1
nt nous répond : T. S. Eliot l’a défini mieux que
je
ne saurais le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie di
2
que Satan fait subir au Christ dans le désert. On
me
dira que l’Église s’est rattrapée ? Très tardivement, très partiellem
3
rire de la dame de ses pensées : « Par elle seule
je
serai sauvé ! » Tout cela — qui est d’abord occitan, arabe, celte et
4
ier ou Casanova (la Fanny Hill de John Cleland ou
Ma
vie de Frank Harris), pour ne retenir que les œuvres qui ont marqué u
5
st). Mais, au total, l’enquête sociopsychologique
me
paraît désormais déterminante dans ce domaine désacralisé par la levé
6
e Claude Lévi-Strauss rejoint les conclusions que
j’
ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’une analyse des mot
7
ts. Cette loi structurelle, tout à fait générale,
me
paraît avoir gouverné les entreprises régionalistes les plus diverses
8
entreprises régionalistes les plus diverses, dont
je
vais rappeler les étapes et la répartition continentale. Prenons l’id
9
tives du régionalisme dans notre avenir prochain,
j’
imagine quelques solutions qui d’ailleurs posent de nouveaux problèmes
10
igine étrangère. Contrastés et rapprochés Il
m’
a toujours semblé que l’absence de « culture nationale », synthétique
11
de Dürrenmatt, et des romans de Max Frisch… Mais
je
dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « p
12
enmatt, et des romans de Max Frisch… Mais je dois
me
réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières
13
remières » alpestres mais aussi intellectuelles —
j’
en citerai cinq dans la première moitié du xxe siècle. C’est à Berne
14
besoin vital du dialogue expliquent enfin ce que
je
voudrais appeler la seule création nationale des Suisses, je veux dir
15
appeler la seule création nationale des Suisses,
je
veux dire le fédéralisme — terme clé de notre existence, et qui signi
16
effets dans le monde. Il s’en étonne lui-même :
Je
n’avais jamais songé qu’il existât véritablement une « Europe »… Nous
17
s temples de Baalbeck et de Jérusalem ? … Hélas !
je
l’ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furen
18
Hélas ! je l’ai parcourue, cette terre ravagée !
J’
ai visité ces lieux qui furent le théâtre de tant de splendeurs, et je
19
x qui furent le théâtre de tant de splendeurs, et
je
n’ai vu qu’abandon et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de
20
de des sensations : qui sait si un voyageur comme
moi
ne s’assoira pas un jour sur de muettes ruines, et ne pleurera pas so
21
ant français de votre pays et de vous-même ? Mais
je
n’ai pas eu à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me s
22
? Mais je n’ai pas eu à choisir ! Le français est
ma
langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’accent de Neuchâtel.
23
à choisir ! Le français est ma langue maternelle.
Je
me suis parfois moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le
24
hoisir ! Le français est ma langue maternelle. Je
me
suis parfois moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le fra
25
pas rien ! Plus modestement, entre 1830 et 1900,
je
compte septante-six ouvrages publiés par des Rougemont et qui vont d’
26
y avait donc qu’à suivre une tradition ? De fait,
j’
appartiens à une lignée qui est plus de robe que d’épée. L’origine de
27
ipauté de Neuchâtel pendant des siècles ou, comme
mon
père, pasteurs, tels furent les Rougemont. Moi-même, je voulais deven
28
e, pasteurs, tels furent les Rougemont. Moi-même,
je
voulais devenir chimiste. J’avais transformé le grenier de notre mais
29
Rougemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste.
J’
avais transformé le grenier de notre maison en laboratoire. Tout ce qu
30
son en laboratoire. Tout ce qui était germination
me
passionnait… Je fabriquais des plantes artificielles, par croissance
31
re. Tout ce qui était germination me passionnait…
Je
fabriquais des plantes artificielles, par croissance osmotique dans d
32
? De toute l’épaisseur du gymnase scientifique où
j’
entrai par la vertu de ce goût et de ce laboratoire. Mais ce qui avait
33
. Mais ce qui avait été passion devint devoir, et
je
le détestai aussitôt. D’où votre haine de l’école ? Cela remonte plus
34
? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec l’aide de
ma
sœur aînée, j’avais appris à lire en trois semaines, par libre curios
35
plus haut. À 5 ans, avec l’aide de ma sœur aînée,
j’
avais appris à lire en trois semaines, par libre curiosité, par jeu… E
36
u… Ensuite, pendant deux ans, à l’école primaire,
j’
ai dû faire semblant de ne pas savoir. C’est bien pourquoi mon premier
37
re semblant de ne pas savoir. C’est bien pourquoi
mon
premier essai a pour titre : Les Méfaits de l’instruction publique .
