1
Pour un standard unique de
la
télévision (18 novembre 1950)a b Genève, 15 novembre 1950. Monsieu
2
re 1950)a b Genève, 15 novembre 1950. Monsieur
le
directeur, Au moment où tout le monde parle d’union, on sème l’anarch
3
Au moment où tout le monde parle d’union, on sème
l’
anarchie dans l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La tél
4
l’anarchie dans l’un des domaines où elle serait
le
plus urgente. La télévision est déjà aux États-Unis, et deviendra bie
5
l’un des domaines où elle serait le plus urgente.
La
télévision est déjà aux États-Unis, et deviendra bientôt en Europe, l
6
à aux États-Unis, et deviendra bientôt en Europe,
le
plus formidable (au sens propre) instrument d’action affective et int
7
t on ait jamais disposé. Cet instrument peut unir
les
peuples. Mais si on l’utilise sur une base purement nationale on va r
8
Cet instrument peut unir les peuples. Mais si on
l’
utilise sur une base purement nationale on va rendre impossible son us
9
nale on va rendre impossible son usage universel.
La
Grande-Bretagne a adopté un lignage standard de 405 ; la France, un l
10
de-Bretagne a adopté un lignage standard de 405 ;
la
France, un lignage de 819, et la plupart des autres nations, y compri
11
819, et la plupart des autres nations, y compris
l’
URSS, un lignage de 625. Lorsque les capitaux auront été investis dans
12
ons, y compris l’URSS, un lignage de 625. Lorsque
les
capitaux auront été investis dans chacun de ces pays, tout espoir d’u
13
é à son tour. Nous ne prétendons décider quel est
le
meilleur standard. Mais nous affirmons qu’il faut absolument adopter
14
nt adopter un standard unique, tout au moins pour
l’
Europe. Tout investissement de capitaux devrait être suspendu, et une
15
convoquée immédiatement pour introduire un peu d’
ordre
dans ce chaos. Veuillez agréer, Monsieur le directeur, etc. a. Rou
16
d’ordre dans ce chaos. Veuillez agréer, Monsieur
le
directeur, etc. a. Rougemont Denis de, « Pour un standard unique d
17
Rougemont Denis de, « Pour un standard unique de
la
télévision », Le Monde, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé d
18
de, « Pour un standard unique de la télévision »,
Le
Monde, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé de la note suivant
19
e, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé de
la
note suivante : « Nous recevons de M. Denis de Rougemont, au nom du c
20
il de direction du Centre européen de la culture,
la
lettre suivante. »
21
entre européen de la culture (septembre 1954)c
Le
Centre européen de la culture fondé en octobre 1950 a son siège à Gen
22
nis de Rougemont, qui fonda avec Emmanuel Mounier
le
mouvement personnaliste et la revue Esprit ; Denis de Rougemont est
23
ec Emmanuel Mounier le mouvement personnaliste et
la
revue Esprit ; Denis de Rougemont est également président du Congrè
24
Rougemont est également président du Congrès pour
la
liberté de la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus
25
également président du Congrès pour la liberté de
la
culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont
26
ident du Congrès pour la liberté de la culture et
l’
auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et l’O
27
la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont
les
plus connus sont L’Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectu
28
de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont
L’
Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Le
29
t ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et
l’
Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur l
30
ont les plus connus sont L’Amour et l’Occident ,
le
Journal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur la bombe atomi
31
nal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur
la
bombe atomique . Interrogé sur le sens qu’il attache au mot « culture
32
et Lettres sur la bombe atomique . Interrogé sur
le
sens qu’il attache au mot « culture », M. de Rougemont nous répond :
33
ture », M. de Rougemont nous répond : T. S. Eliot
l’
a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement
34
: T. S. Eliot l’a défini mieux que je ne saurais
le
faire : la culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être véc
35
iot l’a défini mieux que je ne saurais le faire :
la
culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le cent
36
le faire : la culture est simplement ce qui rend
la
vie digne d’être vécue. Le centre a créé et créera encore des associa
37
simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue.
Le
centre a créé et créera encore des associations de producteurs et de
38
ociations de producteurs et de distributeurs dans
les
domaines où cela se révèle utile et nécessaire : sciences, musique, p
39
e, enseignement, etc. Nous encourageons également
les
relations culturelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant l’Unes
40
courageons également les relations culturelles et
les
échanges intraeuropéens. Pourtant l’Unesco couvre ces domaines et vou
41
turelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant
l’
Unesco couvre ces domaines et vous parlez de nécessité… En voulant res
42
péen, notre Centre ne fera pas double emploi avec
l’
Unesco, qui est une organisation mondiale et n’a pas spécialement de m
43
le et n’a pas spécialement de mission européenne.
L’
Unesco n’a pour but ni de favoriser l’union de l’Europe, ni de suscite
44
européenne. L’Unesco n’a pour but ni de favoriser
l’
union de l’Europe, ni de susciter l’éveil d’un sentiment européen. Ave
45
L’Unesco n’a pour but ni de favoriser l’union de
l’
Europe, ni de susciter l’éveil d’un sentiment européen. Avez-vous égal
46
de favoriser l’union de l’Europe, ni de susciter
l’
éveil d’un sentiment européen. Avez-vous également une activité politi
47
s naturellement à créer une conscience commune de
l’
Europe et de sa situation actuelle dans le monde. On peut appeler cela
48
mune de l’Europe et de sa situation actuelle dans
le
monde. On peut appeler cela politique, nous appelons cela éducation.
49
la politique, nous appelons cela éducation. Parmi
les
organismes créés par le Centre européen de la culture, il convient de
50
ns cela éducation. Parmi les organismes créés par
le
Centre européen de la culture, il convient de relever : l’Association
51
européen de la culture, il convient de relever :
l’
Association des instituts d’études européennes, qui a tenu son assembl
52
ennes, qui a tenu son assemblée générale à Turin,
le
Bureau européen d’éducation populaire, le Centre européen de recherch
53
Turin, le Bureau européen d’éducation populaire,
le
Centre européen de recherches nucléaires, l’Association européenne de
54
ire, le Centre européen de recherches nucléaires,
l’
Association européenne des festivals de musique, la Communauté europée
55
’Association européenne des festivals de musique,
la
Communauté européenne des guildes du livre, l’Association européenne
56
e, la Communauté européenne des guildes du livre,
l’
Association européenne du disque, les Agences de presse européennes as
57
des du livre, l’Association européenne du disque,
les
Agences de presse européennes associées, etc. Pour éviter une nouvell
58
une nouvelle énumération, citons seulement, parmi
les
récentes initiatives du Centre, une Conférence internationale des com
59
critiques, qui s’est tenue à Rome et a traité de
la
musique du xxe siècle, et un Prix de littérature européenne. c. R
60
nt, directeur du Centre européen de la culture »,
Le
Monde diplomatique, Paris, septembre 1954, p. 1.
61
t vieille histoire (7 juin 1969)d e On appelle
la
jeunesse à se libérer de toute espèce de tabous sexuels, et d’abord d
62
tabous sexuels, et d’abord des tabous chrétiens.
L’
ennui, c’est que l’Évangile ne connaît pas de tabous, et que tout érot
63
d’abord des tabous chrétiens. L’ennui, c’est que
l’
Évangile ne connaît pas de tabous, et que tout érotisme suppose un sys
64
confusion très générale, mais plus particulière à
l’
avant-garde, essayons de poser quelques repères. L’Évangile n’apporte
65
’avant-garde, essayons de poser quelques repères.
L’
Évangile n’apporte aucun code, aucun système d’interdictions rituelles
66
de fécondité ni de plaisir ; il admet simplement
les
rites judaïques (la circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue
67
laisir ; il admet simplement les rites judaïques (
la
circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue qu’un rôle quelconq
68
les rites judaïques (la circoncision notamment).
La
vie sexuelle n’y joue qu’un rôle quelconque, à peu près invisible et
69
s drame. (Paroles de Jésus à une prostituée, ou à
la
femme de cinq maris : paix et pardon à cause de l’amour.) S’agirait-i
70
a femme de cinq maris : paix et pardon à cause de
l’
amour.) S’agirait-il d’un refoulement ? Non, car la tentation correspo
71
’amour.) S’agirait-il d’un refoulement ? Non, car
la
tentation correspondante n’est pas sensible : la volupté ou la luxure
72
la tentation correspondante n’est pas sensible :
la
volupté ou la luxure ne figurent pas au nombre des tentations majeure
73
correspondante n’est pas sensible : la volupté ou
la
luxure ne figurent pas au nombre des tentations majeures que Satan fa
74
ions majeures que Satan fait subir au Christ dans
le
désert. On me dira que l’Église s’est rattrapée ? Très tardivement, t
75
it subir au Christ dans le désert. On me dira que
l’
Église s’est rattrapée ? Très tardivement, très partiellement, et la d
76
trapée ? Très tardivement, très partiellement, et
la
désinvolture des papes de la Renaissance ou des évêques du xviiie si
77
ès partiellement, et la désinvolture des papes de
la
Renaissance ou des évêques du xviiie siècle construisant des palais
78
s et attrapes, comme à Salzbourg — contraste avec
l’
extrême sévérité que l’on réserve aux hérésies. Les traités des Pères
79
Salzbourg — contraste avec l’extrême sévérité que
l’
on réserve aux hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur le mari
80
l’extrême sévérité que l’on réserve aux hérésies.
Les
traités des Pères de l’Église sur le mariage et sur le sexe « rappell
81
x hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur
le
mariage et sur le sexe « rappellent des dissertations sur l’élevage »
82
aités des Pères de l’Église sur le mariage et sur
le
sexe « rappellent des dissertations sur l’élevage », écrit Berdiaev.
83
et sur le sexe « rappellent des dissertations sur
l’
élevage », écrit Berdiaev. « La destinée et l’amour personnels y font
84
dissertations sur l’élevage », écrit Berdiaev. «
La
destinée et l’amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène
85
sur l’élevage », écrit Berdiaev. « La destinée et
l’
amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène de l’amour, qu
86
e et l’amour personnels y font totalement défaut.
Le
phénomène de l’amour, qui se distingue radicalement à la fois du phén
87
sonnels y font totalement défaut. Le phénomène de
l’
amour, qui se distingue radicalement à la fois du phénomène physiologi
88
icalement à la fois du phénomène physiologique de
la
satisfaction sexuelle et du phénomène social de la vie de l’espèce da
89
a satisfaction sexuelle et du phénomène social de
la
vie de l’espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’es
90
tion sexuelle et du phénomène social de la vie de
l’
espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’abs
91
et du phénomène social de la vie de l’espèce dans
la
famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’absence, non de l
92
famille, n’est mentionné par personne. » C’est de
l’
absence, non de l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le c
93
tionné par personne. » C’est de l’absence, non de
l’
excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’e
94
l’absence, non de l’excès de rigueur d’un code de
la
sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme
95
l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans
le
christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme en Occident. Et c’
96
de la sexualité dans le christianisme, qu’est né
le
problème de l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné
97
é dans le christianisme, qu’est né le problème de
l’
érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné sa forme au xi
98
é le problème de l’érotisme en Occident. Et c’est
la
gnose qui lui a donné sa forme au xiie siècle. Malgré le christianis
99
qui lui a donné sa forme au xiie siècle. Malgré
le
christianisme, et parfois contre lui, ce sont des influences gnostiqu
100
fluences gnostiques qui se trouvent avoir fomenté
l’
érotique occidentale et qui lui ont proposé des moyens d’expression, c
101
nt proposé des moyens d’expression, cependant que
les
mythes et les tabous païens (égyptiens, syriaques, helléniques) ne ce
102
moyens d’expression, cependant que les mythes et
les
tabous païens (égyptiens, syriaques, helléniques) ne cessaient d’anim
103
ns, syriaques, helléniques) ne cessaient d’animer
le
rêve médiéval. Car même si l’on décrète l’impossibilité d’un lien que
104
cessaient d’animer le rêve médiéval. Car même si
l’
on décrète l’impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des
105
animer le rêve médiéval. Car même si l’on décrète
l’
impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des troubadours e
106
écrète l’impossibilité d’un lien quelconque entre
la
cortezia des troubadours et le catharisme — en dépit de la coïncidenc
107
n quelconque entre la cortezia des troubadours et
le
catharisme — en dépit de la coïncidence des lieux, des dates, des par
108
ia des troubadours et le catharisme — en dépit de
la
coïncidence des lieux, des dates, des partisans et des ennemis, — il
109
es partisans et des ennemis, — il est certain que
les
spéculations sur l’amour sexuel et divin, constitutives de l’érotisme
110
nnemis, — il est certain que les spéculations sur
l’
amour sexuel et divin, constitutives de l’érotisme littéraire, sont le
111
ons sur l’amour sexuel et divin, constitutives de
l’
érotisme littéraire, sont le fait des gnostiques et non des scolastiqu
112
vin, constitutives de l’érotisme littéraire, sont
le
fait des gnostiques et non des scolastiques, des hérésies et non de l
113
s et non des scolastiques, des hérésies et non de
l’
orthodoxie, des poètes et des mystiques plutôt que des bons moines ou
114
utôt que des bons moines ou des conteurs gaulois.
L’
amour-passion, qui naît au xiie siècle dans les romans anglo-normands
115
s. L’amour-passion, qui naît au xiie siècle dans
les
romans anglo-normands et les chansons des troubadours comme dans le c
116
au xiie siècle dans les romans anglo-normands et
les
chansons des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’esprit d’A
117
rmands et les chansons des troubadours comme dans
le
cœur d’Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme e
118
s des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et
l’
esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans le cor
119
cœur d’Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à
l’
ange dans l’âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, ch
120
se et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans
l’
âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obst
121
rit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à
l’
âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obstacle à surm
122
rd, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans
le
corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obstacle à surmonter — soc
123
dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche
l’
obstacle à surmonter — social, moral et spirituel, — veut tous les raf
124
rmonter — social, moral et spirituel, — veut tous
les
raffinements du désir par l’ascèse et les exaltations du sentiment pa
125
rituel, — veut tous les raffinements du désir par
l’
ascèse et les exaltations du sentiment par son expression rhétorique.
126
ut tous les raffinements du désir par l’ascèse et
les
exaltations du sentiment par son expression rhétorique. Toutes les fe
127
u sentiment par son expression rhétorique. Toutes
les
femmes qu’il célèbre sont mariées, deviennent objet d’adoration, et r
128
riées, deviennent objet d’adoration, et reçoivent
le
serment d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge de
129
vent le serment d’allégeance dû au Seigneur. Dans
le
même temps, la Vierge devient l’objet d’un culte (première fête de l’
130
d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps,
la
Vierge devient l’objet d’un culte (première fête de l’Immaculée Conce
131
u Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient
l’
objet d’un culte (première fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dam
132
erge devient l’objet d’un culte (première fête de
l’
Immaculée Conception de Notre-Dame à Lyon en 1140) et reçoit le titre
133
onception de Notre-Dame à Lyon en 1140) et reçoit
le
titre de Regina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient la pièce
134
et reçoit le titre de Regina Cœli. Cependant que
la
dame ou reine devient la pièce maîtresse du jeu d’échecs, et que le p
135
gina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient
la
pièce maîtresse du jeu d’échecs, et que le premier troubadour ose écr
136
checs, et que le premier troubadour ose écrire de
la
dame de ses pensées : « Par elle seule je serai sauvé ! » Tout cela —
137
— va donner en français, par Béroul et Chrétien,
le
modèle du roman d’amour mortel, théologico-poétique, thème principal
138
tératures jusqu’à ce siècle. Laissons ici de côté
les
fort plaisants récits de prouesses plus ou moins sportives dans la tr
139
récits de prouesses plus ou moins sportives dans
la
tradition de l’Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (la Fanny Hill
140
sses plus ou moins sportives dans la tradition de
l’
Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (la Fanny Hill de John Cleland
141
tion de l’Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (
la
Fanny Hill de John Cleland ou Ma vie de Frank Harris), pour ne reteni
142
d ou Ma vie de Frank Harris), pour ne retenir que
les
œuvres qui ont marqué un style de l’amour. Si l’on définit l’érotisme
143
retenir que les œuvres qui ont marqué un style de
l’
amour. Si l’on définit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la
144
les œuvres qui ont marqué un style de l’amour. Si
l’
on définit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, a
145
i ont marqué un style de l’amour. Si l’on définit
l’
érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, au service du
146
tyle de l’amour. Si l’on définit l’érotisme comme
l’
usage non procréateur de la sexualité, au service du plaisir raffiné,
147
finit l’érotisme comme l’usage non procréateur de
la
sexualité, au service du plaisir raffiné, des beaux-arts, et surtout
148
du plaisir raffiné, des beaux-arts, et surtout de
la
littérature, on peut dire que l’Astrée est la première version d’une
149
s, et surtout de la littérature, on peut dire que
l’
Astrée est la première version d’une érotique sentimentale dans la lit
150
première version d’une érotique sentimentale dans
la
littérature française. Avec Racine, tout s’érotise, à un tel point qu
151
. Avec Racine, tout s’érotise, à un tel point que
la
sexualité en devient comme superflue, ce n’est plus que « Vénus » dan
152
comme superflue, ce n’est plus que « Vénus » dans
les
alexandrins. Une allusion, un regard, un air, un rien, et flambe la p
153
e allusion, un regard, un air, un rien, et flambe
la
passion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de la cour ont rem
154
ambe la passion. Conventions et signes suffisent.
Les
jeux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casui
155
ion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de
la
cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post
156
ignes suffisent. Les jeux de la cour ont remplacé
les
cours d’amour, et la morale ou casuistique post-tridentine la courtoi
157
eux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et
la
morale ou casuistique post-tridentine la courtoisie, exténuée en préc
158
mour, et la morale ou casuistique post-tridentine
la
courtoisie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie l’érotique. T
159
tridentine la courtoisie, exténuée en préciosité.
Le
xviiie dissocie l’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans l
160
isie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie
l’
érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans
161
Le xviiie dissocie l’érotique. Tout est sexe, et
le
mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le
162
’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans
les
Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le sentiment nul, chez Sa
163
s les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et
le
sentiment nul, chez Sade, qui traduit cyniquement le système des vale
164
sentiment nul, chez Sade, qui traduit cyniquement
le
système des valeurs de la noblesse — hédonisme arrogant, arbitraire a
165
qui traduit cyniquement le système des valeurs de
la
noblesse — hédonisme arrogant, arbitraire absolu, droit de la force,
166
— hédonisme arrogant, arbitraire absolu, droit de
la
force, c’est-à-dire du prestige et de la richesse autant que de l’épé
167
droit de la force, c’est-à-dire du prestige et de
la
richesse autant que de l’épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rous
168
-dire du prestige et de la richesse autant que de
l’
épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’Astrée
169
an a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de
l’
Astrée, de Pétrarque, des troubadours et d’Abélard, et rend au sentime
170
es troubadours et d’Abélard, et rend au sentiment
la
primauté, mais il est Suisse et démocrate. Sur lui se fonde l’érotiqu
171
mais il est Suisse et démocrate. Sur lui se fonde
l’
érotique protestante, mais hors de France : Goethe, Richardson et Laur
172
rne dans la première génération de ses disciples,
les
romantiques allemands dans la deuxième, et les grands romanciers vict
173
s, les romantiques allemands dans la deuxième, et
les
grands romanciers victoriens dans la troisième : retour en force du m
174
s dans la troisième : retour en force du mythe de
la
passion mortelle avec Les Hauts de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Ur
175
our en force du mythe de la passion mortelle avec
Les
Hauts de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Urberville. À la faveur de c
176
de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Urberville. À
la
faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de l’ère industrielle
177
’Urberville. À la faveur de ces excès contraires,
la
bourgeoisie de l’ère industrielle choisira de fonder le mariage en pr
178
faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de
l’
ère industrielle choisira de fonder le mariage en principe sur le seul
179
rgeoisie de l’ère industrielle choisira de fonder
le
mariage en principe sur le seul sentiment (ce qui est absurde), en fa
180
lle choisira de fonder le mariage en principe sur
le
seul sentiment (ce qui est absurde), en fait sur l’héritage (ce qui e
181
seul sentiment (ce qui est absurde), en fait sur
l’
héritage (ce qui est souvent odieux), et tous les écrivains ignorent l
182
r l’héritage (ce qui est souvent odieux), et tous
les
écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré !
183
t souvent odieux), et tous les écrivains ignorent
le
sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré ! Comme il est entendu
184
écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin
le
tabou restauré ! Comme il est entendu qu’on ne doit parler ni de l’ar
185
! Comme il est entendu qu’on ne doit parler ni de
l’
argent, ni de ces choses auxquelles pensent parfois les jeunes gens, M
186
gent, ni de ces choses auxquelles pensent parfois
les
jeunes gens, Marx et Freud, au tournant du siècle, apparaîtront comme
187
n grand nombre de faits précis à partir de ce que
l’
on taisait ou censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné la sexu
188
cis à partir de ce que l’on taisait ou censurait.
Le
freudisme n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent
189
censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné
la
sexualité », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître
190
me n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme
le
répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître : il a seulement auto
191
chaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui
l’
attaquent sans le connaître : il a seulement autorisé une manière nouv
192
té », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans
le
connaître : il a seulement autorisé une manière nouvelle de parler de
193
elle de parler des choses du sexe. Et il a montré
les
relations profondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanc
194
u sexe. Et il a montré les relations profondes de
l’
érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie cons
195
montré les relations profondes de l’érotisme avec
le
rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente est peut-
196
ofondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont
l’
épanchement dans notre vie consciente est peut-être une obscure tentat
197
est peut-être une obscure tentative de compenser
la
mécanisation de l’existence… L’écrivain érotique, désormais, a toujou
198
obscure tentative de compenser la mécanisation de
l’
existence… L’écrivain érotique, désormais, a toujours l’air, au mieux,
199
tive de compenser la mécanisation de l’existence…
L’
écrivain érotique, désormais, a toujours l’air, au mieux, de se racont
200
tence… L’écrivain érotique, désormais, a toujours
l’
air, au mieux, de se raconter sur le divan d’un analyste, au pire, de
201
s, a toujours l’air, au mieux, de se raconter sur
le
divan d’un analyste, au pire, de réclamer avec les enragés l’abolitio
202
le divan d’un analyste, au pire, de réclamer avec
les
enragés l’abolition du complexe d’Œdipe. Et l’érotisme, qui était en
203
n analyste, au pire, de réclamer avec les enragés
l’
abolition du complexe d’Œdipe. Et l’érotisme, qui était en somme une f
204
c les enragés l’abolition du complexe d’Œdipe. Et
l’
érotisme, qui était en somme une forme littéraire de la sexualité, ten
205
tisme, qui était en somme une forme littéraire de
la
sexualité, tend à relever de plus en plus de l’investigation des scie
206
e la sexualité, tend à relever de plus en plus de
l’
investigation des sciences humaines. Certes, avec Georges Bataille et
207
sa problématique originelle, qui est religieuse (
la
gnose contre la raison), de même qu’Histoire d’O renouait avec une im
208
e originelle, qui est religieuse (la gnose contre
la
raison), de même qu’Histoire d’O renouait avec une imagerie et des po
209
s tout cela se trouve curieusement transposé dans
l’
atmosphère du masochisme qui domine la psyché occidentale depuis la fi
210
nsposé dans l’atmosphère du masochisme qui domine
la
psyché occidentale depuis la fin du siècle dernier. (Voir Nietzsche e
211
asochisme qui domine la psyché occidentale depuis
la
fin du siècle dernier. (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes
212
du siècle dernier. (Voir Nietzsche et Lou Salomé,
les
symbolistes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’enquête soc
213
. (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes,
La
Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’enquête sociopsychologique
214
istes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total,
l’
enquête sociopsychologique me paraît désormais déterminante dans ce do
215
mais déterminante dans ce domaine désacralisé par
la
levée des censures sociales, les statistiques et la publicité. L’exci
216
e désacralisé par la levée des censures sociales,
les
statistiques et la publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort s
217
levée des censures sociales, les statistiques et
la
publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme
218
sures sociales, les statistiques et la publicité.
L’
excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme, a bien plus
219
les statistiques et la publicité. L’excitation de
la
nouveauté, ressort secret de l’érotisme, a bien plus de chances aujou
220
. L’excitation de la nouveauté, ressort secret de
l’
érotisme, a bien plus de chances aujourd’hui de se faire sentir dans l
221
us de chances aujourd’hui de se faire sentir dans
les
médias audiovisuels et tactiles, qu’en écriture. Il en sera sans dout
222
e qu’un jour se constitue une érotique fondée sur
l’
amour même, c’est-à-dire sur le sens de la personne, du rêve personnel
223
rotique fondée sur l’amour même, c’est-à-dire sur
le
sens de la personne, du rêve personnel et du mystère ultime de l’autr
224
dée sur l’amour même, c’est-à-dire sur le sens de
la
personne, du rêve personnel et du mystère ultime de l’autre : le proc
225
rêve personnel et du mystère ultime de l’autre :
le
prochain dans son autonomie. d. Rougemont Denis de, « [Réponse à u
226
à une enquête] Une longue et vieille histoire »,
Le
Monde des livres, Paris, 7 juin 1969, p. V. e. Réponse à une enquête
227
7 juin 1969, p. V. e. Réponse à une enquête sur
l’
érotisme.
