1 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
1 tes ont dénoncé certaines des confusions sur quoi se fondent ces poétiques espérances ou ces craintes imaginaires. Beaucou
2 nt le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut-il s’ entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des Or
3 ans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que s’ accumulent les traits qui composent le portrait moral de l’Oriental, c
4 portrait moral de l’Oriental, celui de l’Européen se précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car i
5 rt de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’ il dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une politesse, leur pa
6 posables ». Dès lors, comment collaborer, comment se comprendre, et si c’est impossible, pourra-t-on du moins éviter le co
7 Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’il éprouve à se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant
8 t romantisme pour édifier aucun système. Le livre se termine par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le
9 e amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il s’ impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette pré
10 n livre : cette impartialité même, cette façon de se placer en face des choses, tout près, mais sans jamais s’y perdre ou
11 r en face des choses, tout près, mais sans jamais s’ y perdre ou se confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mi
12 choses, tout près, mais sans jamais s’y perdre ou se confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le
2 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
13 en grosses lettres, et tout cela finira bien par s’ arranger, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’est résign
14 , comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’ est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au
15 t bazar, qui sonne rouge et jaune aussi). Soudain se dresse une énorme maison de pierre brune, puis une banque en style ho
16 ts de fer. Contre leurs piles, en hiver, viennent se briser avec un fracas sourd les îlots de glace qui descendent lenteme
17 t lentement le fleuve. Au cœur de Prophète chauve s’ élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falais
18 be, froide et nue, mais dans son flanc une grotte s’ illumine, et la Vierge y sourit. Le château royal avec son amiral rége
19 iral régent et ses gardes blancs aux casques d’or s’ avance en proue, dominant superbement cette ville désordonnée. Derrièr
20 démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’elle s’ amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme
21 une langue totalement incompréhensible, rient et s’ enivrent comme plus un Européen ne sait le faire, et dansent à tout pr
22 e un visage romantique et ardent dont le voyageur s’ éprend malgré lui, malgré tout, comme d’une passion poétique un peu fo
3 1934, Journal de Genève, articles (1926–1982). Sara Alelia (25 mai 1934)
23 roman chrétien ? Une histoire où tout le monde «  se conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le per
24 idence » mise en action au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu,
25 s des « païens », d’un Thomas Hardy, par exemple, se devaient en conséquence de finir carrément mal ? Non, car le christia
26 e finir carrément mal ? Non, car le christianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas du christianisme. Et l’on sera
27 n qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant, s’ il est certain que l’Évangile et ses promesses de salut sont seuls cap
28 it le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme large à travers une humanité vivement contrasté
29 ies, l’originalité bouleversante des êtres, qu’il s’ agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage
30 nt les Écritures ; peut-être aussi des saints qui se croient plus mauvais que tous ; surtout et jusque dans les choses, un
31 et jusque dans les choses, un mystère inquiétant se révèle aux yeux de celui qui sait voir parce que, mieux que d’autres,
32 onique d’une vie de femme n’est pas de celles qui se résument. Il y a là vingt figures qui mériteraient d’être citées, et
33 dix pages de ce roman ! La mode passe, le public se fatigue, paraît-il. « Achetez français », disent les critiques, à l’i
34 affreux barbarisme importé d’outre-Manche). Mais s’ il est une justice dans le domaine littéraire, il faut prédire à Sara
4 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (I) (15 février 1937)
35 près tout de cette condition des écrivains. L’on s’ en fait une idée romantique : le poète pauvre et méconnu, dans sa soup
36 it des « intellectuels en chômage ». Ou bien l’on s’ imagine un auteur à succès choyé par les « femmes du monde », hommes d
37 t ou largement dépassé l’âge de la retraite, l’un se voit obligé de courir le monde pour faire des reportages, l’autre est
38 istique requiert toutes les forces d’un homme, et s’ accommode très mal de la dispersion de ses efforts. Comme, d’autre par
39 ature pure, et nombre d’écrivains des mieux doués s’ y montrent assez inhabiles. On retombe d’ailleurs ici dans le cas du s
40 u second métier, aggravé sans doute du fait qu’il s’ agit encore d’écrire, mais dans un style qui ne saurait être celui du
41 exploités par des politiciens qui, par ailleurs, se moquent un peu de la culture ! En vérité, il est grand temps de mettr
42 dans tout cela. Mais il faudrait d’abord que cela se sache ! d. Rougemont Denis de, « Condition de l’écrivain I », Jour
5 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (II) : La grande misère de l’édition (22 février 1937)
43 ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à «  se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un point d’honneur de dé
44 eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un point d’honneur de découvrir et d’imposer certains auteu
45 ux, donc peu vendables au début. Aujourd’hui, ils se voient obligés de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils re
46 s au début. Aujourd’hui, ils se voient obligés de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils renoncent à former ces
47 du public. Ils renoncent à former ces goûts. Ils se contentent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoir,
48 vait le prévoir, le niveau baisse… Les moralistes se récrient en vain : l’éditeur répond qu’il faut vivre ! Règne de la pu
49 té et de la littérature faite sur commande, comme s’ il ne s’agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. O
50 la littérature faite sur commande, comme s’il ne s’ agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On exige
51 orsqu’il parut, 15 exemplaires ? Nul ne peut plus se payer de telles fantaisies. Ainsi la situation est telle qu’un éditeu
52 tuation est telle qu’un éditeur, bon gré mal gré, se voit souvent contraint de refuser les meilleurs livres qu’on lui offr
53 i offre, et cela pour les meilleures raisons ! Ou s’ il tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper aill
54 tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper ailleurs, et de publier, pour compenser sa perte, de bonnes
55 es des exceptions à cette règle déplorable. Elles se font excessivement rares.) Les débats passionnés que vient de souleve
56 u’à 50 ans après la mort de l’écrivain. L’éditeur se réserve en outre le droit de refuser les manuscrits qui ne lui plaise
57 plaisent pas. (Et qui trouveront difficilement à se faire accepter par un confrère, on l’imagine.) On escompte ainsi les
58 déficitaires, mais qui plus tard, si la célébrité se dessine, se verra prisonnier d’un contrat de débutant, précisément !