38
las ! les choses n’ont pas beaucoup changé depuis
mon
enfance ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de
39
p changé depuis mon enfance ni depuis le temps où
je
l’écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était aussi violen
40
temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de
mes
20 ans. C’était aussi violent qu’Ivan Illich aujourd’hui, souvent dan
41
insi, dès votre premier essai, vous étiez engagé…
Je
ne rêvais pourtant que de poésie et d’écriture. Mes modèles d’alors é
42
e ne rêvais pourtant que de poésie et d’écriture.
Mes
modèles d’alors étaient Valéry, Gide, les auteurs de la revue Commerc
43
revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que
je
souhaitais être digne. Plutôt pour le style, la rigueur formelle… Car
44
le style, la rigueur formelle… Car pour le fond,
mes
maîtres sont plus anciens et n’ont pas changé, Pascal et Rimbaud, pôl
45
pôles contraires d’une opposition violente qu’il
me
fallait vivre et penser. Tous ces noms sont français ; c’est pourtant
46
trente ans, c’est bien le versant germanique que
j’
explore, d’abord séduit par Goethe, par son art de vivre autant que pa
47
, par son art de vivre autant que par ses écrits.
Je
lisais les poètes, Hölderlin, Novalis, Jean-Paul, Rilke. Surtout, je
48
s, Hölderlin, Novalis, Jean-Paul, Rilke. Surtout,
je
découvrais et lisais en allemand Kierkegaard. Les éditions que je dev
49
lisais en allemand Kierkegaard. Les éditions que
je
devais diriger plus tard — « Je sers » — ont contribué à faire connaî
50
Les éditions que je devais diriger plus tard — «
Je
sers » — ont contribué à faire connaître en France ce philosophe-poèt
51
connaître en France ce philosophe-poète qui reste
mon
maître, et peut-être mon juge ironique. Si Goethe a été pour moi la m
52
ilosophe-poète qui reste mon maître, et peut-être
mon
juge ironique. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il m’a convain
53
peut-être mon juge ironique. Si Goethe a été pour
moi
la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle
54
nique. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il
m’
a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus c
55
’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle
je
consacre le plus clair de mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaar
56
l’action, à laquelle je consacre le plus clair de
mes
jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de
57
mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard est
ma
démesure, le signe de l’absolu, du peu de valeur de toute action, le
58
le rappel que « la subjectivité est la vérité ».
J’
ai fait une partie de mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu
59
ectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de
mes
études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu les châteaux de la Prusse
60
ne partie de mes études à Vienne, puis en Souabe.
J’
ai connu les châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai racon
61
es châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui.
J’
ai raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc
62
re ce qu’il était, car il s’est toujours agi pour
moi
d’une présence au monde et à moi-même conjointement… Il est vrai que
63
changeaient alors en très peu de temps. À Paris,
j’
entre en relation avec un groupe de jeunes gens. Ils ont mon âge, mes
64
n relation avec un groupe de jeunes gens. Ils ont
mon
âge, mes préoccupations. En quelques mois se trouve fondé un mouvemen
65
n avec un groupe de jeunes gens. Ils ont mon âge,
mes
préoccupations. En quelques mois se trouve fondé un mouvement dont je
66
n quelques mois se trouve fondé un mouvement dont
je
demeure convaincu qu’il se révélera le plus fécond de notre temps — s
67
ert Aron et Alexandre Marc, L’Ordre nouveau , et
je
ne tarde pas à fonder ma propre revue, Hic et Nunc , où vont collabo
68
c, L’Ordre nouveau , et je ne tarde pas à fonder
ma
propre revue, Hic et Nunc , où vont collaborer Henry Corbin et Alber
69
borer Henry Corbin et Albert-Marie Schmidt, et où
j’
expose ma « politique du pessimisme actif » dont j’ai trouvé les éléme
70
ry Corbin et Albert-Marie Schmidt, et où j’expose
ma
« politique du pessimisme actif » dont j’ai trouvé les éléments aussi
71
’expose ma « politique du pessimisme actif » dont
j’
ai trouvé les éléments aussi bien chez Kierkegaard que chez Nietzsche,
72
nt et demeurent des hommes… » Vous étiez engagé !
