1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 s désillusionnés — nous annoncent le « crépuscule du monde occidental », et, au-dessus des ruines prochaines de nos cités
2 ants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide du secret dernier des choses, lucide, avec une sorte d’acharnement, comm
3 ofond dans cet islam qu’il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attra
4 « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mette
5 sme, partout c’est une démission qu’ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont
6 e comprendre, et si c’est impossible, pourra-t-on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malgré l’«
7 e j’aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance moins actuelle, mais d’une qualité d’art peu
8 hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop méfiant de tout romantisme pour édi
9 tir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude
10 un peu stylisées. Il apparaît, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d’être séduit que pour « mieux co
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
11 ue 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement amarrée à Pest par quatre énormes ponts de fe
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
12 stoire dont le personnage principal est « la main du Seigneur », ou encore « l’insondable Providence » mise en action au g
13 it bien, comme le croyaient les écrivains anglais du xixe — en conséquence de quoi les romans des « païens », d’un Thomas
14 ianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas du christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un roman pessi
15 es, si l’on veut être à même d’y voir les touches du surnaturel. Si les scandales du temps vous laissent quelque loisir po
16 voir les touches du surnaturel. Si les scandales du temps vous laissent quelque loisir pour vous occuper de vous-mêmes et
17 xistences bien plus proches de la nôtre que celle du passant qu’on coudoie. Moins d’art peut-être, je veux dire moins d’ap
18 ion. (C’est un des grands pouvoirs des romanciers du Nord, que d’introduire la durée d’une vie comme protagoniste du drame
19 ’introduire la durée d’une vie comme protagoniste du drame.) Des fragments émouvants du journal de Sara commentent et ryth
20 e protagoniste du drame.) Des fragments émouvants du journal de Sara commentent et rythment le déroulement de cette légend
21 tidienne. Il y eut une école littéraire, à la fin du siècle dernier, pour soutenir que la réalité c’est le terne train-tra
22 jouterons-nous. À chacun sa réalité : elle dépend du regard qu’on porte sur les choses. Le regard « réaliste » de Hildur D
23 r Dixelius von Aster : Sara Alelia, roman traduit du suédois par Anne-Marie des Courtis. Éditions « Je sers », Paris. c.
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
24 arxistes, qui soutinrent si longtemps la primauté du matériel cette subite conversion à la cause de l’esprit ? N’allons pa
25 imagine un auteur à succès choyé par les « femmes du monde », hommes de toutes les fortunes et bonnes fortunes, et travers
26 ues faits qui peuvent donner une idée assez juste du sort réel de l’écrivain. Parmi ses confrères académiciens, disait-il,
27 rivain ne touche sur les livres que dix pour cent du produit de la vente. Supposez une vente normale de trois à six-mille
28 faste : les livres ne payant pas, il faudra faire du journalisme et courir les rédactions, improviser… Or les nécessités d
29 rir les rédactions, improviser… Or les nécessités du journalisme ne sont pas celles de la littérature pure, et nombre d’éc
30 inhabiles. On retombe d’ailleurs ici dans le cas du second métier, aggravé sans doute du fait qu’il s’agit encore d’écrir
31 dans le cas du second métier, aggravé sans doute du fait qu’il s’agit encore d’écrire, mais dans un style qui ne saurait
32 ire, mais dans un style qui ne saurait être celui du poète ou du philosophe, par exemple. Ce qui ne va pas sans risques gr
33 ns un style qui ne saurait être celui du poète ou du philosophe, par exemple. Ce qui ne va pas sans risques graves, pour l
34 i suffirait à expliquer que les meilleures œuvres du temps soient des cris de protestation, souvent très maladroits, et pl
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
35 is dans mon premier article, a notablement empiré du fait de la crise générale. Et cela pour des raisons d’ordre technique
36 ient obligés de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils renoncent à former ces goûts. Ils se contentent de les fl
37 démasquent un autre aspect de la question : celui du contrat d’édition. Depuis la crise, plusieurs éditeurs ont eu recours
38 n l’imagine.) On escompte ainsi les succès futurs du débutant, dont les premiers ouvrages seront sans doute déficitaires,
39 enue après bien des années, pour leurs sacrifices du début… Cette polémique fait apparaître assez clairement que la situat
40 st tout le problème des rapports de l’écrivain et du public, ou même de la culture et de la nation, qui se pose enfin dans
41 grandes masses pour la lecture ? Est-ce la faute du public, ou bien des écrivains ? Et avant d’y porter remède, ne convie
42 -il pas de s’interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas seulement matérielles. Je crois au contrair
43 problème apparemment secondaire de l’édition, et du sort matériel des écrivains, ne peut laisser indifférente notre consc
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
44 u’un Zola atteignent rapidement la masse profonde du peuple, nous voyons aujourd’hui ce même peuple se contenter du roman
45 us voyons aujourd’hui ce même peuple se contenter du roman policier ou de quelques pornographies situées dans un grand mon
46 u’au premier) la lecture, aujourd’hui, n’est plus du tout ce qu’elle était au siècle passé pour des millions de personnes
