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des ruines prochaines de nos cités mécaniciennes,
ils
rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où nous viendraient un
2
de M. de Traz1, par les précisions importantes qu’
il
apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destin
3
lucide, avec une sorte d’acharnement, comme seul
il
sait l’être aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympa
4
’est ce qui donne à ses notations tout leur prix.
Elles
ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c
5
uvent le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut-
il
s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des
6
me mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car
il
n’est guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type
7
de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’
il
dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une politesse, leur para
8
qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’
il
qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfia
9
attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’
il
nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveu
10
sme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». «
Ils
mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs orientaux. De leur
11
flige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-
il
des rêveurs orientaux. De leur immense paresse, jusqu’à leur mysticis
12
à leur mysticisme, partout c’est une démission qu’
ils
désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. E
13
oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux,
ils
l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je
14
t menaçant ? Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’
il
éprouve à se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de T
15
une matière si complexe — sont plutôt optimistes.
Il
ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout qu
16
ar un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-
il
pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’u
17
aine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’
il
s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette
18
parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’
il
fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince
19
s, mais sans jamais s’y perdre ou se confondre en
elles
, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une suite
20
uite de pages lyriques toujours un peu stylisées.
Il
apparaît, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d
21
morceaux attestent la délicatesse, mais parce qu’
il
sait y trouver les seuls motifs réels d’exaltation. 1. Le Dépaysem
22
voix haute, aucune couleur vive. Les journaux qu’
ils
lisent annoncent chaque jour quelque catastrophe imminente, une révol
23
un coussin aux curieux dessins noirs et blancs :
il
représente l’ancienne Hongrie découpée en blanc sur fond noir et port
24
auve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert.
Elle
tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son
25
ylles démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’
elle
s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu co
26
e histoire où tout le monde « se conduit bien » ?
Il
n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal es
27
es « païens », d’un Thomas Hardy, par exemple, se
devaient
en conséquence de finir carrément mal ? Non, car le christianisme se
28
qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant, s’
il
est certain que l’Évangile et ses promesses de salut sont seuls capab
29
Un vrai roman chrétien est d’abord réaliste. Car
il
faut bien connaître la nature et ses abîmes, si l’on veut être à même
30
le. Cette femme n’est pas un ange, ni une sainte.
Elle
pèche, elle désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’
31
mme n’est pas un ange, ni une sainte. Elle pèche,
elle
désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’est un vieux
32
ange, ni une sainte. Elle pèche, elle désespère,
elle
touche le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu
33
liable création, ce Norenius ! — qui prend soin d’
elle
au temps de sa misère. Puis une grâce vient dans sa vie et désormais
34
réalité c’est le terne train-train des journées.
Ils
avaient en somme raison, tout au moins pour leur compte, ajouterons-n
35
ur compte, ajouterons-nous. À chacun sa réalité :
elle
dépend du regard qu’on porte sur les choses. Le regard « réaliste » d
36
folies, l’originalité bouleversante des êtres, qu’
il
s’agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visa
37
elui qui sait voir parce que, mieux que d’autres,
il
sait aimer. Et sur ce monde, qu’il est, sur ces vies douloureuses, ba
38
que d’autres, il sait aimer. Et sur ce monde, qu’
il
est, sur ces vies douloureuses, banales ou touchantes, mal engagées o
39
le d’une miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’
elle
est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas « l’hist
40
man ! La mode passe, le public se fatigue, paraît-
il
. « Achetez français », disent les critiques, à l’instar de l’affiche
41
sent les critiques, à l’instar de l’affiche (dont
il
faut regretter qu’elle soit elle-même un affreux barbarisme importé d
42
l’instar de l’affiche (dont il faut regretter qu’
elle
soit elle-même un affreux barbarisme importé d’outre-Manche). Mais s’
43
ffreux barbarisme importé d’outre-Manche). Mais s’
il
est une justice dans le domaine littéraire, il faut prédire à Sara Al
44
s’il est une justice dans le domaine littéraire,
il
faut prédire à Sara Alelia non pas un succès de saison, mais la carri
45
ns contestées de la France contemporaine. N’y a-t-
il
pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans le
46
pliste (et ce n’est pas chez nous qu’on la niera)
il
faut reconnaître qu’il est essentiellement négatif. Car à la vérité,
47
chez nous qu’on la niera) il faut reconnaître qu’
il
est essentiellement négatif. Car à la vérité, et si libre qu’elle soi
48
ellement négatif. Car à la vérité, et si libre qu’
elle
soit encore, Dieu merci, la culture française est malade elle aussi d
49
core, Dieu merci, la culture française est malade
elle
aussi d’une maladie qui n’est pas le fascisme. Elle me paraît souffri
50
le aussi d’une maladie qui n’est pas le fascisme.
Elle
me paraît souffrir en premier lieu de l’inculture relative des masses
51
moins en France qu’en Suisse et qu’en Allemagne.)
Elle
me paraît souffrir ensuite, et peut-être plus gravement encore, de la
52
crivain. Parmi ses confrères académiciens, disait-
il
, tous célèbres et « auteurs à succès », tous ayant atteint ou largeme
53
l’autre est enchaîné au bureau de son journal où
il
écrit au moins deux articles par jour, un troisième « fait les théâtr
54
bonnes gens disent d’ordinaire : que ne prennent-
ils
un second métier, ces écrivains ! La littérature n’est qu’un luxe, el
55
ces écrivains ! La littérature n’est qu’un luxe,
elle
n’a pas à nourrir son homme. Et l’on cite M. Duhamel, qui est médecin
56
rant les années de naturalisation de leur œuvre),
il
est clair que la création artistique requiert toutes les forces d’un
57
elque chose à dire dans le domaine de la culture,
il
ne reste qu’une solution : que l’écrivain vive de sa plume. Or, c’est
58
aticable mais néfaste : les livres ne payant pas,
il
faudra faire du journalisme et courir les rédactions, improviser… Or
59
s du second métier, aggravé sans doute du fait qu’
il
s’agit encore d’écrire, mais dans un style qui ne saurait être celui
60
dans son ensemble, étant faite de telle sorte qu’
il
n’y trouve pas sa place normale. Et ceci suffirait à expliquer que le
61
urs, se moquent un peu de la culture ! En vérité,
il
est grand temps de mettre un ordre neuf dans tout cela. Mais il faudr
62
emps de mettre un ordre neuf dans tout cela. Mais
il
faudrait d’abord que cela se sache ! d. Rougemont Denis de, « Cond
63
teurs ne sont pas des philanthropes. En tout cas,
ils
ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à « se défendre ». Naguère
64
thropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être.
Ils
ont eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un
65
ont eux aussi à « se défendre ». Naguère encore,
ils
se faisaient un point d’honneur de découvrir et d’imposer certains au
66
ginaux, donc peu vendables au début. Aujourd’hui,
ils
se voient obligés de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils
67
s de se soumettre aux goûts (supposés) du public.
Ils
renoncent à former ces goûts. Ils se contentent de les flatter. Et au
68
sés) du public. Ils renoncent à former ces goûts.
Ils
se contentent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoi
69
alistes se récrient en vain : l’éditeur répond qu’
il
faut vivre ! Règne de la publicité et de la littérature faite sur com
70
et de la littérature faite sur commande, comme s’
il
ne s’agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On
71
oudrait de ce Zarathoustra dont on vendit, lorsqu’
il
parut, 15 exemplaires ? Nul ne peut plus se payer de telles fantaisie
72
offre, et cela pour les meilleures raisons ! Ou s’
il
tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper ailleu
73
isons ! Ou s’il tente la chance avec un débutant,
il
est forcé de se rattraper ailleurs, et de publier, pour compenser sa
74
sa perte, de bonnes petites histoires coquines. (
Il
est certes des exceptions à cette règle déplorable. Elles se font exc
75
t certes des exceptions à cette règle déplorable.
Elles
se font excessivement rares.) Les débats passionnés que vient de soul
76
ins ? Et avant d’y porter remède, ne conviendrait-
il
pas de s’interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les croi
77
s seulement matérielles. Je crois au contraire qu’
elles
affectent les sources vives de notre civilisation. C’est pourquoi le
78
ys. Pourquoi donc nos démocraties se laisseraient-
elles
battre sur ce terrain, où elles disposent des meilleures armes ? Je p
79
s se laisseraient-elles battre sur ce terrain, où
elles
disposent des meilleures armes ? Je persiste à croire, malgré tout, q
80
es ? Je persiste à croire, malgré tout, que c’est
elles
qui résoudront le mieux le problème de la culture, — si toutefois ell
81
e mieux le problème de la culture, — si toutefois
elles
se le posent à temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’écr
82
tractions commerciales ? Les écrivains ne portent-
ils
pas une part de responsabilité ? Car, après tout, le public est à peu
83
est à peu près ce qu’on le fait. En temps normal,
il
se forme à l’image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapp
84
. Mais aujourd’hui, le rapport est inversé, quand
il
existe. Et le plus souvent, il est inexistant. D’une part, en effet,
85
est inversé, quand il existe. Et le plus souvent,
il
est inexistant. D’une part, en effet, la culture, et en particulier l
86
de l’art pour l’art. Pour mille raisons diverses,
il
n’a fait qu’empirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne son
87
notre siècle ne sont pas des auteurs populaires.
Ils
sont à l’usage exclusif d’une classe restreinte de la population. Alo
88
dans un grand monde de cinéma. Comment veut-on qu’
il
en soit autrement, quand Proust, Gide ou Valéry ne paraissent recherc
89
les grands esprits se désintéressent de son sort,
il
ne peut que leur rendre la pareille. Alors le champ devient libre pou
90
t libre pour une « littérature » commerciale qui,
elle
, ne sera soucieuse que de plaire à bon compte, c’est-à-dire de flatte
91
la lecture, aujourd’hui, n’est plus du tout ce qu’
elle
était au siècle passé pour des millions de personnes de toutes condit
92
le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’
il
s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains
93
grands de nos écrivains ont beaucoup fait pour qu’
il
se perde en se « distinguant » volontairement des préoccupations, jug
94
on de guides des esprits, et ruiné leur autorité.
Ils
sont donc mal venus à se plaindre. Mais la société en pâtit, plus gra
95
ndre. Mais la société en pâtit, plus gravement qu’
elle
ne le croit, sans doute. Une situation si compromise ne se rétablira
96
que truc, loi nouvelle ou campagne de propagande.
Il
s’agit bien plutôt que les écrivains reprennent le sens de leur fonct
97
ne les y invite avec une insistance déplaisante.
Il
s’agit, pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’oreille du peuple.
98
pose une véritable révolution dans les valeurs qu’
ils
ont cultivées jusqu’ici ! Car pour guider un peuple, et pour influenc
99
ne dis pas son âme, c’est l’affaire des Églises),
il
faudrait se soucier d’être utile, de servir la communauté, et non plu
100
Jamais un écrivain ne travaille mieux que lorsqu’
il
sent qu’il est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réel
101
écrivain ne travaille mieux que lorsqu’il sent qu’
il
est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réelle et sa na
102
c est à peu près ce que les auteurs le font. Mais
il
est juste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or,
103
teurs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’
il
a souvent les auteurs qu’il mérite. Or, il importe hautement à notre
104
uste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’
il
mérite. Or, il importe hautement à notre pays d’avoir des écrivains r
105
ssi qu’il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or,
il
importe hautement à notre pays d’avoir des écrivains représentatifs d
106
façon suffisamment profonde, par les relations qu’
elle
établit entre le rêve et la vie réelle. » Or notre époque, plus que t
107
» Or notre époque, plus que toute autre semble-t-
il
, s’est attachée à l’étude des rêves : qu’il suffise de citer Freud et
108
ble-t-il, s’est attachée à l’étude des rêves : qu’
il
suffise de citer Freud et Jung et, d’autre part, l’école surréaliste.
