1 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Violence et brutalité (1er juin 1937)
1 ation et une compréhension réciproques ne peuvent être fécondes que si elles réunissent des éléments réellement divers, c’es
2 les ou apparentés. La compréhension réciproque ne serait qu’une constatation pure et simple, une tautologie, une formalité enn
3 rer justement que les questions de vocabulaire ne sont ni simples ni indifférentes ; qu’elles sont mêlées à toutes nos activ
4 re ne sont ni simples ni indifférentes ; qu’elles sont mêlées à toutes nos activités, dans la mesure où la pensée y est mêlé
5 utes nos activités, dans la mesure où la pensée y est mêlée ; qu’elles entraînent et symbolisent à peu près toutes les « qu
6 es les « questions actuelles » ; bref, que rien n’ est plus immédiatement important pour « l’action » que la définition des
7 insi — entre autres — que le « pouvoir des mots » est réel. Peut-être dira-t-on qu’il n’est que trop réel : c’est que la pl
8 des mots » est réel. Peut-être dira-t-on qu’il n’ est que trop réel : c’est que la plupart des mots ont été vidés du sens —
9 que trop réel : c’est que la plupart des mots ont été vidés du sens — primitif ou secondaire — qu’une société et une cultur
10 s » ou « faux » selon le système de référence qui est en train de se constituer dans divers groupes. Les mots que nous étud
11 divers groupes. Les mots que nous étudions ici ne sont pas « vides » — le vocabulaire a horreur du vide — mais ils ont été m
12 — le vocabulaire a horreur du vide — mais ils ont été mal remplis, ou remplis au hasard, — et en tout cas, ils ont pris des
13 l faut reconnaître, tout d’abord, que la violence est généralement « mal vue » de la majorité des Français. (Mais c’est peu
14 e, justement, parce qu’on la regarde mal ?) On en est venu à assimiler violence à brutalité, à contrainte par la force maté
15 ire. J’en vois la principale raison dans ce qu’on est convenu d’appeler la morale bourgeoise, ou mieux : dans la conception
16 l’homme ; le besoin de sécurité. Mais ce besoin s’ est exagérément développé, et comme fixé, par suite des conditions partic
17 s des expressions telles que : « Cela ne peut pas être vrai : ce serait trop horrible » (c’est-à-dire : cela obligerait à en
18 ns telles que : « Cela ne peut pas être vrai : ce serait trop horrible » (c’est-à-dire : cela obligerait à envisager le monde
19 ps, les organismes de l’économie et de la culture sont devenus si complexes et délicats qu’on a l’impression que toute inter
20 ale : que les institutions ne durent qu’à force d’ être recréées, réinventées, reprises sans relâche à la base… Ayant peur de
21 sorte disqualifié la violence — car tout le monde est d’accord pour condamner la brutalité —, on se met à abuser du mot dan
22 traitant de « doctrine de violence ». Or, rien n’ est moins « violent » que la doctrine de Marx, rigoureusement évolutive e
23 doctrines de violence apparues dans notre époque sont celles de Nietzsche et de Georges Sorel : elles s’accordent au plus m
24 ans sa puissance active, libératrice. La violence est le fait même de l’esprit, j’entends de l’esprit créateur. Dès que l’e
25 terre, ou d’écrire un ouvrage dont la nécessité n’ est sentie tout d’abord que par l’auteur qui l’imposera. Tout acte créate
26 r de l’esprit — et c’est l’esprit seul qui crée — est une « transgression » des lois admises jusqu’alors : d’où le malaise
27 aise que crée naturellement cet acte, malaise qui est à l’origine de l’état d’esprit conservateur que nous décrivions tout
28 malaise, lié à l’euphorie du risque encouru, qui est le signe normal d’une création de l’esprit humain. Les époques de déc
29 tion de l’esprit humain. Les époques de décadence sont celles où l’on en vient à redouter par-dessus tout ce malaise (à le q
30 e l’esprit. Cette fausse « charité » sentimentale est nettement condamnée par l’Évangile : « Je ne suis pas venu apporter l
