1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 des ruines prochaines de nos cités mécaniciennes, ils rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où nous viendraient un
2 de M. de Traz1, par les précisions importantes qu’ il apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destin
3 lucide, avec une sorte d’acharnement, comme seul il sait l’être aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympa
4 ’est ce qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c
5 uvent le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut- il s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des
6 me mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’est guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type
7 de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’ il dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une politesse, leur para
8 qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’ il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfia
9 attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’ il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveu
10 sme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». «  Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs orientaux. De leur
11 flige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit- il des rêveurs orientaux. De leur immense paresse, jusqu’à leur mysticis
12 à leur mysticisme, partout c’est une démission qu’ ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. E
13 oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je
14 t menaçant ? Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’ il éprouve à se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de T
15 une matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout qu
16 ar un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est- il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’u
17 aine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’ il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette
18 parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’ il fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince
19 s, mais sans jamais s’y perdre ou se confondre en elles , révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une suite
20 uite de pages lyriques toujours un peu stylisées. Il apparaît, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d
21 morceaux attestent la délicatesse, mais parce qu’ il sait y trouver les seuls motifs réels d’exaltation. 1. Le Dépaysem
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
22 voix haute, aucune couleur vive. Les journaux qu’ ils lisent annoncent chaque jour quelque catastrophe imminente, une révol
23 un coussin aux curieux dessins noirs et blancs : il représente l’ancienne Hongrie découpée en blanc sur fond noir et port
24 auve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son
25 ylles démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’ elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu co
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
26 e histoire où tout le monde « se conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal es
27 qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant, s’ il est certain que l’Évangile et ses promesses de salut sont seuls capab
28 Un vrai roman chrétien est d’abord réaliste. Car il faut bien connaître la nature et ses abîmes, si l’on veut être à même
29 le. Cette femme n’est pas un ange, ni une sainte. Elle pèche, elle désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’
30 mme n’est pas un ange, ni une sainte. Elle pèche, elle désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’est un vieux
31 ange, ni une sainte. Elle pèche, elle désespère, elle touche le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu
32 liable création, ce Norenius ! — qui prend soin d’ elle au temps de sa misère. Puis une grâce vient dans sa vie et désormais
33 réalité c’est le terne train-train des journées. Ils avaient en somme raison, tout au moins pour leur compte, ajouterons-n
34 ur compte, ajouterons-nous. À chacun sa réalité : elle dépend du regard qu’on porte sur les choses. Le regard « réaliste » d
35 folies, l’originalité bouleversante des êtres, qu’ il s’agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visa
36 elui qui sait voir parce que, mieux que d’autres, il sait aimer. Et sur ce monde, qu’il est, sur ces vies douloureuses, ba
37 que d’autres, il sait aimer. Et sur ce monde, qu’ il est, sur ces vies douloureuses, banales ou touchantes, mal engagées o
38 le d’une miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’ elle est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas « l’hist
39 man ! La mode passe, le public se fatigue, paraît- il . « Achetez français », disent les critiques, à l’instar de l’affiche
40 sent les critiques, à l’instar de l’affiche (dont il faut regretter qu’elle soit elle-même un affreux barbarisme importé d
41 l’instar de l’affiche (dont il faut regretter qu’ elle soit elle-même un affreux barbarisme importé d’outre-Manche). Mais s’
42 ffreux barbarisme importé d’outre-Manche). Mais s’ il est une justice dans le domaine littéraire, il faut prédire à Sara Al
43 s’il est une justice dans le domaine littéraire, il faut prédire à Sara Alelia non pas un succès de saison, mais la carri
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
44 ns contestées de la France contemporaine. N’y a-t- il pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans le
45 pliste (et ce n’est pas chez nous qu’on la niera) il faut reconnaître qu’il est essentiellement négatif. Car à la vérité,
46 chez nous qu’on la niera) il faut reconnaître qu’ il est essentiellement négatif. Car à la vérité, et si libre qu’elle soi
47 ellement négatif. Car à la vérité, et si libre qu’ elle soit encore, Dieu merci, la culture française est malade elle aussi d
48 core, Dieu merci, la culture française est malade elle aussi d’une maladie qui n’est pas le fascisme. Elle me paraît souffri
49 le aussi d’une maladie qui n’est pas le fascisme. Elle me paraît souffrir en premier lieu de l’inculture relative des masses
50 moins en France qu’en Suisse et qu’en Allemagne.) Elle me paraît souffrir ensuite, et peut-être plus gravement encore, de la
51 crivain. Parmi ses confrères académiciens, disait- il , tous célèbres et « auteurs à succès », tous ayant atteint ou largeme
52 l’autre est enchaîné au bureau de son journal où il écrit au moins deux articles par jour, un troisième « fait les théâtr
53 bonnes gens disent d’ordinaire : que ne prennent- ils un second métier, ces écrivains ! La littérature n’est qu’un luxe, el
54 ces écrivains ! La littérature n’est qu’un luxe, elle n’a pas à nourrir son homme. Et l’on cite M. Duhamel, qui est médecin
55 rant les années de naturalisation de leur œuvre), il est clair que la création artistique requiert toutes les forces d’un
56 elque chose à dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’une solution : que l’écrivain vive de sa plume. Or, c’est
57 aticable mais néfaste : les livres ne payant pas, il faudra faire du journalisme et courir les rédactions, improviser… Or
58 s du second métier, aggravé sans doute du fait qu’ il s’agit encore d’écrire, mais dans un style qui ne saurait être celui
59 dans son ensemble, étant faite de telle sorte qu’ il n’y trouve pas sa place normale. Et ceci suffirait à expliquer que le
60 urs, se moquent un peu de la culture ! En vérité, il est grand temps de mettre un ordre neuf dans tout cela. Mais il faudr
61 emps de mettre un ordre neuf dans tout cela. Mais il faudrait d’abord que cela se sache ! d. Rougemont Denis de, « Cond
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
62 teurs ne sont pas des philanthropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à « se défendre ». Naguère
63 thropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un
64 ont eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un point d’honneur de découvrir et d’imposer certains au
65 ginaux, donc peu vendables au début. Aujourd’hui, ils se voient obligés de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils
66 s de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils renoncent à former ces goûts. Ils se contentent de les flatter. Et au
67 sés) du public. Ils renoncent à former ces goûts. Ils se contentent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoi
68 alistes se récrient en vain : l’éditeur répond qu’ il faut vivre ! Règne de la publicité et de la littérature faite sur com
69 et de la littérature faite sur commande, comme s’ il ne s’agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On
70 oudrait de ce Zarathoustra dont on vendit, lorsqu’ il parut, 15 exemplaires ? Nul ne peut plus se payer de telles fantaisie
71 offre, et cela pour les meilleures raisons ! Ou s’ il tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper ailleu
72 isons ! Ou s’il tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper ailleurs, et de publier, pour compenser sa
73 sa perte, de bonnes petites histoires coquines. ( Il est certes des exceptions à cette règle déplorable. Elles se font exc
74 t certes des exceptions à cette règle déplorable. Elles se font excessivement rares.) Les débats passionnés que vient de soul
75 ins ? Et avant d’y porter remède, ne conviendrait- il pas de s’interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les croi
76 s seulement matérielles. Je crois au contraire qu’ elles affectent les sources vives de notre civilisation. C’est pourquoi le
77 ys. Pourquoi donc nos démocraties se laisseraient- elles battre sur ce terrain, où elles disposent des meilleures armes ? Je p
78 s se laisseraient-elles battre sur ce terrain, où elles disposent des meilleures armes ? Je persiste à croire, malgré tout, q
79 es ? Je persiste à croire, malgré tout, que c’est elles qui résoudront le mieux le problème de la culture, — si toutefois ell
80 e mieux le problème de la culture, — si toutefois elles se le posent à temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’écr
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
81 tractions commerciales ? Les écrivains ne portent- ils pas une part de responsabilité ? Car, après tout, le public est à peu
82 est à peu près ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme à l’image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapp
83 . Mais aujourd’hui, le rapport est inversé, quand il existe. Et le plus souvent, il est inexistant. D’une part, en effet,
84 est inversé, quand il existe. Et le plus souvent, il est inexistant. D’une part, en effet, la culture, et en particulier l
85 de l’art pour l’art. Pour mille raisons diverses, il n’a fait qu’empirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne son
86 notre siècle ne sont pas des auteurs populaires. Ils sont à l’usage exclusif d’une classe restreinte de la population. Alo
87 dans un grand monde de cinéma. Comment veut-on qu’ il en soit autrement, quand Proust, Gide ou Valéry ne paraissent recherc
88 les grands esprits se désintéressent de son sort, il ne peut que leur rendre la pareille. Alors le champ devient libre pou
89 t libre pour une « littérature » commerciale qui, elle , ne sera soucieuse que de plaire à bon compte, c’est-à-dire de flatte
90 la lecture, aujourd’hui, n’est plus du tout ce qu’ elle était au siècle passé pour des millions de personnes de toutes condit
91 le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’ il s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains
92 grands de nos écrivains ont beaucoup fait pour qu’ il se perde en se « distinguant » volontairement des préoccupations, jug
93 on de guides des esprits, et ruiné leur autorité. Ils sont donc mal venus à se plaindre. Mais la société en pâtit, plus gra
94 ndre. Mais la société en pâtit, plus gravement qu’ elle ne le croit, sans doute. Une situation si compromise ne se rétablira
95 que truc, loi nouvelle ou campagne de propagande. Il s’agit bien plutôt que les écrivains reprennent le sens de leur fonct
96 ne les y invite avec une insistance déplaisante. Il s’agit, pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’oreille du peuple.