47 iture, un exercice de l’âme, de l’intelligence et du cœur. Dès lors, les efforts très louables que tentent les éditeurs, o
48 pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’oreille du peuple. Mais cela suppose une véritable révolution dans les valeurs q
49 s l’espoir d’attirer l’attention de ceux qui sont du côté du public sur l’importance civique de ces problèmes. On ne manqu
50 ir d’attirer l’attention de ceux qui sont du côté du public sur l’importance civique de ces problèmes. On ne manquera pas
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
51 n vérité, rien n’est plus actuel que le phénomène du rêve, je dirais même en politique. Rien n’est plus important que de s
52 cette raison très générale d’approuver une étude du rêve et de l’inconscient telle que l’a poursuivie M. Albert Béguin, v
53 t temps qu’un ouvrage d’ensemble reprenne l’étude du phénomène à ses racines : M. Béguin vient de nous le donner, avec une
54 t de nous le donner, avec une maîtrise qui le met du coup au premier rang des historiens modernes de la culture. C’est en
55 s propose, sont infiniment plus larges que celles du savant viennois. Elles englobent tout le mystère de la création poéti
56 eurs consacré à l’examen des théories romantiques du rêve. Ce sera sans doute pour la plupart des lecteurs non spécialisés
57 cette thèse fera date dans l’évolution naturelle du « domaine français » : d’une part en nous rendant accessible et actue
58 stesse le point précis où l’entreprise titanesque du romantisme déborde les limites assignées à la personne humaine dans s
59 ns l’ordre de l’esprit. 3. Éditions des Cahiers du Sud, Marseille. g. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Albert Bégu
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
60 rieusement documentés sur les défauts économiques du New Deal, suivis de lettres d’abonnés discutant les opinions publiées
61 ’Américain moyen des intentions « dictatoriales » du président. Les partisans de Willkie mirent en vente un bouton-insigne
62 électeurs. Pourtant personne n’ignore que le sort du pays dépendra certainement — quoique d’une manière encore imprévisibl
63 ’une manière encore imprévisible — de la décision du 5 novembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’ils pensent en t
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
64 emen montés. On circulait sans nulle peine autour du building du Times, sur lequel passaient en rubans lumineux les résult
65 On circulait sans nulle peine autour du building du Times, sur lequel passaient en rubans lumineux les résultats de la jo
66 eige de papiers multicolores descendait lentement du haut des gratte-ciel, dansant à travers les faisceaux des projecteurs
67 la foule épela ces mots courant sur les murailles du Times : « Roosevelt entraîne New York City par 270 000 voix de majori
68 masses, à mesure que la nouvelle faisait le tour du bâtiment, se transmettait dans la profondeur des rues environnantes e
69 iment, cette sensation physique d’un renversement du destin en faveur de la démocratie. Et plus tard dans la nuit, travers
70 traversant le square presque déserté, cette femme du peuple qui chantait à pleine voix le Star-Spangled Banner, avec la fe
71 ner, avec la ferveur d’une évangéliste de l’Armée du salut. Trois jours plus tôt, une dame milliardaire me déclarait pathé
72 té parfois certains flottements dans la politique du New Deal, mais ces défauts techniques sont compensés par un avantage
73 s pathétiques. Et ce souci constant de l’humanité du citoyen, qu’il s’agisse des nationaux ou des étrangers… Ainsi informé
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
74 Seceders (séparatistes) de l’Église anglicane ou du luthérianisme allemand, huguenots ou puritains, méthodistes, presbyté
75 crées aux choses religieuses : sujets des sermons du lendemain, nouvelles des missions et de nombreuses activités sociales
76 s tard, un quart d’heure de nouvelles religieuses du monde entier. Le samedi, les synagogues. Le dimanche, du matin au soi
77 e entier. Le samedi, les synagogues. Le dimanche, du matin au soir, une douzaine de cultes relayés par différentes station
78 s nègres… Je vais à une soirée chez un professeur du Séminaire de théologie protestante de New York : j’y trouve d’autres
79 ques à gros tirages qui forment l’opinion moyenne du pays. Ce qui est étonnant, c’est précisément que cela n’étonne person
80 it les phrases à haute voix avec tous les membres du Congrès, dans une église de la capitale. Cela s’intitulait : « La nat
81 n de serment, à la tribune élevée sur les marches du Capitole, devant des centaines de milliers de spectateurs. Après une
82 ectateurs. Après une prière dite par le chapelain du Sénat, le président jura, la main posée sur sa vieille Bible de famil
83 isés, une voix forte prononce : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », annonçant la bénédiction. Si je relève tou
84 oix forte prononce : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », annonçant la bénédiction. Si je relève tous ces trait
85 Dieu, priait le chapelain, revêts notre président du manteau de l’humilité…, couronne-le des dons les plus saints du chef,
86 l’humilité…, couronne-le des dons les plus saints du chef, et permets que dans ces sombres jours, il puisse conduire un pe
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
87 1946)n Le voyage immobile Vers le milieu du xxe siècle, les hommes firent en sorte de réduire à peu de chose les
88 t contrôles épuisants, ramenant ainsi la longueur du voyage, pratiquement, à ce qu’elle était au bon vieux temps de Christ
89 rre-Neuve, sous l’œil indifférent d’un seul chien du même nom. Une aurore boréale nous avait arrêtés toute une nuit, non p
90 ue s’étant heureusement dénouée dans les hauteurs du ciel arctique, nous montâmes en spirale à 5000 mètres. J’allais écrir
