1 1954, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Visite à M. Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la culture (septembre 1954)
1 nt nous répond : T. S. Eliot l’a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie di
2 1969, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Une longue et vieille histoire (7 juin 1969)
2 que Satan fait subir au Christ dans le désert. On me dira que l’Église s’est rattrapée ? Très tardivement, très partiellem
3 rire de la dame de ses pensées : « Par elle seule je serai sauvé ! » Tout cela — qui est d’abord occitan, arabe, celte et
4 ier ou Casanova (la Fanny Hill de John Cleland ou Ma vie de Frank Harris), pour ne retenir que les œuvres qui ont marqué u
5 st). Mais, au total, l’enquête sociopsychologique me paraît désormais déterminante dans ce domaine désacralisé par la levé
3 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)
6 e Claude Lévi-Strauss rejoint les conclusions que j’ ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’une analyse des mot
7 ts. Cette loi structurelle, tout à fait générale, me paraît avoir gouverné les entreprises régionalistes les plus diverses
8 entreprises régionalistes les plus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition continentale. Prenons l’id
9 tives du régionalisme dans notre avenir prochain, j’ imagine quelques solutions qui d’ailleurs posent de nouveaux problèmes
4 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellectuel (26-27 septembre 1971)
10 igine étrangère. Contrastés et rapprochés Il m’ a toujours semblé que l’absence de « culture nationale », synthétique
11 de Dürrenmatt, et des romans de Max Frisch… Mais je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « p
12 enmatt, et des romans de Max Frisch… Mais je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières
13 remières » alpestres mais aussi intellectuelles — j’ en citerai cinq dans la première moitié du xxe siècle. C’est à Berne
14 besoin vital du dialogue expliquent enfin ce que je voudrais appeler la seule création nationale des Suisses, je veux dir
15 appeler la seule création nationale des Suisses, je veux dire le fédéralisme — terme clé de notre existence, et qui signi
5 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Paul Valéry et l’Europe (29 octobre 1971)
16 effets dans le monde. Il s’en étonne lui-même : Je n’avais jamais songé qu’il existât véritablement une « Europe »… Nous
17 s temples de Baalbeck et de Jérusalem ? … Hélas ! je l’ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furen
18 Hélas ! je l’ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ ai visité ces lieux qui furent le théâtre de tant de splendeurs, et je
19 x qui furent le théâtre de tant de splendeurs, et je n’ai vu qu’abandon et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de
20 de des sensations : qui sait si un voyageur comme moi ne s’assoira pas un jour sur de muettes ruines, et ne pleurera pas so
6 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)
21 ant français de votre pays et de vous-même ? Mais je n’ai pas eu à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me s
22 ? Mais je n’ai pas eu à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’accent de Neuchâtel.
23 à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le
24 hoisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le fra
25 pas rien ! Plus modestement, entre 1830 et 1900, je compte septante-six ouvrages publiés par des Rougemont et qui vont d’
26 y avait donc qu’à suivre une tradition ? De fait, j’ appartiens à une lignée qui est plus de robe que d’épée. L’origine de
27 ipauté de Neuchâtel pendant des siècles ou, comme mon père, pasteurs, tels furent les Rougemont. Moi-même, je voulais deven
28 e, pasteurs, tels furent les Rougemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste. J’avais transformé le grenier de notre mais
29 Rougemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste. J’ avais transformé le grenier de notre maison en laboratoire. Tout ce qu
30 son en laboratoire. Tout ce qui était germination me passionnait… Je fabriquais des plantes artificielles, par croissance
31 re. Tout ce qui était germination me passionnait… Je fabriquais des plantes artificielles, par croissance osmotique dans d
32 ? De toute l’épaisseur du gymnase scientifique où j’ entrai par la vertu de ce goût et de ce laboratoire. Mais ce qui avait
33 . Mais ce qui avait été passion devint devoir, et je le détestai aussitôt. D’où votre haine de l’école ? Cela remonte plus
34 ? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec l’aide de ma sœur aînée, j’avais appris à lire en trois semaines, par libre curios
35 plus haut. À 5 ans, avec l’aide de ma sœur aînée, j’ avais appris à lire en trois semaines, par libre curiosité, par jeu… E
36 u… Ensuite, pendant deux ans, à l’école primaire, j’ ai dû faire semblant de ne pas savoir. C’est bien pourquoi mon premier
37 re semblant de ne pas savoir. C’est bien pourquoi mon premier essai a pour titre : Les Méfaits de l’instruction publique .
