1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 monde intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne peut plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous à demi-eu
2 t se comprendre, et si c’est impossible, pourra-t- on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malgré
3 l, les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’ on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il
4 où naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’ on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critique
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
5 rtant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’ on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La r
6 de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envie les bottes que portent les femmes), encombrée de piétons qui tr
7 nes et d’inscriptions cascadantes, à l’orientale ( on pense au mot bazar, qui sonne rouge et jaune aussi). Soudain se dress
8 res facilite singulièrement les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voi
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
9 ette vie ou bien n’est pas du christianisme. Et l’ on serait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy
10 faut bien connaître la nature et ses abîmes, si l’ on veut être à même d’y voir les touches du surnaturel. Si les scandales
11 plus proches de la nôtre que celle du passant qu’ on coudoie. Moins d’art peut-être, je veux dire moins d’apparent lyrisme
12 mpagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître et grandir un fils, puis les enfants d’une troisième géné
13 s. À chacun sa réalité : elle dépend du regard qu’ on porte sur les choses. Le regard « réaliste » de Hildur Dixelius a su
14 aces », symbole d’une miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conter
15 t songer aux plus radieuses créations d’Andersen. On a fait un succès depuis quelques années à tant de traductions qui ne
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
16 Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)d On n’ignore pas que les partis de gauche, en France, et spécialement le
17 nt de vue simpliste (et ce n’est pas chez nous qu’ on la niera) il faut reconnaître qu’il est essentiellement négatif. Car
18 premier lieu de l’inculture relative des masses. ( On lit beaucoup moins en France qu’en Suisse et qu’en Allemagne.) Elle m
19 nt. En dehors des milieux directement intéressés, on ignore, je crois bien, à peu près tout de cette condition des écrivai
20 peu près tout de cette condition des écrivains. L’ on s’en fait une idée romantique : le poète pauvre et méconnu, dans sa s
21 rofit des « intellectuels en chômage ». Ou bien l’ on s’imagine un auteur à succès choyé par les « femmes du monde », homme
22 traversant la vie dans un murmure flatteur, comme on peut le voir au cinéma. C’est agréable, pour un écrivain, qu’on croie
23 r au cinéma. C’est agréable, pour un écrivain, qu’ on croie tout cela… Je doute que ce soit bien utile. Un membre de l’Acad
24 u’un luxe, elle n’a pas à nourrir son homme. Et l’ on cite M. Duhamel, qui est médecin. Voire ! Outre que les cas de « seco
25 a dispersion de ses efforts. Comme, d’autre part, on ne saurait admettre que seules les personnes fortunées aient quelque
26 ins des mieux doués s’y montrent assez inhabiles. On retombe d’ailleurs ici dans le cas du second métier, aggravé sans dou
27 t tendre vers la même limite, et à bon train si l’ on n’y veille ; dégradation et domestication de l’intelligence et de l’a
28 ication de l’intelligence et de l’art. Sans que l’ on puisse, et c’est là le tragique de l’affaire, dénoncer clairement les
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
29 se contentent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoir, le niveau baisse… Les moralistes se récrient en v
30 aiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On exige des produits standard : ni trop gros, ni trop mince, ni trop di
31 Nietzsche ? Qui voudrait de ce Zarathoustra dont on vendit, lorsqu’il parut, 15 exemplaires ? Nul ne peut plus se payer d
32 vent contraint de refuser les meilleurs livres qu’ on lui offre, et cela pour les meilleures raisons ! Ou s’il tente la cha
33 squ’un jeune auteur vient proposer son manuscrit, on lui fait signer un contrat qui l’engage pour cinq ou dix volumes à ve
34 ifficilement à se faire accepter par un confrère, on l’imagine.) On escompte ainsi les succès futurs du débutant, dont les
35 se faire accepter par un confrère, on l’imagine.) On escompte ainsi les succès futurs du débutant, dont les premiers ouvra
36 applaudissent. Mais les éditeurs se récrient, et on les comprend assez bien : on les priverait de la récompense, obtenue
37 eurs se récrient, et on les comprend assez bien : on les priverait de la récompense, obtenue après bien des années, pour l
38 le réforme légale ne suffirait à l’assainir. Et l’ on pressent déjà que le problème déborde infiniment le plan technique :
39 fin dans son urgence et son ampleur. Pourquoi lit- on si peu ? Pourquoi, en temps de crise, a-t-on comme premier réflexe d’
40 lit-on si peu ? Pourquoi, en temps de crise, a-t- on comme premier réflexe d’économiser sur les livres, plutôt que sur tou
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
41 aute, disions-nous ? Au public ou aux écrivains ? On objectera sans doute que le vrai responsable, c’est la paresse intell
42 ? Car, après tout, le public est à peu près ce qu’ on le fait. En temps normal, il se forme à l’image de ses auteurs préfér
