1 1950, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Pour un standard unique de la télévision (18 novembre 1950)
1 Pour un standard unique de la télévision (18 novembre 1950)a b Genève, 15 novembre 1950. Monsieu
2 re 1950)a b Genève, 15 novembre 1950. Monsieur le directeur, Au moment où tout le monde parle d’union, on sème l’anarch
3 Au moment où tout le monde parle d’union, on sème l’ anarchie dans l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La tél
4 l’anarchie dans l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La télévision est déjà aux États-Unis, et deviendra bie
5 l’un des domaines où elle serait le plus urgente. La télévision est déjà aux États-Unis, et deviendra bientôt en Europe, l
6 à aux États-Unis, et deviendra bientôt en Europe, le plus formidable (au sens propre) instrument d’action affective et int
7 t on ait jamais disposé. Cet instrument peut unir les peuples. Mais si on l’utilise sur une base purement nationale on va r
8 Cet instrument peut unir les peuples. Mais si on l’ utilise sur une base purement nationale on va rendre impossible son us
9 nale on va rendre impossible son usage universel. La Grande-Bretagne a adopté un lignage standard de 405 ; la France, un l
10 de-Bretagne a adopté un lignage standard de 405 ; la France, un lignage de 819, et la plupart des autres nations, y compri
11 819, et la plupart des autres nations, y compris l’ URSS, un lignage de 625. Lorsque les capitaux auront été investis dans
12 ons, y compris l’URSS, un lignage de 625. Lorsque les capitaux auront été investis dans chacun de ces pays, tout espoir d’u
13 é à son tour. Nous ne prétendons décider quel est le meilleur standard. Mais nous affirmons qu’il faut absolument adopter
14 nt adopter un standard unique, tout au moins pour l’ Europe. Tout investissement de capitaux devrait être suspendu, et une
15 d’ordre dans ce chaos. Veuillez agréer, Monsieur le directeur, etc. a. Rougemont Denis de, « Pour un standard unique d
16 Rougemont Denis de, « Pour un standard unique de la télévision », Le Monde, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé d
17 de, « Pour un standard unique de la télévision », Le Monde, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé de la note suivant
18 e, Paris, 18 novembre 1950, p. 12. b. Précédé de la note suivante : « Nous recevons de M. Denis de Rougemont, au nom du c
19 il de direction du Centre européen de la culture, la lettre suivante. »
2 1954, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Visite à M. Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la culture (septembre 1954)
20 entre européen de la culture (septembre 1954)c Le Centre européen de la culture fondé en octobre 1950 a son siège à Gen
21 nis de Rougemont, qui fonda avec Emmanuel Mounier le mouvement personnaliste et la revue Esprit  ; Denis de Rougemont est
22 ec Emmanuel Mounier le mouvement personnaliste et la revue Esprit  ; Denis de Rougemont est également président du Congrè
23 Rougemont est également président du Congrès pour la liberté de la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus
24 également président du Congrès pour la liberté de la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont
25 ident du Congrès pour la liberté de la culture et l’ auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et l’O
26 la culture et l’auteur de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectu
27 de dix-sept ouvrages, dont les plus connus sont L’ Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Le
28 t ouvrages, dont les plus connus sont L’Amour et l’ Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur l
29 ont les plus connus sont L’Amour et l’Occident , le Journal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur la bombe atomi
30 nal d’un intellectuel en chômage et Lettres sur la bombe atomique . Interrogé sur le sens qu’il attache au mot « culture
31 et Lettres sur la bombe atomique . Interrogé sur le sens qu’il attache au mot « culture », M. de Rougemont nous répond :
32 ture », M. de Rougemont nous répond : T. S. Eliot l’ a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement
33  : T. S. Eliot l’a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être véc
34 iot l’a défini mieux que je ne saurais le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le cent
35 le faire : la culture est simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le centre a créé et créera encore des associa
36 simplement ce qui rend la vie digne d’être vécue. Le centre a créé et créera encore des associations de producteurs et de
37 ociations de producteurs et de distributeurs dans les domaines où cela se révèle utile et nécessaire : sciences, musique, p
38 e, enseignement, etc. Nous encourageons également les relations culturelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant l’Unes
39 courageons également les relations culturelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant l’Unesco couvre ces domaines et vou
40 turelles et les échanges intraeuropéens. Pourtant l’ Unesco couvre ces domaines et vous parlez de nécessité… En voulant res
41 péen, notre Centre ne fera pas double emploi avec l’ Unesco, qui est une organisation mondiale et n’a pas spécialement de m
42 le et n’a pas spécialement de mission européenne. L’ Unesco n’a pour but ni de favoriser l’union de l’Europe, ni de suscite
43 européenne. L’Unesco n’a pour but ni de favoriser l’ union de l’Europe, ni de susciter l’éveil d’un sentiment européen. Ave
44 L’Unesco n’a pour but ni de favoriser l’union de l’ Europe, ni de susciter l’éveil d’un sentiment européen. Avez-vous égal
45 de favoriser l’union de l’Europe, ni de susciter l’ éveil d’un sentiment européen. Avez-vous également une activité politi
46 s naturellement à créer une conscience commune de l’ Europe et de sa situation actuelle dans le monde. On peut appeler cela
47 mune de l’Europe et de sa situation actuelle dans le monde. On peut appeler cela politique, nous appelons cela éducation.
48 la politique, nous appelons cela éducation. Parmi les organismes créés par le Centre européen de la culture, il convient de
49 ns cela éducation. Parmi les organismes créés par le Centre européen de la culture, il convient de relever : l’Association
50 européen de la culture, il convient de relever : l’ Association des instituts d’études européennes, qui a tenu son assembl
51 ennes, qui a tenu son assemblée générale à Turin, le Bureau européen d’éducation populaire, le Centre européen de recherch
52 Turin, le Bureau européen d’éducation populaire, le Centre européen de recherches nucléaires, l’Association européenne de
53 ire, le Centre européen de recherches nucléaires, l’ Association européenne des festivals de musique, la Communauté europée
54 ’Association européenne des festivals de musique, la Communauté européenne des guildes du livre, l’Association européenne
55 e, la Communauté européenne des guildes du livre, l’ Association européenne du disque, les Agences de presse européennes as
56 des du livre, l’Association européenne du disque, les Agences de presse européennes associées, etc. Pour éviter une nouvell
57 une nouvelle énumération, citons seulement, parmi les récentes initiatives du Centre, une Conférence internationale des com
58 critiques, qui s’est tenue à Rome et a traité de la musique du xxe siècle, et un Prix de littérature européenne. c. R
59 nt, directeur du Centre européen de la culture », Le Monde diplomatique, Paris, septembre 1954, p. 1.
3 1969, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Une longue et vieille histoire (7 juin 1969)
60 t vieille histoire (7 juin 1969)d e On appelle la jeunesse à se libérer de toute espèce de tabous sexuels, et d’abord d
61 tabous sexuels, et d’abord des tabous chrétiens. L’ ennui, c’est que l’Évangile ne connaît pas de tabous, et que tout érot
62 d’abord des tabous chrétiens. L’ennui, c’est que l’ Évangile ne connaît pas de tabous, et que tout érotisme suppose un sys
63 confusion très générale, mais plus particulière à l’ avant-garde, essayons de poser quelques repères. L’Évangile n’apporte
64 ’avant-garde, essayons de poser quelques repères. L’ Évangile n’apporte aucun code, aucun système d’interdictions rituelles
65 de fécondité ni de plaisir ; il admet simplement les rites judaïques (la circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue
66 laisir ; il admet simplement les rites judaïques ( la circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue qu’un rôle quelconq
67 les rites judaïques (la circoncision notamment). La vie sexuelle n’y joue qu’un rôle quelconque, à peu près invisible et
68 s drame. (Paroles de Jésus à une prostituée, ou à la femme de cinq maris : paix et pardon à cause de l’amour.) S’agirait-i
69 a femme de cinq maris : paix et pardon à cause de l’ amour.) S’agirait-il d’un refoulement ? Non, car la tentation correspo
70 ’amour.) S’agirait-il d’un refoulement ? Non, car la tentation correspondante n’est pas sensible : la volupté ou la luxure
71 la tentation correspondante n’est pas sensible : la volupté ou la luxure ne figurent pas au nombre des tentations majeure
72 correspondante n’est pas sensible : la volupté ou la luxure ne figurent pas au nombre des tentations majeures que Satan fa
73 ions majeures que Satan fait subir au Christ dans le désert. On me dira que l’Église s’est rattrapée ? Très tardivement, t
74 it subir au Christ dans le désert. On me dira que l’ Église s’est rattrapée ? Très tardivement, très partiellement, et la d
75 trapée ? Très tardivement, très partiellement, et la désinvolture des papes de la Renaissance ou des évêques du xviiie si
76 ès partiellement, et la désinvolture des papes de la Renaissance ou des évêques du xviiie siècle construisant des palais
77 s et attrapes, comme à Salzbourg — contraste avec l’ extrême sévérité que l’on réserve aux hérésies. Les traités des Pères
78 Salzbourg — contraste avec l’extrême sévérité que l’ on réserve aux hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur le mari
79 l’extrême sévérité que l’on réserve aux hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur le mariage et sur le sexe « rappell
80 x hérésies. Les traités des Pères de l’Église sur le mariage et sur le sexe « rappellent des dissertations sur l’élevage »
81 aités des Pères de l’Église sur le mariage et sur le sexe « rappellent des dissertations sur l’élevage », écrit Berdiaev.
82 et sur le sexe « rappellent des dissertations sur l’ élevage », écrit Berdiaev. « La destinée et l’amour personnels y font
83 dissertations sur l’élevage », écrit Berdiaev. «  La destinée et l’amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène
84 sur l’élevage », écrit Berdiaev. « La destinée et l’ amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène de l’amour, qu
85 e et l’amour personnels y font totalement défaut. Le phénomène de l’amour, qui se distingue radicalement à la fois du phén
86 sonnels y font totalement défaut. Le phénomène de l’ amour, qui se distingue radicalement à la fois du phénomène physiologi
87 icalement à la fois du phénomène physiologique de la satisfaction sexuelle et du phénomène social de la vie de l’espèce da
88 a satisfaction sexuelle et du phénomène social de la vie de l’espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’es
89 tion sexuelle et du phénomène social de la vie de l’ espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’abs
90 et du phénomène social de la vie de l’espèce dans la famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’absence, non de l
91 famille, n’est mentionné par personne. » C’est de l’ absence, non de l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le c
92 tionné par personne. » C’est de l’absence, non de l’ excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’e
93 l’absence, non de l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme
94 l’excès de rigueur d’un code de la sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme en Occident. Et c’
95 de la sexualité dans le christianisme, qu’est né le problème de l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné
96 é dans le christianisme, qu’est né le problème de l’ érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné sa forme au xi
97 é le problème de l’érotisme en Occident. Et c’est la gnose qui lui a donné sa forme au xiie siècle. Malgré le christianis
98 qui lui a donné sa forme au xiie siècle. Malgré le christianisme, et parfois contre lui, ce sont des influences gnostiqu
99 fluences gnostiques qui se trouvent avoir fomenté l’ érotique occidentale et qui lui ont proposé des moyens d’expression, c
100 nt proposé des moyens d’expression, cependant que les mythes et les tabous païens (égyptiens, syriaques, helléniques) ne ce
101 moyens d’expression, cependant que les mythes et les tabous païens (égyptiens, syriaques, helléniques) ne cessaient d’anim
102 ns, syriaques, helléniques) ne cessaient d’animer le rêve médiéval. Car même si l’on décrète l’impossibilité d’un lien que
103 cessaient d’animer le rêve médiéval. Car même si l’ on décrète l’impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des
104 animer le rêve médiéval. Car même si l’on décrète l’ impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des troubadours e
105 écrète l’impossibilité d’un lien quelconque entre la cortezia des troubadours et le catharisme — en dépit de la coïncidenc
106 n quelconque entre la cortezia des troubadours et le catharisme — en dépit de la coïncidence des lieux, des dates, des par
107 ia des troubadours et le catharisme — en dépit de la coïncidence des lieux, des dates, des partisans et des ennemis, — il
108 es partisans et des ennemis, — il est certain que les spéculations sur l’amour sexuel et divin, constitutives de l’érotisme
109 nnemis, — il est certain que les spéculations sur l’ amour sexuel et divin, constitutives de l’érotisme littéraire, sont le
110 ons sur l’amour sexuel et divin, constitutives de l’ érotisme littéraire, sont le fait des gnostiques et non des scolastiqu
111 vin, constitutives de l’érotisme littéraire, sont le fait des gnostiques et non des scolastiques, des hérésies et non de l
112 s et non des scolastiques, des hérésies et non de l’ orthodoxie, des poètes et des mystiques plutôt que des bons moines ou
113 utôt que des bons moines ou des conteurs gaulois. L’ amour-passion, qui naît au xiie siècle dans les romans anglo-normands
114 s. L’amour-passion, qui naît au xiie siècle dans les romans anglo-normands et les chansons des troubadours comme dans le c
115 au xiie siècle dans les romans anglo-normands et les chansons des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’esprit d’A
116 rmands et les chansons des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme e
117 s des troubadours comme dans le cœur d’Héloïse et l’ esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans le cor
118 cœur d’Héloïse et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ ange dans l’âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, ch
119 se et l’esprit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’ âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obst
120 rit d’Abélard, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’ âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obstacle à surm
121 rd, s’adresse à l’ange dans l’âme et à l’âme dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’obstacle à surmonter — soc
122 dans le corps. Il refuse toute facilité, cherche l’ obstacle à surmonter — social, moral et spirituel, — veut tous les raf
123 rmonter — social, moral et spirituel, — veut tous les raffinements du désir par l’ascèse et les exaltations du sentiment pa
124 rituel, — veut tous les raffinements du désir par l’ ascèse et les exaltations du sentiment par son expression rhétorique.
125 ut tous les raffinements du désir par l’ascèse et les exaltations du sentiment par son expression rhétorique. Toutes les fe
126 u sentiment par son expression rhétorique. Toutes les femmes qu’il célèbre sont mariées, deviennent objet d’adoration, et r
127 riées, deviennent objet d’adoration, et reçoivent le serment d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge de
128 vent le serment d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient l’objet d’un culte (première fête de l’
129 d’allégeance dû au Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient l’objet d’un culte (première fête de l’Immaculée Conce
130 u Seigneur. Dans le même temps, la Vierge devient l’ objet d’un culte (première fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dam
131 erge devient l’objet d’un culte (première fête de l’ Immaculée Conception de Notre-Dame à Lyon en 1140) et reçoit le titre
132 onception de Notre-Dame à Lyon en 1140) et reçoit le titre de Regina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient la pièce
133 et reçoit le titre de Regina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient la pièce maîtresse du jeu d’échecs, et que le p
134 gina Cœli. Cependant que la dame ou reine devient la pièce maîtresse du jeu d’échecs, et que le premier troubadour ose écr
135 checs, et que le premier troubadour ose écrire de la dame de ses pensées : « Par elle seule je serai sauvé ! » Tout cela —
136 — va donner en français, par Béroul et Chrétien, le modèle du roman d’amour mortel, théologico-poétique, thème principal
137 tératures jusqu’à ce siècle. Laissons ici de côté les fort plaisants récits de prouesses plus ou moins sportives dans la tr
138 récits de prouesses plus ou moins sportives dans la tradition de l’Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (la Fanny Hill
139 sses plus ou moins sportives dans la tradition de l’ Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova (la Fanny Hill de John Cleland
140 tion de l’Arétin, de Nicolas Chorier ou Casanova ( la Fanny Hill de John Cleland ou Ma vie de Frank Harris), pour ne reteni
141 d ou Ma vie de Frank Harris), pour ne retenir que les œuvres qui ont marqué un style de l’amour. Si l’on définit l’érotisme
142 retenir que les œuvres qui ont marqué un style de l’ amour. Si l’on définit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la
143 les œuvres qui ont marqué un style de l’amour. Si l’ on définit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, a
144 i ont marqué un style de l’amour. Si l’on définit l’ érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, au service du
145 tyle de l’amour. Si l’on définit l’érotisme comme l’ usage non procréateur de la sexualité, au service du plaisir raffiné,
146 finit l’érotisme comme l’usage non procréateur de la sexualité, au service du plaisir raffiné, des beaux-arts, et surtout
147 du plaisir raffiné, des beaux-arts, et surtout de la littérature, on peut dire que l’Astrée est la première version d’une
148 s, et surtout de la littérature, on peut dire que l’ Astrée est la première version d’une érotique sentimentale dans la lit
149 première version d’une érotique sentimentale dans la littérature française. Avec Racine, tout s’érotise, à un tel point qu
150 . Avec Racine, tout s’érotise, à un tel point que la sexualité en devient comme superflue, ce n’est plus que « Vénus » dan
151 comme superflue, ce n’est plus que « Vénus » dans les alexandrins. Une allusion, un regard, un air, un rien, et flambe la p
152 e allusion, un regard, un air, un rien, et flambe la passion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de la cour ont rem
153 ambe la passion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casui
154 ion. Conventions et signes suffisent. Les jeux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post
155 ignes suffisent. Les jeux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post-tridentine la courtoi
156 eux de la cour ont remplacé les cours d’amour, et la morale ou casuistique post-tridentine la courtoisie, exténuée en préc
157 mour, et la morale ou casuistique post-tridentine la courtoisie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie l’érotique. T
158 tridentine la courtoisie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie l’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans l
159 isie, exténuée en préciosité. Le xviiie dissocie l’ érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans
160 Le xviiie dissocie l’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le
161 ’érotique. Tout est sexe, et le mariage nul, dans les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le sentiment nul, chez Sa
162 s les Liaisons et dans Faublas. Tout est sexe, et le sentiment nul, chez Sade, qui traduit cyniquement le système des vale
163 sentiment nul, chez Sade, qui traduit cyniquement le système des valeurs de la noblesse — hédonisme arrogant, arbitraire a
164 qui traduit cyniquement le système des valeurs de la noblesse — hédonisme arrogant, arbitraire absolu, droit de la force,
165 — hédonisme arrogant, arbitraire absolu, droit de la force, c’est-à-dire du prestige et de la richesse autant que de l’épé
166 droit de la force, c’est-à-dire du prestige et de la richesse autant que de l’épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rous
167 -dire du prestige et de la richesse autant que de l’ épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’Astrée
168 an a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’ Astrée, de Pétrarque, des troubadours et d’Abélard, et rend au sentime
169 es troubadours et d’Abélard, et rend au sentiment la primauté, mais il est Suisse et démocrate. Sur lui se fonde l’érotiqu
170 mais il est Suisse et démocrate. Sur lui se fonde l’ érotique protestante, mais hors de France : Goethe, Richardson et Laur
171 rne dans la première génération de ses disciples, les romantiques allemands dans la deuxième, et les grands romanciers vict
172 s, les romantiques allemands dans la deuxième, et les grands romanciers victoriens dans la troisième : retour en force du m
173 s dans la troisième : retour en force du mythe de la passion mortelle avec Les Hauts de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Ur
174 our en force du mythe de la passion mortelle avec Les Hauts de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Urberville. À la faveur de c
175 de Hurlevent et, plus tard, Tess d’Urberville. À la faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de l’ère industrielle
176 ’Urberville. À la faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de l’ère industrielle choisira de fonder le mariage en pr
177 faveur de ces excès contraires, la bourgeoisie de l’ ère industrielle choisira de fonder le mariage en principe sur le seul
178 rgeoisie de l’ère industrielle choisira de fonder le mariage en principe sur le seul sentiment (ce qui est absurde), en fa
179 lle choisira de fonder le mariage en principe sur le seul sentiment (ce qui est absurde), en fait sur l’héritage (ce qui e
180 seul sentiment (ce qui est absurde), en fait sur l’ héritage (ce qui est souvent odieux), et tous les écrivains ignorent l
181 r l’héritage (ce qui est souvent odieux), et tous les écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré !
182 t souvent odieux), et tous les écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré ! Comme il est entendu
183 écrivains ignorent le sexe comme tel. Voici enfin le tabou restauré ! Comme il est entendu qu’on ne doit parler ni de l’ar
184 ! Comme il est entendu qu’on ne doit parler ni de l’ argent, ni de ces choses auxquelles pensent parfois les jeunes gens, M
185 gent, ni de ces choses auxquelles pensent parfois les jeunes gens, Marx et Freud, au tournant du siècle, apparaîtront comme
186 n grand nombre de faits précis à partir de ce que l’ on taisait ou censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné la sexu
187 cis à partir de ce que l’on taisait ou censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent
188 censurait. Le freudisme n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître
189 me n’a nullement « déchaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître : il a seulement auto
190 chaîné la sexualité », comme le répètent ceux qui l’ attaquent sans le connaître : il a seulement autorisé une manière nouv
191 té », comme le répètent ceux qui l’attaquent sans le connaître : il a seulement autorisé une manière nouvelle de parler de
192 elle de parler des choses du sexe. Et il a montré les relations profondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanc
193 u sexe. Et il a montré les relations profondes de l’ érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie cons
194 montré les relations profondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente est peut-
195 ofondes de l’érotisme avec le rêve — ce rêve dont l’ épanchement dans notre vie consciente est peut-être une obscure tentat
196 est peut-être une obscure tentative de compenser la mécanisation de l’existence… L’écrivain érotique, désormais, a toujou
197 obscure tentative de compenser la mécanisation de l’ existence… L’écrivain érotique, désormais, a toujours l’air, au mieux,
198 tive de compenser la mécanisation de l’existence… L’ écrivain érotique, désormais, a toujours l’air, au mieux, de se racont
199 tence… L’écrivain érotique, désormais, a toujours l’ air, au mieux, de se raconter sur le divan d’un analyste, au pire, de
200 s, a toujours l’air, au mieux, de se raconter sur le divan d’un analyste, au pire, de réclamer avec les enragés l’abolitio
201 le divan d’un analyste, au pire, de réclamer avec les enragés l’abolition du complexe d’Œdipe. Et l’érotisme, qui était en
202 n analyste, au pire, de réclamer avec les enragés l’ abolition du complexe d’Œdipe. Et l’érotisme, qui était en somme une f
203 c les enragés l’abolition du complexe d’Œdipe. Et l’ érotisme, qui était en somme une forme littéraire de la sexualité, ten
204 tisme, qui était en somme une forme littéraire de la sexualité, tend à relever de plus en plus de l’investigation des scie
205 e la sexualité, tend à relever de plus en plus de l’ investigation des sciences humaines. Certes, avec Georges Bataille et
206 sa problématique originelle, qui est religieuse ( la gnose contre la raison), de même qu’Histoire d’O renouait avec une im
207 e originelle, qui est religieuse (la gnose contre la raison), de même qu’Histoire d’O renouait avec une imagerie et des po
208 s tout cela se trouve curieusement transposé dans l’ atmosphère du masochisme qui domine la psyché occidentale depuis la fi
209 nsposé dans l’atmosphère du masochisme qui domine la psyché occidentale depuis la fin du siècle dernier. (Voir Nietzsche e
210 asochisme qui domine la psyché occidentale depuis la fin du siècle dernier. (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes
211 du siècle dernier. (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’enquête soc
212 . (Voir Nietzsche et Lou Salomé, les symbolistes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’enquête sociopsychologique
213 istes, La Porte étroite, Proust). Mais, au total, l’ enquête sociopsychologique me paraît désormais déterminante dans ce do
214 mais déterminante dans ce domaine désacralisé par la levée des censures sociales, les statistiques et la publicité. L’exci
215 e désacralisé par la levée des censures sociales, les statistiques et la publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort s
216 levée des censures sociales, les statistiques et la publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme
217 sures sociales, les statistiques et la publicité. L’ excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme, a bien plus
218 les statistiques et la publicité. L’excitation de la nouveauté, ressort secret de l’érotisme, a bien plus de chances aujou
219 . L’excitation de la nouveauté, ressort secret de l’ érotisme, a bien plus de chances aujourd’hui de se faire sentir dans l
220 us de chances aujourd’hui de se faire sentir dans les médias audiovisuels et tactiles, qu’en écriture. Il en sera sans dout
221 e qu’un jour se constitue une érotique fondée sur l’ amour même, c’est-à-dire sur le sens de la personne, du rêve personnel
222 rotique fondée sur l’amour même, c’est-à-dire sur le sens de la personne, du rêve personnel et du mystère ultime de l’autr
223 dée sur l’amour même, c’est-à-dire sur le sens de la personne, du rêve personnel et du mystère ultime de l’autre : le proc
224 rêve personnel et du mystère ultime de l’autre : le prochain dans son autonomie. d. Rougemont Denis de, « [Réponse à u
225 à une enquête] Une longue et vieille histoire », Le Monde des livres, Paris, 7 juin 1969, p. V. e. Réponse à une enquête
226 7 juin 1969, p. V. e. Réponse à une enquête sur l’ érotisme.
