1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 tations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’est si souvent le cas,
2 emarques sur la psychologie de l’Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent à cette constatation fondamentale que « n
3 notre intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables ». Dès lors, comment collaborer, comment se comprendre,
4 i complexe — sont plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à
5 un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’un ac
6 religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas , d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critique de M. de Tra
2 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
7 tout le monde « se conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main du
8 ristianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas du christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un roman pe
9 Et dix fois, en me le rendant, « Je ne vous dirai pas à quelle heure je l’ai terminé cette nuit ». — « Des livres comme cel
10 s d’une longue lumière boréale. Cette femme n’est pas un ange, ni une sainte. Elle pèche, elle désespère, elle touche le fo
11 vrai sujet de ce grand livre. Je ne vous conterai pas « l’histoire ». Cette chronique d’une vie de femme n’est pas de celle
12 toire ». Cette chronique d’une vie de femme n’est pas de celles qui se résument. Il y a là vingt figures qui mériteraient d
13 elques années à tant de traductions qui ne valent pas dix pages de ce roman ! La mode passe, le public se fatigue, paraît-i
14 ine littéraire, il faut prédire à Sara Alelia non pas un succès de saison, mais la carrière plus discrète, plus populaire e
3 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
15 l’écrivain (I) (15 février 1937)d On n’ignore pas que les partis de gauche, en France, et spécialement le parti communi
16 le mot d’ordre Défense de la culture. Ce qui n’a pas manqué de leur attirer de nombreuses et retentissantes « adhésions »
17 contestées de la France contemporaine. N’y a-t-il pas là (comme disent les étrangers qui ont appris le français dans leur d
18 bite conversion à la cause de l’esprit ? N’allons pas en chercher l’explication au-delà des frontières immédiates de la Fra
19 e comporte ce point de vue simpliste (et ce n’est pas chez nous qu’on la niera) il faut reconnaître qu’il est essentielleme
20 ise est malade elle aussi d’une maladie qui n’est pas le fascisme. Elle me paraît souffrir en premier lieu de l’inculture r
21 vains ! La littérature n’est qu’un luxe, elle n’a pas à nourrir son homme. Et l’on cite M. Duhamel, qui est médecin. Voire 
22 e. Praticable mais néfaste : les livres ne payant pas , il faudra faire du journalisme et courir les rédactions, improviser…
23 roviser… Or les nécessités du journalisme ne sont pas celles de la littérature pure, et nombre d’écrivains des mieux doués
24 poète ou du philosophe, par exemple. Ce qui ne va pas sans risques graves, pour la plupart. Tout cela, que je résume à gran
25 mble, étant faite de telle sorte qu’il n’y trouve pas sa place normale. Et ceci suffirait à expliquer que les meilleures œu
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
26 ré toute leur bonne volonté, les éditeurs ne sont pas des philanthropes. En tout cas, ils ne peuvent plus l’être. Ils ont e
27 ni trop difficile. Tolstoï en 1937 ne trouverait pas un éditeur pour Guerre et Paix : pensez donc, un roman en 10 volumes 
28 oit de refuser les manuscrits qui ne lui plaisent pas . (Et qui trouveront difficilement à se faire accepter par un confrère
29  ? Et avant d’y porter remède, ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pa
30 ur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas seulement matérielles. Je crois au contraire qu’elles affectent les s
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
31 SF, les illustrés et les hebdomadaires. Je ne nie pas que cela explique bien des choses. Mais d’où vient cette paresse ? D’
32 tions commerciales ? Les écrivains ne portent-ils pas une part de responsabilité ? Car, après tout, le public est à peu prè
33 epuis. Les grands auteurs de notre siècle ne sont pas des auteurs populaires. Ils sont à l’usage exclusif d’une classe rest
34 influencer sa morale ou son intellect (je ne dis pas son âme, c’est l’affaire des Églises), il faudrait se soucier d’être
35 user ou de se montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’art en souffrirait : l’exemple des grands, d’un Dante ou d’un T
36 . Mais un tel redressement de la culture n’aurait pas de chance d’aboutir si, d’autre part, le public lui-même n’avait à cœ
37 ceci à l’intention d’un de nos journaux, ce n’est pas pour prêcher les écrivains qui le lisent, mais dans l’espoir d’attire
38 portance civique de ces problèmes. On ne manquera pas de me dire que la situation est loin d’être aussi grave chez nous qu’
39 e. La raison d’être des petites démocraties n’est pas dans le domaine matériel, mais dans le principe communautaire qui ani
40 incipe se mesure au niveau de la culture. (Et non pas seulement de l’instruction !) C’est pourquoi les problèmes culturels
41 e montrer fort exigeant sur ce chapitre, ce n’est pas seulement « faire marcher le commerce », mais c’est aussi faire acte
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
42 on ne saurait exagérer l’importance. Je n’hésite pas à affirmer que cette thèse fera date dans l’évolution naturelle du « 
7 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
43 t un peu plus probable qu’avec Willkie ? Ce n’est pas certain. Mais peut-être cette nuance hypothétique joue-t-elle un rôle
44 le corps électoral américain. Qu’on ne s’y trompe pas  : le parti proallemand est extrêmement faible aux États-Unis, mais le
45 sser à chaque joueur toutes ses chances, et de ne pas gêner son jeu davantage qu’on ne fait lors d’un match. On peut applau
46 s d’un match. On peut applaudir ou huer, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’on se doit d’applaudir également les poi
47 mocratie. Car « démocratie », dans ce pays, n’est pas un terme usé comme il l’était en France, mais un synonyme de santé ci
8 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
