1 1950, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Pour un standard unique de la télévision (18 novembre 1950)
1 e télévision qui puisse être diffusée dans toutes nos nations sera perdu, et cet instrument universel par définition se tro
2 ar définition se trouvera nationalisé à son tour. Nous ne prétendons décider quel est le meilleur standard. Mais nous affirm
3 ndons décider quel est le meilleur standard. Mais nous affirmons qu’il faut absolument adopter un standard unique, tout au m
4 1950, p. 12. b. Précédé de la note suivante : «  Nous recevons de M. Denis de Rougemont, au nom du conseil de direction du
2 1954, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Visite à M. Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la culture (septembre 1954)
5 qu’il attache au mot « culture », M. de Rougemont nous répond : T. S. Eliot l’a défini mieux que je ne saurais le faire : la
6 es, musique, presse, histoire, enseignement, etc. Nous encourageons également les relations culturelles et les échanges intr
7 parlez de nécessité… En voulant rester européen, notre Centre ne fera pas double emploi avec l’Unesco, qui est une organisat
8 olitique ou économique ? Quand on dit « Europe »… Nous cherchons naturellement à créer une conscience commune de l’Europe et
9 le dans le monde. On peut appeler cela politique, nous appelons cela éducation. Parmi les organismes créés par le Centre eur
3 1969, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Une longue et vieille histoire (7 juin 1969)
10 tique, thème principal des variations constituant nos littératures jusqu’à ce siècle. Laissons ici de côté les fort plaisan
11 me avec le rêve — ce rêve dont l’épanchement dans notre vie consciente est peut-être une obscure tentative de compenser la mé
4 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La poussée régionaliste en Europe occidentale (avril 1971)
12 identale (avril 1971)f On peut se demander si nos sociétés qui deviennent de plus en plus énormes et pareilles les unes
13 urope librement unie des « forces vives » de tous nos peuples. Ils sont unanimes à montrer que l’État-nation qui règne seul
14 , voire contradictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de nature très diver
15 nique ni économique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans divisés par les Py
16 orts. Quant aux perspectives du régionalisme dans notre avenir prochain, j’imagine quelques solutions qui d’ailleurs posent d
5 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellectuel (26-27 septembre 1971)
17 Il n’y a pas de « culture suisse », parce que nos cantons fédérés relèvent par la langue, l’ethnie, la confession, d’en
18 isses, je veux dire le fédéralisme — terme clé de notre existence, et qui signifie beaucoup plus que l’union politique des ca
6 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Paul Valéry et l’Europe (29 octobre 1971)
19 rope, « petit cap de l’Asie », c’est bien qu’elle nous ait étonnés. Car ce « cap », cette « péninsule », cet « appendice occ
20 ligion du seul progrès occidental et refoulés par nos nationalismes qu’il a fallu l’esprit intrépide et sceptique de Valéry
21 songé qu’il existât véritablement une « Europe »… Nous ne pensons que par hasard aux circonstances permanentes de cette vie.
