1 1950, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Pour un standard unique de la télévision (18 novembre 1950)
1 Pour un standard unique de la télévision (18 novembre 1950)a b Genève, 15 novembre 1950. Monsieu
2 re 1950)a b Genève, 15 novembre 1950. Monsieur le directeur, Au moment où tout le monde parle d’union, on sème l’anarch
3 Au moment où tout le monde parle d’union, on sème l’ anarchie dans l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La tél
4 l’anarchie dans l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La télévision est déjà aux États-Unis, et deviendra bie
5 l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La télévision est déjà aux États-Unis, et deviendra bientôt en Europe, l
6 à aux États-Unis, et deviendra bientôt en Europe, le plus formidable (au sens propre) instrument d’action affective et int
7 t on ait jamais disposé. Cet instrument peut unir les peuples. Mais si on l’utilise sur une base purement nationale on va r
8 Cet instrument peut unir les peuples. Mais si on l’ utilise sur une base purement nationale on va rendre impossible son us
9 nale on va rendre impossible son usage universel. La Grande-Bretagne a adopté un lignage standard de 405 ; la France, un l
10 de-Bretagne a adopté un lignage standard de 405 ; la France, un lignage de 819, et la plupart des autres nations, y compri
11 819, et la plupart des autres nations, y compris l’ URSS, un lignage de 625. Lorsque les capitaux auront été investis dans
12 ons, y compris l’URSS, un lignage de 625. Lorsque les capitaux auront été investis dans chacun de ces pays, tout espoir d’u
13 é à son tour. Nous ne prétendons décider quel est le meilleur standard. Mais nous affirmons qu’il faut absolument adopter
14 nt adopter un standard unique, tout au moins pour l’ Europe. Tout investissement de capitaux devrait être suspendu, et une
15 convoquée immédiatement pour introduire un peu d’ ordre dans ce chaos. Veuillez agréer, Monsieur le directeur, etc. a. Rou
16 d’ordre dans ce chaos. Veuillez agréer, Monsieur le directeur, etc. a. Rougemont Denis de, « Pour un standard unique d
17 Rougemont Denis de, « Pour un standard unique de la télévision », Le Monde, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé d
18 de, « Pour un standard unique de la télévision », Le Monde, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé de la note suivant
19 e, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé de la note suivante : « Nous recevons de M. Denis de Rougemont, au nom du c
20 il de direction du Centre européen de la culture, la lettre suivante. »
2 1954, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Visite à M. Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la culture (septembre 1954)
21 entre européen de la culture (septembre 1954)c Le Centre européen de la culture fondé en octobre 1950 a son siège à Gen
22 nis de Rougemont, qui fonda avec Emmanuel Mounier le mouvement personnaliste et la revue Esprit  ; Denis de Rougemont est
23 ec Emmanuel Mounier le mouvement personnaliste et la revue Esprit  ; Denis de Rougemont est également président du Congrè
24 Rougemont est également président du Congrès pour la liberté de la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus
25 également président du Congrès pour la liberté de la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont
26 ident du Congrès pour la liberté de la culture et l’ auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et l’O
27 la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectu
28 de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont L’ Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Le
29 t ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et l’ Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur l
30 ont les plus connus sont L’Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur la bombe atomi
31 nal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur la bombe atomique . Interrogé sur le sens qu’il attache au mot « culture
32 et Lettres sur la bombe atomique . Interrogé sur le sens qu’il attache au mot « culture », M. de Rougemont nous répond :
33 ture », M. de Rougemont nous répond : T. S. Eliot l’ a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement
34  : T. S. Eliot l’a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être véc
35 iot l’a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le cent
36 le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le centre a créé et créera encore des associa
37 simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le centre a créé et créera encore des associations de producteurs et de
38 ociations de producteurs et de distributeurs dans les domaines où cela se révèle utile et nécessaire : sciences, musique, p
39 e, enseignement, etc. Nous encourageons également les relations culturelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant l’Unes
40 courageons également les relations culturelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant l’Unesco couvre ces domaines et vou
41 turelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant l’ Unesco couvre ces domaines et vous parlez de nécessité… En voulant res
42 péen, notre Centre ne fera pas double emploi avec l’ Unesco, qui est une organisation mondiale et n’a pas spécialement de m
43 le et n’a pas spécialement de mission européenne. L’ Unesco n’a pour but ni de favoriser l’union de l’Europe, ni de suscite
44 européenne. L’Unesco n’a pour but ni de favoriser l’ union de l’Europe, ni de susciter l’éveil d’un sentiment européen. Ave
45 L’Unesco n’a pour but ni de favoriser l’union de l’ Europe, ni de susciter l’éveil d’un sentiment européen. Avez-vous égal
46 de favoriser l’union de l’Europe, ni de susciter l’ éveil d’un sentiment européen. Avez-vous également une activité politi
47 s naturellement à créer une conscience commune de l’ Europe et de sa situation actuelle dans le monde. On peut appeler cela
48 mune de l’Europe et de sa situation actuelle dans le monde. On peut appeler cela politique, nous appelons cela éducation.
49 la politique, nous appelons cela éducation. Parmi les organismes créés par le Centre européen de la culture, il convient de
50 ns cela éducation. Parmi les organismes créés par le Centre européen de la culture, il convient de relever : l’Association
51 européen de la culture, il convient de relever : l’ Association des instituts d’études européennes, qui a tenu son assembl
52 ennes, qui a tenu son assemblée générale à Turin, le Bureau européen d’éducation populaire, le Centre européen de recherch
53 Turin, le Bureau européen d’éducation populaire, le Centre européen de recherches nucléaires, l’Association européenne de
54 ire, le Centre européen de recherches nucléaires, l’ Association européenne des festivals de musique, la Communauté europée
55 ’Association européenne des festivals de musique, la Communauté européenne des guildes du livre, l’Association européenne
56 e, la Communauté européenne des guildes du livre, l’ Association européenne du disque, les Agences de presse européennes as
57 des du livre, l’Association européenne du disque, les Agences de presse européennes associées, etc. Pour éviter une nouvell
58 une nouvelle énumération, citons seulement, parmi les récentes initiatives du Centre, une Conférence internationale des com
59 critiques, qui s’est tenue à Rome et a traité de la musique du xxe siècle, et un Prix de littérature européenne. c. R
60 nt, directeur du Centre européen de la culture », Le Monde diplomatique, Paris, septembre 1954, p. 1.
3 1969, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Une longue et vieille histoire (7 juin 1969)
61 t vieille histoire (7 juin 1969)d e On appelle la jeunesse à se libérer de toute espèce de tabous sexuels, et d’abord d
62 tabous sexuels, et d’abord des tabous chrétiens. L’ ennui, c’est que l’Évangile ne connaît pas de tabous, et que tout érot
63 d’abord des tabous chrétiens. L’ennui, c’est que l’ Évangile ne connaît pas de tabous, et que tout érotisme suppose un sys
64 confusion très générale, mais plus particulière à l’ avant-garde, essayons de poser quelques repères. L’Évangile n’apporte
65 ’avant-garde, essayons de poser quelques repères. L’ Évangile n’apporte aucun code, aucun système d’interdictions rituelles
66 de fécondité ni de plaisir ; il admet simplement les rites judaïques (la circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue
67 laisir ; il admet simplement les rites judaïques ( la circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue qu’un rôle quelconq
68 les rites judaïques (la circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue qu’un rôle quelconque, à peu près invisible et
69 s drame. (Paroles de Jésus à une prostituée, ou à la femme de cinq maris : paix et pardon à cause de l’amour.) S’agirait-i
70 a femme de cinq maris : paix et pardon à cause de l’ amour.) S’agirait-il d’un refoulement ? Non, car la tentation correspo
71 ’amour.) S’agirait-il d’un refoulement ? Non, car la tentation correspondante n’est pas sensible : la volupté ou la luxure
72 la tentation correspondante n’est pas sensible : la volupté ou la luxure ne figurent pas au nombre des tentations majeure
73 correspondante n’est pas sensible : la volupté ou la luxure ne figurent pas au nombre des tentations majeures que Satan fa
74 ions majeures que Satan fait subir au Christ dans le désert. On me dira que l’Église s’est rattrapée ? Très tardivement, t
75 it subir au Christ dans le désert. On me dira que l’ Église s’est rattrapée ? Très tardivement, très partiellement, et la d
76 trapée ? Très tardivement, très partiellement, et la désinvolture des papes de la Renaissance ou des évêques du xviiie si
77 ès partiellement, et la désinvolture des papes de la Renaissance ou des évêques du xviiie siècle construisant des palais
78 s et attrapes, comme à Salzbourg — contraste avec l’ extrême sévérité que l’on réserve aux hérésies. Les traités des Pères
79 Salzbourg — contraste avec l’extrême sévérité que l’ on réserve aux hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur le mari
80 l’extrême sévérité que l’on réserve aux hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur le mariage et sur le sexe « rappell
81 x hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur le mariage et sur le sexe « rappellent des dissertations sur l’élevage »
82 aités des Pères de l’Église sur le mariage et sur le sexe « rappellent des dissertations sur l’élevage », écrit Berdiaev.
83 et sur le sexe « rappellent des dissertations sur l’ élevage », écrit Berdiaev. « La destinée et l’amour personnels y font
84 dissertations sur l’élevage », écrit Berdiaev. «  La destinée et l’amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène
85 sur l’élevage », écrit Berdiaev. « La destinée et l’ amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène de l’amour, qu
86 e et l’amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène de l’amour, qui se distingue radicalement à la fois du phén
87 sonnels y font totalement défaut. Le phénomène de l’ amour, qui se distingue radicalement à la fois du phénomène physiologi
88 icalement à la fois du phénomène physiologique de la satisfaction sexuelle et du phénomène social de la vie de l’espèce da
89 a satisfaction sexuelle et du phénomène social de la vie de l’espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’es
90 tion sexuelle et du phénomène social de la vie de l’ espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’abs
91 et du phénomène social de la vie de l’espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’absence, non de l
92 famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’ absence, non de l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le c
93 tionné par personne. » C’est de l’absence, non de l’ excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’e
94 l’absence, non de l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme
95 l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme en Occident. Et c’
96 de la sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné
97 é dans le christianisme, qu’est né le problème de l’ érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné sa forme au xi
98 é le problème de l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné sa forme au xiie siècle. Malgré le christianis
99 qui lui a donné sa forme au xiie siècle. Malgré le christianisme, et parfois contre lui, ce sont des influences gnostiqu
100 fluences gnostiques qui se trouvent avoir fomenté l’ érotique occidentale et qui lui ont proposé des moyens d’expression, c
101 nt proposé des moyens d’expression, cependant que les mythes et les tabous païens (égyptiens, syriaques, helléniques) ne ce
102 moyens d’expression, cependant que les mythes et les tabous païens (égyptiens, syriaques, helléniques) ne cessaient d’anim
103 ns, syriaques, helléniques) ne cessaient d’animer le rêve médiéval. Car même si l’on décrète l’impossibilité d’un lien que
104 cessaient d’animer le rêve médiéval. Car même si l’ on décrète l’impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des
105 animer le rêve médiéval. Car même si l’on décrète l’ impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des troubadours e
106 écrète l’impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des troubadours et le catharisme — en dépit de la coïncidenc
107 n quelconque entre la cortezia des troubadours et le catharisme — en dépit de la coïncidence des lieux, des dates, des par
108 ia des troubadours et le catharisme — en dépit de la coïncidence des lieux, des dates, des partisans et des ennemis, — il
109 es partisans et des ennemis, — il est certain que les spéculations sur l’amour sexuel et divin, constitutives de l’érotisme
110 nnemis, — il est certain que les spéculations sur l’ amour sexuel et divin, constitutives de l’érotisme littéraire, sont le
111 ons sur l’amour sexuel et divin, constitutives de l’ érotisme littéraire, sont le fait des gnostiques et non des scolastiqu
112 vin, constitutives de l’érotisme littéraire, sont le fait des gnostiques et non des scolastiques, des hérésies et non de l
113 s et non des scolastiques, des hérésies et non de l’ orthodoxie, des poètes et des mystiques plutôt que des bons moines ou
114 utôt que des bons moines ou des conteurs gaulois. L’ amour-passion, qui naît au xiie siècle dans les romans anglo-normands
115 s. L’amour-passion, qui naît au xiie siècle dans les romans anglo-normands et les chansons des troubadours comme dans le c
116 au xiie siècle dans les romans anglo-normands et les chansons des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’esprit d’A
117 rmands et les chansons des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme e
118 s des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’ esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans le cor
119 cœur d’Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ ange dans l’âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, ch
120 se et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’ âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obst
121 rit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’ âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obstacle à surm
122 rd, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obstacle à surmonter — soc
123 dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’ obstacle à surmonter — social, moral et spirituel, — veut tous les raf
124 rmonter — social, moral et spirituel, — veut tous les raffinements du désir par l’ascèse et les exaltations du sentiment pa
125 rituel, — veut tous les raffinements du désir par l’ ascèse et les exaltations du sentiment par son expression rhétorique.
126 ut tous les raffinements du désir par l’ascèse et les exaltations du sentiment par son expression rhétorique. Toutes les fe
127 u sentiment par son expression rhétorique. Toutes les femmes qu’il célèbre sont mariées, deviennent objet d’adoration, et r
128 riées, deviennent objet d’adoration, et reçoivent le serment d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge de
129 vent le serment d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient l’objet d’un culte (première fête de l’
130 d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient l’objet d’un culte (première fête de l’Immaculée Conce
131 u Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient l’ objet d’un culte (première fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dam
132 erge devient l’objet d’un culte (première fête de l’ Immaculée Conception de Notre-Dame à Lyon en 1140) et reçoit le titre
133 onception de Notre-Dame à Lyon en 1140) et reçoit le titre de Regina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient la pièce
134 et reçoit le titre de Regina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient la pièce maîtresse du jeu d’échecs, et que le p
135 gina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient la pièce maîtresse du jeu d’échecs, et que le premier troubadour ose écr
136 checs, et que le premier troubadour ose écrire de la dame de ses pensées : « Par elle seule je serai sauvé ! » Tout cela —
137 — va donner en français, par Béroul et Chrétien, le modèle du roman d’amour mortel, théologico-poétique, thème principal
138 tératures jusqu’à ce siècle. Laissons ici de côté les fort plaisants récits de prouesses plus ou moins sportives dans la tr
139 récits de prouesses plus ou moins sportives dans la tradition de l’Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (la Fanny Hill
140 sses plus ou moins sportives dans la tradition de l’ Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (la Fanny Hill de John Cleland
141 tion de l’Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova ( la Fanny Hill de John Cleland ou Ma vie de Frank Harris), pour ne reteni
142 d ou Ma vie de Frank Harris), pour ne retenir que les œuvres qui ont marqué un style de l’amour. Si l’on définit l’érotisme
143 retenir que les œuvres qui ont marqué un style de l’ amour. Si l’on définit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la
144 les œuvres qui ont marqué un style de l’amour. Si l’ on définit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, a
145 i ont marqué un style de l’amour. Si l’on définit l’ érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, au service du
146 tyle de l’amour. Si l’on définit l’érotisme comme l’ usage non procréateur de la sexualité, au service du plaisir raffiné,
147 finit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, au service du plaisir raffiné, des beaux-arts, et surtout
148 du plaisir raffiné, des beaux-arts, et surtout de la littérature, on peut dire que l’Astrée est la première version d’une
149 s, et surtout de la littérature, on peut dire que l’ Astrée est la première version d’une érotique sentimentale dans la lit
150 première version d’une érotique sentimentale dans la littérature française. Avec Racine, tout s’érotise, à un tel point qu
151 . Avec Racine, tout s’érotise, à un tel point que la sexualité en devient comme superflue, ce n’est plus que « Vénus » dan
152 comme superflue, ce n’est plus que « Vénus » dans les alexandrins. Une allusion, un regard, un air, un rien, et flambe la p
153 e allusion, un regard, un air, un rien, et flambe la passion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de la cour ont rem
154 ambe la passion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casui
155 ion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post
156 ignes suffisent. Les jeux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post-tridentine la courtoi
157 eux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post-tridentine la courtoisie, exténuée en préc
158 mour, et la morale ou casuistique post-tridentine la courtoisie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie l’érotique. T
159 tridentine la courtoisie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie l’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans l
160 isie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie l’ érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans
161 Le xviiie dissocie l’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le
162 ’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le sentiment nul, chez Sa
163 s les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le sentiment nul, chez Sade, qui traduit cyniquement le système des vale
164 sentiment nul, chez Sade, qui traduit cyniquement le système des valeurs de la noblesse — hédonisme arrogant, arbitraire a
165 qui traduit cyniquement le système des valeurs de la noblesse — hédonisme arrogant, arbitraire absolu, droit de la force,
166 — hédonisme arrogant, arbitraire absolu, droit de la force, c’est-à-dire du prestige et de la richesse autant que de l’épé
167 droit de la force, c’est-à-dire du prestige et de la richesse autant que de l’épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rous
168 -dire du prestige et de la richesse autant que de l’ épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’Astrée
169 an a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’ Astrée, de Pétrarque, des troubadours et d’Abélard, et rend au sentime
170 es troubadours et d’Abélard, et rend au sentiment la primauté, mais il est Suisse et démocrate. Sur lui se fonde l’érotiqu
171 mais il est Suisse et démocrate. Sur lui se fonde l’ érotique protestante, mais hors de France : Goethe, Richardson et Laur
172 rne dans la première génération de ses disciples, les romantiques allemands dans la deuxième, et les grands romanciers vict
173 s, les romantiques allemands dans la deuxième, et les grands romanciers victoriens dans la troisième : retour en force du m
174 s dans la troisième : retour en force du mythe de la passion mortelle avec Les Hauts de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Ur
175 our en force du mythe de la passion mortelle avec Les Hauts de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Urberville. À la faveur de c
176 de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Urberville. À la faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de l’ère industrielle
177 ’Urberville. À la faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de l’ère industrielle choisira de fonder le mariage en pr
178 faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de l’ ère industrielle choisira de fonder le mariage en principe sur le seul
179 rgeoisie de l’ère industrielle choisira de fonder le mariage en principe sur le seul sentiment (ce qui est absurde), en fa
180 lle choisira de fonder le mariage en principe sur le seul sentiment (ce qui est absurde), en fait sur l’héritage (ce qui e
181 seul sentiment (ce qui est absurde), en fait sur l’ héritage (ce qui est souvent odieux), et tous les écrivains ignorent l
182 r l’héritage (ce qui est souvent odieux), et tous les écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré !
183 t souvent odieux), et tous les écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré ! Comme il est entendu
184 écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré ! Comme il est entendu qu’on ne doit parler ni de l’ar
185 ! Comme il est entendu qu’on ne doit parler ni de l’ argent, ni de ces choses auxquelles pensent parfois les jeunes gens, M
186 gent, ni de ces choses auxquelles pensent parfois les jeunes gens, Marx et Freud, au tournant du siècle, apparaîtront comme
187 n grand nombre de faits précis à partir de ce que l’ on taisait ou censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné la sexu
188 cis à partir de ce que l’on taisait ou censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent
189 censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître
190 me n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître : il a seulement auto
191 chaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui l’ attaquent sans le connaître : il a seulement autorisé une manière nouv
192 té », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître : il a seulement autorisé une manière nouvelle de parler de
193 elle de parler des choses du sexe. Et il a montré les relations profondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanc
194 u sexe. Et il a montré les relations profondes de l’ érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie cons
195 montré les relations profondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente est peut-
196 ofondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’ épanchement dans notre vie consciente est peut-être une obscure tentat
197 est peut-être une obscure tentative de compenser la mécanisation de l’existence… L’écrivain érotique, désormais, a toujou
198 obscure tentative de compenser la mécanisation de l’ existence… L’écrivain érotique, désormais, a toujours l’air, au mieux,
199 tive de compenser la mécanisation de l’existence… L’ écrivain érotique, désormais, a toujours l’air, au mieux, de se racont
200 tence… L’écrivain érotique, désormais, a toujours l’ air, au mieux, de se raconter sur le divan d’un analyste, au pire, de
201 s, a toujours l’air, au mieux, de se raconter sur le divan d’un analyste, au pire, de réclamer avec les enragés l’abolitio
202 le divan d’un analyste, au pire, de réclamer avec les enragés l’abolition du complexe d’Œdipe. Et l’érotisme, qui était en
203 n analyste, au pire, de réclamer avec les enragés l’ abolition du complexe d’Œdipe. Et l’érotisme, qui était en somme une f
204 c les enragés l’abolition du complexe d’Œdipe. Et l’ érotisme, qui était en somme une forme littéraire de la sexualité, ten
205 tisme, qui était en somme une forme littéraire de la sexualité, tend à relever de plus en plus de l’investigation des scie
206 e la sexualité, tend à relever de plus en plus de l’ investigation des sciences humaines. Certes, avec Georges Bataille et
207 sa problématique originelle, qui est religieuse ( la gnose contre la raison), de même qu’Histoire d’O renouait avec une im
208 e originelle, qui est religieuse (la gnose contre la raison), de même qu’Histoire d’O renouait avec une imagerie et des po
209 s tout cela se trouve curieusement transposé dans l’ atmosphère du masochisme qui domine la psyché occidentale depuis la fi
210 nsposé dans l’atmosphère du masochisme qui domine la psyché occidentale depuis la fin du siècle dernier. (Voir Nietzsche e
211 asochisme qui domine la psyché occidentale depuis la fin du siècle dernier. (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes
212 du siècle dernier. (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’enquête soc
213 . (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’enquête sociopsychologique
214 istes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’ enquête sociopsychologique me paraît désormais déterminante dans ce do
215 mais déterminante dans ce domaine désacralisé par la levée des censures sociales, les statistiques et la publicité. L’exci
216 e désacralisé par la levée des censures sociales, les statistiques et la publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort s
217 levée des censures sociales, les statistiques et la publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme
218 sures sociales, les statistiques et la publicité. L’ excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme, a bien plus
219 les statistiques et la publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme, a bien plus de chances aujou
220 . L’excitation de la nouveauté, ressort secret de l’ érotisme, a bien plus de chances aujourd’hui de se faire sentir dans l
221 us de chances aujourd’hui de se faire sentir dans les médias audiovisuels et tactiles, qu’en écriture. Il en sera sans dout
222 e qu’un jour se constitue une érotique fondée sur l’ amour même, c’est-à-dire sur le sens de la personne, du rêve personnel
223 rotique fondée sur l’amour même, c’est-à-dire sur le sens de la personne, du rêve personnel et du mystère ultime de l’autr
224 dée sur l’amour même, c’est-à-dire sur le sens de la personne, du rêve personnel et du mystère ultime de l’autre : le proc
225 rêve personnel et du mystère ultime de l’autre : le prochain dans son autonomie. d. Rougemont Denis de, « [Réponse à u
226 à une enquête] Une longue et vieille histoire », Le Monde des livres, Paris, 7 juin 1969, p. V. e. Réponse à une enquête
227 7 juin 1969, p. V. e. Réponse à une enquête sur l’ érotisme.
