1
tes ont dénoncé certaines des confusions sur quoi
se
fondent ces poétiques espérances ou ces craintes imaginaires. Beaucou
2
nt le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut-il
s’
entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des Or
3
ans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que
s’
accumulent les traits qui composent le portrait moral de l’Oriental, c
4
portrait moral de l’Oriental, celui de l’Européen
se
précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car i
5
rt de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même.
S’
il dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une politesse, leur pa
6
posables ». Dès lors, comment collaborer, comment
se
comprendre, et si c’est impossible, pourra-t-on du moins éviter le co
7
Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’il éprouve à
se
sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant
8
t romantisme pour édifier aucun système. Le livre
se
termine par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le
9
e amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il
s’
impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette pré
10
n livre : cette impartialité même, cette façon de
se
placer en face des choses, tout près, mais sans jamais s’y perdre ou
11
r en face des choses, tout près, mais sans jamais
s’
y perdre ou se confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mi
12
choses, tout près, mais sans jamais s’y perdre ou
se
confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le
13
en grosses lettres, et tout cela finira bien par
s’
arranger, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’est résign
14
, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple
s’
est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au
15
t bazar, qui sonne rouge et jaune aussi). Soudain
se
dresse une énorme maison de pierre brune, puis une banque en style ho
16
ts de fer. Contre leurs piles, en hiver, viennent
se
briser avec un fracas sourd les îlots de glace qui descendent lenteme
17
t lentement le fleuve. Au cœur de Prophète chauve
s’
élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falais
18
be, froide et nue, mais dans son flanc une grotte
s’
illumine, et la Vierge y sourit. Le château royal avec son amiral rége
19
iral régent et ses gardes blancs aux casques d’or
s’
avance en proue, dominant superbement cette ville désordonnée. Derrièr
20
démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’elle
s’
amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme
21
une langue totalement incompréhensible, rient et
s’
enivrent comme plus un Européen ne sait le faire, et dansent à tout pr
22
e un visage romantique et ardent dont le voyageur
s’
éprend malgré lui, malgré tout, comme d’une passion poétique un peu fo
23
roman chrétien ? Une histoire où tout le monde «
se
conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le per
24
idence » mise en action au gré d’un moraliste qui
se
donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu,
25
s des « païens », d’un Thomas Hardy, par exemple,
se
devaient en conséquence de finir carrément mal ? Non, car le christia
26
e finir carrément mal ? Non, car le christianisme
se
passe dans cette vie ou bien n’est pas du christianisme. Et l’on sera
27
n qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant,
s’
il est certain que l’Évangile et ses promesses de salut sont seuls cap
28
it le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme
se
déroule sur un rythme large à travers une humanité vivement contrasté
29
ies, l’originalité bouleversante des êtres, qu’il
s’
agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage
30
nt les Écritures ; peut-être aussi des saints qui
se
croient plus mauvais que tous ; surtout et jusque dans les choses, un
31
et jusque dans les choses, un mystère inquiétant
se
révèle aux yeux de celui qui sait voir parce que, mieux que d’autres,
32
onique d’une vie de femme n’est pas de celles qui
se
résument. Il y a là vingt figures qui mériteraient d’être citées, et
33
dix pages de ce roman ! La mode passe, le public
se
fatigue, paraît-il. « Achetez français », disent les critiques, à l’i
34
affreux barbarisme importé d’outre-Manche). Mais
s’
il est une justice dans le domaine littéraire, il faut prédire à Sara
35
près tout de cette condition des écrivains. L’on
s’
en fait une idée romantique : le poète pauvre et méconnu, dans sa soup
36
it des « intellectuels en chômage ». Ou bien l’on
s’
imagine un auteur à succès choyé par les « femmes du monde », hommes d
37
t ou largement dépassé l’âge de la retraite, l’un
se
voit obligé de courir le monde pour faire des reportages, l’autre est
38
istique requiert toutes les forces d’un homme, et
s’
accommode très mal de la dispersion de ses efforts. Comme, d’autre par
39
ature pure, et nombre d’écrivains des mieux doués
s’
y montrent assez inhabiles. On retombe d’ailleurs ici dans le cas du s
40
u second métier, aggravé sans doute du fait qu’il
s’
agit encore d’écrire, mais dans un style qui ne saurait être celui du
41
exploités par des politiciens qui, par ailleurs,
se
moquent un peu de la culture ! En vérité, il est grand temps de mettr
42
dans tout cela. Mais il faudrait d’abord que cela
se
sache ! d. Rougemont Denis de, « Condition de l’écrivain I », Jour
43
ils ne peuvent plus l’être. Ils ont eux aussi à «
se
défendre ». Naguère encore, ils se faisaient un point d’honneur de dé
44
eux aussi à « se défendre ». Naguère encore, ils
se
faisaient un point d’honneur de découvrir et d’imposer certains auteu
45
ux, donc peu vendables au début. Aujourd’hui, ils
se
voient obligés de se soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils re
46
s au début. Aujourd’hui, ils se voient obligés de
se
soumettre aux goûts (supposés) du public. Ils renoncent à former ces
47
du public. Ils renoncent à former ces goûts. Ils
se
contentent de les flatter. Et aussitôt, comme on pouvait le prévoir,
48
vait le prévoir, le niveau baisse… Les moralistes
se
récrient en vain : l’éditeur répond qu’il faut vivre ! Règne de la pu
49
té et de la littérature faite sur commande, comme
s’
il ne s’agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. O
50
la littérature faite sur commande, comme s’il ne
s’
agissait vraiment que de commerce, d’épicerie, de macaronis. On exige
51
orsqu’il parut, 15 exemplaires ? Nul ne peut plus
se
payer de telles fantaisies. Ainsi la situation est telle qu’un éditeu
52
tuation est telle qu’un éditeur, bon gré mal gré,
se
voit souvent contraint de refuser les meilleurs livres qu’on lui offr
53
i offre, et cela pour les meilleures raisons ! Ou
s’
il tente la chance avec un débutant, il est forcé de se rattraper aill
54
tente la chance avec un débutant, il est forcé de
se
rattraper ailleurs, et de publier, pour compenser sa perte, de bonnes
55
es des exceptions à cette règle déplorable. Elles
se
font excessivement rares.) Les débats passionnés que vient de souleve
56
u’à 50 ans après la mort de l’écrivain. L’éditeur
se
réserve en outre le droit de refuser les manuscrits qui ne lui plaise
57
plaisent pas. (Et qui trouveront difficilement à
se
faire accepter par un confrère, on l’imagine.) On escompte ainsi les
58
déficitaires, mais qui plus tard, si la célébrité
se
dessine, se verra prisonnier d’un contrat de débutant, précisément !
