1
orte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe,
me
paraît destiné à lever plusieurs des plus tenaces de ces confusions.
2
’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois —
je
pense à certaines pages sur Jérusalem qui touchent particulièrement u
3
e et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que
je
trouve si juste : « Ce qui définit le plus profondément l’Occidental,
4
nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place
me
manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des deux autres part
5
la nôtre. » La place me manque pour parler comme
j’
aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importa
6
te le ton mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais
j’
avoue que m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait
7
suré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que
m’
a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir part
8
elles qui énervent nos vies de soucis dégradants.
J’
ai fait lire ce livre à des gens de toutes conditions, « de toutes cro
9
ncroyances », comme disait Péguy. Et dix fois, en
me
le rendant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’ai terminé cet
10
me disait Péguy. Et dix fois, en me le rendant, «
Je
ne vous dirai pas à quelle heure je l’ai terminé cette nuit ». — « De
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le rendant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure
je
l’ai terminé cette nuit ». — « Des livres comme celui-là, ça aide à v
12
du passant qu’on coudoie. Moins d’art peut-être,
je
veux dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling
13
rait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre.
Je
ne vous conterai pas « l’histoire ». Cette chronique d’une vie de fem
14
du suédois par Anne-Marie des Courtis. Éditions «
Je
sers », Paris. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Hildur Dixel
15
ssi d’une maladie qui n’est pas le fascisme. Elle
me
paraît souffrir en premier lieu de l’inculture relative des masses. (
16
en France qu’en Suisse et qu’en Allemagne.) Elle
me
paraît souffrir ensuite, et peut-être plus gravement encore, de la co
17
rs des milieux directement intéressés, on ignore,
je
crois bien, à peu près tout de cette condition des écrivains. L’on s’
18
gréable, pour un écrivain, qu’on croie tout cela…
Je
doute que ce soit bien utile. Un membre de l’Académie Goncourt, M. Je
19
s risques graves, pour la plupart. Tout cela, que
je
résume à grands traits, me paraît tendre vers la même limite, et à bo
20
lupart. Tout cela, que je résume à grands traits,
me
paraît tendre vers la même limite, et à bon train si l’on n’y veille
21
La situation de l’écrivain moderne, telle que
je
la décrivais dans mon premier article, a notablement empiré du fait d
22
’écrivain moderne, telle que je la décrivais dans
mon
premier article, a notablement empiré du fait de la crise générale. E
23
airement que la situation est sans issue directe.
J’
entends que nulle réforme légale ne suffirait à l’assainir. Et l’on pr
24
e s’interroger sur les raisons profondes du mal ?
Je
ne les crois pas seulement matérielles. Je crois au contraire qu’elle
25
mal ? Je ne les crois pas seulement matérielles.
Je
crois au contraire qu’elles affectent les sources vives de notre civi
26
errain, où elles disposent des meilleures armes ?
Je
persiste à croire, malgré tout, que c’est elles qui résoudront le mie
27
néma, la TSF, les illustrés et les hebdomadaires.
Je
ne nie pas que cela explique bien des choses. Mais d’où vient cette p
28
la lecture qui s’est perdu. Et s’il s’est perdu,
je
le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains ont beaucoup fa
29
e, et pour influencer sa morale ou son intellect (
je
ne dis pas son âme, c’est l’affaire des Églises), il faudrait se souc
30
ême n’avait à cœur d’y collaborer. Aussi bien, si
j’
écris ceci à l’intention d’un de nos journaux, ce n’est pas pour prêch
31
e civique de ces problèmes. On ne manquera pas de
me
dire que la situation est loin d’être aussi grave chez nous qu’ailleu
32
e vrai : nous suivrons le cours fatal des choses.
J’
observais tout à l’heure que le public est à peu près ce que les auteu
33
ions qui nous entourent. Et c’est pourquoi enfin,
j’
y reviens, acheter des livres et se montrer fort exigeant sur ce chapi
34
listins enfin vengés, perdu dans la foule exaltée
je
me disais : Qu’est-ce que tout cela, ce discours, ces clameurs, sinon
35
tins enfin vengés, perdu dans la foule exaltée je
me
disais : Qu’est-ce que tout cela, ce discours, ces clameurs, sinon le
36
rien n’est plus actuel que le phénomène du rêve,
je
dirais même en politique. Rien n’est plus important que de savoir la
37
service dont on ne saurait exagérer l’importance.
Je
n’hésite pas à affirmer que cette thèse fera date dans l’évolution na
38
ie pour les hardiesses de la pensée allemande. Il
me
plaît de souligner ici la réussite d’une telle synthèse, dont il est
39
bilité caractéristique des passions dans ce pays.
Je
parlais tout à l’heure d’une campagne violente. Cette épithète demand
40
en vente un bouton-insigne portant la devise : «
Je
voudrais, moi aussi, être nommé capitaine. » La mode des boutons à sl
41
bouton-insigne portant la devise : « Je voudrais,
moi
aussi, être nommé capitaine. » La mode des boutons à slogans fait d’a
42
ame sur sa poitrine, avec une sobre éloquence : «
Je
désire Willkie (ou Roosevelt) comme président. » Tout cela paraît, da
43
claire qui se dégage de ces paradoxes politiques
me
paraît être la suivante : Quoi qu’il arrive le 5 novembre, l’unanimit
44
aine (17 janvier 1941)j k New York, décembre
J’
étais à Times Square, au cœur de Manhattan, le soir de l’élection prés
45
ncèrent à s’orner de bandes de papier portant : «
Je
vous l’avais bien dit ! » Une neige de papiers multicolores descendai
46
îne New York City par 270 000 voix de majorité. »
Je
n’oublierai pas la rumeur qui monta lentement des masses, à mesure qu
47
nait submerger le square comme une marée de joie.
Je
n’oublierai pas le bonheur brillant dans tous ces yeux levés, la frat
48
alut. Trois jours plus tôt, une dame milliardaire
me
déclarait pathétiquement : « Si Roosevelt gagne, je remplis mes caves
49
déclarait pathétiquement : « Si Roosevelt gagne,
je
remplis mes caves de conserves. Car ce sera, je vous le dis, la famin
50
pathétiquement : « Si Roosevelt gagne, je remplis
mes
caves de conserves. Car ce sera, je vous le dis, la famine et le bolc
51
, je remplis mes caves de conserves. Car ce sera,
je
vous le dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame s’occupe aujo
52
des citoyens en deux masses à peu près égales, —
je
serais tenté de dire : en deux teams — symbolise simplement le princi
53
ocratie ? En tournant tout à l’heure le bouton de
ma
radio, j’ai entendu cette phrase prononcée d’une voix forte : « Ici R
54
En tournant tout à l’heure le bouton de ma radio,
j’
ai entendu cette phrase prononcée d’une voix forte : « Ici Radio munic
55
ts-Unis (18 février 1941)l m New York, février
J’
ai fait une découverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’est pas de p
56
ible. Il faut être un Européen pour s’en étonner,
me
dit-on. De fait, pour un Américain qui connaît tant soit peu son hist
57
les Églises ont toujours été séparées de l’État).
Je
me bornerai pour aujourd’hui à la décrire comme un fait, un grand fai
58
Églises ont toujours été séparées de l’État). Je
me
bornerai pour aujourd’hui à la décrire comme un fait, un grand fait q
59
luthérien, à un prêche baptiste pour les nègres…
Je
vais à une soirée chez un professeur du Séminaire de théologie protes
60
Séminaire de théologie protestante de New York :
j’
y trouve d’autres professeurs et des étudiants, bien sûr, mais aussi d
61
c’est précisément que cela n’étonne personne ici.
Je
songe à la France laïque de naguère ! Je songe même à la Suisse, à ta
62
nne ici. Je songe à la France laïque de naguère !
Je
songe même à la Suisse, à tant de timidités, de cloisonnements, et pe
63
ne pas en Amérique… Cherchant à louer une maison,
je
parcours les annonces. J’en trouve plusieurs de ce type : « Six pièce
64
ant à louer une maison, je parcours les annonces.
J’
en trouve plusieurs de ce type : « Six pièces, confort, métro, Églises
65
ix pièces, confort, métro, Églises à proximité. »
J’
achète un guide de quartier, d’aspect commercial. Une page y est réser
66
ui gagnera la confiance des États du Middle West…
J’
écoutais hier la cérémonie dite de « l’Inauguration ». La veille, le p
67
t du Saint-Esprit », annonçant la bénédiction. Si
je
relève tous ces traits, c’est que la presse et la radio ne cesseront
68
on vieux temps de Christophe Colomb. Et pourtant,
me
voici bien assis dans une Constellation qui vient de décoller d’un ch
69
arctique, nous montâmes en spirale à 5000 mètres.
J’
allais écrire : « L’avion s’élance pour franchir l’Océan d’un seul bon
70
mouvement. Les uns écrivent, d’autres déjeunent.
Je
regarde par mon hublot. La mer est blanche, un peu houleuse et cotonn
71
uns écrivent, d’autres déjeunent. Je regarde par
mon
hublot. La mer est blanche, un peu houleuse et cotonneuse. Mais tout
72
Voilà l’Europe enfin ! Et des fleurs vraies ! Ah
mon
cher, ici, tout est beau !… » — « Mais tout ici a été fait par les Am
73
Américains pendant la guerre… » — « Taisez-vous,
me
crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être obj
74
ant la guerre… » — « Taisez-vous, me crie-t-elle,
je
retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle a
75
n d’Orly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que
je
l’ai quitté… Par quelle Porte allons-nous entrer ? Je ne puis pas dis
76
’ai quitté… Par quelle Porte allons-nous entrer ?
Je
ne puis pas distinguer les noms des rues sur ces maisons jaunes ou gr
77
es sur ces maisons jaunes ou grises et si basses.
Je
cherche à voir, le nez contre la vitre, et tout d’un coup : Rue Claud
78
nard, — en plein cinquième arrondissement — quand
je
me croyais encore dans la banlieue… Déjà nous descendons une rue dése
79
d, — en plein cinquième arrondissement — quand je
me
croyais encore dans la banlieue… Déjà nous descendons une rue déserte
80
chel ? Mais sur les Quais, où le car nous dépose,
j’
ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans quel silence, à quatre
81
ste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi
m’
interrogent. Cet hôtel ne leur plaît qu’à moitié. Je les décourage d’a
82
interrogent. Cet hôtel ne leur plaît qu’à moitié.
