1
on sème l’anarchie dans l’un des domaines où elle
serait
le plus urgente. La télévision est déjà aux États-Unis, et deviendra
2
nes où elle serait le plus urgente. La télévision
est
déjà aux États-Unis, et deviendra bientôt en Europe, le plus formidab
3
S, un lignage de 625. Lorsque les capitaux auront
été
investis dans chacun de ces pays, tout espoir d’une télévision qui pu
4
ces pays, tout espoir d’une télévision qui puisse
être
diffusée dans toutes nos nations sera perdu, et cet instrument univer
5
qui puisse être diffusée dans toutes nos nations
sera
perdu, et cet instrument universel par définition se trouvera nationa
6
alisé à son tour. Nous ne prétendons décider quel
est
le meilleur standard. Mais nous affirmons qu’il faut absolument adopt
7
l’Europe. Tout investissement de capitaux devrait
être
suspendu, et une réunion d’experts convoquée immédiatement pour intro
8
fondé en octobre 1950 a son siège à Genève ; il n’
est
rattaché à aucune institution internationale, ni à aucune instance go
9
à aucune instance gouvernementale. Son directeur
est
Denis de Rougemont, qui fonda avec Emmanuel Mounier le mouvement pers
10
naliste et la revue Esprit ; Denis de Rougemont
est
également président du Congrès pour la liberté de la culture et l’aut
11
auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus
sont
L’Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et
12
ini mieux que je ne saurais le faire : la culture
est
simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le centre a créé et
13
culture est simplement ce qui rend la vie digne d’
être
vécue. Le centre a créé et créera encore des associations de producte
14
ntre ne fera pas double emploi avec l’Unesco, qui
est
une organisation mondiale et n’a pas spécialement de mission européen
15
un système de règles sociales : sans gênes, il n’
est
pas de plaisirs. Pour aider quelques-uns à sortir d’une confusion trè
16
oulement ? Non, car la tentation correspondante n’
est
pas sensible : la volupté ou la luxure ne figurent pas au nombre des
17
Christ dans le désert. On me dira que l’Église s’
est
rattrapée ? Très tardivement, très partiellement, et la désinvolture
18
e social de la vie de l’espèce dans la famille, n’
est
mentionné par personne. » C’est de l’absence, non de l’excès de rigue
19
un code de la sexualité dans le christianisme, qu’
est
né le problème de l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a
20
algré le christianisme, et parfois contre lui, ce
sont
des influences gnostiques qui se trouvent avoir fomenté l’érotique oc
21
ux, des dates, des partisans et des ennemis, — il
est
certain que les spéculations sur l’amour sexuel et divin, constitutiv
22
et divin, constitutives de l’érotisme littéraire,
sont
le fait des gnostiques et non des scolastiques, des hérésies et non d
23
ssion rhétorique. Toutes les femmes qu’il célèbre
sont
mariées, deviennent objet d’adoration, et reçoivent le serment d’allé
24
e de la dame de ses pensées : « Par elle seule je
serai
sauvé ! » Tout cela — qui est d’abord occitan, arabe, celte et anglo-
25
Par elle seule je serai sauvé ! » Tout cela — qui
est
d’abord occitan, arabe, celte et anglo-saxon — va donner en français,
26
tout de la littérature, on peut dire que l’Astrée
est
la première version d’une érotique sentimentale dans la littérature f
27
que la sexualité en devient comme superflue, ce n’
est
plus que « Vénus » dans les alexandrins. Une allusion, un regard, un
28
préciosité. Le xviiie dissocie l’érotique. Tout
est
sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est
29
iage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout
est
sexe, et le sentiment nul, chez Sade, qui traduit cyniquement le syst
30
bélard, et rend au sentiment la primauté, mais il
est
Suisse et démocrate. Sur lui se fonde l’érotique protestante, mais ho
31
mariage en principe sur le seul sentiment (ce qui
est
absurde), en fait sur l’héritage (ce qui est souvent odieux), et tous
32
qui est absurde), en fait sur l’héritage (ce qui
est
souvent odieux), et tous les écrivains ignorent le sexe comme tel. Vo
33
mme tel. Voici enfin le tabou restauré ! Comme il
est
entendu qu’on ne doit parler ni de l’argent, ni de ces choses auxquel
34
rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente
est
peut-être une obscure tentative de compenser la mécanisation de l’exi
35
abolition du complexe d’Œdipe. Et l’érotisme, qui
était
en somme une forme littéraire de la sexualité, tend à relever de plus
36
i, il a retrouvé sa problématique originelle, qui
est
religieuse (la gnose contre la raison), de même qu’Histoire d’O renou
37
s audiovisuels et tactiles, qu’en écriture. Il en
sera
sans doute ainsi jusqu’à ce qu’un jour se constitue une érotique fond
38
ional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays,
soient
de nature ethnique ou économique, linguistique ou géographique, tradi
39
ographique, traditionnelle ou prospective, ce qui
est
frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensembl
40
profondément Arnaud Dandieu, qui, sur ce point, a
été
vraiment un prophète, il faut garder les yeux fixés à la fois bien en
41
nie des « forces vives » de tous nos peuples. Ils
sont
unanimes à montrer que l’État-nation qui règne seul, depuis un siècle
42
sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’
est
en fait qu’une forme politique récente et déjà inadéquate, à la fois
43
rimé L’État-nation qui se dit souverain absolu
est
manifestement trop petit pour jouer un rôle réel à l’échelle planétai
44
ie. Le seul remède aux trop petites dimensions ne
serait
-il pas la création d’agences fédérales européennes, qui seraient comp
45
la création d’agences fédérales européennes, qui
seraient
compétentes partout où les tâches et leur concertation se révéleraien
46
nier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’
est
plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettre u
47
t leur relief. Mais il y a plus : leur résurgence
serait
celle d’un chauvinisme local plus irrespirable que l’autre, si elle n
48
stato-national et dépasser ce modèle périmé. Tel
est
l’argument politique qui inspire l’action des fédéralistes. Leur visé
49
iophysique formulée plus haut. Mais le problème n’
est
pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en term
50
n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il
est
posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradictoi
51
milaires actuellement étouffés dans les pays de l’
