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tandard unique de la télévision (18 novembre 1950)
a
b Genève, 15 novembre 1950. Monsieur le directeur, Au moment où to
2
ique, sociale, psychologique et politique dont on
ait
jamais disposé. Cet instrument peut unir les peuples. Mais si on l’ut
3
mpossible son usage universel. La Grande-Bretagne
a
adopté un lignage standard de 405 ; la France, un lignage de 819, et
4
s l’URSS, un lignage de 625. Lorsque les capitaux
auront
été investis dans chacun de ces pays, tout espoir d’une télévision qu
5
s. Veuillez agréer, Monsieur le directeur, etc.
a
. Rougemont Denis de, « Pour un standard unique de la télévision », L
6
ntre européen de la culture fondé en octobre 1950
a
son siège à Genève ; il n’est rattaché à aucune institution internati
7
re », M. de Rougemont nous répond : T. S. Eliot l’
a
défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement c
8
ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le centre
a
créé et créera encore des associations de producteurs et de distribut
9
l’Unesco, qui est une organisation mondiale et n’
a
pas spécialement de mission européenne. L’Unesco n’a pour but ni de f
10
as spécialement de mission européenne. L’Unesco n’
a
pour but ni de favoriser l’union de l’Europe, ni de susciter l’éveil
11
, ni de susciter l’éveil d’un sentiment européen.
Avez
-vous également une activité politique ou économique ? Quand on dit «
12
sociation des instituts d’études européennes, qui
a
tenu son assemblée générale à Turin, le Bureau européen d’éducation p
13
terprètes et critiques, qui s’est tenue à Rome et
a
traité de la musique du xxe siècle, et un Prix de littérature europé
14
l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui
a
donné sa forme au xiie siècle. Malgré le christianisme, et parfois c
15
ce sont des influences gnostiques qui se trouvent
avoir
fomenté l’érotique occidentale et qui lui ont proposé des moyens d’ex
16
t avoir fomenté l’érotique occidentale et qui lui
ont
proposé des moyens d’expression, cependant que les mythes et les tabo
17
Frank Harris), pour ne retenir que les œuvres qui
ont
marqué un style de l’amour. Si l’on définit l’érotisme comme l’usage
18
ventions et signes suffisent. Les jeux de la cour
ont
remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post-tridenti
19
et de la richesse autant que de l’épée. Don Juan
a
remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’Astrée, de Pétrarque,
20
ce que l’on taisait ou censurait. Le freudisme n’
a
nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui l’att
21
ètent ceux qui l’attaquent sans le connaître : il
a
seulement autorisé une manière nouvelle de parler des choses du sexe.
22
ière nouvelle de parler des choses du sexe. Et il
a
montré les relations profondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve d
23
n de l’existence… L’écrivain érotique, désormais,
a
toujours l’air, au mieux, de se raconter sur le divan d’un analyste,
24
s, avec Georges Bataille et Pierre Klossowski, il
a
retrouvé sa problématique originelle, qui est religieuse (la gnose co
25
on de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme,
a
bien plus de chances aujourd’hui de se faire sentir dans les médias a
26
Claude Lévi-Strauss rejoint les conclusions que j’
ai
tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’une analyse des motif
27
des motifs, extrêmement divers en apparence, qui
ont
amené la plupart des pays européens à poser le problème régional. Que
28
loi structurelle, tout à fait générale, me paraît
avoir
gouverné les entreprises régionalistes les plus diverses, dont je vai
29
Dès 1938, Gabriel Marcel peut écrire : « Comme l’
avait
vu profondément Arnaud Dandieu, qui, sur ce point, a été vraiment un
30
u profondément Arnaud Dandieu, qui, sur ce point,
a
été vraiment un prophète, il faut garder les yeux fixés à la fois bie
31
ce carcan militaire, idéologique et douanier, qui
a
moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la p
32
ntradictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États
ont
à faire face à des problèmes régionaux de nature très diverse, ethniq
