1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 de intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne peut plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous à demi-europ
2 petits chapitres à la fois si concis et achevés, n’ est ni un album de vues pittoresques, ni le journal plus ou moins lyri
3 t une sensibilité protestante — si passionné. Nul n’ est moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations
4 e qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’es
5 mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’ est guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type d’i
6 et comme type d’individu européen Robert de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’il dit des Égyptiens : « Le men
7  » Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent à cette constatation fondamental
8 e que « notre intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables ». Dès lors, comment collaborer, comment se co
9 matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout que n
10 mine par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’ est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pag
11 naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critique de
12 elles, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une suite de pages lyriques toujours un peu stylisées. Il
13 , ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’ accepte d’être séduit que pour « mieux comprendre », assez « fidèle »
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
14 vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette première impression. Vienne : assis sur les
15 nts de crème, avec une apathie qu’aucun orchestre ne vient troubler, aucune voix haute, aucune couleur vive. Les journaux
16 s rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’ y comprenez rien, mais le charme des voix hongroises féminines suffit
17 sible, rient et s’enivrent comme plus un Européen ne sait le faire, et dansent à tout propos de folles « czardas » qui dev
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
18 istoire où tout le monde « se conduit bien » ? Il n’ y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est «
19 le christianisme se passe dans cette vie ou bien n’ est pas du christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un r
20 disait Péguy. Et dix fois, en me le rendant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’ai terminé cette nuit ». — « Des l
21 baignés d’une longue lumière boréale. Cette femme n’ est pas un ange, ni une sainte. Elle pèche, elle désespère, elle touch
22 t qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas « l’histoire ». Cette chronique d’une vie de femme
23  l’histoire ». Cette chronique d’une vie de femme n’ est pas de celles qui se résument. Il y a là vingt figures qui mériter
24 depuis quelques années à tant de traductions qui ne valent pas dix pages de ce roman ! La mode passe, le public se fatigu
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
25 dition de l’écrivain (I) (15 février 1937)d On n’ ignore pas que les partis de gauche, en France, et spécialement le par
26 ans le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’ a pas manqué de leur attirer de nombreuses et retentissantes « adhésio
27 les moins contestées de la France contemporaine. N’ y a-t-il pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français
28 cette subite conversion à la cause de l’esprit ? N’ allons pas en chercher l’explication au-delà des frontières immédiates
29 ité que comporte ce point de vue simpliste (et ce n’ est pas chez nous qu’on la niera) il faut reconnaître qu’il est essent
30 française est malade elle aussi d’une maladie qui n’ est pas le fascisme. Elle me paraît souffrir en premier lieu de l’incu
31 -dessus, les bonnes gens disent d’ordinaire : que ne prennent-ils un second métier, ces écrivains ! La littérature n’est q
32 un second métier, ces écrivains ! La littérature n’ est qu’un luxe, elle n’a pas à nourrir son homme. Et l’on cite M. Duha
33 écrivains ! La littérature n’est qu’un luxe, elle n’ a pas à nourrir son homme. Et l’on cite M. Duhamel, qui est médecin. V
34 t rares et fort peu concluants (Duhamel et Daudet n’ ont pratiqué la médecine que durant les années de naturalisation de le
35 ispersion de ses efforts. Comme, d’autre part, on ne saurait admettre que seules les personnes fortunées aient quelque cho
36 ue chose à dire dans le domaine de la culture, il ne reste qu’une solution : que l’écrivain vive de sa plume. Or, c’est ce
37 si praticable, néfaste. Impraticable : l’écrivain ne touche sur les livres que dix pour cent du produit de la vente. Suppo
38 on maladive. Praticable mais néfaste : les livres ne payant pas, il faudra faire du journalisme et courir les rédactions,
39 ons, improviser… Or les nécessités du journalisme ne sont pas celles de la littérature pure, et nombre d’écrivains des mie
40 il s’agit encore d’écrire, mais dans un style qui ne saurait être celui du poète ou du philosophe, par exemple. Ce qui ne
41 ui du poète ou du philosophe, par exemple. Ce qui ne va pas sans risques graves, pour la plupart. Tout cela, que je résume
42 endre vers la même limite, et à bon train si l’on n’ y veille ; dégradation et domestication de l’intelligence et de l’art.
43 ns son ensemble, étant faite de telle sorte qu’il n’ y trouve pas sa place normale. Et ceci suffirait à expliquer que les m
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
44 on. Malgré toute leur bonne volonté, les éditeurs ne sont pas des philanthropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être.
45 s ne sont pas des philanthropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à « se défendre ». Naguère enc
46 de la littérature faite sur commande, comme s’il ne s’agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On exi
47 ni trop mince, ni trop difficile. Tolstoï en 1937 ne trouverait pas un éditeur pour Guerre et Paix : pensez donc, un roman
48 on vendit, lorsqu’il parut, 15 exemplaires ? Nul ne peut plus se payer de telles fantaisies. Ainsi la situation est telle
49 e en outre le droit de refuser les manuscrits qui ne lui plaisent pas. (Et qui trouveront difficilement à se faire accepte
50 issue directe. J’entends que nulle réforme légale ne suffirait à l’assainir. Et l’on pressent déjà que le problème déborde
51 bien des écrivains ? Et avant d’y porter remède, ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les raisons profondes du mal 
52 ’interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas seulement matérielles. Je crois au contraire qu’elles a
53 de l’édition, et du sort matériel des écrivains, ne peut laisser indifférente notre conscience de citoyens. Les dictateur
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
54 Si les livres se vendent si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’importance réelle de cette crise, à qui la fa
55 a, la TSF, les illustrés et les hebdomadaires. Je ne nie pas que cela explique bien des choses. Mais d’où vient cette pare
56 res des distractions commerciales ? Les écrivains ne portent-ils pas une part de responsabilité ? Car, après tout, le publ
57 l’art pour l’art. Pour mille raisons diverses, il n’ a fait qu’empirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne sont p
58 mpirer depuis. Les grands auteurs de notre siècle ne sont pas des auteurs populaires. Ils sont à l’usage exclusif d’une cl
59 l en soit autrement, quand Proust, Gide ou Valéry ne paraissent rechercher l’audience que de très petits cercles d’élus ?
60 grands esprits se désintéressent de son sort, il ne peut que leur rendre la pareille. Alors le champ devient libre pour u
61 e pour une « littérature » commerciale qui, elle, ne sera soucieuse que de plaire à bon compte, c’est-à-dire de flatter de
62 au second qu’au premier) la lecture, aujourd’hui, n’ est plus du tout ce qu’elle était au siècle passé pour des millions de
63 Mais la société en pâtit, plus gravement qu’elle ne le croit, sans doute. Une situation si compromise ne se rétablira poi
64 le croit, sans doute. Une situation si compromise ne se rétablira point par quelque truc, loi nouvelle ou campagne de prop
65 ns de leur fonction sociale avant qu’un dictateur ne les y invite avec une insistance déplaisante. Il s’agit, pour eux, de
66 et pour influencer sa morale ou son intellect (je ne dis pas son âme, c’est l’affaire des Églises), il faudrait se soucier
67 ment d’amuser ou de se montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’art en souffrirait : l’exemple des grands, d’un Dante
68 suffit à prouver le contraire. Jamais un écrivain ne travaille mieux que lorsqu’il sent qu’il est en communion avec les so
69 profonde. Mais un tel redressement de la culture n’ aurait pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’
70 ce d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’ avait à cœur d’y collaborer. Aussi bien, si j’écris ceci à l’intention
71 écris ceci à l’intention d’un de nos journaux, ce n’ est pas pour prêcher les écrivains qui le lisent, mais dans l’espoir d
72 lic sur l’importance civique de ces problèmes. On ne manquera pas de me dire que la situation est loin d’être aussi grave
73 ritable. La raison d’être des petites démocraties n’ est pas dans le domaine matériel, mais dans le principe communautaire
74 s et se montrer fort exigeant sur ce chapitre, ce n’ est pas seulement « faire marcher le commerce », mais c’est aussi fair
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
75 âge est dur. Le temps des rêves est passé. « Nous ne sommes plus un peuple de rêveurs et de philosophes ! », proclamait ré
76 présent beaucoup moins héroïque… En vérité, rien n’ est plus actuel que le phénomène du rêve, je dirais même en politique.