Je
les décourage d’aller chercher ailleurs. Crise des logements. — Est-c
83
es logements. — Est-ce que Paris a été bombardé ?
me
demandent-ils non sans inquiétude. — Et New York donc ? Si vous y con
84
Si vous y connaissez des chambres libres, faites-
moi
signe. (Comme les Américains paraissent bizarres, ici ! Comme ils se
85
t même des salles de bain. Mais comment dormirais-
je
cette nuit ? J’arrive au rendez-vous après sept ans, furtivement, à l
86
s de bain. Mais comment dormirais-je cette nuit ?
J’
arrive au rendez-vous après sept ans, furtivement, à la faveur d’une n
87
la faveur d’une nuit déserte. Un rendez-vous dont
j’
avais bien souvent désespéré, après cet au revoir en juin 40, qui sonn
88
près cet au revoir en juin 40, qui sonnait malgré
moi
comme un adieu… Le jour point derrière les rideaux. Je vais sortir su
89
mme un adieu… Le jour point derrière les rideaux.
Je
vais sortir sur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord je n’ai dis
90
ur point derrière les rideaux. Je vais sortir sur
mon
balcon, je vais la voir… Tout d’abord je n’ai distingué qu’un paysage
91
rière les rideaux. Je vais sortir sur mon balcon,
je
vais la voir… Tout d’abord je n’ai distingué qu’un paysage de toits b
92
tir sur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord
je
n’ai distingué qu’un paysage de toits bleus, médiéval. Et voici qu’un
93
. Puis une autre plus loin, et plusieurs en écho.
Je
ne savais plus, après six ans de New York, qu’il y a des cloches qui
94
eaux ! Dans une ville ! Point d’autres sons… Si !
je
ne rêve pas : un coq qui crie, tout là-bas vers les Invalides. L’or p
95
rs pointus, sort d’un xixe siècle d’illustrés de
mon
enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de grosses valises, se
96
une beauté oubliée. Mais que dire de la foule que
j’
ai vue le lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ? Je me disais :
97
e le lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ?
Je
me disais : « Non, ce n’est pas vrai, je vais me réveiller, je ne sui
98
e lendemain aux trottoirs des Champs-Élysées ? Je
me
disais : « Non, ce n’est pas vrai, je vais me réveiller, je ne suis p
99
lysées ? Je me disais : « Non, ce n’est pas vrai,
je
vais me réveiller, je ne suis pas à Paris. » Et c’est bien un de ces
100
Je me disais : « Non, ce n’est pas vrai, je vais
me
réveiller, je ne suis pas à Paris. » Et c’est bien un de ces tours qu
101
: « Non, ce n’est pas vrai, je vais me réveiller,
je
ne suis pas à Paris. » Et c’est bien un de ces tours que nous jouent
102
nature Que la Suisse soit restée aussi suisse
m’
a paru proprement incroyable. Je ne trouve ici d’autre sujet de m’éton
103
stée aussi suisse m’a paru proprement incroyable.
Je
ne trouve ici d’autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver, j
104
ent incroyable. Je ne trouve ici d’autre sujet de
m’
étonner que de n’en point trouver, justement. Tout est pareil à mes so
105
n’en point trouver, justement. Tout est pareil à
mes
souvenirs, à peine un peu plus ressemblant. Tout est intact. La brusq
106
on après la plus rapide reconnaissance des lieux.
J’
ai revu des amis intacts, et dont l’amitié seule avait fleuri comme un
107
l’amitié seule avait fleuri comme un bon vin. Et
j’
ai feuilleté des éditions si belles qu’on se demande quels talents les
108
tout simplement. On le tient encore pour anormal.
J’
ai l’impression qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du mo
109
récemment présentés par MM. Hitler et consorts. ⁂
Je
m’en tiens là dans mes jugements, j’arrive à peine. Mais si j’essaie
110
emment présentés par MM. Hitler et consorts. ⁂ Je
m’
en tiens là dans mes jugements, j’arrive à peine. Mais si j’essaie de
111
r MM. Hitler et consorts. ⁂ Je m’en tiens là dans
mes
jugements, j’arrive à peine. Mais si j’essaie de situer ce pays dans
112
consorts. ⁂ Je m’en tiens là dans mes jugements,
j’
arrive à peine. Mais si j’essaie de situer ce pays dans le cadre de mo
113
là dans mes jugements, j’arrive à peine. Mais si
j’
essaie de situer ce pays dans le cadre de mon voyage, voici comment il
114
is si j’essaie de situer ce pays dans le cadre de
mon
voyage, voici comment il m’apparaît. L’Europe ancienne s’est rétrécie
115
ays dans le cadre de mon voyage, voici comment il
m’
apparaît. L’Europe ancienne s’est rétrécie à la mesure de nos frontièr
116
nne s’est rétrécie à la mesure de nos frontières.
Je
viens de voir, du monde, ce qu’il en reste et que l’on est autorisé à
117
paroisse intacte du Continent. Un peu plus loin,
j’
irais buter contre le fameux « rideau de fer » marquant l’entrée du rè
118
de l’Autre Grand. Entre l’Amérique et la Suisse —
je
simplifie à peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’il n’y ait plus
119
eules Puissances qui comptent. Fin et Suite
J’
ai revu Genève et sa cyclophilie torrentielle, allègre et intacte. Et
120
cyclophilie torrentielle, allègre et intacte. Et
j’
ai revu la SDN dans son palais sans patine, sans fantômes. Pourtant, c
121
s repris par l’ONU. Et, sur ce thème inépuisable,
j’
improvisai à part moi le discours que nul, parmi les officiels, ne se
122
Et, sur ce thème inépuisable, j’improvisai à part
moi
le discours que nul, parmi les officiels, ne se risquait à prononcer
123
n atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même,
je
me visse entraîné à Cointrin, où se posait dans une gloire de lumière
124
tome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je
me
visse entraîné à Cointrin, où se posait dans une gloire de lumière le
125
ur unir vos États dans un plus grand péril ? Vous
me
direz que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut une b
126
té partielle devant les leçons de l’Histoire, que
j’
ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les
127
en principe, mais pratique. C’est assez pour que
j’
ose vous supplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie
128
s un cahier de doléances ou de revendications. Et
je
n’ai point de conseils à vous donner. Mais je vous écris au nom d’une
129
Et je n’ai point de conseils à vous donner. Mais
je
vous écris au nom d’une centaine de milliers de militants fédéraliste
130
il est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez
me
parler, je le sais bien, des grandes difficultés accumulées sur votre
131
oncé avec l’accent anglais. Vous allez me parler,
je
le sais bien, des grandes difficultés accumulées sur votre route vers
132
ts internes avec le comité ministériel. Permettez-
moi
de vous dire que l’opinion s’en moque, parce qu’elle a ses doutes mot
133
e maîtresse, de grande vision du but, de volonté.
J’
entends bien que l’opinion se trompe et méconnaît vos sentiments intim
134
nt devant les experts. Mais rien ne pourra jamais
me
persuader qu’ils aient tous raison à la fois, quand il n’en est pas d
135
bellit vos discours. En somme, que risquez-vous ?
Je
cherche à voir ce qui peut vous faire peur, ce qui peut être plus dan
136
quo, plus follement imprudent que vos prudences ?
Je
ne trouve pas. On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’il fa
137
ns une entreprise aussi vaste. Ah ! pour le coup,
je
trouve cela « prématuré » (je m’excuse de parler comme un ministre).
138
Ah ! pour le coup, je trouve cela « prématuré » (
je
m’excuse de parler comme un ministre). Car vous ne vous êtes, jusqu’i
139
! pour le coup, je trouve cela « prématuré » (je
m’
excuse de parler comme un ministre). Car vous ne vous êtes, jusqu’ici,
140
un peu de hâte, conviennent à nos calamités. Ceci
me
rappelle un argument de M. Bevin. On aurait tort, à son avis, de comm
141
t, à son avis, de commencer l’Europe par le toit.
Je
ne sais pourquoi, ni ce qu’il veut dire exactement, mais cave ou toit
142
proverbiale, mais votre assemblée est trop jeune.
Je
lui propose quelques slogans nouveaux et quelques amendements à la sa
143
st le vice des timides et la vertu des audacieux.
Je
me résume. L’opinion vous regarde. Elle n’entre pas dans les subtilit
144
le vice des timides et la vertu des audacieux. Je
me
résume. L’opinion vous regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités.
145
nachevé. Mais si quelques-uns d’entre vous, comme
je
le crois, sont fédéralistes, qu’ils le disent, qu’ils proclament leur
146
7 août 1950)r Messieurs les députés européens,
J’
ai tenté de traduire le sentiment des peuples en face de l’inertie de
147
ertie de l’Assemblée. Ce n’était pas une attaque,
je
décrivais ce qu’un chacun peut voir de ses yeux. Et plusieurs d’entre
148
peut voir de ses yeux. Et plusieurs d’entre vous,
je
le sais, s’en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisant.)
149
penser que ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui,
je
voudrais vous dire l’admiration et le respect que j’éprouve, non poin
150
voudrais vous dire l’admiration et le respect que
j’
éprouve, non point hélas ! pour vos succès jusqu’à cette date, mais po
151
convient de revendiquer, celui dont, par avance,
je
vous salue. Vous êtes, Messieurs, Députés de l’Europe. Essayons de me
152
us inventé, nous les Européens, depuis cent ans ?
Je
répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le mar
153
s ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ?
Je
cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, la sociologie et les
154
n Empire nouveau n’ose lui disputer sérieusement.
Je
viens d’entendre à la radio le Don Juan de Mozart retransmis de Salzb
155
l’avenir. Par l’un, vous êtes à l’autre députés.
Me
voici partagé entre l’envie de rire de vos craintes dérisoires, de vo
156
ires, de vos alinéas, et le sentiment très vif de
mon
néant devant l’ampleur de la mission qui vous anime, ou qui peut-être
157
s anime, ou qui peut-être vous écrase. En vérité,
je
ne sais comment j’ose vous parler, si ce n’est par angoisse et en der
158
t-être vous écrase. En vérité, je ne sais comment
j’
ose vous parler, si ce n’est par angoisse et en dernier recours, soule
159
il regarde notre vieux continent, il n’y voit, si
j’
ose dire, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’est pas rouge, et
160
s pareils ? Leur existence est purement négative.