228
La
poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)f On peut
229
i deviennent de plus en plus énormes et pareilles
les
unes aux autres ne tendent pas à recréer dans leur propre sein des di
230
uées sur d’autres axes que ceux où se développent
les
similarités. Cette suggestion de Claude Lévi-Strauss rejoint les con
231
Cette suggestion de Claude Lévi-Strauss rejoint
les
conclusions que j’ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’
232
i ont amené la plupart des pays européens à poser
le
problème régional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays, soient
233
poser le problème régional. Que ces motifs, selon
les
cas ou les pays, soient de nature ethnique ou économique, linguistiqu
234
oblème régional. Que ces motifs, selon les cas ou
les
pays, soient de nature ethnique ou économique, linguistique ou géogra
235
e qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans
le
même sens. De leur ensemble on ne peut plus hétéroclite se dégage une
236
ut plus hétéroclite se dégage une loi générale. À
l’
excessive distension répondent quasi mécaniquement la fragmentation, l
237
xcessive distension répondent quasi mécaniquement
la
fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformis
238
n répondent quasi mécaniquement la fragmentation,
les
coagulations locales ; à la vertigineuse uniformisation de collectivi
239
nt la fragmentation, les coagulations locales ; à
la
vertigineuse uniformisation de collectivités agrandies hors de toutes
240
collectivités agrandies hors de toutes prises de
l’
individu, la différenciation sécurisante de petites communautés restru
241
és agrandies hors de toutes prises de l’individu,
la
différenciation sécurisante de petites communautés restructurées ; et
242
sante de petites communautés restructurées ; et à
la
notion de frontières bornées, celle de foyers librement rayonnants. C
243
e, tout à fait générale, me paraît avoir gouverné
les
entreprises régionalistes les plus diverses, dont je vais rappeler le
244
raît avoir gouverné les entreprises régionalistes
les
plus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition con
245
nalistes les plus diverses, dont je vais rappeler
les
étapes et la répartition continentale. Prenons l’idée de régions à sa
246
lus diverses, dont je vais rappeler les étapes et
la
répartition continentale. Prenons l’idée de régions à sa naissance da
247
es étapes et la répartition continentale. Prenons
l’
idée de régions à sa naissance dans l’esprit de centaines de milliers
248
le. Prenons l’idée de régions à sa naissance dans
l’
esprit de centaines de milliers de jeunes militants clandestins telle
249
illiers de jeunes militants clandestins telle que
l’
atteste le « Projet de déclaration des résistances européennes ». Issu
250
jeunes militants clandestins telle que l’atteste
le
« Projet de déclaration des résistances européennes ». Issu de plusie
251
ève, au printemps de 1944, ce texte proclame qu’à
l’
État totalitaire on ne peut opposer sérieusement que la fédération eur
252
t totalitaire on ne peut opposer sérieusement que
la
fédération européenne, et que celle-ci implique de « dépasser le dogm
253
uropéenne, et que celle-ci implique de « dépasser
le
dogme de la souveraineté absolue des États », à la fois par des autor
254
t que celle-ci implique de « dépasser le dogme de
la
souveraineté absolue des États », à la fois par des autorités contine
255
irs régionaux. Ce manifeste (qu’on peut lire dans
le
précieux recueil intitulé L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) pr
256
qu’on peut lire dans le précieux recueil intitulé
L’
Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonie
257
le précieux recueil intitulé L’Europe de demain,
La
Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonienne du mouvement per
258
L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge
la
doctrine proudhonienne du mouvement personnaliste des années 1930, Es
259
c. Dès 1938, Gabriel Marcel peut écrire : « Comme
l’
avait vu profondément Arnaud Dandieu, qui, sur ce point, a été vraimen
260
point, a été vraiment un prophète, il faut garder
les
yeux fixés à la fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. » La
261
x fixés à la fois bien en deçà et bien au-delà de
la
nation. » La critique de l’État-nation — ou l’étatisation manu milita
262
fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. »
La
critique de l’État-nation — ou l’étatisation manu militari des coutum
263
çà et bien au-delà de la nation. » La critique de
l’
État-nation — ou l’étatisation manu militari des coutumes et des idéau
264
de la nation. » La critique de l’État-nation — ou
l’
étatisation manu militari des coutumes et des idéaux d’une communauté
265
unauté nationale — s’élabore et se consolide dans
les
mouvements fédéralistes européens de l’après-guerre. À l’Europe unifi
266
ide dans les mouvements fédéralistes européens de
l’
après-guerre. À l’Europe unifiée de Hitler, extension continentale du
267
ments fédéralistes européens de l’après-guerre. À
l’
Europe unifiée de Hitler, extension continentale du modèle stato-natio
268
dèle stato-nationaliste jacobin puis napoléonien,
les
fédéralistes européens opposent l’Europe librement unie des « forces
269
napoléonien, les fédéralistes européens opposent
l’
Europe librement unie des « forces vives » de tous nos peuples. Ils so
270
tous nos peuples. Ils sont unanimes à montrer que
l’
État-nation qui règne seul, depuis un siècle, sur la science de ses pr
271
État-nation qui règne seul, depuis un siècle, sur
la
science de ses professeurs et la croyance de ses sujets, par l’entrem
272
s un siècle, sur la science de ses professeurs et
la
croyance de ses sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’est
273
ses professeurs et la croyance de ses sujets, par
l’
entremise des manuels scolaires, n’est en fait qu’une forme politique
274
x réalités du monde actuel. Un modèle périmé
L’
État-nation qui se dit souverain absolu est manifestement trop petit p
275
anifestement trop petit pour jouer un rôle réel à
l’
échelle planétaire. Aucun ne peut plus assurer seul sa défense militai
276
chnologique et une aide effective au tiers-monde,
la
prévention des guerres nucléaires et des catastrophes écologiques. La
277
erres nucléaires et des catastrophes écologiques.
La
constitution de pools européens de recherche (comme le CERN, à Genève
278
nstitution de pools européens de recherche (comme
le
CERN, à Genève) et une action concertée dans le domaine économique (C
279
e le CERN, à Genève) et une action concertée dans
le
domaine économique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seul r
280
omaine économique (CECA, Marché commun) indiquent
la
voie. Le seul remède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la
281
onomique (CECA, Marché commun) indiquent la voie.
Le
seul remède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la création
282
mède aux trop petites dimensions ne serait-il pas
la
création d’agences fédérales européennes, qui seraient compétentes pa
283
européennes, qui seraient compétentes partout où
les
tâches et leur concertation se révéleraient d’échelle continentale —
284
le continentale — et là seulement ? D’autre part,
l’
État-nation de type centralisé, imposant les mêmes limites territorial
285
part, l’État-nation de type centralisé, imposant
les
mêmes limites territoriales à des réalités aussi hétérogènes que la l
286
erritoriales à des réalités aussi hétérogènes que
la
langue parlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie
287
réalités aussi hétérogènes que la langue parlée à
la
surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le terri
288
hétérogènes que la langue parlée à la surface et
l’
exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le territoire hérité,
289
arlée à la surface et l’exploitation du sous-sol,
l’
économie moderne et le territoire hérité, les souvenirs collectifs et
290
l’exploitation du sous-sol, l’économie moderne et
le
territoire hérité, les souvenirs collectifs et les espoirs individuel
291
-sol, l’économie moderne et le territoire hérité,
les
souvenirs collectifs et les espoirs individuels — ce carcan militaire
292
le territoire hérité, les souvenirs collectifs et
les
espoirs individuels — ce carcan militaire, idéologique et douanier, q
293
le d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer
la
prospérité des provinces et d’y permettre une vie civique digne du no
294
e civique digne du nom, une participation réelle.
L’
État-nation trop petit appelle la fédération ; trop grand, il appelle
295
cipation réelle. L’État-nation trop petit appelle
la
fédération ; trop grand, il appelle les régions. Ces deux tendances,
296
it appelle la fédération ; trop grand, il appelle
les
régions. Ces deux tendances, loin de se contredire, se commandent mut
297
de se contredire, se commandent mutuellement dans
le
monde d’aujourd’hui, à la fois planétaire et local, c’est-à-dire plus
298
lui des nations modèle xixe siècle. À mesure que
les
frontières dites « historiques » ou « naturelles » selon les cas (le
299
res dites « historiques » ou « naturelles » selon
les
cas (le Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les
300
« historiques » ou « naturelles » selon les cas (
le
Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des
301
naturelles » selon les cas (le Rhin divise, mais
le
Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des régions naturelles o
302
vise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre
les
Six, des régions naturelles ou nouvelles reparaissent ou accusent leu
303
lorisent entre les Six, des régions naturelles ou
nouvelles
reparaissent ou accusent leur relief. Mais il y a plus : leur résurge
304
se de conscience européenne et d’horizon mondial.
La
conscience de la nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissanc
305
européenne et d’horizon mondial. La conscience de
la
nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle m
306
mondial. La conscience de la nécessité de fédérer
l’
Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que
307
science de la nécessité de fédérer l’Europe, puis
la
reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que constituent le
308
té de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de
l’
obstacle majeur à cette union, que constituent les prétentions de l’Ét
309
l’obstacle majeur à cette union, que constituent
les
prétentions de l’État-nation à une souveraineté sans limites, qui ne
310
à cette union, que constituent les prétentions de
l’
État-nation à une souveraineté sans limites, qui ne peut plus rien ani
311
t encore tout bloquer, amènent à constater que si
l’
on veut faire l’Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépas
312
oquer, amènent à constater que si l’on veut faire
l’
Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle pé
313
er que si l’on veut faire l’Europe il faut ouvrir
le
cadre stato-national et dépasser ce modèle périmé. Tel est l’argument
314
to-national et dépasser ce modèle périmé. Tel est
l’
argument politique qui inspire l’action des fédéralistes. Leur visée g
315
périmé. Tel est l’argument politique qui inspire
l’
action des fédéralistes. Leur visée générale s’ordonne naturellement à
316
es. Leur visée générale s’ordonne naturellement à
la
loi sociologique ou biophysique formulée plus haut. Mais le problème
317
iologique ou biophysique formulée plus haut. Mais
le
problème n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé e
318
linguistiques, écologiques ou politiques. Mais si
l’
on considère l’ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager de
319
écologiques ou politiques. Mais si l’on considère
l’
ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager deux classes de m
320
oit se dégager deux classes de motifs principaux,
les
ethniques et les économiques — d’ailleurs en interaction fréquente. I
321
ux classes de motifs principaux, les ethniques et
les
économiques — d’ailleurs en interaction fréquente. I. — Il y a les pr
322
d’ailleurs en interaction fréquente. I. — Il y a
les
problèmes linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace,
323
linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de
l’
Alsace, de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes
324
s du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace, de
la
grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes ethniques qu
325
de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ;
les
révoltes ethniques qui couvent et parfois éclatent en Bretagne ou en
326
et parfois éclatent en Bretagne ou en Flandres ;
les
poussées autonomistes au pays de Galles, au Pays basque, en Catalogne
327
de Galles, au Pays basque, en Catalogne ; et tous
les
phénomènes similaires actuellement étouffés dans les pays de l’Est eu
328
phénomènes similaires actuellement étouffés dans
les
pays de l’Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclaren
329
similaires actuellement étouffés dans les pays de
l’
Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir
330
d’un sous-développement économique (par rapport à
l’
ensemble national) dont elles rendent responsable l’État centralisateu
331
ensemble national) dont elles rendent responsable
l’
État centralisateur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres l’au
332
elles rendent responsable l’État centralisateur.
Les
unes exigent une aide spéciale, d’autres l’autonomie régionale, quelq
333
eur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres
l’
autonomie régionale, quelques-unes leur séparation et leur rattachemen
334
s leur séparation et leur rattachement immédiat à
l’
Europe fédérée de demain. II. — Les plans d’aménagement du territoire
335
ment immédiat à l’Europe fédérée de demain. II. —
Les
plans d’aménagement du territoire qui se donnent pour but de réduire
336
du territoire qui se donnent pour but de réduire
les
disparités économiques nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno) o
337
s nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno) ou
le
sous-développement de certaines régions des Six ont motivé les premiè
338
s au sein du Marché commun (1961) et ont abouti à
la
création d’une Direction générale de la politique régionale. Mais un
339
abouti à la création d’une Direction générale de
la
politique régionale. Mais un problème d’une portée politique plus déc
340
portée politique plus décisive se trouve posé par
les
régions « naturelles », ou historiques, ou économiques coupées par de
341
le réalité, ni ethnique ni économique. Sur toutes
les
frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans
342
onomique. Sur toutes les frontières de nos États,
les
exemples abondent : Basques et Catalans divisés par les Pyrénées, rég
343
emples abondent : Basques et Catalans divisés par
les
Pyrénées, régions de Bâle et de Genève brochant sur deux ou trois pay
344
nt sur deux ou trois pays, Nord français coupé de
la
Flandre occidentale et du Hainaut, triangle Aix-la-Chapelle-Maestrich
345
Aix-la-Chapelle-Maestricht-Liège, etc. Désormais,
le
problème est posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la con
346
t-Liège, etc. Désormais, le problème est posé par
les
Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de régions trans
347
ésormais, le problème est posé par les Six et par
le
Conseil de l’Europe de la constitution de régions transfrontalières,
348
posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de
la
constitution de régions transfrontalières, partout où les conflits en
349
titution de régions transfrontalières, partout où
les
conflits entre limites politiques et espaces économiques se révèlent
350
ntolérables ou « manifestement aberrants », comme
l’
écrit J.-F. Gravier. On voit tout de suite par ces exemples que les ré
351
avier. On voit tout de suite par ces exemples que
les
régions ethniques et les régions économiques ne sauraient coïncider s
352
ite par ces exemples que les régions ethniques et
les
régions économiques ne sauraient coïncider spatialement par quelque m
353
ui aurait encore moins de chance de survenir dans
le
cas des régions définies en termes d’écologie ou de recherches, d’uni
354
agine quelques solutions qui d’ailleurs posent de
nouveaux
problèmes. 1. Créer des agences fédérales européennes non seulement p
355
agences fédérales européennes non seulement pour
l’
économie (comme la CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, le
356
européennes non seulement pour l’économie (comme
la
CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, les transports, l’én
357
pour l’économie (comme la CEE élargie), mais pour
l’
écologie continentale, les transports, l’énergie, les recherches, la d
358
CEE élargie), mais pour l’écologie continentale,
les
transports, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charge
359
ais pour l’écologie continentale, les transports,
l’
énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concert
360
écologie continentale, les transports, l’énergie,
les
recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation contin
361
ntale, les transports, l’énergie, les recherches,
la
défense, etc. Et les charger de la concertation continentale des régi
362
s, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et
les
charger de la concertation continentale des régions à géométrie varia
363
es recherches, la défense, etc. Et les charger de
la
concertation continentale des régions à géométrie variable selon la f
364
ntinentale des régions à géométrie variable selon
la
fonction qui les définit. Voilà qui paraît très concevable, mais qui
365
égions à géométrie variable selon la fonction qui
les
définit. Voilà qui paraît très concevable, mais qui pose le problème
366
. Voilà qui paraît très concevable, mais qui pose
le
problème très neuf de l’administration de ces régions variables… 2. P
367
oncevable, mais qui pose le problème très neuf de
l’
administration de ces régions variables… 2. Par les échanges entre rég
368
l’administration de ces régions variables… 2. Par
les
échanges entre régions, former les régions et créer un tissu européen
369
iables… 2. Par les échanges entre régions, former
les
régions et créer un tissu européen qui finira par se révéler plus sol
370
uropéen qui finira par se révéler plus solide que
les
liens administratifs subsistant entre chaque région et sa capitale na
371
haque région et sa capitale nationale. 3. Éduquer
les
nouvelles générations dès l’école primaire dans l’optique régionalist
372
e région et sa capitale nationale. 3. Éduquer les
nouvelles
générations dès l’école primaire dans l’optique régionaliste et non p
373
tionale. 3. Éduquer les nouvelles générations dès
l’
école primaire dans l’optique régionaliste et non plus nationaliste, i
374
s nouvelles générations dès l’école primaire dans
l’
optique régionaliste et non plus nationaliste, informer les population
375
e régionaliste et non plus nationaliste, informer
les
populations, former des responsables locaux et régionaux, combattre l
376
r des responsables locaux et régionaux, combattre
les
routines mentales et laisser s’évanouir les préjugés stato-nationalis
377
attre les routines mentales et laisser s’évanouir
les
préjugés stato-nationalistes qui paralysent aujourd’hui l’imagination
378
és stato-nationalistes qui paralysent aujourd’hui
l’
imagination de la plupart des « grands serviteurs de l’État ». Mais ce
379
gination de la plupart des « grands serviteurs de
l’
État ». Mais cela aussi pose un nouveau problème : les délais nécessai
380
s serviteurs de l’État ». Mais cela aussi pose un
nouveau
problème : les délais nécessaires, quinze à vingt ans, pour former un
381
tat ». Mais cela aussi pose un nouveau problème :
les
délais nécessaires, quinze à vingt ans, pour former une génération et
382
à vingt ans, pour former une génération et créer
les
régions ne sont-ils pas trop longs, face à l’urgence des périls que c
383
er les régions ne sont-ils pas trop longs, face à
l’
urgence des périls que court l’Europe — colonisation par une hégémonie
384
trop longs, face à l’urgence des périls que court
l’
Europe — colonisation par une hégémonie politique à l’Est, une hégémon
385
rope — colonisation par une hégémonie politique à
l’
Est, une hégémonie économique à l’Ouest ? f. Rougemont Denis de, «
386
nie politique à l’Est, une hégémonie économique à
l’
Ouest ? f. Rougemont Denis de, « La poussée régionaliste en Europe
387
onomique à l’Ouest ? f. Rougemont Denis de, «
La
poussée régionaliste en Europe occidentale », Le Monde diplomatique,
388
La poussée régionaliste en Europe occidentale »,
Le
Monde diplomatique, Paris, avril 1971, p. 7.
389
L’
absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellec
390
sse », parce que nos cantons fédérés relèvent par
la
langue, l’ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très vari
391
e que nos cantons fédérés relèvent par la langue,
l’
ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très variablement co
392
cantons fédérés relèvent par la langue, l’ethnie,
la
confession, d’ensembles très divers et très variablement combinés. Le
393
embles très divers et très variablement combinés.
Les
Suisses se trouvent ainsi protégés contre l’illusion — propagée par l
394
és. Les Suisses se trouvent ainsi protégés contre
l’
illusion — propagée par l’école pour le compte de l’État, dès le milie
395
t ainsi protégés contre l’illusion — propagée par
l’
école pour le compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon
396
gés contre l’illusion — propagée par l’école pour
le
compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Eu
397
illusion — propagée par l’école pour le compte de
l’
État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Europe serait u
398
ropagée par l’école pour le compte de l’État, dès
le
milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Europe serait une addition
399
t, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle
l’
Europe serait une addition de « cultures nationales » coïncidant comme
400
es nationales » coïncidant comme par miracle avec
les
frontières politiques des États nationaux post-napoléoniens, remaniés
401
maniés et multipliés au xxe siècle. En revanche,
la
vie culturelle atteint en Suisse une densité probablement inégalée pa
402
el autre ensemble de six millions d’habitants que
l’
on choisirait dans l’un des grands pays voisins. Quelques indications
403
cations chiffrées peuvent étayer cette hypothèse.
Le
sociologue belge Léo Moulin s’étant avisé de calculer « l’indice Nobe
404
ogue belge Léo Moulin s’étant avisé de calculer «
l’
indice Nobel » d’une vingtaine de pays, c’est-à-dire le nombre des pri
405
ice Nobel » d’une vingtaine de pays, c’est-à-dire
le
nombre des prix Nobel de sciences par million d’habitants, de 1901 à
406
par million d’habitants, de 1901 à 1960, a dressé
le
tableau suivant : 1. Suisse 2,62 ; 2. Danemark 1,43 ; 3. Autriche 1,1
407
; … 19. Russie-URSS 0,03. Lisons dans ce tableau
l’
avantage des petits pays (ils occupent les cinq premiers rangs), et, p
408
tableau l’avantage des petits pays (ils occupent
les
cinq premiers rangs), et, parmi eux, l’avantage exceptionnel d’une fé
409
occupent les cinq premiers rangs), et, parmi eux,
l’
avantage exceptionnel d’une fédération pluraliste intégrant les apport
410
xceptionnel d’une fédération pluraliste intégrant
les
apports de toute l’Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de scie
411
ération pluraliste intégrant les apports de toute
l’
Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de sciences, quatre sont d’
412
te intégrant les apports de toute l’Europe. Parmi
les
douze prix Nobel suisses de sciences, quatre sont d’origine étrangère
413
astés et rapprochés Il m’a toujours semblé que
l’
absence de « culture nationale », synthétique ou imposée, et la très f
414
« culture nationale », synthétique ou imposée, et
la
très forte densité culturelle n’étaient pas sans relations d’interact
415
teraction, sinon même de cause à effet. Libres de
la
tutelle d’une capitale qui veut tout uniformiser, les foyers régionau
416
tutelle d’une capitale qui veut tout uniformiser,
les
foyers régionaux se développent, d’autant plus contrastés en esprit q
417
rastés en esprit qu’ils sont plus rapprochés dans
l’
espace. La vie culturelle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs
418
esprit qu’ils sont plus rapprochés dans l’espace.
La
vie culturelle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs la vie cu
419
elle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs
la
vie culturelle de l’Europe tout entière dans l’espace et dans le temp
420
’autre secret. Ni d’ailleurs la vie culturelle de
l’
Europe tout entière dans l’espace et dans le temps, mais en Suisse, ce
421
s la vie culturelle de l’Europe tout entière dans
l’
espace et dans le temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vérifi
422
le de l’Europe tout entière dans l’espace et dans
le
temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vérifie plus aisément.
423
ux, se vérifie plus aisément. Sans même parler de
l’
abbaye de Saint-Gall, source principale de la musique européenne (séqu
424
r de l’abbaye de Saint-Gall, source principale de
la
musique européenne (séquences et tropes de Notker le Bègue, dès le vi
425
enne (séquences et tropes de Notker le Bègue, dès
le
viiie siècle), ni de l’Université de Bâle au xve siècle (Érasme, Pa
426
de Notker le Bègue, dès le viiie siècle), ni de
l’
Université de Bâle au xve siècle (Érasme, Paracelse, Holbein et Frobe
427
(Érasme, Paracelse, Holbein et Frobenius), ni de
la
Genève de Calvin (ce Picard venu de Strasbourg et qui agira sur les é
428
in (ce Picard venu de Strasbourg et qui agira sur
les
élites intellectuelles et politiques de la France, de l’Écosse et de
429
a sur les élites intellectuelles et politiques de
la
France, de l’Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénani
430
es intellectuelles et politiques de la France, de
l’
Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongr
431
les et politiques de la France, de l’Écosse et de
l’
Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Polog
432
e l’Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de
la
Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardon
433
l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de
la
Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardons s’allumer succ
434
des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de
la
Pologne, puis de l’Amérique), regardons s’allumer successivement les
435
a Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de
l’
Amérique), regardons s’allumer successivement les foyers locaux de cul
436
e l’Amérique), regardons s’allumer successivement
les
foyers locaux de culture qui rayonneront sur l’Occident moderne. L
437
les foyers locaux de culture qui rayonneront sur
l’
Occident moderne. Les sources de trois grands courants d’idées A
438
ulture qui rayonneront sur l’Occident moderne.
Les
sources de trois grands courants d’idées Au xviiie siècle, Zurich
439
iiie siècle, Zurich et Bâle, puis Genève, seront
les
sources de trois grands courants d’idées neuves en Europe, dans les l
440
is grands courants d’idées neuves en Europe, dans
les
lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École
441
rants d’idées neuves en Europe, dans les lettres,
les
sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École suisse » ins
442
neuves en Europe, dans les lettres, les sciences,
les
doctrines politiques. De Zurich, « l’École suisse » inspirée par J.-J
443
sciences, les doctrines politiques. De Zurich, «
l’
École suisse » inspirée par J.-J. Bodmer révolutionne la littérature a
444
e suisse » inspirée par J.-J. Bodmer révolutionne
la
littérature allemande, qu’elle dominera sans conteste jusqu’aux flora
445
ra sans conteste jusqu’aux floraisons géniales de
la
fin du siècle et du romantisme. Lessing, Herder, Goethe et Schiller v
446
Homère, Dante, Shakespeare et Milton, mais aussi
les
Nibelungen et les minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessne
447
akespeare et Milton, mais aussi les Nibelungen et
les
minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomon
448
on, mais aussi les Nibelungen et les minnesänger.