38 las ! les choses n’ont pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de
39 p changé depuis mon enfance ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était aussi violen
40 temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était aussi violent qu’Ivan Illich aujourd’hui, souvent dan
41 insi, dès votre premier essai, vous étiez engagé… Je ne rêvais pourtant que de poésie et d’écriture. Mes modèles d’alors é
42 e ne rêvais pourtant que de poésie et d’écriture. Mes modèles d’alors étaient Valéry, Gide, les auteurs de la revue Commerc
43 revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je souhaitais être digne. Plutôt pour le style, la rigueur formelle… Car
44 le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus anciens et n’ont pas changé, Pascal et Rimbaud, pôl
45 pôles contraires d’une opposition violente qu’il me fallait vivre et penser. Tous ces noms sont français ; c’est pourtant
46 trente ans, c’est bien le versant germanique que j’ explore, d’abord séduit par Goethe, par son art de vivre autant que pa
47 , par son art de vivre autant que par ses écrits. Je lisais les poètes, Hölderlin, Novalis, Jean-Paul, Rilke. Surtout, je
48 s, Hölderlin, Novalis, Jean-Paul, Rilke. Surtout, je découvrais et lisais en allemand Kierkegaard. Les éditions que je dev
49 lisais en allemand Kierkegaard. Les éditions que je devais diriger plus tard — « Je sers » — ont contribué à faire connaî
50 Les éditions que je devais diriger plus tard — «  Je sers » — ont contribué à faire connaître en France ce philosophe-poèt
51 connaître en France ce philosophe-poète qui reste mon maître, et peut-être mon juge ironique. Si Goethe a été pour moi la m
52 ilosophe-poète qui reste mon maître, et peut-être mon juge ironique. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il m’a convain
53 peut-être mon juge ironique. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle
54 nique. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il m’ a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus c
55 ’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaar
56 l’action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de
57 mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de l’absolu, du peu de valeur de toute action, le
58 le rappel que « la subjectivité est la vérité ». J’ ai fait une partie de mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu
59 ectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu les châteaux de la Prusse
60 ne partie de mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ ai connu les châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai racon
61 es châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ ai raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc
62 re ce qu’il était, car il s’est toujours agi pour moi d’une présence au monde et à moi-même conjointement… Il est vrai que
63 changeaient alors en très peu de temps. À Paris, j’ entre en relation avec un groupe de jeunes gens. Ils ont mon âge, mes
64 n relation avec un groupe de jeunes gens. Ils ont mon âge, mes préoccupations. En quelques mois se trouve fondé un mouvemen
65 n avec un groupe de jeunes gens. Ils ont mon âge, mes préoccupations. En quelques mois se trouve fondé un mouvement dont je
66 n quelques mois se trouve fondé un mouvement dont je demeure convaincu qu’il se révélera le plus fécond de notre temps — s
67 ert Aron et Alexandre Marc, L’Ordre nouveau , et je ne tarde pas à fonder ma propre revue, Hic et Nunc , où vont collabo
68 c, L’Ordre nouveau , et je ne tarde pas à fonder ma propre revue, Hic et Nunc , où vont collaborer Henry Corbin et Alber
69 borer Henry Corbin et Albert-Marie Schmidt, et où j’ expose ma « politique du pessimisme actif » dont j’ai trouvé les éléme
70 ry Corbin et Albert-Marie Schmidt, et où j’expose ma « politique du pessimisme actif » dont j’ai trouvé les éléments aussi
71 ’expose ma « politique du pessimisme actif » dont j’ ai trouvé les éléments aussi bien chez Kierkegaard que chez Nietzsche,
72 nt et demeurent des hommes… » Vous étiez engagé ! Je puis revendiquer la paternité du concept d’engagement, mais certes pa
73 qu’on en a fait au cours des dernières décennies. Mon premier livre, paru en 1934, Politique de la personne , s’ouvrait pa
74 re intitulé « L’engagement du clerc ». Mais, pour moi , l’écrivain engagé n’est pas celui qui s’en remet à un parti quand il
75 able, qui, dans une situation donnée, peut dire : j’ en réponds ! Mais de quoi l’écrivain peut-il répondre ? De ce qu’il éc
76 st ce que Penser avec les mains veut illustrer. J’ ai posé là le problème de la culture et cherché une morale de la pensé
77 nt nouveau. (Seul Nietzsche, peut-être…) Ayant lu ma première version, Paulhan m’écrivit : « Il faut choisir : ou bien vou
78 peut-être…) Ayant lu ma première version, Paulhan m’ écrivit : « Il faut choisir : ou bien vous exposez des idées, ou bien
79 xposez des idées, ou bien vous jouez du violon. » J’ écrivis, sur son conseil, une première partie introductive. C’est sans
80 s « Idées ». En préparant cette nouvelle édition, j’ ai été frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’obstination,