Est
européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir d’u
52
lle-Maestricht-Liège, etc. Désormais, le problème
est
posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de
53
ïncider spatialement par quelque miracle qui ne s’
est
jamais produit, et qui aurait encore moins de chance de survenir dans
54
our former une génération et créer les régions ne
sont
-ils pas trop longs, face à l’urgence des périls que court l’Europe —
55
pe — colonisation par une hégémonie politique à l’
Est
, une hégémonie économique à l’Ouest ? f. Rougemont Denis de, « La
56
milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Europe
serait
une addition de « cultures nationales » coïncidant comme par miracle
57
cette hypothèse. Le sociologue belge Léo Moulin s’
étant
avisé de calculer « l’indice Nobel » d’une vingtaine de pays, c’est-à
58
les douze prix Nobel suisses de sciences, quatre
sont
d’origine étrangère. Contrastés et rapprochés Il m’a toujours se
59
ou imposée, et la très forte densité culturelle n’
étaient
pas sans relations d’interaction, sinon même de cause à effet. Libres
60
oppent, d’autant plus contrastés en esprit qu’ils
sont
plus rapprochés dans l’espace. La vie culturelle suisse n’a pas d’aut
61
Au xviiie siècle, Zurich et Bâle, puis Genève,
seront
les sources de trois grands courants d’idées neuves en Europe, dans l
62
artistique de Londres au temps de William Blake)
sont
nées et se sont constituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dan
63
ondres au temps de William Blake) sont nées et se
sont
constituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps,
64
ermaine de Staël tient sa cour, que vont passer d’
est
en ouest les grands courants du romantisme et du libéralisme politiqu
65
on jeune collègue et fervent disciple, Nietzsche,
sera
marquée par cet enseignement. Entre la « civilisation » et la « Ku
66
Mais je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse
est
le pays des grandes « premières » alpestres mais aussi intellectuelle
67
ne éthique, une culture, dont la valeur suprême n’
est
ni l’individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’auto
68
erle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps »,
furent
lieux communs des géographes français, de Moreri (1674) jusqu’à Schra
69
ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie,
est
devenue la métropole du genre humain » (Mantelle et Brun, 1816). Lieu
70
d aux circonstances permanentes de cette vie. Ce
sont
les crises qui nous alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans
71
relève dans les tôles tordues et ne sait pas s’il
est
encore vivant. Valéry nous parlait sans ménagements. Certes, réduire
72
s. Certes, réduire l’Europe à sa surface physique
était
bien fait pour angoisser, dans un monde où nous venions « étourdiment
73
les forces proportionnelles aux masses ». Mais qu’
était
donc encore notre Europe « en puissance », déduction faite de nos ill
74
en puissance », déduction faite de nos illusions,
soit
vaniteuses ou masochistes ? Valéry constatait : « Tout est venu à l’E
75
euses ou masochistes ? Valéry constatait : « Tout
est
venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque. » Et ce n’était nul
76
nstatait : « Tout est venu à l’Europe, et tout en
est
venu, ou presque. » Et ce n’était nullement faire preuve d’orgueil ni
77
urope, et tout en est venu, ou presque. » Et ce n’
était
nullement faire preuve d’orgueil ni encore moins d’impérialisme. C’ét
78
trois sources : Toute race et toute terre qui a
été
successivement romanisée, christianisée, et soumise, quant à l’esprit
79
ise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs,
est
absolument européenne. Définition célèbre, lacunaire et féconde. La
80
événement, mettre en figures, dont les propriétés
soient
énonçables en peu de mots, tout ce qui fascine son esprit. (L’éléganc
81
qui fascine son esprit. (L’élégance de son style
est
celle d’un théorème : absence d’ornements et réduction aux surprises
82
int d’objection : peu de contrées de l’Europe n’y
seraient
pas incluses. Mais on y a vu communément une définition générale et s
83
et nordique, celte ou germain, arabe ou slave, ne
serait
donc pas européen, ou de seconde zone ? Mais cela fait toute la poési
84
ysiologique, affectif et lyrique. Tout cela qui n’
était
pas le fort de Valéry. Et tout cela explique peut-être son pessimisme
85
citées sur la mortalité des civilisations. Elles
sont
aux Ruines de Volney ce que les Pensées de Pasco sont aux Essais de M
86
aux Ruines de Volney ce que les Pensées de Pasco
sont
aux Essais de Montaigne : une série de raccourcis fulgurants, de cond
87
rtaine brièveté décisive. Lisons les Ruines : Où
sont
-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone, ces palais de Pers
88
, cette terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui
furent
le théâtre de tant de splendeurs, et je n’ai vu qu’abandon et que sol
89
ns La Crise de l’Esprit : Elam, Ninive, Babylone
étaient
de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi pe
90
istence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce
seraient
aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons
91
ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi
est
un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est
92
nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire
est
assez grand pour tout le monde. Tout peut être perdu, songe Valéry —
93
re est assez grand pour tout le monde. Tout peut
être
perdu, songe Valéry — et tout l’est peut-être déjà — par la faute des
94
. Tout peut être perdu, songe Valéry — et tout l’
est
peut-être déjà — par la faute des disputes périmées que nous prolonge
95
illeurs de plus en plus fictive — cette politique
est
aussi sotte que naïve : Il n’y aura rien eu de plus sot dans toute l
96
rale et rentable : L’Europe aspire visiblement à
être
gouvernée par une commission américaine. Toute sa politique s’y dirig
97
léry n’a peut-être pas envisagé que l’État-nation
était
notre malheur fondamental. Et il n’a pas vécu pour constater que nos
98
pour constater que nos Armagnacs et Bourguignons
seraient
un jour nos Byzantins de gauche et de droite communiant dans le culte
99
t gaullistes contre l’Europe intégrée.) Mais il a
été
le premier, et le seul écrivain français de premier rang, au xxe siè
100
l reste à souhaiter que l’interruption brusque ne
soit
pas seule capable de nous réveiller, car il serait trop tard. h.