109
oésie, roman, philosophie et sciences de l’homme.
Il
était temps qu’un ouvrage d’ensemble reprenne l’étude du phénomène à
110
culture. C’est en effet au romantisme allemand qu’
il
faut remonter si l’on veut étudier la source véritable de préoccupati
111
alyse. Les interprétations de la vie onirique, qu’
il
nous propose, sont infiniment plus larges que celles du savant vienno
112
niment plus larges que celles du savant viennois.
Elles
englobent tout le mystère de la création poétique, elles font une par
113
nglobent tout le mystère de la création poétique,
elles
font une part notable aux facteurs spirituels, religieux et métaphysi
114
et Mallarmé, pour ne rien dire des contemporains.
Il
serait passionnant, à cet égard, de pousser plus avant cette étude, e
115
nds n’aient été que de « doux rêveurs », alors qu’
ils
furent souvent, en réalité, des esprits d’une lucidité puissante, voi
116
assignées à la personne humaine dans sa réalité.
Il
y fallait toutes les ressources d’un esprit bien armé par nos classiq
117
athie pour les hardiesses de la pensée allemande.
Il
me plaît de souligner ici la réussite d’une telle synthèse, dont il e
118
ligner ici la réussite d’une telle synthèse, dont
il
est permis de croire qu’elle exprime la vocation européenne des Suiss
119
e telle synthèse, dont il est permis de croire qu’
elle
exprime la vocation européenne des Suisses français dans l’ordre de l
120
les États-Unis. D’autant plus violente, semble-t-
il
, que l’enjeu en est plus confus, comme il arrive souvent dans les lut
121
emble-t-il, que l’enjeu en est plus confus, comme
il
arrive souvent dans les luttes politiques. Roosevelt représente le Ne
122
e toutes les mesures adoptées par le New Deal, et
il
vient de recevoir l’appui officiel de John C. Lewis, chef de la fract
123
. Mais peut-être cette nuance hypothétique joue-t-
elle
un rôle plus important qu’on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut b
124
s, mais le parti antiguerre reste fort. En sera-t-
il
de même lorsque cet article paraîtra ? Il y a huit jours, les experts
125
aux candidats socialiste et communiste. Que s’est-
il
passé ? Personne ne pourrait le dire avec certitude, pas plus qu’on n
126
ses, c’est précisément le nombre des inconnues qu’
elle
met en jeu et l’instabilité caractéristique des passions dans ce pays
127
ique intolérance de part et d’autre. En Amérique,
il
s’agit de quelque chose qui rappelle beaucoup plus la violence d’un m
128
, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’on se
doit
d’applaudir également les points marqués par l’un et l’autre des adve
129
peu d’exceptions près, soutienne Willkie — comme
elle
soutint Landon il y a quatre ans — l’information reste impartiale et
130
rsonnelle qui les liait au candidat contre lequel
ils
proposaient cependant de voter. Fair play ! Ce qui frappe le plus un
131
s fureur. L’Américain n’aime guère discuter, mais
il
aime faire connaître son opinion. Il délègue donc ce soin à un bouton
132
scuter, mais il aime faire connaître son opinion.
Il
délègue donc ce soin à un bouton tricolore qui proclame sur sa poitri
133
ovembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’
ils
pensent en tant que nation. Ils auront cessé de parier. Si Roosevelt
134
ins sauront ce qu’ils pensent en tant que nation.
Ils
auront cessé de parier. Si Roosevelt l’emporte, les événements suivro
135
s politiques me paraît être la suivante : Quoi qu’
il
arrive le 5 novembre, l’unanimité des Américains se reformera toujour
136
tie », dans ce pays, n’est pas un terme usé comme
il
l’était en France, mais un synonyme de santé civique, de volonté huma
137
émocratique des USA. Un organisme est sain lorsqu’
il
est capable de cicatriser rapidement ses blessures : signe que sa cir
138
on. L’opinion questionne, le gouvernement répond,
il
s’explique, il écoute à son tour. N’importe quel citoyen peut critiqu
139
uestionne, le gouvernement répond, il s’explique,
il
écoute à son tour. N’importe quel citoyen peut critiquer publiquement
140
a presse et la radio lui en offrent les moyens. S’
il
a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on
141
convoque à Washington, on examine son projet, et
il
arrive qu’on le charge officiellement de le réaliser. Nombreux sont l
142
, pour une période et pour une tâche déterminées.
Il
en est résulté parfois certains flottements dans la politique du New
143
e exclusive des cliques de politiciens de métier.
Elle
n’est plus l’affaire des partis. Chacun peut s’y intéresser, parce qu
144
mpétences, qu’on lui « donnera sa chance », comme
ils
disent. Cet esprit de participation exerce une influence excellente à
145
e à la fois sur le gouvernement et sur l’opinion.
Il
incite les dirigeants à s’expliquer franchement devant le peuple, et
146
Et ce souci constant de l’humanité du citoyen, qu’
il
s’agisse des nationaux ou des étrangers… Ainsi informée et formée, l’
147
méricaine discute réellement les problèmes posés.
Elle
cherche réellement à les résoudre dans l’intérêt commun, — et non pas
148
dans le fait très simple que voici : en réalité,
il
n’y a pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument fau
149
n réalité, il n’y a pas de partis aux États-Unis.
Il
serait en effet absolument faux d’assimiler les républicains et les d
150
tion. Leur opposition reste fluente, mal définie…
Elle
se cristallise, et encore est-ce dans les courtes périodes d’élection
151
ndispensable à toute vie démocratique. Le fait qu’
il
n’y a que deux partis, et que ces deux partis ne représentent nulleme
152
oit de référendum, ni le droit d’initiative, mais
il
les exerce en fait, d’une manière permanente, par le moyen d’une opin
153
fait une découverte sur les États-Unis : c’est qu’
il
n’est pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique
154
blique une place plus importante et plus visible.
Il
faut être un Européen pour s’en étonner, me dit-on. De fait, pour un
155
s fanatiques d’une foi, des missionnaires. Mais s’
ils
trouvaient sur le sol américain la liberté de célébrer leur culte, il
156
sol américain la liberté de célébrer leur culte,
ils
y trouvaient aussi la possibilité de fonder une « cité » entièrement
157
être Hollandais d’origine ; Allemand ou Suédois s’
il
est luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et s’il est catholiqu
158
llemand ou Suédois s’il est luthérien ; Anglais s’
il
est presbytérien ; et s’il est catholique, Irlandais ou Italien. À ce
159
luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et s’
il
est catholique, Irlandais ou Italien. À ces différences d’origine son
160
re part, l’importance sociale que chacune d’entre
elles
y revêt. On peut apprécier diversement cette interpénétration de la v
161
’être connu et médité en Suisse, d’autant plus qu’
il
s’est vu curieusement négligé par la presque totalité des observateur
162
e, des grands panneaux de « bienvenue à tous » qu’
elles
plantent à l’entrée de leur ville, et qui promettent des jeux de loto
163
n milieu social, des amis, des appuis matériels s’
il
le faut. Dans ce pays énorme, qui manque de cadres traditionnels, et
164
n spirituelle constamment maintenue dans la cité.
Il
faut connaître cet arrière-plan pour donner tout leur sens à certains
165
e mystique », déclarant après son installation qu’
il
va se retirer à la campagne pour une semaine de recueillement. Le cho
166
fusa les prières de « confession générale », dont
il
répétait les phrases à haute voix avec tous les membres du Congrès, d
167
eille Bible de famille, en langue hollandaise, qu’
il
avait choisi d’ouvrir au chapitre 13 de la première Épître aux Corint
168
terminé, et à peine les applaudissements se sont-
ils
apaisés, une voix forte prononce : « Au nom du Père, du Fils et du Sa
169
ligner et de les détailler le lendemain, c’est qu’
ils
sont réellement essentiels à la compréhension de la démocratie améric
170
s à la compréhension de la démocratie américaine.
Il
est important de savoir que les grandes cérémonies civiques et politi
171
s du chef, et permets que dans ces sombres jours,
il
puisse conduire un peuple pieux et uni de cette vallée d’ombre jusqu’
172
insi la longueur du voyage, pratiquement, à ce qu’
elle
était au bon vieux temps de Christophe Colomb. Et pourtant, me voici
173
a beauté nous eût cloués sur place, mais parce qu’
elle
provoquait des tempêtes magnétiques qui ont pour effet d’aveugler les
174
n peu houleuse et cotonneuse. Mais tout d’un coup
elle
se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres p
175
s sommes passés de la gloire aux ténèbres denses.
Il
n’y a plus que, tout près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et
176
s pendant la guerre… » — « Taisez-vous, me crie-t-
elle
, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » El
177
rope ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! »
Elle
adore ces rideaux trop rouges, ces meubles blancs, et ce grapefruit.
178
rop rouges, ces meubles blancs, et ce grapefruit.
Ils
la vengent, croit-elle, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’o
179
s blancs, et ce grapefruit. Ils la vengent, croit-
elle
, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’où ils viennent. ⁂ Le
180
e, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’où
ils
viennent. ⁂ Les oiseaux de Paris Nous roulons dans un petit aut
181
— Est-ce que Paris a été bombardé ? me demandent-
ils
non sans inquiétude. — Et New York donc ? Si vous y connaissez des ch
182
e les Américains paraissent bizarres, ici ! Comme
ils
se mettent immédiatement à ressembler à ce que l’on pense d’eux en Eu
183
tique par excellence, d’une décence fondamentale.
Il
se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas é
184
e pays dans le cadre de mon voyage, voici comment
il
m’apparaît. L’Europe ancienne s’est rétrécie à la mesure de nos front
185
nos frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’
il
en reste et que l’on est autorisé à voir : l’un des deux grands et le
186
sse — je simplifie à peine, et c’est déjà cruel —
il
semble qu’il n’y ait plus qu’un no man’s land où s’affrontent sournoi
187
lifie à peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’
il
n’y ait plus qu’un no man’s land où s’affrontent sournoisement les se
188
omme disent les Anglo-Saxons, pensant au temps qu’
il
fait, tout simplement. Les délégués paraissaient regretter « l’atmosp
189
e défaite victorieuse. On a parlé de funérailles.
Il
ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne pourrons plus faire signe au
190
la photo que l’on va proposer à notre admiration.
Elle
tient ses dernières assises dans le pays qui lui offrait son modèle,
191
x diserts. Nous y touchons, Messieurs, vraiment —
il
ne s’en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même,
192
lumière le premier appareil arrivant de New York.
Il
repartit trente minutes plus tard, emportant un espoir raisonnable :
193
le monde croit l’avoir vue et s’en va répétant qu’
il
a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout
194
ller son union fédérale. Tout le monde se trompe.
Il
a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Conf
195
n et au-dehors — se réunit pour la première fois.
