1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide du secret dernier des choses, lucide, avec une sorte d’
2 ul il sait l’être aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympathie qui est parfois la plus subtile de ses rus
3 ns lyrique auquel nous ont habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus sur l’âme orientale de l’
4 tude qu’il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs orientaux. De leur immense paresse, jus
5 ns fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouve si juste : « Ce q
6 s de M. de Traz — si tant est qu’on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il ne paraît pas cr
7 ations sur les ruines de la Haute-Égypte révèlent en de Traz un philosophe de l’histoire aux vues larges et pourtant réali
8 près, mais sans jamais s’y perdre ou se confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
9 mai 1929)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’express, changer totalement d’atmosphère, passer de la l
10 s l’une et l’autre de ces capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de vot
11 Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi sont en grosses lettres, et tout cela finira bien par s’arranger, comme au de
12 nouvelle de temps à autre, à lire des potins tout en essuyant une moustache de crème fouettée ? Budapest : une vague de mu
13 femmes aux voix agréablement rauques… Sortez pour en suivre une, arrêtez-vous à ses côtés devant cet étalage pour admirer
14 lancs : il représente l’ancienne Hongrie découpée en blanc sur fond noir et portant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vo
15 ngrie découpée en blanc sur fond noir et portant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers
16 les femmes), encombrée de piétons qui traversent en tous sens, évitant vivement les trams qui sonnent avec frénésie et le
17 ne énorme maison de pierre brune, puis une banque en style hongrois, façade aux grandes lignes verticales, peinturlurée de
18 quatre énormes ponts de fer. Contre leurs piles, en hiver, viennent se briser avec un fracas sourd les îlots de glace qui
19 e la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son flanc un
20 nt et ses gardes blancs aux casques d’or s’avance en proue, dominant superbement cette ville désordonnée. Derrière, ce son
21 l’entrée d’un des archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici transporté dans un b
22 as » qui deviennent tourbillonnantes et finissent en chutes ivres sur des divans couverts de coussins Rothermere et Grande
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
23 eur », ou encore « l’insondable Providence » mise en action au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bie
24 u bien n’est pas du christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de
25 s incroyances », comme disait Péguy. Et dix fois, en me le rendant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’ai terminé
26 grâce vient dans sa vie et désormais l’accompagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître et grandir un
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
27 37)d On n’ignore pas que les partis de gauche, en France, et spécialement le parti communiste, ont adopté depuis deux a
28 conversion à la cause de l’esprit ? N’allons pas en chercher l’explication au-delà des frontières immédiates de la France
29 lture relative des masses. (On lit beaucoup moins en France qu’en Suisse et qu’en Allemagne.) Elle me paraît souffrir ensu
30 e des masses. (On lit beaucoup moins en France qu’ en Suisse et qu’en Allemagne.) Elle me paraît souffrir ensuite, et peut-
31 n lit beaucoup moins en France qu’en Suisse et qu’ en Allemagne.) Elle me paraît souffrir ensuite, et peut-être plus gravem
32 rès tout de cette condition des écrivains. L’on s’ en fait une idée romantique : le poète pauvre et méconnu, dans sa soupen
33 timbre-poste vendu au profit des « intellectuels en chômage ». Ou bien l’on s’imagine un auteur à succès choyé par les « 
34 un quatrième enfin, malgré ses quatre-vingts ans, en est encore à placer de la copie dans les journaux de province pour po
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
35 onté, les éditeurs ne sont pas des philanthropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à « se défend
36 p gros, ni trop mince, ni trop difficile. Tolstoï en 1937 ne trouverait pas un éditeur pour Guerre et Paix : pensez donc,
37 iteur pour Guerre et Paix : pensez donc, un roman en 10 volumes ! Et l’Adolphe de Constant, ce serait bien court… Et Nietz
38 i Jean Zay entend mettre une fin à ces pratiques, en limitant à 10 années l’effet des contrats d’édition. Tous les écrivai
39 t son ampleur. Pourquoi lit-on si peu ? Pourquoi, en temps de crise, a-t-on comme premier réflexe d’économiser sur les liv
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
40 tout, le public est à peu près ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme à l’image de ses auteurs préférés. Mais auj
41 s un grand monde de cinéma. Comment veut-on qu’il en soit autrement, quand Proust, Gide ou Valéry ne paraissent rechercher
42 éditeurs, ou même l’État, pour remettre le livre en honneur, sont voués à de faibles succès. C’est le sens même de la lec
43 s écrivains ont beaucoup fait pour qu’il se perde en se « distinguant » volontairement des préoccupations, jugées vulgaire
44 ont donc mal venus à se plaindre. Mais la société en pâtit, plus gravement qu’elle ne le croit, sans doute. Une situation
45 montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’art en souffrirait : l’exemple des grands, d’un Dante ou d’un Tolstoï, suffi
46 n ne travaille mieux que lorsqu’il sent qu’il est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réelle et sa nature pr
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
47 ars 1937)g Le rêve, le romantisme ? Et traités en deux gros volumes qui, au surplus, sont une thèse de doctorat ?3 Quoi
48 s actuel que le phénomène du rêve, je dirais même en politique. Rien n’est plus important que de savoir la qualité, et la
49 poursuivie M. Albert Béguin, viennent s’ajouter, en 1937, des opportunités plus précises d’ordre culturel et littéraire.
50 téraire. « Toute époque de la pensée humaine, dit en débutant notre auteur, pourrait se définir, de façon suffisamment pro
51 ent inaccessibles au public de langue française : en exposant leur contenu essentiel avec une clarté et une précision admi
52 on naturelle du « domaine français » : d’une part en nous rendant accessible et actuelle la période la plus riche de la pe
53 plus riche de la pensée germanique, d’autre part en déclarant et soulignant des correspondances profondes, et toutes nouv
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
54 D’autant plus violente, semble-t-il, que l’enjeu en est plus confus, comme il arrive souvent dans les luttes politiques.