4 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)
227 La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)f On peut
228 i deviennent de plus en plus énormes et pareilles les unes aux autres ne tendent pas à recréer dans leur propre sein des di
229 uées sur d’autres axes que ceux où se développent les similarités. Cette suggestion de Claude Lévi-Strauss rejoint les con
230 Cette suggestion de Claude Lévi-Strauss rejoint les conclusions que j’ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’
231 i ont amené la plupart des pays européens à poser le problème régional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays, soient
232 poser le problème régional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays, soient de nature ethnique ou économique, linguistiqu
233 oblème régional. Que ces motifs, selon les cas ou les pays, soient de nature ethnique ou économique, linguistique ou géogra
234 e qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensemble on ne peut plus hétéroclite se dégage une
235 ut plus hétéroclite se dégage une loi générale. À l’ excessive distension répondent quasi mécaniquement la fragmentation, l
236 xcessive distension répondent quasi mécaniquement la fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformis
237 n répondent quasi mécaniquement la fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformisation de collectivi
238 nt la fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformisation de collectivités agrandies hors de toutes
239 collectivités agrandies hors de toutes prises de l’ individu, la différenciation sécurisante de petites communautés restru
240 és agrandies hors de toutes prises de l’individu, la différenciation sécurisante de petites communautés restructurées ; et
241 sante de petites communautés restructurées ; et à la notion de frontières bornées, celle de foyers librement rayonnants. C
242 e, tout à fait générale, me paraît avoir gouverné les entreprises régionalistes les plus diverses, dont je vais rappeler le
243 raît avoir gouverné les entreprises régionalistes les plus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition con
244 nalistes les plus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition continentale. Prenons l’idée de régions à sa
245 lus diverses, dont je vais rappeler les étapes et la répartition continentale. Prenons l’idée de régions à sa naissance da
246 es étapes et la répartition continentale. Prenons l’ idée de régions à sa naissance dans l’esprit de centaines de milliers
247 le. Prenons l’idée de régions à sa naissance dans l’ esprit de centaines de milliers de jeunes militants clandestins telle
248 illiers de jeunes militants clandestins telle que l’ atteste le « Projet de déclaration des résistances européennes ». Issu
249 jeunes militants clandestins telle que l’atteste le « Projet de déclaration des résistances européennes ». Issu de plusie
250 ève, au printemps de 1944, ce texte proclame qu’à l’ État totalitaire on ne peut opposer sérieusement que la fédération eur
251 t totalitaire on ne peut opposer sérieusement que la fédération européenne, et que celle-ci implique de « dépasser le dogm
252 uropéenne, et que celle-ci implique de « dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États », à la fois par des autor
253 t que celle-ci implique de « dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États », à la fois par des autorités contine
254 irs régionaux. Ce manifeste (qu’on peut lire dans le précieux recueil intitulé L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) pr
255 qu’on peut lire dans le précieux recueil intitulé L’ Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonie
256 le précieux recueil intitulé L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonienne du mouvement per
257 L’Europe de demain, La Baconnière, 1945) prolonge la doctrine proudhonienne du mouvement personnaliste des années 1930, Es
258 c. Dès 1938, Gabriel Marcel peut écrire : « Comme l’ avait vu profondément Arnaud Dandieu, qui, sur ce point, a été vraimen
259 point, a été vraiment un prophète, il faut garder les yeux fixés à la fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. » La
260 x fixés à la fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. » La critique de l’État-nation — ou l’étatisation manu milita
261 fois bien en deçà et bien au-delà de la nation. » La critique de l’État-nation — ou l’étatisation manu militari des coutum
262 çà et bien au-delà de la nation. » La critique de l’ État-nation — ou l’étatisation manu militari des coutumes et des idéau
263 de la nation. » La critique de l’État-nation — ou l’ étatisation manu militari des coutumes et des idéaux d’une communauté
264 unauté nationale — s’élabore et se consolide dans les mouvements fédéralistes européens de l’après-guerre. À l’Europe unifi
265 ide dans les mouvements fédéralistes européens de l’ après-guerre. À l’Europe unifiée de Hitler, extension continentale du
266 ments fédéralistes européens de l’après-guerre. À l’ Europe unifiée de Hitler, extension continentale du modèle stato-natio
267 dèle stato-nationaliste jacobin puis napoléonien, les fédéralistes européens opposent l’Europe librement unie des « forces
268 napoléonien, les fédéralistes européens opposent l’ Europe librement unie des « forces vives » de tous nos peuples. Ils so
269 tous nos peuples. Ils sont unanimes à montrer que l’ État-nation qui règne seul, depuis un siècle, sur la science de ses pr
270 État-nation qui règne seul, depuis un siècle, sur la science de ses professeurs et la croyance de ses sujets, par l’entrem
271 s un siècle, sur la science de ses professeurs et la croyance de ses sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’est
272 ses professeurs et la croyance de ses sujets, par l’ entremise des manuels scolaires, n’est en fait qu’une forme politique
273 x réalités du monde actuel. Un modèle périmé L’ État-nation qui se dit souverain absolu est manifestement trop petit p
274 anifestement trop petit pour jouer un rôle réel à l’ échelle planétaire. Aucun ne peut plus assurer seul sa défense militai
275 chnologique et une aide effective au tiers-monde, la prévention des guerres nucléaires et des catastrophes écologiques. La
276 erres nucléaires et des catastrophes écologiques. La constitution de pools européens de recherche (comme le CERN, à Genève
277 nstitution de pools européens de recherche (comme le CERN, à Genève) et une action concertée dans le domaine économique (C
278 e le CERN, à Genève) et une action concertée dans le domaine économique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seul r
279 omaine économique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seul remède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la
280 onomique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. Le seul remède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la création
281 mède aux trop petites dimensions ne serait-il pas la création d’agences fédérales européennes, qui seraient compétentes pa
282 européennes, qui seraient compétentes partout où les tâches et leur concertation se révéleraient d’échelle continentale —
283 le continentale — et là seulement ? D’autre part, l’ État-nation de type centralisé, imposant les mêmes limites territorial
284 part, l’État-nation de type centralisé, imposant les mêmes limites territoriales à des réalités aussi hétérogènes que la l
285 erritoriales à des réalités aussi hétérogènes que la langue parlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie
286 réalités aussi hétérogènes que la langue parlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le terri
287 hétérogènes que la langue parlée à la surface et l’ exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le territoire hérité,
288 arlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’ économie moderne et le territoire hérité, les souvenirs collectifs et
289 l’exploitation du sous-sol, l’économie moderne et le territoire hérité, les souvenirs collectifs et les espoirs individuel
290 -sol, l’économie moderne et le territoire hérité, les souvenirs collectifs et les espoirs individuels — ce carcan militaire
291 le territoire hérité, les souvenirs collectifs et les espoirs individuels — ce carcan militaire, idéologique et douanier, q
292 le d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettre une vie civique digne du no
293 e civique digne du nom, une participation réelle. L’ État-nation trop petit appelle la fédération ; trop grand, il appelle
294 cipation réelle. L’État-nation trop petit appelle la fédération ; trop grand, il appelle les régions. Ces deux tendances,
295 it appelle la fédération ; trop grand, il appelle les régions. Ces deux tendances, loin de se contredire, se commandent mut
296 de se contredire, se commandent mutuellement dans le monde d’aujourd’hui, à la fois planétaire et local, c’est-à-dire plus
297 lui des nations modèle xixe  siècle. À mesure que les frontières dites « historiques » ou « naturelles » selon les cas (le
298 res dites « historiques » ou « naturelles » selon les cas (le Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les
299 « historiques » ou « naturelles » selon les cas ( le Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des
300  naturelles » selon les cas (le Rhin divise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des régions naturelles o
301 vise, mais le Rhône unit !) se dévalorisent entre les Six, des régions naturelles ou nouvelles reparaissent ou accusent leu
302 se de conscience européenne et d’horizon mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissanc
303 européenne et d’horizon mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle m
304 mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’ Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que
305 science de la nécessité de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que constituent le
306 té de fédérer l’Europe, puis la reconnaissance de l’ obstacle majeur à cette union, que constituent les prétentions de l’Ét
307 l’obstacle majeur à cette union, que constituent les prétentions de l’État-nation à une souveraineté sans limites, qui ne
308 à cette union, que constituent les prétentions de l’ État-nation à une souveraineté sans limites, qui ne peut plus rien ani
309 t encore tout bloquer, amènent à constater que si l’ on veut faire l’Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépas
310 oquer, amènent à constater que si l’on veut faire l’ Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle pé
311 er que si l’on veut faire l’Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle périmé. Tel est l’argument
312 to-national et dépasser ce modèle périmé. Tel est l’ argument politique qui inspire l’action des fédéralistes. Leur visée g
313 périmé. Tel est l’argument politique qui inspire l’ action des fédéralistes. Leur visée générale s’ordonne naturellement à
314 es. Leur visée générale s’ordonne naturellement à la loi sociologique ou biophysique formulée plus haut. Mais le problème
315 iologique ou biophysique formulée plus haut. Mais le problème n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé e
316 linguistiques, écologiques ou politiques. Mais si l’ on considère l’ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager de
317 écologiques ou politiques. Mais si l’on considère l’ ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager deux classes de m
318 oit se dégager deux classes de motifs principaux, les ethniques et les économiques — d’ailleurs en interaction fréquente. I
319 ux classes de motifs principaux, les ethniques et les économiques — d’ailleurs en interaction fréquente. I. — Il y a les pr
320 d’ailleurs en interaction fréquente. I. — Il y a les problèmes linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace,
321 linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’ Alsace, de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes
322 s du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace, de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes ethniques qu
323 de la grande Occitanie ou du petit Jura bernois ; les révoltes ethniques qui couvent et parfois éclatent en Bretagne ou en
324 et parfois éclatent en Bretagne ou en Flandres ; les poussées autonomistes au pays de Galles, au Pays basque, en Catalogne
325 de Galles, au Pays basque, en Catalogne ; et tous les phénomènes similaires actuellement étouffés dans les pays de l’Est eu
326 phénomènes similaires actuellement étouffés dans les pays de l’Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclaren
327 similaires actuellement étouffés dans les pays de l’ Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir
328 d’un sous-développement économique (par rapport à l’ ensemble national) dont elles rendent responsable l’État centralisateu
329 ensemble national) dont elles rendent responsable l’ État centralisateur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres l’au
330 elles rendent responsable l’État centralisateur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres l’autonomie régionale, quelq
331 eur. Les unes exigent une aide spéciale, d’autres l’ autonomie régionale, quelques-unes leur séparation et leur rattachemen
332 s leur séparation et leur rattachement immédiat à l’ Europe fédérée de demain. II. — Les plans d’aménagement du territoire
333 ment immédiat à l’Europe fédérée de demain. II. — Les plans d’aménagement du territoire qui se donnent pour but de réduire
334 du territoire qui se donnent pour but de réduire les disparités économiques nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno) o
335 s nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno) ou le sous-développement de certaines régions des Six ont motivé les premiè
336 s au sein du Marché commun (1961) et ont abouti à la création d’une Direction générale de la politique régionale. Mais un
337 abouti à la création d’une Direction générale de la politique régionale. Mais un problème d’une portée politique plus déc
338 portée politique plus décisive se trouve posé par les régions « naturelles », ou historiques, ou économiques coupées par de
339 le réalité, ni ethnique ni économique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans
340 onomique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans divisés par les Pyrénées, rég
341 emples abondent : Basques et Catalans divisés par les Pyrénées, régions de Bâle et de Genève brochant sur deux ou trois pay
342 nt sur deux ou trois pays, Nord français coupé de la Flandre occidentale et du Hainaut, triangle Aix-la-Chapelle-Maestrich
343 Aix-la-Chapelle-Maestricht-Liège, etc. Désormais, le problème est posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la con
344 t-Liège, etc. Désormais, le problème est posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de régions trans
345 ésormais, le problème est posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de régions transfrontalières,
346 posé par les Six et par le Conseil de l’Europe de la constitution de régions transfrontalières, partout où les conflits en
347 titution de régions transfrontalières, partout où les conflits entre limites politiques et espaces économiques se révèlent
348 ntolérables ou « manifestement aberrants », comme l’ écrit J.-F. Gravier. On voit tout de suite par ces exemples que les ré
349 avier. On voit tout de suite par ces exemples que les régions ethniques et les régions économiques ne sauraient coïncider s
350 ite par ces exemples que les régions ethniques et les régions économiques ne sauraient coïncider spatialement par quelque m
351 ui aurait encore moins de chance de survenir dans le cas des régions définies en termes d’écologie ou de recherches, d’uni
352 agences fédérales européennes non seulement pour l’ économie (comme la CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, le
353 européennes non seulement pour l’économie (comme la CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, les transports, l’én
354 pour l’économie (comme la CEE élargie), mais pour l’ écologie continentale, les transports, l’énergie, les recherches, la d
355 CEE élargie), mais pour l’écologie continentale, les transports, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charge
356 ais pour l’écologie continentale, les transports, l’ énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concert
357 écologie continentale, les transports, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation contin
358 ntale, les transports, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation continentale des régi
359 s, l’énergie, les recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation continentale des régions à géométrie varia
360 es recherches, la défense, etc. Et les charger de la concertation continentale des régions à géométrie variable selon la f
361 ntinentale des régions à géométrie variable selon la fonction qui les définit. Voilà qui paraît très concevable, mais qui
362 égions à géométrie variable selon la fonction qui les définit. Voilà qui paraît très concevable, mais qui pose le problème
363 . Voilà qui paraît très concevable, mais qui pose le problème très neuf de l’administration de ces régions variables… 2. P
364 oncevable, mais qui pose le problème très neuf de l’ administration de ces régions variables… 2. Par les échanges entre rég
365 l’administration de ces régions variables… 2. Par les échanges entre régions, former les régions et créer un tissu européen
366 iables… 2. Par les échanges entre régions, former les régions et créer un tissu européen qui finira par se révéler plus sol
367 uropéen qui finira par se révéler plus solide que les liens administratifs subsistant entre chaque région et sa capitale na
368 haque région et sa capitale nationale. 3. Éduquer les nouvelles générations dès l’école primaire dans l’optique régionalist
369 tionale. 3. Éduquer les nouvelles générations dès l’ école primaire dans l’optique régionaliste et non plus nationaliste, i
370 s nouvelles générations dès l’école primaire dans l’ optique régionaliste et non plus nationaliste, informer les population
371 e régionaliste et non plus nationaliste, informer les populations, former des responsables locaux et régionaux, combattre l
372 r des responsables locaux et régionaux, combattre les routines mentales et laisser s’évanouir les préjugés stato-nationalis
373 attre les routines mentales et laisser s’évanouir les préjugés stato-nationalistes qui paralysent aujourd’hui l’imagination
374 és stato-nationalistes qui paralysent aujourd’hui l’ imagination de la plupart des « grands serviteurs de l’État ». Mais ce
375 gination de la plupart des « grands serviteurs de l’ État ». Mais cela aussi pose un nouveau problème : les délais nécessai
376 tat ». Mais cela aussi pose un nouveau problème : les délais nécessaires, quinze à vingt ans, pour former une génération et
377 à vingt ans, pour former une génération et créer les régions ne sont-ils pas trop longs, face à l’urgence des périls que c
378 er les régions ne sont-ils pas trop longs, face à l’ urgence des périls que court l’Europe — colonisation par une hégémonie
379 trop longs, face à l’urgence des périls que court l’ Europe — colonisation par une hégémonie politique à l’Est, une hégémon
380 rope — colonisation par une hégémonie politique à l’ Est, une hégémonie économique à l’Ouest ? f. Rougemont Denis de, «
381 nie politique à l’Est, une hégémonie économique à l’ Ouest ? f. Rougemont Denis de, « La poussée régionaliste en Europe
382 onomique à l’Ouest ? f. Rougemont Denis de, «  La poussée régionaliste en Europe occidentale », Le Monde diplomatique,
383  La poussée régionaliste en Europe occidentale », Le Monde diplomatique, Paris, avril 1971, p. 7.
5 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellectuel (26-27 septembre 1971)
384 L’ absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellec
385 sse », parce que nos cantons fédérés relèvent par la langue, l’ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très vari
386 e que nos cantons fédérés relèvent par la langue, l’ ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très variablement co
387 cantons fédérés relèvent par la langue, l’ethnie, la confession, d’ensembles très divers et très variablement combinés. Le
388 embles très divers et très variablement combinés. Les Suisses se trouvent ainsi protégés contre l’illusion — propagée par l
389 és. Les Suisses se trouvent ainsi protégés contre l’ illusion — propagée par l’école pour le compte de l’État, dès le milie
390 t ainsi protégés contre l’illusion — propagée par l’ école pour le compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon
391 gés contre l’illusion — propagée par l’école pour le compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Eu
392 illusion — propagée par l’école pour le compte de l’ État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Europe serait u
393 ropagée par l’école pour le compte de l’État, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’Europe serait une addition
394 t, dès le milieu du xixe siècle — selon laquelle l’ Europe serait une addition de « cultures nationales » coïncidant comme
395 es nationales » coïncidant comme par miracle avec les frontières politiques des États nationaux post-napoléoniens, remaniés
396 maniés et multipliés au xxe siècle. En revanche, la vie culturelle atteint en Suisse une densité probablement inégalée pa
397 el autre ensemble de six millions d’habitants que l’ on choisirait dans l’un des grands pays voisins. Quelques indications
398 cations chiffrées peuvent étayer cette hypothèse. Le sociologue belge Léo Moulin s’étant avisé de calculer « l’indice Nobe
399 ogue belge Léo Moulin s’étant avisé de calculer «  l’ indice Nobel » d’une vingtaine de pays, c’est-à-dire le nombre des pri
400 ice Nobel » d’une vingtaine de pays, c’est-à-dire le nombre des prix Nobel de sciences par million d’habitants, de 1901 à
401 par million d’habitants, de 1901 à 1960, a dressé le tableau suivant : 1. Suisse 2,62 ; 2. Danemark 1,43 ; 3. Autriche 1,1
402  ; … 19. Russie-URSS 0,03. Lisons dans ce tableau l’ avantage des petits pays (ils occupent les cinq premiers rangs), et, p
403 tableau l’avantage des petits pays (ils occupent les cinq premiers rangs), et, parmi eux, l’avantage exceptionnel d’une fé
404 occupent les cinq premiers rangs), et, parmi eux, l’ avantage exceptionnel d’une fédération pluraliste intégrant les apport
405 xceptionnel d’une fédération pluraliste intégrant les apports de toute l’Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de scie
406 ération pluraliste intégrant les apports de toute l’ Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de sciences, quatre sont d’
407 te intégrant les apports de toute l’Europe. Parmi les douze prix Nobel suisses de sciences, quatre sont d’origine étrangère
408 astés et rapprochés Il m’a toujours semblé que l’ absence de « culture nationale », synthétique ou imposée, et la très f
409 « culture nationale », synthétique ou imposée, et la très forte densité culturelle n’étaient pas sans relations d’interact
410 teraction, sinon même de cause à effet. Libres de la tutelle d’une capitale qui veut tout uniformiser, les foyers régionau
411 tutelle d’une capitale qui veut tout uniformiser, les foyers régionaux se développent, d’autant plus contrastés en esprit q
412 rastés en esprit qu’ils sont plus rapprochés dans l’ espace. La vie culturelle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs
413 esprit qu’ils sont plus rapprochés dans l’espace. La vie culturelle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs la vie cu
414 elle suisse n’a pas d’autre secret. Ni d’ailleurs la vie culturelle de l’Europe tout entière dans l’espace et dans le temp
415 ’autre secret. Ni d’ailleurs la vie culturelle de l’ Europe tout entière dans l’espace et dans le temps, mais en Suisse, ce
416 s la vie culturelle de l’Europe tout entière dans l’ espace et dans le temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vérifi
417 le de l’Europe tout entière dans l’espace et dans le temps, mais en Suisse, cela se voit mieux, se vérifie plus aisément.