4 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)
228 La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)f On peut
229 i deviennent de plus en plus énormes et pareilles les unes aux autres ne tendent pas à recréer dans leur propre sein des di
230 uées sur d’autres axes que ceux où se développent les similarités. Cette suggestion de Claude Lévi-Strauss rejoint les con
231 Cette suggestion de Claude Lévi-Strauss rejoint les conclusions que j’ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’
232 i ont amené la plupart des pays européens à poser le problème régional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays, soient
233 poser le problème régional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays, soient de nature ethnique ou économique, linguistiqu
234 oblème régional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays, soient de nature ethnique ou économique, linguistique ou géogra
235 e qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensemble on ne peut plus hétéroclite se dégage une
236 ut plus hétéroclite se dégage une loi générale. À l’ excessive distension répondent quasi mécaniquement la fragmentation, l
237 xcessive distension répondent quasi mécaniquement la fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformis
238 n répondent quasi mécaniquement la fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformisation de collectivi
239 nt la fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformisation de collectivités agrandies hors de toutes
240 collectivités agrandies hors de toutes prises de l’ individu, la différenciation sécurisante de petites communautés restru
241 és agrandies hors de toutes prises de l’individu, la différenciation sécurisante de petites communautés restructurées ; et
242 sante de petites communautés restructurées ; et à la notion de frontières bornées, celle de foyers librement rayonnants. C
243 e, tout à fait générale, me paraît avoir gouverné les entreprises régionalistes les plus diverses, dont je vais rappeler le
244 raît avoir gouverné les entreprises régionalistes les plus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition con
245 nalistes les plus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition continentale. Prenons l’idée de régions à sa
246 lus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition continentale. Prenons l’idée de régions à sa naissance da
247 es étapes et la répartition continentale. Prenons l’ idée de régions à sa naissance dans l’esprit de centaines de milliers
248 le. Prenons l’idée de régions à sa naissance dans l’ esprit de centaines de milliers de jeunes militants clandestins telle
249 illiers de jeunes militants clandestins telle que l’ atteste le « Projet de déclaration des résistances européennes ». Issu
250 jeunes militants clandestins telle que l’atteste le « Projet de déclaration des résistances européennes ». Issu de plusie
251 ève, au printemps de 1944, ce texte proclame qu’à l’ État totalitaire on ne peut opposer sérieusement que la fédération eur
252 t totalitaire on ne peut opposer sérieusement que la fédération européenne, et que celle-ci implique de « dépasser le dogm
253 uropéenne, et que celle-ci implique de « dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États », à la fois par des autor
254 t que celle-ci implique de « dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États », à la fois par des autorités contine
255 irs régionaux. Ce manifeste (qu’on peut lire dans le précieux recueil intitulé L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) pr
256 qu’on peut lire dans le précieux recueil intitulé L’ Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonie
257 le précieux recueil intitulé L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonienne du mouvement per
258 L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonienne du mouvement personnaliste des années 1930, Es
259 c. Dès 1938, Gabriel Marcel peut écrire : « Comme l’ avait vu profondément Arnaud Dandieu, qui, sur ce point, a été vraimen
260 point, a été vraiment un prophète, il faut garder les yeux fixés à la fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. » La
261 x fixés à la fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. » La critique de l’État-nation — ou l’étatisation manu milita
262 fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. » La critique de l’État-nation — ou l’étatisation manu militari des coutum
263 çà et bien au-delà de la nation. » La critique de l’ État-nation — ou l’étatisation manu militari des coutumes et des idéau
264 de la nation. » La critique de l’État-nation — ou l’ étatisation manu militari des coutumes et des idéaux d’une communauté
265 unauté nationale — s’élabore et se consolide dans les mouvements fédéralistes européens de l’après-guerre. À l’Europe unifi
266 ide dans les mouvements fédéralistes européens de l’ après-guerre. À l’Europe unifiée de Hitler, extension continentale du
267 ments fédéralistes européens de l’après-guerre. À l’ Europe unifiée de Hitler, extension continentale du modèle stato-natio
268 dèle stato-nationaliste jacobin puis napoléonien, les fédéralistes européens opposent l’Europe librement unie des « forces
269 napoléonien, les fédéralistes européens opposent l’ Europe librement unie des « forces vives » de tous nos peuples. Ils so
270 tous nos peuples. Ils sont unanimes à montrer que l’ État-nation qui règne seul, depuis un siècle, sur la science de ses pr
271 État-nation qui règne seul, depuis un siècle, sur la science de ses professeurs et la croyance de ses sujets, par l’entrem
272 s un siècle, sur la science de ses professeurs et la croyance de ses sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’est
273 ses professeurs et la croyance de ses sujets, par l’ entremise des manuels scolaires, n’est en fait qu’une forme politique
274 x réalités du monde actuel. Un modèle périmé L’ État-nation qui se dit souverain absolu est manifestement trop petit p
275 anifestement trop petit pour jouer un rôle réel à l’ échelle planétaire. Aucun ne peut plus assurer seul sa défense militai
276 chnologique et une aide effective au tiers-monde, la prévention des guerres nucléaires et des catastrophes écologiques. La
277 erres nucléaires et des catastrophes écologiques. La constitution de pools européens de recherche (comme le CERN, à Genève
278 nstitution de pools européens de recherche (comme le CERN, à Genève) et une action concertée dans le domaine économique (C
279 e le CERN, à Genève) et une action concertée dans le domaine économique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seul r
280 omaine économique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seul remède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la
281 onomique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seul remède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la création
282 mède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la création d’agences fédérales européennes, qui seraient compétentes pa
283 européennes, qui seraient compétentes partout où les tâches et leur concertation se révéleraient d’échelle continentale —
284 le continentale — et là seulement ? D’autre part, l’ État-nation de type centralisé, imposant les mêmes limites territorial
285 part, l’État-nation de type centralisé, imposant les mêmes limites territoriales à des réalités aussi hétérogènes que la l
286 erritoriales à des réalités aussi hétérogènes que la langue parlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie
287 réalités aussi hétérogènes que la langue parlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le terri
288 hétérogènes que la langue parlée à la surface et l’ exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le territoire hérité,
289 arlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’ économie moderne et le territoire hérité, les souvenirs collectifs et
290 l’exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le territoire hérité, les souvenirs collectifs et les espoirs individuel
291 -sol, l’économie moderne et le territoire hérité, les souvenirs collectifs et les espoirs individuels — ce carcan militaire
292 le territoire hérité, les souvenirs collectifs et les espoirs individuels — ce carcan militaire, idéologique et douanier, q
293 le d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettre une vie civique digne du no
294 e civique digne du nom, une participation réelle. L’ État-nation trop petit appelle la fédération ; trop grand, il appelle
295 cipation réelle. L’État-nation trop petit appelle la fédération ; trop grand, il appelle les régions. Ces deux tendances,
296 it appelle la fédération ; trop grand, il appelle les régions. Ces deux tendances, loin de se contredire, se commandent mut
297 de se contredire, se commandent mutuellement dans le monde d’aujourd’hui, à la fois planétaire et local, c’est-à-dire plus
298 lui des nations modèle xixe  siècle. À mesure que les frontières dites « historiques » ou « naturelles » selon les cas (le
299 res dites « historiques » ou « naturelles » selon les cas (le Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les
300 « historiques » ou « naturelles » selon les cas ( le Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des
301  naturelles » selon les cas (le Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des régions naturelles o
302 vise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des régions naturelles ou nouvelles reparaissent ou accusent leu
303 lorisent entre les Six, des régions naturelles ou nouvelles reparaissent ou accusent leur relief. Mais il y a plus : leur résurge
304 se de conscience européenne et d’horizon mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissanc
305 européenne et d’horizon mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle m
306 mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’ Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que
307 science de la nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que constituent le
308 té de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de l’ obstacle majeur à cette union, que constituent les prétentions de l’Ét
309 l’obstacle majeur à cette union, que constituent les prétentions de l’État-nation à une souveraineté sans limites, qui ne
310 à cette union, que constituent les prétentions de l’ État-nation à une souveraineté sans limites, qui ne peut plus rien ani
311 t encore tout bloquer, amènent à constater que si l’ on veut faire l’Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépas
312 oquer, amènent à constater que si l’on veut faire l’ Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle pé
313 er que si l’on veut faire l’Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle périmé. Tel est l’argument
314 to-national et dépasser ce modèle périmé. Tel est l’ argument politique qui inspire l’action des fédéralistes. Leur visée g
315 périmé. Tel est l’argument politique qui inspire l’ action des fédéralistes. Leur visée générale s’ordonne naturellement à
316 es. Leur visée générale s’ordonne naturellement à la loi sociologique ou biophysique formulée plus haut. Mais le problème
317 iologique ou biophysique formulée plus haut. Mais le problème n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé e
318 linguistiques, écologiques ou politiques. Mais si l’ on considère l’ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager de
319 écologiques ou politiques. Mais si l’on considère l’ ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager deux classes de m
320 oit se dégager deux classes de motifs principaux, les ethniques et les économiques — d’ailleurs en interaction fréquente. I
321 ux classes de motifs principaux, les ethniques et les économiques — d’ailleurs en interaction fréquente. I. — Il y a les pr
322 d’ailleurs en interaction fréquente. I. — Il y a les problèmes linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace,
323 linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’ Alsace, de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes
324 s du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace, de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes ethniques qu
325 de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes ethniques qui couvent et parfois éclatent en Bretagne ou en
326 et parfois éclatent en Bretagne ou en Flandres ; les poussées autonomistes au pays de Galles, au Pays basque, en Catalogne
327 de Galles, au Pays basque, en Catalogne ; et tous les phénomènes similaires actuellement étouffés dans les pays de l’Est eu
328 phénomènes similaires actuellement étouffés dans les pays de l’Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclaren
329 similaires actuellement étouffés dans les pays de l’ Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir
330 d’un sous-développement économique (par rapport à l’ ensemble national) dont elles rendent responsable l’État centralisateu
331 ensemble national) dont elles rendent responsable l’ État centralisateur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres l’au
332 elles rendent responsable l’État centralisateur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres l’autonomie régionale, quelq
333 eur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres l’ autonomie régionale, quelques-unes leur séparation et leur rattachemen
334 s leur séparation et leur rattachement immédiat à l’ Europe fédérée de demain. II. — Les plans d’aménagement du territoire
335 ment immédiat à l’Europe fédérée de demain. II. — Les plans d’aménagement du territoire qui se donnent pour but de réduire
336 du territoire qui se donnent pour but de réduire les disparités économiques nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno) o
337 s nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno) ou le sous-développement de certaines régions des Six ont motivé les premiè
338 s au sein du Marché commun (1961) et ont abouti à la création d’une Direction générale de la politique régionale. Mais un
339 abouti à la création d’une Direction générale de la politique régionale. Mais un problème d’une portée politique plus déc
340 portée politique plus décisive se trouve posé par les régions « naturelles », ou historiques, ou économiques coupées par de
341 le réalité, ni ethnique ni économique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans
342 onomique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans divisés par les Pyrénées, rég
343 emples abondent : Basques et Catalans divisés par les Pyrénées, régions de Bâle et de Genève brochant sur deux ou trois pay
344 nt sur deux ou trois pays, Nord français coupé de la Flandre occidentale et du Hainaut, triangle Aix-la-Chapelle-Maestrich
345 Aix-la-Chapelle-Maestricht-Liège, etc. Désormais, le problème est posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la con
346 t-Liège, etc. Désormais, le problème est posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de régions trans
347 ésormais, le problème est posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de régions transfrontalières,
348 posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de régions transfrontalières, partout où les conflits en
349 titution de régions transfrontalières, partout où les conflits entre limites politiques et espaces économiques se révèlent
350 ntolérables ou « manifestement aberrants », comme l’ écrit J.-F. Gravier. On voit tout de suite par ces exemples que les ré
351 avier. On voit tout de suite par ces exemples que les régions ethniques et les régions économiques ne sauraient coïncider s
352 ite par ces exemples que les régions ethniques et les régions économiques ne sauraient coïncider spatialement par quelque m
353 ui aurait encore moins de chance de survenir dans le cas des régions définies en termes d’écologie ou de recherches, d’uni
354 agine quelques solutions qui d’ailleurs posent de nouveaux problèmes. 1. Créer des agences fédérales européennes non seulement p
355 agences fédérales européennes non seulement pour l’ économie (comme la CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, le
356 européennes non seulement pour l’économie (comme la CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, les transports, l’én
357 pour l’économie (comme la CEE élargie), mais pour l’ écologie continentale, les transports, l’énergie, les recherches, la d
358 CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, les transports, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charge
359 ais pour l’écologie continentale, les transports, l’ énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concert
360 écologie continentale, les transports, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation contin
361 ntale, les transports, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation continentale des régi
362 s, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation continentale des régions à géométrie varia
363 es recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation continentale des régions à géométrie variable selon la f
364 ntinentale des régions à géométrie variable selon la fonction qui les définit. Voilà qui paraît très concevable, mais qui
365 égions à géométrie variable selon la fonction qui les définit. Voilà qui paraît très concevable, mais qui pose le problème
366 . Voilà qui paraît très concevable, mais qui pose le problème très neuf de l’administration de ces régions variables… 2. P
367 oncevable, mais qui pose le problème très neuf de l’ administration de ces régions variables… 2. Par les échanges entre rég
368 l’administration de ces régions variables… 2. Par les échanges entre régions, former les régions et créer un tissu européen
369 iables… 2. Par les échanges entre régions, former les régions et créer un tissu européen qui finira par se révéler plus sol
370 uropéen qui finira par se révéler plus solide que les liens administratifs subsistant entre chaque région et sa capitale na
371 haque région et sa capitale nationale. 3. Éduquer les nouvelles générations dès l’école primaire dans l’optique régionalist
372 e région et sa capitale nationale. 3. Éduquer les nouvelles générations dès l’école primaire dans l’optique régionaliste et non p
373 tionale. 3. Éduquer les nouvelles générations dès l’ école primaire dans l’optique régionaliste et non plus nationaliste, i
374 s nouvelles générations dès l’école primaire dans l’ optique régionaliste et non plus nationaliste, informer les population
375 e régionaliste et non plus nationaliste, informer les populations, former des responsables locaux et régionaux, combattre l
376 r des responsables locaux et régionaux, combattre les routines mentales et laisser s’évanouir les préjugés stato-nationalis
377 attre les routines mentales et laisser s’évanouir les préjugés stato-nationalistes qui paralysent aujourd’hui l’imagination
378 és stato-nationalistes qui paralysent aujourd’hui l’ imagination de la plupart des « grands serviteurs de l’État ». Mais ce
379 gination de la plupart des « grands serviteurs de l’ État ». Mais cela aussi pose un nouveau problème : les délais nécessai
380 s serviteurs de l’État ». Mais cela aussi pose un nouveau problème : les délais nécessaires, quinze à vingt ans, pour former un
381 tat ». Mais cela aussi pose un nouveau problème : les délais nécessaires, quinze à vingt ans, pour former une génération et
382 à vingt ans, pour former une génération et créer les régions ne sont-ils pas trop longs, face à l’urgence des périls que c
383 er les régions ne sont-ils pas trop longs, face à l’ urgence des périls que court l’Europe — colonisation par une hégémonie
384 trop longs, face à l’urgence des périls que court l’ Europe — colonisation par une hégémonie politique à l’Est, une hégémon
385 rope — colonisation par une hégémonie politique à l’ Est, une hégémonie économique à l’Ouest ? f. Rougemont Denis de, «
386 nie politique à l’Est, une hégémonie économique à l’ Ouest ? f. Rougemont Denis de, « La poussée régionaliste en Europe
387 onomique à l’Ouest ? f. Rougemont Denis de, «  La poussée régionaliste en Europe occidentale », Le Monde diplomatique,
388  La poussée régionaliste en Europe occidentale », Le Monde diplomatique, Paris, avril 1971, p. 7.
5 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellectuel (26-27 septembre 1971)
389 L’ absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellec
390 sse », parce que nos cantons fédérés relèvent par la langue, l’ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très vari
391 e que nos cantons fédérés relèvent par la langue, l’ ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très variablement co
392 cantons fédérés relèvent par la langue, l’ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très variablement combinés. Le
393 embles très divers et très variablement combinés. Les Suisses se trouvent ainsi protégés contre l’illusion — propagée par l
394 és. Les Suisses se trouvent ainsi protégés contre l’ illusion — propagée par l’école pour le compte de l’État, dès le milie
395 t ainsi protégés contre l’illusion — propagée par l’ école pour le compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon
396 gés contre l’illusion — propagée par l’école pour le compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Eu
397 illusion — propagée par l’école pour le compte de l’ État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Europe serait u
398 ropagée par l’école pour le compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Europe serait une addition
399 t, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’ Europe serait une addition de « cultures nationales » coïncidant comme
400 es nationales » coïncidant comme par miracle avec les frontières politiques des États nationaux post-napoléoniens, remaniés
401 maniés et multipliés au xxe siècle. En revanche, la vie culturelle atteint en Suisse une densité probablement inégalée pa
402 el autre ensemble de six millions d’habitants que l’ on choisirait dans l’un des grands pays voisins. Quelques indications
403 cations chiffrées peuvent étayer cette hypothèse. Le sociologue belge Léo Moulin s’étant avisé de calculer « l’indice Nobe
404 ogue belge Léo Moulin s’étant avisé de calculer «  l’ indice Nobel » d’une vingtaine de pays, c’est-à-dire le nombre des pri
405 ice Nobel » d’une vingtaine de pays, c’est-à-dire le nombre des prix Nobel de sciences par million d’habitants, de 1901 à
406 par million d’habitants, de 1901 à 1960, a dressé le tableau suivant : 1. Suisse 2,62 ; 2. Danemark 1,43 ; 3. Autriche 1,1
407  ; … 19. Russie-URSS 0,03. Lisons dans ce tableau l’ avantage des petits pays (ils occupent les cinq premiers rangs), et, p
408 tableau l’avantage des petits pays (ils occupent les cinq premiers rangs), et, parmi eux, l’avantage exceptionnel d’une fé
409 occupent les cinq premiers rangs), et, parmi eux, l’ avantage exceptionnel d’une fédération pluraliste intégrant les apport
410 xceptionnel d’une fédération pluraliste intégrant les apports de toute l’Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de scie
411 ération pluraliste intégrant les apports de toute l’ Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de sciences, quatre sont d’
412 te intégrant les apports de toute l’Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de sciences, quatre sont d’origine étrangère
413 astés et rapprochés Il m’a toujours semblé que l’ absence de « culture nationale », synthétique ou imposée, et la très f
414 « culture nationale », synthétique ou imposée, et la très forte densité culturelle n’étaient pas sans relations d’interact
415 teraction, sinon même de cause à effet. Libres de la tutelle d’une capitale qui veut tout uniformiser, les foyers régionau
416 tutelle d’une capitale qui veut tout uniformiser, les foyers régionaux se développent, d’autant plus contrastés en esprit q
417 rastés en esprit qu’ils sont plus rapprochés dans l’ espace. La vie culturelle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs
418 esprit qu’ils sont plus rapprochés dans l’espace. La vie culturelle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs la vie cu
419 elle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs la vie culturelle de l’Europe tout entière dans l’espace et dans le temp
420 ’autre secret. Ni d’ailleurs la vie culturelle de l’ Europe tout entière dans l’espace et dans le temps, mais en Suisse, ce
421 s la vie culturelle de l’Europe tout entière dans l’ espace et dans le temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vérifi
422 le de l’Europe tout entière dans l’espace et dans le temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vérifie plus aisément.