59 , mais qui plus tard, si la célébrité se dessine, se verra prisonnier d’un contrat de débutant, précisément ! Au bénéfice
60 us les écrivains applaudissent. Mais les éditeurs se récrient, et on les comprend assez bien : on les priverait de la réco
61 ublic, ou même de la culture et de la nation, qui se pose enfin dans son urgence et son ampleur. Pourquoi lit-on si peu ?
62 vant d’y porter remède, ne conviendrait-il pas de s’ interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas seul
63 ure dans leur pays. Pourquoi donc nos démocraties se laisseraient-elles battre sur ce terrain, où elles disposent des meil
64 x le problème de la culture, — si toutefois elles se le posent à temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’écriva
6 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). Condition de l’écrivain (III) : Mission civique de la culture (1er mars 1937)
65 e de la culture (1er mars 1937)f Si les livres se vendent si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’importance
66 les livres se vendent si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’importance réelle de cette crise, à qui la faute
67 où vient cette paresse ? D’où vient que le public se défende aussi mal contre les sollicitations vulgaires des distraction
68 à peu près ce qu’on le fait. En temps normal, il se forme à l’image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapport
69 ulture, et en particulier la littérature, a voulu se séparer des intérêts fondamentaux de la nation. Ce phénomène est appa
70 du peuple, nous voyons aujourd’hui ce même peuple se contenter du roman policier ou de quelques pornographies situées dans
71 ce qu’on écrit pour lui, et si les grands esprits se désintéressent de son sort, il ne peut que leur rendre la pareille. A
72 bles succès. C’est le sens même de la lecture qui s’ est perdu. Et s’il s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grand
73 st le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’ il s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivai
74 sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’il s’ est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains on
75 nds de nos écrivains ont beaucoup fait pour qu’il se perde en se « distinguant » volontairement des préoccupations, jugées
76 crivains ont beaucoup fait pour qu’il se perde en se « distinguant » volontairement des préoccupations, jugées vulgaires,
77 et ruiné leur autorité. Ils sont donc mal venus à se plaindre. Mais la société en pâtit, plus gravement qu’elle ne le croi
78 croit, sans doute. Une situation si compromise ne se rétablira point par quelque truc, loi nouvelle ou campagne de propaga
79 truc, loi nouvelle ou campagne de propagande. Il s’ agit bien plutôt que les écrivains reprennent le sens de leur fonction
80 les y invite avec une insistance déplaisante. Il s’ agit, pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’oreille du peuple. Mai
81 on âme, c’est l’affaire des Églises), il faudrait se soucier d’être utile, de servir la communauté, et non plus seulement
82 communauté, et non plus seulement d’amuser ou de se montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’art en souffrirait : l’
83 qu’ailleurs. C’est vrai sans doute. Mais si l’on se borne à le répéter, cela cessera bientôt d’être vrai : nous suivrons
84 ime la fédération. Or, la force d’un tel principe se mesure au niveau de la culture. (Et non pas seulement de l’instructio
85 ourquoi enfin, j’y reviens, acheter des livres et se montrer fort exigeant sur ce chapitre, ce n’est pas seulement « faire
7 1937, Journal de Genève, articles (1926–1982). L’Âme romantique et le rêve (23 mars 1937)
86 roclamait récemment M. Goebbels. Mais, tandis que s’ élevait l’immense rumeur des heil ! et la vocifération triomphale des
87 lle que l’a poursuivie M. Albert Béguin, viennent s’ ajouter, en 1937, des opportunités plus précises d’ordre culturel et l
88 e humaine, dit en débutant notre auteur, pourrait se définir, de façon suffisamment profonde, par les relations qu’elle ét
89 r notre époque, plus que toute autre semble-t-il, s’ est attachée à l’étude des rêves : qu’il suffise de citer Freud et Jun
90 tre part, l’école surréaliste. Une vague de rêves s’ est étendue sur les années de l’après-guerre, fécondant de vastes doma
91 réoccupations qui parurent fort nouvelles lorsque se vulgarisa l’œuvre de Freud. M. Béguin, d’ailleurs, prend ses distance
8 1940, Journal de Genève, articles (1926–1982). Veille d’élection présidentielle (14 novembre 1940)
92 qu’on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut bien se l’avouer ici dans le choix qu’est en train de faire le corps électora
93 n de faire le corps électoral américain. Qu’on ne s’ y trompe pas : le parti proallemand est extrêmement faible aux États-U
94 llant aux candidats socialiste et communiste. Que s’ est-il passé ? Personne ne pourrait le dire avec certitude, pas plus q
95 es explications. En Europe, la violence politique s’ exprime par des bagarres et des injures, par une fanatique intolérance
96 e intolérance de part et d’autre. En Amérique, il s’ agit de quelque chose qui rappelle beaucoup plus la violence d’un matc
97 très exceptionnel. Loin d’exulter, les démocrates s’ excusent, déplorent, sont désolés. Le manifestant lui-même se déclare
98 déplorent, sont désolés. Le manifestant lui-même se déclare désolé… Car la règle tacitement admise est de laisser à chaqu
99 uer, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’on se doit d’applaudir également les points marqués par l’un et l’autre des
100 s ce grand débat démocratique. Toute la polémique se ramène à deux séries d’arguments : arguments de techniciens et argume