418 ux, se vérifie plus aisément. Sans même parler de l’ abbaye de Saint-Gall, source principale de la musique européenne (séqu
419 r de l’abbaye de Saint-Gall, source principale de la musique européenne (séquences et tropes de Notker le Bègue, dès le vi
420 enne (séquences et tropes de Notker le Bègue, dès le viiie siècle), ni de l’Université de Bâle au xve siècle (Érasme, Pa
421 de Notker le Bègue, dès le viiie siècle), ni de l’ Université de Bâle au xve siècle (Érasme, Paracelse, Holbein et Frobe
422 (Érasme, Paracelse, Holbein et Frobenius), ni de la Genève de Calvin (ce Picard venu de Strasbourg et qui agira sur les é
423 in (ce Picard venu de Strasbourg et qui agira sur les élites intellectuelles et politiques de la France, de l’Écosse et de
424 a sur les élites intellectuelles et politiques de la France, de l’Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénani
425 es intellectuelles et politiques de la France, de l’ Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongr
426 les et politiques de la France, de l’Écosse et de l’ Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Polog
427 e l’Écosse et de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardon
428 l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardons s’allumer succ
429 des Pays-Bas et de la Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’Amérique), regardons s’allumer successivement les
430 a Rhénanie, de la Hongrie, de la Pologne, puis de l’ Amérique), regardons s’allumer successivement les foyers locaux de cul
431 e l’Amérique), regardons s’allumer successivement les foyers locaux de culture qui rayonneront sur l’Occident moderne. L
432 les foyers locaux de culture qui rayonneront sur l’ Occident moderne. Les sources de trois grands courants d’idées A
433 ulture qui rayonneront sur l’Occident moderne. Les sources de trois grands courants d’idées Au xviiie siècle, Zurich
434 iiie siècle, Zurich et Bâle, puis Genève, seront les sources de trois grands courants d’idées neuves en Europe, dans les l
435 is grands courants d’idées neuves en Europe, dans les lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École
436 rants d’idées neuves en Europe, dans les lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École suisse » ins
437 neuves en Europe, dans les lettres, les sciences, les doctrines politiques. De Zurich, « l’École suisse » inspirée par J.-J
438 sciences, les doctrines politiques. De Zurich, «  l’ École suisse » inspirée par J.-J. Bodmer révolutionne la littérature a
439 e suisse » inspirée par J.-J. Bodmer révolutionne la littérature allemande, qu’elle dominera sans conteste jusqu’aux flora
440 ra sans conteste jusqu’aux floraisons géniales de la fin du siècle et du romantisme. Lessing, Herder, Goethe et Schiller v
441 Homère, Dante, Shakespeare et Milton, mais aussi les Nibelungen et les minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessne
442 akespeare et Milton, mais aussi les Nibelungen et les minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomon
443 on, mais aussi les Nibelungen et les minnesänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater, la
444 esänger. Les célèbres Idylles de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et la peinture
445 de Salomon Gessner, la physiognomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et la peinture de Füssli (qui deviendra « Fus
446 nomonie de Lavater, la pédagogie de Pestalozzi et la peinture de Füssli (qui deviendra « Fuseli, the Wild Swiss », lorsqu’
447 ndra « Fuseli, the Wild Swiss », lorsqu’il régira la vie artistique de Londres au temps de William Blake) sont nées et se
448 liam Blake) sont nées et se sont constituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps, voit naître, hériti
449 ituées dans le cercle du grand Bodmer. Bâle, dans le même temps, voit naître, héritiers imprévus mais fidèles de ses tradi
450 onomes qui rivalisent de génie : Léonard Euler et les huit Bernouilli, ses cousins, font de leur ville « la capitale des sc
451 uit Bernouilli, ses cousins, font de leur ville «  la capitale des sciences exactes » de leur époque. Ils propagent au loin
452 enseignement, en Hollande, en Prusse, en Russie, le rayonnement de leurs découvertes et de leurs méthodes. Genève assiste
453 ts homériques entre celui qui signe ses lettres «  le Suisse Voltaire » et celui qui signe ses livres « Rousseau, citoyen d
454 signe ses livres « Rousseau, citoyen de Genève ». La dynastie des Saussure de Genève, durant un siècle, tiendra dans les s
455 aussure de Genève, durant un siècle, tiendra dans les sciences naturelles une place comparable à celle des Bernouilli de Bâ
456 ce comparable à celle des Bernouilli de Bâle dans les mathématiques. Et puis, après Necker, Genève donne à la France les pr
457 hématiques. Et puis, après Necker, Genève donne à la France les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première p
458 . Et puis, après Necker, Genève donne à la France les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première phase libéra
459 e donne à la France les principaux secrétaires de la Révolution dans sa première phase libérale. C’est en effet, selon Her
460 rédaction et usine idéologique qu’allaient sortir les grands discours du tribun et jusqu’au texte de la Déclaration des dro
461 es grands discours du tribun et jusqu’au texte de la Déclaration des droits de l’homme ». Un peu plus tard, c’est par Copp
462 aël tient sa cour, que vont passer d’est en ouest les grands courants du romantisme et du libéralisme politique et économiq
463 ar son Matriarchat une conception ethnologique de la sociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de la Renaissance ; e
464 ique de la sociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de la Renaissance ; et toute l’œuvre de son jeune collègue et f
465 ociologie ; Jacob Burckhardt restitue la virtu de la Renaissance ; et toute l’œuvre de son jeune collègue et fervent disci
466 dt restitue la virtu de la Renaissance ; et toute l’ œuvre de son jeune collègue et fervent disciple, Nietzsche, sera marqu
467 sche, sera marquée par cet enseignement. Entre la « civilisation » et la « Kultur » Au xxe siècle, face aux nationa
468 cet enseignement. Entre la « civilisation » et la « Kultur » Au xxe siècle, face aux nationalismes culturels, prise
469 ent à coups de canon, puis entièrement cernée par les totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à l’Europe et au monde 
470 ement cernée par les totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à l’Europe et au monde ? Il faudrait parler de Dada, qu
471 s totalitaires, qu’a pu donner la petite Suisse à l’ Europe et au monde ? Il faudrait parler de Dada, qui explose à Zurich
472 Lénine s’y prépare à partir en wagon plombé pour la Gare de Finlande et la révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout
473 artir en wagon plombé pour la Gare de Finlande et la révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout de la Suisse et aux an
474 révolution d’Octobre, tandis qu’à l’autre bout de la Suisse et aux antipodes de l’esprit Ramuz, Stravinski, Auberjonois et
475 u’à l’autre bout de la Suisse et aux antipodes de l’ esprit Ramuz, Stravinski, Auberjonois et Ansermet écrivent, composent,
476 nsermet écrivent, composent, peignent et dirigent L’ Histoire du Soldat, inaugurant le « spectacle total ». Il faudrait par
477 nent et dirigent L’Histoire du Soldat, inaugurant le « spectacle total ». Il faudrait parler de la musique, d’Arthur Honeg
478 ant le « spectacle total ». Il faudrait parler de la musique, d’Arthur Honegger et de Frank Martin à Rolf Liebermann ; des
479 s romans de Max Frisch… Mais je dois me réduire à l’ essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres
480 x Frisch… Mais je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres mais aussi int
481 je dois me réduire à l’essentiel : la Suisse est le pays des grandes « premières » alpestres mais aussi intellectuelles —
482 naturalisé suisse, élabora sa première théorie de la relativité. C’est à Zurich qu’au retour de longs séjours chez les Afr
483 C’est à Zurich qu’au retour de longs séjours chez les Africains C. G. Jung crée les notions de complexe, d’archétype et d’i
484 longs séjours chez les Africains C. G. Jung crée les notions de complexe, d’archétype et d’inconscient collectif. C’est à
485 à Bâle que Karl Barth, refoulé par Hitler, rénove la théologie du xxe siècle — pas seulement chez les protestants — et lu
486 la théologie du xxe siècle — pas seulement chez les protestants — et lui ouvre les voies de l’aggiornamento, où un autre
487 pas seulement chez les protestants — et lui ouvre les voies de l’aggiornamento, où un autre Suisse, Hans Küng, continue de
488 chez les protestants — et lui ouvre les voies de l’ aggiornamento, où un autre Suisse, Hans Küng, continue de faire œuvre
489 e de faire œuvre de pionnier — pas seulement chez les catholiques. C’est à Genève que Ferdinand de Saussure fonde la lingui
490 s. C’est à Genève que Ferdinand de Saussure fonde la linguistique générale et inaugure la sémiologie, dont on connaît l’im
491 ussure fonde la linguistique générale et inaugure la sémiologie, dont on connaît l’impact sur toutes les sciences humaines
492 nérale et inaugure la sémiologie, dont on connaît l’ impact sur toutes les sciences humaines — et pas seulement sur les réc
493 a sémiologie, dont on connaît l’impact sur toutes les sciences humaines — et pas seulement sur les récents structuralismes
494 utes les sciences humaines — et pas seulement sur les récents structuralismes français. De Genève encore vont se répandre l
495 ismes français. De Genève encore vont se répandre les théories de l’institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’épistémo
496 De Genève encore vont se répandre les théories de l’ institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’épistémologie génétique
497 de l’institut Rousseau (Claparède et Bovet), puis l’ épistémologie génétique de Jean Piaget, qui révolutionneront la psycho
498 ie génétique de Jean Piaget, qui révolutionneront la psychologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entie
499 an Piaget, qui révolutionneront la psychologie de l’ enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche
500 ionneront la psychologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs au
501 ologie de l’enfant et par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs aux esprits créateur
502 t par suite la pédagogie dans le monde entier. Si l’ on cherche les traits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la
503 a pédagogie dans le monde entier. Si l’on cherche les traits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la Suisse, on tro
504 aits communs aux esprits créateurs qu’a engendrés la Suisse, on trouve presque toujours une recherche de la connaissance a
505 isse, on trouve presque toujours une recherche de la connaissance active, éducatrice ou curative, fondée dans les relation
506 sance active, éducatrice ou curative, fondée dans les relations d’interaction sujet-objet, jamais dans le subjectivisme pur
507 relations d’interaction sujet-objet, jamais dans le subjectivisme pur ni dans l’à priori d’une objectivité systématique.
508 t-objet, jamais dans le subjectivisme pur ni dans l’ à priori d’une objectivité systématique. Et de là viennent sans doute
509 tivité systématique. Et de là viennent sans doute le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée
510 que. Et de là viennent sans doute le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du di
511 viennent sans doute le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui ca
512 le pragmatisme, la morale de la coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui caractérisent à la foi
513 de la coopération dans la différence cultivée et le goût du dialogue qui caractérisent à la fois les sciences humaines, l
514 t le goût du dialogue qui caractérisent à la fois les sciences humaines, le civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendha
515 ui caractérisent à la fois les sciences humaines, le civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénac
516 nt à la fois les sciences humaines, le civisme et la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénacle de Coppet,
517 la vie culturelle en Suisse. Stendhal voyait dans le cénacle de Coppet, rassemblé par Mme de Staël, « les états généraux d
518 cénacle de Coppet, rassemblé par Mme de Staël, «  les états généraux de l’opinion européenne », et c’est bien là le rôle qu
519 ssemblé par Mme de Staël, « les états généraux de l’ opinion européenne », et c’est bien là le rôle que rêvaient de reprend
520 éraux de l’opinion européenne », et c’est bien là le rôle que rêvaient de reprendre, dès 1946, les Rencontres internationa
521 n là le rôle que rêvaient de reprendre, dès 1946, les Rencontres internationales de Genève — aujourd’hui dirigées par Jean
522 gées par Jean Starobinski, brillant initiateur de la nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin
523 llant initiateur de la nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin vital du dialogue expliquent
524 la nouvelle critique. Sens de la coopération dans la diversité et besoin vital du dialogue expliquent enfin ce que je voud
525 logue expliquent enfin ce que je voudrais appeler la seule création nationale des Suisses, je veux dire le fédéralisme — t
526 eule création nationale des Suisses, je veux dire le fédéralisme — terme clé de notre existence, et qui signifie beaucoup
527 otre existence, et qui signifie beaucoup plus que l’ union politique des cantons souverains : un way of life, une éthique,
528  : un way of life, une éthique, une culture, dont la valeur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais la personne lib
529 que, une culture, dont la valeur suprême n’est ni l’ individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie
530 re, dont la valeur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie des solidaires
531 ur suprême n’est ni l’individu ni la nation, mais la personne librement reliée, l’autonomie des solidaires. g. Rougemo
532 ni la nation, mais la personne librement reliée, l’ autonomie des solidaires. g. Rougemont Denis de, « L’absence d’une
533 omie des solidaires. g. Rougemont Denis de, «  L’ absence d’une ‟culture nationale”, facteur du développement intellectu
534 ionale”, facteur du développement intellectuel », Le Monde, Paris, 26–27 septembre 1971, p. 22.
6 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Paul Valéry et l’Europe (29 octobre 1971)
535 Paul Valéry et l’ Europe (29 octobre 1971)h Ce qu’il y a de plus étonnant dans la phr
536 obre 1971)h Ce qu’il y a de plus étonnant dans la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe, « petit cap de l’Asie », c’est
537 lus étonnant dans la phrase fameuse de Valéry sur l’ Europe, « petit cap de l’Asie », c’est bien qu’elle nous ait étonnés.
538 ette « péninsule », cet « appendice occidental de l’ Asie » devenu « la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle d
539 , cet « appendice occidental de l’Asie » devenu «  la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le ce
540 ental de l’Asie » devenu « la partie précieuse de l’ univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps 
541 enu « la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux commu
542 tie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux communs des géogr
543 se de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps », furent lieux communs des géographes franç
544 tres qui disent, en termes très semblables, que «  l’ Europe, cette étroite presqu’île qui ne figure sur le globe que comme
545 urope, cette étroite presqu’île qui ne figure sur le globe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du ge
546 i ne figure sur le globe que comme un appendice à l’ Asie, est devenue la métropole du genre humain » (Mantelle et Brun, 18
547 lobe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du genre humain » (Mantelle et Brun, 1816). Lieux communs,
548 816). Lieux communs, mais tellement obnubilés par la religion du seul progrès occidental et refoulés par nos nationalismes
549 l et refoulés par nos nationalismes qu’il a fallu l’ esprit intrépide et sceptique de Valéry pour s’abstraire de l’Europe p
550 répide et sceptique de Valéry pour s’abstraire de l’ Europe physique et politique et la réinventer comme à partir du monde
551 s’abstraire de l’Europe physique et politique et la réinventer comme à partir du monde et de ses effets dans le monde. Il
552 ter comme à partir du monde et de ses effets dans le monde. Il s’en étonne lui-même : Je n’avais jamais songé qu’il exist
553 circonstances permanentes de cette vie. Ce sont les crises qui nous alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans les
554 alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans les consciences des variations d’intensité d’une telle ampleur que l’Euro
555 es variations d’intensité d’une telle ampleur que l’ Europe en demeurait étonnée, comme quelqu’un qui se relève dans les tô
556 urait étonnée, comme quelqu’un qui se relève dans les tôles tordues et ne sait pas s’il est encore vivant. Valéry nous parl
557 ry nous parlait sans ménagements. Certes, réduire l’ Europe à sa surface physique était bien fait pour angoisser, dans un m
558 monde où nous venions « étourdiment » de « rendre les forces proportionnelles aux masses ». Mais qu’était donc encore notre
559 sochistes ? Valéry constatait : « Tout est venu à l’ Europe, et tout en est venu, ou presque. » Et ce n’était nullement fai
560 alisme. C’était simplement une manière de définir l’ Europe en tant que « fonction » transformatrice universelle, ou mieux 
561 versalisante. D’où tirions-nous alors, Européens, les qualités indispensables à l’exercice de cette fonction, et que Valéry
562 s alors, Européens, les qualités indispensables à l’ exercice de cette fonction, et que Valéry énumérait, en premier examen
563 léry énumérait, en premier examen, comme suit : «  L’ avidité active, la curiosité ardente et désintéressée, un heureux méla
564 premier examen, comme suit : « L’avidité active, la curiosité ardente et désintéressée, un heureux mélange de l’imaginati
565 é ardente et désintéressée, un heureux mélange de l’ imagination et de la rigueur logique, un certain scepticisme non pessi
566 ressée, un heureux mélange de l’imagination et de la rigueur logique, un certain scepticisme non pessimiste, un mysticisme
567 » Tentant de développer cette « idée infuse de l’ Europe » — déjà très bien cristallisée, on vient de le voir, — Valéry
568 rope » — déjà très bien cristallisée, on vient de le voir, — Valéry en arrive à sa théorie des trois sources : Toute race
569 ent romanisée, christianisée, et soumise, quant à l’ esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. Définit
570 e, christianisée, et soumise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. Définition célèbre,
571 éenne. Définition célèbre, lacunaire et féconde. La tendance bien connue de Valéry s’illustre ici : mathématiser le réel,
572 en connue de Valéry s’illustre ici : mathématiser le réel, géométriser l’événement, mettre en figures, dont les propriétés
573 ’illustre ici : mathématiser le réel, géométriser l’ événement, mettre en figures, dont les propriétés soient énonçables en
574 géométriser l’événement, mettre en figures, dont les propriétés soient énonçables en peu de mots, tout ce qui fascine son
575 en peu de mots, tout ce qui fascine son esprit. ( L’ élégance de son style est celle d’un théorème : absence d’ornements et
576 absence d’ornements et réduction aux surprises de la simplicité.) Si l’on tient « les trois sources » pour la définition d
577 et réduction aux surprises de la simplicité.) Si l’ on tient « les trois sources » pour la définition d’un ensemble de car
578 aux surprises de la simplicité.) Si l’on tient «  les trois sources » pour la définition d’un ensemble de caractères, point
579 licité.) Si l’on tient « les trois sources » pour la définition d’un ensemble de caractères, point d’objection : peu de co
580 aractères, point d’objection : peu de contrées de l’ Europe n’y seraient pas incluses. Mais on y a vu communément une défin
581 Chypriotes, Corfiotes ou Céphaloniens, mais pas à la Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que
582 ou Céphaloniens, mais pas à la Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les R
583 la Sicile, faite par les Vikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la
584 ikings, Frédéric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce
585 ric II et les Arabes, autant que par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce continent, d
586 e par les Grecs et les Romains ; et pas à plus de la moitié des habitants de ce continent, d’Édimbourg à Sofia, de Stockho
587 ropéen, ou de seconde zone ? Mais cela fait toute la poésie, toute la musique, des troubadours à Mallarmé et du Tristan de
588 onde zone ? Mais cela fait toute la poésie, toute la musique, des troubadours à Mallarmé et du Tristan de Béroul à celui d
589 Tristan de Béroul à celui de Wagner ! Il manque à la définition par les trois sources, non l’essentiel mais bien le substa
590 à celui de Wagner ! Il manque à la définition par les trois sources, non l’essentiel mais bien le substantiel, physique, ph
591 manque à la définition par les trois sources, non l’ essentiel mais bien le substantiel, physique, physiologique, affectif
592 par les trois sources, non l’essentiel mais bien le substantiel, physique, physiologique, affectif et lyrique. Tout cela
593 e, affectif et lyrique. Tout cela qui n’était pas le fort de Valéry. Et tout cela explique peut-être son pessimisme quant
594 ut cela explique peut-être son pessimisme quant à l’ issue de l’aventure européenne. Chacun se rappelle sans doute les page
595 lique peut-être son pessimisme quant à l’issue de l’ aventure européenne. Chacun se rappelle sans doute les pages toujours
596 venture européenne. Chacun se rappelle sans doute les pages toujours citées sur la mortalité des civilisations. Elles sont
597 rappelle sans doute les pages toujours citées sur la mortalité des civilisations. Elles sont aux Ruines de Volney ce que l
598 lisations. Elles sont aux Ruines de Volney ce que les Pensées de Pasco sont aux Essais de Montaigne : une série de raccourc
599 ine forme, une certaine brièveté décisive. Lisons les Ruines : Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone,
600 emples de Baalbeck et de Jérusalem ? … Hélas ! je l’ ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furent l
601 terre ravagée ! J’ai visité ces lieux qui furent le théâtre de tant de splendeurs, et je n’ai vu qu’abandon et que solitu
602 u qu’abandon et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, da
603 et que solitude. […] Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbi
604 de. […] Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbillon de tant
605 la Tamise ou du Zuyderzee, là où maintenant, dans le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suf
606 enant, dans le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : q
607 le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : qui sait si u
608 ssances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la multitude des sensations : qui sait si un voyageur comme moi ne s’ass
609 muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La
610 eurera pas solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de l’Esprit : Ela
611 s et la mémoire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de l’Esprit : Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vag
612 ire de leur grandeur ? Puis relisons La Crise de l’ Esprit : Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la r
613 Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous
614 si est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’ abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut êtr
615 eau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’ histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut être perdu, so
616 e l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Tout peut être perdu, songe Valéry — et tout l’est peut-être
617 de. Tout peut être perdu, songe Valéry — et tout l’ est peut-être déjà — par la faute des disputes périmées que nous prolo
618 songe Valéry — et tout l’est peut-être déjà — par la faute des disputes périmées que nous prolongeons. Les misérables Eur
619 aute des disputes périmées que nous prolongeons. Les misérables Européens ont mieux aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourgu
620 nacs et aux Bourguignons que de prendre sur toute la terre le grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry vo
621 ux Bourguignons que de prendre sur toute la terre le grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry voit très b
622 e de prendre sur toute la terre le grand rôle que les Romains surent prendre. Ce que Valéry voit très bien, c’est que la p
623 prendre. Ce que Valéry voit très bien, c’est que la politique de nos États-nations, qui refusent toute espèce d’union sou
624 ïve : Il n’y aura rien eu de plus sot dans toute l’ histoire que la concurrence européenne en matière politique et économi
625 ura rien eu de plus sot dans toute l’histoire que la concurrence européenne en matière politique et économique… Pendant qu
626 e en matière politique et économique… Pendant que les efforts des meilleures têtes de l’Europe constituaient un capital imm
627 … Pendant que les efforts des meilleures têtes de l’ Europe constituaient un capital immense de savoir utilisable, la tradi
628 ituaient un capital immense de savoir utilisable, la tradition naïve de la politique historique de convoitise et d’arrière
629 mense de savoir utilisable, la tradition naïve de la politique historique de convoitise et d’arrière-pensées se poursuivai
630 e trahison, à ceux mêmes qu’on entendait dominer, les méthodes et les instruments de puissance. À cause de nos nationalism
631 ux mêmes qu’on entendait dominer, les méthodes et les instruments de puissance. À cause de nos nationalismes et de leur co
632 eur concurrence insane, qui réduit chacun d’eux à l’ impuissance, il faut prévoir que nous préférerons aux sacrifices indiv
633 éférerons aux sacrifices individuels raisonnables l’ abjecte démission générale et rentable : L’Europe aspire visiblement
634 ables l’abjecte démission générale et rentable : L’ Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américai
635 ’y dirige. Valéry n’a peut-être pas envisagé que l’ État-nation était notre malheur fondamental. Et il n’a pas vécu pour c
636 Byzantins de gauche et de droite communiant dans le culte de la nation souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’Eu
637 e gauche et de droite communiant dans le culte de la nation souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’Europe intégré
638 ion souveraine. (Communistes et gaullistes contre l’ Europe intégrée.) Mais il a été le premier, et le seul écrivain frança
639 l’Europe intégrée.) Mais il a été le premier, et le seul écrivain français de premier rang, au xxe siècle, à réfléchir s
640 de premier rang, au xxe siècle, à réfléchir sur les destins de l’Europe, sur certaines « circonstances permanentes de nos
641 g, au xxe siècle, à réfléchir sur les destins de l’ Europe, sur certaines « circonstances permanentes de nos vies » dont i
642 entes de nos vies » dont il reste à souhaiter que l’ interruption brusque ne soit pas seule capable de nous réveiller, car
643 tard. h. Rougemont Denis de, « Paul Valéry et l’ Europe », Le Monde, Paris, 29 octobre 1971, p. 15 et 18.