Les
célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater, la
449
esänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner,
la
physiognomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et la peinture
450
de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater,
la
pédagogie de Pestalozzi et la peinture de Füssli (qui deviendra « Fus
451
nomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et
la
peinture de Füssli (qui deviendra « Fuseli, the Wild Swiss », lorsqu’
452
ndra « Fuseli, the Wild Swiss », lorsqu’il régira
la
vie artistique de Londres au temps de William Blake) sont nées et se
453
liam Blake) sont nées et se sont constituées dans
le
cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps, voit naître, hériti
454
ituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans
le
même temps, voit naître, héritiers imprévus mais fidèles de ses tradi
455
onomes qui rivalisent de génie : Léonard Euler et
les
huit Bernouilli, ses cousins, font de leur ville « la capitale des sc
456
uit Bernouilli, ses cousins, font de leur ville «
la
capitale des sciences exactes » de leur époque. Ils propagent au loin
457
enseignement, en Hollande, en Prusse, en Russie,
le
rayonnement de leurs découvertes et de leurs méthodes. Genève assiste
458
ts homériques entre celui qui signe ses lettres «
le
Suisse Voltaire » et celui qui signe ses livres « Rousseau, citoyen d
459
signe ses livres « Rousseau, citoyen de Genève ».
La
dynastie des Saussure de Genève, durant un siècle, tiendra dans les s
460
aussure de Genève, durant un siècle, tiendra dans
les
sciences naturelles une place comparable à celle des Bernouilli de Bâ
461
ce comparable à celle des Bernouilli de Bâle dans
les
mathématiques. Et puis, après Necker, Genève donne à la France les pr
462
hématiques. Et puis, après Necker, Genève donne à
la
France les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première p
463
. Et puis, après Necker, Genève donne à la France
les
principaux secrétaires de la Révolution dans sa première phase libéra
464
e donne à la France les principaux secrétaires de
la
Révolution dans sa première phase libérale. C’est en effet, selon Her
465
rédaction et usine idéologique qu’allaient sortir
les
grands discours du tribun et jusqu’au texte de la Déclaration des dro
466
es grands discours du tribun et jusqu’au texte de
la
Déclaration des droits de l’homme ». Un peu plus tard, c’est par Copp
467
aël tient sa cour, que vont passer d’est en ouest
les
grands courants du romantisme et du libéralisme politique et économiq
468
uante ans plus tard, c’est à Bâle que s’allume un
nouveau
foyer : Bachofen inaugure par son Matriarchat une conception ethnolog
469
ar son Matriarchat une conception ethnologique de
la
sociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de la Renaissance ; e
470
ique de la sociologie ; Jacob Burckhardt restitue
la
virtu de la Renaissance ; et toute l’œuvre de son jeune collègue et f
471
ociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de
la
Renaissance ; et toute l’œuvre de son jeune collègue et fervent disci
472
dt restitue la virtu de la Renaissance ; et toute
l’
œuvre de son jeune collègue et fervent disciple, Nietzsche, sera marqu
473
sche, sera marquée par cet enseignement. Entre
la
« civilisation » et la « Kultur » Au xxe siècle, face aux nationa
474
cet enseignement. Entre la « civilisation » et
la
« Kultur » Au xxe siècle, face aux nationalismes culturels, prise
475
ent à coups de canon, puis entièrement cernée par
les
totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à l’Europe et au monde
476
ement cernée par les totalitaires, qu’a pu donner
la
petite Suisse à l’Europe et au monde ? Il faudrait parler de Dada, qu
477
s totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à
l’
Europe et au monde ? Il faudrait parler de Dada, qui explose à Zurich
478
Lénine s’y prépare à partir en wagon plombé pour
la
Gare de Finlande et la révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout
479
artir en wagon plombé pour la Gare de Finlande et
la
révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout de la Suisse et aux an
480
révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout de
la
Suisse et aux antipodes de l’esprit Ramuz, Stravinski, Auberjonois et
481
u’à l’autre bout de la Suisse et aux antipodes de
l’
esprit Ramuz, Stravinski, Auberjonois et Ansermet écrivent, composent,
482
nsermet écrivent, composent, peignent et dirigent
L’
Histoire du Soldat, inaugurant le « spectacle total ». Il faudrait par
483
nent et dirigent L’Histoire du Soldat, inaugurant
le
« spectacle total ». Il faudrait parler de la musique, d’Arthur Honeg
484
ant le « spectacle total ». Il faudrait parler de
la
musique, d’Arthur Honegger et de Frank Martin à Rolf Liebermann ; des
485
s romans de Max Frisch… Mais je dois me réduire à
l’
essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres
486
x Frisch… Mais je dois me réduire à l’essentiel :
la
Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres mais aussi int
487
je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est
le
pays des grandes « premières » alpestres mais aussi intellectuelles —
488
naturalisé suisse, élabora sa première théorie de
la
relativité. C’est à Zurich qu’au retour de longs séjours chez les Afr
489
C’est à Zurich qu’au retour de longs séjours chez
les
Africains C. G. Jung crée les notions de complexe, d’archétype et d’i
490
longs séjours chez les Africains C. G. Jung crée
les
notions de complexe, d’archétype et d’inconscient collectif. C’est à
491
à Bâle que Karl Barth, refoulé par Hitler, rénove
la
théologie du xxe siècle — pas seulement chez les protestants — et lu
492
la théologie du xxe siècle — pas seulement chez
les
protestants — et lui ouvre les voies de l’aggiornamento, où un autre
493
pas seulement chez les protestants — et lui ouvre
les
voies de l’aggiornamento, où un autre Suisse, Hans Küng, continue de
494
chez les protestants — et lui ouvre les voies de
l’
aggiornamento, où un autre Suisse, Hans Küng, continue de faire œuvre
495
e de faire œuvre de pionnier — pas seulement chez
les
catholiques. C’est à Genève que Ferdinand de Saussure fonde la lingui
496
s. C’est à Genève que Ferdinand de Saussure fonde
la
linguistique générale et inaugure la sémiologie, dont on connaît l’im
497
ussure fonde la linguistique générale et inaugure
la
sémiologie, dont on connaît l’impact sur toutes les sciences humaines
498
nérale et inaugure la sémiologie, dont on connaît
l’
impact sur toutes les sciences humaines — et pas seulement sur les réc
499
a sémiologie, dont on connaît l’impact sur toutes
les
sciences humaines — et pas seulement sur les récents structuralismes
500
utes les sciences humaines — et pas seulement sur
les
récents structuralismes français. De Genève encore vont se répandre l
501
ismes français. De Genève encore vont se répandre
les
théories de l’institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’épistémo
502
De Genève encore vont se répandre les théories de
l’
institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’épistémologie génétique
503
de l’institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis
l’
épistémologie génétique de Jean Piaget, qui révolutionneront la psycho
504
ie génétique de Jean Piaget, qui révolutionneront
la
psychologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entie
505
an Piaget, qui révolutionneront la psychologie de
l’
enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche
506
ionneront la psychologie de l’enfant et par suite
la
pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs au
507
ologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans
le
monde entier. Si l’on cherche les traits communs aux esprits créateur
508
t par suite la pédagogie dans le monde entier. Si
l’
on cherche les traits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la
509
a pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche
les
traits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la Suisse, on tro
510
aits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés
la
Suisse, on trouve presque toujours une recherche de la connaissance a
511
isse, on trouve presque toujours une recherche de
la
connaissance active, éducatrice ou curative, fondée dans les relation
512
sance active, éducatrice ou curative, fondée dans
les
relations d’interaction sujet-objet, jamais dans le subjectivisme pur
513
relations d’interaction sujet-objet, jamais dans
le
subjectivisme pur ni dans l’à priori d’une objectivité systématique.
514
t-objet, jamais dans le subjectivisme pur ni dans
l’
à priori d’une objectivité systématique. Et de là viennent sans doute
515
tivité systématique. Et de là viennent sans doute
le
pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée
516
que. Et de là viennent sans doute le pragmatisme,
la
morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du di
517
viennent sans doute le pragmatisme, la morale de
la
coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui ca
518
le pragmatisme, la morale de la coopération dans
la
différence cultivée et le goût du dialogue qui caractérisent à la foi
519
de la coopération dans la différence cultivée et
le
goût du dialogue qui caractérisent à la fois les sciences humaines, l
520
t le goût du dialogue qui caractérisent à la fois
les
sciences humaines, le civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendha
521
ui caractérisent à la fois les sciences humaines,
le
civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénac
522
nt à la fois les sciences humaines, le civisme et
la
vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénacle de Coppet,
523
la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans
le
cénacle de Coppet, rassemblé par Mme de Staël, « les états généraux d
524
cénacle de Coppet, rassemblé par Mme de Staël, «
les
états généraux de l’opinion européenne », et c’est bien là le rôle qu
525
ssemblé par Mme de Staël, « les états généraux de
l’
opinion européenne », et c’est bien là le rôle que rêvaient de reprend
526
éraux de l’opinion européenne », et c’est bien là
le
rôle que rêvaient de reprendre, dès 1946, les Rencontres internationa
527
n là le rôle que rêvaient de reprendre, dès 1946,
les
Rencontres internationales de Genève — aujourd’hui dirigées par Jean
528
gées par Jean Starobinski, brillant initiateur de
la
nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin
529
llant initiateur de la nouvelle critique. Sens de
la
coopération dans la diversité et besoin vital du dialogue expliquent
530
la nouvelle critique. Sens de la coopération dans
la
diversité et besoin vital du dialogue expliquent enfin ce que je voud
531
logue expliquent enfin ce que je voudrais appeler
la
seule création nationale des Suisses, je veux dire le fédéralisme — t
532
eule création nationale des Suisses, je veux dire
le
fédéralisme — terme clé de notre existence, et qui signifie beaucoup
533
otre existence, et qui signifie beaucoup plus que
l’
union politique des cantons souverains : un way of life, une éthique,
534
: un way of life, une éthique, une culture, dont
la
valeur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais la personne lib
535
que, une culture, dont la valeur suprême n’est ni
l’
individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie
536
re, dont la valeur suprême n’est ni l’individu ni
la
nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie des solidaires
537
ur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais
la
personne librement reliée, l’autonomie des solidaires. g. Rougemo
538
ni la nation, mais la personne librement reliée,
l’
autonomie des solidaires. g. Rougemont Denis de, « L’absence d’une
539
omie des solidaires. g. Rougemont Denis de, «
L’
absence d’une ‟culture nationale”, facteur du développement intellectu
540
ionale”, facteur du développement intellectuel »,
Le
Monde, Paris, 26–27 septembre 1971, p. 22.
541
Paul Valéry et
l’
Europe (29 octobre 1971)h Ce qu’il y a de plus étonnant dans la phr
542
obre 1971)h Ce qu’il y a de plus étonnant dans
la
phrase fameuse de Valéry sur l’Europe, « petit cap de l’Asie », c’est
543
lus étonnant dans la phrase fameuse de Valéry sur
l’
Europe, « petit cap de l’Asie », c’est bien qu’elle nous ait étonnés.
544
ette « péninsule », cet « appendice occidental de
l’
Asie » devenu « la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle d
545
, cet « appendice occidental de l’Asie » devenu «
la
partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le ce
546
ental de l’Asie » devenu « la partie précieuse de
l’
univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps
547
enu « la partie précieuse de l’univers terrestre,
la
perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux commu
548
tie précieuse de l’univers terrestre, la perle de
la
sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux communs des géogr
549
se de l’univers terrestre, la perle de la sphère,
le
cerveau d’un vaste corps », furent lieux communs des géographes franç
550
tres qui disent, en termes très semblables, que «
l’
Europe, cette étroite presqu’île qui ne figure sur le globe que comme
551
urope, cette étroite presqu’île qui ne figure sur
le
globe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du ge
552
i ne figure sur le globe que comme un appendice à
l’
Asie, est devenue la métropole du genre humain » (Mantelle et Brun, 18
553
lobe que comme un appendice à l’Asie, est devenue
la
métropole du genre humain » (Mantelle et Brun, 1816). Lieux communs,
554
816). Lieux communs, mais tellement obnubilés par
la
religion du seul progrès occidental et refoulés par nos nationalismes
555
l et refoulés par nos nationalismes qu’il a fallu
l’
esprit intrépide et sceptique de Valéry pour s’abstraire de l’Europe p
556
répide et sceptique de Valéry pour s’abstraire de
l’
Europe physique et politique et la réinventer comme à partir du monde
557
s’abstraire de l’Europe physique et politique et
la
réinventer comme à partir du monde et de ses effets dans le monde. Il
558
ter comme à partir du monde et de ses effets dans
le
monde. Il s’en étonne lui-même : Je n’avais jamais songé qu’il exist
559
circonstances permanentes de cette vie. Ce sont
les
crises qui nous alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans les
560
alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans
les
consciences des variations d’intensité d’une telle ampleur que l’Euro
561
es variations d’intensité d’une telle ampleur que
l’
Europe en demeurait étonnée, comme quelqu’un qui se relève dans les tô
562
urait étonnée, comme quelqu’un qui se relève dans
les
tôles tordues et ne sait pas s’il est encore vivant. Valéry nous parl
563
ry nous parlait sans ménagements. Certes, réduire
l’
Europe à sa surface physique était bien fait pour angoisser, dans un m
564
monde où nous venions « étourdiment » de « rendre
les
forces proportionnelles aux masses ». Mais qu’était donc encore notre
565
sochistes ? Valéry constatait : « Tout est venu à
l’
Europe, et tout en est venu, ou presque. » Et ce n’était nullement fai
566
alisme. C’était simplement une manière de définir
l’
Europe en tant que « fonction » transformatrice universelle, ou mieux
567
versalisante. D’où tirions-nous alors, Européens,
les
qualités indispensables à l’exercice de cette fonction, et que Valéry
568
s alors, Européens, les qualités indispensables à
l’
exercice de cette fonction, et que Valéry énumérait, en premier examen
569
léry énumérait, en premier examen, comme suit : «
L’
avidité active, la curiosité ardente et désintéressée, un heureux méla
570
premier examen, comme suit : « L’avidité active,
la
curiosité ardente et désintéressée, un heureux mélange de l’imaginati
571
é ardente et désintéressée, un heureux mélange de
l’
imagination et de la rigueur logique, un certain scepticisme non pessi
572
ressée, un heureux mélange de l’imagination et de
la
rigueur logique, un certain scepticisme non pessimiste, un mysticisme
573
» Tentant de développer cette « idée infuse de
l’
Europe » — déjà très bien cristallisée, on vient de le voir, — Valéry
574
rope » — déjà très bien cristallisée, on vient de
le
voir, — Valéry en arrive à sa théorie des trois sources : Toute race
575
ent romanisée, christianisée, et soumise, quant à
l’
esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. Définit
576
e, christianisée, et soumise, quant à l’esprit, à
la
discipline des Grecs, est absolument européenne. Définition célèbre,
577
éenne. Définition célèbre, lacunaire et féconde.
La
tendance bien connue de Valéry s’illustre ici : mathématiser le réel,
578
en connue de Valéry s’illustre ici : mathématiser
le
réel, géométriser l’événement, mettre en figures, dont les propriétés
579
’illustre ici : mathématiser le réel, géométriser
l’
événement, mettre en figures, dont les propriétés soient énonçables en
580
géométriser l’événement, mettre en figures, dont
les
propriétés soient énonçables en peu de mots, tout ce qui fascine son
581
en peu de mots, tout ce qui fascine son esprit. (
L’
élégance de son style est celle d’un théorème : absence d’ornements et
582
absence d’ornements et réduction aux surprises de
la
simplicité.) Si l’on tient « les trois sources » pour la définition d
583
et réduction aux surprises de la simplicité.) Si
l’
on tient « les trois sources » pour la définition d’un ensemble de car
584
aux surprises de la simplicité.) Si l’on tient «
les
trois sources » pour la définition d’un ensemble de caractères, point
585
licité.) Si l’on tient « les trois sources » pour
la
définition d’un ensemble de caractères, point d’objection : peu de co
586
aractères, point d’objection : peu de contrées de
l’
Europe n’y seraient pas incluses. Mais on y a vu communément une défin
587
Chypriotes, Corfiotes ou Céphaloniens, mais pas à
la
Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que
588
ou Céphaloniens, mais pas à la Sicile, faite par
les
Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les R
589
la Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et
les
Arabes, autant que par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la
590
ikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par
les
Grecs et les Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce
591
ric II et les Arabes, autant que par les Grecs et
les
Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce continent, d
592
e par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de
la
moitié des habitants de ce continent, d’Édimbourg à Sofia, de Stockho
593
ropéen, ou de seconde zone ? Mais cela fait toute
la
poésie, toute la musique, des troubadours à Mallarmé et du Tristan de
594
onde zone ? Mais cela fait toute la poésie, toute
la
musique, des troubadours à Mallarmé et du Tristan de Béroul à celui d
595
Tristan de Béroul à celui de Wagner ! Il manque à
la
définition par les trois sources, non l’essentiel mais bien le substa
596
à celui de Wagner ! Il manque à la définition par
les
trois sources, non l’essentiel mais bien le substantiel, physique, ph
597
manque à la définition par les trois sources, non
l’
essentiel mais bien le substantiel, physique, physiologique, affectif
598
par les trois sources, non l’essentiel mais bien
le
substantiel, physique, physiologique, affectif et lyrique. Tout cela
599
e, affectif et lyrique. Tout cela qui n’était pas
le
fort de Valéry. Et tout cela explique peut-être son pessimisme quant
600
ut cela explique peut-être son pessimisme quant à
l’
issue de l’aventure européenne. Chacun se rappelle sans doute les page
601
lique peut-être son pessimisme quant à l’issue de
l’
aventure européenne. Chacun se rappelle sans doute les pages toujours
602
venture européenne. Chacun se rappelle sans doute
les
pages toujours citées sur la mortalité des civilisations. Elles sont
603
rappelle sans doute les pages toujours citées sur
la
mortalité des civilisations. Elles sont aux Ruines de Volney ce que l
604
lisations. Elles sont aux Ruines de Volney ce que
les
Pensées de Pasco sont aux Essais de Montaigne : une série de raccourc
605
ine forme, une certaine brièveté décisive. Lisons
les
Ruines : Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone,
606
emples de Baalbeck et de Jérusalem ? … Hélas ! je
l’
ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furent l
607
terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furent
le
théâtre de tant de splendeurs, et je n’ai vu qu’abandon et que solitu
608
u qu’abandon et que solitude. […] Qui sait si sur
les
rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, da
609
et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de
la
Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbi
610
de. […] Qui sait si sur les rives de la Seine, de
la
Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbillon de tant
611
la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans
le
tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suf
612
enant, dans le tourbillon de tant de jouissances,
le
cœur et les yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : q
613
le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et
les
yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : qui sait si u
614
ssances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à
la
multitude des sensations : qui sait si un voyageur comme moi ne s’ass
615
muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur
la
cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La
616
eurera pas solitaire sur la cendre des peuples et
la
mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de l’Esprit : Ela
617
s et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons
La
Crise de l’Esprit : Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vag
618
ire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de
l’
Esprit : Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la r
619
Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et
la
ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous
620
si est un beau nom. Et nous voyons maintenant que
l’
abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut êtr
621
eau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de
l’
histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut être perdu, so
622
e l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout
le
monde. Tout peut être perdu, songe Valéry — et tout l’est peut-être
623
de. Tout peut être perdu, songe Valéry — et tout
l’
est peut-être déjà — par la faute des disputes périmées que nous prolo
624
songe Valéry — et tout l’est peut-être déjà — par
la
faute des disputes périmées que nous prolongeons. Les misérables Eur
625
aute des disputes périmées que nous prolongeons.
Les
misérables Européens ont mieux aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourgu
626
nacs et aux Bourguignons que de prendre sur toute
la
terre le grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry vo
627
ux Bourguignons que de prendre sur toute la terre
le
grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry voit très b
628
e de prendre sur toute la terre le grand rôle que
les
Romains surent prendre. Ce que Valéry voit très bien, c’est que la p
629
prendre. Ce que Valéry voit très bien, c’est que
la
politique de nos États-nations, qui refusent toute espèce d’union sou
630
ïve : Il n’y aura rien eu de plus sot dans toute
l’
histoire que la concurrence européenne en matière politique et économi
631
ura rien eu de plus sot dans toute l’histoire que
la
concurrence européenne en matière politique et économique… Pendant qu
632
e en matière politique et économique… Pendant que
les
efforts des meilleures têtes de l’Europe constituaient un capital imm
633
… Pendant que les efforts des meilleures têtes de
l’
Europe constituaient un capital immense de savoir utilisable, la tradi
634
ituaient un capital immense de savoir utilisable,
la
tradition naïve de la politique historique de convoitise et d’arrière
635
mense de savoir utilisable, la tradition naïve de
la
politique historique de convoitise et d’arrière-pensées se poursuivai
636
e trahison, à ceux mêmes qu’on entendait dominer,
les
méthodes et les instruments de puissance. À cause de nos nationalism
637
ux mêmes qu’on entendait dominer, les méthodes et
les
instruments de puissance. À cause de nos nationalismes et de leur co
638
eur concurrence insane, qui réduit chacun d’eux à
l’
impuissance, il faut prévoir que nous préférerons aux sacrifices indiv
639
éférerons aux sacrifices individuels raisonnables
l’
abjecte démission générale et rentable : L’Europe aspire visiblement
640
ables l’abjecte démission générale et rentable :
L’
Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américai
641
’y dirige. Valéry n’a peut-être pas envisagé que
l’
État-nation était notre malheur fondamental. Et il n’a pas vécu pour c
642
Byzantins de gauche et de droite communiant dans
le
culte de la nation souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’Eu
643
e gauche et de droite communiant dans le culte de
la
nation souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’Europe intégré
644
ion souveraine. (Communistes et gaullistes contre
l’
Europe intégrée.) Mais il a été le premier, et le seul écrivain frança
645
l’Europe intégrée.) Mais il a été le premier, et
le
seul écrivain français de premier rang, au xxe siècle, à réfléchir s
646
de premier rang, au xxe siècle, à réfléchir sur
les
destins de l’Europe, sur certaines « circonstances permanentes de nos
647
g, au xxe siècle, à réfléchir sur les destins de
l’
Europe, sur certaines « circonstances permanentes de nos vies » dont i
648
entes de nos vies » dont il reste à souhaiter que
l’
interruption brusque ne soit pas seule capable de nous réveiller, car
649
tard. h. Rougemont Denis de, « Paul Valéry et
l’
Europe », Le Monde, Paris, 29 octobre 1971, p. 15 et 18.
650
Rougemont Denis de, « Paul Valéry et l’Europe »,
Le
Monde, Paris, 29 octobre 1971, p. 15 et 18.
651
«
Le
respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)i j
652
« Le respect du réel, c’est
le
revers du paradoxe » (14 décembre 1972)i j Denis de Rougemont, dan
653
gemont, dans une page inspirée de votre livre sur
la
Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rh
654
spirée de votre livre sur la Suisse, vous évoquez
le
Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y
655
ivre sur la Suisse, vous évoquez le Gothard comme
le
cœur de l’Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y prennent leur sou
656
Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de
l’
Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y prennent leur source et que
657
ource et que de ce sommet une vallée descend vers
l’
Italie, une vers l’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le
658
sommet une vallée descend vers l’Italie, une vers
l’
Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le pays latin, disons
659
end vers l’Italie, une vers l’Allemagne, une vers
l’
est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et
660
e, une vers l’Allemagne, une vers l’est, une vers
le
Valais et le pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-v
661
’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et
le
pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le
662
’est, une vers le Valais et le pays latin, disons
la
France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le versant français de v
663
s la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi
le
versant français de votre pays et de vous-même ? Mais je n’ai pas eu
664
et de vous-même ? Mais je n’ai pas eu à choisir !
Le
français est ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’acce
665
ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de
l’
accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non
666
moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est
le
français qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. L
667
Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non
le
breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon D
668
’est le français qu’on y parle, non le breton, ni
l’
alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui
669
s qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni
l’
occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vo
670
arle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan.
Le
parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vous ? Rousse
671
on, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais
l’
écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vous ? Rousseau, Mme de Staël,
672
ur Socrate et Jésus-Christ à des Observations sur
l’
organe détonnant du Brachinus crepitans, en passant par les Nombres ry
673
détonnant du Brachinus crepitans, en passant par
les
Nombres rythmiques de la Prophétie. Il n’y avait donc qu’à suivre une
674
epitans, en passant par les Nombres rythmiques de
la
Prophétie. Il n’y avait donc qu’à suivre une tradition ? De fait, j’a
675
ens à une lignée qui est plus de robe que d’épée.