31 est nettement condamnée par l’Évangile : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » Et le terme même de viol
32 ndamner au nom de la « charité », se trouve avoir été glorifié par l’Évangile : Violenti rapiunt illud, le Royaume de Dieu
33 gile : Violenti rapiunt illud, le Royaume de Dieu est promis aux violents. Là encore, c’est l’influence de la morale bourge
34 soutiennent des polémistes ignorants. La violence étant le fait de l’esprit, elle se confond avec la liberté. C’est elle seul
35 , lorsque celles-ci ont cessé de le servir. Telle est l’origine du concept occidental de révolution. La révolution est touj
36 u concept occidental de révolution. La révolution est toujours spirituelle : elle est l’acte de l’homme qui rejette ses vie
37 on. La révolution est toujours spirituelle : elle est l’acte de l’homme qui rejette ses vieilles commodités, qui violente s
38 possibles nouveaux. La révolution ainsi comprise est aussi indispensable à la vie sociale que l’imagination l’est à la vie
39 ndispensable à la vie sociale que l’imagination l’ est à la vie individuelle. D’ailleurs, si la violence est libératrice, el
40 à la vie individuelle. D’ailleurs, si la violence est libératrice, elle n’est pas pour autant anarchique. Elle libère pour
41 ’ailleurs, si la violence est libératrice, elle n’ est pas pour autant anarchique. Elle libère pour construire, elle détruit
42 étruit pour ré-ordonner. Violence et construction sont si loin de s’opposer que j’y verrais plutôt deux synonymes. Reprenons
43 de la vraie création révolutionnaire : la pierre est élevée, c’est-à-dire « libérée » de la loi de pesanteur, puis elle es
44 ire « libérée » de la loi de pesanteur, puis elle est placée dans une « organisation » nouvelle, et tout cela s’opère en ve
45 violence de la brutalité, du simple fait qu’elles sont souvent liées. (Il y a peu de tons purs dans la vie.) La brutalité
46 ce, signe de l’esprit agissant, la brutalité peut être définie comme un aspect et un caractère avant tout matériels. Elle es
47 aspect et un caractère avant tout matériels. Elle est le fait d’une contrainte purement extérieure, donc incapable en soi d
48 nement, sans « signification » précise, — le sens étant toujours donné par l’esprit. Ôte-toi de là que je m’y mette, et je n’
49 a plus voyante, si je puis dire, de la brutalité, est fournie par les régimes totalitaires. La dictature totalitaire est la
50 es régimes totalitaires. La dictature totalitaire est la brutalité même, en ce qu’elle est fondée sur le principe de la con
51 totalitaire est la brutalité même, en ce qu’elle est fondée sur le principe de la contrainte par corps, — même lorsqu’il s
52 La libre manifestation des antagonismes réels lui est encore plus intolérable qu’elle ne l’était à l’ordre bourgeois. Aussi
53 éels lui est encore plus intolérable qu’elle ne l’ était à l’ordre bourgeois. Aussi se donne-t-elle pour première tâche de tue
54 rituelle inférieure, pour autant que la défensive est en principe inférieure à l’agressivité. Se méfier de la violence, avo
55 disposions contre la brutalité. La vraie violence est en définitive pacifiante : elle accepte les conflits, les fait mûrir
56 rmé lorsqu’il survient. Le destin des démocraties est lié à l’éducation ; celui des dictatures à la contrainte. Le seul moy
57 atrice de la violence. Que ceux qui pensent qu’il est déjà trop tard sachent qu’ils sont par là même les premiers à rendre
58 i pensent qu’il est déjà trop tard sachent qu’ils sont par là même les premiers à rendre le tyran fatal. 1. Ce qui a pu f
59 iques de Marx. Mais la dictature du prolétariat n’ est pour Marx que la riposte nécessaire du socialisme au capitalisme qui
60 yens brutaux. Pour le fond, la doctrine de Marx a été fort bien caractérisée comme celle d’un « évolutionniste brutal » (Ar