59
, mais qui plus tard, si la célébrité se dessine,
se
verra prisonnier d’un contrat de débutant, précisément ! Au bénéfice
60
us les écrivains applaudissent. Mais les éditeurs
se
récrient, et on les comprend assez bien : on les priverait de la réco
61
ublic, ou même de la culture et de la nation, qui
se
pose enfin dans son urgence et son ampleur. Pourquoi lit-on si peu ?
62
vant d’y porter remède, ne conviendrait-il pas de
s’
interroger sur les raisons profondes du mal ? Je ne les crois pas seul
63
ure dans leur pays. Pourquoi donc nos démocraties
se
laisseraient-elles battre sur ce terrain, où elles disposent des meil
64
x le problème de la culture, — si toutefois elles
se
le posent à temps ! e. Rougemont Denis de, « Condition de l’écriva
65
e de la culture (1er mars 1937)f Si les livres
se
vendent si mal, et si le public ne se rend pas compte de l’importance
66
les livres se vendent si mal, et si le public ne
se
rend pas compte de l’importance réelle de cette crise, à qui la faute
67
où vient cette paresse ? D’où vient que le public
se
défende aussi mal contre les sollicitations vulgaires des distraction
68
à peu près ce qu’on le fait. En temps normal, il
se
forme à l’image de ses auteurs préférés. Mais aujourd’hui, le rapport
69
ulture, et en particulier la littérature, a voulu
se
séparer des intérêts fondamentaux de la nation. Ce phénomène est appa
70
du peuple, nous voyons aujourd’hui ce même peuple
se
contenter du roman policier ou de quelques pornographies situées dans
71
ce qu’on écrit pour lui, et si les grands esprits
se
désintéressent de son sort, il ne peut que leur rendre la pareille. A
72
bles succès. C’est le sens même de la lecture qui
s’
est perdu. Et s’il s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grand
73
st le sens même de la lecture qui s’est perdu. Et
s’
il s’est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivai
74
sens même de la lecture qui s’est perdu. Et s’il
s’
est perdu, je le répète, c’est que les plus grands de nos écrivains on
75
nds de nos écrivains ont beaucoup fait pour qu’il
se
perde en se « distinguant » volontairement des préoccupations, jugées
76
crivains ont beaucoup fait pour qu’il se perde en
se
« distinguant » volontairement des préoccupations, jugées vulgaires,
77
et ruiné leur autorité. Ils sont donc mal venus à
se
plaindre. Mais la société en pâtit, plus gravement qu’elle ne le croi
78
croit, sans doute. Une situation si compromise ne
se
rétablira point par quelque truc, loi nouvelle ou campagne de propaga
79
truc, loi nouvelle ou campagne de propagande. Il
s’
agit bien plutôt que les écrivains reprennent le sens de leur fonction
80
les y invite avec une insistance déplaisante. Il
s’
agit, pour eux, de retrouver ce qu’on appelle l’oreille du peuple. Mai
81
on âme, c’est l’affaire des Églises), il faudrait
se
soucier d’être utile, de servir la communauté, et non plus seulement
82
communauté, et non plus seulement d’amuser ou de
se
montrer original. Et qu’on ne croie pas que l’art en souffrirait : l’
83
qu’ailleurs. C’est vrai sans doute. Mais si l’on
se
borne à le répéter, cela cessera bientôt d’être vrai : nous suivrons
84
ime la fédération. Or, la force d’un tel principe
se
mesure au niveau de la culture. (Et non pas seulement de l’instructio
85
ourquoi enfin, j’y reviens, acheter des livres et
se
montrer fort exigeant sur ce chapitre, ce n’est pas seulement « faire
86
roclamait récemment M. Goebbels. Mais, tandis que
s’
élevait l’immense rumeur des heil ! et la vocifération triomphale des
87
lle que l’a poursuivie M. Albert Béguin, viennent
s’
ajouter, en 1937, des opportunités plus précises d’ordre culturel et l
88
e humaine, dit en débutant notre auteur, pourrait
se
définir, de façon suffisamment profonde, par les relations qu’elle ét
89
r notre époque, plus que toute autre semble-t-il,
s’
est attachée à l’étude des rêves : qu’il suffise de citer Freud et Jun
90
tre part, l’école surréaliste. Une vague de rêves
s’
est étendue sur les années de l’après-guerre, fécondant de vastes doma
91
réoccupations qui parurent fort nouvelles lorsque
se
vulgarisa l’œuvre de Freud. M. Béguin, d’ailleurs, prend ses distance
92
qu’on ne veut bien le dire, ou qu’on ne veut bien
se
l’avouer ici dans le choix qu’est en train de faire le corps électora
93
n de faire le corps électoral américain. Qu’on ne
s’
y trompe pas : le parti proallemand est extrêmement faible aux États-U
94
llant aux candidats socialiste et communiste. Que
s’
est-il passé ? Personne ne pourrait le dire avec certitude, pas plus q
95
es explications. En Europe, la violence politique
s’
exprime par des bagarres et des injures, par une fanatique intolérance
96
e intolérance de part et d’autre. En Amérique, il
s’
agit de quelque chose qui rappelle beaucoup plus la violence d’un matc
97
très exceptionnel. Loin d’exulter, les démocrates
s’
excusent, déplorent, sont désolés. Le manifestant lui-même se déclare
98
déplorent, sont désolés. Le manifestant lui-même
se
déclare désolé… Car la règle tacitement admise est de laisser à chaqu
99
uer, mais non pas entrer dans le terrain. Et l’on
se
doit d’applaudir également les points marqués par l’un et l’autre des
100
s ce grand débat démocratique. Toute la polémique
se
ramène à deux séries d’arguments : arguments de techniciens et argume
101
isant — Roosevelt — et d’un autoritaire plébéien,
s’
accusant réciproquement de tendances antidémocratiques. La seule concl
102
antidémocratiques. La seule conclusion claire qui
se
dégage de ces paradoxes politiques me paraît être la suivante : Quoi
103
arrive le 5 novembre, l’unanimité des Américains
se
reformera toujours sur le mot d’ordre : démocratie. Car « démocratie
104
didats. À dix heures, les chapeaux commencèrent à
s’
orner de bandes de papier portant : « Je vous l’avais bien dit ! » Une
105
sure que la nouvelle faisait le tour du bâtiment,
se
transmettait dans la profondeur des rues environnantes et revenait su
106
e dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame
s’
occupe aujourd’hui, comme toutes ses pareilles, à réunir des conserves
107
que la démocratie avait tenu le coup, personne ne
se
sentait vraiment battu. On peut dire aujourd’hui sans exagération que
108
lus violentes laissent peu ou point de rancune et
se
résolvent si rapidement aux États-Unis, c’est en grande partie à caus
109
la constante circulation d’idées et d’hommes qui
s’
est établie dans ce pays entre le gouvernement et la population. L’opi
110
L’opinion questionne, le gouvernement répond, il
s’
explique, il écoute à son tour. N’importe quel citoyen peut critiquer
111
la presse et la radio lui en offrent les moyens.
