1 1969, Journal de Genève, articles (1926–1982). « Non, notre civilisation n’est pas mortelle ! » (30-31 août 1969)
1 s comme paravent. L’homme n’est pas esclave de sa voiture , il est esclave de sa vanité sociale par exemple. Dans un petit livre
2 1978, Journal de Genève, articles (1926–1982). Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)
2 Débat sur la voiture dans la société moderne (février 1978)an Dans moins de deux semai
3 ent la capitale mondiale de l’automobile. Mais la voiture en 1978, loin d’être un simple objet de consommation, figure au cœur
4 de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la voiture est là, avec ses partisans et ses détracteurs. Voiture fonctionnelle,
5 re est là, avec ses partisans et ses détracteurs. Voiture fonctionnelle, voiture-évasion, voiture-gadget, voiture polluante, vo
6 e fonctionnelle, voiture-évasion, voiture-gadget, voiture polluante, voiture-ras-le-bol, elle est tout cela à la fois. Mais n’ê
7 soit favorable ou non, il faut reconnaître que la voiture a très largement débordé le cadre social, économique et politique qui
8 été fixé au départ. Pour faire le point sur la «  voiture dans la société moderne », nous avons demandé à quatre personnalités
9 e depuis plus de cinquante ans le phénomène de la voiture . Dans son tout dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il lui a
10 pitre intitulé : « Première histoire de fous : la voiture . » François Peyrot, ancien conseiller d’État, président du Salon inte
11 pas certains inconvénients qui se rattachent à la voiture , n’en demeure pas moins un farouche partisan. Sur le plan social, par
12 rticulièrement sur les effets de la pollution des voitures sur notre santé. I Hubert de Senarclens : Denis de Rougemont, d
13 re, L’Avenir est notre affaire, vous décrivez une voiture née non pas d’une nécessité économique quelconque, mais de l’imaginat
14 dant de slogans publicitaires habiles. Mais si la voiture avait été, dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait-el
15 res années, Ford n’a vendu que cent ou deux cents voitures . En 1909, il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 700
16 urd’hui, les États-Unis produisent 12 millions de voitures par an. Ford est mort dans une petite auberge qu’il avait achetée pou
17 verneur de l’État l’interdiction absolue pour les voitures de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complè
18 ourd’hui, M. Peyrot, à l’utilisateur moyen que la voiture est un besoin créé de toute pièce et qu’elle est répugnante, il aurai
19 de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de voiture n’existait pas, mais qu’il l’avait créé, n’est pas une démonstration
20 i a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la voiture , mais tous ses amis. C’était la vox populi. Jacob Roffler : Rien n’es
21 , au niveau social, créer le besoin d’utiliser la voiture , notamment lorsque vous habitez la campagne et que vous devez vous re
22 es loisirs. Regardez l’affiche du Salon 78 : « La voiture vous rend indépendant. » Mais rien n’est plus faux. En auto, vous dev
23 possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la voiture , Ford lui-même a assené la preuve contraire. Son expérience peut être
24 ine d’inventeurs qui ont fait à peu près soixante voitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs.
25 oitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industr
26 . II Hubert de Senarclens : On parle de la voiture qui rapproche, qui libère, qui rend indépendant. Aujourd’hui pourtant
27 jourd’hui pourtant le développement effréné de la voiture n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? Fran
28 ges de ce mode de transport? François Peyrot : La voiture permet un déplacement de porte à porte. Elle donne une liberté de mou
29 Vous sortez de chez vous, vous entrez dans votre voiture , vous arrivez au point de destination. C’est un instrument de travail
30 oque » où seules les familles aisées roulaient en voiture est dépassée. L’élévation du niveau de vie — et je m’en félicite — a
31 ts. Un autre aspect qu’il faut souligner c’est la voiture signe de la civilisation industrielle et signe de la liberté des peup
32 tion en URSS, 50 % aux USA. Dès que vous créez la voiture , vous appelez la liberté. Le jour où 50 % des Soviétiques pourront au
33 0 % des Soviétiques pourront aussi se déplacer en voiture , ils n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d
34 b Roffler : Vous avez énuméré les avantages de la voiture qui soi-disant rendrait libre. Mais vous savez très bien que lorsque
35 e problème à une dimension absolument puérile. La voiture est l’exemple type du danger qui consiste à accepter ou promouvoir de
36 ocial, économique, sur la vie morale des gens. La voiture est un exemple parfait d’absence totale de prospective. J’ai omis de
37 et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la voiture au chemin de fer qui lui est réglé et n’offre aucune possibilité de d
38  ? Quand il disait à ses ouvriers : « achetez des voitures , cela vous rendra libres », en fait leur véhicule leur servait essent