J’
ai bien lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pa
161
t de vue politique et nos intérêts économiques »…
Je
ne sais ce que les Hindous, les Boers, les Canadiens français et même
162
l’Europe méritent d’écrire comme M. Hugh Dalton.
Je
vois bien qu’il se dit partisan d’un peu d’union tout de même, pour f
163
qu’ils subissent plus que d’autres en leur île :
j’
entends le nationalisme étatisé et le mythe survivant des souveraineté
164
rs de sa valeur, parce que Londres avait dévalué.
Je
cherche en vain : Où sont encore les souverainetés de nos États, quan
165
t quant aux lois pénales et aux systèmes fiscaux,
je
ne vois pas que leur variété ait empêché les États des US ou les cant
166
re obstacle, c’est eux-mêmes. Ils nous disent : «
Je
veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’Opin
167
’est eux-mêmes. Ils nous disent : « Je veux bien,
je
ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’Opinion, par exemp
168
s, et les sceptiques, alors, pourront bien dire :
J’
avais raison, voyez l’obstacle ! Ils l’auront eux-mêmes suscité. L’œil
169
ans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui,
je
la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites
170
plus de mal que de bien à notre cause à tous. On
me
dira que si l’on se contente d’affirmer des principes sans les mettre
171
erait un acte enfin, quelque chose de concret… Et
je
me garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Stra
172
it un acte enfin, quelque chose de concret… Et je
me
garde de sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Strasbo
173
déçus, et Staline très content. Voici l’acte que
je
vous propose, au nom de l’opinion qui ne parle pas encore. Messieurs
174
re. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux.
Je
n’en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un projet bien
175
devant vous, le rire des hommes d’acier ! Si vous
me
dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer clairement
176
s d’acier ! Si vous me dites que c’est prématuré,
je
vous supplierai de déclarer clairement à quel moment, et sous quelles
177
onditions, cela cessera d’être prématuré. Si vous
me
dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps
178
joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps,
je
vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu
179
de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous
me
dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le penser d
180
vous me dites enfin que c’est plus difficile que
je
n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si
181
lus difficile que je n’ai l’air de le penser dans
ma
candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose au monde est plus
182
je n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve,
je
vous demanderai si quelque chose au monde est plus difficile à concev
183
ssieurs les députés, faut-il vous dire encore que
je
ne suis rien qu’une voix presque désespérée, et sans autre pouvoir qu
184
ions qui se taisent mais qui ont peur ? Pardonnez
mes
violences et mes impertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte. J
185
nt mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences et
mes
impertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirai
186
mpertinences : comprenez l’anxiété qui les dicte.
Je
ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’une partie d’entre
187
anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si
je
ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’approuve, et qu’une
188
je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous
m’
approuve, et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion
189
tre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion,
je
m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous-en
190
ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je
m’
écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous-en ! M
191
-en ! Mais beaucoup d’entre vous veulent agir, et
je
les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de rester au contraire, d
192
i se révèlent contraires au salut de l’ensemble ?
Je
veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous propose une aut
193
essus des États. Messieurs les députés européens,
je
vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples au
194
trée que la nature avait conçue d’un seul tenant.
Je
connais peu de paysages aussi complets : la plaine et ses intimités c
195
apis de brume. Aux bords de ce ruisseau qui longe
mon
jardin, qui l’inonde aux crues de printemps, Chateaubriand passa des
196
vrai. Il a bien sa statue, grandeur nature, dans
mon
village. Mais ce n’est pas ce petit corps maigre, et ce rire édenté d
197
présent parmi nous. Plutôt ces inscriptions, que
je
copie sur le socle : Face nord : Au bienfaiteur de Ferney Voltaire
198
it, et malgré son grand âge, il plantait. « Quand
je
n’aurais défriché qu’un champ et quand je n’aurais fait réussir que v
199
« Quand je n’aurais défriché qu’un champ et quand
je
n’aurais fait réussir que vingt arbres, c’est toujours un bien qui ne
200
Mais les arbres bordant la route de Gex à Genève
me
parlent chaque matin de son amour des lieux. Il fit venir de Genève c
201
os soldats ? » demande le prince de Hesse. « Non,
mes
amis ! », dit le grand homme. Et tous de pleurer à l’envi. Paul Claud
202
Paul Claudel, informé par un ami commun de ce que
j’
habite à Ferney : « Est-ce que Voltaire ne vient pas lui chatouiller l
203
antôme, mais certes son exemple vient chatouiller
mon
imagination, que bien d’autres images entraînent, dans ce pays de « m
204
entes nations indépendantes de l’aide américaine.
J’
écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’est pas un des responsabl
205
x phrases le rôle et l’importance d’un tel écrit,
je
dirais que d’une part il a créé l’animation politique nécessaire à la
206
e fameux texte de base de la grandeur américaine,
je
tombe sur un passage dont le lecteur va comprendre l’extrême importan
207
es relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde.
Je
vous laisse le soin de commenter le parallélisme qu’un tel texte sugg
208
cident vont vivre de leurs seules ressources : on
m’
entendra. Enfin, prendre au sérieux les relations culturelles, c’est a
209
is qui équivaut en fait à lever le rideau de fer.
Je
pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rien ne m’oblige aux prudences
210
en fait à lever le rideau de fer. Je pars de là.
Je
ne suis qu’un écrivain. Rien ne m’oblige aux prudences des hommes d’É
211
Je pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rien ne
m’
oblige aux prudences des hommes d’État, on vient de le voir. Les relat
212
on vient de le voir. Les relations culturelles, à
mes
yeux, sont la condition préalable à toute entente sérieuse dans les a
213
lequel il n’est point d’entente entre les hommes,
je
veux dire un langage commun. On a reconnu l’expression qui revient pa
214
u conflit qui oppose le bolchévisme à l’Occident.
Je
cite : D’aucuns estiment que le capitalisme est meilleur que le socia
215
lus ; nous sommes prêts à « causer » dès demain. (
Je
le dis au nom de la grande majorité des intellectuels de l’Europe, et
216
il s’agit d’échanges réels dans les deux sens, ou
je
n’ai rien dit. Si chacun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’i
217
! — Ces voix rauques, étranglées maintenant, non
je
n’oserai pas demander pardon d’être resté paralysé devant leur appel,
218
d’être resté paralysé devant leur appel, tant que
je
n’aurai pas fait tout ce que peut un homme libre pour hâter le jour d
219
Russie soviétique, ses clients et ses partisans.
Je
crois avoir été le premier à proposer, ici, la reprise du dialogue cu
220
vrés de Staline. Des rencontres privées ont suivi
mon
appel. Les Russes s’y sont montrés lourds et stupides, les marxistes
221
écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça.
J’
écris, et les Hongrois tombent sous les balles des Russes. Je n’écris
222
les Hongrois tombent sous les balles des Russes.
Je
n’écris pas pour mettre ma conscience à l’aise. Je veux certes la met
223
les balles des Russes. Je n’écris pas pour mettre
ma
conscience à l’aise. Je veux certes la mettre à l’aise, et tout homme
224
e n’écris pas pour mettre ma conscience à l’aise.
Je
veux certes la mettre à l’aise, et tout homme doit le vouloir avant t
225
un article qui pourrait y suffire, il faut agir.
Je
parlais d’une action vigilante, obstinée. Nous vivons en démocratie,
226
uveraineté du peuple. Or le peuple, c’est vous et
moi
. Profitant du silence ignominieux qui succède aux flagrants délits, e
227
relle des vérités centrales du christianisme : et
je
dis bien, de la religion et de l’éthique du Christ des évangiles, « p
228
On voit bien ce qu’en diraient les barthiens dont
je
fus : Ansermet, partant de Husserl, réinvente le libéralisme protesta
229
ique musicale ? Dans ce contexte, une autre thèse
me
frappe : la musique est d’Europe, essentiellement, parce qu’elle est
230
engendré la civilisation occidentale » (p. 209).
Je
suis bien placé pour savoir les résistances que ce point de vue provo
231
ire, 22 juin 1968) que pendant six ans d’Amérique
je
n’ai fait que « papoter avec des milliardaires nyouorkaises » et me «
232
papoter avec des milliardaires nyouorkaises » et
me
« perfectionner dans les parlers locaux » (?). Bien entendu, mon livr
233
nner dans les parlers locaux » (?). Bien entendu,
mon
livre parle d’autre chose et ne mentionne, en fait de papotages, que
234
ques Maritain, André Breton et Saint-Exupéry — ou
mes
émissions quotidiennes de « La Voix de l’Amérique parle aux Français
235
les réprouve. Tout autre chose est d’affirmer que
j’
ai « jeté mon sac (militaire) aux orties » avant de « disparaître dans
236
. Tout autre chose est d’affirmer que j’ai « jeté
mon
sac (militaire) aux orties » avant de « disparaître dans les Amérique
237
« disparaître dans les Amériques ». Car c’est là
m’
accuser d’un acte bien défini, qui m’eût valu un peu plus, croyez-moi,
238
Car c’est là m’accuser d’un acte bien défini, qui
m’
eût valu un peu plus, croyez-moi, que les quinze jours de forteresse a
239
e bien défini, qui m’eût valu un peu plus, croyez-
moi
, que les quinze jours de forteresse auxquels le Général m’avait conda
240
es quinze jours de forteresse auxquels le Général
m’
avait condamné en juin pour un article sur l’entrée d’Hitler à Paris.
241
point, tout à fait superflue pour les lecteurs de
mon
livre, m’a paru nécessaire pour ceux qui n’auraient lu que l’article
242
à fait superflue pour les lecteurs de mon livre,
m’
a paru nécessaire pour ceux qui n’auraient lu que l’article du Samedi
243
n étudiant en théologie, qui suit depuis deux ans
mes
cours, René Bugnot, comparaîtra le 27 juin devant le tribunal militai
244
n devant le tribunal militaire que vous présidez.