423 ux, se vérifie plus aisément. Sans même parler de l’ abbaye de Saint-Gall, source principale de la musique européenne (séqu
424 r de l’abbaye de Saint-Gall, source principale de la musique européenne (séquences et tropes de Notker le Bègue, dès le vi
425 enne (séquences et tropes de Notker le Bègue, dès le viiie siècle), ni de l’Université de Bâle au xve siècle (Érasme, Pa
426 de Notker le Bègue, dès le viiie siècle), ni de l’ Université de Bâle au xve siècle (Érasme, Paracelse, Holbein et Frobe
427 (Érasme, Paracelse, Holbein et Frobenius), ni de la Genève de Calvin (ce Picard venu de Strasbourg et qui agira sur les é
428 in (ce Picard venu de Strasbourg et qui agira sur les élites intellectuelles et politiques de la France, de l’Écosse et de
429 a sur les élites intellectuelles et politiques de la France, de l’Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénani
430 es intellectuelles et politiques de la France, de l’ Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongr
431 les et politiques de la France, de l’Écosse et de l’ Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Polog
432 e l’Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardon
433 l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardons s’allumer succ
434 des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardons s’allumer successivement les
435 a Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’ Amérique), regardons s’allumer successivement les foyers locaux de cul
436 e l’Amérique), regardons s’allumer successivement les foyers locaux de culture qui rayonneront sur l’Occident moderne. L
437 les foyers locaux de culture qui rayonneront sur l’ Occident moderne. Les sources de trois grands courants d’idées A
438 ulture qui rayonneront sur l’Occident moderne. Les sources de trois grands courants d’idées Au xviiie siècle, Zurich
439 iiie siècle, Zurich et Bâle, puis Genève, seront les sources de trois grands courants d’idées neuves en Europe, dans les l
440 is grands courants d’idées neuves en Europe, dans les lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École
441 rants d’idées neuves en Europe, dans les lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École suisse » ins
442 neuves en Europe, dans les lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École suisse » inspirée par J.-J
443 sciences, les doctrines politiques. De Zurich, «  l’ École suisse » inspirée par J.-J. Bodmer révolutionne la littérature a
444 e suisse » inspirée par J.-J. Bodmer révolutionne la littérature allemande, qu’elle dominera sans conteste jusqu’aux flora
445 ra sans conteste jusqu’aux floraisons géniales de la fin du siècle et du romantisme. Lessing, Herder, Goethe et Schiller v
446 Homère, Dante, Shakespeare et Milton, mais aussi les Nibelungen et les minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessne
447 akespeare et Milton, mais aussi les Nibelungen et les minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomon
448 on, mais aussi les Nibelungen et les minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater, la
449 esänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et la peinture
450 de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et la peinture de Füssli (qui deviendra « Fus
451 nomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et la peinture de Füssli (qui deviendra « Fuseli, the Wild Swiss », lorsqu’
452 ndra « Fuseli, the Wild Swiss », lorsqu’il régira la vie artistique de Londres au temps de William Blake) sont nées et se
453 liam Blake) sont nées et se sont constituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps, voit naître, hériti
454 ituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps, voit naître, héritiers imprévus mais fidèles de ses tradi
455 onomes qui rivalisent de génie : Léonard Euler et les huit Bernouilli, ses cousins, font de leur ville « la capitale des sc
456 uit Bernouilli, ses cousins, font de leur ville «  la capitale des sciences exactes » de leur époque. Ils propagent au loin
457 enseignement, en Hollande, en Prusse, en Russie, le rayonnement de leurs découvertes et de leurs méthodes. Genève assiste
458 ts homériques entre celui qui signe ses lettres «  le Suisse Voltaire » et celui qui signe ses livres « Rousseau, citoyen d
459 signe ses livres « Rousseau, citoyen de Genève ». La dynastie des Saussure de Genève, durant un siècle, tiendra dans les s
460 aussure de Genève, durant un siècle, tiendra dans les sciences naturelles une place comparable à celle des Bernouilli de Bâ
461 ce comparable à celle des Bernouilli de Bâle dans les mathématiques. Et puis, après Necker, Genève donne à la France les pr
462 hématiques. Et puis, après Necker, Genève donne à la France les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première p
463 . Et puis, après Necker, Genève donne à la France les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première phase libéra
464 e donne à la France les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première phase libérale. C’est en effet, selon Her
465 rédaction et usine idéologique qu’allaient sortir les grands discours du tribun et jusqu’au texte de la Déclaration des dro
466 es grands discours du tribun et jusqu’au texte de la Déclaration des droits de l’homme ». Un peu plus tard, c’est par Copp
467 aël tient sa cour, que vont passer d’est en ouest les grands courants du romantisme et du libéralisme politique et économiq
468 uante ans plus tard, c’est à Bâle que s’allume un nouveau foyer : Bachofen inaugure par son Matriarchat une conception ethnolog
469 ar son Matriarchat une conception ethnologique de la sociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de la Renaissance ; e
470 ique de la sociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de la Renaissance ; et toute l’œuvre de son jeune collègue et f
471 ociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de la Renaissance ; et toute l’œuvre de son jeune collègue et fervent disci
472 dt restitue la virtu de la Renaissance ; et toute l’ œuvre de son jeune collègue et fervent disciple, Nietzsche, sera marqu
473 sche, sera marquée par cet enseignement. Entre la « civilisation » et la « Kultur » Au xxe siècle, face aux nationa
474 cet enseignement. Entre la « civilisation » et la « Kultur » Au xxe siècle, face aux nationalismes culturels, prise
475 ent à coups de canon, puis entièrement cernée par les totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à l’Europe et au monde 
476 ement cernée par les totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à l’Europe et au monde ? Il faudrait parler de Dada, qu
477 s totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à l’ Europe et au monde ? Il faudrait parler de Dada, qui explose à Zurich
478 Lénine s’y prépare à partir en wagon plombé pour la Gare de Finlande et la révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout
479 artir en wagon plombé pour la Gare de Finlande et la révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout de la Suisse et aux an
480 révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout de la Suisse et aux antipodes de l’esprit Ramuz, Stravinski, Auberjonois et
481 u’à l’autre bout de la Suisse et aux antipodes de l’ esprit Ramuz, Stravinski, Auberjonois et Ansermet écrivent, composent,
482 nsermet écrivent, composent, peignent et dirigent L’ Histoire du Soldat, inaugurant le « spectacle total ». Il faudrait par
483 nent et dirigent L’Histoire du Soldat, inaugurant le « spectacle total ». Il faudrait parler de la musique, d’Arthur Honeg
484 ant le « spectacle total ». Il faudrait parler de la musique, d’Arthur Honegger et de Frank Martin à Rolf Liebermann ; des
485 s romans de Max Frisch… Mais je dois me réduire à l’ essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres
486 x Frisch… Mais je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres mais aussi int
487 je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres mais aussi intellectuelles —
488 naturalisé suisse, élabora sa première théorie de la relativité. C’est à Zurich qu’au retour de longs séjours chez les Afr
489 C’est à Zurich qu’au retour de longs séjours chez les Africains C. G. Jung crée les notions de complexe, d’archétype et d’i
490 longs séjours chez les Africains C. G. Jung crée les notions de complexe, d’archétype et d’inconscient collectif. C’est à
491 à Bâle que Karl Barth, refoulé par Hitler, rénove la théologie du xxe siècle — pas seulement chez les protestants — et lu
492 la théologie du xxe siècle — pas seulement chez les protestants — et lui ouvre les voies de l’aggiornamento, où un autre
493 pas seulement chez les protestants — et lui ouvre les voies de l’aggiornamento, où un autre Suisse, Hans Küng, continue de
494 chez les protestants — et lui ouvre les voies de l’ aggiornamento, où un autre Suisse, Hans Küng, continue de faire œuvre
495 e de faire œuvre de pionnier — pas seulement chez les catholiques. C’est à Genève que Ferdinand de Saussure fonde la lingui
496 s. C’est à Genève que Ferdinand de Saussure fonde la linguistique générale et inaugure la sémiologie, dont on connaît l’im
497 ussure fonde la linguistique générale et inaugure la sémiologie, dont on connaît l’impact sur toutes les sciences humaines
498 nérale et inaugure la sémiologie, dont on connaît l’ impact sur toutes les sciences humaines — et pas seulement sur les réc
499 a sémiologie, dont on connaît l’impact sur toutes les sciences humaines — et pas seulement sur les récents structuralismes
500 utes les sciences humaines — et pas seulement sur les récents structuralismes français. De Genève encore vont se répandre l
501 ismes français. De Genève encore vont se répandre les théories de l’institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’épistémo
502 De Genève encore vont se répandre les théories de l’ institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’épistémologie génétique
503 de l’institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’ épistémologie génétique de Jean Piaget, qui révolutionneront la psycho
504 ie génétique de Jean Piaget, qui révolutionneront la psychologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entie
505 an Piaget, qui révolutionneront la psychologie de l’ enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche
506 ionneront la psychologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs au
507 ologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs aux esprits créateur
508 t par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’ on cherche les traits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la
509 a pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la Suisse, on tro
510 aits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la Suisse, on trouve presque toujours une recherche de la connaissance a
511 isse, on trouve presque toujours une recherche de la connaissance active, éducatrice ou curative, fondée dans les relation
512 sance active, éducatrice ou curative, fondée dans les relations d’interaction sujet-objet, jamais dans le subjectivisme pur
513 relations d’interaction sujet-objet, jamais dans le subjectivisme pur ni dans l’à priori d’une objectivité systématique.
514 t-objet, jamais dans le subjectivisme pur ni dans l’ à priori d’une objectivité systématique. Et de là viennent sans doute
515 tivité systématique. Et de là viennent sans doute le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée
516 que. Et de là viennent sans doute le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du di
517 viennent sans doute le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui ca
518 le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui caractérisent à la foi
519 de la coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui caractérisent à la fois les sciences humaines, l
520 t le goût du dialogue qui caractérisent à la fois les sciences humaines, le civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendha
521 ui caractérisent à la fois les sciences humaines, le civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénac
522 nt à la fois les sciences humaines, le civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénacle de Coppet,
523 la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénacle de Coppet, rassemblé par Mme de Staël, « les états généraux d
524 cénacle de Coppet, rassemblé par Mme de Staël, «  les états généraux de l’opinion européenne », et c’est bien là le rôle qu
525 ssemblé par Mme de Staël, « les états généraux de l’ opinion européenne », et c’est bien là le rôle que rêvaient de reprend
526 éraux de l’opinion européenne », et c’est bien là le rôle que rêvaient de reprendre, dès 1946, les Rencontres internationa
527 n là le rôle que rêvaient de reprendre, dès 1946, les Rencontres internationales de Genève — aujourd’hui dirigées par Jean
528 gées par Jean Starobinski, brillant initiateur de la nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin
529 llant initiateur de la nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin vital du dialogue expliquent
530 la nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin vital du dialogue expliquent enfin ce que je voud
531 logue expliquent enfin ce que je voudrais appeler la seule création nationale des Suisses, je veux dire le fédéralisme — t
532 eule création nationale des Suisses, je veux dire le fédéralisme — terme clé de notre existence, et qui signifie beaucoup
533 otre existence, et qui signifie beaucoup plus que l’ union politique des cantons souverains : un way of life, une éthique,
534  : un way of life, une éthique, une culture, dont la valeur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais la personne lib
535 que, une culture, dont la valeur suprême n’est ni l’ individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie
536 re, dont la valeur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie des solidaires
537 ur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie des solidaires. g. Rougemo
538 ni la nation, mais la personne librement reliée, l’ autonomie des solidaires. g. Rougemont Denis de, « L’absence d’une
539 omie des solidaires. g. Rougemont Denis de, «  L’ absence d’une ‟culture nationale”, facteur du développement intellectu
540 ionale”, facteur du développement intellectuel », Le Monde, Paris, 26–27 septembre 1971, p. 22.
6 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Paul Valéry et l’Europe (29 octobre 1971)
541 Paul Valéry et l’ Europe (29 octobre 1971)h Ce qu’il y a de plus étonnant dans la phr
542 obre 1971)h Ce qu’il y a de plus étonnant dans la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe, « petit cap de l’Asie », c’est
543 lus étonnant dans la phrase fameuse de Valéry sur l’ Europe, « petit cap de l’Asie », c’est bien qu’elle nous ait étonnés.
544 ette « péninsule », cet « appendice occidental de l’ Asie » devenu « la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle d
545 , cet « appendice occidental de l’Asie » devenu «  la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le ce
546 ental de l’Asie » devenu « la partie précieuse de l’ univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps 
547 enu « la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux commu
548 tie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux communs des géogr
549 se de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux communs des géographes franç
550 tres qui disent, en termes très semblables, que «  l’ Europe, cette étroite presqu’île qui ne figure sur le globe que comme
551 urope, cette étroite presqu’île qui ne figure sur le globe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du ge
552 i ne figure sur le globe que comme un appendice à l’ Asie, est devenue la métropole du genre humain » (Mantelle et Brun, 18
553 lobe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du genre humain » (Mantelle et Brun, 1816). Lieux communs,
554 816). Lieux communs, mais tellement obnubilés par la religion du seul progrès occidental et refoulés par nos nationalismes
555 l et refoulés par nos nationalismes qu’il a fallu l’ esprit intrépide et sceptique de Valéry pour s’abstraire de l’Europe p
556 répide et sceptique de Valéry pour s’abstraire de l’ Europe physique et politique et la réinventer comme à partir du monde
557 s’abstraire de l’Europe physique et politique et la réinventer comme à partir du monde et de ses effets dans le monde. Il
558 ter comme à partir du monde et de ses effets dans le monde. Il s’en étonne lui-même : Je n’avais jamais songé qu’il exist
559 circonstances permanentes de cette vie. Ce sont les crises qui nous alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans les
560 alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans les consciences des variations d’intensité d’une telle ampleur que l’Euro
561 es variations d’intensité d’une telle ampleur que l’ Europe en demeurait étonnée, comme quelqu’un qui se relève dans les tô
562 urait étonnée, comme quelqu’un qui se relève dans les tôles tordues et ne sait pas s’il est encore vivant. Valéry nous parl
563 ry nous parlait sans ménagements. Certes, réduire l’ Europe à sa surface physique était bien fait pour angoisser, dans un m
564 monde où nous venions « étourdiment » de « rendre les forces proportionnelles aux masses ». Mais qu’était donc encore notre
565 sochistes ? Valéry constatait : « Tout est venu à l’ Europe, et tout en est venu, ou presque. » Et ce n’était nullement fai
566 alisme. C’était simplement une manière de définir l’ Europe en tant que « fonction » transformatrice universelle, ou mieux 
567 versalisante. D’où tirions-nous alors, Européens, les qualités indispensables à l’exercice de cette fonction, et que Valéry
568 s alors, Européens, les qualités indispensables à l’ exercice de cette fonction, et que Valéry énumérait, en premier examen
569 léry énumérait, en premier examen, comme suit : «  L’ avidité active, la curiosité ardente et désintéressée, un heureux méla
570 premier examen, comme suit : « L’avidité active, la curiosité ardente et désintéressée, un heureux mélange de l’imaginati
571 é ardente et désintéressée, un heureux mélange de l’ imagination et de la rigueur logique, un certain scepticisme non pessi
572 ressée, un heureux mélange de l’imagination et de la rigueur logique, un certain scepticisme non pessimiste, un mysticisme
573 » Tentant de développer cette « idée infuse de l’ Europe » — déjà très bien cristallisée, on vient de le voir, — Valéry
574 rope » — déjà très bien cristallisée, on vient de le voir, — Valéry en arrive à sa théorie des trois sources : Toute race
575 ent romanisée, christianisée, et soumise, quant à l’ esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. Définit
576 e, christianisée, et soumise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. Définition célèbre,
577 éenne. Définition célèbre, lacunaire et féconde. La tendance bien connue de Valéry s’illustre ici : mathématiser le réel,
578 en connue de Valéry s’illustre ici : mathématiser le réel, géométriser l’événement, mettre en figures, dont les propriétés
579 ’illustre ici : mathématiser le réel, géométriser l’ événement, mettre en figures, dont les propriétés soient énonçables en
580 géométriser l’événement, mettre en figures, dont les propriétés soient énonçables en peu de mots, tout ce qui fascine son
581 en peu de mots, tout ce qui fascine son esprit. ( L’ élégance de son style est celle d’un théorème : absence d’ornements et
582 absence d’ornements et réduction aux surprises de la simplicité.) Si l’on tient « les trois sources » pour la définition d
583 et réduction aux surprises de la simplicité.) Si l’ on tient « les trois sources » pour la définition d’un ensemble de car
584 aux surprises de la simplicité.) Si l’on tient «  les trois sources » pour la définition d’un ensemble de caractères, point
585 licité.) Si l’on tient « les trois sources » pour la définition d’un ensemble de caractères, point d’objection : peu de co
586 aractères, point d’objection : peu de contrées de l’ Europe n’y seraient pas incluses. Mais on y a vu communément une défin
587 Chypriotes, Corfiotes ou Céphaloniens, mais pas à la Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que
588 ou Céphaloniens, mais pas à la Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les R
589 la Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la
590 ikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce
591 ric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce continent, d
592 e par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce continent, d’Édimbourg à Sofia, de Stockho
593 ropéen, ou de seconde zone ? Mais cela fait toute la poésie, toute la musique, des troubadours à Mallarmé et du Tristan de
594 onde zone ? Mais cela fait toute la poésie, toute la musique, des troubadours à Mallarmé et du Tristan de Béroul à celui d
595 Tristan de Béroul à celui de Wagner ! Il manque à la définition par les trois sources, non l’essentiel mais bien le substa
596 à celui de Wagner ! Il manque à la définition par les trois sources, non l’essentiel mais bien le substantiel, physique, ph
597 manque à la définition par les trois sources, non l’ essentiel mais bien le substantiel, physique, physiologique, affectif
598 par les trois sources, non l’essentiel mais bien le substantiel, physique, physiologique, affectif et lyrique. Tout cela
599 e, affectif et lyrique. Tout cela qui n’était pas le fort de Valéry. Et tout cela explique peut-être son pessimisme quant
600 ut cela explique peut-être son pessimisme quant à l’ issue de l’aventure européenne. Chacun se rappelle sans doute les page
601 lique peut-être son pessimisme quant à l’issue de l’ aventure européenne. Chacun se rappelle sans doute les pages toujours
602 venture européenne. Chacun se rappelle sans doute les pages toujours citées sur la mortalité des civilisations. Elles sont
603 rappelle sans doute les pages toujours citées sur la mortalité des civilisations. Elles sont aux Ruines de Volney ce que l
604 lisations. Elles sont aux Ruines de Volney ce que les Pensées de Pasco sont aux Essais de Montaigne : une série de raccourc
605 ine forme, une certaine brièveté décisive. Lisons les Ruines : Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone,
606 emples de Baalbeck et de Jérusalem ? … Hélas ! je l’ ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furent l
607 terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furent le théâtre de tant de splendeurs, et je n’ai vu qu’abandon et que solitu
608 u qu’abandon et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, da
609 et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbi
610 de. […] Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbillon de tant
611 la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suf
612 enant, dans le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : q
613 le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : qui sait si u
614 ssances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : qui sait si un voyageur comme moi ne s’ass
615 muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La
616 eurera pas solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de l’Esprit : Ela
617 s et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de l’Esprit : Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vag
618 ire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de l’ Esprit : Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la r
619 Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous
620 si est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’ abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut êtr
621 eau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’ histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut être perdu, so
622 e l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut être perdu, songe Valéry — et tout l’est peut-être
623 de. Tout peut être perdu, songe Valéry — et tout l’ est peut-être déjà — par la faute des disputes périmées que nous prolo
624 songe Valéry — et tout l’est peut-être déjà — par la faute des disputes périmées que nous prolongeons. Les misérables Eur
625 aute des disputes périmées que nous prolongeons. Les misérables Européens ont mieux aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourgu
626 nacs et aux Bourguignons que de prendre sur toute la terre le grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry vo
627 ux Bourguignons que de prendre sur toute la terre le grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry voit très b
628 e de prendre sur toute la terre le grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry voit très bien, c’est que la p
629 prendre. Ce que Valéry voit très bien, c’est que la politique de nos États-nations, qui refusent toute espèce d’union sou
630 ïve : Il n’y aura rien eu de plus sot dans toute l’ histoire que la concurrence européenne en matière politique et économi
631 ura rien eu de plus sot dans toute l’histoire que la concurrence européenne en matière politique et économique… Pendant qu
632 e en matière politique et économique… Pendant que les efforts des meilleures têtes de l’Europe constituaient un capital imm
633 … Pendant que les efforts des meilleures têtes de l’ Europe constituaient un capital immense de savoir utilisable, la tradi
634 ituaient un capital immense de savoir utilisable, la tradition naïve de la politique historique de convoitise et d’arrière
635 mense de savoir utilisable, la tradition naïve de la politique historique de convoitise et d’arrière-pensées se poursuivai
636 e trahison, à ceux mêmes qu’on entendait dominer, les méthodes et les instruments de puissance. À cause de nos nationalism
637 ux mêmes qu’on entendait dominer, les méthodes et les instruments de puissance. À cause de nos nationalismes et de leur co
638 eur concurrence insane, qui réduit chacun d’eux à l’ impuissance, il faut prévoir que nous préférerons aux sacrifices indiv
639 éférerons aux sacrifices individuels raisonnables l’ abjecte démission générale et rentable : L’Europe aspire visiblement
640 ables l’abjecte démission générale et rentable : L’ Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américai
641 ’y dirige. Valéry n’a peut-être pas envisagé que l’ État-nation était notre malheur fondamental. Et il n’a pas vécu pour c
642 Byzantins de gauche et de droite communiant dans le culte de la nation souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’Eu
643 e gauche et de droite communiant dans le culte de la nation souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’Europe intégré
644 ion souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’ Europe intégrée.) Mais il a été le premier, et le seul écrivain frança
645 l’Europe intégrée.) Mais il a été le premier, et le seul écrivain français de premier rang, au xxe siècle, à réfléchir s
646 de premier rang, au xxe siècle, à réfléchir sur les destins de l’Europe, sur certaines « circonstances permanentes de nos
647 g, au xxe siècle, à réfléchir sur les destins de l’ Europe, sur certaines « circonstances permanentes de nos vies » dont i
648 entes de nos vies » dont il reste à souhaiter que l’ interruption brusque ne soit pas seule capable de nous réveiller, car
649 tard. h. Rougemont Denis de, « Paul Valéry et l’ Europe », Le Monde, Paris, 29 octobre 1971, p. 15 et 18.