644 Rougemont Denis de, « Paul Valéry et l’Europe », Le Monde, Paris, 29 octobre 1971, p. 15 et 18.
7 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)
645 «  Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)i j
646 « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)i j Denis de Rougemont, dan
647 gemont, dans une page inspirée de votre livre sur la Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rh
648 spirée de votre livre sur la Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y
649 ivre sur la Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y prennent leur sou
650 Suisse, vous évoquez le Gothard comme le cœur de l’ Europe, puisque Rhin, Rhône, Danube, Pô y prennent leur source et que
651 ource et que de ce sommet une vallée descend vers l’ Italie, une vers l’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le
652 sommet une vallée descend vers l’Italie, une vers l’ Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le pays latin, disons
653 end vers l’Italie, une vers l’Allemagne, une vers l’ est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et
654 e, une vers l’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-v
655 ’Allemagne, une vers l’est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le
656 ’est, une vers le Valais et le pays latin, disons la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le versant français de v
657 s la France. Comment et pourquoi avez-vous choisi le versant français de votre pays et de vous-même ? Mais je n’ai pas eu
658 et de vous-même ? Mais je n’ai pas eu à choisir ! Le français est ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’acce
659 ma langue maternelle. Je me suis parfois moqué de l’ accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non
660 moqué de l’accent de Neuchâtel. Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. L
661 Mais enfin, c’est le français qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon D
662 ’est le français qu’on y parle, non le breton, ni l’ alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui
663 s qu’on y parle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’ occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vo
664 arle, non le breton, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vous ? Rousse
665 on, ni l’alsacien, ni l’occitan. Le parler ? Mais l’ écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vous ? Rousseau, Mme de Staël,
666 ur Socrate et Jésus-Christ à des Observations sur l’ organe détonnant du Brachinus crepitans, en passant par les Nombres ry
667 détonnant du Brachinus crepitans, en passant par les Nombres rythmiques de la Prophétie. Il n’y avait donc qu’à suivre une
668 epitans, en passant par les Nombres rythmiques de la Prophétie. Il n’y avait donc qu’à suivre une tradition ? De fait, j’a
669 ens à une lignée qui est plus de robe que d’épée. L’ origine de la famille est franc-comtoise, et il y a dans cette provinc
670 née qui est plus de robe que d’épée. L’origine de la famille est franc-comtoise, et il y a dans cette province deux villag
671 e nomment Rougemont. Juges, conseillers d’État de la principauté de Neuchâtel pendant des siècles ou, comme mon père, past
672 siècles ou, comme mon père, pasteurs, tels furent les Rougemont. Moi-même, je voulais devenir chimiste. J’avais transformé
673 , je voulais devenir chimiste. J’avais transformé le grenier de notre maison en laboratoire. Tout ce qui était germination
674 nous avons échappé de peu à un nouveau traité sur le Brachinus crepitans ? De toute l’épaisseur du gymnase scientifique où
675 veau traité sur le Brachinus crepitans ? De toute l’ épaisseur du gymnase scientifique où j’entrai par la vertu de ce goût
676 épaisseur du gymnase scientifique où j’entrai par la vertu de ce goût et de ce laboratoire. Mais ce qui avait été passion
677 ais ce qui avait été passion devint devoir, et je le détestai aussitôt. D’où votre haine de l’école ? Cela remonte plus ha
678 , et je le détestai aussitôt. D’où votre haine de l’ école ? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec l’aide de ma sœur aînée,
679 e l’école ? Cela remonte plus haut. À 5 ans, avec l’ aide de ma sœur aînée, j’avais appris à lire en trois semaines, par li
680 curiosité, par jeu… Ensuite, pendant deux ans, à l’ école primaire, j’ai dû faire semblant de ne pas savoir. C’est bien po
681 t bien pourquoi mon premier essai a pour titre : Les Méfaits de l’instruction publique . Ce pamphlet vient de reparaître,
682 mon premier essai a pour titre : Les Méfaits de l’ instruction publique . Ce pamphlet vient de reparaître, « aggravé d’un
683 raître, « aggravé d’une Suite de Méfaits  », dit la couverture, car, hélas ! les choses n’ont pas beaucoup changé depuis
684 te de Méfaits  », dit la couverture, car, hélas ! les choses n’ont pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis le temp
685 pas beaucoup changé depuis mon enfance ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était
686 hangé depuis mon enfance ni depuis le temps où je l’ écrivais avec toute l’insolence de mes 20 ans. C’était aussi violent q
687 ce ni depuis le temps où je l’écrivais avec toute l’ insolence de mes 20 ans. C’était aussi violent qu’Ivan Illich aujourd’
688 violent qu’Ivan Illich aujourd’hui, souvent dans les mêmes termes. Ainsi, dès votre premier essai, vous étiez engagé… Je n
689 riture. Mes modèles d’alors étaient Valéry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je sou
690 èles d’alors étaient Valéry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je souhaitais être d
691 éry, Gide, les auteurs de la revue Commerce et de la NRF . C’était d’eux que je souhaitais être digne. Plutôt pour le sty
692 t d’eux que je souhaitais être digne. Plutôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus a
693 e je souhaitais être digne. Plutôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus anciens et
694 utôt pour le style, la rigueur formelle… Car pour le fond, mes maîtres sont plus anciens et n’ont pas changé, Pascal et Ri
695 Tous ces noms sont français ; c’est pourtant vers les Allemagnes que vous partez, à vingt ans. Oui. De vingt à trente ans,
696 vingt ans. Oui. De vingt à trente ans, c’est bien le versant germanique que j’explore, d’abord séduit par Goethe, par son
697 art de vivre autant que par ses écrits. Je lisais les poètes, Hölderlin, Novalis, Jean-Paul, Rilke. Surtout, je découvrais
698 je découvrais et lisais en allemand Kierkegaard. Les éditions que je devais diriger plus tard — « Je sers » — ont contribu
699 -être mon juge ironique. Si Goethe a été pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je
700 a été pour moi la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours
701 i la mesure et s’il m’a convaincu de la valeur de l’ action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours depuis vingt
702 de la valeur de l’action, à laquelle je consacre le plus clair de mes jours depuis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma dém
703 puis vingt-cinq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de l’absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que « 
704 inq ans, Kierkegaard est ma démesure, le signe de l’ absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que « la subjectiv
705 ne de l’absolu, du peu de valeur de toute action, le rappel que « la subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de
706 du peu de valeur de toute action, le rappel que «  la subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vi
707 toute action, le rappel que « la subjectivité est la vérité ». J’ai fait une partie de mes études à Vienne, puis en Souabe
708 e mes études à Vienne, puis en Souabe. J’ai connu les châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans
709 ienne, puis en Souabe. J’ai connu les châteaux de la Prusse, tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans Le Paysan du
710 , tous rasés aujourd’hui. J’ai raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la
711 . J’ai raconté cela dans Le Paysan du Danube . L’ engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y
712 ela dans Le Paysan du Danube . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bo
713 . L’engagement et le clerc C’est votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bonheur d’écrire et vous vous éc
714 votre œuvre la plus romantique. Vous y découvrez le bonheur d’écrire et vous vous écoutez vivre et penser. Alors, le saut
715 rire et vous vous écoutez vivre et penser. Alors, le saut entre les pages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la
716 ous écoutez vivre et penser. Alors, le saut entre les pages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la banlieue parisi
717 e saut entre les pages de ce journal et celles de l’ automne 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut
718 ages de ce journal et celles de l’automne 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond dem
719 32 dans la banlieue parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond demeure ce qu’il était, car il s’est toujours
720 parisienne surprend, déroute. Le ton, peut-être. Le fond demeure ce qu’il était, car il s’est toujours agi pour moi d’une
721 ement dont je demeure convaincu qu’il se révélera le plus fécond de notre temps — sous d’autres noms, peut-être, comme le
722 otre temps — sous d’autres noms, peut-être, comme le fédéralisme — et que nous baptisons le personnalisme. Nous créons, av
723 tre, comme le fédéralisme — et que nous baptisons le personnalisme. Nous créons, avec Mounier et Izard, Esprit , avec Dan
724  politique du pessimisme actif » dont j’ai trouvé les éléments aussi bien chez Kierkegaard que chez Nietzsche, chez Karl Ba
725 ez dans votre Cahier de revendications publié par la NRF en décembre 1932 : « Nous sommes une génération comblée. Comblée
726 que nous avons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeurent des hommes… » Vous étiez engagé ! Je puis
727 hommes… » Vous étiez engagé ! Je puis revendiquer la paternité du concept d’engagement, mais certes pas l’usage qu’on en a
728 aternité du concept d’engagement, mais certes pas l’ usage qu’on en a fait au cours des dernières décennies. Mon premier li
729 s. Mon premier livre, paru en 1934, Politique de la personne , s’ouvrait par un chapitre intitulé « L’engagement du clerc
730 a personne , s’ouvrait par un chapitre intitulé «  L’ engagement du clerc ». Mais, pour moi, l’écrivain engagé n’est pas cel
731 titulé « L’engagement du clerc ». Mais, pour moi, l’ écrivain engagé n’est pas celui qui s’en remet à un parti quand il s’a
732 n donnée, peut dire : j’en réponds ! Mais de quoi l’ écrivain peut-il répondre ? De ce qu’il écrit, bien sûr, et de la mani
733 -il répondre ? De ce qu’il écrit, bien sûr, et de la manière dont il l’écrit. C’est ce que Penser avec les mains veut il
734 e qu’il écrit, bien sûr, et de la manière dont il l’ écrit. C’est ce que Penser avec les mains veut illustrer. J’ai posé
735 nser avec les mains veut illustrer. J’ai posé là le problème de la culture et cherché une morale de la pensée — concept a
736 ains veut illustrer. J’ai posé là le problème de la culture et cherché une morale de la pensée — concept absolument nouve
737 e problème de la culture et cherché une morale de la pensée — concept absolument nouveau. (Seul Nietzsche, peut-être…) Aya
738 ie introductive. C’est sans doute ce qui justifie le mot, plus drôle que méchant, d’Emmanuel Mounier dans Esprit  : « Rou
739 dans Esprit  : « Rougemont écrit un œil fixé sur l’ Éternel et l’autre sur Jean Paulhan. » N’est-ce pas assez juste, et pa
740 ui d’aujourd’hui ? Oui, si vous entendez par l’un l’ exigence spirituelle, par l’autre l’exigence de la forme, du mouvement
741 ndez par l’un l’exigence spirituelle, par l’autre l’ exigence de la forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser
742 l’exigence spirituelle, par l’autre l’exigence de la forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser avec les mains
743 r l’autre l’exigence de la forme, du mouvement de la phrase. Cette année, Penser avec les mains a reparu dans « Idées ».
744 t cette nouvelle édition, j’ai été frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’obstination, de ma pensée. J’ai retro
745 é frappé de voir la continuité, d’autres diraient l’ obstination, de ma pensée. J’ai retrouvé aussi ce souci constant : qu’
746 qu’une pensée ne peut être juste que si sa forme la vérifie. Bref, j’écris n’importe quel texte, même de doctrine politiq
747 politique, comme s’il s’agissait d’un poème. Dans les années 1930, vous dirigiez ou, au moins, vous participiez à la direct
748 0, vous dirigiez ou, au moins, vous participiez à la direction de trois revues. Vous collaboriez à plusieurs autres. Elles
749 eprésentaient pourtant des tendances divergentes. L’ éclectisme est mal vu au temps des fanatiques, qui ont peut-être raiso
750 tique, à ce sens du fédéralisme dont mon pays est le produit, et auquel je demeure profondément attaché. La réalité est fa
751 oduit, et auquel je demeure profondément attaché. La réalité est faite d’antinomies, dont il faut respecter chacun des ter
752 mies, dont il faut respecter chacun des termes en les maintenant en tension, sans confusion, sans séparation ni subordinati
753 ubordination de l’un à l’autre, qu’il s’agisse de l’ homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la commun
754 e l’un à l’autre, qu’il s’agisse de l’homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la c
755 re, qu’il s’agisse de l’homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mar
756 e de l’homme et de la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une voca
757 la femme dans le couple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce p
758 ouple, ou de la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’an
759 la personne et de la communauté dans la cité. Le mariage est une vocation N’est-ce pas déjà ce qui s’annonce dans v
760 dans vos journaux, que vous avez recueillis sous le titre de Journal d’une époque  ? J’ai toujours précisé qu’il s’agiss
761 journaux non intimes, situés à égale distance de la chronique impersonnelle et de la confidence. Pour moi, ces journaux d
762 gale distance de la chronique impersonnelle et de la confidence. Pour moi, ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite — le
763 moi, ces journaux de 1926 à 1946, et leur suite — le Journal d’un Européen — qui ne saurait tarder, ont pour objet non pas
764 ants, réels, dignes d’intérêt. Ou si vous voulez, le vrai sujet de ma réflexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de
765 si vous voulez, le vrai sujet de ma réflexion est l’ époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lieu e
766 t de ma réflexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne pren
767 lexion est l’époque, mais conçue comme le lieu de l’ engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne prend vie que d
768 s conçue comme le lieu de l’engagement personnel, le lieu existentiel. L’intime ne prend vie que dans une relation avec le
769 u de l’engagement personnel, le lieu existentiel. L’ intime ne prend vie que dans une relation avec le prochain, et cette r
770 L’intime ne prend vie que dans une relation avec le prochain, et cette relation que dans une relation avec la cité. Je ré
771 ain, et cette relation que dans une relation avec la cité. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par le p
772 avec la cité. Je résume ainsi ce parcours : « De l’ intime à l’ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le tit
773 té. Je résume ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du
774 ainsi ce parcours : « De l’intime à l’ultime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du livre qui vie
775 ime par le proxime. » C’est bien ce que dit aussi le titre même du livre qui vient de reparaître en édition « définitive »
776 unit un terme affectif à un terme géopolitique : L’ Amour et l’Occident . Pour vous qui étiez si engagé dans une pensée po
777 me affectif à un terme géopolitique : L’Amour et l’ Occident . Pour vous qui étiez si engagé dans une pensée politique et
778 e politique et religieuse, comment se fait-il que l’ amour vous ait intéressé ? Dites-moi plutôt comment il faudrait faire
779 nt il faudrait faire pour ne pas s’y intéresser ! Le point de départ de ma réflexion aurait pu être cette maxime de La Roc
780 rt de ma réflexion aurait pu être cette maxime de La Rochefoucauld : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient
781 relation (de nouveau, n’est-ce pas, une relation) l’ amour et ses étymologies historiques et religieuses. Et je savais auss
782 uellement, mais que tout ne se manifeste pas, que l’ histoire est l’histoire de manifestations successives… Il faut aussi s
783 que tout ne se manifeste pas, que l’histoire est l’ histoire de manifestations successives… Il faut aussi se souvenir que
784 enir que mon historicisme est fondé en théologie. Le christianisme est une historicité. Christ a souffert « sous Ponce Pil
785 e ». J’ai vu l’autre jour, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé le nom du procurateur de Judée, assez récemment d
786 ur, au musée de Jérusalem, la stèle portant gravé le nom du procurateur de Judée, assez récemment découverte. Il ne s’agit
787 is bien d’une irréductibilité temporelle. Quant à l’ occasion du livre, et pour passer du sublime au trivial, ce fut une co
788 ce sujet, il y a une anecdote que je raconte dans le post-scriptum « non définitif et scientifico-polémique » à la nouvell
789 ptum « non définitif et scientifico-polémique » à la nouvelle édition. J’avais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue
790 vais esquissé, dans je ne sais plus quelle revue, l’ opposition passion-mariage. Là-dessus, Daniel-Rops me propose d’en fai
791 , Daniel-Rops me propose d’en faire un livre pour la collection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien. La date approch
792 ection qu’il dirige. Je promets, je ne fais rien. La date approche. Quel soulagement quand Rops me demande de céder mon to
793 céder mon tour à un jeune lieutenant-colonel dont le livre est, me dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par
794 dont le livre est, me dit-il, des plus urgents : La France et son armée, par Charles de Gaulle. Mais enfin, le livre fut
795 et son armée, par Charles de Gaulle. Mais enfin, le livre fut écrit… En trois mois, dans une sorte de fièvre. Comme si to
796 le aussi bien que ma réflexion, m’avait préparé à l’ écrire. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer le personnalisme
797 re. C’est qu’en un sens il s’agissait d’appliquer le personnalisme au domaine de l’érotique. Entre deux individus, il ne p
798 issait d’appliquer le personnalisme au domaine de l’ érotique. Entre deux individus, il ne peut y avoir qu’une liaison. Mai
799 gagement réel et fidélité à cet engagement, alors la personne peut s’épanouir. Il n’y a mariage qu’entre personnes. Et c’e
800 y a mariage qu’entre personnes. Et c’est pourquoi le mariage est une vocation. Si bien que votre livre est contre la passi
801 une vocation. Si bien que votre livre est contre la passion… Pas du tout ! Condamner la passion n’aurait pas de sens. Mai
802 re est contre la passion… Pas du tout ! Condamner la passion n’aurait pas de sens. Mais il est fou de vouloir fonder le ma
803 it pas de sens. Mais il est fou de vouloir fonder le mariage sur l’amour seul, car la passion est née contre le mariage. C
804 Mais il est fou de vouloir fonder le mariage sur l’ amour seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradox
805 e vouloir fonder le mariage sur l’amour seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’aut
806 e sur l’amour seul, car la passion est née contre le mariage. C’est un paradoxe. Il en est d’autres. Votre pensée si grave
807 t d’autres. Votre pensée si grave… C’est vous qui le dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou mes Mé
808 ous qui le dites ! N’oubliez pas mes Lettres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où j’expli
809 tres sur la bombe atomique , ou mes Méfaits … Et la Part du diable , où j’explique que la démocratie ne se distingue du
810 faits … Et la Part du diable , où j’explique que la démocratie ne se distingue du totalitarisme que par l’humour, et par
811 mocratie ne se distingue du totalitarisme que par l’ humour, et par rien d’autre. … Votre pensée si soucieuse de cohérence
812 soucieuse de cohérence paraît connaître plus que le goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esth
813 e de cohérence paraît connaître plus que le goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esthétique, p
814 s que le goût, le besoin du paradoxe. Est-ce pour le contraste, par souci esthétique, pour respirer un peu ou permettre à
815 ermettre à votre lecteur de respirer ? Nullement. Le paradoxe est essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’hom
816 rer ? Nullement. Le paradoxe est essentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’homme est à la fois libre et respons
817 ssentiel. C’est le fondement même de ma démarche. L’ homme est à la fois libre et responsable : paradoxe ! Il ne devient lu
818 sable : paradoxe ! Il ne devient lui-même que par la vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la
819 que par la vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même
820 vocation, ce sentier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même coup au pro
821 ier qui se crée sous les pas qui le suivent. Mais la vocation, qui rend unique, relie du même coup au prochain… paradoxe.
822 unique, relie du même coup au prochain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’union et l’autonomie… l’Un et le Divers… parado
823 oup au prochain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’ union et l’autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le resp
824 hain… paradoxe. Le fédéralisme : c’est l’union et l’ autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel
825 déralisme : c’est l’union et l’autonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du
826 tonomie… l’Un et le Divers… paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amu
827 … paradoxe. Voyez-vous, le respect du réel, c’est le respect du paradoxe. C’est vrai qu’il m’amuse, vrai qu’il correspond
828 correspond à un goût profond. Mais il est d’abord la condition de toutes les libertés, qui est le respect des antinomies.
829 ofond. Mais il est d’abord la condition de toutes les libertés, qui est le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’
830 bord la condition de toutes les libertés, qui est le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tension
831 bertés, qui est le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tension nécessaire à son action. Choisi
832 le respect des antinomies. Il est la légèreté de l’ esprit et la tension nécessaire à son action. Choisir l’avenir…
833 des antinomies. Il est la légèreté de l’esprit et la tension nécessaire à son action. Choisir l’avenir… Avez-vous ét
834 et la tension nécessaire à son action. Choisir l’ avenir… Avez-vous été amené à réviser votre livre eu égard à tous l
835 s été amené à réviser votre livre eu égard à tous les changements qui sont intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées de
836 er des polémiques, il me paraissait nécessaire de le réassumer, de renouveler mon engagement, ma responsabilité. Certes, l
837 uveler mon engagement, ma responsabilité. Certes, le monde change et dans le domaine des mœurs l’évolution est même plus p
838 a responsabilité. Certes, le monde change et dans le domaine des mœurs l’évolution est même plus profonde qu’on ne le croi
839 tes, le monde change et dans le domaine des mœurs l’ évolution est même plus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans
840 mœurs l’évolution est même plus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que no
841 lus profonde qu’on ne le croit, mais elle va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau su
842 ipe féminin, bien moins sensible d’ailleurs, dans le mouvement de libération des femmes que dans les rêves interprétés par
843 ns le mouvement de libération des femmes que dans les rêves interprétés par C. G. Jung, les spéculations de Teilhard de Cha
844 es que dans les rêves interprétés par C. G. Jung, les spéculations de Teilhard de Chardin, ou les utopies fouriéristes d’An
845 Jung, les spéculations de Teilhard de Chardin, ou les utopies fouriéristes d’André Breton. Qui sait, peut-être n’ai-je été
846 e. Surtout pour un penseur comme vous qui scrutez les signes avant-coureurs de l’avenir de l’Europe et du monde ! C’est qu’
847 mme vous qui scrutez les signes avant-coureurs de l’ avenir de l’Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir s
848 scrutez les signes avant-coureurs de l’avenir de l’ Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir si l’on veut
849 l’Europe et du monde ! C’est qu’il faut partir de l’ avenir si l’on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, ma
850 du monde ! C’est qu’il faut partir de l’avenir si l’ on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou pol
851 l faut partir de l’avenir si l’on veut comprendre l’ aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou politique) ne peut venir
852 e l’avenir si l’on veut comprendre l’aujourd’hui. La vocation (passion, mariage ou politique) ne peut venir que de l’aveni
853 ssion, mariage ou politique) ne peut venir que de l’ avenir. Ce n’est jamais une voix du passé. Dieu, qu’est-ce, sinon le f
854 jamais une voix du passé. Dieu, qu’est-ce, sinon le futur éternel ? Avant toute chose, il faut considérer la fin ! C’est
855 r éternel ? Avant toute chose, il faut considérer la fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur l’an 2000. Seulement
856 fin ! C’est vrai que je collabore aux études sur l’ an 2000. Seulement, il faut comprendre qu’une prévision passive est un
857 nous appelle. Nous ne sommes pas là pour prédire l’ avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère dans une conférence en
858 ne sommes pas là pour prédire l’avenir, mais pour le faire ! Je disais naguère dans une conférence en Amérique : « Pour la
859 ique : « Pour la première fois dans son histoire, l’ homme se voit contraint de choisir librement son avenir. Et il y est c
860 t du seul fait qu’il en a, pour la première fois, la liberté. » Vous me direz que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Cel
861 que c’est encore un paradoxe. Mais oui ! Celui de la vérité, ou en tout cas de notre réalité. i. Rougemont Denis de, «
862 réalité. i. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 d
863 Denis de, « [Entretien] Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 20-21. j
864 e respect du réel, c’est le revers du paradoxe », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 20-21. j. Propos recueillis par J
865 Propos recueillis par Jean Blot et introduits par la note suivante : « Quatre ouvrages de Denis de Rougemont ont été réédi
866 nt s’ajouter quatre publications nouvelles. C’est la preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce penseur engag
867 lications nouvelles. C’est la preuve éclatante de l’ actualité et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands
868 s. C’est la preuve éclatante de l’actualité et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands débats du siècle e
869 et de la vitalité de ce penseur engagé dans tous les grands débats du siècle et qui a su apporter à chacun une réponse ori
870 ée par cette maxime que je lui emprunte : “Amener la pensée à la plus insistante vénération du réel.” Par cette vénération
871 maxime que je lui emprunte : “Amener la pensée à la plus insistante vénération du réel.” Par cette vénération se trouve f
872 trouve fondé un refus instinctif de choisir entre l’ homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie p
873 é un refus instinctif de choisir entre l’homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’
874 instinctif de choisir entre l’homme et le monde, l’ individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la
875 choisir entre l’homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par
876 re l’homme et le monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par elle seront
877 monde, l’individu et la société, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par elle seront conciliés le phi
878 et la société, la vie privée et la vie publique, l’ art et la politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publi
879 ciété, la vie privée et la vie publique, l’art et la politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publiciste, le
880 l’art et la politique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écou
881 litique. Par elle seront conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Den
882 le seront conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Denis de Rougemont
883 conciliés le philosophe, le publiciste, le poète, l’ homme d’action enfin. À l’écoute du réel, Denis de Rougemont va retrou
884 e publiciste, le poète, l’homme d’action enfin. À l’ écoute du réel, Denis de Rougemont va retrouver l’unité des termes que
885 l’écoute du réel, Denis de Rougemont va retrouver l’ unité des termes que l’habitude oppose et découvrir en l’un la substan
886 de Rougemont va retrouver l’unité des termes que l’ habitude oppose et découvrir en l’un la substance de l’autre. Individu
887 termes que l’habitude oppose et découvrir en l’un la substance de l’autre. Individu et société doivent se fondre dans l’un
888 autre. Individu et société doivent se fondre dans l’ unité de la personne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’en
889 vidu et société doivent se fondre dans l’unité de la personne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’engagement da
890 e dans l’unité de la personne, dignité à laquelle l’ homme n’accède que par l’engagement dans le monde — source et théâtre
891 onne, dignité à laquelle l’homme n’accède que par l’ engagement dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relati
892 quelle l’homme n’accède que par l’engagement dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relation est réciproque.
893 dans le monde — source et théâtre de sa vocation. La relation est réciproque. La société n’a pour réalité et pour fin que
894 éâtre de sa vocation. La relation est réciproque. La société n’a pour réalité et pour fin que les personnes qui la compose
895 oque. La société n’a pour réalité et pour fin que les personnes qui la composent et son organisation doit la transformer en
896 ’a pour réalité et pour fin que les personnes qui la composent et son organisation doit la transformer en un terrain ferti
897 rsonnes qui la composent et son organisation doit la transformer en un terrain fertile où les vocations pourront s’épanoui
898 tion doit la transformer en un terrain fertile où les vocations pourront s’épanouir. Cette pensée débouche naturellement su
899 épanouir. Cette pensée débouche naturellement sur la scène politique, où elle se fera connaître sous le nom de personnalis
900 a scène politique, où elle se fera connaître sous le nom de personnalisme. Elle suppose une organisation de l’État où l’un
901 e personnalisme. Elle suppose une organisation de l’ État où l’un et les divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle con
902 lle suppose une organisation de l’État où l’un et les divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l
903 e l’État où l’un et les divers seront conciliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l’action. Denis de Rougemont a
904 iliés : le fédéralisme. Elle conduit son auteur à l’ action. Denis de Rougemont a consacré à la cause de l’Europe, dont il
905 uteur à l’action. Denis de Rougemont a consacré à la cause de l’Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a
906 tion. Denis de Rougemont a consacré à la cause de l’ Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a vécu les ter
907 consacré à la cause de l’Europe, dont il connaît les visages différents, dont il a vécu les terribles déchirements, une pa
908 il connaît les visages différents, dont il a vécu les terribles déchirements, une part importante de son temps, de son éner
909 entre européen de la culture, il en assure depuis la direction, anime les campagnes d’éducation civique européenne, l’Asso
910 culture, il en assure depuis la direction, anime les campagnes d’éducation civique européenne, l’Association européenne de
911 ime les campagnes d’éducation civique européenne, l’ Association européenne des festivals de musique, l’Association des ins
912 ’Association européenne des festivals de musique, l’ Association des instituts… »
8 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)
913 Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)k l J’ai appris le tir au fusil d
914 n occidental (14 décembre 1972)k l J’ai appris le tir au fusil dans un pays qui, traditionnellement, fournit au monde l
915 un pays qui, traditionnellement, fournit au monde les champions de cet art ; et comme j’étais alors une jeune recrue animée
916 e promue au grade de lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je
917 lieutenant, et d’acquérir de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de tout
918 r de la sorte au plus tôt le droit de faire taire les sergents harcelants, je m’appliquais de toutes mes forces à bien tire
919 e toutes mes forces à bien tirer. Mais je suivais les conseils d’ordonnance, et je tirais aussi mal que possible. Car je me
920 rcice à l’autre, n’avoir fait de progrès que dans la découverte d’une maladresse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce
921 esse naguère insoupçonnée. Je faisais tout ce que l’ on me prescrivait, et que je voyais faire aux autres. Je prenais avec
922 je voyais faire aux autres. Je prenais avec soin le cran d’arrêt, bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’arme
923 , bloquais mon souffle, visais d’un œil, reposant l’ arme de temps à autre pour respirer et calmer ma nervosité, et, lorsqu
924 osité, et, lorsque enfin je me croyais prêt selon la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allai
925 la méthode des sergents, je me décidais à lâcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la
926 âcher le coup, qui s’en allait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du gran
927 lait régulièrement dans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommai
928 ans le parapet, au-dessous de la cible. Cependant la date approchait du grand concours que l’on nommait « tir au galon ».