91 est un paquebot qui en est à la troisième journée du trajet que nous ferons à rebours en quatre heures. Nous sommes partis
92 x de Paris Nous roulons dans un petit autobus, du terrain d’Orly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que je l’ai quitt
93 ures de Paris. Dans quel silence, à quatre heures du matin. Nous donnera-t-on des chambres pour le reste de la nuit ? Deux
94 pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi m’interrogent. Cet hôtel ne leur plaît qu’à moitié. Je les déc
95 les heures, et qui s’accordent à la suavité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudaine de cris menus et de sifflets de
96 i crie, tout là-bas vers les Invalides. L’or pâle du Dôme s’avive au-dessus des toits bleus, des toits roux et des murs co
97 s toits bleus, des toits roux et des murs couleur du temps, où quelques taches de rosé clair ou de noir achèvent de compos
98 sort ses clés, ouvre une porte de service à côté du portail d’un ministère. Un vieux monsieur très grand, vêtu de noir, a
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
99 qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde se charge de rétablir un équilibre « humain », sur les modèles
100 à la mesure de nos frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’il en reste et que l’on est autorisé à voir : l’un des d
101 Tout Petit, qui est la dernière paroisse intacte du Continent. Un peu plus loin, j’irais buter contre le fameux « rideau
102 tre le fameux « rideau de fer » marquant l’entrée du règne de l’Autre Grand. Entre l’Amérique et la Suisse — je simplifie
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
103 tre, en vérité, ne pouvait assurer l’indépendance du pays. Mais la Diète, les États et leurs experts voyaient dans le mot
104 civile entre cantons, qui fit voir l’impuissance du Pacte. Il y eut un long branle-bas de sociétés, de mouvements, de pro
105 par la Diète le principe d’une révision profonde du Pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait « praticable » aux yeux d
106 États souverains. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août, le peuple
107 s liés, si vous regardez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins str
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
108 ministres à l’immobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impatients, mais angoissés. Nous ne voulon
109 allez, paraît-il, réviser prudemment les statuts du Conseil de l’Europe, ainsi que vos rapports internes avec le comité m
110 ent, l’absence d’idée maîtresse, de grande vision du but, de volonté. J’entends bien que l’opinion se trompe et méconnaît
111 le où vous glissez, plus utopique que le maintien du statu quo, plus follement imprudent que vos prudences ? Je ne trouve
112 de quoi faire un collier à trois rangs de perles du genre de Festina lente. Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à p
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
113 , quoique ne dépassant guère 4 % de la superficie du globe, mais bien de cela qui a fait au cours des âges, d’un cap médio
114 sinon d’un pouvoir d’invention et de dépassement du destin dont nous cherchons en vain l’égal sur la Planète ? Sans remon
115 trole synthétique et le radar, la rationalisation du travail industriel, la construction métallique, l’école active, le sy
116 . On attend de vous l’invention qui sauve la paix du monde, et qui maintienne l’Europe dans une fonction qu’aucun Empire n
117 que l’Europe a su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart,
118 aussi des auteurs anonymes de la Magna Charta et du Pacte du Grütli, de l’esprit des communes, des états généraux, et du
119 s auteurs anonymes de la Magna Charta et du Pacte du Grütli, de l’esprit des communes, des états généraux, et du Serment d
120 de l’esprit des communes, des états généraux, et du Serment du Jeu de Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge de l’
121 t des communes, des états généraux, et du Serment du Jeu de Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge de l’avenir. Par
122 de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle. Messieurs les députés européens, saurez-vous mériter votre no
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
123 tre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)s Messieurs de l’Assemblée consultative
124 pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’auteur du Manifeste publié par le Labour Party sur le problème de l’unité europ
125 ays peu sûrs, qui d’une part ne font point partie du Commonwealth, d’autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas
126 n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi ; une seule méthode : étatiser les industries ; un seul
127 restent unis par une même langue. Si c’est celle du pamphlet, tremblons pour la famille ! Tous les adversaires de l’Europ
128 bizarres. Votre Assemblée, selon lui, peut faire du bon travail, pourvu qu’elle n’ait aucun pouvoir. Mais le Comité minis
129 i de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du daltonisme, encore qu’elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle
130 seul cœur, dans la même langue que le chancelier du Lancaster. Opposés en tout, sauf en cela, conservateurs et travaillis
131 re ouvertement, à part nos staliniens sur l’ordre du Kremlin ? Et comment se définissent-elles ? Toynbee, qui est un grand
132 nger qu’ils disent vouloir garder la souveraineté du leur ?) Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’essayer de
133 qui voyaient et qui aimaient toutes les couleurs du prisme, leur a donné presque sans qu’ils s’en doutent la force et les
134 tre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party », Journal de Genève, Genève, 18 août 1950, p. 1.