650 Rougemont Denis de, « Paul Valéry et l’Europe », Le Monde, Paris, 29 octobre 1971, p. 15 et 18.
7 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)
651 «  Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)i j
652 « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)i j Denis de Rougemont, dan
653 gemont, dans une page inspirée de votre livre sur la Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rh
654 spirée de votre livre sur la Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y
655 ivre sur la Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y prennent leur sou
656 Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’ Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y prennent leur source et que
657 ource et que de ce sommet une vallée descend vers l’ Italie, une vers l’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le
658 sommet une vallée descend vers l’Italie, une vers l’ Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le pays latin, disons
659 end vers l’Italie, une vers l’Allemagne, une vers l’ est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et
660 e, une vers l’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-v
661 ’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le
662 ’est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le versant français de v
663 s la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le versant français de votre pays et de vous-même ? Mais je n’ai pas eu
664 et de vous-même ? Mais je n’ai pas eu à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’acce
665 ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’ accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non
666 moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. L
667 Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon D
668 ’est le français qu’on y parle, non le breton, ni l’ alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui
669 s qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’ occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vo
670 arle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vous ? Rousse
671 on, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’ écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vous ? Rousseau, Mme de Staël,
672 ur Socrate et Jésus-Christ à des Observations sur l’ organe détonnant du Brachinus crepitans, en passant par les Nombres ry
673 détonnant du Brachinus crepitans, en passant par les Nombres rythmiques de la Prophétie. Il n’y avait donc qu’à suivre une
674 epitans, en passant par les Nombres rythmiques de la Prophétie. Il n’y avait donc qu’à suivre une tradition ? De fait, j’a
675 ens à une lignée qui est plus de robe que d’épée. L’ origine de la famille est franc-comtoise, et il y a dans cette provinc
676 née qui est plus de robe que d’épée. L’origine de la famille est franc-comtoise, et il y a dans cette province deux villag
677 e nomment Rougemont. Juges, conseillers d’État de la principauté de Neuchâtel pendant des siècles ou, comme mon père, past
678 siècles ou, comme mon père, pasteurs, tels furent les Rougemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste. J’avais transformé
679 , je voulais devenir chimiste. J’avais transformé le grenier de notre maison en laboratoire. Tout ce qui était germination
680 ettes. Si bien que nous avons échappé de peu à un nouveau traité sur le Brachinus crepitans ? De toute l’épaisseur du gymnase s
681 nous avons échappé de peu à un nouveau traité sur le Brachinus crepitans ? De toute l’épaisseur du gymnase scientifique où
682 veau traité sur le Brachinus crepitans ? De toute l’ épaisseur du gymnase scientifique où j’entrai par la vertu de ce goût
683 épaisseur du gymnase scientifique où j’entrai par la vertu de ce goût et de ce laboratoire. Mais ce qui avait été passion
684 ais ce qui avait été passion devint devoir, et je le détestai aussitôt. D’où votre haine de l’école ? Cela remonte plus ha
685 , et je le détestai aussitôt. D’où votre haine de l’ école ? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec l’aide de ma sœur aînée,
686 e l’école ? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec l’ aide de ma sœur aînée, j’avais appris à lire en trois semaines, par li
687 curiosité, par jeu… Ensuite, pendant deux ans, à l’ école primaire, j’ai dû faire semblant de ne pas savoir. C’est bien po
688 t bien pourquoi mon premier essai a pour titre : Les Méfaits de l’instruction publique . Ce pamphlet vient de reparaître,
689 mon premier essai a pour titre : Les Méfaits de l’ instruction publique . Ce pamphlet vient de reparaître, « aggravé d’un
690 raître, « aggravé d’une Suite de Méfaits  », dit la couverture, car, hélas ! les choses n’ont pas beaucoup changé depuis
691 te de Méfaits  », dit la couverture, car, hélas ! les choses n’ont pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis le temp
692 pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était
693 hangé depuis mon enfance ni depuis le temps où je l’ écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était aussi violent q
694 ce ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute l’ insolence de mes 20 ans. C’était aussi violent qu’Ivan Illich aujourd’
695 violent qu’Ivan Illich aujourd’hui, souvent dans les mêmes termes. Ainsi, dès votre premier essai, vous étiez engagé… Je n
696 riture. Mes modèles d’alors étaient Valéry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je sou
697 èles d’alors étaient Valéry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je souhaitais être d
698 éry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je souhaitais être digne. Plutôt pour le sty
699 t d’eux que je souhaitais être digne. Plutôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus a
700 e je souhaitais être digne. Plutôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus anciens et
701 utôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus anciens et n’ont pas changé, Pascal et Ri
702 Tous ces noms sont français ; c’est pourtant vers les Allemagnes que vous partez, à vingt ans. Oui. De vingt à trente ans,
703 vingt ans. Oui. De vingt à trente ans, c’est bien le versant germanique que j’explore, d’abord séduit par Goethe, par son
704 art de vivre autant que par ses écrits. Je lisais les poètes, Hölderlin, Novalis, Jean-Paul, Rilke. Surtout, je découvrais
705 je découvrais et lisais en allemand Kierkegaard. Les éditions que je devais diriger plus tard — « Je sers » — ont contribu
706 -être mon juge ironique. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je
707 a été pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours
708 i la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’ action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours depuis vingt
709 de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma dém
710 puis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de l’absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que « 
711 inq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de l’ absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que « la subjectiv
712 ne de l’absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que « la subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de
713 du peu de valeur de toute action, le rappel que «  la subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vi
714 toute action, le rappel que « la subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vienne, puis en Souabe
715 e mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu les châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans
716 ienne, puis en Souabe. J’ai connu les châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans Le Paysan du
717 , tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la
718 . J’ai raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’ engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y
719 ela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bo
720 . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bonheur d’écrire et vous vous éc
721 votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bonheur d’écrire et vous vous écoutez vivre et penser. Alors, le saut
722 rire et vous vous écoutez vivre et penser. Alors, le saut entre les pages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la
723 ous écoutez vivre et penser. Alors, le saut entre les pages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la banlieue parisi
724 e saut entre les pages de ce journal et celles de l’ automne 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut
725 ages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond dem
726 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond demeure ce qu’il était, car il s’est toujours
727 parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond demeure ce qu’il était, car il s’est toujours agi pour moi d’une
728 ement dont je demeure convaincu qu’il se révélera le plus fécond de notre temps — sous d’autres noms, peut-être, comme le
729 otre temps — sous d’autres noms, peut-être, comme le fédéralisme — et que nous baptisons le personnalisme. Nous créons, av
730 tre, comme le fédéralisme — et que nous baptisons le personnalisme. Nous créons, avec Mounier et Izard, Esprit , avec Dan
731  politique du pessimisme actif » dont j’ai trouvé les éléments aussi bien chez Kierkegaard que chez Nietzsche, chez Karl Ba
732 ez dans votre Cahier de revendications publié par la NRF en décembre 1932 : « Nous sommes une génération comblée. Comblée
733 que nous avons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeurent des hommes… » Vous étiez engagé ! Je puis
734 hommes… » Vous étiez engagé ! Je puis revendiquer la paternité du concept d’engagement, mais certes pas l’usage qu’on en a
735 aternité du concept d’engagement, mais certes pas l’ usage qu’on en a fait au cours des dernières décennies. Mon premier li
736 s. Mon premier livre, paru en 1934, Politique de la personne , s’ouvrait par un chapitre intitulé « L’engagement du clerc
737 a personne , s’ouvrait par un chapitre intitulé «  L’ engagement du clerc ». Mais, pour moi, l’écrivain engagé n’est pas cel
738 titulé « L’engagement du clerc ». Mais, pour moi, l’ écrivain engagé n’est pas celui qui s’en remet à un parti quand il s’a
739 n donnée, peut dire : j’en réponds ! Mais de quoi l’ écrivain peut-il répondre ? De ce qu’il écrit, bien sûr, et de la mani
740 -il répondre ? De ce qu’il écrit, bien sûr, et de la manière dont il l’écrit. C’est ce que Penser avec les mains veut il
741 e qu’il écrit, bien sûr, et de la manière dont il l’ écrit. C’est ce que Penser avec les mains veut illustrer. J’ai posé
742 nser avec les mains veut illustrer. J’ai posé là le problème de la culture et cherché une morale de la pensée — concept a
743 ains veut illustrer. J’ai posé là le problème de la culture et cherché une morale de la pensée — concept absolument nouve
744 e problème de la culture et cherché une morale de la pensée — concept absolument nouveau. (Seul Nietzsche, peut-être…) Aya
745 rché une morale de la pensée — concept absolument nouveau . (Seul Nietzsche, peut-être…) Ayant lu ma première version, Paulhan m
746 ie introductive. C’est sans doute ce qui justifie le mot, plus drôle que méchant, d’Emmanuel Mounier dans Esprit  : « Rou
747 dans Esprit  : « Rougemont écrit un œil fixé sur l’ Éternel et l’autre sur Jean Paulhan. » N’est-ce pas assez juste, et pa
748 ui d’aujourd’hui ? Oui, si vous entendez par l’un l’ exigence spirituelle, par l’autre l’exigence de la forme, du mouvement
749 ndez par l’un l’exigence spirituelle, par l’autre l’ exigence de la forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser
750 l’exigence spirituelle, par l’autre l’exigence de la forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser avec les mains
751 r l’autre l’exigence de la forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser avec les mains a reparu dans « Idées ».
752 t cette nouvelle édition, j’ai été frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’obstination, de ma pensée. J’ai retro
753 é frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’ obstination, de ma pensée. J’ai retrouvé aussi ce souci constant : qu’
754 qu’une pensée ne peut être juste que si sa forme la vérifie. Bref, j’écris n’importe quel texte, même de doctrine politiq
755 politique, comme s’il s’agissait d’un poème. Dans les années 1930, vous dirigiez ou, au moins, vous participiez à la direct
756 0, vous dirigiez ou, au moins, vous participiez à la direction de trois revues. Vous collaboriez à plusieurs autres. Elles
757 eprésentaient pourtant des tendances divergentes. L’ éclectisme est mal vu au temps des fanatiques, qui ont peut-être raiso
758 tique, à ce sens du fédéralisme dont mon pays est le produit, et auquel je demeure profondément attaché. La réalité est fa
759 oduit, et auquel je demeure profondément attaché. La réalité est faite d’antinomies, dont il faut respecter chacun des ter
760 mies, dont il faut respecter chacun des termes en les maintenant en tension, sans confusion, sans séparation ni subordinati
761 ubordination de l’un à l’autre, qu’il s’agisse de l’ homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la commun
762 e l’un à l’autre, qu’il s’agisse de l’homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la c
763 re, qu’il s’agisse de l’homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mar
764 e de l’homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une voca
765 la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce p
766 ouple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’an
767 la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’annonce dans v
768 dans vos journaux, que vous avez recueillis sous le titre de Journal d’une époque  ? J’ai toujours précisé qu’il s’agiss
769 journaux non intimes, situés à égale distance de la chronique impersonnelle et de la confidence. Pour moi, ces journaux d
770 gale distance de la chronique impersonnelle et de la confidence. Pour moi, ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite — le
771 moi, ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite — le Journal d’un Européen — qui ne saurait tarder, ont pour objet non pas
772 ants, réels, dignes d’intérêt. Ou si vous voulez, le vrai sujet de ma réflexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de
773 si vous voulez, le vrai sujet de ma réflexion est l’ époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lieu e
774 t de ma réflexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne pren
775 lexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de l’ engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne prend vie que d
776 s conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne prend vie que dans une relation avec le
777 u de l’engagement personnel, le lieu existentiel. L’ intime ne prend vie que dans une relation avec le prochain, et cette r
778 L’intime ne prend vie que dans une relation avec le prochain, et cette relation que dans une relation avec la cité. Je ré
779 ain, et cette relation que dans une relation avec la cité. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par le p
780 avec la cité. Je résume ainsi ce parcours : « De l’ intime à l’ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le tit
781 té. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du
782 ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du livre qui vie
783 ime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du livre qui vient de reparaître en édition « définitive »
784 unit un terme affectif à un terme géopolitique : L’ Amour et l’Occident . Pour vous qui étiez si engagé dans une pensée po
785 me affectif à un terme géopolitique : L’Amour et l’ Occident . Pour vous qui étiez si engagé dans une pensée politique et
786 e politique et religieuse, comment se fait-il que l’ amour vous ait intéressé ? Dites-moi plutôt comment il faudrait faire
787 nt il faudrait faire pour ne pas s’y intéresser ! Le point de départ de ma réflexion aurait pu être cette maxime de La Roc
788 rt de ma réflexion aurait pu être cette maxime de La Rochefoucauld : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient
789 relation (de nouveau, n’est-ce pas, une relation) l’ amour et ses étymologies historiques et religieuses. Et je savais auss
790 uellement, mais que tout ne se manifeste pas, que l’ histoire est l’histoire de manifestations successives… Il faut aussi s
791 que tout ne se manifeste pas, que l’histoire est l’ histoire de manifestations successives… Il faut aussi se souvenir que
792 enir que mon historicisme est fondé en théologie. Le christianisme est une historicité. Christ a souffert « sous Ponce Pil
793 e ». J’ai vu l’autre jour, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé le nom du procurateur de Judée, assez récemment d
794 ur, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé le nom du procurateur de Judée, assez récemment découverte. Il ne s’agit
795 is bien d’une irréductibilité temporelle. Quant à l’ occasion du livre, et pour passer du sublime au trivial, ce fut une co
796 ce sujet, il y a une anecdote que je raconte dans le post-scriptum « non définitif et scientifico-polémique » à la nouvell
797 ptum « non définitif et scientifico-polémique » à la nouvelle édition. J’avais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue
798 vais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue, l’ opposition passion-mariage. Là-dessus, Daniel-Rops me propose d’en fai
799 , Daniel-Rops me propose d’en faire un livre pour la collection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien. La date approch
800 ection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien. La date approche. Quel soulagement quand Rops me demande de céder mon to
801 céder mon tour à un jeune lieutenant-colonel dont le livre est, me dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par
802 dont le livre est, me dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par Charles de Gaulle. Mais enfin, le livre fut
803 et son armée, par Charles de Gaulle. Mais enfin, le livre fut écrit… En trois mois, dans une sorte de fièvre. Comme si to
804 le aussi bien que ma réflexion, m’avait préparé à l’ écrire. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer le personnalisme
805 re. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer le personnalisme au domaine de l’érotique. Entre deux individus, il ne p
806 issait d’appliquer le personnalisme au domaine de l’ érotique. Entre deux individus, il ne peut y avoir qu’une liaison. Mai
807 gagement réel et fidélité à cet engagement, alors la personne peut s’épanouir. Il n’y a mariage qu’entre personnes. Et c’e
808 y a mariage qu’entre personnes. Et c’est pourquoi le mariage est une vocation. Si bien que votre livre est contre la passi
809 une vocation. Si bien que votre livre est contre la passion… Pas du tout ! Condamner la passion n’aurait pas de sens. Mai
810 re est contre la passion… Pas du tout ! Condamner la passion n’aurait pas de sens. Mais il est fou de vouloir fonder le ma
811 it pas de sens. Mais il est fou de vouloir fonder le mariage sur l’amour seul, car la passion est née contre le mariage. C
812 Mais il est fou de vouloir fonder le mariage sur l’ amour seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradox
813 e vouloir fonder le mariage sur l’amour seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’aut
814 e sur l’amour seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’autres. Votre pensée si grave
815 t d’autres. Votre pensée si grave… C’est vous qui le dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou mes Mé
816 ous qui le dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où j’expli
817 tres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où j’explique que la démocratie ne se distingue du
818 faits … Et la Part du diable , où j’explique que la démocratie ne se distingue du totalitarisme que par l’humour, et par
819 mocratie ne se distingue du totalitarisme que par l’ humour, et par rien d’autre. … Votre pensée si soucieuse de cohérence
820 soucieuse de cohérence paraît connaître plus que le goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esth
821 e de cohérence paraît connaître plus que le goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esthétique, p
822 s que le goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esthétique, pour respirer un peu ou permettre à
823 ermettre à votre lecteur de respirer ? Nullement. Le paradoxe est essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’hom
824 rer ? Nullement. Le paradoxe est essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’homme est à la fois libre et respons
825 ssentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’ homme est à la fois libre et responsable : paradoxe ! Il ne devient lu
826 sable : paradoxe ! Il ne devient lui-même que par la vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la
827 que par la vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même
828 vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même coup au pro
829 ier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même coup au prochain… paradoxe.
830 unique, relie du même coup au prochain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’union et l’autonomie… l’Un et le Divers… parado
831 oup au prochain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’ union et l’autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le resp
832 hain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’union et l’ autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel
833 déralisme : c’est l’union et l’autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du
834 tonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amu
835 … paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amuse, vrai qu’il correspond
836 correspond à un goût profond. Mais il est d’abord la condition de toutes les libertés, qui est le respect des antinomies.
837 ofond. Mais il est d’abord la condition de toutes les libertés, qui est le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’
838 bord la condition de toutes les libertés, qui est le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tension
839 bertés, qui est le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tension nécessaire à son action. Choisi
840 le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’ esprit et la tension nécessaire à son action. Choisir l’avenir…
841 des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tension nécessaire à son action. Choisir l’avenir… Avez-vous ét
842 et la tension nécessaire à son action. Choisir l’ avenir… Avez-vous été amené à réviser votre livre eu égard à tous l
843 s été amené à réviser votre livre eu égard à tous les changements qui sont intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées de
844 er des polémiques, il me paraissait nécessaire de le réassumer, de renouveler mon engagement, ma responsabilité. Certes, l
845 uveler mon engagement, ma responsabilité. Certes, le monde change et dans le domaine des mœurs l’évolution est même plus p
846 a responsabilité. Certes, le monde change et dans le domaine des mœurs l’évolution est même plus profonde qu’on ne le croi
847 tes, le monde change et dans le domaine des mœurs l’ évolution est même plus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans
848 mœurs l’évolution est même plus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que no
849 lus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau su
850 j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau surgissement du principe féminin, bien moins sensible d’ailleurs, dan
851 ipe féminin, bien moins sensible d’ailleurs, dans le mouvement de libération des femmes que dans les rêves interprétés par
852 ns le mouvement de libération des femmes que dans les rêves interprétés par C. G. Jung, les spéculations de Teilhard de Cha
853 es que dans les rêves interprétés par C. G. Jung, les spéculations de Teilhard de Chardin, ou les utopies fouriéristes d’An
854 Jung, les spéculations de Teilhard de Chardin, ou les utopies fouriéristes d’André Breton. Qui sait, peut-être n’ai-je été
855 ue notre siècle devait finir par lui ressembler ? Nouveau paradoxe. Surtout pour un penseur comme vous qui scrutez les signes a
856 e. Surtout pour un penseur comme vous qui scrutez les signes avant-coureurs de l’avenir de l’Europe et du monde ! C’est qu’
857 mme vous qui scrutez les signes avant-coureurs de l’ avenir de l’Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir s
858 scrutez les signes avant-coureurs de l’avenir de l’ Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir si l’on veut
859 l’Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’ avenir si l’on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, ma
860 du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir si l’ on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou pol
861 l faut partir de l’avenir si l’on veut comprendre l’ aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou politique) ne peut venir
862 e l’avenir si l’on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou politique) ne peut venir que de l’aveni
863 ssion, mariage ou politique) ne peut venir que de l’ avenir. Ce n’est jamais une voix du passé. Dieu, qu’est-ce, sinon le f
864 jamais une voix du passé. Dieu, qu’est-ce, sinon le futur éternel ? Avant toute chose, il faut considérer la fin ! C’est
865 r éternel ? Avant toute chose, il faut considérer la fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur l’an 2000. Seulement
866 fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur l’ an 2000. Seulement, il faut comprendre qu’une prévision passive est un
867 nous appelle. Nous ne sommes pas là pour prédire l’ avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère dans une conférence en
868 ne sommes pas là pour prédire l’avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère dans une conférence en Amérique : « Pour la
869 ique : « Pour la première fois dans son histoire, l’ homme se voit contraint de choisir librement son avenir. Et il y est c
870 t du seul fait qu’il en a, pour la première fois, la liberté. » Vous me direz que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Cel
871 que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Celui de la vérité, ou en tout cas de notre réalité. i. Rougemont Denis de, «
872 réalité. i. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 d
873 Denis de, « [Entretien] Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 20-21. j
874 e respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 20-21. j. Propos recueillis par J
875 Propos recueillis par Jean Blot et introduits par la note suivante : « Quatre ouvrages de Denis de Rougemont ont été réédi
876 ée, à quoi viennent s’ajouter quatre publications nouvelles . C’est la preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce pen
877 nt s’ajouter quatre publications nouvelles. C’est la preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce penseur engag
878 lications nouvelles. C’est la preuve éclatante de l’ actualité et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands
879 s. C’est la preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands débats du siècle e
880 et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands débats du siècle et qui a su apporter à chacun une réponse ori
881 ée par cette maxime que je lui emprunte : “Amener la pensée à la plus insistante vénération du réel.” Par cette vénération
882 maxime que je lui emprunte : “Amener la pensée à la plus insistante vénération du réel.” Par cette vénération se trouve f
883 trouve fondé un refus instinctif de choisir entre l’ homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie p
884 é un refus instinctif de choisir entre l’homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’
885 instinctif de choisir entre l’homme et le monde, l’ individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la
886 choisir entre l’homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par
887 re l’homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par elle seront
888 monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par elle seront conciliés le phi
889 et la société, la vie privée et la vie publique, l’ art et la politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publi
890 ciété, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publiciste, le
891 l’art et la politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écou
892 litique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Den
893 le seront conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Denis de Rougemont
894 conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’ homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Denis de Rougemont va retrou
895 e publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’ écoute du réel, Denis de Rougemont va retrouver l’unité des termes que
896 l’écoute du réel, Denis de Rougemont va retrouver l’ unité des termes que l’habitude oppose et découvrir en l’un la substan
897 de Rougemont va retrouver l’unité des termes que l’ habitude oppose et découvrir en l’un la substance de l’autre. Individu
898 termes que l’habitude oppose et découvrir en l’un la substance de l’autre. Individu et société doivent se fondre dans l’un
899 autre. Individu et société doivent se fondre dans l’ unité de la personne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’en
900 vidu et société doivent se fondre dans l’unité de la personne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’engagement da
901 e dans l’unité de la personne, dignité à laquelle l’ homme n’accède que par l’engagement dans le monde — source et théâtre
902 onne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’ engagement dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relati
903 quelle l’homme n’accède que par l’engagement dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relation est réciproque.