43 tuées dans un grand monde de cinéma. Comment veut- on qu’il en soit autrement, quand Proust, Gide ou Valéry ne paraissent r
44 très petits cercles d’élus ? Le peuple lit ce qu’ on écrit pour lui, et si les grands esprits se désintéressent de son sor
45 laisante. Il s’agit, pour eux, de retrouver ce qu’ on appelle l’oreille du peuple. Mais cela suppose une véritable révoluti
46 ulement d’amuser ou de se montrer original. Et qu’ on ne croie pas que l’art en souffrirait : l’exemple des grands, d’un Da
47 public sur l’importance civique de ces problèmes. On ne manquera pas de me dire que la situation est loin d’être aussi gra
48 ous qu’ailleurs. C’est vrai sans doute. Mais si l’ on se borne à le répéter, cela cessera bientôt d’être vrai : nous suivro
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
49 thèse de doctorat ?3 Quoi de moins actuel, sera-t- on tenté de penser. Notre âge est dur. Le temps des rêves est passé. « N
50 t au romantisme allemand qu’il faut remonter si l’ on veut étudier la source véritable de préoccupations qui parurent fort
51 . Béguin rend à notre littérature un service dont on ne saurait exagérer l’importance. Je n’hésite pas à affirmer que cett
52 sprits d’une lucidité puissante, voire téméraire. On saura gré, d’ailleurs, à M. Albert Béguin, d’avoir su marquer avec ta
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
53 ine et crée le véritable danger dictatorial. Peut- on dire, pour simplifier, qu’avec Roosevelt l’entrée en guerre des États
54 ypothétique joue-t-elle un rôle plus important qu’ on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut bien se l’avouer ici dans le c
55 plus important qu’on ne veut bien le dire, ou qu’ on ne veut bien se l’avouer ici dans le choix qu’est en train de faire l
56 n train de faire le corps électoral américain. Qu’ on ne s’y trompe pas : le parti proallemand est extrêmement faible aux É
57 e ne pourrait le dire avec certitude, pas plus qu’ on ne saurait prévoir l’issue de la campagne. Ce qui rend cette dernière
58 chances, et de ne pas gêner son jeu davantage qu’ on ne fait lors d’un match. On peut applaudir ou huer, mais non pas entr
59 son jeu davantage qu’on ne fait lors d’un match. On peut applaudir ou huer, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’on
60 u huer, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’ on se doit d’applaudir également les points marqués par l’un et l’autre
61 , un peu puéril, mi-publicitaire mi-sportif, et l’ on a souvent peine à croire que l’enjeu de cette compétition soit tout à
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
62 ous l’œil amical de trois-cents policemen montés. On circulait sans nulle peine autour du building du Times, sur lequel pa
63 a journée. À neuf heures, Willkie semblait mener. On vendait à la criée les derniers stocks de boutons au nom des candidat
64 rojecteurs de cinéma. De quelque trentième étage, on déroulait d’immenses serpentins blancs, bleus et rouges. À onze heure
65 ffrait l’appui d’une « opposition constructive ». On brûlait sur les places les panneaux et les insignes de propagande. La
66 u le coup, personne ne se sentait vraiment battu. On peut dire aujourd’hui sans exagération que la réélection de Roosevelt
67 moyens. S’il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on examine son projet, et il arrive qu’on l
68 de mieux à proposer, on le convoque à Washington, on examine son projet, et il arrive qu’on le charge officiellement de le
69 ashington, on examine son projet, et il arrive qu’ on le charge officiellement de le réaliser. Nombreux sont les professeur
70 s’y intéresser, parce que chacun peut espérer qu’ on tiendra compte de son avis ou de ses compétences, qu’on lui « donnera
71 ndra compte de son avis ou de ses compétences, qu’ on lui « donnera sa chance », comme ils disent. Cet esprit de participat
72 nion se sent responsable de ses réactions. Lorsqu’ on sait que l’on sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se co
73 esponsable de ses réactions. Lorsqu’on sait que l’ on sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se contrôle davanta
74 ns. Lorsqu’on sait que l’on sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se contrôle davantage. Contrairement à ce qu
75 on sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se contrôle davantage. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres
76 s sermons, des mandements et des manifestes. Sait- on assez que les Américains sont très conscients et très jaloux de la qu
77 jaloux de la qualité de leur esprit public ? Sait- on assez de quelle passion profonde se charge ici le terme de démocratie
78 é démocratique. » Cela ne fait pas sourire, quand on voit que c’est vrai. j. Rougemont Denis de, « Santé de la démocrat
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
79 l faut être un Européen pour s’en étonner, me dit- on . De fait, pour un Américain qui connaît tant soit peu son histoire, r
80 rtance sociale que chacune d’entre elles y revêt. On peut apprécier diversement cette interpénétration de la vie ecclésias
81 ns de la veille, avec manchettes et sous-titres ; on en accorde beaucoup moins aux conférenciers les plus en vogue. Tourne
82 onnements, et peut-être de prudences aussi, que l’ on n’imagine pas en Amérique… Cherchant à louer une maison, je parcours
83 n : allez au culte de votre paroisse. » Certes, l’ on peut sourire de la publicité qu’étalent les Églises de province, des