S’
il a quelque chose de mieux à proposer, on le convoque à Washington, o
112
Elle n’est plus l’affaire des partis. Chacun peut
s’
y intéresser, parce que chacun peut espérer qu’on tiendra compte de so
113
ment et sur l’opinion. Il incite les dirigeants à
s’
expliquer franchement devant le peuple, et à ne rien entreprendre sans
114
les auditeurs de la radio : voilà le problème qui
se
pose, voilà ce que nous avons fait, voilà ce qui reste à faire. Le pr
115
ce souci constant de l’humanité du citoyen, qu’il
s’
agisse des nationaux ou des étrangers… Ainsi informée et formée, l’opi
116
es étrangers… Ainsi informée et formée, l’opinion
se
sent responsable de ses réactions. Lorsqu’on sait que l’on sera pris
117
sera pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on
se
contrôle davantage. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres rép
118
on se contrôle davantage. Contrairement à ce qui
se
passe dans d’autres républiques, l’opinion américaine discute réellem
119
Leur opposition reste fluente, mal définie… Elle
se
cristallise, et encore est-ce dans les courtes périodes d’élection, d
120
public ? Sait-on assez de quelle passion profonde
se
charge ici le terme de démocratie ? En tournant tout à l’heure le bou
121
te et plus visible. Il faut être un Européen pour
s’
en étonner, me dit-on. De fait, pour un Américain qui connaît tant soi
122
des fanatiques d’une foi, des missionnaires. Mais
s’
ils trouvaient sur le sol américain la liberté de célébrer leur culte,
123
lexe de ces apports religieux successifs. Ceux-ci
se
confondent souvent d’ailleurs avec les apports raciaux. Un Américain
124
d’être Hollandais d’origine ; Allemand ou Suédois
s’
il est luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et s’il est catholi
125
Allemand ou Suédois s’il est luthérien ; Anglais
s’
il est presbytérien ; et s’il est catholique, Irlandais ou Italien. À
126
st luthérien ; Anglais s’il est presbytérien ; et
s’
il est catholique, Irlandais ou Italien. À ces différences d’origine s
127
Italien. À ces différences d’origine sont venues
s’
ajouter, par la suite, des différences de classe : l’Église baptiste e
128
re connu et médité en Suisse, d’autant plus qu’il
s’
est vu curieusement négligé par la presque totalité des observateurs e
129
catholiques. On peut déplorer la concurrence que
se
font les diverses dénominations dans un même village. Mais ces traits
130
dans un même village. Mais ces traits extérieurs
s’
expliquent lorsqu’on découvre la réalité de la vie communautaire dans
131
un milieu social, des amis, des appuis matériels
s’
il le faut. Dans ce pays énorme, qui manque de cadres traditionnels, e
132
ique », déclarant après son installation qu’il va
se
retirer à la campagne pour une semaine de recueillement. Le choix de
133
du Congrès, dans une église de la capitale. Cela
s’
intitulait : « La nation prie avec son président. » Le speaker comment
134
entait : « Maintenant, le président et M. Wallace
s’
agenouillent avec toute la congrégation… Le chœur entonne le cantique
135
naugural terminé, et à peine les applaudissements
se
sont-ils apaisés, une voix forte prononce : « Au nom du Père, du Fils
136
impressionnantes que les cérémonies totalitaires,
se
déroulent dans un cadre chrétien, immédiatement significatif pour la
137
ions d’hommes entendaient cette prière, pouvaient
s’
y joindre. l. Rougemont Denis de, « Religion et vie publique aux Ét
138
sens de l’homme. Cette belle crise radio-poétique
s’
étant heureusement dénouée dans les hauteurs du ciel arctique, nous mo
139
pirale à 5000 mètres. J’allais écrire : « L’avion
s’
élance pour franchir l’Océan d’un seul bond. Nous volons à tire-d’aile
140
tourné jusqu’au point désiré, pour y descendre et
s’
y poser. Rien ne donne une idée de l’immobilité comme ce vol sans repè
141
houleuse et cotonneuse. Mais tout d’un coup elle
se
déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres plus
142
temps coule deux fois plus vite. La stratosphère
se
dore. Des cumulus élèvent des tours et des créneaux d’un rose feu sur
143
rre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et
se
récrie : « Quel goût ! Voilà l’Europe enfin ! Et des fleurs vraies !