L’
origine de la famille est franc-comtoise, et il y a dans cette provinc
676
née qui est plus de robe que d’épée. L’origine de
la
famille est franc-comtoise, et il y a dans cette province deux villag
677
e nomment Rougemont. Juges, conseillers d’État de
la
principauté de Neuchâtel pendant des siècles ou, comme mon père, past
678
siècles ou, comme mon père, pasteurs, tels furent
les
Rougemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste. J’avais transformé
679
, je voulais devenir chimiste. J’avais transformé
le
grenier de notre maison en laboratoire. Tout ce qui était germination
680
ettes. Si bien que nous avons échappé de peu à un
nouveau
traité sur le Brachinus crepitans ? De toute l’épaisseur du gymnase s
681
nous avons échappé de peu à un nouveau traité sur
le
Brachinus crepitans ? De toute l’épaisseur du gymnase scientifique où
682
veau traité sur le Brachinus crepitans ? De toute
l’
épaisseur du gymnase scientifique où j’entrai par la vertu de ce goût
683
épaisseur du gymnase scientifique où j’entrai par
la
vertu de ce goût et de ce laboratoire. Mais ce qui avait été passion
684
ais ce qui avait été passion devint devoir, et je
le
détestai aussitôt. D’où votre haine de l’école ? Cela remonte plus ha
685
, et je le détestai aussitôt. D’où votre haine de
l’
école ? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec l’aide de ma sœur aînée,
686
e l’école ? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec
l’
aide de ma sœur aînée, j’avais appris à lire en trois semaines, par li
687
curiosité, par jeu… Ensuite, pendant deux ans, à
l’
école primaire, j’ai dû faire semblant de ne pas savoir. C’est bien po
688
t bien pourquoi mon premier essai a pour titre :
Les
Méfaits de l’instruction publique . Ce pamphlet vient de reparaître,
689
mon premier essai a pour titre : Les Méfaits de
l’
instruction publique . Ce pamphlet vient de reparaître, « aggravé d’un
690
raître, « aggravé d’une Suite de Méfaits », dit
la
couverture, car, hélas ! les choses n’ont pas beaucoup changé depuis
691
te de Méfaits », dit la couverture, car, hélas !
les
choses n’ont pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis le temp
692
pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis
le
temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était
693
hangé depuis mon enfance ni depuis le temps où je
l’
écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était aussi violent q
694
ce ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute
l’
insolence de mes 20 ans. C’était aussi violent qu’Ivan Illich aujourd’
695
violent qu’Ivan Illich aujourd’hui, souvent dans
les
mêmes termes. Ainsi, dès votre premier essai, vous étiez engagé… Je n
696
riture. Mes modèles d’alors étaient Valéry, Gide,
les
auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je sou
697
èles d’alors étaient Valéry, Gide, les auteurs de
la
revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je souhaitais être d
698
éry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de
la
NRF . C’était d’eux que je souhaitais être digne. Plutôt pour le sty
699
t d’eux que je souhaitais être digne. Plutôt pour
le
style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus a
700
e je souhaitais être digne. Plutôt pour le style,
la
rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus anciens et
701
utôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour
le
fond, mes maîtres sont plus anciens et n’ont pas changé, Pascal et Ri
702
Tous ces noms sont français ; c’est pourtant vers
les
Allemagnes que vous partez, à vingt ans. Oui. De vingt à trente ans,
703
vingt ans. Oui. De vingt à trente ans, c’est bien
le
versant germanique que j’explore, d’abord séduit par Goethe, par son
704
art de vivre autant que par ses écrits. Je lisais
les
poètes, Hölderlin, Novalis, Jean-Paul, Rilke. Surtout, je découvrais
705
je découvrais et lisais en allemand Kierkegaard.
Les
éditions que je devais diriger plus tard — « Je sers » — ont contribu
706
-être mon juge ironique. Si Goethe a été pour moi
la
mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je
707
a été pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de
la
valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours
708
i la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de
l’
action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours depuis vingt
709
de la valeur de l’action, à laquelle je consacre
le
plus clair de mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma dém
710
puis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma démesure,
le
signe de l’absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que «
711
inq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de
l’
absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que « la subjectiv
712
ne de l’absolu, du peu de valeur de toute action,
le
rappel que « la subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de
713
du peu de valeur de toute action, le rappel que «
la
subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vi
714
toute action, le rappel que « la subjectivité est
la
vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vienne, puis en Souabe
715
e mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu
les
châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans
716
ienne, puis en Souabe. J’ai connu les châteaux de
la
Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans Le Paysan du
717
, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans
Le
Paysan du Danube . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la
718
. J’ai raconté cela dans Le Paysan du Danube .
L’
engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y
719
ela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et
le
clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bo
720
. L’engagement et le clerc C’est votre œuvre
la
plus romantique. Vous y découvrez le bonheur d’écrire et vous vous éc
721
votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez
le
bonheur d’écrire et vous vous écoutez vivre et penser. Alors, le saut
722
rire et vous vous écoutez vivre et penser. Alors,
le
saut entre les pages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la
723
ous écoutez vivre et penser. Alors, le saut entre
les
pages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la banlieue parisi
724
e saut entre les pages de ce journal et celles de
l’
automne 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut
725
ages de ce journal et celles de l’automne 32 dans
la
banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond dem
726
32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute.
Le
ton, peut-être. Le fond demeure ce qu’il était, car il s’est toujours
727
parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être.
Le
fond demeure ce qu’il était, car il s’est toujours agi pour moi d’une
728
ement dont je demeure convaincu qu’il se révélera
le
plus fécond de notre temps — sous d’autres noms, peut-être, comme le
729
otre temps — sous d’autres noms, peut-être, comme
le
fédéralisme — et que nous baptisons le personnalisme. Nous créons, av
730
tre, comme le fédéralisme — et que nous baptisons
le
personnalisme. Nous créons, avec Mounier et Izard, Esprit , avec Dan
731
politique du pessimisme actif » dont j’ai trouvé
les
éléments aussi bien chez Kierkegaard que chez Nietzsche, chez Karl Ba
732
ez dans votre Cahier de revendications publié par
la
NRF en décembre 1932 : « Nous sommes une génération comblée. Comblée
733
que nous avons à lutter maintenant, mais pour que
les
hommes vivent et demeurent des hommes… » Vous étiez engagé ! Je puis
734
hommes… » Vous étiez engagé ! Je puis revendiquer
la
paternité du concept d’engagement, mais certes pas l’usage qu’on en a
735
aternité du concept d’engagement, mais certes pas
l’
usage qu’on en a fait au cours des dernières décennies. Mon premier li
736
s. Mon premier livre, paru en 1934, Politique de
la
personne , s’ouvrait par un chapitre intitulé « L’engagement du clerc
737
a personne , s’ouvrait par un chapitre intitulé «
L’
engagement du clerc ». Mais, pour moi, l’écrivain engagé n’est pas cel
738
titulé « L’engagement du clerc ». Mais, pour moi,
l’
écrivain engagé n’est pas celui qui s’en remet à un parti quand il s’a
739
n donnée, peut dire : j’en réponds ! Mais de quoi
l’
écrivain peut-il répondre ? De ce qu’il écrit, bien sûr, et de la mani
740
-il répondre ? De ce qu’il écrit, bien sûr, et de
la
manière dont il l’écrit. C’est ce que Penser avec les mains veut il
741
e qu’il écrit, bien sûr, et de la manière dont il
l’
écrit. C’est ce que Penser avec les mains veut illustrer. J’ai posé
742
nser avec les mains veut illustrer. J’ai posé là
le
problème de la culture et cherché une morale de la pensée — concept a
743
ains veut illustrer. J’ai posé là le problème de
la
culture et cherché une morale de la pensée — concept absolument nouve
744
e problème de la culture et cherché une morale de
la
pensée — concept absolument nouveau. (Seul Nietzsche, peut-être…) Aya
745
rché une morale de la pensée — concept absolument
nouveau
. (Seul Nietzsche, peut-être…) Ayant lu ma première version, Paulhan m
746
ie introductive. C’est sans doute ce qui justifie
le
mot, plus drôle que méchant, d’Emmanuel Mounier dans Esprit : « Rou
747
dans Esprit : « Rougemont écrit un œil fixé sur
l’
Éternel et l’autre sur Jean Paulhan. » N’est-ce pas assez juste, et pa
748
ui d’aujourd’hui ? Oui, si vous entendez par l’un
l’
exigence spirituelle, par l’autre l’exigence de la forme, du mouvement
749
ndez par l’un l’exigence spirituelle, par l’autre
l’
exigence de la forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser
750
l’exigence spirituelle, par l’autre l’exigence de
la
forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser avec les mains
751
r l’autre l’exigence de la forme, du mouvement de
la
phrase. Cette année, Penser avec les mains a reparu dans « Idées ».
752
t cette nouvelle édition, j’ai été frappé de voir
la
continuité, d’autres diraient l’obstination, de ma pensée. J’ai retro
753
é frappé de voir la continuité, d’autres diraient
l’
obstination, de ma pensée. J’ai retrouvé aussi ce souci constant : qu’
754
qu’une pensée ne peut être juste que si sa forme
la
vérifie. Bref, j’écris n’importe quel texte, même de doctrine politiq
755
politique, comme s’il s’agissait d’un poème. Dans
les
années 1930, vous dirigiez ou, au moins, vous participiez à la direct
756
0, vous dirigiez ou, au moins, vous participiez à
la
direction de trois revues. Vous collaboriez à plusieurs autres. Elles
757
eprésentaient pourtant des tendances divergentes.
L’
éclectisme est mal vu au temps des fanatiques, qui ont peut-être raiso
758
tique, à ce sens du fédéralisme dont mon pays est
le
produit, et auquel je demeure profondément attaché. La réalité est fa
759
oduit, et auquel je demeure profondément attaché.
La
réalité est faite d’antinomies, dont il faut respecter chacun des ter
760
mies, dont il faut respecter chacun des termes en
les
maintenant en tension, sans confusion, sans séparation ni subordinati
761
ubordination de l’un à l’autre, qu’il s’agisse de
l’
homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la commun
762
e l’un à l’autre, qu’il s’agisse de l’homme et de
la
femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la c
763
re, qu’il s’agisse de l’homme et de la femme dans
le
couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mar
764
e de l’homme et de la femme dans le couple, ou de
la
personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une voca
765
la femme dans le couple, ou de la personne et de
la
communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce p
766
ouple, ou de la personne et de la communauté dans
la
cité. Le mariage est une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’an
767
la personne et de la communauté dans la cité.
Le
mariage est une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’annonce dans v
768
dans vos journaux, que vous avez recueillis sous
le
titre de Journal d’une époque ? J’ai toujours précisé qu’il s’agiss
769
journaux non intimes, situés à égale distance de
la
chronique impersonnelle et de la confidence. Pour moi, ces journaux d
770
gale distance de la chronique impersonnelle et de
la
confidence. Pour moi, ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite — le
771
moi, ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite —
le
Journal d’un Européen — qui ne saurait tarder, ont pour objet non pas
772
ants, réels, dignes d’intérêt. Ou si vous voulez,
le
vrai sujet de ma réflexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de
773
si vous voulez, le vrai sujet de ma réflexion est
l’
époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lieu e
774
t de ma réflexion est l’époque, mais conçue comme
le
lieu de l’engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne pren
775
lexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de
l’
engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne prend vie que d
776
s conçue comme le lieu de l’engagement personnel,
le
lieu existentiel. L’intime ne prend vie que dans une relation avec le
777
u de l’engagement personnel, le lieu existentiel.
L’
intime ne prend vie que dans une relation avec le prochain, et cette r
778
L’intime ne prend vie que dans une relation avec
le
prochain, et cette relation que dans une relation avec la cité. Je ré
779
ain, et cette relation que dans une relation avec
la
cité. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par le p
780
avec la cité. Je résume ainsi ce parcours : « De
l’
intime à l’ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le tit
781
té. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intime à
l’
ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du
782
ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par
le
proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du livre qui vie
783
ime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi
le
titre même du livre qui vient de reparaître en édition « définitive »
784
unit un terme affectif à un terme géopolitique :
L’
Amour et l’Occident . Pour vous qui étiez si engagé dans une pensée po
785
me affectif à un terme géopolitique : L’Amour et
l’
Occident . Pour vous qui étiez si engagé dans une pensée politique et
786
e politique et religieuse, comment se fait-il que
l’
amour vous ait intéressé ? Dites-moi plutôt comment il faudrait faire
787
nt il faudrait faire pour ne pas s’y intéresser !
Le
point de départ de ma réflexion aurait pu être cette maxime de La Roc
788
rt de ma réflexion aurait pu être cette maxime de
La
Rochefoucauld : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient
789
relation (de nouveau, n’est-ce pas, une relation)
l’
amour et ses étymologies historiques et religieuses. Et je savais auss
790
uellement, mais que tout ne se manifeste pas, que
l’
histoire est l’histoire de manifestations successives… Il faut aussi s
791
que tout ne se manifeste pas, que l’histoire est
l’
histoire de manifestations successives… Il faut aussi se souvenir que
792
enir que mon historicisme est fondé en théologie.
Le
christianisme est une historicité. Christ a souffert « sous Ponce Pil
793
e ». J’ai vu l’autre jour, au musée de Jérusalem,
la
stèle portant gravé le nom du procurateur de Judée, assez récemment d
794
ur, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé
le
nom du procurateur de Judée, assez récemment découverte. Il ne s’agit
795
is bien d’une irréductibilité temporelle. Quant à
l’
occasion du livre, et pour passer du sublime au trivial, ce fut une co
796
ce sujet, il y a une anecdote que je raconte dans
le
post-scriptum « non définitif et scientifico-polémique » à la nouvell
797
ptum « non définitif et scientifico-polémique » à
la
nouvelle édition. J’avais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue
798
vais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue,
l’
opposition passion-mariage. Là-dessus, Daniel-Rops me propose d’en fai
799
, Daniel-Rops me propose d’en faire un livre pour
la
collection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien. La date approch
800
ection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien.
La
date approche. Quel soulagement quand Rops me demande de céder mon to
801
céder mon tour à un jeune lieutenant-colonel dont
le
livre est, me dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par
802
dont le livre est, me dit-il, des plus urgents :
La
France et son armée, par Charles de Gaulle. Mais enfin, le livre fut
803
et son armée, par Charles de Gaulle. Mais enfin,
le
livre fut écrit… En trois mois, dans une sorte de fièvre. Comme si to
804
le aussi bien que ma réflexion, m’avait préparé à
l’
écrire. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer le personnalisme
805
re. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer
le
personnalisme au domaine de l’érotique. Entre deux individus, il ne p
806
issait d’appliquer le personnalisme au domaine de
l’
érotique. Entre deux individus, il ne peut y avoir qu’une liaison. Mai
807
gagement réel et fidélité à cet engagement, alors
la
personne peut s’épanouir. Il n’y a mariage qu’entre personnes. Et c’e
808
y a mariage qu’entre personnes. Et c’est pourquoi
le
mariage est une vocation. Si bien que votre livre est contre la passi
809
une vocation. Si bien que votre livre est contre
la
passion… Pas du tout ! Condamner la passion n’aurait pas de sens. Mai
810
re est contre la passion… Pas du tout ! Condamner
la
passion n’aurait pas de sens. Mais il est fou de vouloir fonder le ma
811
it pas de sens. Mais il est fou de vouloir fonder
le
mariage sur l’amour seul, car la passion est née contre le mariage. C
812
Mais il est fou de vouloir fonder le mariage sur
l’
amour seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradox
813
e vouloir fonder le mariage sur l’amour seul, car
la
passion est née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’aut
814
e sur l’amour seul, car la passion est née contre
le
mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’autres. Votre pensée si grave
815
t d’autres. Votre pensée si grave… C’est vous qui
le
dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou mes Mé
816
ous qui le dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur
la
bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où j’expli
817
tres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et
la
Part du diable , où j’explique que la démocratie ne se distingue du
818
faits … Et la Part du diable , où j’explique que
la
démocratie ne se distingue du totalitarisme que par l’humour, et par
819
mocratie ne se distingue du totalitarisme que par
l’
humour, et par rien d’autre. … Votre pensée si soucieuse de cohérence
820
soucieuse de cohérence paraît connaître plus que
le
goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esth
821
e de cohérence paraît connaître plus que le goût,
le
besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esthétique, p
822
s que le goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour
le
contraste, par souci esthétique, pour respirer un peu ou permettre à
823
ermettre à votre lecteur de respirer ? Nullement.
Le
paradoxe est essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’hom
824
rer ? Nullement. Le paradoxe est essentiel. C’est
le
fondement même de ma démarche. L’homme est à la fois libre et respons
825
ssentiel. C’est le fondement même de ma démarche.
L’
homme est à la fois libre et responsable : paradoxe ! Il ne devient lu
826
sable : paradoxe ! Il ne devient lui-même que par
la
vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la
827
que par la vocation, ce sentier qui se crée sous
les
pas qui le suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même
828
vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui
le
suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même coup au pro
829
ier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais
la
vocation, qui rend unique, relie du même coup au prochain… paradoxe.
830
unique, relie du même coup au prochain… paradoxe.
Le
fédéralisme : c’est l’union et l’autonomie… l’Un et le Divers… parado
831
oup au prochain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est
l’
union et l’autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le resp
832
hain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’union et
l’
autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel
833
déralisme : c’est l’union et l’autonomie… l’Un et
le
Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du
834
tonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous,
le
respect du réel, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amu
835
… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est
le
respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amuse, vrai qu’il correspond
836
correspond à un goût profond. Mais il est d’abord
la
condition de toutes les libertés, qui est le respect des antinomies.
837
ofond. Mais il est d’abord la condition de toutes
les
libertés, qui est le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’
838
bord la condition de toutes les libertés, qui est
le
respect des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tension
839
bertés, qui est le respect des antinomies. Il est
la
légèreté de l’esprit et la tension nécessaire à son action. Choisi
840
le respect des antinomies. Il est la légèreté de
l’
esprit et la tension nécessaire à son action. Choisir l’avenir…
841
des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et
la
tension nécessaire à son action. Choisir l’avenir… Avez-vous ét
842
et la tension nécessaire à son action. Choisir
l’
avenir… Avez-vous été amené à réviser votre livre eu égard à tous l
843
s été amené à réviser votre livre eu égard à tous
les
changements qui sont intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées de
844
er des polémiques, il me paraissait nécessaire de
le
réassumer, de renouveler mon engagement, ma responsabilité. Certes, l
845
uveler mon engagement, ma responsabilité. Certes,
le
monde change et dans le domaine des mœurs l’évolution est même plus p
846
a responsabilité. Certes, le monde change et dans
le
domaine des mœurs l’évolution est même plus profonde qu’on ne le croi
847
tes, le monde change et dans le domaine des mœurs
l’
évolution est même plus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans
848
mœurs l’évolution est même plus profonde qu’on ne
le
croit, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que no
849
lus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans
le
sens que j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau su
850
j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un
nouveau
surgissement du principe féminin, bien moins sensible d’ailleurs, dan
851
ipe féminin, bien moins sensible d’ailleurs, dans
le
mouvement de libération des femmes que dans les rêves interprétés par
852
ns le mouvement de libération des femmes que dans
les
rêves interprétés par C. G. Jung, les spéculations de Teilhard de Cha
853
es que dans les rêves interprétés par C. G. Jung,
les
spéculations de Teilhard de Chardin, ou les utopies fouriéristes d’An
854
Jung, les spéculations de Teilhard de Chardin, ou
les
utopies fouriéristes d’André Breton. Qui sait, peut-être n’ai-je été
855
ue notre siècle devait finir par lui ressembler ?
Nouveau
paradoxe. Surtout pour un penseur comme vous qui scrutez les signes a
856
e. Surtout pour un penseur comme vous qui scrutez
les
signes avant-coureurs de l’avenir de l’Europe et du monde ! C’est qu’
857
mme vous qui scrutez les signes avant-coureurs de
l’
avenir de l’Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir s
858
scrutez les signes avant-coureurs de l’avenir de
l’
Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir si l’on veut
859
l’Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de
l’
avenir si l’on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, ma
860
du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir si
l’
on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou pol
861
l faut partir de l’avenir si l’on veut comprendre
l’
aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou politique) ne peut venir
862
e l’avenir si l’on veut comprendre l’aujourd’hui.
La
vocation (passion, mariage ou politique) ne peut venir que de l’aveni
863
ssion, mariage ou politique) ne peut venir que de
l’
avenir. Ce n’est jamais une voix du passé. Dieu, qu’est-ce, sinon le f
864
jamais une voix du passé. Dieu, qu’est-ce, sinon
le
futur éternel ? Avant toute chose, il faut considérer la fin ! C’est
865
r éternel ? Avant toute chose, il faut considérer
la
fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur l’an 2000. Seulement
866
fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur
l’
an 2000. Seulement, il faut comprendre qu’une prévision passive est un
867
nous appelle. Nous ne sommes pas là pour prédire
l’
avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère dans une conférence en
868
ne sommes pas là pour prédire l’avenir, mais pour
le
faire ! Je disais naguère dans une conférence en Amérique : « Pour la
869
ique : « Pour la première fois dans son histoire,
l’
homme se voit contraint de choisir librement son avenir. Et il y est c
870
t du seul fait qu’il en a, pour la première fois,
la
liberté. » Vous me direz que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Cel
871
que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Celui de
la
vérité, ou en tout cas de notre réalité. i. Rougemont Denis de, «
872
réalité. i. Rougemont Denis de, « [Entretien]
Le
respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 d
873
Denis de, « [Entretien] Le respect du réel, c’est
le
revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 20-21. j
874
e respect du réel, c’est le revers du paradoxe »,
Le
Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 20-21. j. Propos recueillis par J
875
Propos recueillis par Jean Blot et introduits par
la
note suivante : « Quatre ouvrages de Denis de Rougemont ont été réédi
876
ée, à quoi viennent s’ajouter quatre publications
nouvelles
. C’est la preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce pen
877
nt s’ajouter quatre publications nouvelles. C’est
la
preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce penseur engag
878
lications nouvelles. C’est la preuve éclatante de
l’
actualité et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands
879
s. C’est la preuve éclatante de l’actualité et de
la
vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands débats du siècle e
880
et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous
les
grands débats du siècle et qui a su apporter à chacun une réponse ori
881
ée par cette maxime que je lui emprunte : “Amener
la
pensée à la plus insistante vénération du réel.” Par cette vénération
882
maxime que je lui emprunte : “Amener la pensée à
la
plus insistante vénération du réel.” Par cette vénération se trouve f
883
trouve fondé un refus instinctif de choisir entre
l’
homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie p
884
é un refus instinctif de choisir entre l’homme et
le
monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’
885
instinctif de choisir entre l’homme et le monde,
l’
individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la
886
choisir entre l’homme et le monde, l’individu et
la
société, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par
887
re l’homme et le monde, l’individu et la société,
la
vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par elle seront
888
monde, l’individu et la société, la vie privée et
la
vie publique, l’art et la politique. Par elle seront conciliés le phi
889
et la société, la vie privée et la vie publique,
l’
art et la politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publi
890
ciété, la vie privée et la vie publique, l’art et
la
politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publiciste, le
891
l’art et la politique. Par elle seront conciliés
le
philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écou
892
litique. Par elle seront conciliés le philosophe,
le
publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Den
893
le seront conciliés le philosophe, le publiciste,
le
poète, l’homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Denis de Rougemont
894
conciliés le philosophe, le publiciste, le poète,
l’
homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Denis de Rougemont va retrou
895
e publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À
l’
écoute du réel, Denis de Rougemont va retrouver l’unité des termes que
896
l’écoute du réel, Denis de Rougemont va retrouver
l’
unité des termes que l’habitude oppose et découvrir en l’un la substan
897
de Rougemont va retrouver l’unité des termes que
l’
habitude oppose et découvrir en l’un la substance de l’autre. Individu
898
termes que l’habitude oppose et découvrir en l’un
la
substance de l’autre. Individu et société doivent se fondre dans l’un
899
autre. Individu et société doivent se fondre dans
l’
unité de la personne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’en
900
vidu et société doivent se fondre dans l’unité de
la
personne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’engagement da
901
e dans l’unité de la personne, dignité à laquelle
l’
homme n’accède que par l’engagement dans le monde — source et théâtre
902
onne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par
l’
engagement dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relati
903
quelle l’homme n’accède que par l’engagement dans
le
monde — source et théâtre de sa vocation. La relation est réciproque.
904
dans le monde — source et théâtre de sa vocation.
La
relation est réciproque. La société n’a pour réalité et pour fin que
905
éâtre de sa vocation. La relation est réciproque.
La
société n’a pour réalité et pour fin que les personnes qui la compose
906
oque. La société n’a pour réalité et pour fin que
les
personnes qui la composent et son organisation doit la transformer en
907
’a pour réalité et pour fin que les personnes qui
la
composent et son organisation doit la transformer en un terrain ferti
908
rsonnes qui la composent et son organisation doit
la
transformer en un terrain fertile où les vocations pourront s’épanoui
909
tion doit la transformer en un terrain fertile où
les
vocations pourront s’épanouir. Cette pensée débouche naturellement su
910
épanouir. Cette pensée débouche naturellement sur
la
scène politique, où elle se fera connaître sous le nom de personnalis
911
a scène politique, où elle se fera connaître sous
le
nom de personnalisme. Elle suppose une organisation de l’État où l’un
912
e personnalisme. Elle suppose une organisation de
l’
État où l’un et les divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle con
913
lle suppose une organisation de l’État où l’un et
les
divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l
914
e l’État où l’un et les divers seront conciliés :
le
fédéralisme. Elle conduit son auteur à l’action. Denis de Rougemont a
915
iliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à
l’
action. Denis de Rougemont a consacré à la cause de l’Europe, dont il
916
uteur à l’action. Denis de Rougemont a consacré à
la
cause de l’Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a
917
tion. Denis de Rougemont a consacré à la cause de
l’
Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a vécu les ter
918
consacré à la cause de l’Europe, dont il connaît
les
visages différents, dont il a vécu les terribles déchirements, une pa
919
il connaît les visages différents, dont il a vécu
les
terribles déchirements, une part importante de son temps, de son éner
920
entre européen de la culture, il en assure depuis
la
direction, anime les campagnes d’éducation civique européenne, l’Asso
921
culture, il en assure depuis la direction, anime
les
campagnes d’éducation civique européenne, l’Association européenne de
922
ime les campagnes d’éducation civique européenne,
l’
Association européenne des festivals de musique, l’Association des ins
923
’Association européenne des festivals de musique,
l’
Association des instituts… »
924
Descartes inversé ou
le
zen occidental (14 décembre 1972)k l J’ai appris le tir au fusil d
925
n occidental (14 décembre 1972)k l J’ai appris
le
tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fournit au monde l
926
un pays qui, traditionnellement, fournit au monde
les
champions de cet art ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée
927
e promue au grade de lieutenant, et d’acquérir de
la
sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je
928
lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt
le
droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de tout
929
r de la sorte au plus tôt le droit de faire taire
les
sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tire
930
e toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais
les
conseils d’ordonnance, et je tirais aussi mal que possible. Car je me
931
e me trouvais embarrassé de tant de recettes et d’
ordres
assénés qu’il me semblait, d’un exercice à l’autre, n’avoir fait de p
932
rcice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans
la
découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce
933
esse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que
l’
on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec
934
je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin
le
cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme
935
, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant
l’
arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et, lorsqu
936
osité, et, lorsque enfin je me croyais prêt selon
la
méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allai
937
la méthode des sergents, je me décidais à lâcher
le
coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la
938
âcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans
le
parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du gran
939
lait régulièrement dans le parapet, au-dessous de
la
cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommai
940
ans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant
la
date approchait du grand concours que l’on nommait « tir au galon ».