J’
ai beaucoup d’estime pour M. Bugnot. Équilibré, maître de soi, convain
245
t une société préalablement amputée de son idéal,
j’
entends une société capable de condamner par une application routinièr
246
t l’acquitter, et peut-être le voudriez-vous mais
je
sais bien que vous n’avez pas le droit formel. Dans ces conditions, p
247
ilité d’un procès d’objecteur c’est, aujourd’hui,
me
semble-t-il, de hâter le temps où de tels exercices rejoindront dans
248
oindront dans l’Histoire les procès de sorcières.
J’
espère, Monsieur le président, que vous voudrez bien excuser la libert
249
ent, que vous voudrez bien excuser la liberté que
je
prends en m’adressant à vous si franchement et longuement. Je ne voul
250
voudrez bien excuser la liberté que je prends en
m’
adressant à vous si franchement et longuement. Je ne voulais être qu’u
251
m’adressant à vous si franchement et longuement.
Je
ne voulais être qu’un témoin de moralité, et je n’ai pu m’empêcher de
252
. Je ne voulais être qu’un témoin de moralité, et
je
n’ai pu m’empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen.
253
lais être qu’un témoin de moralité, et je n’ai pu
m’
empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen. Me le pardo
254
é, et je n’ai pu m’empêcher de vous faire part de
mes
convictions de citoyen. Me le pardonnerez-vous en pensant aux efforts
255
de vous faire part de mes convictions de citoyen.
Me
le pardonnerez-vous en pensant aux efforts que j’ai faits — et ne ces
256
Me le pardonnerez-vous en pensant aux efforts que
j’
ai faits — et ne cesserai de faire — pour expliquer notre pays, par la
257
hacun à sa manière. C’est de cette conviction que
je
m’autorise pour vous communiquer mes réflexions sur ce cas de conscie
258
un à sa manière. C’est de cette conviction que je
m’
autorise pour vous communiquer mes réflexions sur ce cas de conscience
259
onviction que je m’autorise pour vous communiquer
mes
réflexions sur ce cas de conscience difficile. Veuillez être assuré,
260
. Veuillez être assuré, Monsieur le président, de
mes
sentiments les plus distingués et dévoués.ad ab. Rougemont Denis
261
llet 1969)ae af Monsieur le rédacteur en chef,
J’
ai été surpris de vous voir répondre à une lettre que j’avais adressée
262
té surpris de vous voir répondre à une lettre que
j’
avais adressée au président d’un tribunal militaire et que vous publie
263
ent d’un tribunal militaire et que vous publiez à
mon
insu, sous un titre trompeur, je le crains. Car ce titre semble annon
264
vous publiez à mon insu, sous un titre trompeur,
je
le crains. Car ce titre semble annoncer une prise de position de prin
265
guer la foule par-dessus la tête du président. Si
j’
avais voulu traiter publiquement de l’objection de conscience en génér
266
ral, et des objecteurs suisses en particulier, il
m’
eût fallu beaucoup de temps, beaucoup de place, et un minimum de préca
267
aucoup de place, et un minimum de précautions. Il
m’
eût fallu peser le pour et le contre, et surtout dans le cas de la Sui
268
ement, de tout contestataire de nos institutions.
J’
ai parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien, je n’ai pas proposé qu
269
nos institutions. J’ai parlé pour René Bugnot. Si
je
me relis bien, je n’ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositair
270
institutions. J’ai parlé pour René Bugnot. Si je
me
relis bien, je n’ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire d
271
J’ai parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien,
je
n’ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission mo
272
le « dépositaire de la mission morale du pays ».
Je
n’ai pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette p
273
arité. Quant à votre sous-titre « Tout ou rien »,
je
ne le crois pas justifié par mon texte, et vous avez raison de refuse
274
« Tout ou rien », je ne le crois pas justifié par
mon
texte, et vous avez raison de refuser de me suivre dans une direction
275
par mon texte, et vous avez raison de refuser de
me
suivre dans une direction où jamais je n’ai songé à entraîner personn
276
refuser de me suivre dans une direction où jamais
je
n’ai songé à entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc
277
ù jamais je n’ai songé à entraîner personne. Non,
je
ne pense pas et je n’ai donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des ob
278
ngé à entraîner personne. Non, je ne pense pas et
je
n’ai donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse
279
teurs, la Suisse ne serait qu’un État policier ».
J’
ai dit seulement que si l’on choisissait de s’en tenir à « l’ordre à t
280
cou ferait cela bien mieux que nous. Cela dit, il
me
reste à vous remercier d’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’atten
281
il me reste à vous remercier d’avoir, en publiant
ma
lettre, ramené l’attention de vos lecteurs sur le grave problème qui
282
Veuillez croire, Monsieur le rédacteur en chef, à
mes
sentiments dévoués. ae. Rougemont Denis de, « Objection de conscie
283
est la plus petite unité que l’on puisse trouver.
Je
suis tout à fait d’accord avec l’historien anglais Toynbee qui dit qu
284
, Max Ernst… Et la culture, qu’est-ce que c’est ?
Je
ne sais pas très bien ce que l’on entend par culture bourgeoise, parc
285
diants « cassez l’Université », c’est absurde. Il
me
fait penser à ces grands-pères qui veulent se rendre populaires auprè
286
me ? une mutation tant physique que spirituelle ?
Je
n’en sais rien. Je sais vers quoi je voudrais qu’on aille. Le progrès
287
ant physique que spirituelle ? Je n’en sais rien.
Je
sais vers quoi je voudrais qu’on aille. Le progrès est l’augmentation
288
pirituelle ? Je n’en sais rien. Je sais vers quoi
je
voudrais qu’on aille. Le progrès est l’augmentation des risques humai
289
une autre civilisation qui pourrait s’épanouir ?
Je
n’en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-il que ce soit une ci
290
s centaines de morts, quoiqu’on n’en parle guère.
Je
ne vois dans le maoïsme aucun germe de civilisation nouvelle. Croyez-
291
us au succès des révolutions que des évolutions ?
Je
ne crois pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu
292
êt à prendre la relève du désordre ancien, ce que
j’
appelle le « désordre établi ». Ces conditions idéales n’ont encore ja
293
et la chute des civilisations ? Personnellement,
je
ne crois pas que les civilisations soient comme les plantes, qui pous
294
e de production et d’autocritique extraordinaire.
Je
ne suis pas pessimiste à son sujet, mais je le suis en ce qui concern
295
aire. Je ne suis pas pessimiste à son sujet, mais
je
le suis en ce qui concerne les effets de ce que l’Homme, indépendamme
296
e la nature, a développé dans cette civilisation.
Je
ne crois pas que l’homme devient esclave des machines ; il est esclav
297
nité sociale par exemple. Dans un petit livre que
j’
ai écrit en 1946 sur la bombe atomique, je disais en post-scriptum à m
298
vre que j’ai écrit en 1946 sur la bombe atomique,
je
disais en post-scriptum à mes lettres : « Un dernier mot, et dire que
299
r la bombe atomique, je disais en post-scriptum à
mes
lettres : « Un dernier mot, et dire que j’allais l’oublier : la bombe
300
tum à mes lettres : « Un dernier mot, et dire que
j’
allais l’oublier : la bombe n’est pas dangereuse du tout. C’est un obj
301
isent : « Nous sommes envahis par les machines. »
Je
leur réponds : « Je voudrais bien qu’une Rolls-Royce ou même une VW v
302
s envahis par les machines. » Je leur réponds : «
Je
voudrais bien qu’une Rolls-Royce ou même une VW vienne m’envahir dans
303
ais bien qu’une Rolls-Royce ou même une VW vienne
m’
envahir dans la cour de ma maison. Mais cela ne s’est jamais vu. » Que
304
e ou même une VW vienne m’envahir dans la cour de
ma
maison. Mais cela ne s’est jamais vu. » Quelle est la responsabilité
305
que traverse notre siècle a-t-elle été préparée ?
Je
vous dirais sans trop réfléchir : par le nationalisme militarisé, l’é
306
a croyance aux toujours plus grands nombres. Mais
je
n’ai pas envie d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est
307
n’ai pas envie d’étudier après coup l’histoire de
mon
temps, ce n’est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce
308
après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas
mon
souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de n
309
histoire de mon temps, ce n’est pas mon souci, ni
ma
vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre
310
s, ce n’est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui
m’
intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais de trouver le
311
t-à-dire de créer un ordre plus humain : par quoi
je
veux dire plus divin. Et ne me demandez pas si je crois que cela réus
312
humain : par quoi je veux dire plus divin. Et ne
me
demandez pas si je crois que cela réussira : car nous ne sommes pas l
313
je veux dire plus divin. Et ne me demandez pas si
je
crois que cela réussira : car nous ne sommes pas là pour essayer de p
314
le changer dans le bon sens. Une des formules que
j’
ai lancées dans ma jeunesse (outre celle de l’engagement de l’écrivain
315
bon sens. Une des formules que j’ai lancées dans
ma
jeunesse (outre celle de l’engagement de l’écrivain), c’était la poli
316
ntée par l’esprit, et de la vocation personnelle.
Je
m’y tiens et l’époque fera ce qu’elle pourra… Après tout, le but de l
317
e par l’esprit, et de la vocation personnelle. Je
m’
y tiens et l’époque fera ce qu’elle pourra… Après tout, le but de la s
318
st pas le motif exclusif Christian Schaller. —
Je
ne pense pas qu’il y ait de différence dans les aboutissants entre un
319
ement que les autres ? Christian Schaller. — Non.
Je
ne fais personnellement pas de différence entre les diverses catégori
320
rence entre les diverses catégories d’objecteurs.
Je
pense que ce qui est important, c’est ce qu’ils demandent, ce qu’ils
321
n objectant, de faire une œuvre antimilitariste —
je
précise que ceux qui font du service ne sont pas nécessairement milit
322
vre anticonstitutionnelle ? Christian Schaller. —
Je
pense plutôt anticonstitutionnelle. L’objecteur choisit un moyen défi
323
pas le cas de tous les objecteurs). D’autre part
je
ne pense pas que la séparation soit tellement entre militaires et obj
324
’entre « conservateurs » et « progressistes », si
je
puis dire. L’objection est l’un des moyens de proposer des solutions
325
st qu’un moyen parmi d’autres. Et personnellement
je
me sens très proche des militaires qui, à l’intérieur de l’édifice, f
326
qu’un moyen parmi d’autres. Et personnellement je
me
sens très proche des militaires qui, à l’intérieur de l’édifice, font
327
iver aux mêmes conclusions. Denis de Rougemont. —
Je
suis frappé par la lecture de cet article 49, paragraphe 5, qui dit q
328
— Pas chez nous. Denis de Rougemont. — Non. Mais
j’
ai dit dans certains régimes, et très logiquement. Car là il n’y a plu
329
essus de l’État et des intérêts de l’État. Ce qui
me
paraît absolument hypocrite, c’est de mettre « Au nom du Dieu Tout-Pu
330
a les lois, mais il y a aussi l’esprit des lois.