2 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Comment savoir à quoi ils pensent (Quelques remarques sur la méthode) (1er novembre 1937)
61 aise. Ces deux mouvements de défense et d’attaque sont prudemment dissimulés et confondus sous le vocable de curiosité. « Po
62 , par pure curiosité. » Au vrai, le mot curiosité est vide de sens, s’il ne recouvre pas cette crainte ou cette entreprise
63 stifiée d’ailleurs en tant que convention, rien n’ est moins innocent que la curiosité, rien n’est moins désintéressé dans s
64 ien n’est moins innocent que la curiosité, rien n’ est moins désintéressé dans ses mobiles. Sans doute une analyse un peu po
65 e, l’un au moins de ces intérêts fondamentaux que sont la défense ou l’attaque, et qui apparaissent dans leur belle nudité l
66 ssaire à laquelle doivent se livrer tous ceux qui sont soucieux, en politique ou en économie, d’adapter l’offre à la demande
67 mie, d’adapter l’offre à la demande. Mais ce peut être aussi un moyen efficace de se libérer des schémas démodés et des cari
68 qui atteignent ; et de se refaire un langage qui soit réellement entendu. Tout cela est assez évident, et justifie suffisam
69 un langage qui soit réellement entendu. Tout cela est assez évident, et justifie suffisamment notre rubrique. Il reste alor
70 a pas inventé la machine à lire les pensées, nous serons bien forcés de nous contenter de leur expression par le langage. À qu
71 donner une certaine consistance. Mais ce qui peut être vrai statistiquement ne l’est presque jamais dans le détail. Plus on
72 . Mais ce qui peut être vrai statistiquement ne l’ est presque jamais dans le détail. Plus on s’approche d’un groupement déf
73 t, si l’on y réfléchit, résume un drame. Ce drame est celui du langage dans notre société présente. Les mots que nous dison
74 à un rapprochement absurde. Il fait erreur. Nous sommes dans le Midi, où un sentiment obscur de latinité a survécu. Et épices
75 ces (d’où épicerie) et espèces (d’où spécialiste) sont le même mot. Tous deux remontent à species (latin). Les espèces, deve
76 à species (latin). Les espèces, devenues épices, étaient  : gingembre, muscade, cannelle, poivre. « Les quatre espèces » (épice
77 pèces » (épices). J’amenderais cette partie, si j’ étais l’auteur… D’où je déduirais que rien n’est simple, en ce domaine, ni
78 i j’étais l’auteur… D’où je déduirais que rien n’ est simple, en ce domaine, ni absurde malgré les apparences, mais que « c
79 nce presque surhumaine. Pour conclure quoi que ce soit de « ce qu’ils disent », il faut donc bien se résoudre à de grossière
80 ésoudre à de grossières approximations. Le danger serait alors d’ignorer qu’il ne s’agit que d’approximations, voire dans cert
81 saire de ma défunte mère. Le matin je me dis : qu’ est -ce qu’on va manger, ce jour ? Je n’avais pas grand-chose. Le père et
82 grand-chose. Le père et les deux fils disent : on est plus jeunes que toi, on va aller au travail, et toi tu iras à la pêch
83 pense avant tout, c’est au pain quotidien. » ⁂ Il est rare que le film d’une conversation, non retouché, offre une image si
84 non retouché, offre une image significative, tant soit peu claire. Cette absence de sens général et simple, cette espèce d’a
85 et simple, cette espèce d’absurdité, de décousu, est même ce qui garantit l’authenticité de la relation d’un entretien. Ma
86 ne saurait satisfaire entièrement au dessein qui est celui de notre rubrique : pour agir, ou simplement pour se préparer à
87 les généralisations banales et tendancieuses qui sont les vices de toute enquête. La signification des propos recueillis et
88 es propos recueillis et stylisés pouvant toujours être attribuée au parti pris de l’enquêteur. Entre ces deux écueils, le Ch
89 sque et la statistique, à ce niveau où le langage est suffisamment habituel pour que les petites déformations qu’il subit d
90 roupe donné deviennent aisément perceptibles : ce sont elles qui révèlent la vraie pensée du groupe. Nous en sommes là aujou