Elle
décide de siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle
196
er à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril,
elle
termine ses travaux, dont elle soumet les résultats aux vingt-cinq Ét
197
maine. Le 8 avril, elle termine ses travaux, dont
elle
soumet les résultats aux vingt-cinq États souverains. Le 15 mai, la D
198
ins. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’
elle
adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août, le peuple vote dans les ca
199
z que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’
il
fallut une bonne guerre pour briser le tabou des souverainetés canton
200
sublimes des grandes Nations contemporaines. Mais
il
n’est pas exact que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Su
201
de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’
il
n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à
202
mplissaient nos journaux, il y a cent-trois ans :
il
n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non p
203
aisons de ne rien faire restent les mêmes quoi qu’
il
arrive, c’est qu’elles traduisent une certaine forme d’esprit, une cé
204
ire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’
elles
traduisent une certaine forme d’esprit, une cécité partielle devant l
205
Messieurs les députés, n’oubliez pas la Suisse ;
elle
existe en dépit de tous les arguments qu’on oppose aujourd’hui à l’Eu
206
lques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois.
Il
vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu
207
ous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûr qu’
il
le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas des paragraphes, m
208
ncipe ceux-là, ont décidé une fois pour toutes qu’
il
faut aller lentement dans tous les cas. Mais nous ne voyons aucun mot
209
loisir d’être prudents. Festina lente nous disent-
ils
. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’il est prononcé avec
210
. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’
il
est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez me parler, je le sais
211
ficultés accumulées sur votre route vers l’unité.
Elles
sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonte
212
d’entre vous le rappelait récemment : le premier
devoir
de l’obstacle, c’est de se laisser vaincre. Votre Comité des ministre
213
tre Comité des ministres néglige donc son premier
devoir
. À qui la faute ? L’opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu
214
opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu’
il
vous faut dissiper. Vous allez, paraît-il, réviser prudemment les sta
215
çons qu’il vous faut dissiper. Vous allez, paraît-
il
, réviser prudemment les statuts du Conseil de l’Europe, ainsi que vos
216
i de vous dire que l’opinion s’en moque, parce qu’
elle
a ses doutes motivés sur vos intentions véritables. Elle n’est pas sû
217
ses doutes motivés sur vos intentions véritables.
Elle
n’est pas sûre qu’une fois dotés d’un instrument un peu meilleur — mo
218
faute avant le départ —, vous en ferez l’usage qu’
elle
attend. Elle n’a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à
219
e départ —, vous en ferez l’usage qu’elle attend.
Elle
n’a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europ
220
nissant, et pour tout dire d’un mot, à gouverner.
Elle
vous voit réticents pour la plupart, inquiets de ne pas vous avancer
221
a, déconcertés par un éternuement des daltoniens.
Elle
voit que votre Assemblée consultative d’un comité lui-même consultati
222
ndent après six mois que c’est prématuré, mais qu’
il
ne faut rien faire en attendant. Et l’opinion se demande si tout cela
223
t vos sentiments intimes, qui sont très purs : qu’
elle
distingue mal les forces colossales qui paralysent jusqu’à votre éloq
224
erve un projet de timbre-poste européen). Certes,
il
convient de saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de s’agenou
225
perts. Mais rien ne pourra jamais me persuader qu’
ils
aient tous raison à la fois, quand il n’en est pas deux qui tombent d
226
rsuader qu’ils aient tous raison à la fois, quand
il
n’en est pas deux qui tombent d’accord sur autre chose que ne rien fa
227
On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’
il
faut être prudents quand on s’engage dans une entreprise aussi vaste.
228
gés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez,
il
sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, co
229
Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’
il
veut dire exactement, mais cave ou toit, chacun peut voir que M. Bevi
230
r un abîme. Si votre œuvre est de longue haleine,
il
n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne
231
audacieux. Je me résume. L’opinion vous regarde.
Elle
n’entre pas dans les subtilités. Elle vous demande « Que voulez-vous
232
us regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités.
Elle
vous demande « Que voulez-vous faire ? » Si vous ne voulez pas fédére
233
vous serez oubliés cet automne. Si vous croyez qu’
il
vaut mieux ne rien faire, ou qu’on ne peut rien faire de sérieux, vou
234
re vous, comme je le crois, sont fédéralistes, qu’
ils
le disent, qu’ils proclament leur but, et tout changera dans un insta
235
le crois, sont fédéralistes, qu’ils le disent, qu’
ils
proclament leur but, et tout changera dans un instant. Il s’agit d’un
236
ament leur but, et tout changera dans un instant.
Il
s’agit d’une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés.
237
ur le rôle qui vous est dévolu, et pour le nom qu’
il
vous convient de revendiquer, celui dont, par avance, je vous salue.
238
enne. Pour le bien comme pour le mal, d’ailleurs,
il
imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de con
239
arty sur le problème de l’unité européenne. Quand
il
regarde notre vieux continent, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui
240
ropéenne. Quand il regarde notre vieux continent,
il
n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’es
241
n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas ;
il
voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il distingu
242
ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais.
Il
distingue un ensemble de pays peu sûrs, qui d’une part ne font point
243
en lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’
il
dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’i
244
nce. Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’
il
ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’Europe soit une culture, une
245
de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas.
Il
n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi ; u
246
nt d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’
il
se dit partisan d’un peu d’union tout de même, pour faire face aux So
247
ochure, ce minimum ne saurait être envisagé que s’
il
n’affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se conve
248
, selon lui, peut faire du bon travail, pourvu qu’
elle
n’ait aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’être démocr
249
Comité ministériel cessera d’être démocratique s’
il
accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du dal
250
ogique fait la nouveauté du daltonisme, encore qu’
elle
ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que
251
ore qu’elle ne soit pas tout inconnue des Russes.
Elle
se fonde sur l’axiome que la démocratie est identique au socialisme a
252
a démocratie est identique au socialisme anglais.
Il
en découle primo : qu’une Assemblée sans majorité travailliste ne sau
253
e ne saurait être tolérable que dans la mesure où
elle
reste impuissante — d’où le refus d’un Parlement européen ; secundo :
254
pions d’un régime fédéral fondé sur la majorité «
doivent
être considérés comme les ennemis les plus dangereux de l’unité europ
255
r-nationale. Cet ami de l’unité siège parmi vous.
Il
va trouver sur vos banquettes des adversaires et des alliés inattendu
256
nservateurs suivent une logique non daltonienne :
ils
partent d’un axiome inverse. Démocratie et socialisme leur apparaisse
257
s conclusions négatives. Au Parlement européen, s’
il
est doté de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut q
258
e pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’
il
faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de v
259
législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut qu’
elle
ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tori
260
t que leurs motifs profonds ne sont point ceux qu’
ils
donnent, mais bien ceux qu’ils subissent plus que d’autres en leur îl
261
sont point ceux qu’ils donnent, mais bien ceux qu’
ils
subissent plus que d’autres en leur île : j’entends le nationalisme é
262
des souverainetés. L’un nourrit l’autre, parce qu’
il
y trouve un alibi. Cette passion ne recourt à ce mythe que pour garde
263
ur l’ordre du Kremlin ? Et comment se définissent-
elles
? Toynbee, qui est un grand historien, écrit au Times qu’elles ne fon
264
ee, qui est un grand historien, écrit au Times qu’
elles
ne font point partie de la doctrine et des dogmes chrétiens. Suárez e
265
, seraient bien en peine d’en comprendre le sens.
Ils
n’aiment pas que l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’il
266
l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’
il
faut éviter que l’étranger soit Staline, ils acceptent fort bien que
267
ais s’il faut éviter que l’étranger soit Staline,
ils
acceptent fort bien que leurs armées soient commandées par un América
268
t commandées par un Américain. On prétend même qu’
ils
auraient accepté que leur monnaie perde un tiers de sa valeur, parce
269
taires cyniques. (Ou bien les staliniens seraient-
ils
naïfs, quand c’est par décision d’un État étranger qu’ils disent voul
270
s, quand c’est par décision d’un État étranger qu’
ils
disent vouloir garder la souveraineté du leur ?) Messieurs les député
271
z-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Europe !
Il
y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu’elles sabo
272
Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’
elles
, et qu’elles sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’a pas vot
273
otre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu’
elles
sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’a pas voté la suppress
274
couleurs du prisme, leur a donné presque sans qu’
ils
s’en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité
275
e ou ne sera pas », savent très bien qu’à ce prix
elle
ne sera pas. Voilà l’ennemi, et non point Vichinsky. Et cela vaut pou
276
de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’
elle
soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités de tous les ordres, que
277
sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’
elle
dure, dans ses diversités de tous les ordres, que l’on ne peut préser
278
stratégiques d’intérêts légitimes, sans compromis
elle
ne sera pas. C’est clair. Seuls, ceux qui veulent passionnément le Bu
279
obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité,
il
nous reste à leur faire comprendre que le pire obstacle, c’est eux-mê
280
comprendre que le pire obstacle, c’est eux-mêmes.
Ils
nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces d
281
ûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans
elle
. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écou
282
it qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’
ils
se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les so
283
le. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’
ils
ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craint
284
déclarent pour l’union, lorsqu’on les interroge.
Il
n’en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’o
285
traîne. « On suit ceux qui marchent », dit Péguy.
Elle
ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors,
286
nt bien dire : J’avais raison, voyez l’obstacle !
Ils
l’auront eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les obstacles ins
287
ctement ce que la presse et la radio déclarent qu’
elle
est. Presse et radio voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’
288
o voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’
il
a pour lui toute l’opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle
289
te l’opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman.
Elle
l’était avant cela, bien sûr, mais elle n’a pu parler que dans le sec
290
t Truman. Elle l’était avant cela, bien sûr, mais
elle
n’a pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui,
291
n d’aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais
elle
ne bougera pas, si vous ne faites presque rien. Elle laissera les sce
292
e ne bougera pas, si vous ne faites presque rien.
Elle
laissera les sceptiques parler « au nom des masses » dans l’indiffére
293
au nom des masses » dans l’indifférence générale.
Elle
laissera le Conseil de l’Europe murmurer pudiquement chaque année qu’
294
de l’Europe murmurer pudiquement chaque année qu’
il
reste désireux d’envisager l’étude de quelques mesures préalables ten
295
ortant vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’
ils
ne peuvent s’associer à ces engagements téméraires avant d’avoir pris
296
ne vaut rien en face des Russes qui les assènent.
Il
faut des actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes sont parfois p
297
Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’
ils
courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédé
298
professionnels, syndicats patronaux et ouvriers.
Il
en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation
299
le campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’
elle
comporte un enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement auss
300
selon l’issue des élections. En d’autres termes,
il
faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Q
301
l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg.
Il
faut une Commission ? Vous pouvez la nommer. Le Comité ministériel va
302
ré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’
il
faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de S
303
roposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe,
il
y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’
304
rt, on peut penser qu’au point où nous en sommes,
il
n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tenter l’impossi
305
isquez-vous à tenter l’impossible ? D’autre part,
il
est sûr qu’il y aurait tout à perdre, même l’espoir, à ne point risqu
306
ous la Constitution ! Messieurs les députés, faut-
il
vous dire encore que je ne suis rien qu’une voix presque désespérée,
307
faites-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’
il
en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. t. Rougemont De
308
nt qui se tourne vers l’ouest, le pays de Gex est-
il
une arrière-garde ou un poste avancé de la France ? Il vit sa vie loc
309
e arrière-garde ou un poste avancé de la France ?
