1 1950, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Pour un standard unique de la télévision (18 novembre 1950)
1 ù tout le monde parle d’union, on sème l’anarchie dans l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La télévision est d
2 de 625. Lorsque les capitaux auront été investis dans chacun de ces pays, tout espoir d’une télévision qui puisse être diff
3 espoir d’une télévision qui puisse être diffusée dans toutes nos nations sera perdu, et cet instrument universel par défini
4 quée immédiatement pour introduire un peu d’ordre dans ce chaos. Veuillez agréer, Monsieur le directeur, etc. a. Rougemon
2 1954, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Visite à M. Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la culture (septembre 1954)
5 s associations de producteurs et de distributeurs dans les domaines où cela se révèle utile et nécessaire : sciences, musiqu
6 e commune de l’Europe et de sa situation actuelle dans le monde. On peut appeler cela politique, nous appelons cela éducatio
3 1969, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Une longue et vieille histoire (7 juin 1969)
7 entations majeures que Satan fait subir au Christ dans le désert. On me dira que l’Église s’est rattrapée ? Très tardivement
8 elle et du phénomène social de la vie de l’espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’absence, non d
9 n de l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme en Occident. Et
10 aulois. L’amour-passion, qui naît au xiie siècle dans les romans anglo-normands et les chansons des troubadours comme dans
11 lo-normands et les chansons des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âm
12 Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’o
13 Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obstacle à surmonter —
14 reçoivent le serment d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient l’objet d’un culte (première fête de
15 sants récits de prouesses plus ou moins sportives dans la tradition de l’Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (la Fanny Hi
16 t la première version d’une érotique sentimentale dans la littérature française. Avec Racine, tout s’érotise, à un tel point
17 ient comme superflue, ce n’est plus que « Vénus » dans les alexandrins. Une allusion, un regard, un air, un rien, et flambe
18 cie l’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le sentiment nul, che
19 est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le sentiment nul, chez Sade, qui traduit c
20 de France : Goethe, Richardson et Laurence Sterne dans la première génération de ses disciples, les romantiques allemands da
21 ation de ses disciples, les romantiques allemands dans la deuxième, et les grands romanciers victoriens dans la troisième :
22 la deuxième, et les grands romanciers victoriens dans la troisième : retour en force du mythe de la passion mortelle avec L
23 rotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente est peut-être une obscure tentative de compenser
24 , mais tout cela se trouve curieusement transposé dans l’atmosphère du masochisme qui domine la psyché occidentale depuis la
25 ciopsychologique me paraît désormais déterminante dans ce domaine désacralisé par la levée des censures sociales, les statis
26 en plus de chances aujourd’hui de se faire sentir dans les médias audiovisuels et tactiles, qu’en écriture. Il en sera sans
27 nel et du mystère ultime de l’autre : le prochain dans son autonomie. d. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Un
4 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)
28 lles les unes aux autres ne tendent pas à recréer dans leur propre sein des différences situées sur d’autres axes que ceux o
29 ve, ce qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensemble on ne peut plus hétéroclite se dégage
30 nentale. Prenons l’idée de régions à sa naissance dans l’esprit de centaines de milliers de jeunes militants clandestins tel
31 pouvoirs régionaux. Ce manifeste (qu’on peut lire dans le précieux recueil intitulé L’Europe de demain, La Baconnière, 1945)
32 communauté nationale — s’élabore et se consolide dans les mouvements fédéralistes européens de l’après-guerre. À l’Europe u
33 (comme le CERN, à Genève) et une action concertée dans le domaine économique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seu
34 loin de se contredire, se commandent mutuellement dans le monde d’aujourd’hui, à la fois planétaire et local, c’est-à-dire p
35 s les phénomènes similaires actuellement étouffés dans les pays de l’Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées décl
36 et qui aurait encore moins de chance de survenir dans le cas des régions définies en termes d’écologie ou de recherches, d’
37 ransports. Quant aux perspectives du régionalisme dans notre avenir prochain, j’imagine quelques solutions qui d’ailleurs po
38 er les nouvelles générations dès l’école primaire dans l’optique régionaliste et non plus nationaliste, informer les populat
5 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellectuel (26-27 septembre 1971)
39 e de six millions d’habitants que l’on choisirait dans l’un des grands pays voisins. Quelques indications chiffrées peuvent