101 isant — Roosevelt — et d’un autoritaire plébéien, s’ accusant réciproquement de tendances antidémocratiques. La seule concl
102 antidémocratiques. La seule conclusion claire qui se dégage de ces paradoxes politiques me paraît être la suivante : Quoi
103 arrive le 5 novembre, l’unanimité des Américains se reformera toujours sur le mot d’ordre : démocratie. Car « démocratie 
9 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Santé de la démocratie américaine (17 janvier 1941)
104 didats. À dix heures, les chapeaux commencèrent à s’ orner de bandes de papier portant : « Je vous l’avais bien dit ! » Une
105 sure que la nouvelle faisait le tour du bâtiment, se transmettait dans la profondeur des rues environnantes et revenait su
106 e dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame s’ occupe aujourd’hui, comme toutes ses pareilles, à réunir des conserves
107 que la démocratie avait tenu le coup, personne ne se sentait vraiment battu. On peut dire aujourd’hui sans exagération que
108 lus violentes laissent peu ou point de rancune et se résolvent si rapidement aux États-Unis, c’est en grande partie à caus
109 la constante circulation d’idées et d’hommes qui s’ est établie dans ce pays entre le gouvernement et la population. L’opi
110 L’opinion questionne, le gouvernement répond, il s’ explique, il écoute à son tour. N’importe quel citoyen peut critiquer
111 la presse et la radio lui en offrent les moyens. S’ il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, o
112 Elle n’est plus l’affaire des partis. Chacun peut s’ y intéresser, parce que chacun peut espérer qu’on tiendra compte de so
113 ment et sur l’opinion. Il incite les dirigeants à s’ expliquer franchement devant le peuple, et à ne rien entreprendre sans
114 les auditeurs de la radio : voilà le problème qui se pose, voilà ce que nous avons fait, voilà ce qui reste à faire. Le pr
115 ce souci constant de l’humanité du citoyen, qu’il s’ agisse des nationaux ou des étrangers… Ainsi informée et formée, l’opi
116 es étrangers… Ainsi informée et formée, l’opinion se sent responsable de ses réactions. Lorsqu’on sait que l’on sera pris
117 sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se contrôle davantage. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres rép
118 on se contrôle davantage. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres républiques, l’opinion américaine discute réellem
119 Leur opposition reste fluente, mal définie… Elle se cristallise, et encore est-ce dans les courtes périodes d’élection, d
120 public ? Sait-on assez de quelle passion profonde se charge ici le terme de démocratie ? En tournant tout à l’heure le bou
10 1941, Journal de Genève, articles (1926–1982). Religion et vie publique aux États-Unis (18 février 1941)
121 te et plus visible. Il faut être un Européen pour s’ en étonner, me dit-on. De fait, pour un Américain qui connaît tant soi
122 des fanatiques d’une foi, des missionnaires. Mais s’ ils trouvaient sur le sol américain la liberté de célébrer leur culte,
123 lexe de ces apports religieux successifs. Ceux-ci se confondent souvent d’ailleurs avec les apports raciaux. Un Américain
124 d’être Hollandais d’origine ; Allemand ou Suédois s’ il est luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et s’il est catholi
125 Allemand ou Suédois s’il est luthérien ; Anglais s’ il est presbytérien ; et s’il est catholique, Irlandais ou Italien. À
126 st luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et s’ il est catholique, Irlandais ou Italien. À ces différences d’origine s
127 Italien. À ces différences d’origine sont venues s’ ajouter, par la suite, des différences de classe : l’Église baptiste e
128 re connu et médité en Suisse, d’autant plus qu’il s’ est vu curieusement négligé par la presque totalité des observateurs e
129 catholiques. On peut déplorer la concurrence que se font les diverses dénominations dans un même village. Mais ces traits
130 dans un même village. Mais ces traits extérieurs s’ expliquent lorsqu’on découvre la réalité de la vie communautaire dans
131 un milieu social, des amis, des appuis matériels s’ il le faut. Dans ce pays énorme, qui manque de cadres traditionnels, e
132 ique », déclarant après son installation qu’il va se retirer à la campagne pour une semaine de recueillement. Le choix de
133 du Congrès, dans une église de la capitale. Cela s’ intitulait : « La nation prie avec son président. » Le speaker comment
134 entait : « Maintenant, le président et M. Wallace s’ agenouillent avec toute la congrégation… Le chœur entonne le cantique 
135 naugural terminé, et à peine les applaudissements se sont-ils apaisés, une voix forte prononce : « Au nom du Père, du Fils
136 impressionnantes que les cérémonies totalitaires, se déroulent dans un cadre chrétien, immédiatement significatif pour la
137 ions d’hommes entendaient cette prière, pouvaient s’ y joindre. l. Rougemont Denis de, « Religion et vie publique aux Ét
11 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (11-12 mai 1946)
138 sens de l’homme. Cette belle crise radio-poétique s’ étant heureusement dénouée dans les hauteurs du ciel arctique, nous mo
139 pirale à 5000 mètres. J’allais écrire : « L’avion s’ élance pour franchir l’Océan d’un seul bond. Nous volons à tire-d’aile
140 tourné jusqu’au point désiré, pour y descendre et s’ y poser. Rien ne donne une idée de l’immobilité comme ce vol sans repè
141 houleuse et cotonneuse. Mais tout d’un coup elle se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres plus
142 temps coule deux fois plus vite. La stratosphère se dore. Des cumulus élèvent des tours et des créneaux d’un rose feu sur
143 rre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : « Quel goût ! Voilà l’Europe enfin ! Et des fleurs vraies !