55 s. Mais Willkie réplique que c’est Roosevelt qui, en prétendant demeurer au pouvoir pour un « third term » — une troisième
56 dire, pour simplifier, qu’avec Roosevelt l’entrée en guerre des États-Unis serait un peu plus probable qu’avec Willkie ? C
57 États-Unis, mais le parti antiguerre reste fort. En sera-t-il de même lorsque cet article paraîtra ? Il y a huit jours, l
58 t précisément le nombre des inconnues qu’elle met en jeu et l’instabilité caractéristique des passions dans ce pays. Je pa
59 te. Cette épithète demande quelques explications. En Europe, la violence politique s’exprime par des bagarres et des injur
60 par une fanatique intolérance de part et d’autre. En Amérique, il s’agit de quelque chose qui rappelle beaucoup plus la vi
61 d magazine publiait l’autre semaine deux articles en regard : l’un contre Roosevelt, par son ancien secrétaire, l’autre co
62 s » du président. Les partisans de Willkie mirent en vente un bouton-insigne portant la devise : « Je voudrais, moi aussi,
63 ce pays, n’est pas un terme usé comme il l’était en France, mais un synonyme de santé civique, de volonté humaine et de l
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
64 autour du building du Times, sur lequel passaient en rubans lumineux les résultats de la journée. À neuf heures, Willkie s
65 a France. La seconde a été gagnée par l’Amérique. En attendant le résultat de la troisième et dernière manche, c’est-à-dir
66 sure prise par l’État : la presse et la radio lui en offrent les moyens. S’il a quelque chose de mieux à proposer, on le c
67 our une période et pour une tâche déterminées. Il en est résulté parfois certains flottements dans la politique du New Dea
68 illeurs imprévisible. Cette division des citoyens en deux masses à peu près égales, — je serais tenté de dire : en deux te
69 es à peu près égales, — je serais tenté de dire : en deux teams — symbolise simplement le principe de la discussion, indis
70 dum, ni le droit d’initiative, mais il les exerce en fait, d’une manière permanente, par le moyen d’une opinion publique a
71 n profonde se charge ici le terme de démocratie ? En tournant tout à l’heure le bouton de ma radio, j’ai entendu cette phr
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
72 et plus visible. Il faut être un Européen pour s’ en étonner, me dit-on. De fait, pour un Américain qui connaît tant soit
73 , un grand fait qui mérite d’être connu et médité en Suisse, d’autant plus qu’il s’est vu curieusement négligé par la pres
74 de la veille, avec manchettes et sous-titres ; on en accorde beaucoup moins aux conférenciers les plus en vogue. Tournez l
75 accorde beaucoup moins aux conférenciers les plus en vogue. Tournez le bouton de votre radio : à 14 h chaque jour, vous en
76 t-être de prudences aussi, que l’on n’imagine pas en Amérique… Cherchant à louer une maison, je parcours les annonces. J’e
77 t à louer une maison, je parcours les annonces. J’ en trouve plusieurs de ce type : « Six pièces, confort, métro, Églises à
78 cial. Une page y est réservée aux lieux de culte. En tête : « Préservez votre privilège américain : allez au culte de votr
79 dans les paroisses. Devenir membre d’une Église, en Amérique, c’est aussi trouver un milieu social, des amis, des appuis
80 ’élection présidentielle ; les journaux décrivent en détail les services de communion auxquels ont participé les deux cand
81 a, la main posée sur sa vieille Bible de famille, en langue hollandaise, qu’il avait choisi d’ouvrir au chapitre 13 de la
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
82 Vers le milieu du xxe siècle, les hommes firent en sorte de réduire à peu de chose les avantages que la machine menaçait
83 , permettaient de voyager vingt fois plus vite qu’ en bateau. L’on décida en conséquence de rendre vingt fois plus pénible
84 gue la préparation des voyages. Passer d’Amérique en Europe ne demandait plus que quelques heures ? On y ajouta plusieurs
85 dans les hauteurs du ciel arctique, nous montâmes en spirale à 5000 mètres. J’allais écrire : « L’avion s’élance pour fran
86 au clair y traîne sa fumée, c’est un paquebot qui en est à la troisième journée du trajet que nous ferons à rebours en qua
87 sième journée du trajet que nous ferons à rebours en quatre heures. Nous sommes partis tout au début de la matinée. Voici
88 ment, rejoint la mer, ferme le monde devant nous. En deux minutes nous sommes passés de la gloire aux ténèbres denses. Il
89 y a plus que, tout près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et le ronron assourdi des moteurs. Une petite secousse, de
90 des lumières, une longue promenade sur des pistes en ciment. Et l’arrêt doux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pa
91 ne dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : « Quel goût !
92 édiatement à ressembler à ce que l’on pense d’eux en Europe !) Il y a des chambres, et même des salles de bain. Mais comme
93 avais bien souvent désespéré, après cet au revoir en juin 40, qui sonnait malgré moi comme un adieu… Le jour point derrièr
94 délicats. Puis une autre plus loin, et plusieurs en écho. Je ne savais plus, après six ans de New York, qu’il y a des clo
95 iècle d’illustrés de mon enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’Orsay.
96 vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’une beauté oubliée. Mais que dire de la foule que j’ai vu
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
97 ne trouve ici d’autre sujet de m’étonner que de n’ en point trouver, justement. Tout est pareil à mes souvenirs, à peine un
98 un renseignement et qu’on les voit s’identifier, en un clin d’œil, avec les règlements « pareils pour tous », non point a
99 talents les méritent. Ce qu’il y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le mythe helvétique par excellence, d’une dé
100 ment présentés par MM. Hitler et consorts. ⁂ Je m’ en tiens là dans mes jugements, j’arrive à peine. Mais si j’essaie de si
101 frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’il en reste et que l’on est autorisé à voir : l’un des deux grands et le To
102 s Nations a survécu au déchaînement nationaliste. En attendant une vraie Ligue des Peuples, préparons-nous à de nombreux v
103 rte. Notre idée se « développe », comme on le dit en photographie. Nous partons pour une Ligue meilleure. Et, plus heureux
104 s. Nous y touchons, Messieurs, vraiment — il ne s’ en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je me v
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
105 s la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et s’ en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son uni
106 e. Tout le monde se trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Confédération n’était qu’u
107 ières douanières. La routine rétorquait, chiffres en main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas de causer quelques
108 ète le principe d’une révision profonde du Pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait « praticable » aux yeux des réalist
109 lait « praticable » aux yeux des réalistes. (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 févri
110 able » aux yeux des réalistes. (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848, la C
111 e premier Conseil fédéral, organe exécutif, entre en fonction. Le drapeau suisse est arboré à côté des drapeaux des canton
112 États souverains… Pensez-vous que l’Histoire vous en laisse beaucoup plus, pour unir vos États dans un plus grand péril ?