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
135 ’obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes d’opi
136 e fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait constit
137 ’est très joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il
138 de est plus difficile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toute
139 renaissant dans le cœur des masses, aucune armée du monde ne pourra la défendre. Personne ne veut mourir, que pour des ra
140 partisane ou une autre, qui résoudra le problème du chômage, mais l’union de nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qu
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
141 Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)u Détaché vers l’est et la Suisse
142 s bœufs, mais s’arrête avant de toucher les rives du lac ; les paysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’eau. La fron
143 , ces champs gagnés sur les marais, voilà l’œuvre du Patriarche au pays de Gex, et son monument le plus vrai. Il a bien sa
144 école, un hôpital Il fait dessécher les marais du pays Il établit des foires et des marchés Il nourrit les habitant
145 a Barre, Lally-Tollendal Émancipation des serfs du Jura Affranchissement du pays de Gex Essai sur les Mœurs, Diction
146 Émancipation des serfs du Jura Affranchissement du pays de Gex Essai sur les Mœurs, Dictionnaire philosophique, Tancrè
147 jours un bien qui ne sera pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envoyés par la grande Catherine, périclitent. Mais les arbre
148 Deux bien grands noms ! », disaient les voyageurs du temps. Il y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et ne se privai
149 Voltaire libère ses vassaux de la gabelle et même du servage. Sur quoi le peuple vient lui rendre hommage, à la Saint-Fran
150 lité », sur le perron de son château. Les enfants du village en habits de bergers lui présentent des œufs, du lait, des fr
151 age en habits de bergers lui présentent des œufs, du lait, des fruits. Une jeune fille qui se tient au milieu d’eux, porte
152 grondement. Vous voyez que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’on pense toujours d’un lieu qu’on aime. u. R
153 u qu’on aime. u. Rougemont Denis de, « Au pays du Patriarche », Journal de Genève, Genève, 29–30 novembre 1952, p. 3.
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
154 aire de toute existence autonome dans notre monde du xxe siècle. On sait l’histoire de cette union. En 1787, les treize É
155 américains ont coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de jurisprudence des problèmes instituti
156 e la maîtresse de l’Univers, et à croire le reste du genre humain créé pour son utilité. Des hommes, admirés comme de gran
157 n d’un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne, et qui leur
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
158 e pour le principe qui a fait la force principale du stalinisme dans l’intelligentsia européenne : l’autorité sans discuss
159 ens ainsi réunis de se déclarer neutres, à partir du moment où ils disposeraient de l’armée commune sans laquelle toute ne
160 ent de s’envoler pour franchir le Rideau — ce mur du son de la politique contemporaine. Précisons notre image : quand un p
161 cisons notre image : quand un pilote passe le mur du son, il entre dans une zone de silence. Mais quand un homme d’État so
162 u’une suite de monologues. Or ces deux conditions du dialogue viennent d’être acceptées sans réserve par la déclaration de
163 et cela pour la première fois depuis la naissance du conflit qui oppose le bolchévisme à l’Occident. Je cite : D’aucuns es
164 eilleur que le socialisme. Nous sommes convaincus du contraire. Cette discussion ne peut être réglée par la force. Que cha
165 tes, pour affronter la « redoutable dialectique » du partenaire : ce n’est pas à ceux qui croient cela que les Russes dema
166 urs opposants… D’autres craindront que la culture du voisin soit au contraire son cheval de Troie. Mais il s’agit d’échang
167 uples est mort, qui tenait tout ensemble. Le chef du MVD l’a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’on nomme la dé
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
168 un homme libre pour hâter le jour de la vengeance du peuple hongrois et du châtiment de ses bourreaux. Les jours du commun
169 ter le jour de la vengeance du peuple hongrois et du châtiment de ses bourreaux. Les jours du communisme sont comptés. Il
170 grois et du châtiment de ses bourreaux. Les jours du communisme sont comptés. Il a vu son Double effrayant dans les rues d
171 ? le monde entier répondra désormais : la théorie du crime et sa pratique massive, le massacre des ouvriers succédant à ce
172 avoir été le premier à proposer, ici, la reprise du dialogue culturel avec les Soviétiques délivrés de Staline. Des renco
173 vivons en démocratie, qui veut dire souveraineté du peuple. Or le peuple, c’est vous et moi. Profitant du silence ignomin