91 s qui révèlent la vraie pensée du groupe. Nous en sommes là aujourd’hui : tout le monde réclame la liberté, des libertés, et s
92 auche, à Moscou aussi bien qu’à Berlin. Mais ce n’ est plus que par l’intonation, l’élan, la mimique de l’homme qui émet ce
93 ce mot, s’il le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’il ne fait qu’y rêvasser machinalement. b. Rougemont Denis d
3 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Lectures dirigées dans le IIIe Reich (15 décembre 1937)
94 3. J’ajoute que la maison d’édition en question n’ est nullement spécialisée, au sens français et scientifique du terme. Tou
95 nçais et scientifique du terme. Tous ces ouvrages sont des essais de vulgarisation, bien plus que des manuels techniques ou
96 hniques ou des instruments de recherche. Du moins sont -ils présentés sous l’aspect le plus populaire. Et les chiffres de tir
97 pect le plus populaire. Et les chiffres de tirage sont significatifs à cet égard, même si l’on tient compte de la diffusion
98 tat (Hitler, Goebbels et Rosenberg). Il peut donc être intéressant de se reporter maintenant à un organe qui s’efforce de tr
4 1938, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Du danger de s’unir (15 avril 1938)
99 deux coups de poing, la France, un mois durant, s’ est énervée à discourir sur sa désunion. J’entends bien que tout le monde
100 son programme, c’est que, de part et d’autre, on est très fermement décidé à ne pas s’unir. Cette double hypocrisie est sa
101 t décidé à ne pas s’unir. Cette double hypocrisie est sans doute un hommage que l’esprit partisan rend à l’union sacrée. Ma
102 paraît le plus dangereux dans cette affaire, ce n’ est pas l’hypocrisie ni l’esprit partisan, c’est l’hommage et l’union sac
103 , c’est l’hommage et l’union sacrée. L’hypocrisie est trop grossière pour tromper, et l’esprit partisan est comme déconcert
104 trop grossière pour tromper, et l’esprit partisan est comme déconcerté par ses propres excès. Mais cette fausse vertu qu’on
105 l’on finisse par la vouloir et par la faire. ⁂ Il est vrai qu’on n’en est encore qu’à s’en servir comme d’un prétexte pour
106 vouloir et par la faire. ⁂ Il est vrai qu’on n’en est encore qu’à s’en servir comme d’un prétexte pour légitimer des coups
107 autre d’intervenir pour appliquer la loi dont ils sont les auteurs. L’habitude de la non-intervention se prend décidément tr
108 aliste, elle soutient Franco, agent d’Hitler, qui est un ennemi, et elle attaque Thorez, agent de Staline, qui est un allié
109 mi, et elle attaque Thorez, agent de Staline, qui est un allié. Cet ensemble de faits pose une alternative : ou bien tout l
110 aits pose une alternative : ou bien tout le monde est devenu fou, c’est-à-dire fait le contraire de ce qu’il veut faire ; o
111 , et alors tout s’explique aisément. ⁂ Or, ce qui est le plus à redouter, ce n’est pas tant qu’on triche sous prétexte d’un
112 sément. ⁂ Or, ce qui est le plus à redouter, ce n’ est pas tant qu’on triche sous prétexte d’union, mais bien que las de ces
113 ement, — à jouer le jeu de l’union sacrée. Ce qui est grave, ce qu’il faut redouter, c’est que le désir de riposter au coup
114 liticiens pour estimer que leur programme d’union est celui qui supprime les problèmes au lieu d’essayer de les résoudre, e
115 ésirables ; évacuation des usines. C’est tout. Il est vrai que ces quatre négations couvrent une implicite affirmation, qui
116 négations couvrent une implicite affirmation, qui est celle du réarmement à outrance, et même au-delà. Mais la presse n’en
117 re et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons d’ être , et armons-nous pour sauver le reste. Hitler menace la paix de l’Euro
118 e, décrétons l’état de guerre et c’est Hitler qui sera bien attrapé ! Trois dictatures menacent nos libertés démocratiques ?