Je
ne pense pas que le conformisme soit une qualité première du bon cito
331
isme soit une qualité première du bon citoyen, et
je
pense que la critique des lois fait partie intégrante des qualités du
332
la réforme dans son cadre. Denis de Rougemont. —
J’
aimerais rappeler que le problème est celui de l’objecteur de conscien
333
moins de Jéhovah. Vous connaissez leur doctrine —
je
simplifie : il y a le royaume de Dieu, et le royaume de Satan. On est
334
ent jugés par des tribunaux civils. À leur place,
je
préférerais être jugé par un tribunal militaire, qui juge essentielle
335
es atténuantes. Colonel divisionnaire Dénéréaz. —
Je
croyais qu’il pouvait attendre jusqu’à sa majorité. Colonel Vaucher.
336
Dénéréaz. — Alors, il y a quelque chose qui pour
moi
n’est pas très clair. Colonel Vaucher. — Nous n’y pouvons rien du tou
337
les cantons qui en sont chargés. Et nous n’avons,
je
dois dire, jamais eu de plainte de la part des condamnés sur les cond
338
nt en majorité des honnêtes gens, c’est vrai ; et
je
ne pense pas seulement aux objecteurs de conscience. Je pense à tous
339
pense pas seulement aux objecteurs de conscience.
Je
pense à tous les soldats qui ont commis des actes d’indiscipline, qui
340
t-là leur causaient un grave préjudice financier.
Je
les considère tous comme des honnêtes gens. Ils viennent devant nous
341
peu près, viennent pour des fautes de discipline.
J’
ai peine à entrer dans une classification de tribunaux pour honnêtes g
342
le Code pénal. Colonel divisionnaire Dénéréaz. —
J’
aimerais que le colonel Vaucher parle du sursis. Colonel Vaucher. —
343
e doit être aussi réalisée. Denis de Rougemont. —
Je
ne suis pas du tout objecteur de conscience moi-même. J’ai fait pas m
344
uis pas du tout objecteur de conscience moi-même.
J’
ai fait pas mal de service dans ma vie. Mais je suis intervenu à propo
345
ience moi-même. J’ai fait pas mal de service dans
ma
vie. Mais je suis intervenu à propos d’un de mes étudiants pour qui j
346
e. J’ai fait pas mal de service dans ma vie. Mais
je
suis intervenu à propos d’un de mes étudiants pour qui j’avais de l’e
347
s ma vie. Mais je suis intervenu à propos d’un de
mes
étudiants pour qui j’avais de l’estime, parce qu’il avait déjà été co
348
intervenu à propos d’un de mes étudiants pour qui
j’
avais de l’estime, parce qu’il avait déjà été condamné une fois, et qu
349
fusil d’épaule — après avoir refusé de le porter.
J’
ai eu l’impression que les objecteurs étaient toujours punis, et que l
350
ait plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors
j’
ai été un peu scandalisé à l’idée que, dans le cas de l’objecteur de c
351
ponsable sera acquitté aussi. C’est évident. Mais
je
n’en ai jamais vu. Tous les objecteurs que j’ai connus étaient des ge
352
ais je n’en ai jamais vu. Tous les objecteurs que
j’
ai connus étaient des gens sensés. Donc pas de maladie mentale, pas de
353
ment tout court. Bernard Béguin. — M. Schaller va
me
répondre parce que j’ai dit qu’il cherchait la condamnation. Christia
354
rd Béguin. — M. Schaller va me répondre parce que
j’
ai dit qu’il cherchait la condamnation. Christian Schaller. — Je voudr
355
cherchait la condamnation. Christian Schaller. —
Je
voudrais répondre également au grand juge Vaucher que le tribunal app
356
re, puisque les lois changent. Colonel Vaucher. —
Je
voudrais répondre encore à M. de Rougemont que l’appréciation des mob
357
z de tribunaux militaires et de tribunaux civils.
Je
crois que dans notre pays, l’armée et le peuple sont si intimement mê
358
res, ce sont des miliciens. Denis de Rougemont. —
Je
n’ai absolument rien dit contre l’armée en tant que telle. Je parle c
359
lument rien dit contre l’armée en tant que telle.
Je
parle contre un certain état d’esprit que je trouve beaucoup plus rép
360
lle. Je parle contre un certain état d’esprit que
je
trouve beaucoup plus répandu chez les civils que chez les officiers.
361
Denis de Rougemont. — Effectivement, dans l’armée
je
n’ai pas entendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup à le dire :
362
’armée je n’ai pas entendu ça. Colonel Vaucher. —
Je
tiens beaucoup à le dire : nous ne représentons pas l’armée au tribun
363
urtout dans la période atomique qui change tout à
mon
sens. Bernard Béguin. — Quand vous dites que l’objection n’est pas de
364
mique comme au temps de Morgarten. On peut dire —
je
l’ai entendu dire par des officiers supérieurs — qu’on se prépare trè
365
tre dimension ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. —
Je
ne crois pas que tout cela soit dépassé. Je suis un officier de métie
366
az. — Je ne crois pas que tout cela soit dépassé.
Je
suis un officier de métier, un technicien, si vous voulez, qui fait d
367
i notre défense est encore positive, ou négative.
Je
pense que notre système militaire, tel qu’il est maintenant, avec l’a
368
d’Europe. Ce qui est déjà un signe de puissance.
Je
vous fais sourire peut-être ? Christian Schaller. — Pas du tout. Avec
369
e la bombe atomique intervienne dans les combats.
Je
ne veux pas faire ici de la tactique. Je suis persuadé que l’État ne
370
combats. Je ne veux pas faire ici de la tactique.
Je
suis persuadé que l’État ne peut pas mettre en doute, surtout dans no
371
progrès. Vous dites, la guerre est un mal. C’est
ma
conviction intime, à moi militaire ! Mais que voulons-nous faire ? dé
372
guerre est un mal. C’est ma conviction intime, à
moi
militaire ! Mais que voulons-nous faire ? défendre notre pays, c’est
373
mbre d’objecteurs. Nous en serions ravis. Mais si
je
me pose la question comme citoyen — et je suis reconnaissant aux obje
374
e d’objecteurs. Nous en serions ravis. Mais si je
me
pose la question comme citoyen — et je suis reconnaissant aux objecte
375
Mais si je me pose la question comme citoyen — et
je
suis reconnaissant aux objecteurs de la faire poser — , je pense fina
376
econnaissant aux objecteurs de la faire poser — ,
je
pense finalement qu’une armée est indispensable en Suisse et que le s
377
rme la plus démocratique de réaliser cette armée.
J’
ignore totalement si une armée de métier ou simplement des volontaires
378
e inconvénient d’être un noyau de militarisme, et
j’
ai le militarisme en horreur. Bernard Béguin. — Est-ce qu’un service c
379
a pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant
j’
ai changé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’y a aucune espèce
380
’entraînerait la bombe atomique sur un pays. Cela
me
paraît changer radicalement la valeur de la guerre aujourd’hui. Berna
381
uestions de cet ordre. Christian Schaller. — Mais
je
suis tout à fait d’accord. Bernard Béguin. — Nous ne pouvons pas igno
382
pourrions peut-être pas le faire en Russie. Mais
je
pense, pour ma part, que si la neutralité suisse doit s’accompagner d
383
parle de la situation particulière de la Suisse.
Je
me demande si cette situation ne crée pas des devoirs particuliers au
384
rle de la situation particulière de la Suisse. Je
me
demande si cette situation ne crée pas des devoirs particuliers aux S
385
e de la guerre tel qu’il se présente aujourd’hui.
Je
me demande si on peut toujours se référer à notre neutralité comme à
386
e la guerre tel qu’il se présente aujourd’hui. Je
me
demande si on peut toujours se référer à notre neutralité comme à une
387
: Neutralité oblige, allez plus loin. Tout ce que
je
voudrais dire ici, en faveur des objecteurs de conscience, c’est qu’i
388
ent le public à se poser des questions auxquelles
je
ne prétends pas répondre, mais qui me paraissent tellement graves qu’
389
auxquelles je ne prétends pas répondre, mais qui
me
paraissent tellement graves qu’on doit reconnaître une fonction civiq
390
réoccupations majeures de votre pensée ? Pourquoi
j’
ai écrit sur l’amour ? C’est la question posée le plus souvent par les
391
stion posée le plus souvent par les interviewers.
J’
ai coutume de répondre : Dites-moi plutôt pourquoi et comment vous ima
392
es interviewers. J’ai coutume de répondre : Dites-
moi
plutôt pourquoi et comment vous imaginez que j’aurais pu ne pas le fa
393
-moi plutôt pourquoi et comment vous imaginez que
j’
aurais pu ne pas le faire, étant écrivain, et Européen ! Quand on cons
394
s Doctrine fabuleuse , sur les trente volumes que
j’
ai publiés, ce n’est guère envahissant. N’oubliez pas mes journaux ré
395
ubliés, ce n’est guère envahissant. N’oubliez pas
mes
journaux réunis par Gallimard en un volume, et tous mes ouvrages pol
396
urnaux réunis par Gallimard en un volume, et tous
mes
ouvrages politiques et polémiques, où il n’est, hélas, nullement ques
397
, où il n’est, hélas, nullement question d’amour…
Je
sais bien — mais je suis presque le seul à le savoir — que j’ai aussi
398
, nullement question d’amour… Je sais bien — mais
je
suis presque le seul à le savoir — que j’ai aussi écrit un roman, et
399
— mais je suis presque le seul à le savoir — que
j’
ai aussi écrit un roman, et des poèmes, qui peut-être, un jour ou l’au
400
ou l’autre, paraîtront… Mais enfin, le centre de
ma
méditation écrite reste le mystère religieux, philosophique et civiqu
401
ous cette mutation ? Dans L’Amour et l’Occident
je
soulignais les contrastes, dans Comme toi-même , je cherche les comp
402
soulignais les contrastes, dans Comme toi-même ,
je
cherche les complémentarités. Il n’y a pas mutation, mais maturation.