Il
vit sa vie locale, adossé au Jura, s’approche assez de Genève pour lu
310
. Le souvenir de Voltaire anime toute la région ;
il
ne vit pas seulement dans les mémoires : ces maisons, ces fabriques,
311
che au pays de Gex, et son monument le plus vrai.
Il
a bien sa statue, grandeur nature, dans mon village. Mais ce n’est pa
312
Voltaire fait construire plus de cent maisons
Il
donne à la ville une église, une école, un hôpital Il fait desséche
313
ne à la ville une église, une école, un hôpital
Il
fait dessécher les marais du pays Il établit des foires et des marc
314
hôpital Il fait dessécher les marais du pays
Il
établit des foires et des marchés Il nourrit les habitants pendant
315
du pays Il établit des foires et des marchés
Il
nourrit les habitants pendant la disette de 1771 Face sud : Au poèt
316
ncrède, Irène. Le voilà, l’écrivain « engagé » !
Il
ignorait le mot, mais faisait un pays. Et certes personne ne l’aidait
317
ait un pays. Et certes personne ne l’aidait, mais
il
était fort riche et souvent généreux, pourvu d’une plume qui valait u
318
ricanant dans le chemin de la vérité », écrivait-
il
à Madame du Deffand. Avec ou sans le curé, contre les tyranneaux, en
319
tyranneaux, en dépit des conseils des réalistes,
il
édifiait, il réformait, il initiait, et malgré son grand âge, il plan
320
en dépit des conseils des réalistes, il édifiait,
il
réformait, il initiait, et malgré son grand âge, il plantait. « Quand
321
onseils des réalistes, il édifiait, il réformait,
il
initiait, et malgré son grand âge, il plantait. « Quand je n’aurais d
322
réformait, il initiait, et malgré son grand âge,
il
plantait. « Quand je n’aurais défriché qu’un champ et quand je n’aura
323
e me parlent chaque matin de son amour des lieux.
Il
fit venir de Genève cinquante familles d’artisans, d’horlogers, de cé
324
otestants, mais qui vécurent en paix avec ceux qu’
ils
enrichissaient. En même temps, il faisait bâtir une église neuve. Au
325
x avec ceux qu’ils enrichissaient. En même temps,
il
faisait bâtir une église neuve. Au fronton, l’on peut lire encore : D
326
grands noms ! », disaient les voyageurs du temps.
Il
y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et ne se privait pas de h
327
très belles montres et de très mauvais vers quand
il
vous plaira. » En vingt ans, le village passe de cinquante foyers à p
328
me qu’on nommerait de nos jours location-vente. «
Il
commande des maisons à son maçon comme d’autres commandent une paire
329
disent les Mémoires secrets. Mille tractations qu’
il
combine avec joie permettent de supprimer les douanes de notre zone :
330
es avions de New York, de l’Inde ou de Stockholm.
Ils
vont se poser derrière le bois tout proche, qui assourdit tout d’un c
331
icaine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’
il
n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis
332
ps que nos pays resteront désunis et même rivaux,
ils
seront incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d
333
itée, des USA ? Leur nom même suffit à répondre :
ils
sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est
334
Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis.
Ils
ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition né
335
e décidèrent que leur simple alliance confédérale
devait
être remplacée par une fédération. Un projet de Constitution fut voté
336
projet similaire, à Strasbourg le 10 mars 1953.)
Il
restait à le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans qu
337
lique. L’État de New York était le plus réticent.
Il
fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et
338
ent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui
devait
assurer son essor et sa longue primauté dans l’Union. C’est donc préc
339
colier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’
il
fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel écri
340
portance d’un tel écrit, je dirais que d’une part
il
a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution,
341
a vie de la Constitution, tandis que d’autre part
il
figurait le pendant libéral au Prince de Machiavel. Depuis un siècle
342
. Telles étant les implications de l’offre russe,
il
appartient aux hommes d’État de l’Occident de les transformer en enga
343
er si les Russes sont sincères serait bien vain :
il
faut absolument les prendre au mot. Ils proposent en effet trois prin
344
ien vain : il faut absolument les prendre au mot.
Ils
proposent en effet trois principes qui n’ont jamais cessé d’être les
345
nis de se déclarer neutres, à partir du moment où
ils
disposeraient de l’armée commune sans laquelle toute neutralité reste
346
t rassurée, l’Europe serait faite et la paix avec
elle
. Prendre au sérieux le principe de la non-ingérence, c’est par exempl
347
domaines, politiques ou économiques. Car ce sont
elles
seules qui permettent l’élaboration de l’instrument sans lequel il n’
348
mettent l’élaboration de l’instrument sans lequel
il
n’est point d’entente entre les hommes, je veux dire un langage commu
349
otre image : quand un pilote passe le mur du son,
il
entre dans une zone de silence. Mais quand un homme d’État soviétique
350
ausons ! D’où l’accent mis sur le langage commun.
Il
existe en fait deux moyens d’instaurer un langage commun. Le premier
351
e vainqueur qui impose à tous le sens des mots qu’
il
juge convenable. On se rappelle qu’au moment où l’armée rouge tentait
352
franchise même de cette explication scandalisa :
elle
aurait dû, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe s’exprimait
353
ême de cette explication scandalisa : elle aurait
dû
, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe s’exprimait en effet d
354
e théorie, donc d’un fait de culture ; mais comme
il
n’était pas question d’en discuter, ce fut la force qui trancha. Le s
355
gue. Or un dialogue réel suppose deux conditions.
Il
suppose tout d’abord, chez les deux partenaires, la conviction et le
356
n’aurait pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais
il
suppose aussi le respect de l’autre et le désir de le comprendre, la
357
s. Allons voir ce qui se fait chez l’autre, ce qu’
il
dit et comment il le sent ; et que l’autre en fasse autant chez nous.
358
qui se fait chez l’autre, ce qu’il dit et comment
il
le sent ; et que l’autre en fasse autant chez nous. Circulons. Questi
359
oisin soit au contraire son cheval de Troie. Mais
il
s’agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ai rien dit. Si c
360
chacun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’
il
en organise, en place publique, la visite officielle et gratuite, l’a
361
le risque normal d’une « compétition pacifique ».
Il
est temps de courir le risque de la paix ! Soyons francs : tout cela
362
’hypothèse d’un changement d’attitude des Russes.
Il
se peut que les nombreux témoignages qu’ils en donnent depuis quelque
363
usses. Il se peut que les nombreux témoignages qu’
ils
en donnent depuis quelques mois soient plus clairs et certains que la
364
ient plus clairs et certains que la conscience qu’
ils
en ont. Le Père des peuples est mort, qui tenait tout ensemble. Le ch
365
e Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, mot qu’
il
faut prendre ici dans son sens littéral : un ressort est détendu, la
366
le-ci cherche avant tout non point la liberté, qu’
elle
redoute, mais la sécurité. À l’intérieur, elle ne trouve que problème
367
qu’elle redoute, mais la sécurité. À l’intérieur,
elle
ne trouve que problèmes. À l’extérieur, elle voit quelques hommes for
368
eur, elle ne trouve que problèmes. À l’extérieur,
elle
voit quelques hommes forts : un Tito, un Adenauer. C’est vers eux que
369
— comme aujourd’hui Joukov va vers Eisenhower. Et
ils
viendront demain vers une Europe unie, parce qu’une Europe unie sera
370
bourreaux. Les jours du communisme sont comptés.
Il
a vu son Double effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À l
371
es des « réactionnaires », car c’est entre eux qu’
ils
se sont tous assassinés depuis trente ans, la misère collective et le
372
ées, et liquider d’autres élites sans armes. Nous
devons
à la passion de Budapest martyre une réparation sans merci, vigilante
373
ans merci, vigilante, obstinée, sans éclat, comme
il
convient à la repentance active. Nous devons tout d’abord faire l’Eur
374
t, comme il convient à la repentance active. Nous
devons
tout d’abord faire l’Europe, pour qu’il y ait à l’appel de tous nos f
375
os seules consciences, advienne que pourra. Nous
devons
mettre le communisme au ban de l’humanité civilisée. Et cela signifie
376
die. Nous savons désormais que les Russes, dès qu’
ils
le peuvent, utilisent les négociations pour arrêter et tuer ceux qui
377
core que le fasciste, est un malade mental, ou, s’
il
est sain d’esprit, c’est un criminel en puissance : c’est un homme qu
378
i trouve cela moins grave que d’arrêter Nasser, s’
il
prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, et
379
Je veux certes la mettre à l’aise, et tout homme
doit
le vouloir avant tout, mais ce n’est pas un article qui pourrait y su
380
s ce n’est pas un article qui pourrait y suffire,
il
faut agir. Je parlais d’une action vigilante, obstinée. Nous vivons e
381
d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’
il
a servie. Et jurons en même temps de faire l’Europe. Cette Europe qui
382
, nous pensons simplement que cet heureux lauréat
doit
être un communiste plutôt qu’un grand poète, grand romancier ou grand
383
és d’écrivains ne se réveillent pas pour si peu :
elles
ne dépendent pas de l’État. Mais qu’un écrivain russe reçoive le prix
384
ive le prix Nobel, tout le monde sait aussitôt qu’
il
se passe quelque chose, qu’il s’agit d’un talent et d’un homme. Ses c
385
de sait aussitôt qu’il se passe quelque chose, qu’
il
s’agit d’un talent et d’un homme. Ses confrères communistes le savent
386
pour les Russes. Et respect à Boris Pasternak. S’
il
s’est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le te
387
u contraint, après coup, de refuser ce prix, dont
il
eut le temps de dire à des journalistes étrangers : « C’est une immen
388
mmense joie, mais un peu solitaire ! » sachons qu’
il
s’agit moins de lâcheté, dans son cas, que de patriotisme au sens anc
389
ie, à son peuple mystique, à la misère du siècle.
Il
n’a pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ont osé. Pa
390
as de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’
il
ne juge un régime qui ôte à l’homme le courage d’être lui-même, et le
391
ts sont d’Ernest Ansermet, dans le grand livre où
il
démontre, en somme, qu’un athée ne peut pas faire de musique. Pas dav
392
cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’
il
nomme sa « phénoménologie de Dieu », qui est en même temps une théolo
393
e de Dieu », qui est en même temps une théologie,
il
a recours à une méthode philosophique héritée de Husserl à travers Sa
394
ique héritée de Husserl à travers Sartre (et dont
il
s’autorise d’ailleurs, pour réfuter l’athéisme de Sartre) mais aussi
395
xistence dans le monde », la question de savoir s’
il
existe, au sens courant et plat du terme, se trouve d’emblée vidée de
396
eu, en les ramenant du Dieu transcendant que seul
ils
s’étaient révélé jusqu’alors, au Dieu immanent qui s’annonce en leur
397
rendre ? C’est sans doute par rapport à Pascal qu’
il
serait le plus intéressant d’évaluer la théologie logarithmique de no
398
c2 dans la célèbre équation d’Einstein — voici qu’
il
est aussi, pour Ansermet, précisément le « Dieu sensible au cœur », s
399
aisi dans la conscience par l’affectivité, et par
elle
seule ! La musique, phénomène affectif conditionné par des structures
400
hysico-mathématiques, est inconcevable sans Dieu.