48 ty par 270 000 voix de majorité. » Je n’oublierai pas la rumeur qui monta lentement des masses, à mesure que la nouvelle fa
49 le square comme une marée de joie. Je n’oublierai pas le bonheur brillant dans tous ces yeux levés, la fraternisation génér
50 de soutenir Willkie avec ensemble, et qui n’avait pas cessé de démontrer que Roosevelt signifiait ruine, division, guerre e
51 n appui. Les plus hauts fonctionnaires n’hésitent pas à participer à des débats publics, ou à commenter l’activité de leur
52 ues : un ton familier, humain ; des faits, et non pas de vagues et solennelles déclarations de principe ; des appels à la r
53 ns de principe ; des appels à la réflexion et non pas des phrases pathétiques. Et ce souci constant de l’humanité du citoye
54 nt à les résoudre dans l’intérêt commun, — et non pas à répéter à tout propos le credo trop connu d’un parti. Le secret de
55 fait très simple que voici : en réalité, il n’y a pas de partis aux États-Unis. Il serait en effet absolument faux d’assimi
56 e sans partis. Entre le citoyen et les autorités, pas d’autre intermédiaire que l’opinion publique. L’Américain ne possède
57 iciant de la liberté démocratique. » Cela ne fait pas sourire, quand on voit que c’est vrai. j. Rougemont Denis de, « Sa
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
58 découverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’est pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique une place
59 rde »… Et ces professeurs de théologie n’hésitent pas à collaborer aux magazines politiques à gros tirages qui forment l’op
60 peut-être de prudences aussi, que l’on n’imagine pas en Amérique… Cherchant à louer une maison, je parcours les annonces.
10 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
61 t doux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amé
62 , me crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rideaux trop rouges, ces
63 Par quelle Porte allons-nous entrer ? Je ne puis pas distinguer les noms des rues sur ces maisons jaunes ou grises et si b
64 une ville ! Point d’autres sons… Si ! je ne rêve pas  : un coq qui crie, tout là-bas vers les Invalides. L’or pâle du Dôme
65 fait venir les larmes aux yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés, ouv
66 s Champs-Élysées ? Je me disais : « Non, ce n’est pas vrai, je vais me réveiller, je ne suis pas à Paris. » Et c’est bien u
67 n’est pas vrai, je vais me réveiller, je ne suis pas à Paris. » Et c’est bien un de ces tours que nous jouent les cauchema
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
68 le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.) Les maisons des quartiers extérieurs intactes, et
69 Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le mal y
70 eux grands qui, là-bas, occupent la scène ne sont pas représentés dans cette enceinte. Nous laissons à la Suisse minuscule
71 us ruer vers la grande Amérique où l’on ne trouve pas une chambre à louer pour plus d’une nuit. Paradoxe de la crise des lo
12 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
72 l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose. Comment fédérer des nations qui se croient encore souver
73 en main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était répandre, aux utopistes q
74 L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a pas fléchi durant un siècle. Messieurs les députés, neuf mois avaient suf
75 des grandes Nations contemporaines. Mais il n’est pas exact que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alo
76 t davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont pas moins liés, si vous regardez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos c
77 ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l’étaient les nôtres.
78 ne l’étaient les nôtres. Et vos économies ne sont pas plus disparates que celle de Zurich par exemple, et de ses petits voi
79 nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne re
80 n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne reparaisse dans la bouche même de ceux qui
81 tellement différentes… Certes, comparaison n’est pas raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes quo
82 nisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas la Suisse ; elle existe en dépit de tous les arguments qu’on oppose a
83 nous démontrer que la solution fédéraliste n’est pas seulement praticable en principe, mais pratique. C’est assez pour que
84 ait beaucoup à l’affaire. Celui que vous n’auriez pas , Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agir. Mais celui
85 il le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas des paragraphes, mais l’ordre de bataille de l’armée rouge. p. Rou
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
86 0)q Messieurs les députés, Ces lettres ne sont pas un cahier de doléances ou de revendications. Et je n’ai point de cons
87 sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impatients, mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite par
88 s pas impatients, mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite par doctrine, par manie ou par tempérament, comme no
89 na lente nous disent-ils. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’il est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez
90 motivés sur vos intentions véritables. Elle n’est pas sûre qu’une fois dotés d’un instrument un peu meilleur — moins astuci
91 —, vous en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europe envers
92 us voit réticents pour la plupart, inquiets de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins que rie
93 ls aient tous raison à la fois, quand il n’en est pas deux qui tombent d’accord sur autre chose que ne rien faire. Parlons
94 lement imprudent que vos prudences ? Je ne trouve pas . On dirait que vous avez le trac. Vous répétez qu’il faut être pruden
95 perles du genre de Festina lente. Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mè
96 agesse des peuples. Petit à petit, Paris ne s’est pas fait. Mais par deux ou trois décisions, dont celle d’Haussmann, corri
97 uf sauter un obstacle. On peut tout faire en deux pas , sauf franchir un abîme. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y
98 e. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne veut rien.