Je
puis revendiquer la paternité du concept d’engagement, mais certes pa
73
qu’on en a fait au cours des dernières décennies.
Mon
premier livre, paru en 1934, Politique de la personne , s’ouvrait pa
74
re intitulé « L’engagement du clerc ». Mais, pour
moi
, l’écrivain engagé n’est pas celui qui s’en remet à un parti quand il
75
able, qui, dans une situation donnée, peut dire :
j’
en réponds ! Mais de quoi l’écrivain peut-il répondre ? De ce qu’il éc
76
st ce que Penser avec les mains veut illustrer.
J’
ai posé là le problème de la culture et cherché une morale de la pensé
77
nt nouveau. (Seul Nietzsche, peut-être…) Ayant lu
ma
première version, Paulhan m’écrivit : « Il faut choisir : ou bien vou
78
peut-être…) Ayant lu ma première version, Paulhan
m’
écrivit : « Il faut choisir : ou bien vous exposez des idées, ou bien
79
xposez des idées, ou bien vous jouez du violon. »
J’
écrivis, sur son conseil, une première partie introductive. C’est sans
80
s « Idées ». En préparant cette nouvelle édition,
j’
ai été frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’obstination,
81
a continuité, d’autres diraient l’obstination, de
ma
pensée. J’ai retrouvé aussi ce souci constant : qu’une pensée ne peut
82
é, d’autres diraient l’obstination, de ma pensée.
J’
ai retrouvé aussi ce souci constant : qu’une pensée ne peut être juste
83
peut être juste que si sa forme la vérifie. Bref,
j’
écris n’importe quel texte, même de doctrine politique, comme s’il s’a
84
ques, qui ont peut-être raison sur ce point. Mais
je
constate plutôt chez moi une exigence de synthèse. C’est sur le plan
85
raison sur ce point. Mais je constate plutôt chez
moi
une exigence de synthèse. C’est sur le plan intime et philosophique c
86
le plan politique, à ce sens du fédéralisme dont
mon
pays est le produit, et auquel je demeure profondément attaché. La ré
87
déralisme dont mon pays est le produit, et auquel
je
demeure profondément attaché. La réalité est faite d’antinomies, dont
88
ueillis sous le titre de Journal d’une époque ?
J’
ai toujours précisé qu’il s’agissait là de journaux non intimes, situé
89
chronique impersonnelle et de la confidence. Pour
moi
, ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite — le Journal d’un Europée
90
son époque en soi, mais bien leurs rapports qui à
mes
yeux sont seuls vivants, réels, dignes d’intérêt. Ou si vous voulez,
91
es d’intérêt. Ou si vous voulez, le vrai sujet de
ma
réflexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement per
92
ette relation que dans une relation avec la cité.
Je
résume ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par le proxime. »
93
se fait-il que l’amour vous ait intéressé ? Dites-
moi
plutôt comment il faudrait faire pour ne pas s’y intéresser ! Le poin
94
our ne pas s’y intéresser ! Le point de départ de
ma
réflexion aurait pu être cette maxime de La Rochefoucauld : « Combien
95
ls n’avaient jamais entendu parler d’amour ? » Il
me
parut urgent de mettre en relation (de nouveau, n’est-ce pas, une rel
96
et ses étymologies historiques et religieuses. Et
je
savais aussi que tout existe, virtuellement, mais que tout ne se mani
97
ations successives… Il faut aussi se souvenir que
mon
historicisme est fondé en théologie. Le christianisme est une histori
98
oricité. Christ a souffert « sous Ponce Pilate ».
J’
ai vu l’autre jour, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé le n
99
une commande. À ce sujet, il y a une anecdote que
je
raconte dans le post-scriptum « non définitif et scientifico-polémiqu
100
et scientifico-polémique » à la nouvelle édition.