174 euple. Or le peuple, c’est vous et moi. Profitant du silence ignominieux qui succède aux flagrants délits, exigeons de nos
175 tion des partis communistes d’Occident, complices du crime le plus atroce de toute l’Histoire. Refusons ces ballets, ces é
176 ersé. Et jurons de refuser, dorénavant, de saluer du nom d’homme un communiste quelconque, qui n’aurait pas d’abord abjuré
177 n’aurait pas d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il a servie. Et jurons en même temps de faire l’Europe. Cett
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
178 , dans son cas, que de patriotisme au sens ancien du mot, d’attachement instinctif à sa terre infinie, à son peuple mystiq
179 terre infinie, à son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’a pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’
180 Kierkegaard devant leur Dieu. Nietzsche au seuil du délire mental, Dostoïevski devant la potence, au petit matin sibérien
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
181 e confiance intuitive dans l’accord de l’homme et du monde, et suppose une foi dans leur fondement commun, « fondement de
182 des prouesses intellectuelles les plus mémorables du siècle. À partir de relations logarithmiques, de considérations mathé
183 équence et la période des sons, et de définitions du « fondement » et de la « relationalité », nous assistons à la reconst
184 onstruction toute naturelle des vérités centrales du christianisme : et je dis bien, de la religion et de l’éthique du Chr
185  : et je dis bien, de la religion et de l’éthique du Christ des évangiles, « pivot de l’Histoire », et non pas d’un théism
186 l’objet d’un problème, mais « le fondement commun du monde et de notre existence dans le monde », la question de savoir s’
187 on de savoir s’il existe, au sens courant et plat du terme, se trouve d’emblée vidée de sens. « Dieu n’est pas ce qui est
188 nt de notre lien au monde. Et la Grâce, « réponse du monde à notre ouverture à lui ». Et l’humilité, et même la « prédesti
189 stance paulinienne sur la mort et la résurrection du Christ interprétées comme promesses d’une vie future, et par là même,
190 érité de leur expérience de Dieu, en les ramenant du Dieu transcendant que seul ils s’étaient révélé jusqu’alors, au Dieu
191 musicale ». L’atonalité serait-elle la définition du péché, en termes de technique musicale ? Dans ce contexte, une autre
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
192 essaire pour ceux qui n’auraient lu que l’article du Samedi littéraire. aa. Rougemont Denis de, « Denis de Rougemont no
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
193 t formée et qu’elle prétend défendre : le respect du prochain et de sa différence, la liberté de jugement et d’expression,
194 rend pas toujours ? Nous avons en commun le souci du bien public et cherchons à le servir chacun à sa manière. C’est de ce
195 ve, 30 juin 1969, p. 9. ac. Le texte est précédé du chapeau suivant : « Vendredi dernier, le tribunal militaire de la 1re
196 l’armée, suivant par là une récente jurisprudence du tribunal militaire de cassation qui permet désormais également l’excl
197 si le juge n’est plus obligé d’aggraver la peine du fait qu’il n’est plus tenu compte de la récidive en matière d’objecti
198 eur Denis de Rougemont a été lue par le président du Tribunal. Une copie nous a été transmise que nous publions ci-dessous
199 blions ci-dessous. » ad. Cette lettre est suivie du commentaire suivant de Bernard Béguin, intitulé « Le “tout ou rien” »
200 politique de neutralité donne aux responsabilités du citoyen-soldat une garantie de légitime défense que personne ne peut
201 espectable, oui. Dépositaire de la mission morale du pays, non. »
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
202 écises, pour servir une cause personnelle, et pas du tout pour haranguer la foule par-dessus la tête du président. Si j’av
203 u tout pour haranguer la foule par-dessus la tête du président. Si j’avais voulu traiter publiquement de l’objection de co
204 asse de lui le « dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ai pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne
205 4 juillet 1969, p. 11. af. Le texte est précédé du chapeau suivant : « Nous avons publié lundi dernier une lettre que le
206 avait adressée le vendredi précédent au président du tribunal militaire de 1re Division devant lequel comparaissait un jeu
207 nce, René Bugnot. Lue lors de l’audience publique du Tribunal, cette lettre, ou plutôt l’une de ses copies, nous fut trans
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
208 le classique, tous produits de la Grèce, de Rome, du christianisme, de l’influence germanique ou celtique. Ainsi nous avon
209 vilisation occidentale prolonge les civilisations du Moyen-Orient, de la Grèce et de Rome qui continuent à vivre en elles.
