1
s dans l’une et l’autre de ces capitales suffit à
vous
en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de
2
les suffit à vous en donner la sensation : ce que
vous
pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer ce
3
ion : ce que vous pourrez voir durant le reste de
votre
séjour ne fera que confirmer cette première impression. Vienne : assi
4
ouettée ? Budapest : une vague de musique tzigane
vous
emporte dès l’entrée. Un violon vient vous siffler à l’oreille les no
5
zigane vous emporte dès l’entrée. Un violon vient
vous
siffler à l’oreille les notes les plus aiguës d’une chanson populaire
6
ement rauques… Sortez pour en suivre une, arrêtez-
vous
à ses côtés devant cet étalage pour admirer un coussin aux curieux de
7
ir et portant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-
vous
qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais !
8
… Rentrons dans la ville un soir qu’elle s’amuse.
Vous
avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau
9
muse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui
vous
ont reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation
10
eau de Dieu, — c’est leur formule de salutation —
vous
constatez que cette profusion de liqueurs légères facilite singulière
11
facilite singulièrement les rapports sociaux. On
vous
mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voix hon
12
nt les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre,
vous
n’y comprenez rien, mais le charme des voix hongroises féminines suff
13
le charme des voix hongroises féminines suffit à
votre
bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany est une grande artiste. V
14
ix hongroises féminines suffit à votre bonheur et
vous
voyez bien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes le
15
yez bien que Mme Varshany est une grande artiste.
Vous
vous êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. C
16
ien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous
vous
êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce
17
le, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et
vous
voici transporté dans un bal costumé, parmi des gens qui parlent une
18
touches du surnaturel. Si les scandales du temps
vous
laissent quelque loisir pour vous occuper de vous-mêmes et de l’enjeu
19
ndales du temps vous laissent quelque loisir pour
vous
occuper de vous-mêmes et de l’enjeu de l’existence, vous lirez Sara A
20
cuper de vous-mêmes et de l’enjeu de l’existence,
vous
lirez Sara Alelia 2. La puissante mélancolie, le réalisme total qui é
21
réalisme total qui éclatent dans ce chef-d’œuvre
vous
consoleront des réalités artificielles qui énervent nos vies de souci
22
ait Péguy. Et dix fois, en me le rendant, « Je ne
vous
dirai pas à quelle heure je l’ai terminé cette nuit ». — « Des livres
23
l’auteur de Gösta Berling : mais une sobriété qui
vous
saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur
24
u’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Je ne
vous
conterai pas « l’histoire ». Cette chronique d’une vie de femme n’est
25
. C’est ainsi que, dans chaque journal américain,
vous
pourrez lire quelques articles sérieusement documentés sur les défaut
26
illeurs des intérêts matériels et non des idées —
vous
trouverez des articles d’un ton beaucoup plus mordant, relatifs aux c
27
rent à s’orner de bandes de papier portant : « Je
vous
l’avais bien dit ! » Une neige de papiers multicolores descendait len
28
e remplis mes caves de conserves. Car ce sera, je
vous
le dis, la famine et le bolchévisme ! » Cette dame s’occupe aujourd’h
29
ropéens de l’Amérique. Ouvrez le New York Times :
vous
y trouverez, le samedi, deux grandes pages consacrées aux choses reli
30
érenciers les plus en vogue. Tournez le bouton de
votre
radio : à 14 h chaque jour, vous entendrez un choix « d’hymnes de tou
31
ez le bouton de votre radio : à 14 h chaque jour,
vous
entendrez un choix « d’hymnes de toutes les Églises ». Plus tard, un
32
zaine de cultes relayés par différentes stations.
Vous
passerez d’une liturgie solennelle de l’Église épiscopale à quelque r
33
éservée aux lieux de culte. En tête : « Préservez
votre
privilège américain : allez au culte de votre paroisse. » Certes, l’o
34
vez votre privilège américain : allez au culte de
votre
paroisse. » Certes, l’on peut sourire de la publicité qu’étalent les
35
ar les Américains pendant la guerre… » — « Taisez-
vous
, me crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être
36
-ils non sans inquiétude. — Et New York donc ? Si
vous
y connaissez des chambres libres, faites-moi signe. (Comme les Améric
37
ment dormirais-je cette nuit ? J’arrive au rendez-
vous
après sept ans, furtivement, à la faveur d’une nuit déserte. Un rende
38
vement, à la faveur d’une nuit déserte. Un rendez-
vous
dont j’avais bien souvent désespéré, après cet au revoir en juin 40,
39
règlements « pareils pour tous », non point avec
votre
situation d’usager perplexe ou anxieux. La bonhomie des mêmes employé
40
5 août 1950)p Messieurs les députés européens,
Vous
êtes ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire.
41
pour fédérer vingt-cinq États souverains… Pensez-
vous
que l’Histoire vous en laisse beaucoup plus, pour unir vos États dans
42
cinq États souverains… Pensez-vous que l’Histoire
vous
en laisse beaucoup plus, pour unir vos États dans un plus grand péril
43
’Histoire vous en laisse beaucoup plus, pour unir
vos
États dans un plus grand péril ? Vous me direz que l’Europe est plus
44
s, pour unir vos États dans un plus grand péril ?
Vous
me direz que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut un
45
ourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors :
vous
êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara —
46
nève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entre
vos
pays, les deux dont vous sortez suffisent. Vos Nations vivent ensembl
47
rne. Pour la guerre entre vos pays, les deux dont
vous
sortez suffisent. Vos Nations vivent ensemble depuis autant de siècle
48
re vos pays, les deux dont vous sortez suffisent.
Vos
Nations vivent ensemble depuis autant de siècles, et souvent davantag
49
s cantons. Leurs sorts ne sont pas moins liés, si
vous
regardez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne
50
vous regardez l’Europe dans l’ensemble du monde.
