1 1969, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Une longue et vieille histoire (7 juin 1969)
1 exuels, et d’abord des tabous chrétiens. L’ennui, c’est que l’Évangile ne connaît pas de tabous, et que tout érotisme suppose
2 dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’absence, non de l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dan
3 ’est né le problème de l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné sa forme au xiie siècle. Malgré le christia
2 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)
4 aditionnelle ou prospective, ce qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensemble on ne peut plu
3 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellectuel (26-27 septembre 1971)
5 de la Révolution dans sa première phase libérale. C’est en effet, selon Herbert Lüthy, du « brain trust de Mirabeau, formé d’
6 ration des droits de l’homme ». Un peu plus tard, c’est par Coppet, château de Necker où Germaine de Staël tient sa cour, que
7 et Simonde de Sismondi. Cinquante ans plus tard, c’est à Bâle que s’allume un nouveau foyer : Bachofen inaugure par son Matr
8 erai cinq dans la première moitié du xxe siècle. C’est à Berne et à Zurich qu’Einstein, alors naturalisé suisse, élabora sa
9 se, élabora sa première théorie de la relativité. C’est à Zurich qu’au retour de longs séjours chez les Africains C. G. Jung
10 complexe, d’archétype et d’inconscient collectif. C’est à Bâle que Karl Barth, refoulé par Hitler, rénove la théologie du xxe
11 de pionnier — pas seulement chez les catholiques. C’est à Genève que Ferdinand de Saussure fonde la linguistique générale et
12  les états généraux de l’opinion européenne », et c’est bien là le rôle que rêvaient de reprendre, dès 1946, les Rencontres i
4 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Paul Valéry et l’Europe (29 octobre 1971)
13 de Valéry sur l’Europe, « petit cap de l’Asie », c’est bien qu’elle nous ait étonnés. Car ce « cap », cette « péninsule », c
14 ns surent prendre. Ce que Valéry voit très bien, c’est que la politique de nos États-nations, qui refusent toute espèce d’un
5 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)
15 « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)i j Denis de Rougemont,
16 rfois moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan
17 rimaire, j’ai dû faire semblant de ne pas savoir. C’est bien pourquoi mon premier essai a pour titre : Les Méfaits de l’inst
18 it vivre et penser. Tous ces noms sont français ; c’est pourtant vers les Allemagnes que vous partez, à vingt ans. Oui. De vi
19 partez, à vingt ans. Oui. De vingt à trente ans, c’est bien le versant germanique que j’explore, d’abord séduit par Goethe,
20 Paysan du Danube . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bonheur d’écrire
21 t de prendre une position publique. Au contraire, c’est un homme responsable, qui, dans une situation donnée, peut dire : j’e
22 crit, bien sûr, et de la manière dont il l’écrit. C’est ce que Penser avec les mains veut illustrer. J’ai posé là le problè
23 ur son conseil, une première partie introductive. C’est sans doute ce qui justifie le mot, plus drôle que méchant, d’Emmanuel
24 onstate plutôt chez moi une exigence de synthèse. C’est sur le plan intime et philosophique ce qui correspond, sur le plan po
25 ours : « De l’intime à l’ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du livre qui vient de reparaître
26 ien que ma réflexion, m’avait préparé à l’écrire. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer le personnalisme au domaine d
27 épanouir. Il n’y a mariage qu’entre personnes. Et c’est pourquoi le mariage est une vocation. Si bien que votre livre est con
28 r seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’autres. Votre pensée si grave… C’est vous qu
29 adoxe. Il en est d’autres. Votre pensée si grave… C’est vous qui le dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur la bombe atomique
30 respirer ? Nullement. Le paradoxe est essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’homme est à la fois libre et resp
31 même coup au prochain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’union et l’autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le r
32 Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amuse, vrai qu’il correspo
33 le respect du réel, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amuse, vrai qu’il correspond à un goût profond. Mais il
34 nt-coureurs de l’avenir de l’Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir si l’on veut comprendre l’aujourd’hui.
35  ? Avant toute chose, il faut considérer la fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur l’an 2000. Seulement, il faut co
36 prendre qu’une prévision passive est un non-sens. C’est folie que de vouloir prédire objectivement. Écoutons ce qui nous appe
37 la première fois, la liberté. » Vous me direz que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Celui de la vérité, ou en tout cas de
38 emont Denis de, « [Entretien] Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 20-21.