84 nse le samedi, même dans les églises catholiques. On peut déplorer la concurrence que se font les diverses dénominations d
85 e. Mais ces traits extérieurs s’expliquent lorsqu’ on découvre la réalité de la vie communautaire dans les paroisses. Deven
86 la paroisse. Plus sociale que religieuse, dira-t- on  ? C’est un risque. Mais c’est aussi une possibilité d’action spiritue
87 nis est particulièrement approuvé, parce que, dit- on , sa piété profonde lui gagnera la confiance des États du Middle West…
88 es passions de haine et d’orgueil collectif que l’ on excite ailleurs « Ô Dieu, priait le chapelain, revêts notre président
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
89 t de voyager vingt fois plus vite qu’en bateau. L’ on décida en conséquence de rendre vingt fois plus pénible et longue la
90 en Europe ne demandait plus que quelques heures ? On y ajouta plusieurs semaines de démarches et contrôles épuisants, rame
91 silence, à quatre heures du matin. Nous donnera-t- on des chambres pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du con
92 se mettent immédiatement à ressembler à ce que l’ on pense d’eux en Europe !) Il y a des chambres, et même des salles de b
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
93 intact. La brusquerie des employés intacte, quand on demande un renseignement et qu’on les voit s’identifier, en un clin d
94 intacte, quand on demande un renseignement et qu’ on les voit s’identifier, en un clin d’œil, avec les règlements « pareil
95 bonhomie des mêmes employés intacte, une fois qu’ on leur a laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas to
96 vin. Et j’ai feuilleté des éditions si belles qu’ on se demande quels talents les méritent. Ce qu’il y a de plus intact en
97 t clair : le mal y est mal venu, tout simplement. On le tient encore pour anormal. J’ai l’impression qu’on exagère un peu,
98 e tient encore pour anormal. J’ai l’impression qu’ on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde se charge de réta
99 ens de voir, du monde, ce qu’il en reste et que l’ on est autorisé à voir : l’un des deux grands et le Tout Petit, qui est
100 ici réunis pour célébrer une défaite victorieuse. On a parlé de funérailles. Il ne s’agit que d’un déménagement. Nous ne p
101 négatif d’un cliché au positif de la photo que l’ on va proposer à notre admiration. Elle tient ses dernières assises dans
102 vide, pour nous ruer vers la grande Amérique où l’ on ne trouve pas une chambre à louer pour plus d’une nuit. Paradoxe de l
103 is qu’importe. Notre idée se « développe », comme on le dit en photographie. Nous partons pour une Ligue meilleure. Et, pl
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
104 devant la guerre entre les États membres. Niera-t- on que ce fût là, trait pour trait, un état comparable à celui de notre
105 problèmes économiques sont plus complexes ; et qu’ on ne peut comparer, sans offense, nos modestes sagesses et les folies s
106 e ; elle existe en dépit de tous les arguments qu’ on oppose aujourd’hui à l’Europe. Son exemple vivant tend à nous démontr
107 rrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’ on peut aller très vite. Car le temps fait beaucoup à l’affaire. Celui q
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
108 mpatients, mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’ on aille vite par doctrine, par manie ou par tempérament, comme nous le
109 cas. Mais nous ne voyons aucun motif de croire qu’ on leur laissera tout le temps d’aller lentement, et le loisir d’être pr
110 inquiets de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’ on vous a permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa, déconce
111 ts. Ces consultés à la troisième puissance — si l’ on peut dire ! — répondent après six mois que c’est prématuré, mais qu’i
112 d’articuler des intentions peut-être subversives ( on chuchote que vous tenez en réserve un projet de timbre-poste européen
113 t imprudent que vos prudences ? Je ne trouve pas. On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’il faut être prudents q
114 trac. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on s’engage dans une entreprise aussi vaste. Ah ! pour le coup, je trouv
115 ne vous êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que l’ on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou a
116 amités. Ceci me rappelle un argument de M. Bevin. On aurait tort, à son avis, de commencer l’Europe par le toit. Je ne sai
117 ces éternelles prudences nous cassent les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre première session consulta
118 t son nid en un jour — toutes affaires cessantes. On peut tout faire step by step, sauf sauter un obstacle. On peut tout f
119 tout faire step by step, sauf sauter un obstacle. On peut tout faire en deux pas, sauf franchir un abîme. Si votre œuvre e
120 vous croyez qu’il vaut mieux ne rien faire, ou qu’ on ne peut rien faire de sérieux, vous pouvez encore rendre un service à
121 d’agir. Avouez que rien ne vous paraît possible, on comprendra que vous n’êtes plus nécessaires. Mais cessez de faire sem
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
122 sieurs d’entre vous, je le sais, s’en affligent. ( On peut penser que ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui, je voudrais vou
123 . De tout cela, Messieurs, vous êtes les Députés. On attend de vous l’invention qui sauve la paix du monde, et qui maintie
124 éputés européens, saurez-vous mériter votre nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, son