Vos
cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoire
51
strangulatoires, que ne l’étaient les nôtres. Et
vos
économies ne sont pas plus disparates que celle de Zurich par exemple
52
incipe, mais pratique. C’est assez pour que j’ose
vous
supplier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf
53
Car le temps fait beaucoup à l’affaire. Celui que
vous
n’auriez pas, Staline le prend. C’est le temps de méditer avant d’agi
54
le temps de méditer avant d’agir. Mais celui que
vous
risquez de perdre, cet été, soyez bien sûr qu’il le retrouvera : c’es
55
de revendications. Et je n’ai point de conseils à
vous
donner. Mais je vous écris au nom d’une centaine de milliers de milit
56
je n’ai point de conseils à vous donner. Mais je
vous
écris au nom d’une centaine de milliers de militants fédéralistes, qu
57
là. Même s’il est prononcé avec l’accent anglais.
Vous
allez me parler, je le sais bien, des grandes difficultés accumulées
58
sais bien, des grandes difficultés accumulées sur
votre
route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est vot
59
té. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est
votre
volonté de les surmonter. L’un d’entre vous le rappelait récemment :
60
’est votre volonté de les surmonter. L’un d’entre
vous
le rappelait récemment : le premier devoir de l’obstacle, c’est de se
61
evoir de l’obstacle, c’est de se laisser vaincre.
Votre
Comité des ministres néglige donc son premier devoir. À qui la faute
62
nion, sur ce point, entretient des soupçons qu’il
vous
faut dissiper. Vous allez, paraît-il, réviser prudemment les statuts
63
entretient des soupçons qu’il vous faut dissiper.
Vous
allez, paraît-il, réviser prudemment les statuts du Conseil de l’Euro
64
ent les statuts du Conseil de l’Europe, ainsi que
vos
rapports internes avec le comité ministériel. Permettez-moi de vous d
65
rnes avec le comité ministériel. Permettez-moi de
vous
dire que l’opinion s’en moque, parce qu’elle a ses doutes motivés sur
66
’en moque, parce qu’elle a ses doutes motivés sur
vos
intentions véritables. Elle n’est pas sûre qu’une fois dotés d’un ins
67
biné pour s’enrayer sans faute avant le départ —,
vous
en ferez l’usage qu’elle attend. Elle n’a pas l’impression très nette
68
attend. Elle n’a pas l’impression très nette que
vous
êtes décidés à faire l’Europe envers et contre toutes ses routines dé
69
nt, et pour tout dire d’un mot, à gouverner. Elle
vous
voit réticents pour la plupart, inquiets de ne pas vous avancer au-de
70
oit réticents pour la plupart, inquiets de ne pas
vous
avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins que rien, ar
71
quiets de ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on
vous
a permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa, déconcertés
72
par un éternuement des daltoniens. Elle voit que
votre
Assemblée consultative d’un comité lui-même consultatif, formé de min
73
inistres qui se refusent d’ailleurs à transmettre
vos
consultations, consulte à son tour des experts. Ces consultés à la tr
74
entends bien que l’opinion se trompe et méconnaît
vos
sentiments intimes, qui sont très purs : qu’elle distingue mal les fo
75
mal les forces colossales qui paralysent jusqu’à
votre
éloquence et vous empêchent d’articuler des intentions peut-être subv
76
ossales qui paralysent jusqu’à votre éloquence et
vous
empêchent d’articuler des intentions peut-être subversives (on chucho
77
intentions peut-être subversives (on chuchote que
vous
tenez en réserve un projet de timbre-poste européen). Certes, il conv
78
fameuse prudence dont l’éloge inlassable embellit
vos
discours. En somme, que risquez-vous ? Je cherche à voir ce qui peut
79
able embellit vos discours. En somme, que risquez-
vous
? Je cherche à voir ce qui peut vous faire peur, ce qui peut être plu
80
que risquez-vous ? Je cherche à voir ce qui peut
vous
faire peur, ce qui peut être plus dangereux que l’inaction totale où
81
peut être plus dangereux que l’inaction totale où
vous
glissez, plus utopique que le maintien du statu quo, plus follement i
82
intien du statu quo, plus follement imprudent que
vos
prudences ? Je ne trouve pas. On dirait que vous avez le trac. Vous r
83
e vos prudences ? Je ne trouve pas. On dirait que
vous
avez le trac. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on s’engage
84
e ne trouve pas. On dirait que vous avez le trac.
Vous
répétez qu’il faut être prudents quand on s’engage dans une entrepris
85
» (je m’excuse de parler comme un ministre). Car
vous
ne vous êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous
86
’excuse de parler comme un ministre). Car vous ne
vous
êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez
87
usqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand
vous
y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu
88
s pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de
votre
première session consultative (au second degré) de quoi faire un coll
89
er. Les vieillards ont l’humeur proverbiale, mais
votre
assemblée est trop jeune. Je lui propose quelques slogans nouveaux et
90
out faire en deux pas, sauf franchir un abîme. Si
votre
œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout e
91
t la vertu des audacieux. Je me résume. L’opinion
vous
regarde. Elle n’entre pas dans les subtilités. Elle vous demande « Qu
92
garde. Elle n’entre pas dans les subtilités. Elle
vous
demande « Que voulez-vous faire ? » Si vous ne voulez pas fédérer l’E
93
ns les subtilités. Elle vous demande « Que voulez-
vous
faire ? » Si vous ne voulez pas fédérer l’Europe, vous ne voulez rien
94
Elle vous demande « Que voulez-vous faire ? » Si
vous
ne voulez pas fédérer l’Europe, vous ne voulez rien qui l’intéresse.