904 dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relation est réciproque. La société n’a pour réalité et pour fin que
905 éâtre de sa vocation. La relation est réciproque. La société n’a pour réalité et pour fin que les personnes qui la compose
906 oque. La société n’a pour réalité et pour fin que les personnes qui la composent et son organisation doit la transformer en
907 ’a pour réalité et pour fin que les personnes qui la composent et son organisation doit la transformer en un terrain ferti
908 rsonnes qui la composent et son organisation doit la transformer en un terrain fertile où les vocations pourront s’épanoui
909 tion doit la transformer en un terrain fertile où les vocations pourront s’épanouir. Cette pensée débouche naturellement su
910 épanouir. Cette pensée débouche naturellement sur la scène politique, où elle se fera connaître sous le nom de personnalis
911 a scène politique, où elle se fera connaître sous le nom de personnalisme. Elle suppose une organisation de l’État où l’un
912 e personnalisme. Elle suppose une organisation de l’ État où l’un et les divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle con
913 lle suppose une organisation de l’État où l’un et les divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l
914 e l’État où l’un et les divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l’action. Denis de Rougemont a
915 iliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l’ action. Denis de Rougemont a consacré à la cause de l’Europe, dont il
916 uteur à l’action. Denis de Rougemont a consacré à la cause de l’Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a
917 tion. Denis de Rougemont a consacré à la cause de l’ Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a vécu les ter
918 consacré à la cause de l’Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a vécu les terribles déchirements, une pa
919 il connaît les visages différents, dont il a vécu les terribles déchirements, une part importante de son temps, de son éner
920 entre européen de la culture, il en assure depuis la direction, anime les campagnes d’éducation civique européenne, l’Asso
921 culture, il en assure depuis la direction, anime les campagnes d’éducation civique européenne, l’Association européenne de
922 ime les campagnes d’éducation civique européenne, l’ Association européenne des festivals de musique, l’Association des ins
923 ’Association européenne des festivals de musique, l’ Association des instituts… »
8 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)
924 Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)k l J’ai appris le tir au fusil d
925 n occidental (14 décembre 1972)k l J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fournit au monde l
926 un pays qui, traditionnellement, fournit au monde les champions de cet art ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée
927 e promue au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je
928 lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de tout
929 r de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tire
930 e toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et je tirais aussi mal que possible. Car je me
931 e me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’ ordres assénés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de p
932 rcice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce
933 esse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’ on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec
934 je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme
935 , bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’ arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et, lorsqu
936 osité, et, lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allai
937 la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la
938 âcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du gran
939 lait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommai
940 ans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommait « tir au galon ».
941 ependant la date approchait du grand concours que l’ on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, l’on poussait l’entraî
942 l’on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, l’ on poussait l’entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les au
943  tir au galon ». Dans chaque unité, l’on poussait l’ entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me
944 entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-
945 à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir co
946 trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je
947 moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pa
948 ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’ honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L
949 marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’ espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux
950 rqué un point, très loin du noir, mais enfin dans la cible. Il se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de
951 n dans la cible. Il se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme
952 l se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’ écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme vos doigts sont cr
953 vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme vos doigts sont crispés. Rien
954 ir ! Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’ index qui a pris le cran d’arrêt. Quand vous serez assez concentré, la
955 à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Quand vous serez assez concentré, laissez-vous simpleme
956 r ce petit disque noir à 300 mètres qui danse sur la ligne de mire. Sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous l
957 res qui danse sur la ligne de mire. Sans que vous l’ ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oublie
958 sur la ligne de mire. Sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et
959 s que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez es
960 rtira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne
961 este. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien.
962 ayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’ar
963 z plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait.
964 ait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que
965 embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’ aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. S
966 ayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me p
967 t plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douil
968 me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un p
969 le et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion rouge surgit
970 où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours p
971 du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours plus tard, au scandale du sergent, je gag
972 urs plus tard, au scandale du sergent, je gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et l’arborais
973 gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’ école de tir, et l’arborais sur la manche droite de la tunique. Quant
974 alon, insigne des champions de l’école de tir, et l’ arborais sur la manche droite de la tunique. Quant aux conséquences pl
975 es champions de l’école de tir, et l’arborais sur la manche droite de la tunique. Quant aux conséquences plus lointaines e
976 ole de tir, et l’arborais sur la manche droite de la tunique. Quant aux conséquences plus lointaines et aux implications d
977 au but avait, en un instant, posé et vérifié pour le restant de mes jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’e
978 ant, posé et vérifié pour le restant de mes jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord que des
979 mais dont je pressentais, en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de
980 confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je
981 ts domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en f
982 les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’em
983 gne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1)
984 nt, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1) La considération minuti
985 e soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1) La considération minutieuse des moyens, la stricte
986 les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1) La considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une mét
987 mploi. 1) La considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces m
988 ens, la stricte application d’une méthode réglant l’ ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée,
989 s, la stricte application d’une méthode réglant l’ ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obé
990 icte application d’une méthode réglant l’ordre et l’ usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissanc
991 méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissance aux préceptes légaux
992 ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’ obéissance aux préceptes légaux et coutumiers, ne suffisent pas pour a
993 ux et coutumiers, ne suffisent pas pour atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent
994 atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou
995 nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’ attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but
996 ns la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but doit nous re
997 s absorbent l’attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir.
998 ion, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’ appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’a
999 joindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La
1000 ut que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but di
1001 s, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre
1002 t. La considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune métho
1003 ation envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’ atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode, ou qu’auc
1004 e du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode, ou qu’aucun prétexte reçu
1005 reçu. 3) Toute action efficace commence donc par la fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si la fin ne ju
1006 par la fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justi
1007 ant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autr
1008 t considérer la fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est
1009 la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de la fin des fins qu’il
1010 es justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de la fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie le
1011 e la fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste
1012 l nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste fin. Car nulle fin ne
1013 r. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste fin. Car nulle fin ne peut communiquer plus
1014 fier, si moraux, efficaces ou corrects que soient les moyens qu’on lui applique. Une fin toute juste justifie tout ce qu’el
1015 toute juste justifie tout ce qu’elle inspire pour la rejoindre en vérité — et c’est Dieu seul1. Le jugement de bien ou de
1016 our la rejoindre en vérité — et c’est Dieu seul1. Le jugement de bien ou de mal ne peut donc s’exercer sur les moyens qu’à
1017 ment de bien ou de mal ne peut donc s’exercer sur les moyens qu’à partir des fins qui les dictent, selon qu’elles sont bonn
1018 s’exercer sur les moyens qu’à partir des fins qui les dictent, selon qu’elles sont bonnes ou mauvaises, relativement à d’au
1019 relativement à d’autres fins plus hautes, et dans la seule mesure où ces moyens servent nécessairement ces fins. Car un mo
1020 donc être jugé mauvais ou bon. 1. Relevons ici la similitude étonnante des deux doctrines au nom desquelles, au xvie s
1021 es et jésuites se déchirèrent ; justification par la foi (la foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et
1022 suites se déchirèrent ; justification par la foi ( la foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et justific
1023 foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et justification par la fin. k. Rougemont Denis de, « Descart
1024 ésence anticipée de la fin), et justification par la fin. k. Rougemont Denis de, « Descartes inversé ou le zen occidenta
1025 . k. Rougemont Denis de, « Descartes inversé ou le zen occidental », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 21. l. Prése
1026 s de, « Descartes inversé ou le zen occidental », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 21. l. Présenté par cette note :
1027 « Ces pages sont extraites du chapitre initial de la Morale du But, deuxième partie d’une Théorie générale du fédéralisme
1028 ale du fédéralisme qui comportera une doctrine de la personne, une morale, et une politique (histoire et prospective de la
1029 ale, et une politique (histoire et prospective de la cité). L’auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois a
1030 e politique (histoire et prospective de la cité). L’ auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois ans. »
1031 la cité). L’auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois ans. »
9 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)
1032 La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L
1033 La révolte des régions : l’ État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L’interdiction récente de
1034 La révolte des régions : l’État-nation contre l’ Europe (mars 1974)n L’interdiction récente de quatre mouvements rég
1035 s : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L’ interdiction récente de quatre mouvements régionalistes en France a ét
1036 s passionnées quoique officielles, non pas contre l’ idée de région en soi, qualifiée par le général de Gaulle de « grande
1037 pas contre l’idée de région en soi, qualifiée par le général de Gaulle de « grande réforme de notre siècle », mais contre
1038 e « grande réforme de notre siècle », mais contre l’ Europe des régions — sans laquelle l’Europe ne sera pas, ni les région
1039 mais contre l’Europe des régions — sans laquelle l’ Europe ne sera pas, ni les régions. « L’expression ‟Europe des régions
1040 régions — sans laquelle l’Europe ne sera pas, ni les régions. « L’expression ‟Europe des régions” non seulement me hérisse
1041 laquelle l’Europe ne sera pas, ni les régions. «  L’ expression ‟Europe des régions” non seulement me hérisse mais constitu
1042 passé largement révolu, celui du Moyen Âge et de la féodalité », affirme M. Georges Pompidou. « Briser les nations pour l
1043 éodalité », affirme M. Georges Pompidou. « Briser les nations pour leur substituer des régions ? Cette tendance absurde de
1044 uer des régions ? Cette tendance absurde de bâtir l’ avenir sur un système médiéval… », déclare à son tour M. Michel Debré.
1045 parlent de régions sont « des imbéciles ignorant l’ histoire », « des inadaptés », « des gens qui agissent pour le compte
1046 , « des inadaptés », « des gens qui agissent pour le compte de l’étranger », « des réactionnaires ou des gauchistes » ou e
1047 ptés », « des gens qui agissent pour le compte de l’ étranger », « des réactionnaires ou des gauchistes » ou encore « les t
1048 es réactionnaires ou des gauchistes » ou encore «  les tenants d’un certain mythe européen, celui de l’Europe des régions, q
1049 les tenants d’un certain mythe européen, celui de l’ Europe des régions, qui est une absurdité », déclare enfin M. Sanguine
1050 , mais uniquement français, proclame encore que «  le bien le plus précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’unifica
1051 niquement français, proclame encore que « le bien le plus précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’unification plu
1052 lame encore que « le bien le plus précieux, c’est l’ unité nationale » (entendons l’unification plus ou moins forcée de six
1053 us précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’ unification plus ou moins forcée de six ou sept « nations » au sens an
1054 par une autre nation qui leur impose sa langue). L’ unité nationale au-dessus-de-tout, partout — Deutschland über alles, p
1055 alles, pour prendre un autre exemple —, telle est la religion de l’État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices h
1056 ndre un autre exemple —, telle est la religion de l’ État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices humains, et les
1057 xemple —, telle est la religion de l’État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices humains, et les obtienne. Toute
1058 seule qui exige encore des sacrifices humains, et les obtienne. Toutes ces déclarations traduisent une curieuse anxiété dan
1059 déclarations traduisent une curieuse anxiété dans l’ esprit des hommes au pouvoir et une extrême nervosité de leurs polices
1060 gauchiste, ni réactionnaire, ni plus ignorant de l’ histoire qu’aucun de ceux que je viens de citer ; au surplus responsab
1061 que je viens de citer ; au surplus responsable de l’ expression qui paraît leur faire tellement peur, je vais tenter de déb
1062 ues malentendus fondamentaux dont ils me semblent les victimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte
1063 ls me semblent les victimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte de l’Europe d’aujourd’hui — et non
1064 s. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte de l’Europe d’aujourd’hui — et non pas du xixe siècle — hor
1065 eplaçons le concept de région dans le contexte de l’ Europe d’aujourd’hui — et non pas du xixe siècle — hors duquel il ne
1066 « médiéval ». Il existe une raison majeure d’unir les Européens du xxe siècle : éviter leur colonisation politique par l’E
1067 siècle : éviter leur colonisation politique par l’ Est et leur colonisation économique par l’Ouest ; ou les deux ensemble
1068 que par l’Est et leur colonisation économique par l’ Ouest ; ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américain
1069 et leur colonisation économique par l’Ouest ; ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américains soient de ma
1070 mique par l’Ouest ; ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américains soient de mauvaises gens, mais la colon
1071 ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américains soient de mauvaises gens, mais la colonisation est une mau
1072 et les Américains soient de mauvaises gens, mais la colonisation est une mauvaise chose. Non qu’ils soient pires que nous
1073 ise chose. Non qu’ils soient pires que nous, mais la colonisation est pire que tout. Il existe deux raisons majeures de pr
1074 ut. Il existe deux raisons majeures de promouvoir les régions en Europe : On ne peut « faire l’Europe » que fédérale — non
1075 ouvoir les régions en Europe : On ne peut « faire l’ Europe » que fédérale — non unitaire —, et les régions en fourniront l
1076 aire l’Europe » que fédérale — non unitaire —, et les régions en fourniront le seul moyen ; Il est vital de rendre aux cito
1077 le — non unitaire —, et les régions en fourniront le seul moyen ; Il est vital de rendre aux citoyens la possibilité de pa
1078 seul moyen ; Il est vital de rendre aux citoyens la possibilité de participer aux décisions de la cité, et les régions en
1079 ens la possibilité de participer aux décisions de la cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des p
1080 bilité de participer aux décisions de la cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des patries, des n
1081 écisions de la cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des patries, des nations ou des États, bref
1082 cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’ Europe dite des patries, des nations ou des États, bref, l’Europe des
1083 dite des patries, des nations ou des États, bref, l’ Europe des États-nations, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré
1084 es États, bref, l’Europe des États-nations, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré. La réunion de Washington vient d
1085 ns, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré. La réunion de Washington vient d’en administrer une preuve de plus, à me
1086 ent superflue. Cette Europe des États-nations, je l’ ai baptisée depuis longtemps l’amicale des misanthropes. Cela peut se
1087 États-nations, je l’ai baptisée depuis longtemps l’ amicale des misanthropes. Cela peut se dire, non se faire, pour des ra
1088 peut se dire, non se faire, pour des raisons que l’ on voit très bien. Personne n’en veut d’ailleurs, et ses protagonistes
1089 un rôle au plan mondial, trop grands pour animer la vie civique de leurs régions, les États-nations sont condamnés par to
1090 ands pour animer la vie civique de leurs régions, les États-nations sont condamnés par toute l’évolution du monde moderne.
1091 gions, les États-nations sont condamnés par toute l’ évolution du monde moderne. Le général de Gaulle l’avait senti. Il a c
1092 condamnés par toute l’évolution du monde moderne. Le général de Gaulle l’avait senti. Il a choisi de tomber sur « l’affair
1093 ’évolution du monde moderne. Le général de Gaulle l’ avait senti. Il a choisi de tomber sur « l’affaire des régions ». Le p
1094 Gaulle l’avait senti. Il a choisi de tomber sur «  l’ affaire des régions ». Le paladin de l’Europe des nations devenait ain
1095 a choisi de tomber sur « l’affaire des régions ». Le paladin de l’Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère
1096 mber sur « l’affaire des régions ». Le paladin de l’ Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère nouvelle et g
1097 Le paladin de l’Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’hi
1098 urope des nations devenait ainsi le précurseur de l’ ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’histoire du monde.
1099 précurseur de l’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’histoire du monde. C’était bien joué. Ses successeurs,
1100 ’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’ histoire du monde. C’était bien joué. Ses successeurs, hélas, l’ont ma
1101 monde. C’était bien joué. Ses successeurs, hélas, l’ ont mal compris. Ils ferment tout ce que le général voulait ouvrir. M.
1102 hélas, l’ont mal compris. Ils ferment tout ce que le général voulait ouvrir. M. Messmer explique, à Lyon, que la coopérati
1103 voulait ouvrir. M. Messmer explique, à Lyon, que la coopération des régions périphériques doit s’arrêter à la frontière e
1104 ration des régions périphériques doit s’arrêter à la frontière et s’exercer vers l’intérieur seulement. À Lyon, six ans pl
1105 s doit s’arrêter à la frontière et s’exercer vers l’ intérieur seulement. À Lyon, six ans plus tôt, le général recommandait
1106 l’intérieur seulement. À Lyon, six ans plus tôt, le général recommandait aux mêmes régions d’entretenir « des relations p
1107 des relations plus directes et plus étroites avec l’ extérieur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et
1108 lus étroites avec l’extérieur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la F
1109 avec l’extérieur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté
1110 eur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suiss
1111 cisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’ Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes
1112 rd avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’ Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse
1113 lgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie,
1114 l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Lan
1115 la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin médite
1116 mté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’ Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aq
1117 a Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine av
1118 -Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, l
1119 sse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’
1120 nce et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’ Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandi
1121 oc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’ Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglai
1122 bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaull
1123 éen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’ Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme
1124 avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme d’État, ses succ
1125 a Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme d’État, ses successeurs ne sont que
1126 d’État, ses successeurs ne sont que des hommes de l’ État. L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes poli
1127 ses successeurs ne sont que des hommes de l’État. L’ Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques a
1128 hommes de l’État. L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques au pouvoir aujourd’hui proclament
1129 L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques au pouvoir aujourd’hui proclament qu’il faut la fai
1130 ques au pouvoir aujourd’hui proclament qu’il faut la faire et font semblant de la vouloir, parce qu’ils savent bien que c’
1131 roclament qu’il faut la faire et font semblant de la vouloir, parce qu’ils savent bien que c’est impossible sur les bases
1132 parce qu’ils savent bien que c’est impossible sur les bases stato-nationales, seules prises en considération dans toutes no
1133 e soi, mais aussi à Bruxelles et à Strasbourg, où l’ on se veut avant tout « réaliste ». Ceux qui l’ont crue possible sur c
1134 où l’on se veut avant tout « réaliste ». Ceux qui l’ ont crue possible sur ces bases sont morts sans l’avoir imposée : Schu
1135 l’ont crue possible sur ces bases sont morts sans l’ avoir imposée : Schuman, Adenauer, De Gasperi. Si ces hommes, qui avai
1136 en main, n’ont rien pu faire, c’est vraiment que la formule est impossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui les a re
1137 iment que la formule est impossible. Ce n’est pas l’ opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, régulièrement,
1138 impossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur
1139 t pas l’opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur de l’Europe unie. E
1140 dages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur de l’ Europe unie. Et ce ne sont pas les difficultés économiques : elles seu
1141 5 % en faveur de l’Europe unie. Et ce ne sont pas les difficultés économiques : elles seules ont contraint les États à quel
1142 ficultés économiques : elles seules ont contraint les États à quelques lents progrès dans le sens de l’union. Ce qui bloque
1143 contraint les États à quelques lents progrès dans le sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souver
1144 es États à quelques lents progrès dans le sens de l’ union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souveraineté nati
1145 ans le sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souveraineté nationale absolue, qui serait incapable
1146 ncapable de se manifester par autre chose que par le refus périodique des mesures communes que l’on propose. Refus qui s’a
1147 par le refus périodique des mesures communes que l’ on propose. Refus qui s’adresse simultanément à la fédération (suprana
1148 l’on propose. Refus qui s’adresse simultanément à la fédération (supranationale) et aux régions (infranationales) en vertu
1149 érité des « quarante rois qui en mille ans firent la France », selon l’épigraphe de l’Action française reprise par M. Pomp
1150 e rois qui en mille ans firent la France », selon l’ épigraphe de l’Action française reprise par M. Pompidou dans son disco
1151 ille ans firent la France », selon l’épigraphe de l’ Action française reprise par M. Pompidou dans son discours de Poitiers
1152 quelles résistances des peuples on a dû vaincre ! Le patriotisme actuel consiste en une « équation entre le bien absolu et
1153 triotisme actuel consiste en une « équation entre le bien absolu et une collectivité correspondant à un espace territorial
1154 é correspondant à un espace territorial, à savoir la France : quiconque change dans sa pensée le terme territorial de l’éq
1155 avoir la France : quiconque change dans sa pensée le terme territorial de l’équation et met à la place un terme plus petit
1156 que change dans sa pensée le terme territorial de l’ équation et met à la place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou
1157 ensée le terme territorial de l’équation et met à la place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’
1158 tion et met à la place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’Europe, est regardé comme un traître
1159 us petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’ Europe, est regardé comme un traître. Pourquoi cela ? C’est tout à fai
1160 a ? C’est tout à fait arbitraire. » (Simone Weil, L’ Enracinement.) L’État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’u
1161 fait arbitraire. » (Simone Weil, L’Enracinement.) L’ État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’un appareil étatiq
1162 inement.) L’État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’un appareil étatique sur les réalités nationales, en vue d
1163 sultant de la mainmise d’un appareil étatique sur les réalités nationales, en vue de la guerre (seule excuse à la centralis
1164 l étatique sur les réalités nationales, en vue de la guerre (seule excuse à la centralisation à tous autres égards quasi d
1165 s nationales, en vue de la guerre (seule excuse à la centralisation à tous autres égards quasi démentielle) est une formul
1166 siècle. Non seulement périmée, mais nocive. C’est la cause principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’obstacle pr
1167 érimée, mais nocive. C’est la cause principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’obstacle principal à sa résolution
1168 C’est la cause principale de la crise actuelle de l’ Occident, et l’obstacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les
1169 principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’ obstacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de
1170 stacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de la politique et la plupart des futurologistes se retro
1171 sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de la politique et la plupart des futurologistes se retrouvent d’accord, d’
1172 and de Jouvenel et de Toynbee à Georg Picht. Mais l’ État-nation condamné se défend, avec la rage de l’animal blessé, contr
1173 icht. Mais l’État-nation condamné se défend, avec la rage de l’animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethni
1174 l’État-nation condamné se défend, avec la rage de l’ animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et l’éco
1175 animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et l’économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne
1176 contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et l’ économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne étudie le prob
1177 dversaires : les ethnies et l’économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne étudie le problème des disparités ré
1178 1961, la Communauté économique européenne étudie le problème des disparités régionales, puis crée une Direction générale
1179 s régionales, puis crée une Direction générale de la politique régionale. Quant aux ethnies, elles donnent lieu à des acti
1180 de plus en plus intenses et variées, qui vont de la recherche historique et sociologique à la pose de charges de plastic
1181 vont de la recherche historique et sociologique à la pose de charges de plastic aux quatre coins du continent, et même en
1182 aux quatre coins du continent, et même en Suisse. Le danger majeur que représentent ces deux réactions « régionalistes » c
1183 définies par une seule fonction auxquelles toutes les autres doivent être subordonnées : fonction militaire dans le cas des
1184 ivent être subordonnées : fonction militaire dans le cas des États-nations, linguistique dans le cas des ethnies, économiq
1185 dans le cas des États-nations, linguistique dans le cas des ethnies, économique dans le cas des « régions de problèmes »
1186 uistique dans le cas des ethnies, économique dans le cas des « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la région n
1187 le cas des « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la région ne devait être qu’un mini-État-nation, elle aggrave
1188 « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la région ne devait être qu’un mini-État-nation, elle aggraverait encore
1189 , ou encore d’enseignement aux trois degrés, avec les conséquences très étendues que cela ne manquera pas d’entraîner. Si l
1190 étendues que cela ne manquera pas d’entraîner. Si l’ Europe devait consister en une centaine d’États-nations en réduction,
1191 ns en réduction, je serais contre, intégralement. Les régions ne seront pas de petits États-nations, ajoutant à l’absurdité
1192 ne seront pas de petits États-nations, ajoutant à l’ absurdité de frontières communes imposées à des réalités hétéroclites
1193 res communes imposées à des réalités hétéroclites la médiocrité de l’horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, e
1194 sées à des réalités hétéroclites la médiocrité de l’ horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, et leur objectif g
1195 la médiocrité de l’horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, et leur objectif général sera de nouer des liens, de
1196 un tissu de relations humaines. Allons au fait : la grande terreur du séparatisme, qui se manifeste en Espagne comme en F
1197 en Espagne comme en France, et en URSS comme dans le canton de Berne, est née des seuls excès de centralisme. Elle traduit
1198 née des seuls excès de centralisme. Elle traduit le sentiment de culpabilité de l’ethnie qui a réduit les autres à son « 
1199 isme. Elle traduit le sentiment de culpabilité de l’ ethnie qui a réduit les autres à son « unité nationale », — valeur sup
1200 sentiment de culpabilité de l’ethnie qui a réduit les autres à son « unité nationale », — valeur suprême pour elle, oppress
1201 le », — valeur suprême pour elle, oppression pour les autres. La révolte des ethnies montre que leurs problèmes sont insolu
1202 ur suprême pour elle, oppression pour les autres. La révolte des ethnies montre que leurs problèmes sont insolubles dans l
1203 s montre que leurs problèmes sont insolubles dans le cadre stato-national, et qu’ils appellent la fédération du continent.