929 ependant la date approchait du grand concours que l’ on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, l’on poussait l’entraî
930 l’on nommait « tir au galon ». Dans chaque unité, l’ on poussait l’entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les au
931  tir au galon ». Dans chaque unité, l’on poussait l’ entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me
932 entraînement des meilleurs tireurs. On négligeait les autres, et je me résolus à profiter de ce répit pour trouver par moi-
933 à profiter de ce répit pour trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir co
934 trouver par moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je
935 moi-même le secret de mes erreurs et le moyen de les corriger, sans plus tenir compte des préceptes reçus. Je ne tardai pa
936 ne tardai pas à marquer quelques points, sauvant l’ honneur sinon l’espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L
937 marquer quelques points, sauvant l’honneur sinon l’ espoir de me réhabiliter aux yeux de mes supérieurs. L’un d’entre eux
938 rqué un point, très loin du noir, mais enfin dans la cible. Il se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de
939 n dans la cible. Il se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme
940 l se baissa vers moi, me saisit la main droite et l’ écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme vos doigts sont cr
941 vers moi, me saisit la main droite et l’écarta de la garde du fusil. « Voyez, dit-il, comme vos doigts sont crispés. Rien
942 ir ! Ne pensez pas à votre main, ni à ce que fait l’ index qui a pris le cran d’arrêt. Quand vous serez assez concentré, la
943 à votre main, ni à ce que fait l’index qui a pris le cran d’arrêt. Quand vous serez assez concentré, laissez-vous simpleme
944 r ce petit disque noir à 300 mètres qui danse sur la ligne de mire. Sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous l
945 res qui danse sur la ligne de mire. Sans que vous l’ ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oublie
946 sur la ligne de mire. Sans que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et
947 s que vous l’ayez voulu, le coup partira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez es
948 rtira. Je vous le répète : pensez au but, oubliez le reste. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne
949 este. Et maintenant vous allez essayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien.
950 ayer. Vous avez le noir ?… Vous ne voyez plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’ar
951 z plus que le noir ?… » Je n’entendais plus rien. Le disque noir dansait, puis s’arrêtait, dansait de nouveau, s’embuait.
952 ait, dansait de nouveau, s’embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que
953 embuait. J’essayais de le rejoindre du regard, de l’ aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. S
954 ayais de le rejoindre du regard, de l’aspirer, de le fasciner vers moi tandis que je gonflais mes poumons. Soudain il me p
955 t plus large, plus proche, bien mat, et immobile… La détonation me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douil
956 me surprit. Je reposai mon arme en faisant sauter la douille et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un p
957 le et rechargeai machinalement. Et quand je levai les yeux, un petit disque blanc d’où pendait un mince fanion rouge surgit
958 où pendait un mince fanion rouge surgit du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours p
959 du bas de la cible, hésita une seconde, et marqua le centre du noir. Trois jours plus tard, au scandale du sergent, je gag
960 urs plus tard, au scandale du sergent, je gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’école de tir, et l’arborais
961 gagnais le fameux galon, insigne des champions de l’ école de tir, et l’arborais sur la manche droite de la tunique. Quant
962 alon, insigne des champions de l’école de tir, et l’ arborais sur la manche droite de la tunique. Quant aux conséquences pl
963 es champions de l’école de tir, et l’arborais sur la manche droite de la tunique. Quant aux conséquences plus lointaines e
964 ole de tir, et l’arborais sur la manche droite de la tunique. Quant aux conséquences plus lointaines et aux implications d
965 au but avait, en un instant, posé et vérifié pour le restant de mes jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’e
966 ant, posé et vérifié pour le restant de mes jours la juste relation des moyens et des fins. Je n’en tirai d’abord que des
967 mais dont je pressentais, en toute confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de
968 confiance, que la vie où j’allais rentrer saurait les illustrer dans maints domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je
969 ts domaines de ma conduite ou de ma réflexion. Je les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en f
970 les consigne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’em
971 gne ici, fort brièvement, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1)
972 nt, réservant pour la suite le soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1) La considération minuti
973 e soin d’en formuler les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1) La considération minutieuse des moyens, la stricte
974 les fondements théoriques et le mode d’emploi. 1) La considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une mét
975 mploi. 1) La considération minutieuse des moyens, la stricte application d’une méthode réglant l’ordre et l’usage de ces m
976 ens, la stricte application d’une méthode réglant l’ ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée,
977 icte application d’une méthode réglant l’ordre et l’ usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissanc
978 méthode réglant l’ordre et l’usage de ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’obéissance aux préceptes légaux
979 ces moyens, la maîtrise d’une technique éprouvée, l’ obéissance aux préceptes légaux et coutumiers, ne suffisent pas pour a
980 ux et coutumiers, ne suffisent pas pour atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent
981 atteindre le but, et peuvent être nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou
982 nuisibles dans la mesure exacte où ils absorbent l’ attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but
983 ns la mesure exacte où ils absorbent l’attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but doit nous re
984 s absorbent l’attention, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir.
985 ion, la détournent du but, ou le font oublier. 2) L’ appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’a
986 joindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La
987 ut que d’abord la force vient à nous, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but di
988 s, déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre
989 t. La considération envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune métho
990 ation envoûtante du but dicte ainsi les moyens de l’ atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode, ou qu’auc
991 e du but dicte ainsi les moyens de l’atteindre et les oriente plus strictement qu’aucune méthode, ou qu’aucun prétexte reçu
992 reçu. 3) Toute action efficace commence donc par la fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si la fin ne ju
993 par la fin. Avant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justi
994 ant toute chose, il faut considérer la fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autr
995 t considérer la fin. 4) Si la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est
996 la fin ne justifie pas les moyens, qu’est-ce qui les justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de la fin des fins qu’il
997 es justifie ? Une autre fin, évidemment. C’est de la fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie le
998 e la fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste
999 l nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste fin. Car nulle fin ne
1000 r. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont les vrais moyens d’une juste fin. Car nulle fin ne peut communiquer plus
1001 fier, si moraux, efficaces ou corrects que soient les moyens qu’on lui applique. Une fin toute juste justifie tout ce qu’el
1002 toute juste justifie tout ce qu’elle inspire pour la rejoindre en vérité — et c’est Dieu seul1. Le jugement de bien ou de
1003 our la rejoindre en vérité — et c’est Dieu seul1. Le jugement de bien ou de mal ne peut donc s’exercer sur les moyens qu’à
1004 ment de bien ou de mal ne peut donc s’exercer sur les moyens qu’à partir des fins qui les dictent, selon qu’elles sont bonn
1005 s’exercer sur les moyens qu’à partir des fins qui les dictent, selon qu’elles sont bonnes ou mauvaises, relativement à d’au
1006 relativement à d’autres fins plus hautes, et dans la seule mesure où ces moyens servent nécessairement ces fins. Car un mo
1007 donc être jugé mauvais ou bon. 1. Relevons ici la similitude étonnante des deux doctrines au nom desquelles, au xvie s
1008 es et jésuites se déchirèrent ; justification par la foi (la foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et
1009 suites se déchirèrent ; justification par la foi ( la foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et justific
1010 foi étant ferme assurance, présence anticipée de la fin), et justification par la fin. k. Rougemont Denis de, « Descart
1011 ésence anticipée de la fin), et justification par la fin. k. Rougemont Denis de, « Descartes inversé ou le zen occidenta
1012 . k. Rougemont Denis de, « Descartes inversé ou le zen occidental », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 21. l. Prése
1013 s de, « Descartes inversé ou le zen occidental », Le Monde, Paris, 14 décembre 1972, p. 21. l. Présenté par cette note :
1014 « Ces pages sont extraites du chapitre initial de la Morale du But, deuxième partie d’une Théorie générale du fédéralisme
1015 ale du fédéralisme qui comportera une doctrine de la personne, une morale, et une politique (histoire et prospective de la
1016 ale, et une politique (histoire et prospective de la cité). L’auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois a
1017 e politique (histoire et prospective de la cité). L’ auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois ans. »
1018 la cité). L’auteur espère achever cet ouvrage et le publier dans trois ans. »
9 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)
1019 La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L
1020 La révolte des régions : l’ État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L’interdiction récente de
1021 La révolte des régions : l’État-nation contre l’ Europe (mars 1974)n L’interdiction récente de quatre mouvements rég
1022 s : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)n L’ interdiction récente de quatre mouvements régionalistes en France a ét
1023 s passionnées quoique officielles, non pas contre l’ idée de région en soi, qualifiée par le général de Gaulle de « grande
1024 pas contre l’idée de région en soi, qualifiée par le général de Gaulle de « grande réforme de notre siècle », mais contre
1025 e « grande réforme de notre siècle », mais contre l’ Europe des régions — sans laquelle l’Europe ne sera pas, ni les région
1026 mais contre l’Europe des régions — sans laquelle l’ Europe ne sera pas, ni les régions. « L’expression ‟Europe des régions
1027 régions — sans laquelle l’Europe ne sera pas, ni les régions. « L’expression ‟Europe des régions” non seulement me hérisse
1028 laquelle l’Europe ne sera pas, ni les régions. «  L’ expression ‟Europe des régions” non seulement me hérisse mais constitu
1029 passé largement révolu, celui du Moyen Âge et de la féodalité », affirme M. Georges Pompidou. « Briser les nations pour l
1030 éodalité », affirme M. Georges Pompidou. « Briser les nations pour leur substituer des régions ? Cette tendance absurde de
1031 uer des régions ? Cette tendance absurde de bâtir l’ avenir sur un système médiéval… », déclare à son tour M. Michel Debré.
1032 parlent de régions sont « des imbéciles ignorant l’ histoire », « des inadaptés », « des gens qui agissent pour le compte
1033 , « des inadaptés », « des gens qui agissent pour le compte de l’étranger », « des réactionnaires ou des gauchistes » ou e
1034 ptés », « des gens qui agissent pour le compte de l’ étranger », « des réactionnaires ou des gauchistes » ou encore « les t
1035 es réactionnaires ou des gauchistes » ou encore «  les tenants d’un certain mythe européen, celui de l’Europe des régions, q
1036 les tenants d’un certain mythe européen, celui de l’ Europe des régions, qui est une absurdité », déclare enfin M. Sanguine
1037 , mais uniquement français, proclame encore que «  le bien le plus précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’unifica
1038 niquement français, proclame encore que « le bien le plus précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’unification plu
1039 lame encore que « le bien le plus précieux, c’est l’ unité nationale » (entendons l’unification plus ou moins forcée de six
1040 us précieux, c’est l’unité nationale » (entendons l’ unification plus ou moins forcée de six ou sept « nations » au sens an
1041 par une autre nation qui leur impose sa langue). L’ unité nationale au-dessus-de-tout, partout — Deutschland über alles, p
1042 alles, pour prendre un autre exemple —, telle est la religion de l’État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices h
1043 ndre un autre exemple —, telle est la religion de l’ État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices humains, et les
1044 xemple —, telle est la religion de l’État-nation, la seule qui exige encore des sacrifices humains, et les obtienne. Toute
1045 seule qui exige encore des sacrifices humains, et les obtienne. Toutes ces déclarations traduisent une curieuse anxiété dan
1046 déclarations traduisent une curieuse anxiété dans l’ esprit des hommes au pouvoir et une extrême nervosité de leurs polices
1047 gauchiste, ni réactionnaire, ni plus ignorant de l’ histoire qu’aucun de ceux que je viens de citer ; au surplus responsab
1048 que je viens de citer ; au surplus responsable de l’ expression qui paraît leur faire tellement peur, je vais tenter de déb
1049 ues malentendus fondamentaux dont ils me semblent les victimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte
1050 ls me semblent les victimes. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte de l’Europe d’aujourd’hui — et non
1051 s. Et d’abord replaçons le concept de région dans le contexte de l’Europe d’aujourd’hui — et non pas du xixe siècle — hor
1052 eplaçons le concept de région dans le contexte de l’ Europe d’aujourd’hui — et non pas du xixe siècle — hors duquel il ne
1053 « médiéval ». Il existe une raison majeure d’unir les Européens du xxe siècle : éviter leur colonisation politique par l’E
1054 siècle : éviter leur colonisation politique par l’ Est et leur colonisation économique par l’Ouest ; ou les deux ensemble
1055 que par l’Est et leur colonisation économique par l’ Ouest ; ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américain
1056 et leur colonisation économique par l’Ouest ; ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américains soient de ma
1057 mique par l’Ouest ; ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américains soient de mauvaises gens, mais la colon
1058 ou les deux ensemble. Non que les Soviétiques et les Américains soient de mauvaises gens, mais la colonisation est une mau
1059 et les Américains soient de mauvaises gens, mais la colonisation est une mauvaise chose. Non qu’ils soient pires que nous
1060 ise chose. Non qu’ils soient pires que nous, mais la colonisation est pire que tout. Il existe deux raisons majeures de pr
1061 ut. Il existe deux raisons majeures de promouvoir les régions en Europe : On ne peut « faire l’Europe » que fédérale — non
1062 ouvoir les régions en Europe : On ne peut « faire l’ Europe » que fédérale — non unitaire —, et les régions en fourniront l
1063 aire l’Europe » que fédérale — non unitaire —, et les régions en fourniront le seul moyen ; Il est vital de rendre aux cito
1064 le — non unitaire —, et les régions en fourniront le seul moyen ; Il est vital de rendre aux citoyens la possibilité de pa
1065 seul moyen ; Il est vital de rendre aux citoyens la possibilité de participer aux décisions de la cité, et les régions en
1066 ens la possibilité de participer aux décisions de la cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des p
1067 bilité de participer aux décisions de la cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des patries, des n
1068 écisions de la cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’Europe dite des patries, des nations ou des États, bref
1069 cité, et les régions en fourniront le seul moyen. L’ Europe dite des patries, des nations ou des États, bref, l’Europe des
1070 dite des patries, des nations ou des États, bref, l’ Europe des États-nations, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré
1071 es États, bref, l’Europe des États-nations, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré. La réunion de Washington vient d
1072 ns, on ne la fera jamais : c’est un cercle carré. La réunion de Washington vient d’en administrer une preuve de plus, à me
1073 ent superflue. Cette Europe des États-nations, je l’ ai baptisée depuis longtemps l’amicale des misanthropes. Cela peut se
1074 États-nations, je l’ai baptisée depuis longtemps l’ amicale des misanthropes. Cela peut se dire, non se faire, pour des ra
1075 peut se dire, non se faire, pour des raisons que l’ on voit très bien. Personne n’en veut d’ailleurs, et ses protagonistes
1076 un rôle au plan mondial, trop grands pour animer la vie civique de leurs régions, les États-nations sont condamnés par to
1077 ands pour animer la vie civique de leurs régions, les États-nations sont condamnés par toute l’évolution du monde moderne.
1078 gions, les États-nations sont condamnés par toute l’ évolution du monde moderne. Le général de Gaulle l’avait senti. Il a c
1079 condamnés par toute l’évolution du monde moderne. Le général de Gaulle l’avait senti. Il a choisi de tomber sur « l’affair
1080 ’évolution du monde moderne. Le général de Gaulle l’ avait senti. Il a choisi de tomber sur « l’affaire des régions ». Le p
1081 Gaulle l’avait senti. Il a choisi de tomber sur «  l’ affaire des régions ». Le paladin de l’Europe des nations devenait ain
1082 a choisi de tomber sur « l’affaire des régions ». Le paladin de l’Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère
1083 mber sur « l’affaire des régions ». Le paladin de l’ Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère nouvelle et g
1084 Le paladin de l’Europe des nations devenait ainsi le précurseur de l’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’hi
1085 urope des nations devenait ainsi le précurseur de l’ ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’histoire du monde.
1086 précurseur de l’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’histoire du monde. C’était bien joué. Ses successeurs,
1087 ’ère nouvelle et gagnait sur tous les tableaux de l’ histoire du monde. C’était bien joué. Ses successeurs, hélas, l’ont ma
1088 monde. C’était bien joué. Ses successeurs, hélas, l’ ont mal compris. Ils ferment tout ce que le général voulait ouvrir. M.
1089 hélas, l’ont mal compris. Ils ferment tout ce que le général voulait ouvrir. M. Messmer explique, à Lyon, que la coopérati
1090 voulait ouvrir. M. Messmer explique, à Lyon, que la coopération des régions périphériques doit s’arrêter à la frontière e
1091 ration des régions périphériques doit s’arrêter à la frontière et s’exercer vers l’intérieur seulement. À Lyon, six ans pl
1092 s doit s’arrêter à la frontière et s’exercer vers l’ intérieur seulement. À Lyon, six ans plus tôt, le général recommandait
1093 l’intérieur seulement. À Lyon, six ans plus tôt, le général recommandait aux mêmes régions d’entretenir « des relations p
1094 des relations plus directes et plus étroites avec l’ extérieur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et
1095 lus étroites avec l’extérieur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la F
1096 avec l’extérieur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté
1097 eur » et il précisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suiss
1098 cisait : le Nord avec la Belgique, la Lorraine et l’ Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes
1099 rd avec la Belgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’ Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse
1100 lgique, la Lorraine et l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie,
1101 l’Alsace avec l’Allemagne, la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Lan
1102 la Franche-Comté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin médite
1103 mté avec la Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’ Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aq
1104 a Suisse, Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine av
1105 -Alpes avec la Suisse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, l
1106 sse et l’Italie, la Provence et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’
1107 nce et le Languedoc avec le bassin méditerranéen, l’ Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandi
1108 oc avec le bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’ Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglai
1109 bassin méditerranéen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaull
1110 éen, l’Aquitaine avec l’Espagne, la Bretagne avec l’ Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme
1111 avec l’Espagne, la Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme d’État, ses succ
1112 a Bretagne avec l’Atlantique et la Normandie avec les Anglais. De Gaulle était un homme d’État, ses successeurs ne sont que
1113 d’État, ses successeurs ne sont que des hommes de l’ État. L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes poli
1114 ses successeurs ne sont que des hommes de l’État. L’ Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques a
1115 hommes de l’État. L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques au pouvoir aujourd’hui proclament
1116 L’Europe est inconcevable sans les régions. Tous les hommes politiques au pouvoir aujourd’hui proclament qu’il faut la fai
1117 ques au pouvoir aujourd’hui proclament qu’il faut la faire et font semblant de la vouloir, parce qu’ils savent bien que c’
1118 roclament qu’il faut la faire et font semblant de la vouloir, parce qu’ils savent bien que c’est impossible sur les bases
1119 parce qu’ils savent bien que c’est impossible sur les bases stato-nationales, seules prises en considération dans toutes no
1120 e soi, mais aussi à Bruxelles et à Strasbourg, où l’ on se veut avant tout « réaliste ». Ceux qui l’ont crue possible sur c
1121 où l’on se veut avant tout « réaliste ». Ceux qui l’ ont crue possible sur ces bases sont morts sans l’avoir imposée : Schu
1122 l’ont crue possible sur ces bases sont morts sans l’ avoir imposée : Schuman, Adenauer, De Gasperi. Si ces hommes, qui avai
1123 en main, n’ont rien pu faire, c’est vraiment que la formule est impossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui les a re
1124 iment que la formule est impossible. Ce n’est pas l’ opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, régulièrement,
1125 impossible. Ce n’est pas l’opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur
1126 t pas l’opinion populaire qui les a retenus. Tous les sondages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur de l’Europe unie. E
1127 dages, régulièrement, donnent 65,5 % en faveur de l’ Europe unie. Et ce ne sont pas les difficultés économiques : elles seu
1128 5 % en faveur de l’Europe unie. Et ce ne sont pas les difficultés économiques : elles seules ont contraint les États à quel
1129 ficultés économiques : elles seules ont contraint les États à quelques lents progrès dans le sens de l’union. Ce qui bloque
1130 contraint les États à quelques lents progrès dans le sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souver
1131 es États à quelques lents progrès dans le sens de l’ union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souveraineté nati
1132 ans le sens de l’union. Ce qui bloque tout, c’est la prétention à une souveraineté nationale absolue, qui serait incapable
1133 ncapable de se manifester par autre chose que par le refus périodique des mesures communes que l’on propose. Refus qui s’a
1134 par le refus périodique des mesures communes que l’ on propose. Refus qui s’adresse simultanément à la fédération (suprana
1135 l’on propose. Refus qui s’adresse simultanément à la fédération (supranationale) et aux régions (infranationales) en vertu
1136 érité des « quarante rois qui en mille ans firent la France », selon l’épigraphe de l’Action française reprise par M. Pomp
1137 e rois qui en mille ans firent la France », selon l’ épigraphe de l’Action française reprise par M. Pompidou dans son disco
1138 ille ans firent la France », selon l’épigraphe de l’ Action française reprise par M. Pompidou dans son discours de Poitiers
1139 quelles résistances des peuples on a dû vaincre ! Le patriotisme actuel consiste en une « équation entre le bien absolu et
1140 triotisme actuel consiste en une « équation entre le bien absolu et une collectivité correspondant à un espace territorial
1141 é correspondant à un espace territorial, à savoir la France : quiconque change dans sa pensée le terme territorial de l’éq
1142 avoir la France : quiconque change dans sa pensée le terme territorial de l’équation et met à la place un terme plus petit
1143 que change dans sa pensée le terme territorial de l’ équation et met à la place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou
1144 ensée le terme territorial de l’équation et met à la place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’
1145 tion et met à la place un terme plus petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’Europe, est regardé comme un traître
1146 us petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’ Europe, est regardé comme un traître. Pourquoi cela ? C’est tout à fai
1147 a ? C’est tout à fait arbitraire. » (Simone Weil, L’ Enracinement.) L’État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’u
1148 fait arbitraire. » (Simone Weil, L’Enracinement.) L’ État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’un appareil étatiq
1149 inement.) L’État-nation napoléonien, résultant de la mainmise d’un appareil étatique sur les réalités nationales, en vue d
1150 sultant de la mainmise d’un appareil étatique sur les réalités nationales, en vue de la guerre (seule excuse à la centralis
1151 l étatique sur les réalités nationales, en vue de la guerre (seule excuse à la centralisation à tous autres égards quasi d
1152 s nationales, en vue de la guerre (seule excuse à la centralisation à tous autres égards quasi démentielle) est une formul
1153 siècle. Non seulement périmée, mais nocive. C’est la cause principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’obstacle pr
1154 érimée, mais nocive. C’est la cause principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’obstacle principal à sa résolution
1155 C’est la cause principale de la crise actuelle de l’ Occident, et l’obstacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les
1156 principale de la crise actuelle de l’Occident, et l’ obstacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de
1157 stacle principal à sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de la politique et la plupart des futurologistes se retro
1158 sa résolution. Là-dessus, tous les philosophes de la politique et la plupart des futurologistes se retrouvent d’accord, d’
1159 and de Jouvenel et de Toynbee à Georg Picht. Mais l’ État-nation condamné se défend, avec la rage de l’animal blessé, contr
1160 icht. Mais l’État-nation condamné se défend, avec la rage de l’animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethni
1161 l’État-nation condamné se défend, avec la rage de l’ animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et l’éco
1162 animal blessé, contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et l’économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne
1163 contre deux sortes d’adversaires : les ethnies et l’ économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne étudie le prob
1164 dversaires : les ethnies et l’économie. Dès 1961, la Communauté économique européenne étudie le problème des disparités ré
1165 1961, la Communauté économique européenne étudie le problème des disparités régionales, puis crée une Direction générale
1166 s régionales, puis crée une Direction générale de la politique régionale. Quant aux ethnies, elles donnent lieu à des acti
1167 de plus en plus intenses et variées, qui vont de la recherche historique et sociologique à la pose de charges de plastic
1168 vont de la recherche historique et sociologique à la pose de charges de plastic aux quatre coins du continent, et même en
1169 aux quatre coins du continent, et même en Suisse. Le danger majeur que représentent ces deux réactions « régionalistes » c
1170 définies par une seule fonction auxquelles toutes les autres doivent être subordonnées : fonction militaire dans le cas des
1171 ivent être subordonnées : fonction militaire dans le cas des États-nations, linguistique dans le cas des ethnies, économiq
1172 dans le cas des États-nations, linguistique dans le cas des ethnies, économique dans le cas des « régions de problèmes »
1173 uistique dans le cas des ethnies, économique dans le cas des « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la région n
1174 le cas des « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la région ne devait être qu’un mini-État-nation, elle aggrave
1175 « régions de problèmes » dont s’occupe la CEE. Si la région ne devait être qu’un mini-État-nation, elle aggraverait encore
1176 , ou encore d’enseignement aux trois degrés, avec les conséquences très étendues que cela ne manquera pas d’entraîner. Si l
1177 étendues que cela ne manquera pas d’entraîner. Si l’ Europe devait consister en une centaine d’États-nations en réduction,
1178 ns en réduction, je serais contre, intégralement. Les régions ne seront pas de petits États-nations, ajoutant à l’absurdité
1179 ne seront pas de petits États-nations, ajoutant à l’ absurdité de frontières communes imposées à des réalités hétéroclites
1180 res communes imposées à des réalités hétéroclites la médiocrité de l’horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, e
1181 sées à des réalités hétéroclites la médiocrité de l’ horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, et leur objectif g
1182 la médiocrité de l’horizon. Elles seront ouvertes les unes aux autres, et leur objectif général sera de nouer des liens, de
1183 un tissu de relations humaines. Allons au fait : la grande terreur du séparatisme, qui se manifeste en Espagne comme en F
1184 en Espagne comme en France, et en URSS comme dans le canton de Berne, est née des seuls excès de centralisme. Elle traduit
1185 née des seuls excès de centralisme. Elle traduit le sentiment de culpabilité de l’ethnie qui a réduit les autres à son « 
1186 isme. Elle traduit le sentiment de culpabilité de l’ ethnie qui a réduit les autres à son « unité nationale », — valeur sup
1187 sentiment de culpabilité de l’ethnie qui a réduit les autres à son « unité nationale », — valeur suprême pour elle, oppress
1188 le », — valeur suprême pour elle, oppression pour les autres. La révolte des ethnies montre que leurs problèmes sont insolu
1189 ur suprême pour elle, oppression pour les autres. La révolte des ethnies montre que leurs problèmes sont insolubles dans l
1190 s montre que leurs problèmes sont insolubles dans le cadre stato-national, et qu’ils appellent la fédération du continent.