403
ntarités. Il n’y a pas mutation, mais maturation.
J’
ai voulu faireal, par des exemples tirés de romans contemporains (Nabo
404
rdre du jour ? La jeunesse, dans son ensemble, ne
me
paraît vivre rien qui ressemble à un « l’éclatement de l’Éros », si j
405
qui ressemble à un « l’éclatement de l’Éros », si
j’
en crois mes yeux et les statistiques. Le fait qu’un livre comme Love
406
le à un « l’éclatement de l’Éros », si j’en crois
mes
yeux et les statistiques. Le fait qu’un livre comme Love Story ait ét
407
rsistance très remarquable des mythes de l’amour.
J’
ai hésité à maintenir dans ma dernière édition une phrase qui se termi
408
s mythes de l’amour. J’ai hésité à maintenir dans
ma
dernière édition une phrase qui se termine ainsi : « … la moitié du m
409
alheur humain se résume dans le mot d’adultère ».
Je
craignais que cette observation fût « dépassée ». Mais le Nouvel Obse
410
n réservée à l’adultère s’est largement accrue. »
Me
voici dépassé, mais dans mon sens ! Il reste que l’amour-passion est
411
t largement accrue. » Me voici dépassé, mais dans
mon
sens ! Il reste que l’amour-passion est une maladie de l’amour comme
412
la passion, ni créé plus de beauté, en Occident.
Je
pense que le couple, fondement du rapport humain le plus total, survi
413
oucieux de William Reich. Quant à l’érotisme, que
je
définis comme « l’usage non procréateur du sexe » — j’y vois un mécan
414
finis comme « l’usage non procréateur du sexe » —
j’
y vois un mécanisme de défense de l’espèce contre la démographie galop
415
vous l’amour d’une part, l’Europe d’autre part ?
Mon
titre vous répond : L’Amour et l’Occident . On m’a reproché d’avoir
416
n titre vous répond : L’Amour et l’Occident . On
m’
a reproché d’avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’absen
417
ien Europe-amour et l’absence de lien Asie-amour.
Je
laisse de grands auteurs d’Asie, comme Suzuki, le « pape du zen » jap
418
is, ou Raja Rao, le romancier hindou — répondre à
ma
place et me donner raison. Je suis revenu sur ce problème dans L’Ave
419
Rao, le romancier hindou — répondre à ma place et
me
donner raison. Je suis revenu sur ce problème dans L’Aventure occide
420
hindou — répondre à ma place et me donner raison.
Je
suis revenu sur ce problème dans L’Aventure occidentale de l’homme .
421
roblème dans L’Aventure occidentale de l’homme .
J’
ai essayé de montrer que la notion de révolution n’est rien d’autre qu
422
ire à votre retour d’Amérique en Europe en 1946 ?
Je
suis un écrivain engagé au sens actif du mot que j’ai défini dans mon
423
suis un écrivain engagé au sens actif du mot que
j’
ai défini dans mon premier livre, publié à Paris en 1934, Politique d
424
engagé au sens actif du mot que j’ai défini dans
mon
premier livre, publié à Paris en 1934, Politique de la personne et
425
l’engagement de l’écrivain en tant que tel. Quand
je
suis rentré des États-Unis, en 1946, j’ai vu que l’engagement était d
426
el. Quand je suis rentré des États-Unis, en 1946,
j’
ai vu que l’engagement était devenu une théorie à la mode. Je n’en ai
427
l’engagement était devenu une théorie à la mode.
Je
n’en ai plus parlé, mais pratiquement je me suis engagé au service de
428
la mode. Je n’en ai plus parlé, mais pratiquement
je
me suis engagé au service de l’Europe, d’une société nouvelle à créer
429
mode. Je n’en ai plus parlé, mais pratiquement je
me
suis engagé au service de l’Europe, d’une société nouvelle à créer po
430
is celle-ci pourrait-elle s’opérer ? Peut-être ai-
je
répondu à cette question, sur le fond, dans ma Lettre ouverte aux Eu
431
ai-je répondu à cette question, sur le fond, dans
ma
Lettre ouverte aux Européens : « La révolution que j’appelle, qui f
432
ttre ouverte aux Européens : « La révolution que
j’
appelle, qui fera seule l’Europe et qui ne peut être faite que par l’E
433
mais la situation actuelle est plus sérieuse que
mon
petit pamphlet, avouons-le, car c’est l’école qui a fabriqué nos nati
434
nos nationalismes. C’est un écrit de jeunesse que
je
renie d’autant moins qu’il a gardé la vertu réjouissante d’exaspérer
435
t 100 ans ? Denis de Rougemont : d’entrée de jeu,
je
souhaite affirmer que je ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs
436
emont : d’entrée de jeu, je souhaite affirmer que
je
ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs je n’aurais pas l’outrecu
437
ue je ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs
je
n’aurais pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit
438
problème de l’auto soit tranché du seul fait que
je
l’aime bien ou que je la trouve utile. Si j’ai consacré dans mon dern
439
it tranché du seul fait que je l’aime bien ou que
je
la trouve utile. Si j’ai consacré dans mon dernier livre une trentain
440
que je l’aime bien ou que je la trouve utile. Si
j’
ai consacré dans mon dernier livre une trentaine de pages à l’auto, c’
441
ou que je la trouve utile. Si j’ai consacré dans
mon
dernier livre une trentaine de pages à l’auto, c’est que je la consid
442
livre une trentaine de pages à l’auto, c’est que
je
la considère — son titre l’indique — comme une histoire de fous, susc
443
et éthiques. L’autre histoire de fous étant, dans
mon
ouvrage, le développement du national-socialisme. Et j’espère qu’il n
444
rage, le développement du national-socialisme. Et
j’
espère qu’il n’y en aura pas une troisième qui serait celle des centra
445
us ses amis le mettaient en garde. Dans son livre
Ma
vie, qui fut un immense best-seller, je lis cette phrase absolument s
446
son livre Ma vie, qui fut un immense best-seller,
je
lis cette phrase absolument stupéfiante : « Au début du siècle, tout
447
stupéfiante : « Au début du siècle, tout le monde
me
mettait en garde, car il n’y avait pas de demande pour les automobile
448
s de recherches. L’auto n’échappe pas à la règle.
Je
suis pour ma part convaincu — et n’importe quel industriel vous le co
449
e fonctionner et soit rentable. Jean Kräyenbühl :
Je
pense que Ford a surtout exprimé un sentiment personnel. Il aura peut
450
onnu dans d’autres domaines. Denis de Rougemont :
Je
m’inscris en faux contre cette interprétation. Ce n’était pas lui qui
451
u dans d’autres domaines. Denis de Rougemont : Je
m’
inscris en faux contre cette interprétation. Ce n’était pas lui qui a
452
possible sans besoin. François Peyrot : Permettez-
moi
d’observer que l’on ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme à
453
e est dépassée. L’élévation du niveau de vie — et
je
m’en félicite — a fait que beaucoup ont aujourd’hui accès à l’automob
454
st dépassée. L’élévation du niveau de vie — et je
m’
en félicite — a fait que beaucoup ont aujourd’hui accès à l’automobile
455
que vous ressentez. Vous avez évoqué la culture.
Je
parlerais plutôt d’anti-culture, car quoi de plus abrutissant que les
456
t de savoir si le bilan est positif ou négatif. À
mon
avis il est immensément positif, c’est tout ! Denis de Rougemont : Pe
457
itif, c’est tout ! Denis de Rougemont : Permettez-
moi
de signaler quelques-uns des côtés négatifs. Il ne s’agit nullement —
458
exemple parfait d’absence totale de prospective.
J’
ai omis de vous dire à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il
459
et des embouteillages sans fin. Jean Kräyenbühl :
Je
pense qu’il faudrait davantage analyser le comportement de la populat
460
ent pour venir travailler. Jacob Roffler : Ce que
je
déplore dans l’évolution actuelle de l’urbanisme, c’est la place beau
461
ès importante. Il faut faire façon d’elle. Ce qui
me
choque c’est qu’on veut absolument la charger de tous les péchés du m
462
nis de Rougemont : Cela personne ne l’a dit. Mais
je
voudrais reprendre mon propos initial. En moins de cinquante ans la v
463
a personne ne l’a dit. Mais je voudrais reprendre
mon
propos initial. En moins de cinquante ans la voiture est devenue le n
464
ndustries. C’est personnellement un phénomène qui
m’
impressionne beaucoup. Car si on me demande face à cette réalité si je
465
phénomène qui m’impressionne beaucoup. Car si on
me
demande face à cette réalité si je suis pour ou contre la voiture, je
466
oup. Car si on me demande face à cette réalité si
je
suis pour ou contre la voiture, je dois convenir que c’est de la rigo
467
tte réalité si je suis pour ou contre la voiture,
je
dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’a plus aucune importan
468
de la rigolade. Cela n’a plus aucune importance.
Je
parlais de bouleversements. C’est en raison de l’auto que le pétrole
469
ssion de midi à 14 heures n’ont trouvé que cela à
me
répondre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez-vous une voiture ? ». C
470
ion à la démocratisation des décisions de l’État.
Je
suis pour ma part en faveur d’un système politique démocratique où ch
471
que organe a ses pouvoirs et sa représentativité.
Je
suis contre la descente de tous les pouvoirs dans la masse, car c’est
472
entre dans un état de confusion. Jacob Roffler :
Je
considère comme essentielle cette prise de conscience de la menace qu
473
’il nous faut briser. François Peyrot : Comprenez-
moi
bien, je ne suis pas contre l’initiative qui est constitutionnelle. M
474
aut briser. François Peyrot : Comprenez-moi bien,
je
ne suis pas contre l’initiative qui est constitutionnelle. Mais je su
475
ntre l’initiative qui est constitutionnelle. Mais
je
suis contre le but qu’elle vise. Denis de Rougemont : Je suis bien ob
476
contre le but qu’elle vise. Denis de Rougemont :
Je
suis bien obligé de reconnaître que les expropriations sont de plus e
477
s contre la volonté populaire, ne sont pas, selon
moi
, une illustration parfaite de la démocratie. Ce qui me paraît en reva
478
ne illustration parfaite de la démocratie. Ce qui
me
paraît en revanche démocratique, c’est de laisser le droit aux popula
479
ononcer. L’initiative Weber ne vise rien d’autre.
