1
937)a À plusieurs reprises, les collaborateurs
de
ces Cahiers ont déclaré qu’ils rejetaient la violence, les méthodes d
2
claré qu’ils rejetaient la violence, les méthodes
de
violence, les solutions de violence, et qu’ils s’efforçaient d’y subs
3
violence, les méthodes de violence, les solutions
de
violence, et qu’ils s’efforçaient d’y substituer une méthode de colla
4
es solutions de violence, et qu’ils s’efforçaient
d’
y substituer une méthode de collaboration et de compréhension réciproq
5
t qu’ils s’efforçaient d’y substituer une méthode
de
collaboration et de compréhension réciproque. Or, une collaboration e
6
nt d’y substituer une méthode de collaboration et
de
compréhension réciproque. Or, une collaboration et une compréhension
7
ent) s’imposent et cherchent à atteindre au moyen
d’
une discipline commune. Mais toute nouveauté « fait violence » à un ét
8
e violence » ; et s’imposer une discipline en vue
d’
atteindre un but commun, c’est encore « faire violence » aux intérêts
9
certaine violence. Autrement, il ne s’agirait que
d’
un assemblage purement quantitatif d’éléments semblables ou apparentés
10
’agirait que d’un assemblage purement quantitatif
d’
éléments semblables ou apparentés. La compréhension réciproque ne sera
11
dans le cas le plus favorable, à un banal échange
d’
informations, dans l’indifférence générale. Il y a donc, me semble-t-i
12
on du mot violence, dans la mesure où cela dépend
de
nous, c’est-à-dire à l’intérieur du groupe et dans ces pages. Sur l
13
Sur le « pouvoir des mots » « Simple question
de
vocabulaire », a-t-on coutume de répliquer, de nos jours. Mais nous a
14
Simple question de vocabulaire », a-t-on coutume
de
répliquer, de nos jours. Mais nous avons ouvert la rubrique intitulée
15
on de vocabulaire », a-t-on coutume de répliquer,
de
nos jours. Mais nous avons ouvert la rubrique intitulée « Pouvoir des
16
s mots » pour montrer justement que les questions
de
vocabulaire ne sont ni simples ni indifférentes ; qu’elles sont mêlée
17
asquent une inefficacité réelle. Toute définition
de
mot, qu’on le sache ou non, suppose et définit une attitude générale,
18
it une attitude générale, une certaine conception
de
la vie. C’est ainsi — entre autres — que le « pouvoir des mots » est
19
sent « anarchiques » ou « faux » selon le système
de
référence qui est en train de se constituer dans divers groupes. Les
20
es sens nouveaux qu’il importe au plus haut point
de
redéfinir et de réorganiser, si l’on entend recréer un corps social v
21
qu’il importe au plus haut point de redéfinir et
de
réorganiser, si l’on entend recréer un corps social vivant, et une «
22
ne « commune mesure » pour les diverses activités
de
l’homme dans le cadre de la nation. Essayons donc de définir le mot «
23
r les diverses activités de l’homme dans le cadre
de
la nation. Essayons donc de définir le mot « violence », c’est-à-dire
24
l’homme dans le cadre de la nation. Essayons donc
de
définir le mot « violence », c’est-à-dire de décrire son contenu actu
25
donc de définir le mot « violence », c’est-à-dire
de
décrire son contenu actuel d’une part, et d’autre part le contenu qu’
26
autre part le contenu qu’il paraît juste ou utile
de
lui attribuer dans l’ordre nouveau. Origine du préjugé contre la v
27
ord, que la violence est généralement « mal vue »
de
la majorité des Français. (Mais c’est peut-être, justement, parce qu’
28
la subissent). Un homme violent, c’est une espèce
de
brute qui refuse de discuter, de donner ses raisons, et qui frappe du
29
mme violent, c’est une espèce de brute qui refuse
de
discuter, de donner ses raisons, et qui frappe du poing sur la table.
30
c’est une espèce de brute qui refuse de discuter,
de
donner ses raisons, et qui frappe du poing sur la table. Ainsi violen
31
é, mais avec bêtise. Qu’il y ait là un glissement
de
sens, c’est évident. Mais encore faut-il expliquer comment il a pu se
32
is la principale raison dans ce qu’on est convenu
d’
appeler la morale bourgeoise, ou mieux : dans la conception du monde n
33
eoise, ou mieux : dans la conception du monde née
de
l’établissement de la bourgeoisie au pouvoir. Conception qui se fonde
34
ans la conception du monde née de l’établissement
de
la bourgeoisie au pouvoir. Conception qui se fonde d’ailleurs dans un
35
se fonde d’ailleurs dans une tendance permanente
de
l’homme ; le besoin de sécurité. Mais ce besoin s’est exagérément dév
36
ns une tendance permanente de l’homme ; le besoin
de
sécurité. Mais ce besoin s’est exagérément développé, et comme fixé,
37
oisie établie sur l’argent, et sur un « capital »
de
traditions, a doublement « intérêt » au maintien d’un ordre public et
38
traditions, a doublement « intérêt » au maintien
d’
un ordre public et culturel immuable. (Préservé contre les mutations b
39
larés des « gentlemen’s agreements ». Elle essaie
de
sauvegarder à tout prix une évolution continue et sans heurts. (D’où
40
tout prix une évolution continue et sans heurts. (
D’
où le retard permanent et voulu de l’enseignement officiel sur la cult
41
t sans heurts. (D’où le retard permanent et voulu
de
l’enseignement officiel sur la culture d’avant-garde, et ce vaste sys
42
t voulu de l’enseignement officiel sur la culture
d’
avant-garde, et ce vaste système de contrôle méfiant des idées que con
43
sur la culture d’avant-garde, et ce vaste système
de
contrôle méfiant des idées que constitue la filière universitaire.) I
44
la face » (c’est-à-dire les situations acquises).
D’
où cette espèce d’optimisme désarmant qui se manifeste dans des expres
45
-dire les situations acquises). D’où cette espèce
d’
optimisme désarmant qui se manifeste dans des expressions telles que :
46
est-à-dire : cela obligerait à envisager le monde
d’
une façon nouvelle). En même temps, les organismes de l’économie et de
47
ne façon nouvelle). En même temps, les organismes
de
l’économie et de la culture sont devenus si complexes et délicats qu’
48
). En même temps, les organismes de l’économie et
de
la culture sont devenus si complexes et délicats qu’on a l’impression
49
icats qu’on a l’impression que toute intervention
d’
une nouveauté réelle entraînerait des conséquences imprévisibles et no
50
évisibles et non mesurables, où « tout risquerait
de
sombrer ». Et l’on perd peu à peu de vue cette vérité fondamentale :
51
t risquerait de sombrer ». Et l’on perd peu à peu
de
vue cette vérité fondamentale : que les institutions ne durent qu’à f
52
ntale : que les institutions ne durent qu’à force
d’
être recréées, réinventées, reprises sans relâche à la base… Ayant peu
53
tées, reprises sans relâche à la base… Ayant peur
de
la chose, on rabaisse le mot qui la désigne : c’est une espèce de con
54
rabaisse le mot qui la désigne : c’est une espèce
de
conjuration magique. Nous retrouvons ici le glissement sémantique de
55
que. Nous retrouvons ici le glissement sémantique
de
« violence » à « brutalité ». Puis, ayant de la sorte disqualifié la
56
ique de « violence » à « brutalité ». Puis, ayant
de
la sorte disqualifié la violence — car tout le monde est d’accord pou
57
i un exemple qui fait bien voir toute l’équivoque
de
la situation : on a coutume, à droite et au centre, de vilipender le
58
situation : on a coutume, à droite et au centre,
de
vilipender le marxisme en le traitant de « doctrine de violence ». Or
59
centre, de vilipender le marxisme en le traitant
de
« doctrine de violence ». Or, rien n’est moins « violent » que la doc
60
lipender le marxisme en le traitant de « doctrine
de
violence ». Or, rien n’est moins « violent » que la doctrine de Marx,
61
Or, rien n’est moins « violent » que la doctrine
de
Marx, rigoureusement évolutive en tant que doctrine1, et par là même,
62
e1, et par là même, conforme au mouvement profond
de
la pensée bourgeoise, sinon aux intérêts immédiats des bourgeois. Les
63
ts des bourgeois. Les seules véritables doctrines
de
violence apparues dans notre époque sont celles de Nietzsche et de Ge
64
e violence apparues dans notre époque sont celles
de
Nietzsche et de Georges Sorel : elles s’accordent au plus mal avec le
65
ues dans notre époque sont celles de Nietzsche et
de
Georges Sorel : elles s’accordent au plus mal avec le style de la pen
66
rel : elles s’accordent au plus mal avec le style
de
la pensée marxiste. La vraie violence Nous pouvons maintenant e
67
vraie violence Nous pouvons maintenant essayer
de
préciser une distinction radicale entre violence et brutalité, — avec
68
cale entre violence et brutalité, — avec l’espoir
de
sauver le mot « violence » de ses déviations sémantiques intéressées,
69
té, — avec l’espoir de sauver le mot « violence »
de
ses déviations sémantiques intéressées, et de le restaurer dans sa pu
70
e » de ses déviations sémantiques intéressées, et
de
le restaurer dans sa puissance active, libératrice. La violence est l
71
active, libératrice. La violence est le fait même
de
l’esprit, j’entends de l’esprit créateur. Dès que l’esprit fait irrup
72
violence est le fait même de l’esprit, j’entends
de
l’esprit créateur. Dès que l’esprit fait irruption dans le monde, pou
73
ceci dans n’importe quel domaine, qu’il s’agisse
d’
élever des blocs de pierre à la hauteur d’un cintre, de labourer la te
74
e quel domaine, qu’il s’agisse d’élever des blocs
de
pierre à la hauteur d’un cintre, de labourer la terre, ou d’écrire un
75
’agisse d’élever des blocs de pierre à la hauteur
d’
un cintre, de labourer la terre, ou d’écrire un ouvrage dont la nécess
76
ver des blocs de pierre à la hauteur d’un cintre,
de
labourer la terre, ou d’écrire un ouvrage dont la nécessité n’est sen
77
la hauteur d’un cintre, de labourer la terre, ou
d’
écrire un ouvrage dont la nécessité n’est sentie tout d’abord que par
78
e par l’auteur qui l’imposera. Tout acte créateur
de
l’esprit — et c’est l’esprit seul qui crée — est une « transgression
79
« transgression » des lois admises jusqu’alors :
d’
où le malaise que crée naturellement cet acte, malaise qui est à l’ori
80
turellement cet acte, malaise qui est à l’origine
de
l’état d’esprit conservateur que nous décrivions tout à l’heure. D’où
81
conservateur que nous décrivions tout à l’heure.