95
faire ? » Si vous ne voulez pas fédérer l’Europe,
vous
ne voulez rien qui l’intéresse. Si vous ne faites rien cet été, vous
96
l’Europe, vous ne voulez rien qui l’intéresse. Si
vous
ne faites rien cet été, vous serez oubliés cet automne. Si vous croye
97
qui l’intéresse. Si vous ne faites rien cet été,
vous
serez oubliés cet automne. Si vous croyez qu’il vaut mieux ne rien fa
98
rien cet été, vous serez oubliés cet automne. Si
vous
croyez qu’il vaut mieux ne rien faire, ou qu’on ne peut rien faire de
99
en faire, ou qu’on ne peut rien faire de sérieux,
vous
pouvez encore rendre un service à l’Europe ; allez-vous-en. Laissez l
100
à ceux qui ont décidé d’agir. Avouez que rien ne
vous
paraît possible, on comprendra que vous n’êtes plus nécessaires. Mais
101
e rien ne vous paraît possible, on comprendra que
vous
n’êtes plus nécessaires. Mais cessez de faire semblant d’être là. Con
102
un édifice inachevé. Mais si quelques-uns d’entre
vous
, comme je le crois, sont fédéralistes, qu’ils le disent, qu’ils procl
103
hacun peut voir de ses yeux. Et plusieurs d’entre
vous
, je le sais, s’en affligent. (On peut penser que ce n’est pas suffisa
104
ce n’est pas suffisant.) Aujourd’hui, je voudrais
vous
dire l’admiration et le respect que j’éprouve, non point hélas ! pour
105
le respect que j’éprouve, non point hélas ! pour
vos
succès jusqu’à cette date, mais pour le rôle qui vous est dévolu, et
106
succès jusqu’à cette date, mais pour le rôle qui
vous
est dévolu, et pour le nom qu’il vous convient de revendiquer, celui
107
le rôle qui vous est dévolu, et pour le nom qu’il
vous
convient de revendiquer, celui dont, par avance, je vous salue. Vous
108
nvient de revendiquer, celui dont, par avance, je
vous
salue. Vous êtes, Messieurs, Députés de l’Europe. Essayons de mesurer
109
vendiquer, celui dont, par avance, je vous salue.
Vous
êtes, Messieurs, Députés de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur
110
urope entière, voilà qui signifie, Messieurs, que
vous
avez perdu le droit d’être étrangers sur aucune de nos terres, dans a
111
orme l’héritage deux fois millénaire de nos fils.
Vous
n’êtes pas seulement les députés de quinze villes capitales, et de ce
112
révoltes qui rassemblent ou divisent les vivants,
vous
êtes les députés d’une aventure humaine qui tente à travers vous, dan
113
éputés d’une aventure humaine qui tente à travers
vous
, dans l’angoisse et l’espoir, le risque et la grandeur d’une liberté
114
risque et la grandeur d’une liberté nouvelle. Que
vous
le sachiez ou non, vous êtes les députés d’Athènes, de Rome et de Jér
115
une liberté nouvelle. Que vous le sachiez ou non,
vous
êtes les députés d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de l
116
s et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs,
vous
êtes les Députés. On attend de vous l’invention qui sauve la paix du
117
a, Messieurs, vous êtes les Députés. On attend de
vous
l’invention qui sauve la paix du monde, et qui maintienne l’Europe da
118
te la musique est née du contrepoint de l’Europe.
Vous
êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, des symphonies et
119
rment du Jeu de Paume… Ce grand passé, Messieurs,
vous
charge de l’avenir. Par l’un, vous êtes à l’autre députés. Me voici p
120
sé, Messieurs, vous charge de l’avenir. Par l’un,
vous
êtes à l’autre députés. Me voici partagé entre l’envie de rire de vos
121
éputés. Me voici partagé entre l’envie de rire de
vos
craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentiment très vif de mon
122
re l’envie de rire de vos craintes dérisoires, de
vos
alinéas, et le sentiment très vif de mon néant devant l’ampleur de la
123
f de mon néant devant l’ampleur de la mission qui
vous
anime, ou qui peut-être vous écrase. En vérité, je ne sais comment j’
124
ur de la mission qui vous anime, ou qui peut-être
vous
écrase. En vérité, je ne sais comment j’ose vous parler, si ce n’est
125
vous écrase. En vérité, je ne sais comment j’ose
vous
parler, si ce n’est par angoisse et en dernier recours, soulevé par l
126
, et ce grand risque de la liberté, tout cela qui
vous
délègue en ce lieu décisif, dans l’histoire concrète de ce temps, tou
127
emps, tout cela peut disparaître à tout jamais si
vous
manquez à une mission précise, celle de fédérer nos faiblesses pour e
128
u siècle. Messieurs les députés européens, saurez-
vous
mériter votre nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’E
129
sieurs les députés européens, saurez-vous mériter
votre
nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd
130
ens, saurez-vous mériter votre nom ? On attend de
vous
la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, sont confondues av
131
nd pour répondre au défi d’un tel destin. Groupez-
vous
. Dites au moins votre but ! Nous sommes plusieurs millions qui n’atte
132
éfi d’un tel destin. Groupez-vous. Dites au moins
votre
but ! Nous sommes plusieurs millions qui n’attendons qu’un signe. r
133
l’Europe. Et cela produit des résultats bizarres.
Votre
Assemblée, selon lui, peut faire du bon travail, pourvu qu’elle n’ait
134
e super-nationale. Cet ami de l’unité siège parmi
vous
. Il va trouver sur vos banquettes des adversaires et des alliés inatt
135
mi de l’unité siège parmi vous. Il va trouver sur
vos
banquettes des adversaires et des alliés inattendus. Les socialistes
136
ous n’attendons rien de plus, ni rien de moins de
vous
. s. Rougemont Denis de, « Quatrième lettre aux députés européens :
137
inquième lettre aux députés européens : « Méritez
votre
nom ! » (19-20 août 1950)t Messieurs les députés de l’Europe à sau
138
nde, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas.