81 a continuité, d’autres diraient l’obstination, de ma pensée. J’ai retrouvé aussi ce souci constant : qu’une pensée ne peut
82 é, d’autres diraient l’obstination, de ma pensée. J’ ai retrouvé aussi ce souci constant : qu’une pensée ne peut être juste
83 peut être juste que si sa forme la vérifie. Bref, j’ écris n’importe quel texte, même de doctrine politique, comme s’il s’a
84 ques, qui ont peut-être raison sur ce point. Mais je constate plutôt chez moi une exigence de synthèse. C’est sur le plan
85 raison sur ce point. Mais je constate plutôt chez moi une exigence de synthèse. C’est sur le plan intime et philosophique c
86 le plan politique, à ce sens du fédéralisme dont mon pays est le produit, et auquel je demeure profondément attaché. La ré
87 déralisme dont mon pays est le produit, et auquel je demeure profondément attaché. La réalité est faite d’antinomies, dont
88 ueillis sous le titre de Journal d’une époque  ? J’ ai toujours précisé qu’il s’agissait là de journaux non intimes, situé
89 chronique impersonnelle et de la confidence. Pour moi , ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite — le Journal d’un Europée
90 son époque en soi, mais bien leurs rapports qui à mes yeux sont seuls vivants, réels, dignes d’intérêt. Ou si vous voulez,
91 es d’intérêt. Ou si vous voulez, le vrai sujet de ma réflexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement per
92 ette relation que dans une relation avec la cité. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par le proxime. »
93 se fait-il que l’amour vous ait intéressé ? Dites- moi plutôt comment il faudrait faire pour ne pas s’y intéresser ! Le poin
94 our ne pas s’y intéresser ! Le point de départ de ma réflexion aurait pu être cette maxime de La Rochefoucauld : « Combien
95 ls n’avaient jamais entendu parler d’amour ? » Il me parut urgent de mettre en relation (de nouveau, n’est-ce pas, une rel
96 et ses étymologies historiques et religieuses. Et je savais aussi que tout existe, virtuellement, mais que tout ne se mani
97 ations successives… Il faut aussi se souvenir que mon historicisme est fondé en théologie. Le christianisme est une histori
98 oricité. Christ a souffert « sous Ponce Pilate ». J’ ai vu l’autre jour, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé le n
99 une commande. À ce sujet, il y a une anecdote que je raconte dans le post-scriptum « non définitif et scientifico-polémiqu
100 et scientifico-polémique » à la nouvelle édition. J’ avais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue, l’opposition passio
101 e » à la nouvelle édition. J’avais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue, l’opposition passion-mariage. Là-dessus, D
102 pposition passion-mariage. Là-dessus, Daniel-Rops me propose d’en faire un livre pour la collection qu’il dirige. Je prome
103 n faire un livre pour la collection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien. La date approche. Quel soulagement quand Ro
104 ivre pour la collection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien. La date approche. Quel soulagement quand Rops me demand
105 en. La date approche. Quel soulagement quand Rops me demande de céder mon tour à un jeune lieutenant-colonel dont le livre
106 . Quel soulagement quand Rops me demande de céder mon tour à un jeune lieutenant-colonel dont le livre est, me dit-il, des
107 à un jeune lieutenant-colonel dont le livre est, me dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par Charles de Gau
108 is mois, dans une sorte de fièvre. Comme si tout, ma vie personnelle aussi bien que ma réflexion, m’avait préparé à l’écri
109 Comme si tout, ma vie personnelle aussi bien que ma réflexion, m’avait préparé à l’écrire. C’est qu’en un sens il s’agiss
110 , ma vie personnelle aussi bien que ma réflexion, m’ avait préparé à l’écrire. C’est qu’en un sens il s’agissait d’applique
111 si grave… C’est vous qui le dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du dia
112 bliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où j’explique que la démocratie ne
113 ue , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où j’ explique que la démocratie ne se distingue du totalitarisme que par l’
114 aradoxe est essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’homme est à la fois libre et responsable : paradoxe ! Il
115 l, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’ amuse, vrai qu’il correspond à un goût profond. Mais il est d’abord la
116 939 ? On a même parlé de mutation… Révisé ? Non ! J’ ai répondu aux critiques qui ont été formulées depuis trente ans. Parc
117 r, d’être étudié, de provoquer des polémiques, il me paraissait nécessaire de le réassumer, de renouveler mon engagement,
118 aissait nécessaire de le réassumer, de renouveler mon engagement, ma responsabilité. Certes, le monde change et dans le dom
119 re de le réassumer, de renouveler mon engagement, ma responsabilité. Certes, le monde change et dans le domaine des mœurs
120 qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que j’ annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau surgissement d
121 it, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau surgissement du principe fémin
