gliani, Soutine, Max Ernst… Et la culture, qu’est- ce que c’est ? Je ne sais pas très bien ce que l’on entend par culture b
181 e, qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas très bien ce que l’on entend par culture bourgeoise, parce que la culture n’a pas
182 eurs de cette culture. Bien sûr, depuis cent ans, ce sont essentiellement des bourgeois. Ce qui n’empêche pas les ouvriers
183 cent ans, ce sont essentiellement des bourgeois. Ce qui n’empêche pas les ouvriers d’avoir des goûts plus bourgeois que l
184 encore au pouvoir dans la plupart des pays, mais ce n’est pas elle qui donne ce ton-là, puisque vous le retrouverez dans
185 lupart des pays, mais ce n’est pas elle qui donne ce ton-là, puisque vous le retrouverez dans toutes les dictatures commun
186 e créer une nouvelle Université qui soit digne de ce nom. Vers quoi va l’homme ? une mutation tant physique que spirituell
187 vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-il que ce soit une civilisation vraiment différente, et qui ait de meilleures s
188 eau, prêt à prendre la relève du désordre ancien, ce que j’appelle le « désordre établi ». Ces conditions idéales n’ont en
189 is pas pessimiste à son sujet, mais je le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’Homme, indépendamment de la natur
190 mais je le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’Homme, indépendamment de la nature, a développé dans cette civi
191 ine. Le “contrôle de la bombe” est une absurdité. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. » Les gens disent : « 
192 vie d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas
193 on temps, ce n’est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais de tro
194 as mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’en
195 c’était la politique du pessimisme actif. Qu’est- ce que cela veut dire ? C’est en somme une morale du risque assumé, de l
196 cation personnelle. Je m’y tiens et l’époque fera ce qu’elle pourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
197 e un témoignage que nous avons publié le 30 juin. Ce témoignage a suscité des controverses, auxquelles le débat que nous p
198 on de conscience, c’est admettre en préalable que ce problème existe. Non pas par l’importance du nombre de ceux qui profe
199 ent, est un problème de temps de paix. C’est dans ce cadre-là, d’abord, qu’elle doit être envisagée et discutée. Car ce n’
200 ord, qu’elle doit être envisagée et discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’on s’interroge sur la guerre. Si l’on me
201 es diverses catégories d’objecteurs. Je pense que ce qui est important, c’est ce qu’ils demandent, ce qu’ils préconisent,
202 ecteurs. Je pense que ce qui est important, c’est ce qu’ils demandent, ce qu’ils préconisent, et que leurs motivations per
203 ce qui est important, c’est ce qu’ils demandent, ce qu’ils préconisent, et que leurs motivations personnelles peuvent êtr
204 utre puisqu’il accepte le jugement des tribunaux ( ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de tous les objecteurs). D’autre part
205 ire en sorte que les problèmes soient posés, mais ce n’est qu’un moyen parmi d’autres. Et personnellement je me sens très
206 le cas d’un conflit entre les devoirs civiques et ce que l’on considère comme ses devoirs religieux, ce sont les devoirs c
207 e que l’on considère comme ses devoirs religieux, ce sont les devoirs civiques qui l’emportent. Que veut dire alors « Au n
208 la religion qui aboutit, dans certains régimes, à ce qu’on sait : au régime totalitaire. Colonel Voucher. — Pas chez nous.
