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s comme paravent. L’homme n’est pas esclave de sa
voiture
, il est esclave de sa vanité sociale par exemple. Dans un petit livre
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ent la capitale mondiale de l’automobile. Mais la
voiture
en 1978, loin d’être un simple objet de consommation, figure au cœur
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de problèmes de santé ou de chômage, en ville, la
voiture
est là, avec ses partisans et ses détracteurs. Voiture fonctionnelle,
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re est là, avec ses partisans et ses détracteurs.
Voiture
fonctionnelle, voiture-évasion, voiture-gadget, voiture polluante, vo
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e fonctionnelle, voiture-évasion, voiture-gadget,
voiture
polluante, voiture-ras-le-bol, elle est tout cela à la fois. Mais n’ê
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soit favorable ou non, il faut reconnaître que la
voiture
a très largement débordé le cadre social, économique et politique qui
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été fixé au départ. Pour faire le point sur la «
voiture
dans la société moderne », nous avons demandé à quatre personnalités
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e depuis plus de cinquante ans le phénomène de la
voiture
. Dans son tout dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il lui a
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pitre intitulé : « Première histoire de fous : la
voiture
. » François Peyrot, ancien conseiller d’État, président du Salon inte
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pas certains inconvénients qui se rattachent à la
voiture
, n’en demeure pas moins un farouche partisan. Sur le plan social, par
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rticulièrement sur les effets de la pollution des
voitures
sur notre santé. I Hubert de Senarclens : Denis de Rougemont, d
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re, L’Avenir est notre affaire, vous décrivez une
voiture
née non pas d’une nécessité économique quelconque, mais de l’imaginat
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dant de slogans publicitaires habiles. Mais si la
voiture
avait été, dès le départ, un besoin inventé de toute pièce, aurait-el
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res années, Ford n’a vendu que cent ou deux cents
voitures
. En 1909, il en avait vendu 18 000, en 1919, 1 million et en 1924 700
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urd’hui, les États-Unis produisent 12 millions de
voitures
par an. Ford est mort dans une petite auberge qu’il avait achetée pou
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verneur de l’État l’interdiction absolue pour les
voitures
de s’approcher à plus de 5 miles de chez lui. Il avait en fait complè
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ourd’hui, M. Peyrot, à l’utilisateur moyen que la
voiture
est un besoin créé de toute pièce et qu’elle est répugnante, il aurai
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de faire. Que Henry Ford ait dit que le besoin de
voiture
n’existait pas, mais qu’il l’avait créé, n’est pas une démonstration
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i a affirmé qu’il n’y avait pas de besoin pour la
voiture
, mais tous ses amis. C’était la vox populi. Jacob Roffler : Rien n’es
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, au niveau social, créer le besoin d’utiliser la
voiture
, notamment lorsque vous habitez la campagne et que vous devez vous re
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es loisirs. Regardez l’affiche du Salon 78 : « La
voiture
vous rend indépendant. » Mais rien n’est plus faux. En auto, vous dev
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possible. Mais c’est un dogme ! Dans le cas de la
voiture
, Ford lui-même a assené la preuve contraire. Son expérience peut être
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ine d’inventeurs qui ont fait à peu près soixante
voitures
en tout… Il n’y avait presque pas plus de voitures que d’inventeurs.
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oitures en tout… Il n’y avait presque pas plus de
voitures
que d’inventeurs. Il a été de toute évidence le créateur de l’industr
26
. II Hubert de Senarclens : On parle de la
voiture
qui rapproche, qui libère, qui rend indépendant. Aujourd’hui pourtant
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jourd’hui pourtant le développement effréné de la
voiture
n’a-t-il pas « torpillé » les avantages de ce mode de transport? Fran
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ges de ce mode de transport? François Peyrot : La
voiture
permet un déplacement de porte à porte. Elle donne une liberté de mou
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Vous sortez de chez vous, vous entrez dans votre
voiture
, vous arrivez au point de destination. C’est un instrument de travail
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oque » où seules les familles aisées roulaient en
voiture
est dépassée. L’élévation du niveau de vie — et je m’en félicite — a
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ts. Un autre aspect qu’il faut souligner c’est la
voiture
signe de la civilisation industrielle et signe de la liberté des peup
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tion en URSS, 50 % aux USA. Dès que vous créez la
voiture
, vous appelez la liberté. Le jour où 50 % des Soviétiques pourront au
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0 % des Soviétiques pourront aussi se déplacer en
voiture
, ils n’accepteront plus d’être bloqués à 30 kilomètres de leur lieu d
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b Roffler : Vous avez énuméré les avantages de la
voiture
qui soi-disant rendrait libre. Mais vous savez très bien que lorsque
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e problème à une dimension absolument puérile. La
voiture
est l’exemple type du danger qui consiste à accepter ou promouvoir de
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ocial, économique, sur la vie morale des gens. La
voiture
est un exemple parfait d’absence totale de prospective. J’ai omis de
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et de ne connaître aucune entrave. Il opposait la
voiture
au chemin de fer qui lui est réglé et n’offre aucune possibilité de d
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? Quand il disait à ses ouvriers : « achetez des
voitures
, cela vous rendra libres », en fait leur véhicule leur servait essent
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nt qui soit. Les Américains ont calculé que leurs
voitures