J’
ai peur que lorsque vous dites, M. Peyrot, que la démocratie dépend de
480
enu son changement et plus personne ne discutera.
Je
n’ai jamais dit que cette initiative était antidémocratique. J’ai seu
481
dit que cette initiative était antidémocratique.
J’
ai seulement affirmé que les reproches adressés à nos autorités, en ce
482
là une énorme contradiction. Denis de Rougemont :
Je
suis parfaitement d’accord avec vous. Seulement pour en revenir à l’i
483
trop d’autoroutes en Suisse. Étant Neuchâtelois,
je
connais bien les problèmes qu’apporte la construction d’une autoroute
484
ablement modifié le visage de la ville. À Genève,
je
dois dire, on a très tôt vu le danger que représentait une utilisatio
485
s transports en commun. Denis de Rougemont : Vous
me
rappelez ce que disait Alfred Sauvy dans son petit livre sur l’auto :
486
iphériques un point d’interrogation demeure selon
moi
: est-ce que le conducteur qui va faire ses achats, acceptera de s’ex
487
tres commerciaux où l’on peut garer en sous-sol ?
J’
émets donc un doute sur cette politique des parkings autour de la peti
488
tions humaines dans la cité. Denis de Rougemont :
Je
citerai deux penseurs français actuels : Bertrand de Jouvenel et Alfr
489
, recherche scientifique, arts et santé publique.
Je
veux bien qu’il mentionne Paris et non pas Genève où les choses se dé
490
e, c’est clair, des problèmes presque insolubles.
Je
suis d’avis que des règlements s’imposent. Denis de Rougemont : Nous
491
s’imposent. Denis de Rougemont : Nous sommes ici,
je
pense, tous d’accord pour penser que cette déclaration de feu le prés
492
urs cet aspect du niveau de vie, personnellement,
m’
enthousiasme. Je trouve merveilleux de penser à quel point la majorité
493
u niveau de vie, personnellement, m’enthousiasme.
Je
trouve merveilleux de penser à quel point la majorité des gens, en Oc
494
aujourd’hui mieux qu’il n’y a un ou deux siècles.
Moi
ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans la critique que vous faites d
495
mieux qu’il n’y a un ou deux siècles. Moi ce qui
me
frappe, M. de Rougemont, dans la critique que vous faites du système
496
qui sont blessés. À cela s’ajoute le coût social.
Je
reconnais qu’actuellement, sur le plan strictement économique, il ser
497
ns, si tout va bien, durent vingt ou trente ans ?
Je
trouve personnellement scandaleux — c’est un pur gaspillage — de voir
498
nis de Rougemont : En ce qui concerne l’économie,
je
pense qu’il faut rester humain. Il y a des limites qui commencent à ê
499
ts car cela évite du chômage dans la carrosserie.
Je
pose le problème, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’es
500
chômage dans la carrosserie. Je pose le problème,
je
ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conç
501
uis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas
moi
qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa multiplication
502
e n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas
moi
qui pousse à sa multiplication ou à la construction d’autoroutes. Pou
503
its sont-ils fortement exagérés ? Jacob Roffler :
Je
ne pense pas que l’on puisse parler de conspiration du silence. En fa
504
Les recherches ont débuté il y a cinq ou dix ans.
Je
vous signale qu’un groupe d’ingénieurs de Lausanne a calculé que 900
505
é. D’autre part en ce qui concerne les accidents,
je
pense qu’il ne faut pas prendre uniquement en considération le choc o
506
n’obtiendrez pas qu’ils restent « gentils ». Cela
me
rappelle ce que l’on dit aux États auxquels on vend des centrales : «
507
jusqu’à présent cela n’a pas tellement été fait.
J’
ai assisté à toutes les séances sur les règlements du Conseil fédéral
508
nts du Conseil fédéral en la matière. Tout était,
je
vous l’assure, plutôt obscur. Jacob Roffler : Mais alors pourquoi le
509
l fédéral. Alors attendons ! Denis de Rougemont :
Je
dois dire, M. Peyrot, que vous avez systématiquement, au cours de ce
510
nt les tyrans (31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans
ma
jeunesse, j’ai longtemps joué comme gardien de but dans les équipes d
511
(31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans ma jeunesse,
j’
ai longtemps joué comme gardien de but dans les équipes de football du
512
gymnase puis de l’Université de Neuchâtel. Ce que
j’
aimais tout particulièrement dans ce rôle, c’était le moment de crise
513
ement dans ce rôle, c’était le moment de crise où
je
devais intervenir ; cet instant presque lyrique, d’une gravité extrêm
514
d’une gravité extrême. Curieusement, d’ailleurs,
mon
premier article, qui fut publié dans une revue — j’avais alors un peu
515
premier article, qui fut publié dans une revue —
j’
avais alors un peu plus de 17 ans — était une critique d’un livre de M
516
t le thème principal était justement le football.
J’
avais beaucoup aimé ce recueil d’essais : autant pour la manière dont
517
ntherlant parlait du football que pour son style.
Mon
article fut donc publié dans La semaine littéraire, seule revue parai
518
en Suisse romande, une semaine à peine après que
je
l’aie écrit. Il s’intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et l
519
ntherlant, le sport et les jésuites » et fut pour
moi
à l’origine d’un échange de lettres assez nourri avec Montherlant. Ce
520
ri avec Montherlant. Ce dernier alla même jusqu’à
m’
envoyer une photo où on le voyait habillé comme un gardien de but, en
521
lonne de la défense, son camarade, Montherlant. »
J’
étais bien entendu très fier de recevoir des lettres de celui que je c
522
du très fier de recevoir des lettres de celui que
je
considérais comme un merveilleux écrivain. Mes débuts littéraires ont
523
que je considérais comme un merveilleux écrivain.
Mes
débuts littéraires ont donc coïncidé avec ma passion pour le football
524
in. Mes débuts littéraires ont donc coïncidé avec
ma
passion pour le football. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencont
525
é avec ma passion pour le football. Par la suite,
j’
ai eu l’occasion de rencontrer à maintes reprises Albert Camus avec qu
526
ncontrer à maintes reprises Albert Camus avec qui
j’
ai beaucoup parlé football. Il jouait, lui aussi, au poste de gardien
527
tonnant. Si vous deviez définir le rôle du sport…
Je
crois que le sport doit être pour l’individu une sorte de morale ; ce
528
n train de fortement se dégrader en raison, selon
moi
, de deux facteurs particulièrement néfastes : la commercialisation à
529
récisément, que pensez-vous des Jeux olympiques ?
Je
suis violemment opposé à tout ce qui exalte le nationalisme lors des
530
ux, drapeaux, bref le protocole. Tout cela est, à
mon
sens, une effroyable caricature de l’esprit olympique et de la morale
531
de la morale sportive en général. De toute façon,
je
ne vois vraiment pas le rapport qui existe entre la performance de l’
532
in de 1936 et ceux qui vont se dérouler à Moscou.
Je
pense qu’en 1936, les démocraties occidentales ont eu le plus grand t
533
née par son gouvernement. Pour les mêmes raisons,
j’
approuve totalement ceux qui refusent d’aller à Moscou tant que le rég
534
t d’accord avec ce changement radical. D’ailleurs
je
voyais l’autre jour à la TV des membres de nombreux comités olympique
535
iffé avec virulence en déclarant « Quoi ! On veut
m’
arracher mon drapeau, on en veut à l’honneur de mon pays ! » Quand on
536
irulence en déclarant « Quoi ! On veut m’arracher
mon
drapeau, on en veut à l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là
537
m’arracher mon drapeau, on en veut à l’honneur de
mon
pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’il n’est plus question de
538
l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là,
je
crois qu’il n’est plus question de sport mais de délire nationaliste.
539
tionaliste. Et la presse sportive dans tout cela…
Je
pense que les mass médias, dans leur ensemble, sont en grande partie
540
de revenir à une vraie morale du sport telle que
je
l’admirais comme adolescent dans les premiers livres de Montherlant ?