119 ir pour sacrée l’absence totale de raison chez un être doté d’une apparence humaine. Est-ce en vertu de cette coutume qu’on
120 raison chez un être doté d’une apparence humaine. Est -ce en vertu de cette coutume qu’on nous somme de cesser de penser, so
121 e brutale peut opérer une union de ce type, qui n’ est qu’une unification. Dans la mesure où on la voudra, on voudra donc la
122 leures forces. L’union qui se fait par la force n’ est pas l’union qui fait la force. Ou alors, cessons de critiquer Hitler,
123 tler, Staline, Mussolini. La force de la France n’ est pas dans son union. Elle est dans sa capacité unique au monde de supp
124 force de la France n’est pas dans son union. Elle est dans sa capacité unique au monde de supporter les désunions, ou pour
125 plus franches oppositions. La force de la France est dans la création, et non pas dans la discipline ; dans l’invention, n
126 pacité politique. Ne croyons pas surtout qu’il en soit aussi fier qu’il le paraît, et aussi satisfait qu’il le proclame. Ne
127 que le monde attend de la France, en vérité, ce n’ est pas un Führer de plus, mais au contraire, c’est la solution des probl
128 ope fascisée. On ne défend bien que ce qui vaut d’ être défendu. Et la plus forte armée du monde n’est rien, si le pays qu’el
129 d’être défendu. Et la plus forte armée du monde n’ est rien, si le pays qu’elle entend protéger abdique ses raisons de vivre
130 la France va-t-elle enfin gagner sa paix ? ⁂ Ce n’ est point sans raisons que je termine sur une question. S’opposer à l’uni
131 ur une question. S’opposer à l’union sacrée, ce n’ est pas faire l’éloge du désordre présent, du désordre honteux de lui-mêm
132 l’usage concret et positif des libertés qu’elle s’ est conquises. Il s’agit de savoir si le désordre va devenir la seule exp
133 nos luttes, une commune mesure spirituelle qui ne soit pas les armements, qui ne soit pas la défense nationale mais d’abord
134 spirituelle qui ne soit pas les armements, qui ne soit pas la défense nationale mais d’abord l’idéal national. Il n’en faudr
135 apparent des fascismes. Enfin, toute la question est là : — la liberté fait-elle plus peur qu’envie ? Ne sait-on plus en v
5 1938, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Vues sur le national-socialisme (1er juin 1938)
136 ialisme (1er juin 1938)f Les notes qui suivent sont extraites d’un « journal » tenu en 1935 et 1936 par l’auteur, alors c
137 . — J’arrivais de Paris persuadé que l’hitlérisme est un mouvement « de droite », une dernière tentative pour sauver le cap
138 moins ruinés : il me faut bien reconnaître qu’ils sont tous contre le régime. C’est un bolchévisme déguisé, répètent-ils. Dr
139 ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes soient en faveur des ouvriers et des paysans ; et que les impôts prennent le
140 onfiscation de capital ; et que la vie de famille soit détruite, l’autorité des parents sapée, la religion dénaturée, élimin
141 viens à leur faire avouer que le bolchévisme brun est tout de même, à leurs yeux, moins affreux que le rouge. Il n’y a pas
142 s maîtres nouveaux. (Le gouverneur de la province est un ancien employé de postes, ventripotent et qu’on juge très vulgaire
143 aralyse en germe tout essai de résister : si ce n’ étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges. Ils n’i
144 ’étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges. Ils n’imaginent pas d’autre alternative. De fait, ces « p
145 paradoxe, c’est le régime national-socialiste qui est en train de leur faire découvrir le fait social et les problèmes qu’i
146 rce et la rapidité de l’ascension hitlérienne ont été l’expression directe d’une carence du sens civique, loi générale qui
147 emands ont toujours eu le sens du groupe, et l’on est trop souvent tenté d’expliquer le national-socialisme par ce besoin d
148 e et de penser ensemble. En réalité, ce phénomène est aussi vieux que les Allemagnes ; il ne peut donc rien expliquer de ce
149 s carences profondes, et de les compenser. Hitler est en train d’opérer un dressage du peuple allemand (comme Staline, un d
150 ais quel hypothétique et préhistorique germanisme sont destinés — plus ou moins consciemment — à masquer le caractère antial
151 agit d’inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce n’ est pas le sens du groupe qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’elle
152 ne part, et la séparation des classes de l’autre, étaient les vrais fondements des mœurs. Seulement, il y a cette différence pr
153 andis que le second ne parle que de ses devoirs. Serais -je déjà contaminé par l’optimisme de commande en ce pays ? Je me dis
154 e. Et pour réaliser ses premières conditions, qui sont le sens vulgarisé de l’État et le sens du service social. Staline pro
155 e proclame une religion du travail, et les Russes sont les plus paresseux des hommes ; Mussolini une religion de l’Empire, e
156 , et c’est à peine si les Italiens avaient jamais été une nation ; Hitler une religion de l’État, et les Allemands l’appren
157 pas faire, nous, une religion de la Liberté ! Ce serait le signe que nous en perdons le goût et l’usage naturel, spontané.