209 it au-dessus de l’État et des intérêts de l’État. Ce qui me paraît absolument hypocrite, c’est de mettre « Au nom du Dieu
210 ue l’on utilise pour la religion du civisme ? Est- ce que c’est vraiment la même chose d’être chrétien, et d’être civique,
211 e conscience n’est que l’un des moyens d’amener à ce que les lois puissent s’amender. C’est une façon de mettre en évidenc
212 nce à masquer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas la même chose d’être chrétien et d’être citoyen. L’objecteu
213 iculière pour mettre en évidence un état de fait. Ce n’est pas un anarchiste. Bernard Béguin. — Il peut être ferment d’ana
214 hie. Christian Schaller. — Vous êtes conscient de ce danger-là, mais êtes-vous conscient aussi du danger inverse, qui est
215 en qui se croit bon citoyen parce qu’il fait tout ce qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’anarchie, mais co
216 n citoyen parce qu’il fait tout ce qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’anarchie, mais conduit à la dictatu
217 ui se présentent au recrutement chaque année. Sur ce nombre, environ 300, pour l’ensemble de la Suisse, parlent d’objectio
218 Vaucher, comment la justice militaire prend-elle ce problème : défi constitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’il s’agit d
219 militaire, nous ne verrions aucun inconvénient à ce que les objecteurs de conscience soient jugés par des tribunaux civil
220 Colonel Vaucher. — Nous n’y pouvons rien du tout, ce n’est pas nous qui déterminons notre compétence. Nous ne pouvons pas
221 t peut être plus long. Bernard Béguin. — Mais est- ce que les arrêts répressifs se purgent avec des prisonniers de droit co
222 ns militaires ? Colonel Vaucher. — Non. À Genève, ce sera Saint-Antoine, et ils travailleront à l’hôpital cantonal. Bernar
223 her. — Nous ne sommes pas chargés de l’exécution. Ce sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’avons, je dois dire,
224 ligence, ou parce que les conditions de famille à ce moment-là leur causaient un grave préjudice financier. Je les considè
225 ui est absolument pareil au Code pénal suisse sur ce point, précise que le sursis ne peut être accordé que lorsque le trib
226 ns parlé. Bernard Béguin. — Ces atténuations, est- ce qu’elles sont venues d’un malaise, d’un sentiment public que la répre
227 nt public que la répression était excessive ? Est- ce que c’est une évolution de la pensée du législateur interprétée par l
228 s circonstances atténuantes Colonel Vaucher. —  Ce n’est pas exact. Si l’objecteur bénéficie de circonstances atténuante
229 pas de circonstance atténuante ou exculpante dans ce sens-là. Ils ne plaidaient eux-mêmes aucune circonstance pouvant cond
230 de la loi, et à modifier l’esprit du législateur. Ce qui malgré tout peut se faire, puisque les lois changent. Colonel Vau
231 de la peine. Nous donnons beaucoup d’importance à ce que la vie des objecteurs soit en rapport avec leurs principes. Enfin
232 les mêmes personnages dans les deux juridictions. Ce ne sont pas des officiers de carrière qui, en règle générale, sont ju
233 re qui, en règle générale, sont juges militaires, ce sont des miliciens. Denis de Rougemont. — Je n’ai absolument rien dit
234 ion que vous avez. Ils sont violemment contre : «  Ce sont des lavettes, ce sont des lâches, de mauvais citoyens. » Colonel
235 sont violemment contre : « Ce sont des lavettes, ce sont des lâches, de mauvais citoyens. » Colonel Vaucher. — Vous trouv
236 on mécanisée. Vous êtes officier de carrière. Est- ce qu’il ne serait pas plus simple, pour vous, d’admettre un service civ
237 ple, pour vous, d’admettre un service civil ? Est- ce que ça a un sens de contraindre au service militaire des hommes qui o
238 i ne veut pas servir — parce qu’il est objecteur. Ce n’est pas la même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne manquons pas de l
239 : « Vous avez le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de faire votre service. Nous ne vous demando
240 il vise l’appareil qui défendra les institutions. Ce que l’objecteur nous explique mal quand il veut lutter contre la guer
241 e faisons-nous dans le monde où nous vivons ? Est- ce que nous nous contentons d’appliquer les recettes du passé — qui ont
242 é — qui ont toujours si bien marché — ou bien est- ce que nous avons autre chose à faire que simplement assurer notre prosp
243 et la défendre par nos moyens traditionnels ? Est- ce que la Suisse, c’est uniquement la conservation de son acquis, ou est
244 uniquement la conservation de son acquis, ou est- ce qu’il y a une autre dimension ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Je
245 alkans… le grand état-major allemand a estimé que ce n’était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’armée la plus nombreuse
246  ? Nous avons l’armée la plus nombreuse d’Europe. Ce qui est déjà un signe de puissance. Je vous fais sourire peut-être ?
247 mes. Il faut faire très attention quand on aborde ce problème, en dépit de tout ce qui a été fait à l’étranger. D’ailleurs
248 ion quand on aborde ce problème, en dépit de tout ce qui a été fait à l’étranger. D’ailleurs, vous savez qu’en France un o
249 éjà un progrès… Colonel divisionnaire Dénéréaz. —  Ce n’est pas un progrès. Vous dites, la guerre est un mal. C’est ma conv
250 Nous ne voulons de mal à personne, sinon défendre ce que nous avons reçu. » Colonel Vaucher. — Sur le plan de la justice m
251 le militarisme en horreur. Bernard Béguin. — Est- ce qu’un service civil affaiblirait l’armée de milice ? Colonel Vaucher.