113 olm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Gen
114 ome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’ en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à Berne
115 saient nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’ en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus q
116 lution fédéraliste n’est pas seulement praticable en principe, mais pratique. C’est assez pour que j’ose vous supplier d’y
117 réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux s
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
118 ériel. Permettez-moi de vous dire que l’opinion s’ en moque, parce qu’elle a ses doutes motivés sur vos intentions véritabl
119 pour s’enrayer sans faute avant le départ —, vous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’a pas l’impression très nette qu
120 ses routines décadentes, à la sauver de la ruine en l’unissant, et pour tout dire d’un mot, à gouverner. Elle vous voit r
121 ue c’est prématuré, mais qu’il ne faut rien faire en attendant. Et l’opinion se demande si tout cela dissimule une idée de
122 peut-être subversives (on chuchote que vous tenez en réserve un projet de timbre-poste européen). Certes, il convient de s
123 er qu’ils aient tous raison à la fois, quand il n’ en est pas deux qui tombent d’accord sur autre chose que ne rien faire.
124 lui manque est justement un toit. Pour tout dire en style familier, ces éternelles prudences nous cassent les pieds. On t
125 u genre de Festina lente. Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mère de sû
126 de crayon par Napoléon III. L’oiseau fait son nid en un jour — toutes affaires cessantes. On peut tout faire step by step,
127 step, sauf sauter un obstacle. On peut tout faire en deux pas, sauf franchir un abîme. Si votre œuvre est de longue halein
128 encore rendre un service à l’Europe ; allez-vous- en . Laissez la place à ceux qui ont décidé d’agir. Avouez que rien ne vo
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
129 es yeux. Et plusieurs d’entre vous, je le sais, s’ en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui,
130 a qui a fait au cours des âges, d’un cap médiocre en dimensions physiques, le cœur et le cerveau de l’humanité : notre cul
131 ont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’ en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux
132 nt j’ose vous parler, si ce n’est par angoisse et en dernier recours, soulevé par la passion de tous les hommes, et pas se
133 risque de la liberté, tout cela qui vous délègue en ce lieu décisif, dans l’histoire concrète de ce temps, tout cela peut
134 ion précise, celle de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle. Messieurs les députés européens, saurez-vou
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
135 Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)s Messieurs de l’
136 e même, pour faire face aux Soviets et au déficit en dollars. Si peu que rien, en fait, car selon sa brochure, ce minimum
137 oviets et au déficit en dollars. Si peu que rien, en fait, car selon sa brochure, ce minimum ne saurait être envisagé que
138 les mieux faites pour la rendre impossible, l’une en esprit et l’autre en probabilité —, M. Dalton soumet le Conseil de l’
139 la rendre impossible, l’une en esprit et l’autre en probabilité —, M. Dalton soumet le Conseil de l’Europe. Et cela produ
140 émocratie est identique au socialisme anglais. Il en découle primo : qu’une Assemblée sans majorité travailliste ne saurai
141 me langue que le chancelier du Lancaster. Opposés en tout, sauf en cela, conservateurs et travaillistes nous obligent donc
142 le chancelier du Lancaster. Opposés en tout, sauf en cela, conservateurs et travaillistes nous obligent donc à constater o
143 mais bien ceux qu’ils subissent plus que d’autres en leur île : j’entends le nationalisme étatisé et le mythe survivant de
144 euples, interrogés sur la question, seraient bien en peine d’en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étranger comman
145 errogés sur la question, seraient bien en peine d’ en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étranger commande chez eux
146 netés de nos États, quand l’armée et l’économie n’ en dépendent plus que pour la forme et le détail ? Restent les tarifs do
147 f, à la minorité ; et derrière le veto se cachent en fait les vieux nationalistes, les daltoniens, et les totalitaires cyn
148 erait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’ en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renon
149 fois pour toutes, à invoquer ce mauvais motif qui en cache de pires, pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas
150 ez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites- en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut
151 États sont souverains sur le papier, mais fédérés en fait. Chacun d’eux a gardé sa personnalité, parce qu’un groupe d’Impr
152 urs du prisme, leur a donné presque sans qu’ils s’ en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité fédér
153 is de, « Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party », Journal de Genève, Genève, 18 a
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
154 arent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’ en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l’e
155 s d’étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’ en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à rien. Soyons fran
156 contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait aux princ
157 atique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se moque des principes vaut bea
158 ofessionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation, d
159 u’un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’ en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un projet bien préci
160 . Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Il faut une Commission ? Vous pouvez la nomm
161 , je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficil
162 erai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’
163 e. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tente
164 e jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous- en  ! Mais beaucoup d’entre vous veulent agir, et je les supplie maintena
165 uvez le devenir et sonner le ralliement, cet été, en septembre, à Strasbourg. Tout tient à cela, tout tient à votre sage a
166 t mourir, que pour des raisons de vivre. Mozart n’ en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique,