Vous
êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités de
139
« On suit ceux qui marchent », dit Péguy. Elle ne
vous
suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourron
140
marchent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si
vous
êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourront bien dire : J’ava
141
ens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas, si
vous
ne faites presque rien. Elle laissera les sceptiques parler « au nom
142
çus, et Staline très content. Voici l’acte que je
vous
propose, au nom de l’opinion qui ne parle pas encore. Messieurs les d
143
n qui ne parle pas encore. Messieurs les députés,
vous
le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont é
144
ncore. Messieurs les députés, vous le savez bien,
vous
n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes si
145
pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et
vous
êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire éli
146
simplement délégués pour consultation. Décidez de
vous
faire élire. Un raisonnement très simple appuie cette suggestion. On
147
titution fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à
vous
de l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Il faut une Commi
148
septembre, à Strasbourg. Il faut une Commission ?
Vous
pouvez la nommer. Le Comité ministériel va s’y opposer ? Vous pouvez
149
la nommer. Le Comité ministériel va s’y opposer ?
Vous
pouvez passer outre, et jurer de rester où vos parlements vous envoie
150
? Vous pouvez passer outre, et jurer de rester où
vos
parlements vous envoient. (Les ministres dépendent aussi de vos parle
151
asser outre, et jurer de rester où vos parlements
vous
envoient. (Les ministres dépendent aussi de vos parlements, qui reste
152
vous envoient. (Les ministres dépendent aussi de
vos
parlements, qui restent les seuls juges d’un conflit éventuel.) Si vo
153
estent les seuls juges d’un conflit éventuel.) Si
vous
acceptez cela, vous aurez avec vous l’opinion vraie dans sa majorité,
154
es d’un conflit éventuel.) Si vous acceptez cela,
vous
aurez avec vous l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’
155
éventuel.) Si vous acceptez cela, vous aurez avec
vous
l’opinion vraie dans sa majorité, les militants de l’Europe, la logiq
156
e de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si
vous
n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous que le vide et l’indi
157
éveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas,
vous
ne trouverez derrière vous que le vide et l’indifférence ; et devant
158
i vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière
vous
que le vide et l’indifférence ; et devant vous, le rire des hommes d’
159
re vous que le vide et l’indifférence ; et devant
vous
, le rire des hommes d’acier ! Si vous me dites que c’est prématuré, j
160
; et devant vous, le rire des hommes d’acier ! Si
vous
me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer claireme
161
’acier ! Si vous me dites que c’est prématuré, je
vous
supplierai de déclarer clairement à quel moment, et sous quelles cond
162
les conditions, cela cessera d’être prématuré. Si
vous
me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du te
163
dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’on
vous
laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. Car en E
164
i, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps, je
vous
proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si
165
enir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si
vous
me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le pense
166
n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je
vous
demanderai si quelque chose au monde est plus difficile à concevoir q
167
tre Europe divisée, devant toutes les menaces que
vous
savez : un régime social déficient, le chômage étendu, la ruine à bre
168
il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-
vous
à tenter l’impossible ? D’autre part, il est sûr qu’il y aurait tout
169
uer la dernière chance européenne. Voilà le pari.
Vous
êtes acculés à l’audace. Donnez-nous la Constitution ! Messieurs les
170
la Constitution ! Messieurs les députés, faut-il
vous
dire encore que je ne suis rien qu’une voix presque désespérée, et sa
171
presque désespérée, et sans autre pouvoir que de
vous
adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur ? Pa
172
nences : comprenez l’anxiété qui les dicte. Je ne
vous
écrirais pas si je ne savais très bien qu’une partie d’entre vous m’a
173
s si je ne savais très bien qu’une partie d’entre
vous
m’approuve, et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement de pass
174
vement de passion, je m’écriais l’autre jour : si
vous
ne voulez rien faire, allez-vous-en ! Mais beaucoup d’entre vous veul
175
rien faire, allez-vous-en ! Mais beaucoup d’entre
vous
veulent agir, et je les supplie maintenant, au nom de l’Europe, de re
176
ant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe !
Vous
n’êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets d
177
res, ni des peuples muets de l’Est européen. Mais
vous
pouvez le devenir et sonner le ralliement, cet été, en septembre, à S
178
re, à Strasbourg. Tout tient à cela, tout tient à
votre
sage audace. Car si l’Europe unie n’est pas un grand espoir renaissan
179
us des États. Messieurs les députés européens, je
vous
salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux éco
180
un vœu mêlé d’angoisse et d’espérances : méritez
votre
nom, faites-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temp
181
oisse et d’espérances : méritez votre nom, faites-
vous
élire, et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en se
182
Cinquième lettre aux députés européens : “Méritez
votre
nom !” », Journal de Genève, Genève, 19–20 août 1950, p. 1.
183
ettre, Madame, une seule fois, et montrez ensuite
vos
jambes à qui vous voudrez ». À ses amis de Paris : « On fabrique ici
184
e seule fois, et montrez ensuite vos jambes à qui
vous
voudrez ». À ses amis de Paris : « On fabrique ici beaucoup mieux qu’
185
n fabrique ici beaucoup mieux qu’à Genève… Donnez
vos
ordres ; vous serez servis… Vous aurez de très belles montres et de t
186
i beaucoup mieux qu’à Genève… Donnez vos ordres ;
vous
serez servis… Vous aurez de très belles montres et de très mauvais ve
187
’à Genève… Donnez vos ordres ; vous serez servis…
Vous
aurez de très belles montres et de très mauvais vers quand il vous pl
188
s belles montres et de très mauvais vers quand il
vous
plaira. » En vingt ans, le village passe de cinquante foyers à plus d
189
arçons défilent à cheval, en uniformes. « Sont-ce
vos
soldats ? » demande le prince de Hesse. « Non, mes amis ! », dit le g
190
he, qui assourdit tout d’un coup leur grondement.