541
Mes
amis et Nerval (9 octobre 1982)aq ar Comme chaque année, je suis p
542
rval (9 octobre 1982)aq ar Comme chaque année,
je
suis parti en vacances avec une pleine valise de manuscrits en train
543
vres d’amis, reçus depuis des mois, et livres qui
m’
aident à travailler, comme la série des petits volumes d’Après l’exil
544
l de Hugo et de Tel quel de Valéry, compagnons de
mes
mises en train. Le sort a voulu que je n’arrive à lire qu’un seul des
545
agnons de mes mises en train. Le sort a voulu que
je
n’arrive à lire qu’un seul des « livres d’amis » : le Poisson-scorpio
546
ent rare aujourd’hui ! Mais pour le reste, hélas,
je
n’ai pu que relire, et de très près, sept ou huit de mes propres livr
547
i pu que relire, et de très près, sept ou huit de
mes
propres livres, en vue de traductions nouvelles en anglais, roumain,
548
ion d’une plongée de quelques jours dans Nerval :
je
m’étais aperçu à ma honte que je ne savais plus par cœur les sonnets
549
d’une plongée de quelques jours dans Nerval : je
m’
étais aperçu à ma honte que je ne savais plus par cœur les sonnets des
550
quelques jours dans Nerval : je m’étais aperçu à
ma
honte que je ne savais plus par cœur les sonnets des Chimères : c’est
551
rs dans Nerval : je m’étais aperçu à ma honte que
je
ne savais plus par cœur les sonnets des Chimères : c’est réparé. aq
552
q. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête]
Mes
amis et Nerval », Journal de Genève, Genève, 9 octobre 1982, p. V. a
553
Suis-
je
perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)as Mardi dernier, au
554
isse romande, que tous les vingt ans en moyenne —
je
vous dirai qu’il me rassure au moins autant qu’il m’honore. Il distin
555
us les vingt ans en moyenne — je vous dirai qu’il
me
rassure au moins autant qu’il m’honore. Il distingue en effet un « es
556
vous dirai qu’il me rassure au moins autant qu’il
m’
honore. Il distingue en effet un « essayiste », c’est-à-dire une espèc
557
partie de la littérature ? Tel est le doute qu’en
me
donnant votre Grand Prix vous tranchez en faveur de l’essai comme gen
558
a littérature. Mais il y a plus grave encore dans
mon
cas, puisque c’est le cas d’un essayiste qui n’écrit même pas sur la
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l’essayiste et de l’engagement de l’écrivain que
je
vous proposerai quelques très brèves remarques. Depuis le xix e siècl
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Paulhan et Roger Caillois… Voilà ce qui compte à
mes
yeux, plus que tout, dans ma bibliothèque française. Seul Benjamin Co
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ilà ce qui compte à mes yeux, plus que tout, dans
ma
bibliothèque française. Seul Benjamin Constant est meilleur dans Adol
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olphe que dans ses écrits politiques. Paul Valéry
me
paraît en revanche plus créateur dans sa prose que dans ses vers. On
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plus créateur dans sa prose que dans ses vers. On
m’
opposera sans doute Racine. Mais toute loi souffre exception, comme to
564
’avis de Malraux Ceci dit sur un plan général,
j’
en viens à mon cas personnel, pour la première fois en public. On s’ét
565
aux Ceci dit sur un plan général, j’en viens à
mon
cas personnel, pour la première fois en public. On s’étonne souvent,
566
n s’étonne souvent, ou l’on juge regrettable, que
je
donne le plus clair de mes journées, depuis plus de trente ans, à l’a
567
n juge regrettable, que je donne le plus clair de
mes
journées, depuis plus de trente ans, à l’action. Qu’est-ce à dire? Ac
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d’administration, et de présidences de comités :
je
n’ose pas vous dire combien depuis trente ans, plusieurs centaines, j
569
e combien depuis trente ans, plusieurs centaines,
je
le crains. D’où le propos d’André Malraux, à moi transmis par l’un de
570
, je le crains. D’où le propos d’André Malraux, à
moi
transmis par l’un de ses amis espagnols : « C’est un de nos meilleurs
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comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que
mes
engagements européens étaient « au détriment de mon œuvre littéraire
572
s engagements européens étaient « au détriment de
mon
œuvre littéraire ». Je serais perdu pour la littérature… Le prix que
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étaient « au détriment de mon œuvre littéraire ».
Je
serais perdu pour la littérature… Le prix que vous me donnez aujourd’
574
erais perdu pour la littérature… Le prix que vous
me
donnez aujourd’hui, non seulement réfute ces propos, mais me donne l’
575
ujourd’hui, non seulement réfute ces propos, mais
me
donne l’occasion de m’expliquer là-dessus, m’en fait même peut-être u
576
nt réfute ces propos, mais me donne l’occasion de
m’
expliquer là-dessus, m’en fait même peut-être un devoir. Tout s’est
577
ais me donne l’occasion de m’expliquer là-dessus,
m’
en fait même peut-être un devoir. Tout s’est joué entre 1930 et 194
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devoir. Tout s’est joué entre 1930 et 1940
J’
oserai donc aborder sans aucune précaution la question que beaucoup se
579
e précaution la question que beaucoup se posent à
mon
sujet : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’Europe unie, de régions, d’éc
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cologie, ou même, horribile dictu, de pacifisme ?
Je
passe donc aux aveux : ils ne seront pas complets, faute de temps, ma
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’une part, les défis de l’Histoire auxquels toute
ma
génération eut à faire face, et d’autre part l’évolution intérieure q
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intérieure qui fut la mienne dans le même temps,
je
veux dire dans les années 1930 à 1940. Durant cette décennie tout s’e
583
cette décennie tout s’est joué, à la fois hors de
moi
et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’inte
584
nnie tout s’est joué, à la fois hors de moi et en
moi
. Ce qui m’importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’interaction de
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est joué, à la fois hors de moi et en moi. Ce qui
m’
importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’interaction de ces deux s
586
r l’interaction de ces deux séries de motifs dans
mon
travail d’écrivain et dans mon action d’homme, de citoyen. Je rappell
587
ies de motifs dans mon travail d’écrivain et dans
mon
action d’homme, de citoyen. Je rappellerai d’abord la nature du défi
588
’écrivain et dans mon action d’homme, de citoyen.
Je
rappellerai d’abord la nature du défi que ma génération eut à relever
589
yen. Je rappellerai d’abord la nature du défi que
ma
génération eut à relever. Arthur Kœstler l’a fort bien dit : ce fut l
590
lisme. Un jour, chez des amis, un jeune Russe que
je
venais de connaître, Alexandre Marc, me remit une page de manifeste a
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Russe que je venais de connaître, Alexandre Marc,
me
remit une page de manifeste au milieu de laquelle cette phrase me fra
592
e de manifeste au milieu de laquelle cette phrase
me
frappa, tapée en majuscules : « Ni individualistes, ni collectivistes
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sommes personnalistes ». Un trait de lumière dans
mon
esprit : cette formule se trouvait répondre aux questions les plus la
594
t répondre aux questions les plus lancinantes que
me
posaient alors l’époque, les carences de nos démocraties et le défi d
595
et le défi des totalitaires. Par Alexandre Marc,
j’
entrai en relation avec quelques dizaines de jeunes intellectuels, ave
596
c à Paris, à la fondation et à la vie desquelles
je
fus étroitement associé dès 1931 jusqu’à la guerre. Au pain et à l
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t dans nos pays et leurs armées parfois ennemies.
Je
fus mobilisé d’abord dans le Jura, puis attaché au service Armée et f
598
de l’état-major général, à Berne. C’est de là que
j’
envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée d’
599
’appel lancé par de Gaulle à Londres. Cet article
me
valut une condamnation à quinze jours de forteresse « au pain et à l’
600
re en danger la sécurité de la Suisse », comme on
me
le précisa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé à partir pou
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isse », comme on me le précisa. En suite de quoi,
je
me vis gentiment poussé à partir pour New York, chargé d’une mission
602
e », comme on me le précisa. En suite de quoi, je
me
vis gentiment poussé à partir pour New York, chargé d’une mission de
603
hargé d’une mission de conférences sur la Suisse.
Je
serais moins gênant, et même plus utile là-bas, pensait-on sans doute
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là-bas, pensait-on sans doute en haut lieu. Qu’ai-
je
fait durant mes six années américaines ? J’ai écrit quelques livres,
605
-on sans doute en haut lieu. Qu’ai-je fait durant
mes
six années américaines ? J’ai écrit quelques livres, sur la Suisse, s
606
Qu’ai-je fait durant mes six années américaines ?
J’
ai écrit quelques livres, sur la Suisse, sur le diable, et sur la bomb
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atomique notamment. Mais surtout, par la force en
mon
cas créatrice d’une constante et poignante nostalgie, en Amérique, j’
608
ne constante et poignante nostalgie, en Amérique,
j’
ai découvert l’Europe et la nécessité vitale de son union, si les Alli
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Alliés gagnaient, la délivraient d’Hitler. Et dès
mon
retour définitif en Suisse, je me suis trouvé, sans trop savoir comme
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d’Hitler. Et dès mon retour définitif en Suisse,
je
me suis trouvé, sans trop savoir comment, engagé dans la lutte milita
611
Hitler. Et dès mon retour définitif en Suisse, je
me
suis trouvé, sans trop savoir comment, engagé dans la lutte militante
612
te militante pour la fédération de nos peuples. À
mes
amis fédéralistes, dont beaucoup avaient milité avant la guerre dans
613
ments personnalistes, puis inspiré la Résistance,
j’
ai dit que j’étais prêt à donner à leur cause deux ans de ma vie, et t
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alistes, puis inspiré la Résistance, j’ai dit que
j’
étais prêt à donner à leur cause deux ans de ma vie, et tant pis pour
615
ue j’étais prêt à donner à leur cause deux ans de
ma
vie, et tant pis pour mon œuvre littéraire. C’était en 1947. J’y suis
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à leur cause deux ans de ma vie, et tant pis pour
mon
œuvre littéraire. C’était en 1947. J’y suis encore, les deux ans sont
617
t pis pour mon œuvre littéraire. C’était en 1947.
J’
y suis encore, les deux ans sont devenus trente-cinq ans, et pourtant
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eux ans sont devenus trente-cinq ans, et pourtant
je
ne regrette rien, pour les raisons tout intérieures auxquelles il est
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sons tout intérieures auxquelles il est temps que
je
vienne. Kierkegaard et Karl Barth Vers ma vingt-quatrième année
620
e je vienne. Kierkegaard et Karl Barth Vers
ma
vingt-quatrième année, j’avais découvert deux auteurs qui furent déci
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d et Karl Barth Vers ma vingt-quatrième année,
j’
avais découvert deux auteurs qui furent décisifs pour ma vie : Kierkeg
622
s découvert deux auteurs qui furent décisifs pour
ma
vie : Kierkegaard et Karl Barth. À travers eux j’allais redécouvrir u
623
ma vie : Kierkegaard et Karl Barth. À travers eux
j’
allais redécouvrir une du protestantisme totalement différente, je le
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vrir une du protestantisme totalement différente,
je
le confesse, de celle que je gardais de mon école du dimanche. C’étai
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talement différente, je le confesse, de celle que
je
gardais de mon école du dimanche. C’était l’idée très calvinienne de
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rente, je le confesse, de celle que je gardais de
mon
école du dimanche. C’était l’idée très calvinienne de la personne, c’
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teur de cette communauté. Voilà pour la doctrine.
J’
ai dit les conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-elles
628
ai dit les conséquences qu’elle a entraînées dans
ma
vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non.
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es conséquences qu’elle a entraînées dans ma vie.
M’
ont-elles « perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon a
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vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ?
J’
ose dire que non. De mon action européenne, j’ai tiré huit volumes, c’
631
du pour la littérature » ? J’ose dire que non. De
mon
action européenne, j’ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart de c
632
» ? J’ose dire que non. De mon action européenne,
j’
ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’ai publié jusq
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iré huit volumes, c’est près d’un quart de ce que
j’
ai publié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de, « Suis-je perdu pour
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lié jusqu’ici. as. Rougemont Denis de, « Suis-
je
perdu pour la littérature ? », Journal de Genève, Genève, 30 octobre