J’
avais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue, l’opposition passio
101
e » à la nouvelle édition. J’avais esquissé, dans
je
ne sais plus quelle revue, l’opposition passion-mariage. Là-dessus, D
102
pposition passion-mariage. Là-dessus, Daniel-Rops
me
propose d’en faire un livre pour la collection qu’il dirige. Je prome
103
n faire un livre pour la collection qu’il dirige.
Je
promets, je ne fais rien. La date approche. Quel soulagement quand Ro
104
ivre pour la collection qu’il dirige. Je promets,
je
ne fais rien. La date approche. Quel soulagement quand Rops me demand
105
en. La date approche. Quel soulagement quand Rops
me
demande de céder mon tour à un jeune lieutenant-colonel dont le livre
106
. Quel soulagement quand Rops me demande de céder
mon
tour à un jeune lieutenant-colonel dont le livre est, me dit-il, des
107
à un jeune lieutenant-colonel dont le livre est,
me
dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par Charles de Gau
108
is mois, dans une sorte de fièvre. Comme si tout,
ma
vie personnelle aussi bien que ma réflexion, m’avait préparé à l’écri
109
Comme si tout, ma vie personnelle aussi bien que
ma
réflexion, m’avait préparé à l’écrire. C’est qu’en un sens il s’agiss
110
, ma vie personnelle aussi bien que ma réflexion,
m’
avait préparé à l’écrire. C’est qu’en un sens il s’agissait d’applique
111
si grave… C’est vous qui le dites ! N’oubliez pas
mes
Lettres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du dia
112
bliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou
mes
Méfaits … Et la Part du diable , où j’explique que la démocratie ne
113
ue , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où
j’
explique que la démocratie ne se distingue du totalitarisme que par l’
114
aradoxe est essentiel. C’est le fondement même de
ma
démarche. L’homme est à la fois libre et responsable : paradoxe ! Il
115
l, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il
m’
amuse, vrai qu’il correspond à un goût profond. Mais il est d’abord la
116
939 ? On a même parlé de mutation… Révisé ? Non !
J’
ai répondu aux critiques qui ont été formulées depuis trente ans. Parc
117
r, d’être étudié, de provoquer des polémiques, il
me
paraissait nécessaire de le réassumer, de renouveler mon engagement,
118
aissait nécessaire de le réassumer, de renouveler
mon
engagement, ma responsabilité. Certes, le monde change et dans le dom
119
re de le réassumer, de renouveler mon engagement,
ma
responsabilité. Certes, le monde change et dans le domaine des mœurs
120
qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que
j’
annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau surgissement d
121
it, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il
me
semble que nous assistons à un nouveau surgissement du principe fémin
122
iéristes d’André Breton. Qui sait, peut-être n’ai-
je
été amené à tant m’intéresser au xiie siècle que parce que notre siè
123
ton. Qui sait, peut-être n’ai-je été amené à tant
m’
intéresser au xiie siècle que parce que notre siècle devait finir par
124
chose, il faut considérer la fin ! C’est vrai que
je
collabore aux études sur l’an 2000. Seulement, il faut comprendre qu’
125
as là pour prédire l’avenir, mais pour le faire !
Je
disais naguère dans une conférence en Amérique : « Pour la première f
126
l en a, pour la première fois, la liberté. » Vous
me
direz que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Celui de la vérité, ou
127
ules où s’affirme un maître écrivain. Cette œuvre
me
paraît caractérisée par cette maxime que je lui emprunte : “Amener la
128
œuvre me paraît caractérisée par cette maxime que
je
lui emprunte : “Amener la pensée à la plus insistante vénération du r
129
rsé ou le zen occidental (14 décembre 1972)k l
J’
ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fourni
130
rnit au monde les champions de cet art ; et comme
j’
étais alors une jeune recrue animée d’un extrême désir d’être promue a
131
le droit de faire taire les sergents harcelants,
je
m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les c
132
droit de faire taire les sergents harcelants, je
m’
appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les cons
133
es sergents harcelants, je m’appliquais de toutes
mes
forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et je
134
ppliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais
je
suivais les conseils d’ordonnance, et je tirais aussi mal que possibl
135
er. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et
je
tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embarrassé de tant
136
onnance, et je tirais aussi mal que possible. Car
je
me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il
137
ance, et je tirais aussi mal que possible. Car je
me
trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me
138
ssé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il
me
semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans l
139
découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée.