33
e sous-développement de certaines régions des Six
ont
motivé les premières études régionales au sein du Marché commun (1961
34
des régionales au sein du Marché commun (1961) et
ont
abouti à la création d’une Direction générale de la politique régiona
35
elque miracle qui ne s’est jamais produit, et qui
aurait
encore moins de chance de survenir dans le cas des régions définies e
36
nt intellectuel (26-27 septembre 1971)g Il n’y
a
pas de « culture suisse », parce que nos cantons fédérés relèvent par
37
sciences par million d’habitants, de 1901 à 1960,
a
dressé le tableau suivant : 1. Suisse 2,62 ; 2. Danemark 1,43 ; 3. Au
38
ine étrangère. Contrastés et rapprochés Il m’
a
toujours semblé que l’absence de « culture nationale », synthétique o
39
prochés dans l’espace. La vie culturelle suisse n’
a
pas d’autre secret. Ni d’ailleurs la vie culturelle de l’Europe tout
40
puis entièrement cernée par les totalitaires, qu’
a
pu donner la petite Suisse à l’Europe et au monde ? Il faudrait parle
41
erche les traits communs aux esprits créateurs qu’
a
engendrés la Suisse, on trouve presque toujours une recherche de la c
42
« petit cap de l’Asie », c’est bien qu’elle nous
ait
étonnés. Car ce « cap », cette « péninsule », cet « appendice occiden
43
ccidental et refoulés par nos nationalismes qu’il
a
fallu l’esprit intrépide et sceptique de Valéry pour s’abstraire de l
44
ts dans le monde. Il s’en étonne lui-même : Je n’
avais
jamais songé qu’il existât véritablement une « Europe »… Nous ne pens
45
es trois sources : Toute race et toute terre qui
a
été successivement romanisée, christianisée, et soumise, quant à l’es
46
de l’Europe n’y seraient pas incluses. Mais on y
a
vu communément une définition générale et substantielle. À qui s’appl
47
ples de Baalbeck et de Jérusalem ? … Hélas ! je l’
ai
parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furent le
48
élas ! je l’ai parcourue, cette terre ravagée ! J’
ai
visité ces lieux qui furent le théâtre de tant de splendeurs, et je n
49
furent le théâtre de tant de splendeurs, et je n’
ai
vu qu’abandon et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de la Se
50
aux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes
avait
aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais Fr
51
s que nous prolongeons. Les misérables Européens
ont
mieux aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourguignons que de prendre sur
52
tte politique est aussi sotte que naïve : Il n’y
aura
rien eu de plus sot dans toute l’histoire que la concurrence européen
53
que est aussi sotte que naïve : Il n’y aura rien
eu
de plus sot dans toute l’histoire que la concurrence européenne en ma
54
ricaine. Toute sa politique s’y dirige. Valéry n’
a
peut-être pas envisagé que l’État-nation était notre malheur fondamen
55
t-nation était notre malheur fondamental. Et il n’
a
pas vécu pour constater que nos Armagnacs et Bourguignons seraient un
56
et gaullistes contre l’Europe intégrée.) Mais il
a
été le premier, et le seul écrivain français de premier rang, au xxe
57
pays latin, disons la France. Comment et pourquoi
avez
-vous choisi le versant français de votre pays et de vous-même ? Mais
58
rançais de votre pays et de vous-même ? Mais je n’
ai
pas eu à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me suis p
59
de votre pays et de vous-même ? Mais je n’ai pas
eu
à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me suis parfois
60
ar les Nombres rythmiques de la Prophétie. Il n’y
avait
donc qu’à suivre une tradition ? De fait, j’appartiens à une lignée q
61
ugemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste. J’
avais
transformé le grenier de notre maison en laboratoire. Tout ce qui éta
62
osmotique dans des éprouvettes. Si bien que nous
avons
échappé de peu à un nouveau traité sur le Brachinus crepitans ? De to
63
ertu de ce goût et de ce laboratoire. Mais ce qui
avait
été passion devint devoir, et je le détestai aussitôt. D’où votre hai
64
us haut. À 5 ans, avec l’aide de ma sœur aînée, j’
avais
appris à lire en trois semaines, par libre curiosité, par jeu… Ensuit