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
125 availliste… Les habitudes sociales, les intérêts… On devine ce qu’il y aurait à dire là-dessus. Bref, une seule chose para
126 s, et les conservateurs britanniques des seconds. On devine que ces conservateurs suivent une logique non daltonienne : il
127 -cents ans. Personne ne sait très bien, en somme. On essaie de nous dire que l’opinion y tient. Quelle opinion, et qui l’e
128 leurs armées soient commandées par un Américain. On prétend même qu’ils auraient accepté que leur monnaie perde un tiers
129 netés illusoires — comment faire abandon de ce qu’ on n’a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce ma
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
130 re, dans ses diversités de tous les ordres, que l’ on ne peut préserver que par l’union, et que l’unification tuerait. Mais
131 n, par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’ on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’opini
132 s des Européens se déclarent pour l’union, lorsqu’ on les interroge. Il n’en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l
133 us pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’ on l’entraîne. « On suit ceux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous su
134 a Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l’entraîne. «  On suit ceux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si vous
135 ables. Il y a deux sortes d’opinions, celle que l’ on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’alibi aux démagogues, et l’aut
136 . Presse et radio voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’il a pour lui toute l’opinion. Truman élu, l’opinion c’e
137 ent plus de mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affirmer des principes sans les met
138 de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’ on se contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, cel
139 s Russes qui les assènent. Il faut des actes, dit- on . La phrase est vague. Les actes sont parfois plus vains que les parol
140 raisonnement très simple appuie cette suggestion. On ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils c
141 issante que pourrait constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples sans une propagande massive. Personne n’a
142 me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’ on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car
143 ois-cents divisions de l’armée rouge. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’y a presque plus rien
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
144 il faisait bâtir une église neuve. Au fronton, l’ on peut lire encore : Deo erexit Voltaire. « Deux bien grands noms ! »,
145 é des montres de Ferney, ou des bas de soie que l’ on filait dans sa fabrique. La première paire parvint à la duchesse de C
146 bes à qui vous voudrez ». À ses amis de Paris : «  On fabrique ici beaucoup mieux qu’à Genève… Donnez vos ordres ; vous ser
147 s qui deviennent propriétaires, par un système qu’ on nommerait de nos jours location-vente. « Il commande des maisons à so
148 ne pouvait un seul individu, dans ces temps que l’ on nous a décrits comme adversaires des libertés réelles ! Enfin, Voltai
149 ue ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’ on pense toujours d’un lieu qu’on aime. u. Rougemont Denis de, « Au p
150 de. C’est ce que l’on pense toujours d’un lieu qu’ on aime. u. Rougemont Denis de, « Au pays du Patriarche », Journal de
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
151 ndeur américaine ». Mais quel remède nous offre-t- on à cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’éloquence indignée ?
152 istence autonome dans notre monde du xxe siècle. On sait l’histoire de cette union. En 1787, les treize États qui venaien
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
153 ays de l’Est à quelque forme d’union occidentale. On ne voit pas ce qui empêcherait les 435 millions d’Européens ainsi réu
154 ’Occident vont vivre de leurs seules ressources : on m’entendra. Enfin, prendre au sérieux les relations culturelles, c’es
155 Rien ne m’oblige aux prudences des hommes d’État, on vient de le voir. Les relations culturelles, à mes yeux, sont la cond
156 entre les hommes, je veux dire un langage commun. On a reconnu l’expression qui revient par deux fois, fortement soulignée
157 se le Rideau, c’est pour entrer dans la zone où l’ on parle. Toute l’attitude des Russes à Genève peut se résumer en un seu
158 se à tous le sens des mots qu’il juge convenable. On se rappelle qu’au moment où l’armée rouge tentait d’envahir la petite
159 des, en vue d’une recherche commune — autrement l’ on n’aurait qu’une suite de monologues. Or ces deux conditions du dialog
160 bats, plus actuels et moins rebattus que celui qu’ on vient de mentionner, nous ne saurions demander rien de plus ; nous so
161 ète des Achéens devient un pavillon d’exposition. On ne court plus que le risque normal d’une « compétition pacifique ». I
162 ’a suivi dans la tombe. Et le Kremlin subit ce qu’ on nomme la détente, mot qu’il faut prendre ici dans son sens littéral :
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
163 usque dans nos chambres, criant au secours dès qu’ on tournait le bouton d’un poste de radio, à nos oreilles, appelant l’Eu
164 ue d’arrêter Nasser, s’il prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, et les Hongrois tombent sous l
22 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