122 iéristes d’André Breton. Qui sait, peut-être n’ai- je été amené à tant m’intéresser au xiie siècle que parce que notre siè
123 ton. Qui sait, peut-être n’ai-je été amené à tant m’ intéresser au xiie siècle que parce que notre siècle devait finir par
124 chose, il faut considérer la fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur l’an 2000. Seulement, il faut comprendre qu’
125 as là pour prédire l’avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère dans une conférence en Amérique : « Pour la première f
126 l en a, pour la première fois, la liberté. » Vous me direz que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Celui de la vérité, ou
127 ules où s’affirme un maître écrivain. Cette œuvre me paraît caractérisée par cette maxime que je lui emprunte : “Amener la
128 œuvre me paraît caractérisée par cette maxime que je lui emprunte : “Amener la pensée à la plus insistante vénération du r
7 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)
129 rsé ou le zen occidental (14 décembre 1972)k l J’ ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fourni
130 rnit au monde les champions de cet art ; et comme j’ étais alors une jeune recrue animée d’un extrême désir d’être promue a
131 le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les c
132 droit de faire taire les sergents harcelants, je m’ appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les cons
133 es sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et je
134 ppliquais de toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et je tirais aussi mal que possibl
135 er. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et je tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embarrassé de tant
136 onnance, et je tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il
137 ance, et je tirais aussi mal que possible. Car je me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me
138 ssé de tant de recettes et d’ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans l
139 découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux a
140 naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin
141 e faisais tout ce que l’on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloqua
142 e prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un
143 s. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme de temps à autre pour respi
144 t l’arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et, lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des
145 espirer et calmer ma nervosité, et, lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâche
146 irer et calmer ma nervosité, et, lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher l
147 je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le p
148 me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le para
149 s meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret
150 eilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de
151 e ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préce
152 iger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’es
153 lques points, sauvant l’honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’
154 neur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’observait. C’était un tout j
155 eux de mes supérieurs. L’un d’entre eux cependant m’ observait. C’était un tout jeune lieutenant. — « Vous tirez mal », dit
156 l », dit-il avec une douceur froide, au moment où je me félicitais d’avoir encore marqué un point, très loin du noir, mais
157 , dit-il avec une douceur froide, au moment où je me félicitais d’avoir encore marqué un point, très loin du noir, mais en
158 noir, mais enfin dans la cible. Il se baissa vers moi , me saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez,
159 mais enfin dans la cible. Il se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-
160 us arrachez… Voulez-vous apprendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse : « C’
161 prendre à tirer ? » Il me regarda, et voyant dans mes yeux une bonne volonté en détresse : « C’est très simple, dit-il. Cel
162 ire. Sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous
163 ez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansa
164 , puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait. J’ essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers
165 ndre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, p
166 de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bi
167 r, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bien mat, et im
168 oi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me parut plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonation m
169 plus proche, bien mat, et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et recharge
170 bien mat, et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinale
171 et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinalement. Et qua
172 la douille et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion ro
173 r. Trois jours plus tard, au scandale du sergent, je gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et