40 ; 9. France 0,40 ; … 19. Russie-URSS 0,03. Lisons dans ce tableau l’avantage des petits pays (ils occupent les cinq premiers
41 contrastés en esprit qu’ils sont plus rapprochés dans l’espace. La vie culturelle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’aille
42 lleurs la vie culturelle de l’Europe tout entière dans l’espace et dans le temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vér
43 turelle de l’Europe tout entière dans l’espace et dans le temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vérifie plus aisémen
44 e trois grands courants d’idées neuves en Europe, dans les lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’É
45 e William Blake) sont nées et se sont constituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps, voit naître, hér
46 constituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps, voit naître, héritiers imprévus mais fidèles de ses tr
47 des Saussure de Genève, durant un siècle, tiendra dans les sciences naturelles une place comparable à celle des Bernouilli d
48 e place comparable à celle des Bernouilli de Bâle dans les mathématiques. Et puis, après Necker, Genève donne à la France le
49 rance les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première phase libérale. C’est en effet, selon Herbert Lüthy, du «
50 es mais aussi intellectuelles — j’en citerai cinq dans la première moitié du xxe siècle. C’est à Berne et à Zurich qu’Einst
51 psychologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs aux esprits créat
52 nnaissance active, éducatrice ou curative, fondée dans les relations d’interaction sujet-objet, jamais dans le subjectivisme
53 s les relations d’interaction sujet-objet, jamais dans le subjectivisme pur ni dans l’à priori d’une objectivité systématiqu
54 sujet-objet, jamais dans le subjectivisme pur ni dans l’à priori d’une objectivité systématique. Et de là viennent sans dou
55 doute le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui caractérisent à la
56 e et la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénacle de Coppet, rassemblé par Mme de Staël, « les états générau
57 r de la nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin vital du dialogue expliquent enfin ce que je v
6 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Paul Valéry et l’Europe (29 octobre 1971)
58 9 octobre 1971)h Ce qu’il y a de plus étonnant dans la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe, « petit cap de l’Asie », c’
59 inventer comme à partir du monde et de ses effets dans le monde. Il s’en étonne lui-même : Je n’avais jamais songé qu’il ex
60 nous alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans les consciences des variations d’intensité d’une telle ampleur que l’
61 demeurait étonnée, comme quelqu’un qui se relève dans les tôles tordues et ne sait pas s’il est encore vivant. Valéry nous
62 surface physique était bien fait pour angoisser, dans un monde où nous venions « étourdiment » de « rendre les forces propo
63 , de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent
64 otte que naïve : Il n’y aura rien eu de plus sot dans toute l’histoire que la concurrence européenne en matière politique e
65 r nos Byzantins de gauche et de droite communiant dans le culte de la nation souveraine. (Communistes et gaullistes contre l
7 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)
66 xe » (14 décembre 1972)i j Denis de Rougemont, dans une page inspirée de votre livre sur la Suisse, vous évoquez le Gotha
67 igine de la famille est franc-comtoise, et il y a dans cette province deux villages qui se nomment Rougemont. Juges, conseil
68 s plantes artificielles, par croissance osmotique dans des éprouvettes. Si bien que nous avons échappé de peu à un nouveau t
69 aussi violent qu’Ivan Illich aujourd’hui, souvent dans les mêmes termes. Ainsi, dès votre premier essai, vous étiez engagé…
70 Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc C’est votre œuvr
71 les pages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond
72 ous et annote en arabe du xiie siècle. Tout cela dans ces années 1932 à 1936, qui voient triompher Hitler, Mussolini et Sta
73 mpher Hitler, Mussolini et Staline… Vous écriviez dans votre Cahier de revendications publié par la NRF en décembre 1932 : «
74 e. Au contraire, c’est un homme responsable, qui, dans une situation donnée, peut dire : j’en réponds ! Mais de quoi l’écriv
75 e mot, plus drôle que méchant, d’Emmanuel Mounier dans Esprit  : « Rougemont écrit un œil fixé sur l’Éternel et l’autre sur
76 se. Cette année, Penser avec les mains a reparu dans « Idées ». En préparant cette nouvelle édition, j’ai été frappé de vo
77 rine politique, comme s’il s’agissait d’un poème. Dans les années 1930, vous dirigiez ou, au moins, vous participiez à la di
78 l’autre, qu’il s’agisse de l’homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le
79 le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s
80 ne vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’annonce dans vos journaux, que vous avez recueillis sous le titre de Journal d’un