941
ependant la date approchait du grand concours que
l’
on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, l’on poussait l’entraî
942
l’on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité,
l’
on poussait l’entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les au
943
tir au galon ». Dans chaque unité, l’on poussait
l’
entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me
944
entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait
les
autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-
945
à profiter de ce répit pour trouver par moi-même
le
secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir co
946
trouver par moi-même le secret de mes erreurs et
le
moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je
947
moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de
les
corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pa
948
ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant
l’
honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L
949
marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon
l’
espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux
950
rqué un point, très loin du noir, mais enfin dans
la
cible. Il se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de
951
n dans la cible. Il se baissa vers moi, me saisit
la
main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme
952
l se baissa vers moi, me saisit la main droite et
l’
écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme vos doigts sont cr
953
vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de
la
garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme vos doigts sont crispés. Rien
954
ir ! Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait
l’
index qui a pris le cran d’arrêt. Quand vous serez assez concentré, la
955
à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris
le
cran d’arrêt. Quand vous serez assez concentré, laissez-vous simpleme
956
r ce petit disque noir à 300 mètres qui danse sur
la
ligne de mire. Sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous l
957
res qui danse sur la ligne de mire. Sans que vous
l’
ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oublie
958
sur la ligne de mire. Sans que vous l’ayez voulu,
le
coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et
959
s que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous
le
répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez es
960
rtira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez
le
reste. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne
961
este. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez
le
noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien.
962
ayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que
le
noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’ar
963
z plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien.
Le
disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait.
964
ait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais de
le
rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que
965
embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de
l’
aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. S
966
ayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de
le
fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me p
967
t plus large, plus proche, bien mat, et immobile…
La
détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douil
968
me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter
la
douille et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un p
969
le et rechargeai machinalement. Et quand je levai
les
yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion rouge surgit
970
où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de
la
cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours p
971
du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua
le
centre du noir. Trois jours plus tard, au scandale du sergent, je gag
972
urs plus tard, au scandale du sergent, je gagnais
le
fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et l’arborais
973
gagnais le fameux galon, insigne des champions de
l’
école de tir, et l’arborais sur la manche droite de la tunique. Quant
974
alon, insigne des champions de l’école de tir, et
l’
arborais sur la manche droite de la tunique. Quant aux conséquences pl
975
es champions de l’école de tir, et l’arborais sur
la
manche droite de la tunique. Quant aux conséquences plus lointaines e
976
ole de tir, et l’arborais sur la manche droite de
la
tunique. Quant aux conséquences plus lointaines et aux implications d
977
au but avait, en un instant, posé et vérifié pour
le
restant de mes jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’e
978
ant, posé et vérifié pour le restant de mes jours
la
juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord que des
979
mais dont je pressentais, en toute confiance, que
la
vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de
980
confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait
les
illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je
981
ts domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je
les
consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en f
982
les consigne ici, fort brièvement, réservant pour
la
suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’em
983
gne ici, fort brièvement, réservant pour la suite
le
soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1)
984
nt, réservant pour la suite le soin d’en formuler
les
fondements théoriques et le mode d’emploi. 1) La considération minuti
985
e soin d’en formuler les fondements théoriques et
le
mode d’emploi. 1) La considération minutieuse des moyens, la stricte
986
les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1)
La
considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une mét
987
mploi. 1) La considération minutieuse des moyens,
la
stricte application d’une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces m
988
ens, la stricte application d’une méthode réglant
l’
ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée,
989
s, la stricte application d’une méthode réglant l’
ordre
et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obé
990
icte application d’une méthode réglant l’ordre et
l’
usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissanc
991
méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens,
la
maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissance aux préceptes légaux
992
ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée,
l’
obéissance aux préceptes légaux et coutumiers, ne suffisent pas pour a
993
ux et coutumiers, ne suffisent pas pour atteindre
le
but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent
994
atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans
la
mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou
995
nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent
l’
attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but
996
ns la mesure exacte où ils absorbent l’attention,
la
détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but doit nous re
997
s absorbent l’attention, la détournent du but, ou
le
font oublier. 2) L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir.
998
ion, la détournent du but, ou le font oublier. 2)
L’
appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’a
999
joindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord
la
force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La
1000
ut que d’abord la force vient à nous, déclenchant
le
mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but di
1001
s, déclenchant le mouvement inverse, par attrait.
La
considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre
1002
t. La considération envoûtante du but dicte ainsi
les
moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune métho
1003
ation envoûtante du but dicte ainsi les moyens de
l’
atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode, ou qu’auc
1004
e du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et
les
oriente plus strictement qu’aucune méthode, ou qu’aucun prétexte reçu
1005
reçu. 3) Toute action efficace commence donc par
la
fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si la fin ne ju
1006
par la fin. Avant toute chose, il faut considérer
la
fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justi
1007
ant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si
la
fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autr
1008
t considérer la fin. 4) Si la fin ne justifie pas
les
moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est
1009
la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui
les
justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de la fin des fins qu’il
1010
es justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de
la
fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie le
1011
e la fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5)
La
fin seule justifie les moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste
1012
l nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie
les
moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste fin. Car nulle fin ne
1013
r. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont
les
vrais moyens d’une juste fin. Car nulle fin ne peut communiquer plus
1014
fier, si moraux, efficaces ou corrects que soient
les
moyens qu’on lui applique. Une fin toute juste justifie tout ce qu’el
1015
toute juste justifie tout ce qu’elle inspire pour
la
rejoindre en vérité — et c’est Dieu seul1. Le jugement de bien ou de
1016
our la rejoindre en vérité — et c’est Dieu seul1.
Le
jugement de bien ou de mal ne peut donc s’exercer sur les moyens qu’à
1017
ment de bien ou de mal ne peut donc s’exercer sur
les
moyens qu’à partir des fins qui les dictent, selon qu’elles sont bonn
1018
s’exercer sur les moyens qu’à partir des fins qui
les
dictent, selon qu’elles sont bonnes ou mauvaises, relativement à d’au
1019
relativement à d’autres fins plus hautes, et dans
la
seule mesure où ces moyens servent nécessairement ces fins. Car un mo
1020
donc être jugé mauvais ou bon. 1. Relevons ici
la
similitude étonnante des deux doctrines au nom desquelles, au xvie s
1021
es et jésuites se déchirèrent ; justification par
la
foi (la foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et
1022
suites se déchirèrent ; justification par la foi (
la
foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et justific
1023
foi étant ferme assurance, présence anticipée de
la
fin), et justification par la fin. k. Rougemont Denis de, « Descart
1024
ésence anticipée de la fin), et justification par
la
fin. k. Rougemont Denis de, « Descartes inversé ou le zen occidenta
1025
. k. Rougemont Denis de, « Descartes inversé ou
le
zen occidental », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 21. l. Prése
1026
s de, « Descartes inversé ou le zen occidental »,
Le
Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 21. l. Présenté par cette note :
1027
« Ces pages sont extraites du chapitre initial de
la
Morale du But, deuxième partie d’une Théorie générale du fédéralisme
1028
ale du fédéralisme qui comportera une doctrine de
la
personne, une morale, et une politique (histoire et prospective de la
1029
ale, et une politique (histoire et prospective de
la
cité). L’auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois a
1030
e politique (histoire et prospective de la cité).
L’
auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois ans. »
1031
la cité). L’auteur espère achever cet ouvrage et
le
publier dans trois ans. »
1032
La
révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L
1033
La révolte des régions :
l’
État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L’interdiction récente de
1034
La révolte des régions : l’État-nation contre
l’
Europe (mars 1974)n L’interdiction récente de quatre mouvements rég
1035
s : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)n
L’
interdiction récente de quatre mouvements régionalistes en France a ét
1036
s passionnées quoique officielles, non pas contre
l’
idée de région en soi, qualifiée par le général de Gaulle de « grande
1037
pas contre l’idée de région en soi, qualifiée par
le
général de Gaulle de « grande réforme de notre siècle », mais contre
1038
e « grande réforme de notre siècle », mais contre
l’
Europe des régions — sans laquelle l’Europe ne sera pas, ni les région
1039
mais contre l’Europe des régions — sans laquelle
l’
Europe ne sera pas, ni les régions. « L’expression ‟Europe des régions
1040
régions — sans laquelle l’Europe ne sera pas, ni
les
régions. « L’expression ‟Europe des régions” non seulement me hérisse
1041
laquelle l’Europe ne sera pas, ni les régions. «
L’
expression ‟Europe des régions” non seulement me hérisse mais constitu
1042
passé largement révolu, celui du Moyen Âge et de
la
féodalité », affirme M. Georges Pompidou. « Briser les nations pour l
1043
éodalité », affirme M. Georges Pompidou. « Briser
les
nations pour leur substituer des régions ? Cette tendance absurde de
1044
uer des régions ? Cette tendance absurde de bâtir
l’
avenir sur un système médiéval… », déclare à son tour M. Michel Debré.
1045
parlent de régions sont « des imbéciles ignorant
l’
histoire », « des inadaptés », « des gens qui agissent pour le compte
1046
, « des inadaptés », « des gens qui agissent pour
le
compte de l’étranger », « des réactionnaires ou des gauchistes » ou e
1047
ptés », « des gens qui agissent pour le compte de
l’
étranger », « des réactionnaires ou des gauchistes » ou encore « les t
1048
es réactionnaires ou des gauchistes » ou encore «
les
tenants d’un certain mythe européen, celui de l’Europe des régions, q
1049
les tenants d’un certain mythe européen, celui de
l’
Europe des régions, qui est une absurdité », déclare enfin M. Sanguine
1050
, mais uniquement français, proclame encore que «
le
bien le plus précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’unifica
1051
niquement français, proclame encore que « le bien
le
plus précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’unification plu
1052
lame encore que « le bien le plus précieux, c’est
l’
unité nationale » (entendons l’unification plus ou moins forcée de six
1053
us précieux, c’est l’unité nationale » (entendons
l’
unification plus ou moins forcée de six ou sept « nations » au sens an
1054
par une autre nation qui leur impose sa langue).
L’
unité nationale au-dessus-de-tout, partout — Deutschland über alles, p
1055
alles, pour prendre un autre exemple —, telle est
la
religion de l’État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices h
1056
ndre un autre exemple —, telle est la religion de
l’
État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices humains, et les
1057
xemple —, telle est la religion de l’État-nation,
la
seule qui exige encore des sacrifices humains, et les obtienne. Toute
1058
seule qui exige encore des sacrifices humains, et
les
obtienne. Toutes ces déclarations traduisent une curieuse anxiété dan
1059
déclarations traduisent une curieuse anxiété dans
l’
esprit des hommes au pouvoir et une extrême nervosité de leurs polices
1060
gauchiste, ni réactionnaire, ni plus ignorant de
l’
histoire qu’aucun de ceux que je viens de citer ; au surplus responsab
1061
que je viens de citer ; au surplus responsable de
l’
expression qui paraît leur faire tellement peur, je vais tenter de déb
1062
ues malentendus fondamentaux dont ils me semblent
les
victimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte
1063
ls me semblent les victimes. Et d’abord replaçons
le
concept de région dans le contexte de l’Europe d’aujourd’hui — et non
1064
s. Et d’abord replaçons le concept de région dans
le
contexte de l’Europe d’aujourd’hui — et non pas du xixe siècle — hor
1065
eplaçons le concept de région dans le contexte de
l’
Europe d’aujourd’hui — et non pas du xixe siècle — hors duquel il ne
1066
« médiéval ». Il existe une raison majeure d’unir
les
Européens du xxe siècle : éviter leur colonisation politique par l’E
1067
siècle : éviter leur colonisation politique par
l’
Est et leur colonisation économique par l’Ouest ; ou les deux ensemble
1068
que par l’Est et leur colonisation économique par
l’
Ouest ; ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américain
1069
et leur colonisation économique par l’Ouest ; ou
les
deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américains soient de ma
1070
mique par l’Ouest ; ou les deux ensemble. Non que
les
Soviétiques et les Américains soient de mauvaises gens, mais la colon
1071
ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et
les
Américains soient de mauvaises gens, mais la colonisation est une mau
1072
et les Américains soient de mauvaises gens, mais
la
colonisation est une mauvaise chose. Non qu’ils soient pires que nous
1073
ise chose. Non qu’ils soient pires que nous, mais
la
colonisation est pire que tout. Il existe deux raisons majeures de pr
1074
ut. Il existe deux raisons majeures de promouvoir
les
régions en Europe : On ne peut « faire l’Europe » que fédérale — non
1075
ouvoir les régions en Europe : On ne peut « faire
l’
Europe » que fédérale — non unitaire —, et les régions en fourniront l
1076
aire l’Europe » que fédérale — non unitaire —, et
les
régions en fourniront le seul moyen ; Il est vital de rendre aux cito
1077
le — non unitaire —, et les régions en fourniront
le
seul moyen ; Il est vital de rendre aux citoyens la possibilité de pa
1078
seul moyen ; Il est vital de rendre aux citoyens
la
possibilité de participer aux décisions de la cité, et les régions en
1079
ens la possibilité de participer aux décisions de
la
cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des p
1080
bilité de participer aux décisions de la cité, et
les
régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des patries, des n
1081
écisions de la cité, et les régions en fourniront
le
seul moyen. L’Europe dite des patries, des nations ou des États, bref
1082
cité, et les régions en fourniront le seul moyen.
L’
Europe dite des patries, des nations ou des États, bref, l’Europe des
1083
dite des patries, des nations ou des États, bref,
l’
Europe des États-nations, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré
1084
es États, bref, l’Europe des États-nations, on ne
la
fera jamais : c’est un cercle carré. La réunion de Washington vient d
1085
ns, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré.
La
réunion de Washington vient d’en administrer une preuve de plus, à me
1086
ent superflue. Cette Europe des États-nations, je
l’
ai baptisée depuis longtemps l’amicale des misanthropes. Cela peut se
1087
États-nations, je l’ai baptisée depuis longtemps
l’
amicale des misanthropes. Cela peut se dire, non se faire, pour des ra
1088
peut se dire, non se faire, pour des raisons que
l’
on voit très bien. Personne n’en veut d’ailleurs, et ses protagonistes
1089
un rôle au plan mondial, trop grands pour animer
la
vie civique de leurs régions, les États-nations sont condamnés par to
1090
ands pour animer la vie civique de leurs régions,
les
États-nations sont condamnés par toute l’évolution du monde moderne.
1091
gions, les États-nations sont condamnés par toute
l’
évolution du monde moderne. Le général de Gaulle l’avait senti. Il a c
1092
condamnés par toute l’évolution du monde moderne.
Le
général de Gaulle l’avait senti. Il a choisi de tomber sur « l’affair
1093
’évolution du monde moderne. Le général de Gaulle
l’
avait senti. Il a choisi de tomber sur « l’affaire des régions ». Le p
1094
Gaulle l’avait senti. Il a choisi de tomber sur «
l’
affaire des régions ». Le paladin de l’Europe des nations devenait ain
1095
a choisi de tomber sur « l’affaire des régions ».
Le
paladin de l’Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère
1096
mber sur « l’affaire des régions ». Le paladin de
l’
Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère nouvelle et g
1097
Le paladin de l’Europe des nations devenait ainsi
le
précurseur de l’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’hi
1098
urope des nations devenait ainsi le précurseur de
l’
ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’histoire du monde.
1099
précurseur de l’ère nouvelle et gagnait sur tous
les
tableaux de l’histoire du monde. C’était bien joué. Ses successeurs,
1100
’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de
l’
histoire du monde. C’était bien joué. Ses successeurs, hélas, l’ont ma
1101
monde. C’était bien joué. Ses successeurs, hélas,
l’
ont mal compris. Ils ferment tout ce que le général voulait ouvrir. M.
1102
hélas, l’ont mal compris. Ils ferment tout ce que
le
général voulait ouvrir. M. Messmer explique, à Lyon, que la coopérati
1103
voulait ouvrir. M. Messmer explique, à Lyon, que
la
coopération des régions périphériques doit s’arrêter à la frontière e
1104
ration des régions périphériques doit s’arrêter à
la
frontière et s’exercer vers l’intérieur seulement. À Lyon, six ans pl
1105
s doit s’arrêter à la frontière et s’exercer vers
l’
intérieur seulement. À Lyon, six ans plus tôt, le général recommandait
1106
l’intérieur seulement. À Lyon, six ans plus tôt,
le
général recommandait aux mêmes régions d’entretenir « des relations p
1107
des relations plus directes et plus étroites avec
l’
extérieur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et
1108
lus étroites avec l’extérieur » et il précisait :
le
Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la F
1109
avec l’extérieur » et il précisait : le Nord avec
la
Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté
1110
eur » et il précisait : le Nord avec la Belgique,
la
Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suiss
1111
cisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et
l’
Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes
1112
rd avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec
l’
Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse
1113
lgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne,
la
Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie,
1114
l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec
la
Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Lan
1115
la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec
la
Suisse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin médite
1116
mté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et
l’
Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aq
1117
a Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie,
la
Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine av
1118
-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et
le
Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, l
1119
sse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec
le
bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’
1120
nce et le Languedoc avec le bassin méditerranéen,
l’
Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandi
1121
oc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec
l’
Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglai
1122
bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne,
la
Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaull
1123
éen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec
l’
Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme
1124
avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et
la
Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme d’État, ses succ
1125
a Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec
les
Anglais. De Gaulle était un homme d’État, ses successeurs ne sont que
1126
d’État, ses successeurs ne sont que des hommes de
l’
État. L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes poli
1127
ses successeurs ne sont que des hommes de l’État.
L’
Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques a
1128
hommes de l’État. L’Europe est inconcevable sans
les
régions. Tous les hommes politiques au pouvoir aujourd’hui proclament
1129
L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous
les
hommes politiques au pouvoir aujourd’hui proclament qu’il faut la fai
1130
ques au pouvoir aujourd’hui proclament qu’il faut
la
faire et font semblant de la vouloir, parce qu’ils savent bien que c’
1131
roclament qu’il faut la faire et font semblant de
la
vouloir, parce qu’ils savent bien que c’est impossible sur les bases
1132
parce qu’ils savent bien que c’est impossible sur
les
bases stato-nationales, seules prises en considération dans toutes no
1133
e soi, mais aussi à Bruxelles et à Strasbourg, où
l’
on se veut avant tout « réaliste ». Ceux qui l’ont crue possible sur c
1134
où l’on se veut avant tout « réaliste ». Ceux qui
l’
ont crue possible sur ces bases sont morts sans l’avoir imposée : Schu
1135
l’ont crue possible sur ces bases sont morts sans
l’
avoir imposée : Schuman, Adenauer, De Gasperi. Si ces hommes, qui avai
1136
en main, n’ont rien pu faire, c’est vraiment que
la
formule est impossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui les a re
1137
iment que la formule est impossible. Ce n’est pas
l’
opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, régulièrement,
1138
impossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui
les
a retenus. Tous les sondages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur
1139
t pas l’opinion populaire qui les a retenus. Tous
les
sondages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur de l’Europe unie. E
1140
dages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur de
l’
Europe unie. Et ce ne sont pas les difficultés économiques : elles seu
1141
5 % en faveur de l’Europe unie. Et ce ne sont pas
les
difficultés économiques : elles seules ont contraint les États à quel
1142
ficultés économiques : elles seules ont contraint
les
États à quelques lents progrès dans le sens de l’union. Ce qui bloque
1143
contraint les États à quelques lents progrès dans
le
sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souver
1144
es États à quelques lents progrès dans le sens de
l’
union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souveraineté nati
1145
ans le sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est
la
prétention à une souveraineté nationale absolue, qui serait incapable
1146
ncapable de se manifester par autre chose que par
le
refus périodique des mesures communes que l’on propose. Refus qui s’a
1147
par le refus périodique des mesures communes que
l’
on propose. Refus qui s’adresse simultanément à la fédération (suprana
1148
l’on propose. Refus qui s’adresse simultanément à
la
fédération (supranationale) et aux régions (infranationales) en vertu
1149
érité des « quarante rois qui en mille ans firent
la
France », selon l’épigraphe de l’Action française reprise par M. Pomp
1150
e rois qui en mille ans firent la France », selon
l’
épigraphe de l’Action française reprise par M. Pompidou dans son disco
1151
ille ans firent la France », selon l’épigraphe de
l’
Action française reprise par M. Pompidou dans son discours de Poitiers
1152
quelles résistances des peuples on a dû vaincre !
Le
patriotisme actuel consiste en une « équation entre le bien absolu et
1153
triotisme actuel consiste en une « équation entre
le
bien absolu et une collectivité correspondant à un espace territorial
1154
é correspondant à un espace territorial, à savoir
la
France : quiconque change dans sa pensée le terme territorial de l’éq
1155
avoir la France : quiconque change dans sa pensée
le
terme territorial de l’équation et met à la place un terme plus petit
1156
que change dans sa pensée le terme territorial de
l’
équation et met à la place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou
1157
ensée le terme territorial de l’équation et met à
la
place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’
1158
tion et met à la place un terme plus petit, comme
la
Bretagne, ou plus grand, comme l’Europe, est regardé comme un traître
1159
us petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme
l’
Europe, est regardé comme un traître. Pourquoi cela ? C’est tout à fai
1160
a ? C’est tout à fait arbitraire. » (Simone Weil,
L’
Enracinement.) L’État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’u
1161
fait arbitraire. » (Simone Weil, L’Enracinement.)
L’
État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’un appareil étatiq
1162
inement.) L’État-nation napoléonien, résultant de
la
mainmise d’un appareil étatique sur les réalités nationales, en vue d
1163
sultant de la mainmise d’un appareil étatique sur
les
réalités nationales, en vue de la guerre (seule excuse à la centralis
1164
l étatique sur les réalités nationales, en vue de
la
guerre (seule excuse à la centralisation à tous autres égards quasi d
1165
s nationales, en vue de la guerre (seule excuse à
la
centralisation à tous autres égards quasi démentielle) est une formul
1166
siècle. Non seulement périmée, mais nocive. C’est
la
cause principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’obstacle pr
1167
érimée, mais nocive. C’est la cause principale de
la
crise actuelle de l’Occident, et l’obstacle principal à sa résolution
1168
C’est la cause principale de la crise actuelle de
l’
Occident, et l’obstacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les
1169
principale de la crise actuelle de l’Occident, et
l’
obstacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de
1170
stacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous
les
philosophes de la politique et la plupart des futurologistes se retro
1171
sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de
la
politique et la plupart des futurologistes se retrouvent d’accord, d’
1172
and de Jouvenel et de Toynbee à Georg Picht. Mais
l’
État-nation condamné se défend, avec la rage de l’animal blessé, contr
1173
icht. Mais l’État-nation condamné se défend, avec
la
rage de l’animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethni
1174
l’État-nation condamné se défend, avec la rage de
l’
animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et l’éco
1175
animal blessé, contre deux sortes d’adversaires :
les
ethnies et l’économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne
1176
contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et
l’
économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne étudie le prob
1177
dversaires : les ethnies et l’économie. Dès 1961,
la
Communauté économique européenne étudie le problème des disparités ré
1178
1961, la Communauté économique européenne étudie
le
problème des disparités régionales, puis crée une Direction générale
1179
s régionales, puis crée une Direction générale de
la
politique régionale. Quant aux ethnies, elles donnent lieu à des acti
1180
de plus en plus intenses et variées, qui vont de
la
recherche historique et sociologique à la pose de charges de plastic
1181
vont de la recherche historique et sociologique à
la
pose de charges de plastic aux quatre coins du continent, et même en
1182
aux quatre coins du continent, et même en Suisse.