65
Ensuite, pendant deux ans, à l’école primaire, j’
ai
dû faire semblant de ne pas savoir. C’est bien pourquoi mon premier e
66
pas savoir. C’est bien pourquoi mon premier essai
a
pour titre : Les Méfaits de l’instruction publique . Ce pamphlet vie
67
», dit la couverture, car, hélas ! les choses n’
ont
pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis le temps où je l’écr
68
pour le fond, mes maîtres sont plus anciens et n’
ont
pas changé, Pascal et Rimbaud, pôles contraires d’une opposition viol
69
s que je devais diriger plus tard — « Je sers » —
ont
contribué à faire connaître en France ce philosophe-poète qui reste m
70
maître, et peut-être mon juge ironique. Si Goethe
a
été pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action
71
que. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il m’
a
convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus cl
72
e rappel que « la subjectivité est la vérité ». J’
ai
fait une partie de mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu le
73
partie de mes études à Vienne, puis en Souabe. J’
ai
connu les châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté
74
châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’
ai
raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc
75
re en relation avec un groupe de jeunes gens. Ils
ont
mon âge, mes préoccupations. En quelques mois se trouve fondé un mouv
76
xpose ma « politique du pessimisme actif » dont j’
ai
trouvé les éléments aussi bien chez Kierkegaard que chez Nietzsche, c
77
ortels… Ce n’est plus pour quelque idéal que nous
avons
à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeurent des
78
pt d’engagement, mais certes pas l’usage qu’on en
a
fait au cours des dernières décennies. Mon premier livre, paru en 193
79
ce que Penser avec les mains veut illustrer. J’
ai
posé là le problème de la culture et cherché une morale de la pensée
80
absolument nouveau. (Seul Nietzsche, peut-être…)
Ayant
lu ma première version, Paulhan m’écrivit : « Il faut choisir : ou bi
81
e la phrase. Cette année, Penser avec les mains
a
reparu dans « Idées ». En préparant cette nouvelle édition, j’ai été
82
« Idées ». En préparant cette nouvelle édition, j’
ai
été frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’obstination, de
83
d’autres diraient l’obstination, de ma pensée. J’
ai
retrouvé aussi ce souci constant : qu’une pensée ne peut être juste q
84
clectisme est mal vu au temps des fanatiques, qui
ont
peut-être raison sur ce point. Mais je constate plutôt chez moi une e
85
déjà ce qui s’annonce dans vos journaux, que vous
avez
recueillis sous le titre de Journal d’une époque ? J’ai toujours pr
86
illis sous le titre de Journal d’une époque ? J’
ai
toujours précisé qu’il s’agissait là de journaux non intimes, situés
87
le Journal d’un Européen — qui ne saurait tarder,
ont
pour objet non pas un terme, mais une relation. Non pas tel homme, ni
88
t religieuse, comment se fait-il que l’amour vous
ait
intéressé ? Dites-moi plutôt comment il faudrait faire pour ne pas s’
89
y intéresser ! Le point de départ de ma réflexion
aurait
pu être cette maxime de La Rochefoucauld : « Combien d’hommes seraien
90
ld : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’
avaient
jamais entendu parler d’amour ? » Il me parut urgent de mettre en rel
91
gie. Le christianisme est une historicité. Christ
a
souffert « sous Ponce Pilate ». J’ai vu l’autre jour, au musée de Jér
92
icité. Christ a souffert « sous Ponce Pilate ». J’
ai
vu l’autre jour, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé le nom
93
scientifico-polémique » à la nouvelle édition. J’
avais
esquissé, dans je ne sais plus quelle revue, l’opposition passion-mar
94
ma vie personnelle aussi bien que ma réflexion, m’
avait
préparé à l’écrire. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer le
95
de l’érotique. Entre deux individus, il ne peut y
avoir
qu’une liaison. Mais quand il y a engagement réel et fidélité à cet e
96
gement, alors la personne peut s’épanouir. Il n’y
a
mariage qu’entre personnes. Et c’est pourquoi le mariage est une voca