Vous
voyez que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’on pense tou
191
relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde. Je
vous
laisse le soin de commenter le parallélisme qu’un tel texte suggère,
192
dire souveraineté du peuple. Or le peuple, c’est
vous
et moi. Profitant du silence ignominieux qui succède aux flagrants dé
193
(6-7 juillet 1968)aa M. P.-O. Walzer suggère à
vos
lecteurs ( Samedi littéraire, 22 juin 1968) que pendant six ans d’Amé
194
aîtra le 27 juin devant le tribunal militaire que
vous
présidez. J’ai beaucoup d’estime pour M. Bugnot. Équilibré, maître de
195
s : voir Budapest et Prague. Si c’est la liberté,
vous
acquitterez René Bugnot. Ou plutôt, il faudrait l’acquitter, et peut-
196
il faudrait l’acquitter, et peut-être le voudriez-
vous
mais je sais bien que vous n’avez pas le droit formel. Dans ces condi
197
peut-être le voudriez-vous mais je sais bien que
vous
n’avez pas le droit formel. Dans ces conditions, pourquoi ne pas cond
198
e sorcières. J’espère, Monsieur le président, que
vous
voudrez bien excuser la liberté que je prends en m’adressant à vous s
199
excuser la liberté que je prends en m’adressant à
vous
si franchement et longuement. Je ne voulais être qu’un témoin de mora
200
n témoin de moralité, et je n’ai pu m’empêcher de
vous
faire part de mes convictions de citoyen. Me le pardonnerez-vous en p
201
de mes convictions de citoyen. Me le pardonnerez-
vous
en pensant aux efforts que j’ai faits — et ne cesserai de faire — pou
202
C’est de cette conviction que je m’autorise pour
vous
communiquer mes réflexions sur ce cas de conscience difficile. Veuill
203
onsieur le rédacteur en chef, J’ai été surpris de
vous
voir répondre à une lettre que j’avais adressée au président d’un tri
204
essée au président d’un tribunal militaire et que
vous
publiez à mon insu, sous un titre trompeur, je le crains. Car ce titr
205
yen qui trahit ses devoirs de solidarité. Quant à
votre
sous-titre « Tout ou rien », je ne le crois pas justifié par mon text
206
», je ne le crois pas justifié par mon texte, et
vous
avez raison de refuser de me suivre dans une direction où jamais je n
207
cela bien mieux que nous. Cela dit, il me reste à
vous
remercier d’avoir, en publiant ma lettre, ramené l’attention de vos l
208
oir, en publiant ma lettre, ramené l’attention de
vos
lecteurs sur le grave problème qui l’avait motivée : c’est ce problèm
209
pas mortelle ! » (30-31 août 1969)ag ah Pensez-
vous
qu’il existe une culture bourgeoise ? Le terme de « culture bourgeois
210
par exemple, sont communes à tous les Européens.
Vous
trouvez dans toute l’Europe des romans, des sonnets, des tableaux de
211
leaux de chevalet, le concerto, la symphonie, que
vous
ne trouvez pas en dehors de l’Europe. Les grandes écoles d’art ont ét
212
e de le faire. C’est uniquement l’avant-garde que
vous
trouvez dans les prisons russes. Vous n’y trouverez pas un seul repré
213
t-garde que vous trouvez dans les prisons russes.
Vous
n’y trouverez pas un seul représentant de l’art pompier, parce qu’il
214
is ce n’est pas elle qui donne ce ton-là, puisque
vous
le retrouverez dans toutes les dictatures communistes. Pensez-vous qu
215
ez dans toutes les dictatures communistes. Pensez-
vous
que nous sommes entrés dans une ère de révolutions ? Il y a une néces
216
ça ne fonctionne pas, ça ne joue plus. Ne pensez-
vous
pas que les revendications ne sont pas assez bien formulées ? C’est e
217
l’augmentation des possibilités de choix. Pensez-
vous
que nous assistons à la mort de la civilisation occidentale ? C’est i
218
e qu’il n’y aura plus de civilisation du tout. Et
vous
ne croyez pas qu’il y aurait des indices pour une autre culture, une
219
cidentale : le marxisme. Quelle différence faites-
vous
entre marxisme et maoïsme ? Le maoïsme prétend être le vrai marxisme.
220
ïsme aucun germe de civilisation nouvelle. Croyez-
vous
plus au succès des révolutions que des évolutions ? Je ne crois pas d
221
nduit à un régime impersonnel ? Comment expliquez-
vous
l’apogée et la chute des civilisations ? Personnellement, je ne crois
222
n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Si
vous
la laissez tranquille dans sa caisse, elle ne va pas en sortir toute
223
traverse notre siècle a-t-elle été préparée ? Je
vous
dirais sans trop réfléchir : par le nationalisme militarisé, l’étatis
224
re « Au Dieu Tout-Puissant ». Christian Schaller,
vous
avez objecté pour des motifs religieux… La religion n’est pas le mo
225
dre strictement religieux. Bernard Béguin. — Donc
vous
n’invoquez pas le préambule de la Constitution pour vous autoriser à
226
invoquez pas le préambule de la Constitution pour
vous
autoriser à objecter autrement que les autres ? Christian Schaller. —
227
gieux, humanitaire ou autre. Michel Barde. — Avez-
vous
eu le sentiment, en objectant, de faire une œuvre antimilitariste — j
228
peut conduire à l’anarchie. Christian Schaller. —
Vous
êtes conscient de ce danger-là, mais êtes-vous conscient aussi du dan
229
— Vous êtes conscient de ce danger-là, mais êtes-
vous
conscient aussi du danger inverse, qui est le danger de l’obéissance
230
ence de la justice militaire Bernard Béguin. —
Vous
ne connaissez pas les troupes genevoises si vous parlez d’obéissance
231
Vous ne connaissez pas les troupes genevoises si
vous
parlez d’obéissance inconditionnelle… Denis de Rougemont. — Au point
232
tibles, une majorité sont des Témoins de Jéhovah.