210 evient à dire qu’il n’y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y aurait des indices pour une autre
211 révolutions que des évolutions ? Je ne crois pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qui a
212 erait, un ordre nouveau, prêt à prendre la relève du désordre ancien, ce que j’appelle le « désordre établi ». Ces conditi
213 nnel finit toujours mal. » Bon. Mais qu’en est-il du pouvoir impersonnel ? Le cas des quatre Républiques françaises qui ét
214 ’allais l’oublier : la bombe n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Si vous la laissez tranquille dans sa caisse, e
215 eurs poèmes d’un érotisme raffiné, les romanciers du cycle de la Table ronde, modèles de l’aventure spirituelle et de la p
216 l’engagement de l’écrivain), c’était la politique du pessimisme actif. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est en somme une m
217 ce que cela veut dire ? C’est en somme une morale du risque assumé, de l’action, orientée par l’esprit, et de la vocation
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
218 objecteur de conscience en adressant au président du Tribunal militaire un témoignage que nous avons publié le 30 juin. Ce
219 que ce problème existe. Non pas par l’importance du nombre de ceux qui professent l’objection et en portent témoignage, m
220 re antimilitariste — je précise que ceux qui font du service ne sont pas nécessairement militaristes… — ou une œuvre antic
221 Rougemont. — En cas de conflit, oui. Dans le cas du conflit prévu par cet article 49, paragraphe 8, on tranche contre la
222 rd Béguin. — C’est une interprétation personnelle du christianisme face à celui d’une collectivité, qui, elle, a jugé le c
223 hristianisme compatible avec le service militaire du citoyen. Moyen légal ou ferment d’anarchie ? Denis de Rougemont
224 otection divine que l’on utilise pour la religion du civisme ? Est-ce que c’est vraiment la même chose d’être chrétien, et
225 pas que le conformisme soit une qualité première du bon citoyen, et je pense que la critique des lois fait partie intégra
226 ique des lois fait partie intégrante des qualités du civisme. Nous avons vu à quoi pouvait aboutir une religion de l’État
227 t de ce danger-là, mais êtes-vous conscient aussi du danger inverse, qui est le danger de l’obéissance inconditionnelle ?
228 toyens, c’est beaucoup plus grave. Le conformisme du citoyen qui se croit bon citoyen parce qu’il fait tout ce qu’on lui d
229 st l’armée qui accueille les objecteurs au moment du recrutement, et c’est l’armée qui les juge. Le colonel divisionnaire
230 onel divisionnaire Dénéréaz a commandé la section du recrutement. Dans quel cadre agissent les colonels recruteurs qui fon
231 s clair. Colonel Vaucher. — Nous n’y pouvons rien du tout, ce n’est pas nous qui déterminons notre compétence. Nous ne pou
232 néréaz. — J’aimerais que le colonel Vaucher parle du sursis.   Colonel Vaucher. — Depuis 1950, le Code militaire n’autori
233 sés à l’avenir à faire leur service. L’article 32 du Code pénal militaire, qui est absolument pareil au Code pénal suisse
234 s conditions objectives d’une infraction (art. 81 du Code pénal militaire : refus de servir) sont réalisées. Mais avec les
235 ive ? Est-ce que c’est une évolution de la pensée du législateur interprétée par les tribunaux ? Colonel Vaucher. — C’est
236 si réalisée. Denis de Rougemont. — Je ne suis pas du tout objecteur de conscience moi-même. J’ai fait pas mal de service d
237 s tribunaux de l’Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les motifs. On cherchait uniquement la consta
238 rer les failles de la loi, et à modifier l’esprit du législateur. Ce qui malgré tout peut se faire, puisque les lois chang
239 que nous nous contentons d’appliquer les recettes du passé — qui ont toujours si bien marché — ou bien est-ce que nous avo
240 ais sourire peut-être ? Christian Schaller. — Pas du tout. Avec les armes conventionnelles, certainement. Colonel division
241 re communauté helvétique, la justification morale du service militaire, voulu par le peuple, et accepter d’instaurer un se
242 nos frontières. Elles passent par tous les coins du monde. Nous ne pouvons pas simplement défendre les frontières du pass
243 ne pouvons pas simplement défendre les frontières du passé sans tenir compte du fait que nos frontières actuelles sont cel
244 éfendre les frontières du passé sans tenir compte du fait que nos frontières actuelles sont celles de la planète. Denis de
245 ses dans la prise en considération et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’il se présente aujourd’hui. Je me demand
246 division mécanisée 1. Colonel Vaucher, président du Tribunal fédéral des assurances, grand juge du Tribunal militaire de
247 ristian Schaller, étudiant en médecine, co-auteur du Sens de notre refus (Éditions La Baconnière). Direction technique : M
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
248 ’amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diable et une brève nouvelle dans Doctrine fabuleuse , sur les trent