144
s Américains paraissent bizarres, ici ! Comme ils
se
mettent immédiatement à ressembler à ce que l’on pense d’eux en Europ
145
il y a des cloches qui sonnent les heures, et qui
s’
accordent à la suavité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudaine d
146
tout là-bas vers les Invalides. L’or pâle du Dôme
s’
avive au-dessus des toits bleus, des toits roux et des murs couleur du
147
nes gens en chandail, portant de grosses valises,
se
hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction
148
and on demande un renseignement et qu’on les voit
s’
identifier, en un clin d’œil, avec les règlements « pareils pour tous
149
e propret-coquet scolaire 1910, que l’imagination
se
rend sans condition après la plus rapide reconnaissance des lieux. J’
150
n. Et j’ai feuilleté des éditions si belles qu’on
se
demande quels talents les méritent. Ce qu’il y a de plus intact en Su
151
ue par excellence, d’une décence fondamentale. Il
se
peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été
152
agère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde
se
charge de rétablir un équilibre « humain », sur les modèles récemment
153
e, voici comment il m’apparaît. L’Europe ancienne
s’
est rétrécie à la mesure de nos frontières. Je viens de voir, du monde
154
semble qu’il n’y ait plus qu’un no man’s land où
s’
affrontent sournoisement les seules Puissances qui comptent. Fin et
155
cette grande figure voûtée qui lui ressemblait à
s’
y méprendre, c’était bien, finalement, lord Cecil… Un tiers de salle,
156
moi le discours que nul, parmi les officiels, ne
se
risquait à prononcer : « Messieurs, nous voici réunis pour célébrer u
157
ite victorieuse. On a parlé de funérailles. Il ne
s’
agit que d’un déménagement. Nous ne pourrons plus faire signe aux cygn
158
crise des logements ! Mais qu’importe. Notre idée
se
« développe », comme on le dit en photographie. Nous partons pour une
159
rts. Nous y touchons, Messieurs, vraiment — il ne
s’
en faut que d’un atome… » ⁂ Le hasard a voulu que, le soir même, je me
160
le soir même, je me visse entraîné à Cointrin, où
se
posait dans une gloire de lumière le premier appareil arrivant de New
161
un espoir raisonnable : celui de voir les Suisses
s’
ouvrir au vaste monde, et le vaste monde, en retour, à l’idéal tenace
162
pas grand-chose. Comment fédérer des nations qui
se
croient encore souveraines ? Voyons l’Histoire. Les Suisses ont réuss
163
ons la Suisse. Tout le monde croit l’avoir vue et
s’
en va répétant qu’il a fallu plus de cinq-cents ans pour sceller son u
164
ns pour sceller son union fédérale. Tout le monde
se
trompe. Il a fallu neuf mois. En voici le récit exact. Au début de 18
165
nommée par la Diète dans son sein et au-dehors —
se
réunit pour la première fois. Elle décide de siéger à huis clos cinq
166
aucune des ruines prévues et dûment calculées ne
se
produisirent. L’essor que prit la Suisse, dès cet instant, n’a pas fl
167
a cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui
se
soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne reparaisse dans la
168
upplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse
s’
est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, p
169
isse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine de
s’
arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller très
170
la peine de s’arrêter devant ce fait, pour mieux
se
persuader qu’on peut aller très vite. Car le temps fait beaucoup à l’
171
ls. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là. Même
s’
il est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez me parler, je le sai
172
mment : le premier devoir de l’obstacle, c’est de
se
laisser vaincre. Votre Comité des ministres néglige donc son premier
173
stériel. Permettez-moi de vous dire que l’opinion
s’
en moque, parce qu’elle a ses doutes motivés sur vos intentions vérita
174
peu meilleur — moins astucieusement combiné pour
s’
enrayer sans faute avant le départ —, vous en ferez l’usage qu’elle at
175
mité lui-même consultatif, formé de ministres qui
se
refusent d’ailleurs à transmettre vos consultations, consulte à son t
176
’il ne faut rien faire en attendant. Et l’opinion
se
demande si tout cela dissimule une idée de derrière la tête, ou révèl
177
du but, de volonté. J’entends bien que l’opinion
se
trompe et méconnaît vos sentiments intimes, qui sont très purs : qu’e
178
saluer bien bas les intérêts et les Pouvoirs, de
s’
agenouiller devant les Constitutions, de ramper devant les partis, et
179
c. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on
s’
engage dans une entreprise aussi vaste. Ah ! pour le coup, je trouve c
180
ngs de perles du genre de Festina lente. Paris ne
s’
est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence
181
à la sagesse des peuples. Petit à petit, Paris ne
s’
est pas fait. Mais par deux ou trois décisions, dont celle d’Haussmann
182
nt leur but, et tout changera dans un instant. Il
s’
agit d’une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés. q.
183
ses yeux. Et plusieurs d’entre vous, je le sais,
s’
en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui
184
é : notre culture, cette civilisation que rien ne
s’
offre à remplacer, et qui a su remplacer toutes les autres. D’où vient
185
urs de l’Assemblée consultative, Quelqu’un qui ne
se
sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à
186
es, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment
s’
unir avec des gens pareils ? Leur existence est purement négative. J’a
187
d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il
se
dit partisan d’un peu d’union tout de même, pour faire face aux Sovie
188
brochure, ce minimum ne saurait être envisagé que
s’
il n’affecte pas les intérêts anglais, et que si toute l’Europe se con
189
as les intérêts anglais, et que si toute l’Europe
se
convertit à l’étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base de compro
190
le Comité ministériel cessera d’être démocratique
s’
il accepte la loi de la majorité. Cette logique fait la nouveauté du d
191
u’elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle
se
fonde sur l’axiome que la démocratie est identique au socialisme angl
192
mes conclusions négatives. Au Parlement européen,
s’
il est doté de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut
193
de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique,
s’
il faut qu’elle ait vraiment de l’autorité et ne souffre donc point de
194
os staliniens sur l’ordre du Kremlin ? Et comment
se
définissent-elles ? Toynbee, qui est un grand historien, écrit au Tim
195
ue l’étranger commande chez eux. C’est tout. Mais
s’
il faut éviter que l’étranger soit Staline, ils acceptent fort bien qu
196
é les États des US ou les cantons de la Suisse de
se
fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc plus qu’un prét
197
ique négatif, à la minorité ; et derrière le veto
se
cachent en fait les vieux nationalistes, les daltoniens, et les total
198
serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui
s’
en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de ren
199
leurs du prisme, leur a donné presque sans qu’ils
s’
en doutent la force et les moyens de l’indépendance : une Autorité féd
200
air. Seuls, ceux qui veulent passionnément le But
se
résoudront aux compromis vitaux. Quant à ceux qui n’ont point cette p
201
nt cette passion de l’Europe, ceux dont le regard
s’
attarde aux obstacles à l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous
202
u’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils
se
prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sonda
203
pris de scepticisme. Les deux tiers des Européens
se
déclarent pour l’union, lorsqu’on les interroge. Il n’en fallut pas p
204
nion ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne peuvent
s’
associer à ces engagements téméraires avant d’avoir pris le temps d’ét
205
avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et de
s’
être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à
206
bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on
se
contente d’affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela n
207
ais cela en fait aux principes. Or une Europe qui
se
moque des principes vaut beaucoup moins qu’une Amérique qui les profe
208
? Vous pouvez la nommer. Le Comité ministériel va
s’
y opposer ? Vous pouvez passer outre, et jurer de rester où vos parlem
209
r que de vous adjurer de la part des millions qui
se
taisent mais qui ont peur ? Pardonnez mes violences et mes impertinen
210
de l’Europe, de rester au contraire, de ne point
se
séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êt
211
les intérêts puissants, et parfois légitimes, qui
se
révèlent contraires au salut de l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour
212
hé vers l’est et la Suisse par un département qui
se
tourne vers l’ouest, le pays de Gex est-il une arrière-garde ou un po
213
la France ? Il vit sa vie locale, adossé au Jura,
s’
approche assez de Genève pour lui vendre ses bœufs, mais s’arrête avan
214
e assez de Genève pour lui vendre ses bœufs, mais
s’
arrête avant de toucher les rives du lac ; les paysans ne sont pas pêc
215
y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et ne
se
privait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vi
216
es œufs, du lait, des fruits. Une jeune fille qui
se
tient au milieu d’eux, porteuse d’une corbeille fleurie, figure « le
217
de New York, de l’Inde ou de Stockholm. Ils vont
se
poser derrière le bois tout proche, qui assourdit tout d’un coup leur
218
usieurs de nos pays, nationalistes et communistes
s’
unissent pour dénoncer « l’emprise économique des USA », représentée à
219
nspirateurs de cette campagne insensée — mais qui
se
branche sur le sentiment spontané de larges masses, latines surtout —
220
union. En 1787, les treize États qui venaient de
se
libérer de la tutelle britannique décidèrent que leur simple alliance
221
53.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition
se
montra violente. Dans quelques villes, le projet fut brûlé par la pop
222
York était le plus réticent. Il fut le dernier à
se
rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primauté
223
écolier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer.