101
soit pas seule capable de nous réveiller, car il
serait
trop tard. h. Rougemont Denis de, « Paul Valéry et l’Europe », Le
102
d vers l’Italie, une vers l’Allemagne, une vers l’
est
, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et po
103
ême ? Mais je n’ai pas eu à choisir ! Le français
est
ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’accent de Neuchât
104
sir ! Le français est ma langue maternelle. Je me
suis
parfois moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le français
105
de Reynold, pour ne pas parler des vivants, ce n’
est
pas rien ! Plus modestement, entre 1830 et 1900, je compte septante-s
106
radition ? De fait, j’appartiens à une lignée qui
est
plus de robe que d’épée. L’origine de la famille est franc-comtoise,
107
plus de robe que d’épée. L’origine de la famille
est
franc-comtoise, et il y a dans cette province deux villages qui se no
108
nt des siècles ou, comme mon père, pasteurs, tels
furent
les Rougemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste. J’avais transfo
109
enier de notre maison en laboratoire. Tout ce qui
était
germination me passionnait… Je fabriquais des plantes artificielles,
110
e ce goût et de ce laboratoire. Mais ce qui avait
été
passion devint devoir, et je le détestai aussitôt. D’où votre haine d
111
êmes termes. Ainsi, dès votre premier essai, vous
étiez
engagé… Je ne rêvais pourtant que de poésie et d’écriture. Mes modèle
112
que de poésie et d’écriture. Mes modèles d’alors
étaient
Valéry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’étai
113
e et de la NRF . C’était d’eux que je souhaitais
être
digne. Plutôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, m
114
a rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres
sont
plus anciens et n’ont pas changé, Pascal et Rimbaud, pôles contraires
115
e qu’il me fallait vivre et penser. Tous ces noms
sont
français ; c’est pourtant vers les Allemagnes que vous partez, à ving
116
ître, et peut-être mon juge ironique. Si Goethe a
été
pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à
117
r de mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard
est
ma démesure, le signe de l’absolu, du peu de valeur de toute action,
118
de toute action, le rappel que « la subjectivité
est
la vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vienne, puis en Sou
119
oute. Le ton, peut-être. Le fond demeure ce qu’il
était
, car il s’est toujours agi pour moi d’une présence au monde et à moi-
120
ut-être. Le fond demeure ce qu’il était, car il s’
est
toujours agi pour moi d’une présence au monde et à moi-même conjointe
121
présence au monde et à moi-même conjointement… Il
est
vrai que beaucoup de choses changeaient alors en très peu de temps. À
122
tions publié par la NRF en décembre 1932 : « Nous
sommes
une génération comblée. Comblée de chances de grandeur et comblée de
123
s de grandeur et comblée de risques mortels… Ce n’
est
plus pour quelque idéal que nous avons à lutter maintenant, mais pour
124
les hommes vivent et demeurent des hommes… » Vous
étiez
engagé ! Je puis revendiquer la paternité du concept d’engagement, ma
125
t du clerc ». Mais, pour moi, l’écrivain engagé n’
est
pas celui qui s’en remet à un parti quand il s’agit de prendre une po
126
xé sur l’Éternel et l’autre sur Jean Paulhan. » N’
est
-ce pas assez juste, et pas seulement du Rougemont des années 1930, ma
127
dées ». En préparant cette nouvelle édition, j’ai
été
frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’obstination, de ma
128
é aussi ce souci constant : qu’une pensée ne peut
être
juste que si sa forme la vérifie. Bref, j’écris n’importe quel texte,
129
pourtant des tendances divergentes. L’éclectisme
est
mal vu au temps des fanatiques, qui ont peut-être raison sur ce point
130
politique, à ce sens du fédéralisme dont mon pays
est
le produit, et auquel je demeure profondément attaché. La réalité est
131
uquel je demeure profondément attaché. La réalité
est
faite d’antinomies, dont il faut respecter chacun des termes en les m
132
e et de la communauté dans la cité. Le mariage
est
une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’annonce dans vos journaux,
133
dans la cité. Le mariage est une vocation N’
est
-ce pas déjà ce qui s’annonce dans vos journaux, que vous avez recueil
134
e en soi, mais bien leurs rapports qui à mes yeux