D’
où aussi le risque que l’acte institue pour celui qui l’ose. Mais c’es
82
ui qui l’ose. Mais c’est précisément ce sentiment
de
malaise, lié à l’euphorie du risque encouru, qui est le signe normal
83
phorie du risque encouru, qui est le signe normal
d’
une création de l’esprit humain. Les époques de décadence sont celles
84
e encouru, qui est le signe normal d’une création
de
l’esprit humain. Les époques de décadence sont celles où l’on en vien
85
al d’une création de l’esprit humain. Les époques
de
décadence sont celles où l’on en vient à redouter par-dessus tout ce
86
douter par-dessus tout ce malaise (à le qualifier
de
scandale) et à l’éprouver plus fortement que l’euphorie du risque, du
87
. C’est un affadissement et une trahison certaine
de
l’Évangile qui ont conduit les chrétiens moyens à insister uniquement
88
r uniquement sur la douceur et la subtile aménité
de
l’esprit. Cette fausse « charité » sentimentale est nettement condamn
89
orter la paix, mais le glaive. » Et le terme même
de
violence que la plupart des moralistes chrétiens d’aujourd’hui ont co
90
violence que la plupart des moralistes chrétiens
d’
aujourd’hui ont coutume de condamner au nom de la « charité », se trou
91
es moralistes chrétiens d’aujourd’hui ont coutume
de
condamner au nom de la « charité », se trouve avoir été glorifié par
92
r l’Évangile : Violenti rapiunt illud, le Royaume
de
Dieu est promis aux violents. Là encore, c’est l’influence de la mora
93
promis aux violents. Là encore, c’est l’influence
de
la morale bourgeoise qui a fait perdre sa vigueur au christianisme, e
94
s polémistes ignorants. La violence étant le fait
de
l’esprit, elle se confond avec la liberté. C’est elle seule qui déliv
95
la liberté. C’est elle seule qui délivre l’homme
de
la chaîne des routines et des lois qu’il se forge, c’est elle seule q
96
is qu’il se forge, c’est elle seule qui l’empêche
de
se laisser emprisonner dans ses propres institutions, lorsque celles-
97
propres institutions, lorsque celles-ci ont cessé
de
le servir. Telle est l’origine du concept occidental de révolution. L
98
servir. Telle est l’origine du concept occidental
de
révolution. La révolution est toujours spirituelle : elle est l’acte
99
lution est toujours spirituelle : elle est l’acte
de
l’homme qui rejette ses vieilles commodités, qui violente ses habitud
100
lutôt deux synonymes. Reprenons l’exemple du bloc
de
pierre élevé jusqu’au cintre : on y retrouve ces trois caractères de
101
qu’au cintre : on y retrouve ces trois caractères
de
la vraie violence spirituelle, ou de la vraie création révolutionnair
102
s caractères de la vraie violence spirituelle, ou
de
la vraie création révolutionnaire : la pierre est élevée, c’est-à-dir
103
: la pierre est élevée, c’est-à-dire « libérée »
de
la loi de pesanteur, puis elle est placée dans une « organisation » n
104
re est élevée, c’est-à-dire « libérée » de la loi
de
pesanteur, puis elle est placée dans une « organisation » nouvelle, e
105
lle, et tout cela s’opère en vertu d’une décision
de
l’esprit2. Enfin, la vraie violence n’exclut nullement la délicatesse
106
ui n’auraient pas su distinguer la vraie violence
de
la brutalité, du simple fait qu’elles sont souvent liées. (Il y a peu
107
a violence Par opposition à la violence, signe
de
l’esprit agissant, la brutalité peut être définie comme un aspect et
108
caractère avant tout matériels. Elle est le fait
d’
une contrainte purement extérieure, donc incapable en soi de rien crée
109
rainte purement extérieure, donc incapable en soi
de
rien créer et animer. C’est la brimade, la vexation, le choc qui bles
110
se la vitalité, qui nie la signification profonde
de
toute existence. C’est tout d’abord un processus matériel grossier et
111
e sens étant toujours donné par l’esprit. Ôte-toi
de
là que je m’y mette, et je n’ai pas de raisons à te donner, il n’y en
112
t. Ôte-toi de là que je m’y mette, et je n’ai pas
de
raisons à te donner, il n’y en a pas, ou pas d’avouables… Mais la bru
113
s de raisons à te donner, il n’y en a pas, ou pas
d’
avouables… Mais la brutalité peut aussi revêtir un aspect non matériel
114
certaine brutalité, reconnaissable à un caractère
de
contrainte externe, comme mécanique, et qui ne tient pas compte de la
115
erne, comme mécanique, et qui ne tient pas compte
de
la nature spirituelle, passionnelle ou vitale des réalités auxquelles
116
ique le règlement. La sensibilité féminine réagit
d’
ordinaire avec précision à cette brutalité de la logique ; elle la dét
117
agit d’ordinaire avec précision à cette brutalité
de
la logique ; elle la déteste absolument, tandis que la violence l’eff
118
us frappante et la plus voyante, si je puis dire,
de
la brutalité, est fournie par les régimes totalitaires. La dictature
119
té même, en ce qu’elle est fondée sur le principe
de
la contrainte par corps, — même lorsqu’il s’agit des choses de l’espr
120
nte par corps, — même lorsqu’il s’agit des choses
de
l’esprit. Elle ne déteste rien tant que la vraie violence, inventive
121
rgeois. Aussi se donne-t-elle pour première tâche
de
tuer dans la jeunesse toute velléité de violence spirituelle. L’éduca
122
ère tâche de tuer dans la jeunesse toute velléité
de
violence spirituelle. L’éducation fasciste ou stalinienne a pour effe
123
fasciste ou stalinienne a pour effet systématique
de
substituer à l’esprit d’autonomie, de responsabilité spirituelle et d
124
pour effet systématique de substituer à l’esprit
d’
autonomie, de responsabilité spirituelle et de risque personnel, des i
125
ystématique de substituer à l’esprit d’autonomie,
de
responsabilité spirituelle et de risque personnel, des instincts brut
126
rit d’autonomie, de responsabilité spirituelle et
de
risque personnel, des instincts brutaux : l’instinct de puissance, l’
127
que personnel, des instincts brutaux : l’instinct
de
puissance, l’instinct de conformité au grand nombre, l’instinct d’obé
128
cts brutaux : l’instinct de puissance, l’instinct
de
conformité au grand nombre, l’instinct d’obéissance aveugle. Mais il
129
nstinct de conformité au grand nombre, l’instinct
d’
obéissance aveugle. Mais il se produit là un phénomène curieux : alors
130
la brutalité, les dictatures totalitaires tentent
de
requalifier la brutalité en la baptisant violence. D’où le recours co
131
equalifier la brutalité en la baptisant violence.
D’
où le recours constant des nationaux-socialistes à Nietzsche, abus fla
132
çoit pas que ce faisant, l’on détruit les racines
de
l’esprit créateur, les promesses de fécondité révolutionnaire de l’av
133
t les racines de l’esprit créateur, les promesses
de
fécondité révolutionnaire de l’avenir. Montesquieu a dit l’essentiel
134
ateur, les promesses de fécondité révolutionnaire
de
l’avenir. Montesquieu a dit l’essentiel sur cette brutalité-là, dans
135
lité-là, dans son fameux chapitre en trois lignes
de
L’Esprit des Lois : « Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoi
136
ignes de L’Esprit des Lois : « Quand les sauvages
de
la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l’arbre au pied et c
137
. Voilà le gouvernement despotique. » Le refus
de
la violence appelle la brutalité Confondre la violence et la bruta
138
en principe inférieure à l’agressivité. Se méfier
de
la violence, avoir peur des risques féconds qu’elle institue, c’est s
139
ode qui règne actuellement dans les « démocraties
de
l’Ouest » — comme dit le Führer — et qui consiste à biaiser avec les
140
avec les difficultés, à masquer les antagonismes
de
fait, et à les déconcerter provisoirement à force de « combines » et
141
ncerter provisoirement à force de « combines » et
de
compromis, cette méthode qui ne crée rien, n’ordonne rien, temporise
142
orise indéfiniment, ne peut conduire qu’à un état
de
désordre où la brutalité ne trouvera plus de résistance sérieuse. L’h
143
état de désordre où la brutalité ne trouvera plus
de
résistance sérieuse. L’histoire de l’après-guerre et de l’établisseme
144
trouvera plus de résistance sérieuse. L’histoire
de
l’après-guerre et de l’établissement des trois fascismes le démontre
145
istance sérieuse. L’histoire de l’après-guerre et
de
l’établissement des trois fascismes le démontre avec éclat : la crain
146
ois fascismes le démontre avec éclat : la crainte
de
la violence suscite mécaniquement une brutalité qui, à son tour, ne p
147
lui des dictatures à la contrainte. Le seul moyen
de
prévenir cette contrainte, c’est d’orienter l’éducation vers une pris
148
Le seul moyen de prévenir cette contrainte, c’est
d’
orienter l’éducation vers une prise de conscience vigoureuse de la val
149
éducation vers une prise de conscience vigoureuse
de
la valeur libératrice de la violence. Que ceux qui pensent qu’il est
150
de conscience vigoureuse de la valeur libératrice
de
la violence. Que ceux qui pensent qu’il est déjà trop tard sachent qu
151
aire illusion, reconnaissons-le, c’est la théorie
de
la dictature du prolétariat d’une part, et le ton « brutal » des polé
152
t d’une part, et le ton « brutal » des polémiques
de
Marx. Mais la dictature du prolétariat n’est pour Marx que la riposte
153
sur des moyens brutaux. Pour le fond, la doctrine
de
Marx a été fort bien caractérisée comme celle d’un « évolutionniste b
154
de Marx a été fort bien caractérisée comme celle
d’
un « évolutionniste brutal » (Aron et Dandieu). 2. Il y aurait lieu a
155
l » (Aron et Dandieu). 2. Il y aurait lieu aussi
d’
analyser la valeur ambiguë de « violence » dans l’acte du viol, qui pa
156
y aurait lieu aussi d’analyser la valeur ambiguë
de
« violence » dans l’acte du viol, qui paraît une brutalité. Mais cela
157
ons simplement le caractère essentiellement viril
de
la violence, et d’ailleurs de l’esprit créateur en général. Et, d’aut
158
sentiellement viril de la violence, et d’ailleurs
de
l’esprit créateur en général. Et, d’autre part, l’effémination de la
159
teur en général. Et, d’autre part, l’effémination
de
la bourgeoisie qui attend un dictateur comme la femelle s’offre au vi
160
lle s’offre au viol redouté. a. Rougemont Denis
de
, « Violence et brutalité », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 juin 1937,
161
(Quelques remarques sur la méthode) Le désir
de
savoir à quoi pense le voisin trahit sans doute, à l’origine, une cra
162
s doute, à l’origine, une crainte obscure qu’on a
de
lui ; révèle ensuite que l’on nourrit soi-même à son endroit quelque
163
intention bonne ou mauvaise. Ces deux mouvements
de
défense et d’attaque sont prudemment dissimulés et confondus sous le
164
ne ou mauvaise. Ces deux mouvements de défense et
d’
attaque sont prudemment dissimulés et confondus sous le vocable de cur
165
rudemment dissimulés et confondus sous le vocable
de
curiosité. « Pourquoi me demandez-vous cela ? — Pour rien, par pure c
166
e curiosité. » Au vrai, le mot curiosité est vide
de
sens, s’il ne recouvre pas cette crainte ou cette entreprise projetée
167
nalyse un peu poussée révélerait-elle à l’origine
de
la recherche la plus abstraite, de la soif de savoir la plus purement
168
le à l’origine de la recherche la plus abstraite,
de
la soif de savoir la plus purement spéculative, l’un au moins de ces
169
ine de la recherche la plus abstraite, de la soif
de
savoir la plus purement spéculative, l’un au moins de ces intérêts fo
170
avoir la plus purement spéculative, l’un au moins
de
ces intérêts fondamentaux que sont la défense ou l’attaque, et qui ap
171
? » — À rien, dit-elle. Naturellement… ⁂ Essayer
de
savoir à quoi ils pensent, c’est se mettre en mesure d’agir sur eux.
172
oir à quoi ils pensent, c’est se mettre en mesure
d’
agir sur eux. (Pour eux, contre eux, ou avec eux.) Constater les préoc
173
e eux, ou avec eux.) Constater les préoccupations
d’
une classe, d’une profession, d’un groupe humain quelconque, c’est l’o
174
eux.) Constater les préoccupations d’une classe,
d’
une profession, d’un groupe humain quelconque, c’est l’opération néces
175
es préoccupations d’une classe, d’une profession,
d’
un groupe humain quelconque, c’est l’opération nécessaire à laquelle d
176
x qui sont soucieux, en politique ou en économie,
d’
adapter l’offre à la demande. Mais ce peut être aussi un moyen efficac
177
emande. Mais ce peut être aussi un moyen efficace
de
se libérer des schémas démodés et des caricatures obsédantes sur lesq
178
dantes sur lesquelles joue la politique. Un moyen
de
trouver des arguments qui portent, qui atteignent ; et de se refaire
179
er des arguments qui portent, qui atteignent ; et
de
se refaire un langage qui soit réellement entendu. Tout cela est asse
180
ubrique. Il reste alors à reconnaître les dangers
d’
une semblable méthode, et les limites de sa fécondité. ⁂ Tant qu’on n’
181
s dangers d’une semblable méthode, et les limites
de
sa fécondité. ⁂ Tant qu’on n’aura pas inventé la machine à lire les p
182
chine à lire les pensées, nous serons bien forcés
de
nous contenter de leur expression par le langage. À quoi ils pensent…
183
ensées, nous serons bien forcés de nous contenter
de
leur expression par le langage. À quoi ils pensent… pour nous, c’est
184
e trahissent pas les mêmes pensées, si l’on passe
d’
un groupe à un autre, d’une classe sociale, d’une région à une autre.