158 tané. Un petit industriel. — Avant 1933, sa vie était impossible : grèves, menaces de mort de la part des extrémistes, disc
159 . C’était la « liberté ». Maintenant, plus rien n’ est libre, mais tout marche. Plus de discussions. Le « Führer d’entrepris
160 le droit de se mettre en grève. La paix sociale a été obtenue par la fixation des devoirs réciproques à un niveau de justic
161 tice fort médiocre, mais stable. — En somme, vous êtes content ? Il sourit, hausse un peu les épaules, fait oui de la tête.
162 nes plus tard. — Ce camp ? — Eh bien voilà : nous étions dans une grande maison, logeant deux par deux dans des chambres confo
163 ’auberge du village… Je le sens tout rajeuni : il est retourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers sont au fond des
164 tourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers sont au fond des braves types, on peut leur parler sans relever le menton…
165 t ». — Je me promène avec un de mes étudiants. Il est déjà doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français, en at
166 on. Il craint d’ailleurs de n’en point trouver, n’ étant pas du Parti. Il a fait beaucoup de psychanalyse : « Cela m’avait mêm
167 s. On ne peut plus croire à rien. » Maintenant il est disciple de Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de l’ho
168 ses ? — On ne peut rien faire. Et en tout cas, je suis déjà trop vieux. — Trop vieux, vous ? Quel âge avez-vous ? — 27 ans.
169 me. Tous les soirs, deux de mes enfants sur trois sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’un gr
170 pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux foi
171 nner aux plus pauvres, de les visiter quand elles sont malades (c’est un contrôle), et même, c’est arrivé une ou deux fois,
172 notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’il est un peu malade, par exemple, nous risquerions une mauvaise histoire av
173 ise histoire avec les autorités du Parti. Nous ne sommes que des civils pour nos enfants. Eux, ils se sentent des militaires. 
174 aires. » Plainte vingt fois entendue. Les enfants sont ravis, naturellement. Ils se sentent libres. Car la liberté, pour un
175 t, c’est tout ce qui ne dépend pas de la famille, fut -ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle soit extérieure au foyer.
176 e, fut-ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle soit extérieure au foyer. Je ne dirai plus que le « fascisme » tue l’espri
177 e qu’on exige, c’est celle qui sert l’État et qui est prévue par lui ; c’est celle que la tactique moderne exige du soldat
178 exige du soldat dans le terrain. Contraindre, ce serait peu. Mais s’emparer de la liberté même des jeunes, voilà le totalitar
179 Un communiste. — Dans sa petite cuisine, où nous sommes attablés, depuis deux heures il me raconte ses bagarres avec les nazi
180 ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand il était en feldgrau (l’uniforme des communistes) et les autres en brun. C’est
181 a lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils ne sont pas comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français, me dit-
182 resque le même programme que le nôtre ! Mais il a été plus malin, il a rassuré les bourgeois en n’attaquant pas tout de sui
183 si tous l’abandonnent, tous ces gros cochons qui sont autour de lui (et il nomme les principaux chefs du régime) eh bien mo
184 c’est le seul… » II. — Le fait central J’en étais là de mes étonnements. Je collectionnais des observations de détail e
185 L. : — Vous y croyez, vous, à l’âme collective ? Est -ce que ce n’est pas une formule grandiloquente pour désigner l’absenc
186 royez, vous, à l’âme collective ? Est-ce que ce n’ est pas une formule grandiloquente pour désigner l’absence d’âme personne