S’
il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel éc
224
demi, les hommes d’État américains ont coutume de
se
référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de jurisprudence
225
pe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à
se
regarder comme la maîtresse de l’Univers, et à croire le reste du gen
226
ident de les transformer en engagements concrets.
Se
demander si les Russes sont sincères serait bien vain : il faut absol
227
rait les 435 millions d’Européens ainsi réunis de
se
déclarer neutres, à partir du moment où ils disposeraient de l’armée
228
e. L’Amérique n’aurait rien à y perdre, la Russie
se
verrait rassurée, l’Europe serait faite et la paix avec elle. Prendre
229
ne fit à Moscou la semaine dernière, au moment de
s’
envoler pour franchir le Rideau — ce mur du son de la politique contem
230
parle. Toute l’attitude des Russes à Genève peut
se
résumer en un seul mot : causons ! D’où l’accent mis sur le langage c
231
à tous le sens des mots qu’il juge convenable. On
se
rappelle qu’au moment où l’armée rouge tentait d’envahir la petite Fi
232
dû, plutôt, donner à réfléchir. Le ministre russe
s’
exprimait en effet dans un langage tout naturel pour quiconque est imb
233
e l’Histoire. Le malentendu avec l’Occident — qui
se
traduisait alors par une ingérence qualifiée dans les affaires d’un a
234
autre et le désir de le comprendre, la faculté de
se
mettre à sa place et de remettre en question, fût-ce par simple hypot
235
arlons et dialoguons, non pas dans des congrès où
s’
affrontent les démagogies, mais par groupes de professionnels ; parlon
236
ts de vue et leurs défenseurs. Allons voir ce qui
se
fait chez l’autre, ce qu’il dit et comment il le sent ; et que l’autr
237
in soit au contraire son cheval de Troie. Mais il
s’
agit d’échanges réels dans les deux sens, ou je n’ai rien dit. Si chac
238
pothèse d’un changement d’attitude des Russes. Il
se
peut que les nombreux témoignages qu’ils en donnent depuis quelques m
239
ffets d’un pareil changement peuvent être lents à
se
manifester dans l’énorme psyché collective soviétique. Celle-ci cherc
240
forts : un Tito, un Adenauer. C’est vers eux que
s’
en vont ceux qui parlent pour les Russes — comme aujourd’hui Joukov va
241
es « réactionnaires », car c’est entre eux qu’ils
se
sont tous assassinés depuis trente ans, la misère collective et le ca
242
encontres privées ont suivi mon appel. Les Russes
s’
y sont montrés lourds et stupides, les marxistes parisiens ridicules.
243
encore que le fasciste, est un malade mental, ou,
s’
il est sain d’esprit, c’est un criminel en puissance : c’est un homme
244
qui trouve cela moins grave que d’arrêter Nasser,
s’
il prétend écraser Israël. On ne peut pas discuter avec ça. J’écris, e
245
de faire l’Europe. Cette Europe qui aurait pu, en
s’
unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rassemblant ses forces
246
se en fait autant, et nos sociétés d’écrivains ne
se
réveillent pas pour si peu : elles ne dépendent pas de l’État. Mais q
247
le prix Nobel, tout le monde sait aussitôt qu’il
se
passe quelque chose, qu’il s’agit d’un talent et d’un homme. Ses conf
248
sait aussitôt qu’il se passe quelque chose, qu’il
s’
agit d’un talent et d’un homme. Ses confrères communistes le savent au
249
ié pour les Russes. Et respect à Boris Pasternak.