174 plus lointaines et aux implications décisives, à mon sens, du conseil en trois mots de ce jeune officier — « pensez au noi
175 fficier — « pensez au noir » —, elles ne devaient m’ apparaître qu’après bien des années, à l’épreuve de bien d’autres anxi
176 en un instant, posé et vérifié pour le restant de mes jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord
177 s jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord que des formules abstraites, mais dont je pressent
178 ai d’abord que des formules abstraites, mais dont je pressentais, en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saura
179 je pressentais, en toute confiance, que la vie où j’ allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma condui
180 rer saurait les illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, ré
181 lustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la su
182 aints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’
8 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)
183 « L’expression ‟Europe des régions” non seulement me hérisse mais constitue un étrange retour à un passé largement révolu,
184 éel ou imaginaire. Ni imbécile au point de ne pas m’ en apercevoir, ni gauchiste, ni réactionnaire, ni plus ignorant de l’h
185 plus ignorant de l’histoire qu’aucun de ceux que je viens de citer ; au surplus responsable de l’expression qui paraît le
186 ’expression qui paraît leur faire tellement peur, je vais tenter de débrouiller quelques malentendus fondamentaux dont ils
187 uiller quelques malentendus fondamentaux dont ils me semblent les victimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans
188 gton vient d’en administrer une preuve de plus, à mes yeux parfaitement superflue. Cette Europe des États-nations, je l’ai
189 tement superflue. Cette Europe des États-nations, je l’ai baptisée depuis longtemps l’amicale des misanthropes. Cela peut
190 ût-ce qu’en multipliant ses points d’application. J’ imagine, au contraire, des régions fonctionnelles, et qui soient défin
191 ter en une centaine d’États-nations en réduction, je serais contre, intégralement. Les régions ne seront pas de petits Éta
9 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)
192 on passionnée (9 mars 1974)m Robert Aron, pour moi , c’est un des premiers visages du Paris intellectuel que je découvrai
193 un des premiers visages du Paris intellectuel que je découvrais au début des années 1930 et où j’allais vivre ma jeunesse
194 que je découvrais au début des années 1930 et où j’ allais vivre ma jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans c
195 ais au début des années 1930 et où j’allais vivre ma jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans ces années décis
196 allais vivre ma jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est
197 é une sorte d’aura aventureuse, et il s’occupait, je crois, des Cahiers du cinéma chez Gallimard, où il disposait d’un bur
198 an Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gros yeux mél
199 n, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de R
200 nifeste dans Les Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle les discussions passionnées que nous menions, au temps de l’
201 de théologie et de philosophie existentielle que j’ avais intitulée Hic et Nunc . Que Robert Aron succède aujourd’hui à G
202 e Robert Aron succède aujourd’hui à Georges Izard me paraît d’une merveilleuse justesse. Mon seul regret est que ces deux
203 rges Izard me paraît d’une merveilleuse justesse. Mon seul regret est que ces deux amis n’aient pu siéger ensemble pour tém
10 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? (16 mars 1979)
204 ge à répéter ce qu’elles ressassent », — mais que je tiens pour la plus signifiante, donc la plus terrifiante à ce jour.
205 . Une « pédagogie des catastrophes » Ce que j’ avais nommé ailleurs, d’un terme sobre « pédagogie des catastrophes »,
206 que d’un grand nombre des exemples qu’il allègue, je coïncide pour l’essentiel avec ses vues philosophiques, tout en resse
207 er si cet auteur nouveau — moins de quarante ans, j’ imagine — est de gauche ou de droite. Il condamne la propriété, exige
208 t hebdo contestataire de son pays — qui est aussi le mien —, voici, loin de toutes modes, un vrai « penseur de fond ». Il était
11 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)
209 plaires de celui qui aurait dit : « L’État, c’est moi  ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédé
210 uvoir fédéral ». Moyennant quoi l’article 5 — que j’ ai nommé celui de la quadrature du cercle — déclare que « la Confédéra
211 ses chances dans le monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de n
212 i prévoit l’échec à terme, de la simple liaison : je ne m’engage à rien au-delà de ce qui me convient, tant pis pour l’aut
213 oit l’échec à terme, de la simple liaison : je ne m’ engage à rien au-delà de ce qui me convient, tant pis pour l’autre. Et
214 liaison : je ne m’engage à rien au-delà de ce qui me convient, tant pis pour l’autre. Et ceux qui préconisent la fédératio
12 1982, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)