144 s Américains paraissent bizarres, ici ! Comme ils se mettent immédiatement à ressembler à ce que l’on pense d’eux en Europ
145 il y a des cloches qui sonnent les heures, et qui s’ accordent à la suavité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudaine d
146 tout là-bas vers les Invalides. L’or pâle du Dôme s’ avive au-dessus des toits bleus, des toits roux et des murs couleur du
147 nes gens en chandail, portant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction
12 1946, Journal de Genève, articles (1926–1982). Journal d’un retour (fin) (18-19 mai 1946)
148 and on demande un renseignement et qu’on les voit s’ identifier, en un clin d’œil, avec les règlements « pareils pour tous 
149 e propret-coquet scolaire 1910, que l’imagination se rend sans condition après la plus rapide reconnaissance des lieux. J’
150 n. Et j’ai feuilleté des éditions si belles qu’on se demande quels talents les méritent. Ce qu’il y a de plus intact en Su
151 ue par excellence, d’une décence fondamentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été
152 agère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde se charge de rétablir un équilibre « humain », sur les modèles récemment
153 e, voici comment il m’apparaît. L’Europe ancienne s’ est rétrécie à la mesure de nos frontières. Je viens de voir, du monde
154 semble qu’il n’y ait plus qu’un no man’s land où s’ affrontent sournoisement les seules Puissances qui comptent. Fin et
155 cette grande figure voûtée qui lui ressemblait à s’ y méprendre, c’était bien, finalement, lord Cecil… Un tiers de salle,
156 moi le discours que nul, parmi les officiels, ne se risquait à prononcer : « Messieurs, nous voici réunis pour célébrer u
157 ite victorieuse. On a parlé de funérailles. Il ne s’ agit que d’un déménagement. Nous ne pourrons plus faire signe aux cygn
158 crise des logements ! Mais qu’importe. Notre idée se « développe », comme on le dit en photographie. Nous partons pour une
159 rts. Nous y touchons, Messieurs, vraiment — il ne s’ en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je me
160 le soir même, je me visse entraîné à Cointrin, où se posait dans une gloire de lumière le premier appareil arrivant de New
161 un espoir raisonnable : celui de voir les Suisses s’ ouvrir au vaste monde, et le vaste monde, en retour, à l’idéal tenace
13 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Lettre aux députés européens (15 août 1950)
162 pas grand-chose. Comment fédérer des nations qui se croient encore souveraines ? Voyons l’Histoire. Les Suisses ont réuss
163 ons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et s’ en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son u
164 ns pour sceller son union fédérale. Tout le monde se trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 18
165 nommée par la Diète dans son sein et au-dehors — se réunit pour la première fois. Elle décide de siéger à huis clos cinq
166 aucune des ruines prévues et dûment calculées ne se produisirent. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a pas fl
167 a cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne reparaisse dans la
168 upplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’ est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, p
169 isse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’ arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller très
170 la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller très vite. Car le temps fait beaucoup à l’
14 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Deuxième lettre aux députés européens (16 août 1950)
171 ls. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même s’ il est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez me parler, je le sai
172 mment : le premier devoir de l’obstacle, c’est de se laisser vaincre. Votre Comité des ministres néglige donc son premier
173 stériel. Permettez-moi de vous dire que l’opinion s’ en moque, parce qu’elle a ses doutes motivés sur vos intentions vérita
174 peu meilleur — moins astucieusement combiné pour s’ enrayer sans faute avant le départ —, vous en ferez l’usage qu’elle at
175 mité lui-même consultatif, formé de ministres qui se refusent d’ailleurs à transmettre vos consultations, consulte à son t
176 ’il ne faut rien faire en attendant. Et l’opinion se demande si tout cela dissimule une idée de derrière la tête, ou révèl
177 du but, de volonté. J’entends bien que l’opinion se trompe et méconnaît vos sentiments intimes, qui sont très purs : qu’e
178 saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de s’ agenouiller devant les Constitutions, de ramper devant les partis, et
179 c. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on s’ engage dans une entreprise aussi vaste. Ah ! pour le coup, je trouve c
180 ngs de perles du genre de Festina lente. Paris ne s’ est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence
181 à la sagesse des peuples. Petit à petit, Paris ne s’ est pas fait. Mais par deux ou trois décisions, dont celle d’Haussmann
182 nt leur but, et tout changera dans un instant. Il s’ agit d’une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés. q.
15 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Troisième lettre aux députés européens : L’orgueil de l’Europe (17 août 1950)
183 ses yeux. Et plusieurs d’entre vous, je le sais, s’ en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui
184 é : notre culture, cette civilisation que rien ne s’ offre à remplacer, et qui a su remplacer toutes les autres. D’où vient
16 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Quatrième lettre aux députés européens : En lisant le pamphlet du Labour Party (18 août 1950)
185 urs de l’Assemblée consultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à
186 es, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’ unir avec des gens pareils ? Leur existence est purement négative. J’a
187 d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il se dit partisan d’un peu d’union tout de même, pour faire face aux Sovie
188 brochure, ce minimum ne saurait être envisagé que s’ il n’affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se con
189 as les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se convertit à l’étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base de compro
190 le Comité ministériel cessera d’être démocratique s’ il accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du d
191 u’elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que la démocratie est identique au socialisme angl
192 mes conclusions négatives. Au Parlement européen, s’ il est doté de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut
193 de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’ il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de
194 os staliniens sur l’ordre du Kremlin ? Et comment se définissent-elles ? Toynbee, qui est un grand historien, écrit au Tim
195 ue l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais s’ il faut éviter que l’étranger soit Staline, ils acceptent fort bien qu
196 é les États des US ou les cantons de la Suisse de se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc plus qu’un prét
197 ique négatif, à la minorité ; et derrière le veto se cachent en fait les vieux nationalistes, les daltoniens, et les total
198 serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’ en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de ren
199 leurs du prisme, leur a donné presque sans qu’ils s’ en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité féd
17 1950, Journal de Genève, articles (1926–1982). Cinquième lettre aux députés européens : « Méritez votre nom ! » (19-20 août 1950)
200 air. Seuls, ceux qui veulent passionnément le But se résoudront aux compromis vitaux. Quant à ceux qui n’ont point cette p
201 nt cette passion de l’Europe, ceux dont le regard s’ attarde aux obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous
202 u’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sonda