97
la passion… Pas du tout ! Condamner la passion n’
aurait
pas de sens. Mais il est fou de vouloir fonder le mariage sur l’amour
98
nécessaire à son action. Choisir l’avenir…
Avez
-vous été amené à réviser votre livre eu égard à tous les changements
99
nir… Avez-vous été amené à réviser votre livre
eu
égard à tous les changements qui sont intervenus dans nos mœurs et da
100
nsées depuis sa première publication en 1939 ? On
a
même parlé de mutation… Révisé ? Non ! J’ai répondu aux critiques qui
101
9 ? On a même parlé de mutation… Révisé ? Non ! J’
ai
répondu aux critiques qui ont été formulées depuis trente ans. Parce
102
on… Révisé ? Non ! J’ai répondu aux critiques qui
ont
été formulées depuis trente ans. Parce que ce livre continue d’agir,
103
ouriéristes d’André Breton. Qui sait, peut-être n’
ai
-je été amené à tant m’intéresser au xiie siècle que parce que notre
104
enir. Et il y est contraint du seul fait qu’il en
a
, pour la première fois, la liberté. » Vous me direz que c’est encore
105
uivante : « Quatre ouvrages de Denis de Rougemont
ont
été réédités cette année, à quoi viennent s’ajouter quatre publicatio
106
gagé dans tous les grands débats du siècle et qui
a
su apporter à chacun une réponse originale en un style et par des for
107
ocation. La relation est réciproque. La société n’
a
pour réalité et pour fin que les personnes qui la composent et son or
108
conduit son auteur à l’action. Denis de Rougemont
a
consacré à la cause de l’Europe, dont il connaît les visages différen
109
, dont il connaît les visages différents, dont il
a
vécu les terribles déchirements, une part importante de son temps, de
110
é ou le zen occidental (14 décembre 1972)k l J’
ai
appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fournit
111
nés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’
avoir
fait de progrès que dans la découverte d’une maladresse naguère insou
112
e douceur froide, au moment où je me félicitais d’
avoir
encore marqué un point, très loin du noir, mais enfin dans la cible.
113
ez pas à votre main, ni à ce que fait l’index qui
a
pris le cran d’arrêt. Quand vous serez assez concentré, laissez-vous
114
s qui danse sur la ligne de mire. Sans que vous l’
ayez
voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le
115
le reste. Et maintenant vous allez essayer. Vous
avez
le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus ri
116
en d’autres anxiétés. Mais ce premier coup au but
avait
, en un instant, posé et vérifié pour le restant de mes jours la juste
117
ente de quatre mouvements régionalistes en France
a
été suivie de déclarations passionnées quoique officielles, non pas c
118
u nationalisme non pas corse ou occitan, comme on
eût
pu s’y attendre, mais uniquement français, proclame encore que « le b
119
t superflue. Cette Europe des États-nations, je l’
ai
baptisée depuis longtemps l’amicale des misanthropes. Cela peut se di
120
volution du monde moderne. Le général de Gaulle l’
avait
senti. Il a choisi de tomber sur « l’affaire des régions ». Le paladi
121
e moderne. Le général de Gaulle l’avait senti. Il
a
choisi de tomber sur « l’affaire des régions ». Le paladin de l’Europ
122
nde. C’était bien joué. Ses successeurs, hélas, l’
ont
mal compris. Ils ferment tout ce que le général voulait ouvrir. M. Me
123
l’on se veut avant tout « réaliste ». Ceux qui l’
ont
crue possible sur ces bases sont morts sans l’avoir imposée : Schuman
124
ont crue possible sur ces bases sont morts sans l’
avoir
imposée : Schuman, Adenauer, De Gasperi. Si ces hommes, qui avaient t
125
Schuman, Adenauer, De Gasperi. Si ces hommes, qui
avaient
tout en main, n’ont rien pu faire, c’est vraiment que la formule est
126
speri. Si ces hommes, qui avaient tout en main, n’
ont
rien pu faire, c’est vraiment que la formule est impossible. Ce n’est
127
ossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui les
a
retenus. Tous les sondages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur d
128
nt pas les difficultés économiques : elles seules
ont
contraint les États à quelques lents progrès dans le sens de l’union.