99 e me résume. L’opinion vous regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités. Elle vous demande « Que voulez-vous faire ? » Si
100 nde « Que voulez-vous faire ? » Si vous ne voulez pas fédérer l’Europe, vous ne voulez rien qui l’intéresse. Si vous ne fai
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
101 s en face de l’inertie de l’Assemblée. Ce n’était pas une attaque, je décrivais ce qu’un chacun peut voir de ses yeux. Et p
102 ais, s’en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui, je voudrais vous dire l’admiration et le res
103 age deux fois millénaire de nos fils. Vous n’êtes pas seulement les députés de quinze villes capitales, et de cent-vingt pr
104 depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, la soci
105 noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses
106 rs, soulevé par la passion de tous les hommes, et pas seulement ceux de notre continent, pour qui le nom d’Europe a représe
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
107 ’Assemblée consultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire
108 t, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas  ; il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il dis
109 re, que ce qui n’y est pas ; il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il distingue un ensemble de pays
110 ; il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il distingue un ensemble de pays peu sûrs, qui d’une part ne
111 oint partie du Commonwealth, d’autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’unir ave
112 autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’unir avec des gens pareils ? Leur exist
113 hlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’Euro
114 ’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’Europe soit une culture, une unité de ci
115 rmes de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas . Il n’y a pour lui qu’un seul problème : la politique du plein emploi
116 le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’est pas européen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous sommes pl
117 es… Le point de vue politique des Dominions n’est pas celui de l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolutions
118 l’Europe, — voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul de ces pays n’est travailliste… Les habitudes sociales, les i
119 nimum ne saurait être envisagé que s’il n’affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se convertit à l’étati
120 a nouveauté du daltonisme, encore qu’elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que la démocrati
121 en en peine d’en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’il faut éviter q
122 lois pénales et aux systèmes fiscaux, je ne vois pas que leur variété ait empêché les États des US ou les cantons de la Su
123 prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire abandon de
124 pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Eu
125 sabotent. Le peuple suisse, il y a cent ans, n’a pas voté la suppression des souverainetés. Ses vingt-cinq États sont souv
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
126 disent que « l’Europe sera socialiste ou ne sera pas  », savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi, et
127 pas », savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas . Voilà l’ennemi, et non point Vichinsky. Et cela vaut pour tous ceux
128 llemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas . Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversit
129 d’intérêts légitimes, sans compromis elle ne sera pas . C’est clair. Seuls, ceux qui veulent passionnément le But se résoudr
130 mes. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’Opinion, par exemple, n’est pa
131 z ces difficultés ! L’Opinion, par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’i
132 l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut pas plus pour fédérer la Suisse. Mais l’opinion veut qu’on l’entraîne. « 
133 ux qui marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourront bien dire
134 je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas , si vous ne faites presque rien. Elle laissera les sceptiques parler
135 s ». Les manchettes des journaux parleront d’un «  pas important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s
136 je vous propose, au nom de l’opinion qui ne parle pas encore. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de
137 eurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement dé
138 t très simple appuie cette suggestion. On ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et d
139 rrait constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples sans une propagande massive. Personne n’a les moyens de l
140 le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas , vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indifférence ; et d
141 enez l’anxiété qui les dicte. Je ne vous écrirais pas si je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’approuve, et q
142 e d’entre vous m’approuve, et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de passion, je m’écriais l’autre jour : si vou
143 dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets de l’Est eur
144 t à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est pas un grand espoir renaissant dans le cœur des masses, aucune armée du m
145 n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique, une doctrine partisane ou une autre, qui résoudr
17 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
146 de toucher les rives du lac ; les paysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’eau. La frontière est partout, sans nulle
147 ac ; les paysans ne sont pas pêcheurs et n’aiment pas l’eau. La frontière est partout, sans nulle raison visible, découpant
148 nir de Voltaire anime toute la région ; il ne vit pas seulement dans les mémoires : ces maisons, ces fabriques, ces allées
149 grandeur nature, dans mon village. Mais ce n’est pas ce petit corps maigre, et ce rire édenté de vieillard polisson qui le