81 l, le lieu existentiel. L’intime ne prend vie que dans une relation avec le prochain, et cette relation que dans une relatio
82 relation avec le prochain, et cette relation que dans une relation avec la cité. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intim
83 our et l’Occident . Pour vous qui étiez si engagé dans une pensée politique et religieuse, comment se fait-il que l’amour vo
84 e. À ce sujet, il y a une anecdote que je raconte dans le post-scriptum « non définitif et scientifico-polémique » à la nouv
85 émique » à la nouvelle édition. J’avais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue, l’opposition passion-mariage. Là-dessus
86 e. Mais enfin, le livre fut écrit… En trois mois, dans une sorte de fièvre. Comme si tout, ma vie personnelle aussi bien que
87 égard à tous les changements qui sont intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées depuis sa première publication en 1939 
88 changements qui sont intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées depuis sa première publication en 1939 ? On a même parlé
89 nt, ma responsabilité. Certes, le monde change et dans le domaine des mœurs l’évolution est même plus profonde qu’on ne le c
90 ême plus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau
91 principe féminin, bien moins sensible d’ailleurs, dans le mouvement de libération des femmes que dans les rêves interprétés
92 s, dans le mouvement de libération des femmes que dans les rêves interprétés par C. G. Jung, les spéculations de Teilhard de
93 l’avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère dans une conférence en Amérique : « Pour la première fois dans son histoir
94 conférence en Amérique : « Pour la première fois dans son histoire, l’homme se voit contraint de choisir librement son aven
95 ’actualité et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands débats du siècle et qui a su apporter à chacun une ré
96 de l’autre. Individu et société doivent se fondre dans l’unité de la personne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l
97 à laquelle l’homme n’accède que par l’engagement dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relation est réciproq
8 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)
98 décembre 1972)k l J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fournit au monde les champions de ce
99 n exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout
100 s à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du g
101 grand concours que l’on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, l’on poussait l’entraînement des meilleurs tireurs. On
102 re marqué un point, très loin du noir, mais enfin dans la cible. Il se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’écarta
103 us apprendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse : « C’est très simple, dit-il.
104 la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ic
105 pour atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but,
106 ses, relativement à d’autres fins plus hautes, et dans la seule mesure où ces moyens servent nécessairement ces fins. Car un
107 L’auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois ans. »
9 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)
108 ces déclarations traduisent une curieuse anxiété dans l’esprit des hommes au pouvoir et une extrême nervosité de leurs poli
109 ctimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte de l’Europe d’aujourd’hui — et non pas du xixe siècle —
110 stato-nationales, seules prises en considération dans toutes nos capitales, cela va de soi, mais aussi à Bruxelles et à Str
111 ont contraint les États à quelques lents progrès dans le sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une sou
112 phe de l’Action française reprise par M. Pompidou dans son discours de Poitiers : « Il a fallu mille ans, ou presque, d’effo
113 erritorial, à savoir la France : quiconque change dans sa pensée le terme territorial de l’équation et met à la place un ter
114 es doivent être subordonnées : fonction militaire dans le cas des États-nations, linguistique dans le cas des ethnies, écono
115 taire dans le cas des États-nations, linguistique dans le cas des ethnies, économique dans le cas des « régions de problèmes
116 linguistique dans le cas des ethnies, économique dans le cas des « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la régio
117 este en Espagne comme en France, et en URSS comme dans le canton de Berne, est née des seuls excès de centralisme. Elle trad
118 thnies montre que leurs problèmes sont insolubles dans le cadre stato-national, et qu’ils appellent la fédération du contine
10 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)
119 a jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est, démesurées, de
120 faisait la NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gros yeux mélancoliques aux larges cernes, et s
121 eaucoup de présence d’esprit politique. Il était, dans notre groupe, le complément parfait d’Arnaud Dandieu, avec lequel il
122 s des ouvrages de base du mouvement personnaliste dans sa tendance la plus radicale, qui était le groupe de l’Ordre nouveau.