165 erprétés dans la logique de cette phénoménologie. On se demande alors ce que l’auteur n’a pas restitué de la croyance des
166 i s’annonce en leur cœur ». Sur une telle phrase, on imagine d’admirables disputations ! On voit bien ce qu’en diraient le
167 le phrase, on imagine d’admirables disputations ! On voit bien ce qu’en diraient les barthiens dont je fus : Ansermet, par
168 ducation chrétienne », p. 231.) Or, ce Dieu que l’ on écrit sans sourciller Ps-Pr-F — comme l’énergie s’écrit mc2 dans la c
23 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
169 jugement et d’expression, le droit d’opposition. On peut certes discuter, contester certaines applications théoriques ou
24 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
170 bjecteur, donc le plus courageux de l’être — si l’ on est sérieux, toutefois, ce qui n’est pas le cas, nécessairement, de t
171 gnot. Si je me relis bien, je n’ai pas proposé qu’ on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale du pays ». Je n’ai
172 mission morale du pays ». Je n’ai pas demandé qu’ on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au ban de notre soci
173 i pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’ on ne le mette pas au ban de notre société et que l’on s’interdise de ré
174 ne le mette pas au ban de notre société et que l’ on s’interdise de répéter que l’objecteur est lâche, un mauvais citoyen
175 u’un État policier ». J’ai dit seulement que si l’ on choisissait de s’en tenir à « l’ordre à tout prix » et à l’écrasement
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
176 ture européenne. C’est la plus petite unité que l’ on puisse trouver. Je suis tout à fait d’accord avec l’historien anglais
177 que la plus petite unité d’étude intelligible qu’ on puisse prendre est une civilisation de dimension continentale. Nous p
178 st apparue avec l’école obligatoire et la presse. On a fabriqué le nationalisme au xixe siècle. En peinture, voyez comme
179 -ce que c’est ? Je ne sais pas très bien ce que l’ on entend par culture bourgeoise, parce que la culture n’a pas été faite
180 hrétienne, transmise par des moines au Moyen Âge. On ne peut parler de culture bourgeoise qu’en pensant aux consommateurs
181 s ne sont pas assez bien formulées ? C’est exact. On dit n’importe quoi, parce qu’on n’a pas fait une bonne analyse de la
182 es ? C’est exact. On dit n’importe quoi, parce qu’ on n’a pas fait une bonne analyse de la situation. Quand Sartre dit aux
183 n’en sais rien. Je sais vers quoi je voudrais qu’ on aille. Le progrès est l’augmentation des risques humains, c’est-à-dir
184 est la seule qui ait conquis le monde entier. Si on déclare qu’elle va mourir, cela revient à dire qu’il n’y aura plus de
185 probablement alors des centaines de morts, quoiqu’ on n’en parle guère. Je ne vois dans le maoïsme aucun germe de civilisat
186 sa caisse, elle ne va pas en sortir toute seule. On nomme des comités pour contrôler la bombe ! C’est aussi absurde que s
187 contrôler la bombe ! C’est aussi absurde que si l’ on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser un vase de Ch
188 des idées, des concepts, des angles de vision qu’ on lui propose et qui s’imposent plus ou moins aux esprits et aux sensib
189 bilités. Mais encore faut-il sentir l’époque si l’ on veut essayer de l’influencer : et c’est à cela que l’art peut nous ai
190 on simple de cette phrase mystérieuse pour peu qu’ on y réfléchisse : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » ag. Ro
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
191 et discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’ on s’interroge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoins de Jéhova q
192 la paix que l’on s’interroge sur la guerre. Si l’ on met à part les Témoins de Jéhova qui constituent un cas particulier,
193 nce. Mais le paragraphe 5 de cet article dit qu’«  on ne peut, pour cause d’opinion religieuse, s’affranchir de l’accomplis
194 un conflit entre les devoirs civiques et ce que l’ on considère comme ses devoirs religieux, ce sont les devoirs civiques q
195 igion qui aboutit, dans certains régimes, à ce qu’ on sait : au régime totalitaire. Colonel Voucher. — Pas chez nous. Denis
196 u conflit prévu par cet article 49, paragraphe 8, on tranche contre la religion chrétienne. Bernard Béguin. — Contre l’int
197 iomphe. Si l’objecteur invoque son christianisme, on lui dira : « Tant pis, c’est le civisme. » Bernard Béguin. — C’est un
198 quel est le sens de cette protection divine que l’ on utilise pour la religion du civisme ? Est-ce que c’est vraiment la mê
199 façon de mettre en évidence certains problèmes qu’ on a tendance à masquer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas
200 se croit bon citoyen parce qu’il fait tout ce qu’ on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’anarchie, mais conduit
201 l y a le royaume de Dieu, et le royaume de Satan. On est soldat de Dieu dans le ciel, ou soldat de Satan sur la terre. Les
202 nt pas encore citoyens, pas encore soldats, et qu’ on lui envoie pour leur premier refus de servir ? Colonel Vaucher. — La
203 tribunal. Au lieu de l’emprisonnement tout court, on prononce l’emprisonnement à subir sous le régime des arrêts répressif
204 r sous le régime des arrêts répressifs ; ou bien, on peut aussi prononcer directement les arrêts répressifs. La différence
205 e détention. Michel Barde. — Il est évident que l’ on ne peut éviter toute promiscuité, mais les objecteurs de conscience d