Vous
connaissez leur doctrine — je simplifie : il y a le royaume de Dieu,
233
honnêtes. Colonel divisionnaire Dénéréaz. — Jugez-
vous
des mineurs dans les tribunaux militaires ? Colonel Vaucher. — Si, no
234
pouvons pas la récuser. Bernard Béguin. — Pouvez-
vous
maintenant définir la punition ? Colonel Vaucher. — La punition de l’
235
de 20 ans condamné pour objection de conscience —
vous
avez dit que c’est un honnête homme — va loger trois mois à Saint-Ant
236
tian Schaller. — À la limite, on pourrait étendre
votre
définition et dire que tous les gens qui vont devant les tribunaux, o
237
al. Il y a un Code pénal qui définit l’honnêteté.
Vous
pouvez le considérer comme arbitraire, mais il existe. Et d’autre par
238
ue les conditions objectives sont réunies, disiez-
vous
? Colonel Vaucher. — L’intention subjective de faire défaut au servic
239
et c’est fini. Colonel divisionnaire Dénéréaz. —
Vous
parlez de tribunaux militaires et de tribunaux civils. Je crois que d
240
l’armée et le peuple sont si intimement mêlés que
vous
retrouvez les mêmes personnages dans les deux juridictions. Ce ne son
241
ts. Ils n’ont absolument pas la compréhension que
vous
avez. Ils sont violemment contre : « Ce sont des lavettes, ce sont de
242
lâches, de mauvais citoyens. » Colonel Vaucher. —
Vous
trouverez exactement le contraire dans nos jugements. Denis de Rougem
243
Bernard Béguin. — Colonel divisionnaire Dénéréaz,
vous
commandez maintenant une division mécanisée. Vous êtes officier de ca
244
vous commandez maintenant une division mécanisée.
Vous
êtes officier de carrière. Est-ce qu’il ne serait pas plus simple, po
245
ère. Est-ce qu’il ne serait pas plus simple, pour
vous
, d’admettre un service civil ? Est-ce que ça a un sens de contraindre
246
Nous ne manquons pas de leur dire chaque fois : «
Vous
avez le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est
247
avez le droit de critiquer l’armée. Tout ce qu’on
vous
demande c’est de faire votre service. Nous ne vous demandons pas de l
248
’armée. Tout ce qu’on vous demande c’est de faire
votre
service. Nous ne vous demandons pas de l’aimer, ni d’en être partisan
249
ous demande c’est de faire votre service. Nous ne
vous
demandons pas de l’aimer, ni d’en être partisan. » Denis de Rougemont
250
i change tout à mon sens. Bernard Béguin. — Quand
vous
dites que l’objection n’est pas de l’antimilitarisme, il faut bien vo
251
Je suis un officier de métier, un technicien, si
vous
voulez, qui fait des additions et des soustractions pour savoir si no
252
Europe. Ce qui est déjà un signe de puissance. Je
vous
fais sourire peut-être ? Christian Schaller. — Pas du tout. Avec les
253
tout ce qui a été fait à l’étranger. D’ailleurs,
vous
savez qu’en France un objecteur doit se déclarer comme tel au recrute
254
ivisionnaire Dénéréaz. — Ce n’est pas un progrès.
Vous
dites, la guerre est un mal. C’est ma conviction intime, à moi milita
255
ian Schaller. — On peut précisément s’étonner que
vous
ayez pu le tolérer si bien sans changer de mentalité. Bernard Béguin.
256
rce que la solidarité implique d’abord la survie.
Vous
ne pouvez pas être solidaire si vous courez le risque de l’anéantisse
257
d la survie. Vous ne pouvez pas être solidaire si
vous
courez le risque de l’anéantissement. Christian Schaller. — Parfaitem
258
st-il devenu l’une des préoccupations majeures de
votre
pensée ? Pourquoi j’ai écrit sur l’amour ? C’est la question posée le
259
e répondre : Dites-moi plutôt pourquoi et comment
vous
imaginez que j’aurais pu ne pas le faire, étant écrivain, et Européen
260
elles, dont l’exemple privilégié reste le couple.
Votre
livre Comme toi-même (ou Les Mythes de l’amour) s’inscrit dans le p
261
mier, toutefois il le rectifie. Comment expliquez-
vous
cette mutation ? Dans L’Amour et l’Occident je soulignais les contr
262
tant, il s’agit de la mort du couple. Que pensez-
vous
de ce phénomène qui met votre œuvre à l’ordre du jour ? La jeunesse,
263
u couple. Que pensez-vous de ce phénomène qui met
votre
œuvre à l’ordre du jour ? La jeunesse, dans son ensemble, ne me paraî
264
ille. Fasciné par la problématique de l’amour qui
vous
a permis de toucher aux phénomènes religieux, culturels et artistique
265
, culturels et artistiques de notre civilisation,
vous
avez parallèlement développé vos propres thèses sur l’Europe. Y a-t-i
266
e civilisation, vous avez parallèlement développé
vos
propres thèses sur l’Europe. Y a-t-il un lien entre ces deux pôles d’
267
n entre ces deux pôles d’attraction que sont pour
vous
l’amour d’une part, l’Europe d’autre part ? Mon titre vous répond :
268
our d’une part, l’Europe d’autre part ? Mon titre
vous
répond : L’Amour et l’Occident . On m’a reproché d’avoir passé trop
269
rce : le socialiste Henri de Man l’avait bien vu.
Vous
avez été, vous êtes un écrivain engagé. Comment continuez-vous à « fé
270
iste Henri de Man l’avait bien vu. Vous avez été,
vous
êtes un écrivain engagé. Comment continuez-vous à « fédérer les peupl
271
, vous êtes un écrivain engagé. Comment continuez-
vous
à « fédérer les peuples » depuis le Centre européen de la culture tel
272
» depuis le Centre européen de la culture tel que
vous
vouliez le faire à votre retour d’Amérique en Europe en 1946 ? Je sui
273
éen de la culture tel que vous vouliez le faire à
votre
retour d’Amérique en Europe en 1946 ? Je suis un écrivain engagé au s
274
est tourné vers la révolution à venir. Comment à
votre
avis celle-ci pourrait-elle s’opérer ? Peut-être ai-je répondu à cett
275
Y’a-t-il un rapport entre cette « révolution » et
votre
pamphlet de jeunesse, qu’on vient de rééditer, Les Méfaits de l’inst
276
stifient ses injustes sévérités et ceux-là seuls.