22 permanentes de cette vie. Ce sont les crises qui nous alertent. Celle de 14-18 venait de provoquer dans les consciences des
23 ues et ne sait pas s’il est encore vivant. Valéry nous parlait sans ménagements. Certes, réduire l’Europe à sa surface physi
24 était bien fait pour angoisser, dans un monde où nous venions « étourdiment » de « rendre les forces proportionnelles aux m
25 ionnelles aux masses ». Mais qu’était donc encore notre Europe « en puissance », déduction faite de nos illusions, soit vanit
26 notre Europe « en puissance », déduction faite de nos illusions, soit vaniteuses ou masochistes ? Valéry constatait : « Tou
27 erselle, ou mieux : universalisante. D’où tirions- nous alors, Européens, les qualités indispensables à l’exercice de cette f
28 ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient
29 e beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout
30 tre déjà — par la faute des disputes périmées que nous prolongeons. Les misérables Européens ont mieux aimé jouer aux Armag
31 Valéry voit très bien, c’est que la politique de nos États-nations, qui refusent toute espèce d’union sous le prétexte de
32 odes et les instruments de puissance. À cause de nos nationalismes et de leur concurrence insane, qui réduit chacun d’eux
33 chacun d’eux à l’impuissance, il faut prévoir que nous préférerons aux sacrifices individuels raisonnables l’abjecte démissi
34 ’a peut-être pas envisagé que l’État-nation était notre malheur fondamental. Et il n’a pas vécu pour constater que nos Armagn
35 ondamental. Et il n’a pas vécu pour constater que nos Armagnacs et Bourguignons seraient un jour nos Byzantins de gauche et
36 ue nos Armagnacs et Bourguignons seraient un jour nos Byzantins de gauche et de droite communiant dans le culte de la natio
37 ope, sur certaines « circonstances permanentes de nos vies » dont il reste à souhaiter que l’interruption brusque ne soit p
38 interruption brusque ne soit pas seule capable de nous réveiller, car il serait trop tard. h. Rougemont Denis de, « Paul
7 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). « Le respect du réel, c’est le revers du paradoxe » (14 décembre 1972)
39 n. Le parler ? Mais l’écrire… Bon Dieu ! pour qui nous prenez-vous ? Rousseau, Mme de Staël, Benjamin Constant, Amiel, C. F.
40 evenir chimiste. J’avais transformé le grenier de notre maison en laboratoire. Tout ce qui était germination me passionnait…
41 sance osmotique dans des éprouvettes. Si bien que nous avons échappé de peu à un nouveau traité sur le Brachinus crepitans ?
42 ure convaincu qu’il se révélera le plus fécond de notre temps — sous d’autres noms, peut-être, comme le fédéralisme — et que
43 es noms, peut-être, comme le fédéralisme — et que nous baptisons le personnalisme. Nous créons, avec Mounier et Izard, Espr
44 ralisme — et que nous baptisons le personnalisme. Nous créons, avec Mounier et Izard, Esprit , avec Dandieu, Robert Aron et
45 Barth que chez Heidegger, que Corbin traduit pour nous et annote en arabe du xiie siècle. Tout cela dans ces années 1932 à
46 ndications publié par la NRF en décembre 1932 : «  Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur et comb
47 ues mortels… Ce n’est plus pour quelque idéal que nous avons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeure
48 d à tous les changements qui sont intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées depuis sa première publication en 1939 ? On
49 ements qui sont intervenus dans nos mœurs et dans nos pensées depuis sa première publication en 1939 ? On a même parlé de m
50 va dans le sens que j’annonçais. Il me semble que nous assistons à un nouveau surgissement du principe féminin, bien moins s
51 à tant m’intéresser au xiie siècle que parce que notre siècle devait finir par lui ressembler ? Nouveau paradoxe. Surtout po
52 de vouloir prédire objectivement. Écoutons ce qui nous appelle. Nous ne sommes pas là pour prédire l’avenir, mais pour le fa
53 dire objectivement. Écoutons ce qui nous appelle. Nous ne sommes pas là pour prédire l’avenir, mais pour le faire ! Je disai
54 Mais oui ! Celui de la vérité, ou en tout cas de notre réalité. i. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le respect du réel,
8 1972, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Descartes inversé ou le zen occidental (14 décembre 1972)
55 u but, ou le font oublier. 2) L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à
56 oublier. 2) L’appel du but doit nous rejoindre et nous mouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous, déclenchant
57 ouvoir. C’est du but que d’abord la force vient à nous , déclenchant le mouvement inverse, par attrait. La considération envo
58 e fin, évidemment. C’est de la fin des fins qu’il nous faut donc partir. 5) La fin seule justifie les moyens s’ils sont les
9 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). La révolte des régions : l’État-nation contre l’Europe (mars 1974)
59 e par le général de Gaulle de « grande réforme de notre siècle », mais contre l’Europe des régions — sans laquelle l’Europe n
60 t une mauvaise chose. Non qu’ils soient pires que nous , mais la colonisation est pire que tout. Il existe deux raisons majeu
61 nales, seules prises en considération dans toutes nos capitales, cela va de soi, mais aussi à Bruxelles et à Strasbourg, où
62 tuelle. Il s’agit de rendre un sens à ces mots de notre langue que vos calculs ont oubliés : communauté, amitié, voisinage.