167 tes-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. t. Rougemont Denis
168 rez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. t. Rougemont Denis de, « Cinquième lettre
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
169 esprit qui valait cent vertus. « Marchez toujours en ricanant dans le chemin de la vérité », écrivait-il à Madame du Deffa
170 e céramistes, tous protestants, mais qui vécurent en paix avec ceux qu’ils enrichissaient. En même temps, il faisait bâtir
171 haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vieux père de famille. C’est ici que la publicité fut inventée. Volta
172 s et de très mauvais vers quand il vous plaira. » En vingt ans, le village passe de cinquante foyers à plus de mille habit
173 le perron de son château. Les enfants du village en habits de bergers lui présentent des œufs, du lait, des fruits. Une j
174 » de l’assistance. Les garçons défilent à cheval, en uniformes. « Sont-ce vos soldats ? » demande le prince de Hesse. « No
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
175 on, appellent dangereusement l’Amérique à prendre en main le sort de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs de nos pay
176 u xxe siècle. On sait l’histoire de cette union. En 1787, les treize États qui venaient de se libérer de la tutelle brita
177 ues villes, le projet fut brûlé par la population en place publique. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le
178 peut aujourd’hui l’ignorer. S’il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel écrit, je dirais que d’
179 tre divisé politiquement, comme géographiquement, en quatre parties dont chacune a des intérêts distincts. L’Europe, pour
180 animaux, ainsi que la race humaine, dégénéraient en Amérique ; que les chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après a
181 à ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’Union nous en rendra capables. La désunion préparerait une nouvelle victime à leur
182 de départ de l’Amérique et celle de notre Europe en formation. Regardons-nous dans ce miroir ! Nous y reconnaîtrons nos a
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
183 les, présentées par les Russes avant Genève, sont en opposition fondamentale avec celles de nos communistes occidentaux et
184 occidentaux et des neutralistes qui les suivent ? En proposant un système de sécurité européenne, Moscou reconnaît implici
185 ée par les communistes comme une idée américaine. En affirmant le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieur
186 partis qui agissent à son service dans nos pays. En insistant enfin sur l’importance vitale d’une reprise des échanges cu
187 ux hommes d’État de l’Occident de les transformer en engagements concrets. Se demander si les Russes sont sincères serait
188 ons maintenant les conditions précises de la mise en pratique de ces principes. Prendre au sérieux l’offre russe de sécuri
189 Et voilà qui n’a l’air de rien, mais qui équivaut en fait à lever le rideau de fer. Je pars de là. Je ne suis qu’un écriva
190 te l’attitude des Russes à Genève peut se résumer en un seul mot : causons ! D’où l’accent mis sur le langage commun. Il e
191 ’où l’accent mis sur le langage commun. Il existe en fait deux moyens d’instaurer un langage commun. Le premier est la for
192 de culture ; mais comme il n’était pas question d’ en discuter, ce fut la force qui trancha. Le second moyen d’instaurer un
193 ple hypothèse, ses propres préjugés et attitudes, en vue d’une recherche commune — autrement l’on n’aurait qu’une suite de
194 qu’il dit et comment il le sent ; et que l’autre en fasse autant chez nous. Circulons. Questionnons. Causons ! Certains p
195 cun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’il en organise, en place publique, la visite officielle et gratuite, l’arme
196 l’autre un cheval de Troie et qu’il en organise, en place publique, la visite officielle et gratuite, l’arme secrète des
197 s. Il se peut que les nombreux témoignages qu’ils en donnent depuis quelques mois soient plus clairs et certains que la co
198 plus clairs et certains que la conscience qu’ils en ont. Le Père des peuples est mort, qui tenait tout ensemble. Le chef
199 orts : un Tito, un Adenauer. C’est vers eux que s’ en vont ceux qui parlent pour les Russes — comme aujourd’hui Joukov va v
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
200 al, ou, s’il est sain d’esprit, c’est un criminel en puissance : c’est un homme qui approuve, excuse et justifie, les mass
201 ais d’une action vigilante, obstinée. Nous vivons en démocratie, qui veut dire souveraineté du peuple. Or le peuple, c’est
202 ps de faire l’Europe. Cette Europe qui aurait pu, en s’unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rassemblant ses for
203 en s’unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rassemblant ses forces à l’appel angoissé de la liberté, éviter la ho
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
204 t nous passons. La radio cite et passe, la presse en fait autant, et nos sociétés d’écrivains ne se réveillent pas pour si
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
205 que apologétique confessionnelle. Pour développer en moins de cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’il nomme sa
206 aux hommes la vérité de leur expérience de Dieu, en les ramenant du Dieu transcendant que seul ils s’étaient révélé jusqu
207 évélé jusqu’alors, au Dieu immanent qui s’annonce en leur cœur ». Sur une telle phrase, on imagine d’admirables disputatio
208 ne d’admirables disputations ! On voit bien ce qu’ en diraient les barthiens dont je fus : Ansermet, partant de Husserl, ré
209 e protestant de l’époque post-hégélienne. Mais qu’ en dirait Karl Barth lui-même, qui n’a pas fini de nous surprendre ? C’e
210 mont Denis de, « “Le Dieu immanent, qui s’annonce en leur cœur” (À propos d’Ernest Ansermet) », Journal de Genève, Genève,
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
211 u, mon livre parle d’autre chose et ne mentionne, en fait de papotages, que des conversations avec Jacques Maritain, André
212 e forteresse auxquels le Général m’avait condamné en juin pour un article sur l’entrée d’Hitler à Paris. Soyons précis : u
213 cier qui quitte la Suisse à la fin d’août de 1940 en mission et muni d’un passeport « de service », il est rigoureusement
214 serté, peu de jours auparavant. Un critique qui l’ en accuserait, à ce moment-là, serait requis de s’en expliquer sur l’heu
215 en accuserait, à ce moment-là, serait requis de s’ en expliquer sur l’heure devant un tribunal militaire, lequel n’admettra