S’
il s’est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le
250
ur les Russes. Et respect à Boris Pasternak. S’il
s’
est vu contraint, après coup, de refuser ce prix, dont il eut le temps
251
nse joie, mais un peu solitaire ! » sachons qu’il
s’
agit moins de lâcheté, dans son cas, que de patriotisme au sens ancien
252
ien. C’est devant une autre tragédie que l’esprit
s’
arrête, dans le cas de Boris Pasternak. Son refus le juge moins qu’il
253
« Le Dieu immanent, qui
s’
annonce à leur cœur » (9-10 novembre 1963)z Descartes estimait qu’u
254
hysique. Certes, beaucoup de physiciens après lui
se
sont dit athées, mais cela ne change rien au fait que le mouvement cr
255
musique. Pas davantage que Descartes, Ansermet ne
se
fonde sur le dogme, sur la Bible et la Tradition, ni sur quelque apol
256
e héritée de Husserl à travers Sartre (et dont il
s’
autorise d’ailleurs, pour réfuter l’athéisme de Sartre) mais aussi à s
257
ieu, qui occupe une place centrale et dont l’écho
s’
entend dans tout l’ouvrage, est sans nul doute l’une des prouesses int
258
existence dans le monde », la question de savoir
s’
il existe, au sens courant et plat du terme, se trouve d’emblée vidée
259
fonde l’homme et le transcende. Et la foi, qui «
se
porte sur Dieu » comme sur le fondement de notre lien au monde. Et la
260
d’entre eux — comme l’Arbre de Vie de la Genèse —
se
voient interprétés dans la logique de cette phénoménologie. On se dem
261
rétés dans la logique de cette phénoménologie. On
se
demande alors ce que l’auteur n’a pas restitué de la croyance des Égl
262
en les ramenant du Dieu transcendant que seul ils
s’
étaient révélé jusqu’alors, au Dieu immanent qui s’annonce en leur cœu
263
’étaient révélé jusqu’alors, au Dieu immanent qui
s’
annonce en leur cœur ». Sur une telle phrase, on imagine d’admirables
264
n écrit sans sourciller Ps-Pr-F — comme l’énergie
s’
écrit mc2 dans la célèbre équation d’Einstein — voici qu’il est aussi,
265
ucoup d’ennemis dans tous les camps ! La question
se
pose, à la mode de naguère dans les revues d’avant-garde parisiennes
266
t un vocabulaire trop spécifique, cette tentative
s’
inscrit d’une manière exemplaire dans l’aggiornamento, ou mise à jour,
267
intime de la Réforme. Voilà de grandes raisons de
se
passionner pour ou contre cette œuvre d’une jeunesse étonnante, dont
268
z. Rougemont Denis de, « “Le Dieu immanent, qui
s’
annonce en leur cœur” (À propos d’Ernest Ansermet) », Journal de Genèv
269
l’en accuserait, à ce moment-là, serait requis de
s’
en expliquer sur l’heure devant un tribunal militaire, lequel n’admett
270
et ouvert, doué d’esprit critique mais capable de
s’
enthousiasmer autant que de s’indigner. Les motifs de son objection so
271
que mais capable de s’enthousiasmer autant que de
s’
indigner. Les motifs de son objection sont les mêmes que ceux de sa vo
272
des principes au nom desquels notre Confédération
s’
est formée et qu’elle prétend défendre : le respect du prochain et de
273
déaux, ou si nous condamnons à la prison ceux qui
se
réclament en toute conscience, qu’aurons-nous encore à défendre en Su
274
que nous. En tout cas, il n’y aurait pas lieu de
se
faire tuer pour si peu que de savoir qui administrerait une société p
275
gnot, pour avoir refusé, pour la seconde fois, de
se
présenter au recrutement, à une peine de quatre mois d’emprisonnement
276
a nier [de] Denis de Rougemont les titres dont il
se
réclame pour parler de mission ou démission de la Suisse. Nul non plu
277
l’objection, voire une sorte de manifeste. Or, il
s’
agit d’un simple témoignage rédigé à des fins précises, pour servir un
278
fficile de défendre l’armée, le plus difficile de
se
dire objecteur, donc le plus courageux de l’être — si l’on est sérieu
279
le mette pas au ban de notre société et que l’on
s’
interdise de répéter que l’objecteur est lâche, un mauvais citoyen qui
280
». J’ai dit seulement que si l’on choisissait de
s’
en tenir à « l’ordre à tout prix » et à l’écrasement légal des opposan
281
Il me fait penser à ces grands-pères qui veulent
se
rendre populaires auprès de leurs petits enfants en leur conseillant
282
utre culture, une autre civilisation qui pourrait
s’
épanouir ? Je n’en vois aucune. Et la Chine ? Encore faudrait-il que c
283
rces extérieures qui pourraient la détruire. Elle
s’
alimente par elle-même. Elle est devenue une force de production et d’
284
trôler la bombe ! C’est aussi absurde que si l’on
se
jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser un vase de Chine
285
m’envahir dans la cour de ma maison. Mais cela ne
s’
est jamais vu. » Quelle est la responsabilité de l’artiste dans un mon
286
un monde en transformation ? Dans une société qui
s’
agrandit follement, qui perd ses mesures, la fonction de l’art pourrai
287
ts, des angles de vision qu’on lui propose et qui
s’
imposent plus ou moins aux esprits et aux sensibilités. Mais encore fa
288
étention d’apporter une conclusion définitive. Il
s’
agit avant tout de s’éclaircir les idées. Examiner le problème de l’ob
289
ne conclusion définitive. Il s’agit avant tout de
s’
éclaircir les idées. Examiner le problème de l’objection de conscience
290
discutée. Car ce n’est que dans la paix que l’on
s’
interroge sur la guerre. Si l’on met à part les Témoins de Jéhova qui
291
discussion doit commencer. Et là, deux religions
se
heurtent : la religion civique et la religion divine. Laquelle doit p
292
re, alors que l’objecteur de conscience religieux
se
réfère à cette même Constitution, dont le préambule commence par une
293
qu’« on ne peut, pour cause d’opinion religieuse,
s’
affranchir de l’accomplissement d’un devoir civique ». Donc, le fondem
294
qui conduit à la sanction peut faire croire qu’il
s’
agit uniquement d’une opposition d’intérêt entre l’armée et l’objecteu
295
jecteur est anticonstitutionnelle, mais elle peut
s’
appuyer sur le fait que la Constitution se réfère « Au Dieu Tout-Puiss
296
le peut s’appuyer sur le fait que la Constitution
se
réfère « Au Dieu Tout-Puissant ». Christian Schaller, vous avez objec
297
yen de la refuser d’une certaine manière, mais il
s’
y soumet par une autre puisqu’il accepte le jugement des tribunaux (ce
298
un des moyens d’amener à ce que les lois puissent
s’
amender. C’est une façon de mettre en évidence certains problèmes qu’o
299
eaucoup plus grave. Le conformisme du citoyen qui
se
croit bon citoyen parce qu’il fait tout ce qu’on lui dit, ce conformi
300
néréaz. — Nous avons quelque 35 000 conscrits qui
se
présentent au recrutement chaque année. Sur ce nombre, environ 300, p
301
bjecteur peut accomplir ses devoirs civiques sans
s’
opposer à sa propre conscience. Pour les autres, l’officier de recrute
302
une fois à les convaincre puis il les incorpore ;
s’
ils persistent dans leur refus de servir, ils arrivent devant les trib
303
défi constitutionnel et défi à l’armée, lorsqu’il
s’
agit de juger ceux qui ne sont pas encore citoyens, pas encore soldats
304
obtenir un sursis… Michel Barde. — Il y en a qui
se
présentent à 19 ans devant les tribunaux. Ils bénéficient de leur jeu
305
d Béguin. — Mais est-ce que les arrêts répressifs
se
purgent avec des prisonniers de droit commun ? Colonel Vaucher. — Abs
306
ant au sursis, ils ne peuvent en bénéficier, sauf
s’
ils déclarent être disposés à l’avenir à faire leur service. L’article
307
l’espoir que le jeune homme réfléchirait et qu’il
se
présenterait au service militaire. Ces jugements ont été cassés par l
308
é condamné une fois, et que les choses semblaient
se
présenter de telle manière qu’il serait certainement condamné une sec
309
conscience étaient réunies. C’est ainsi que cela
se
passait au Moyen Âge dans les tribunaux de l’Inquisition. On ne cherc
310
her. — Mais oui, bien sûr, mais en fait le cas ne
se
présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ? S’il est totalement
311
présente pas. Quand acquitte-t-on le meurtrier ?