10 1974, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Robert Aron : le témoin d’une génération passionnée (9 mars 1974)
63 les ombres montaient à l’est, démesurées, devant nos démocraties inconscientes et désuètes. Nous fondions les premières re
64 devant nos démocraties inconscientes et désuètes. Nous fondions les premières revues et groupes personnalistes. Il venait du
65 it la NRF . Je le revois souvent silencieux dans nos groupes, avec ses gros yeux mélancoliques aux larges cernes, et sa di
66 up de présence d’esprit politique. Il était, dans notre groupe, le complément parfait d’Arnaud Dandieu, avec lequel il allait
67 ichy de Robert Aron les convictions politiques de notre jeunesse, mais il s’y ajoutait une dimension nouvelle de recherche re
68 t qui me rappelle les discussions passionnées que nous menions, au temps de l’ON, entre les nietzschéens, qui dominaient le
69 rée et de la renaissance des idées passionnées de notre génération. m. Rougemont Denis de, « Robert Aron : le témoin d’une
11 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Avez-vous lu Jérôme Deshusses ? (16 mars 1979)
70 oltaire disait : « Il a lu tous les Pères — et il nous le fait payer ! » Jérôme Deshusses a lu non pas une fois mais six foi
71 us efficace, ni plus radicale, en ce sens qu’elle nous réfère sans cesse à ses racines, ce qui ne veut nullement dire au pas
72 ts et crépitant de formules éclatantes, Deshusses nous donne une description dont il dit bien qu’elle n’est pas la première
73 e pour le final : « Entre la famine et la guerre, nous n’aurons pas le choix : il faudra subir les deux. » Surtout qu’on ne
74 ir. « L’environnement et la nature, c’est d’abord nous  : du premier nous sommes le centre, et de la seconde nous représenton
75 ent et la nature, c’est d’abord nous : du premier nous sommes le centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Fig
76 u premier nous sommes le centre, et de la seconde nous représentons la pointe. » Figure de proue de l’Histoire naturelle, « 
77 de pouvoir que le pouvoir n’a d’idéal. Or, ce qui nous appelait en vain du plus haut de l’esprit, nous le retrouvons à prése
78 i nous appelait en vain du plus haut de l’esprit, nous le retrouvons à présent, péremptoire, meurtrier, définitif, au plus p
79 rier, définitif, au plus profond de la matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la de
80 définitif, au plus profond de la matière ». Nous nous sommes mis dans la situation de ne pouvoir plus échapper à la destruc
81 l’ère de la connaissance s’ouvrira avec celle de notre naissance… Le mot ‟apocalypse” ne signifie pas catastrophe, même si l
82 mplacables développent la logique du mensonge qui nous a conduits où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’économie
83 ent la logique du mensonge qui nous a conduits où nous sommes : la Foire d’empoigne, et c’est l’économie fondée sur la compé
84 ntrerait quelques moyens de répondre à l’appel de nos plus hautes fins. Car toute cette entreprise démesurée, qui pourrait
85 t préfigure l’humanité indivisible de demain — si nous ne mourons pas avec lui dans le Grand Soir où nous voici jetés. Publi
86 ous ne mourons pas avec lui dans le Grand Soir où nous voici jetés. Publiés coup sur coup, séparément, ces sept pamphlets eu
87 Pourtant, un tel mordant dans la dénonciation de nos faux-fuyants, une telle rage de dire vrai et plus encore, peut-être,
88 rôme Deshusses a le temps pour — à supposer qu’il nous en reste. Comme vient de le définir un petit hebdo contestataire de s
12 1979, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Le fédéralisme helvétique dans l’Europe d’aujourd’hui (24-25 juin 1979)