215 st une idée de l’homme, qui s’est constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’homme considéré en tant que personne
216 déré en tant que personne. Cela voulait dire pour moi un individu plus une vocation. Définition très proche de celles qu’av
217 « les non-conformistes des années 1930 », et que j’ ai connus dès mon arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier les re
218 rmistes des années 1930 », et que j’ai connus dès mon arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier les revues Esprit et
219 evues Esprit et L’Ordre nouveau 2, auxquelles j’ ai collaboré dès leur naissance. J’avais fondé en même temps une petit
220 2, auxquelles j’ai collaboré dès leur naissance. J’ avais fondé en même temps une petite revue protestante de « théologie
221 de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’ ai découvert en écrivant ce livre que les notions de personne et d’amo
222 ongue interrogation sur l’identité européenne que j’ ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’a conduit après la guerre
223 e que j’ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’ a conduit après la guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la
224 à Genève, le Centre européen de la culture, dont je suis le président, puis l’Institut universitaire d’études européennes
225 l’Institut universitaire d’études européennes, où je donne encore des cours. Une étude approfondie de la culture européenn
226 fondie de la culture européenne et de ses sources m’ a porté à des conclusions d’ordre politique. Pour défendre l’Europe, l
227 ous êtes suisse que vous êtes fédéraliste ? Quand je suis arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère, je
228 nd je suis arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ai
229 ris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ai été mobilisé en 1939,
230 re, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ ai été mobilisé en 1939, comme officier, j’ai découvert que mon pays é
231 quand j’ai été mobilisé en 1939, comme officier, j’ ai découvert que mon pays était la meilleure approximation, ou la moin
232 ilisé en 1939, comme officier, j’ai découvert que mon pays était la meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-
233 e nos théories personnalistes et fédéralistes. Et j’ ai écrit pendant les premiers mois de la guerre Mission ou démission
234 était la plus grave possible en temps de guerre. Je m’en suis tiré avec une condamnation à quinze jours de forteresse, ma
235 ait la plus grave possible en temps de guerre. Je m’ en suis tiré avec une condamnation à quinze jours de forteresse, mais,
236 quinze jours de forteresse, mais, après cela, il me devenait difficile de signer mes articles autrement que par trois éto
237 s, après cela, il me devenait difficile de signer mes articles autrement que par trois étoiles. Mon article est paru le 17
238 ner mes articles autrement que par trois étoiles. Mon article est paru le 17 juin 1940, j’ose dire que j’ai devancé de Gaul
239 is étoiles. Mon article est paru le 17 juin 1940, j’ ose dire que j’ai devancé de Gaulle d’une journée en affirmant que « l
240 article est paru le 17 juin 1940, j’ose dire que j’ ai devancé de Gaulle d’une journée en affirmant que « la confrontation
241 e l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ ai été l’un des initiateurs à ce moment-là, d’un mouvement de résistan
242 la fois civil et militaire, la Ligue du Gothard. Je devenais gênant. On m’a envoyé aux États-Unis faire connaître la Suis
243 aire, la Ligue du Gothard. Je devenais gênant. On m’ a envoyé aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer l’oratorio
244 uisse et jouer l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’ avais écrit le texte pour Honegger. Comment expliquez-vous votre réput
245 ù prenez-vous ça ? Il faudrait n’avoir rien lu de moi , sauf quelques citations dans un libelle du petit BHL3, qui croit pou
246 libelle du petit BHL3, qui croit pouvoir faire de moi un pronazi — il s’imagine que Hitler était un homme de droite — à cou
247 e droite — à coups de textes falsifiés, alors que j’ ai été l’un des premiers à dénoncer le national-socialisme dans tous m
248 miers à dénoncer le national-socialisme dans tous mes livres d’avant la guerre, et surtout dans mon Journal d’Allemagne ,
249 ous mes livres d’avant la guerre, et surtout dans mon Journal d’Allemagne , qu’il se garde bien de citer. Moi, j’ai cité,
250 urnal d’Allemagne , qu’il se garde bien de citer. Moi , j’ai cité, mais en correctionnelle, un critique qui avait amplifié s
251 d’Allemagne , qu’il se garde bien de citer. Moi, j’ ai cité, mais en correctionnelle, un critique qui avait amplifié sans
252 gens d’aujourd’hui soient trompés à ce point sur mon compte par des « calomniateurs ignares », comme les a qualifiés un de
253 omniateurs ignares », comme les a qualifiés un de mes témoins. Un homme responsable dans une communauté Quels ont été
254 artre savait très bien où il les avait prises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais répété à Paris, sembl
255 s un individu collectivisé malgré lui. Là-dessus, j’ ai élaboré ma doctrine propre : personne égale individu plus vocation.