rejettent le 87 % de l’énergie qu’elles consomment. Illich a calculé
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même à la limite romantiques, on constate que la
voiture
a donné exactement le contraire : un rendement minable, des villes in
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de la population et des individus, plutôt que la
voiture
en tant que telle. Car on pourrait adresser exactement les mêmes crit
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es secteurs. Pourquoi ne retenir que le cas de la
voiture
? Il faut prendre en considération l’individu et voir les conséquence
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reconnaître qu’il y a trop de gens qui font de la
voiture
un usage abusif. Un urbanisme dense permet, par exemple, d’accroître
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s gens aujourd’hui ont appris à se servir de leur
voiture
comme d’un instrument de travail. Ils ont été s’installer à la campag
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e, c’est la place beaucoup trop grande faite à la
voiture
et à ceux qui l’utilisent. C’est ce qui explique que des zones de ver
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le problème de l’individu plutôt que celui de la
voiture
. Car de cette dernière, comme de n’importe quel objet, vous pouvez en
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e utilisation. On vit dans une civilisation où la
voiture
et très importante. Il faut faire façon d’elle. Ce qui me choque c’es
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Mais on ne peut seulement préconiser de rayer la
voiture
de la surface du globe… Denis de Rougemont : Cela personne ne l’a dit
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mon propos initial. En moins de cinquante ans la
voiture
est devenue le numéro un de l’industrie mondiale. L’index de la conjo
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face à cette réalité si je suis pour ou contre la
voiture
, je dois convenir que c’est de la rigolade. Cela n’a plus aucune impo
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dre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez-vous une
voiture
? ». C’est grotesque, c’est de l’enfantillage. III Hubert de S
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t de Senarclens : Entraver le développement de la
voiture
ou son utilisation, affirment ses partisans, c’est porter atteinte au
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ion de l’État pour faire face à l’extension de la
voiture
, est de plus en plus brutale et ne tient pas compte des intérêts régi
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. Comme vous le savez, chaque année, le nombre de
voitures
augmente ; donc il faut construire davantage de routes et d’autoroute
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s en plus concernés par les effets négatifs de la
voiture
sur le visage des villes. Vous avez souvent écrit, M. de Rougemont, q
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er que représentait une utilisation abusive de la
voiture
. Déjà en 1968, rappelez-vous, la notion de « petite ceinture » a été
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notamment dans les zones densément peuplées où la
voiture
ne devrait plus être qu’un appoint. Mais lorsque l’on passe aux actes
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a faire ses achats, acceptera de s’extraire de sa
voiture
qu’il aura laissée dans un de ces parkings, alors que vous avez de pl
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avez fréquemment écrit Denis de Rougemont, que la
voiture
avait tué les relations humaines dans la cité. Denis de Rougemont : J
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ouvrages nous a rendus attentifs à ce fait que la
voiture
, en envahissant complètement les places transformées en parkings — pe
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stration de la ville de Paris sont consacrés à la
voiture
. Et il ajoute en substance qu’à ce jeu de l’auto prioritaire ont été
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lexion philosophique, sociale ou politique sur la
voiture
— qu’on le veuille ou non — n’est-elle pas neutralisée par cette réal
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entendre parler d’emplois et de niveau de vie. La
voiture
y contribue de façon très importante. D’ailleurs cet aspect du niveau
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nsistez beaucoup sur l’objet — en l’occurrence la
voiture
— mais vous insistez beaucoup moins sur le sujet. Jacob Roffler : Qua
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oniques, mais aussi des accidentés. Lorsque votre
voiture
va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque de tuer
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erait très difficile de s’arrêter de produire des
voitures
. Mais ne pourrait-on pas, au moins, envisager de mettre au point des
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candaleux — c’est un pur gaspillage — de voir ces
voitures
qui ne durent pas et auxquelles l’on doit continuellement changer des
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n s’aperçoit qu’au moindre départ en vacances les
voitures
y sont bloquées. Hubert de Senarclens : La pollution due à la voiture
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ées. Hubert de Senarclens : La pollution due à la
voiture
serait responsable de graves méfaits sur notre santé : possibilité de
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oient véritablement penchés sur la question de la
voiture
et de la santé. Pourtant les effets de la voiture sur la santé sont l
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voiture et de la santé. Pourtant les effets de la
voiture
sur la santé sont loin d’être négligeables. Ainsi on commence à s’ape
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dification de leur comportement. La pollution des
voitures
est en outre responsable d’un certain nombre de maladies pulmonaires.
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de vivre, la douleur, etc. Donc on voit que si la
voiture
donne une certaine liberté, on paie celle-ci horriblement cher. Par d
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yrot : Personne ne discute le fait que les gaz de
voiture
sont toxiques à forte dose. Mais quels sont les méfaits et leur impor
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urs de ce débat, minimisé les inconvénients de la
voiture
. François Peyrot : Et vous, ses avantages… an. Rougemont Denis de
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tages… an. Rougemont Denis de, « Débat sur la
voiture
dans la société moderne », Journal de Genève, Genève, 17–19 février 1