129
M. Pompidou dans son discours de Poitiers : « Il
a
fallu mille ans, ou presque, d’efforts pour créer une existence natio
130
. » C’est dire quelles résistances des peuples on
a
dû vaincre ! Le patriotisme actuel consiste en une « équation entre l
131
es » c’est de reproduire en plus petit ce dont on
a
souffert et qu’on a décidé de détruire : des régions définies par une
132
uire en plus petit ce dont on a souffert et qu’on
a
décidé de détruire : des régions définies par une seule fonction auxq
133
aduit le sentiment de culpabilité de l’ethnie qui
a
réduit les autres à son « unité nationale », — valeur suprême pour el
134
ent la fédération du continent. Que cette révolte
ait
servi de détonateur au mouvement des régions en Europe — les États-Un
135
meute, mais d’une révolution, et d’une espèce qui
a
de quoi surprendre. Il s’agit de recréer en Occident le sens de la co
136
n sens à ces mots de notre langue que vos calculs
ont
oubliés : communauté, amitié, voisinage. n. Rougemont Denis de, «
137
personnalistes. Il venait du surréalisme, dont il
avait
conservé une sorte d’aura aventureuse, et il s’occupait, je crois, de
138
u surréalisme, dont il avait conservé une sorte d’
aura
aventureuse, et il s’occupait, je crois, des Cahiers du cinéma chez G
139
l était, disait-il, le seul officier français qui
eût
réussi avec son propre sabre, — mais aussi avec de soudaines répartie
140
morables. Dandieu, c’était la rigueur même, et il
avait
tout lu ; Robert Aron, c’était l’imaginatif vagabond, et il savait me
141
savait mettre en scène les idées. À eux deux, ils
ont
donné deux ou trois des ouvrages de base du mouvement personnaliste d
142
ue, récemment dissoute. C’est l’Ordre nouveau qui
a
lancé les idées aujourd’hui si actuelles de région, d’autogestion des
143
à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’
ai
retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de Rob
144
e théologie et de philosophie existentielle que j’
avais
intitulée Hic et Nunc . Que Robert Aron succède aujourd’hui à George
145
justesse. Mon seul regret est que ces deux amis n’
aient
pu siéger ensemble pour témoigner de la durée et de la renaissance de
146
Avez
-vous lu Jérôme Deshusses ? (16 mars 1979)o D’un moine qui lui serv
147
lui servait de secrétaire, Voltaire disait : « Il
a
lu tous les Pères — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses a l
148
s — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses
a
lu non pas une fois mais six fois tout Kant et tout Hegel (c’est ving
149
jour. L’Europe des virus L’activité humaine
a
déjà détruit le quart des terres cultivables de la planète, mis fin à
150
le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’
aurons
pas le choix : il faudra subir les deux. » Surtout qu’on ne parle pas
151
e de l’Histoire naturelle, « l’Histoire humaine n’
aura
bientôt plus le choix qu’entre l’horreur de son propre tintamarre et
152
e des aveux… Depuis que l’homme existe, l’idéal n’
a
pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui nous appel
153
l’idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’
a
d’idéal. Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de l’esprit, n
154
Une « pédagogie des catastrophes » Ce que j’
avais
nommé ailleurs, d’un terme sobre « pédagogie des catastrophes », se v
155
tout risquer. Il faut donc que ce soit pour tout
avoir
… Ou bien la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la
156
ables développent la logique du mensonge qui nous
a
conduits où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’économie fo
157
iés coup sur coup, séparément, ces sept pamphlets
eussent
provoqué autant de bagarres intellectuelles à répercussions prolongée
158
de la déduction que par l’insolence du style, ils
ont
fait reculer jusqu’ici les critiques cherchant des repères mais qui n
159
ouple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’
a
formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se vengent : silence su
160
aire face à la vérité dans tous ses risques, on n’
avait
pas vu cela depuis Nietzsche. Jérôme Deshusses a le temps pour — à su
161
it pas vu cela depuis Nietzsche. Jérôme Deshusses
a
le temps pour — à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de le déf
162
d ». Il était temps. o. Rougemont Denis de, «
Avez
-vous lu Jérôme Deshusses ? », Le Monde, Paris, 16 mars 1979, p. 17 et
163
emperruqués, serviteurs exemplaires de celui qui
aurait
dit : « L’État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi
164
oir fédéral ». Moyennant quoi l’article 5 — que j’
ai
nommé celui de la quadrature du cercle — déclare que « la Confédérati
165
des citoyens, ainsi que les droits que le peuple
a
conférés aux autorités ». Quant aux limites posées à la souveraineté
166
ont définies par l’article 8 : « La Confédération
a
seule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi qu
167
l importe de souligner, c’est que la fédération n’
a
pas pour but la création d’une puissance collective, mais au contrair
168
autrement resteraient sans défense, et que nul n’
aurait
charge d’assurer. Sans l’union fédérale, qui procure les moyens de dé
169
re les moyens de défendre le tout, nulle partie n’
eût
été en mesure d’assurer son indépendance. Les cantons alémaniques eus