252 l’OTAN, nous mettre sous le parapluie américain. Ce serait une solution. Mais nous abandonnerions le service militaire sa
253 rions pour une part à une armée de métier. Mais à ce moment-là, nous serions obligés de faire des concessions à tout, un s
254 Christian Schaller. — C’est au nom des valeurs de ce système que nous appelons, en tant qu’objecteurs, à un élargissement
255 aussi : Neutralité oblige, allez plus loin. Tout ce que je voudrais dire ici, en faveur des objecteurs de conscience, c’e
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
256 uleuse , sur les trente volumes que j’ai publiés, ce n’est guère envahissant. N’oubliez pas mes journaux réunis par Galli
257 ». La jeunesse dans son ensemble vit actuellement ce que nous pourrions appeler l’éclatement de l’Éros, ce qui entraîne un
258 ue nous pourrions appeler l’éclatement de l’Éros, ce qui entraîne une sorte de dépréciation de l’amour-passion compris com
259 l s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met votre œuvre à l’ordre du jour ? La jeunesse, dans s
260 ma place et me donner raison. Je suis revenu sur ce problème dans L’Aventure occidentale de l’homme . J’ai essayé de mon
30 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
261 grand air et vous rafraîchir les poumons grâce à ce tonique des toniques, une atmosphère salubre. » Vous remarquerez l’hu
262 Je m’inscris en faux contre cette interprétation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la v
263 oiture n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François Peyrot : La voiture permet un déplacement
264 bile. Une personne sur trois ou quatre en Suisse, ce qui est considérable. Mais bien entendu cela comporte aussi des incon
265 pas posé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il adviendrait si au lieu de vendre cent ou deux cents véhicules p
266 re aucune possibilité de détour. Mais à partir de ce fantasme, qu’est-ce que cela a donné ? Quand il disait à ses ouvriers
267 é de détour. Mais à partir de ce fantasme, qu’est- ce que cela a donné ? Quand il disait à ses ouvriers : « achetez des voi
268 xemple, d’accroître les déplacements à pied et de ce fait réduit la mobilité. Au contraire un urbanisme très dispersé, « c
269 en servent pour venir travailler. Jacob Roffler : Ce que je déplore dans l’évolution actuelle de l’urbanisme, c’est la pla
270 ite à la voiture et à ceux qui l’utilisent. C’est ce qui explique que des zones de verdure continuent chaque année de disp
271 e et très importante. Il faut faire façon d’elle. Ce qui me choque c’est qu’on veut absolument la charger de tous les péch
272 us qu’à l’origine on avait compté avec cela ? Est- ce qu’on aurait accepté de rendre toute l’économie occidentale dépendant
273 es intérêts souvent divergents. Il doit veiller à ce qu’il y ait un certain équilibre entre les activités des individus. V
274 t construire davantage de routes et d’autoroutes. Ce qui nous fait déboucher sur un cercle vicieux qu’il nous faut briser.
275 n’est plus question de demander l’avis de qui que ce soit. Nous le ferons ! disent ces messieurs qui forment ce qu’on a ap
276 Nous le ferons ! disent ces messieurs qui forment ce qu’on a appelé la « chevalerie du nucléaire ». Les expropriations au
277 moi, une illustration parfaite de la démocratie. Ce qui me paraît en revanche démocratique, c’est de laisser le droit aux
278 mé que les reproches adressés à nos autorités, en ce moment, étaient injustifiés. Car nos autorités agissent conformément
279 harger le réseau routier qui n’est pas conçu pour ce genre de trafic mais, lorsque l’on veut construire des routes de cont
280 se prononcer. François Peyrot : Rétroactivement, ce qui est contraire à tous nos us et coutumes ! Denis de Rougemont : Vo
281 rts en commun. Hubert de Senarclens : Pourtant en ce qui concerne les transports en commun, l’État n’a pas été particulièr
282 en commun. Denis de Rougemont : Vous me rappelez ce que disait Alfred Sauvy dans son petit livre sur l’auto : « Les accid
283 our les empêcher sont encore plus impopulaires ». Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’il ne faille pas lutter par une me
284 par une meilleure information. François Peyrot : Ce que dit Jean Kräyenbühl à propos de l’urbanisme est juste. Dès que vo
285 ntre de Paris sont devenus complètement morts. En ce qui concerne les parkings périphériques un point d’interrogation deme
286 un point d’interrogation demeure selon moi : est- ce que le conducteur qui va faire ses achats, acceptera de s’extraire de
287 mpagne, c’est que la ville est devenue invivable. Ce qui se passe en Occident, à cet égard, est juste l’inverse de ce que