sont
seuls vivants, réels, dignes d’intérêt. Ou si vous voulez, le vrai su
135
Ou si vous voulez, le vrai sujet de ma réflexion
est
l’époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lie
136
olitique : L’Amour et l’Occident . Pour vous qui
étiez
si engagé dans une pensée politique et religieuse, comment se fait-il
137
er ! Le point de départ de ma réflexion aurait pu
être
cette maxime de La Rochefoucauld : « Combien d’hommes seraient amoure
138
e maxime de La Rochefoucauld : « Combien d’hommes
seraient
amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour ? » Il me paru
139
parut urgent de mettre en relation (de nouveau, n’
est
-ce pas, une relation) l’amour et ses étymologies historiques et relig
140
mais que tout ne se manifeste pas, que l’histoire
est
l’histoire de manifestations successives… Il faut aussi se souvenir q
141
s… Il faut aussi se souvenir que mon historicisme
est
fondé en théologie. Le christianisme est une historicité. Christ a so
142
oricisme est fondé en théologie. Le christianisme
est
une historicité. Christ a souffert « sous Ponce Pilate ». J’ai vu l’a
143
u livre, et pour passer du sublime au trivial, ce
fut
une commande. À ce sujet, il y a une anecdote que je raconte dans le
144
tour à un jeune lieutenant-colonel dont le livre
est
, me dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par Charles de
145
rmée, par Charles de Gaulle. Mais enfin, le livre
fut
écrit… En trois mois, dans une sorte de fièvre. Comme si tout, ma vie
146
qu’entre personnes. Et c’est pourquoi le mariage
est
une vocation. Si bien que votre livre est contre la passion… Pas du t
147
mariage est une vocation. Si bien que votre livre
est
contre la passion… Pas du tout ! Condamner la passion n’aurait pas de
148
ondamner la passion n’aurait pas de sens. Mais il
est
fou de vouloir fonder le mariage sur l’amour seul, car la passion est
149
onder le mariage sur l’amour seul, car la passion
est
née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’autres. Votre p
150
t née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en
est
d’autres. Votre pensée si grave… C’est vous qui le dites ! N’oubliez
151
onnaître plus que le goût, le besoin du paradoxe.
Est
-ce pour le contraste, par souci esthétique, pour respirer un peu ou p
152
otre lecteur de respirer ? Nullement. Le paradoxe
est
essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’homme est à la f
153
. C’est le fondement même de ma démarche. L’homme
est
à la fois libre et responsable : paradoxe ! Il ne devient lui-même qu
154
vrai qu’il correspond à un goût profond. Mais il
est
d’abord la condition de toutes les libertés, qui est le respect des a
155
d’abord la condition de toutes les libertés, qui
est
le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tensi
156
s libertés, qui est le respect des antinomies. Il
est
la légèreté de l’esprit et la tension nécessaire à son action. Cho
157
e à son action. Choisir l’avenir… Avez-vous
été
amené à réviser votre livre eu égard à tous les changements qui sont
158
r votre livre eu égard à tous les changements qui
sont
intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées depuis sa première publ
159
Révisé ? Non ! J’ai répondu aux critiques qui ont
été
formulées depuis trente ans. Parce que ce livre continue d’agir, d’êt
160
trente ans. Parce que ce livre continue d’agir, d’
être
étudié, de provoquer des polémiques, il me paraissait nécessaire de l
161
e change et dans le domaine des mœurs l’évolution
est
même plus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que j
162
istes d’André Breton. Qui sait, peut-être n’ai-je
été
amené à tant m’intéresser au xiie siècle que parce que notre siècle
163
ou politique) ne peut venir que de l’avenir. Ce n’
est
jamais une voix du passé. Dieu, qu’est-ce, sinon le futur éternel ? A
164
enir. Ce n’est jamais une voix du passé. Dieu, qu’
est
-ce, sinon le futur éternel ? Avant toute chose, il faut considérer la
165
ment, il faut comprendre qu’une prévision passive
est
un non-sens. C’est folie que de vouloir prédire objectivement. Écouto
166
ectivement. Écoutons ce qui nous appelle. Nous ne
sommes
pas là pour prédire l’avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère
167
ontraint de choisir librement son avenir. Et il y
est
contraint du seul fait qu’il en a, pour la première fois, la liberté.