Je
faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux a
140
naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on
me
prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin
141
e faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que
je
voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloqua
142
e prescrivait, et que je voyais faire aux autres.
Je
prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un
143
s. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais
mon
souffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respi
144
t l’arme de temps à autre pour respirer et calmer
ma
nervosité, et, lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des
145
espirer et calmer ma nervosité, et, lorsque enfin
je
me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâche
146
irer et calmer ma nervosité, et, lorsque enfin je
me
croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher l
147
je me croyais prêt selon la méthode des sergents,
je
me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le p
148
me croyais prêt selon la méthode des sergents, je
me
décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le para
149
s meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et
je
me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret
150
eilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je
me
résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de
151
e ce répit pour trouver par moi-même le secret de
mes
erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préce
152
iger, sans plus tenir compte des préceptes reçus.
Je
ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’es
153
lques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de
me
réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’
154
neur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de
mes
supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’observait. C’était un tout j
155
eux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant
m’
observait. C’était un tout jeune lieutenant. — « Vous tirez mal », dit
156
l », dit-il avec une douceur froide, au moment où
je
me félicitais d’avoir encore marqué un point, très loin du noir, mais
157
, dit-il avec une douceur froide, au moment où je
me
félicitais d’avoir encore marqué un point, très loin du noir, mais en
158
noir, mais enfin dans la cible. Il se baissa vers
moi
, me saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez,
159
mais enfin dans la cible. Il se baissa vers moi,
me
saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-
160
us arrachez… Voulez-vous apprendre à tirer ? » Il
me
regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse : « C’
161
prendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans
mes
yeux une bonne volonté en détresse : « C’est très simple, dit-il. Cel
162
ire. Sans que vous l’ayez voulu, le coup partira.
Je
vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous
163
ez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… »
Je
n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansa
164
, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait.
J’
essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers
165
ndre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers
moi
tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, p
166
de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que
je
gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bi
167
r, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais
mes
poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bien mat, et im
168
oi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il
me
parut plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonation m
169
plus proche, bien mat, et immobile… La détonation
me
surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et recharge
170
bien mat, et immobile… La détonation me surprit.
Je
reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinale
171
et immobile… La détonation me surprit. Je reposai
mon
arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinalement. Et qua
172
la douille et rechargeai machinalement. Et quand
je
levai les yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion ro
173
r. Trois jours plus tard, au scandale du sergent,
je
gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et
174
plus lointaines et aux implications décisives, à
mon
sens, du conseil en trois mots de ce jeune officier — « pensez au noi
175
fficier — « pensez au noir » —, elles ne devaient
m’
apparaître qu’après bien des années, à l’épreuve de bien d’autres anxi
176
en un instant, posé et vérifié pour le restant de
mes
jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord
177
s jours la juste relation des moyens et des fins.
Je
n’en tirai d’abord que des formules abstraites, mais dont je pressent
178
ai d’abord que des formules abstraites, mais dont
je
pressentais, en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saura
179
je pressentais, en toute confiance, que la vie où
j’
allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma condui
180
rer saurait les illustrer dans maints domaines de
ma
conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, ré
181
lustrer dans maints domaines de ma conduite ou de
ma
réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la su
182
aints domaines de ma conduite ou de ma réflexion.
Je
les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’
183
« L’expression ‟Europe des régions” non seulement
me
hérisse mais constitue un étrange retour à un passé largement révolu,
184
éel ou imaginaire. Ni imbécile au point de ne pas
m’
en apercevoir, ni gauchiste, ni réactionnaire, ni plus ignorant de l’h
185
plus ignorant de l’histoire qu’aucun de ceux que
je
viens de citer ; au surplus responsable de l’expression qui paraît le
186
’expression qui paraît leur faire tellement peur,
je
vais tenter de débrouiller quelques malentendus fondamentaux dont ils
187
uiller quelques malentendus fondamentaux dont ils
me
semblent les victimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans
188
gton vient d’en administrer une preuve de plus, à
mes
yeux parfaitement superflue. Cette Europe des États-nations, je l’ai
189
tement superflue. Cette Europe des États-nations,
je
l’ai baptisée depuis longtemps l’amicale des misanthropes. Cela peut
190
ût-ce qu’en multipliant ses points d’application.