187 car les portes s’ouvrent à 5 heures. — Mais il n’ est annoncé que pour 9 heures. — Venez voir ! Du seuil du café, l’on aper
188 a place de l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au balcon à 11 heures. D’ic
189 rovince nasille des lieux communs, mal écouté. Je suis debout, malaxé et soutenu par la foule, depuis bientôt quatre fois so
190 ule, depuis bientôt quatre fois soixante minutes. Est -ce que cela vaut la peine ? Mais voici une rumeur de marée, des tromp
191 ue. Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’un coup. L’homme avance très lentement, saluant d’un geste le
192 emarquer que j’ai les mains dans mes poches : ils sont dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce point
193 rande cérémonie sacrale d’une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance même
194 sique, que tous ces corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. III. — Une religion nouvelle Si
195 es corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. III. — Une religion nouvelle Si l’on n’a pas sen
196 simple des triomphes totalitaires. Évidemment, il sera toujours possible d’invoquer les lois économiques, les forces relativ
197 les marxistes et papen contre Hitler : tout cela est bel et bon, et fournit de la copie aux marxistes et aux libéraux. À l
198 st très dangereux. Reste à savoir pourquoi cela s’ est réalisé. Car on ne nous parle jamais que du comment. Et les « explica
199 er que de cette sorte. Voilà pourquoi votre fille est muette. Les mêmes théoriciens, en 1932, vous démontraient, le Capital
200  » à l’aide des mêmes schémas que le contraire se soit produit en fait… Dernière défense du capital, récitent sans se lasser
201 allemand. Il ne s’agit ici que de religion. Ce n’ est pas pour défendre le capitalisme que les mineurs de la Sarre ont voté
202 re ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’ est pas en parlant d’hystérie qu’on peut comprendre le phénomène fondamen
203 mmunauté autour d’un sentiment « sacré ». Et ce n’ est pas la soif d’une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté l’
204 u’exerce une religion naissante, si basse qu’elle soit , sur les masses décomposées par des siècles d’individualisme. Dans un
205 sme. Dans une société où tous les liens originels sont dissous ; où les religions n’apparaissent plus au peuple et aux élite
206 ; où les élites parlent un langage que les masses sont en mesure d’entendre, mais non pas de comprendre ; où l’État devient
207 spirituelle, toute commune mesure a disparu, — il est fatal que se répande dans les masses et que s’installe au cœur de cha
208 que les dictateurs ont su répondre. Tout le reste est littérature, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire, de « réali
209 littérature, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire, de « réalistes ». L’auteur de cet article a reçu récemment d’Al
210 nvier 1938) une lettre qui résume tout ceci. Elle est d’un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de ses liv
211 hitlérien. Il explique tout d’abord que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste.
212 e la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et il ajoute : Mais la pauvreté et le malheur ne peuvent
213 La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vi
214 ous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire
215 à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous ne sommes que les feuilles qui tombent à chaque génération) et peut-être réussi
216 goissée de croire à la première qui se présente — fût -elle aussi invraisemblable que « l’immortalité » d’un peuple — on ne
217 aux qui tiennent fréquemment ce propos : « Tout n’ est pas mal de ce qui se fait là-bas. Il y a bien des choses à y prendre.