89 ans la citation de D. Moynihan. Les dimensions de nos problèmes devenant de plus en plus continentales, voire mondiales, il
90 ur la formule créatrice et confiante du mariage : nous nous engageons réciproquement « pour le meilleur et pour le pire […]
91 formule créatrice et confiante du mariage : nous nous engageons réciproquement « pour le meilleur et pour le pire […] jusqu
92 illeur et pour le pire […] jusqu’à ce que la mort nous sépare », donc sans limitation d’intérêt ni de temps. Enfin quelque c
93 à la fois le dernier témoin de l’antique unité de nos peuples et le présage d’un renouveau possible. p. Rougemont Denis
13 1982, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’amour, les régions et l’Occident (20 août 1982)
94 diversités à protéger. Ce qui rejoint exactement nos doctrines personnalistes des années 1930. N’est-ce pas parce que vous
95 la moins mauvaise, ou peut-être même la seule, de nos théories personnalistes et fédéralistes. Et j’ai écrit pendant les pr
96 et l’existentialisme ? L’existentialisme sartrien nous a beaucoup emprunté mais rien rendu. La notion d’engagement, par exem
97 adement, le contraire de ce qu’il signifiait pour nous . Selon ses commentateurs, le succès de Sartre dans le grand public se
98 premier congrès de l’Europe à La Haye, et jusqu’à nos jours. Et ce sont eux qui ont suscité un peu partout la renaissance d
99 idée régionaliste, et de l’idée de service civil. Nous avions tous en commun cette définition de l’homme vraiment humain : u
100 paix. Mai 68 m’a fait l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes des années 1930. Mais sans lendemain. D’
101 t l’effet d’une résurgence de nos problèmes et de nos révoltes des années 1930. Mais sans lendemain. D’autre part, un sloga
102 « small is beautiful » traduit bien l’esprit qui nous animait quand nous disions que la personne ne peut se réaliser que da
103 ul » traduit bien l’esprit qui nous animait quand nous disions que la personne ne peut se réaliser que dans l’action, mais q
104 re. Ce que la municipalité peut faire, les États ( nous dirions : les régions) ne doivent pas le faire. Ce que les États (les
105 cret les grands problèmes générateurs de crise de notre civilisation. Depuis les jacobins et Napoléon, le mot d’ordre a été d
106 poléon, le mot d’ordre a été de tout centraliser. Nos États-nations renfermés dans le carcan de leurs frontières n’ont plus
107 mme les cellules d’un tissu organique. Je vois là notre seule garantie de paix, dans les États d’abord, en Europe ensuite, et
108 mieux exprimé les consciences et l’inconscient de notre époque ? Pour l’inconscient, par définition, il est impossible de vou
109 ptimiste ? Si je vous réponds que «  l’avenir est notre affaire  », me trouverez-vous pessimiste ou optimiste ? En fin de com
110 cle ? C’est sans nul doute de tous les siècles de notre civilisation celui où les gens se sont sentis les plus impuissants no
111 ctures et ces prétendus impératifs mortels, c’est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsable
112 tels, c’est nous les hommes qui les avons créés ! Nous en sommes les seuls responsables, donc seuls libres de les changer !
113 nc seuls libres de les changer ! Ça ne tient qu’à nous  ! Mais nous ne voulons pas y croire, nous avons une peur bleue d’être
114 res de les changer ! Ça ne tient qu’à nous ! Mais nous ne voulons pas y croire, nous avons une peur bleue d’être libres, par
115 nt qu’à nous ! Mais nous ne voulons pas y croire, nous avons une peur bleue d’être libres, parce qu’être libre cela veut dir
116 je répète que l’avenir est l’affaire de chacun de nous , ici et maintenant. Mais le fait est que mes contemporains ont plus p