203 pris de scepticisme. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut pas p
204 nion ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent s’ associer à ces engagements téméraires avant d’avoir pris le temps d’ét
205 avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’ être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à
206 bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela n
207 ais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se moque des principes vaut beaucoup moins qu’une Amérique qui les profe
208 ? Vous pouvez la nommer. Le Comité ministériel va s’ y opposer ? Vous pouvez passer outre, et jurer de rester où vos parlem
209 r que de vous adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences et mes impertinen
210 de l’Europe, de rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êt
211 les intérêts puissants, et parfois légitimes, qui se révèlent contraires au salut de l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour
18 1952, Journal de Genève, articles (1926–1982). Au pays du Patriarche (29-30 novembre 1952)
212 hé vers l’est et la Suisse par un département qui se tourne vers l’ouest, le pays de Gex est-il une arrière-garde ou un po
213 la France ? Il vit sa vie locale, adossé au Jura, s’ approche assez de Genève pour lui vendre ses bœufs, mais s’arrête avan
214 e assez de Genève pour lui vendre ses bœufs, mais s’ arrête avant de toucher les rives du lac ; les paysans ne sont pas pêc
215 y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et ne se privait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vi
216 es œufs, du lait, des fruits. Une jeune fille qui se tient au milieu d’eux, porteuse d’une corbeille fleurie, figure « le
217 de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont se poser derrière le bois tout proche, qui assourdit tout d’un coup leur
19 1953, Journal de Genève, articles (1926–1982). Aller et retour (21 mai 1953)
218 usieurs de nos pays, nationalistes et communistes s’ unissent pour dénoncer « l’emprise économique des USA », représentée à
219 nspirateurs de cette campagne insensée — mais qui se branche sur le sentiment spontané de larges masses, latines surtout —
220 union. En 1787, les treize États qui venaient de se libérer de la tutelle britannique décidèrent que leur simple alliance
221 53.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans quelques villes, le projet fut brûlé par la pop
222 York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primauté
223 écolier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’ il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel éc
224 demi, les hommes d’État américains ont coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de jurisprudence
225 pe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire le reste du gen
20 1955, Journal de Genève, articles (1926–1982). Pour un désarmement moral (19 juillet 1955)
226 ident de les transformer en engagements concrets. Se demander si les Russes sont sincères serait bien vain : il faut absol
227 rait les 435 millions d’Européens ainsi réunis de se déclarer neutres, à partir du moment où ils disposeraient de l’armée
228 e. L’Amérique n’aurait rien à y perdre, la Russie se verrait rassurée, l’Europe serait faite et la paix avec elle. Prendre
229 ne fit à Moscou la semaine dernière, au moment de s’ envoler pour franchir le Rideau — ce mur du son de la politique contem
230 parle. Toute l’attitude des Russes à Genève peut se résumer en un seul mot : causons ! D’où l’accent mis sur le langage c
231 à tous le sens des mots qu’il juge convenable. On se rappelle qu’au moment où l’armée rouge tentait d’envahir la petite Fi
232 dû, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe s’ exprimait en effet dans un langage tout naturel pour quiconque est imb
233 e l’Histoire. Le malentendu avec l’Occident — qui se traduisait alors par une ingérence qualifiée dans les affaires d’un a
234 autre et le désir de le comprendre, la faculté de se mettre à sa place et de remettre en question, fût-ce par simple hypot
235 arlons et dialoguons, non pas dans des congrès où s’ affrontent les démagogies, mais par groupes de professionnels ; parlon
236 ts de vue et leurs défenseurs. Allons voir ce qui se fait chez l’autre, ce qu’il dit et comment il le sent ; et que l’autr
237 in soit au contraire son cheval de Troie. Mais il s’ agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ai rien dit. Si chac
238 pothèse d’un changement d’attitude des Russes. Il se peut que les nombreux témoignages qu’ils en donnent depuis quelques m
239 ffets d’un pareil changement peuvent être lents à se manifester dans l’énorme psyché collective soviétique. Celle-ci cherc
240 forts : un Tito, un Adenauer. C’est vers eux que s’ en vont ceux qui parlent pour les Russes — comme aujourd’hui Joukov va
21 1956, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Oserons-nous encore… » (6 novembre 1956)
241 es « réactionnaires », car c’est entre eux qu’ils se sont tous assassinés depuis trente ans, la misère collective et le ca
242 encontres privées ont suivi mon appel. Les Russes s’ y sont montrés lourds et stupides, les marxistes parisiens ridicules.
243 encore que le fasciste, est un malade mental, ou, s’ il est sain d’esprit, c’est un criminel en puissance : c’est un homme
244 qui trouve cela moins grave que d’arrêter Nasser, s’ il prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, e
245 de faire l’Europe. Cette Europe qui aurait pu, en s’ unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rassemblant ses forces
22 1958, Journal de Genève, articles (1926–1982). Hommage à Pasternak (31 octobre 1958)
246 se en fait autant, et nos sociétés d’écrivains ne se réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mais q
247 le prix Nobel, tout le monde sait aussitôt qu’il se passe quelque chose, qu’il s’agit d’un talent et d’un homme. Ses conf
248 sait aussitôt qu’il se passe quelque chose, qu’il s’ agit d’un talent et d’un homme. Ses confrères communistes le savent au
249 ié pour les Russes. Et respect à Boris Pasternak. S’ il s’est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le
250 ur les Russes. Et respect à Boris Pasternak. S’il s’ est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps
251 nse joie, mais un peu solitaire ! » sachons qu’il s’ agit moins de lâcheté, dans son cas, que de patriotisme au sens ancien
252 ien. C’est devant une autre tragédie que l’esprit s’ arrête, dans le cas de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’il
23 1963, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Le Dieu immanent, qui s’annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)
253 « Le Dieu immanent, qui s’ annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)z Descartes estimait qu’u
254 hysique. Certes, beaucoup de physiciens après lui se sont dit athées, mais cela ne change rien au fait que le mouvement cr
255 musique. Pas davantage que Descartes, Ansermet ne se fonde sur le dogme, sur la Bible et la Tradition, ni sur quelque apol
256 e héritée de Husserl à travers Sartre (et dont il s’ autorise d’ailleurs, pour réfuter l’athéisme de Sartre) mais aussi à s
257 ieu, qui occupe une place centrale et dont l’écho s’ entend dans tout l’ouvrage, est sans nul doute l’une des prouesses int
258 existence dans le monde », la question de savoir s’ il existe, au sens courant et plat du terme, se trouve d’emblée vidée
259 fonde l’homme et le transcende. Et la foi, qui «  se porte sur Dieu » comme sur le fondement de notre lien au monde. Et la
260 d’entre eux — comme l’Arbre de Vie de la Genèse — se voient interprétés dans la logique de cette phénoménologie. On se dem
261 rétés dans la logique de cette phénoménologie. On se demande alors ce que l’auteur n’a pas restitué de la croyance des Égl
262 en les ramenant du Dieu transcendant que seul ils s’ étaient révélé jusqu’alors, au Dieu immanent qui s’annonce en leur cœu
263 ’étaient révélé jusqu’alors, au Dieu immanent qui s’ annonce en leur cœur ». Sur une telle phrase, on imagine d’admirables