Elle
cesse donc d’être vraie musique chez ceux de nos contemporains qui on
401
pour la conscience musicale ». L’atonalité serait-
elle
la définition du péché, en termes de technique musicale ? Dans ce con
402
a musique est d’Europe, essentiellement, parce qu’
elle
est née, comme tous nos arts, sciences et techniques, de « la foi act
403
dans les revues d’avant-garde parisiennes : faut-
il
brûler Ernest Ansermet ? Nul doute que la Genève de Calvin l’eût accu
404
vin l’eût accusé de parler comme un athée, puisqu’
il
nie le Dieu personnel. Et toute une école d’aujourd’hui, pour des rai
405
issant. Les uns et les autres auraient tort. Nous
devons
à Ansermet une tentative unique d’adéquation de l’affectif au spiritu
406
an XXIII fut l’admirable promoteur. D’autre part,
elle
porte à l’extrême l’intériorisation des réalités de foi, qui fut le m
407
en mission et muni d’un passeport « de service »,
il
est rigoureusement exclu qu’il ait jeté son uniforme aux orties, c’es
408
rt « de service », il est rigoureusement exclu qu’
il
ait jeté son uniforme aux orties, c’est-à-dire déserté, peu de jours
409
ré, maître de soi, convaincu mais sans fanatisme,
il
n’est ni subversif, ni anarchiste, ni cryptocommuniste, ni contestata
410
sont les mêmes que ceux de sa vocation pastorale.
Ils
relèvent de sa fidélité à l’idéal chrétien. Ils sont une prise au sér
411
. Ils relèvent de sa fidélité à l’idéal chrétien.
Ils
sont une prise au sérieux des principes au nom desquels notre Confédé
412
m desquels notre Confédération s’est formée et qu’
elle
prétend défendre : le respect du prochain et de sa différence, la lib
413
ussi bien ou parfois mieux que nous. En tout cas,
il
n’y aurait pas lieu de se faire tuer pour si peu que de savoir qui ad
414
action dans la communauté, comment ne pas voir qu’
ils
sont au moins d’aussi bons Suisses que ceux qui, trop souvent, en tou
415
liberté, vous acquitterez René Bugnot. Ou plutôt,
il
faudrait l’acquitter, et peut-être le voudriez-vous mais je sais bien
416
, en saisissant l’occasion de dénoncer — parce qu’
elle
est scandaleuse et honteuse pour notre pays — l’absence de toute espè
417
rocès d’objecteur c’est, aujourd’hui, me semble-t-
il
, de hâter le temps où de tels exercices rejoindront dans l’Histoire l
418
aine, à travailler durant la journée à l’Hôpital.
Il
l’a également exclu de l’armée, suivant par là une récente jurisprude
419
ette qu’a déjà subie Bugnot une première fois. Et
il
ne pouvait en être autrement. Car si le juge n’est plus obligé d’aggr
420
n’est plus obligé d’aggraver la peine du fait qu’
il
n’est plus tenu compte de la récidive en matière d’objection de consc
421
la récidive en matière d’objection de conscience,
il
ne peut cependant guère envisager, à la seconde condamnation, une pei
422
sera nier [de] Denis de Rougemont les titres dont
il
se réclame pour parler de mission ou démission de la Suisse. Nul non
423
ster le témoignage de moralité et de caractère qu’
il
porte sur un homme dont il connaît personnellement la pensée et les m
424
ité et de caractère qu’il porte sur un homme dont
il
connaît personnellement la pensée et les mobiles. Il n’est pas diffic
425
connaît personnellement la pensée et les mobiles.
Il
n’est pas difficile, d’autre part, d’admettre que la prison, à titre
426
iénation sociale des objecteurs de conscience. Et
il
est facile de voir — voici un cas de plus — qu’elle tend au contraire
427
il est facile de voir — voici un cas de plus — qu’
elle
tend au contraire à éloigner de la solidarité nationale des hommes co
428
de l’objection, voire une sorte de manifeste. Or,
il
s’agit d’un simple témoignage rédigé à des fins précises, pour servir
429
énéral, et des objecteurs suisses en particulier,
il
m’eût fallu beaucoup de temps, beaucoup de place, et un minimum de pr
430
beaucoup de place, et un minimum de précautions.
Il
m’eût fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la
431
tre, et surtout dans le cas de la Suisse, pays où
il
est le plus difficile de défendre l’armée, le plus difficile de se di
432
teur est lâche, un mauvais citoyen qui trahit ses
devoirs
de solidarité. Quant à votre sous-titre « Tout ou rien », je ne le cr
433
Moscou ferait cela bien mieux que nous. Cela dit,
il
me reste à vous remercier d’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’at
434
tivée : c’est ce problème qui importe seul, et qu’
il
faut prendre soin de poser dans ses termes les plus authentiques. Veu
435
ernard Béguin y ajouta un commentaire dans lequel
il
nuançait les termes de ce qu’il considérait comme une alternative de
436
taire dans lequel il nuançait les termes de ce qu’
il
considérait comme une alternative de la part de Denis de Rougemont. C
437
elle ! » (30-31 août 1969)ag ah Pensez-vous qu’
il
existe une culture bourgeoise ? Le terme de « culture bourgeoise » a
438
rgement employé au cours des émeutes de mai 1968.
Il
n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il
439
de mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise.
Il
n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est l
440
s un seul représentant de l’art pompier, parce qu’
il
est au pouvoir, là-bas, depuis cinquante ans officiellement, Le pompi
441
gouvernements n’est pas toujours bourgeois, mais
il
est toujours gouvernemental, dans tous les pays. La bourgeoisie est u
442
uvoir dans la plupart des pays, mais ce n’est pas
elle
qui donne ce ton-là, puisque vous le retrouverez dans toutes les dict
443
étudiants « cassez l’Université », c’est absurde.
Il
me fait penser à ces grands-pères qui veulent se rendre populaires au
444
fants en leur conseillant de casser leurs jouets.
Il
faudrait plutôt leur dire de créer une nouvelle Université qui soit d
445
de la Grèce et de Rome qui continuent à vivre en
elles
. En deuxième lieu, la civilisation occidentale est la seule qui ait c
446
qui ait conquis le monde entier. Si on déclare qu’
elle
va mourir, cela revient à dire qu’il n’y aura plus de civilisation du
447
déclare qu’elle va mourir, cela revient à dire qu’
il
n’y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y
448
e n’en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-
il
que ce soit une civilisation vraiment différente, et qui ait de meill
449
ntesté. Lorsque les étudiants chinois protestent,
ils
le font à coup de mitrailleuses. Il y a probablement alors des centai
450
e ne crois pas du tout au succès des révolutions.
Il
n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti
451
. Il n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi.
Elles
ont toutes abouti à des tyrannies. Une révolution aboutit à une tyran
452
. Une révolution aboutit à une tyrannie, parce qu’
elle
manque de fondements doctrinaux, philosophiques, religieux acceptés e
453
rsonnel finit toujours mal. » Bon. Mais qu’en est-
il
du pouvoir impersonnel ? Le cas des quatre Républiques françaises qui
454
nnel. La quatrième a abouti à de Gaulle. Faudrait-
il
saluer le régime personnel, parce qu’il conduit à un régime impersonn
455
Faudrait-il saluer le régime personnel, parce qu’
il
conduit à un régime impersonnel ? Comment expliquez-vous l’apogée et
456
isation née en Europe recouvre la terre entière ;
elle
n’est pas à la merci des forces extérieures qui pourraient la détruir
457
es forces extérieures qui pourraient la détruire.
Elle
s’alimente par elle-même. Elle est devenue une force de production et
458
aient la détruire. Elle s’alimente par elle-même.
Elle
est devenue une force de production et d’autocritique extraordinaire.
459
is pas que l’homme devient esclave des machines ;
il
est esclave de certaines de ses tendances qui prennent les machines c
460
aravent. L’homme n’est pas esclave de sa voiture,
il
est esclave de sa vanité sociale par exemple. Dans un petit livre que
461
et. Si vous la laissez tranquille dans sa caisse,
elle
ne va pas en sortir toute seule. On nomme des comités pour contrôler
462
e “contrôle de la bombe” est une absurdité. Ce qu’
il
nous faut, c’est un contrôle de l’homme. » Les gens disent : « Nous s
463
aujourd’hui, les artistes ne fondent plus rien :
ils
réagissent aux mouvements affectifs passionnels, aux névroses et aux
464
nnels, aux névroses et aux psychoses de l’époque,
ils
sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en traduisent et rév
465
ils sont les ludions de l’inconscient collectif,
ils
en traduisent et révèlent les courants, mais n’agissent plus sur eux.
466
, de tenter d’agir sur l’époque dans la mesure où
elle
est guidée par des idées, des concepts, des angles de vision qu’on lu
467
aux esprits et aux sensibilités. Mais encore faut-
il
sentir l’époque si l’on veut essayer de l’influencer : et c’est à cel
468
période anarchique que traverse notre siècle a-t-
elle
été préparée ? Je vous dirais sans trop réfléchir : par le nationalis
469
personnelle. Je m’y tiens et l’époque fera ce qu’
elle
pourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société elle-mê
470
prétention d’apporter une conclusion définitive.
Il
s’agit avant tout de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l
471
t témoignage, mais par la valeur des principes qu’
elle
révèle et des questions qu’elle pose et qu’elle nous pose. Confrontée
472
des principes qu’elle révèle et des questions qu’
elle
pose et qu’elle nous pose. Confrontée au phénomène de la guerre, l’ob
473
u’elle révèle et des questions qu’elle pose et qu’
elle
nous pose. Confrontée au phénomène de la guerre, l’objection de consc
474
emps de paix. C’est dans ce cadre-là, d’abord, qu’
elle
doit être envisagée et discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’
475
de paix. C’est dans ce cadre-là, d’abord, qu’elle
doit
être envisagée et discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’on s’
476
on protestante, âgé de 20 à 26 ans, célibataire ;
il
est proportionnellement plus nombreux en Suisse romande. Si la notion
477
mment étendue à des motifs d’ordre philosophique,
elle
n’en puise pas moins ses racines dans des motivations chrétiennes. C’
478
dans des motivations chrétiennes. C’est donc par
elles
que la discussion doit commencer. Et là, deux religions se heurtent :
479
rétiennes. C’est donc par elles que la discussion
doit
commencer. Et là, deux religions se heurtent : la religion civique et
480
religion civique et la religion divine. Laquelle
doit
primer l’autre ? C’est la première question. Michel Barde. — Nous ex
481
hef l’objection de conscience religieuse. N’y a-t-
il
pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédérale stipu
482
eligieuse, s’affranchir de l’accomplissement d’un
devoir
civique ». Donc, le fondement juridique est clair : la Constitution n
483
l’objection de conscience pour raison religieuse.
Il
n’y a donc aucun conflit entre l’armée et l’objecteur de conscience,
484
onstitutionnelle et non pas antimilitariste. Cela
doit
être dit car la procédure qui conduit à la sanction peut faire croire
485
re qui conduit à la sanction peut faire croire qu’
il
s’agit uniquement d’une opposition d’intérêt entre l’armée et l’objec
486
on de l’objecteur est anticonstitutionnelle, mais
elle
peut s’appuyer sur le fait que la Constitution se réfère « Au Dieu To
487
s. Je pense que ce qui est important, c’est ce qu’
ils
demandent, ce qu’ils préconisent, et que leurs motivations personnell
488
i est important, c’est ce qu’ils demandent, ce qu’
ils
préconisent, et que leurs motivations personnelles peuvent être d’ord
489
veau au moyen d’une opposition au système actuel.