S’
il est totalement irresponsable. Un objecteur totalement irresponsable
312
sa condamnation. Il accepte la loi. (Il pourrait
s’
y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi
313
Il accepte la loi. (Il pourrait s’y soustraire en
se
faisant réformer.) Mais sans se soustraire à la loi l’objecteur cherc
314
s’y soustraire en se faisant réformer.) Mais sans
se
soustraire à la loi l’objecteur cherche à montrer les failles de la l
315
l’esprit du législateur. Ce qui malgré tout peut
se
faire, puisque les lois changent. Colonel Vaucher. — Je voudrais répo
316
t lutter contre la guerre, en Suisse, c’est qu’il
s’
attaque en même temps à un appareil militaire dont les obligations con
317
entendu dire par des officiers supérieurs — qu’on
se
prépare très consciencieusement à la dernière guerre. Une des questio
318
nous avons été maintenus à l’écart de la guerre.
S’
il y avait eu un vide stratégique, il est fort possible que nous aurio
319
lleurs, vous savez qu’en France un objecteur doit
se
déclarer comme tel au recrutement, et qu’il ne peut assumer par la su
320
l Vaucher. — Sur le plan de la justice militaire,
s’
il existait un service civil, nous n’aurions plus un certain nombre d’
321
Dresde… Christian Schaller. — On peut précisément
s’
étonner que vous ayez pu le tolérer si bien sans changer de mentalité.
322
e, pour ma part, que si la neutralité suisse doit
s’
accompagner de la solidarité, il faut savoir lequel des termes on va t
323
et au sérieux, du problème de la guerre tel qu’il
se
présente aujourd’hui. Je me demande si on peut toujours se référer à
324
te aujourd’hui. Je me demande si on peut toujours
se
référer à notre neutralité comme à une espèce de privilège, et s’il n
325
re neutralité comme à une espèce de privilège, et
s’
il ne faut pas dire aussi : Neutralité oblige, allez plus loin. Tout c
326
manière dramatique, et qu’ils forcent le public à
se
poser des questions auxquelles je ne prétends pas répondre, mais qui
327
n’a jamais écrit sur l’amour, là, il y a lieu de
se
demander… Ceci dit, réduisons « l’invasion » à ses justes proportions
328
livre Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour)
s’
inscrit dans le prolongement de L’Amour et l’Occident . Si le second
329
’amour-passion, exalté par l’obstacle qui le nie,
se
retrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ». S’il est vrai que
330
etrouve dans la vie du couple le plus « fidèle ».
S’
il est vrai que la passion cherche l’inaccessible, et que l’autre en t
331
« la mort de la famille » dont on parle tant, il
s’
agit de la mort du couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met vot
332
maintenir dans ma dernière édition une phrase qui
se
termine ainsi : « … la moitié du malheur humain se résume dans le mot
333
e termine ainsi : « … la moitié du malheur humain
se
résume dans le mot d’adultère ». Je craignais que cette observation f
334
Occident, et la proportion réservée à l’adultère
s’
est largement accrue. » Me voici dépassé, mais dans mon sens ! Il rest
335
e second : « Ridicule et impuissance du clerc qui
s’
engage ». Le tout était un appel à l’engagement de l’écrivain en tant
336
enir. Comment à votre avis celle-ci pourrait-elle
s’
opérer ? Peut-être ai-je répondu à cette question, sur le fond, dans m
337
i ne peut être faite que par l’Europe en train de
se
faire, consiste à déplacer le centre du système politique, non seulem
338
e) des États. Or, tous les problèmes concrets qui
se
posent dans cette région appellent des solutions transfrontalières. E
339
nève, et rentrent le soir en France. Cette région
s’
étend dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres autour de la ville
340
lle, entre lesquels des liens spéciaux pourraient
s’
instituer. Il ne s’agit pas de créer, autour de Genève — et encore moi
341
des liens spéciaux pourraient s’instituer. Il ne
s’
agit pas de créer, autour de Genève — et encore moins de Lyon — une so
342
ceux des trop petites dimensions économiques. Il
s’
agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie mode
343
est-à-dire leur nature et leur contenu, sans plus
se
laisser paralyser par la fiction, décidément indéfendable à tous poin
344
C’est devenu une véritable guerre de religion »,
s’
exclamait une des personnalités que nous avions conviées à notre table
345
, tout en ne niant pas certains inconvénients qui
se
rattachent à la voiture, n’en demeure pas moins un farouche partisan.