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
216 1969)ab ac Monsieur le président, Un étudiant en théologie, qui suit depuis deux ans mes cours, René Bugnot, comparaît
217 certaines applications théoriques ou concrètes qu’ en fait M. Bugnot. Mais il y a loin de contester à condamner et à flétri
218 nous condamnons à la prison ceux qui se réclament en toute conscience, qu’aurons-nous encore à défendre en Suisse, à part
219 oute conscience, qu’aurons-nous encore à défendre en Suisse, à part les « beautés de la nature » et des entreprises dont b
220 e soin tout aussi bien ou parfois mieux que nous. En tout cas, il n’y aurait pas lieu de se faire tuer pour si peu que de
221 geants, civiquement alertés, préoccupés de mettre en accord leur foi intime et leur action dans la communauté, comment ne
222 d’aussi bons Suisses que ceux qui, trop souvent, en toute indifférence et ignorance quant aux bases mêmes de notre civism
223 ons, pourquoi ne pas condamner « pour la forme », en saisissant l’occasion de dénoncer — parce qu’elle est scandaleuse et
224 econnaissance légale de l’objection de conscience en Suisse et d’un statut correspondant ? La véritable utilité d’un procè
225 ous voudrez bien excuser la liberté que je prends en m’adressant à vous si franchement et longuement. Je ne voulais être q
226 es convictions de citoyen. Me le pardonnerez-vous en pensant aux efforts que j’ai faits — et ne cesserai de faire — pour e
227 t mal et ne le comprend pas toujours ? Nous avons en commun le souci du bien public et cherchons à le servir chacun à sa m
228 subie Bugnot une première fois. Et il ne pouvait en être autrement. Car si le juge n’est plus obligé d’aggraver la peine
229 fait qu’il n’est plus tenu compte de la récidive en matière d’objection de conscience, il ne peut cependant guère envisag
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
230 . J’ai dit seulement que si l’on choisissait de s’ en tenir à « l’ordre à tout prix » et à l’écrasement légal des opposants
231 . Cela dit, il me reste à vous remercier d’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’attention de vos lecteurs sur le grave p
232 sera organisé et publié dans le Journal de Genève en octobre 1969 : « Entre Dieu et l’État », Journal de Genève, Genève, n
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
233 e. On a fabriqué le nationalisme au xixe siècle. En peinture, voyez comme l’École de Paris est peu française en vérité :
234 n Âge. On ne peut parler de culture bourgeoise qu’ en pensant aux consommateurs de cette culture. Bien sûr, depuis cent ans
235 rendre populaires auprès de leurs petits enfants en leur conseillant de casser leurs jouets. Il faudrait plutôt leur dire
236 une mutation tant physique que spirituelle ? Je n’ en sais rien. Je sais vers quoi je voudrais qu’on aille. Le progrès est
237 nt, de la Grèce et de Rome qui continuent à vivre en elles. En deuxième lieu, la civilisation occidentale est la seule qui
238 Grèce et de Rome qui continuent à vivre en elles. En deuxième lieu, la civilisation occidentale est la seule qui ait conqu
239 autre civilisation qui pourrait s’épanouir ? Je n’ en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-il que ce soit une civilis
240 blement alors des centaines de morts, quoiqu’on n’ en parle guère. Je ne vois dans le maoïsme aucun germe de civilisation n
241 ois pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des t
242 voir personnel finit toujours mal. » Bon. Mais qu’ en est-il du pouvoir impersonnel ? Le cas des quatre Républiques françai
243 nte mais fausse. Aujourd’hui, la civilisation née en Europe recouvre la terre entière ; elle n’est pas à la merci des forc
244 suis pas pessimiste à son sujet, mais je le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’Homme, indépendamment de la na
245 e par exemple. Dans un petit livre que j’ai écrit en 1946 sur la bombe atomique, je disais en post-scriptum à mes lettres 
246 ai écrit en 1946 sur la bombe atomique, je disais en post-scriptum à mes lettres : « Un dernier mot, et dire que j’allais
247 laissez tranquille dans sa caisse, elle ne va pas en sortir toute seule. On nomme des comités pour contrôler la bombe ! C’
248 est la responsabilité de l’artiste dans un monde en transformation ? Dans une société qui s’agrandit follement, qui perd
249 sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en traduisent et révèlent les courants, mais n’agissent plus sur eux. C’
250 é de notre désordre, mais de trouver les moyens d’ en sortir. C’est-à-dire de créer un ordre plus humain : par quoi je veux
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
251 enait dans le procès d’un objecteur de conscience en adressant au président du Tribunal militaire un témoignage que nous a
252 lème de l’objection de conscience, c’est admettre en préalable que ce problème existe. Non pas par l’importance du nombre
253 e du nombre de ceux qui professent l’objection et en portent témoignage, mais par la valeur des principes qu’elle révèle e
254 ue les tribunaux militaires suisses ont condamnés en 1967 peut être rapidement esquissé : l’objecteur est généralement de
255 ataire ; il est proportionnellement plus nombreux en Suisse romande. Si la notion d’objection de conscience a été récemmen
256 tendue à des motifs d’ordre philosophique, elle n’ en puise pas moins ses racines dans des motivations chrétiennes. C’est d
257 autre. Michel Barde. — Avez-vous eu le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitariste — je précise que ceux q
258 le. L’objecteur choisit un moyen défini de mettre en évidence l’injustice d’une loi et de préconiser quelque chose de nouv
259 Dieu Tout-Puissant », entendant le Dieu chrétien, en tête d’une Constitution qui n’est absolument pas chrétienne. Bernard
260 — Est-elle antichrétienne ? Denis de Rougemont. —  En cas de conflit, oui. Dans le cas du conflit prévu par cet article 49,
261 e nos plus petites communes, chaque séance débute en plaçant cette réunion d’une cinquantaine de citoyens « sous la protec
262 e les lois et y obéit sans les mettre plus jamais en question. Bernard Béguin. — Tout dépend si le citoyen est autorisé à
263 ollectivité, et si elles sont amendables par elle en tout temps. Christian Schaller. — Eh bien ! L’objection de conscience
264 ois puissent s’amender. C’est une façon de mettre en évidence certains problèmes qu’on a tendance à masquer d’habitude. Pa
265 cteur prend une position particulière pour mettre en évidence un état de fait. Ce n’est pas un anarchiste. Bernard Béguin.