170
assurer son indépendance. Les cantons alémaniques
eussent
été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant
171
essin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle
eût
subi le sort de Genève — l’annexion pure et simple, assaisonnée de pr
172
ecture exclusive mais obligatoire du Moniteur. On
a
trop dit que l’union fédérale est une union dans la diversité comme s
173
a informe », comme certains le ressassent. Il n’y
a
en vérité aucune raison pour qu’une Europe fédérale fasse aux États-n
174
e fédérale fasse aux États-nations ce que ceux-ci
ont
fait à leurs provinces, mais on ne voit que trop bien ce qui incite l
175
national. Les pratiques fédérales ou fédératives
ont
dominé dans les deux tiers de l’Europe au temps du Saint-Empire romai
176
ondiales, il apparaît que la formule fédérale qui
a
fait la Suisse ne peut plus se limiter aux frontières de ce pays. Tra
177
che, lorsqu’on l’invoque avec passion, comme on l’
a
fait tout au long de la campagne pour l’élection de l’Assemblée des N
178
une vocation. Définition très proche de celles qu’
avaient
adoptées les groupes de jeunes intellectuels qu’on appelle aujourd’hu
179
les non-conformistes des années 1930 », et que j’
ai
connus dès mon arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier les revu
180
ues Esprit et L’Ordre nouveau 2, auxquelles j’
ai
collaboré dès leur naissance. J’avais fondé en même temps une petite
181
, auxquelles j’ai collaboré dès leur naissance. J’
avais
fondé en même temps une petite revue protestante de « théologie diale
182
a personne , 1934, Penser avec les mains , 1936,
ont
développé les conséquences politiques et culturelles du personnalisme
183
Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’
ai
découvert en écrivant ce livre que les notions de personne et d’amour
184
gue interrogation sur l’identité européenne que j’
ai
menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’a conduit après la guerre à
185
que j’ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’
a
conduit après la guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la
186
ndie de la culture européenne et de ses sources m’
a
porté à des conclusions d’ordre politique. Pour défendre l’Europe, la
187
, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’
ai
été mobilisé en 1939, comme officier, j’ai découvert que mon pays éta
188
uand j’ai été mobilisé en 1939, comme officier, j’
ai
découvert que mon pays était la meilleure approximation, ou la moins
189
nos théories personnalistes et fédéralistes. Et j’
ai
écrit pendant les premiers mois de la guerre Mission ou démission de
190
guerre Mission ou démission de la Suisse . Vous
avez
passé une partie de la guerre à New York, pourquoi ? À cause d’un art
191
juin 1940 sur l’entrée de Hitler à Paris, et qui
a
été considéré comme « insulte à chef d’État étranger », donc mettant
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rticle est paru le 17 juin 1940, j’ose dire que j’
ai
devancé de Gaulle d’une journée en affirmant que « la confrontation s
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l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’
ai
été l’un des initiateurs à ce moment-là, d’un mouvement de résistance
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re, la Ligue du Gothard. Je devenais gênant. On m’
a
envoyé aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer l’oratorio
195
sse et jouer l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’
avais
écrit le texte pour Honegger. Comment expliquez-vous votre réputation
196
(Il se fâche.) Où prenez-vous ça ? Il faudrait n’
avoir
rien lu de moi, sauf quelques citations dans un libelle du petit BHL3
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droite — à coups de textes falsifiés, alors que j’
ai
été l’un des premiers à dénoncer le national-socialisme dans tous mes
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’Allemagne , qu’il se garde bien de citer. Moi, j’
ai
cité, mais en correctionnelle, un critique qui avait amplifié sans re
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ai cité, mais en correctionnelle, un critique qui
avait
amplifié sans retenue les impostures de Bernard-Henry Lévy4. Je ne pu
200
mpte par des « calomniateurs ignares », comme les
a
qualifiés un de mes témoins. Un homme responsable dans une communau
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Un homme responsable dans une communauté Quels
ont
été les rapports entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’exis
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existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous
a
beaucoup emprunté mais rien rendu. La notion d’engagement, par exempl
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nalisme, bien que le mot, dans l’existentialisme,
ait
fini par signifier embrigadement, le contraire de ce qu’il signifiait
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responsable ». Sartre savait très bien où il les
avait
prises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais répété
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savait très bien où il les avait prises, et me l’
a
dit tout net à New York, mais ne l’a jamais répété à Paris, semble-t-