97 pose une véritable révolution dans les valeurs qu’ ils ont cultivées jusqu’ici ! Car pour guider un peuple, et pour influenc
98 ne dis pas son âme, c’est l’affaire des Églises), il faudrait se soucier d’être utile, de servir la communauté, et non plu
99 Jamais un écrivain ne travaille mieux que lorsqu’ il sent qu’il est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réel
100 écrivain ne travaille mieux que lorsqu’il sent qu’ il est en communion avec les soucis de la nation, sa vie réelle et sa na
101 c est à peu près ce que les auteurs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or,
102 teurs le font. Mais il est juste de dire aussi qu’ il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or, il importe hautement à notre
103 uste de dire aussi qu’il a souvent les auteurs qu’ il mérite. Or, il importe hautement à notre pays d’avoir des écrivains r
104 ssi qu’il a souvent les auteurs qu’il mérite. Or, il importe hautement à notre pays d’avoir des écrivains représentatifs d
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
105 façon suffisamment profonde, par les relations qu’ elle établit entre le rêve et la vie réelle. » Or notre époque, plus que t
106  » Or notre époque, plus que toute autre semble-t- il , s’est attachée à l’étude des rêves : qu’il suffise de citer Freud et
107 ble-t-il, s’est attachée à l’étude des rêves : qu’ il suffise de citer Freud et Jung et, d’autre part, l’école surréaliste.
108 oésie, roman, philosophie et sciences de l’homme. Il était temps qu’un ouvrage d’ensemble reprenne l’étude du phénomène à
109 culture. C’est en effet au romantisme allemand qu’ il faut remonter si l’on veut étudier la source véritable de préoccupati
110 alyse. Les interprétations de la vie onirique, qu’ il nous propose, sont infiniment plus larges que celles du savant vienno
111 niment plus larges que celles du savant viennois. Elles englobent tout le mystère de la création poétique, elles font une par
112 nglobent tout le mystère de la création poétique, elles font une part notable aux facteurs spirituels, religieux et métaphysi
113 et Mallarmé, pour ne rien dire des contemporains. Il serait passionnant, à cet égard, de pousser plus avant cette étude, e
114 nds n’aient été que de « doux rêveurs », alors qu’ ils furent souvent, en réalité, des esprits d’une lucidité puissante, voi
115 assignées à la personne humaine dans sa réalité. Il y fallait toutes les ressources d’un esprit bien armé par nos classiq
116 athie pour les hardiesses de la pensée allemande. Il me plaît de souligner ici la réussite d’une telle synthèse, dont il e
117 ligner ici la réussite d’une telle synthèse, dont il est permis de croire qu’elle exprime la vocation européenne des Suiss
118 e telle synthèse, dont il est permis de croire qu’ elle exprime la vocation européenne des Suisses français dans l’ordre de l
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
119 les États-Unis. D’autant plus violente, semble-t- il , que l’enjeu en est plus confus, comme il arrive souvent dans les lut
120 emble-t-il, que l’enjeu en est plus confus, comme il arrive souvent dans les luttes politiques. Roosevelt représente le Ne
121 e toutes les mesures adoptées par le New Deal, et il vient de recevoir l’appui officiel de John C. Lewis, chef de la fract
122 . Mais peut-être cette nuance hypothétique joue-t- elle un rôle plus important qu’on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut b
123 s, mais le parti antiguerre reste fort. En sera-t- il de même lorsque cet article paraîtra ? Il y a huit jours, les experts
124 aux candidats socialiste et communiste. Que s’est- il passé ? Personne ne pourrait le dire avec certitude, pas plus qu’on n
125 ses, c’est précisément le nombre des inconnues qu’ elle met en jeu et l’instabilité caractéristique des passions dans ce pays
126 ique intolérance de part et d’autre. En Amérique, il s’agit de quelque chose qui rappelle beaucoup plus la violence d’un m
127 peu d’exceptions près, soutienne Willkie — comme elle soutint Landon il y a quatre ans — l’information reste impartiale et
128 rsonnelle qui les liait au candidat contre lequel ils proposaient cependant de voter. Fair play ! Ce qui frappe le plus un
129 s fureur. L’Américain n’aime guère discuter, mais il aime faire connaître son opinion. Il délègue donc ce soin à un bouton
130 scuter, mais il aime faire connaître son opinion. Il délègue donc ce soin à un bouton tricolore qui proclame sur sa poitri
131 ovembre. Ce jour-là, les Américains sauront ce qu’ ils pensent en tant que nation. Ils auront cessé de parier. Si Roosevelt
132 ins sauront ce qu’ils pensent en tant que nation. Ils auront cessé de parier. Si Roosevelt l’emporte, les événements suivro
133 s politiques me paraît être la suivante : Quoi qu’ il arrive le 5 novembre, l’unanimité des Américains se reformera toujour
134 tie », dans ce pays, n’est pas un terme usé comme il l’était en France, mais un synonyme de santé civique, de volonté huma
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
135 émocratique des USA. Un organisme est sain lorsqu’ il est capable de cicatriser rapidement ses blessures : signe que sa cir
136 on. L’opinion questionne, le gouvernement répond, il s’explique, il écoute à son tour. N’importe quel citoyen peut critiqu
137 uestionne, le gouvernement répond, il s’explique, il écoute à son tour. N’importe quel citoyen peut critiquer publiquement
138 a presse et la radio lui en offrent les moyens. S’ il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on
139 convoque à Washington, on examine son projet, et il arrive qu’on le charge officiellement de le réaliser. Nombreux sont l
140 , pour une période et pour une tâche déterminées. Il en est résulté parfois certains flottements dans la politique du New
141 e exclusive des cliques de politiciens de métier. Elle n’est plus l’affaire des partis. Chacun peut s’y intéresser, parce qu
142 mpétences, qu’on lui « donnera sa chance », comme ils disent. Cet esprit de participation exerce une influence excellente à
143 e à la fois sur le gouvernement et sur l’opinion. Il incite les dirigeants à s’expliquer franchement devant le peuple, et
144 Et ce souci constant de l’humanité du citoyen, qu’ il s’agisse des nationaux ou des étrangers… Ainsi informée et formée, l’
145 méricaine discute réellement les problèmes posés. Elle cherche réellement à les résoudre dans l’intérêt commun, — et non pas
146 dans le fait très simple que voici : en réalité, il n’y a pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument fau
147 n réalité, il n’y a pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument faux d’assimiler les républicains et les d
148 tion. Leur opposition reste fluente, mal définie… Elle se cristallise, et encore est-ce dans les courtes périodes d’élection
149 ndispensable à toute vie démocratique. Le fait qu’ il n’y a que deux partis, et que ces deux partis ne représentent nulleme
150 oit de référendum, ni le droit d’initiative, mais il les exerce en fait, d’une manière permanente, par le moyen d’une opin
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
151 fait une découverte sur les États-Unis : c’est qu’ il n’est pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique
152 blique une place plus importante et plus visible. Il faut être un Européen pour s’en étonner, me dit-on. De fait, pour un
153 s fanatiques d’une foi, des missionnaires. Mais s’ ils trouvaient sur le sol américain la liberté de célébrer leur culte, il
154 sol américain la liberté de célébrer leur culte, ils y trouvaient aussi la possibilité de fonder une « cité » entièrement
155 être Hollandais d’origine ; Allemand ou Suédois s’ il est luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et s’il est catholiqu
156 llemand ou Suédois s’il est luthérien ; Anglais s’ il est presbytérien ; et s’il est catholique, Irlandais ou Italien. À ce
157 luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et s’ il est catholique, Irlandais ou Italien. À ces différences d’origine son
158 re part, l’importance sociale que chacune d’entre elles y revêt. On peut apprécier diversement cette interpénétration de la v
159 ’être connu et médité en Suisse, d’autant plus qu’ il s’est vu curieusement négligé par la presque totalité des observateur
160 e, des grands panneaux de « bienvenue à tous » qu’ elles plantent à l’entrée de leur ville, et qui promettent des jeux de loto
161 n milieu social, des amis, des appuis matériels s’ il le faut. Dans ce pays énorme, qui manque de cadres traditionnels, et
162 n spirituelle constamment maintenue dans la cité. Il faut connaître cet arrière-plan pour donner tout leur sens à certains
163 e mystique », déclarant après son installation qu’ il va se retirer à la campagne pour une semaine de recueillement. Le cho
164 fusa les prières de « confession générale », dont il répétait les phrases à haute voix avec tous les membres du Congrès, d
165 eille Bible de famille, en langue hollandaise, qu’ il avait choisi d’ouvrir au chapitre 13 de la première Épître aux Corint
166 terminé, et à peine les applaudissements se sont- ils apaisés, une voix forte prononce : « Au nom du Père, du Fils et du Sa
167 ligner et de les détailler le lendemain, c’est qu’ ils sont réellement essentiels à la compréhension de la démocratie améric
168 s à la compréhension de la démocratie américaine. Il est important de savoir que les grandes cérémonies civiques et politi
169 s du chef, et permets que dans ces sombres jours, il puisse conduire un peuple pieux et uni de cette vallée d’ombre jusqu’
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
170 insi la longueur du voyage, pratiquement, à ce qu’ elle était au bon vieux temps de Christophe Colomb. Et pourtant, me voici
171 a beauté nous eût cloués sur place, mais parce qu’ elle provoquait des tempêtes magnétiques qui ont pour effet d’aveugler les
172 n peu houleuse et cotonneuse. Mais tout d’un coup elle se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres p
173 s sommes passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’y a plus que, tout près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et
174 s pendant la guerre… » — « Taisez-vous, me crie-t- elle , je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » El
175 rope ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rideaux trop rouges, ces meubles blancs, et ce grapefruit.