249 ar l’obstacle qui le nie, se retrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’il est vrai que la passion cherche l’ina
250 s pas nouer une alliance paradoxale, au sein même du mariage accepté ? L’étrangeté essentielle de la personne aimée demeur
251 amille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met votre œuvre à l’ordre
252 ous de ce phénomène qui met votre œuvre à l’ordre du jour ? La jeunesse, dans son ensemble, ne me paraît vivre rien qui re
253 n une phrase qui se termine ainsi : « … la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère ». Je craignais que c
254 é, en Occident. Je pense que le couple, fondement du rapport humain le plus total, survivra sans trop de mal à nos modes i
255 e, que je définis comme « l’usage non procréateur du sexe » — j’y vois un mécanisme de défense de l’espèce contre la démog
256 de grands auteurs d’Asie, comme Suzuki, le « pape du zen » japonais, ou Raja Rao, le romancier hindou — répondre à ma plac
257 n 1946 ? Je suis un écrivain engagé au sens actif du mot que j’ai défini dans mon premier livre, publié à Paris en 1934,
258 e la personne et qui est exactement le contraire du sens actuel, qui est passif : embrigadement dans un parti. Le premier
259 olitique », le second : « Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage ». Le tout était un appel à l’engagement de l’écri
260 train de se faire, consiste à déplacer le centre du système politique, non seulement de la nation vers l’Europe, mais enc
261 pos recueillis par Geneviève Armleder et précédés du chapeau suivant : « En 1972, Denis de Rougemont a réédité quatre ouvr
30 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
262 de kilomètres autour de la ville. Il y a, autour du Léman, une région écologique définie par la pollution du lac (affluen
263 n, une région écologique définie par la pollution du lac (affluents, usines, riverains), l’aérodrome de Cointrin, la centr
31 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
264 ds débats politiques. Rien que pour les votations du 26 février prochain, deux sujets sur six la concernent directement (a
265 iative Franz Weber). Que l’on parle d’aménagement du territoire, de reconstruction de quartiers, de construction de parkin
266 personnalités de venir à notre rédaction débattre du sujet, qu’elles connaissent toutes pour l’avoir étudié à fond, bien q
267 angles différents : Denis de Rougemont, président du Centre européen de la culture, professeur à l’Institut universitaire
268 nçois Peyrot, ancien conseiller d’État, président du Salon international de l’automobile de Genève, tout en ne niant pas c
269 de penser que le problème de l’auto soit tranché du seul fait que je l’aime bien ou que je la trouve utile. Si j’ai consa
270 de fous étant, dans mon ouvrage, le développement du national-socialisme. Et j’espère qu’il n’y en aura pas une troisième
271 obiles date de 1899 à Detroit : c’est la création du jeune Henry Ford qui s’est lancé dans cette aventure contre laquelle
272 cette phrase absolument stupéfiante : « Au début du siècle, tout le monde me mettait en garde, car il n’y avait pas de de
273 ur jouer avec ses petits enfants. Il avait obtenu du gouverneur de l’État l’interdiction absolue pour les voitures de s’ap
274 aussi sur le plan des loisirs. Regardez l’affiche du Salon 78 : « La voiture vous rend indépendant. » Mais rien n’est plus
275 es roulaient en voiture est dépassée. L’élévation du niveau de vie — et je m’en félicite — a fait que beaucoup ont aujourd
276 absolument puérile. La voiture est l’exemple type du danger qui consiste à accepter ou promouvoir des innovations technolo
277 es de son comportement sur l’urbanisme. Au niveau du comportement, il faut reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de
278 ’on veut absolument la charger de tous les péchés du monde. Il faut revenir à une saine interprétation des choses. Nul dou
279 ses. Nul doute que l’extraordinaire prolifération du nombre de véhicules pose des problèmes. Des solutions peuvent être ap
280 , d’autres au contraire pour favoriser la liberté du trafic, tout est possible. Mais on ne peut seulement préconiser de ra
281 ment préconiser de rayer la voiture de la surface du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’a dit. Mais je voudrai
282 dentale dépendante des caprices de quelques émirs du golfe Persique ? Tout cela pour dire que l’on ne peut traiter d’une q
283 sation abusive de l’automobile entrave la liberté du plus grand nombre. On en vient à construire des autoroutes à côté de
284 urs qui forment ce qu’on a appelé la « chevalerie du nucléaire ». Les expropriations au nom des autoroutes, ou le seul fai
285 fondé sur les communes. Les trois communes autour du Gothard. Il s’agissait de communes et non pas de corps constitués. Ca
286 bitation d’un trafic trop intense, en particulier du trafic commercial des poids lourds et du trafic nocturne de transit.