185
es pensées, si l’on passe d’un groupe à un autre,
d’
une classe sociale, d’une région à une autre. Que savons-nous des réso
186
sse d’un groupe à un autre, d’une classe sociale,
d’
une région à une autre. Que savons-nous des résonances qu’éveillent da
187
presque jamais dans le détail. Plus on s’approche
d’
un groupement défini et concret, plus on constate l’absence de commune
188
ent défini et concret, plus on constate l’absence
de
commune mesure entre son langage et celui des journaux et des politic
189
ournaux et des politiciens, ou des intellectuels.
De
tout près, cela peut donner une impression d’absurdité troublante. Je
190
ls. De tout près, cela peut donner une impression
d’
absurdité troublante. Je lis dans un livre récentc : L’autre jour, da
191
oyait pas si bien dire : en recevant les épreuves
de
son livre, il y trouva jointe une petite note écrite à l’encre rouge
192
ite note écrite à l’encre rouge par le correcteur
de
l’imprimerie : Épicerie et spécialiste. L’auteur paraît croire à un
193
Nous sommes dans le Midi, où un sentiment obscur
de
latinité a survécu. Et épices (d’où épicerie) et espèces (d’où spécia
194
entiment obscur de latinité a survécu. Et épices (
d’
où épicerie) et espèces (d’où spécialiste) sont le même mot. Tous deux
195
a survécu. Et épices (d’où épicerie) et espèces (
d’
où spécialiste) sont le même mot. Tous deux remontent à species (latin
196
J’amenderais cette partie, si j’étais l’auteur…
D’
où je déduirais que rien n’est simple, en ce domaine, ni absurde malgr
197
s apparences, mais que « comprendre » les paroles
d’
un homme suppose une science presque surhumaine. Pour conclure quoi qu
198
resque surhumaine. Pour conclure quoi que ce soit
de
« ce qu’ils disent », il faut donc bien se résoudre à de grossières a
199
qu’ils disent », il faut donc bien se résoudre à
de
grossières approximations. Le danger serait alors d’ignorer qu’il ne
200
grossières approximations. Le danger serait alors
d’
ignorer qu’il ne s’agit que d’approximations, voire dans certains cas,
201
danger serait alors d’ignorer qu’il ne s’agit que
d’
approximations, voire dans certains cas, de calembours. (Exemple : les
202
it que d’approximations, voire dans certains cas,
de
calembours. (Exemple : les sens contradictoires que prend la revendic
203
s sens contradictoires que prend la revendication
de
liberté selon les classes ou les nations). ⁂ Autre danger : si l’on q
204
« pensées » et préoccupations, ils ne disent rien
de
bien intéressant ou d’authentique. Ou bien vous obtenez des variation
205
ations, ils ne disent rien de bien intéressant ou
d’
authentique. Ou bien vous obtenez des variations sur la réponse des am
206
ectorale. C’est que l’homme-moyen n’a pas coutume
de
se formuler clairement ce qu’il vit. Presque toutes vos questions, po
207
vos questions, pour peu qu’elles sortent du cadre
de
son métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas formé de phrases dans
208
métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas formé
de
phrases dans sa tête sur ce sujet dont le journal ne parle jamais. Ou
209
u partis — lui ont prêté, c’est-à-dire la monnaie
de
votre pièce, non la substance de sa vie. Il faut donc éviter tout ce
210
-dire la monnaie de votre pièce, non la substance
de
sa vie. Il faut donc éviter tout ce qui ressemblerait à une enquête :
211
ntendu sur les mots, ensuite à cause de ce défaut
de
moyens d’expression, ou de ces phrases apprises nécessairement inadéq
212
les mots, ensuite à cause de ce défaut de moyens
d’
expression, ou de ces phrases apprises nécessairement inadéquates. Mai
213
e à cause de ce défaut de moyens d’expression, ou
de
ces phrases apprises nécessairement inadéquates. Mais laissez donc pa
214
vous finirez peut-être, à force de recoupements,
de
prudence, d’informations hétéroclites, par repérer dans les grandes l
215
peut-être, à force de recoupements, de prudence,
d’
informations hétéroclites, par repérer dans les grandes lignes la vrai
216
r repérer dans les grandes lignes la vraie nature
de
leurs soucis, mieux qu’ils ne sauraient le dire, justement. Quelquefo
217
raient le dire, justement. Quelquefois, il suffit
d’
une chance, d’une bizarrerie de leurs propos, subitement révélatrice.
218
, justement. Quelquefois, il suffit d’une chance,
d’
une bizarrerie de leurs propos, subitement révélatrice. En voici un pe
219
quefois, il suffit d’une chance, d’une bizarrerie
de
leurs propos, subitement révélatrice. En voici un petit exemple. Dans
220
voici un petit exemple. Dans cette pauvre région
de
l’Ouest, je rencontre une vieille paysanne. Elle se plaint : c’est la
221
Elle se plaint : c’est la jambe qui ne va plus !
D’
où cela vient-il ? — C’est depuis qu’ils m’ont volé ma chèvre, me répo
222
voici le récit, noté sur l’heure : C’était le 26
de
juillet, l’anniversaire de ma défunte mère. Le matin je me dis : qu’e
223
heure : C’était le 26 de juillet, l’anniversaire
de
ma défunte mère. Le matin je me dis : qu’est-ce qu’on va manger, ce j
224
on, c’est ce qu’il faut pour manger. Ils rentrent
d’
avoir tiré le sel et mangent la pêche. J’avais ajouté deux ou trois ja
225
qu’ils avaient pris la chèvre. Je n’imagine pas
de
question directe qui eût ainsi pu faire répondre à cette femme : « À
226
st au pain quotidien. » ⁂ Il est rare que le film
d’
une conversation, non retouché, offre une image significative, tant so
227
ignificative, tant soit peu claire. Cette absence
de
sens général et simple, cette espèce d’absurdité, de décousu, est mêm
228
e absence de sens général et simple, cette espèce
d’
absurdité, de décousu, est même ce qui garantit l’authenticité de la r
229
sens général et simple, cette espèce d’absurdité,
de
décousu, est même ce qui garantit l’authenticité de la relation d’un
230
décousu, est même ce qui garantit l’authenticité
de
la relation d’un entretien. Mais cela ne saurait satisfaire entièreme
231
ême ce qui garantit l’authenticité de la relation
d’
un entretien. Mais cela ne saurait satisfaire entièrement au dessein q
232
t satisfaire entièrement au dessein qui est celui
de
notre rubrique : pour agir, ou simplement pour se préparer à une acti
233
e action non encore déterminée, l’esprit a besoin
de
conclusions, de données simples, c’est-à-dire de résumés simplifiés.
234
ore déterminée, l’esprit a besoin de conclusions,
de
données simples, c’est-à-dire de résumés simplifiés. Mais alors on co
235
de conclusions, de données simples, c’est-à-dire
de
résumés simplifiés. Mais alors on courra le risque inverse : on retom
236
tions banales et tendancieuses qui sont les vices
de
toute enquête. La signification des propos recueillis et stylisés pou
237
sés pouvant toujours être attribuée au parti pris
de
l’enquêteur. Entre ces deux écueils, le Charybde de l’incohérence et
238
l’enquêteur. Entre ces deux écueils, le Charybde
de
l’incohérence et le Scylla du trop prévu, il faut savoir naviguer dan
239
» c’est-à-dire se maintenir au niveau des phrases
d’
échange quotidien, des propos qu’on entend chez le bistrot ou autour d
240
des propos qu’on entend chez le bistrot ou autour
d’
une table de famille. À considérer de trop près leur langage, on concl
241
u’on entend chez le bistrot ou autour d’une table
de
famille. À considérer de trop près leur langage, on conclurait volont
242
ot ou autour d’une table de famille. À considérer
de
trop près leur langage, on conclurait volontiers que les gens ne pens
243
onclurait volontiers que les gens ne pensent rien
de
clair ni de raisonnable ; à le considérer trop superficiellement, qu’
244
lontiers que les gens ne pensent rien de clair ni
de
raisonnable ; à le considérer trop superficiellement, qu’ils ne pense
245
pensent qu’à l’instar du journal. Il faut essayer
de
se maintenir à mi-distance entre les bizarreries individuelles et les
246
est plus que par l’intonation, l’élan, la mimique
de
l’homme qui émet ce vocable usé, ou par l’emploi imprévu qu’il en fai
247
r l’emploi imprévu qu’il en fait dans le contexte
de
son discours, de son milieu, de sa vie quotidienne, que vous pourrez
248
u qu’il en fait dans le contexte de son discours,
de
son milieu, de sa vie quotidienne, que vous pourrez deviner comment i
249
dans le contexte de son discours, de son milieu,
de
sa vie quotidienne, que vous pourrez deviner comment il pense ce mot,
250
ent il pense ce mot, s’il le souffre, s’il l’aime
de
tout son être ou s’il ne fait qu’y rêvasser machinalement. b. Rou
251
’y rêvasser machinalement. b. Rougemont Denis
de
, « Comment savoir à quoi ils pensent ? (Quelques remarques sur la mét
252
ovembre 1937, p. 18-19. c. Il s’agit du Journal
d’
un intellectuel en chômage , publié par Denis de Rougemont en 1937.