176 rop rouges, ces meubles blancs, et ce grapefruit. Ils la vengent, croit-elle, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’o
177 s blancs, et ce grapefruit. Ils la vengent, croit- elle , d’une Amérique « où tout est laid », mais d’où ils viennent. ⁂ Le
178 e, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’où ils viennent. ⁂ Les oiseaux de Paris Nous roulons dans un petit aut
179 — Est-ce que Paris a été bombardé ? me demandent- ils non sans inquiétude. — Et New York donc ? Si vous y connaissez des ch
180 e les Américains paraissent bizarres, ici ! Comme ils se mettent immédiatement à ressembler à ce que l’on pense d’eux en Eu
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
181 tique par excellence, d’une décence fondamentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas é
182 e pays dans le cadre de mon voyage, voici comment il m’apparaît. L’Europe ancienne s’est rétrécie à la mesure de nos front
183 nos frontières. Je viens de voir, du monde, ce qu’ il en reste et que l’on est autorisé à voir : l’un des deux grands et le
184 sse — je simplifie à peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’il n’y ait plus qu’un no man’s land où s’affrontent sournoi
185 lifie à peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’ il n’y ait plus qu’un no man’s land où s’affrontent sournoisement les se
186 omme disent les Anglo-Saxons, pensant au temps qu’ il fait, tout simplement. Les délégués paraissaient regretter « l’atmosp
187 e défaite victorieuse. On a parlé de funérailles. Il ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne pourrons plus faire signe au
188 la photo que l’on va proposer à notre admiration. Elle tient ses dernières assises dans le pays qui lui offrait son modèle,
189 x diserts. Nous y touchons, Messieurs, vraiment — il ne s’en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même,
190 lumière le premier appareil arrivant de New York. Il repartit trente minutes plus tard, emportant un espoir raisonnable :
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
191 le monde croit l’avoir vue et s’en va répétant qu’ il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout
192 ller son union fédérale. Tout le monde se trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 1848, la Conf
193 n et au-dehors — se réunit pour la première fois. Elle décide de siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle
194 er à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine ses travaux, dont elle soumet les résultats aux vingt-cinq Ét
195 maine. Le 8 avril, elle termine ses travaux, dont elle soumet les résultats aux vingt-cinq États souverains. Le 15 mai, la D
196 ins. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’ elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août, le peuple vote dans les ca
197 z que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’ il fallut une bonne guerre pour briser le tabou des souverainetés canton
198 sublimes des grandes Nations contemporaines. Mais il n’est pas exact que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Su
199 de Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’ il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à
200 mplissaient nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non p
201 aisons de ne rien faire restent les mêmes quoi qu’ il arrive, c’est qu’elles traduisent une certaine forme d’esprit, une cé
202 ire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’ elles traduisent une certaine forme d’esprit, une cécité partielle devant l
203 Messieurs les députés, n’oubliez pas la Suisse ; elle existe en dépit de tous les arguments qu’on oppose aujourd’hui à l’Eu
204 lques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu
205 ous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûr qu’ il le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas des paragraphes, m
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
206 ncipe ceux-là, ont décidé une fois pour toutes qu’ il faut aller lentement dans tous les cas. Mais nous ne voyons aucun mot
207 loisir d’être prudents. Festina lente nous disent- ils . Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’il est prononcé avec
208 . Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’ il est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez me parler, je le sais
209 ficultés accumulées sur votre route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonte
210 opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu’ il vous faut dissiper. Vous allez, paraît-il, réviser prudemment les sta
211 çons qu’il vous faut dissiper. Vous allez, paraît- il , réviser prudemment les statuts du Conseil de l’Europe, ainsi que vos
212 i de vous dire que l’opinion s’en moque, parce qu’ elle a ses doutes motivés sur vos intentions véritables. Elle n’est pas sû
213 ses doutes motivés sur vos intentions véritables. Elle n’est pas sûre qu’une fois dotés d’un instrument un peu meilleur — mo
214 faute avant le départ —, vous en ferez l’usage qu’ elle attend. Elle n’a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à
215 e départ —, vous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europ
216 nissant, et pour tout dire d’un mot, à gouverner. Elle vous voit réticents pour la plupart, inquiets de ne pas vous avancer
217 a, déconcertés par un éternuement des daltoniens. Elle voit que votre Assemblée consultative d’un comité lui-même consultati
218 ndent après six mois que c’est prématuré, mais qu’ il ne faut rien faire en attendant. Et l’opinion se demande si tout cela
219 t vos sentiments intimes, qui sont très purs : qu’ elle distingue mal les forces colossales qui paralysent jusqu’à votre éloq
220 erve un projet de timbre-poste européen). Certes, il convient de saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de s’agenou
221 perts. Mais rien ne pourra jamais me persuader qu’ ils aient tous raison à la fois, quand il n’en est pas deux qui tombent d
222 rsuader qu’ils aient tous raison à la fois, quand il n’en est pas deux qui tombent d’accord sur autre chose que ne rien fa
223 On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’ il faut être prudents quand on s’engage dans une entreprise aussi vaste.
224 gés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, co
225 Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’ il veut dire exactement, mais cave ou toit, chacun peut voir que M. Bevi
226 r un abîme. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne
227 audacieux. Je me résume. L’opinion vous regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités. Elle vous demande « Que voulez-vous
228 us regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités. Elle vous demande « Que voulez-vous faire ? » Si vous ne voulez pas fédére
229 vous serez oubliés cet automne. Si vous croyez qu’ il vaut mieux ne rien faire, ou qu’on ne peut rien faire de sérieux, vou
230 re vous, comme je le crois, sont fédéralistes, qu’ ils le disent, qu’ils proclament leur but, et tout changera dans un insta
231 le crois, sont fédéralistes, qu’ils le disent, qu’ ils proclament leur but, et tout changera dans un instant. Il s’agit d’un
232 ament leur but, et tout changera dans un instant. Il s’agit d’une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés.
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
233 ur le rôle qui vous est dévolu, et pour le nom qu’ il vous convient de revendiquer, celui dont, par avance, je vous salue.
234 enne. Pour le bien comme pour le mal, d’ailleurs, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de con
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
235 arty sur le problème de l’unité européenne. Quand il regarde notre vieux continent, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui
236 ropéenne. Quand il regarde notre vieux continent, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’es
237 n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il distingu
238 ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il distingue un ensemble de pays peu sûrs, qui d’une part ne font point
239 en lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’ il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’i
240 nce. Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’ il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’Europe soit une culture, une
241 de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi ; u
242 nt d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’ il se dit partisan d’un peu d’union tout de même, pour faire face aux So
243 ochure, ce minimum ne saurait être envisagé que s’ il n’affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se conve
244 , selon lui, peut faire du bon travail, pourvu qu’ elle n’ait aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’être démocr
245 Comité ministériel cessera d’être démocratique s’ il accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du dal
246 ogique fait la nouveauté du daltonisme, encore qu’ elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que
247 ore qu’elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que la démocratie est identique au socialisme a
248 a démocratie est identique au socialisme anglais. Il en découle primo : qu’une Assemblée sans majorité travailliste ne sau
249 e ne saurait être tolérable que dans la mesure où elle reste impuissante — d’où le refus d’un Parlement européen ; secundo :
250 r-nationale. Cet ami de l’unité siège parmi vous. Il va trouver sur vos banquettes des adversaires et des alliés inattendu
251 nservateurs suivent une logique non daltonienne : ils partent d’un axiome inverse. Démocratie et socialisme leur apparaisse
252 s conclusions négatives. Au Parlement européen, s’ il est doté de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut q
253 e pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’ il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de v
254 législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut qu’ elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tori
255 t que leurs motifs profonds ne sont point ceux qu’ ils donnent, mais bien ceux qu’ils subissent plus que d’autres en leur îl
256 sont point ceux qu’ils donnent, mais bien ceux qu’ ils subissent plus que d’autres en leur île : j’entends le nationalisme é
257 des souverainetés. L’un nourrit l’autre, parce qu’ il y trouve un alibi. Cette passion ne recourt à ce mythe que pour garde
258 ur l’ordre du Kremlin ? Et comment se définissent- elles  ? Toynbee, qui est un grand historien, écrit au Times qu’elles ne fon
259 ee, qui est un grand historien, écrit au Times qu’ elles ne font point partie de la doctrine et des dogmes chrétiens. Suárez e
260 , seraient bien en peine d’en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’il
261 l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’ il faut éviter que l’étranger soit Staline, ils acceptent fort bien que
262 ais s’il faut éviter que l’étranger soit Staline, ils acceptent fort bien que leurs armées soient commandées par un América
263 t commandées par un Américain. On prétend même qu’ ils auraient accepté que leur monnaie perde un tiers de sa valeur, parce
264 taires cyniques. (Ou bien les staliniens seraient- ils naïfs, quand c’est par décision d’un État étranger qu’ils disent voul
265 s, quand c’est par décision d’un État étranger qu’ ils disent vouloir garder la souveraineté du leur ?) Messieurs les député
266 z-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu’elles sabo