Le
danger majeur que représentent ces deux réactions « régionalistes » c
1183
définies par une seule fonction auxquelles toutes
les
autres doivent être subordonnées : fonction militaire dans le cas des
1184
ivent être subordonnées : fonction militaire dans
le
cas des États-nations, linguistique dans le cas des ethnies, économiq
1185
dans le cas des États-nations, linguistique dans
le
cas des ethnies, économique dans le cas des « régions de problèmes »
1186
uistique dans le cas des ethnies, économique dans
le
cas des « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la région n
1187
le cas des « régions de problèmes » dont s’occupe
la
CEE. Si la région ne devait être qu’un mini-État-nation, elle aggrave
1188
« régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si
la
région ne devait être qu’un mini-État-nation, elle aggraverait encore
1189
, ou encore d’enseignement aux trois degrés, avec
les
conséquences très étendues que cela ne manquera pas d’entraîner. Si l
1190
étendues que cela ne manquera pas d’entraîner. Si
l’
Europe devait consister en une centaine d’États-nations en réduction,
1191
ns en réduction, je serais contre, intégralement.
Les
régions ne seront pas de petits États-nations, ajoutant à l’absurdité
1192
ne seront pas de petits États-nations, ajoutant à
l’
absurdité de frontières communes imposées à des réalités hétéroclites
1193
res communes imposées à des réalités hétéroclites
la
médiocrité de l’horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, e
1194
sées à des réalités hétéroclites la médiocrité de
l’
horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, et leur objectif g
1195
la médiocrité de l’horizon. Elles seront ouvertes
les
unes aux autres, et leur objectif général sera de nouer des liens, de
1196
un tissu de relations humaines. Allons au fait :
la
grande terreur du séparatisme, qui se manifeste en Espagne comme en F
1197
en Espagne comme en France, et en URSS comme dans
le
canton de Berne, est née des seuls excès de centralisme. Elle traduit
1198
née des seuls excès de centralisme. Elle traduit
le
sentiment de culpabilité de l’ethnie qui a réduit les autres à son «
1199
isme. Elle traduit le sentiment de culpabilité de
l’
ethnie qui a réduit les autres à son « unité nationale », — valeur sup
1200
sentiment de culpabilité de l’ethnie qui a réduit
les
autres à son « unité nationale », — valeur suprême pour elle, oppress
1201
le », — valeur suprême pour elle, oppression pour
les
autres. La révolte des ethnies montre que leurs problèmes sont insolu
1202
ur suprême pour elle, oppression pour les autres.
La
révolte des ethnies montre que leurs problèmes sont insolubles dans l
1203
s montre que leurs problèmes sont insolubles dans
le
cadre stato-national, et qu’ils appellent la fédération du continent.
1204
dans le cadre stato-national, et qu’ils appellent
la
fédération du continent. Que cette révolte ait servi de détonateur au
1205
e détonateur au mouvement des régions en Europe —
les
États-Unis et l’empire russe suivront demain et après-demain — voilà
1206
uvement des régions en Europe — les États-Unis et
l’
empire russe suivront demain et après-demain — voilà qui suffit pour q
1207
n’est dangereux que pour elles seules, alors que
le
stato-nationalisme est dangereux pour le genre humain, pour la nature
1208
lors que le stato-nationalisme est dangereux pour
le
genre humain, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le révei
1209
onalisme est dangereux pour le genre humain, pour
la
nature, pour la vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédé
1210
gereux pour le genre humain, pour la nature, pour
la
vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédéraliste en Europ
1211
n, pour la nature, pour la vie même sur ce globe.
Le
réveil régionaliste et fédéraliste en Europe est un mouvement puissan
1212
t, profond et prometteur, dont il semble bien que
les
hommes politiques cités plus haut ignorent à la fois les motivations,
1213
mes politiques cités plus haut ignorent à la fois
les
motivations, les finalités et l’ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit
1214
tés plus haut ignorent à la fois les motivations,
les
finalités et l’ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit pas d’une émeute
1215
orent à la fois les motivations, les finalités et
l’
ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit pas d’une émeute, mais d’une rév
1216
quoi surprendre. Il s’agit de recréer en Occident
le
sens de la communauté, qu’elle soit de production ou d’usage, de lang
1217
ndre. Il s’agit de recréer en Occident le sens de
la
communauté, qu’elle soit de production ou d’usage, de langage, de rec
1218
é, amitié, voisinage. n. Rougemont Denis de, «
La
révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe », Le Monde diplo
1219
. Rougemont Denis de, « La révolte des régions :
l’
État-nation contre l’Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974
1220
, « La révolte des régions : l’État-nation contre
l’
Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974, p. 30.
1221
te des régions : l’État-nation contre l’Europe »,
Le
Monde diplomatique, Paris, mars 1974, p. 30.
1222
Robert Aron :
le
témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)m Robert Aron, pou
1223
ais vivre ma jeunesse littéraire et politique. Je
le
revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est, d
1224
ique. Je le revois, dans ces années décisives, où
les
ombres montaient à l’est, démesurées, devant nos démocraties inconsci
1225
s ces années décisives, où les ombres montaient à
l’
est, démesurées, devant nos démocraties inconscientes et désuètes. Nou
1226
Gallimard, où il disposait d’un bureau contigu à
la
mansarde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le
1227
arde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait
la
NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gro
1228
Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je
le
revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gros yeux mélanc
1229
sa distraction proverbiale — il était, disait-il,
le
seul officier français qui eût réussi avec son propre sabre, — mais a
1230
d’esprit politique. Il était, dans notre groupe,
le
complément parfait d’Arnaud Dandieu, avec lequel il allait signer tro
1231
signer trois livres mémorables. Dandieu, c’était
la
rigueur même, et il avait tout lu ; Robert Aron, c’était l’imaginatif
1232
même, et il avait tout lu ; Robert Aron, c’était
l’
imaginatif vagabond, et il savait mettre en scène les idées. À eux deu
1233
imaginatif vagabond, et il savait mettre en scène
les
idées. À eux deux, ils ont donné deux ou trois des ouvrages de base d
1234
base du mouvement personnaliste dans sa tendance
la
plus radicale, qui était le groupe de l’Ordre nouveau. Soit dit en pa
1235
iste dans sa tendance la plus radicale, qui était
le
groupe de l’Ordre nouveau. Soit dit en passant, c’était à peu près le
1236
nouveau. Soit dit en passant, c’était à peu près
le
contraire de la ligue d’extrême droite, au nom identique, récemment d
1237
it en passant, c’était à peu près le contraire de
la
ligue d’extrême droite, au nom identique, récemment dissoute. C’est l
1238
mment dissoute. C’est l’Ordre nouveau qui a lancé
les
idées aujourd’hui si actuelles de région, d’autogestion des communes
1239
es, et de service civil conçu comme une relève de
la
classe ouvrière, mieux que l’automation, à la condition prolétarienne
1240
comme une relève de la classe ouvrière, mieux que
l’
automation, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrou
1241
de la classe ouvrière, mieux que l’automation, à
la
condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre
1242
l’automation, à la condition prolétarienne. Après
la
guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de
1243
rolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans
l’
œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les conv
1244
guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de
la
Résistance et de Vichy de Robert Aron les convictions politiques de n
1245
orien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron
les
convictions politiques de notre jeunesse, mais il s’y ajoutait une di
1246
echerche religieuse : celle qui se manifeste dans
Les
Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle les discussions passionn
1247
Les Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle
les
discussions passionnées que nous menions, au temps de l’ON, entre les
1248
ussions passionnées que nous menions, au temps de
l’
ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques
1249
ionnées que nous menions, au temps de l’ON, entre
les
nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques d’ Esprit et
1250
s de l’ON, entre les nietzschéens, qui dominaient
le
groupe, les catholiques d’ Esprit et quelques protestants groupés au
1251
entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe,
les
catholiques d’ Esprit et quelques protestants groupés autour de la p
1252
Esprit et quelques protestants groupés autour de
la
petite revue de théologie et de philosophie existentielle que j’avais
1253
amis n’aient pu siéger ensemble pour témoigner de
la
durée et de la renaissance des idées passionnées de notre génération.
1254
siéger ensemble pour témoigner de la durée et de
la
renaissance des idées passionnées de notre génération. m. Rougemon
1255
ration. m. Rougemont Denis de, « Robert Aron :
le
témoin d’une génération passionnée », Le Monde, Paris, 9 mars 1974, p
1256
t Aron : le témoin d’une génération passionnée »,
Le
Monde, Paris, 9 mars 1974, p. 16.
1257
t de secrétaire, Voltaire disait : « Il a lu tous
les
Pères — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses a lu non pas un
1258
re disait : « Il a lu tous les Pères — et il nous
le
fait payer ! » Jérôme Deshusses a lu non pas une fois mais six fois t
1259
hacun), puis Schelling, et même Condillac et tous
les
autres. Marx en entier, mais jamais cela ne se sent à le lire, person
1260
es. Marx en entier, mais jamais cela ne se sent à
le
lire, personne n’écrit une langue plus claire, plus efficace, ni plus
1261
visée première, donc à sa fin. Car « de même que
les
racines expliquent moins la fleur qu’elles ne sont impliquées par ell
1262
n. Car « de même que les racines expliquent moins
la
fleur qu’elles ne sont impliquées par elle, la fin d’une phrase justi
1263
ns la fleur qu’elles ne sont impliquées par elle,
la
fin d’une phrase justifie seule son commencement, et toute arrivée es
1264
ilosophie ainsi posé dès les premières phrases de
l’
ouvrage sera, sans relâche, explicité jusqu’à la dernière ligne : « Le
1265
relâche, explicité jusqu’à la dernière ligne : «
Le
passé se définit par le présent, non l’inverse… pour la raison très s
1266
u’à la dernière ligne : « Le passé se définit par
le
présent, non l’inverse… pour la raison très simple que n’importe quel
1267
ligne : « Le passé se définit par le présent, non
l’
inverse… pour la raison très simple que n’importe quel événement est p
1268
sé se définit par le présent, non l’inverse… pour
la
raison très simple que n’importe quel événement est présent avant d’ê
1269
énement est présent avant d’être passé » et que «
la
direction du temps n’est point passé-présent-futur, mais l’inverse :
1270
on du temps n’est point passé-présent-futur, mais
l’
inverse : passible-passant-passé ». Que les causes du présent soient d
1271
r, mais l’inverse : passible-passant-passé ». Que
les
causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun
1272
nt-passé ». Que les causes du présent soient dans
le
passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, revien
1273
les causes du présent soient dans le passé, comme
le
croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’
1274
s du présent soient dans le passé, comme le croit
le
sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bate
1275
t dans le passé, comme le croit le sens commun et
le
suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bateau est propulsé pa
1276
assé, comme le croit le sens commun et le suppose
la
science, reviendrait à dire qu’« un bateau est propulsé par son silla
1277
’est plus produit ce qui est ». En vérité, toutes
les
vraies causes sont causes finales. Seul le présent produit du passé,
1278
outes les vraies causes sont causes finales. Seul
le
présent produit du passé, non l’inverse. Mais qu’en est-il du présent
1279
es finales. Seul le présent produit du passé, non
l’
inverse. Mais qu’en est-il du présent de ce siècle ? Jérôme Deshusses
1280
est-il du présent de ce siècle ? Jérôme Deshusses
le
voit comme la Géhenne, cette vallée proche de Jérusalem qui servait d
1281
ent de ce siècle ? Jérôme Deshusses le voit comme
la
Géhenne, cette vallée proche de Jérusalem qui servait de décharge mun
1282
salem qui servait de décharge municipale, « là où
le
feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets
1283
ipale, « là où le feu ne s’éteint jamais ». C’est
le
monde de la pollution, des déchets, de ce qui ne sert à rien mais qui
1284
où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de
la
pollution, des déchets, de ce qui ne sert à rien mais qui empeste et
1285
il dit bien qu’elle n’est pas la première — car «
le
dessein de faire pièce à des calamités oblige à répéter ce qu’elles r
1286
e qu’elles ressassent », — mais que je tiens pour
la
plus signifiante, donc la plus terrifiante à ce jour. L’Europe des
1287
mais que je tiens pour la plus signifiante, donc
la
plus terrifiante à ce jour. L’Europe des virus L’activité humain
1288
ignifiante, donc la plus terrifiante à ce jour.
L’
Europe des virus L’activité humaine a déjà détruit le quart des ter
1289
us terrifiante à ce jour. L’Europe des virus
L’
activité humaine a déjà détruit le quart des terres cultivables de la
1290
pe des virus L’activité humaine a déjà détruit
le
quart des terres cultivables de la planète, mis fin à cinq-cent-trent
1291
a déjà détruit le quart des terres cultivables de
la
planète, mis fin à cinq-cent-trente espèces animales et à vingt mille
1292
es et à vingt mille espèces végétales, empoisonné
les
lacs Érié, Baïkal, Balaton, et des fleuves comme le Rhin, pollué par
1293
lacs Érié, Baïkal, Balaton, et des fleuves comme
le
Rhin, pollué par cinq pays. (« L’Europe des nations piétine, mais cel
1294
s fleuves comme le Rhin, pollué par cinq pays. («
L’
Europe des nations piétine, mais celle des virus est faite. ») Le plan
1295
tions piétine, mais celle des virus est faite. »)
Le
plancton des océans, attaqué par le dégazage en mer des pétroliers, m
1296
est faite. ») Le plancton des océans, attaqué par
le
dégazage en mer des pétroliers, menace plus encore que la destruction
1297
age en mer des pétroliers, menace plus encore que
la
destruction des forêts la production de l’oxygène dont dépend toute l
1298
menace plus encore que la destruction des forêts
la
production de l’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La n
1299
re que la destruction des forêts la production de
l’
oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La nature ne pardonne
1300
rêts la production de l’oxygène dont dépend toute
la
vie sur la Terre. « La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des cou
1301
duction de l’oxygène dont dépend toute la vie sur
la
Terre. « La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des coups, elle pe
1302
’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. «
La
nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des coups, elle peut en suppor
1303
apocalypse pour chiquenaude. » Huit habitants de
la
planète sur dix sont sous-alimentés, les deux autres mangent deux foi
1304
itants de la planète sur dix sont sous-alimentés,
les
deux autres mangent deux fois trop. On prévoit que cinq-cents-million
1305
nq-cents-millions d’enfants mourront de faim dans
les
vingt-cinq prochaines années. Tout cela pour quels motifs futiles ? «
1306
ur quels motifs futiles ? « Qui décide d’échanger
l’
eau douce contre du sucre raffiné pour rien et du papier d’emballage f
1307
qué pour personne ? Rien, justement, et personne,
les
deux piliers de la grande famille humaine. » Entre le désordre absolu
1308
Rien, justement, et personne, les deux piliers de
la
grande famille humaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la
1309
eux piliers de la grande famille humaine. » Entre
le
désordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout s
1310
de famille humaine. » Entre le désordre absolu et
la
démence, la surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le
1311
umaine. » Entre le désordre absolu et la démence,
la
surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le final : « E
1312
ésordre absolu et la démence, la surpopulation et
la
bombe H, tout se met en place pour le final : « Entre la famine et la
1313
pulation et la bombe H, tout se met en place pour
le
final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix :
1314
e H, tout se met en place pour le final : « Entre
la
famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les
1315
met en place pour le final : « Entre la famine et
la
guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surt
1316
« Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas
le
choix : il faudra subir les deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « r
1317
rre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir
les
deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « retour à la nature », express
1318
deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « retour à
la
nature », expression de l’espèce « cercle carré ». Natura signifie ce
1319
arle pas de « retour à la nature », expression de
l’
espèce « cercle carré ». Natura signifie ce qui doit naître. La nature
1320
rcle carré ». Natura signifie ce qui doit naître.
La
nature est toujours en avant, vers l’avenir. « L’environnement et la
1321
oit naître. La nature est toujours en avant, vers
l’
avenir. « L’environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premie
1322
La nature est toujours en avant, vers l’avenir. «
L’
environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premier nous somme
1323
urs en avant, vers l’avenir. « L’environnement et
la
nature, c’est d’abord nous : du premier nous sommes le centre, et de
1324
ture, c’est d’abord nous : du premier nous sommes
le
centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Figure de pro
1325
mes le centre, et de la seconde nous représentons
la
pointe. » Figure de proue de l’Histoire naturelle, « l’Histoire humai
1326
nous représentons la pointe. » Figure de proue de
l’
Histoire naturelle, « l’Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix
1327
nte. » Figure de proue de l’Histoire naturelle, «
l’
Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre l’horreur de so
1328
turelle, « l’Histoire humaine n’aura bientôt plus
le
choix qu’entre l’horreur de son propre tintamarre et la voie des aveu
1329
ire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre
l’
horreur de son propre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que l’ho
1330
ix qu’entre l’horreur de son propre tintamarre et
la
voie des aveux… Depuis que l’homme existe, l’idéal n’a pas plus de po
1331
ropre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que
l’
homme existe, l’idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idé
1332
et la voie des aveux… Depuis que l’homme existe,
l’
idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui n
1333
homme existe, l’idéal n’a pas plus de pouvoir que
le
pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de
1334
Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de
l’
esprit, nous le retrouvons à présent, péremptoire, meurtrier, définiti
1335
s appelait en vain du plus haut de l’esprit, nous
le
retrouvons à présent, péremptoire, meurtrier, définitif, au plus prof
1336
mptoire, meurtrier, définitif, au plus profond de
la
matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus
1337
rofond de la matière ». Nous nous sommes mis dans
la
situation de ne pouvoir plus échapper à la destruction nucléaire que
1338
s dans la situation de ne pouvoir plus échapper à
la
destruction nucléaire que par la transfiguration. Une « pédagogie
1339
plus échapper à la destruction nucléaire que par
la
transfiguration. Une « pédagogie des catastrophes » Ce que j’av
1340
pédagogie des catastrophes », se voit ici porté à
l’
extrême du défi. « C’est la vie entière, cette fois, qui en est à tout
1341
», se voit ici porté à l’extrême du défi. « C’est
la
vie entière, cette fois, qui en est à tout risquer. Il faut donc que
1342
Il faut donc que ce soit pour tout avoir… Ou bien
la
terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance
1343
out avoir… Ou bien la terre n’est plus vouée qu’à
la
mort, ou bien l’ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre
1344
n la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien
l’
ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot
1345
e n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de
la
connaissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot ‟apocaly
1346
aissance s’ouvrira avec celle de notre naissance…
Le
mot ‟apocalypse” ne signifie pas catastrophe, même si les catastrophe
1347
‟apocalypse” ne signifie pas catastrophe, même si
les
catastrophes l’environnent : il veut dire ‟révélation” ». Entre Géhen
1348
ignifie pas catastrophe, même si les catastrophes
l’
environnent : il veut dire ‟révélation” ». Entre Géhenne et Parousie,
1349
, six chapitres non moins implacables développent
la
logique du mensonge qui nous a conduits où nous sommes : la Foire d’e
1350
du mensonge qui nous a conduits où nous sommes :
la
Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la
1351
ts où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est
l’
économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-c
1352
Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur
la
compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-croisé de mensonges » q
1353
, et c’est l’économie fondée sur la compétition ;
la
Cellule de base, ce « chassé-croisé de mensonges » qui serait (selon
1354
« chassé-croisé de mensonges » qui serait (selon
l’
auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la
1355
croisé de mensonges » qui serait (selon l’auteur)
le
couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le
1356
ges » qui serait (selon l’auteur) le couple, d’où
la
famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussa
1357
(selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où
l’
inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseigne
1358
d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans
la
vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’O
1359
famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ;
le
Musée des faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’Observatoi
1360
au départ dans la vie ; le Musée des faussaires :
l’
enseignement et l’art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativ
1361
vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et
l’
art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychana
1362
es faussaires : l’enseignement et l’art moderne ;
l’
Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychanalyse reconduites
1363
nt et l’art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou
la
relativité et la psychanalyse reconduites à leurs tautologies ou à le
1364
ne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et
la
psychanalyse reconduites à leurs tautologies ou à leur misère philoso
1365
eurs tautologies ou à leur misère philosophique ;
l’
Incantation aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi,
1366
osophique ; l’Incantation aux momies, dans lequel
les
religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient renvoyés a
1367
aux momies, dans lequel les religions instituées,
la
foi, les cultes et Marx se voient renvoyés au néant noétique de leur
1368
es, dans lequel les religions instituées, la foi,
les
cultes et Marx se voient renvoyés au néant noétique de leur commun ma
1369
mun matérialisme. En désaccord avec Deshusses sur
l’
interprétation éthique d’un grand nombre des exemples qu’il allègue, j
1370
mbre des exemples qu’il allègue, je coïncide pour
l’
essentiel avec ses vues philosophiques, tout en ressentant l’absence —
1371
avec ses vues philosophiques, tout en ressentant
l’
absence — est-elle voulue ? — d’une Politique qui montrerait quelques
1372
ique qui montrerait quelques moyens de répondre à
l’
appel de nos plus hautes fins. Car toute cette entreprise démesurée, q
1373
s de marteau » est un appel à délivrer Prométhée.
L’
Audacieux Souffrant préfigure l’humanité indivisible de demain — si no
1374
livrer Prométhée. L’Audacieux Souffrant préfigure
l’
humanité indivisible de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans
1375
de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans
le
Grand Soir où nous voici jetés. Publiés coup sur coup, séparément, ce
1376
ongées. Réunis en une masse redoutable autant par
la
densité de l’information et la rigueur de la déduction que par l’inso
1377
en une masse redoutable autant par la densité de
l’
information et la rigueur de la déduction que par l’insolence du style
1378
outable autant par la densité de l’information et
la
rigueur de la déduction que par l’insolence du style, ils ont fait re
1379
par la densité de l’information et la rigueur de
la
déduction que par l’insolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ic
1380
information et la rigueur de la déduction que par
l’
insolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ici les critiques cherc
1381
nsolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ici
les
critiques cherchant des repères mais qui n’arrivent pas à distinguer
1382
ais qui n’arrivent pas à distinguer si cet auteur
nouveau
— moins de quarante ans, j’imagine — est de gauche ou de droite. Il c
1383
imagine — est de gauche ou de droite. Il condamne
la
propriété, exige l’égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx,
1384
che ou de droite. Il condamne la propriété, exige
l’
égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et la science
1385
mne la propriété, exige l’égalité totale, dénonce
le
couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé). Les dieu
1386
tale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et
la
science (qui l’a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se ven
1387
couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui
l’
a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se vengent : silence s
1388
aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé).
Les
dieux modernes et ceux de naguère se vengent : silence sur ce blasphé
1389
p bien son affaire. Pourtant, un tel mordant dans
la
dénonciation de nos faux-fuyants, une telle rage de dire vrai et plus
1390
ette manière intrépide et joyeuse de faire face à
la
vérité dans tous ses risques, on n’avait pas vu cela depuis Nietzsche
1391
pas vu cela depuis Nietzsche. Jérôme Deshusses a
le
temps pour — à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de le défini
1392
— à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de
le
définir un petit hebdo contestataire de son pays — qui est aussi le m
1393
nt Denis de, « Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? »,
Le
Monde, Paris, 16 mars 1979, p. 17 et 23.
1394
Le
fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)p
1395
Le fédéralisme helvétique dans
l’
Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)p Depuis plusieurs génération
1396
4-25 juin 1979)p Depuis plusieurs générations,
l’
école offre à l’administration des élèves, de ce côté-ci du Jura, Guil
1397
Depuis plusieurs générations, l’école offre à
l’
administration des élèves, de ce côté-ci du Jura, Guillaume Tell, l’ar
1398
es élèves, de ce côté-ci du Jura, Guillaume Tell,
l’
arbalétrier barbu qui défie le tyran au nom des droits locaux ; mais,
1399
ra, Guillaume Tell, l’arbalétrier barbu qui défie
le
tyran au nom des droits locaux ; mais, à l’Ouest, ces grands commis e
1400
défie le tyran au nom des droits locaux ; mais, à
l’
Ouest, ces grands commis emperruqués, serviteurs exemplaires de celui
1401
erviteurs exemplaires de celui qui aurait dit : «
L’
État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, ex
1402
elui qui aurait dit : « L’État, c’est moi ». Dans
les
conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédéralisme helv
1403
conditions psychologiques ainsi créées, expliquer
le
fédéralisme helvétique aux admirateurs de Colbert, des jacobins et de
1404
Napoléon, est peut-être une tâche impossible dès
le
principe. Essayons cependant, pour voir. La fédération suisse est née
1405
e dès le principe. Essayons cependant, pour voir.