287 ticulier du trafic commercial des poids lourds et du trafic nocturne de transit. Alors d’un côté on nous demande de déchar
288 la construction d’une autoroute sur le côté nord du lac de Neuchâtel et les débats terribles que cela entraîne : va-t-on
289 er à travers la ville, va-t-on détruire les rives du lac ? Sans compter que l’on nous construit une seconde autoroute de l
290 s construit une seconde autoroute de l’autre côté du lac qui fera gagner 3,5 kilomètres aux automobilistes… Alors face à d
291 ean Kräyenbühl : L’urbanisme est en effet au cœur du problème de la circulation et des transports. On l’a dit : de plus en
292 dit : de plus en plus les gens vont habiter loin du centre, à la campagne, parce qu’ils disposent d’un véhicule. Cette te
293 municipal ont proposé quatre objectifs : enlever du centre tous les courants de transit ; accorder une préférence aux tra
294 ceinture, qui risque de créer une dévitalisation du centre commercial de la ville. Jacob Roffler : Si beaucoup de personn
295 ollège de France mais qu’il s’occupe chaque année du budget de la nation. François Peyrot : On amène une circulation moder
296 e de façon très importante. D’ailleurs cet aspect du niveau de vie, personnellement, m’enthousiasme. Je trouve merveilleux
297 M. de Rougemont, dans la critique que vous faites du système en général c’est que vous insistez beaucoup sur l’objet — en
298 obligé de provoquer des accidents car cela évite du chômage dans la carrosserie. Je pose le problème, je ne suis pas rede
299 lairement établi que loin de résoudre le problème du trafic, elles tendent à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on
300 sibilité de cancer par les hydrocarbures, trouble du comportement dû au plomb, danger de l’oxyde d’azote pour les poumons,
301 marginaux. Alors doit-on parler de « conspiration du silence » de la part de la grande majorité des médecins ou ces faits
302 pense pas que l’on puisse parler de conspiration du silence. En fait même si certains phénomènes sont connus, c’est un se
303 es — que certains hydrocarbures sont responsables du cancer. On connaît également le taux de plomb déposé chaque année sur
304 qui se retrouve dans l’air ou dans l’eau. L’effet du plomb sur le système vasculaire ou sur le comportement de l’individu
305 i assisté à toutes les séances sur les règlements du Conseil fédéral en la matière. Tout était, je vous l’assure, plutôt o
306 . Par contre il a fait confiance aux dispositions du Conseil fédéral. Alors attendons ! Denis de Rougemont : Je dois dire,
32 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
307 comme gardien de but dans les équipes de football du gymnase puis de l’Université de Neuchâtel. Ce que j’aimais tout parti
308 : autant pour la manière dont Montherlant parlait du football que pour son style. Mon article fut donc publié dans La sema
309 de même étonnant. Si vous deviez définir le rôle du sport… Je crois que le sport doit être pour l’individu une sorte de m
310 vidu une sorte de morale ; celle de la tolérance, du fair-play, du respect de l’autre. Mais force est de constater qu’à l’
311 de morale ; celle de la tolérance, du fair-play, du respect de l’autre. Mais force est de constater qu’à l’heure actuelle
312 comme siège des JO est un témoignage d’admiration du monde entier à l’égard du régime communiste soviétique. Le fait de su
313 nalisme. Mais certains ne seraient sans doute pas du tout d’accord avec ce changement radical. D’ailleurs je voyais l’autr
314 hymnes et les drapeaux des JO. Un des dirigeants du Comité olympique français s’est alors rebiffé avec virulence en décla
315 t en grande partie responsables de la dégradation du sport. Voyez les pages sportives des journaux : le langage y est féro
316 han. Et tout cela fait bien entendu régner autour du sport un climat de violence, où les pires instincts, l’agressivité pe
317 t-il donc pas temps de revenir à une vraie morale du sport telle que je l’admirais comme adolescent dans les premiers livr
318 lis par Bertrand Monnard. L’entretien est précédé du chapeau suivant : « Né à Neuchâtel en 1906, Denis de Rougemont est l’
33 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Mes amis et Nerval (9 octobre 1982)
319 angage par phrase, ou presque ; un écrivain digne du nom, c’est devenu tellement rare aujourd’hui ! Mais pour le reste, hé
34 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
320 vanne firent l’éloge, l’un de l’écrivain, l’autre du citoyen engagé. Dans son remerciement, avant de parler de cette Europ
321 e son vocabulaire, la grande allure et les éclats du style, ne se voient guère chez les romanciers, à part Stendhal, ni mê
322 ersanes, le Voltaire des écrits polémiques et pas du tout des tragédies en vers, le Rousseau des Rêveries et des Confessio
323 place aux essayistes dans toute littérature digne du nom, et surtout d’expression française. L’avis de Malraux Ceci
324 ndation et direction effective pendant trente ans du Centre européen de la culture à Genève ; présidence pendant seize ans
325 a culture à Genève ; présidence pendant seize ans du Congrès pour la liberté de la culture, à Paris ; de l’Institut univer
326 mme, de citoyen. Je rappellerai d’abord la nature du défi que ma génération eut à relever. Arthur Kœstler l’a fort bien di
327 diculement bref, une troisième voie. Ce fut celle du personnalisme. Un jour, chez des amis, un jeune Russe que je venais d
328 arl Barth. À travers eux j’allais redécouvrir une du protestantisme totalement différente, je le confesse, de celle que je
329 le confesse, de celle que je gardais de mon école du dimanche. C’était l’idée très calvinienne de la personne, c’est-à-dir
330 qu’il décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèle de cité idéale que Rousseau devait reprendre