150 vingt arbres, c’est toujours un bien qui ne sera pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envoyés par la grande Catherine, péri
151 es Pâques, non sans ostentation, et ne se privait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vieux père de
152 ’habite à Ferney : « Est-ce que Voltaire ne vient pas lui chatouiller la plante des pieds pendant la nuit ? » Non pas son m
153 iller la plante des pieds pendant la nuit ? » Non pas son mince fantôme, mais certes son exemple vient chatouiller mon imag
18 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
154 litaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de l’aide
155 ’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qui souha
19 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
156 ésarmement moral (19 juillet 1955)w Comment ne pas voir que les thèses officielles, présentées par les Russes avant Genè
157 t à quelque forme d’union occidentale. On ne voit pas ce qui empêcherait les 435 millions d’Européens ainsi réunis de se dé
158 donc d’un fait de culture ; mais comme il n’était pas question d’en discuter, ce fut la force qui trancha. Le second moyen
159 désir de convaincre — sinon le dialogue n’aurait pas d’intérêt ni de raison d’être. Mais il suppose aussi le respect de l’
160 rale de nos peuples !) Parlons et dialoguons, non pas dans des congrès où s’affrontent les démagogies, mais par groupes de
161 redoutable dialectique » du partenaire : ce n’est pas à ceux qui croient cela que les Russes demanderont à parler ! Les con
162 prendre aux hommes de l’Est : ceux-ci n’enverront pas non plus leurs opposants… D’autres craindront que la culture du voisi
20 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
163 enter devant Dieu et demander pardon pour n’avoir pas bougé, pour avoir laissé faire sous nos yeux hébétés, sans un cri, sa
164 à nos oreilles, appelant l’Europe, qui ne pouvait pas répondre, appelant l’Europe sans chefs et sans armée, et sans même un
165 x rauques, étranglées maintenant, non je n’oserai pas demander pardon d’être resté paralysé devant leur appel, tant que je
166 é paralysé devant leur appel, tant que je n’aurai pas fait tout ce que peut un homme libre pour hâter le jour de la vengean
167 avouée périodiquement, la trahison des chefs dont pas un seul n’est mort sous les balles des « réactionnaires », car c’est
168 r Nasser, s’il prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, et les Hongrois tombent sous les balles de
169 is tombent sous les balles des Russes. Je n’écris pas pour mettre ma conscience à l’aise. Je veux certes la mettre à l’aise
170 t homme doit le vouloir avant tout, mais ce n’est pas un article qui pourrait y suffire, il faut agir. Je parlais d’une act
171 om d’homme un communiste quelconque, qui n’aurait pas d’abord abjuré publiquement la cause du crime qu’il a servie. Et juro
21 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
172 ant, et nos sociétés d’écrivains ne se réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mais qu’un écrivain r
173 e réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mais qu’un écrivain russe reçoive le prix Nobel, tout le m
174 on peuple mystique, à la misère du siècle. Il n’a pas voulu rester seul. Quelques-uns des plus grands l’ont osé. Pascal et
22 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
175 3)z Descartes estimait qu’un athée ne pourrait pas faire de physique. Certes, beaucoup de physiciens après lui se sont d
176 vre où il démontre, en somme, qu’un athée ne peut pas faire de musique. Pas davantage que Descartes, Ansermet ne se fonde s
177 somme, qu’un athée ne peut pas faire de musique. Pas davantage que Descartes, Ansermet ne se fonde sur le dogme, sur la Bi
178 st des évangiles, « pivot de l’Histoire », et non pas d’un théisme quelconque, d’une spiritualité plus ou moins bouddhiste
179 ou moins bouddhiste ou guénonienne. Dieu n’étant pas l’objet d’un problème, mais « le fondement commun du monde et de notr
180 e, se trouve d’emblée vidée de sens. « Dieu n’est pas ce qui est vu, mais ce qui voit », écrit très justement J.-C. Piguet,
181 énologie. On se demande alors ce que l’auteur n’a pas restitué de la croyance des Églises ? C’est à vrai dire assez considé
182 e. Mais qu’en dirait Karl Barth lui-même, qui n’a pas fini de nous surprendre ? C’est sans doute par rapport à Pascal qu’il
183 », encore qu’Ansermet dise très bien que ce n’est pas le Dieu des philosophes qui sera d’un grand secours à l’homme d’aujou
23 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
184 devant un tribunal militaire, lequel n’admettrait pas l’excuse d’une « manière de parler » pour faire drôle. Cette mise au
24 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
185 ime et leur action dans la communauté, comment ne pas voir qu’ils sont au moins d’aussi bons Suisses que ceux qui, trop sou
186 e voudriez-vous mais je sais bien que vous n’avez pas le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas condamner « pou
187 le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas condamner « pour la forme », en saisissant l’occasion de dénoncer — p
188 , à un monde qui le connaît mal et ne le comprend pas toujours ? Nous avons en commun le souci du bien public et cherchons
189 ersonnellement la pensée et les mobiles. Il n’est pas difficile, d’autre part, d’admettre que la prison, à titre répressif,
190 des hommes comme Denis de Rougemont, qui ne sont pas eux-mêmes objecteurs, qui ne sont eux-mêmes “ni subversifs, ni anarch
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
191 s précises, pour servir une cause personnelle, et pas du tout pour haranguer la foule par-dessus la tête du président. Si j
192 re — si l’on est sérieux, toutefois, ce qui n’est pas le cas, nécessairement, de tout contestataire de nos institutions. J’
193 lé pour René Bugnot. Si je me relis bien, je n’ai pas proposé qu’on fasse de lui le « dépositaire de la mission morale du p
194 positaire de la mission morale du pays ». Je n’ai pas demandé qu’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au ban
195 u’on le décore, mais simplement qu’on ne le mette pas au ban de notre société et que l’on s’interdise de répéter que l’obje