168
nte : « Quatre ouvrages de Denis de Rougemont ont
été
réédités cette année, à quoi viennent s’ajouter quatre publications n
169
la vie publique, l’art et la politique. Par elle
seront
conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action en
170
e — source et théâtre de sa vocation. La relation
est
réciproque. La société n’a pour réalité et pour fin que les personnes
171
une organisation de l’État où l’un et les divers
seront
conciliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l’action. Denis
172
it au monde les champions de cet art ; et comme j’
étais
alors une jeune recrue animée d’un extrême désir d’être promue au gra
173
lors une jeune recrue animée d’un extrême désir d’
être
promue au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt
174
garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme vos doigts
sont
crispés. Rien d’étonnant si vous tirez trop bas. Vous arrachez… Voule
175
it l’index qui a pris le cran d’arrêt. Quand vous
serez
assez concentré, laissez-vous simplement hypnotiser par ce petit disq
176
e suffisent pas pour atteindre le but, et peuvent
être
nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la déto
177
fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’
est
-ce qui les justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de la fin des
178
partir. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils
sont
les vrais moyens d’une juste fin. Car nulle fin ne peut communiquer p
179
n justifier, si moraux, efficaces ou corrects que
soient
les moyens qu’on lui applique. Une fin toute juste justifie tout ce q
180
à partir des fins qui les dictent, selon qu’elles
sont
bonnes ou mauvaises, relativement à d’autres fins plus hautes, et dan
181
essairement ces fins. Car un moyen vu sans sa fin
est
insensé, et ne saurait donc être jugé mauvais ou bon. 1. Relevons i
182
en vu sans sa fin est insensé, et ne saurait donc
être
jugé mauvais ou bon. 1. Relevons ici la similitude étonnante des de
183
se déchirèrent ; justification par la foi (la foi
étant
ferme assurance, présence anticipée de la fin), et justification par
184
p. 21. l. Présenté par cette note : « Ces pages
sont
extraites du chapitre initial de la Morale du But, deuxième partie d’
185
te de quatre mouvements régionalistes en France a
été
suivie de déclarations passionnées quoique officielles, non pas contr
186
l’Europe des régions — sans laquelle l’Europe ne
sera
pas, ni les régions. « L’expression ‟Europe des régions” non seulemen
187
tour M. Michel Debré. Ceux qui parlent de régions
sont
« des imbéciles ignorant l’histoire », « des inadaptés », « des gens
188
ythe européen, celui de l’Europe des régions, qui
est
une absurdité », déclare enfin M. Sanguinetti. Cet ilote ivre du nati
189
ber alles, pour prendre un autre exemple —, telle
est
la religion de l’État-nation, la seule qui exige encore des sacrifice
190
— et non pas du xixe siècle — hors duquel il ne
serait
, en effet, qu’« absurde » et « médiéval ». Il existe une raison majeu
191
siècle : éviter leur colonisation politique par l’
Est
et leur colonisation économique par l’Ouest ; ou les deux ensemble. N
192
semble. Non que les Soviétiques et les Américains
soient
de mauvaises gens, mais la colonisation est une mauvaise chose. Non q
193
ns soient de mauvaises gens, mais la colonisation
est
une mauvaise chose. Non qu’ils soient pires que nous, mais la colonis
194
a colonisation est une mauvaise chose. Non qu’ils
soient
pires que nous, mais la colonisation est pire que tout. Il existe deu
195
u’ils soient pires que nous, mais la colonisation
est
pire que tout. Il existe deux raisons majeures de promouvoir les régi
196
, et les régions en fourniront le seul moyen ; Il
est
vital de rendre aux citoyens la possibilité de participer aux décisio
197
a vie civique de leurs régions, les États-nations
sont
condamnés par toute l’évolution du monde moderne. Le général de Gaull
198
tique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle
était
un homme d’État, ses successeurs ne sont que des hommes de l’État. L’
199
Gaulle était un homme d’État, ses successeurs ne
sont
que des hommes de l’État. L’Europe est inconcevable sans les régions.
200
sseurs ne sont que des hommes de l’État. L’Europe
est
inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques au pouvoir
201
ste ». Ceux qui l’ont crue possible sur ces bases
sont
morts sans l’avoir imposée : Schuman, Adenauer, De Gasperi. Si ces ho
202
’ont rien pu faire, c’est vraiment que la formule
est
impossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui les a retenus. Tous
203
’est vraiment que la formule est impossible. Ce n’
est
pas l’opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, réguliè
204
nnent 65,5 % en faveur de l’Europe unie. Et ce ne
sont
pas les difficultés économiques : elles seules ont contraint les État
205
tention à une souveraineté nationale absolue, qui
serait
incapable de se manifester par autre chose que par le refus périodiqu
206
comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’Europe,
est
regardé comme un traître. Pourquoi cela ? C’est tout à fait arbitrair
207
alisation à tous autres égards quasi démentielle)
est
une formule anachronique au xxe siècle. Non seulement périmée, mais
208
ule fonction auxquelles toutes les autres doivent
être
subordonnées : fonction militaire dans le cas des États-nations, ling
209
es » dont s’occupe la CEE. Si la région ne devait
être
qu’un mini-État-nation, elle aggraverait encore cette néfaste formule
210
elle aggraverait encore cette néfaste formule, ne
fût
-ce qu’en multipliant ses points d’application. J’imagine, au contrair
211
au contraire, des régions fonctionnelles, et qui
soient
définies par un problème précis d’écologie, ou de transports, ou d’én
212
en une centaine d’États-nations en réduction, je
serais
contre, intégralement. Les régions ne seront pas de petits États-nati
213
, je serais contre, intégralement. Les régions ne
seront
pas de petits États-nations, ajoutant à l’absurdité de frontières com
214
és hétéroclites la médiocrité de l’horizon. Elles
seront
ouvertes les unes aux autres, et leur objectif général sera de nouer
215
tes les unes aux autres, et leur objectif général
sera
de nouer des liens, de créer un tissu de relations humaines. Allons a
216
France, et en URSS comme dans le canton de Berne,
est
née des seuls excès de centralisme. Elle traduit le sentiment de culp
217
La révolte des ethnies montre que leurs problèmes
sont
insolubles dans le cadre stato-national, et qu’ils appellent la fédér
218
n pardonne leur nationalisme souvent borné : il n’
est
dangereux que pour elles seules, alors que le stato-nationalisme est
219
our elles seules, alors que le stato-nationalisme
est
dangereux pour le genre humain, pour la nature, pour la vie même sur
220
. Le réveil régionaliste et fédéraliste en Europe
est
un mouvement puissant, profond et prometteur, dont il semble bien que
221
éer en Occident le sens de la communauté, qu’elle
soit
de production ou d’usage, de langage, de recherche, de travail ou de
222
ces années décisives, où les ombres montaient à l’
est
, démesurées, devant nos démocraties inconscientes et désuètes. Nous f
223
larges cernes, et sa distraction proverbiale — il
était
, disait-il, le seul officier français qui eût réussi avec son propre
224
e, et beaucoup de présence d’esprit politique. Il
était
, dans notre groupe, le complément parfait d’Arnaud Dandieu, avec lequ
225
sonnaliste dans sa tendance la plus radicale, qui
était
le groupe de l’Ordre nouveau. Soit dit en passant, c’était à peu près
226
radicale, qui était le groupe de l’Ordre nouveau.