1191 dans le cadre stato-national, et qu’ils appellent la fédération du continent. Que cette révolte ait servi de détonateur au
1192 e détonateur au mouvement des régions en Europe — les États-Unis et l’empire russe suivront demain et après-demain — voilà
1193 uvement des régions en Europe — les États-Unis et l’ empire russe suivront demain et après-demain — voilà qui suffit pour q
1194 n’est dangereux que pour elles seules, alors que le stato-nationalisme est dangereux pour le genre humain, pour la nature
1195 lors que le stato-nationalisme est dangereux pour le genre humain, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le révei
1196 onalisme est dangereux pour le genre humain, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédé
1197 gereux pour le genre humain, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédéraliste en Europ
1198 n, pour la nature, pour la vie même sur ce globe. Le réveil régionaliste et fédéraliste en Europe est un mouvement puissan
1199 t, profond et prometteur, dont il semble bien que les hommes politiques cités plus haut ignorent à la fois les motivations,
1200 mes politiques cités plus haut ignorent à la fois les motivations, les finalités et l’ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit
1201 tés plus haut ignorent à la fois les motivations, les finalités et l’ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit pas d’une émeute
1202 orent à la fois les motivations, les finalités et l’ ampleur. Non, messieurs, il ne s’agit pas d’une émeute, mais d’une rév
1203 quoi surprendre. Il s’agit de recréer en Occident le sens de la communauté, qu’elle soit de production ou d’usage, de lang
1204 ndre. Il s’agit de recréer en Occident le sens de la communauté, qu’elle soit de production ou d’usage, de langage, de rec
1205 é, amitié, voisinage. n. Rougemont Denis de, «  La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe », Le Monde diplo
1206 . Rougemont Denis de, « La révolte des régions : l’ État-nation contre l’Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974
1207 , « La révolte des régions : l’État-nation contre l’ Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974, p. 30.
1208 te des régions : l’État-nation contre l’Europe », Le Monde diplomatique, Paris, mars 1974, p. 30.
10 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)
1209 Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)m Robert Aron, pou
1210 ais vivre ma jeunesse littéraire et politique. Je le revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est, d
1211 ique. Je le revois, dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’est, démesurées, devant nos démocraties inconsci
1212 s ces années décisives, où les ombres montaient à l’ est, démesurées, devant nos démocraties inconscientes et désuètes. Nou
1213 Gallimard, où il disposait d’un bureau contigu à la mansarde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le
1214 arde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gro
1215 Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gros yeux mélanc
1216 sa distraction proverbiale — il était, disait-il, le seul officier français qui eût réussi avec son propre sabre, — mais a
1217 d’esprit politique. Il était, dans notre groupe, le complément parfait d’Arnaud Dandieu, avec lequel il allait signer tro
1218 signer trois livres mémorables. Dandieu, c’était la rigueur même, et il avait tout lu ; Robert Aron, c’était l’imaginatif
1219 même, et il avait tout lu ; Robert Aron, c’était l’ imaginatif vagabond, et il savait mettre en scène les idées. À eux deu
1220 imaginatif vagabond, et il savait mettre en scène les idées. À eux deux, ils ont donné deux ou trois des ouvrages de base d
1221 base du mouvement personnaliste dans sa tendance la plus radicale, qui était le groupe de l’Ordre nouveau. Soit dit en pa
1222 iste dans sa tendance la plus radicale, qui était le groupe de l’Ordre nouveau. Soit dit en passant, c’était à peu près le
1223 nouveau. Soit dit en passant, c’était à peu près le contraire de la ligue d’extrême droite, au nom identique, récemment d
1224 it en passant, c’était à peu près le contraire de la ligue d’extrême droite, au nom identique, récemment dissoute. C’est l
1225 mment dissoute. C’est l’Ordre nouveau qui a lancé les idées aujourd’hui si actuelles de région, d’autogestion des communes
1226 es, et de service civil conçu comme une relève de la classe ouvrière, mieux que l’automation, à la condition prolétarienne
1227 comme une relève de la classe ouvrière, mieux que l’ automation, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrou
1228 de la classe ouvrière, mieux que l’automation, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre
1229 l’automation, à la condition prolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de
1230 rolétarienne. Après la guerre, j’ai retrouvé dans l’ œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les conv
1231 guerre, j’ai retrouvé dans l’œuvre d’historien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les convictions politiques de n
1232 orien de la Résistance et de Vichy de Robert Aron les convictions politiques de notre jeunesse, mais il s’y ajoutait une di
1233 echerche religieuse : celle qui se manifeste dans Les Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle les discussions passionn
1234 Les Années secrètes de Jésus, et qui me rappelle les discussions passionnées que nous menions, au temps de l’ON, entre les
1235 ussions passionnées que nous menions, au temps de l’ ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques
1236 ionnées que nous menions, au temps de l’ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques d’ Esprit et
1237 s de l’ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques d’ Esprit et quelques protestants groupés au
1238 entre les nietzschéens, qui dominaient le groupe, les catholiques d’ Esprit et quelques protestants groupés autour de la p
1239 Esprit et quelques protestants groupés autour de la petite revue de théologie et de philosophie existentielle que j’avais
1240 amis n’aient pu siéger ensemble pour témoigner de la durée et de la renaissance des idées passionnées de notre génération.
1241 siéger ensemble pour témoigner de la durée et de la renaissance des idées passionnées de notre génération. m. Rougemon
1242 ration. m. Rougemont Denis de, « Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée », Le Monde, Paris, 9 mars 1974, p
1243 t Aron : le témoin d’une génération passionnée », Le Monde, Paris, 9 mars 1974, p. 16.
11 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? (16 mars 1979)
1244 t de secrétaire, Voltaire disait : « Il a lu tous les Pères — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses a lu non pas un
1245 re disait : « Il a lu tous les Pères — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses a lu non pas une fois mais six fois t
1246 hacun), puis Schelling, et même Condillac et tous les autres. Marx en entier, mais jamais cela ne se sent à le lire, person
1247 es. Marx en entier, mais jamais cela ne se sent à le lire, personne n’écrit une langue plus claire, plus efficace, ni plus
1248 visée première, donc à sa fin. Car « de même que les racines expliquent moins la fleur qu’elles ne sont impliquées par ell
1249 n. Car « de même que les racines expliquent moins la fleur qu’elles ne sont impliquées par elle, la fin d’une phrase justi
1250 ns la fleur qu’elles ne sont impliquées par elle, la fin d’une phrase justifie seule son commencement, et toute arrivée es
1251 ilosophie ainsi posé dès les premières phrases de l’ ouvrage sera, sans relâche, explicité jusqu’à la dernière ligne : « Le
1252 relâche, explicité jusqu’à la dernière ligne : «  Le passé se définit par le présent, non l’inverse… pour la raison très s
1253 u’à la dernière ligne : « Le passé se définit par le présent, non l’inverse… pour la raison très simple que n’importe quel
1254 ligne : « Le passé se définit par le présent, non l’ inverse… pour la raison très simple que n’importe quel événement est p
1255 sé se définit par le présent, non l’inverse… pour la raison très simple que n’importe quel événement est présent avant d’ê
1256 énement est présent avant d’être passé » et que «  la direction du temps n’est point passé-présent-futur, mais l’inverse :
1257 on du temps n’est point passé-présent-futur, mais l’ inverse : passible-passant-passé ». Que les causes du présent soient d
1258 r, mais l’inverse : passible-passant-passé ». Que les causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun
1259 nt-passé ». Que les causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, revien
1260 les causes du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’
1261 s du présent soient dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bate
1262 t dans le passé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bateau est propulsé pa
1263 assé, comme le croit le sens commun et le suppose la science, reviendrait à dire qu’« un bateau est propulsé par son silla
1264 ’est plus produit ce qui est ». En vérité, toutes les vraies causes sont causes finales. Seul le présent produit du passé,
1265 outes les vraies causes sont causes finales. Seul le présent produit du passé, non l’inverse. Mais qu’en est-il du présent
1266 es finales. Seul le présent produit du passé, non l’ inverse. Mais qu’en est-il du présent de ce siècle ? Jérôme Deshusses
1267 est-il du présent de ce siècle ? Jérôme Deshusses le voit comme la Géhenne, cette vallée proche de Jérusalem qui servait d
1268 ent de ce siècle ? Jérôme Deshusses le voit comme la Géhenne, cette vallée proche de Jérusalem qui servait de décharge mun
1269 salem qui servait de décharge municipale, « là où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets
1270 ipale, « là où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets, de ce qui ne sert à rien mais qui
1271 où le feu ne s’éteint jamais ». C’est le monde de la pollution, des déchets, de ce qui ne sert à rien mais qui empeste et
1272 il dit bien qu’elle n’est pas la première — car «  le dessein de faire pièce à des calamités oblige à répéter ce qu’elles r
1273 e qu’elles ressassent », — mais que je tiens pour la plus signifiante, donc la plus terrifiante à ce jour. L’Europe des
1274  mais que je tiens pour la plus signifiante, donc la plus terrifiante à ce jour. L’Europe des virus L’activité humain
1275 ignifiante, donc la plus terrifiante à ce jour. L’ Europe des virus L’activité humaine a déjà détruit le quart des ter
1276 us terrifiante à ce jour. L’Europe des virus L’ activité humaine a déjà détruit le quart des terres cultivables de la
1277 pe des virus L’activité humaine a déjà détruit le quart des terres cultivables de la planète, mis fin à cinq-cent-trent
1278 a déjà détruit le quart des terres cultivables de la planète, mis fin à cinq-cent-trente espèces animales et à vingt mille
1279 es et à vingt mille espèces végétales, empoisonné les lacs Érié, Baïkal, Balaton, et des fleuves comme le Rhin, pollué par
1280 lacs Érié, Baïkal, Balaton, et des fleuves comme le Rhin, pollué par cinq pays. (« L’Europe des nations piétine, mais cel
1281 s fleuves comme le Rhin, pollué par cinq pays. («  L’ Europe des nations piétine, mais celle des virus est faite. ») Le plan
1282 tions piétine, mais celle des virus est faite. ») Le plancton des océans, attaqué par le dégazage en mer des pétroliers, m
1283 est faite. ») Le plancton des océans, attaqué par le dégazage en mer des pétroliers, menace plus encore que la destruction
1284 age en mer des pétroliers, menace plus encore que la destruction des forêts la production de l’oxygène dont dépend toute l
1285 menace plus encore que la destruction des forêts la production de l’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La n
1286 re que la destruction des forêts la production de l’ oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La nature ne pardonne
1287 rêts la production de l’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des cou
1288 duction de l’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. « La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des coups, elle pe
1289 ’oxygène dont dépend toute la vie sur la Terre. «  La nature ne pardonne pas, n’oublie rien… Des coups, elle peut en suppor
1290 apocalypse pour chiquenaude. » Huit habitants de la planète sur dix sont sous-alimentés, les deux autres mangent deux foi
1291 itants de la planète sur dix sont sous-alimentés, les deux autres mangent deux fois trop. On prévoit que cinq-cents-million
1292 nq-cents-millions d’enfants mourront de faim dans les vingt-cinq prochaines années. Tout cela pour quels motifs futiles ? «
1293 ur quels motifs futiles ? « Qui décide d’échanger l’ eau douce contre du sucre raffiné pour rien et du papier d’emballage f
1294 qué pour personne ? Rien, justement, et personne, les deux piliers de la grande famille humaine. » Entre le désordre absolu
1295 Rien, justement, et personne, les deux piliers de la grande famille humaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la
1296 eux piliers de la grande famille humaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout s
1297 de famille humaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le
1298 umaine. » Entre le désordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le final : « E
1299 ésordre absolu et la démence, la surpopulation et la bombe H, tout se met en place pour le final : « Entre la famine et la
1300 pulation et la bombe H, tout se met en place pour le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix :
1301 e H, tout se met en place pour le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les
1302 met en place pour le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surt
1303 « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « r
1304 rre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « retour à la nature », express
1305 deux. » Surtout qu’on ne parle pas de « retour à la nature », expression de l’espèce « cercle carré ». Natura signifie ce
1306 arle pas de « retour à la nature », expression de l’ espèce « cercle carré ». Natura signifie ce qui doit naître. La nature
1307 rcle carré ». Natura signifie ce qui doit naître. La nature est toujours en avant, vers l’avenir. « L’environnement et la
1308 oit naître. La nature est toujours en avant, vers l’ avenir. « L’environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premie
1309 La nature est toujours en avant, vers l’avenir. «  L’ environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premier nous somme
1310 urs en avant, vers l’avenir. « L’environnement et la nature, c’est d’abord nous : du premier nous sommes le centre, et de
1311 ture, c’est d’abord nous : du premier nous sommes le centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Figure de pro
1312 mes le centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Figure de proue de l’Histoire naturelle, « l’Histoire humai
1313 nous représentons la pointe. » Figure de proue de l’ Histoire naturelle, « l’Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix
1314 nte. » Figure de proue de l’Histoire naturelle, «  l’ Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre l’horreur de so
1315 turelle, « l’Histoire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre l’horreur de son propre tintamarre et la voie des aveu
1316 ire humaine n’aura bientôt plus le choix qu’entre l’ horreur de son propre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que l’ho
1317 ix qu’entre l’horreur de son propre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que l’homme existe, l’idéal n’a pas plus de po
1318 ropre tintamarre et la voie des aveux… Depuis que l’ homme existe, l’idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idé
1319 et la voie des aveux… Depuis que l’homme existe, l’ idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui n
1320 homme existe, l’idéal n’a pas plus de pouvoir que le pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de
1321 Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de l’ esprit, nous le retrouvons à présent, péremptoire, meurtrier, définiti
1322 s appelait en vain du plus haut de l’esprit, nous le retrouvons à présent, péremptoire, meurtrier, définitif, au plus prof
1323 mptoire, meurtrier, définitif, au plus profond de la matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus
1324 rofond de la matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la destruction nucléaire que
1325 s dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la destruction nucléaire que par la transfiguration. Une « pédagogie
1326 plus échapper à la destruction nucléaire que par la transfiguration. Une « pédagogie des catastrophes » Ce que j’av
1327 pédagogie des catastrophes », se voit ici porté à l’ extrême du défi. « C’est la vie entière, cette fois, qui en est à tout
1328 », se voit ici porté à l’extrême du défi. « C’est la vie entière, cette fois, qui en est à tout risquer. Il faut donc que
1329 Il faut donc que ce soit pour tout avoir… Ou bien la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance
1330 out avoir… Ou bien la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre
1331 n la terre n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot
1332 e n’est plus vouée qu’à la mort, ou bien l’ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot ‟apocaly
1333 aissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot ‟apocalypse” ne signifie pas catastrophe, même si les catastrophe
1334 ‟apocalypse” ne signifie pas catastrophe, même si les catastrophes l’environnent : il veut dire ‟révélation” ». Entre Géhen
1335 ignifie pas catastrophe, même si les catastrophes l’ environnent : il veut dire ‟révélation” ». Entre Géhenne et Parousie,
1336 , six chapitres non moins implacables développent la logique du mensonge qui nous a conduits où nous sommes : la Foire d’e
1337 du mensonge qui nous a conduits où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la
1338 ts où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’ économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-c
1339 Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-croisé de mensonges » q
1340 , et c’est l’économie fondée sur la compétition ; la Cellule de base, ce « chassé-croisé de mensonges » qui serait (selon
1341 « chassé-croisé de mensonges » qui serait (selon l’ auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la
1342 croisé de mensonges » qui serait (selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le
1343 ges » qui serait (selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussa
1344 (selon l’auteur) le couple, d’où la famille, d’où l’ inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseigne
1345 d’où la famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’O
1346 famille, d’où l’inégalité au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’Observatoi
1347 au départ dans la vie ; le Musée des faussaires : l’ enseignement et l’art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativ
1348 vie ; le Musée des faussaires : l’enseignement et l’ art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychana
1349 es faussaires : l’enseignement et l’art moderne ; l’ Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychanalyse reconduites
1350 nt et l’art moderne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychanalyse reconduites à leurs tautologies ou à le
1351 ne ; l’Observatoire de Babel, ou la relativité et la psychanalyse reconduites à leurs tautologies ou à leur misère philoso
1352 eurs tautologies ou à leur misère philosophique ; l’ Incantation aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi,
1353 osophique ; l’Incantation aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient renvoyés a
1354 aux momies, dans lequel les religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient renvoyés au néant noétique de leur
1355 es, dans lequel les religions instituées, la foi, les cultes et Marx se voient renvoyés au néant noétique de leur commun ma
1356 mun matérialisme. En désaccord avec Deshusses sur l’ interprétation éthique d’un grand nombre des exemples qu’il allègue, j
1357 mbre des exemples qu’il allègue, je coïncide pour l’ essentiel avec ses vues philosophiques, tout en ressentant l’absence —
1358 avec ses vues philosophiques, tout en ressentant l’ absence — est-elle voulue ? — d’une Politique qui montrerait quelques
1359 ique qui montrerait quelques moyens de répondre à l’ appel de nos plus hautes fins. Car toute cette entreprise démesurée, q
1360 s de marteau » est un appel à délivrer Prométhée. L’ Audacieux Souffrant préfigure l’humanité indivisible de demain — si no
1361 livrer Prométhée. L’Audacieux Souffrant préfigure l’ humanité indivisible de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans
1362 de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans le Grand Soir où nous voici jetés. Publiés coup sur coup, séparément, ce
1363 ongées. Réunis en une masse redoutable autant par la densité de l’information et la rigueur de la déduction que par l’inso
1364 en une masse redoutable autant par la densité de l’ information et la rigueur de la déduction que par l’insolence du style
1365 outable autant par la densité de l’information et la rigueur de la déduction que par l’insolence du style, ils ont fait re
1366 par la densité de l’information et la rigueur de la déduction que par l’insolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ic
1367 information et la rigueur de la déduction que par l’ insolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ici les critiques cherc
1368 nsolence du style, ils ont fait reculer jusqu’ici les critiques cherchant des repères mais qui n’arrivent pas à distinguer
1369 imagine — est de gauche ou de droite. Il condamne la propriété, exige l’égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx,
1370 che ou de droite. Il condamne la propriété, exige l’ égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et la science
1371 mne la propriété, exige l’égalité totale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé). Les dieu
1372 tale, dénonce le couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se ven
1373 couple mais aussi Marx, Freud et la science (qui l’ a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se vengent : silence s
1374 aussi Marx, Freud et la science (qui l’a formé). Les dieux modernes et ceux de naguère se vengent : silence sur ce blasphé
1375 p bien son affaire. Pourtant, un tel mordant dans la dénonciation de nos faux-fuyants, une telle rage de dire vrai et plus
1376 ette manière intrépide et joyeuse de faire face à la vérité dans tous ses risques, on n’avait pas vu cela depuis Nietzsche
1377 pas vu cela depuis Nietzsche. Jérôme Deshusses a le temps pour — à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de le défini
1378 — à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de le définir un petit hebdo contestataire de son pays — qui est aussi le m
1379 nt Denis de, « Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? », Le Monde, Paris, 16 mars 1979, p. 17 et 23.