267 Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’ elles , et qu’elles sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’a pas vot
268 otre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu’ elles sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’a pas voté la suppress
269 couleurs du prisme, leur a donné presque sans qu’ ils s’en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
270 e ou ne sera pas », savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi, et non point Vichinsky. Et cela vaut pou
271 de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’ elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités de tous les ordres, que
272 sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’ elle dure, dans ses diversités de tous les ordres, que l’on ne peut préser
273 stratégiques d’intérêts légitimes, sans compromis elle ne sera pas. C’est clair. Seuls, ceux qui veulent passionnément le Bu
274 obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous reste à leur faire comprendre que le pire obstacle, c’est eux-mê
275 comprendre que le pire obstacle, c’est eux-mêmes. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces d
276 ûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle . » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écou
277 it qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les so
278 le. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ ils ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craint
279 déclarent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’o
280 traîne. « On suit ceux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors,
281 nt bien dire : J’avais raison, voyez l’obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’œil du sceptique crée les obstacles ins
282 ctement ce que la presse et la radio déclarent qu’ elle est. Presse et radio voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’
283 o voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’ il a pour lui toute l’opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle
284 te l’opinion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle l’était avant cela, bien sûr, mais elle n’a pu parler que dans le sec
285 t Truman. Elle l’était avant cela, bien sûr, mais elle n’a pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui,
286 n d’aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites presque rien. Elle laissera les sce
287 e ne bougera pas, si vous ne faites presque rien. Elle laissera les sceptiques parler « au nom des masses » dans l’indiffére
288 au nom des masses » dans l’indifférence générale. Elle laissera le Conseil de l’Europe murmurer pudiquement chaque année qu’
289 de l’Europe murmurer pudiquement chaque année qu’ il reste désireux d’envisager l’étude de quelques mesures préalables ten
290 ortant vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ ils ne peuvent s’associer à ces engagements téméraires avant d’avoir pris
291 ne vaut rien en face des Russes qui les assènent. Il faut des actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes sont parfois p
292 Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédé
293 professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation
294 le campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’ elle comporte un enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement auss
295 selon l’issue des élections. En d’autres termes, il faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Q
296 l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Il faut une Commission ? Vous pouvez la nommer. Le Comité ministériel va
297 ré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’ il faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de S
298 roposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’
299 rt, on peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tenter l’impossi
300 isquez-vous à tenter l’impossible ? D’autre part, il est sûr qu’il y aurait tout à perdre, même l’espoir, à ne point risqu
301 ous la Constitution ! Messieurs les députés, faut- il vous dire encore que je ne suis rien qu’une voix presque désespérée,
302 faites-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’ il en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. t. Rougemont De
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
303 nt qui se tourne vers l’ouest, le pays de Gex est- il une arrière-garde ou un poste avancé de la France ? Il vit sa vie loc
304 e arrière-garde ou un poste avancé de la France ? Il vit sa vie locale, adossé au Jura, s’approche assez de Genève pour lu
305 . Le souvenir de Voltaire anime toute la région ; il ne vit pas seulement dans les mémoires : ces maisons, ces fabriques,
306 che au pays de Gex, et son monument le plus vrai. Il a bien sa statue, grandeur nature, dans mon village. Mais ce n’est pa
307 Voltaire fait construire plus de cent maisons Il donne à la ville une église, une école, un hôpital Il fait desséche
308 ne à la ville une église, une école, un hôpital Il fait dessécher les marais du pays Il établit des foires et des marc
309 hôpital Il fait dessécher les marais du pays Il établit des foires et des marchés Il nourrit les habitants pendant
310 du pays Il établit des foires et des marchés Il nourrit les habitants pendant la disette de 1771 Face sud : Au poèt
311 ncrède, Irène. Le voilà, l’écrivain « engagé » ! Il ignorait le mot, mais faisait un pays. Et certes personne ne l’aidait
312 ait un pays. Et certes personne ne l’aidait, mais il était fort riche et souvent généreux, pourvu d’une plume qui valait u
313 ricanant dans le chemin de la vérité », écrivait- il à Madame du Deffand. Avec ou sans le curé, contre les tyranneaux, en
314 tyranneaux, en dépit des conseils des réalistes, il édifiait, il réformait, il initiait, et malgré son grand âge, il plan
315 en dépit des conseils des réalistes, il édifiait, il réformait, il initiait, et malgré son grand âge, il plantait. « Quand
316 onseils des réalistes, il édifiait, il réformait, il initiait, et malgré son grand âge, il plantait. « Quand je n’aurais d
317 réformait, il initiait, et malgré son grand âge, il plantait. « Quand je n’aurais défriché qu’un champ et quand je n’aura
318 e me parlent chaque matin de son amour des lieux. Il fit venir de Genève cinquante familles d’artisans, d’horlogers, de cé
319 otestants, mais qui vécurent en paix avec ceux qu’ ils enrichissaient. En même temps, il faisait bâtir une église neuve. Au
320 x avec ceux qu’ils enrichissaient. En même temps, il faisait bâtir une église neuve. Au fronton, l’on peut lire encore : D
321 grands noms ! », disaient les voyageurs du temps. Il y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et ne se privait pas de h
322 très belles montres et de très mauvais vers quand il vous plaira. » En vingt ans, le village passe de cinquante foyers à p
323 me qu’on nommerait de nos jours location-vente. «  Il commande des maisons à son maçon comme d’autres commandent une paire
324 disent les Mémoires secrets. Mille tractations qu’ il combine avec joie permettent de supprimer les douanes de notre zone :
325 es avions de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le bois tout proche, qui assourdit tout d’un c
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
326 icaine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’ il n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis
327 ps que nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d
328 itée, des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est
329 Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition né
330 projet similaire, à Strasbourg le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans qu
331 lique. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et
332 colier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’ il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel écri
333 portance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution,
334 a vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pendant libéral au Prince de Machiavel. Depuis un siècle
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
335 . Telles étant les implications de l’offre russe, il appartient aux hommes d’État de l’Occident de les transformer en enga
336 er si les Russes sont sincères serait bien vain : il faut absolument les prendre au mot. Ils proposent en effet trois prin
337 ien vain : il faut absolument les prendre au mot. Ils proposent en effet trois principes qui n’ont jamais cessé d’être les
338 nis de se déclarer neutres, à partir du moment où ils disposeraient de l’armée commune sans laquelle toute neutralité reste
339 t rassurée, l’Europe serait faite et la paix avec elle . Prendre au sérieux le principe de la non-ingérence, c’est par exempl
340 domaines, politiques ou économiques. Car ce sont elles seules qui permettent l’élaboration de l’instrument sans lequel il n’
341 mettent l’élaboration de l’instrument sans lequel il n’est point d’entente entre les hommes, je veux dire un langage commu
342 otre image : quand un pilote passe le mur du son, il entre dans une zone de silence. Mais quand un homme d’État soviétique
343 ausons ! D’où l’accent mis sur le langage commun. Il existe en fait deux moyens d’instaurer un langage commun. Le premier
344 e vainqueur qui impose à tous le sens des mots qu’ il juge convenable. On se rappelle qu’au moment où l’armée rouge tentait
345 franchise même de cette explication scandalisa : elle aurait dû, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe s’exprimait
346 e théorie, donc d’un fait de culture ; mais comme il n’était pas question d’en discuter, ce fut la force qui trancha. Le s
347 gue. Or un dialogue réel suppose deux conditions. Il suppose tout d’abord, chez les deux partenaires, la conviction et le
348 n’aurait pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le respect de l’autre et le désir de le comprendre, la
349 s. Allons voir ce qui se fait chez l’autre, ce qu’ il dit et comment il le sent ; et que l’autre en fasse autant chez nous.
350 qui se fait chez l’autre, ce qu’il dit et comment il le sent ; et que l’autre en fasse autant chez nous. Circulons. Questi
351 oisin soit au contraire son cheval de Troie. Mais il s’agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ai rien dit. Si c
352 chacun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’ il en organise, en place publique, la visite officielle et gratuite, l’a
353 le risque normal d’une « compétition pacifique ». Il est temps de courir le risque de la paix ! Soyons francs : tout cela
354 ’hypothèse d’un changement d’attitude des Russes. Il se peut que les nombreux témoignages qu’ils en donnent depuis quelque
355 usses. Il se peut que les nombreux témoignages qu’ ils en donnent depuis quelques mois soient plus clairs et certains que la
356 ient plus clairs et certains que la conscience qu’ ils en ont. Le Père des peuples est mort, qui tenait tout ensemble. Le ch
357 e Kremlin subit ce qu’on nomme la détente, mot qu’ il faut prendre ici dans son sens littéral : un ressort est détendu, la
358 le-ci cherche avant tout non point la liberté, qu’ elle redoute, mais la sécurité. À l’intérieur, elle ne trouve que problème
359 qu’elle redoute, mais la sécurité. À l’intérieur, elle ne trouve que problèmes. À l’extérieur, elle voit quelques hommes for
360 eur, elle ne trouve que problèmes. À l’extérieur, elle voit quelques hommes forts : un Tito, un Adenauer. C’est vers eux que
361 — comme aujourd’hui Joukov va vers Eisenhower. Et ils viendront demain vers une Europe unie, parce qu’une Europe unie sera