La
fédération suisse est née au xiiie siècle d’un pacte (fœdus, d’où fœ
1406
d’un pacte (fœdus, d’où fœderatio) conclu entre «
les
hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la co
1407
dus, d’où fœderatio) conclu entre « les hommes de
la
vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux
1408
io) conclu entre « les hommes de la vallée d’Uri,
la
commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inf
1409
re « les hommes de la vallée d’Uri, la commune de
la
vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unte
1410
allée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et
la
commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les
1411
e de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de
la
vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les trois « communes fores
1412
de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient
les
trois « communes forestières » qui occupaient les approches par le no
1413
les trois « communes forestières » qui occupaient
les
approches par le nord du col du Gothard. Celui-ci, ouvert au premier
1414
es forestières » qui occupaient les approches par
le
nord du col du Gothard. Celui-ci, ouvert au premier tiers du siècle,
1415
ci, ouvert au premier tiers du siècle, traversait
les
deux chaînes des Alpes à leur unique intersection, entre les sources
1416
aînes des Alpes à leur unique intersection, entre
les
sources du Rhône et du Rhin, reliant ainsi d’un seul trait les deux m
1417
u Rhône et du Rhin, reliant ainsi d’un seul trait
les
deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et la latine. S’unir po
1418
d’un seul trait les deux moitiés du Saint-Empire,
la
germanique et la latine. S’unir pour rester libres Garder libre
1419
es deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et
la
latine. S’unir pour rester libres Garder libre le col pour toute
1420
tine. S’unir pour rester libres Garder libre
le
col pour toute l’Europe, telle est la mission initiale et fondatrice
1421
r rester libres Garder libre le col pour toute
l’
Europe, telle est la mission initiale et fondatrice des vallées, qui r
1422
arder libre le col pour toute l’Europe, telle est
la
mission initiale et fondatrice des vallées, qui reçoivent à cette fin
1423
fondatrice des vallées, qui reçoivent à cette fin
l’
« immédiateté impériale » : désormais, elles ne relèveront plus des se
1424
s seigneuries ni des puissances voisines, mais de
la
seule couronne qui symbolise la grande communauté du continent. À cet
1425
voisines, mais de la seule couronne qui symbolise
la
grande communauté du continent. À cette garantie, symbolique elle aus
1426
ique elle aussi, il est donc nécessaire d’ajouter
l’
assurance très concrète d’un pacte de défense mutuelle, juré en 1291,
1427
de défense mutuelle, juré en 1291, « statué pour
l’
utilité commune et devant, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité ». Au
1428
comme Neuchâtel), ou fédérations de vallées comme
les
ligues grisonnes, qui forment à elles seules un microcosme des ligues
1429
politique, c’est-à-dire ses « libertés », contre
les
entreprises impérialistes des voisins autrichiens ou lombards, souabe
1430
ntons ou en États souverains. Elles n’éprouveront
la
nécessité de consolider leurs liens séculaires qu’en 1848, au lendema
1431
main d’une dernière guerre de religion, et devant
la
montée, dans toute l’Europe, du mouvement de masses visant à constitu
1432
erre de religion, et devant la montée, dans toute
l’
Europe, du mouvement de masses visant à constituer de grandes unités n
1433
. Contre ce double péril, intérieur et extérieur,
les
cantons vont faire mieux que renouveler leur pacte général : ils se d
1434
titution fédérale dont il importe de rappeler ici
les
caractéristiques mémorables. L’article premier annonce que « les peup
1435
de rappeler ici les caractéristiques mémorables.
L’
article premier annonce que « les peuples des vingt-trois cantons souv
1436
iques mémorables. L’article premier annonce que «
les
peuples des vingt-trois cantons souverains de la Suisse forment dans
1437
les peuples des vingt-trois cantons souverains de
la
Suisse forment dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’articl
1438
ouverains de la Suisse forment dans leur ensemble
la
Confédération suisse ». L’article 2 définit : « Assurer l’indépendanc
1439
ent dans leur ensemble la Confédération suisse ».
L’
article 2 définit : « Assurer l’indépendance de la patrie contre l’étr
1440
ération suisse ». L’article 2 définit : « Assurer
l’
indépendance de la patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité
1441
L’article 2 définit : « Assurer l’indépendance de
la
patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’in
1442
it : « Assurer l’indépendance de la patrie contre
l’
étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger
1443
endance de la patrie contre l’étranger, maintenir
la
tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les dro
1444
e contre l’étranger, maintenir la tranquillité et
l’
ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés,
1445
contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’
ordre
à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accr
1446
’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à
l’
intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accroître
1447
a tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger
la
liberté et les droits des confédérés, accroître leur prospérité commu
1448
et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et
les
droits des confédérés, accroître leur prospérité commune. » L’article
1449
confédérés, accroître leur prospérité commune. »
L’
article 3 précise que « les cantons sont souverains, en tant que leur
1450
r prospérité commune. » L’article 3 précise que «
les
cantons sont souverains, en tant que leur souveraineté n’est pas limi
1451
tant que leur souveraineté n’est pas limitée par
la
Constitution fédérale », et qu’ils exercent « tous les droits qui ne
1452
onstitution fédérale », et qu’ils exercent « tous
les
droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral ». Moyennant quoi
1453
pas délégués au pouvoir fédéral ». Moyennant quoi
l’
article 5 — que j’ai nommé celui de la quadrature du cercle — déclare
1454
ennant quoi l’article 5 — que j’ai nommé celui de
la
quadrature du cercle — déclare que « la Confédération garantit aux ca
1455
celui de la quadrature du cercle — déclare que «
la
Confédération garantit aux cantons leur territoire, leur souveraineté
1456
x cantons leur territoire, leur souveraineté dans
les
limites définies par l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et
1457
, leur souveraineté dans les limites définies par
l’
article 3, leurs Constitutions, la liberté et les droits du peuple, le
1458
es définies par l’article 3, leurs Constitutions,
la
liberté et les droits du peuple, les droits constitutionnels des cito
1459
r l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et
les
droits du peuple, les droits constitutionnels des citoyens, ainsi que
1460
onstitutions, la liberté et les droits du peuple,
les
droits constitutionnels des citoyens, ainsi que les droits que le peu
1461
s droits constitutionnels des citoyens, ainsi que
les
droits que le peuple a conférés aux autorités ». Quant aux limites po
1462
tutionnels des citoyens, ainsi que les droits que
le
peuple a conférés aux autorités ». Quant aux limites posées à la souv
1463
férés aux autorités ». Quant aux limites posées à
la
souveraineté des cantons, elles sont définies par l’article 8 : « La
1464
souveraineté des cantons, elles sont définies par
l’
article 8 : « La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre
1465
cantons, elles sont définies par l’article 8 : «
La
Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure l
1466
nies par l’article 8 : « La Confédération a seule
le
droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de fair
1467
: « La Confédération a seule le droit de déclarer
la
guerre et de conclure la paix, ainsi que de faire avec des États étra
1468
ule le droit de déclarer la guerre et de conclure
la
paix, ainsi que de faire avec des États étrangers des alliances et de
1469
s traités, notamment de douanes et de commerce. »
L’
autorité suprême de la Confédération sera exercée par l’Assemblée fédé
1470
e douanes et de commerce. » L’autorité suprême de
la
Confédération sera exercée par l’Assemblée fédérale, qui se composera
1471
rité suprême de la Confédération sera exercée par
l’
Assemblée fédérale, qui se composera de deux chambres : le Conseil nat
1472
lée fédérale, qui se composera de deux chambres :
le
Conseil national, formé des députés du peuple suisse, et le Conseil d
1473
national, formé des députés du peuple suisse, et
le
Conseil des États (correspondant au Sénat américain), formé de deux d
1474
nat américain), formé de deux députés par canton.
L’
autorité exécutive est exercée par un conseil fédéral composé de sept
1475
conseil fédéral composé de sept membres, élus par
l’
Assemblée, et qui dirigent chacun un département fédéral (ou ministère
1476
(ou ministère). Ces ministres ne représentent pas
les
cantons et ne sont pas renversés par les chambres. Si tel projet de l
1477
tent pas les cantons et ne sont pas renversés par
les
chambres. Si tel projet de loi qu’ils présentent n’est pas accepté, i
1478
t de loi qu’ils présentent n’est pas accepté, ils
le
retirent sans se retirer eux-mêmes. Les droits d’initiative et de réf
1479
cepté, ils le retirent sans se retirer eux-mêmes.
Les
droits d’initiative et de référendum, tant en matière constitutionnel
1480
nstitutionnelle que législative, sont exercés par
le
peuple dès qu’un nombre suffisant de citoyens en font la demande. La
1481
le dès qu’un nombre suffisant de citoyens en font
la
demande. La préoccupation déterminante de cette Constitution est de t
1482
nombre suffisant de citoyens en font la demande.
La
préoccupation déterminante de cette Constitution est de toute évidenc
1483
nante de cette Constitution est de toute évidence
la
sauvegarde des autonomies cantonales, fût-ce au prix de la délégation
1484
arde des autonomies cantonales, fût-ce au prix de
la
délégation à un pouvoir fédéral de ceux des attributs de la souverain
1485
ion à un pouvoir fédéral de ceux des attributs de
la
souveraineté qu’aucun canton ne saurait prétendre exercer seul : la d
1486
’aucun canton ne saurait prétendre exercer seul :
la
défense, les relations avec les grands États voisins, et la politique
1487
n ne saurait prétendre exercer seul : la défense,
les
relations avec les grands États voisins, et la politique économique g
1488
dre exercer seul : la défense, les relations avec
les
grands États voisins, et la politique économique générale. Situation
1489
, les relations avec les grands États voisins, et
la
politique économique générale. Situation en tous points comparable à
1490
e. Situation en tous points comparable à celle de
l’
Europe du xxe siècle, qui appelle impérieusement le même type de solu
1491
Europe du xxe siècle, qui appelle impérieusement
le
même type de solutions. L’union pour la diversité Ce qu’il impo
1492
elle impérieusement le même type de solutions.
L’
union pour la diversité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la
1493
sement le même type de solutions. L’union pour
la
diversité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la fédération n
1494
rsité Ce qu’il importe de souligner, c’est que
la
fédération n’a pas pour but la création d’une puissance collective, m
1495
uligner, c’est que la fédération n’a pas pour but
la
création d’une puissance collective, mais au contraire, la garantie d
1496
on d’une puissance collective, mais au contraire,
la
garantie des libertés particulières, qui autrement resteraient sans d
1497
fense, et que nul n’aurait charge d’assurer. Sans
l’
union fédérale, qui procure les moyens de défendre le tout, nulle part
1498
rge d’assurer. Sans l’union fédérale, qui procure
les
moyens de défendre le tout, nulle partie n’eût été en mesure d’assure
1499
nion fédérale, qui procure les moyens de défendre
le
tout, nulle partie n’eût été en mesure d’assurer son indépendance. Le
1500
e n’eût été en mesure d’assurer son indépendance.
Les
cantons alémaniques eussent été revendiqués par le Deutschtum, le Tes
1501
s cantons alémaniques eussent été revendiqués par
le
Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût
1502
niques eussent été revendiqués par le Deutschtum,
le
Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort d
1503
été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par
l’
Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’a
1504
e Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à
la
Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’annexion pure et simple
1505
l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi
le
sort de Genève — l’annexion pure et simple, assaisonnée de préfets et
1506
à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève —
l’
annexion pure et simple, assaisonnée de préfets et de la lecture exclu
1507
xion pure et simple, assaisonnée de préfets et de
la
lecture exclusive mais obligatoire du Moniteur. On a trop dit que l’u
1508
e mais obligatoire du Moniteur. On a trop dit que
l’
union fédérale est une union dans la diversité comme s’il s’agissait l
1509
trop dit que l’union fédérale est une union dans
la
diversité comme s’il s’agissait là d’une prouesse paradoxale ou d’un
1510
prouesse paradoxale ou d’un compromis empirique.
L’
union fédérale, à vrai dire, ne se fait pas en dépit de la diversité,
1511
fédérale, à vrai dire, ne se fait pas en dépit de
la
diversité, mais pour la maintenir et perpétuer, parce qu’en elle seul
1512
e se fait pas en dépit de la diversité, mais pour
la
maintenir et perpétuer, parce qu’en elle seule, résident la santé et
1513
ir et perpétuer, parce qu’en elle seule, résident
la
santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur trag
1514
uer, parce qu’en elle seule, résident la santé et
la
vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jac
1515
n elle seule, résident la santé et la vitalité de
l’
ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jacobins de gauche
1516
a santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici
la
double erreur tragique des jacobins de gauche et de droite, qui s’ima
1517
qui s’imaginent, comme MM. Marchais et Debré, que
le
fédéralisme interne conduirait au séparatisme, tandis que la fédérati
1518
sme interne conduirait au séparatisme, tandis que
la
fédération européenne conduirait au contraire à la fusion de toutes l
1519
a fédération européenne conduirait au contraire à
la
fusion de toutes les diversités dans « un magma informe », comme cert
1520
nne conduirait au contraire à la fusion de toutes
les
diversités dans « un magma informe », comme certains le ressassent. I
1521
ersités dans « un magma informe », comme certains
le
ressassent. Il n’y a en vérité aucune raison pour qu’une Europe fédér
1522
nces, mais on ne voit que trop bien ce qui incite
les
jacobins de tous pays à craindre que les nations étatisées de l’Europ
1523
i incite les jacobins de tous pays à craindre que
les
nations étatisées de l’Europe actuelle ne soient traitées comme le fu
1524
tous pays à craindre que les nations étatisées de
l’
Europe actuelle ne soient traitées comme le furent les « nations » pri
1525
ées de l’Europe actuelle ne soient traitées comme
le
furent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne
1526
urope actuelle ne soient traitées comme le furent
les
« nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans u
1527
ées comme le furent les « nations » primitives de
la
France, de la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’Espag
1528
urent les « nations » primitives de la France, de
la
Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’Espagne — ces trois
1529
a Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de
l’
Espagne — ces trois prototypes de l’État national. Les pratiques fédér
1530
re mesure, de l’Espagne — ces trois prototypes de
l’
État national. Les pratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans
1531
spagne — ces trois prototypes de l’État national.
Les
pratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de
1532
ratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans
les
deux tiers de l’Europe au temps du Saint-Empire romain germanique, du
1533
ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de
l’
Europe au temps du Saint-Empire romain germanique, du xe au xviie si
1534
germanique, du xe au xviie siècle. Aujourd’hui,
les
nations les plus modernes de tous les continents se réclament du modè
1535
du xe au xviie siècle. Aujourd’hui, les nations
les
plus modernes de tous les continents se réclament du modèle fédéralis
1536
ujourd’hui, les nations les plus modernes de tous
les
continents se réclament du modèle fédéraliste : Canada, USA, Mexique,
1537
Brésil, Nigéria, Inde, URSS, RFA. En Europe même,
l’
évolution vers la formule des régions fédérées vient de marquer des pr
1538
Inde, URSS, RFA. En Europe même, l’évolution vers
la
formule des régions fédérées vient de marquer des progrès spectaculai
1539
vient de marquer des progrès spectaculaires, avec
la
récente Constitution espagnole et le projet de Constitution belge. Ma
1540
laires, avec la récente Constitution espagnole et
le
projet de Constitution belge. Mais, dira-t-on, toutes les fédérations
1541
et de Constitution belge. Mais, dira-t-on, toutes
les
fédérations existantes ne se voient-elles pas contraintes, sous la pr
1542
istantes ne se voient-elles pas contraintes, sous
la
pression des faits, à renforcer les mesures de centralisation ? La Su
1543
traintes, sous la pression des faits, à renforcer
les
mesures de centralisation ? La Suisse même peut-elle échapper à ce pr
1544
aits, à renforcer les mesures de centralisation ?
La
Suisse même peut-elle échapper à ce processus ? C’est oublier que le
1545
-elle échapper à ce processus ? C’est oublier que
le
principe de répartition des pouvoirs, dans une fédération digne du no
1546
ns une fédération digne du nom, consiste à situer
les
décisions au niveau communautaire le mieux accordé aux dimensions de
1547
te à situer les décisions au niveau communautaire
le
mieux accordé aux dimensions de la tâche considérée, et toujours en p
1548
communautaire le mieux accordé aux dimensions de
la
tâche considérée, et toujours en partant des plus petites unités : co
1549
: communes, ateliers, coopératives. C’est ce que
le
diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos des USA, m
1550
ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que
la
famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la m
1551
ar une plus petite. Ce que la famille peut faire,
la
municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
1552
a famille peut faire, la municipalité ne doit pas
le
faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le
1553
ire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que
la
municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que
1554
pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
les
États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le
1555
municipalité peut faire, les États ne doivent pas
le
faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
1556
ire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que
les
États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. »
1557
pas le faire. Et ce que les États peuvent faire,
le
gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Il est normal qu’à mesur
1558
euvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas
le
faire. » Il est normal qu’à mesure qu’augmentent les dimensions des t
1559
faire. » Il est normal qu’à mesure qu’augmentent
les
dimensions des tâches — transports, énergie, emploi, inflation, défen
1560
transports, énergie, emploi, inflation, défense —
le
niveau de la décision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les o
1561
nergie, emploi, inflation, défense — le niveau de
la
décision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les objets cités c
1562
écision s’élève jusqu’à devenir continental (pour
les
objets cités ci-dessus) ou mondial (s’il s’agit des océans et des for
1563
mondial (s’il s’agit des océans et des forêts de
la
planète, c’est-à-dire de l’air respirable par l’espèce humaine). Pas
1564
éans et des forêts de la planète, c’est-à-dire de
l’
air respirable par l’espèce humaine). Pas question de centralisation d
1565
la planète, c’est-à-dire de l’air respirable par
l’
espèce humaine). Pas question de centralisation dans tout cela, mais d
1566
ationnelle des dimensions d’une tâche à celles de
la
communauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéra
1567
dimensions d’une tâche à celles de la communauté
la
mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon l
1568
e à celles de la communauté la mieux équipée pour
la
mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon la pratique six fois sé
1569
la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant
le
fédéralisme, selon la pratique six fois séculaire des Suisses, quelle
1570
la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon
la
pratique six fois séculaire des Suisses, quelles sont ses chances dan
1571
ulaire des Suisses, quelles sont ses chances dans
le
monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de
1572
uelles sont ses chances dans le monde de demain ?
La
réponse me paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dime
1573
e de demain ? La réponse me paraît implicite dans
la
citation de D. Moynihan. Les dimensions de nos problèmes devenant de
1574
paraît implicite dans la citation de D. Moynihan.
Les
dimensions de nos problèmes devenant de plus en plus continentales, v
1575
s continentales, voire mondiales, il apparaît que
la
formule fédérale qui a fait la Suisse ne peut plus se limiter aux fro
1576
s, il apparaît que la formule fédérale qui a fait
la
Suisse ne peut plus se limiter aux frontières de ce pays. Transposant
1577
se limiter aux frontières de ce pays. Transposant
la
thèse de Trotski sur le communisme, reconnaissons que « le fédéralism
1578
s de ce pays. Transposant la thèse de Trotski sur
le
communisme, reconnaissons que « le fédéralisme n’est plus possible da
1579
de Trotski sur le communisme, reconnaissons que «
le
fédéralisme n’est plus possible dans un seul pays ». Ou bien la formu
1580
n’est plus possible dans un seul pays ». Ou bien
la
formule suisse va s’étendre à l’Europe, ou bien la Suisse va se voir
1581
pays ». Ou bien la formule suisse va s’étendre à
l’
Europe, ou bien la Suisse va se voir réduite au statut d’un État-natio
1582
a formule suisse va s’étendre à l’Europe, ou bien
la
Suisse va se voir réduite au statut d’un État-nation en réduction, av
1583
De grandes disputes se sont élevées en France sur
le
dilemme « fédération ou confédération ». La distinction entre ces ter
1584
e sur le dilemme « fédération ou confédération ».
La
distinction entre ces termes, inexistante dans l’expérience historiqu
1585
La distinction entre ces termes, inexistante dans
l’
expérience historique de la Suisse, ne correspond qu’à des définitions
1586
rmes, inexistante dans l’expérience historique de
la
Suisse, ne correspond qu’à des définitions académiques et, par nature
1587
nature, conventionnelles. En revanche, lorsqu’on
l’
invoque avec passion, comme on l’a fait tout au long de la campagne po
1588
anche, lorsqu’on l’invoque avec passion, comme on
l’
a fait tout au long de la campagne pour l’élection de l’Assemblée des
1589
e avec passion, comme on l’a fait tout au long de
la
campagne pour l’élection de l’Assemblée des Neuf, elle devient très r
1590
omme on l’a fait tout au long de la campagne pour
l’
élection de l’Assemblée des Neuf, elle devient très révélatrice du tau
1591
it tout au long de la campagne pour l’élection de
l’
Assemblée des Neuf, elle devient très révélatrice du taux de sincérité
1592
révélatrice du taux de sincérité des partisans de
l’
union. Ceux qui préconisent la confédération optent pour la formule mé
1593
té des partisans de l’union. Ceux qui préconisent
la
confédération optent pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoi
1594
Ceux qui préconisent la confédération optent pour
la
formule méfiante, égoïste, et qui prévoit l’échec à terme, de la simp
1595
pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoit
l’
échec à terme, de la simple liaison : je ne m’engage à rien au-delà de
1596
ante, égoïste, et qui prévoit l’échec à terme, de
la
simple liaison : je ne m’engage à rien au-delà de ce qui me convient,
1597
t, tant pis pour l’autre. Et ceux qui préconisent
la
fédération optent pour la formule créatrice et confiante du mariage :
1598
Et ceux qui préconisent la fédération optent pour
la
formule créatrice et confiante du mariage : nous nous engageons récip
1599
riage : nous nous engageons réciproquement « pour
le
meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », do
1600
gageons réciproquement « pour le meilleur et pour
le
pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », donc sans limitation d
1601
ur le meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que
la
mort nous sépare », donc sans limitation d’intérêt ni de temps. Enfin
1602
n même temps raisonnable ! Fédéral ou confédéral,
le
modèle suisse figure dans l’Europe d’aujourd’hui à la fois le dernier
1603
déral ou confédéral, le modèle suisse figure dans
l’
Europe d’aujourd’hui à la fois le dernier témoin de l’antique unité de
1604
rope d’aujourd’hui à la fois le dernier témoin de
l’
antique unité de nos peuples et le présage d’un renouveau possible.
1605
rnier témoin de l’antique unité de nos peuples et
le
présage d’un renouveau possible. p. Rougemont Denis de, « Le fédé
1606
renouveau possible. p. Rougemont Denis de, «
Le
fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris
1607
gemont Denis de, « Le fédéralisme helvétique dans
l’
Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris, 24–25 juin 1979, p. 5 et 9.
1608
ralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui »,
Le
Monde, Paris, 24–25 juin 1979, p. 5 et 9.