Vous
avez donc confiance dans cet avenir ? Nous n’avons pas à prédire l’av
277
Hubert de Senarclens : Denis de Rougemont, dans
votre
livre, L’Avenir est notre affaire, vous décrivez une voiture née non
278
nt, dans votre livre, L’Avenir est notre affaire,
vous
décrivez une voiture née non pas d’une nécessité économique quelconqu
279
enry Ford, mécanicien têtu et sans culture, dites-
vous
, qui est parvenu à ses fins en créant dans ses usines des sortes de c
280
publicitaires de Ford, il est dit : « L’auto peut
vous
conduire n’importe où il vous plaira d’aller, pour vous reposer le ce
281
dit : « L’auto peut vous conduire n’importe où il
vous
plaira d’aller, pour vous reposer le cerveau par de longues promenade
282
onduire n’importe où il vous plaira d’aller, pour
vous
reposer le cerveau par de longues promenades au grand air et vous raf
283
cerveau par de longues promenades au grand air et
vous
rafraîchir les poumons grâce à ce tonique des toniques, une atmosphèr
284
e tonique des toniques, une atmosphère salubre. »
Vous
remarquerez l’humour noir, lorsque l’on pense à la pollution de nos v
285
ma part convaincu — et n’importe quel industriel
vous
le confirmera — que là où il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de fab
286
e besoin d’utiliser la voiture, notamment lorsque
vous
habitez la campagne et que vous devez vous rendre en ville pour trava
287
notamment lorsque vous habitez la campagne et que
vous
devez vous rendre en ville pour travailler. Mais aussi sur le plan de
288
orsque vous habitez la campagne et que vous devez
vous
rendre en ville pour travailler. Mais aussi sur le plan des loisirs.
289
rs. Regardez l’affiche du Salon 78 : « La voiture
vous
rend indépendant. » Mais rien n’est plus faux. En auto, vous devez re
290
ndépendant. » Mais rien n’est plus faux. En auto,
vous
devez respecter des horaires au même titre que si vous preniez le tra
291
devez respecter des horaires au même titre que si
vous
preniez le train. Vous partez en vacance non pas le samedi matin, mai
292
aires au même titre que si vous preniez le train.
Vous
partez en vacance non pas le samedi matin, mais le vendredi soir pour
293
r éviter les embouteillages. Denis de Rougemont :
Vous
dites, M. Peyrot, là où il n’y pas de besoin, il n’y a pas de product
294
qu’aucun autre mode de transport ne peut donner.
Vous
sortez de chez vous, vous entrez dans votre voiture, vous arrivez au
295
de transport ne peut donner. Vous sortez de chez
vous
, vous entrez dans votre voiture, vous arrivez au point de destination
296
ansport ne peut donner. Vous sortez de chez vous,
vous
entrez dans votre voiture, vous arrivez au point de destination. C’es
297
onner. Vous sortez de chez vous, vous entrez dans
votre
voiture, vous arrivez au point de destination. C’est un instrument de
298
tez de chez vous, vous entrez dans votre voiture,
vous
arrivez au point de destination. C’est un instrument de travail qui p
299
ion. C’est un instrument de travail qui permet de
vous
rendre à votre bureau, un instrument de plaisir, de tourisme, de cult
300
instrument de travail qui permet de vous rendre à
votre
bureau, un instrument de plaisir, de tourisme, de culture même. Grâce
301
la peine à découvrir autrement, à pied ou à vélo.
Vous
demandez si la prolifération des autos n’en a pas réduit les avantage
302
iberté des peuples. C’est un point primordial. Si
vous
comparez le nombre de véhicules par habitant en Occident par rapport
303
% de la population en URSS, 50 % aux USA. Dès que
vous
créez la voiture, vous appelez la liberté. Le jour où 50 % des Soviét
304
RSS, 50 % aux USA. Dès que vous créez la voiture,
vous
appelez la liberté. Le jour où 50 % des Soviétiques pourront aussi se
305
mètres de leur lieu d’habitation. Jacob Roffler :
Vous
avez énuméré les avantages de la voiture qui soi-disant rendrait libr
306
de la voiture qui soi-disant rendrait libre. Mais
vous
savez très bien que lorsque vous prenez votre véhicule le matin pour
307
rait libre. Mais vous savez très bien que lorsque
vous
prenez votre véhicule le matin pour aller travailler, vous êtes conti
308
Mais vous savez très bien que lorsque vous prenez
votre
véhicule le matin pour aller travailler, vous êtes continuellement pr
309
ez votre véhicule le matin pour aller travailler,
vous
êtes continuellement pressés, stoppés aux feux, bloqués dans des file
310
c’est finalement bien davantage un « stress » que
vous
ressentez. Vous avez évoqué la culture. Je parlerais plutôt d’anti-cu
311
bien davantage un « stress » que vous ressentez.
Vous
avez évoqué la culture. Je parlerais plutôt d’anti-culture, car quoi
312
ait d’absence totale de prospective. J’ai omis de
vous
dire à propos de Ford qu’il avait douze ans, lorsqu’il a rencontré sa
313
ait à ses ouvriers : « achetez des voitures, cela
vous
rendra libres », en fait leur véhicule leur servait essentiellement à
314
de cette dernière, comme de n’importe quel objet,
vous
pouvez en faire une bonne ou une mauvaise utilisation. On vit dans un
315
l’économie occidentale dépend aujourd’hui. Pensez-
vous
qu’à l’origine on avait compté avec cela ? Est-ce qu’on aurait accept
316
me répondre : « Mais Monsieur de Rougemont, avez-
vous
une voiture ? ». C’est grotesque, c’est de l’enfantillage. III
317
tain équilibre entre les activités des individus.