J’
imagine, au contraire, des régions fonctionnelles, et qui soient défin
191
ter en une centaine d’États-nations en réduction,
je
serais contre, intégralement. Les régions ne seront pas de petits Éta
192
on passionnée (9 mars 1974)m Robert Aron, pour
moi
, c’est un des premiers visages du Paris intellectuel que je découvrai
193
un des premiers visages du Paris intellectuel que
je
découvrais au début des années 1930 et où j’allais vivre ma jeunesse
194
que je découvrais au début des années 1930 et où
j’
allais vivre ma jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans c
195
ais au début des années 1930 et où j’allais vivre
ma
jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans ces années décis
196
allais vivre ma jeunesse littéraire et politique.
Je
le revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est
197
é une sorte d’aura aventureuse, et il s’occupait,
je
crois, des Cahiers du cinéma chez Gallimard, où il disposait d’un bur
198
an Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF .
Je
le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gros yeux mél
199
n, à la condition prolétarienne. Après la guerre,
j’
ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de R
200
nifeste dans Les Années secrètes de Jésus, et qui
me
rappelle les discussions passionnées que nous menions, au temps de l’
201
de théologie et de philosophie existentielle que
j’
avais intitulée Hic et Nunc . Que Robert Aron succède aujourd’hui à G
202
e Robert Aron succède aujourd’hui à Georges Izard
me
paraît d’une merveilleuse justesse. Mon seul regret est que ces deux
203
rges Izard me paraît d’une merveilleuse justesse.
Mon
seul regret est que ces deux amis n’aient pu siéger ensemble pour tém
204
ge à répéter ce qu’elles ressassent », — mais que
je
tiens pour la plus signifiante, donc la plus terrifiante à ce jour.
205
. Une « pédagogie des catastrophes » Ce que
j’
avais nommé ailleurs, d’un terme sobre « pédagogie des catastrophes »,
206
que d’un grand nombre des exemples qu’il allègue,
je
coïncide pour l’essentiel avec ses vues philosophiques, tout en resse
207
er si cet auteur nouveau — moins de quarante ans,
j’
imagine — est de gauche ou de droite. Il condamne la propriété, exige
208
t hebdo contestataire de son pays — qui est aussi
le mien
—, voici, loin de toutes modes, un vrai « penseur de fond ». Il était
209
plaires de celui qui aurait dit : « L’État, c’est
moi
». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédé
210
uvoir fédéral ». Moyennant quoi l’article 5 — que
j’
ai nommé celui de la quadrature du cercle — déclare que « la Confédéra
211
ses chances dans le monde de demain ? La réponse
me
paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de n
212
i prévoit l’échec à terme, de la simple liaison :
je
ne m’engage à rien au-delà de ce qui me convient, tant pis pour l’aut
213
oit l’échec à terme, de la simple liaison : je ne
m’
engage à rien au-delà de ce qui me convient, tant pis pour l’autre. Et
214
liaison : je ne m’engage à rien au-delà de ce qui
me
convient, tant pis pour l’autre. Et ceux qui préconisent la fédératio
215
st une idée de l’homme, qui s’est constituée dans
ma
jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’homme considéré en tant que personne
216
déré en tant que personne. Cela voulait dire pour
moi
un individu plus une vocation. Définition très proche de celles qu’av
217
« les non-conformistes des années 1930 », et que
j’
ai connus dès mon arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier les re
218
rmistes des années 1930 », et que j’ai connus dès
mon
arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier les revues Esprit et
219
evues Esprit et L’Ordre nouveau 2, auxquelles
j’
ai collaboré dès leur naissance. J’avais fondé en même temps une petit
220
2, auxquelles j’ai collaboré dès leur naissance.
J’
avais fondé en même temps une petite revue protestante de « théologie
221
de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire.