196 votre sous-titre « Tout ou rien », je ne le crois pas justifié par mon texte, et vous avez raison de refuser de me suivre d
197 n’ai songé à entraîner personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la
198 er personne. Non, je ne pense pas et je n’ai donc pas dit « qu’à défaut d’un statut des objecteurs, la Suisse ne serait qu’
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
199 « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)ag ah Pensez-vous qu’il existe une c
200 mployé au cours des émeutes de mai 1968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une c
201 968. Il n’y a pas de culture bourgeoise. Il n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne. C’est la plus pet
202 re française, de culture allemande, cela n’existe pas . Il y a seulement des différences, des nuances de langue. D’abord, to
203 t, le concerto, la symphonie, que vous ne trouvez pas en dehors de l’Europe. Les grandes écoles d’art ont été communes à to
204 … Et la culture, qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas très bien ce que l’on entend par culture bourgeoise, parce que la cul
205 par culture bourgeoise, parce que la culture n’a pas été faite par des bourgeois. La culture occidentale repose sur l’héri
206 t essentiellement des bourgeois. Ce qui n’empêche pas les ouvriers d’avoir des goûts plus bourgeois que les bourgeois culti
207 ouvez dans les prisons russes. Vous n’y trouverez pas un seul représentant de l’art pompier, parce qu’il est au pouvoir, là
208 piérisme qui tranquillise les gouvernements n’est pas toujours bourgeois, mais il est toujours gouvernemental, dans tous le
209 u pouvoir dans la plupart des pays, mais ce n’est pas elle qui donne ce ton-là, puisque vous le retrouverez dans toutes les
210 méricains : « It doesn’t work », ça ne fonctionne pas , ça ne joue plus. Ne pensez-vous pas que les revendications ne sont p
211 e fonctionne pas, ça ne joue plus. Ne pensez-vous pas que les revendications ne sont pas assez bien formulées ? C’est exact
212 Ne pensez-vous pas que les revendications ne sont pas assez bien formulées ? C’est exact. On dit n’importe quoi, parce qu’o
213 est exact. On dit n’importe quoi, parce qu’on n’a pas fait une bonne analyse de la situation. Quand Sartre dit aux étudiant
214 hoix laissées à chaque individu. Le progrès n’est pas dans le fait (absolument invérifiable et très peu probable) d’un mond
215 a plus de civilisation du tout. Et vous ne croyez pas qu’il y aurait des indices pour une autre culture, une autre civilisa
216 des révolutions que des évolutions ? Je ne crois pas du tout au succès des révolutions. Il n’y en a jamais eu une seule qu
217 des civilisations ? Personnellement, je ne crois pas que les civilisations soient comme les plantes, qui poussent, donnent
218 en Europe recouvre la terre entière ; elle n’est pas à la merci des forces extérieures qui pourraient la détruire. Elle s’
219 tion et d’autocritique extraordinaire. Je ne suis pas pessimiste à son sujet, mais je le suis en ce qui concerne les effets
220 a développé dans cette civilisation. Je ne crois pas que l’homme devient esclave des machines ; il est esclave de certaine
221 ennent les machines comme paravent. L’homme n’est pas esclave de sa voiture, il est esclave de sa vanité sociale par exempl
222 , et dire que j’allais l’oublier : la bombe n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Si vous la laissez tranquille dan
223 la laissez tranquille dans sa caisse, elle ne va pas en sortir toute seule. On nomme des comités pour contrôler la bombe !
224 ce aux toujours plus grands nombres. Mais je n’ai pas envie d’étudier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas mon
225 dier après coup l’histoire de mon temps, ce n’est pas mon souci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé
226 uci, ni ma vocation. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais de trouver les moyens d’en sortir. C
227 r quoi je veux dire plus divin. Et ne me demandez pas si je crois que cela réussira : car nous ne sommes pas là pour essaye
228 i je crois que cela réussira : car nous ne sommes pas là pour essayer de prévoir l’avenir, mais pour le faire, disons d’une
229 le pourra… Après tout, le but de la société n’est pas la société elle-même, mais la personne, c’est-à-dire l’homme, à la fo
230 s de, « [Entretien] Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! », Journal de Genève, Genève, 30–31 août 1969, p. 29. ah.
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
231 , auxquelles le débat que nous présentons ici n’a pas la prétention d’apporter une conclusion définitive. Il s’agit avant t
232 admettre en préalable que ce problème existe. Non pas par l’importance du nombre de ceux qui professent l’objection et en p
233 des motifs d’ordre philosophique, elle n’en puise pas moins ses racines dans des motivations chrétiennes. C’est donc par el
234 l’objection de conscience religieuse. N’y a-t-il pas une contradiction dans le fait que la Constitution fédérale stipule q
235 t juridique est clair : la Constitution ne permet pas l’objection de conscience pour raison religieuse. Il n’y a donc aucun
236 dont l’attitude est anticonstitutionnelle et non pas antimilitariste. Cela doit être dit car la procédure qui conduit à la
237 té pour des motifs religieux… La religion n’est pas le motif exclusif Christian Schaller. — Je ne pense pas qu’il y ai
238 tif exclusif Christian Schaller. — Je ne pense pas qu’il y ait de différence dans les aboutissants entre une objection p
239 religieux. Bernard Béguin. — Donc vous n’invoquez pas le préambule de la Constitution pour vous autoriser à objecter autrem
240 stian Schaller. — Non. Je ne fais personnellement pas de différence entre les diverses catégories d’objecteurs. Je pense qu
241 — je précise que ceux qui font du service ne sont pas nécessairement militaristes… — ou une œuvre anticonstitutionnelle ? C
242 e jugement des tribunaux (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de tous les objecteurs). D’autre part je ne pense pas que la s