253
J’ai sous les yeux deux documents qui n’ont rien
de
secret : un article de revue et un catalogue d’éditeur, tous deux pub
254
x documents qui n’ont rien de secret : un article
de
revue et un catalogue d’éditeur, tous deux publiés en Allemagne à l’o
255
n de secret : un article de revue et un catalogue
d’
éditeur, tous deux publiés en Allemagne à l’occasion des fêtes. Le cat
256
viron 80 titres (publications récentes et rappels
d’
œuvres importantes). Ces titres se répartissent, approximativement, co
257
ci la liste des titres contenant le mot ou l’idée
de
race : La Beauté nordique ; Art et race ; Le visage des chefs allema
258
s ; Race, peuple, soldat ; La paysannerie, source
de
la race nordique. L’âme nordique (30e mille) ; Race et âme (43e mille
259
Science raciale du peuple allemand (en 8 volumes
de
titres divers. — 99e mille en moyenne). Musique et race ; La France e
260
at dans le domaine Nord-Est ; Traits fondamentaux
de
l’histoire raciale allemande ; Race et patrie chez les Indo-Germains
261
(revue). Comme il ne s’agit là que du catalogue
d’
une seule maison, on ne saurait tirer de ces chiffres aucune conclusio
262
catalogue d’une seule maison, on ne saurait tirer
de
ces chiffres aucune conclusion définitive sur le pourcentage d’intérê
263
s aucune conclusion définitive sur le pourcentage
d’
intérêt — si j’ose dire — que manifestent les lecteurs allemands. Il e
264
es lecteurs allemands. Il existe d’autres maisons
d’
édition qui se spécialisent dans la littérature pure, et chez lesquell
265
je viens de recopier ne donne qu’une faible idée
de
l’ensemble des publications allemandes sur ce sujet, depuis 1933. J’a
266
fique du terme. Tous ces ouvrages sont des essais
de
vulgarisation, bien plus que des manuels techniques ou des instrument
267
lus que des manuels techniques ou des instruments
de
recherche. Du moins sont-ils présentés sous l’aspect le plus populair
268
sous l’aspect le plus populaire. Et les chiffres
de
tirage sont significatifs à cet égard, même si l’on tient compte de l
269
nificatifs à cet égard, même si l’on tient compte
de
la diffusion moyenne du livre allemand, très supérieure à celle du li
270
vre français. Reste à savoir si cet énorme effort
de
propagande aboutit réellement ; s’il satisfait à une demande réelle
271
à se réduire à la question : « à quoi leur dit-on
de
penser ? » C’est-à-dire qu’on a remplacé la mode — maîtresse des goût
272
resse des goûts moyens en France — par la volonté
de
l’État (Hitler, Goebbels et Rosenberg). Il peut donc être intéressant
273
bels et Rosenberg). Il peut donc être intéressant
de
se reporter maintenant à un organe qui s’efforce de traduire fidèleme
274
se reporter maintenant à un organe qui s’efforce
de
traduire fidèlement les désirs officiels du Parti : la revue Deutsche
275
ches Volkstum par exemple. Ce périodique s’occupe
d’
art et de littérature, de politique, et même de religion. Dans sa livr
276
stum par exemple. Ce périodique s’occupe d’art et
de
littérature, de politique, et même de religion. Dans sa livraison de
277
. Ce périodique s’occupe d’art et de littérature,
de
politique, et même de religion. Dans sa livraison de décembre, le réd
278
pe d’art et de littérature, de politique, et même
de
religion. Dans sa livraison de décembre, le rédacteur en chef, Wilhel
279
politique, et même de religion. Dans sa livraison
de
décembre, le rédacteur en chef, Wilhelm Stapel, publie, comme chaque
280
haque année, un article destiné à diriger le goût
de
ses lecteurs au moment des achats de Noël. Voici les vingt-deux titre
281
iger le goût de ses lecteurs au moment des achats
de
Noël. Voici les vingt-deux titres qu’il propose : Une traduction de W
282
vingt-deux titres qu’il propose : Une traduction
de
Wolfram von Eschenbach. Une Histoire de la poésie allemande ; La Mu
283
aduction de Wolfram von Eschenbach. Une Histoire
de
la poésie allemande ; La Musique allemande de l’époque ; Eugène Die
284
re de la poésie allemande ; La Musique allemande
de
l’époque ; Eugène Diesel (biographie) ; Ballades germaniques ; Cul
285
ture et religion des Germains ; Œuvres complètes
de
F. Blunck (littérature) ; Les Grands Allemands ; Histoire de notre
286
(littérature) ; Les Grands Allemands ; Histoire
de
notre peuple ; Figures du passé allemand ; Le caractère populaire a
287
it allemand ; Sparte ; Arndt (héros des guerres
d’
indépendance.) Portraits d’empereurs allemands du Moyen Âge ; Histoi
288
dt (héros des guerres d’indépendance.) Portraits
d’
empereurs allemands du Moyen Âge ; Histoire des Allemands Sudètes ;
289
Allemands Sudètes ; Le soldat allemand (lettres
de
guerre) ; et quatre romans (dont un sur la guerre, et un sur le Moyen
290
tres. Et la moitié des autres, au moins, évoquent
de
la façon la plus précise l’idéologie du Parti : technique, morale spa
291
s rêves du lecteur allemand, heureux bénéficiaire
de
ces « cadeaux de Noël ». d. Rougemont Denis de, « Lectures dirigée
292
r allemand, heureux bénéficiaire de ces « cadeaux
de
Noël ». d. Rougemont Denis de, « Lectures dirigées dans le IIIe Re
293
de ces « cadeaux de Noël ». d. Rougemont Denis
de
, « Lectures dirigées dans le IIIe Reich », Les Nouveaux Cahiers, Pari
294
Du danger
de
s’unir (15 avril 1938)e Le ministère Blum a vécu l’espace d’une pa
295
avril 1938)e Le ministère Blum a vécu l’espace
d’
une parenthèse ouverte par l’Anschluss et fermée par le plébiscite gra
296
e plébiscite grand-allemand. Face à l’affirmation
de
l’unité germanique, faite et scellée en deux coups de poing, la Franc
297
’unité germanique, faite et scellée en deux coups
de
poing, la France, un mois durant, s’est énervée à discourir sur sa dé
298
n. J’entends bien que tout le monde n’a parlé que
d’
union, mais sur un ton qui, de toute évidence, en excluait la possibil
299
monde n’a parlé que d’union, mais sur un ton qui,
de
toute évidence, en excluait la possibilité. Car quand la droite propo
300
on que la droite adopte son programme, c’est que,
de
part et d’autre, on est très fermement décidé à ne pas s’unir. Cette
301
roite adopte son programme, c’est que, de part et
d’
autre, on est très fermement décidé à ne pas s’unir. Cette double hypo
302
vrai qu’on n’en est encore qu’à s’en servir comme
d’
un prétexte pour légitimer des coups bas. Discours à part, que fait-on
303
ue fait-on depuis un mois pour préparer les voies
de
la réconciliation ? Les socialistes du Populaire soulèvent leurs trou
304
uniste fait crier : « À bas Blum ! » au Vélodrome
d’
Hiver, et le lendemain, fait publier par Ce Soir : « Les élus communis
305
rnements successifs qualifient l’un après l’autre
d’
illégales les occupations d’usines, et refusent l’un après l’autre d’i
306
nt l’un après l’autre d’illégales les occupations
d’
usines, et refusent l’un après l’autre d’intervenir pour appliquer la
307
upations d’usines, et refusent l’un après l’autre
d’
intervenir pour appliquer la loi dont ils sont les auteurs. L’habitude
308
quer la loi dont ils sont les auteurs. L’habitude
de
la non-intervention se prend décidément très vite. Quant à la droite,
309
à Blum. Nationaliste, elle soutient Franco, agent
d’
Hitler, qui est un ennemi, et elle attaque Thorez, agent de Staline, q
310
qui est un ennemi, et elle attaque Thorez, agent
de
Staline, qui est un allié. Cet ensemble de faits pose une alternative
311
agent de Staline, qui est un allié. Cet ensemble
de
faits pose une alternative : ou bien tout le monde est devenu fou, c’
312
de est devenu fou, c’est-à-dire fait le contraire
de
ce qu’il veut faire ; ou bien personne, en réalité, ne veut l’union q
313
ter, ce n’est pas tant qu’on triche sous prétexte
d’
union, mais bien que las de ces tricheries, et d’autre part dupé par c
314
n triche sous prétexte d’union, mais bien que las
de
ces tricheries, et d’autre part dupé par ce grand mot dont on lui reb
315
and mot dont on lui rebat les oreilles, le peuple
de
France, un beau jour, ne se décide à jouer sérieusement, — à jouer le
316
se décide à jouer sérieusement, — à jouer le jeu
de
l’union sacrée. Ce qui est grave, ce qu’il faut redouter, c’est que l
317
grave, ce qu’il faut redouter, c’est que le désir
de
riposter au coup d’Hitler n’amène les droites et les gauches en même
318
redouter, c’est que le désir de riposter au coup
d’
Hitler n’amène les droites et les gauches en même temps à ne plus conc
319
à ne plus concevoir leur union que sous la forme
d’
un Anschluss, d’une mutuelle annexion. Il ne manque pas de Seiss-Inqua
320
voir leur union que sous la forme d’un Anschluss,
d’
une mutuelle annexion. Il ne manque pas de Seiss-Inquart, dans les deu
321
chluss, d’une mutuelle annexion. Il ne manque pas
de
Seiss-Inquart, dans les deux camps, pour appeler au secours les troup
322
eler au secours les troupes adverses et les prier
de
venir rétablir l’ordre. Il ne manque pas de fascistes inconscients po
323
prier de venir rétablir l’ordre. Il ne manque pas
de
fascistes inconscients pour confondre ordre et mise au pas. Il ne man
324
confondre ordre et mise au pas. Il ne manque pas
d’
intellectuels de droite et de gauche pour proclamer qu’en présence du
325
et mise au pas. Il ne manque pas d’intellectuels
de
droite et de gauche pour proclamer qu’en présence du danger, l’exerci
326
as. Il ne manque pas d’intellectuels de droite et
de
gauche pour proclamer qu’en présence du danger, l’exercice de la pens
327
ur proclamer qu’en présence du danger, l’exercice
de
la pensée libre, ou simplement de l’intelligence, équivaut à une trah
328
ger, l’exercice de la pensée libre, ou simplement
de
l’intelligence, équivaut à une trahison… Enfin, il ne manque pas de p
329
équivaut à une trahison… Enfin, il ne manque pas
de
politiciens pour estimer que leur programme d’union est celui qui sup
330
as de politiciens pour estimer que leur programme
d’
union est celui qui supprime les problèmes au lieu d’essayer de les ré
331
elui qui supprime les problèmes au lieu d’essayer
de
les résoudre, et fait converger des refus au lieu de composer des eff
332
refus au lieu de composer des efforts. Programme
de
M. Daladier (selon le Journal du 10 avril) : exclusion des communiste
333
les partis existants. On peut se payer l’élégance
de
le taire. Toutes les unions sacrées se font ainsi. Pour éviter de mou
334
tes les unions sacrées se font ainsi. Pour éviter
de
mourir, cessons de vivre et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons
335
ées se font ainsi. Pour éviter de mourir, cessons
de
vivre et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons d’être, et armons-
336
ivre et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons
d’
être, et armons-nous pour sauver le reste. Hitler menace la paix de l’
337
-nous pour sauver le reste. Hitler menace la paix
de
l’Europe ? Qu’à cela ne tienne, décrétons l’état de guerre et c’est H
338
l’Europe ? Qu’à cela ne tienne, décrétons l’état
de
guerre et c’est Hitler qui sera bien attrapé ! Trois dictatures menac
339
nt nos libertés démocratiques ? Eh bien ! cessons
de
les exercer, ces libertés, et comme cela les dictateurs n’auront plus
340
s’accordent à tenir pour sacrée l’absence totale
de
raison chez un être doté d’une apparence humaine. Est-ce en vertu de
341
crée l’absence totale de raison chez un être doté
d’
une apparence humaine. Est-ce en vertu de cette coutume qu’on nous som
342
Est-ce en vertu de cette coutume qu’on nous somme
de
cesser de penser, sous prétexte d’union « sacrée » ? ⁂ Concevoir l’un
343
vertu de cette coutume qu’on nous somme de cesser
de
penser, sous prétexte d’union « sacrée » ? ⁂ Concevoir l’union comme
344
’on nous somme de cesser de penser, sous prétexte
d’
union « sacrée » ? ⁂ Concevoir l’union comme l’annexion d’une moitié d
345
« sacrée » ? ⁂ Concevoir l’union comme l’annexion
d’
une moitié de la France par l’autre, c’est la rendre irréalisable, dan
346
⁂ Concevoir l’union comme l’annexion d’une moitié
de
la France par l’autre, c’est la rendre irréalisable, dans l’état actu
347
Car seule la force brutale peut opérer une union
de
ce type, qui n’est qu’une unification. Dans la mesure où on la voudra
348
auver la France, on perdra les meilleures raisons
de
la défendre. Disons plus : on perdra ses meilleures forces. L’union q
349
pas l’union qui fait la force. Ou alors, cessons
de
critiquer Hitler, Staline, Mussolini. La force de la France n’est pas
350
de critiquer Hitler, Staline, Mussolini. La force
de
la France n’est pas dans son union. Elle est dans sa capacité unique
351
union. Elle est dans sa capacité unique au monde
de
supporter les désunions, ou pour mieux dire : le libre jeu des plus f
352
libre jeu des plus franches oppositions. La force
de
la France est dans la création, et non pas dans la discipline ; dans
353
ui accepte une dictature se décerne un certificat
d’
incapacité politique. Ne croyons pas surtout qu’il en soit aussi fier
354
tira sa propre délivrance. Ce que le monde attend
de
la France, en vérité, ce n’est pas un Führer de plus, mais au contrai
355
mes que d’autres, n’ayant pu résoudre, ont essayé
de
supprimer en se donnant à un Führer. Ce que le monde attend de la Fra
356
en se donnant à un Führer. Ce que le monde attend
de
la France, c’est une audace libératrice. L’audace d’assumer tous les
357
la France, c’est une audace libératrice. L’audace
d’
assumer tous les risques de la liberté politique, l’audace de pousser
358
libératrice. L’audace d’assumer tous les risques
de
la liberté politique, l’audace de pousser les conflits jusqu’à leur p
359
ous les risques de la liberté politique, l’audace
de
pousser les conflits jusqu’à leur pleine maturation, jusqu’à leur sol
360
aturation, jusqu’à leur solution réelle. L’audace
de
faire passer cette mission créatrice avant l’intérêt « national » au
361
urope fascisée. On ne défend bien que ce qui vaut
d’
être défendu. Et la plus forte armée du monde n’est rien, si le pays q
362
pays qu’elle entend protéger abdique ses raisons
de
vivre avant même qu’on l’attaque, sous prétexte de mieux se défendre.