Soit
dit en passant, c’était à peu près le contraire de la ligue d’extrême
227
raît d’une merveilleuse justesse. Mon seul regret
est
que ces deux amis n’aient pu siéger ensemble pour témoigner de la dur
228
les racines expliquent moins la fleur qu’elles ne
sont
impliquées par elle, la fin d’une phrase justifie seule son commencem
229
justifie seule son commencement, et toute arrivée
est
à la fois motif de départ et moteur de parcours… Tout se définit par
230
ainsi posé dès les premières phrases de l’ouvrage
sera
, sans relâche, explicité jusqu’à la dernière ligne : « Le passé se dé
231
a raison très simple que n’importe quel événement
est
présent avant d’être passé » et que « la direction du temps n’est poi
232
que n’importe quel événement est présent avant d’
être
passé » et que « la direction du temps n’est point passé-présent-futu
233
t d’être passé » et que « la direction du temps n’
est
point passé-présent-futur, mais l’inverse : passible-passant-passé ».
234
ssible-passant-passé ». Que les causes du présent
soient
dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science
235
ose la science, reviendrait à dire qu’« un bateau
est
propulsé par son sillage, ou, en termes plus clairs, que ce qui n’est
236
sillage, ou, en termes plus clairs, que ce qui n’
est
plus produit ce qui est ». En vérité, toutes les vraies causes sont c
237
plus clairs, que ce qui n’est plus produit ce qui
est
». En vérité, toutes les vraies causes sont causes finales. Seul le p
238
ce qui est ». En vérité, toutes les vraies causes
sont
causes finales. Seul le présent produit du passé, non l’inverse. Mais
239
ésent produit du passé, non l’inverse. Mais qu’en
est
-il du présent de ce siècle ? Jérôme Deshusses le voit comme la Géhenn
240
donne une description dont il dit bien qu’elle n’
est
pas la première — car « le dessein de faire pièce à des calamités obl
241
’Europe des nations piétine, mais celle des virus
est
faite. ») Le plancton des océans, attaqué par le dégazage en mer des
242
iquenaude. » Huit habitants de la planète sur dix
sont
sous-alimentés, les deux autres mangent deux fois trop. On prévoit qu
243
». Natura signifie ce qui doit naître. La nature
est
toujours en avant, vers l’avenir. « L’environnement et la nature, c’e
244
t la nature, c’est d’abord nous : du premier nous
sommes
le centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Figure de
245
nitif, au plus profond de la matière ». Nous nous
sommes
mis dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la destruction nu
246
défi. « C’est la vie entière, cette fois, qui en
est
à tout risquer. Il faut donc que ce soit pour tout avoir… Ou bien la
247
s, qui en est à tout risquer. Il faut donc que ce
soit
pour tout avoir… Ou bien la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou b
248
c que ce soit pour tout avoir… Ou bien la terre n’
est
plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance s’ouvrira a
249
a logique du mensonge qui nous a conduits où nous
sommes
: la Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compétition
250
le de base, ce « chassé-croisé de mensonges » qui
serait
(selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au dépa
251
es philosophiques, tout en ressentant l’absence —
est
-elle voulue ? — d’une Politique qui montrerait quelques moyens de rép
252
toute cette entreprise démesurée, qui pourrait n’
être
qu’une nietzschéenne « philosophie à coups de marteau » est un appel
253
nietzschéenne « philosophie à coups de marteau »
est
un appel à délivrer Prométhée. L’Audacieux Souffrant préfigure l’huma
254
teur nouveau — moins de quarante ans, j’imagine —
est
de gauche ou de droite. Il condamne la propriété, exige l’égalité tot
255
ir un petit hebdo contestataire de son pays — qui
est
aussi le mien —, voici, loin de toutes modes, un vrai « penseur de fo
256
de toutes modes, un vrai « penseur de fond ». Il
était
temps. o. Rougemont Denis de, « Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? »
257
irateurs de Colbert, des jacobins et de Napoléon,
est
peut-être une tâche impossible dès le principe. Essayons cependant, p
258
sayons cependant, pour voir. La fédération suisse
est
née au xiiie siècle d’un pacte (fœdus, d’où fœderatio) conclu entre
259
Garder libre le col pour toute l’Europe, telle
est
la mission initiale et fondatrice des vallées, qui reçoivent à cette
260
nent. À cette garantie, symbolique elle aussi, il
est
donc nécessaire d’ajouter l’assurance très concrète d’un pacte de déf
261
erres civiles, jusqu’en 1848), et, avant tout, on
est
jaloux de préserver ses traditions particulières, ses modes de vie so
262
commune. » L’article 3 précise que « les cantons
sont
souverains, en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la Co
263
sont souverains, en tant que leur souveraineté n’
est
pas limitée par la Constitution fédérale », et qu’ils exercent « tous
264
le », et qu’ils exercent « tous les droits qui ne
sont
pas délégués au pouvoir fédéral ». Moyennant quoi l’article 5 — que j
265
mites posées à la souveraineté des cantons, elles
sont
définies par l’article 8 : « La Confédération a seule le droit de déc
266
ommerce. » L’autorité suprême de la Confédération
sera
exercée par l’Assemblée fédérale, qui se composera de deux chambres :
267
de deux députés par canton. L’autorité exécutive
est
exercée par un conseil fédéral composé de sept membres, élus par l’As
268
s ministres ne représentent pas les cantons et ne
sont
pas renversés par les chambres. Si tel projet de loi qu’ils présenten
269
hambres. Si tel projet de loi qu’ils présentent n’