1609
L’
amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le prin
1610
L’amour,
les
régions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui r
1611
L’amour, les régions et
l’
Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui rassemble les d
1612
gions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est
le
principe qui rassemble les divers aspects de votre personnalité ? Dis
1613
ût 1982)q r Quel est le principe qui rassemble
les
divers aspects de votre personnalité ? Disons que c’est une idée de l
1614
votre personnalité ? Disons que c’est une idée de
l’
homme, qui s’est constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’h
1615
constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans :
l’
homme considéré en tant que personne. Cela voulait dire pour moi un in
1616
inition très proche de celles qu’avaient adoptées
les
groupes de jeunes intellectuels qu’on appelle aujourd’hui « les non-c
1617
jeunes intellectuels qu’on appelle aujourd’hui «
les
non-conformistes des années 1930 », et que j’ai connus dès mon arrivé
1618
mon arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier
les
revues Esprit et L’Ordre nouveau 2, auxquelles j’ai collaboré dès
1619
Hic et Nunc , qui introduisit en France, en 1932,
les
œuvres de Kierkegaard et de Karl Barth, mais aussi de Heidegger et Ja
1620
ais aussi de Heidegger et Jaspers. Politique de
la
personne , 1934, Penser avec les mains , 1936, ont développé les con
1621
934, Penser avec les mains , 1936, ont développé
les
conséquences politiques et culturelles du personnalisme. Quant à L’A
1622
itiques et culturelles du personnalisme. Quant à
L’
Amour et l’Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatiq
1623
culturelles du personnalisme. Quant à L’Amour et
l’
Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatique de l’eng
1624
’Amour et l’Occident , paru en 1939, il est né de
la
rencontre dramatique de l’engagement et de la passion. Deux personnes
1625
en 1939, il est né de la rencontre dramatique de
l’
engagement et de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie
1626
de la rencontre dramatique de l’engagement et de
la
passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage,
1627
de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour
la
vie, c’est le mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort
1628
Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est
le
mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort son suprême a
1629
ngagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que
l’
amour-passion trouve dans la mort son suprême accomplissement, comme l
1630
e mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans
la
mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tristan
1631
e dans la mort son suprême accomplissement, comme
le
montre le roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’a
1632
mort son suprême accomplissement, comme le montre
le
roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’ai découver
1633
mplissement, comme le montre le roman de Tristan,
le
mythe de Tristan, pour mieux dire. J’ai découvert en écrivant ce livr
1634
eux dire. J’ai découvert en écrivant ce livre que
les
notions de personne et d’amour-passion n’existaient qu’en Europe, et
1635
ion n’existaient qu’en Europe, et c’est peut-être
le
point de départ de cette longue interrogation sur l’identité européen
1636
point de départ de cette longue interrogation sur
l’
identité européenne que j’ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’
1637
ans beaucoup d’ouvrages, et qui m’a conduit après
la
guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la culture, dont je
1638
i m’a conduit après la guerre à fonder, à Genève,
le
Centre européen de la culture, dont je suis le président, puis l’Inst
1639
e, le Centre européen de la culture, dont je suis
le
président, puis l’Institut universitaire d’études européennes, où je
1640
en de la culture, dont je suis le président, puis
l’
Institut universitaire d’études européennes, où je donne encore des co
1641
donne encore des cours. Une étude approfondie de
la
culture européenne et de ses sources m’a porté à des conclusions d’or
1642
e et de ses sources m’a porté à des conclusions d’
ordre
politique. Pour défendre l’Europe, la vraie, celle de la culture gréc
1643
des conclusions d’ordre politique. Pour défendre
l’
Europe, la vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne,
1644
usions d’ordre politique. Pour défendre l’Europe,
la
vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne, et d’abord
1645
tique. Pour défendre l’Europe, la vraie, celle de
la
culture gréco-latine, judéo-chrétienne, et d’abord celtique et german
1646
anique, avec des apports arabes et slaves, contre
l’
anti-Europe des États-nations, une seule solution : le fédéralisme, l’
1647
ti-Europe des États-nations, une seule solution :
le
fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’union pour les dive
1648
ats-nations, une seule solution : le fédéralisme,
l’
union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protége
1649
une seule solution : le fédéralisme, l’union dans
la
diversité, et même l’union pour les diversités à protéger. Ce qui rej
1650
e fédéralisme, l’union dans la diversité, et même
l’
union pour les diversités à protéger. Ce qui rejoint exactement nos do
1651
, l’union dans la diversité, et même l’union pour
les
diversités à protéger. Ce qui rejoint exactement nos doctrines person
1652
raliste ? Quand je suis arrivé à Paris, à 25 ans,
la
Suisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Ma
1653
uisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à
la
littérature. Mais quand j’ai été mobilisé en 1939, comme officier, j’
1654
comme officier, j’ai découvert que mon pays était
la
meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même la s
1655
que mon pays était la meilleure approximation, ou
la
moins mauvaise, ou peut-être même la seule, de nos théories personnal
1656
ximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même
la
seule, de nos théories personnalistes et fédéralistes. Et j’ai écrit
1657
istes. Et j’ai écrit pendant les premiers mois de
la
guerre Mission ou démission de la Suisse . Vous avez passé une parti
1658
emiers mois de la guerre Mission ou démission de
la
Suisse . Vous avez passé une partie de la guerre à New York, pourquoi
1659
sion de la Suisse . Vous avez passé une partie de
la
guerre à New York, pourquoi ? À cause d’un article écrit d’un trait l
1660
pourquoi ? À cause d’un article écrit d’un trait
le
15 juin 1940 sur l’entrée de Hitler à Paris, et qui a été considéré c
1661
d’un article écrit d’un trait le 15 juin 1940 sur
l’
entrée de Hitler à Paris, et qui a été considéré comme « insulte à che
1662
à chef d’État étranger », donc mettant en danger
la
sécurité de la Suisse. Cette accusation était la plus grave possible
1663
étranger », donc mettant en danger la sécurité de
la
Suisse. Cette accusation était la plus grave possible en temps de gue
1664
la sécurité de la Suisse. Cette accusation était
la
plus grave possible en temps de guerre. Je m’en suis tiré avec une co
1665
ement que par trois étoiles. Mon article est paru
le
17 juin 1940, j’ose dire que j’ai devancé de Gaulle d’une journée en
1666
evancé de Gaulle d’une journée en affirmant que «
la
confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-ê
1667
s impossibles. On ne conquiert pas avec des chars
les
dons de l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un
1668
s. On ne conquiert pas avec des chars les dons de
l’
âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un des initia
1669
conquiert pas avec des chars les dons de l’âme ni
les
raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un des initiateurs à ce
1670
stance à tout prix, à la fois civil et militaire,
la
Ligue du Gothard. Je devenais gênant. On m’a envoyé aux États-Unis fa
1671
ant. On m’a envoyé aux États-Unis faire connaître
la
Suisse et jouer l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le t
1672
aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer
l’
oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le texte pour Honegger.
1673
l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit
le
texte pour Honegger. Comment expliquez-vous votre réputation d’homme
1674
, alors que j’ai été l’un des premiers à dénoncer
le
national-socialisme dans tous mes livres d’avant la guerre, et surtou
1675
national-socialisme dans tous mes livres d’avant
la
guerre, et surtout dans mon Journal d’Allemagne , qu’il se garde bie
1676
elle, un critique qui avait amplifié sans retenue
les
impostures de Bernard-Henry Lévy4. Je ne puis accepter que des jeunes
1677
n compte par des « calomniateurs ignares », comme
les
a qualifiés un de mes témoins. Un homme responsable dans une commun
1678
responsable dans une communauté Quels ont été
les
rapports entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’existentiali
1679
ne communauté Quels ont été les rapports entre
le
personnalisme et l’existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous
1680
ls ont été les rapports entre le personnalisme et
l’
existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous a beaucoup emprunté
1681
rts entre le personnalisme et l’existentialisme ?
L’
existentialisme sartrien nous a beaucoup emprunté mais rien rendu. La
1682
artrien nous a beaucoup emprunté mais rien rendu.
La
notion d’engagement, par exemple, dérive du personnalisme, bien que l
1683
t, par exemple, dérive du personnalisme, bien que
le
mot, dans l’existentialisme, ait fini par signifier embrigadement, le
1684
e, dérive du personnalisme, bien que le mot, dans
l’
existentialisme, ait fini par signifier embrigadement, le contraire de
1685
entialisme, ait fini par signifier embrigadement,
le
contraire de ce qu’il signifiait pour nous. Selon ses commentateurs,
1686
il signifiait pour nous. Selon ses commentateurs,
le
succès de Sartre dans le grand public serait dû à des formules comme
1687
Selon ses commentateurs, le succès de Sartre dans
le
grand public serait dû à des formules comme : « L’engagement de l’écr
1688
e grand public serait dû à des formules comme : «
L’
engagement de l’écrivain » et « l’homme à la fois libre et responsable
1689
erait dû à des formules comme : « L’engagement de
l’
écrivain » et « l’homme à la fois libre et responsable ». Sartre savai
1690
mules comme : « L’engagement de l’écrivain » et «
l’
homme à la fois libre et responsable ». Sartre savait très bien où il
1691
e et responsable ». Sartre savait très bien où il
les
avait prises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais r
1692
re savait très bien où il les avait prises, et me
l’
a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais répété à Paris, semble-t
1693
rises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne
l’
a jamais répété à Paris, semble-t-il. Du personnalisme, des personnali
1694
tes, que reste-t-il aujourd’hui ? Ils ont donné à
la
Résistance son idéologie d’union des peuples européens, en Allemagne
1695
politiques dès 1948, année du premier congrès de
l’
Europe à La Haye, et jusqu’à nos jours. Et ce sont eux qui ont suscité
1696
rs. Et ce sont eux qui ont suscité un peu partout
la
renaissance de l’idée régionaliste, et de l’idée de service civil. No
1697
qui ont suscité un peu partout la renaissance de
l’
idée régionaliste, et de l’idée de service civil. Nous avions tous en
1698
tout la renaissance de l’idée régionaliste, et de
l’
idée de service civil. Nous avions tous en commun cette définition de
1699
l. Nous avions tous en commun cette définition de
l’
homme vraiment humain : une personne responsable dans une communauté,
1700
plus vocation. Qu’est-ce qu’une vocation ? C’est
l’
appel à inventer chacun pour soi son chemin vers le but ultime de tous
1701
’appel à inventer chacun pour soi son chemin vers
le
but ultime de tous les hommes. Un sentier qui n’est pas tracé et que
1702
un pour soi son chemin vers le but ultime de tous
les
hommes. Un sentier qui n’est pas tracé et que chacun doit inventer en
1703
e à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit
le
psaume. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage
1704
umière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si
la
lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la n
1705
omme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai
le
courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous
1706
it seulement quand j’ai le courage d’avancer dans
la
nuit, de fouler le chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce c
1707
j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler
le
chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est la fo
1708
crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est
la
foi seule, « substance des choses espérées, ferme assurance de celles
1709
me assurance de celles qu’on ne voit pas », selon
l’
Épître aux Hébreux. L’avenir du personnalisme ? Eh bien, j’ose dire qu
1710
qu’on ne voit pas », selon l’Épître aux Hébreux.
L’
avenir du personnalisme ? Eh bien, j’ose dire qu’il se confond désorma
1711
bien, j’ose dire qu’il se confond désormais avec
l’
avenir de la fédération européenne, ce qui signifie probablement avec
1712
dire qu’il se confond désormais avec l’avenir de
la
fédération européenne, ce qui signifie probablement avec l’avenir de
1713
ion européenne, ce qui signifie probablement avec
l’
avenir de la paix. Mai 68 m’a fait l’effet d’une résurgence de nos pro
1714
ne, ce qui signifie probablement avec l’avenir de
la
paix. Mai 68 m’a fait l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de
1715
blement avec l’avenir de la paix. Mai 68 m’a fait
l’
effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes des années
1716
slogan comme « small is beautiful » traduit bien
l’
esprit qui nous animait quand nous disions que la personne ne peut se
1717
l’esprit qui nous animait quand nous disions que
la
personne ne peut se réaliser que dans l’action, mais que l’action n’e
1718
ions que la personne ne peut se réaliser que dans
l’
action, mais que l’action n’est efficace qu’à l’échelle d’une petite c
1719
e ne peut se réaliser que dans l’action, mais que
l’
action n’est efficace qu’à l’échelle d’une petite communauté, où la vo
1720
s l’action, mais que l’action n’est efficace qu’à
l’
échelle d’une petite communauté, où la voix d’un citoyen peut porter,
1721
ficace qu’à l’échelle d’une petite communauté, où
la
voix d’un citoyen peut porter, c’est-à-dire à l’échelle d’une région,
1722
la voix d’un citoyen peut porter, c’est-à-dire à
l’
échelle d’une région, et que les régions, pour garantir leur autonomie
1723
er, c’est-à-dire à l’échelle d’une région, et que
les
régions, pour garantir leur autonomie, doivent s’unir en fédérations
1724
ionales, puis continentales. Vos réactions, quand
la
gauche française a annoncé son programme de décentralisation ? Je me
1725
me de décentralisation ? Je me suis dit : enfin !
la
France elle-même y vient ! Bien moins par conviction que par nécessit
1726
conviction que par nécessité, il est important de
le
marquer. Peut-être qu’elle y viendra vraiment, puisque les deux minis
1727
er. Peut-être qu’elle y viendra vraiment, puisque
les
deux ministres chargés de la régionalisation sont protestants, Deffer
1728
a vraiment, puisque les deux ministres chargés de
la
régionalisation sont protestants, Defferre et Rocard. Vous voyez un r
1729
tisme et régionalisme ? Bien sûr. Chacun sait que
l’
Église des papes a repris les structures centralisées de l’Empire roma
1730
sûr. Chacun sait que l’Église des papes a repris
les
structures centralisées de l’Empire romain. Chez les protestants, c’e
1731
des papes a repris les structures centralisées de
l’
Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité
1732
structures centralisées de l’Empire romain. Chez
les
protestants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’Église est
1733
s de l’Empire romain. Chez les protestants, c’est
la
paroisse qui est l’unité de base. L’Église est concrètement une fédér
1734
. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est
l’
unité de base. L’Église est concrètement une fédération de paroisses.
1735
tants, c’est la paroisse qui est l’unité de base.
L’
Église est concrètement une fédération de paroisses. Le calvinisme a t
1736
ise est concrètement une fédération de paroisses.
Le
calvinisme a toujours été régionaliste. N’oubliez pas que les calvin
1737
me a toujours été régionaliste. N’oubliez pas que
les
calvinistes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du
1738
N’oubliez pas que les calvinistes, qui tenaient
la
moitié sud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la directio
1739
e les calvinistes, qui tenaient la moitié sud de
la
France vers la fin du xvie siècle, sous la direction des princes du
1740
tes, qui tenaient la moitié sud de la France vers
la
fin du xvie siècle, sous la direction des princes du sang et de maré
1741
ud de la France vers la fin du xvie siècle, sous
la
direction des princes du sang et de maréchaux protestants, ont été bi
1742
en près de créer une république fédérale du Midi.
Le
mot huguenot n’est vraisemblablement qu’une déformation du mot allema
1743
« compagnons du serment », et qui désignait alors
les
Suisses confédérés. Pour en revenir à la « décentralisation » annoncé
1744
t alors les Suisses confédérés. Pour en revenir à
la
« décentralisation » annoncée comme une pièce maîtresse du nouveau se
1745
alisation » annoncée comme une pièce maîtresse du
nouveau
septennat, c’est un terme dont les personnalistes se sont toujours mé
1746
îtresse du nouveau septennat, c’est un terme dont
les
personnalistes se sont toujours méfiés, car il suppose que c’est enco
1747
suppose que c’est encore au centre qu’appartient
la
distribution des pouvoirs, alors que le projet doit partir des citoye
1748
ppartient la distribution des pouvoirs, alors que
le
projet doit partir des citoyens, des communes, des régions, c’est-à-d
1749
es communes, des régions, c’est-à-dire d’en bas.
Le
sénateur David Moynihan, qui fut le représentant des États-Unis à l’O
1750
re d’en bas. Le sénateur David Moynihan, qui fut
le
représentant des États-Unis à l’ONU, l’a exprimé avec une simplicité
1751
oynihan, qui fut le représentant des États-Unis à
l’
ONU, l’a exprimé avec une simplicité géniale : « Ne confiez jamais à u
1752
, qui fut le représentant des États-Unis à l’ONU,
l’
a exprimé avec une simplicité géniale : « Ne confiez jamais à une plus
1753
ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que
la
famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la m
1754
ar une plus petite. Ce que la famille peut faire,
la
municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
1755
a famille peut faire, la municipalité ne doit pas
le
faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (nous dirions : l
1756
ire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que
la
municipalité peut faire, les États (nous dirions : les régions) ne do
1757
pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
les
États (nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que le
1758
unicipalité peut faire, les États (nous dirions :
les
régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les régions) peuv
1759
États (nous dirions : les régions) ne doivent pas
le
faire. Ce que les États (les régions) peuvent faire, le gouvernement
1760
ns : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que
les
États (les régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pa
1761
gions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (
les
régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire.
1762
re. Ce que les États (les régions) peuvent faire,
le
gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Chaque problème doit êtr
1763
euvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas
le
faire. » Chaque problème doit être traité et résolu à son échelle, c’
1764
t être traité et résolu à son échelle, c’est tout
le
secret du système fédéraliste que je tiens pour seul capable de résou
1765
je tiens pour seul capable de résoudre au concret
les
grands problèmes générateurs de crise de notre civilisation. Depuis l
1766
énérateurs de crise de notre civilisation. Depuis
les
jacobins et Napoléon, le mot d’ordre a été de tout centraliser. Nos É
1767
re civilisation. Depuis les jacobins et Napoléon,
le
mot d’ordre a été de tout centraliser. Nos États-nations renfermés da
1768
out centraliser. Nos États-nations renfermés dans
le
carcan de leurs frontières n’ont plus d’autre mode de contact que le
1769
frontières n’ont plus d’autre mode de contact que
le
choc. Mais les régions s’articulent tout autrement. Elles se groupent
1770
nt plus d’autre mode de contact que le choc. Mais
les
régions s’articulent tout autrement. Elles se groupent, se recouvrent
1771
groupent, se recouvrent, vivent en symbiose comme
les
cellules d’un tissu organique. Je vois là notre seule garantie de pai
1772
ue. Je vois là notre seule garantie de paix, dans
les
États d’abord, en Europe ensuite, et à l’échelle mondiale finalement.
1773
, dans les États d’abord, en Europe ensuite, et à
l’
échelle mondiale finalement. L’écrivain, fauteur de prises de consc
1774
e ensuite, et à l’échelle mondiale finalement.
L’
écrivain, fauteur de prises de conscience Pour beaucoup de gens, vo
1775
coup de gens, vous êtes avant tout et malgré tout
le
reste, l’auteur de L’Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre
1776
ns, vous êtes avant tout et malgré tout le reste,
l’
auteur de L’Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre ait un imp
1777
avant tout et malgré tout le reste, l’auteur de
L’
Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre ait un impact différent
1778
et malgré tout le reste, l’auteur de L’Amour et
l’
Occident . Pensez-vous que ce livre ait un impact différent aujourd’hu
1779
ui qu’à sa publication en 1939 ? Si j’en juge par
le
nombre de rééditions, de traductions et de préfaces nouvelles, au cou
1780
mbre de rééditions, de traductions et de préfaces
nouvelles
, au cours de ces trois dernières années, c’est-à-dire plus de quarant
1781
ublication de cet ouvrage en France, je pense que
les
jeunes gens d’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui le lis
1782
e, je pense que les jeunes gens d’aujourd’hui ont
les
mêmes réactions que ceux qui le lisaient pendant la dernière guerre :
1783
’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui
le
lisaient pendant la dernière guerre : ils prennent conscience de ce q
1784
e guerre : ils prennent conscience de ce que sont
la
passion et le mariage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut le
1785
prennent conscience de ce que sont la passion et
le
mariage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut les aider à préc
1786
iage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut
les
aider à préciser des notions qui restaient confuses dans leur esprit.
1787
qu’on attend d’une psychanalyse. Pensez-vous que
les
tabous identifiés dans Les Mythes de l’amour soient encore vivants en
1788
alyse. Pensez-vous que les tabous identifiés dans
Les
Mythes de l’amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la
1789
vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de
l’
amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou s
1790
Mythes de l’amour soient encore vivants en 1932 ?
Les
obstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les ta
1791
r soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à
la
passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pa
1792
bstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils
les
mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste a été condamné pa
1793
a passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ?
Les
tabous ne sont pas des modes. L’inceste a été condamné par toutes les
1794
ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes.
L’
inceste a été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdi
1795
as des modes. L’inceste a été condamné par toutes
les
civilisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas changé que je sache depuis
1796
este a été condamné par toutes les civilisations.
Le
complexe d’Œdipe n’a pas changé que je sache depuis Freud. Ce qui n’e
1797
ible de changer à plus ou moins long terme, c’est
la
permissivité actuelle, qui est à bien des égards un retour aux pratiq
1798
à bien des égards un retour aux pratiques d’avant
l’
ère victorienne, bourgeoise. Quels écrivains, pour vous, ont le mieux
1799
enne, bourgeoise. Quels écrivains, pour vous, ont
le
mieux exprimé les consciences et l’inconscient de notre époque ? Pour
1800
Quels écrivains, pour vous, ont le mieux exprimé
les
consciences et l’inconscient de notre époque ? Pour l’inconscient, pa
1801
our vous, ont le mieux exprimé les consciences et
l’
inconscient de notre époque ? Pour l’inconscient, par définition, il e
1802
nsciences et l’inconscient de notre époque ? Pour
l’
inconscient, par définition, il est impossible de vous répondre, du mo
1803
a comme annonciateur des régimes totalitaires dès
les
années 1920. Pour les consciences, au pluriel comme vous avez raison
1804
es régimes totalitaires dès les années 1920. Pour
les
consciences, au pluriel comme vous avez raison de le marquer, je cite
1805
consciences, au pluriel comme vous avez raison de
le
marquer, je citerais Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lewis Mumford, e
1806
is Mumford, et j’oserais suggérer mes livres. Dès
l’
âge de 22 ans, j’ai écrit contre Ford, et quelques années plus tard co
1807
ord, et quelques années plus tard contre Hitler :
l’
auto et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « hist
1808
elques années plus tard contre Hitler : l’auto et
le
national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « histoires de f
1809
et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé
les
deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus meurtrières. E
1810
les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et
les
plus meurtrières. En militant pour une fédération de l’Europe des rég
1811
s meurtrières. En militant pour une fédération de
l’
Europe des régions — ces régions tellement d’actualité aujourd’hui —,
1812
ssimiste ou optimiste ? Si je vous réponds que «
l’
avenir est notre affaire », me trouverez-vous pessimiste ou optimiste
1813
gez-vous ce siècle ? C’est sans nul doute de tous
les
siècles de notre civilisation celui où les gens se sont sentis les pl
1814
e tous les siècles de notre civilisation celui où
les
gens se sont sentis les plus impuissants non seulement devant le dest
1815
tre civilisation celui où les gens se sont sentis
les
plus impuissants non seulement devant le destin mais devant l’État, l
1816
sentis les plus impuissants non seulement devant
le
destin mais devant l’État, les « lois » de l’économie, les « impérati
1817
ssants non seulement devant le destin mais devant
l’
État, les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie
1818
on seulement devant le destin mais devant l’État,
les
« lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie et la «
1819
ant le destin mais devant l’État, les « lois » de
l’
économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de l
1820
n mais devant l’État, les « lois » de l’économie,
les
« impératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’e
1821
les « lois » de l’économie, les « impératifs » de
la
technologie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère
1822
économie, les « impératifs » de la technologie et
la
« fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant
1823
ératifs » de la technologie et la « fatalité » de
la
guerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant la menace d’une ca
1824
la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans
l’
ère nucléaire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’humanité
1825
uerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant
la
menace d’une catastrophe totale de l’humanité. Et c’est pourtant le s
1826
ire, devant la menace d’une catastrophe totale de
l’
humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens
1827
tastrophe totale de l’humanité. Et c’est pourtant
le
siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa libert
1828
ale de l’humanité. Et c’est pourtant le siècle où
l’
homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces l
1829
Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis
les
moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces lois, ces structures
1830
ourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens
les
plus fabuleux de sa liberté ! Car ces lois, ces structures et ces pré
1831
s et ces prétendus impératifs mortels, c’est nous
les
hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, d
1832
dus impératifs mortels, c’est nous les hommes qui
les
avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, donc seuls libre
1833
s les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes
les
seuls responsables, donc seuls libres de les changer ! Ça ne tient qu
1834
mmes les seuls responsables, donc seuls libres de
les
changer ! Ça ne tient qu’à nous ! Mais nous ne voulons pas y croire,
1835
enser avec les mains , premier ouvrage consacré à
l’
engagement de la pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’af
1836
ains , premier ouvrage consacré à l’engagement de
la
pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’affaire de chacun
1837
agement de la pensée et du penseur, je répète que
l’
avenir est l’affaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fai
1838
pensée et du penseur, je répète que l’avenir est
l’
affaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que mes
1839
ffaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais
le
fait est que mes contemporains ont plus peur qu’envie d’être libres.
1840
rts resteront vains, qu’ils ne changeront en rien
les
destins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’ai encore dou
1841
est pas seulement au mien. 2. Rien à voir avec
le
groupuscule fascisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3. L’Idé
1842
le groupuscule fascisant d’après-guerre, faut-il
le
préciser. 3. L’Idéologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir
1843
scisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3.
L’
Idéologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir Le Monde du 20 ma
1844
ologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir
Le
Monde du 20 mai 1982. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour,
1845
mai 1982. q. Rougemont Denis de, « [Entretien]
L’
amour, les régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p.
1846
. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour,
les
régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Pr
1847
t Denis de, « [Entretien] L’amour, les régions et
l’
Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Propos recueilli
1848
[Entretien] L’amour, les régions et l’Occident »,
Le
Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Propos recueillis par Jacqueli
1849
ueillis par Jacqueline Demornex et introduits par
le
chapeau suivant : « Denis de Rougemont, qui est suisse, vit près de l
1850
« Denis de Rougemont, qui est suisse, vit près de
la
frontière franco-genevoise, mais du côté français, au pied du Jura, p
1851
une grande ferme du xviiie siècle. Assis près de
la
haute cheminée de sa salle de travail — l’ancienne grange, — le sourc
1852
rès de la haute cheminée de sa salle de travail —
l’
ancienne grange, — le sourcil oblique et sombre, un foulard gris et ro
1853
née de sa salle de travail — l’ancienne grange, —
le
sourcil oblique et sombre, un foulard gris et rose dans le col d’une
1854
l oblique et sombre, un foulard gris et rose dans
le
col d’une chemise noire, il fait beaucoup plus jeune que ses soixante
1855
es soixante-quinze ans. Déjà, à New York, pendant
la
guerre, on lui disait : “Comment, c’est vous l’auteur de L’Amour et
1856
t la guerre, on lui disait : “Comment, c’est vous
l’
auteur de L’Amour et l’Occident ? On vous imaginait avec une grande
1857
on lui disait : “Comment, c’est vous l’auteur de
L’
Amour et l’Occident ? On vous imaginait avec une grande barbe blanche
1858
it : “Comment, c’est vous l’auteur de L’Amour et
l’
Occident ? On vous imaginait avec une grande barbe blanche !” Il n’a
1859
pas cette tête-là, et il déroute toujours autant
le
public, pour qui il est tantôt le théoricien de l’amour-passion, tant
1860
toujours autant le public, pour qui il est tantôt
le
théoricien de l’amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des ré
1861
e public, pour qui il est tantôt le théoricien de
l’
amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des régions fédérées, l
1862
t tantôt le théoricien de l’amour-passion, tantôt
le
militant d’une Europe des régions fédérées, le philosophe personnalis
1863
ôt le militant d’une Europe des régions fédérées,
le
philosophe personnaliste ou le critique impitoyable de la société du
1864
régions fédérées, le philosophe personnaliste ou
le
critique impitoyable de la société du plutonium. »
1865
sophe personnaliste ou le critique impitoyable de
la
société du plutonium. »