123 ion prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les c
124 de recherche religieuse : celle qui se manifeste dans Les Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle les discussions pass
11 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? (16 mars 1979)
125 passant-passé ». Que les causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, rev
126 ue cinq-cents-millions d’enfants mourront de faim dans les vingt-cinq prochaines années. Tout cela pour quels motifs futiles
127 lus profond de la matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la destruction nucléaire q
128 uple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’art moderne ;
129 misère philosophique ; l’Incantation aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient
130 sible de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans le Grand Soir où nous voici jetés. Publiés coup sur coup, séparément,
131 t trop bien son affaire. Pourtant, un tel mordant dans la dénonciation de nos faux-fuyants, une telle rage de dire vrai et p
132 re intrépide et joyeuse de faire face à la vérité dans tous ses risques, on n’avait pas vu cela depuis Nietzsche. Jérôme Des
12 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)
133 Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)p Depuis plusieurs générat
134 de celui qui aurait dit : « L’État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédéralisme
135 à elles seules un microcosme des ligues suisses. Dans cet ensemble hétéroclite, on parle quatre langues (aujourd’hui offici
136 on pratique deux confessions (qui s’affronteront dans plusieurs guerres civiles, jusqu’en 1848), et, avant tout, on est jal
137 dernière guerre de religion, et devant la montée, dans toute l’Europe, du mouvement de masses visant à constituer de grandes
138 ngt-trois cantons souverains de la Suisse forment dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’article 2 définit : « Assu
139 it aux cantons leur territoire, leur souveraineté dans les limites définies par l’article 3, leurs Constitutions, la liberté
140 On a trop dit que l’union fédérale est une union dans la diversité comme s’il s’agissait là d’une prouesse paradoxale ou d’
141 au contraire à la fusion de toutes les diversités dans « un magma informe », comme certains le ressassent. Il n’y a en vérit
142 rimitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’Espagne — ces trois prototypes de l’État nat
143 Les pratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de l’Europe au temps du Saint-Empire romain germanique
144 lier que le principe de répartition des pouvoirs, dans une fédération digne du nom, consiste à situer les décisions au nivea
145 l’espèce humaine). Pas question de centralisation dans tout cela, mais d’adaptation rationnelle des dimensions d’une tâche à
146 s séculaire des Suisses, quelles sont ses chances dans le monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation
147 monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de nos problèmes devenant
148 naissons que « le fédéralisme n’est plus possible dans un seul pays ». Ou bien la formule suisse va s’étendre à l’Europe, ou
149 n ». La distinction entre ces termes, inexistante dans l’expérience historique de la Suisse, ne correspond qu’à des définiti
150  ! Fédéral ou confédéral, le modèle suisse figure dans l’Europe d’aujourd’hui à la fois le dernier témoin de l’antique unité
151 Rougemont Denis de, « Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris, 24–25 juin 1979, p. 5 et 9
13 1982, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)
152 e c’est une idée de l’homme, qui s’est constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’homme considéré en tant que perso
153 est le mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tris
154 rogation sur l’identité européenne que j’ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’a conduit après la guerre à fonder, à G
155 ons, une seule solution : le fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protéger. Ce qui
156 t n’avoir rien lu de moi, sauf quelques citations dans un libelle du petit BHL3, qui croit pouvoir faire de moi un pronazi —
157 un des premiers à dénoncer le national-socialisme dans tous mes livres d’avant la guerre, et surtout dans mon Journal d’All
158 ans tous mes livres d’avant la guerre, et surtout dans mon Journal d’Allemagne , qu’il se garde bien de citer. Moi, j’ai ci
159 alifiés un de mes témoins. Un homme responsable dans une communauté Quels ont été les rapports entre le personnalisme e
160 xemple, dérive du personnalisme, bien que le mot, dans l’existentialisme, ait fini par signifier embrigadement, le contraire
161 ous. Selon ses commentateurs, le succès de Sartre dans le grand public serait dû à des formules comme : « L’engagement de l’
162 ’homme vraiment humain : une personne responsable dans une communauté, et non pas un individu collectivisé malgré lui. Là-de
163 lairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne c
164 s disions que la personne ne peut se réaliser que dans l’action, mais que l’action n’est efficace qu’à l’échelle d’une petit
165 de tout centraliser. Nos États-nations renfermés dans le carcan de leurs frontières n’ont plus d’autre mode de contact que
166 ganique. Je vois là notre seule garantie de paix, dans les États d’abord, en Europe ensuite, et à l’échelle mondiale finalem
167 der à préciser des notions qui restaient confuses dans leur esprit. Cette clarification peut produire des effets quelque peu
168 ychanalyse. Pensez-vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de l’amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à
169 ie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’human
170 en rien les destins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’ai encore douze volumes en train — car elle contribue à
171 ourcil oblique et sombre, un foulard gris et rose dans le col d’une chemise noire, il fait beaucoup plus jeune que ses soixa