est
pas accepté, ils le retirent sans se retirer eux-mêmes. Les droits d’
270
ant en matière constitutionnelle que législative,
sont
exercés par le peuple dès qu’un nombre suffisant de citoyens en font
271
préoccupation déterminante de cette Constitution
est
de toute évidence la sauvegarde des autonomies cantonales, fût-ce au
272
évidence la sauvegarde des autonomies cantonales,
fût
-ce au prix de la délégation à un pouvoir fédéral de ceux des attribut
273
es moyens de défendre le tout, nulle partie n’eût
été
en mesure d’assurer son indépendance. Les cantons alémaniques eussent
274
son indépendance. Les cantons alémaniques eussent
été
revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la
275
e du Moniteur. On a trop dit que l’union fédérale
est
une union dans la diversité comme s’il s’agissait là d’une prouesse p
276
que les nations étatisées de l’Europe actuelle ne
soient
traitées comme le furent les « nations » primitives de la France, de
277
de l’Europe actuelle ne soient traitées comme le
furent
les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, da
278
an formulait naguère à propos des USA, mais qu’il
est
facile de transposer en termes européens : « Ne confiez jamais à une
279
onfiez jamais à une plus grande unité ce qui peut
être
fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipali
280
e gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Il
est
normal qu’à mesure qu’augmentent les dimensions des tâches — transpor
281
unauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel
étant
le fédéralisme, selon la pratique six fois séculaire des Suisses, que
282
pratique six fois séculaire des Suisses, quelles
sont
ses chances dans le monde de demain ? La réponse me paraît implicite
283
communisme, reconnaissons que « le fédéralisme n’
est
plus possible dans un seul pays ». Ou bien la formule suisse va s’éte
284
e échelle. Un dernier mot. De grandes disputes se
sont
élevées en France sur le dilemme « fédération ou confédération ». La
285
ni de temps. Enfin quelque chose de grand, et qui
serait
en même temps raisonnable ! Fédéral ou confédéral, le modèle suisse f
286
s régions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel
est
le principe qui rassemble les divers aspects de votre personnalité ?
287
ité ? Disons que c’est une idée de l’homme, qui s’
est
constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’homme considéré e
288
Quant à L’Amour et l’Occident , paru en 1939, il
est
né de la rencontre dramatique de l’engagement et de la passion. Deux
289
Genève, le Centre européen de la culture, dont je
suis
le président, puis l’Institut universitaire d’études européennes, où
290
t nos doctrines personnalistes des années 1930. N’
est
-ce pas parce que vous êtes suisse que vous êtes fédéraliste ? Quand j
291
stes des années 1930. N’est-ce pas parce que vous
êtes
suisse que vous êtes fédéraliste ? Quand je suis arrivé à Paris, à 25
292
N’est-ce pas parce que vous êtes suisse que vous
êtes
fédéraliste ? Quand je suis arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne me
293
êtes suisse que vous êtes fédéraliste ? Quand je
suis
arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère, je ne pe
294
e ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ai
été
mobilisé en 1939, comme officier, j’ai découvert que mon pays était l
295
1939, comme officier, j’ai découvert que mon pays
était
la meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même l
296
uin 1940 sur l’entrée de Hitler à Paris, et qui a
été
considéré comme « insulte à chef d’État étranger », donc mettant en d
297
danger la sécurité de la Suisse. Cette accusation
était
la plus grave possible en temps de guerre. Je m’en suis tiré avec une
298
a plus grave possible en temps de guerre. Je m’en
suis
tiré avec une condamnation à quinze jours de forteresse, mais, après
299
cles autrement que par trois étoiles. Mon article
est
paru le 17 juin 1940, j’ose dire que j’ai devancé de Gaulle d’une jou
300
tation stupéfiante de cet homme et de cette ville
était
peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde entier qu’il est
301
saire pour faire comprendre au monde entier qu’il
est
des victoires impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les don
302
me ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai
été
l’un des initiateurs à ce moment-là, d’un mouvement de résistance à t
303
faire de moi un pronazi — il s’imagine que Hitler
était
un homme de droite — à coups de textes falsifiés, alors que j’ai été
304
ite — à coups de textes falsifiés, alors que j’ai
été
l’un des premiers à dénoncer le national-socialisme dans tous mes liv
305
e puis accepter que des jeunes gens d’aujourd’hui
soient
trompés à ce point sur mon compte par des « calomniateurs ignares »,
306
omme responsable dans une communauté Quels ont
été
les rapports entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’existent
307
tateurs, le succès de Sartre dans le grand public
serait
dû à des formules comme : « L’engagement de l’écrivain » et « l’homme
308
e l’Europe à La Haye, et jusqu’à nos jours. Et ce
sont
eux qui ont suscité un peu partout la renaissance de l’idée régionali
309
ropre : personne égale individu plus vocation. Qu’
est
-ce qu’une vocation ? C’est l’appel à inventer chacun pour soi son che
310
e but ultime de tous les hommes. Un sentier qui n’
est
pas tracé et que chacun doit inventer en y marchant. « Ma parole est
311
e chacun doit inventer en y marchant. « Ma parole
est
une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psaume.