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
362 bourreaux. Les jours du communisme sont comptés. Il a vu son Double effrayant dans les rues de Poznań et de Budapest. À l
363 es des « réactionnaires », car c’est entre eux qu’ ils se sont tous assassinés depuis trente ans, la misère collective et le
364 ans merci, vigilante, obstinée, sans éclat, comme il convient à la repentance active. Nous devons tout d’abord faire l’Eur
365 die. Nous savons désormais que les Russes, dès qu’ ils le peuvent, utilisent les négociations pour arrêter et tuer ceux qui
366 core que le fasciste, est un malade mental, ou, s’ il est sain d’esprit, c’est un criminel en puissance : c’est un homme qu
367 i trouve cela moins grave que d’arrêter Nasser, s’ il prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, et
368 s ce n’est pas un article qui pourrait y suffire, il faut agir. Je parlais d’une action vigilante, obstinée. Nous vivons e
369 d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’ il a servie. Et jurons en même temps de faire l’Europe. Cette Europe qui
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
370 és d’écrivains ne se réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mais qu’un écrivain russe reçoive le prix
371 ive le prix Nobel, tout le monde sait aussitôt qu’ il se passe quelque chose, qu’il s’agit d’un talent et d’un homme. Ses c
372 de sait aussitôt qu’il se passe quelque chose, qu’ il s’agit d’un talent et d’un homme. Ses confrères communistes le savent
373 pour les Russes. Et respect à Boris Pasternak. S’ il s’est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le te
374 u contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps de dire à des journalistes étrangers : « C’est une immen
375 mmense joie, mais un peu solitaire ! » sachons qu’ il s’agit moins de lâcheté, dans son cas, que de patriotisme au sens anc
376 ie, à son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’a pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ont osé. Pa
377 as de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’ il ne juge un régime qui ôte à l’homme le courage d’être lui-même, et le
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
378 ts sont d’Ernest Ansermet, dans le grand livre où il démontre, en somme, qu’un athée ne peut pas faire de musique. Pas dav
379 cent pages de ses Fondements de la musique ce qu’ il nomme sa « phénoménologie de Dieu », qui est en même temps une théolo
380 e de Dieu », qui est en même temps une théologie, il a recours à une méthode philosophique héritée de Husserl à travers Sa
381 ique héritée de Husserl à travers Sartre (et dont il s’autorise d’ailleurs, pour réfuter l’athéisme de Sartre) mais aussi
382 xistence dans le monde », la question de savoir s’ il existe, au sens courant et plat du terme, se trouve d’emblée vidée de
383 eu, en les ramenant du Dieu transcendant que seul ils s’étaient révélé jusqu’alors, au Dieu immanent qui s’annonce en leur
384 rendre ? C’est sans doute par rapport à Pascal qu’ il serait le plus intéressant d’évaluer la théologie logarithmique de no
385 c2 dans la célèbre équation d’Einstein — voici qu’ il est aussi, pour Ansermet, précisément le « Dieu sensible au cœur », s
386 aisi dans la conscience par l’affectivité, et par elle seule ! La musique, phénomène affectif conditionné par des structures
387 hysico-mathématiques, est inconcevable sans Dieu. Elle cesse donc d’être vraie musique chez ceux de nos contemporains qui on
388 pour la conscience musicale ». L’atonalité serait- elle la définition du péché, en termes de technique musicale ? Dans ce con
389 a musique est d’Europe, essentiellement, parce qu’ elle est née, comme tous nos arts, sciences et techniques, de « la foi act
390 dans les revues d’avant-garde parisiennes : faut- il brûler Ernest Ansermet ? Nul doute que la Genève de Calvin l’eût accu
391 vin l’eût accusé de parler comme un athée, puisqu’ il nie le Dieu personnel. Et toute une école d’aujourd’hui, pour des rai
392 an XXIII fut l’admirable promoteur. D’autre part, elle porte à l’extrême l’intériorisation des réalités de foi, qui fut le m
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
393 en mission et muni d’un passeport « de service », il est rigoureusement exclu qu’il ait jeté son uniforme aux orties, c’es
394 rt « de service », il est rigoureusement exclu qu’ il ait jeté son uniforme aux orties, c’est-à-dire déserté, peu de jours
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
395 ré, maître de soi, convaincu mais sans fanatisme, il n’est ni subversif, ni anarchiste, ni cryptocommuniste, ni contestata
396 sont les mêmes que ceux de sa vocation pastorale. Ils relèvent de sa fidélité à l’idéal chrétien. Ils sont une prise au sér
397 . Ils relèvent de sa fidélité à l’idéal chrétien. Ils sont une prise au sérieux des principes au nom desquels notre Confédé
398 m desquels notre Confédération s’est formée et qu’ elle prétend défendre : le respect du prochain et de sa différence, la lib
399 ussi bien ou parfois mieux que nous. En tout cas, il n’y aurait pas lieu de se faire tuer pour si peu que de savoir qui ad
400 action dans la communauté, comment ne pas voir qu’ ils sont au moins d’aussi bons Suisses que ceux qui, trop souvent, en tou
401 liberté, vous acquitterez René Bugnot. Ou plutôt, il faudrait l’acquitter, et peut-être le voudriez-vous mais je sais bien
402 , en saisissant l’occasion de dénoncer — parce qu’ elle est scandaleuse et honteuse pour notre pays — l’absence de toute espè
403 rocès d’objecteur c’est, aujourd’hui, me semble-t- il , de hâter le temps où de tels exercices rejoindront dans l’Histoire l
404 aine, à travailler durant la journée à l’Hôpital. Il l’a également exclu de l’armée, suivant par là une récente jurisprude
405 ette qu’a déjà subie Bugnot une première fois. Et il ne pouvait en être autrement. Car si le juge n’est plus obligé d’aggr
406 n’est plus obligé d’aggraver la peine du fait qu’ il n’est plus tenu compte de la récidive en matière d’objection de consc
407 la récidive en matière d’objection de conscience, il ne peut cependant guère envisager, à la seconde condamnation, une pei
408 sera nier [de] Denis de Rougemont les titres dont il se réclame pour parler de mission ou démission de la Suisse. Nul non
409 ster le témoignage de moralité et de caractère qu’ il porte sur un homme dont il connaît personnellement la pensée et les m
410 ité et de caractère qu’il porte sur un homme dont il connaît personnellement la pensée et les mobiles. Il n’est pas diffic
411 connaît personnellement la pensée et les mobiles. Il n’est pas difficile, d’autre part, d’admettre que la prison, à titre
412 iénation sociale des objecteurs de conscience. Et il est facile de voir — voici un cas de plus — qu’elle tend au contraire
413 il est facile de voir — voici un cas de plus — qu’ elle tend au contraire à éloigner de la solidarité nationale des hommes co
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
414 de l’objection, voire une sorte de manifeste. Or, il s’agit d’un simple témoignage rédigé à des fins précises, pour servir
415 énéral, et des objecteurs suisses en particulier, il m’eût fallu beaucoup de temps, beaucoup de place, et un minimum de pr
416 beaucoup de place, et un minimum de précautions. Il m’eût fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la
417 tre, et surtout dans le cas de la Suisse, pays où il est le plus difficile de défendre l’armée, le plus difficile de se di
418 Moscou ferait cela bien mieux que nous. Cela dit, il me reste à vous remercier d’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’at
419 tivée : c’est ce problème qui importe seul, et qu’ il faut prendre soin de poser dans ses termes les plus authentiques. Veu
420 ernard Béguin y ajouta un commentaire dans lequel il nuançait les termes de ce qu’il considérait comme une alternative de
421 taire dans lequel il nuançait les termes de ce qu’ il considérait comme une alternative de la part de Denis de Rougemont. C
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
422 elle ! » (30-31 août 1969)ag ah Pensez-vous qu’ il existe une culture bourgeoise ? Le terme de « culture bourgeoise » a
423 rgement employé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il
424 de mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est l
425 s un seul représentant de l’art pompier, parce qu’ il est au pouvoir, là-bas, depuis cinquante ans officiellement, Le pompi
426 gouvernements n’est pas toujours bourgeois, mais il est toujours gouvernemental, dans tous les pays. La bourgeoisie est u
427 uvoir dans la plupart des pays, mais ce n’est pas elle qui donne ce ton-là, puisque vous le retrouverez dans toutes les dict
428 étudiants « cassez l’Université », c’est absurde. Il me fait penser à ces grands-pères qui veulent se rendre populaires au
429 fants en leur conseillant de casser leurs jouets. Il faudrait plutôt leur dire de créer une nouvelle Université qui soit d
430 de la Grèce et de Rome qui continuent à vivre en elles . En deuxième lieu, la civilisation occidentale est la seule qui ait c
431 qui ait conquis le monde entier. Si on déclare qu’ elle va mourir, cela revient à dire qu’il n’y aura plus de civilisation du
432 déclare qu’elle va mourir, cela revient à dire qu’ il n’y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y
433 e n’en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait- il que ce soit une civilisation vraiment différente, et qui ait de meill
434 ntesté. Lorsque les étudiants chinois protestent, ils le font à coup de mitrailleuses. Il y a probablement alors des centai
435 e ne crois pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti
436 . Il n’y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à des tyrannies. Une révolution aboutit à une tyran
437 . Une révolution aboutit à une tyrannie, parce qu’ elle manque de fondements doctrinaux, philosophiques, religieux acceptés e
438 rsonnel finit toujours mal. » Bon. Mais qu’en est- il du pouvoir impersonnel ? Le cas des quatre Républiques françaises qui
439 nnel. La quatrième a abouti à de Gaulle. Faudrait- il saluer le régime personnel, parce qu’il conduit à un régime impersonn
440 Faudrait-il saluer le régime personnel, parce qu’ il conduit à un régime impersonnel ? Comment expliquez-vous l’apogée et
441 isation née en Europe recouvre la terre entière ; elle n’est pas à la merci des forces extérieures qui pourraient la détruir
442 es forces extérieures qui pourraient la détruire. Elle s’alimente par elle-même. Elle est devenue une force de production et
443 aient la détruire. Elle s’alimente par elle-même. Elle est devenue une force de production et d’autocritique extraordinaire.
444 is pas que l’homme devient esclave des machines ; il est esclave de certaines de ses tendances qui prennent les machines c
445 aravent. L’homme n’est pas esclave de sa voiture, il est esclave de sa vanité sociale par exemple. Dans un petit livre que
446 et. Si vous la laissez tranquille dans sa caisse, elle ne va pas en sortir toute seule. On nomme des comités pour contrôler
447 e “contrôle de la bombe” est une absurdité. Ce qu’ il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. » Les gens disent : « Nous s
448 aujourd’hui, les artistes ne fondent plus rien : ils réagissent aux mouvements affectifs passionnels, aux névroses et aux
449 nnels, aux névroses et aux psychoses de l’époque, ils sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en traduisent et rév
450 ils sont les ludions de l’inconscient collectif, ils en traduisent et révèlent les courants, mais n’agissent plus sur eux.