Il
choisit le moyen de la refuser d’une certaine manière, mais il s’y so
490
moyen de la refuser d’une certaine manière, mais
il
s’y soumet par une autre puisqu’il accepte le jugement des tribunaux
491
manière, mais il s’y soumet par une autre puisqu’
il
accepte le jugement des tribunaux (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas
492
ière. Michel Barde. — L’objecteur religieux n’est-
il
pas plus « intimiste » que l’objecteur humanitaire, attaché à renvers
493
5, qui dit que dans le cas d’un conflit entre les
devoirs
civiques et ce que l’on considère comme ses devoirs religieux, ce son
494
voirs civiques et ce que l’on considère comme ses
devoirs
religieux, ce sont les devoirs civiques qui l’emportent. Que veut dir
495
onsidère comme ses devoirs religieux, ce sont les
devoirs
civiques qui l’emportent. Que veut dire alors « Au nom du Dieu Tout-P
496
quée par la Révolution française et par Napoléon.
Il
ne faut pas nous raconter d’histoires, c’est la religion qui aboutit,
497
ans certains régimes, et très logiquement. Car là
il
n’y a plus aucun recours à une transcendance, à quelque chose qui soi
498
absolument pas chrétienne. Bernard Béguin. — Est-
elle
antichrétienne ? Denis de Rougemont. — En cas de conflit, oui. Dans l
499
ristianisme face à celui d’une collectivité, qui,
elle
, a jugé le christianisme compatible avec le service militaire du cito
500
citoyen est autorisé à les faire, ces lois, ou si
elles
lui sont dictées. Si elles ont été faites par la collectivité, et si
501
faire, ces lois, ou si elles lui sont dictées. Si
elles
ont été faites par la collectivité, et si elles sont amendables par e
502
i elles ont été faites par la collectivité, et si
elles
sont amendables par elle en tout temps. Christian Schaller. — Eh bien
503
la collectivité, et si elles sont amendables par
elle
en tout temps. Christian Schaller. — Eh bien ! L’objection de conscie
504
it. Ce n’est pas un anarchiste. Bernard Béguin. —
Il
peut être ferment d’anarchie. La désobéissance civique peut conduire
505
isme du citoyen qui se croit bon citoyen parce qu’
il
fait tout ce qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’anar
506
n récuse les lois d’une collectivité démocratique
il
ne crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’es
507
démocratique il ne crée pas une superdémocratie,
il
fait le lit de la dictature. C’est cela qui nous fait peur dans un mi
508
onscience vis-à-vis de l’armée. Bernard Béguin. —
Il
a été dit clairement que le conflit était plutôt avec la Constitution
509
t face à l’objecteur pour la première fois, quand
il
n’a même pas 20 ans, qu’il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionn
510
a première fois, quand il n’a même pas 20 ans, qu’
il
n’est même pas citoyen ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Nous avons
511
s l’avons en fait. L’objecteur peut accomplir ses
devoirs
civiques sans s’opposer à sa propre conscience. Pour les autres, l’of
512
ent cherche encore une fois à les convaincre puis
il
les incorpore ; s’ils persistent dans leur refus de servir, ils arriv
513
e fois à les convaincre puis il les incorpore ; s’
ils
persistent dans leur refus de servir, ils arrivent devant les tribuna
514
ore ; s’ils persistent dans leur refus de servir,
ils
arrivent devant les tribunaux militaires. Bernard Béguin. — Colonel V
515
lonel Vaucher, comment la justice militaire prend-
elle
ce problème : défi constitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’il s’agi
516
: défi constitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’
il
s’agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore sold
517
de 18 ans peut obtenir un sursis… Michel Barde. —
Il
y en a qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficie
518
qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux.
Ils
bénéficient de leur jeune âge, dans l’examen des circonstances atténu
519
. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Je croyais qu’
il
pouvait attendre jusqu’à sa majorité. Colonel Vaucher. — Non, non. Co
520
sements hospitaliers. Bernard Béguin. — Mais sont-
ils
logés dans des prisons militaires ? Colonel Vaucher. — Non. À Genève,
521
ucher. — Non. À Genève, ce sera Saint-Antoine, et
ils
travailleront à l’hôpital cantonal. Bernard Béguin. — Cela veut dire,
522
sur les conditions de détention. Michel Barde. —
Il
est évident que l’on ne peut éviter toute promiscuité, mais les objec
523
r. Je les considère tous comme des honnêtes gens.
Ils
viennent devant nous pour des fautes de discipline. Condamnés comm
524
Vous pouvez le considérer comme arbitraire, mais
il
existe. Et d’autre part nous avons une Constitution qui définit des o
525
re des objecteurs de conscience. Quant au sursis,
ils
ne peuvent en bénéficier, sauf s’ils déclarent être disposés à l’aven
526
t au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf s’
ils
déclarent être disposés à l’avenir à faire leur service. L’article 32
527
elques tribunaux militaires ont essayé de dire qu’
ils
n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléch
528
is l’espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’
il
se présenterait au service militaire. Ces jugements ont été cassés pa
529
lé. Bernard Béguin. — Ces atténuations, est-ce qu’
elles
sont venues d’un malaise, d’un sentiment public que la répression éta
530
L’intention subjective de faire défaut au service
doit
être aussi réalisée. Denis de Rougemont. — Je ne suis pas du tout obj
531
étudiants pour qui j’avais de l’estime, parce qu’
il
avait déjà été condamné une fois, et que les choses semblaient se pré
532
hoses semblaient se présenter de telle manière qu’
il
serait certainement condamné une seconde fois à la même peine ou à un
533
à la même peine ou à une peine plus forte, puisqu’
il
ne changerait certainement pas son fusil d’épaule — après avoir refus
534
e que le personnage était un hérétique. Après ça,
il
n’y avait plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un p
535
e, uniquement parce qu’on a enregistré le fait qu’
il
était objecteur. On tient compte des circonstances atténuantes
536
icie de circonstances atténuantes ou exculpantes,
il
sera — tout comme un meurtrier devant un tribunal pénal — très peu co
537
résente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’
il
est totalement irresponsable. Un objecteur totalement irresponsable s
538
nstance atténuante ou exculpante dans ce sens-là.
Ils
ne plaidaient eux-mêmes aucune circonstance pouvant conduire à un acq
539
ant conduire à un acquittement. Bernard Béguin. —
Ils
plaident coupables, ils cherchent la condamnation. Denis de Rougemont
540
tement. Bernard Béguin. — Ils plaident coupables,
ils
cherchent la condamnation. Denis de Rougemont. — Comme les hérétiques
541
M. Schaller va me répondre parce que j’ai dit qu’
il
cherchait la condamnation. Christian Schaller. — Je voudrais répondre
542
tre part que l’objecteur cherche sa condamnation.
Il
accepte la loi. (Il pourrait s’y soustraire en se faisant réformer.)
543
teur cherche sa condamnation. Il accepte la loi. (
Il
pourrait s’y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans se soustra
544
ous ne condamnons pas perpétuellement. Autrefois,
il
arrivait que l’on prononce trois condamnations. C’était trop. Mainten
545
. Les civils sont souvent absolument intolérants.
Ils
n’ont absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemm
546
nt absolument pas la compréhension que vous avez.
Ils
sont violemment contre : « Ce sont des lavettes, ce sont des lâches,
547
rtaines causes à d’autres instances, eh bien ! qu’
il
le fasse. Bernard Béguin. — Colonel divisionnaire Dénéréaz, vous comm
548
anisée. Vous êtes officier de carrière. Est-ce qu’
il
ne serait pas plus simple, pour vous, d’admettre un service civil ? E
549
militaire ne juge pas l’objecteur de conscience.
Il
juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’il est objecteur. C
550
juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’
il
est objecteur. Ce n’est pas la même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne
551
s quelqu’un qui trouve que l’armée est mal faite.
Il
veut manifester contre la guerre. C’est un problème formidable qui es
552
s que l’objection n’est pas de l’antimilitarisme,
il
faut bien voir que si l’on hésite à créer un statut de l’objecteur, c
553
tut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’
il
vise l’appareil qui défendra les institutions. Ce que l’objecteur nou
554
tions. Ce que l’objecteur nous explique mal quand
il
veut lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’il s’attaque en mêm
555
veut lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’
il
s’attaque en même temps à un appareil militaire dont les obligations
556
t milice incompatibles ? Christian Schaller. —
Il
ne faut pas confondre objection et non-violence, comme il ne faut pas
557
ut pas confondre objection et non-violence, comme
il
ne faut pas confondre soldat et militarisme. Mais si l’on discute l’e
558
si l’on discute l’efficacité de la non-violence,
il
faut aussi discuter l’efficacité, dans notre monde actuel, de notre s
559
ive. Je pense que notre système militaire, tel qu’
il
est maintenant, avec l’armée que nous avons, est certainement un élém
560
e la guerre. S’il y avait eu un vide stratégique,
il
est fort possible que nous aurions été attaqués. Pour citer le dernie
561
, certainement. Colonel divisionnaire Dénéréaz. —
Il
n’est pas dit que la bombe atomique intervienne dans les combats. Je
562
s, et de mauvais chrétiens qui portent les armes.
Il
faut faire très attention quand on aborde ce problème, en dépit de to
563
D’ailleurs, vous savez qu’en France un objecteur
doit
se déclarer comme tel au recrutement, et qu’il ne peut assumer par la
564
doit se déclarer comme tel au recrutement, et qu’
il
ne peut assumer par la suite aucune charge d’État… Christian Schaller
565
général Guisan l’a magnifiquement exprimé, quand
il
a dit : « Objecteurs de conscience ? oui, mais pas en Suisse. Pour qu
566
Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire, s’
il
existait un service civil, nous n’aurions plus un certain nombre d’ob
567
es pourraient assurer cette défense. Mais même si
elle
le pouvait elle présenterait l’immense inconvénient d’être un noyau d
568
surer cette défense. Mais même si elle le pouvait
elle
présenterait l’immense inconvénient d’être un noyau de militarisme, e
569
oup de nos concitoyens font leur service parce qu’
ils
y sont obligés. D’autre part, un service civil serait sans doute plus
570
défense suisse nous a épargné d’être hitlérisés.
Il
n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’a
571
j’ai changé d’avis à cause de la bombe atomique.
Il
n’y a aucune espèce de valeur humaine qui vaille les destructions phy
572
pense, pour ma part, que si la neutralité suisse
doit
s’accompagner de la solidarité, il faut savoir lequel des termes on v
573
alité suisse doit s’accompagner de la solidarité,
il
faut savoir lequel des termes on va toujours préférer. Or l’on consta
574
de la survie ne passent plus par nos frontières.