243 de tous les objecteurs). D’autre part je ne pense pas que la séparation soit tellement entre militaires et objecteurs qu’en
244 e. Michel Barde. — L’objecteur religieux n’est-il pas plus « intimiste » que l’objecteur humanitaire, attaché à renverser c
245 rser certaines structures ? Christian Schaller. —  Pas forcément. Un christianisme vécu ou un humanisme vécu, peuvent arrive
246 Révolution française et par Napoléon. Il ne faut pas nous raconter d’histoires, c’est la religion qui aboutit, dans certai
247 sait : au régime totalitaire. Colonel Voucher. —  Pas chez nous. Denis de Rougemont. — Non. Mais j’ai dit dans certains rég
248 , en tête d’une Constitution qui n’est absolument pas chrétienne. Bernard Béguin. — Est-elle antichrétienne ? Denis de Roug
249 mais il y a aussi l’esprit des lois. Je ne pense pas que le conformisme soit une qualité première du bon citoyen, et je pe
250 quer d’habitude. Par exemple le fait que ce n’est pas la même chose d’être chrétien et d’être citoyen. L’objecteur prend un
251 pour mettre en évidence un état de fait. Ce n’est pas un anarchiste. Bernard Béguin. — Il peut être ferment d’anarchie. La
252 militaire Bernard Béguin. — Vous ne connaissez pas les troupes genevoises si vous parlez d’obéissance inconditionnelle…
253 ut ce qu’on lui dit, ce conformisme-là ne conduit pas à l’anarchie, mais conduit à la dictature. C’est la démission des cit
254 s lois d’une collectivité démocratique il ne crée pas une superdémocratie, il fait le lit de la dictature. C’est cela qui n
255 bjecteur pour la première fois, quand il n’a même pas 20 ans, qu’il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionnaire Dénéréaz
256 s, quand il n’a même pas 20 ans, qu’il n’est même pas citoyen ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Nous avons quelque 35 000
257 besoin d’eux, et cela montre que si nous n’avons pas en droit un statut pour les objecteurs nous l’avons en fait. L’object
258 armée, lorsqu’il s’agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore soldats, et qu’on lui envoie pour leur pr
259 it de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore soldats, et qu’on lui envoie pour leur premier refus de servir
260 — Alors, il y a quelque chose qui pour moi n’est pas très clair. Colonel Vaucher. — Nous n’y pouvons rien du tout, ce n’es
261 aucher. — Nous n’y pouvons rien du tout, ce n’est pas nous qui déterminons notre compétence. Nous ne pouvons pas la récuser
262 qui déterminons notre compétence. Nous ne pouvons pas la récuser. Bernard Béguin. — Pouvez-vous maintenant définir la punit
263 tement les arrêts répressifs. La différence n’est pas seulement théorique : les arrêts répressifs sont limités à trois mois
264 s de droit commun ? Colonel Vaucher. — Absolument pas . Les arrêts répressifs des objecteurs de conscience sont subis dans d
265 e droit commun. Colonel Vaucher. — Nous ne sommes pas chargés de l’exécution. Ce sont les cantons qui en sont chargés. Et n
266 té des honnêtes gens, c’est vrai ; et je ne pense pas seulement aux objecteurs de conscience. Je pense à tous les soldats q
267 ui ont commis des actes d’indiscipline, qui n’ont pas fait leur service par négligence, ou parce que les conditions de fami
268 ais si. Il y a un délit constitutionnel qui n’est pas un délit pénal. Il y a un Code pénal qui définit l’honnêteté. Vous po
269 ux militaires ont essayé de dire qu’ils n’avaient pas la conviction, mais l’espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’il
270 aussi réalisée. Denis de Rougemont. — Je ne suis pas du tout objecteur de conscience moi-même. J’ai fait pas mal de servic
271 tout objecteur de conscience moi-même. J’ai fait pas mal de service dans ma vie. Mais je suis intervenu à propos d’un de m
272 plus forte, puisqu’il ne changerait certainement pas son fusil d’épaule — après avoir refusé de le porter. J’ai eu l’impre
273 étaient toujours punis, et que le procès n’avait pas d’autre objet que de déterminer si les conditions objectives de l’obj
274 s les tribunaux de l’Inquisition. On ne cherchait pas du tout les circonstances, les motifs. On cherchait uniquement la con
275 tances atténuantes Colonel Vaucher. — Ce n’est pas exact. Si l’objecteur bénéficie de circonstances atténuantes ou excul
276 oui, bien sûr, mais en fait le cas ne se présente pas . Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’il est totalement irresponsable
277 urs que j’ai connus étaient des gens sensés. Donc pas de maladie mentale, pas de circonstance atténuante ou exculpante dans
278 ent des gens sensés. Donc pas de maladie mentale, pas de circonstance atténuante ou exculpante dans ce sens-là. Ils ne plai
279 voir eu un vrai conflit de conscience. On ne peut pas dire d’autre part que l’objecteur cherche sa condamnation. Il accepte
280 rt avec leurs principes. Enfin nous ne condamnons pas perpétuellement. Autrefois, il arrivait que l’on prononce trois conda
281 ersonnages dans les deux juridictions. Ce ne sont pas des officiers de carrière qui, en règle générale, sont juges militair
282 vent absolument intolérants. Ils n’ont absolument pas la compréhension que vous avez. Ils sont violemment contre : « Ce son
283 Rougemont. — Effectivement, dans l’armée je n’ai pas entendu ça. Colonel Vaucher. — Je tiens beaucoup à le dire : nous ne
284 e tiens beaucoup à le dire : nous ne représentons pas l’armée au tribunal militaire. Nous représentons le peuple, et si le
285 êtes officier de carrière. Est-ce qu’il ne serait pas plus simple, pour vous, d’admettre un service civil ? Est-ce que ça a
286 onnaire Dénéréaz. — Le Tribunal militaire ne juge pas l’objecteur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pas servir
287 eur de conscience. Il juge le citoyen qui ne veut pas servir — parce qu’il est objecteur. Ce n’est pas la même chose. Colon
288 pas servir — parce qu’il est objecteur. Ce n’est pas la même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne manquons pas de leur dire c
289 a même chose. Colonel Vaucher. — Nous ne manquons pas de leur dire chaque fois : « Vous avez le droit de critiquer l’armée.