451 , de tenter d’agir sur l’époque dans la mesure où elle est guidée par des idées, des concepts, des angles de vision qu’on lu
452 aux esprits et aux sensibilités. Mais encore faut- il sentir l’époque si l’on veut essayer de l’influencer : et c’est à cel
453 période anarchique que traverse notre siècle a-t- elle été préparée ? Je vous dirais sans trop réfléchir : par le nationalis
454 personnelle. Je m’y tiens et l’époque fera ce qu’ elle pourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société elle-mê
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
455 prétention d’apporter une conclusion définitive. Il s’agit avant tout de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l
456 t témoignage, mais par la valeur des principes qu’ elle révèle et des questions qu’elle pose et qu’elle nous pose. Confrontée
457 des principes qu’elle révèle et des questions qu’ elle pose et qu’elle nous pose. Confrontée au phénomène de la guerre, l’ob
458 u’elle révèle et des questions qu’elle pose et qu’ elle nous pose. Confrontée au phénomène de la guerre, l’objection de consc
459 emps de paix. C’est dans ce cadre-là, d’abord, qu’ elle doit être envisagée et discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’
460 on protestante, âgé de 20 à 26 ans, célibataire ; il est proportionnellement plus nombreux en Suisse romande. Si la notion
461 mment étendue à des motifs d’ordre philosophique, elle n’en puise pas moins ses racines dans des motivations chrétiennes. C’
462 dans des motivations chrétiennes. C’est donc par elles que la discussion doit commencer. Et là, deux religions se heurtent :
463 hef l’objection de conscience religieuse. N’y a-t- il pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédérale stipu
464 l’objection de conscience pour raison religieuse. Il n’y a donc aucun conflit entre l’armée et l’objecteur de conscience,
465 re qui conduit à la sanction peut faire croire qu’ il s’agit uniquement d’une opposition d’intérêt entre l’armée et l’objec
466 on de l’objecteur est anticonstitutionnelle, mais elle peut s’appuyer sur le fait que la Constitution se réfère « Au Dieu To
467 s. Je pense que ce qui est important, c’est ce qu’ ils demandent, ce qu’ils préconisent, et que leurs motivations personnell
468 i est important, c’est ce qu’ils demandent, ce qu’ ils préconisent, et que leurs motivations personnelles peuvent être d’ord
469 veau au moyen d’une opposition au système actuel. Il choisit le moyen de la refuser d’une certaine manière, mais il s’y so
470 moyen de la refuser d’une certaine manière, mais il s’y soumet par une autre puisqu’il accepte le jugement des tribunaux
471 manière, mais il s’y soumet par une autre puisqu’ il accepte le jugement des tribunaux (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas
472 ière. Michel Barde. — L’objecteur religieux n’est- il pas plus « intimiste » que l’objecteur humanitaire, attaché à renvers
473 quée par la Révolution française et par Napoléon. Il ne faut pas nous raconter d’histoires, c’est la religion qui aboutit,
474 ans certains régimes, et très logiquement. Car là il n’y a plus aucun recours à une transcendance, à quelque chose qui soi
475 absolument pas chrétienne. Bernard Béguin. — Est- elle antichrétienne ? Denis de Rougemont. — En cas de conflit, oui. Dans l
476 ristianisme face à celui d’une collectivité, qui, elle , a jugé le christianisme compatible avec le service militaire du cito
477 citoyen est autorisé à les faire, ces lois, ou si elles lui sont dictées. Si elles ont été faites par la collectivité, et si
478 faire, ces lois, ou si elles lui sont dictées. Si elles ont été faites par la collectivité, et si elles sont amendables par e
479 i elles ont été faites par la collectivité, et si elles sont amendables par elle en tout temps. Christian Schaller. — Eh bien
480 la collectivité, et si elles sont amendables par elle en tout temps. Christian Schaller. — Eh bien ! L’objection de conscie
481 it. Ce n’est pas un anarchiste. Bernard Béguin. —  Il peut être ferment d’anarchie. La désobéissance civique peut conduire
482 isme du citoyen qui se croit bon citoyen parce qu’ il fait tout ce qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’anar
483 n récuse les lois d’une collectivité démocratique il ne crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’es
484 démocratique il ne crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’est cela qui nous fait peur dans un mi
485 onscience vis-à-vis de l’armée. Bernard Béguin. —  Il a été dit clairement que le conflit était plutôt avec la Constitution
486 t face à l’objecteur pour la première fois, quand il n’a même pas 20 ans, qu’il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionn
487 a première fois, quand il n’a même pas 20 ans, qu’ il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Nous avons
488 ent cherche encore une fois à les convaincre puis il les incorpore ; s’ils persistent dans leur refus de servir, ils arriv
489 e fois à les convaincre puis il les incorpore ; s’ ils persistent dans leur refus de servir, ils arrivent devant les tribuna
490 ore ; s’ils persistent dans leur refus de servir, ils arrivent devant les tribunaux militaires. Bernard Béguin. — Colonel V
491 lonel Vaucher, comment la justice militaire prend- elle ce problème : défi constitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’il s’agi
492  : défi constitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’ il s’agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore sold
493 de 18 ans peut obtenir un sursis… Michel Barde. —  Il y en a qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficie
494 qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de leur jeune âge, dans l’examen des circonstances atténu
495 . Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Je croyais qu’ il pouvait attendre jusqu’à sa majorité. Colonel Vaucher. — Non, non. Co
496 sements hospitaliers. Bernard Béguin. — Mais sont- ils logés dans des prisons militaires ? Colonel Vaucher. — Non. À Genève,
497 ucher. — Non. À Genève, ce sera Saint-Antoine, et ils travailleront à l’hôpital cantonal. Bernard Béguin. — Cela veut dire,
498 sur les conditions de détention. Michel Barde. —  Il est évident que l’on ne peut éviter toute promiscuité, mais les objec
499 r. Je les considère tous comme des honnêtes gens. Ils viennent devant nous pour des fautes de discipline. Condamnés comm
500 Vous pouvez le considérer comme arbitraire, mais il existe. Et d’autre part nous avons une Constitution qui définit des o
501 re des objecteurs de conscience. Quant au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf s’ils déclarent être disposés à l’aven
502 t au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf s’ ils déclarent être disposés à l’avenir à faire leur service. L’article 32
503 elques tribunaux militaires ont essayé de dire qu’ ils n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléch
504 is l’espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’ il se présenterait au service militaire. Ces jugements ont été cassés pa
505 lé. Bernard Béguin. — Ces atténuations, est-ce qu’ elles sont venues d’un malaise, d’un sentiment public que la répression éta
506 étudiants pour qui j’avais de l’estime, parce qu’ il avait déjà été condamné une fois, et que les choses semblaient se pré
507 hoses semblaient se présenter de telle manière qu’ il serait certainement condamné une seconde fois à la même peine ou à un
508 à la même peine ou à une peine plus forte, puisqu’ il ne changerait certainement pas son fusil d’épaule — après avoir refus
509 e que le personnage était un hérétique. Après ça, il n’y avait plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un p
510 e, uniquement parce qu’on a enregistré le fait qu’ il était objecteur. On tient compte des circonstances atténuantes
511 icie de circonstances atténuantes ou exculpantes, il sera — tout comme un meurtrier devant un tribunal pénal — très peu co
512 résente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’ il est totalement irresponsable. Un objecteur totalement irresponsable s
513 nstance atténuante ou exculpante dans ce sens-là. Ils ne plaidaient eux-mêmes aucune circonstance pouvant conduire à un acq
514 ant conduire à un acquittement. Bernard Béguin. —  Ils plaident coupables, ils cherchent la condamnation. Denis de Rougemont
515 tement. Bernard Béguin. — Ils plaident coupables, ils cherchent la condamnation. Denis de Rougemont. — Comme les hérétiques
516  M. Schaller va me répondre parce que j’ai dit qu’ il cherchait la condamnation. Christian Schaller. — Je voudrais répondre
517 tre part que l’objecteur cherche sa condamnation. Il accepte la loi. (Il pourrait s’y soustraire en se faisant réformer.)