Elles
passent par tous les coins du monde. Nous ne pouvons pas simplement d
575
Je me demande si cette situation ne crée pas des
devoirs
particuliers aux Suisses dans la prise en considération et au sérieux
576
on et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’
il
se présente aujourd’hui. Je me demande si on peut toujours se référer
577
neutralité comme à une espèce de privilège, et s’
il
ne faut pas dire aussi : Neutralité oblige, allez plus loin. Tout ce
578
en faveur des objecteurs de conscience, c’est qu’
ils
posent cette question d’une manière dramatique, et qu’ils forcent le
579
nt cette question d’une manière dramatique, et qu’
ils
forcent le public à se poser des questions auxquelles je ne prétends
580
re, mais qui me paraissent tellement graves qu’on
doit
reconnaître une fonction civique irremplaçable aux objecteurs de cons
581
pe » (3-4 mars 1973)aj ak Pourquoi l’amour est-
il
devenu l’une des préoccupations majeures de votre pensée ? Pourquoi j
582
et tous mes ouvrages politiques et polémiques, où
il
n’est, hélas, nullement question d’amour… Je sais bien — mais je suis
583
. Si le second ne renie pas le premier, toutefois
il
le rectifie. Comment expliquez-vous cette mutation ? Dans L’Amour et
584
Comme toi-même , je cherche les complémentarités.
Il
n’y a pas mutation, mais maturation. J’ai voulu faireal, par des exem
585
rouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’
il
est vrai que la passion cherche l’inaccessible, et que l’autre en tan
586
ère le mieux défendu, Éros et Agapè ne pourraient-
ils
pas nouer une alliance paradoxale, au sein même du mariage accepté ?
587
ion de l’autre. Certains vont jusqu’à penser qu’«
il
faut guérir l’Occident de sa maladie monogamique ». De l’unicité, l’a
588
ant « la mort de la famille » dont on parle tant,
il
s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met
589
accrue. » Me voici dépassé, mais dans mon sens !
Il
reste que l’amour-passion est une maladie de l’amour comme la drogue
590
développé vos propres thèses sur l’Europe. Y a-t-
il
un lien entre ces deux pôles d’attraction que sont pour vous l’amour
591
ue la passion transposée au niveau collectif. Or,
il
n’y a de révolution qu’européenne, c’est-à-dire chrétienne à sa sourc
592
n à venir. Comment à votre avis celle-ci pourrait-
elle
s’opérer ? Peut-être ai-je répondu à cette question, sur le fond, dan
593
semble et en même temps vers la personne. » Y’a-t-
il
un rapport entre cette « révolution » et votre pamphlet de jeunesse,
594
écrit de jeunesse que je renie d’autant moins qu’
il
a gardé la vertu réjouissante d’exaspérer ceux qui aujourd’hui encore
595
vrages anciens, augmentés de préfaces inédites et
il
a fait paraître plusieurs inédits. Ces ouvrages, et d’autres, ont été
596
s voisines voient leurs relations d’échanges avec
elle
brimées, ralenties, pénalisées ou bloquées par un cordon douanier qui
597
et Lausanne, Grenoble, Lyon et Genève au centre.
Elle
comprend seize établissements d’enseignement supérieur, densité tout
598
squels des liens spéciaux pourraient s’instituer.
Il
ne s’agit pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon —
599
ion ceux des trop petites dimensions économiques.
Il
s’agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie m
600
re-gadget, voiture polluante, voiture-ras-le-bol,
elle
est tout cela à la fois. Mais n’être qu’utilitaire et discrète, elle
601
à la fois. Mais n’être qu’utilitaire et discrète,
elle
n’y parvient plus. « C’est devenu une véritable guerre de religion »,
602
toute évidence, que l’on y soit favorable ou non,
il
faut reconnaître que la voiture a très largement débordé le cadre soc
603
de venir à notre rédaction débattre du sujet, qu’
elles
connaissent toutes pour l’avoir étudié à fond, bien que sous des angl
604
tout dernier livre, L’Avenir est notre affaire ,
il
lui a consacré un chapitre intitulé : « Première histoire de fous : l
605
n farouche partisan. Sur le plan social, parce qu’
il
estime qu’elle nous rapproche les uns des autres, sur le plan économi
606
rtisan. Sur le plan social, parce qu’il estime qu’
elle
nous rapproche les uns des autres, sur le plan économique, parce qu’e
607
uns des autres, sur le plan économique, parce qu’
elle
dispense un travail à des millions de gens. Jean Kräyenbühl est notre
608
Genève. Avant d’être pour ou contre l’automobile,
il
a l’immense responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le dével
609
rticipé en 1976 à l’organisation de l’Anti-Salon.
Il
est un membre actif de la campagne pour l’aménagement de pistes cycla
610
es cyclables à Genève. En tant que futur médecin,
il
s’est bien sûr penché plus particulièrement sur les effets de la poll
611
départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait-
elle
connu l’expansion qui est la sienne depuis bientôt 100 ans ? Denis de
612
eloppement du national-socialisme. Et j’espère qu’
il
n’y en aura pas une troisième qui serait celle des centrales nucléair
613
du siècle, tout le monde me mettait en garde, car
il
n’y avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouva
614
nfantin. Cela a très bien marché. Ensuite de quoi
il
a mis sur pied une fantastique publicité, d’ailleurs avec beaucoup de
615
ne des premières brochures publicitaires de Ford,
il
est dit : « L’auto peut vous conduire n’importe où il vous plaira d’a
616
st dit : « L’auto peut vous conduire n’importe où
il
vous plaira d’aller, pour vous reposer le cerveau par de longues prom
617
a vendu que cent ou deux cents voitures. En 1909,
il
en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 par jour. A
618
par an. Ford est mort dans une petite auberge qu’
il
avait achetée pour jouer avec ses petits enfants. Il avait obtenu du
619
avait achetée pour jouer avec ses petits enfants.
Il
avait obtenu du gouverneur de l’État l’interdiction absolue pour les
620
res de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui.
Il
avait en fait complètement changé d’avis. Hubert de Senarclens : On v
621
a voiture est un besoin créé de toute pièce et qu’
elle
est répugnante, il aurait une réaction assez vive. François Peyrot :
622
in créé de toute pièce et qu’elle est répugnante,
il
aurait une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’inve
623
aurait une réaction assez vive. François Peyrot :
Il
n’y a pas d’invention au monde qui n’ait été faite sans un besoin et
624
te quel industriel vous le confirmera — que là où
il
n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une
625
le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin,
il
n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle fondamentale de no
626
que le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’
il
l’avait créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les financiers
627
ue Ford a surtout exprimé un sentiment personnel.
Il
aura peut-être perçu, déjà à cette époque le danger que pouvait appor
628
oque le danger que pouvait apporter l’automobile.
Il
aura donc fait cette déclaration dans un moment d’angoisse tel que d’
629
terprétation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’
il
n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était
630
ment lorsque vous habitez la campagne et que vous
devez
vous rendre en ville pour travailler. Mais aussi sur le plan des lois
631
ndant. » Mais rien n’est plus faux. En auto, vous
devez
respecter des horaires au même titre que si vous preniez le train. Vo
632
Denis de Rougemont : Vous dites, M. Peyrot, là où
il
n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un
633
ous dites, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin,
il
n’y a pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas d
634
té absolue. M. Ford n’a pas inventé l’automobile.
Il
a été le pionnier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Ta
635
ui ont fait à peu près soixante voitures en tout…
Il
n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de
636
it presque pas plus de voitures que d’inventeurs.
Il
a été de toute évidence le créateur de l’industrie automobile. II
637
tant le développement effréné de la voiture n’a-t-
il
pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François Peyr
638
a voiture permet un déplacement de porte à porte.
Elle
donne une liberté de mouvement qu’aucun autre mode de transport ne pe
639
de plaisir, de tourisme, de culture même. Grâce à
elle
les gens partent à l’aventure et découvrent toute une quantité de cho
640
ent toute une quantité de choses merveilleuses qu’
ils
auraient de la peine à découvrir autrement, à pied ou à vélo. Vous de
641
a pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’
elle
les a réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles a
642
porte aussi des inconvénients. Un autre aspect qu’
il
faut souligner c’est la voiture signe de la civilisation industrielle
643
ant en Occident par rapport à l’Union soviétique,
il
n’y a aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % au
644
oviétiques pourront aussi se déplacer en voiture,
ils
n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d’habi
645
conduite sur nos routes ? François Peyrot : Mais
il
faut faire un bilan ! C’est clair que l’on peut mentionner des avanta
646
ir si le bilan est positif ou négatif. À mon avis
il
est immensément positif, c’est tout ! Denis de Rougemont : Permettez-
647
-moi de signaler quelques-uns des côtés négatifs.
Il
ne s’agit nullement — comme on voudrait nous le faire croire dans cer
648
voilà, Henry Ford ne s’est pas posé la question.
Il
ne s’est jamais demandé ce qu’il adviendrait si au lieu de vendre cen
649
osé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’
il
adviendrait si au lieu de vendre cent ou deux cents véhicules par an,
650
eu de vendre cent ou deux cents véhicules par an,
il
en vendrait des millions. Il ne s’est jamais interrogé sur les conséq
651
ts véhicules par an, il en vendrait des millions.
Il
ne s’est jamais interrogé sur les conséquences au niveau social, écon
652
ctive. J’ai omis de vous dire à propos de Ford qu’
il
avait douze ans, lorsqu’il a rencontré sa première locomotive routièr
653
re à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’
il
a rencontré sa première locomotive routière à vapeur. Cela a été pour
654
rasser de tout et de ne connaître aucune entrave.
Il
opposait la voiture au chemin de fer qui lui est réglé et n’offre auc
655
e ce fantasme, qu’est-ce que cela a donné ? Quand
il
disait à ses ouvriers : « achetez des voitures, cela vous rendra libr
656
leurs voitures rejettent le 87 % de l’énergie qu’
elles
consomment. Illich a calculé que la vitesse moyenne des automobiles d
657
teillages sans fin. Jean Kräyenbühl : Je pense qu’
il
faudrait davantage analyser le comportement de la population et des i
658
s. Pourquoi ne retenir que le cas de la voiture ?
Il
faut prendre en considération l’individu et voir les conséquences de
659
ement sur l’urbanisme. Au niveau du comportement,
il
faut reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de la voiture un usa
660
de leur voiture comme d’un instrument de travail.
Ils
ont été s’installer à la campagne et s’en servent pour venir travaill
661
ne civilisation où la voiture et très importante.
Il
faut faire façon d’elle. Ce qui me choque c’est qu’on veut absolument
662
voiture et très importante. Il faut faire façon d’
elle
. Ce qui me choque c’est qu’on veut absolument la charger de tous les
663
bsolument la charger de tous les péchés du monde.
Il
faut revenir à une saine interprétation des choses. Nul doute que l’e
664
réalité si je suis pour ou contre la voiture, je
dois
convenir que c’est de la rigolade. Cela n’a plus aucune importance. J
665
on aussi grave en demandant simplement aux gens s’
ils
sont pour ou contre. Les PDG de l’industrie automobile française réun
666
l’arbitre entre des intérêts souvent divergents.
Il
doit veiller à ce qu’il y ait un certain équilibre entre les activité
667
arbitre entre des intérêts souvent divergents. Il
doit
veiller à ce qu’il y ait un certain équilibre entre les activités des
668
aque année, le nombre de voitures augmente ; donc
il
faut construire davantage de routes et d’autoroutes. Ce qui nous fait
669
qui nous fait déboucher sur un cercle vicieux qu’
il
nous faut briser. François Peyrot : Comprenez-moi bien, je ne suis pa
670
constitutionnelle. Mais je suis contre le but qu’
elle
vise. Denis de Rougemont : Je suis bien obligé de reconnaître que les
671
représentent une atteinte aux droits individuels.