266 oin d’eux, et cela montre que si nous n’avons pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’avons en fait. L’objecteur
267 droit un statut pour les objecteurs nous l’avons en fait. L’objecteur peut accomplir ses devoirs civiques sans s’opposer
268 gens, que par des tribunaux ordinaires qui jugent en majorité des gens plus ou moins malhonnêtes. Colonel divisionnaire Dé
269 ans peut obtenir un sursis… Michel Barde. — Il y en a qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de
270 pital cantonal. Bernard Béguin. — Cela veut dire, en fait, qu’un garçon de 20 ans condamné pour objection de conscience — 
271 s chargés de l’exécution. Ce sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’avons, je dois dire, jamais eu de plainte de
272 olonel Vaucher. — Les tribunaux militaires jugent en majorité des honnêtes gens, c’est vrai ; et je ne pense pas seulement
273 rs de conscience. Quant au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf s’ils déclarent être disposés à l’avenir à faire leu
274 tté ? Colonel Vaucher. — Mais oui, bien sûr, mais en fait le cas ne se présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’
275 ble sera acquitté aussi. C’est évident. Mais je n’ en ai jamais vu. Tous les objecteurs que j’ai connus étaient des gens se
276 n. Il accepte la loi. (Il pourrait s’y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi l’objecteur ch
277 d’importance à ce que la vie des objecteurs soit en rapport avec leurs principes. Enfin nous ne condamnons pas perpétuell
278 ns. Ce ne sont pas des officiers de carrière qui, en règle générale, sont juges militaires, ce sont des miliciens. Denis d
279 vice. Nous ne vous demandons pas de l’aimer, ni d’ en être partisan. » Denis de Rougemont. — L’objecteur de conscience n’es
280 plique mal quand il veut lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’il s’attaque en même temps à un appareil militaire d
281 initiative à l’extérieur, et qui ne peut agir qu’ en autodéfense. Service civil et milice incompatibles ? Christian
282 de la bombe atomique dont on parle beaucoup sans en connaître les effets. Par deux fois déjà, nous avons été maintenus à
283 été fait à l’étranger. D’ailleurs, vous savez qu’ en France un objecteur doit se déclarer comme tel au recrutement, et qu’
284 dit : « Objecteurs de conscience ? oui, mais pas en Suisse. Pour quelle raison en Suisse ? Nous ne voulons de mal à perso
285 nce ? oui, mais pas en Suisse. Pour quelle raison en Suisse ? Nous ne voulons de mal à personne, sinon défendre ce que nou
286 aurions plus un certain nombre d’objecteurs. Nous en serions ravis. Mais si je me pose la question comme citoyen — et je s
287 e pense finalement qu’une armée est indispensable en Suisse et que le service militaire obligatoire paraît la forme la plu
288 e un noyau de militarisme, et j’ai le militarisme en horreur. Bernard Béguin. — Est-ce qu’un service civil affaiblirait l’
289 upranational. L’armée que nous avons actuellement en propre nous permet en cas de conflit de faire entendre notre propre v
290 que nous avons actuellement en propre nous permet en cas de conflit de faire entendre notre propre voix, et d’oser dire no
291 re entendre notre propre voix, et d’oser dire non en toute indépendance. Christian Schaller. — Mais la question est bien l
292 nos conceptions actuelles. Nous pouvons le faire en Suisse. Nous ne pourrions peut-être pas le faire en Russie. Mais je p
293 Suisse. Nous ne pourrions peut-être pas le faire en Russie. Mais je pense, pour ma part, que si la neutralité suisse doit
294 es devoirs particuliers aux Suisses dans la prise en considération et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’il se pr
295 re de division 1. M. Christian Schaller, étudiant en médecine, co-auteur du Sens de notre refus (Éditions La Baconnière).
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
296 dent , Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour en livre de poche), un chapitre de La Part du diable et une brève nouve
297 N’oubliez pas mes journaux réunis par Gallimard en un volume, et tous mes ouvrages politiques et polémiques, où il n’est
298 civique de la personne. L’Amour et l’Occident n’ en est en somme qu’une illustration dans le domaine des relations indivi
299 i ressemble à un « l’éclatement de l’Éros », si j’ en crois mes yeux et les statistiques. Le fait qu’un livre comme Love St
300 ment. Les autres sources de malheur sont réduites en Occident, et la proportion réservée à l’adultère s’est largement accr
301 us de mal que la passion, ni créé plus de beauté, en Occident. Je pense que le couple, fondement du rapport humain le plus
302 e vous vouliez le faire à votre retour d’Amérique en Europe en 1946 ? Je suis un écrivain engagé au sens actif du mot que
303 liez le faire à votre retour d’Amérique en Europe en 1946 ? Je suis un écrivain engagé au sens actif du mot que j’ai défin
304 ’ai défini dans mon premier livre, publié à Paris en 1934, Politique de la personne et qui est exactement le contraire d
305 ant que tel. Quand je suis rentré des États-Unis, en 1946, j’ai vu que l’engagement était devenu une théorie à la mode. Je
306 gagement était devenu une théorie à la mode. Je n’ en ai plus parlé, mais pratiquement je me suis engagé au service de l’Eu
307 viève Armleder et précédés du chapeau suivant : «  En 1972, Denis de Rougemont a réédité quatre ouvrages anciens, augmentés
308 dits. Ces ouvrages, et d’autres, ont été traduits en norvégien, en grec, en anglais, en catalan, en portugais, en japonais
309 ages, et d’autres, ont été traduits en norvégien, en grec, en anglais, en catalan, en portugais, en japonais et en italien
310 d’autres, ont été traduits en norvégien, en grec, en anglais, en catalan, en portugais, en japonais et en italien. C’est d
311 t été traduits en norvégien, en grec, en anglais, en catalan, en portugais, en japonais et en italien. C’est dire que 1972
312 ts en norvégien, en grec, en anglais, en catalan, en portugais, en japonais et en italien. C’est dire que 1972 a été pour
313 n, en grec, en anglais, en catalan, en portugais, en japonais et en italien. C’est dire que 1972 a été pour lui “une année
314 anglais, en catalan, en portugais, en japonais et en italien. C’est dire que 1972 a été pour lui “une année de mise au poi
30 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
315 ennent chaque matin à Genève, et rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un rayon d’une quarantaine de kilom
31 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
316 apitale mondiale de l’automobile. Mais la voiture en 1978, loin d’être un simple objet de consommation, figure au cœur de
317 de parking, de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la voiture est là, avec ses partisans et ses détracteurs. Voit
318 lon international de l’automobile de Genève, tout en ne niant pas certains inconvénients qui se rattachent à la voiture, n
319 s inconvénients qui se rattachent à la voiture, n’ en demeure pas moins un farouche partisan. Sur le plan social, parce qu’
320 ivers modes de transports et d’élaborer des plans en conséquence. Jacob Roffler, étudiant en médecine, a participé en 1976
321 des plans en conséquence. Jacob Roffler, étudiant en médecine, a participé en 1976 à l’organisation de l’Anti-Salon. Il es
322 Jacob Roffler, étudiant en médecine, a participé en 1976 à l’organisation de l’Anti-Salon. Il est un membre actif de la c
323 s culture, dites-vous, qui est parvenu à ses fins en créant dans ses usines des sortes de circuits fermés « producteur-con
324 circuits fermés « producteur-consommateur », tout en s’aidant de slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture avait é
325 ent du national-socialisme. Et j’espère qu’il n’y en aura pas une troisième qui serait celle des centrales nucléaires… La
326 et objet répugnant, laid, puant, bruyant, mettant en fuite les enfants et les chevaux. » Ford a alors estimé que la seule
327 d’organiser des concours de vitesse, c’est-à-dire en prenant les gens par leur côté enfantin. Cela a très bien marché. Ens
328 , Ford n’a vendu que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 pa
329 endu que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 par jour. Aujo
330 ents voitures. En 1909, il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 par jour. Aujourd’hui, les États-Unis
331 , il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 par jour. Aujourd’hui, les États-Unis produisent 12 million
332 approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement changé d’avis. Hubert de Senarclens : On viendrait
333 un moment d’angoisse tel que d’autres chercheurs en ont connu dans d’autres domaines. Denis de Rougemont : Je m’inscris e
334 utres domaines. Denis de Rougemont : Je m’inscris en faux contre cette interprétation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu
335 habitez la campagne et que vous devez vous rendre en ville pour travailler. Mais aussi sur le plan des loisirs. Regardez l
336 us rend indépendant. » Mais rien n’est plus faux. En auto, vous devez respecter des horaires au même titre que si vous pre
337 e titre que si vous preniez le train. Vous partez en vacance non pas le samedi matin, mais le vendredi soir pour éviter le
338 enteurs qui ont fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il
339 lo. Vous demandez si la prolifération des autos n’ en a pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits
340 antages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles aisées roulaient e
341 époque » où seules les familles aisées roulaient en voiture est dépassée. L’élévation du niveau de vie — et je m’en félic
342 dépassée. L’élévation du niveau de vie — et je m’ en félicite — a fait que beaucoup ont aujourd’hui accès à l’automobile.