363
ous prétexte de mieux se défendre. Avec vingt ans
de
retard, Hitler vient de gagner la guerre à Vienne. Avec vingt ans d’a
364
ient de gagner la guerre à Vienne. Avec vingt ans
d’
avance sur Hitler, la France va-t-elle enfin gagner sa paix ? ⁂ Ce n’e
365
l’éloge du désordre présent, du désordre honteux
de
lui-même, et que ses excès conduisent à rêver d’un fascisme. Mais il
366
de lui-même, et que ses excès conduisent à rêver
d’
un fascisme. Mais il s’agit de savoir si la France, réellement, saura
367
conduisent à rêver d’un fascisme. Mais il s’agit
de
savoir si la France, réellement, saura retrouver l’usage concret et p
368
f des libertés qu’elle s’est conquises. Il s’agit
de
savoir si le désordre va devenir la seule expression de nos libertés
369
oir si le désordre va devenir la seule expression
de
nos libertés dégénérées, ou si nous saurons retrouver un but commun,
370
nsformer notre apparent désordre en quelque chose
d’
incomparablement plus beau et fort que l’ordre apparent des fascismes.
371
e les revers ? Ou prendrons-nous enfin conscience
de
l’écrasante supériorité qu’elle peut signifier dans l’avenir, si nous
372
lle peut signifier dans l’avenir, si nous cessons
de
nous énerver, si nous osons vivre la paix ? e. Rougemont Denis de,
373
nous osons vivre la paix ? e. Rougemont Denis
de
, « Du danger de s’unir », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 avril 1938,
374
e la paix ? e. Rougemont Denis de, « Du danger
de
s’unir », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 avril 1938, p. 21-22.
375
in 1938)f Les notes qui suivent sont extraites
d’
un « journal » tenu en 1935 et 1936 par l’auteur, alors chargé de cour
376
» tenu en 1935 et 1936 par l’auteur, alors chargé
de
cours dans une Université allemande de l’Ouest. On a choisi parmi ces
377
ors chargé de cours dans une Université allemande
de
l’Ouest. On a choisi parmi ces observations celles qui paraissent gar
378
— À quoi pensent… Les bourgeois. — J’arrivais
de
Paris persuadé que l’hitlérisme est un mouvement « de droite », une d
379
aris persuadé que l’hitlérisme est un mouvement «
de
droite », une dernière tentative pour sauver le capitalisme et les pr
380
C’est un bolchévisme déguisé, répètent-ils. Drôle
de
« rempart ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes soient en
381
ètent-ils. Drôle de « rempart ». Ils se plaignent
de
ce que toutes les réformes soient en faveur des ouvriers et des paysa
382
sans ; et que les impôts prennent les proportions
d’
une confiscation de capital ; et que la vie de famille soit détruite,
383
mpôts prennent les proportions d’une confiscation
de
capital ; et que la vie de famille soit détruite, l’autorité des pare
384
ons d’une confiscation de capital ; et que la vie
de
famille soit détruite, l’autorité des parents sapée, la religion déna
385
es parents sapée, la religion dénaturée, éliminée
de
l’éducation, persécutée par mille moyens sournois, méthodiquement. Ma
386
ement. Mais si je les interroge sur leurs projets
de
résistance, ils se dérobent. Je parviens à leur faire avouer que le b
387
yeux, moins affreux que le rouge. Il n’y a pas eu
de
massacres. Tout se passe d’une manière progressive et ordonnée : bien
388
ouge. Il n’y a pas eu de massacres. Tout se passe
d’
une manière progressive et ordonnée : bientôt ils n’auront plus de for
389
ogressive et ordonnée : bientôt ils n’auront plus
de
fortune, mais ils conserveront pour la plupart leurs titres et leurs
390
ctions, sous des maîtres nouveaux. (Le gouverneur
de
la province est un ancien employé de postes, ventripotent et qu’on ju
391
e gouverneur de la province est un ancien employé
de
postes, ventripotent et qu’on juge très vulgaire.) Partout, la même c
392
out, la même crainte paralyse en germe tout essai
de
résister : si ce n’étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce s
393
voir, ce seraient les rouges. Ils n’imaginent pas
d’
autre alternative. De fait, ces « possédants » n’ont jamais gouverné.
394
rouges. Ils n’imaginent pas d’autre alternative.
De
fait, ces « possédants » n’ont jamais gouverné. Et ils n’ont jamais c
395
amais gouverné. Et ils n’ont jamais cru au régime
de
Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Europe, de classe plus indifféren
396
me de Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Europe,
de
classe plus indifférente à la vie politique, plus passive vis-à-vis d
397
rs accompli par d’autres, forcément — plus dénuée
d’
esprit civique, pour tout dire. Par un curieux paradoxe, c’est le régi
398
s qu’il pose. D’une part, la force et la rapidité
de
l’ascension hitlérienne ont été l’expression directe d’une carence du
399
scension hitlérienne ont été l’expression directe
d’
une carence du sens civique, loi générale qui se vérifie dans tout pay
400
e. D’autre part, le régime nouveau a pris à tâche
d’
éduquer tout ce monde : d’où le didactisme pesant des innombrables dis
401
nouveau a pris à tâche d’éduquer tout ce monde :
d’
où le didactisme pesant des innombrables discours politiques et des le
402
s innombrables discours politiques et des leaders
de
la presse mise au pas. Certes, les Allemands ont toujours eu le sens
403
le sens du groupe, et l’on est trop souvent tenté
d’
expliquer le national-socialisme par ce besoin de marcher ensemble, de
404
d’expliquer le national-socialisme par ce besoin
de
marcher ensemble, de chanter ensemble, de boire et de penser ensemble
405
nal-socialisme par ce besoin de marcher ensemble,
de
chanter ensemble, de boire et de penser ensemble. En réalité, ce phén
406
besoin de marcher ensemble, de chanter ensemble,
de
boire et de penser ensemble. En réalité, ce phénomène est aussi vieux
407
archer ensemble, de chanter ensemble, de boire et
de
penser ensemble. En réalité, ce phénomène est aussi vieux que les All
408
e les Allemagnes ; il ne peut donc rien expliquer
de
ce qui s’y passe de tout nouveau. Un régime totalitaire n’exprime poi
409
l ne peut donc rien expliquer de ce qui s’y passe
de
tout nouveau. Un régime totalitaire n’exprime point tant l’âme collec
410
totalitaire n’exprime point tant l’âme collective
d’
un peuple que le besoin de porter remède à ses carences profondes, et
411
t tant l’âme collective d’un peuple que le besoin
de
porter remède à ses carences profondes, et de les compenser. Hitler e
412
oin de porter remède à ses carences profondes, et
de
les compenser. Hitler est en train d’opérer un dressage du peuple all
413
sage du russe), dressage dont les buts n’ont rien
de
traditionnel, bien au contraire. Tous les efforts de la propagande po
414
traditionnel, bien au contraire. Tous les efforts
de
la propagande pour restaurer je ne sais quel hypothétique et préhisto
415
hodes jacobines, à mon sens3. Car ce qu’il s’agit
d’
inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce n’est pas le sens du groupe q
416
pas le sens du groupe qu’elle avait, mais le sens
de
l’État, qu’elle n’a pas. Le sens de l’unité allemande, de la prépondé
417
mais le sens de l’État, qu’elle n’a pas. Le sens
de
l’unité allemande, de la prépondérance de l’intérêt allemand sur les
418
t, qu’elle n’a pas. Le sens de l’unité allemande,
de
la prépondérance de l’intérêt allemand sur les intérêts de classe, et
419
Le sens de l’unité allemande, de la prépondérance
de
l’intérêt allemand sur les intérêts de classe, et sur tout intérêt pr
420
pondérance de l’intérêt allemand sur les intérêts
de
classe, et sur tout intérêt privé. Voilà la grande révolution, dans u
421
térieure d’une part, et la séparation des classes
de
l’autre, étaient les vrais fondements des mœurs. Seulement, il y a ce
422
its du citoyen, tandis que le second ne parle que
de
ses devoirs. Serais-je déjà contaminé par l’optimisme de commande en
423
evoirs. Serais-je déjà contaminé par l’optimisme
de
commande en ce pays ? Je me dis parfois que si l’on parvient à éviter
424
? Je me dis parfois que si l’on parvient à éviter
de
nouveaux conflits armés, il se peut que l’hitlérisme apparaisse aux y
425
premières conditions, qui sont le sens vulgarisé
de
l’État et le sens du service social. Staline proclame une religion du
426
lus paresseux des hommes ; Mussolini une religion
de
l’Empire, et c’est à peine si les Italiens avaient jamais été une nat
427
aient jamais été une nation ; Hitler une religion
de
l’État, et les Allemands l’apprennent péniblement, avec un pédantisme
428
athétique… N’allons pas faire, nous, une religion
de
la Liberté ! Ce serait le signe que nous en perdons le goût et l’usag
429
t 1933, sa vie était impossible : grèves, menaces
de
mort de la part des extrémistes, discussions épuisantes avec le syndi
430
nt, plus rien n’est libre, mais tout marche. Plus
de
discussions. Le « Führer d’entreprise » n’a pas le droit de renvoyer
431
ais tout marche. Plus de discussions. Le « Führer
d’
entreprise » n’a pas le droit de renvoyer ses ouvriers, mais ceux-ci n
432
ions. Le « Führer d’entreprise » n’a pas le droit
de
renvoyer ses ouvriers, mais ceux-ci n’ont pas le droit de se mettre e
433
yer ses ouvriers, mais ceux-ci n’ont pas le droit
de
se mettre en grève. La paix sociale a été obtenue par la fixation des
434
r la fixation des devoirs réciproques à un niveau
de
justice fort médiocre, mais stable. — En somme, vous êtes content ? I
435
? Il sourit, hausse un peu les épaules, fait oui
de
la tête. Demain, il doit partir pour un Schulungslager (camp d’éducat
436
main, il doit partir pour un Schulungslager (camp
d’
éducation sociale). Ça ne l’enchante pas. Je le revois trois semaines
437
s confortables. J’avais pour compagnon un ouvrier
de
mon usine. On apprend à se connaître en partageant la même chambre. N
438
rtageant la même chambre. Nous suivions des cours
de
politique et d’économie. Nous chantions ensemble. On nous interrogeai
439
chambre. Nous suivions des cours de politique et
d’
économie. Nous chantions ensemble. On nous interrogeait. La plupart de
440
enton… Un « opposant ». — Je me promène avec un
de
mes étudiants. Il est déjà doktor phil., et il voudrait se perfection
441
en attendant une situation. Il craint d’ailleurs
de
n’en point trouver, n’étant pas du Parti. Il a fait beaucoup de psych
442
plus croire à rien. » Maintenant il est disciple
de
Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de l’homme… Le régi
443
Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil
de
l’homme… Le régime le dégoûte et le repousse. C’est la dictature des
444
n dit, l’autre jour : les hommes qui avaient plus
de
vingt ans en 1933 ne comprendront jamais les temps nouveaux. Il prépa
445
e il aime Barrès, cela le rassure. C’est une voie
d’
approche, un compromis avec le régime détesté. (Note de 1938 : cet étu
446
roche, un compromis avec le régime détesté. (Note
de
1938 : cet étudiant vient d’entrer dans le Parti.) Parents et enfan
447
égime détesté. (Note de 1938 : cet étudiant vient
d’
entrer dans le Parti.) Parents et enfants. — Déjeuner chez un avocat
448
hez un avocat. Madame se plaint : « Il n’y a plus
de
vie de famille possible, avec ce système. Tous les soirs, deux de mes
449
avocat. Madame se plaint : « Il n’y a plus de vie
de
famille possible, avec ce système. Tous les soirs, deux de mes enfant
450
e possible, avec ce système. Tous les soirs, deux
de
mes enfants sur trois sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans
451
Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est Führerin
d’
un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux fois par semain
452
lle aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’un groupe
de
jeunes filles qu’elle doit commander deux fois par semaine : gymnasti
453
e et culture politique. De plus, elle a la charge
de
trouver des places pour ses subordonnées, de s’occuper des secours à
454
arge de trouver des places pour ses subordonnées,
de
s’occuper des secours à donner aux plus pauvres, de les visiter quand
455
s’occuper des secours à donner aux plus pauvres,
de
les visiter quand elles sont malades (c’est un contrôle), et même, c’
456
ontrôle), et même, c’est arrivé une ou deux fois,
de
régler des questions très délicates, enfants naturels, etc., vous me
457
nous voulions empêcher notre fils, qui a 15 ans,
de
sortir un soir qu’il est un peu malade, par exemple, nous risquerions
458
ur un adolescent, c’est tout ce qui ne dépend pas
de
la famille, fut-ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle soit extér
459
Je ne dirai plus que le « fascisme » tue l’esprit
d’
initiative. C’est le contraire. Comparez la jeune Führerin à une jeune
460
rrain. Contraindre, ce serait peu. Mais s’emparer
de
la liberté même des jeunes, voilà le totalitarisme. Un communiste.