518 teur cherche sa condamnation. Il accepte la loi. ( Il pourrait s’y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans se soustra
519 ous ne condamnons pas perpétuellement. Autrefois, il arrivait que l’on prononce trois condamnations. C’était trop. Mainten
520 . Les civils sont souvent absolument intolérants. Ils n’ont absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemm
521 nt absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemment contre : « Ce sont des lavettes, ce sont des lâches,
522 rtaines causes à d’autres instances, eh bien ! qu’ il le fasse. Bernard Béguin. — Colonel divisionnaire Dénéréaz, vous comm
523 anisée. Vous êtes officier de carrière. Est-ce qu’ il ne serait pas plus simple, pour vous, d’admettre un service civil ? E
524 militaire ne juge pas l’objecteur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’il est objecteur. C
525 juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’ il est objecteur. Ce n’est pas la même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne
526 s quelqu’un qui trouve que l’armée est mal faite. Il veut manifester contre la guerre. C’est un problème formidable qui es
527 s que l’objection n’est pas de l’antimilitarisme, il faut bien voir que si l’on hésite à créer un statut de l’objecteur, c
528 tut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment qu’ il vise l’appareil qui défendra les institutions. Ce que l’objecteur nou
529 tions. Ce que l’objecteur nous explique mal quand il veut lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’il s’attaque en mêm
530 veut lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’ il s’attaque en même temps à un appareil militaire dont les obligations
531 t milice incompatibles ? Christian Schaller. —  Il ne faut pas confondre objection et non-violence, comme il ne faut pas
532 ut pas confondre objection et non-violence, comme il ne faut pas confondre soldat et militarisme. Mais si l’on discute l’e
533 si l’on discute l’efficacité de la non-violence, il faut aussi discuter l’efficacité, dans notre monde actuel, de notre s
534 ive. Je pense que notre système militaire, tel qu’ il est maintenant, avec l’armée que nous avons, est certainement un élém
535 e la guerre. S’il y avait eu un vide stratégique, il est fort possible que nous aurions été attaqués. Pour citer le dernie
536 , certainement. Colonel divisionnaire Dénéréaz. —  Il n’est pas dit que la bombe atomique intervienne dans les combats. Je
537 s, et de mauvais chrétiens qui portent les armes. Il faut faire très attention quand on aborde ce problème, en dépit de to
538 doit se déclarer comme tel au recrutement, et qu’ il ne peut assumer par la suite aucune charge d’État… Christian Schaller
539 général Guisan l’a magnifiquement exprimé, quand il a dit : « Objecteurs de conscience ? oui, mais pas en Suisse. Pour qu
540 Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire, s’ il existait un service civil, nous n’aurions plus un certain nombre d’ob
541 es pourraient assurer cette défense. Mais même si elle le pouvait elle présenterait l’immense inconvénient d’être un noyau d
542 surer cette défense. Mais même si elle le pouvait elle présenterait l’immense inconvénient d’être un noyau de militarisme, e
543 oup de nos concitoyens font leur service parce qu’ ils y sont obligés. D’autre part, un service civil serait sans doute plus
544 défense suisse nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’a
545 j’ai changé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce de valeur humaine qui vaille les destructions phy
546 alité suisse doit s’accompagner de la solidarité, il faut savoir lequel des termes on va toujours préférer. Or l’on consta
547 de la survie ne passent plus par nos frontières. Elles passent par tous les coins du monde. Nous ne pouvons pas simplement d
548 on et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’ il se présente aujourd’hui. Je me demande si on peut toujours se référer
549 neutralité comme à une espèce de privilège, et s’ il ne faut pas dire aussi : Neutralité oblige, allez plus loin. Tout ce
550 en faveur des objecteurs de conscience, c’est qu’ ils posent cette question d’une manière dramatique, et qu’ils forcent le
551 nt cette question d’une manière dramatique, et qu’ ils forcent le public à se poser des questions auxquelles je ne prétends
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
552 pe » (3-4 mars 1973)aj ak Pourquoi l’amour est- il devenu l’une des préoccupations majeures de votre pensée ? Pourquoi j
553 et tous mes ouvrages politiques et polémiques, où il n’est, hélas, nullement question d’amour… Je sais bien — mais je suis
554 . Si le second ne renie pas le premier, toutefois il le rectifie. Comment expliquez-vous cette mutation ? Dans L’Amour et
555 Comme toi-même , je cherche les complémentarités. Il n’y a pas mutation, mais maturation. J’ai voulu faireal, par des exem
556 rouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’ il est vrai que la passion cherche l’inaccessible, et que l’autre en tan
557 ère le mieux défendu, Éros et Agapè ne pourraient- ils pas nouer une alliance paradoxale, au sein même du mariage accepté ?
558 ion de l’autre. Certains vont jusqu’à penser qu’«  il faut guérir l’Occident de sa maladie monogamique ». De l’unicité, l’a
559 ant « la mort de la famille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met
560 accrue. » Me voici dépassé, mais dans mon sens ! Il reste que l’amour-passion est une maladie de l’amour comme la drogue
561 développé vos propres thèses sur l’Europe. Y a-t- il un lien entre ces deux pôles d’attraction que sont pour vous l’amour
562 ue la passion transposée au niveau collectif. Or, il n’y a de révolution qu’européenne, c’est-à-dire chrétienne à sa sourc
563 n à venir. Comment à votre avis celle-ci pourrait- elle s’opérer ? Peut-être ai-je répondu à cette question, sur le fond, dan
564 semble et en même temps vers la personne. » Y’a-t- il un rapport entre cette « révolution » et votre pamphlet de jeunesse,
565 écrit de jeunesse que je renie d’autant moins qu’ il a gardé la vertu réjouissante d’exaspérer ceux qui aujourd’hui encore
566 vrages anciens, augmentés de préfaces inédites et il a fait paraître plusieurs inédits. Ces ouvrages, et d’autres, ont été
30 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
567 s voisines voient leurs relations d’échanges avec elle brimées, ralenties, pénalisées ou bloquées par un cordon douanier qui
568 et Lausanne, Grenoble, Lyon et Genève au centre. Elle comprend seize établissements d’enseignement supérieur, densité tout
569 squels des liens spéciaux pourraient s’instituer. Il ne s’agit pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon —
570 ion ceux des trop petites dimensions économiques. Il s’agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie m
31 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
571 re-gadget, voiture polluante, voiture-ras-le-bol, elle est tout cela à la fois. Mais n’être qu’utilitaire et discrète, elle
572 à la fois. Mais n’être qu’utilitaire et discrète, elle n’y parvient plus. « C’est devenu une véritable guerre de religion »,
573 toute évidence, que l’on y soit favorable ou non, il faut reconnaître que la voiture a très largement débordé le cadre soc
574 de venir à notre rédaction débattre du sujet, qu’ elles connaissent toutes pour l’avoir étudié à fond, bien que sous des angl
575 tout dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il lui a consacré un chapitre intitulé : « Première histoire de fous : l
576 n farouche partisan. Sur le plan social, parce qu’ il estime qu’elle nous rapproche les uns des autres, sur le plan économi
577 rtisan. Sur le plan social, parce qu’il estime qu’ elle nous rapproche les uns des autres, sur le plan économique, parce qu’e
578 uns des autres, sur le plan économique, parce qu’ elle dispense un travail à des millions de gens. Jean Kräyenbühl est notre
579 Genève. Avant d’être pour ou contre l’automobile, il a l’immense responsabilité d’organiser le trafic, de prévoir le dével
580 rticipé en 1976 à l’organisation de l’Anti-Salon. Il est un membre actif de la campagne pour l’aménagement de pistes cycla
581 es cyclables à Genève. En tant que futur médecin, il s’est bien sûr penché plus particulièrement sur les effets de la poll
582 départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait- elle connu l’expansion qui est la sienne depuis bientôt 100 ans ? Denis de
583 eloppement du national-socialisme. Et j’espère qu’ il n’y en aura pas une troisième qui serait celle des centrales nucléair
584 du siècle, tout le monde me mettait en garde, car il n’y avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouva
585 nfantin. Cela a très bien marché. Ensuite de quoi il a mis sur pied une fantastique publicité, d’ailleurs avec beaucoup de
586 ne des premières brochures publicitaires de Ford, il est dit : « L’auto peut vous conduire n’importe où il vous plaira d’a
587 st dit : « L’auto peut vous conduire n’importe où il vous plaira d’aller, pour vous reposer le cerveau par de longues prom
588 a vendu que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 7000 par jour. A
589 par an. Ford est mort dans une petite auberge qu’ il avait achetée pour jouer avec ses petits enfants. Il avait obtenu du
590 avait achetée pour jouer avec ses petits enfants. Il avait obtenu du gouverneur de l’État l’interdiction absolue pour les
591 res de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement changé d’avis. Hubert de Senarclens : On v
592 a voiture est un besoin créé de toute pièce et qu’ elle est répugnante, il aurait une réaction assez vive. François Peyrot :
593 in créé de toute pièce et qu’elle est répugnante, il aurait une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’inve
594 aurait une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’invention au monde qui n’ait été faite sans un besoin et
595 te quel industriel vous le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une
596 le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle fondamentale de no
597 que le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’ il l’avait créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les financiers
598 ue Ford a surtout exprimé un sentiment personnel. Il aura peut-être perçu, déjà à cette époque le danger que pouvait appor
599 oque le danger que pouvait apporter l’automobile. Il aura donc fait cette déclaration dans un moment d’angoisse tel que d’
600 terprétation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’ il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était
601 Denis de Rougemont : Vous dites, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un
602 ous dites, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas d
603 té absolue. M. Ford n’a pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication standardisée, dans la ligne de Ta
604 ui ont fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de
605 it presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industrie automobile. II
606 tant le développement effréné de la voiture n’a-t- il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François Peyr
607 a voiture permet un déplacement de porte à porte. Elle donne une liberté de mouvement qu’aucun autre mode de transport ne pe
608 de plaisir, de tourisme, de culture même. Grâce à elle les gens partent à l’aventure et découvrent toute une quantité de cho
609 ent toute une quantité de choses merveilleuses qu’ ils auraient de la peine à découvrir autrement, à pied ou à vélo. Vous de
610 a pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’ elle les a réduits en partie. La « belle époque » où seules les familles a
611 porte aussi des inconvénients. Un autre aspect qu’ il faut souligner c’est la voiture signe de la civilisation industrielle
612 ant en Occident par rapport à l’Union soviétique, il n’y a aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % au
613 oviétiques pourront aussi se déplacer en voiture, ils n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d’habi
614 conduite sur nos routes ? François Peyrot : Mais il faut faire un bilan ! C’est clair que l’on peut mentionner des avanta
615 ir si le bilan est positif ou négatif. À mon avis il est immensément positif, c’est tout ! Denis de Rougemont : Permettez-