77 nomène du rêve, je dirais même en politique. Rien n’ est plus important que de savoir la qualité, et la nature, des rêves q
78 éguin rend à notre littérature un service dont on ne saurait exagérer l’importance. Je n’hésite pas à affirmer que cette t
79 vice dont on ne saurait exagérer l’importance. Je n’ hésite pas à affirmer que cette thèse fera date dans l’évolution natur
80 ance : Nerval, Hugo, Baudelaire et Mallarmé, pour ne rien dire des contemporains. Il serait passionnant, à cet égard, de p
81 le préjugé qui veut que les romantiques allemands n’ aient été que de « doux rêveurs », alors qu’ils furent souvent, en réa
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
82 tique extérieure, l’opposition des deux candidats n’ est guère plus claire. Roosevelt a pris position contre l’idéal totali
83 serait un peu plus probable qu’avec Willkie ? Ce n’ est pas certain. Mais peut-être cette nuance hypothétique joue-t-elle
84 thétique joue-t-elle un rôle plus important qu’on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut bien se l’avouer ici dans le choi
85 us important qu’on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut bien se l’avouer ici dans le choix qu’est en train de faire le c
86 rain de faire le corps électoral américain. Qu’on ne s’y trompe pas : le parti proallemand est extrêmement faible aux État
87 iste et communiste. Que s’est-il passé ? Personne ne pourrait le dire avec certitude, pas plus qu’on ne saurait prévoir l’
88 e pourrait le dire avec certitude, pas plus qu’on ne saurait prévoir l’issue de la campagne. Ce qui rend cette dernière si
89 laisser à chaque joueur toutes ses chances, et de ne pas gêner son jeu davantage qu’on ne fait lors d’un match. On peut ap
90 ances, et de ne pas gêner son jeu davantage qu’on ne fait lors d’un match. On peut applaudir ou huer, mais non pas entrer
91 ons à slogans fait d’ailleurs fureur. L’Américain n’ aime guère discuter, mais il aime faire connaître son opinion. Il délè
92 s au sérieux par les électeurs. Pourtant personne n’ ignore que le sort du pays dépendra certainement — quoique d’une maniè
93 e : démocratie. Car « démocratie », dans ce pays, n’ est pas un terme usé comme il l’était en France, mais un synonyme de s
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
94 New York City par 270 000 voix de majorité. » Je n’ oublierai pas la rumeur qui monta lentement des masses, à mesure que l
95 t submerger le square comme une marée de joie. Je n’ oublierai pas le bonheur brillant dans tous ces yeux levés, la fratern
96 venait de soutenir Willkie avec ensemble, et qui n’ avait pas cessé de démontrer que Roosevelt signifiait ruine, division,
97 ce que la démocratie avait tenu le coup, personne ne se sentait vraiment battu. On peut dire aujourd’hui sans exagération
98 ment répond, il s’explique, il écoute à son tour. N’ importe quel citoyen peut critiquer publiquement telle ou telle mesure
99 qualifiés participent à la vie publique. Celle-ci n’ est plus l’affaire exclusive des cliques de politiciens de métier. Ell
100 lusive des cliques de politiciens de métier. Elle n’ est plus l’affaire des partis. Chacun peut s’y intéresser, parce que c
101 à s’expliquer franchement devant le peuple, et à ne rien entreprendre sans son appui. Les plus hauts fonctionnaires n’hés
102 dre sans son appui. Les plus hauts fonctionnaires n’ hésitent pas à participer à des débats publics, ou à commenter l’activ
103 les journalistes, qui ont le droit de leur poser n’ importe quelle question. Rien de plus frappant que l’absence de démago
104 ns le fait très simple que voici : en réalité, il n’ y a pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument faux d
105 ocialistes. Ni les républicains ni les démocrates ne possèdent une doctrine politique totale, fixée pour tous les cas et a
106 spensable à toute vie démocratique. Le fait qu’il n’ y a que deux partis, et que ces deux partis ne représentent nullement
107 ’il n’y a que deux partis, et que ces deux partis ne représentent nullement deux classes, à peine deux tendances générales
108 intermédiaire que l’opinion publique. L’Américain ne possède légalement ni le droit de référendum, ni le droit d’initiativ
109 s, bénéficiant de la liberté démocratique. » Cela ne fait pas sourire, quand on voit que c’est vrai. j. Rougemont Denis
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
110 t une découverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’ est pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique une
111 cain qui connaît tant soit peu son histoire, rien n’ apparaît plus naturel. Les États-Unis ont été fondés par des groupes s
112 ’« avant-garde »… Et ces professeurs de théologie n’ hésitent pas à collaborer aux magazines politiques à gros tirages qui
113 . Ce qui est étonnant, c’est précisément que cela n’ étonne personne ici. Je songe à la France laïque de naguère ! Je songe
114 ements, et peut-être de prudences aussi, que l’on n’ imagine pas en Amérique… Cherchant à louer une maison, je parcours les
115 tous ces traits, c’est que la presse et la radio ne cesseront de les souligner et de les détailler le lendemain, c’est qu
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
116 paration des voyages. Passer d’Amérique en Europe ne demandait plus que quelques heures ? On y ajouta plusieurs semaines d
117 point désiré, pour y descendre et s’y poser. Rien ne donne une idée de l’immobilité comme ce vol sans repères en plein cie
118 onneuse. Mais tout d’un coup elle se déchire : ce n’ était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres plus bas paraît une
119 ommes passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’ y a plus que, tout près sur nos têtes, les lampes en veilleuse, et le
120 Et l’arrêt doux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la gu
121 z-vous, me crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’ est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rideaux trop roug
122 quitté… Par quelle Porte allons-nous entrer ? Je ne puis pas distinguer les noms des rues sur ces maisons jaunes ou grise
123 nes Américains du convoi m’interrogent. Cet hôtel ne leur plaît qu’à moitié. Je les décourage d’aller chercher ailleurs. C
124 sur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord je n’ ai distingué qu’un paysage de toits bleus, médiéval. Et voici qu’une c
125 uis une autre plus loin, et plusieurs en écho. Je ne savais plus, après six ans de New York, qu’il y a des cloches qui son
126 x ! Dans une ville ! Point d’autres sons… Si ! je ne rêve pas : un coq qui crie, tout là-bas vers les Invalides. L’or pâle
127 irs des Champs-Élysées ? Je me disais : « Non, ce n’ est pas vrai, je vais me réveiller, je ne suis pas à Paris. » Et c’est
128  Non, ce n’est pas vrai, je vais me réveiller, je ne suis pas à Paris. » Et c’est bien un de ces tours que nous jouent les
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
129 e aussi suisse m’a paru proprement incroyable. Je ne trouve ici d’autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver, just
130 e ne trouve ici d’autre sujet de m’étonner que de n’ en point trouver, justement. Tout est pareil à mes souvenirs, à peine
131 laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’ est pas toujours au galop.) Les maisons des quartiers extérieurs intac
132 que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le
133 ie à peine, et c’est déjà cruel — il semble qu’il n’ y ait plus qu’un no man’s land où s’affrontent sournoisement les seule
134 art moi le discours que nul, parmi les officiels, ne se risquait à prononcer : « Messieurs, nous voici réunis pour célébre
135 éfaite victorieuse. On a parlé de funérailles. Il ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne pourrons plus faire signe aux c
136 railles. Il ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne pourrons plus faire signe aux cygnes, comme dit l’intact Pierre Girar
137 mais qui est le seul, ou presque, d’entre nous, à ne point faire partie de la Ligue nouvelle. Les deux grands qui, là-bas,
138 e. Les deux grands qui, là-bas, occupent la scène ne sont pas représentés dans cette enceinte. Nous laissons à la Suisse m
139 e, pour nous ruer vers la grande Amérique où l’on ne trouve pas une chambre à louer pour plus d’une nuit. Paradoxe de la c
140 iserts. Nous y touchons, Messieurs, vraiment — il ne s’en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
141 aire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose. Comment fédérer des nations qui se croient
142 e récit exact. Au début de 1848, la Confédération n’ était qu’un Pacte d’alliance entre vingt-cinq États absolument souvera
143 e notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’ était rien au regard de celui que nous courons. Une partie de l’opinio
144 irs limités, mais réels. Rien d’autre, en vérité, ne pouvait assurer l’indépendance du pays. Mais la Diète, les États et l
145 uait, chiffres en main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était répandre,
146 ision profonde du Pacte. En 1847, notons-le, rien ne semblait « praticable » aux yeux des réalistes. (Nous en sommes là en
147 es, aucune des ruines prévues et dûment calculées ne se produisirent. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a pas
148 ent. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’ a pas fléchi durant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaien
149 blèmes économiques sont plus complexes ; et qu’on ne peut comparer, sans offense, nos modestes sagesses et les folies subl
150 limes des grandes Nations contemporaines. Mais il n’ est pas exact que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Suiss
151 Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’ en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou des Grisons à Ber
152 t souvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont pas moins liés, si vous regardez l’Europe dans l’ensemble du mon
153 dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l’étaient le
154 pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l’étaient les nôtres. Et vos économies ne sont pas plus disparates qu
155 es, que ne l’étaient les nôtres. Et vos économies ne sont pas plus disparates que celle de Zurich par exemple, et de ses p
156 issaient nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’ en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus
157 se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne reparaisse dans la bouche même de ceux qui affirment que nos réalités
158 s sont tellement différentes… Certes, comparaison n’ est pas raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mê
159 aison n’est pas raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’elles tradui
160 r le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’ oubliez pas la Suisse ; elle existe en dépit de tous les arguments qu’
161 tend à nous démontrer que la solution fédéraliste n’ est pas seulement praticable en principe, mais pratique. C’est assez p
162 e temps fait beaucoup à l’affaire. Celui que vous n’ auriez pas, Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agir.