312
e réaliser que dans l’action, mais que l’action n’
est
efficace qu’à l’échelle d’une petite communauté, où la voix d’un cito
313
annoncé son programme de décentralisation ? Je me
suis
dit : enfin ! la France elle-même y vient ! Bien moins par conviction
314
! Bien moins par conviction que par nécessité, il
est
important de le marquer. Peut-être qu’elle y viendra vraiment, puisqu
315
les deux ministres chargés de la régionalisation
sont
protestants, Defferre et Rocard. Vous voyez un rapport entre protesta
316
main. Chez les protestants, c’est la paroisse qui
est
l’unité de base. L’Église est concrètement une fédération de paroisse
317
est la paroisse qui est l’unité de base. L’Église
est
concrètement une fédération de paroisses. Le calvinisme a toujours ét
318
fédération de paroisses. Le calvinisme a toujours
été
régionaliste. N’oubliez pas que les calvinistes, qui tenaient la moi
319
princes du sang et de maréchaux protestants, ont
été
bien près de créer une république fédérale du Midi. Le mot huguenot n
320
ne république fédérale du Midi. Le mot huguenot n’
est
vraisemblablement qu’une déformation du mot allemand Eidgenossen, qui
321
tennat, c’est un terme dont les personnalistes se
sont
toujours méfiés, car il suppose que c’est encore au centre qu’apparti
322
à-dire d’en bas. Le sénateur David Moynihan, qui
fut
le représentant des États-Unis à l’ONU, l’a exprimé avec une simplici
323
onfiez jamais à une plus grande unité ce qui peut
être
fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipali
324
éral ne doit pas le faire. » Chaque problème doit
être
traité et résolu à son échelle, c’est tout le secret du système fédér
325
Depuis les jacobins et Napoléon, le mot d’ordre a
été
de tout centraliser. Nos États-nations renfermés dans le carcan de le
326
ises de conscience Pour beaucoup de gens, vous
êtes
avant tout et malgré tout le reste, l’auteur de L’Amour et l’Occiden
327
rnière guerre : ils prennent conscience de ce que
sont
la passion et le mariage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut
328
les tabous identifiés dans Les Mythes de l’amour
soient
encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou ses excitants
329
2 ? Les obstacles à la passion, ou ses excitants,
sont
-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste a été con
330
ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne
sont
pas des modes. L’inceste a été condamné par toutes les civilisations.
331
s ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste a
été
condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas ch
332
’a pas changé que je sache depuis Freud. Ce qui n’
est
peut-être qu’une mode, ou en tout cas un phénomène culturel, donc sus
333
s long terme, c’est la permissivité actuelle, qui
est
à bien des égards un retour aux pratiques d’avant l’ère victorienne,
334
e époque ? Pour l’inconscient, par définition, il
est
impossible de vous répondre, du moins tout de suite. Aujourd’hui, san
335
contre Hitler : l’auto et le national-socialisme
sont
ce que j’ai appelé les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et
336
s régions tellement d’actualité aujourd’hui —, je
suis
absolument certain de n’avoir pas perdu mon temps, comme écrivain, c’
337
est-à-dire comme fauteur de prises de conscience.
Êtes
-vous pessimiste ou optimiste ? Si je vous réponds que « l’avenir est
338
ou optimiste ? Si je vous réponds que « l’avenir
est
notre affaire », me trouverez-vous pessimiste ou optimiste ? En fin
339
iècles de notre civilisation celui où les gens se
sont
sentis les plus impuissants non seulement devant le destin mais devan
340
est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en
sommes
les seuls responsables, donc seuls libres de les changer ! Ça ne tien
341
voulons pas y croire, nous avons une peur bleue d’
être
libres, parce qu’être libre cela veut dire prendre ses responsabilité
342
nous avons une peur bleue d’être libres, parce qu’
être
libre cela veut dire prendre ses responsabilités. Depuis Penser avec
343
e la pensée et du penseur, je répète que l’avenir
est
l’affaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que
344
e chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fait
est
que mes contemporains ont plus peur qu’envie d’être libres. Pourtant,
345
st que mes contemporains ont plus peur qu’envie d’
être
libres. Pourtant, quand on m’aura démontré que mes efforts resteront
346
e et peut-être à mon salut. Et merci Dieu si ce n’
est
pas seulement au mien. 2. Rien à voir avec le groupuscule fascisan
347
ar le chapeau suivant : « Denis de Rougemont, qui
est
suisse, vit près de la frontière franco-genevoise, mais du côté franç
348
il déroute toujours autant le public, pour qui il
est
tantôt le théoricien de l’amour-passion, tantôt le militant d’une Eur