12 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)
1380 Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)p
1381 Le fédéralisme helvétique dans l’ Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)p Depuis plusieurs génération
1382 4-25 juin 1979)p Depuis plusieurs générations, l’ école offre à l’administration des élèves, de ce côté-ci du Jura, Guil
1383 Depuis plusieurs générations, l’école offre à l’ administration des élèves, de ce côté-ci du Jura, Guillaume Tell, l’ar
1384 es élèves, de ce côté-ci du Jura, Guillaume Tell, l’ arbalétrier barbu qui défie le tyran au nom des droits locaux ; mais,
1385 ra, Guillaume Tell, l’arbalétrier barbu qui défie le tyran au nom des droits locaux ; mais, à l’Ouest, ces grands commis e
1386 défie le tyran au nom des droits locaux ; mais, à l’ Ouest, ces grands commis emperruqués, serviteurs exemplaires de celui
1387 erviteurs exemplaires de celui qui aurait dit : «  L’ État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, ex
1388 elui qui aurait dit : « L’État, c’est moi ». Dans les conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédéralisme helv
1389 conditions psychologiques ainsi créées, expliquer le fédéralisme helvétique aux admirateurs de Colbert, des jacobins et de
1390 Napoléon, est peut-être une tâche impossible dès le principe. Essayons cependant, pour voir. La fédération suisse est née
1391 e dès le principe. Essayons cependant, pour voir. La fédération suisse est née au xiiie siècle d’un pacte (fœdus, d’où fœ
1392 d’un pacte (fœdus, d’où fœderatio) conclu entre «  les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la co
1393 dus, d’où fœderatio) conclu entre « les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux
1394 io) conclu entre « les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inf
1395 re « les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unte
1396 allée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les
1397 e de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les trois « communes fores
1398 de la vallée inférieure d’Unterwald ». C’étaient les trois « communes forestières » qui occupaient les approches par le no
1399 les trois « communes forestières » qui occupaient les approches par le nord du col du Gothard. Celui-ci, ouvert au premier
1400 es forestières » qui occupaient les approches par le nord du col du Gothard. Celui-ci, ouvert au premier tiers du siècle,
1401 ci, ouvert au premier tiers du siècle, traversait les deux chaînes des Alpes à leur unique intersection, entre les sources
1402 aînes des Alpes à leur unique intersection, entre les sources du Rhône et du Rhin, reliant ainsi d’un seul trait les deux m
1403 u Rhône et du Rhin, reliant ainsi d’un seul trait les deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et la latine. S’unir po
1404 d’un seul trait les deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et la latine. S’unir pour rester libres Garder libre
1405 es deux moitiés du Saint-Empire, la germanique et la latine. S’unir pour rester libres Garder libre le col pour toute
1406 tine. S’unir pour rester libres Garder libre le col pour toute l’Europe, telle est la mission initiale et fondatrice
1407 r rester libres Garder libre le col pour toute l’ Europe, telle est la mission initiale et fondatrice des vallées, qui r
1408 arder libre le col pour toute l’Europe, telle est la mission initiale et fondatrice des vallées, qui reçoivent à cette fin
1409 fondatrice des vallées, qui reçoivent à cette fin l’ « immédiateté impériale » : désormais, elles ne relèveront plus des se
1410 s seigneuries ni des puissances voisines, mais de la seule couronne qui symbolise la grande communauté du continent. À cet
1411 voisines, mais de la seule couronne qui symbolise la grande communauté du continent. À cette garantie, symbolique elle aus
1412 ique elle aussi, il est donc nécessaire d’ajouter l’ assurance très concrète d’un pacte de défense mutuelle, juré en 1291,
1413 de défense mutuelle, juré en 1291, « statué pour l’ utilité commune et devant, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité ». Au
1414 comme Neuchâtel), ou fédérations de vallées comme les ligues grisonnes, qui forment à elles seules un microcosme des ligues
1415 politique, c’est-à-dire ses « libertés », contre les entreprises impérialistes des voisins autrichiens ou lombards, souabe
1416 ntons ou en États souverains. Elles n’éprouveront la nécessité de consolider leurs liens séculaires qu’en 1848, au lendema
1417 main d’une dernière guerre de religion, et devant la montée, dans toute l’Europe, du mouvement de masses visant à constitu
1418 erre de religion, et devant la montée, dans toute l’ Europe, du mouvement de masses visant à constituer de grandes unités n
1419 . Contre ce double péril, intérieur et extérieur, les cantons vont faire mieux que renouveler leur pacte général : ils se d
1420 titution fédérale dont il importe de rappeler ici les caractéristiques mémorables. L’article premier annonce que « les peup
1421 de rappeler ici les caractéristiques mémorables. L’ article premier annonce que « les peuples des vingt-trois cantons souv
1422 iques mémorables. L’article premier annonce que «  les peuples des vingt-trois cantons souverains de la Suisse forment dans
1423 les peuples des vingt-trois cantons souverains de la Suisse forment dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’articl
1424 ouverains de la Suisse forment dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’article 2 définit : « Assurer l’indépendanc
1425 ent dans leur ensemble la Confédération suisse ». L’ article 2 définit : « Assurer l’indépendance de la patrie contre l’étr
1426 ération suisse ». L’article 2 définit : « Assurer l’ indépendance de la patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité
1427 L’article 2 définit : « Assurer l’indépendance de la patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’in
1428 it : « Assurer l’indépendance de la patrie contre l’ étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger
1429 endance de la patrie contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les dro
1430 e contre l’étranger, maintenir la tranquillité et l’ ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés,
1431 ’étranger, maintenir la tranquillité et l’ordre à l’ intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accroître
1432 a tranquillité et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accroître leur prospérité commu
1433 et l’ordre à l’intérieur, protéger la liberté et les droits des confédérés, accroître leur prospérité commune. » L’article
1434 confédérés, accroître leur prospérité commune. » L’ article 3 précise que « les cantons sont souverains, en tant que leur
1435 r prospérité commune. » L’article 3 précise que «  les cantons sont souverains, en tant que leur souveraineté n’est pas limi
1436 tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la Constitution fédérale », et qu’ils exercent « tous les droits qui ne
1437 onstitution fédérale », et qu’ils exercent « tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral ». Moyennant quoi
1438 pas délégués au pouvoir fédéral ». Moyennant quoi l’ article 5 — que j’ai nommé celui de la quadrature du cercle — déclare
1439 ennant quoi l’article 5 — que j’ai nommé celui de la quadrature du cercle — déclare que « la Confédération garantit aux ca
1440 celui de la quadrature du cercle — déclare que «  la Confédération garantit aux cantons leur territoire, leur souveraineté
1441 x cantons leur territoire, leur souveraineté dans les limites définies par l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et
1442 , leur souveraineté dans les limites définies par l’ article 3, leurs Constitutions, la liberté et les droits du peuple, le
1443 es définies par l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et les droits du peuple, les droits constitutionnels des cito
1444 r l’article 3, leurs Constitutions, la liberté et les droits du peuple, les droits constitutionnels des citoyens, ainsi que
1445 onstitutions, la liberté et les droits du peuple, les droits constitutionnels des citoyens, ainsi que les droits que le peu
1446 s droits constitutionnels des citoyens, ainsi que les droits que le peuple a conférés aux autorités ». Quant aux limites po
1447 tutionnels des citoyens, ainsi que les droits que le peuple a conférés aux autorités ». Quant aux limites posées à la souv
1448 férés aux autorités ». Quant aux limites posées à la souveraineté des cantons, elles sont définies par l’article 8 : « La
1449 souveraineté des cantons, elles sont définies par l’ article 8 : « La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre
1450 cantons, elles sont définies par l’article 8 : «  La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure l
1451 nies par l’article 8 : « La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de fair
1452 : « La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de faire avec des États étra
1453 ule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de faire avec des États étrangers des alliances et de
1454 s traités, notamment de douanes et de commerce. » L’ autorité suprême de la Confédération sera exercée par l’Assemblée fédé
1455 e douanes et de commerce. » L’autorité suprême de la Confédération sera exercée par l’Assemblée fédérale, qui se composera
1456 rité suprême de la Confédération sera exercée par l’ Assemblée fédérale, qui se composera de deux chambres : le Conseil nat
1457 lée fédérale, qui se composera de deux chambres : le Conseil national, formé des députés du peuple suisse, et le Conseil d
1458 national, formé des députés du peuple suisse, et le Conseil des États (correspondant au Sénat américain), formé de deux d
1459 nat américain), formé de deux députés par canton. L’ autorité exécutive est exercée par un conseil fédéral composé de sept
1460 conseil fédéral composé de sept membres, élus par l’ Assemblée, et qui dirigent chacun un département fédéral (ou ministère
1461 (ou ministère). Ces ministres ne représentent pas les cantons et ne sont pas renversés par les chambres. Si tel projet de l
1462 tent pas les cantons et ne sont pas renversés par les chambres. Si tel projet de loi qu’ils présentent n’est pas accepté, i
1463 t de loi qu’ils présentent n’est pas accepté, ils le retirent sans se retirer eux-mêmes. Les droits d’initiative et de réf
1464 cepté, ils le retirent sans se retirer eux-mêmes. Les droits d’initiative et de référendum, tant en matière constitutionnel
1465 nstitutionnelle que législative, sont exercés par le peuple dès qu’un nombre suffisant de citoyens en font la demande. La
1466 le dès qu’un nombre suffisant de citoyens en font la demande. La préoccupation déterminante de cette Constitution est de t
1467 nombre suffisant de citoyens en font la demande. La préoccupation déterminante de cette Constitution est de toute évidenc
1468 nante de cette Constitution est de toute évidence la sauvegarde des autonomies cantonales, fût-ce au prix de la délégation
1469 arde des autonomies cantonales, fût-ce au prix de la délégation à un pouvoir fédéral de ceux des attributs de la souverain
1470 ion à un pouvoir fédéral de ceux des attributs de la souveraineté qu’aucun canton ne saurait prétendre exercer seul : la d
1471 ’aucun canton ne saurait prétendre exercer seul : la défense, les relations avec les grands États voisins, et la politique
1472 n ne saurait prétendre exercer seul : la défense, les relations avec les grands États voisins, et la politique économique g
1473 dre exercer seul : la défense, les relations avec les grands États voisins, et la politique économique générale. Situation
1474 , les relations avec les grands États voisins, et la politique économique générale. Situation en tous points comparable à
1475 e. Situation en tous points comparable à celle de l’ Europe du xxe siècle, qui appelle impérieusement le même type de solu
1476 Europe du xxe siècle, qui appelle impérieusement le même type de solutions. L’union pour la diversité Ce qu’il impo
1477 elle impérieusement le même type de solutions. L’ union pour la diversité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la
1478 sement le même type de solutions. L’union pour la diversité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la fédération n
1479 rsité Ce qu’il importe de souligner, c’est que la fédération n’a pas pour but la création d’une puissance collective, m
1480 uligner, c’est que la fédération n’a pas pour but la création d’une puissance collective, mais au contraire, la garantie d
1481 on d’une puissance collective, mais au contraire, la garantie des libertés particulières, qui autrement resteraient sans d
1482 fense, et que nul n’aurait charge d’assurer. Sans l’ union fédérale, qui procure les moyens de défendre le tout, nulle part
1483 rge d’assurer. Sans l’union fédérale, qui procure les moyens de défendre le tout, nulle partie n’eût été en mesure d’assure
1484 nion fédérale, qui procure les moyens de défendre le tout, nulle partie n’eût été en mesure d’assurer son indépendance. Le
1485 e n’eût été en mesure d’assurer son indépendance. Les cantons alémaniques eussent été revendiqués par le Deutschtum, le Tes
1486 s cantons alémaniques eussent été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût
1487 niques eussent été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort d
1488 été revendiqués par le Deutschtum, le Tessin par l’ Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’a
1489 e Deutschtum, le Tessin par l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’annexion pure et simple
1490 l’Italianita. Quant à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’annexion pure et simple, assaisonnée de préfets et
1491 à la Romandie, elle eût subi le sort de Genève — l’ annexion pure et simple, assaisonnée de préfets et de la lecture exclu
1492 xion pure et simple, assaisonnée de préfets et de la lecture exclusive mais obligatoire du Moniteur. On a trop dit que l’u
1493 e mais obligatoire du Moniteur. On a trop dit que l’ union fédérale est une union dans la diversité comme s’il s’agissait l
1494 trop dit que l’union fédérale est une union dans la diversité comme s’il s’agissait là d’une prouesse paradoxale ou d’un
1495 prouesse paradoxale ou d’un compromis empirique. L’ union fédérale, à vrai dire, ne se fait pas en dépit de la diversité,
1496 fédérale, à vrai dire, ne se fait pas en dépit de la diversité, mais pour la maintenir et perpétuer, parce qu’en elle seul
1497 e se fait pas en dépit de la diversité, mais pour la maintenir et perpétuer, parce qu’en elle seule, résident la santé et
1498 ir et perpétuer, parce qu’en elle seule, résident la santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur trag
1499 uer, parce qu’en elle seule, résident la santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jac
1500 n elle seule, résident la santé et la vitalité de l’ ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jacobins de gauche
1501 a santé et la vitalité de l’ensemble. On voit ici la double erreur tragique des jacobins de gauche et de droite, qui s’ima
1502 qui s’imaginent, comme MM. Marchais et Debré, que le fédéralisme interne conduirait au séparatisme, tandis que la fédérati
1503 sme interne conduirait au séparatisme, tandis que la fédération européenne conduirait au contraire à la fusion de toutes l
1504 a fédération européenne conduirait au contraire à la fusion de toutes les diversités dans « un magma informe », comme cert
1505 nne conduirait au contraire à la fusion de toutes les diversités dans « un magma informe », comme certains le ressassent. I
1506 ersités dans « un magma informe », comme certains le ressassent. Il n’y a en vérité aucune raison pour qu’une Europe fédér
1507 nces, mais on ne voit que trop bien ce qui incite les jacobins de tous pays à craindre que les nations étatisées de l’Europ
1508 i incite les jacobins de tous pays à craindre que les nations étatisées de l’Europe actuelle ne soient traitées comme le fu
1509 tous pays à craindre que les nations étatisées de l’ Europe actuelle ne soient traitées comme le furent les « nations » pri
1510 ées de l’Europe actuelle ne soient traitées comme le furent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne
1511 urope actuelle ne soient traitées comme le furent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans u
1512 ées comme le furent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’Espag
1513 urent les « nations » primitives de la France, de la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’Espagne — ces trois
1514 a Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, de l’ Espagne — ces trois prototypes de l’État national. Les pratiques fédér
1515 re mesure, de l’Espagne — ces trois prototypes de l’ État national. Les pratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans
1516 spagne — ces trois prototypes de l’État national. Les pratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de
1517 ratiques fédérales ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de l’Europe au temps du Saint-Empire romain germanique, du
1518 ou fédératives ont dominé dans les deux tiers de l’ Europe au temps du Saint-Empire romain germanique, du xe au xviie si
1519 germanique, du xe au xviie siècle. Aujourd’hui, les nations les plus modernes de tous les continents se réclament du modè
1520 du xe au xviie siècle. Aujourd’hui, les nations les plus modernes de tous les continents se réclament du modèle fédéralis
1521 ujourd’hui, les nations les plus modernes de tous les continents se réclament du modèle fédéraliste : Canada, USA, Mexique,
1522 Brésil, Nigéria, Inde, URSS, RFA. En Europe même, l’ évolution vers la formule des régions fédérées vient de marquer des pr
1523 Inde, URSS, RFA. En Europe même, l’évolution vers la formule des régions fédérées vient de marquer des progrès spectaculai
1524 vient de marquer des progrès spectaculaires, avec la récente Constitution espagnole et le projet de Constitution belge. Ma
1525 laires, avec la récente Constitution espagnole et le projet de Constitution belge. Mais, dira-t-on, toutes les fédérations
1526 et de Constitution belge. Mais, dira-t-on, toutes les fédérations existantes ne se voient-elles pas contraintes, sous la pr
1527 istantes ne se voient-elles pas contraintes, sous la pression des faits, à renforcer les mesures de centralisation ? La Su
1528 traintes, sous la pression des faits, à renforcer les mesures de centralisation ? La Suisse même peut-elle échapper à ce pr
1529 aits, à renforcer les mesures de centralisation ? La Suisse même peut-elle échapper à ce processus ? C’est oublier que le
1530 -elle échapper à ce processus ? C’est oublier que le principe de répartition des pouvoirs, dans une fédération digne du no
1531 ns une fédération digne du nom, consiste à situer les décisions au niveau communautaire le mieux accordé aux dimensions de
1532 te à situer les décisions au niveau communautaire le mieux accordé aux dimensions de la tâche considérée, et toujours en p
1533 communautaire le mieux accordé aux dimensions de la tâche considérée, et toujours en partant des plus petites unités : co
1534  : communes, ateliers, coopératives. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos des USA, m
1535 ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la m
1536 ar une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
1537 a famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le
1538 ire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que
1539 pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le
1540 municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
1541 ire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. »
1542 pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Il est normal qu’à mesur
1543 euvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Il est normal qu’à mesure qu’augmentent les dimensions des t
1544 faire. » Il est normal qu’à mesure qu’augmentent les dimensions des tâches — transports, énergie, emploi, inflation, défen
1545 transports, énergie, emploi, inflation, défense — le niveau de la décision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les o
1546 nergie, emploi, inflation, défense — le niveau de la décision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les objets cités c
1547 écision s’élève jusqu’à devenir continental (pour les objets cités ci-dessus) ou mondial (s’il s’agit des océans et des for
1548 mondial (s’il s’agit des océans et des forêts de la planète, c’est-à-dire de l’air respirable par l’espèce humaine). Pas
1549 éans et des forêts de la planète, c’est-à-dire de l’ air respirable par l’espèce humaine). Pas question de centralisation d
1550 la planète, c’est-à-dire de l’air respirable par l’ espèce humaine). Pas question de centralisation dans tout cela, mais d
1551 ationnelle des dimensions d’une tâche à celles de la communauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéra
1552 dimensions d’une tâche à celles de la communauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon l
1553 e à celles de la communauté la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon la pratique six fois sé
1554 la mieux équipée pour la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon la pratique six fois séculaire des Suisses, quelle
1555 la mener à bien. Tel étant le fédéralisme, selon la pratique six fois séculaire des Suisses, quelles sont ses chances dan
1556 ulaire des Suisses, quelles sont ses chances dans le monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de
1557 uelles sont ses chances dans le monde de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dime
1558 e de demain ? La réponse me paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de nos problèmes devenant de
1559 paraît implicite dans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de nos problèmes devenant de plus en plus continentales, v
1560 s continentales, voire mondiales, il apparaît que la formule fédérale qui a fait la Suisse ne peut plus se limiter aux fro
1561 s, il apparaît que la formule fédérale qui a fait la Suisse ne peut plus se limiter aux frontières de ce pays. Transposant
1562 se limiter aux frontières de ce pays. Transposant la thèse de Trotski sur le communisme, reconnaissons que « le fédéralism
1563 s de ce pays. Transposant la thèse de Trotski sur le communisme, reconnaissons que « le fédéralisme n’est plus possible da
1564 de Trotski sur le communisme, reconnaissons que «  le fédéralisme n’est plus possible dans un seul pays ». Ou bien la formu
1565 n’est plus possible dans un seul pays ». Ou bien la formule suisse va s’étendre à l’Europe, ou bien la Suisse va se voir
1566 pays ». Ou bien la formule suisse va s’étendre à l’ Europe, ou bien la Suisse va se voir réduite au statut d’un État-natio
1567 a formule suisse va s’étendre à l’Europe, ou bien la Suisse va se voir réduite au statut d’un État-nation en réduction, av
1568 De grandes disputes se sont élevées en France sur le dilemme « fédération ou confédération ». La distinction entre ces ter
1569 e sur le dilemme « fédération ou confédération ». La distinction entre ces termes, inexistante dans l’expérience historiqu
1570 La distinction entre ces termes, inexistante dans l’ expérience historique de la Suisse, ne correspond qu’à des définitions
1571 rmes, inexistante dans l’expérience historique de la Suisse, ne correspond qu’à des définitions académiques et, par nature
1572 nature, conventionnelles. En revanche, lorsqu’on l’ invoque avec passion, comme on l’a fait tout au long de la campagne po
1573 anche, lorsqu’on l’invoque avec passion, comme on l’ a fait tout au long de la campagne pour l’élection de l’Assemblée des
1574 e avec passion, comme on l’a fait tout au long de la campagne pour l’élection de l’Assemblée des Neuf, elle devient très r
1575 omme on l’a fait tout au long de la campagne pour l’ élection de l’Assemblée des Neuf, elle devient très révélatrice du tau
1576 it tout au long de la campagne pour l’élection de l’ Assemblée des Neuf, elle devient très révélatrice du taux de sincérité
1577 révélatrice du taux de sincérité des partisans de l’ union. Ceux qui préconisent la confédération optent pour la formule mé
1578 té des partisans de l’union. Ceux qui préconisent la confédération optent pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoi
1579 Ceux qui préconisent la confédération optent pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoit l’échec à terme, de la simp
1580 pour la formule méfiante, égoïste, et qui prévoit l’ échec à terme, de la simple liaison : je ne m’engage à rien au-delà de
1581 ante, égoïste, et qui prévoit l’échec à terme, de la simple liaison : je ne m’engage à rien au-delà de ce qui me convient,
1582 t, tant pis pour l’autre. Et ceux qui préconisent la fédération optent pour la formule créatrice et confiante du mariage :
1583 Et ceux qui préconisent la fédération optent pour la formule créatrice et confiante du mariage : nous nous engageons récip
1584 riage : nous nous engageons réciproquement « pour le meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », do
1585 gageons réciproquement « pour le meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », donc sans limitation d
1586 ur le meilleur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », donc sans limitation d’intérêt ni de temps. Enfin
1587 n même temps raisonnable ! Fédéral ou confédéral, le modèle suisse figure dans l’Europe d’aujourd’hui à la fois le dernier
1588 déral ou confédéral, le modèle suisse figure dans l’ Europe d’aujourd’hui à la fois le dernier témoin de l’antique unité de
1589 rope d’aujourd’hui à la fois le dernier témoin de l’ antique unité de nos peuples et le présage d’un renouveau possible.
1590 rnier témoin de l’antique unité de nos peuples et le présage d’un renouveau possible. p. Rougemont Denis de, « Le fédé
1591 renouveau possible. p. Rougemont Denis de, «  Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris
1592 gemont Denis de, « Le fédéralisme helvétique dans l’ Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris, 24–25 juin 1979, p. 5 et 9.
1593 ralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui », Le Monde, Paris, 24–25 juin 1979, p. 5 et 9.