206 érétiques ? Christian Schaller. — À la limite, on pourrait étendre votre définition et dire que tous les gens qui vont
207 au Moyen Âge dans les tribunaux de l’Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les motifs. On cherchait
208 rchait pas du tout les circonstances, les motifs. On cherchait uniquement la constatation objective que le personnage étai
209 que. Après ça, il n’y avait plus rien à discuter, on le brûlait. Et alors j’ai été un peu scandalisé à l’idée que, dans le
210 ée que, dans le cas de l’objecteur de conscience, on le condamne comme un hérétique, uniquement parce qu’on a enregistré l
211 condamne comme un hérétique, uniquement parce qu’ on a enregistré le fait qu’il était objecteur. On tient compte des ci
212 on a enregistré le fait qu’il était objecteur. On tient compte des circonstances atténuantes Colonel Vaucher. — Ce n
213 fait le cas ne se présente pas. Quand acquitte-t- on le meurtrier ? S’il est totalement irresponsable. Un objecteur totale
214 e droit d’avoir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part que l’objecteur cherche sa condamnation
215 pas perpétuellement. Autrefois, il arrivait que l’ on prononce trois condamnations. C’était trop. Maintenant à la deuxième
216 us avez le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’ on vous demande c’est de faire votre service. Nous ne vous demandons pas
217 de l’antimilitarisme, il faut bien voir que si l’ on hésite à créer un statut de l’objecteur, c’est qu’on a le sentiment q
218 hésite à créer un statut de l’objecteur, c’est qu’ on a le sentiment qu’il vise l’appareil qui défendra les institutions. C
219 ut pas confondre soldat et militarisme. Mais si l’ on discute l’efficacité de la non-violence, il faut aussi discuter l’eff
220 notre monde actuel, de notre système de défense. On ne peut plus raisonner au temps de la bombe atomique comme au temps d
221 de la bombe atomique comme au temps de Morgarten. On peut dire — je l’ai entendu dire par des officiers supérieurs — qu’on
222 ai entendu dire par des officiers supérieurs — qu’ on se prépare très consciencieusement à la dernière guerre. Une des ques
223 ément positif, en dépit de la bombe atomique dont on parle beaucoup sans en connaître les effets. Par deux fois déjà, nous
224 ent les armes. Il faut faire très attention quand on aborde ce problème, en dépit de tout ce qui a été fait à l’étranger.
225 le bombardement de Dresde… Christian Schaller. —  On peut précisément s’étonner que vous ayez pu le tolérer si bien sans c
226 e la solidarité, il faut savoir lequel des termes on va toujours préférer. Or l’on constate qu’on a toujours consacré beau
227 r lequel des termes on va toujours préférer. Or l’ on constate qu’on a toujours consacré beaucoup d’énergie à la neutralité
228 rmes on va toujours préférer. Or l’on constate qu’ on a toujours consacré beaucoup d’énergie à la neutralité et bien peu à
229 sont celles de la planète. Denis de Rougemont. —  On parle de la situation particulière de la Suisse. Je me demande si cet
230 l qu’il se présente aujourd’hui. Je me demande si on peut toujours se référer à notre neutralité comme à une espèce de pri
231 ondre, mais qui me paraissent tellement graves qu’ on doit reconnaître une fonction civique irremplaçable aux objecteurs de
27 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
232 pas le faire, étant écrivain, et Européen ! Quand on constate qu’un écrivain véritable, et d’Europe, n’a jamais écrit sur
233 die monogamique ». De l’unicité, l’amour va, si l’ on peut dire, vers la « pluridimensionnalité ». Avant « la mort de la fa
234 ionnalité ». Avant « la mort de la famille » dont on parle tant, il s’agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phé
235 Mon titre vous répond : L’Amour et l’Occident . On m’a reproché d’avoir passé trop vite sur le lien Europe-amour et l’ab
236 « révolution » et votre pamphlet de jeunesse, qu’ on vient de rééditer, Les Méfaits de l’instruction publique  ? Il y a s
28 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
237 ve, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)am On connaît le problème : Genève, ville internationale, manque d’hinterla
29 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
238 place Cornavin et initiative Franz Weber). Que l’ on parle d’aménagement du territoire, de reconstruction de quartiers, de
239 ées à notre table ronde. De toute évidence, que l’ on y soit favorable ou non, il faut reconnaître que la voiture a très la
240 ubre. » Vous remarquerez l’humour noir, lorsque l’ on pense à la pollution de nos villes… On voit donc très bien que la cré
241 lorsque l’on pense à la pollution de nos villes… On voit donc très bien que la création de l’auto équivaut à l’imposition
242 omplètement changé d’avis. Hubert de Senarclens : On viendrait dire aujourd’hui, M. Peyrot, à l’utilisateur moyen que la v
243 ielle, quel que soit le type de fabrication que l’ on se propose de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture
244 âce aux mass medias et aux moyens financiers dont on dispose. On peut parfaitement aujourd’hui, au niveau social, créer le
245 medias et aux moyens financiers dont on dispose. On peut parfaitement aujourd’hui, au niveau social, créer le besoin d’ut
246 François Peyrot : Permettez-moi d’observer que l’ on ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme à la fin de sa vie, su
247 trie automobile. II Hubert de Senarclens : On parle de la voiture qui rapproche, qui libère, qui rend indépendant.