288 en Occident, à cet égard, est juste l’inverse de ce que l’on constate dans les pays en voie de développement. Là-bas vous
289 ités-dortoirs où les gens se connaissent à peine, ce qui débouche tôt ou tard sur des problèmes psychologiques. Hubert de
290 dans plusieurs ouvrages nous a rendus attentifs à ce fait que la voiture, en envahissant complètement les places transform
291 crés à la voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été sacrifiés sans douleur, logement, e
292 choses se déroulent autrement. Mais tout de même, ce jugement est assez impressionnant lorsque l’on sait que Sauvy est non
293 ur, car une ville doit s’adapter, tout en gardant ce qu’elle a d’authentique et qui doit absolument être préservé IV
294 urd’hui mieux qu’il n’y a un ou deux siècles. Moi ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans la critique que vous faites du s
295 ement changer des pièces. Denis de Rougemont : En ce qui concerne l’économie, je pense qu’il faut rester humain. Il y a de
296 lème, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa m
297 éponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa multiplication ou à la construction d’a
298 adies est épouvantablement élevé. D’autre part en ce qui concerne les accidents, je pense qu’il ne faut pas prendre unique
299 outils ne sont jamais responsables de nos crimes. Ce qui est dangereux c’est l’homme. La bombe atomique seule n’est pas da
300 pas qu’ils restent « gentils ». Cela me rappelle ce que l’on dit aux États auxquels on vend des centrales : « Surtout ne
301 ation fédérale s’est attaquée très sérieusement à ce problème. Le peuple suisse a écarté l’initiative Albatros. Par contre
302 yrot, que vous avez systématiquement, au cours de ce débat, minimisé les inconvénients de la voiture. François Peyrot : Et
31 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
303 all du gymnase puis de l’Université de Neuchâtel. Ce que j’aimais tout particulièrement dans ce rôle, c’était le moment de
304 hâtel. Ce que j’aimais tout particulièrement dans ce rôle, c’était le moment de crise où je devais intervenir ; cet instan
305 tait justement le football. J’avais beaucoup aimé ce recueil d’essais : autant pour la manière dont Montherlant parlait du
306 e certains sports, dont certains méritent à peine ce nom, et bien évidemment le nationalisme, lequel s’est désormais empar
307 eux olympiques ? Je suis violemment opposé à tout ce qui exalte le nationalisme lors des JO : hymnes nationaux, drapeaux,
308 ou tant que le régime soviétique continue à faire ce que l’on sait. D’autant que le gouvernement russe a largement diffusé
309 ne seraient sans doute pas du tout d’accord avec ce changement radical. D’ailleurs je voyais l’autre jour à la TV des mem
32 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
310 éaffirmer avec force sa foi en un avenir qui sera ce que nous en ferons, Denis de Rougemont expliqua pourquoi l’essai est,
311 rigueur philosophique, mais sur les problèmes de ce temps, face auxquels il prend position, ou comme on le dit, dès ce te
312 xquels il prend position, ou comme on le dit, dès ce temps-là, « s’engage ». Rendons leur place aux essayistes ! C’es
313 des hommes, Jean Paulhan et Roger Caillois… Voilà ce qui compte à mes yeux, plus que tout, dans ma bibliothèque française.
314 yle d’un écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendon
315 es, depuis plus de trente ans, à l’action. Qu’est- ce à dire? Action pour l’Europe fédérée dès 1946, fondation et direction
316 ique et d’une dizaine d’autres actions… Avec tout ce que cela nécessite de tâches quotidiennes, d’animation, d’organisatio
317 tout s’est joué, à la fois hors de moi et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’interaction de ces
318 eut à relever. Arthur Kœstler l’a fort bien dit : ce fut l’affrontement entre un mensonge total, celui des dictatures à l’
319 able. Nous aurions à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les trois régimes totalitaires et l
320 s un temps ridiculement bref, une troisième voie. Ce fut celle du personnalisme. Un jour, chez des amis, un jeune Russe qu
321 c quelques dizaines de jeunes intellectuels, avec ce que l’on nomme aujourd’hui, d’après une thèse célèbre, « les non-conf
322 e à la communauté. Paul Valéry nous convaincus de ce que « toute politique suppose une certaine idée de l’homme ». Nous en
323 uvent entraîner aucun effort concret. Poursuivant ce raisonnement, nous observions — nous les personnalistes, précisons — 
324 j’ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’ai publié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de, « Suis-je perd