264 n écrit sans sourciller Ps-Pr-F — comme l’énergie s’ écrit mc2 dans la célèbre équation d’Einstein — voici qu’il est aussi,
265 ucoup d’ennemis dans tous les camps ! La question se pose, à la mode de naguère dans les revues d’avant-garde parisiennes 
266 t un vocabulaire trop spécifique, cette tentative s’ inscrit d’une manière exemplaire dans l’aggiornamento, ou mise à jour,
267 intime de la Réforme. Voilà de grandes raisons de se passionner pour ou contre cette œuvre d’une jeunesse étonnante, dont
268 z. Rougemont Denis de, « “Le Dieu immanent, qui s’ annonce en leur cœur” (À propos d’Ernest Ansermet) », Journal de Genèv
24 1968, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont nous écrit (6-7 juillet 1968)
269 l’en accuserait, à ce moment-là, serait requis de s’ en expliquer sur l’heure devant un tribunal militaire, lequel n’admett
25 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Denis de Rougemont et l’objection de conscience (30 juin 1969)
270 et ouvert, doué d’esprit critique mais capable de s’ enthousiasmer autant que de s’indigner. Les motifs de son objection so
271 que mais capable de s’enthousiasmer autant que de s’ indigner. Les motifs de son objection sont les mêmes que ceux de sa vo
272 des principes au nom desquels notre Confédération s’ est formée et qu’elle prétend défendre : le respect du prochain et de
273 déaux, ou si nous condamnons à la prison ceux qui se réclament en toute conscience, qu’aurons-nous encore à défendre en Su
274 que nous. En tout cas, il n’y aurait pas lieu de se faire tuer pour si peu que de savoir qui administrerait une société p
275 gnot, pour avoir refusé, pour la seconde fois, de se présenter au recrutement, à une peine de quatre mois d’emprisonnement
276 a nier [de] Denis de Rougemont les titres dont il se réclame pour parler de mission ou démission de la Suisse. Nul non plu
26 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Objection de conscience : Denis de Rougemont répond (4 juillet 1969)
277 l’objection, voire une sorte de manifeste. Or, il s’ agit d’un simple témoignage rédigé à des fins précises, pour servir un
278 fficile de défendre l’armée, le plus difficile de se dire objecteur, donc le plus courageux de l’être — si l’on est sérieu
279 le mette pas au ban de notre société et que l’on s’ interdise de répéter que l’objecteur est lâche, un mauvais citoyen qui
280  ». J’ai dit seulement que si l’on choisissait de s’ en tenir à « l’ordre à tout prix » et à l’écrasement légal des opposan
27 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
281 Il me fait penser à ces grands-pères qui veulent se rendre populaires auprès de leurs petits enfants en leur conseillant
282 utre culture, une autre civilisation qui pourrait s’ épanouir ? Je n’en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-il que c
283 rces extérieures qui pourraient la détruire. Elle s’ alimente par elle-même. Elle est devenue une force de production et d’
284 trôler la bombe ! C’est aussi absurde que si l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser un vase de Chine
285 m’envahir dans la cour de ma maison. Mais cela ne s’ est jamais vu. » Quelle est la responsabilité de l’artiste dans un mon
286 un monde en transformation ? Dans une société qui s’ agrandit follement, qui perd ses mesures, la fonction de l’art pourrai
287 ts, des angles de vision qu’on lui propose et qui s’ imposent plus ou moins aux esprits et aux sensibilités. Mais encore fa
28 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). Un débat sur l’objection de conscience : entre Dieu et l’État (4 octobre 1969)
288 étention d’apporter une conclusion définitive. Il s’ agit avant tout de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l’ob
289 ne conclusion définitive. Il s’agit avant tout de s’ éclaircir les idées. Examiner le problème de l’objection de conscience
290 discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’on s’ interroge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoins de Jéhova qui
291 discussion doit commencer. Et là, deux religions se heurtent : la religion civique et la religion divine. Laquelle doit p
292 re, alors que l’objecteur de conscience religieux se réfère à cette même Constitution, dont le préambule commence par une
293 qu’« on ne peut, pour cause d’opinion religieuse, s’ affranchir de l’accomplissement d’un devoir civique ». Donc, le fondem
294 qui conduit à la sanction peut faire croire qu’il s’ agit uniquement d’une opposition d’intérêt entre l’armée et l’objecteu
295 jecteur est anticonstitutionnelle, mais elle peut s’ appuyer sur le fait que la Constitution se réfère « Au Dieu Tout-Puiss
296 le peut s’appuyer sur le fait que la Constitution se réfère « Au Dieu Tout-Puissant ». Christian Schaller, vous avez objec
297 yen de la refuser d’une certaine manière, mais il s’ y soumet par une autre puisqu’il accepte le jugement des tribunaux (ce
298 un des moyens d’amener à ce que les lois puissent s’ amender. C’est une façon de mettre en évidence certains problèmes qu’o
299 eaucoup plus grave. Le conformisme du citoyen qui se croit bon citoyen parce qu’il fait tout ce qu’on lui dit, ce conformi
300 néréaz. — Nous avons quelque 35 000 conscrits qui se présentent au recrutement chaque année. Sur ce nombre, environ 300, p
301 bjecteur peut accomplir ses devoirs civiques sans s’ opposer à sa propre conscience. Pour les autres, l’officier de recrute
302 une fois à les convaincre puis il les incorpore ; s’ ils persistent dans leur refus de servir, ils arrivent devant les trib
303 défi constitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’il s’ agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore soldats
304 obtenir un sursis… Michel Barde. — Il y en a qui se présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de leur jeu
305 d Béguin. — Mais est-ce que les arrêts répressifs se purgent avec des prisonniers de droit commun ? Colonel Vaucher. — Abs
306 ant au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf s’ ils déclarent être disposés à l’avenir à faire leur service. L’article
307 l’espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’il se présenterait au service militaire. Ces jugements ont été cassés par l
308 é condamné une fois, et que les choses semblaient se présenter de telle manière qu’il serait certainement condamné une sec
309 conscience étaient réunies. C’est ainsi que cela se passait au Moyen Âge dans les tribunaux de l’Inquisition. On ne cherc
310 her. — Mais oui, bien sûr, mais en fait le cas ne se présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’il est totalement
311 présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’ il est totalement irresponsable. Un objecteur totalement irresponsable
312 sa condamnation. Il accepte la loi. (Il pourrait s’ y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi
313 Il accepte la loi. (Il pourrait s’y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi l’objecteur cherc
314 s’y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi l’objecteur cherche à montrer les failles de la l
315 l’esprit du législateur. Ce qui malgré tout peut se faire, puisque les lois changent. Colonel Vaucher. — Je voudrais répo
316 t lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’il s’ attaque en même temps à un appareil militaire dont les obligations con
317 entendu dire par des officiers supérieurs — qu’on se prépare très consciencieusement à la dernière guerre. Une des questio
318 nous avons été maintenus à l’écart de la guerre. S’ il y avait eu un vide stratégique, il est fort possible que nous aurio
319 lleurs, vous savez qu’en France un objecteur doit se déclarer comme tel au recrutement, et qu’il ne peut assumer par la su
320 l Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire, s’ il existait un service civil, nous n’aurions plus un certain nombre d’
321 Dresde… Christian Schaller. — On peut précisément s’ étonner que vous ayez pu le tolérer si bien sans changer de mentalité.