248 : Mais il faut faire un bilan ! C’est clair que l’ on peut mentionner des avantages comme des inconvénients. L’important es
249 es côtés négatifs. Il ne s’agit nullement — comme on voudrait nous le faire croire dans certains milieux — d’être pour ou
250 vapeur. Cela a été pour lui son chemin de Damas. On voit d’ailleurs très bien le préadolescent dont le fantasme préféré e
251 tement acceptables, même à la limite romantiques, on constate que la voiture a donné exactement le contraire : un rendemen
252 dus, plutôt que la voiture en tant que telle. Car on pourrait adresser exactement les mêmes critiques à d’autres produits,
253 z en faire une bonne ou une mauvaise utilisation. On vit dans une civilisation où la voiture et très importante. Il faut f
254 aut faire façon d’elle. Ce qui me choque c’est qu’ on veut absolument la charger de tous les péchés du monde. Il faut reven
255 ser la liberté du trafic, tout est possible. Mais on ne peut seulement préconiser de rayer la voiture de la surface du glo
256 un phénomène qui m’impressionne beaucoup. Car si on me demande face à cette réalité si je suis pour ou contre la voiture,
257 le dépend aujourd’hui. Pensez-vous qu’à l’origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accepté de rendre toute
258 à l’origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’ on aurait accepté de rendre toute l’économie occidentale dépendante des
259 irs du golfe Persique ? Tout cela pour dire que l’ on ne peut traiter d’une question aussi grave en demandant simplement au
260 exemple très actuel de l’initiative Franz Weber : on ne veut pas reconnaître les pouvoirs constitutionnellement accordés à
261 n gouvernement ou à un parlement. Et, finalement, on entre dans un état de confusion. Jacob Roffler : Je considère comme e
262 tomobile entrave la liberté du plus grand nombre. On en vient à construire des autoroutes à côté de villages, sans que la
263 la raison d’État. Pensez aux expropriations que l’ on se prépare à faire, selon des déclarations officielles, à cause des c
264 e ferons ! disent ces messieurs qui forment ce qu’ on a appelé la « chevalerie du nucléaire ». Les expropriations au nom de
265 r la majorité de la population. Jean Kräyenbühl : On a évoqué tout à l’heure les méfaits des autoroutes. Une des revendica
266 et du trafic nocturne de transit. Alors d’un côté on nous demande de décharger le réseau routier qui n’est pas conçu pour
267 pas conçu pour ce genre de trafic mais, lorsque l’ on veut construire des routes de contournement, qui sont d’un degré de s
268 et qui offrent des nuisances bien moindres, alors on crie au massacre de notre environnement, il y a là une énorme contrad
269 iplier les permis de construire. Une erreur que l’ on commet avec le trafic routier, c’est de transporter beaucoup trop de
270 er beaucoup trop de choses en camion, alors que l’ on devrait davantage utiliser le chemin de fer. Il n’y a aucune raison p
271 vue économique l’avantage est également démontré. On bâtit trop d’autoroutes en Suisse. Étant Neuchâtelois, je connais bie
272 et les débats terribles que cela entraîne : va-t- on passer à travers la ville, va-t-on détruire les rives du lac ? Sans c
273 ntraîne : va-t-on passer à travers la ville, va-t- on détruire les rives du lac ? Sans compter que l’on nous construit une
274 on détruire les rives du lac ? Sans compter que l’ on nous construit une seconde autoroute de l’autre côté du lac qui fera
275 ux automobilistes… Alors face à de telles choses, on est bien obligé de penser que si le fédéral s’obstine, un recours dém
276 du problème de la circulation et des transports. On l’a dit : de plus en plus les gens vont habiter loin du centre, à la
277 ié le visage de la ville. À Genève, je dois dire, on a très tôt vu le danger que représentait une utilisation abusive de l
278 e devrait plus être qu’un appoint. Mais lorsque l’ on passe aux actes, plus personne n’est prêt à abandonner son véhicule i
279 en plus aujourd’hui des centres commerciaux où l’ on peut garer en sous-sol ? J’émets donc un doute sur cette politique de
280 ent, à cet égard, est juste l’inverse de ce que l’ on constate dans les pays en voie de développement. Là-bas vous assistez
281 roulent les activités mais également l’animation. On ne peut pas couper les lieux d’activité des lieux de loisirs. L’homme
282 e, ce jugement est assez impressionnant lorsque l’ on sait que Sauvy est non seulement professeur au Collège de France mais