J’
ai découvert en écrivant ce livre que les notions de personne et d’amo
222
ongue interrogation sur l’identité européenne que
j’
ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’a conduit après la guerre
223
e que j’ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui
m’
a conduit après la guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la
224
à Genève, le Centre européen de la culture, dont
je
suis le président, puis l’Institut universitaire d’études européennes
225
l’Institut universitaire d’études européennes, où
je
donne encore des cours. Une étude approfondie de la culture européenn
226
fondie de la culture européenne et de ses sources
m’
a porté à des conclusions d’ordre politique. Pour défendre l’Europe, l
227
ous êtes suisse que vous êtes fédéraliste ? Quand
je
suis arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère, je
228
nd je suis arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne
me
préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ai
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ris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère,
je
ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ai été mobilisé en 1939,
230
re, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand
j’
ai été mobilisé en 1939, comme officier, j’ai découvert que mon pays é
231
quand j’ai été mobilisé en 1939, comme officier,
j’
ai découvert que mon pays était la meilleure approximation, ou la moin
232
ilisé en 1939, comme officier, j’ai découvert que
mon
pays était la meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-
233
e nos théories personnalistes et fédéralistes. Et
j’
ai écrit pendant les premiers mois de la guerre Mission ou démission
234
était la plus grave possible en temps de guerre.
Je
m’en suis tiré avec une condamnation à quinze jours de forteresse, ma
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ait la plus grave possible en temps de guerre. Je
m’
en suis tiré avec une condamnation à quinze jours de forteresse, mais,
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quinze jours de forteresse, mais, après cela, il
me
devenait difficile de signer mes articles autrement que par trois éto
237
s, après cela, il me devenait difficile de signer
mes
articles autrement que par trois étoiles. Mon article est paru le 17
238
ner mes articles autrement que par trois étoiles.
Mon
article est paru le 17 juin 1940, j’ose dire que j’ai devancé de Gaul
239
is étoiles. Mon article est paru le 17 juin 1940,
j’
ose dire que j’ai devancé de Gaulle d’une journée en affirmant que « l
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article est paru le 17 juin 1940, j’ose dire que
j’
ai devancé de Gaulle d’une journée en affirmant que « la confrontation
241
e l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ».
J’
ai été l’un des initiateurs à ce moment-là, d’un mouvement de résistan
242
la fois civil et militaire, la Ligue du Gothard.
Je
devenais gênant. On m’a envoyé aux États-Unis faire connaître la Suis
243
aire, la Ligue du Gothard. Je devenais gênant. On
m’
a envoyé aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer l’oratorio
244
uisse et jouer l’oratorio Nicolas de Flue , dont
j’
avais écrit le texte pour Honegger. Comment expliquez-vous votre réput
245
ù prenez-vous ça ? Il faudrait n’avoir rien lu de
moi
, sauf quelques citations dans un libelle du petit BHL3, qui croit pou
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libelle du petit BHL3, qui croit pouvoir faire de
moi
un pronazi — il s’imagine que Hitler était un homme de droite — à cou
247
e droite — à coups de textes falsifiés, alors que
j’
ai été l’un des premiers à dénoncer le national-socialisme dans tous m
248
miers à dénoncer le national-socialisme dans tous
mes
livres d’avant la guerre, et surtout dans mon Journal d’Allemagne ,
249
ous mes livres d’avant la guerre, et surtout dans
mon
Journal d’Allemagne , qu’il se garde bien de citer. Moi, j’ai cité,
250
urnal d’Allemagne , qu’il se garde bien de citer.
Moi
, j’ai cité, mais en correctionnelle, un critique qui avait amplifié s
251
d’Allemagne , qu’il se garde bien de citer. Moi,
j’
ai cité, mais en correctionnelle, un critique qui avait amplifié sans
252
gens d’aujourd’hui soient trompés à ce point sur
mon
compte par des « calomniateurs ignares », comme les a qualifiés un de
253
omniateurs ignares », comme les a qualifiés un de
mes
témoins. Un homme responsable dans une communauté Quels ont été
254
artre savait très bien où il les avait prises, et
me
l’a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais répété à Paris, sembl
255
s un individu collectivisé malgré lui. Là-dessus,
j’
ai élaboré ma doctrine propre : personne égale individu plus vocation.