461
’est un dur. Chômeur depuis sept ans. Ancien chef
d’
une Kameradschaft (compagnie de miliciens rouges). Irréductible, il me
462
t ans. Ancien chef d’une Kameradschaft (compagnie
de
miliciens rouges). Irréductible, il me l’affirme solennellement. Mais
463
Maintenant nous voulons du travail et notre tasse
de
café au lait le matin. Qu’on nous donne ça, Hitler ou un autre, ça su
464
itique n’intéresse pas les ouvriers quand ils ont
de
quoi manger et travailler. Hitler ? Il n’a qu’à appliquer son program
465
n’attaquant pas tout de suite la religion… » Tout
d’
un coup il se lève de son tabouret et avec un grand geste, le doigt po
466
de suite la religion… » Tout d’un coup il se lève
de
son tabouret et avec un grand geste, le doigt pointé en l’air : « Je
467
seul… » II. — Le fait central J’en étais là
de
mes étonnements. Je collectionnais des observations de détail et des
468
s étonnements. Je collectionnais des observations
de
détail et des interprétations théoriques, vraies et vraisemblables un
469
gés français-moyen, comme s’ils ne sentaient rien
de
ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ils ne sentaient pas ce je ne
470
’ils ne sentaient rien de ce qui se vivait autour
d’
eux, comme s’ils ne sentaient pas ce je ne sais quoi dans l’atmosphère
471
aisait que toutes les descriptions « objectives »
de
nos journalistes paraissaient, lues d’ici, décrire un monde factice,
472
à ce moment. C’est alors que se produisit le coup
d’
audace du 7 mars, l’occupation de la Rhénanie par la Reichswehr. Deux
473
roduisit le coup d’audace du 7 mars, l’occupation
de
la Rhénanie par la Reichswehr. Deux jours plus tard, des affiches rou
474
mars 1936. Une cérémonie sacrée. — Trois heures
de
l’après-midi, dans un café près de l’Opéra. Je dis à mon compagnon, l
475
ne formule grandiloquente pour désigner l’absence
d’
âme personnelle chez les individus charriés par les mouvements mécaniq
476
individus charriés par les mouvements mécaniques
d’
une foule ? L. hoche la tête : — Allez écouter le Führer, nous en repa
477
! Du seuil du café, l’on aperçoit toute la place
de
l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. L
478
aperçoit toute la place de l’Opéra. Des milliers
de
SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au balco
479
toute la place de l’Opéra. Des milliers de SA et
de
SS y sont déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au balcon à 11 he
480
e bougeront pas. Je me perds dans des labyrinthes
de
barrages jusqu’aux abords de la Festhalle — tout un peuple campe alen
481
dans des labyrinthes de barrages jusqu’aux abords
de
la Festhalle — tout un peuple campe alentour, depuis le matin — et je
482
rai très bien la tribune, qui se dresse au centre
de
l’ovale, comme une tour carrée, tendue de rouge et violemment éclairé
483
centre de l’ovale, comme une tour carrée, tendue
de
rouge et violemment éclairée par des projecteurs convergents. Des mas
484
lerie, les visages indistincts. Immense roulement
de
tambour, rarement interrompu par une fanfare. On attend, on se serre
485
se serre de plus en plus. Des formations du front
de
travail viennent occuper les couloirs, la pelle sur l’épaule. Les aff
486
ent un appel général du Parti, dans les 45 salles
de
la ville, pour la même heure. Avec tout ce que les trains spéciaux on
487
iaux ont déversé depuis la veille dans cette cité
de
700 000 habitants, et les autocars, et l’afflux des campagnards venus
488
es campagnards venus à pied, il y aura un million
d’
auditeurs immédiats. Quelques femmes s’évanouissent, on les emporte, e
489
du Reich apparaissent, annoncés par les clameurs
de
l’extérieur. Goering, Blomberg, des généraux, salués par des heil joy
490
néraux, salués par des heil joyeux. Le gouverneur
de
la province nasille des lieux communs, mal écouté. Je suis debout, ma
491
ce que cela vaut la peine ? Mais voici une rumeur
de
marée, des trompettes au-dehors. Toutes les lumières s’éteignent dans
492
orte à la hauteur des premières galeries. Un coup
de
projecteur fait apparaître sur le seuil un petit homme en brun, tête
493
e mille hommes, quarante mille bras se sont levés
d’
un coup. L’homme avance très lentement, saluant d’un geste lent, épisc
494
d’un coup. L’homme avance très lentement, saluant
d’
un geste lent, épiscopal, sous un tonnerre assourdissant de heil rythm
495
e lent, épiscopal, sous un tonnerre assourdissant
de
heil rythmés. (Je n’entends bientôt plus que les cris rauques de mes
496
. (Je n’entends bientôt plus que les cris rauques
de
mes voisins.) Pas à pas il s’avance, il accueille l’hommage, le long
497
peut se comprendre que par une sorte particulière
de
frisson et de battement de cœur — cependant que l’esprit demeure luci
498
ndre que par une sorte particulière de frisson et
de
battement de cœur — cependant que l’esprit demeure lucide. Ce que j’é
499
une sorte particulière de frisson et de battement
de
cœur — cependant que l’esprit demeure lucide. Ce que j’éprouve mainte
500
eler l’horreur sacrée. Je me croyais à un meeting
de
masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’i
501
urgie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale
d’
une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec
502
as, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus
de
puissance même physique, que tous ces corps horriblement tendus. Je s
503
talitaires. Évidemment, il sera toujours possible
d’
invoquer les lois économiques, les forces relatives des partis et des
504
classes avant 1933, les circonstances politiques
de
l’Europe, le traité de Versailles, la décomposition des gauches, le d
505
s circonstances politiques de l’Europe, le traité
de
Versailles, la décomposition des gauches, le double jeu du grand capi
506
tre Hitler : tout cela est bel et bon, et fournit
de
la copie aux marxistes et aux libéraux. À les lire, on conçoit très b
507
-dire à une description. Et dès lors qu’il s’agit
de
phénomènes aussi complexes, on n’a pas de mal à faire « coller » cett
508
s’agit de phénomènes aussi complexes, on n’a pas
de
mal à faire « coller » cette description avec telle doctrine qu’on vo
509
tion avec telle doctrine qu’on voudra : il suffit
de
choisir ses exemples. Mais ce qu’on laisse toujours échapper, c’est l
510
qu’on laisse toujours échapper, c’est le principe
d’
actualisation des phénomènes, ou si j’ose dire : c’est la grâce effica
511
: c’est la grâce efficace. Les choses ont tourné
de
telle sorte ; et l’on explique au nom d’une doctrine convenablement r
512
ment réadaptée, qu’elles ne pouvaient tourner que
de
cette sorte. Voilà pourquoi votre fille est muette. Les mêmes théoric
513
nalistes. Tyrannie, disent les démocrates. Autant
de
mots vides ou de mensonges pour les fidèles du culte allemand. Il ne
514
e, disent les démocrates. Autant de mots vides ou
de
mensonges pour les fidèles du culte allemand. Il ne s’agit ici que de
515
s fidèles du culte allemand. Il ne s’agit ici que
de
religion. Ce n’est pas pour défendre le capitalisme que les mineurs d
516
pas pour défendre le capitalisme que les mineurs
de
la Sarre ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’est pas en pa
517
ttachement au IIIe Reich. Ce n’est pas en parlant
d’
hystérie qu’on peut comprendre le phénomène fondamental de la reconstr
518
ie qu’on peut comprendre le phénomène fondamental
de
la reconstruction d’une communauté autour d’un sentiment « sacré ». E
519
dre le phénomène fondamental de la reconstruction
d’
une communauté autour d’un sentiment « sacré ». Et ce n’est pas la soi
520
ntal de la reconstruction d’une communauté autour
d’
un sentiment « sacré ». Et ce n’est pas la soif d’une tyrannie, au sen
521
d’un sentiment « sacré ». Et ce n’est pas la soif
d’
une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté l’Autriche dans l
522
soit, sur les masses décomposées par des siècles
d’
individualisme. Dans une société où tous les liens originels sont diss
523
nt plus au peuple et aux élites que sous l’aspect
de
survivances sociales ; où les classes nées du développement économiqu
524
dividus n’ont en commun que l’argent ou le défaut
d’
argent ; où les partis se multiplient et s’entredéchirent au hasard d’
525
rtis se multiplient et s’entredéchirent au hasard
d’
un jeu politique de surface ; où les élites parlent un langage que les
526
et s’entredéchirent au hasard d’un jeu politique
de
surface ; où les élites parlent un langage que les masses sont en mes
527
parlent un langage que les masses sont en mesure
d’
entendre, mais non pas de comprendre ; où l’État devient le seul repré
528
es masses sont en mesure d’entendre, mais non pas
de
comprendre ; où l’État devient le seul représentant du bien commun, m
529
n, mais ne se manifeste plus que par les feuilles
d’
impôt, l’armée et la police ; où tout principe d’union sociale et spir
530
d’impôt, l’armée et la police ; où tout principe
d’
union sociale et spirituelle, toute commune mesure a disparu, — il est
531
répande dans les masses et que s’installe au cœur
de
chaque individu une angoisse, — d’où naît un appel. C’est à ce formid
532
stalle au cœur de chaque individu une angoisse, —
d’
où naît un appel. C’est à ce formidable appel des peuples vers un prin
533
ce formidable appel des peuples vers un principe
d’
union, donc vers une religion, que les dictateurs ont su répondre. Tou
534
épondre. Tout le reste est littérature, bavardage
de
théoriciens, ou ce qui est pire, de « réalistes ». L’auteur de cet ar
535
re, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire,
de
« réalistes ». L’auteur de cet article a reçu récemment d’Allemagne (
536
s, ou ce qui est pire, de « réalistes ». L’auteur
de
cet article a reçu récemment d’Allemagne (janvier 1938) une lettre qu
537
istes ». L’auteur de cet article a reçu récemment
d’
Allemagne (janvier 1938) une lettre qui résume tout ceci. Elle est d’u
538
r 1938) une lettre qui résume tout ceci. Elle est
d’
un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de ses livres
539
e national-socialiste qui, ayant lu par hasard un
de
ses livres, entreprend de réfuter les critiques qui s’y trouvent form
540
ayant lu par hasard un de ses livres, entreprend
de
réfuter les critiques qui s’y trouvent formulées à l’endroit du régim
541
en. Il explique tout d’abord que ce régime est né
de
la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et il
542
que ce régime est né de la pauvreté et du malheur
de
son pays, — ce qui est très juste. Et il ajoute : Mais la pauvreté e
543
que des phénomènes extérieurs. La raison profonde
d’
un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à
544
ants à celui qui nous apportait cette possibilité
de
croire. Le christianisme, probablement par la faute de ses ministres,
545
satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin
de
croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du
546
it plus depuis bien longtemps au besoin de croire
de
la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple all
547
es, carence du christianisme, appel irrationnel à
de
nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première
548
ianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons
de
vivre, volonté angoissée de croire à la première qui se présente — fû
549
de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée
de
croire à la première qui se présente — fût-elle aussi invraisemblable
550
-elle aussi invraisemblable que « l’immortalité »
d’
un peuple — on ne peut pas exprimer d’une manière plus précise et rama
551
mortalité » d’un peuple — on ne peut pas exprimer
d’
une manière plus précise et ramassée la nature proprement religieuse d
552