39 nt qui soit. Les Américains ont calculé que leurs voitures rejettent le 87 % de l’énergie qu’elles consomment. Illich a calculé
40 même à la limite romantiques, on constate que la voiture a donné exactement le contraire : un rendement minable, des villes in
41 de la population et des individus, plutôt que la voiture en tant que telle. Car on pourrait adresser exactement les mêmes crit
42 es secteurs. Pourquoi ne retenir que le cas de la voiture  ? Il faut prendre en considération l’individu et voir les conséquence
43 reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de la voiture un usage abusif. Un urbanisme dense permet, par exemple, d’accroître
44 s gens aujourd’hui ont appris à se servir de leur voiture comme d’un instrument de travail. Ils ont été s’installer à la campag
45 e, c’est la place beaucoup trop grande faite à la voiture et à ceux qui l’utilisent. C’est ce qui explique que des zones de ver
46 le problème de l’individu plutôt que celui de la voiture . Car de cette dernière, comme de n’importe quel objet, vous pouvez en
47 e utilisation. On vit dans une civilisation où la voiture et très importante. Il faut faire façon d’elle. Ce qui me choque c’es
48 Mais on ne peut seulement préconiser de rayer la voiture de la surface du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’a dit
49 mon propos initial. En moins de cinquante ans la voiture est devenue le numéro un de l’industrie mondiale. L’index de la conjo
50 face à cette réalité si je suis pour ou contre la voiture , je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’a plus aucune impo
51 dre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez-vous une voiture  ? ». C’est grotesque, c’est de l’enfantillage. III Hubert de S
52 t de Senarclens : Entraver le développement de la voiture ou son utilisation, affirment ses partisans, c’est porter atteinte au
53 ion de l’État pour faire face à l’extension de la voiture , est de plus en plus brutale et ne tient pas compte des intérêts régi
54 . Comme vous le savez, chaque année, le nombre de voitures augmente ; donc il faut construire davantage de routes et d’autoroute
55 s en plus concernés par les effets négatifs de la voiture sur le visage des villes. Vous avez souvent écrit, M. de Rougemont, q
56 er que représentait une utilisation abusive de la voiture . Déjà en 1968, rappelez-vous, la notion de « petite ceinture » a été
57 notamment dans les zones densément peuplées où la voiture ne devrait plus être qu’un appoint. Mais lorsque l’on passe aux actes
58 a faire ses achats, acceptera de s’extraire de sa voiture qu’il aura laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de pl
59 avez fréquemment écrit Denis de Rougemont, que la voiture avait tué les relations humaines dans la cité. Denis de Rougemont : J
60 ouvrages nous a rendus attentifs à ce fait que la voiture , en envahissant complètement les places transformées en parkings — pe
61 stration de la ville de Paris sont consacrés à la voiture . Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été
62 lexion philosophique, sociale ou politique sur la voiture — qu’on le veuille ou non — n’est-elle pas neutralisée par cette réal
63 entendre parler d’emplois et de niveau de vie. La voiture y contribue de façon très importante. D’ailleurs cet aspect du niveau
64 nsistez beaucoup sur l’objet — en l’occurrence la voiture — mais vous insistez beaucoup moins sur le sujet. Jacob Roffler : Qua
65 oniques, mais aussi des accidentés. Lorsque votre voiture va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer
66 erait très difficile de s’arrêter de produire des voitures . Mais ne pourrait-on pas, au moins, envisager de mettre au point des
67 candaleux — c’est un pur gaspillage — de voir ces voitures qui ne durent pas et auxquelles l’on doit continuellement changer des
68 n s’aperçoit qu’au moindre départ en vacances les voitures y sont bloquées. Hubert de Senarclens : La pollution due à la voiture
69 ées. Hubert de Senarclens : La pollution due à la voiture serait responsable de graves méfaits sur notre santé : possibilité de
70 oient véritablement penchés sur la question de la voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont l
71 voiture et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont loin d’être négligeables. Ainsi on commence à s’ape
72 dification de leur comportement. La pollution des voitures est en outre responsable d’un certain nombre de maladies pulmonaires.
73 de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la voiture donne une certaine liberté, on paie celle-ci horriblement cher. Par d
74 yrot : Personne ne discute le fait que les gaz de voiture sont toxiques à forte dose. Mais quels sont les méfaits et leur impor
75 urs de ce débat, minimisé les inconvénients de la voiture . François Peyrot : Et vous, ses avantages… an. Rougemont Denis de
76 tages… an. Rougemont Denis de, « Débat sur la voiture dans la société moderne », Journal de Genève, Genève, 17–19 février 1