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
163 août 1950)q Messieurs les députés, Ces lettres ne sont pas un cahier de doléances ou de revendications. Et je n’ai poin
164 n cahier de doléances ou de revendications. Et je n’ ai point de conseils à vous donner. Mais je vous écris au nom d’une ce
165 mobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impatients, mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aill
166 us ne sommes pas impatients, mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite par doctrine, par manie ou par tempérame
167 faut aller lentement dans tous les cas. Mais nous ne voyons aucun motif de croire qu’on leur laissera tout le temps d’alle
168 dents. Festina lente nous disent-ils. Les Coréens n’ entendent pas ce latin-là. Même s’il est prononcé avec l’accent anglai
169 outes motivés sur vos intentions véritables. Elle n’ est pas sûre qu’une fois dotés d’un instrument un peu meilleur — moins
170 art —, vous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’ a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europe e
171 vous voit réticents pour la plupart, inquiets de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins que
172 nt après six mois que c’est prématuré, mais qu’il ne faut rien faire en attendant. Et l’opinion se demande si tout cela di
173 esser son pur néant devant les experts. Mais rien ne pourra jamais me persuader qu’ils aient tous raison à la fois, quand
174 ader qu’ils aient tous raison à la fois, quand il n’ en est pas deux qui tombent d’accord sur autre chose que ne rien faire
175 pas deux qui tombent d’accord sur autre chose que ne rien faire. Parlons un peu de cette fameuse prudence dont l’éloge inl
176 , plus follement imprudent que vos prudences ? Je ne trouve pas. On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’il faut
177 e m’excuse de parler comme un ministre). Car vous ne vous êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y
178 à son avis, de commencer l’Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’il veut dire exactement, mais cave ou toit, c
179 mais cave ou toit, chacun peut voir que M. Bevin n’ a jamais voulu rien commencer. Au reste, l’Europe existe depuis plus d
180 rangs de perles du genre de Festina lente. Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prude
181 ts à la sagesse des peuples. Petit à petit, Paris ne s’est pas fait. Mais par deux ou trois décisions, dont celle d’Haussm
182 n abîme. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’ y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne veu
183 nute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne veut rien. Chi va piano perd la Corée. La prudence est le vice des t
184 cieux. Je me résume. L’opinion vous regarde. Elle n’ entre pas dans les subtilités. Elle vous demande « Que voulez-vous fai
185 vous demande « Que voulez-vous faire ? » Si vous ne voulez pas fédérer l’Europe, vous ne voulez rien qui l’intéresse. Si
186  ? » Si vous ne voulez pas fédérer l’Europe, vous ne voulez rien qui l’intéresse. Si vous ne faites rien cet été, vous ser
187 ope, vous ne voulez rien qui l’intéresse. Si vous ne faites rien cet été, vous serez oubliés cet automne. Si vous croyez q
188 liés cet automne. Si vous croyez qu’il vaut mieux ne rien faire, ou qu’on ne peut rien faire de sérieux, vous pouvez encor
189 s croyez qu’il vaut mieux ne rien faire, ou qu’on ne peut rien faire de sérieux, vous pouvez encore rendre un service à l’
190 ace à ceux qui ont décidé d’agir. Avouez que rien ne vous paraît possible, on comprendra que vous n’êtes plus nécessaires.
191 n ne vous paraît possible, on comprendra que vous n’ êtes plus nécessaires. Mais cessez de faire semblant d’être là. Consta
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
192 s peuples en face de l’inertie de l’Assemblée. Ce n’ était pas une attaque, je décrivais ce qu’un chacun peut voir de ses y
193 e le sais, s’en affligent. (On peut penser que ce n’ est pas suffisant.) Aujourd’hui, je voudrais vous dire l’admiration et
194 l’héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’ êtes pas seulement les députés de quinze villes capitales, et de cent-
195 e l’Asie un peu plus grande que la Corée, quoique ne dépassant guère 4 % de la superficie du globe, mais bien de cela qui
196 nité : notre culture, cette civilisation que rien ne s’offre à remplacer, et qui a su remplacer toutes les autres. D’où vi
197 s Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’ avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychan
198 sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’ en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, au
199 ’Europe dans une fonction qu’aucun Empire nouveau n’ ose lui disputer sérieusement. Je viens d’entendre à la radio le Don J
200 nime, ou qui peut-être vous écrase. En vérité, je ne sais comment j’ose vous parler, si ce n’est par angoisse et en dernie
201 rité, je ne sais comment j’ose vous parler, si ce n’ est par angoisse et en dernier recours, soulevé par la passion de tous
202 confondues avec les chances de l’homme. Personne n’ est assez grand pour répondre au défi d’un tel destin. Groupez-vous. D
203 ns votre but ! Nous sommes plusieurs millions qui n’ attendons qu’un signe. r. Rougemont Denis de, « Troisième lettre au
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
204 sieurs de l’Assemblée consultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien
205 éenne. Quand il regarde notre vieux continent, il n’ y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’est p
206 continent, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’ y est pas ; il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglai
207 ose dire, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’ est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il distingue un ensemble d
208 t pas ; il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’ est pas anglais. Il distingue un ensemble de pays peu sûrs, qui d’une
209 ngue un ensemble de pays peu sûrs, qui d’une part ne font point partie du Commonwealth, d’autre part ne sont pas socialist
210 e font point partie du Commonwealth, d’autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s
211 nwealth, d’autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’unir avec des gens pareils 
212 e pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’ est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que
213 . Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’Europe soit une culture, une uni
214 foi, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique
215 vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’ y a pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi ; une
216 ait su le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’ est pas européen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous so
217 e vue politique et nos intérêts économiques »… Je ne sais ce que les Hindous, les Boers, les Canadiens français et même le
218 communes… Le point de vue politique des Dominions n’ est pas celui de l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les réso
219 solutions de Colombo ; et pas un seul de ces pays n’ est travailliste… Les habitudes sociales, les intérêts… On devine ce q
220 rien, en fait, car selon sa brochure, ce minimum ne saurait être envisagé que s’il n’affecte pas les intérêts anglais, et
221 ure, ce minimum ne saurait être envisagé que s’il n’ affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se converti
222 Europe se convertit à l’étatisme illimité. Ce qui n’ offre aucune base de compromis, c’est-à-dire d’action positive. À ces
223 on lui, peut faire du bon travail, pourvu qu’elle n’ ait aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’être démocrati
224 e fait la nouveauté du daltonisme, encore qu’elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que la
225 imo : qu’une Assemblée sans majorité travailliste ne saurait être tolérable que dans la mesure où elle reste impuissante —
226 , s’il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories disent non d’un seul cœur, dan
227 constater objectivement que leurs motifs profonds ne sont point ceux qu’ils donnent, mais bien ceux qu’ils subissent plus
228 tre, parce qu’il y trouve un alibi. Cette passion ne recourt à ce mythe que pour garder quelque moyen d’agir sans démasque
229 i est un grand historien, écrit au Times qu’elles ne font point partie de la doctrine et des dogmes chrétiens. Suárez et l
230 nt, mais c’était il y a trois-cents ans. Personne ne sait très bien, en somme. On essaie de nous dire que l’opinion y tien
231 raient bien en peine d’en comprendre le sens. Ils n’ aiment pas que l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’il fau
232 ainetés de nos États, quand l’armée et l’économie n’ en dépendent plus que pour la forme et le détail ? Restent les tarifs
233 uant aux lois pénales et aux systèmes fiscaux, je ne vois pas que leur variété ait empêché les États des US ou les cantons
234 de se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’ est donc plus qu’un prétexte au droit de veto, qui revient à donner le
235 a, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’ est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire aba
236 és illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’ a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauva
237 e de pires, pour arrêter l’élan vers notre union. N’ attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’éch
238 lles sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’ a pas voté la suppression des souverainetés. Ses vingt-cinq États sont
239 s de l’indépendance : une Autorité fédérale. Nous n’ attendons rien de plus, ni rien de moins de vous. s. Rougemont Deni
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
240 Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou ne sera pas », savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’e
241 ne sera pas », savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi, et non point Vichinsky. Et cela vaut pour t
242 se, ou allemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle dure, dans ses
243 dans ses diversités de tous les ordres, que l’on ne peut préserver que par l’union, et que l’unification tuerait. Mais sa
244 égiques d’intérêts légitimes, sans compromis elle ne sera pas. C’est clair. Seuls, ceux qui veulent passionnément le But s
245 résoudront aux compromis vitaux. Quant à ceux qui n’ ont point cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux
246 t eux-mêmes. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’Opinion, par exemple,
247 s voyez ces difficultés ! L’Opinion, par exemple, n’ est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’e
248 par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion,
249 clarent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’ en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l
250 e. « On suit ceux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, po
251 man. Elle l’était avant cela, bien sûr, mais elle n’ a pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion d’aujourd’hui, je
252 ujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites presque rien. Elle laissera les scepti
253 c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si vous ne faites presque rien. Elle laissera les sceptiques parler « au nom des
254 ant à renforcer le sentiment d’une solidarité qui ne saurait nuire à « l’avènement d’une union plus intime entre ses membr
255 nt vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s’associer à ces engagements téméraires avant d’avoir pris le
256 enu, et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à rien. Soyons francs : le Conseil de l’
257 r des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de mal à personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europ
258 aucoup moins qu’une Amérique qui les professe, et ne vaut rien en face des Russes qui les assènent. Il faut des actes, dit
259 acte que je vous propose, au nom de l’opinion qui ne parle pas encore. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’ê
260 . Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’ êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simpl
261 sonnement très simple appuie cette suggestion. On ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils cour
262 ante que pourrait constituer notre fédération. On n’ informera pas les peuples sans une propagande massive. Personne n’a le
263 les peuples sans une propagande massive. Personne n’ a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une c
264 de polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait provoquer. La condition à la fois nécessaire et suffisante d’
265 Qu’un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’ en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un projet bien pré
266 l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’ acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indiffé
267 de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indifférence ; et devant vou
268 us me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si que
269 on peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’ y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tenter l’impossible
270 ûr qu’il y aurait tout à perdre, même l’espoir, à ne point risquer la dernière chance européenne. Voilà le pari. Vous êtes
271 eurs les députés, faut-il vous dire encore que je ne suis rien qu’une voix presque désespérée, et sans autre pouvoir que d
272 rtinences : comprenez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’une partie d’entre vou
273 iété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’approuve, et qu’une aut
274 e partie d’entre vous m’approuve, et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je m’écriais l’autre jour 
275 t de passion, je m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, allez-vous-en ! Mais beaucoup d’entre vous veulent
276 t, au nom de l’Europe, de rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe !
277 ’avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’ êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets de l
278 t tient à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’ est pas un grand espoir renaissant dans le cœur des masses, aucune arm
279 nt dans le cœur des masses, aucune armée du monde ne pourra la défendre. Personne ne veut mourir, que pour des raisons de
280 ne armée du monde ne pourra la défendre. Personne ne veut mourir, que pour des raisons de vivre. Mozart n’en est plus une
281 eut mourir, que pour des raisons de vivre. Mozart n’ en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique
282 Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’ est pas une secte politique, une doctrine partisane ou une autre, qui
283 au salut de l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous propose une autre solution que l’Autorit
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
284 e avant de toucher les rives du lac ; les paysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’eau. La frontière est partout, sa
285 ives du lac ; les paysans ne sont pas pêcheurs et n’ aiment pas l’eau. La frontière est partout, sans nulle raison visible,
286 e souvenir de Voltaire anime toute la région ; il ne vit pas seulement dans les mémoires : ces maisons, ces fabriques, ces
287 tatue, grandeur nature, dans mon village. Mais ce n’ est pas ce petit corps maigre, et ce rire édenté de vieillard polisson
288 le mot, mais faisait un pays. Et certes personne ne l’aidait, mais il était fort riche et souvent généreux, pourvu d’une
289 et malgré son grand âge, il plantait. « Quand je n’ aurais défriché qu’un champ et quand je n’aurais fait réussir que ving
290 uand je n’aurais défriché qu’un champ et quand je n’ aurais fait réussir que vingt arbres, c’est toujours un bien qui ne se
291 ssir que vingt arbres, c’est toujours un bien qui ne sera pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envoyés par la grande Cather
292 Il y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et ne se privait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en
293 C’est ici que la publicité fut inventée. Voltaire n’ écrivait plus une lettre aux princes intellectuels et temporels de l’E
294 de supprimer les douanes de notre zone : ah ! que ne pouvait un seul individu, dans ces temps que l’on nous a décrits comm
295 ce que j’habite à Ferney : « Est-ce que Voltaire ne vient pas lui chatouiller la plante des pieds pendant la nuit ? » Non
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
296 es, militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’ est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de
297 ine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’ est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qu
298 action décisive, ainsi que nul écolier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’il fallait résumer en deux phrases le r
299 ticles de Life, dans cette histoire de chiens qui n’ aboient plus !) Dans la mesure où les mêmes causes sont susceptibles d
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
300 n désarmement moral (19 juillet 1955)w Comment ne pas voir que les thèses officielles, présentées par les Russes avant
301 u mot. Ils proposent en effet trois principes qui n’ ont jamais cessé d’être les nôtres. Nous sommes d’accord. Nous partons
302 de l’Est à quelque forme d’union occidentale. On ne voit pas ce qui empêcherait les 435 millions d’Européens ainsi réunis
303 elle toute neutralité reste illusoire. L’Amérique n’ aurait rien à y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’Europe serait
304 des hommes, des œuvres et des idées. Et voilà qui n’ a l’air de rien, mais qui équivaut en fait à lever le rideau de fer. J
305 fait à lever le rideau de fer. Je pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rien ne m’oblige aux prudences des hommes d’État
306 r. Je pars de là. Je ne suis qu’un écrivain. Rien ne m’oblige aux prudences des hommes d’État, on vient de le voir. Les re
307 tent l’élaboration de l’instrument sans lequel il n’ est point d’entente entre les hommes, je veux dire un langage commun.
308 héorie, donc d’un fait de culture ; mais comme il n’ était pas question d’en discuter, ce fut la force qui trancha. Le seco
309 ion et le désir de convaincre — sinon le dialogue n’ aurait pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le res
310 , en vue d’une recherche commune — autrement l’on n’ aurait qu’une suite de monologues. Or ces deux conditions du dialogue
311 sommes convaincus du contraire. Cette discussion ne peut être réglée par la force. Que chacun prouve la justesse de sa ca
312 ebattus que celui qu’on vient de mentionner, nous ne saurions demander rien de plus ; nous sommes prêts à « causer » dès d
313 la « redoutable dialectique » du partenaire : ce n’ est pas à ceux qui croient cela que les Russes demanderont à parler !
314 , douteurs chroniques ou neutralistes de l’esprit ne peuvent rien apprendre aux hommes de l’Est : ceux-ci n’enverront pas
315 vent rien apprendre aux hommes de l’Est : ceux-ci n’ enverront pas non plus leurs opposants… D’autres craindront que la cul
316 s’agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ ai rien dit. Si chacun mène chez l’autre un cheval de Troie et qu’il e
317 des Achéens devient un pavillon d’exposition. On ne court plus que le risque normal d’une « compétition pacifique ». Il e
318 le redoute, mais la sécurité. À l’intérieur, elle ne trouve que problèmes. À l’extérieur, elle voit quelques hommes forts 
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
319 ous présenter devant Dieu et demander pardon pour n’ avoir pas bougé, pour avoir laissé faire sous nos yeux hébétés, sans u
320 de radio, à nos oreilles, appelant l’Europe, qui ne pouvait pas répondre, appelant l’Europe sans chefs et sans armée, et
321 — Ces voix rauques, étranglées maintenant, non je n’ oserai pas demander pardon d’être resté paralysé devant leur appel, ta
322 tre resté paralysé devant leur appel, tant que je n’ aurai pas fait tout ce que peut un homme libre pour hâter le jour de l
323 diquement, la trahison des chefs dont pas un seul n’ est mort sous les balles des « réactionnaires », car c’est entre eux q
324 appel de tous nos frères de l’Est une réponse qui ne dépende plus des élections locales d’un peuple d’outre-mer, mais de n
325 d’arrêter Nasser, s’il prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, et les Hongrois tombent sous les
326 s Hongrois tombent sous les balles des Russes. Je n’ écris pas pour mettre ma conscience à l’aise. Je veux certes la mettre
327 et tout homme doit le vouloir avant tout, mais ce n’ est pas un article qui pourrait y suffire, il faut agir. Je parlais d’
328 luer du nom d’homme un communiste quelconque, qui n’ aurait pas d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il a servi
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
329 resse en fait autant, et nos sociétés d’écrivains ne se réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mai
330 crivains ne se réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mais qu’un écrivain russe reçoive le prix No
331 à son peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’ a pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ont osé. Pasca
332 de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’il ne juge un régime qui ôte à l’homme le courage d’être lui-même, et le ra
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
333 novembre 1963)z Descartes estimait qu’un athée ne pourrait pas faire de physique. Certes, beaucoup de physiciens après
334 hysiciens après lui se sont dit athées, mais cela ne change rien au fait que le mouvement créateur de la science procède d
335 grand livre où il démontre, en somme, qu’un athée ne peut pas faire de musique. Pas davantage que Descartes, Ansermet ne s
336 de musique. Pas davantage que Descartes, Ansermet ne se fonde sur le dogme, sur la Bible et la Tradition, ni sur quelque a
337 ité plus ou moins bouddhiste ou guénonienne. Dieu n’ étant pas l’objet d’un problème, mais « le fondement commun du monde e
338 u terme, se trouve d’emblée vidée de sens. « Dieu n’ est pas ce qui est vu, mais ce qui voit », écrit très justement J.-C.
339 la conscience. Le primat de l’éthique ensuite : «  Ne jugeons point de la fonction de Dieu dans la vie humaine par la croya
340 énoménologie. On se demande alors ce que l’auteur n’ a pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vrai dire assez co
341 ienne. Mais qu’en dirait Karl Barth lui-même, qui n’ a pas fini de nous surprendre ? C’est sans doute par rapport à Pascal
342 vants », encore qu’Ansermet dise très bien que ce n’ est pas le Dieu des philosophes qui sera d’un grand secours à l’homme
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
343 , 22 juin 1968) que pendant six ans d’Amérique je n’ ai fait que « papoter avec des milliardaires nyouorkaises » et me « pe
344 ). Bien entendu, mon livre parle d’autre chose et ne mentionne, en fait de papotages, que des conversations avec Jacques M
345 sur l’heure devant un tribunal militaire, lequel n’ admettrait pas l’excuse d’une « manière de parler » pour faire drôle.