346
cyclables à Genève. En tant que futur médecin, il
s’
est bien sûr penché plus particulièrement sur les effets de la polluti
347
cuits fermés « producteur-consommateur », tout en
s’
aidant de slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture avait été,
348
troit : c’est la création du jeune Henry Ford qui
s’
est lancé dans cette aventure contre laquelle tous ses amis le mettaie
349
’État l’interdiction absolue pour les voitures de
s’
approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complètement
350
le, quel que soit le type de fabrication que l’on
se
propose de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’e
351
é. Le jour où 50 % des Soviétiques pourront aussi
se
déplacer en voiture, ils n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilom
352
e signaler quelques-uns des côtés négatifs. Il ne
s’
agit nullement — comme on voudrait nous le faire croire dans certains
353
a peut bien nous mener. Mais voilà, Henry Ford ne
s’
est pas posé la question. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il adviendr
354
, Henry Ford ne s’est pas posé la question. Il ne
s’
est jamais demandé ce qu’il adviendrait si au lieu de vendre cent ou d
355
icules par an, il en vendrait des millions. Il ne
s’
est jamais interrogé sur les conséquences au niveau social, économique
356
le préadolescent dont le fantasme préféré est de
s’
enfuir sur les routes, au hasard. Le fugueur. Tous les adolescents ont
357
Tous les adolescents ont passé par là. L’envie de
se
débarrasser de tout et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la
358
blème c’est que les gens aujourd’hui ont appris à
se
servir de leur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont été
359
ure comme d’un instrument de travail. Ils ont été
s’
installer à la campagne et s’en servent pour venir travailler. Jacob R
360
travail. Ils ont été s’installer à la campagne et
s’
en servent pour venir travailler. Jacob Roffler : Ce que je déplore da
361
tion aussi grave en demandant simplement aux gens
s’
ils sont pour ou contre. Les PDG de l’industrie automobile française r
362
nte de tous les pouvoirs dans la masse, car c’est
s’
opposer à notre système démocratique. Prenez l’exemple très actuel de
363
ar ailleurs aussi de plus en plus brutales. Elles
se
font au nom de la raison d’État. Pensez aux expropriations que l’on s
364
raison d’État. Pensez aux expropriations que l’on
se
prépare à faire, selon des déclarations officielles, à cause des cent
365
que, c’est de laisser le droit aux populations de
se
prononcer. L’initiative Weber ne vise rien d’autre. J’ai peur que lor
366
ommunes. Les trois communes autour du Gothard. Il
s’
agissait de communes et non pas de corps constitués. Car ces derniers
367
ble. Elle demande simplement que le peuple puisse
se
prononcer. François Peyrot : Rétroactivement, ce qui est contraire à
368
s, on est bien obligé de penser que si le fédéral
s’
obstine, un recours démocratique doit être possible. Hubert de Senarcl
369
conducteur qui va faire ses achats, acceptera de
s’
extraire de sa voiture qu’il aura laissée dans un de ces parkings, alo
370
c’est que la ville est devenue invivable. Ce qui
se
passe en Occident, à cet égard, est juste l’inverse de ce que l’on co
371
tez à un afflux des populations vers la ville, où
se
déroulent les activités mais également l’animation. On ne peut pas co
372
ts catastrophiques des cités-dortoirs où les gens
se
connaissent à peine, ce qui débouche tôt ou tard sur des problèmes ps
373
e, c’est-à-dire les lieux de la ville où les gens
se
rencontrent librement, même sans se connaître, où se formait l’opinio
374
e où les gens se rencontrent librement, même sans
se
connaître, où se formait l’opinion et cela depuis la cité grecque. De
375
rencontrent librement, même sans se connaître, où
se
formait l’opinion et cela depuis la cité grecque. De l’agora jusqu’au
376
dans un petit livre qui date de 1968 — les choses
se
sont aggravées depuis — dit que le 40 % des frais d’administration de
377
l mentionne Paris et non pas Genève où les choses
se
déroulent autrement. Mais tout de même, ce jugement est assez impress
378
lement professeur au Collège de France mais qu’il
s’
occupe chaque année du budget de la nation. François Peyrot : On amène
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que insolubles. Je suis d’avis que des règlements
s’
imposent. Denis de Rougemont : Nous sommes ici, je pense, tous d’accor
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des quais de la Seine : « Il est temps que Paris
s’
adapte à l’automobile ». François Peyrot : C’est en effet une erreur,
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t : C’est en effet une erreur, car une ville doit
s’
adapter, tout en gardant ce qu’elle a d’authentique et qui doit absolu
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ter des millions de gens qui sont blessés. À cela
s’
ajoute le coût social. Je reconnais qu’actuellement, sur le plan stric
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rictement économique, il serait très difficile de
s’
arrêter de produire des voitures. Mais ne pourrait-on pas, au moins, e
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es pour rendre la circulation plus fluide mais on
s’
aperçoit qu’au moindre départ en vacances les voitures y sont bloquées
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et il y a encore relativement peu de médecins qui
se
soient véritablement penchés sur la question de la voiture et de la s
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ont loin d’être négligeables. Ainsi on commence à
s’
apercevoir des conséquences de l’oxyde d’azote sur les poumons. Les re
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e plomb déposé chaque année sur nos routes et qui
se
retrouve dans l’air ou dans l’eau. L’effet du plomb sur le système va
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ses sociales. Denis de Rougemont : Une adjonction
s’
impose. C’est l’aspect de la criminalité. Il est évident que nos outil
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mb ? François Peyrot : La réglementation fédérale
s’
est attaquée très sérieusement à ce problème. Le peuple suisse a écart
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une semaine à peine après que je l’aie écrit. Il
s’
intitulait « Monsieur de Montherlant, le sport et les jésuites » et fu
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e actuelle cette morale est en train de fortement
se
dégrader en raison, selon moi, de deux facteurs particulièrement néfa
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e nom, et bien évidemment le nationalisme, lequel
s’
est désormais emparé de la grande majorité des compétitions internatio
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s entre les JO de Berlin de 1936 et ceux qui vont
se
dérouler à Moscou. Je pense qu’en 1936, les démocraties occidentales
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x, la guerre n’aurait pas été évitée certes, mais
se
serait sans doute engagée dans des conditions bien différentes. Le pe
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la TV des membres de nombreux comités olympiques
se
réjouir à l’idée de voir disparaître à jamais les hymnes et les drape
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O. Un des dirigeants du Comité olympique français
s’
est alors rebiffé avec virulence en déclarant « Quoi ! On veut m’arrac
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ce, où les pires instincts, l’agressivité peuvent
se
déchaîner. Ne serait-il donc pas temps de revenir à une vraie morale
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Fondation Schiller Suisse — choix longuement mûri
s’
il en fut, puisqu’il ne se déclare, pour notre Suisse romande, que tou
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— choix longuement mûri s’il en fut, puisqu’il ne
se
déclare, pour notre Suisse romande, que tous les vingt ans en moyenne
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iste », c’est-à-dire une espèce d’écrivain qui ne
se
définit aujourd’hui, dans le domaine littéraire, que d’une manière né
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position, ou comme on le dit, dès ce temps-là, «
s’
engage ». Rendons leur place aux essayistes ! C’est sur ces thème
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aire, la grande allure et les éclats du style, ne
se
voient guère chez les romanciers, à part Stendhal, ni même chez les p
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as personnel, pour la première fois en public. On
s’
étonne souvent, ou l’on juge regrettable, que je donne le plus clair d
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: « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais il
se
perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes en
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ssus, m’en fait même peut-être un devoir. Tout
s’
est joué entre 1930 et 1940 J’oserai donc aborder sans aucune préca
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r sans aucune précaution la question que beaucoup
se
posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’Europe unie, de
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n que beaucoup se posent à mon sujet : — Pourquoi
s’
occupe-t-il tant d’Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horri
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es années 1930 à 1940. Durant cette décennie tout
s’
est joué, à la fois hors de moi et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est
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suisses, mais aussi d’une manière clandestine, on
s’
en doute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ils allaient la
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e fois-ci, d’une société fondée sur les communes,
s’
associant en régions pour les tâches qui dépassent leur compétence ; c
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passent leur compétence ; ces régions à leur tour
se
fédérant, et ainsi de suite jusqu’au niveau continental d’une fédérat