nent fréquemment ce propos : « Tout n’est pas mal
de
ce qui se fait là-bas. Il y a bien des choses à y prendre. » Certes,
553
t régner la paix sociale. Il y avait six millions
de
chômeurs en 1933, tandis qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La dig
554
millions de chômeurs en 1933, tandis qu’on manque
de
main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation est rétablie. L’autorit
555
qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La dignité
de
la nation est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sau
556
eaucoup de braves gens croient trouver un terrain
d’
entente avec les dictatures qu’ils condamnent en principe. C’est ainsi
557
r petite contribution, toute bénévole, à l’effort
de
la propagande totalitaire dans nos pays. Ils le font sans malice, et
558
pieusement son petit fagot au bûcher du supplice
de
Jean Huss : ce que voyant, le martyr prononça : O sancta simplicitas
559
régime pour l’admirer isolément, ou pour essayer
de
l’imiter. C’est une belle ironie sur le libéralisme impénitent que ce
560
libéralisme impénitent que cette manière libérale
de
« rendre justice » au totalitarisme. Comme si le mot totalitaire ne s
561
en être détaché sous peine de perdre toute espèce
de
sens ! Croit-on que l’ordre social qu’on admire en Allemagne puisse ê
562
st simplement la suppression brutale et militaire
de
toute expression libre des antagonismes qui chez nous sont encore la
563
es faibles ? Que l’unanimité des ouvriers résulte
de
la mise au pas des syndicats ? Que tout cela n’est devenu possible qu
564
e tout cela n’est devenu possible que par le fait
d’
une complicité quasi universelle et inconsciente, fût-ce de la part de
565
pposants ? Que cette complicité elle-même procède
d’
une angoisse religieuse plus puissante que toutes les « raisons », que
566
end par rapport au mouvement total, à la religion
de
la nation, et au contenu de cette religion, la volonté collective de
567
total, à la religion de la nation, et au contenu
de
cette religion, la volonté collective de puissance ? Devant cette vol
568
contenu de cette religion, la volonté collective
de
puissance ? Devant cette volonté religieuse, toutes les résistances o
569
tionale ouvrière s’est effondrée sans faire usage
de
ses armes. Le capital est en bonne voie d’étatisation sans douleur. I
570
usage de ses armes. Le capital est en bonne voie
d’
étatisation sans douleur. Idéalisme et réalisme ont fait faillite. Le
571
e confessionnelle ; c’est-à-dire qu’à la religion
de
la nation et de la Race ne s’oppose plus que la foi proprement dite :
572
e ; c’est-à-dire qu’à la religion de la nation et
de
la Race ne s’oppose plus que la foi proprement dite : contre-épreuve
573
ite : contre-épreuve du diagnostic que l’on vient
d’
esquisser. IV. — Perspectives À Berlin, les milieux qui se disen
574
précise des pouvoirs du Führer, une consolidation
de
son prestige. On ne voit aucune raison pour qu’Hitler tombe. Mais on
575
er tombe. Mais on ne voit pas beaucoup de raisons
de
douter que son régime ne conduise à la guerre. Non pas que les chefs
576
uissant, ce qui commande tout, c’est le mécanisme
de
la dictature totalitaire, c’est la structure du régime. Or, la struct
577
e, c’est la structure du régime. Or, la structure
de
l’État totalitaire — quelle que soit sa doctrine — c’est l’état de gu
578
aire — quelle que soit sa doctrine — c’est l’état
de
guerre. Tout ce que l’on fait là-bas se fait au nom de l’union sacrée
579
t là-bas se fait au nom de l’union sacrée, morale
de
guerre ; et toutes les mesures d’oppression sont « joyeusement accept
580
sacrée, morale de guerre ; et toutes les mesures
d’
oppression sont « joyeusement acceptées » pour peu que l’union sacrée
581
sacrée les légitime. Ils ont des canons, mais pas
de
beurre, dit-on en France d’un air malin. On oublie que le mot est de
582
des canons, mais pas de beurre, dit-on en France
d’
un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-même. « Du beurr
583
n France d’un air malin. On oublie que le mot est
de
Goering lui-même. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan de la
584
ême. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan
de
la propagande nazie, et qui déchaîne régulièrement l’enthousiasme des
585
nons. Ces foules peuvent très bien être composées
de
pacifistes. Cela n’a aucune importance. Car ce qui compte, c’est la N
586
on, pratiquement c’est l’État. Et cet État est né
de
la guerre ; il y prépare du simple fait que ses conditions d’existenc
587
; il y prépare du simple fait que ses conditions
d’
existence sont celles d’une mobilisation ; il compte à chaque instant
588
e fait que ses conditions d’existence sont celles
d’
une mobilisation ; il compte à chaque instant avec l’éventualité d’une
589
n ; il compte à chaque instant avec l’éventualité
d’
une guerre, et il y puise sa force de cohésion. Quelle que soit donc l
590
’éventualité d’une guerre, et il y puise sa force
de
cohésion. Quelle que soit donc la volonté consciente et avouée du Füh
591
te et avouée du Führer et du peuple, il n’y a pas
de
raison de penser que l’aventure puisse bien finir. Tout se ramène don
592
ée du Führer et du peuple, il n’y a pas de raison
de
penser que l’aventure puisse bien finir. Tout se ramène donc, pour no
593
ir. Tout se ramène donc, pour nous, à un problème
de
force. Mais non pas de forces pour « gagner » la guerre : car toute g
594
, pour nous, à un problème de force. Mais non pas
de
forces pour « gagner » la guerre : car toute guerre engagée avec les
595
e soit son issue, pour les nations démocratiques.
D’
une guerre totale, telle que nous imposerait l’Allemagne, ne peut sort
596
eut sortir qu’un État totalitaire. Il s’agit donc
d’
empêcher cette guerre, de se montrer assez forts pour l’empêcher, et d
597
alitaire. Il s’agit donc d’empêcher cette guerre,
de
se montrer assez forts pour l’empêcher, et de condamner ainsi le régi
598
re, de se montrer assez forts pour l’empêcher, et
de
condamner ainsi le régime adverse à une autodestruction de ses énergi
599
ner ainsi le régime adverse à une autodestruction
de
ses énergies belliqueuses. Or, se montrer fort, ce n’est pas s’armer
600
dents. Réagir au péril totalitaire par des plans
de
« réarmement », c’est introduire chez nous le Cheval de Troie. Car po
601
éarmement », c’est introduire chez nous le Cheval
de
Troie. Car pour s’armer autant que l’adversaire, il faudrait imposer
602
y réussisse, on se trouverait encore en arrière :
de
deux grands pays également surarmés, c’est celui qui dispose de la pl
603
pays également surarmés, c’est celui qui dispose
de
la plus forte mystique qui doit fatalement triompher. Et en s’armant
604
t ses meilleures forces morales ; sa « mystique »
de
la liberté. Il n’y a de solution pratique que dans un vaste effort mo
605
morales ; sa « mystique » de la liberté. Il n’y a
de
solution pratique que dans un vaste effort moral des grandes et des p
606
er une foi qui ne soit pas cette volonté anxieuse
de
croire à la Nation… Le seul problème pratique, sérieux, urgent et rée
607
s individus isolés, et l’appel religieux qui naît
de
cette angoisse — même s’il est encore inconscient. Toute la question
608
’il est encore inconscient. Toute la question est
de
savoir si nous saurons mettre à profit pour le résoudre le délai que
609
uation matérielle supportable, et quelques restes
de
traditions civiques. 3. Pour le semestre d’été, je fus autorisé à
610
es de traditions civiques. 3. Pour le semestre
d’
été, je fus autorisé à choisir comme sujet de cours : la littérature d
611
stre d’été, je fus autorisé à choisir comme sujet
de
cours : la littérature de la Révolution française. Je m’appliquai à d
612
é à choisir comme sujet de cours : la littérature
de
la Révolution française. Je m’appliquai à démontrer que le national-s
613
nd ; même esprit centralisateur ; même exaltation
de
la nation considérée comme missionnaire d’une idée ; même goût des fê
614
tation de la nation considérée comme missionnaire
d’
une idée ; même goût des fêtes symboliques données par l’État dans l’i
615
’intention — avouée par le conventionnel Cloots —
de
discipliner les esprits ; mêmes tentatives pour instaurer une religio
616
s » et « divisées ». Il faut créer une « religion
d’
hommes sans Dieu », disait Naigeon, une « foi concrète et patriotique
617
ncerté… Mais de la part d’un étranger, on accepte
de
tels écarts. Grande différence avec le régime russe. f. Rougemont D
618
érence avec le régime russe. f. Rougemont Denis
de
, « Vues sur le national-socialisme », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1
619
Faire le jeu
d’
Hitler (1er janvier 1939)g Au cours de l’été dernier, et devant la
620
ier, et devant la menace hitlérienne, un écrivain
de
nos amis se sentit pressé de parler, non point pour appeler les démoc
621
érienne, un écrivain de nos amis se sentit pressé
de
parler, non point pour appeler les démocrates aux armes, mais simplem
622
mais simplement pour leur montrer, dans la mesure
de
ses moyens, quelle était la réalité de la menace. Il connaissait le I
623
la mesure de ses moyens, quelle était la réalité
de
la menace. Il connaissait le IIIe Reich pour y avoir vécu un an. Il e
624
r vécu un an. Il estimait que dans l’intérêt même
d’
une défense efficace, il importait de faire connaître la nature de l’a
625
intérêt même d’une défense efficace, il importait
de
faire connaître la nature de l’attaque qui se préparait, et donc la f
626
ficace, il importait de faire connaître la nature
de
l’attaque qui se préparait, et donc la force autant que la faiblesse
627
éparait, et donc la force autant que la faiblesse
de
l’adversaire. Il écrivait à ce sujet (dans un langage qui, selon lui,
628
langage qui, selon lui, ne devait point permettre
d’
équivoque) : « Un général qui étudie le terrain de sa bataille décisiv
629
d’équivoque) : « Un général qui étudie le terrain
de
sa bataille décisive n’est pas précisément ce qu’on nomme impartial,
630
ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable
d’
estimer objectivement les forces en présence, il ferait mieux de s’occ
631
ctivement les forces en présence, il ferait mieux
de
s’occuper de politique. » Il montrait donc, « objectivement », ce qu’
632
forces en présence, il ferait mieux de s’occuper
de
politique. » Il montrait donc, « objectivement », ce qu’il y a de bon
633
Il montrait donc, « objectivement », ce qu’il y a
de
bon et ce qu’il y a de mauvais dans l’hitlérisme. Et concluait sur un
634
ectivement », ce qu’il y a de bon et ce qu’il y a
de
mauvais dans l’hitlérisme. Et concluait sur une pressante mise en gar
635
t être objectif », il « faisait en réalité le jeu
d’
Hitler ». Cette petite aventure nous apparaît révélatrice d’un état d’
636
. Cette petite aventure nous apparaît révélatrice
d’
un état d’esprit dont la seule existence suffit à justifier l’effort d
637
nt la seule existence suffit à justifier l’effort
de
nos Cahiers. ⁂ Qu’une « prise de parti » efficace suppose nécessairem
638
stifier l’effort de nos Cahiers. ⁂ Qu’une « prise
de
parti » efficace suppose nécessairement et avant tout la connaissance
639
omment se peut-il, en général, qu’un homme refuse
de
voir ce qui est ? Et en particulier : comment se peut-il que, délibér
640
récuser les témoins « objectifs » en les accusant
de
« complicité » ? La réponse est fournie par la psychologie courante
641
réponse est fournie par la psychologie courante
de
l’enfance. J’interdis à mon fils, âgé de trois, ans, de s’approcher d
642
ourante de l’enfance. J’interdis à mon fils, âgé
de
trois, ans, de s’approcher du feu. Il s’en approche, naturellement.