616 -moi de signaler quelques-uns des côtés négatifs. Il ne s’agit nullement — comme on voudrait nous le faire croire dans cer
617 voilà, Henry Ford ne s’est pas posé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il adviendrait si au lieu de vendre cen
618 osé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’ il adviendrait si au lieu de vendre cent ou deux cents véhicules par an,
619 eu de vendre cent ou deux cents véhicules par an, il en vendrait des millions. Il ne s’est jamais interrogé sur les conséq
620 ts véhicules par an, il en vendrait des millions. Il ne s’est jamais interrogé sur les conséquences au niveau social, écon
621 ctive. J’ai omis de vous dire à propos de Ford qu’ il avait douze ans, lorsqu’il a rencontré sa première locomotive routièr
622 re à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’ il a rencontré sa première locomotive routière à vapeur. Cela a été pour
623 rasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la voiture au chemin de fer qui lui est réglé et n’offre auc
624 e ce fantasme, qu’est-ce que cela a donné ? Quand il disait à ses ouvriers : « achetez des voitures, cela vous rendra libr
625 leurs voitures rejettent le 87 % de l’énergie qu’ elles consomment. Illich a calculé que la vitesse moyenne des automobiles d
626 teillages sans fin. Jean Kräyenbühl : Je pense qu’ il faudrait davantage analyser le comportement de la population et des i
627 s. Pourquoi ne retenir que le cas de la voiture ? Il faut prendre en considération l’individu et voir les conséquences de
628 ement sur l’urbanisme. Au niveau du comportement, il faut reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de la voiture un usa
629 de leur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont été s’installer à la campagne et s’en servent pour venir travaill
630 ne civilisation où la voiture et très importante. Il faut faire façon d’elle. Ce qui me choque c’est qu’on veut absolument
631 voiture et très importante. Il faut faire façon d’ elle . Ce qui me choque c’est qu’on veut absolument la charger de tous les
632 bsolument la charger de tous les péchés du monde. Il faut revenir à une saine interprétation des choses. Nul doute que l’e
633 on aussi grave en demandant simplement aux gens s’ ils sont pour ou contre. Les PDG de l’industrie automobile française réun
634 l’arbitre entre des intérêts souvent divergents. Il doit veiller à ce qu’il y ait un certain équilibre entre les activité
635 aque année, le nombre de voitures augmente ; donc il faut construire davantage de routes et d’autoroutes. Ce qui nous fait
636 qui nous fait déboucher sur un cercle vicieux qu’ il nous faut briser. François Peyrot : Comprenez-moi bien, je ne suis pa
637 constitutionnelle. Mais je suis contre le but qu’ elle vise. Denis de Rougemont : Je suis bien obligé de reconnaître que les
638 représentent une atteinte aux droits individuels. Elles sont par ailleurs aussi de plus en plus brutales. Elles se font au no
639 sont par ailleurs aussi de plus en plus brutales. Elles se font au nom de la raison d’État. Pensez aux expropriations que l’o
640 ns officielles, à cause des centrales nucléaires. Il n’est plus question de demander l’avis de qui que ce soit. Nous le fe
641 s communes. Les trois communes autour du Gothard. Il s’agissait de communes et non pas de corps constitués. Car ces dernie
642 outes a été soumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 fé
643 ple suisse donne raison le 26 février à M. Weber, il aura obtenu son changement et plus personne ne discutera. Je n’ai jam
644 cations des milieux écologiques consiste à dire : il faut délester les zones d’habitation d’un trafic trop intense, en par
645 . Seulement pour en revenir à l’initiative Weber, elle ne demande rien d’impossible. Elle demande simplement que le peuple p
646 tiative Weber, elle ne demande rien d’impossible. Elle demande simplement que le peuple puisse se prononcer. François Peyrot
647 de Rougemont : Vous savez bien pourquoi au départ il avait demandé cela. C’est pour obliger les gens à faire attention ava
648 l’on devrait davantage utiliser le chemin de fer. Il n’y a aucune raison pour tout mettre sur les routes. Et d’un point de
649 t habiter loin du centre, à la campagne, parce qu’ ils disposent d’un véhicule. Cette tendance a considérablement modifié le
650 s été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl : Il semble qu’il y ait une sorte de schizophrénie dans la population. Tou
651 pulaires ». Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’ il ne faille pas lutter par une meilleure information. François Peyrot :
652 achats, acceptera de s’extraire de sa voiture qu’ il aura laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de plus en
653 la ville de Paris sont consacrés à la voiture. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été sacrifi
654 ntifique, arts et santé publique. Je veux bien qu’ il mentionne Paris et non pas Genève où les choses se déroulent autremen
655 seulement professeur au Collège de France mais qu’ il s’occupe chaque année du budget de la nation. François Peyrot : On am
656 villes qui n’étaient pas faites pour la recevoir. Il en résulte, c’est clair, des problèmes presque insolubles. Je suis d’
657 monstruosité. À propos des quais de la Seine : «  Il est temps que Paris s’adapte à l’automobile ». François Peyrot : C’es
658 r une ville doit s’adapter, tout en gardant ce qu’ elle a d’authentique et qui doit absolument être préservé IV Hubert
659 nt être préservé IV Hubert de Senarclens : Il existe un chiffre assez « intimidant » à propos de l’industrie automo
660 sur la voiture — qu’on le veuille ou non — n’est- elle pas neutralisée par cette réalité économique ? François Peyrot : En e
661 r une usine d’automobiles, vous aurez constaté qu’ elle dépend d’un nombre considérable de sous-traitants qui eux-mêmes sont
662 strie est un tout et dans le cas de l’automobile, elle débouche sur une quantité d’emplois. Rien que pour la Suisse — qui po
663 é des gens, en Occident, vit aujourd’hui mieux qu’ il n’y a un ou deux siècles. Moi ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans
664 és. Lorsque votre voiture va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer. Il y a par le monde plus
665 va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’ elle risque de tuer. Il y a par le monde plus de 200 000 personnes qui meu
666 actuellement, sur le plan strictement économique, il serait très difficile de s’arrêter de produire des voitures. Mais ne
667 mont : En ce qui concerne l’économie, je pense qu’ il faut rester humain. Il y a des limites qui commencent à être atteinte
668 automobile à cette affaire d’emploi. Mais n’y a-t- il vraiment pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est-on véritablem
669 a construction d’autoroutes. Pour les autoroutes, il est clairement établi que loin de résoudre le problème du trafic, ell
670 tabli que loin de résoudre le problème du trafic, elles tendent à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on vous conseill
671 la grande majorité des médecins ou ces faits sont- ils fortement exagérés ? Jacob Roffler : Je ne pense pas que l’on puisse
672 art en ce qui concerne les accidents, je pense qu’ il ne faut pas prendre uniquement en considération le choc ou la blessur
673 ction s’impose. C’est l’aspect de la criminalité. Il est évident que nos outils ne sont jamais responsables de nos crimes.
674 e apparaît lorsque vous donnez aux hommes tels qu’ ils sont — finalement assez dangereux et bêtes — des jouets comme la bomb
675 même en les baratinant, vous n’obtiendrez pas qu’ ils restent « gentils ». Cela me rappelle ce que l’on dit aux États auxqu
676 entrales : « Surtout ne faites pas de mal avec ». Ils le jurent tous. Ils paient 6 milliards pour une usine de retraitement
677 ne faites pas de mal avec ». Ils le jurent tous. Ils paient 6 milliards pour une usine de retraitement, mais ils ne vont j
678 6 milliards pour une usine de retraitement, mais ils ne vont jamais l’utiliser… François Peyrot : Personne ne discute le f
679 er : Mais alors pourquoi le Conseil fédéral prend- il des mesures pour réduire le taux de plomb ? François Peyrot : La régl
680 suisse a écarté l’initiative Albatros. Par contre il a fait confiance aux dispositions du Conseil fédéral. Alors attendons
32 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
681 Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans ma jeunesse, j’
682 de, une semaine à peine après que je l’aie écrit. Il s’intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jésuites » et
683 n train de bloquer un ballon. Au dos de celle-ci, il avait écrit de sa grande écriture, impériale. « À Denis de Rougemont,
684 bert Camus avec qui j’ai beaucoup parlé football. Il jouait, lui aussi, au poste de gardien de but dans une équipe. Nous é
685 entre la performance de l’athlète et le pays d’où il vient. Certains tirent des parallèles entre les JO de Berlin de 1936
686 nt eu le plus grand tort de participer aux JO. Si elles avaient refusé d’y aller tout en exprimant clairement leurs raisons,
687 n exprimant clairement leurs raisons, à savoir qu’ elles ne voulaient pas servir la publicité d’un régime scandaleux, la guerr
688 it de supprimer les hymnes et les drapeaux serait- il selon vous suffisant pour sauver les JO ? Non. Il faut repartir sur u
689 il selon vous suffisant pour sauver les JO ? Non. Il faut repartir sur un autre pied, rédiger une charte olympique totalem
690 e mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’ il n’est plus question de sport mais de délire nationaliste. Et la press
691 telles que « Tartampion ne fait pas de quartier, il écrase ses adversaires, dicte sa loi », un peu comme si les grands sp
692 ts, l’agressivité peuvent se déchaîner. Ne serait- il donc pas temps de revenir à une vraie morale du sport telle que je l’
693 tretien] Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ ils aiment les tyrans », Journal de Genève, Genève, 31 mai–1 juin 1980, p
694 et l’Occident demeure sans doute le plus célèbre, il a médité sur les thèmes essentiels de notre temps. Mais, aussi surpre
33 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
695 t, à son sens, un genre pleinement littéraire, et il retraça les origines à la fois historiques et spirituelles de son eng
696 ndation Schiller Suisse — choix longuement mûri s’ il en fut, puisqu’il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tous
697 uisse — choix longuement mûri s’il en fut, puisqu’ il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tous les vingt ans en m
698 tous les vingt ans en moyenne — je vous dirai qu’ il me rassure au moins autant qu’il m’honore. Il distingue en effet un «
699 je vous dirai qu’il me rassure au moins autant qu’ il m’honore. Il distingue en effet un « essayiste », c’est-à-dire une es
700 qu’il me rassure au moins autant qu’il m’honore. Il distingue en effet un « essayiste », c’est-à-dire une espèce d’écriva
701 poèmes, ni même une seule pièce de théâtre. Fait- il vraiment partie de la littérature ? Tel est le doute qu’en me donnant
702 mais sur les problèmes de ce temps, face auxquels il prend position, ou comme on le dit, dès ce temps-là, « s’engage ».
703 ols : « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais il se perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes
704 oup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t- il tant d’Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horribile dictu,
705 e dictu, de pacifisme ? Je passe donc aux aveux : ils ne seront pas complets, faute de temps, mais candides. Deux séries de
706 ute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ils allaient lancer des revues comme Esprit , L’Ordre nouveau et Hic
707 ien, pour les raisons tout intérieures auxquelles il est temps que je vienne. Kierkegaard et Karl Barth Vers ma ving
708 e Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote qu’ il décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèl
709 là pour la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’ elle a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ?
710 séquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont- elles « perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon action eur