343 à l’automobile. Une personne sur trois ou quatre en Suisse, ce qui est considérable. Mais bien entendu cela comporte auss
344 vous comparez le nombre de véhicules par habitant en Occident par rapport à l’Union soviétique, il n’y a aucune commune me
345 a aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % aux USA. Dès que vous créez la voiture, vous appelez la li
346 ù 50 % des Soviétiques pourront aussi se déplacer en voiture, ils n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leu
347 dans certains milieux — d’être pour ou contre, d’ en avoir ou pas. Cela équivaut à réduire le problème à une dimension abs
348 de vendre cent ou deux cents véhicules par an, il en vendrait des millions. Il ne s’est jamais interrogé sur les conséquen
349  achetez des voitures, cela vous rendra libres », en fait leur véhicule leur servait essentiellement à aller travailler. A
350 etenir que le cas de la voiture ? Il faut prendre en considération l’individu et voir les conséquences de son comportement
351 avail. Ils ont été s’installer à la campagne et s’ en servent pour venir travailler. Jacob Roffler : Ce que je déplore dans
352 res autour des grands ensembles, tout est bétonné en fonction des quatre roues. François Peyrot : M. Kräyenbühl a parfaite
353 t : M. Kräyenbühl a parfaitement raison de mettre en évidence le problème de l’individu plutôt que celui de la voiture. Ca
354 nière, comme de n’importe quel objet, vous pouvez en faire une bonne ou une mauvaise utilisation. On vit dans une civilisa
355 s sont pour accroître l’importance des transports en commun, d’autres au contraire pour favoriser la liberté du trafic, to
356 t. Mais je voudrais reprendre mon propos initial. En moins de cinquante ans la voiture est devenue le numéro un de l’indus
357 e l’on ne peut traiter d’une question aussi grave en demandant simplement aux gens s’ils sont pour ou contre. Les PDG de l
358 obile entrave la liberté du plus grand nombre. On en vient à construire des autoroutes à côté de villages, sans que la pop
359 firmé que les reproches adressés à nos autorités, en ce moment, étaient injustifiés. Car nos autorités agissent conforméme
360 s parfaitement d’accord avec vous. Seulement pour en revenir à l’initiative Weber, elle ne demande rien d’impossible. Elle
361 ier, c’est de transporter beaucoup trop de choses en camion, alors que l’on devrait davantage utiliser le chemin de fer. I
362 st également démontré. On bâtit trop d’autoroutes en Suisse. Étant Neuchâtelois, je connais bien les problèmes qu’apporte
363 ntait une utilisation abusive de la voiture. Déjà en 1968, rappelez-vous, la notion de « petite ceinture » a été introduit
364 ; interdire la construction de parkings au centre en favorisant leur implantation autour de cette petite ceinture, de mani
365 l’espace en faveur des piétons et des transports en commun. Hubert de Senarclens : Pourtant en ce qui concerne les transp
366 sports en commun. Hubert de Senarclens : Pourtant en ce qui concerne les transports en commun, l’État n’a pas été particul
367 lens : Pourtant en ce qui concerne les transports en commun, l’État n’a pas été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl 
368 cord sur le rôle que doivent jouer les transports en commun, notamment dans les zones densément peuplées où la voiture ne
369 n véhicule individuel pour prendre les transports en commun. Denis de Rougemont : Vous me rappelez ce que disait Alfred Sa
370 ’habitation extérieures à la ville, vous avez mis en marche des mouvements pendulaires avec des gens qui vont à leur trava
371 ires avec des gens qui vont à leur travail et qui en reviennent. Ces mouvements amènent par conséquent des véhicules en vi
372 s mouvements amènent par conséquent des véhicules en ville, laquelle est utilisée davantage pour les bureaux. C’est ainsi
373 centre de Paris sont devenus complètement morts. En ce qui concerne les parkings périphériques un point d’interrogation d
374 rd’hui des centres commerciaux où l’on peut garer en sous-sol ? J’émets donc un doute sur cette politique des parkings aut
375 e la ville est devenue invivable. Ce qui se passe en Occident, à cet égard, est juste l’inverse de ce que l’on constate da
376 e l’inverse de ce que l’on constate dans les pays en voie de développement. Là-bas vous assistez à un afflux des populatio
377 nous a rendus attentifs à ce fait que la voiture, en envahissant complètement les places transformées en parkings — pensez
378 envahissant complètement les places transformées en parkings — pensez à la grande place de Bruxelles — ruine les bases mê
379 e Paris sont consacrés à la voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été sacrifiés sans do
380 les qui n’étaient pas faites pour la recevoir. Il en résulte, c’est clair, des problèmes presque insolubles. Je suis d’avi
381 et une erreur, car une ville doit s’adapter, tout en gardant ce qu’elle a d’authentique et qui doit absolument être préser
382 leux de penser à quel point la majorité des gens, en Occident, vit aujourd’hui mieux qu’il n’y a un ou deux siècles. Moi c
383 al c’est que vous insistez beaucoup sur l’objet —  en l’occurrence la voiture — mais vous insistez beaucoup moins sur le su
384 ellement changer des pièces. Denis de Rougemont : En ce qui concerne l’économie, je pense qu’il faut rester humain. Il y a
385 us fluide mais on s’aperçoit qu’au moindre départ en vacances les voitures y sont bloquées. Hubert de Senarclens : La poll
386 ue l’on puisse parler de conspiration du silence. En fait même si certains phénomènes sont connus, c’est un secteur qui dé
387 maladies est épouvantablement élevé. D’autre part en ce qui concerne les accidents, je pense qu’il ne faut pas prendre uni
388 ts, je pense qu’il ne faut pas prendre uniquement en considération le choc ou la blessure mais l’ensemble des suites telle