1204 dans le cadre stato-national, et qu’ils appellent la fédération du continent. Que cette révolte ait servi de détonateur au
1205 e détonateur au mouvement des régions en Europe — les États-Unis et l’empire russe suivront demain et après-demain — voilà
1206 uvement des régions en Europe — les États-Unis et l’ empire russe suivront demain et après-demain — voilà qui suffit pour q
1207 n’est dangereux que pour elles seules, alors que le stato-nationalisme est dangereux pour le genre humain, pour la nature
1208 lors que le stato-nationalisme est dangereux pour le genre humain, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le révei
1209 onalisme est dangereux pour le genre humain, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédé
1210 gereux pour le genre humain, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédéraliste en Europ
1211 n, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédéraliste en Europe est un mouvement puissan
1212 t, profond et prometteur, dont il semble bien que les hommes politiques cités plus haut ignorent à la fois les motivations,
1213 mes politiques cités plus haut ignorent à la fois les motivations, les finalités et l’ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit
1214 tés plus haut ignorent à la fois les motivations, les finalités et l’ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit pas d’une émeute
1215 orent à la fois les motivations, les finalités et l’ ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit pas d’une émeute, mais d’une rév
1216 quoi surprendre. Il s’agit de recréer en Occident le sens de la communauté, qu’elle soit de production ou d’usage, de lang
1217 ndre. Il s’agit de recréer en Occident le sens de la communauté, qu’elle soit de production ou d’usage, de langage, de rec
1218 é, amitié, voisinage. n. Rougemont Denis de, «  La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe », Le Monde diplo
1219 . Rougemont Denis de, « La révolte des régions : l’ État-nation contre l’Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974
1220 , « La révolte des régions : l’État-nation contre l’ Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974, p. 30.
1221 te des régions : l’État-nation contre l’Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974, p. 30.
10 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)
1222 Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)m Robert Aron, pou
1223 ais vivre ma jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est, d
1224 ique. Je le revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est, démesurées, devant nos démocraties inconsci
1225 s ces années décisives, où les ombres montaient à l’ est, démesurées, devant nos démocraties inconscientes et désuètes. Nou
1226 Gallimard, où il disposait d’un bureau contigu à la mansarde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le
1227 arde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gro
1228 Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gros yeux mélanc
1229 sa distraction proverbiale — il était, disait-il, le seul officier français qui eût réussi avec son propre sabre, — mais a
1230 d’esprit politique. Il était, dans notre groupe, le complément parfait d’Arnaud Dandieu, avec lequel il allait signer tro
1231 signer trois livres mémorables. Dandieu, c’était la rigueur même, et il avait tout lu ; Robert Aron, c’était l’imaginatif
1232 même, et il avait tout lu ; Robert Aron, c’était l’ imaginatif vagabond, et il savait mettre en scène les idées. À eux deu
1233 imaginatif vagabond, et il savait mettre en scène les idées. À eux deux, ils ont donné deux ou trois des ouvrages de base d
1234 base du mouvement personnaliste dans sa tendance la plus radicale, qui était le groupe de l’Ordre nouveau. Soit dit en pa
1235 iste dans sa tendance la plus radicale, qui était le groupe de l’Ordre nouveau. Soit dit en passant, c’était à peu près le
1236 nouveau. Soit dit en passant, c’était à peu près le contraire de la ligue d’extrême droite, au nom identique, récemment d
1237 it en passant, c’était à peu près le contraire de la ligue d’extrême droite, au nom identique, récemment dissoute. C’est l
1238 mment dissoute. C’est l’Ordre nouveau qui a lancé les idées aujourd’hui si actuelles de région, d’autogestion des communes
1239 es, et de service civil conçu comme une relève de la classe ouvrière, mieux que l’automation, à la condition prolétarienne
1240 comme une relève de la classe ouvrière, mieux que l’ automation, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrou
1241 de la classe ouvrière, mieux que l’automation, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre
1242 l’automation, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de
1243 rolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’ œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les conv
1244 guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les convictions politiques de n
1245 orien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les convictions politiques de notre jeunesse, mais il s’y ajoutait une di
1246 echerche religieuse : celle qui se manifeste dans Les Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle les discussions passionn
1247 Les Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle les discussions passionnées que nous menions, au temps de l’ON, entre les
1248 ussions passionnées que nous menions, au temps de l’ ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques
1249 ionnées que nous menions, au temps de l’ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques d’ Esprit et
1250 s de l’ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques d’ Esprit et quelques protestants groupés au
1251 entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques d’ Esprit et quelques protestants groupés autour de la p
1252 Esprit et quelques protestants groupés autour de la petite revue de théologie et de philosophie existentielle que j’avais
1253 amis n’aient pu siéger ensemble pour témoigner de la durée et de la renaissance des idées passionnées de notre génération.
1254 siéger ensemble pour témoigner de la durée et de la renaissance des idées passionnées de notre génération. m. Rougemon
1255 ration. m. Rougemont Denis de, « Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée », Le Monde, Paris, 9 mars 1974, p
1256 t Aron : le témoin d’une génération passionnée », Le Monde, Paris, 9 mars 1974, p. 16.
11 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? (16 mars 1979)
1257 t de secrétaire, Voltaire disait : « Il a lu tous les Pères — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses a lu non pas un
1258 re disait : « Il a lu tous les Pères — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses a lu non pas une fois mais six fois t
1259 hacun), puis Schelling, et même Condillac et tous les autres. Marx en entier, mais jamais cela ne se sent à le lire, person
1260 es. Marx en entier, mais jamais cela ne se sent à le lire, personne n’écrit une langue plus claire, plus efficace, ni plus
1261 visée première, donc à sa fin. Car « de même que les racines expliquent moins la fleur qu’elles ne sont impliquées par ell
1262 n. Car « de même que les racines expliquent moins la fleur qu’elles ne sont impliquées par elle, la fin d’une phrase justi
1263 ns la fleur qu’elles ne sont impliquées par elle, la fin d’une phrase justifie seule son commencement, et toute arrivée es
1264 ilosophie ainsi posé dès les premières phrases de l’ ouvrage sera, sans relâche, explicité jusqu’à la dernière ligne : « Le
1265 relâche, explicité jusqu’à la dernière ligne : «  Le passé se définit par le présent, non l’inverse… pour la raison très s
1266 u’à la dernière ligne : « Le passé se définit par le présent, non l’inverse… pour la raison très simple que n’importe quel
1267 ligne : « Le passé se définit par le présent, non l’ inverse… pour la raison très simple que n’importe quel événement est p
1268 sé se définit par le présent, non l’inverse… pour la raison très simple que n’importe quel événement est présent avant d’ê
1269 énement est présent avant d’être passé » et que «  la direction du temps n’est point passé-présent-futur, mais l’inverse :
1270 on du temps n’est point passé-présent-futur, mais l’ inverse : passible-passant-passé ». Que les causes du présent soient d
1271 r, mais l’inverse : passible-passant-passé ». Que les causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun
1272 nt-passé ». Que les causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, revien
1273 les causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’
1274 s du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bate
1275 t dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bateau est propulsé pa
1276 assé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bateau est propulsé par son silla
1277 ’est plus produit ce qui est ». En vérité, toutes les vraies causes sont causes finales. Seul le présent produit du passé,
1278 outes les vraies causes sont causes finales. Seul le présent produit du passé, non l’inverse. Mais qu’en est-il du présent
1279 es finales. Seul le présent produit du passé, non l’ inverse. Mais qu’en est-il du présent de ce siècle ? Jérôme Deshusses
1280 est-il du présent de ce siècle ? Jérôme Deshusses le voit comme la Géhenne, cette vallée proche de Jérusalem qui servait d
1281 ent de ce siècle ? Jérôme Deshusses le voit comme la Géhenne, cette vallée proche de Jérusalem qui servait de décharge mun
1282 salem qui servait de décharge municipale, « là où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets
1283 ipale, « là où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets, de ce qui ne sert à rien mais qui
1284 où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets, de ce qui ne sert à rien mais qui empeste et
1285 il dit bien qu’elle n’est pas la première — car «  le dessein de faire pièce à des calamités oblige à répéter ce qu’elles r
1286 e qu’elles ressassent », — mais que je tiens pour la plus signifiante, donc la plus terrifiante à ce jour. L’Europe des
1287  mais que je tiens pour la plus signifiante, donc la plus terrifiante à ce jour. L’Europe des virus L’activité humain
1288 ignifiante, donc la plus terrifiante à ce jour. L’ Europe des virus L’activité humaine a déjà détruit le quart des ter
1289 us terrifiante à ce jour. L’Europe des virus L’ activité humaine a déjà détruit le quart des terres cultivables de la
1290 pe des virus L’activité humaine a déjà détruit le quart des terres cultivables de la planète, mis fin à cinq-cent-trent
1291 a déjà détruit le quart des terres cultivables de la planète, mis fin à cinq-cent-trente espèces animales et à vingt mille
1292 es et à vingt mille espèces végétales, empoisonné les lacs Érié, Baïkal, Balaton, et des fleuves comme le Rhin, pollué par
1293 lacs Érié, Baïkal, Balaton, et des fleuves comme le Rhin, pollué par cinq pays. (« L’Europe des nations piétine, mais cel
1294 s fleuves comme le Rhin, pollué par cinq pays. («  L’ Europe des nations piétine, mais celle des virus est faite. ») Le plan
1295 tions piétine, mais celle des virus est faite. ») Le plancton des océans, attaqué par le dégazage en mer des pétroliers, m
1296 est faite. ») Le plancton des océans, attaqué par le dégazage en mer des pétroliers, menace plus encore que la destruction
1297 age en mer des pétroliers, menace plus encore que la destruction des forêts la production de l’oxygène dont dépend toute l
1298 menace plus encore que la destruction des forêts la production de l’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La n
1299 re que la destruction des forêts la production de l’ oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La nature ne pardonne
1300 rêts la production de l’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des cou
1301 duction de l’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des coups, elle pe
1302 ’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. «  La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des coups, elle peut en suppor
1303 apocalypse pour chiquenaude. » Huit habitants de la planète sur dix sont sous-alimentés, les deux autres mangent deux foi
1304 itants de la planète sur dix sont sous-alimentés, les deux autres mangent deux fois trop. On prévoit que cinq-cents-million
1305 nq-cents-millions d’enfants mourront de faim dans les vingt-cinq prochaines années. Tout cela pour quels motifs futiles ? «
1306 ur quels motifs futiles ? « Qui décide d’échanger l’ eau douce contre du sucre raffiné pour rien et du papier d’emballage f
1307 qué pour personne ? Rien, justement, et personne, les deux piliers de la grande famille humaine. » Entre le désordre absolu
1308 Rien, justement, et personne, les deux piliers de la grande famille humaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la
1309 eux piliers de la grande famille humaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout s
1310 de famille humaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le
1311 umaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le final : « E
1312 ésordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le final : « Entre la famine et la
1313 pulation et la bombe H, tout se met en place pour le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix :
1314 e H, tout se met en place pour le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les
1315 met en place pour le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surt
1316 « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « r
1317 rre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « retour à la nature », express
1318 deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « retour à la nature », expression de l’espèce « cercle carré ». Natura signifie ce
1319 arle pas de « retour à la nature », expression de l’ espèce « cercle carré ». Natura signifie ce qui doit naître. La nature
1320 rcle carré ». Natura signifie ce qui doit naître. La nature est toujours en avant, vers l’avenir. « L’environnement et la
1321 oit naître. La nature est toujours en avant, vers l’ avenir. « L’environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premie
1322 La nature est toujours en avant, vers l’avenir. «  L’ environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premier nous somme
1323 urs en avant, vers l’avenir. « L’environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premier nous sommes le centre, et de
1324 ture, c’est d’abord nous : du premier nous sommes le centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Figure de pro
1325 mes le centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Figure de proue de l’Histoire naturelle, « l’Histoire humai
1326 nous représentons la pointe. » Figure de proue de l’ Histoire naturelle, « l’Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix
1327 nte. » Figure de proue de l’Histoire naturelle, «  l’ Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre l’horreur de so
1328 turelle, « l’Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre l’horreur de son propre tintamarre et la voie des aveu
1329 ire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre l’ horreur de son propre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que l’ho
1330 ix qu’entre l’horreur de son propre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que l’homme existe, l’idéal n’a pas plus de po
1331 ropre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que l’ homme existe, l’idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idé
1332 et la voie des aveux… Depuis que l’homme existe, l’ idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui n
1333 homme existe, l’idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de
1334 Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de l’ esprit, nous le retrouvons à présent, péremptoire, meurtrier, définiti
1335 s appelait en vain du plus haut de l’esprit, nous le retrouvons à présent, péremptoire, meurtrier, définitif, au plus prof
1336 mptoire, meurtrier, définitif, au plus profond de la matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus
1337 rofond de la matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la destruction nucléaire que
1338 s dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la destruction nucléaire que par la transfiguration. Une « pédagogie
1339 plus échapper à la destruction nucléaire que par la transfiguration. Une « pédagogie des catastrophes » Ce que j’av
1340 pédagogie des catastrophes », se voit ici porté à l’ extrême du défi. « C’est la vie entière, cette fois, qui en est à tout
1341 », se voit ici porté à l’extrême du défi. « C’est la vie entière, cette fois, qui en est à tout risquer. Il faut donc que
1342 Il faut donc que ce soit pour tout avoir… Ou bien la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance
1343 out avoir… Ou bien la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre
1344 n la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot
1345 e n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot ‟apocaly
1346 aissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot ‟apocalypse” ne signifie pas catastrophe, même si les catastrophe
1347 ‟apocalypse” ne signifie pas catastrophe, même si les catastrophes l’environnent : il veut dire ‟révélation” ». Entre Géhen
1348 ignifie pas catastrophe, même si les catastrophes l’ environnent : il veut dire ‟révélation” ». Entre Géhenne et Parousie,
1349 , six chapitres non moins implacables développent la logique du mensonge qui nous a conduits où nous sommes : la Foire d’e
1350 du mensonge qui nous a conduits où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la
1351 ts où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’ économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-c
1352 Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-croisé de mensonges » q
1353 , et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-croisé de mensonges » qui serait (selon
1354 « chassé-croisé de mensonges » qui serait (selon l’ auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la
1355 croisé de mensonges » qui serait (selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le
1356 ges » qui serait (selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussa
1357 (selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’ inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseigne
1358 d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’O
1359 famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’Observatoi
1360 au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’ enseignement et l’art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativ
1361 vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’ art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychana
1362 es faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’ Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychanalyse reconduites
1363 nt et l’art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychanalyse reconduites à leurs tautologies ou à le
1364 ne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychanalyse reconduites à leurs tautologies ou à leur misère philoso
1365 eurs tautologies ou à leur misère philosophique ; l’ Incantation aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi,
1366 osophique ; l’Incantation aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient renvoyés a
1367 aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient renvoyés au néant noétique de leur
1368 es, dans lequel les religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient renvoyés au néant noétique de leur commun ma
1369 mun matérialisme. En désaccord avec Deshusses sur l’ interprétation éthique d’un grand nombre des exemples qu’il allègue, j
1370 mbre des exemples qu’il allègue, je coïncide pour l’ essentiel avec ses vues philosophiques, tout en ressentant l’absence —
1371 avec ses vues philosophiques, tout en ressentant l’ absence — est-elle voulue ? — d’une Politique qui montrerait quelques
1372 ique qui montrerait quelques moyens de répondre à l’ appel de nos plus hautes fins. Car toute cette entreprise démesurée, q
1373 s de marteau » est un appel à délivrer Prométhée. L’ Audacieux Souffrant préfigure l’humanité indivisible de demain — si no
1374 livrer Prométhée. L’Audacieux Souffrant préfigure l’ humanité indivisible de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans
1375 de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans le Grand Soir où nous voici jetés. Publiés coup sur coup, séparément, ce
1376 ongées. Réunis en une masse redoutable autant par la densité de l’information et la rigueur de la déduction que par l’inso
1377 en une masse redoutable autant par la densité de l’ information et la rigueur de la déduction que par l’insolence du style
1378 outable autant par la densité de l’information et la rigueur de la déduction que par l’insolence du style, ils ont fait re
1379 par la densité de l’information et la rigueur de la déduction que par l’insolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ic
1380 information et la rigueur de la déduction que par l’ insolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ici les critiques cherc
1381 nsolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ici les critiques cherchant des repères mais qui n’arrivent pas à distinguer
1382 ais qui n’arrivent pas à distinguer si cet auteur nouveau — moins de quarante ans, j’imagine — est de gauche ou de droite. Il c
1383 imagine — est de gauche ou de droite. Il condamne la propriété, exige l’égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx,
1384 che ou de droite. Il condamne la propriété, exige l’ égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et la science
1385 mne la propriété, exige l’égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé). Les dieu
1386 tale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se ven
1387 couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’ a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se vengent : silence s
1388 aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se vengent : silence sur ce blasphé
1389 p bien son affaire. Pourtant, un tel mordant dans la dénonciation de nos faux-fuyants, une telle rage de dire vrai et plus
1390 ette manière intrépide et joyeuse de faire face à la vérité dans tous ses risques, on n’avait pas vu cela depuis Nietzsche
1391 pas vu cela depuis Nietzsche. Jérôme Deshusses a le temps pour — à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de le défini
1392 — à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de le définir un petit hebdo contestataire de son pays — qui est aussi le m
1393 nt Denis de, « Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? », Le Monde, Paris, 16 mars 1979, p. 17 et 23.