346 s de mon livre, m’a paru nécessaire pour ceux qui n’ auraient lu que l’article du Samedi littéraire. aa. Rougemont Denis
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
347 maître de soi, convaincu mais sans fanatisme, il n’ est ni subversif, ni anarchiste, ni cryptocommuniste, ni contestataire
348 i bien ou parfois mieux que nous. En tout cas, il n’ y aurait pas lieu de se faire tuer pour si peu que de savoir qui admin
349 intime et leur action dans la communauté, comment ne pas voir qu’ils sont au moins d’aussi bons Suisses que ceux qui, trop
350 ignorance quant aux bases mêmes de notre civisme, ne font leur service que pour faire comme les autres ? Où sont en vérité
351 -être le voudriez-vous mais je sais bien que vous n’ avez pas le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas condamn
352 as le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas condamner « pour la forme », en saisissant l’occasion de dénoncer
353 adressant à vous si franchement et longuement. Je ne voulais être qu’un témoin de moralité, et je n’ai pu m’empêcher de vo
354 e ne voulais être qu’un témoin de moralité, et je n’ ai pu m’empêcher de vous faire part de mes convictions de citoyen. Me
355 z-vous en pensant aux efforts que j’ai faits — et ne cesserai de faire — pour expliquer notre pays, par la parole et par l
356 et par l’écrit, à un monde qui le connaît mal et ne le comprend pas toujours ? Nous avons en commun le souci du bien publ
357 e qu’a déjà subie Bugnot une première fois. Et il ne pouvait en être autrement. Car si le juge n’est plus obligé d’aggrave
358 t il ne pouvait en être autrement. Car si le juge n’ est plus obligé d’aggraver la peine du fait qu’il n’est plus tenu comp
359 est plus obligé d’aggraver la peine du fait qu’il n’ est plus tenu compte de la récidive en matière d’objection de conscien
360 récidive en matière d’objection de conscience, il ne peut cependant guère envisager, à la seconde condamnation, une peine
361 ntellectuelle suisse des trente dernières années, n’ osera nier [de] Denis de Rougemont les titres dont il se réclame pour
362 e mission ou démission de la Suisse. Nul non plus n’ a le droit de contester le témoignage de moralité et de caractère qu’i
363 naît personnellement la pensée et les mobiles. Il n’ est pas difficile, d’autre part, d’admettre que la prison, à titre rép
364 ationale des hommes comme Denis de Rougemont, qui ne sont pas eux-mêmes objecteurs, qui ne sont eux-mêmes “ni subversifs,
365 gemont, qui ne sont pas eux-mêmes objecteurs, qui ne sont eux-mêmes “ni subversifs, ni anarchistes, ni crypto-communistes,
366 e, que ce problème soit étudié. En revanche, nous ne pouvons le suivre dans ce “tout ou rien” qui voudrait qu’à défaut d’u
367 un statut des objecteurs de conscience, la Suisse ne serait qu’un État policier régnant sur des êtres sans âmes. La politi
368 dat une garantie de légitime défense que personne ne peut contester, et qui rassure valablement des hommes qui acceptent l
369 atistique montre que les objecteurs de conscience ne sont qu’une infime minorité. Humainement respectable, oui. Dépositair
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
370 e l’être — si l’on est sérieux, toutefois, ce qui n’ est pas le cas, nécessairement, de tout contestataire de nos instituti
371 i parlé pour René Bugnot. Si je me relis bien, je n’ ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission moral
372 « dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ ai pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas
373 as demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au ban de notre société et que l’on s’interdise de répét
374 té. Quant à votre sous-titre « Tout ou rien », je ne le crois pas justifié par mon texte, et vous avez raison de refuser d
375 user de me suivre dans une direction où jamais je n’ ai songé à entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc pa
376 amais je n’ai songé à entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des objec
377 à entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ ai donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse ne
378 qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse ne serait qu’un État policier ». J’ai dit seulement que si l’on choisiss
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
379 « Non, notre civilisation n’ est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)ag ah Pensez-vous qu’il exist
380 ment employé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’ y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y
381 mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’ y a pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est la p
382 de culture française, de culture allemande, cela n’ existe pas. Il y a seulement des différences, des nuances de langue. D
383 de chevalet, le concerto, la symphonie, que vous ne trouvez pas en dehors de l’Europe. Les grandes écoles d’art ont été c
384 ax Ernst… Et la culture, qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas très bien ce que l’on entend par culture bourgeoise, parce q
385 tend par culture bourgeoise, parce que la culture n’ a pas été faite par des bourgeois. La culture occidentale repose sur l
386 tienne, transmise par des moines au Moyen Âge. On ne peut parler de culture bourgeoise qu’en pensant aux consommateurs de
387 ns, ce sont essentiellement des bourgeois. Ce qui n’ empêche pas les ouvriers d’avoir des goûts plus bourgeois que les bour
388 e communisme a toujours condamné l’avant-garde et ne cesse encore de le faire. C’est uniquement l’avant-garde que vous tro
389 de que vous trouvez dans les prisons russes. Vous n’ y trouverez pas un seul représentant de l’art pompier, parce qu’il est
390 Le pompiérisme qui tranquillise les gouvernements n’ est pas toujours bourgeois, mais il est toujours gouvernemental, dans
391 core au pouvoir dans la plupart des pays, mais ce n’ est pas elle qui donne ce ton-là, puisque vous le retrouverez dans tou
392 e disent les Américains : « It doesn’t work », ça ne fonctionne pas, ça ne joue plus. Ne pensez-vous pas que les revendica
393 s : « It doesn’t work », ça ne fonctionne pas, ça ne joue plus. Ne pensez-vous pas que les revendications ne sont pas asse
394 ’t work », ça ne fonctionne pas, ça ne joue plus. Ne pensez-vous pas que les revendications ne sont pas assez bien formulé
395 e plus. Ne pensez-vous pas que les revendications ne sont pas assez bien formulées ? C’est exact. On dit n’importe quoi, p
396 nt pas assez bien formulées ? C’est exact. On dit n’ importe quoi, parce qu’on n’a pas fait une bonne analyse de la situati
397 ? C’est exact. On dit n’importe quoi, parce qu’on n’ a pas fait une bonne analyse de la situation. Quand Sartre dit aux étu
398 ? une mutation tant physique que spirituelle ? Je n’ en sais rien. Je sais vers quoi je voudrais qu’on aille. Le progrès es
399 s de choix laissées à chaque individu. Le progrès n’ est pas dans le fait (absolument invérifiable et très peu probable) d’
400 lare qu’elle va mourir, cela revient à dire qu’il n’ y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y aur
401 il n’y aura plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y aurait des indices pour une autre culture, une aut
402 e autre civilisation qui pourrait s’épanouir ? Je n’ en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-il que ce soit une civil
403 bablement alors des centaines de morts, quoiqu’on n’ en parle guère. Je ne vois dans le maoïsme aucun germe de civilisation
404 entaines de morts, quoiqu’on n’en parle guère. Je ne vois dans le maoïsme aucun germe de civilisation nouvelle. Croyez-vou
405 au succès des révolutions que des évolutions ? Je ne crois pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu un
406 e crois pas du tout au succès des révolutions. Il n’ y en a jamais eu une seule qui ait réussi. Elles ont toutes abouti à d
407 le le « désordre établi ». Ces conditions idéales n’ ont encore jamais été réalisées. La Révolution française a abouti à la
408 la chute des civilisations ? Personnellement, je ne crois pas que les civilisations soient comme les plantes, qui poussen
409 on née en Europe recouvre la terre entière ; elle n’ est pas à la merci des forces extérieures qui pourraient la détruire.
410 e production et d’autocritique extraordinaire. Je ne suis pas pessimiste à son sujet, mais je le suis en ce qui concerne l
411 a nature, a développé dans cette civilisation. Je ne crois pas que l’homme devient esclave des machines ; il est esclave d
412 qui prennent les machines comme paravent. L’homme n’ est pas esclave de sa voiture, il est esclave de sa vanité sociale par
413 er mot, et dire que j’allais l’oublier : la bombe n’ est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Si vous la laissez tranqui
414 i vous la laissez tranquille dans sa caisse, elle ne va pas en sortir toute seule. On nomme des comités pour contrôler la
415 ne m’envahir dans la cour de ma maison. Mais cela ne s’est jamais vu. » Quelle est la responsabilité de l’artiste dans un
416 et de la passion. Mais aujourd’hui, les artistes ne fondent plus rien : ils réagissent aux mouvements affectifs passionne
417 ils en traduisent et révèlent les courants, mais n’ agissent plus sur eux. C’est à l’essayiste, au philosophe lyrique, au
418 royance aux toujours plus grands nombres. Mais je n’ ai pas envie d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pa
419 d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’ est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le
420 mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’ est pas le passé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’en so
421 lus humain : par quoi je veux dire plus divin. Et ne me demandez pas si je crois que cela réussira : car nous ne sommes pa
422 ndez pas si je crois que cela réussira : car nous ne sommes pas là pour essayer de prévoir l’avenir, mais pour le faire, d
423 qu’elle pourra… Après tout, le but de la société n’ est pas la société elle-même, mais la personne, c’est-à-dire l’homme,
424 t Denis de, « [Entretien] Non, notre civilisation n’ est pas mortelle ! », Journal de Genève, Genève, 30–31 août 1969, p. 2
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
425 rses, auxquelles le débat que nous présentons ici n’ a pas la prétention d’apporter une conclusion définitive. Il s’agit av
426 , qu’elle doit être envisagée et discutée. Car ce n’ est que dans la paix que l’on s’interroge sur la guerre. Si l’on met à
427 étendue à des motifs d’ordre philosophique, elle n’ en puise pas moins ses racines dans des motivations chrétiennes. C’est
428 remier chef l’objection de conscience religieuse. N’ y a-t-il pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédéra
429 . Mais le paragraphe 5 de cet article dit qu’« on ne peut, pour cause d’opinion religieuse, s’affranchir de l’accomplissem
430 e fondement juridique est clair : la Constitution ne permet pas l’objection de conscience pour raison religieuse. Il n’y a
431 bjection de conscience pour raison religieuse. Il n’ y a donc aucun conflit entre l’armée et l’objecteur de conscience, don
432 objecté pour des motifs religieux… La religion n’ est pas le motif exclusif Christian Schaller. — Je ne pense pas qu’
433 pas le motif exclusif Christian Schaller. — Je ne pense pas qu’il y ait de différence dans les aboutissants entre une o
434 trictement religieux. Bernard Béguin. — Donc vous n’ invoquez pas le préambule de la Constitution pour vous autoriser à obj
435 nt que les autres ? Christian Schaller. — Non. Je ne fais personnellement pas de différence entre les diverses catégories
436 tariste — je précise que ceux qui font du service ne sont pas nécessairement militaristes… — ou une œuvre anticonstitution
437 isqu’il accepte le jugement des tribunaux (ce qui n’ est d’ailleurs pas le cas de tous les objecteurs). D’autre part je ne
438 s le cas de tous les objecteurs). D’autre part je ne pense pas que la séparation soit tellement entre militaires et object
439 en sorte que les problèmes soient posés, mais ce n’ est qu’un moyen parmi d’autres. Et personnellement je me sens très pro
440 re manière. Michel Barde. — L’objecteur religieux n’ est-il pas plus « intimiste » que l’objecteur humanitaire, attaché à r
441 inscrit au portique de cette Constitution ? Cela ne veut absolument rien dire. C’est une couverture pour quelque chose do
442 e par la Révolution française et par Napoléon. Il ne faut pas nous raconter d’histoires, c’est la religion qui aboutit, da
443 certains régimes, et très logiquement. Car là il n’ y a plus aucun recours à une transcendance, à quelque chose qui soit a
444 le Dieu chrétien, en tête d’une Constitution qui n’ est absolument pas chrétienne. Bernard Béguin. — Est-elle antichrétien
445 les lois, mais il y a aussi l’esprit des lois. Je ne pense pas que le conformisme soit une qualité première du bon citoyen
446 n Schaller. — Eh bien ! L’objection de conscience n’ est que l’un des moyens d’amener à ce que les lois puissent s’amender.