39 viennent s’ajouter quatre publications nouvelles. C’est la preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce penseur en
6 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)
40 t dans mes yeux une bonne volonté en détresse : «  C’est très simple, dit-il. Cela tient en trois mots : pensez au noir ! Ne p
41 appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement in
42 -ce qui les justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de la fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5) La fin seule justi
43 qu’elle inspire pour la rejoindre en vérité — et c’est Dieu seul1. Le jugement de bien ou de mal ne peut donc s’exercer sur
7 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)
44 , proclame encore que « le bien le plus précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’unification plus ou moins forcée de
45 ’Europe des États-nations, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré. La réunion de Washington vient d’en administrer une
46 blant de la vouloir, parce qu’ils savent bien que c’est impossible sur les bases stato-nationales, seules prises en considéra
47 s, qui avaient tout en main, n’ont rien pu faire, c’est vraiment que la formule est impossible. Ce n’est pas l’opinion popula
48 grès dans le sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souveraineté nationale absolue, qui serait incapa
49 , d’efforts pour créer une existence nationale. » C’est dire quelles résistances des peuples on a dû vaincre ! Le patriotisme
50 pe, est regardé comme un traître. Pourquoi cela ? C’est tout à fait arbitraire. » (Simone Weil, L’Enracinement.) L’État-natio
51 xxe siècle. Non seulement périmée, mais nocive. C’est la cause principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’obstacle
52 représentent ces deux réactions « régionalistes » c’est de reproduire en plus petit ce dont on a souffert et qu’on a décidé d
8 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)
53 ssionnée (9 mars 1974)m Robert Aron, pour moi, c’est un des premiers visages du Paris intellectuel que je découvrais au dé
54 ême droite, au nom identique, récemment dissoute. C’est l’Ordre nouveau qui a lancé les idées aujourd’hui si actuelles de rég
9 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? (16 mars 1979)
55 s une fois mais six fois tout Kant et tout Hegel ( c’est vingt mille pages chacun), puis Schelling, et même Condillac et tous
56 municipale, « là où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets, de ce qui ne sert à rien mais
57 t, vers l’avenir. « L’environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premier nous sommes le centre, et de la seconde nou
58 ophes », se voit ici porté à l’extrême du défi. «  C’est la vie entière, cette fois, qui en est à tout risquer. Il faut donc q
59 conduits où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chass
10 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)
60 s exemplaires de celui qui aurait dit : « L’État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le
61 ur la diversité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la fédération n’a pas pour but la création d’une puissance collec
62 a Suisse même peut-elle échapper à ce processus ? C’est oublier que le principe de répartition des pouvoirs, dans une fédérat
63 etites unités : communes, ateliers, coopératives. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos
11 1982, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)
64 divers aspects de votre personnalité ? Disons que c’est une idée de l’homme, qui s’est constituée dans ma jeunesse, entre 20
65 ssion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort son suprêm
66 et d’amour-passion n’existaient qu’en Europe, et c’est peut-être le point de départ de cette longue interrogation sur l’iden
67 dividu plus vocation. Qu’est-ce qu’une vocation ? C’est l’appel à inventer chacun pour soi son chemin vers le but ultime de t
68 ui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est la foi seule, « substance des choses espérées, ferme assurance de cel
69 alisées de l’Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’Église est concrètement une fé
70 e comme une pièce maîtresse du nouveau septennat, c’est un terme dont les personnalistes se sont toujours méfiés, car il supp
71 istes se sont toujours méfiés, car il suppose que c’est encore au centre qu’appartient la distribution des pouvoirs, alors qu
72 roblème doit être traité et résolu à son échelle, c’est tout le secret du système fédéraliste que je tiens pour seul capable
73 usceptible de changer à plus ou moins long terme, c’est la permissivité actuelle, qui est à bien des égards un retour aux pra
74 En fin de compte, comment jugez-vous ce siècle ? C’est sans nul doute de tous les siècles de notre civilisation celui où les
75 menace d’une catastrophe totale de l’humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux
76 s structures et ces prétendus impératifs mortels, c’est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls respon
77 ork, pendant la guerre, on lui disait : “Comment, c’est vous l’auteur de L’Amour et l’Occident  ? On vous imaginait avec une