283 e année du budget de la nation. François Peyrot : On amène une circulation moderne dans des villes qui n’étaient pas faite
284 ophique, sociale ou politique sur la voiture — qu’ on le veuille ou non — n’est-elle pas neutralisée par cette réalité écon
285 rrêter de produire des voitures. Mais ne pourrait- on pas, au moins, envisager de mettre au point des véhicules qui au lieu
286 ir ces voitures qui ne durent pas et auxquelles l’ on doit continuellement changer des pièces. Denis de Rougemont : En ce q
287 tes qui commencent à être atteintes : celles où l’ on subordonne l’économie et en particulier l’industrie automobile à cett
288 nt pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est- on véritablement obligé de provoquer des accidents car cela évite du chô
289 dent à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on vous conseille d’éviter les autoroutes pour emprunter les parcours « 
290 d’un burlesque incroyable, digne de Courteline : on aménage des autoroutes pour rendre la circulation plus fluide mais on
291 outes pour rendre la circulation plus fluide mais on s’aperçoit qu’au moindre départ en vacances les voitures y sont bloqu
292 s, par des milieux médicaux marginaux. Alors doit- on parler de « conspiration du silence » de la part de la grande majorit
293 exagérés ? Jacob Roffler : Je ne pense pas que l’ on puisse parler de conspiration du silence. En fait même si certains ph
294 sur la santé sont loin d’être négligeables. Ainsi on commence à s’apercevoir des conséquences de l’oxyde d’azote sur les p
295 giques que vous devinez. Le reste par le vent. Or on sait — pour l’avoir testé sur des animaux de laboratoires — que certa
296 rtains hydrocarbures sont responsables du cancer. On connaît également le taux de plomb déposé chaque année sur nos routes
297 perte de la joie de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la voiture donne une certaine liberté, on paie celle-ci h
298 oit que si la voiture donne une certaine liberté, on paie celle-ci horriblement cher. Par des milliers de morts, des milli
299 ls restent « gentils ». Cela me rappelle ce que l’ on dit aux États auxquels on vend des centrales : « Surtout ne faites pa
300 la me rappelle ce que l’on dit aux États auxquels on vend des centrales : « Surtout ne faites pas de mal avec ». Ils le ju
30 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
301 Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)ao ap Dans m
302 dernier alla même jusqu’à m’envoyer une photo où on le voyait habillé comme un gardien de but, en train de bloquer un bal
303 ue le régime soviétique continue à faire ce que l’ on sait. D’autant que le gouvernement russe a largement diffusé une broc
304 lors rebiffé avec virulence en déclarant « Quoi ! On veut m’arracher mon drapeau, on en veut à l’honneur de mon pays ! » Q
305 éclarant « Quoi ! On veut m’arracher mon drapeau, on en veut à l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois q
306 eau, on en veut à l’honneur de mon pays ! » Quand on en arrive là, je crois qu’il n’est plus question de sport mais de dél
307 nt donc l’air de glorifier d’affreux tyrans comme on en a plus vu depuis Gengis Khan. Et tout cela fait bien entendu régne
308 nis de, « [Entretien] Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans », Journal de Genève, Genève, 31 mai–
31 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
309 temps, face auxquels il prend position, ou comme on le dit, dès ce temps-là, « s’engage ». Rendons leur place aux essay
310 he plus créateur dans sa prose que dans ses vers. On m’opposera sans doute Racine. Mais toute loi souffre exception, comme
311 n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’ on le jugera. Rendons leur place aux essayistes dans toute littérature d
312 n cas personnel, pour la première fois en public. On s’étonne souvent, ou l’on juge regrettable, que je donne le plus clai
313 remière fois en public. On s’étonne souvent, ou l’ on juge regrettable, que je donne le plus clair de mes journées, depuis
314 s dizaines de jeunes intellectuels, avec ce que l’ on nomme aujourd’hui, d’après une thèse célèbre, « les non-conformistes
315 et suisses, mais aussi d’une manière clandestine, on s’en doute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ils allaient
316 ettre en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé à partir
317 moins gênant, et même plus utile là-bas, pensait- on sans doute en haut lieu. Qu’ai-je fait durant mes six années américai