322 e, pour ma part, que si la neutralité suisse doit s’ accompagner de la solidarité, il faut savoir lequel des termes on va t
323 et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’il se présente aujourd’hui. Je me demande si on peut toujours se référer à
324 te aujourd’hui. Je me demande si on peut toujours se référer à notre neutralité comme à une espèce de privilège, et s’il n
325 re neutralité comme à une espèce de privilège, et s’ il ne faut pas dire aussi : Neutralité oblige, allez plus loin. Tout c
326 manière dramatique, et qu’ils forcent le public à se poser des questions auxquelles je ne prétends pas répondre, mais qui
29 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Denis de Rougemont, l’amour et l’Europe » (3-4 mars 1973)
327 n’a jamais écrit sur l’amour, là, il y a lieu de se demander… Ceci dit, réduisons « l’invasion » à ses justes proportions
328 livre Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour) s’ inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’Occident . Si le second
329 ’amour-passion, exalté par l’obstacle qui le nie, se retrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’il est vrai que
330 etrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’ il est vrai que la passion cherche l’inaccessible, et que l’autre en t
331 « la mort de la famille » dont on parle tant, il s’ agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met vot
332 maintenir dans ma dernière édition une phrase qui se termine ainsi : « … la moitié du malheur humain se résume dans le mot
333 e termine ainsi : « … la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère ». Je craignais que cette observation f
334 Occident, et la proportion réservée à l’adultère s’ est largement accrue. » Me voici dépassé, mais dans mon sens ! Il rest
335 e second : « Ridicule et impuissance du clerc qui s’ engage ». Le tout était un appel à l’engagement de l’écrivain en tant
336 enir. Comment à votre avis celle-ci pourrait-elle s’ opérer ? Peut-être ai-je répondu à cette question, sur le fond, dans m
337 i ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste à déplacer le centre du système politique, non seulem
30 1973, Journal de Genève, articles (1926–1982). Genève, exemple européen ? (10-11 novembre 1973)
338 e) des États. Or, tous les problèmes concrets qui se posent dans cette région appellent des solutions transfrontalières. E
339 nève, et rentrent le soir en France. Cette région s’ étend dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres autour de la ville
340 lle, entre lesquels des liens spéciaux pourraient s’ instituer. Il ne s’agit pas de créer, autour de Genève — et encore moi
341 des liens spéciaux pourraient s’instituer. Il ne s’ agit pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon — une so
342 ceux des trop petites dimensions économiques. Il s’ agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie mode
343 est-à-dire leur nature et leur contenu, sans plus se laisser paralyser par la fiction, décidément indéfendable à tous poin
31 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
344  C’est devenu une véritable guerre de religion », s’ exclamait une des personnalités que nous avions conviées à notre table
345 , tout en ne niant pas certains inconvénients qui se rattachent à la voiture, n’en demeure pas moins un farouche partisan.
346 cyclables à Genève. En tant que futur médecin, il s’ est bien sûr penché plus particulièrement sur les effets de la polluti
347 cuits fermés « producteur-consommateur », tout en s’ aidant de slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture avait été,
348 troit : c’est la création du jeune Henry Ford qui s’ est lancé dans cette aventure contre laquelle tous ses amis le mettaie
349 ’État l’interdiction absolue pour les voitures de s’ approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement
350 le, quel que soit le type de fabrication que l’on se propose de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’e
351 é. Le jour où 50 % des Soviétiques pourront aussi se déplacer en voiture, ils n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilom
352 e signaler quelques-uns des côtés négatifs. Il ne s’ agit nullement — comme on voudrait nous le faire croire dans certains
353 a peut bien nous mener. Mais voilà, Henry Ford ne s’ est pas posé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il adviendr
354 , Henry Ford ne s’est pas posé la question. Il ne s’ est jamais demandé ce qu’il adviendrait si au lieu de vendre cent ou d
355 icules par an, il en vendrait des millions. Il ne s’ est jamais interrogé sur les conséquences au niveau social, économique
356 le préadolescent dont le fantasme préféré est de s’ enfuir sur les routes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents ont
357 Tous les adolescents ont passé par là. L’envie de se débarrasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la
358 blème c’est que les gens aujourd’hui ont appris à se servir de leur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont été
359 ure comme d’un instrument de travail. Ils ont été s’ installer à la campagne et s’en servent pour venir travailler. Jacob R
360 travail. Ils ont été s’installer à la campagne et s’ en servent pour venir travailler. Jacob Roffler : Ce que je déplore da
361 tion aussi grave en demandant simplement aux gens s’ ils sont pour ou contre. Les PDG de l’industrie automobile française r
362 nte de tous les pouvoirs dans la masse, car c’est s’ opposer à notre système démocratique. Prenez l’exemple très actuel de
363 ar ailleurs aussi de plus en plus brutales. Elles se font au nom de la raison d’État. Pensez aux expropriations que l’on s
364 raison d’État. Pensez aux expropriations que l’on se prépare à faire, selon des déclarations officielles, à cause des cent
365 que, c’est de laisser le droit aux populations de se prononcer. L’initiative Weber ne vise rien d’autre. J’ai peur que lor
366 ommunes. Les trois communes autour du Gothard. Il s’ agissait de communes et non pas de corps constitués. Car ces derniers