256
collectivisé malgré lui. Là-dessus, j’ai élaboré
ma
doctrine propre : personne égale individu plus vocation. Qu’est-ce qu
257
racé et que chacun doit inventer en y marchant. «
Ma
parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit
258
venter en y marchant. « Ma parole est une lampe à
mes
pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si la lamp
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parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur
mon
sentier », dit le psaume. Comme si la lampe m’éclairait seulement qua
260
r mon sentier », dit le psaume. Comme si la lampe
m’
éclairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de f
261
me. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand
j’
ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée
262
ans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous
mes
pas. Ce qui donne ce courage, c’est la foi seule, « substance des cho
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aux Hébreux. L’avenir du personnalisme ? Eh bien,
j’
ose dire qu’il se confond désormais avec l’avenir de la fédération eur
264
fie probablement avec l’avenir de la paix. Mai 68
m’
a fait l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes de
265
ise a annoncé son programme de décentralisation ?
Je
me suis dit : enfin ! la France elle-même y vient ! Bien moins par co
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a annoncé son programme de décentralisation ? Je
me
suis dit : enfin ! la France elle-même y vient ! Bien moins par convi
267
, c’est tout le secret du système fédéraliste que
je
tiens pour seul capable de résoudre au concret les grands problèmes g
268
symbiose comme les cellules d’un tissu organique.
Je
vois là notre seule garantie de paix, dans les États d’abord, en Euro
269
rent aujourd’hui qu’à sa publication en 1939 ? Si
j’
en juge par le nombre de rééditions, de traductions et de préfaces nou
270
la première publication de cet ouvrage en France,
je
pense que les jeunes gens d’aujourd’hui ont les mêmes réactions que c
271
lisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas changé que
je
sache depuis Freud. Ce qui n’est peut-être qu’une mode, ou en tout ca
272
t de suite. Aujourd’hui, sans trop de recherches,
je
proposerais Kafka comme annonciateur des régimes totalitaires dès les
273
au pluriel comme vous avez raison de le marquer,
je
citerais Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lewis Mumford, et j’oserais
274
Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lewis Mumford, et
j’
oserais suggérer mes livres. Dès l’âge de 22 ans, j’ai écrit contre Fo
275
Paul Valéry, Lewis Mumford, et j’oserais suggérer
mes
livres. Dès l’âge de 22 ans, j’ai écrit contre Ford, et quelques anné
276
oserais suggérer mes livres. Dès l’âge de 22 ans,
j’
ai écrit contre Ford, et quelques années plus tard contre Hitler : l’a
277
er : l’auto et le national-socialisme sont ce que
j’
ai appelé les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus m
278
ces régions tellement d’actualité aujourd’hui —,
je
suis absolument certain de n’avoir pas perdu mon temps, comme écrivai
279
, je suis absolument certain de n’avoir pas perdu
mon
temps, comme écrivain, c’est-à-dire comme fauteur de prises de consci
280
onscience. Êtes-vous pessimiste ou optimiste ? Si
je
vous réponds que « l’avenir est notre affaire », me trouverez-vous
281
ous réponds que « l’avenir est notre affaire »,
me
trouverez-vous pessimiste ou optimiste ? En fin de compte, comment ju
282
nsacré à l’engagement de la pensée et du penseur,
je
répète que l’avenir est l’affaire de chacun de nous, ici et maintenan
283
de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que
mes
contemporains ont plus peur qu’envie d’être libres. Pourtant, quand o
284
s peur qu’envie d’être libres. Pourtant, quand on
m’
aura démontré que mes efforts resteront vains, qu’ils ne changeront en
285
re libres. Pourtant, quand on m’aura démontré que
mes
efforts resteront vains, qu’ils ne changeront en rien les destins de
286
s ne changeront en rien les destins de ce siècle,
je
persisterai dans mon œuvre — j’ai encore douze volumes en train — car
287
ien les destins de ce siècle, je persisterai dans
mon
œuvre — j’ai encore douze volumes en train — car elle contribue à cou
288
ins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre —
j’
ai encore douze volumes en train — car elle contribue à coup sûr à ma
289
olumes en train — car elle contribue à coup sûr à
ma
joie et peut-être à mon salut. Et merci Dieu si ce n’est pas seulemen
290
lle contribue à coup sûr à ma joie et peut-être à
mon
salut. Et merci Dieu si ce n’est pas seulement au mien. 2. Rien à
291
salut. Et merci Dieu si ce n’est pas seulement au
mien
. 2. Rien à voir avec le groupuscule fascisant d’après-guerre, faut