290 st de faire votre service. Nous ne vous demandons pas de l’aimer, ni d’en être partisan. » Denis de Rougemont. — L’objecteu
291 s de Rougemont. — L’objecteur de conscience n’est pas quelqu’un qui trouve que l’armée est mal faite. Il veut manifester co
292 Béguin. — Quand vous dites que l’objection n’est pas de l’antimilitarisme, il faut bien voir que si l’on hésite à créer un
293 compatibles ? Christian Schaller. — Il ne faut pas confondre objection et non-violence, comme il ne faut pas confondre s
294 ondre objection et non-violence, comme il ne faut pas confondre soldat et militarisme. Mais si l’on discute l’efficacité de
295 n ? Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Je ne crois pas que tout cela soit dépassé. Je suis un officier de métier, un technic
296 grand état-major allemand a estimé que ce n’était pas suffisant. Demain ? Nous avons l’armée la plus nombreuse d’Europe. Ce
297 us fais sourire peut-être ? Christian Schaller. —  Pas du tout. Avec les armes conventionnelles, certainement. Colonel divis
298 ement. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Il n’est pas dit que la bombe atomique intervienne dans les combats. Je ne veux pa
299 atomique intervienne dans les combats. Je ne veux pas faire ici de la tactique. Je suis persuadé que l’État ne peut pas met
300 la tactique. Je suis persuadé que l’État ne peut pas mettre en doute, surtout dans notre communauté helvétique, la justifi
301 uns, il y aurait de bons chrétiens qui ne portent pas les armes, et de mauvais chrétiens qui portent les armes. Il faut fai
302 ogrès… Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Ce n’est pas un progrès. Vous dites, la guerre est un mal. C’est ma conviction int
303 il a dit : « Objecteurs de conscience ? oui, mais pas en Suisse. Pour quelle raison en Suisse ? Nous ne voulons de mal à pe
304 suisse nous a épargné d’être hitlérisés. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais maintenant j’ai changé d’avis à caus
305 fait d’accord. Bernard Béguin. — Nous ne pouvons pas ignorer non plus, qu’actuellement encore, à l’extérieur de nos fronti
306 s le faire en Suisse. Nous ne pourrions peut-être pas le faire en Russie. Mais je pense, pour ma part, que si la neutralité
307 darité implique d’abord la survie. Vous ne pouvez pas être solidaire si vous courez le risque de l’anéantissement. Christia
308 sent par tous les coins du monde. Nous ne pouvons pas simplement défendre les frontières du passé sans tenir compte du fait
309 Suisse. Je me demande si cette situation ne crée pas des devoirs particuliers aux Suisses dans la prise en considération e
310 comme à une espèce de privilège, et s’il ne faut pas dire aussi : Neutralité oblige, allez plus loin. Tout ce que je voudr
311 se poser des questions auxquelles je ne prétends pas répondre, mais qui me paraissent tellement graves qu’on doit reconnaî
28 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
312 rquoi et comment vous imaginez que j’aurais pu ne pas le faire, étant écrivain, et Européen ! Quand on constate qu’un écriv
313 ai publiés, ce n’est guère envahissant. N’oubliez pas mes journaux réunis par Gallimard en un volume, et tous mes ouvrages
314 de L’Amour et l’Occident . Si le second ne renie pas le premier, toutefois il le rectifie. Comment expliquez-vous cette mu
315 -même , je cherche les complémentarités. Il n’y a pas mutation, mais maturation. J’ai voulu faireal, par des exemples tirés
316 le mieux défendu, Éros et Agapè ne pourraient-ils pas nouer une alliance paradoxale, au sein même du mariage accepté ? L’ét
317 vez donc confiance dans cet avenir ? Nous n’avons pas à prédire l’avenir mais à le faire. aj. Rougemont Denis de, « [Ent
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
318 ens spéciaux pourraient s’instituer. Il ne s’agit pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon — une sorte de m
30 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
319 ional de l’automobile de Genève, tout en ne niant pas certains inconvénients qui se rattachent à la voiture, n’en demeure p
320 ents qui se rattachent à la voiture, n’en demeure pas moins un farouche partisan. Sur le plan social, parce qu’il estime qu
321 notre affaire, vous décrivez une voiture née non pas d’une nécessité économique quelconque, mais de l’imagination d’un Hen
322 ntrée de jeu, je souhaite affirmer que je ne suis pas contre l’automobile. D’ailleurs je n’aurais pas l’outrecuidance de pe
323 s pas contre l’automobile. D’ailleurs je n’aurais pas l’outrecuidance de penser que le problème de l’auto soit tranché du s
324 ational-socialisme. Et j’espère qu’il n’y en aura pas une troisième qui serait celle des centrales nucléaires… La première
325 ut le monde me mettait en garde, car il n’y avait pas de demande pour les automobiles et même les gens trouvaient cet objet
326 quivaut à l’imposition d’un besoin qui n’existait pas avant. Les premières années, Ford n’a vendu que cent ou deux cents vo
327 e réaction assez vive. François Peyrot : Il n’y a pas d’invention au monde qui n’ait été faite sans un besoin et sans des a
328 ées et des années de recherches. L’auto n’échappe pas à la règle. Je suis pour ma part convaincu — et n’importe quel indust
329 ndustriel vous le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle fond
330 mera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fabrication possible. C’est une règle fondamentale de notre civili
331 Ford ait dit que le besoin de voiture n’existait pas , mais qu’il l’avait créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les
332 re n’existait pas, mais qu’il l’avait créé, n’est pas une démonstration suffisante. Les financiers qui mettent des capitaux
333 s en faux contre cette interprétation. Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais
334 Ce n’était pas lui qui a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture, mais tous ses amis. C’était la vox populi.
335 vous preniez le train. Vous partez en vacance non pas le samedi matin, mais le vendredi soir pour éviter les embouteillages
336 e Rougemont : Vous dites, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un dogme !