Elles
sont par ailleurs aussi de plus en plus brutales. Elles se font au no
672
sont par ailleurs aussi de plus en plus brutales.
Elles
se font au nom de la raison d’État. Pensez aux expropriations que l’o
673
ns officielles, à cause des centrales nucléaires.
Il
n’est plus question de demander l’avis de qui que ce soit. Nous le fe
674
s communes. Les trois communes autour du Gothard.
Il
s’agissait de communes et non pas de corps constitués. Car ces dernie
675
outes a été soumise à un délai référendaire. Mais
il
n’y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 fé
676
ple suisse donne raison le 26 février à M. Weber,
il
aura obtenu son changement et plus personne ne discutera. Je n’ai jam
677
cations des milieux écologiques consiste à dire :
il
faut délester les zones d’habitation d’un trafic trop intense, en par
678
. Seulement pour en revenir à l’initiative Weber,
elle
ne demande rien d’impossible. Elle demande simplement que le peuple p
679
tiative Weber, elle ne demande rien d’impossible.
Elle
demande simplement que le peuple puisse se prononcer. François Peyrot
680
de Rougemont : Vous savez bien pourquoi au départ
il
avait demandé cela. C’est pour obliger les gens à faire attention ava
681
beaucoup trop de choses en camion, alors que l’on
devrait
davantage utiliser le chemin de fer. Il n’y a aucune raison pour tout
682
l’on devrait davantage utiliser le chemin de fer.
Il
n’y a aucune raison pour tout mettre sur les routes. Et d’un point de
683
si le fédéral s’obstine, un recours démocratique
doit
être possible. Hubert de Senarclens : Des récentes études ont montré
684
t habiter loin du centre, à la campagne, parce qu’
ils
disposent d’un véhicule. Cette tendance a considérablement modifié le
685
s été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl :
Il
semble qu’il y ait une sorte de schizophrénie dans la population. Tou
686
on. Tout le monde semble d’accord sur le rôle que
doivent
jouer les transports en commun, notamment dans les zones densément pe
687
ans les zones densément peuplées où la voiture ne
devrait
plus être qu’un appoint. Mais lorsque l’on passe aux actes, plus pers
688
pulaires ». Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’
il
ne faille pas lutter par une meilleure information. François Peyrot :
689
achats, acceptera de s’extraire de sa voiture qu’
il
aura laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de plus en
690
la ville de Paris sont consacrés à la voiture. Et
il
ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été sacrifi
691
ntifique, arts et santé publique. Je veux bien qu’
il
mentionne Paris et non pas Genève où les choses se déroulent autremen
692
seulement professeur au Collège de France mais qu’
il
s’occupe chaque année du budget de la nation. François Peyrot : On am
693
villes qui n’étaient pas faites pour la recevoir.
Il
en résulte, c’est clair, des problèmes presque insolubles. Je suis d’
694
monstruosité. À propos des quais de la Seine : «
Il
est temps que Paris s’adapte à l’automobile ». François Peyrot : C’es
695
Peyrot : C’est en effet une erreur, car une ville
doit
s’adapter, tout en gardant ce qu’elle a d’authentique et qui doit abs
696
r une ville doit s’adapter, tout en gardant ce qu’
elle
a d’authentique et qui doit absolument être préservé IV Hubert
697
tout en gardant ce qu’elle a d’authentique et qui
doit
absolument être préservé IV Hubert de Senarclens : Il existe u
698
nt être préservé IV Hubert de Senarclens :
Il
existe un chiffre assez « intimidant » à propos de l’industrie automo
699
sur la voiture — qu’on le veuille ou non — n’est-
elle
pas neutralisée par cette réalité économique ? François Peyrot : En e
700
r une usine d’automobiles, vous aurez constaté qu’
elle
dépend d’un nombre considérable de sous-traitants qui eux-mêmes sont
701
strie est un tout et dans le cas de l’automobile,
elle
débouche sur une quantité d’emplois. Rien que pour la Suisse — qui po
702
é des gens, en Occident, vit aujourd’hui mieux qu’
il
n’y a un ou deux siècles. Moi ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans
703
és. Lorsque votre voiture va sortir de son usine,
il
ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer. Il y a par le monde plus
704
va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’
elle
risque de tuer. Il y a par le monde plus de 200 000 personnes qui meu
705
actuellement, sur le plan strictement économique,
il
serait très difficile de s’arrêter de produire des voitures. Mais ne
706
s qui au lieu de durer cinq ans, si tout va bien,
durent
vingt ou trente ans ? Je trouve personnellement scandaleux — c’est un
707
t un pur gaspillage — de voir ces voitures qui ne
durent
pas et auxquelles l’on doit continuellement changer des pièces. Denis
708
ces voitures qui ne durent pas et auxquelles l’on
doit
continuellement changer des pièces. Denis de Rougemont : En ce qui co
709
mont : En ce qui concerne l’économie, je pense qu’
il
faut rester humain. Il y a des limites qui commencent à être atteinte
710
automobile à cette affaire d’emploi. Mais n’y a-t-
il
vraiment pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est-on véritablem
711
a construction d’autoroutes. Pour les autoroutes,
il
est clairement établi que loin de résoudre le problème du trafic, ell
712
tabli que loin de résoudre le problème du trafic,
elles
tendent à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on vous conseill
713
ont bloquées. Hubert de Senarclens : La pollution
due
à la voiture serait responsable de graves méfaits sur notre santé : p
714
er par les hydrocarbures, trouble du comportement
dû
au plomb, danger de l’oxyde d’azote pour les poumons, hausse des mala
715
z nous, par des milieux médicaux marginaux. Alors
doit
-on parler de « conspiration du silence » de la part de la grande majo
716
la grande majorité des médecins ou ces faits sont-
ils
fortement exagérés ? Jacob Roffler : Je ne pense pas que l’on puisse
717
art en ce qui concerne les accidents, je pense qu’
il
ne faut pas prendre uniquement en considération le choc ou la blessur
718
ction s’impose. C’est l’aspect de la criminalité.
Il
est évident que nos outils ne sont jamais responsables de nos crimes.
719
e apparaît lorsque vous donnez aux hommes tels qu’
ils
sont — finalement assez dangereux et bêtes — des jouets comme la bomb
720
même en les baratinant, vous n’obtiendrez pas qu’
ils
restent « gentils ». Cela me rappelle ce que l’on dit aux États auxqu
721
entrales : « Surtout ne faites pas de mal avec ».
Ils
le jurent tous. Ils paient 6 milliards pour une usine de retraitement
722
ne faites pas de mal avec ». Ils le jurent tous.
Ils
paient 6 milliards pour une usine de retraitement, mais ils ne vont j
723
6 milliards pour une usine de retraitement, mais
ils
ne vont jamais l’utiliser… François Peyrot : Personne ne discute le f
724
er : Mais alors pourquoi le Conseil fédéral prend-
il
des mesures pour réduire le taux de plomb ? François Peyrot : La régl
725
suisse a écarté l’initiative Albatros. Par contre
il
a fait confiance aux dispositions du Conseil fédéral. Alors attendons
726
Les journalistes sportifs ? On dirait qu’
ils
aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans ma jeunesse, j’
727
nt dans ce rôle, c’était le moment de crise où je
devais
intervenir ; cet instant presque lyrique, d’une gravité extrême. Curi
728
de, une semaine à peine après que je l’aie écrit.
Il
s’intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jésuites » et
729
n train de bloquer un ballon. Au dos de celle-ci,
il
avait écrit de sa grande écriture, impériale. « À Denis de Rougemont,
730
bert Camus avec qui j’ai beaucoup parlé football.
Il
jouait, lui aussi, au poste de gardien de but dans une équipe. Nous é
731
iens de but. C’est tout de même étonnant. Si vous
deviez
définir le rôle du sport… Je crois que le sport doit être pour l’indi
732
z définir le rôle du sport… Je crois que le sport
doit
être pour l’individu une sorte de morale ; celle de la tolérance, du
733
entre la performance de l’athlète et le pays d’où
il
vient. Certains tirent des parallèles entre les JO de Berlin de 1936
734
nt eu le plus grand tort de participer aux JO. Si
elles
avaient refusé d’y aller tout en exprimant clairement leurs raisons,
735
n exprimant clairement leurs raisons, à savoir qu’
elles
ne voulaient pas servir la publicité d’un régime scandaleux, la guerr
736
it de supprimer les hymnes et les drapeaux serait-
il
selon vous suffisant pour sauver les JO ? Non. Il faut repartir sur u
737
il selon vous suffisant pour sauver les JO ? Non.
Il
faut repartir sur un autre pied, rédiger une charte olympique totalem
738
e mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’
il
n’est plus question de sport mais de délire nationaliste. Et la press
739
telles que « Tartampion ne fait pas de quartier,
il
écrase ses adversaires, dicte sa loi », un peu comme si les grands sp
740
ts, l’agressivité peuvent se déchaîner. Ne serait-
il
donc pas temps de revenir à une vraie morale du sport telle que je l’
741
tretien] Les journalistes sportifs ? On dirait qu’
ils
aiment les tyrans », Journal de Genève, Genève, 31 mai–1 juin 1980, p
742
et l’Occident demeure sans doute le plus célèbre,
il
a médité sur les thèmes essentiels de notre temps. Mais, aussi surpre
743
t, à son sens, un genre pleinement littéraire, et
il
retraça les origines à la fois historiques et spirituelles de son eng
744
ndation Schiller Suisse — choix longuement mûri s’
il
en fut, puisqu’il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tous
745
uisse — choix longuement mûri s’il en fut, puisqu’
il
ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tous les vingt ans en m
746
tous les vingt ans en moyenne — je vous dirai qu’
il
me rassure au moins autant qu’il m’honore. Il distingue en effet un «
747
je vous dirai qu’il me rassure au moins autant qu’
il
m’honore. Il distingue en effet un « essayiste », c’est-à-dire une es
748
qu’il me rassure au moins autant qu’il m’honore.
Il
distingue en effet un « essayiste », c’est-à-dire une espèce d’écriva
749
poèmes, ni même une seule pièce de théâtre. Fait-
il
vraiment partie de la littérature ? Tel est le doute qu’en me donnant
750
mais sur les problèmes de ce temps, face auxquels
il
prend position, ou comme on le dit, dès ce temps-là, « s’engage ».
751
ols : « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais
il
se perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes
752
’expliquer là-dessus, m’en fait même peut-être un
devoir
. Tout s’est joué entre 1930 et 1940 J’oserai donc aborder sans
753
oup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-
il
tant d’Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horribile dictu,
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e dictu, de pacifisme ? Je passe donc aux aveux :
ils
ne seront pas complets, faute de temps, mais candides. Deux séries de
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ute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.
Ils
allaient lancer des revues comme Esprit , L’Ordre nouveau et Hic
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ien, pour les raisons tout intérieures auxquelles
il
est temps que je vienne. Kierkegaard et Karl Barth Vers ma ving
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e Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote qu’
il
décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèl
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me coup, et le modèle de cité idéale que Rousseau
devait
reprendre en l’appliquant aux citoyens de Genève réunis dans la cathé
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là pour la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’
elle
a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ?
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séquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-
elles
« perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon action eur