389 d’une manière plus modeste l’automobile. Car même en les baratinant, vous n’obtiendrez pas qu’ils restent « gentils ». Cel
390 les séances sur les règlements du Conseil fédéral en la matière. Tout était, je vous l’assure, plutôt obscur. Jacob Roffle
32 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
391 semaine littéraire, seule revue paraissant alors en Suisse romande, une semaine à peine après que je l’aie écrit. Il s’in
392 on, passionnés de football et jouant, tous trois, en qualité de gardiens de but. C’est tout de même étonnant. Si vous devi
393 ette morale est en train de fortement se dégrader en raison, selon moi, de deux facteurs particulièrement néfastes : la co
394 t ceux qui vont se dérouler à Moscou. Je pense qu’ en 1936, les démocraties occidentales ont eu le plus grand tort de parti
395 er aux JO. Si elles avaient refusé d’y aller tout en exprimant clairement leurs raisons, à savoir qu’elles ne voulaient pa
396 uple allemand aurait en effet commencé à remettre en cause très sérieusement la valeur de la politique menée par son gouve
397 pique français s’est alors rebiffé avec virulence en déclarant « Quoi ! On veut m’arracher mon drapeau, on en veut à l’hon
398 arant « Quoi ! On veut m’arracher mon drapeau, on en veut à l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’i
399 , on en veut à l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’il n’est plus question de sport mais de délire
400 donc l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on en a plus vu depuis Gengis Khan. Et tout cela fait bien entendu régner a
401 est précédé du chapeau suivant : « Né à Neuchâtel en 1906, Denis de Rougemont est l’écrivain suisse le plus engagé dans le
33 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Mes amis et Nerval (9 octobre 1982)
402 e 1982)aq ar Comme chaque année, je suis parti en vacances avec une pleine valise de manuscrits en train et de livres «
403 en vacances avec une pleine valise de manuscrits en train et de livres « à lire en vacances », livres d’amis, reçus depui
404 lise de manuscrits en train et de livres « à lire en vacances », livres d’amis, reçus depuis des mois, et livres qui m’aid
405 et de Tel quel de Valéry, compagnons de mes mises en train. Le sort a voulu que je n’arrive à lire qu’un seul des « livres
406 s propres livres, en vue de traductions nouvelles en anglais, roumain, serbo-croate, exigeant ajouts et préfaces, ou pour
407 aces, ou pour des rééditions revues et augmentées en livres de poche, à paraître à l’automne, ces tâches bloquant tout, éc
34 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
408 s et à l’âme » et de réaffirmer avec force sa foi en un avenir qui sera ce que nous en ferons, Denis de Rougemont expliqua
409 ec force sa foi en un avenir qui sera ce que nous en ferons, Denis de Rougemont expliqua pourquoi l’essai est, à son sens,
410 tion Schiller Suisse — choix longuement mûri s’il en fut, puisqu’il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tous les
411 pour notre Suisse romande, que tous les vingt ans en moyenne — je vous dirai qu’il me rassure au moins autant qu’il m’hono
412 nt partie de la littérature ? Tel est le doute qu’ en me donnant votre Grand Prix vous tranchez en faveur de l’essai comme
413 dans Calvin, l’initiateur de la langue des idées en France, et dans Montaigne, inventeur des Essais précisément ; puis da
414 es écrits polémiques et pas du tout des tragédies en vers, le Rousseau des Rêveries et des Confessions, le Chateaubriand d
415 l’Europe et pour la paix, le Rimbaud d’Une saison en enfer, et tout près de nous, le Valéry de Variété et de Tel Quel, l’A
416 vis de Malraux Ceci dit sur un plan général, j’ en viens à mon cas personnel, pour la première fois en public. On s’éton
417 viens à mon cas personnel, pour la première fois en public. On s’étonne souvent, ou l’on juge regrettable, que je donne l
418 s me donne l’occasion de m’expliquer là-dessus, m’ en fait même peut-être un devoir. Tout s’est joué entre 1930 et 1940
419 écennie tout s’est joué, à la fois hors de moi et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’interactio
420 par la soumission de l’homme à ses machines, tout en nous refusait le choix. Nous étions condamnés à inventer, dans un tem
421 milieu de laquelle cette phrase me frappa, tapée en majuscules : « Ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes per
422 fi des totalitaires. Par Alexandre Marc, j’entrai en relation avec quelques dizaines de jeunes intellectuels, avec ce que
423 isses, mais aussi d’une manière clandestine, on s’ en doute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ils allaient lanc
424 nsultes à chef d’État étranger risquant de mettre en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite d
425 sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé à partir pour New York, cha
426 be atomique notamment. Mais surtout, par la force en mon cas créatrice d’une constante et poignante nostalgie, en Amérique
427 créatrice d’une constante et poignante nostalgie, en Amérique, j’ai découvert l’Europe et la nécessité vitale de son union
428 délivraient d’Hitler. Et dès mon retour définitif en Suisse, je me suis trouvé, sans trop savoir comment, engagé dans la l
429 e, et tant pis pour mon œuvre littéraire. C’était en 1947. J’y suis encore, les deux ans sont devenus trente-cinq ans, et
430 ique suppose une certaine idée de l’homme ». Nous en déduisons que le communisme supposait un individu embrigadé, le komso
431 dèle de cité idéale que Rousseau devait reprendre en l’appliquant aux citoyens de Genève réunis dans la cathédrale. Le
432 ’une société fondée sur les communes, s’associant en régions pour les tâches qui dépassent leur compétence ; ces régions à