447 à masquer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’ est pas la même chose d’être chrétien et d’être citoyen. L’objecteur p
448 lière pour mettre en évidence un état de fait. Ce n’ est pas un anarchiste. Bernard Béguin. — Il peut être ferment d’anarch
449 de la justice militaire Bernard Béguin. — Vous ne connaissez pas les troupes genevoises si vous parlez d’obéissance inc
450 ’il fait tout ce qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’anarchie, mais conduit à la dictature. C’est la démis
451 écuse les lois d’une collectivité démocratique il ne crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’est c
452 ace à l’objecteur pour la première fois, quand il n’ a même pas 20 ans, qu’il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionnair
453 remière fois, quand il n’a même pas 20 ans, qu’il n’ est même pas citoyen ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Nous avons qu
454 us avons besoin d’eux, et cela montre que si nous n’ avons pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’avons en fait.
455 éfi à l’armée, lorsqu’il s’agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore soldats, et qu’on lui envoie pou
456 e dit. Nous, officiers de justice militaire, nous ne verrions aucun inconvénient à ce que les objecteurs de conscience soi
457 éréaz. — Alors, il y a quelque chose qui pour moi n’ est pas très clair. Colonel Vaucher. — Nous n’y pouvons rien du tout,
458 moi n’est pas très clair. Colonel Vaucher. — Nous n’ y pouvons rien du tout, ce n’est pas nous qui déterminons notre compét
459 onel Vaucher. — Nous n’y pouvons rien du tout, ce n’ est pas nous qui déterminons notre compétence. Nous ne pouvons pas la
460 t pas nous qui déterminons notre compétence. Nous ne pouvons pas la récuser. Bernard Béguin. — Pouvez-vous maintenant défi
461 directement les arrêts répressifs. La différence n’ est pas seulement théorique : les arrêts répressifs sont limités à tro
462 e prison de droit commun. Colonel Vaucher. — Nous ne sommes pas chargés de l’exécution. Ce sont les cantons qui en sont ch
463 Ce sont les cantons qui en sont chargés. Et nous n’ avons, je dois dire, jamais eu de plainte de la part des condamnés sur
464 étention. Michel Barde. — Il est évident que l’on ne peut éviter toute promiscuité, mais les objecteurs de conscience disp
465 en majorité des honnêtes gens, c’est vrai ; et je ne pense pas seulement aux objecteurs de conscience. Je pense à tous les
466 dats qui ont commis des actes d’indiscipline, qui n’ ont pas fait leur service par négligence, ou parce que les conditions
467 n. — Mais si. Il y a un délit constitutionnel qui n’ est pas un délit pénal. Il y a un Code pénal qui définit l’honnêteté.
468 Colonel Vaucher. — Depuis 1950, le Code militaire n’ autorise plus de prononcer comme peine accessoire la privation des dro
469 es objecteurs de conscience. Quant au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf s’ils déclarent être disposés à l’avenir
470 pénal suisse sur ce point, précise que le sursis ne peut être accordé que lorsque le tribunal a la conviction que cette m
471 es tribunaux militaires ont essayé de dire qu’ils n’ avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléchira
472 e de tous les tribunaux pénaux suisses, le sursis ne peut être accordé que si le juge a plus qu’un espoir, mais une convic
473 oit être aussi réalisée. Denis de Rougemont. — Je ne suis pas du tout objecteur de conscience moi-même. J’ai fait pas mal
474 a même peine ou à une peine plus forte, puisqu’il ne changerait certainement pas son fusil d’épaule — après avoir refusé d
475 jecteurs étaient toujours punis, et que le procès n’ avait pas d’autre objet que de déterminer si les conditions objectives
476 Moyen Âge dans les tribunaux de l’Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les motifs. On cherchait uni
477 ue le personnage était un hérétique. Après ça, il n’ y avait plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un peu
478 irconstances atténuantes Colonel Vaucher. — Ce n’ est pas exact. Si l’objecteur bénéficie de circonstances atténuantes o
479 aucher. — Mais oui, bien sûr, mais en fait le cas ne se présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’il est totaleme
480 sable sera acquitté aussi. C’est évident. Mais je n’ en ai jamais vu. Tous les objecteurs que j’ai connus étaient des gens
481 nce atténuante ou exculpante dans ce sens-là. Ils ne plaidaient eux-mêmes aucune circonstance pouvant conduire à un acquit
482 urs motifs, nous les demandons, car si ces motifs ne sont ni religieux, ni moraux, ni philosophiques, alors nous ne pouvon
483 ligieux, ni moraux, ni philosophiques, alors nous ne pouvons leur accorder le bénéfice d’un traitement plus favorable, et
484 roit d’avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part que l’objecteur cherche sa condamnation. I
485 soit en rapport avec leurs principes. Enfin nous ne condamnons pas perpétuellement. Autrefois, il arrivait que l’on prono
486 mêmes personnages dans les deux juridictions. Ce ne sont pas des officiers de carrière qui, en règle générale, sont juges
487 , ce sont des miliciens. Denis de Rougemont. — Je n’ ai absolument rien dit contre l’armée en tant que telle. Je parle cont
488 s civils sont souvent absolument intolérants. Ils n’ ont absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemment
489 is de Rougemont. — Effectivement, dans l’armée je n’ ai pas entendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup à le dire : no
490 nel Vaucher. — Je tiens beaucoup à le dire : nous ne représentons pas l’armée au tribunal militaire. Nous représentons le
491 sée. Vous êtes officier de carrière. Est-ce qu’il ne serait pas plus simple, pour vous, d’admettre un service civil ? Est-
492 l divisionnaire Dénéréaz. — Le Tribunal militaire ne juge pas l’objecteur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pa
493 l’objecteur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’il est objecteur. Ce n’est pas la même cho
494 e veut pas servir — parce qu’il est objecteur. Ce n’ est pas la même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne manquons pas de leur
495 n’est pas la même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne manquons pas de leur dire chaque fois : « Vous avez le droit de criti
496 n vous demande c’est de faire votre service. Nous ne vous demandons pas de l’aimer, ni d’en être partisan. » Denis de Roug
497 » Denis de Rougemont. — L’objecteur de conscience n’ est pas quelqu’un qui trouve que l’armée est mal faite. Il veut manife
498 ernard Béguin. — Quand vous dites que l’objection n’ est pas de l’antimilitarisme, il faut bien voir que si l’on hésite à c
499 s excluent toute initiative à l’extérieur, et qui ne peut agir qu’en autodéfense. Service civil et milice incompatibles
500 ilice incompatibles ? Christian Schaller. — Il ne faut pas confondre objection et non-violence, comme il ne faut pas co
501 pas confondre objection et non-violence, comme il ne faut pas confondre soldat et militarisme. Mais si l’on discute l’effi
502 tre monde actuel, de notre système de défense. On ne peut plus raisonner au temps de la bombe atomique comme au temps de M
503 dimension ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Je ne crois pas que tout cela soit dépassé. Je suis un officier de métier,
504 ans… le grand état-major allemand a estimé que ce n’ était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’armée la plus nombreuse d’E
505 ertainement. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Il n’ est pas dit que la bombe atomique intervienne dans les combats. Je ne
506 a bombe atomique intervienne dans les combats. Je ne veux pas faire ici de la tactique. Je suis persuadé que l’État ne peu
507 e ici de la tactique. Je suis persuadé que l’État ne peut pas mettre en doute, surtout dans notre communauté helvétique, l
508 d’instaurer un service civil. Numériquement, cela ne jouerait aucun rôle. Mais pour d’aucuns, il y aurait de bons chrétien
509 pour d’aucuns, il y aurait de bons chrétiens qui ne portent pas les armes, et de mauvais chrétiens qui portent les armes.