643
nfance. J’interdis à mon fils, âgé de trois, ans,
de
s’approcher du feu. Il s’en approche, naturellement. Je lui dis : «
644
avec certains « antifascistes » dès que j’essaie
de
les avertir de ce qui se passe en Allemagne. Je leur expose des faits
645
« antifascistes » dès que j’essaie de les avertir
de
ce qui se passe en Allemagne. Je leur expose des faits « bons » ou «
646
st parce qu’il n’ose ni ne peut dire : j’ai envie
de
toucher le feu bien que je sache qu’il brûle. Cette contradiction ins
647
nsonge (le feu ne brûle pas), et par un transfert
de
la « méchanceté » du feu sur celui qui en avertit. Refuser de reconna
648
anceté » du feu sur celui qui en avertit. Refuser
de
reconnaître les faits (mensonge) et accuser celui qui les décrit d’êt
649
faits (mensonge) et accuser celui qui les décrit
d’
être complice de leur menace (transfert), tel est le mécanisme régulie
650
) et accuser celui qui les décrit d’être complice
de
leur menace (transfert), tel est le mécanisme régulier qui trahit la
651
est le mécanisme régulier qui trahit la présence
d’
une passion inavouable. Dans un monde comme le nôtre, où si peu d’homm
652
avouable. Dans un monde comme le nôtre, où si peu
d’
hommes connaissent leur vraie croyance et leurs vrais désirs, il est f
653
este, je suis certain que son auteur est la proie
d’
une passion inavouable — à ses propres yeux — pour la réalité qu’il m
654
s propres yeux — pour la réalité qu’il m’interdit
d’
examiner. Je prétends donc que les antifascistes « aveugles » sont des
655
orent. ⁂ Quelle est, en effet, la caractéristique
de
toute mentalité « totalitaire » ? C’est le refus de discuter. Et de l
656
toute mentalité « totalitaire » ? C’est le refus
de
discuter. Et de là vient le terrorisme. La Terreur (jacobine, bolchév
657
« totalitaire » ? C’est le refus de discuter. Et
de
là vient le terrorisme. La Terreur (jacobine, bolchéviste ou fasciste
658
ême des opposants, ne manifestent pas une volonté
de
soumission aveugle et joyeuse aux mots d’ordre du Parti. Plus encore
659
qu’on soupçonne, bien qu’adhérents enthousiastes,
de
demeurer capables d’un jugement personnel. Puis : ceux qui n’ont pas
660
qu’adhérents enthousiastes, de demeurer capables
d’
un jugement personnel. Puis : ceux qui n’ont pas donné assez de preuve
661
personnel. Puis : ceux qui n’ont pas donné assez
de
preuves du contraire. Et finalement, tous ceux qui se « distinguent »
662
qui se « distinguent » par quelque trait marqué,
de
n’importe quelle nature, fût-ce même par leur orthodoxie trop rigoure
663
ette la suspicion. Or, c’est ce trait fondamental
de
la mentalité totalitaire que je retrouve dans les écrits et les propo
664
ire que je retrouve dans les écrits et les propos
de
certains de nos « antifascistes ». Ceux qui jugent la tendance suppos
665
etrouve dans les écrits et les propos de certains
de
nos « antifascistes ». Ceux qui jugent la tendance supposée, non le f
666
le fait, se trouvent participer, d’ores et déjà,
de
l’état d’esprit fasciste qu’ils s’imaginent combattre. Pourquoi refus
667
’ils s’imaginent combattre. Pourquoi refusent-ils
de
s’informer objectivement sur le fascisme ? Parce qu’ils pressentent q
668
complexe, et qu’elle introduit donc la nécessité
de
distinguer avant de juger ; c’est-à-dire la nécessité de discuter et
669
inguer avant de juger ; c’est-à-dire la nécessité
de
discuter et de déclarer ses critères. Et je précise : non de discuter
670
juger ; c’est-à-dire la nécessité de discuter et
de
déclarer ses critères. Et je précise : non de discuter pour éluder la
671
et de déclarer ses critères. Et je précise : non
de
discuter pour éluder la prise de parti, mais au contraire pour situer
672
je précise : non de discuter pour éluder la prise
de
parti, mais au contraire pour situer cette prise de parti avec un max
673
parti, mais au contraire pour situer cette prise
de
parti avec un maximum d’efficience. S’ils étaient amenés à discuter,
674
pour situer cette prise de parti avec un maximum
d’
efficience. S’ils étaient amenés à discuter, par suite à donner les ra
675
amenés à discuter, par suite à donner les raisons
de
leur jugement, ils s’apercevraient qu’en réalité, ils sont tout près
676
tagent sinon toutes ses vues, du moins sa manière
de
voir la vie. (Ou à l’inverse : qu’ils sont très loin de leurs alliés.
677
ls sont très loin de leurs alliés.) Si les hommes
de
gauche, d’une part, et les hommes de droite d’autre part, acceptaient
678
i les hommes de gauche, d’une part, et les hommes
de
droite d’autre part, acceptaient de voir l’Allemagne telle qu’elle es
679
et les hommes de droite d’autre part, acceptaient
de
voir l’Allemagne telle qu’elle est, ils s’apercevraient que le social
680
remiers verraient s’effondrer la meilleure raison
de
leur refus de l’hitlérisme, tandis que les seconds verraient s’effond
681
ent s’effondrer la meilleure raison de leur refus
de
l’hitlérisme, tandis que les seconds verraient s’effondrer la seule r
682
raient s’effondrer la seule raison qu’ils avaient
d’
admirer Hitler, « rempart contre le bolchévisme ». Or, ils tiennent es
683
passion veut qu’il soit. Ils sont donc contraints
de
jeter la suspicion sur l’écrivain « objectif » qui leur rappelle les
684
ns ce cas. L’écrivain « objectif » se voit traité
d’
hitlérien par certains critiques de gauche, mais non pas de bolchéviqu
685
se voit traité d’hitlérien par certains critiques
de
gauche, mais non pas de bolchévique par les droites. Pour des raisons
686
en par certains critiques de gauche, mais non pas
de
bolchévique par les droites. Pour des raisons trop complexes à examin
687
en France, provisoirement et comme par accident,
d’
une plus grande liberté d’esprit que la gauche. (À de nombreuses excep
688
et comme par accident, d’une plus grande liberté
d’
esprit que la gauche. (À de nombreuses exceptions près, bien sûr. J’en
689
ne plus grande liberté d’esprit que la gauche. (À
de
nombreuses exceptions près, bien sûr. J’en citerais d’assez éclatante
690
mbreuses exceptions près, bien sûr. J’en citerais
d’
assez éclatantes des deux côtés.) ⁂ Si l’on veut conserver un sens à l
691
t conserver un sens à l’expression « faire le jeu
d’
Hitler », il me paraît indispensable de définir le jeu d’Hitler. Car s
692
ire le jeu d’Hitler », il me paraît indispensable
de
définir le jeu d’Hitler. Car sinon l’expression peut flétrir tout ce
693
r », il me paraît indispensable de définir le jeu
d’
Hitler. Car sinon l’expression peut flétrir tout ce que l’on veut et l
694
veut et le contraire aussi, Mussolini fait le jeu
d’
Hitler en l’appuyant, mais les communistes le font en poussant à la gu
695
t en poussant à la guerre, M. Flandin fait le jeu
d’
Hitler en le félicitant, mais Mme Tabouis le fait aussi en le calomnia
696
, mais Mme Tabouis le fait aussi en le calomniant
d’
une façon maladroite, etc. Quel est le jeu qu’il s’agit de ne pas fair
697
çon maladroite, etc. Quel est le jeu qu’il s’agit
de
ne pas faire ? Voici : Hitler est le symbole et l’instrument principa
698
: Hitler est le symbole et l’instrument principal
de
la mentalité totalitaire. Cette mentalité se définit par le refus de
699
alitaire. Cette mentalité se définit par le refus
de
reconnaître les faits gênants (donc de discuter objectivement) et par
700
r le refus de reconnaître les faits gênants (donc
de
discuter objectivement) et par la passion de condamner à priori des «
701
donc de discuter objectivement) et par la passion
de
condamner à priori des « tendances » supposées hostiles (passion créa
702
tendances » supposées hostiles (passion créatrice
de
têtes de Turcs et de boucs émissaires). Introduisez la discussion, vo
703
» supposées hostiles (passion créatrice de têtes
de
Turcs et de boucs émissaires). Introduisez la discussion, vous rendez
704
hostiles (passion créatrice de têtes de Turcs et
de
boucs émissaires). Introduisez la discussion, vous rendez impossible
705
totalitaire. Je revendique pour ma part le droit
de
discuter, et j’en fais même un devoir civique. Si vous me le conteste
706
fait. Je dirai que vous êtes profasciste, non pas
d’
intention mais de fait. Et je le dirai encore si vous me contestez le
707
e vous êtes profasciste, non pas d’intention mais
de
fait. Et je le dirai encore si vous me contestez le droit de discuter
708
je le dirai encore si vous me contestez le droit
de
discuter le fascisme lui-même. Car je prétends que ma meilleure arme
709
eilleure arme contre lui est justement ma faculté
de
distinguer ses forces et ses faiblesses « objectivement »4. Si vous m
710
il est. Car s’il l’admettait, il serait contraint
de
voir l’identité des actes qu’il reproche à Hitler, et des actes qu’il
711
t les chrétiens. Tous les deux privent le citoyen
de
ses libertés, etc. Le communiste me refuse le droit d’être objectif p
712
s libertés, etc. Le communiste me refuse le droit
d’
être objectif parce que, en l’étant, je démasque sa vraie passion, sa
713
sa passion inavouable, qui est identique à celle
de
son « adversaire ». Alors il dit que je suis très méchant… ⁂ Vous ête
714
s hitlérien ! — Non, c’est vous !… Comment sortir
de
ce dialogue puéril ? Simplement, en déclarant ses critères, et en acc
715
ntre ceux qui préconisent la bêtise comme méthode
d’
action, et ceux qui préfèrent l’intelligence. Ceci n’est pas une point
716
inte, mais une conclusion réfléchie. 4. Refuser
de
discuter Hitler, c’est le « tabouer », le considérer comme l’adversai
717
reux pour son mythe que les vociférations sacrées
de
quelques « antifascistes ». g. Rougemont Denis de, « Faire le jeu d
718
quelques « antifascistes ». g. Rougemont Denis
de
, « Faire le jeu d’Hitler », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 janvier 19
719
cistes ». g. Rougemont Denis de, « Faire le jeu
d’
Hitler », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 janvier 1939, p. 14-15.