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ses, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’
a
jamais répété à Paris, semble-t-il. Du personnalisme, des personnalis
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personnalistes, que reste-t-il aujourd’hui ? Ils
ont
donné à la Résistance son idéologie d’union des peuples européens, en
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Italie autant qu’en Hollande et en Belgique. Ils
ont
influencé plus ou moins profondément plusieurs chefs d’État et leader
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La Haye, et jusqu’à nos jours. Et ce sont eux qui
ont
suscité un peu partout la renaissance de l’idée régionaliste, et de l
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régionaliste, et de l’idée de service civil. Nous
avions
tous en commun cette définition de l’homme vraiment humain : une pers
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un individu collectivisé malgré lui. Là-dessus, j’
ai
élaboré ma doctrine propre : personne égale individu plus vocation. Q
212
. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand j’
ai
le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée so
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e probablement avec l’avenir de la paix. Mai 68 m’
a
fait l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes des
214
entales. Vos réactions, quand la gauche française
a
annoncé son programme de décentralisation ? Je me suis dit : enfin !
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me ? Bien sûr. Chacun sait que l’Église des papes
a
repris les structures centralisées de l’Empire romain. Chez les prote
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tement une fédération de paroisses. Le calvinisme
a
toujours été régionaliste. N’oubliez pas que les calvinistes, qui te
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des princes du sang et de maréchaux protestants,
ont
été bien près de créer une république fédérale du Midi. Le mot huguen
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qui fut le représentant des États-Unis à l’ONU, l’
a
exprimé avec une simplicité géniale : « Ne confiez jamais à une plus
219
. Depuis les jacobins et Napoléon, le mot d’ordre
a
été de tout centraliser. Nos États-nations renfermés dans le carcan d
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ns renfermés dans le carcan de leurs frontières n’
ont
plus d’autre mode de contact que le choc. Mais les régions s’articule
221
L’Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre
ait
un impact différent aujourd’hui qu’à sa publication en 1939 ? Si j’en
222
rance, je pense que les jeunes gens d’aujourd’hui
ont
les mêmes réactions que ceux qui le lisaient pendant la dernière guer
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mes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste
a
été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdipe n’a pa
224
r toutes les civilisations. Le complexe d’Œdipe n’
a
pas changé que je sache depuis Freud. Ce qui n’est peut-être qu’une m
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torienne, bourgeoise. Quels écrivains, pour vous,
ont
le mieux exprimé les consciences et l’inconscient de notre époque ? P
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1920. Pour les consciences, au pluriel comme vous
avez
raison de le marquer, je citerais Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lew
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erais suggérer mes livres. Dès l’âge de 22 ans, j’
ai
écrit contre Ford, et quelques années plus tard contre Hitler : l’aut
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: l’auto et le national-socialisme sont ce que j’
ai
appelé les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus meu
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té aujourd’hui —, je suis absolument certain de n’
avoir
pas perdu mon temps, comme écrivain, c’est-à-dire comme fauteur de pr
230
’humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’homme
a
conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces lois, ce
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impératifs mortels, c’est nous les hommes qui les
avons
créés ! Nous en sommes les seuls responsables, donc seuls libres de l
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’à nous ! Mais nous ne voulons pas y croire, nous
avons
une peur bleue d’être libres, parce qu’être libre cela veut dire pren
233
aintenant. Mais le fait est que mes contemporains
ont
plus peur qu’envie d’être libres. Pourtant, quand on m’aura démontré
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peur qu’envie d’être libres. Pourtant, quand on m’
aura
démontré que mes efforts resteront vains, qu’ils ne changeront en rie
235
s de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’
ai
encore douze volumes en train — car elle contribue à coup sûr à ma jo
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pied du Jura, près de Saint-Genis-Pouilly, où il
a
rénové une grande ferme du xviiie siècle. Assis près de la haute che
237
s imaginait avec une grande barbe blanche !” Il n’
a
toujours pas cette tête-là, et il déroute toujours autant le public,