510 it se déclarer comme tel au recrutement, et qu’il ne peut assumer par la suite aucune charge d’État… Christian Schaller. —
511 suite aucune charge d’État… Christian Schaller. —  N’ empêche qu’il y a un statut, c’est déjà un progrès… Colonel divisionna
512 un progrès… Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Ce n’ est pas un progrès. Vous dites, la guerre est un mal. C’est ma convict
513 as en Suisse. Pour quelle raison en Suisse ? Nous ne voulons de mal à personne, sinon défendre ce que nous avons reçu. » C
514 e militaire, s’il existait un service civil, nous n’ aurions plus un certain nombre d’objecteurs. Nous en serions ravis. Ma
515 poser ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — L’armée n’ a jamais contesté l’aide au tiers-monde. Au contraire. Denis de Rougem
516 fense suisse nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’ y a pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’avis
517 ai changé d’avis à cause de la bombe atomique. Il n’ y a aucune espèce de valeur humaine qui vaille les destructions physiq
518 suis tout à fait d’accord. Bernard Béguin. — Nous ne pouvons pas ignorer non plus, qu’actuellement encore, à l’extérieur d
519 actuelles. Nous pouvons le faire en Suisse. Nous ne pourrions peut-être pas le faire en Russie. Mais je pense, pour ma pa
520 ue la solidarité implique d’abord la survie. Vous ne pouvez pas être solidaire si vous courez le risque de l’anéantissemen
521 — Parfaitement. Mais les frontières de la survie ne passent plus par nos frontières. Elles passent par tous les coins du
522 . Elles passent par tous les coins du monde. Nous ne pouvons pas simplement défendre les frontières du passé sans tenir co
523 re de la Suisse. Je me demande si cette situation ne crée pas des devoirs particuliers aux Suisses dans la prise en consid
524 utralité comme à une espèce de privilège, et s’il ne faut pas dire aussi : Neutralité oblige, allez plus loin. Tout ce que
525 le public à se poser des questions auxquelles je ne prétends pas répondre, mais qui me paraissent tellement graves qu’on
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
526 pourquoi et comment vous imaginez que j’aurais pu ne pas le faire, étant écrivain, et Européen ! Quand on constate qu’un é
527 n constate qu’un écrivain véritable, et d’Europe, n’ a jamais écrit sur l’amour, là, il y a lieu de se demander… Ceci dit,
528 use , sur les trente volumes que j’ai publiés, ce n’ est guère envahissant. N’oubliez pas mes journaux réunis par Gallimar
529 mes que j’ai publiés, ce n’est guère envahissant. N’ oubliez pas mes journaux réunis par Gallimard en un volume, et tous m
530 tous mes ouvrages politiques et polémiques, où il n’ est, hélas, nullement question d’amour… Je sais bien — mais je suis pr
531 t civique de la personne. L’Amour et l’Occident n’ en est en somme qu’une illustration dans le domaine des relations indi
532 ongement de L’Amour et l’Occident . Si le second ne renie pas le premier, toutefois il le rectifie. Comment expliquez-vou
533 me toi-même , je cherche les complémentarités. Il n’ y a pas mutation, mais maturation. J’ai voulu faireal, par des exemple
534 igeant le mystère le mieux défendu, Éros et Agapè ne pourraient-ils pas nouer une alliance paradoxale, au sein même du mar
535 l’ordre du jour ? La jeunesse, dans son ensemble, ne me paraît vivre rien qui ressemble à un « l’éclatement de l’Éros », s
536 nscender la condition humaine, trop humaine. Rien n’ a fait plus de mal que la passion, ni créé plus de beauté, en Occident
537 ’ai essayé de montrer que la notion de révolution n’ est rien d’autre que la passion transposée au niveau collectif. Or, il
538 la passion transposée au niveau collectif. Or, il n’ y a de révolution qu’européenne, c’est-à-dire chrétienne à sa source :
539 engagement était devenu une théorie à la mode. Je n’ en ai plus parlé, mais pratiquement je me suis engagé au service de l’
540 ion que j’appelle, qui fera seule l’Europe et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste à dép
541 . Vous avez donc confiance dans cet avenir ? Nous n’ avons pas à prédire l’avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis d
30 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
542 pénalisées ou bloquées par un cordon douanier qui ne sert à rien ni à personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’
543 striels, commerciaux, et de services, dont l’aire ne recouvre ni celle de la région de main-d’œuvre, ni celle de la région
544 els des liens spéciaux pourraient s’instituer. Il ne s’agit pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon — une
31 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
545 re-ras-le-bol, elle est tout cela à la fois. Mais n’ être qu’utilitaire et discrète, elle n’y parvient plus. « C’est devenu
546 fois. Mais n’être qu’utilitaire et discrète, elle n’ y parvient plus. « C’est devenu une véritable guerre de religion », s’
547 international de l’automobile de Genève, tout en ne niant pas certains inconvénients qui se rattachent à la voiture, n’en
548 ins inconvénients qui se rattachent à la voiture, n’ en demeure pas moins un farouche partisan. Sur le plan social, parce q
549 nt : d’entrée de jeu, je souhaite affirmer que je ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs je n’aurais pas l’outrecuida
550 je ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs je n’ aurais pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tr
551 ppement du national-socialisme. Et j’espère qu’il n’ y en aura pas une troisième qui serait celle des centrales nucléaires…
552 siècle, tout le monde me mettait en garde, car il n’ y avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouvaien
553 de Ford, il est dit : « L’auto peut vous conduire n’ importe où il vous plaira d’aller, pour vous reposer le cerveau par de
554 de l’auto équivaut à l’imposition d’un besoin qui n’ existait pas avant. Les premières années, Ford n’a vendu que cent ou d
555 n’existait pas avant. Les premières années, Ford n’ a vendu que cent ou deux cents voitures. En 1909, il en avait vendu 18
556 ait une réaction assez vive. François Peyrot : Il n’ y a pas d’invention au monde qui n’ait été faite sans un besoin et san
557 is Peyrot : Il n’y a pas d’invention au monde qui n’ ait été faite sans un besoin et sans des années et des années de reche
558 ns des années et des années de recherches. L’auto n’ échappe pas à la règle. Je suis pour ma part convaincu — et n’importe
559 s à la règle. Je suis pour ma part convaincu — et n’ importe quel industriel vous le confirmera — que là où il n’y a pas de
560 quel industriel vous le confirmera — que là où il n’ y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règ
561 confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’ y a pas de fabrication possible. C’est une règle fondamentale de notre
562 . Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’ existait pas, mais qu’il l’avait créé, n’est pas une démonstration suf
563 voiture n’existait pas, mais qu’il l’avait créé, n’ est pas une démonstration suffisante. Les financiers qui mettent des c
564 m’inscris en faux contre cette interprétation. Ce n’ était pas lui qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voit
565 prétation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’ y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était la
566 amis. C’était la vox populi. Jacob Roffler : Rien n’ est plus facile que de créer des besoins, grâce aux mass medias et aux
567 : « La voiture vous rend indépendant. » Mais rien n’ est plus faux. En auto, vous devez respecter des horaires au même titr
568 is de Rougemont : Vous dites, M. Peyrot, là où il n’ y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un do
569 dites, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’ y a pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de l
570 cientifiquement selon laquelle aucune réalisation n’ est possible sans besoin. François Peyrot : Permettez-moi d’observer q
571 ançois Peyrot : Permettez-moi d’observer que l’on ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme à la fin de sa vie, sur u
572 iences, pour la placer en vérité absolue. M. Ford n’ a pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication sta
573 ont fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’ y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de tou
574 i pourtant le développement effréné de la voiture n’ a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? Françoi
575 rté de mouvement qu’aucun autre mode de transport ne peut donner. Vous sortez de chez vous, vous entrez dans votre voiture
576 vélo. Vous demandez si la prolifération des autos n’ en a pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduit
577 en Occident par rapport à l’Union soviétique, il n’ y a aucune commune mesure : 0,5 % de la population en URSS, 50 % aux U
578 tiques pourront aussi se déplacer en voiture, ils n’ accepteront plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d’habitat
579 i de signaler quelques-uns des côtés négatifs. Il ne s’agit nullement — comme on voudrait nous le faire croire dans certai
580 cela peut bien nous mener. Mais voilà, Henry Ford ne s’est pas posé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il advie
581 ilà, Henry Ford ne s’est pas posé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il adviendrait si au lieu de vendre cent o
582 véhicules par an, il en vendrait des millions. Il ne s’est jamais interrogé sur les conséquences au niveau social, économi
583 é par là. L’envie de se débarrasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la voiture au chemin de fer qui
584 la voiture au chemin de fer qui lui est réglé et n’ offre aucune possibilité de détour. Mais à partir de ce fantasme, qu’e
585 autres produits, dans d’autres secteurs. Pourquoi ne retenir que le cas de la voiture ? Il faut prendre en considération l