12 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)
1394 Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)p
1395 Le fédéralisme helvétique dans l’ Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)p Depuis plusieurs génération
1396 4-25 juin 1979)p Depuis plusieurs générations, l’ école offre à l’administration des élèves, de ce côté-ci du Jura, Guil
1397 Depuis plusieurs générations, l’école offre à l’ administration des élèves, de ce côté-ci du Jura, Guillaume Tell, l’ar
1398 es élèves, de ce côté-ci du Jura, Guillaume Tell, l’ arbalétrier barbu qui défie le tyran au nom des droits locaux ; mais,
1399 ra, Guillaume Tell, l’arbalétrier barbu qui défie le tyran au nom des droits locaux ; mais, à l’Ouest, ces grands commis e
1400 défie le tyran au nom des droits locaux ; mais, à l’ Ouest, ces grands commis emperruqués, serviteurs exemplaires de celui
1401 erviteurs exemplaires de celui qui aurait dit : «  L’ État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, ex
1402 elui qui aurait dit : « L’État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédéralisme helv
1403 conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédéralisme helvétique aux admirateurs de Colbert, des jacobins et de
1404 Napoléon, est peut-être une tâche impossible dès le principe. Essayons cependant, pour voir. La fédération suisse est née
1405 e dès le principe. Essayons cependant, pour voir. La fédération suisse est née au xiiie siècle d’un pacte (fœdus, d’où fœ
1406 d’un pacte (fœdus, d’où fœderatio) conclu entre «  les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la co
1407 dus, d’où fœderatio) conclu entre « les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux
1408 io) conclu entre « les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inf
1409 re « les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unte
1410 allée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les
1411 e de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les trois « communes fores
1412 de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les trois « communes forestières » qui occupaient les approches par le no
1413 les trois « communes forestières » qui occupaient les approches par le nord du col du Gothard. Celui-ci, ouvert au premier
1414 es forestières » qui occupaient les approches par le nord du col du Gothard. Celui-ci, ouvert au premier tiers du siècle,
1415 ci, ouvert au premier tiers du siècle, traversait les deux chaînes des Alpes à leur unique intersection, entre les sources
1416 aînes des Alpes à leur unique intersection, entre les sources du Rhône et du Rhin, reliant ainsi d’un seul trait les deux m
1417 u Rhône et du Rhin, reliant ainsi d’un seul trait les deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et la latine. S’unir po
1418 d’un seul trait les deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et la latine. S’unir pour rester libres Garder libre
1419 es deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et la latine. S’unir pour rester libres Garder libre le col pour toute
1420 tine. S’unir pour rester libres Garder libre le col pour toute l’Europe, telle est la mission initiale et fondatrice
1421 r rester libres Garder libre le col pour toute l’ Europe, telle est la mission initiale et fondatrice des vallées, qui r
1422 arder libre le col pour toute l’Europe, telle est la mission initiale et fondatrice des vallées, qui reçoivent à cette fin
1423 fondatrice des vallées, qui reçoivent à cette fin l’ « immédiateté impériale » : désormais, elles ne relèveront plus des se
1424 s seigneuries ni des puissances voisines, mais de la seule couronne qui symbolise la grande communauté du continent. À cet
1425 voisines, mais de la seule couronne qui symbolise la grande communauté du continent. À cette garantie, symbolique elle aus
1426 ique elle aussi, il est donc nécessaire d’ajouter l’ assurance très concrète d’un pacte de défense mutuelle, juré en 1291,
1427 de défense mutuelle, juré en 1291, « statué pour l’ utilité commune et devant, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité ». Au
1428 comme Neuchâtel), ou fédérations de vallées comme les ligues grisonnes, qui forment à elles seules un microcosme des ligues
1429 politique, c’est-à-dire ses « libertés », contre les entreprises impérialistes des voisins autrichiens ou lombards, souabe
1430 ntons ou en États souverains. Elles n’éprouveront la nécessité de consolider leurs liens séculaires qu’en 1848, au lendema
1431 main d’une dernière guerre de religion, et devant la montée, dans toute l’Europe, du mouvement de masses visant à constitu
1432 erre de religion, et devant la montée, dans toute l’ Europe, du mouvement de masses visant à constituer de grandes unités n
1433 . Contre ce double péril, intérieur et extérieur, les cantons vont faire mieux que renouveler leur pacte général : ils se d
1434 titution fédérale dont il importe de rappeler ici les caractéristiques mémorables. L’article premier annonce que « les peup
1435 de rappeler ici les caractéristiques mémorables. L’ article premier annonce que « les peuples des vingt-trois cantons souv
1436 iques mémorables. L’article premier annonce que «  les peuples des vingt-trois cantons souverains de la Suisse forment dans
1437 les peuples des vingt-trois cantons souverains de la Suisse forment dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’articl
1438 ouverains de la Suisse forment dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’article 2 définit : « Assurer l’indépendanc
1439 ent dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’ article 2 définit : « Assurer l’indépendance de la patrie contre l’étr
1440 ération suisse ». L’article 2 définit : « Assurer l’ indépendance de la patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité
1441 L’article 2 définit : « Assurer l’indépendance de la patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’in
1442 it : « Assurer l’indépendance de la patrie contre l’ étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger
1443 endance de la patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les dro
1444 e contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés,
1445 contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accr
1446 ’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’ intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accroître
1447 a tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accroître leur prospérité commu
1448 et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accroître leur prospérité commune. » L’article
1449 confédérés, accroître leur prospérité commune. » L’ article 3 précise que « les cantons sont souverains, en tant que leur
1450 r prospérité commune. » L’article 3 précise que «  les cantons sont souverains, en tant que leur souveraineté n’est pas limi
1451 tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la Constitution fédérale », et qu’ils exercent « tous les droits qui ne
1452 onstitution fédérale », et qu’ils exercent « tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral ». Moyennant quoi
1453 pas délégués au pouvoir fédéral ». Moyennant quoi l’ article 5 — que j’ai nommé celui de la quadrature du cercle — déclare
1454 ennant quoi l’article 5 — que j’ai nommé celui de la quadrature du cercle — déclare que « la Confédération garantit aux ca
1455 celui de la quadrature du cercle — déclare que «  la Confédération garantit aux cantons leur territoire, leur souveraineté
1456 x cantons leur territoire, leur souveraineté dans les limites définies par l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et
1457 , leur souveraineté dans les limites définies par l’ article 3, leurs Constitutions, la liberté et les droits du peuple, le
1458 es définies par l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et les droits du peuple, les droits constitutionnels des cito
1459 r l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et les droits du peuple, les droits constitutionnels des citoyens, ainsi que
1460 onstitutions, la liberté et les droits du peuple, les droits constitutionnels des citoyens, ainsi que les droits que le peu
1461 s droits constitutionnels des citoyens, ainsi que les droits que le peuple a conférés aux autorités ». Quant aux limites po
1462 tutionnels des citoyens, ainsi que les droits que le peuple a conférés aux autorités ». Quant aux limites posées à la souv
1463 férés aux autorités ». Quant aux limites posées à la souveraineté des cantons, elles sont définies par l’article 8 : « La
1464 souveraineté des cantons, elles sont définies par l’ article 8 : « La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre
1465 cantons, elles sont définies par l’article 8 : «  La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure l
1466 nies par l’article 8 : « La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de fair
1467 : « La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de faire avec des États étra
1468 ule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de faire avec des États étrangers des alliances et de
1469 s traités, notamment de douanes et de commerce. » L’ autorité suprême de la Confédération sera exercée par l’Assemblée fédé
1470 e douanes et de commerce. » L’autorité suprême de la Confédération sera exercée par l’Assemblée fédérale, qui se composera
1471 rité suprême de la Confédération sera exercée par l’ Assemblée fédérale, qui se composera de deux chambres : le Conseil nat
1472 lée fédérale, qui se composera de deux chambres : le Conseil national, formé des députés du peuple suisse, et le Conseil d
1473 national, formé des députés du peuple suisse, et le Conseil des États (correspondant au Sénat américain), formé de deux d
1474 nat américain), formé de deux députés par canton. L’ autorité exécutive est exercée par un conseil fédéral composé de sept
1475 conseil fédéral composé de sept membres, élus par l’ Assemblée, et qui dirigent chacun un département fédéral (ou ministère
1476 (ou ministère). Ces ministres ne représentent pas les cantons et ne sont pas renversés par les chambres. Si tel projet de l
1477 tent pas les cantons et ne sont pas renversés par les chambres. Si tel projet de loi qu’ils présentent n’est pas accepté, i
1478 t de loi qu’ils présentent n’est pas accepté, ils le retirent sans se retirer eux-mêmes. Les droits d’initiative et de réf
1479 cepté, ils le retirent sans se retirer eux-mêmes. Les droits d’initiative et de référendum, tant en matière constitutionnel
1480 nstitutionnelle que législative, sont exercés par le peuple dès qu’un nombre suffisant de citoyens en font la demande. La
1481 le dès qu’un nombre suffisant de citoyens en font la demande. La préoccupation déterminante de cette Constitution est de t
1482 nombre suffisant de citoyens en font la demande. La préoccupation déterminante de cette Constitution est de toute évidenc
1483 nante de cette Constitution est de toute évidence la sauvegarde des autonomies cantonales, fût-ce au prix de la délégation
1484 arde des autonomies cantonales, fût-ce au prix de la délégation à un pouvoir fédéral de ceux des attributs de la souverain
1485 ion à un pouvoir fédéral de ceux des attributs de la souveraineté qu’aucun canton ne saurait prétendre exercer seul : la d
1486 ’aucun canton ne saurait prétendre exercer seul : la défense, les relations avec les grands États voisins, et la politique
1487 n ne saurait prétendre exercer seul : la défense, les relations avec les grands États voisins, et la politique économique g
1488 dre exercer seul : la défense, les relations avec les grands États voisins, et la politique économique générale. Situation
1489 , les relations avec les grands États voisins, et la politique économique générale. Situation en tous points comparable à
1490 e. Situation en tous points comparable à celle de l’ Europe du xxe siècle, qui appelle impérieusement le même type de solu
1491 Europe du xxe siècle, qui appelle impérieusement le même type de solutions. L’union pour la diversité Ce qu’il impo
1492 elle impérieusement le même type de solutions. L’ union pour la diversité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la
1493 sement le même type de solutions. L’union pour la diversité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la fédération n
1494 rsité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la fédération n’a pas pour but la création d’une puissance collective, m
1495 uligner, c’est que la fédération n’a pas pour but la création d’une puissance collective, mais au contraire, la garantie d
1496 on d’une puissance collective, mais au contraire, la garantie des libertés particulières, qui autrement resteraient sans d
1497 fense, et que nul n’aurait charge d’assurer. Sans l’ union fédérale, qui procure les moyens de défendre le tout, nulle part
1498 rge d’assurer. Sans l’union fédérale, qui procure les moyens de défendre le tout, nulle partie n’eût été en mesure d’assure
1499 nion fédérale, qui procure les moyens de défendre le tout, nulle partie n’eût été en mesure d’assurer son indépendance. Le
1500 e n’eût été en mesure d’assurer son indépendance. Les cantons alémaniques eussent été revendiqués par le Deutschtum, le Tes
1501 s cantons alémaniques eussent été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût
1502 niques eussent été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort d
1503 été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’ Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’a
1504 e Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’annexion pure et simple
1505 l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’annexion pure et simple, assaisonnée de préfets et
1506 à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’ annexion pure et simple, assaisonnée de préfets et de la lecture exclu
1507 xion pure et simple, assaisonnée de préfets et de la lecture exclusive mais obligatoire du Moniteur. On a trop dit que l’u
1508 e mais obligatoire du Moniteur. On a trop dit que l’ union fédérale est une union dans la diversité comme s’il s’agissait l
1509 trop dit que l’union fédérale est une union dans la diversité comme s’il s’agissait là d’une prouesse paradoxale ou d’un
1510 prouesse paradoxale ou d’un compromis empirique. L’ union fédérale, à vrai dire, ne se fait pas en dépit de la diversité,
1511 fédérale, à vrai dire, ne se fait pas en dépit de la diversité, mais pour la maintenir et perpétuer, parce qu’en elle seul
1512 e se fait pas en dépit de la diversité, mais pour la maintenir et perpétuer, parce qu’en elle seule, résident la santé et
1513 ir et perpétuer, parce qu’en elle seule, résident la santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur trag
1514 uer, parce qu’en elle seule, résident la santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jac
1515 n elle seule, résident la santé et la vitalité de l’ ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jacobins de gauche
1516 a santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jacobins de gauche et de droite, qui s’ima
1517 qui s’imaginent, comme MM. Marchais et Debré, que le fédéralisme interne conduirait au séparatisme, tandis que la fédérati
1518 sme interne conduirait au séparatisme, tandis que la fédération européenne conduirait au contraire à la fusion de toutes l
1519 a fédération européenne conduirait au contraire à la fusion de toutes les diversités dans « un magma informe », comme cert
1520 nne conduirait au contraire à la fusion de toutes les diversités dans « un magma informe », comme certains le ressassent. I
1521 ersités dans « un magma informe », comme certains le ressassent. Il n’y a en vérité aucune raison pour qu’une Europe fédér
1522 nces, mais on ne voit que trop bien ce qui incite les jacobins de tous pays à craindre que les nations étatisées de l’Europ
1523 i incite les jacobins de tous pays à craindre que les nations étatisées de l’Europe actuelle ne soient traitées comme le fu
1524 tous pays à craindre que les nations étatisées de l’ Europe actuelle ne soient traitées comme le furent les « nations » pri
1525 ées de l’Europe actuelle ne soient traitées comme le furent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne
1526 urope actuelle ne soient traitées comme le furent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans u
1527 ées comme le furent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’Espag
1528 urent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’Espagne — ces trois
1529 a Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’ Espagne — ces trois prototypes de l’État national. Les pratiques fédér
1530 re mesure, de l’Espagne — ces trois prototypes de l’ État national. Les pratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans
1531 spagne — ces trois prototypes de l’État national. Les pratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de
1532 ratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de l’Europe au temps du Saint-Empire romain germanique, du
1533 ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de l’ Europe au temps du Saint-Empire romain germanique, du xe au xviie si
1534 germanique, du xe au xviie siècle. Aujourd’hui, les nations les plus modernes de tous les continents se réclament du modè
1535 du xe au xviie siècle. Aujourd’hui, les nations les plus modernes de tous les continents se réclament du modèle fédéralis
1536 ujourd’hui, les nations les plus modernes de tous les continents se réclament du modèle fédéraliste : Canada, USA, Mexique,
1537 Brésil, Nigéria, Inde, URSS, RFA. En Europe même, l’ évolution vers la formule des régions fédérées vient de marquer des pr
1538 Inde, URSS, RFA. En Europe même, l’évolution vers la formule des régions fédérées vient de marquer des progrès spectaculai
1539 vient de marquer des progrès spectaculaires, avec la récente Constitution espagnole et le projet de Constitution belge. Ma
1540 laires, avec la récente Constitution espagnole et le projet de Constitution belge. Mais, dira-t-on, toutes les fédérations
1541 et de Constitution belge. Mais, dira-t-on, toutes les fédérations existantes ne se voient-elles pas contraintes, sous la pr
1542 istantes ne se voient-elles pas contraintes, sous la pression des faits, à renforcer les mesures de centralisation ? La Su
1543 traintes, sous la pression des faits, à renforcer les mesures de centralisation ? La Suisse même peut-elle échapper à ce pr
1544 aits, à renforcer les mesures de centralisation ? La Suisse même peut-elle échapper à ce processus ? C’est oublier que le
1545 -elle échapper à ce processus ? C’est oublier que le principe de répartition des pouvoirs, dans une fédération digne du no
1546 ns une fédération digne du nom, consiste à situer les décisions au niveau communautaire le mieux accordé aux dimensions de
1547 te à situer les décisions au niveau communautaire le mieux accordé aux dimensions de la tâche considérée, et toujours en p
1548 communautaire le mieux accordé aux dimensions de la tâche considérée, et toujours en partant des plus petites unités : co
1549  : communes, ateliers, coopératives. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos des USA, m
1550 ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la m
1551 ar une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
1552 a famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le
1553 ire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que
1554 pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le
1555 municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
1556 ire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. »
1557 pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Il est normal qu’à mesur
1558 euvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Il est normal qu’à mesure qu’augmentent les dimensions des t
1559 faire. » Il est normal qu’à mesure qu’augmentent les dimensions des tâches — transports, énergie, emploi, inflation, défen
1560 transports, énergie, emploi, inflation, défense — le niveau de la décision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les o
1561 nergie, emploi, inflation, défense — le niveau de la décision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les objets cités c
1562 écision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les objets cités ci-dessus) ou mondial (s’il s’agit des océans et des for
1563 mondial (s’il s’agit des océans et des forêts de la planète, c’est-à-dire de l’air respirable par l’espèce humaine). Pas
1564 éans et des forêts de la planète, c’est-à-dire de l’ air respirable par l’espèce humaine). Pas question de centralisation d
1565 la planète, c’est-à-dire de l’air respirable par l’ espèce humaine). Pas question de centralisation dans tout cela, mais d
1566 ationnelle des dimensions d’une tâche à celles de la communauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéra
1567 dimensions d’une tâche à celles de la communauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon l
1568 e à celles de la communauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon la pratique six fois sé
1569 la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon la pratique six fois séculaire des Suisses, quelle
1570 la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon la pratique six fois séculaire des Suisses, quelles sont ses chances dan
1571 ulaire des Suisses, quelles sont ses chances dans le monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de
1572 uelles sont ses chances dans le monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dime
1573 e de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de nos problèmes devenant de
1574 paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de nos problèmes devenant de plus en plus continentales, v
1575 s continentales, voire mondiales, il apparaît que la formule fédérale qui a fait la Suisse ne peut plus se limiter aux fro
1576 s, il apparaît que la formule fédérale qui a fait la Suisse ne peut plus se limiter aux frontières de ce pays. Transposant
1577 se limiter aux frontières de ce pays. Transposant la thèse de Trotski sur le communisme, reconnaissons que « le fédéralism
1578 s de ce pays. Transposant la thèse de Trotski sur le communisme, reconnaissons que « le fédéralisme n’est plus possible da
1579 de Trotski sur le communisme, reconnaissons que «  le fédéralisme n’est plus possible dans un seul pays ». Ou bien la formu
1580 n’est plus possible dans un seul pays ». Ou bien la formule suisse va s’étendre à l’Europe, ou bien la Suisse va se voir
1581 pays ». Ou bien la formule suisse va s’étendre à l’ Europe, ou bien la Suisse va se voir réduite au statut d’un État-natio
1582 a formule suisse va s’étendre à l’Europe, ou bien la Suisse va se voir réduite au statut d’un État-nation en réduction, av
1583 De grandes disputes se sont élevées en France sur le dilemme « fédération ou confédération ». La distinction entre ces ter
1584 e sur le dilemme « fédération ou confédération ». La distinction entre ces termes, inexistante dans l’expérience historiqu
1585 La distinction entre ces termes, inexistante dans l’ expérience historique de la Suisse, ne correspond qu’à des définitions
1586 rmes, inexistante dans l’expérience historique de la Suisse, ne correspond qu’à des définitions académiques et, par nature
1587 nature, conventionnelles. En revanche, lorsqu’on l’ invoque avec passion, comme on l’a fait tout au long de la campagne po
1588 anche, lorsqu’on l’invoque avec passion, comme on l’ a fait tout au long de la campagne pour l’élection de l’Assemblée des
1589 e avec passion, comme on l’a fait tout au long de la campagne pour l’élection de l’Assemblée des Neuf, elle devient très r
1590 omme on l’a fait tout au long de la campagne pour l’ élection de l’Assemblée des Neuf, elle devient très révélatrice du tau
1591 it tout au long de la campagne pour l’élection de l’ Assemblée des Neuf, elle devient très révélatrice du taux de sincérité
1592 révélatrice du taux de sincérité des partisans de l’ union. Ceux qui préconisent la confédération optent pour la formule mé
1593 té des partisans de l’union. Ceux qui préconisent la confédération optent pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoi
1594 Ceux qui préconisent la confédération optent pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoit l’échec à terme, de la simp
1595 pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoit l’ échec à terme, de la simple liaison : je ne m’engage à rien au-delà de
1596 ante, égoïste, et qui prévoit l’échec à terme, de la simple liaison : je ne m’engage à rien au-delà de ce qui me convient,
1597 t, tant pis pour l’autre. Et ceux qui préconisent la fédération optent pour la formule créatrice et confiante du mariage :
1598 Et ceux qui préconisent la fédération optent pour la formule créatrice et confiante du mariage : nous nous engageons récip
1599 riage : nous nous engageons réciproquement « pour le meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », do
1600 gageons réciproquement « pour le meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », donc sans limitation d
1601 ur le meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », donc sans limitation d’intérêt ni de temps. Enfin
1602 n même temps raisonnable ! Fédéral ou confédéral, le modèle suisse figure dans l’Europe d’aujourd’hui à la fois le dernier
1603 déral ou confédéral, le modèle suisse figure dans l’ Europe d’aujourd’hui à la fois le dernier témoin de l’antique unité de
1604 rope d’aujourd’hui à la fois le dernier témoin de l’ antique unité de nos peuples et le présage d’un renouveau possible.
1605 rnier témoin de l’antique unité de nos peuples et le présage d’un renouveau possible. p. Rougemont Denis de, « Le fédé
1606 renouveau possible. p. Rougemont Denis de, «  Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris
1607 gemont Denis de, « Le fédéralisme helvétique dans l’ Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris, 24–25 juin 1979, p. 5 et 9.
1608 ralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris, 24–25 juin 1979, p. 5 et 9.