367 ble. Elle demande simplement que le peuple puisse se prononcer. François Peyrot : Rétroactivement, ce qui est contraire à
368 s, on est bien obligé de penser que si le fédéral s’ obstine, un recours démocratique doit être possible. Hubert de Senarcl
369 conducteur qui va faire ses achats, acceptera de s’ extraire de sa voiture qu’il aura laissée dans un de ces parkings, alo
370 c’est que la ville est devenue invivable. Ce qui se passe en Occident, à cet égard, est juste l’inverse de ce que l’on co
371 tez à un afflux des populations vers la ville, où se déroulent les activités mais également l’animation. On ne peut pas co
372 ts catastrophiques des cités-dortoirs où les gens se connaissent à peine, ce qui débouche tôt ou tard sur des problèmes ps
373 e, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens se rencontrent librement, même sans se connaître, où se formait l’opinio
374 e où les gens se rencontrent librement, même sans se connaître, où se formait l’opinion et cela depuis la cité grecque. De
375 rencontrent librement, même sans se connaître, où se formait l’opinion et cela depuis la cité grecque. De l’agora jusqu’au
376 dans un petit livre qui date de 1968 — les choses se sont aggravées depuis — dit que le 40 % des frais d’administration de
377 l mentionne Paris et non pas Genève où les choses se déroulent autrement. Mais tout de même, ce jugement est assez impress
378 lement professeur au Collège de France mais qu’il s’ occupe chaque année du budget de la nation. François Peyrot : On amène
379 que insolubles. Je suis d’avis que des règlements s’ imposent. Denis de Rougemont : Nous sommes ici, je pense, tous d’accor
380 des quais de la Seine : « Il est temps que Paris s’ adapte à l’automobile ». François Peyrot : C’est en effet une erreur,
381 t : C’est en effet une erreur, car une ville doit s’ adapter, tout en gardant ce qu’elle a d’authentique et qui doit absolu
382 ter des millions de gens qui sont blessés. À cela s’ ajoute le coût social. Je reconnais qu’actuellement, sur le plan stric
383 rictement économique, il serait très difficile de s’ arrêter de produire des voitures. Mais ne pourrait-on pas, au moins, e
384 es pour rendre la circulation plus fluide mais on s’ aperçoit qu’au moindre départ en vacances les voitures y sont bloquées
385 et il y a encore relativement peu de médecins qui se soient véritablement penchés sur la question de la voiture et de la s
386 ont loin d’être négligeables. Ainsi on commence à s’ apercevoir des conséquences de l’oxyde d’azote sur les poumons. Les re
387 e plomb déposé chaque année sur nos routes et qui se retrouve dans l’air ou dans l’eau. L’effet du plomb sur le système va
388 ses sociales. Denis de Rougemont : Une adjonction s’ impose. C’est l’aspect de la criminalité. Il est évident que nos outil
389 mb ? François Peyrot : La réglementation fédérale s’ est attaquée très sérieusement à ce problème. Le peuple suisse a écart
32 1980, Journal de Genève, articles (1926–1982). Les journalistes sportifs ? On dirait qu’ils aiment les tyrans (31 mai-1er juin 1980)
390 une semaine à peine après que je l’aie écrit. Il s’ intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jésuites » et fu
391 e actuelle cette morale est en train de fortement se dégrader en raison, selon moi, de deux facteurs particulièrement néfa
392 e nom, et bien évidemment le nationalisme, lequel s’ est désormais emparé de la grande majorité des compétitions internatio
393 s entre les JO de Berlin de 1936 et ceux qui vont se dérouler à Moscou. Je pense qu’en 1936, les démocraties occidentales
394 x, la guerre n’aurait pas été évitée certes, mais se serait sans doute engagée dans des conditions bien différentes. Le pe
395 la TV des membres de nombreux comités olympiques se réjouir à l’idée de voir disparaître à jamais les hymnes et les drape
396 O. Un des dirigeants du Comité olympique français s’ est alors rebiffé avec virulence en déclarant « Quoi ! On veut m’arrac
397 ce, où les pires instincts, l’agressivité peuvent se déchaîner. Ne serait-il donc pas temps de revenir à une vraie morale
33 1982, Journal de Genève, articles (1926–1982). Suis-je perdu pour la littérature ? (30 octobre 1982)
398 Fondation Schiller Suisse — choix longuement mûri s’ il en fut, puisqu’il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tou
399 — choix longuement mûri s’il en fut, puisqu’il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tous les vingt ans en moyenne
400 iste », c’est-à-dire une espèce d’écrivain qui ne se définit aujourd’hui, dans le domaine littéraire, que d’une manière né
401 position, ou comme on le dit, dès ce temps-là, «  s’ engage ». Rendons leur place aux essayistes ! C’est sur ces thème
402 aire, la grande allure et les éclats du style, ne se voient guère chez les romanciers, à part Stendhal, ni même chez les p
403 as personnel, pour la première fois en public. On s’ étonne souvent, ou l’on juge regrettable, que je donne le plus clair d
404  : « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais il se perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes en
405 ssus, m’en fait même peut-être un devoir. Tout s’ est joué entre 1930 et 1940 J’oserai donc aborder sans aucune préca
406 r sans aucune précaution la question que beaucoup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’Europe unie, de
407 n que beaucoup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’ occupe-t-il tant d’Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horri
408 es années 1930 à 1940. Durant cette décennie tout s’ est joué, à la fois hors de moi et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est
409 suisses, mais aussi d’une manière clandestine, on s’ en doute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ils allaient la
410 e fois-ci, d’une société fondée sur les communes, s’ associant en régions pour les tâches qui dépassent leur compétence ; c
411 passent leur compétence ; ces régions à leur tour se fédérant, et ainsi de suite jusqu’au niveau continental d’une fédérat