256 collectivisé malgré lui. Là-dessus, j’ai élaboré ma doctrine propre : personne égale individu plus vocation. Qu’est-ce qu
257 racé et que chacun doit inventer en y marchant. «  Ma parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit
258 venter en y marchant. « Ma parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si la lamp
259 parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si la lampe m’éclairait seulement qua
260 r mon sentier », dit le psaume. Comme si la lampe m’ éclairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de f
261 me. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée
262 ans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est la foi seule, « substance des cho
263 aux Hébreux. L’avenir du personnalisme ? Eh bien, j’ ose dire qu’il se confond désormais avec l’avenir de la fédération eur
264 fie probablement avec l’avenir de la paix. Mai 68 m’ a fait l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes de
265 ise a annoncé son programme de décentralisation ? Je me suis dit : enfin ! la France elle-même y vient ! Bien moins par co
266 a annoncé son programme de décentralisation ? Je me suis dit : enfin ! la France elle-même y vient ! Bien moins par convi
267 , c’est tout le secret du système fédéraliste que je tiens pour seul capable de résoudre au concret les grands problèmes g
268 symbiose comme les cellules d’un tissu organique. Je vois là notre seule garantie de paix, dans les États d’abord, en Euro
269 rent aujourd’hui qu’à sa publication en 1939 ? Si j’ en juge par le nombre de rééditions, de traductions et de préfaces nou
270 la première publication de cet ouvrage en France, je pense que les jeunes gens d’aujourd’hui ont les mêmes réactions que c
271 lisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas changé que je sache depuis Freud. Ce qui n’est peut-être qu’une mode, ou en tout ca
272 t de suite. Aujourd’hui, sans trop de recherches, je proposerais Kafka comme annonciateur des régimes totalitaires dès les
273 au pluriel comme vous avez raison de le marquer, je citerais Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lewis Mumford, et j’oserais
274 Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lewis Mumford, et j’ oserais suggérer mes livres. Dès l’âge de 22 ans, j’ai écrit contre Fo
275 Paul Valéry, Lewis Mumford, et j’oserais suggérer mes livres. Dès l’âge de 22 ans, j’ai écrit contre Ford, et quelques anné
276 oserais suggérer mes livres. Dès l’âge de 22 ans, j’ ai écrit contre Ford, et quelques années plus tard contre Hitler : l’a
277 er : l’auto et le national-socialisme sont ce que j’ ai appelé les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus m
278 ces régions tellement d’actualité aujourd’hui —, je suis absolument certain de n’avoir pas perdu mon temps, comme écrivai
279 , je suis absolument certain de n’avoir pas perdu mon temps, comme écrivain, c’est-à-dire comme fauteur de prises de consci
280 onscience. Êtes-vous pessimiste ou optimiste ? Si je vous réponds que «  l’avenir est notre affaire  », me trouverez-vous
281 ous réponds que «  l’avenir est notre affaire  », me trouverez-vous pessimiste ou optimiste ? En fin de compte, comment ju
282 nsacré à l’engagement de la pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’affaire de chacun de nous, ici et maintenan
283 de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que mes contemporains ont plus peur qu’envie d’être libres. Pourtant, quand o
284 s peur qu’envie d’être libres. Pourtant, quand on m’ aura démontré que mes efforts resteront vains, qu’ils ne changeront en
285 re libres. Pourtant, quand on m’aura démontré que mes efforts resteront vains, qu’ils ne changeront en rien les destins de
286 s ne changeront en rien les destins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’ai encore douze volumes en train — car
287 ien les destins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’ai encore douze volumes en train — car elle contribue à cou
288 ins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’ ai encore douze volumes en train — car elle contribue à coup sûr à ma
289 olumes en train — car elle contribue à coup sûr à ma joie et peut-être à mon salut. Et merci Dieu si ce n’est pas seulemen
290 lle contribue à coup sûr à ma joie et peut-être à mon salut. Et merci Dieu si ce n’est pas seulement au mien. 2. Rien à
291 salut. Et merci Dieu si ce n’est pas seulement au mien . 2. Rien à voir avec le groupuscule fascisant d’après-guerre, faut