Vous
avez fait allusion à la démocratisation des décisions de l’État. Je s
318
er la population à une prise de conscience. Comme
vous
le savez, chaque année, le nombre de voitures augmente ; donc il faut
319
Weber ne vise rien d’autre. J’ai peur que lorsque
vous
dites, M. Peyrot, que la démocratie dépend des corps constitués, vous
320
t, que la démocratie dépend des corps constitués,
vous
parliez d’oligarchie. Mais la démocratie part d’en bas, des communes.
321
de Rougemont : Je suis parfaitement d’accord avec
vous
. Seulement pour en revenir à l’initiative Weber, elle ne demande rien
322
à tous nos us et coutumes ! Denis de Rougemont :
Vous
savez bien pourquoi au départ il avait demandé cela. C’est pour oblig
323
négatifs de la voiture sur le visage des villes.
Vous
avez souvent écrit, M. de Rougemont, que l’automobile avait détruit l
324
ion abusive de la voiture. Déjà en 1968, rappelez-
vous
, la notion de « petite ceinture » a été introduite. Le Conseil d’État
325
re les transports en commun. Denis de Rougemont :
Vous
me rappelez ce que disait Alfred Sauvy dans son petit livre sur l’aut
326
enbühl à propos de l’urbanisme est juste. Dès que
vous
avez créé des zones d’habitation extérieures à la ville, vous avez mi
327
éé des zones d’habitation extérieures à la ville,
vous
avez mis en marche des mouvements pendulaires avec des gens qui vont
328
l aura laissée dans un de ces parkings, alors que
vous
avez de plus en plus aujourd’hui des centres commerciaux où l’on peut
329
te dans les pays en voie de développement. Là-bas
vous
assistez à un afflux des populations vers la ville, où se déroulent l
330
tivité des lieux de loisirs. L’homme est un tout.
Vous
n’avez qu’à constater les effets catastrophiques des cités-dortoirs o
331
problèmes psychologiques. Hubert de Senarclens :
Vous
avez fréquemment écrit Denis de Rougemont, que la voiture avait tué l
332
alité économique ? François Peyrot : En effet, si
vous
avez eu l’occasion de visiter une usine d’automobiles, vous aurez con
333
eu l’occasion de visiter une usine d’automobiles,
vous
aurez constaté qu’elle dépend d’un nombre considérable de sous-traita
334
a représente 80 000 emplois. C’est considérable !
Vous
ne pouvez aujourd’hui brancher votre télévision sans entendre parler
335
onsidérable ! Vous ne pouvez aujourd’hui brancher
votre
télévision sans entendre parler d’emplois et de niveau de vie. La voi
336
me frappe, M. de Rougemont, dans la critique que
vous
faites du système en général c’est que vous insistez beaucoup sur l’o
337
e que vous faites du système en général c’est que
vous
insistez beaucoup sur l’objet — en l’occurrence la voiture — mais vou
338
p sur l’objet — en l’occurrence la voiture — mais
vous
insistez beaucoup moins sur le sujet. Jacob Roffler : Quatre mille pe
339
es chroniques, mais aussi des accidentés. Lorsque
votre
voiture va sortir de son usine, il ne faut pas oublier qu’elle risque
340
t à le bloquer. Écoutez la radio le week-end : on
vous
conseille d’éviter les autoroutes pour emprunter les parcours « Émera
341
recherches ont débuté il y a cinq ou dix ans. Je
vous
signale qu’un groupe d’ingénieurs de Lausanne a calculé que 900 tonne
342
les eaux de pluie avec les effets biologiques que
vous
devinez. Le reste par le vent. Or on sait — pour l’avoir testé sur de
343
t pas dangereuse. Mais le risque apparaît lorsque
vous
donnez aux hommes tels qu’ils sont — finalement assez dangereux et bê
344
modeste l’automobile. Car même en les baratinant,
vous
n’obtiendrez pas qu’ils restent « gentils ». Cela me rappelle ce que
345
du Conseil fédéral en la matière. Tout était, je
vous
l’assure, plutôt obscur. Jacob Roffler : Mais alors pourquoi le Conse
346
Denis de Rougemont : Je dois dire, M. Peyrot, que
vous
avez systématiquement, au cours de ce débat, minimisé les inconvénien
347
inconvénients de la voiture. François Peyrot : Et
vous
, ses avantages… an. Rougemont Denis de, « Débat sur la voiture da
348
gardiens de but. C’est tout de même étonnant. Si
vous
deviez définir le rôle du sport… Je crois que le sport doit être pour
349
s, des JO en particulier. Précisément, que pensez-
vous
des Jeux olympiques ? Je suis violemment opposé à tout ce qui exalte
350
primer les hymnes et les drapeaux serait-il selon
vous
suffisant pour sauver les JO ? Non. Il faut repartir sur un autre pie
351
e romande, que tous les vingt ans en moyenne — je
vous
dirai qu’il me rassure au moins autant qu’il m’honore. Il distingue e
352
a littérature ? Tel est le doute qu’en me donnant
votre
Grand Prix vous tranchez en faveur de l’essai comme genre légitime de
353
el est le doute qu’en me donnant votre Grand Prix
vous
tranchez en faveur de l’essai comme genre légitime de la littérature.
354
essayiste et de l’engagement de l’écrivain que je
vous
proposerai quelques très brèves remarques. Depuis le xix e siècle rom
355
tion, et de présidences de comités : je n’ose pas
vous
dire combien depuis trente ans, plusieurs centaines, je le crains. D’
356
Je serais perdu pour la littérature… Le prix que
vous
me donnez aujourd’hui, non seulement réfute ces propos, mais me donne
357
de moi et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est de
vous
faire entrevoir l’interaction de ces deux séries de motifs dans mon t