586 ui de la voiture. Car de cette dernière, comme de n’ importe quel objet, vous pouvez en faire une bonne ou une mauvaise uti
587 la liberté du trafic, tout est possible. Mais on ne peut seulement préconiser de rayer la voiture de la surface du globe…
588 face du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’a dit. Mais je voudrais reprendre mon propos initial. En moins de c
589 , je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’ a plus aucune importance. Je parlais de bouleversements. C’est en rais
590 du golfe Persique ? Tout cela pour dire que l’on ne peut traiter d’une question aussi grave en demandant simplement aux g
591 aise réunis dans une émission de midi à 14 heures n’ ont trouvé que cela à me répondre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez
592 ion de la voiture, est de plus en plus brutale et ne tient pas compte des intérêts régionaux. Alors, entre les deux libert
593 s, laquelle choisir ? François Peyrot : La vérité n’ est ni d’un côté ni de l’autre. L’État est l’arbitre entre des intérêt
594 mple très actuel de l’initiative Franz Weber : on ne veut pas reconnaître les pouvoirs constitutionnellement accordés à un
595 briser. François Peyrot : Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre l’initiative qui est constitutionnelle. Mais je suis
596 officielles, à cause des centrales nucléaires. Il n’ est plus question de demander l’avis de qui que ce soit. Nous le feron
597 oser certains tracés contre la volonté populaire, ne sont pas, selon moi, une illustration parfaite de la démocratie. Ce q
598 x populations de se prononcer. L’initiative Weber ne vise rien d’autre. J’ai peur que lorsque vous dites, M. Peyrot, que l
599 et non pas de corps constitués. Car ces derniers ne sont nullement de droit divin ! François Peyrot : La loi qui a été vo
600 es a été soumise à un délai référendaire. Mais il n’ y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 févri
601 r, il aura obtenu son changement et plus personne ne discutera. Je n’ai jamais dit que cette initiative était antidémocrat
602 son changement et plus personne ne discutera. Je n’ ai jamais dit que cette initiative était antidémocratique. J’ai seulem
603 n nous demande de décharger le réseau routier qui n’ est pas conçu pour ce genre de trafic mais, lorsque l’on veut construi
604 lement pour en revenir à l’initiative Weber, elle ne demande rien d’impossible. Elle demande simplement que le peuple puis
605 n devrait davantage utiliser le chemin de fer. Il n’ y a aucune raison pour tout mettre sur les routes. Et d’un point de vu
606 ce qui concerne les transports en commun, l’État n’ a pas été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl : Il semble qu’il
607 t dans les zones densément peuplées où la voiture ne devrait plus être qu’un appoint. Mais lorsque l’on passe aux actes, p
608 Mais lorsque l’on passe aux actes, plus personne n’ est prêt à abandonner son véhicule individuel pour prendre les transpo
609 empêcher sont encore plus impopulaires ». Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’il ne faille pas lutter par une meilleure
610 aires ». Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’il ne faille pas lutter par une meilleure information. François Peyrot : Ce
611 lent les activités mais également l’animation. On ne peut pas couper les lieux d’activité des lieux de loisirs. L’homme es
612 é des lieux de loisirs. L’homme est un tout. Vous n’ avez qu’à constater les effets catastrophiques des cités-dortoirs où l
613 un certain nombre d’effets objectifs que personne n’ avait pu prévoir, et qui repose le problème de l’automobile de manière
614 amène une circulation moderne dans des villes qui n’ étaient pas faites pour la recevoir. Il en résulte, c’est clair, des p
615 itique sur la voiture — qu’on le veuille ou non —  n’ est-elle pas neutralisée par cette réalité économique ? François Peyro
616 d’emplois. Rien que pour la Suisse — qui pourtant ne fabrique pas directement d’automobiles — , cela représente 80 000 emp
617 résente 80 000 emplois. C’est considérable ! Vous ne pouvez aujourd’hui brancher votre télévision sans entendre parler d’e
618 es gens, en Occident, vit aujourd’hui mieux qu’il n’ y a un ou deux siècles. Moi ce qui me frappe, M. de Rougemont, dans la
619 Lorsque votre voiture va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer. Il y a par le monde plus de
620 icile de s’arrêter de produire des voitures. Mais ne pourrait-on pas, au moins, envisager de mettre au point des véhicules
621 ’est un pur gaspillage — de voir ces voitures qui ne durent pas et auxquelles l’on doit continuellement changer des pièces
622 dustrie automobile à cette affaire d’emploi. Mais n’ y a-t-il vraiment pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est-on vé
623 mage dans la carrosserie. Je pose le problème, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l
624 e, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’ est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa mult
625 nse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’ est pas moi qui pousse à sa multiplication ou à la construction d’auto
626 sont-ils fortement exagérés ? Jacob Roffler : Je ne pense pas que l’on puisse parler de conspiration du silence. En fait
627 en ce qui concerne les accidents, je pense qu’il ne faut pas prendre uniquement en considération le choc ou la blessure m
628 de la criminalité. Il est évident que nos outils ne sont jamais responsables de nos crimes. Ce qui est dangereux c’est l’
629 dangereux c’est l’homme. La bombe atomique seule n’ est pas dangereuse. Mais le risque apparaît lorsque vous donnez aux ho
630 te l’automobile. Car même en les baratinant, vous n’ obtiendrez pas qu’ils restent « gentils ». Cela me rappelle ce que l’o
631 États auxquels on vend des centrales : « Surtout ne faites pas de mal avec ». Ils le jurent tous. Ils paient 6 milliards
632 illiards pour une usine de retraitement, mais ils ne vont jamais l’utiliser… François Peyrot : Personne ne discute le fait
633 ont jamais l’utiliser… François Peyrot : Personne ne discute le fait que les gaz de voiture sont toxiques à forte dose. Ma
634 médecins à le déterminer. Et jusqu’à présent cela n’ a pas tellement été fait. J’ai assisté à toutes les séances sur les rè
32 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
635 la morale sportive en général. De toute façon, je ne vois vraiment pas le rapport qui existe entre la performance de l’ath
636 imant clairement leurs raisons, à savoir qu’elles ne voulaient pas servir la publicité d’un régime scandaleux, la guerre n
637 ir la publicité d’un régime scandaleux, la guerre n’ aurait pas été évitée certes, mais se serait sans doute engagée dans d
638 sément toute forme de nationalisme. Mais certains ne seraient sans doute pas du tout d’accord avec ce changement radical.
639 on pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’il n’ est plus question de sport mais de délire nationaliste. Et la presse s
640 usqu’à écrire des phrases telles que « Tartampion ne fait pas de quartier, il écrase ses adversaires, dicte sa loi », un p
641 es instincts, l’agressivité peuvent se déchaîner. Ne serait-il donc pas temps de revenir à une vraie morale du sport telle
33 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Mes amis et Nerval (9 octobre 1982)
642 ons de mes mises en train. Le sort a voulu que je n’ arrive à lire qu’un seul des « livres d’amis » : le Poisson-scorpion d
643 rare aujourd’hui ! Mais pour le reste, hélas, je n’ ai pu que relire, et de très près, sept ou huit de mes propres livres,
644 dans Nerval : je m’étais aperçu à ma honte que je ne savais plus par cœur les sonnets des Chimères : c’est réparé. aq.
34 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
645 se — choix longuement mûri s’il en fut, puisqu’il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tous les vingt ans en moye
646 sayiste », c’est-à-dire une espèce d’écrivain qui ne se définit aujourd’hui, dans le domaine littéraire, que d’une manière
647 ative : c’est quelqu’un qui publie bien sûr, mais n’ a pas publié un seul roman, un seul recueil de poèmes, ni même une seu
648 mon cas, puisque c’est le cas d’un essayiste qui n’ écrit même pas sur la chose littéraire, ou à la rigueur philosophique,
649 bulaire, la grande allure et les éclats du style, ne se voient guère chez les romanciers, à part Stendhal, ni même chez le
650 d’un écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’ est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendons l
651 administration, et de présidences de comités : je n’ ose pas vous dire combien depuis trente ans, plusieurs centaines, je l
652 ctu, de pacifisme ? Je passe donc aux aveux : ils ne seront pas complets, faute de temps, mais candides. Deux séries de mo
653 e. Nous aurions à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les trois régimes totalitaires et les
654 ans sont devenus trente-cinq ans, et pourtant je ne regrette rien, pour les raisons tout intérieures auxquelles il est te
655 chacun de ces termes conditionnant l’autre : nul n’ est tenu pour responsable de ses actes si ceux-ci n’ont pas été accomp
656 est tenu pour responsable de ses actes si ceux-ci n’ ont pas été accomplis librement (les juristes connaissent bien cela) e
657 s connaissent bien cela) et à l’inverse, personne n’ est vraiment libre de ses décisions si celles-ci ne peuvent entraîner
658 ’est vraiment libre de ses décisions si celles-ci ne peuvent entraîner aucun effort concret. Poursuivant ce raisonnement,
659  nous les personnalistes, précisons — que l’homme n’ est responsable qu’au sein d’une communauté où sa voix puisse porter e
660 n d’une communauté où sa voix puisse porter et où n’ importe qui puisse lui répondre sans avoir l’organe de Stentor. Nous r
661 tal d’une fédération de l’Europe. L’idée générale n’ étant pas de créer une puissance nouvelle — un « troisième Grand » dan