337 , M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de production possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la voitu
338 eyrot : Permettez-moi d’observer que l’on ne peut pas tirer d’une déclaration d’un homme à la fin de sa vie, sur une partie
339 es, pour la placer en vérité absolue. M. Ford n’a pas inventé l’automobile. Il a été le pionnier de sa fabrication standard
340 s soixante voitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créa
341 t le développement effréné de la voiture n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? François Peyrot :
342 ous demandez si la prolifération des autos n’en a pas réduit les avantages. Mais c’est certain qu’elle les a réduits en par
343 ns milieux — d’être pour ou contre, d’en avoir ou pas . Cela équivaut à réduire le problème à une dimension absolument puéri
344 bien nous mener. Mais voilà, Henry Ford ne s’est pas posé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il adviendrait si
345 s actuel de l’initiative Franz Weber : on ne veut pas reconnaître les pouvoirs constitutionnellement accordés à un gouverne
346 François Peyrot : Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre l’initiative qui est constitutionnelle. Mais je suis contre le
347 tains tracés contre la volonté populaire, ne sont pas , selon moi, une illustration parfaite de la démocratie. Ce qui me par
348 tour du Gothard. Il s’agissait de communes et non pas de corps constitués. Car ces derniers ne sont nullement de droit divi
349 té soumise à un délai référendaire. Mais il n’y a pas eu de référendum. Si le peuple suisse donne raison le 26 février à M.
350 demande de décharger le réseau routier qui n’est pas conçu pour ce genre de trafic mais, lorsque l’on veut construire des
351 qui concerne les transports en commun, l’État n’a pas été particulièrement rapide ! Jean Kräyenbühl : Il semble qu’il y ait
352 e qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’il ne faille pas lutter par une meilleure information. François Peyrot : Ce que dit Je
353 activités mais également l’animation. On ne peut pas couper les lieux d’activité des lieux de loisirs. L’homme est un tout
354 blique. Je veux bien qu’il mentionne Paris et non pas Genève où les choses se déroulent autrement. Mais tout de même, ce ju
355 circulation moderne dans des villes qui n’étaient pas faites pour la recevoir. Il en résulte, c’est clair, des problèmes pr
356 la voiture — qu’on le veuille ou non — n’est-elle pas neutralisée par cette réalité économique ? François Peyrot : En effet
357 ien que pour la Suisse — qui pourtant ne fabrique pas directement d’automobiles — , cela représente 80 000 emplois. C’est c
358 votre voiture va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer. Il y a par le monde plus de 200 000 p
359 ter de produire des voitures. Mais ne pourrait-on pas , au moins, envisager de mettre au point des véhicules qui au lieu de
360 r gaspillage — de voir ces voitures qui ne durent pas et auxquelles l’on doit continuellement changer des pièces. Denis de
361 cette affaire d’emploi. Mais n’y a-t-il vraiment pas d’autres moyens de créer des emplois ? Est-on véritablement obligé de
362 s la carrosserie. Je pose le problème, je ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce
363 ne suis pas redevable de la réponse. Car ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa multiplicat
364 ar ce n’est pas moi qui ai conçu l’auto, ce n’est pas moi qui pousse à sa multiplication ou à la construction d’autoroutes.
365 fortement exagérés ? Jacob Roffler : Je ne pense pas que l’on puisse parler de conspiration du silence. En fait même si ce
366 ui concerne les accidents, je pense qu’il ne faut pas prendre uniquement en considération le choc ou la blessure mais l’ens
367 reux c’est l’homme. La bombe atomique seule n’est pas dangereuse. Mais le risque apparaît lorsque vous donnez aux hommes te
368 le. Car même en les baratinant, vous n’obtiendrez pas qu’ils restent « gentils ». Cela me rappelle ce que l’on dit aux État
369 quels on vend des centrales : « Surtout ne faites pas de mal avec ». Ils le jurent tous. Ils paient 6 milliards pour une us
370 cins à le déterminer. Et jusqu’à présent cela n’a pas tellement été fait. J’ai assisté à toutes les séances sur les règleme
31 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
371 e en général. De toute façon, je ne vois vraiment pas le rapport qui existe entre la performance de l’athlète et le pays d’
372 ent leurs raisons, à savoir qu’elles ne voulaient pas servir la publicité d’un régime scandaleux, la guerre n’aurait pas ét
373 licité d’un régime scandaleux, la guerre n’aurait pas été évitée certes, mais se serait sans doute engagée dans des conditi
374 ationalisme. Mais certains ne seraient sans doute pas du tout d’accord avec ce changement radical. D’ailleurs je voyais l’a
375 crire des phrases telles que « Tartampion ne fait pas de quartier, il écrase ses adversaires, dicte sa loi », un peu comme
376 ressivité peuvent se déchaîner. Ne serait-il donc pas temps de revenir à une vraie morale du sport telle que je l’admirais
32 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
377 e : c’est quelqu’un qui publie bien sûr, mais n’a pas publié un seul roman, un seul recueil de poèmes, ni même une seule pi
378 sque c’est le cas d’un essayiste qui n’écrit même pas sur la chose littéraire, ou à la rigueur philosophique, mais sur les
379 es persanes, le Voltaire des écrits polémiques et pas du tout des tragédies en vers, le Rousseau des Rêveries et des Confes
380 écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendons leur pla
381 stration, et de présidences de comités : je n’ose pas vous dire combien depuis trente ans, plusieurs centaines, je le crain
382 cifisme ? Je passe donc aux aveux : ils ne seront pas complets, faute de temps, mais candides. Deux séries de motifs pourra
383 rions à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les trois régimes totalitaires et les régimes dit
384 nu pour responsable de ses actes si ceux-ci n’ont pas été accomplis librement (les juristes connaissent bien cela) et à l’i
385 e fédération de l’Europe. L’idée générale n’étant pas de créer une puissance nouvelle — un « troisième Grand » dans le cas