13 1982, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)
1594 L’ amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le prin
1595 L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui r
1596 L’amour, les régions et l’ Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui rassemble les d
1597 gions et l’Occident (20 août 1982)q r Quel est le principe qui rassemble les divers aspects de votre personnalité ? Dis
1598 ût 1982)q r Quel est le principe qui rassemble les divers aspects de votre personnalité ? Disons que c’est une idée de l
1599 votre personnalité ? Disons que c’est une idée de l’ homme, qui s’est constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’h
1600 constituée dans ma jeunesse, entre 20 et 25 ans : l’ homme considéré en tant que personne. Cela voulait dire pour moi un in
1601 inition très proche de celles qu’avaient adoptées les groupes de jeunes intellectuels qu’on appelle aujourd’hui « les non-c
1602 jeunes intellectuels qu’on appelle aujourd’hui «  les non-conformistes des années 1930 », et que j’ai connus dès mon arrivé
1603 mon arrivée à Paris en 1931. Ils allaient publier les revues Esprit et L’Ordre nouveau 2, auxquelles j’ai collaboré dès
1604 Hic et Nunc , qui introduisit en France, en 1932, les œuvres de Kierkegaard et de Karl Barth, mais aussi de Heidegger et Ja
1605 ais aussi de Heidegger et Jaspers. Politique de la personne , 1934, Penser avec les mains , 1936, ont développé les con
1606 934, Penser avec les mains , 1936, ont développé les conséquences politiques et culturelles du personnalisme. Quant à L’A
1607 itiques et culturelles du personnalisme. Quant à L’ Amour et l’Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatiq
1608 culturelles du personnalisme. Quant à L’Amour et l’ Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatique de l’eng
1609 ’Amour et l’Occident , paru en 1939, il est né de la rencontre dramatique de l’engagement et de la passion. Deux personnes
1610 en 1939, il est né de la rencontre dramatique de l’ engagement et de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie
1611 de la rencontre dramatique de l’engagement et de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage,
1612 de la passion. Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort
1613 Deux personnes qui s’engagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort son suprême a
1614 ngagent pour la vie, c’est le mariage, tandis que l’ amour-passion trouve dans la mort son suprême accomplissement, comme l
1615 e mariage, tandis que l’amour-passion trouve dans la mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tristan
1616 e dans la mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’a
1617 mort son suprême accomplissement, comme le montre le roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’ai découver
1618 mplissement, comme le montre le roman de Tristan, le mythe de Tristan, pour mieux dire. J’ai découvert en écrivant ce livr
1619 eux dire. J’ai découvert en écrivant ce livre que les notions de personne et d’amour-passion n’existaient qu’en Europe, et
1620 ion n’existaient qu’en Europe, et c’est peut-être le point de départ de cette longue interrogation sur l’identité européen
1621 point de départ de cette longue interrogation sur l’ identité européenne que j’ai menée dans beaucoup d’ouvrages, et qui m’
1622 ans beaucoup d’ouvrages, et qui m’a conduit après la guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la culture, dont je
1623 i m’a conduit après la guerre à fonder, à Genève, le Centre européen de la culture, dont je suis le président, puis l’Inst
1624 e, le Centre européen de la culture, dont je suis le président, puis l’Institut universitaire d’études européennes, où je
1625 en de la culture, dont je suis le président, puis l’ Institut universitaire d’études européennes, où je donne encore des co
1626 donne encore des cours. Une étude approfondie de la culture européenne et de ses sources m’a porté à des conclusions d’or
1627 des conclusions d’ordre politique. Pour défendre l’ Europe, la vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne,
1628 usions d’ordre politique. Pour défendre l’Europe, la vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne, et d’abord
1629 tique. Pour défendre l’Europe, la vraie, celle de la culture gréco-latine, judéo-chrétienne, et d’abord celtique et german
1630 anique, avec des apports arabes et slaves, contre l’ anti-Europe des États-nations, une seule solution : le fédéralisme, l’
1631 ti-Europe des États-nations, une seule solution : le fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’union pour les dive
1632 ats-nations, une seule solution : le fédéralisme, l’ union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protége
1633 une seule solution : le fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protéger. Ce qui rej
1634 e fédéralisme, l’union dans la diversité, et même l’ union pour les diversités à protéger. Ce qui rejoint exactement nos do
1635 , l’union dans la diversité, et même l’union pour les diversités à protéger. Ce qui rejoint exactement nos doctrines person
1636 raliste ? Quand je suis arrivé à Paris, à 25 ans, la Suisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Ma
1637 uisse ne me préoccupait guère, je ne pensais qu’à la littérature. Mais quand j’ai été mobilisé en 1939, comme officier, j’
1638 comme officier, j’ai découvert que mon pays était la meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même la s
1639 que mon pays était la meilleure approximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même la seule, de nos théories personnal
1640 ximation, ou la moins mauvaise, ou peut-être même la seule, de nos théories personnalistes et fédéralistes. Et j’ai écrit
1641 istes. Et j’ai écrit pendant les premiers mois de la guerre Mission ou démission de la Suisse . Vous avez passé une parti
1642 emiers mois de la guerre Mission ou démission de la Suisse . Vous avez passé une partie de la guerre à New York, pourquoi
1643 sion de la Suisse . Vous avez passé une partie de la guerre à New York, pourquoi ? À cause d’un article écrit d’un trait l
1644 pourquoi ? À cause d’un article écrit d’un trait le 15 juin 1940 sur l’entrée de Hitler à Paris, et qui a été considéré c
1645 d’un article écrit d’un trait le 15 juin 1940 sur l’ entrée de Hitler à Paris, et qui a été considéré comme « insulte à che
1646 à chef d’État étranger », donc mettant en danger la sécurité de la Suisse. Cette accusation était la plus grave possible
1647 étranger », donc mettant en danger la sécurité de la Suisse. Cette accusation était la plus grave possible en temps de gue
1648 la sécurité de la Suisse. Cette accusation était la plus grave possible en temps de guerre. Je m’en suis tiré avec une co
1649 ement que par trois étoiles. Mon article est paru le 17 juin 1940, j’ose dire que j’ai devancé de Gaulle d’une journée en
1650 evancé de Gaulle d’une journée en affirmant que «  la confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-ê
1651 s impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un
1652 s. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’ âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un des initia
1653 conquiert pas avec des chars les dons de l’âme ni les raisons de vivre dont on manque ». J’ai été l’un des initiateurs à ce
1654 stance à tout prix, à la fois civil et militaire, la Ligue du Gothard. Je devenais gênant. On m’a envoyé aux États-Unis fa
1655 ant. On m’a envoyé aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le t
1656 aux États-Unis faire connaître la Suisse et jouer l’ oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le texte pour Honegger.
1657 l’oratorio Nicolas de Flue , dont j’avais écrit le texte pour Honegger. Comment expliquez-vous votre réputation d’homme
1658 , alors que j’ai été l’un des premiers à dénoncer le national-socialisme dans tous mes livres d’avant la guerre, et surtou
1659 national-socialisme dans tous mes livres d’avant la guerre, et surtout dans mon Journal d’Allemagne , qu’il se garde bie
1660 elle, un critique qui avait amplifié sans retenue les impostures de Bernard-Henry Lévy4. Je ne puis accepter que des jeunes
1661 n compte par des « calomniateurs ignares », comme les a qualifiés un de mes témoins. Un homme responsable dans une commun
1662 responsable dans une communauté Quels ont été les rapports entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’existentiali
1663 ne communauté Quels ont été les rapports entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous
1664 ls ont été les rapports entre le personnalisme et l’ existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous a beaucoup emprunté
1665 rts entre le personnalisme et l’existentialisme ? L’ existentialisme sartrien nous a beaucoup emprunté mais rien rendu. La
1666 artrien nous a beaucoup emprunté mais rien rendu. La notion d’engagement, par exemple, dérive du personnalisme, bien que l
1667 t, par exemple, dérive du personnalisme, bien que le mot, dans l’existentialisme, ait fini par signifier embrigadement, le
1668 e, dérive du personnalisme, bien que le mot, dans l’ existentialisme, ait fini par signifier embrigadement, le contraire de
1669 entialisme, ait fini par signifier embrigadement, le contraire de ce qu’il signifiait pour nous. Selon ses commentateurs,
1670 il signifiait pour nous. Selon ses commentateurs, le succès de Sartre dans le grand public serait dû à des formules comme 
1671 Selon ses commentateurs, le succès de Sartre dans le grand public serait dû à des formules comme : « L’engagement de l’écr
1672 e grand public serait dû à des formules comme : «  L’ engagement de l’écrivain » et « l’homme à la fois libre et responsable
1673 erait dû à des formules comme : « L’engagement de l’ écrivain » et « l’homme à la fois libre et responsable ». Sartre savai
1674 mules comme : « L’engagement de l’écrivain » et «  l’ homme à la fois libre et responsable ». Sartre savait très bien où il
1675 e et responsable ». Sartre savait très bien où il les avait prises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais r
1676 re savait très bien où il les avait prises, et me l’ a dit tout net à New York, mais ne l’a jamais répété à Paris, semble-t
1677 rises, et me l’a dit tout net à New York, mais ne l’ a jamais répété à Paris, semble-t-il. Du personnalisme, des personnali
1678 tes, que reste-t-il aujourd’hui ? Ils ont donné à la Résistance son idéologie d’union des peuples européens, en Allemagne
1679 politiques dès 1948, année du premier congrès de l’ Europe à La Haye, et jusqu’à nos jours. Et ce sont eux qui ont suscité
1680 rs. Et ce sont eux qui ont suscité un peu partout la renaissance de l’idée régionaliste, et de l’idée de service civil. No
1681 qui ont suscité un peu partout la renaissance de l’ idée régionaliste, et de l’idée de service civil. Nous avions tous en
1682 tout la renaissance de l’idée régionaliste, et de l’ idée de service civil. Nous avions tous en commun cette définition de
1683 l. Nous avions tous en commun cette définition de l’ homme vraiment humain : une personne responsable dans une communauté,
1684 plus vocation. Qu’est-ce qu’une vocation ? C’est l’ appel à inventer chacun pour soi son chemin vers le but ultime de tous
1685 ’appel à inventer chacun pour soi son chemin vers le but ultime de tous les hommes. Un sentier qui n’est pas tracé et que
1686 un pour soi son chemin vers le but ultime de tous les hommes. Un sentier qui n’est pas tracé et que chacun doit inventer en
1687 e à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage
1688 umière sur mon sentier », dit le psaume. Comme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la n
1689 omme si la lampe m’éclairait seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous
1690 it seulement quand j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce c
1691 j’ai le courage d’avancer dans la nuit, de fouler le chemin qui se crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est la fo
1692 crée sous mes pas. Ce qui donne ce courage, c’est la foi seule, « substance des choses espérées, ferme assurance de celles
1693 me assurance de celles qu’on ne voit pas », selon l’ Épître aux Hébreux. L’avenir du personnalisme ? Eh bien, j’ose dire qu
1694 qu’on ne voit pas », selon l’Épître aux Hébreux. L’ avenir du personnalisme ? Eh bien, j’ose dire qu’il se confond désorma
1695 bien, j’ose dire qu’il se confond désormais avec l’ avenir de la fédération européenne, ce qui signifie probablement avec
1696 dire qu’il se confond désormais avec l’avenir de la fédération européenne, ce qui signifie probablement avec l’avenir de
1697 ion européenne, ce qui signifie probablement avec l’ avenir de la paix. Mai 68 m’a fait l’effet d’une résurgence de nos pro
1698 ne, ce qui signifie probablement avec l’avenir de la paix. Mai 68 m’a fait l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de
1699 blement avec l’avenir de la paix. Mai 68 m’a fait l’ effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes des années
1700 slogan comme « small is beautiful » traduit bien l’ esprit qui nous animait quand nous disions que la personne ne peut se
1701 l’esprit qui nous animait quand nous disions que la personne ne peut se réaliser que dans l’action, mais que l’action n’e
1702 ions que la personne ne peut se réaliser que dans l’ action, mais que l’action n’est efficace qu’à l’échelle d’une petite c
1703 e ne peut se réaliser que dans l’action, mais que l’ action n’est efficace qu’à l’échelle d’une petite communauté, où la vo
1704 s l’action, mais que l’action n’est efficace qu’à l’ échelle d’une petite communauté, où la voix d’un citoyen peut porter,
1705 ficace qu’à l’échelle d’une petite communauté, où la voix d’un citoyen peut porter, c’est-à-dire à l’échelle d’une région,
1706 la voix d’un citoyen peut porter, c’est-à-dire à l’ échelle d’une région, et que les régions, pour garantir leur autonomie
1707 er, c’est-à-dire à l’échelle d’une région, et que les régions, pour garantir leur autonomie, doivent s’unir en fédérations
1708 ionales, puis continentales. Vos réactions, quand la gauche française a annoncé son programme de décentralisation ? Je me
1709 me de décentralisation ? Je me suis dit : enfin ! la France elle-même y vient ! Bien moins par conviction que par nécessit
1710 conviction que par nécessité, il est important de le marquer. Peut-être qu’elle y viendra vraiment, puisque les deux minis
1711 er. Peut-être qu’elle y viendra vraiment, puisque les deux ministres chargés de la régionalisation sont protestants, Deffer
1712 a vraiment, puisque les deux ministres chargés de la régionalisation sont protestants, Defferre et Rocard. Vous voyez un r
1713 tisme et régionalisme ? Bien sûr. Chacun sait que l’ Église des papes a repris les structures centralisées de l’Empire roma
1714 sûr. Chacun sait que l’Église des papes a repris les structures centralisées de l’Empire romain. Chez les protestants, c’e
1715 des papes a repris les structures centralisées de l’ Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité
1716 structures centralisées de l’Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’Église est
1717 s de l’Empire romain. Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’Église est concrètement une fédér
1718 . Chez les protestants, c’est la paroisse qui est l’ unité de base. L’Église est concrètement une fédération de paroisses.
1719 tants, c’est la paroisse qui est l’unité de base. L’ Église est concrètement une fédération de paroisses. Le calvinisme a t
1720 ise est concrètement une fédération de paroisses. Le calvinisme a toujours été régionaliste. N’oubliez pas que les cal­vin
1721 me a toujours été régionaliste. N’oubliez pas que les cal­vinistes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du
1722 N’oubliez pas que les cal­vinistes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la directio
1723 e les cal­vinistes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la direction des princes du
1724 tes, qui tenaient la moitié sud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la direction des princes du sang et de maré
1725 ud de la France vers la fin du xvie siècle, sous la direction des princes du sang et de maréchaux protestants, ont été bi
1726 en près de créer une république fédérale du Midi. Le mot huguenot n’est vraisemblablement qu’une déformation du mot allema
1727 « compagnons du serment », et qui désignait alors les Suisses confédérés. Pour en revenir à la « décentralisation » annoncé
1728 t alors les Suisses confédérés. Pour en revenir à la « décentralisation » annoncée comme une pièce maîtresse du nouveau se
1729 îtresse du nouveau septennat, c’est un terme dont les personnalistes se sont toujours méfiés, car il suppose que c’est enco
1730 suppose que c’est encore au centre qu’appartient la distribution des pouvoirs, alors que le projet doit partir des citoye
1731 ppartient la distribution des pouvoirs, alors que le projet doit partir des citoyens, des communes, des régions, c’est-à-d
1732 es communes, des régions, c’est-à-dire d’en bas. Le sénateur David Moynihan, qui fut le représentant des États-Unis à l’O
1733 re d’en bas. Le sénateur David Moynihan, qui fut le représentant des États-Unis à l’ONU, l’a exprimé avec une simplicité
1734 oynihan, qui fut le représentant des États-Unis à l’ ONU, l’a exprimé avec une simplicité géniale : « Ne confiez jamais à u
1735 , qui fut le représentant des États-Unis à l’ONU, l’ a exprimé avec une simplicité géniale : « Ne confiez jamais à une plus
1736 ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la m
1737 ar une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire,
1738 a famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (nous dirions : l
1739 ire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (nous dirions : les régions) ne do
1740 pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que le
1741 unicipalité peut faire, les États (nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les régions) peuv
1742 États (nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les régions) peuvent faire, le gouvernement
1743 ns : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pa
1744 gions) ne doivent pas le faire. Ce que les États ( les régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire.
1745 re. Ce que les États (les régions) peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Chaque problème doit êtr
1746 euvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. » Chaque problème doit être traité et résolu à son échelle, c’
1747 t être traité et résolu à son échelle, c’est tout le secret du système fédéraliste que je tiens pour seul capable de résou
1748 je tiens pour seul capable de résoudre au concret les grands problèmes générateurs de crise de notre civilisation. Depuis l
1749 énérateurs de crise de notre civilisation. Depuis les jacobins et Napoléon, le mot d’ordre a été de tout centraliser. Nos É
1750 re civilisation. Depuis les jacobins et Napoléon, le mot d’ordre a été de tout centraliser. Nos États-nations renfermés da
1751 out centraliser. Nos États-nations renfermés dans le carcan de leurs frontières n’ont plus d’autre mode de contact que le
1752 frontières n’ont plus d’autre mode de contact que le choc. Mais les régions s’articulent tout autrement. Elles se groupent
1753 nt plus d’autre mode de contact que le choc. Mais les régions s’articulent tout autrement. Elles se groupent, se recouvrent
1754 groupent, se recouvrent, vivent en symbiose comme les cellules d’un tissu organique. Je vois là notre seule garantie de pai
1755 ue. Je vois là notre seule garantie de paix, dans les États d’abord, en Europe ensuite, et à l’échelle mondiale finalement.
1756 , dans les États d’abord, en Europe ensuite, et à l’ échelle mondiale finalement. L’écrivain, fauteur de prises de consc
1757 e ensuite, et à l’échelle mondiale finalement. L’ écrivain, fauteur de prises de conscience Pour beaucoup de gens, vo
1758 coup de gens, vous êtes avant tout et malgré tout le reste, l’auteur de L’Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre
1759 ns, vous êtes avant tout et malgré tout le reste, l’ auteur de L’Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre ait un imp
1760 avant tout et malgré tout le reste, l’auteur de L’ Amour et l’Occident . Pensez-vous que ce livre ait un impact différent
1761 et malgré tout le reste, l’auteur de L’Amour et l’ Occident . Pensez-vous que ce livre ait un impact différent aujourd’hu
1762 ui qu’à sa publication en 1939 ? Si j’en juge par le nombre de rééditions, de traductions et de préfaces nouvelles, au cou
1763 ublication de cet ouvrage en France, je pense que les jeunes gens d’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui le lis
1764 e, je pense que les jeunes gens d’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui le lisaient pendant la dernière guerre :
1765 ’aujourd’hui ont les mêmes réactions que ceux qui le lisaient pendant la dernière guerre : ils prennent conscience de ce q
1766 e guerre : ils prennent conscience de ce que sont la passion et le mariage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut le
1767 prennent conscience de ce que sont la passion et le mariage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut les aider à préc
1768 iage, et de leur antinomie. Et cette lecture peut les aider à préciser des notions qui restaient confuses dans leur esprit.
1769 qu’on attend d’une psychanalyse. Pensez-vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de l’amour soient encore vivants en
1770 alyse. Pensez-vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de l’amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la
1771 vous que les tabous identifiés dans Les Mythes de l’ amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou s
1772 Mythes de l’amour soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les ta
1773 r soient encore vivants en 1932 ? Les obstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pa
1774 bstacles à la passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste a été condamné pa
1775 a passion, ou ses excitants, sont-ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’inceste a été condamné par toutes les
1776 ils les mêmes ? Les tabous ne sont pas des modes. L’ inceste a été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdi
1777 as des modes. L’inceste a été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas changé que je sache depuis
1778 este a été condamné par toutes les civilisations. Le complexe d’Œdipe n’a pas changé que je sache depuis Freud. Ce qui n’e
1779 ible de changer à plus ou moins long terme, c’est la permissivité actuelle, qui est à bien des égards un retour aux pratiq
1780 à bien des égards un retour aux pratiques d’avant l’ ère victorienne, bourgeoise. Quels écrivains, pour vous, ont le mieux
1781 enne, bourgeoise. Quels écrivains, pour vous, ont le mieux exprimé les consciences et l’inconscient de notre époque ? Pour
1782 Quels écrivains, pour vous, ont le mieux exprimé les consciences et l’inconscient de notre époque ? Pour l’inconscient, pa
1783 our vous, ont le mieux exprimé les consciences et l’ inconscient de notre époque ? Pour l’inconscient, par définition, il e
1784 nsciences et l’inconscient de notre époque ? Pour l’ inconscient, par définition, il est impossible de vous répondre, du mo
1785 a comme annonciateur des régimes totalitaires dès les années 1920. Pour les consciences, au pluriel comme vous avez raison
1786 es régimes totalitaires dès les années 1920. Pour les consciences, au pluriel comme vous avez raison de le marquer, je cite
1787 consciences, au pluriel comme vous avez raison de le marquer, je citerais Spengler, Toynbee, Paul Valéry, Lewis Mumford, e
1788 is Mumford, et j’oserais suggérer mes livres. Dès l’ âge de 22 ans, j’ai écrit contre Ford, et quelques années plus tard co
1789 ord, et quelques années plus tard contre Hitler : l’ auto et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « hist
1790 elques années plus tard contre Hitler : l’auto et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « histoires de f
1791 et le national-socialisme sont ce que j’ai appelé les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus meurtrières. E
1792 les deux « histoires de fous » du xxe siècle, et les plus meurtrières. En militant pour une fédération de l’Europe des rég
1793 s meurtrières. En militant pour une fédération de l’ Europe des régions — ces régions tellement d’actualité aujourd’hui —,
1794 ssimiste ou optimiste ? Si je vous réponds que «  l’ avenir est notre affaire  », me trouverez-vous pessimiste ou optimiste
1795 gez-vous ce siècle ? C’est sans nul doute de tous les siècles de notre civilisation celui où les gens se sont sentis les pl
1796 e tous les siècles de notre civilisation celui où les gens se sont sentis les plus impuissants non seulement devant le dest
1797 tre civilisation celui où les gens se sont sentis les plus impuissants non seulement devant le destin mais devant l’État, l
1798 sentis les plus impuissants non seulement devant le destin mais devant l’État, les « lois » de l’économie, les « impérati
1799 ssants non seulement devant le destin mais devant l’ État, les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie
1800 on seulement devant le destin mais devant l’État, les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie et la « 
1801 ant le destin mais devant l’État, les « lois » de l’ économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de l
1802 n mais devant l’État, les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’e
1803 les « lois » de l’économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère
1804 économie, les « impératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant
1805 ératifs » de la technologie et la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant la menace d’une ca
1806 la « fatalité » de la guerre, c’est-à-dire, dans l’ ère nucléaire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’humanité
1807 uerre, c’est-à-dire, dans l’ère nucléaire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’humanité. Et c’est pourtant le s
1808 ire, devant la menace d’une catastrophe totale de l’ humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens
1809 tastrophe totale de l’humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa libert
1810 ale de l’humanité. Et c’est pourtant le siècle où l’ homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces l
1811 Et c’est pourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces lois, ces structures
1812 ourtant le siècle où l’homme a conquis les moyens les plus fabuleux de sa liberté ! Car ces lois, ces structures et ces pré
1813 s et ces prétendus impératifs mortels, c’est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, d
1814 dus impératifs mortels, c’est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, donc seuls libre
1815 s les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, donc seuls libres de les changer ! Ça ne tient qu
1816 mmes les seuls responsables, donc seuls libres de les changer ! Ça ne tient qu’à nous ! Mais nous ne voulons pas y croire,
1817 enser avec les mains , premier ouvrage consacré à l’ engagement de la pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’af
1818 ains , premier ouvrage consacré à l’engagement de la pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’affaire de chacun
1819 agement de la pensée et du penseur, je répète que l’ avenir est l’affaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fai
1820 pensée et du penseur, je répète que l’avenir est l’ affaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que mes
1821 ffaire de chacun de nous, ici et maintenant. Mais le fait est que mes contemporains ont plus peur qu’envie d’être libres.
1822 rts resteront vains, qu’ils ne changeront en rien les destins de ce siècle, je persisterai dans mon œuvre — j’ai encore dou
1823 est pas seulement au mien. 2. Rien à voir avec le groupuscule fascisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3. L’Idé
1824 le groupuscule fascisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3. L’Idéologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir
1825 scisant d’après-guerre, faut-il le préciser. 3. L’ Idéologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir Le Monde du 20 ma
1826 ologie française, de Bernard-Henri Lévy. 4. Voir Le Monde du 20 mai 1982. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour,
1827 mai 1982. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’ amour, les régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 
1828 . q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour, les régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Pr
1829 t Denis de, « [Entretien] L’amour, les régions et l’ Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Propos recueilli
1830 [Entretien] L’amour, les régions et l’Occident », Le Monde, Paris, 20 août 1982, p. 11. r. Propos recueillis par Jacqueli
1831 ueillis par Jacqueline Demornex et introduits par le chapeau suivant : « Denis de Rougemont, qui est suisse, vit près de l
1832 « Denis de Rougemont, qui est suisse, vit près de la frontière franco-genevoise, mais du côté français, au pied du Jura, p
1833 une grande ferme du xviiie siècle. Assis près de la haute cheminée de sa salle de travail — l’ancienne grange, — le sourc
1834 rès de la haute cheminée de sa salle de travail — l’ ancienne grange, — le sourcil oblique et sombre, un foulard gris et ro
1835 née de sa salle de travail — l’ancienne grange, —  le sourcil oblique et sombre, un foulard gris et rose dans le col d’une
1836 l oblique et sombre, un foulard gris et rose dans le col d’une chemise noire, il fait beaucoup plus jeune que ses soixante
1837 es soixante-quinze ans. Déjà, à New York, pendant la guerre, on lui disait : “Comment, c’est vous l’auteur de L’Amour et
1838 t la guerre, on lui disait : “Comment, c’est vous l’ auteur de L’Amour et l’Occident  ? On vous imaginait avec une grande
1839 on lui disait : “Comment, c’est vous l’auteur de L’ Amour et l’Occident  ? On vous imaginait avec une grande barbe blanche
1840 it : “Comment, c’est vous l’auteur de L’Amour et l’ Occident  ? On vous imaginait avec une grande barbe blanche !” Il n’a
1841 pas cette tête-là, et il déroute toujours autant le public, pour qui il est tantôt le théoricien de l’amour-passion, tant
1842 toujours autant le public, pour qui il est tantôt le théoricien de l’amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des ré
1843 e public, pour qui il est tantôt le théoricien de l’ amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des régions fédérées, l
1844 t tantôt le théoricien de l’amour-passion, tantôt le militant d’une Europe des régions fédérées, le philosophe personnalis
1845 ôt le militant d’une Europe des régions fédérées, le philosophe personnaliste ou le critique impitoyable de la société du
1846 régions fédérées, le philosophe personnaliste ou le critique impitoyable de la société du plutonium. »
1847 sophe personnaliste ou le critique impitoyable de la société du plutonium. »