13 1982, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)
1609 L’ amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le prin
1610 L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui r
1611 L’amour, les régions et l’ Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui rassemble les d
1612 gions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui rassemble les divers aspects de votre personnalité ? Dis
1613 ût 1982)q r Quel est le principe qui rassemble les divers aspects de votre personnalité ? Disons que c’est une idée de l
1614 votre personnalité ? Disons que c’est une idée de l’ homme, qui s’est constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’h
1615 constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’ homme considéré en tant que personne. Cela voulait dire pour moi un in
1616 inition très proche de celles qu’avaient adoptées les groupes de jeunes intellectuels qu’on appelle aujourd’hui « les non-c
1617 jeunes intellectuels qu’on appelle aujourd’hui «  les non-conformistes des années 1930 », et que j’ai connus dès mon arrivé
1618 mon arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier les revues Esprit et L’Ordre nouveau 2, auxquelles j’ai collaboré dès
1619 Hic et Nunc , qui introduisit en France, en 1932, les œuvres de Kierkegaard et de Karl Barth, mais aussi de Heidegger et Ja
1620 ais aussi de Heidegger et Jaspers. Politique de la personne , 1934, Penser avec les mains , 1936, ont développé les con
1621 934, Penser avec les mains , 1936, ont développé les conséquences politiques et culturelles du personnalisme. Quant à L’A
1622 itiques et culturelles du personnalisme. Quant à L’ Amour et l’Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatiq
1623 culturelles du personnalisme. Quant à L’Amour et l’ Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatique de l’eng
1624 ’Amour et l’Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatique de l’engagement et de la passion. Deux personnes
1625 en 1939, il est né de la rencontre dramatique de l’ engagement et de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie
1626 de la rencontre dramatique de l’engagement et de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage,
1627 de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort
1628 Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort son suprême a
1629 ngagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que l’ amour-passion trouve dans la mort son suprême accomplissement, comme l
1630 e mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tristan
1631 e dans la mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’a
1632 mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’ai découver
1633 mplissement, comme le montre le roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’ai découvert en écrivant ce livr
1634 eux dire. J’ai découvert en écrivant ce livre que les notions de personne et d’amour-passion n’existaient qu’en Europe, et
1635 ion n’existaient qu’en Europe, et c’est peut-être le point de départ de cette longue interrogation sur l’identité européen
1636 point de départ de cette longue interrogation sur l’ identité européenne que j’ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’
1637 ans beaucoup d’ouvrages, et qui m’a conduit après la guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la culture, dont je
1638 i m’a conduit après la guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la culture, dont je suis le président, puis l’Inst
1639 e, le Centre européen de la culture, dont je suis le président, puis l’Institut universitaire d’études européennes, où je
1640 en de la culture, dont je suis le président, puis l’ Institut universitaire d’études européennes, où je donne encore des co
1641 donne encore des cours. Une étude approfondie de la culture européenne et de ses sources m’a porté à des conclusions d’or
1642 e et de ses sources m’a porté à des conclusions d’ ordre politique. Pour défendre l’Europe, la vraie, celle de la culture gréc
1643 des conclusions d’ordre politique. Pour défendre l’ Europe, la vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne,
1644 usions d’ordre politique. Pour défendre l’Europe, la vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne, et d’abord
1645 tique. Pour défendre l’Europe, la vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne, et d’abord celtique et german
1646 anique, avec des apports arabes et slaves, contre l’ anti-Europe des États-nations, une seule solution : le fédéralisme, l’
1647 ti-Europe des États-nations, une seule solution : le fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’union pour les dive
1648 ats-nations, une seule solution : le fédéralisme, l’ union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protége
1649 une seule solution : le fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protéger. Ce qui rej
1650 e fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’ union pour les diversités à protéger. Ce qui rejoint exactement nos do
1651 , l’union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protéger. Ce qui rejoint exactement nos doctrines person
1652 raliste ? Quand je suis arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Ma
1653 uisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ai été mobilisé en 1939, comme officier, j’
1654 comme officier, j’ai découvert que mon pays était la meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même la s
1655 que mon pays était la meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même la seule, de nos théories personnal
1656 ximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même la seule, de nos théories personnalistes et fédéralistes. Et j’ai écrit
1657 istes. Et j’ai écrit pendant les premiers mois de la guerre Mission ou démission de la Suisse . Vous avez passé une parti
1658 emiers mois de la guerre Mission ou démission de la Suisse . Vous avez passé une partie de la guerre à New York, pourquoi
1659 sion de la Suisse . Vous avez passé une partie de la guerre à New York, pourquoi ? À cause d’un article écrit d’un trait l
1660 pourquoi ? À cause d’un article écrit d’un trait le 15 juin 1940 sur l’entrée de Hitler à Paris, et qui a été considéré c
1661 d’un article écrit d’un trait le 15 juin 1940 sur l’ entrée de Hitler à Paris, et qui a été considéré comme « insulte à che
1662 à chef d’État étranger », donc mettant en danger la sécurité de la Suisse. Cette accusation était la plus grave possible
1663 étranger », donc mettant en danger la sécurité de la Suisse. Cette accusation était la plus grave possible en temps de gue
1664 la sécurité de la Suisse. Cette accusation était la plus grave possible en temps de guerre. Je m’en suis tiré avec une co
1665 ement que par trois étoiles. Mon article est paru le 17 juin 1940, j’ose dire que j’ai devancé de Gaulle d’une journée en
1666 evancé de Gaulle d’une journée en affirmant que «  la confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-ê
1667 s impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un
1668 s. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’ âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un des initia
1669 conquiert pas avec des chars les dons de l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un des initiateurs à ce
1670 stance à tout prix, à la fois civil et militaire, la Ligue du Gothard. Je devenais gênant. On m’a envoyé aux États-Unis fa
1671 ant. On m’a envoyé aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le t
1672 aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer l’ oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le texte pour Honegger.
1673 l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le texte pour Honegger. Comment expliquez-vous votre réputation d’homme
1674 , alors que j’ai été l’un des premiers à dénoncer le national-socialisme dans tous mes livres d’avant la guerre, et surtou
1675 national-socialisme dans tous mes livres d’avant la guerre, et surtout dans mon Journal d’Allemagne , qu’il se garde bie
1676 elle, un critique qui avait amplifié sans retenue les impostures de Bernard-Henry Lévy4. Je ne puis accepter que des jeunes
1677 n compte par des « calomniateurs ignares », comme les a qualifiés un de mes témoins. Un homme responsable dans une commun
1678 responsable dans une communauté Quels ont été les rapports entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’existentiali
1679 ne communauté Quels ont été les rapports entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous
1680 ls ont été les rapports entre le personnalisme et l’ existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous a beaucoup emprunté
1681 rts entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’ existentialisme sartrien nous a beaucoup emprunté mais rien rendu. La
1682 artrien nous a beaucoup emprunté mais rien rendu. La notion d’engagement, par exemple, dérive du personnalisme, bien que l
1683 t, par exemple, dérive du personnalisme, bien que le mot, dans l’existentialisme, ait fini par signifier embrigadement, le
1684 e, dérive du personnalisme, bien que le mot, dans l’ existentialisme, ait fini par signifier embrigadement, le contraire de
1685 entialisme, ait fini par signifier embrigadement, le contraire de ce qu’il signifiait pour nous. Selon ses commentateurs,
1686 il signifiait pour nous. Selon ses commentateurs, le succès de Sartre dans le grand public serait dû à des formules comme 
1687 Selon ses commentateurs, le succès de Sartre dans le grand public serait dû à des formules comme : « L’engagement de l’écr
1688 e grand public serait dû à des formules comme : «  L’ engagement de l’écrivain » et « l’homme à la fois libre et responsable
1689 erait dû à des formules comme : « L’engagement de l’ écrivain » et « l’homme à la fois libre et responsable ». Sartre savai
1690 mules comme : « L’engagement de l’écrivain » et «  l’ homme à la fois libre et responsable ». Sartre savait très bien où il
1691 e et responsable ». Sartre savait très bien où il les avait prises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais r
1692 re savait très bien où il les avait prises, et me l’ a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais répété à Paris, semble-t
1693 rises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’ a jamais répété à Paris, semble-t-il. Du personnalisme, des personnali
1694 tes, que reste-t-il aujourd’hui ? Ils ont donné à la Résistance son idéologie d’union des peuples européens, en Allemagne
1695 politiques dès 1948, année du premier congrès de l’ Europe à La Haye, et jusqu’à nos jours. Et ce sont eux qui ont suscité
1696 rs. Et ce sont eux qui ont suscité un peu partout la renaissance de l’idée régionaliste, et de l’idée de service civil. No
1697 qui ont suscité un peu partout la renaissance de l’ idée régionaliste, et de l’idée de service civil. Nous avions tous en
1698 tout la renaissance de l’idée régionaliste, et de l’ idée de service civil. Nous avions tous en commun cette définition de
1699 l. Nous avions tous en commun cette définition de l’ homme vraiment humain : une personne responsable dans une communauté,
1700 plus vocation. Qu’est-ce qu’une vocation ? C’est l’ appel à inventer chacun pour soi son chemin vers le but ultime de tous
1701 ’appel à inventer chacun pour soi son chemin vers le but ultime de tous les hommes. Un sentier qui n’est pas tracé et que
1702 un pour soi son chemin vers le but ultime de tous les hommes. Un sentier qui n’est pas tracé et que chacun doit inventer en
1703 e à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage
1704 umière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la n
1705 omme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous
1706 it seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce c
1707 j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est la fo
1708 crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est la foi seule, « substance des choses espérées, ferme assurance de celles
1709 me assurance de celles qu’on ne voit pas », selon l’ Épître aux Hébreux. L’avenir du personnalisme ? Eh bien, j’ose dire qu
1710 qu’on ne voit pas », selon l’Épître aux Hébreux. L’ avenir du personnalisme ? Eh bien, j’ose dire qu’il se confond désorma
1711 bien, j’ose dire qu’il se confond désormais avec l’ avenir de la fédération européenne, ce qui signifie probablement avec
1712 dire qu’il se confond désormais avec l’avenir de la fédération européenne, ce qui signifie probablement avec l’avenir de
1713 ion européenne, ce qui signifie probablement avec l’ avenir de la paix. Mai 68 m’a fait l’effet d’une résurgence de nos pro
1714 ne, ce qui signifie probablement avec l’avenir de la paix. Mai 68 m’a fait l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de
1715 blement avec l’avenir de la paix. Mai 68 m’a fait l’ effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes des années
1716 slogan comme « small is beautiful » traduit bien l’ esprit qui nous animait quand nous disions que la personne ne peut se
1717 l’esprit qui nous animait quand nous disions que la personne ne peut se réaliser que dans l’action, mais que l’action n’e
1718 ions que la personne ne peut se réaliser que dans l’ action, mais que l’action n’est efficace qu’à l’échelle d’une petite c
1719 e ne peut se réaliser que dans l’action, mais que l’ action n’est efficace qu’à l’échelle d’une petite communauté, où la vo
1720 s l’action, mais que l’action n’est efficace qu’à l’ échelle d’une petite communauté, où la voix d’un citoyen peut porter,
1721 ficace qu’à l’échelle d’une petite communauté, où la voix d’un citoyen peut porter, c’est-à-dire à l’échelle d’une région,
1722 la voix d’un citoyen peut porter, c’est-à-dire à l’ échelle d’une région, et que les régions, pour garantir leur autonomie
1723 er, c’est-à-dire à l’échelle d’une région, et que les régions, pour garantir leur autonomie, doivent s’unir en fédérations
1724 ionales, puis continentales. Vos réactions, quand la gauche française a annoncé son programme de décentralisation ? Je me
1725 me de décentralisation ? Je me suis dit : enfin ! la France elle-même y vient ! Bien moins par conviction que par nécessit
1726 conviction que par nécessité, il est important de le marquer. Peut-être qu’elle y viendra vraiment, puisque les deux minis
1727 er. Peut-être qu’elle y viendra vraiment, puisque les deux ministres chargés de la régionalisation sont protestants, Deffer
1728 a vraiment, puisque les deux ministres chargés de la régionalisation sont protestants, Defferre et Rocard. Vous voyez un r
1729 tisme et régionalisme ? Bien sûr. Chacun sait que l’ Église des papes a repris les structures centralisées de l’Empire roma
1730 sûr. Chacun sait que l’Église des papes a repris les structures centralisées de l’Empire romain. Chez les protestants, c’e
1731 des papes a repris les structures centralisées de l’ Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité
1732 structures centralisées de l’Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’Église est
1733 s de l’Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’Église est concrètement une fédér
1734 . Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’ unité de base. L’Église est concrètement une fédération de paroisses.
1735 tants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’ Église est concrètement une fédération de paroisses. Le calvinisme a t
1736 ise est concrètement une fédération de paroisses. Le calvinisme a toujours été régionaliste. N’oubliez pas que les cal­vin
1737 me a toujours été régionaliste. N’oubliez pas que les cal­vinistes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du
1738 N’oubliez pas que les cal­vinistes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la directio
1739 e les cal­vinistes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la direction des princes du
1740 tes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la direction des princes du sang et de maré
1741 ud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la direction des princes du sang et de maréchaux protestants, ont été bi
1742 en près de créer une république fédérale du Midi. Le mot huguenot n’est vraisemblablement qu’une déformation du mot allema
1743 « compagnons du serment », et qui désignait alors les Suisses confédérés. Pour en revenir à la « décentralisation » annoncé
1744 t alors les Suisses confédérés. Pour en revenir à la « décentralisation » annoncée comme une pièce maîtresse du nouveau se
1745 alisation » annoncée comme une pièce maîtresse du nouveau septennat, c’est un terme dont les personnalistes se sont toujours mé
1746 îtresse du nouveau septennat, c’est un terme dont les personnalistes se sont toujours méfiés, car il suppose que c’est enco
1747 suppose que c’est encore au centre qu’appartient la distribution des pouvoirs, alors que le projet doit partir des citoye
1748 ppartient la distribution des pouvoirs, alors que le projet doit partir des citoyens, des communes, des régions, c’est-à-d
1749 es communes, des régions, c’est-à-dire d’en bas. Le sénateur David Moynihan, qui fut le représentant des États-Unis à l’O
1750 re d’en bas. Le sénateur David Moynihan, qui fut le représentant des États-Unis à l’ONU, l’a exprimé avec une simplicité
1751 oynihan, qui fut le représentant des États-Unis à l’ ONU, l’a exprimé avec une simplicité géniale : « Ne confiez jamais à u
1752 , qui fut le représentant des États-Unis à l’ONU, l’ a exprimé avec une simplicité géniale : « Ne confiez jamais à une plus
1753 ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la m
1754 ar une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
1755 a famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (nous dirions : l
1756 ire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (nous dirions : les régions) ne do
1757 pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que le
1758 unicipalité peut faire, les États (nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les régions) peuv
1759 États (nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les régions) peuvent faire, le gouvernement
1760 ns : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pa
1761 gions) ne doivent pas le faire. Ce que les États ( les régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire.
1762 re. Ce que les États (les régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Chaque problème doit êtr
1763 euvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Chaque problème doit être traité et résolu à son échelle, c’
1764 t être traité et résolu à son échelle, c’est tout le secret du système fédéraliste que je tiens pour seul capable de résou
1765 je tiens pour seul capable de résoudre au concret les grands problèmes générateurs de crise de notre civilisation. Depuis l
1766 énérateurs de crise de notre civilisation. Depuis les jacobins et Napoléon, le mot d’ordre a été de tout centraliser. Nos É
1767 re civilisation. Depuis les jacobins et Napoléon, le mot d’ordre a été de tout centraliser. Nos États-nations renfermés da
1768 out centraliser. Nos États-nations renfermés dans le carcan de leurs frontières n’ont plus d’autre mode de contact que le
1769 frontières n’ont plus d’autre mode de contact que le choc. Mais les régions s’articulent tout autrement. Elles se groupent
1770 nt plus d’autre mode de contact que le choc. Mais les régions s’articulent tout autrement. Elles se groupent, se recouvrent
1771 groupent, se recouvrent, vivent en symbiose comme les cellules d’un tissu organique. Je vois là notre seule garantie de pai
1772 ue. Je vois là notre seule garantie de paix, dans les États d’abord, en Europe ensuite, et à l’échelle mondiale finalement.
1773 , dans les États d’abord, en Europe ensuite, et à l’ échelle mondiale finalement. L’écrivain, fauteur de prises de consc
1774 e ensuite, et à l’échelle mondiale finalement. L’ écrivain, fauteur de prises de conscience Pour beaucoup de gens, vo
1775 coup de gens, vous êtes avant tout et malgré tout le reste, l’auteur de L’Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre
1776 ns, vous êtes avant tout et malgré tout le reste, l’ auteur de L’Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre ait un imp
1777 avant tout et malgré tout le reste, l’auteur de L’ Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre ait un impact différent
1778 et malgré tout le reste, l’auteur de L’Amour et l’ Occident . Pensez-vous que ce livre ait un impact différent aujourd’hu
1779 ui qu’à sa publication en 1939 ? Si j’en juge par le nombre de rééditions, de traductions et de préfaces nouvelles, au cou
1780 mbre de rééditions, de traductions et de préfaces nouvelles , au cours de ces trois dernières années, c’est-à-dire plus de quarant
1781 ublication de cet ouvrage en France, je pense que les jeunes gens d’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui le lis
1782 e, je pense que les jeunes gens d’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui le lisaient pendant la dernière guerre :
1783 ’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui le lisaient pendant la dernière guerre : ils prennent conscience de ce q
1784 e guerre : ils prennent conscience de ce que sont la passion et le mariage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut le
1785 prennent conscience de ce que sont la passion et le mariage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut les aider à préc
1786 iage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut les aider à préciser des notions qui restaient confuses dans leur esprit.
1787 qu’on attend d’une psychanalyse. Pensez-vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de l’amour soient encore vivants en
1788 alyse. Pensez-vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de l’amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la
1789 vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de l’ amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou s
1790 Mythes de l’amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les ta
1791 r soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pa
1792 bstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste a été condamné pa
1793 a passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste a été condamné par toutes les
1794 ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’ inceste a été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdi
1795 as des modes. L’inceste a été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas changé que je sache depuis
1796 este a été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas changé que je sache depuis Freud. Ce qui n’e
1797 ible de changer à plus ou moins long terme, c’est la permissivité actuelle, qui est à bien des égards un retour aux pratiq
1798 à bien des égards un retour aux pratiques d’avant l’ ère victorienne, bourgeoise. Quels écrivains, pour vous, ont le mieux
1799 enne, bourgeoise. Quels écrivains, pour vous, ont le mieux exprimé les consciences et l’inconscient de notre époque ? Pour
1800 Quels écrivains, pour vous, ont le mieux exprimé les consciences et l’inconscient de notre époque ? Pour l’inconscient, pa
1801 our vous, ont le mieux exprimé les consciences et l’ inconscient de notre époque ? Pour l’inconscient, par définition, il e
1802 nsciences et l’inconscient de notre époque ? Pour l’ inconscient, par définition, il est impossible de vous répondre, du mo
1803 a comme annonciateur des régimes totalitaires dès les années 1920. Pour les consciences, au pluriel comme vous avez raison
1804 es régimes totalitaires dès les années 1920. Pour les consciences, au pluriel comme vous avez raison de le marquer, je cite
1805 consciences, au pluriel comme vous avez raison de le marquer, je citerais Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lewis Mumford, e
1806 is Mumford, et j’oserais suggérer mes livres. Dès l’ âge de 22 ans, j’ai écrit contre Ford, et quelques années plus tard co
1807 ord, et quelques années plus tard contre Hitler : l’ auto et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « hist
1808 elques années plus tard contre Hitler : l’auto et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « histoires de f
1809 et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus meurtrières. E
1810 les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus meurtrières. En militant pour une fédération de l’Europe des rég
1811 s meurtrières. En militant pour une fédération de l’ Europe des régions — ces régions tellement d’actualité aujourd’hui —,
1812 ssimiste ou optimiste ? Si je vous réponds que «  l’ avenir est notre affaire  », me trouverez-vous pessimiste ou optimiste
1813 gez-vous ce siècle ? C’est sans nul doute de tous les siècles de notre civilisation celui où les gens se sont sentis les pl
1814 e tous les siècles de notre civilisation celui où les gens se sont sentis les plus impuissants non seulement devant le dest
1815 tre civilisation celui où les gens se sont sentis les plus impuissants non seulement devant le destin mais devant l’État, l
1816 sentis les plus impuissants non seulement devant le destin mais devant l’État, les « lois » de l’économie, les « impérati
1817 ssants non seulement devant le destin mais devant l’ État, les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie
1818 on seulement devant le destin mais devant l’État, les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie et la « 
1819 ant le destin mais devant l’État, les « lois » de l’ économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de l
1820 n mais devant l’État, les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’e
1821 les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère
1822 économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant
1823 ératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant la menace d’une ca
1824 la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ ère nucléaire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’humanité
1825 uerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’humanité. Et c’est pourtant le s
1826 ire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’ humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens
1827 tastrophe totale de l’humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa libert
1828 ale de l’humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’ homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces l
1829 Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces lois, ces structures
1830 ourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces lois, ces structures et ces pré
1831 s et ces prétendus impératifs mortels, c’est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, d
1832 dus impératifs mortels, c’est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, donc seuls libre
1833 s les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, donc seuls libres de les changer ! Ça ne tient qu
1834 mmes les seuls responsables, donc seuls libres de les changer ! Ça ne tient qu’à nous ! Mais nous ne voulons pas y croire,
1835 enser avec les mains , premier ouvrage consacré à l’ engagement de la pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’af
1836 ains , premier ouvrage consacré à l’engagement de la pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’affaire de chacun
1837 agement de la pensée et du penseur, je répète que l’ avenir est l’affaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fai
1838 pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’ affaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que mes
1839 ffaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que mes contemporains ont plus peur qu’envie d’être libres.
1840 rts resteront vains, qu’ils ne changeront en rien les destins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’ai encore dou
1841 est pas seulement au mien. 2. Rien à voir avec le groupuscule fascisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3. L’Idé
1842 le groupuscule fascisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3. L’Idéologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir
1843 scisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3. L’ Idéologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir Le Monde du 20 ma
1844 ologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir Le Monde du 20 mai 1982. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour,
1845 mai 1982. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’ amour, les régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 
1846 . q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour, les régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Pr
1847 t Denis de, « [Entretien] L’amour, les régions et l’ Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Propos recueilli
1848 [Entretien] L’amour, les régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Propos recueillis par Jacqueli
1849 ueillis par Jacqueline Demornex et introduits par le chapeau suivant : « Denis de Rougemont, qui est suisse, vit près de l
1850 « Denis de Rougemont, qui est suisse, vit près de la frontière franco-genevoise, mais du côté français, au pied du Jura, p
1851 une grande ferme du xviiie siècle. Assis près de la haute cheminée de sa salle de travail — l’ancienne grange, — le sourc
1852 rès de la haute cheminée de sa salle de travail — l’ ancienne grange, — le sourcil oblique et sombre, un foulard gris et ro
1853 née de sa salle de travail — l’ancienne grange, —  le sourcil oblique et sombre, un foulard gris et rose dans le col d’une
1854 l oblique et sombre, un foulard gris et rose dans le col d’une chemise noire, il fait beaucoup plus jeune que ses soixante
1855 es soixante-quinze ans. Déjà, à New York, pendant la guerre, on lui disait : “Comment, c’est vous l’auteur de L’Amour et
1856 t la guerre, on lui disait : “Comment, c’est vous l’ auteur de L’Amour et l’Occident  ? On vous imaginait avec une grande
1857 on lui disait : “Comment, c’est vous l’auteur de L’ Amour et l’Occident  ? On vous imaginait avec une grande barbe blanche
1858 it : “Comment, c’est vous l’auteur de L’Amour et l’ Occident  ? On vous imaginait avec une grande barbe blanche !” Il n’a
1859 pas cette tête-là, et il déroute toujours autant le public, pour qui il est tantôt le théoricien de l’amour-passion, tant
1860 toujours autant le public, pour qui il est tantôt le théoricien de l’amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des ré
1861 e public, pour qui il est tantôt le théoricien de l’ amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des régions fédérées, l
1862 t tantôt le théoricien de l’amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des régions fédérées, le philosophe personnalis
1863 ôt le militant d’une Europe des régions fédérées, le philosophe personnaliste ou le critique impitoyable de la société du
1864 régions fédérées, le philosophe personnaliste ou le critique impitoyable de la société du plutonium. »
1865 sophe personnaliste ou le critique impitoyable de la société du plutonium. »