218 de main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés du communi
219 La dignité de la nation est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés du communisme. » C’est ainsi que be
220 t se tient dans ce régime, et que rien ne peut en être détaché sous peine de perdre toute espèce de sens ! Croit-on que l’or
221 e l’ordre social qu’on admire en Allemagne puisse être obtenu à bas prix, par des méthodes plus ou moins « habiles », ou « r
222 ou « politiques » ? Ne voit-on pas que cet ordre est simplement la suppression brutale et militaire de toute expression li
223 e expression libre des antagonismes qui chez nous sont encore la réalité même du social ? Que la paix est obtenue par l’écra
224 nt encore la réalité même du social ? Que la paix est obtenue par l’écrasement des faibles ? Que l’unanimité des ouvriers r
225 de la mise au pas des syndicats ? Que tout cela n’ est devenu possible que par le fait d’une complicité quasi universelle et
226 une complicité quasi universelle et inconsciente, fût -ce de la part des opposants ? Que cette complicité elle-même procède
227 e ? Et qu’enfin ce qui importe au dictateur, ce n’ est pas telle mesure en soi, mais au contraire le sens qu’elle prend par
228 résistances ont cédé. L’internationale ouvrière s’ est effondrée sans faire usage de ses armes. Le capital est en bonne voie
229 fondrée sans faire usage de ses armes. Le capital est en bonne voie d’étatisation sans douleur. Idéalisme et réalisme ont f
230 t les troupes veuillent la guerre ! Les hommes ne sont pas si méchants, ni même si bêtes. Mais ce qu’il faut voir, c’est que
231 sé si peu que dans les régimes totalitaires. Ce n’ est pas le chef qui commande, et ce ne sont pas les désirs conscients et
232 ires. Ce n’est pas le chef qui commande, et ce ne sont pas les désirs conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est pu
233 e ne sont pas les désirs conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est puissant, ce qui commande tout, c’est le mécani
234 s conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est puissant, ce qui commande tout, c’est le mécanisme de la dictature to
235 , la structure de l’État totalitaire — quelle que soit sa doctrine — c’est l’état de guerre. Tout ce que l’on fait là-bas se
236 le de guerre ; et toutes les mesures d’oppression sont « joyeusement acceptées » pour peu que l’union sacrée les légitime. I
237 on en France d’un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-même. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan de
238 s — pour les canons. Ces foules peuvent très bien être composées de pacifistes. Cela n’a aucune importance. Car ce qui compt
239 la Nation, pratiquement c’est l’État. Et cet État est né de la guerre ; il y prépare du simple fait que ses conditions d’ex
240 are du simple fait que ses conditions d’existence sont celles d’une mobilisation ; il compte à chaque instant avec l’éventua
241 e, et il y puise sa force de cohésion. Quelle que soit donc la volonté consciente et avouée du Führer et du peuple, il n’y a
242 toute guerre engagée avec les États totalitaires est une guerre perdue, quelle que soit son issue, pour les nations démocr
243 ts totalitaires est une guerre perdue, quelle que soit son issue, pour les nations démocratiques. D’une guerre totale, telle
244 énergies belliqueuses. Or, se montrer fort, ce n’ est pas s’armer jusqu’aux dents. Réagir au péril totalitaire par des plan
245 e sens civique décadent. Retrouver une foi qui ne soit pas cette volonté anxieuse de croire à la Nation… Le seul problème pr
246 religieux qui naît de cette angoisse — même s’il est encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous saurons m
247 me s’il est encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous saurons mettre à profit pour le résoudre le délai q
248 de traditions civiques. 3. Pour le semestre d’ été , je fus autorisé à choisir comme sujet de cours : la littérature de l
249 itions civiques. 3. Pour le semestre d’été, je fus autorisé à choisir comme sujet de cours : la littérature de la Révolu
250 ’appliquai à démontrer que le national-socialisme est un jacobinisme allemand ; même esprit centralisateur ; même exaltatio
251 anisme positif et allemand » des nazis… Tout cela fut écouté avec un intérêt courtois, vaguement étonné, déconcerté… Mais d
6 1939, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Faire le jeu d’Hitler (1er janvier 1939)
252 jeu d’Hitler (1er janvier 1939)g Au cours de l’ été dernier, et devant la menace hitlérienne, un écrivain de nos amis se
253 eur montrer, dans la mesure de ses moyens, quelle était la réalité de la menace. Il connaissait le IIIe Reich pour y avoir vé
254 l qui étudie le terrain de sa bataille décisive n’ est pas précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable d’e
255 s précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable d’estimer objectivement les forces en présence, il ferait m
256 tiques signifièrent à l’auteur qu’en « prétendant être objectif », il « faisait en réalité le jeu d’Hitler ». Cette petite a
257 seul instant. Mais que cette vérité très évidente soit en pratique méconnue, et plus que méconnue, contestée avec passion, v
258 il, en général, qu’un homme refuse de voir ce qui est  ? Et en particulier : comment se peut-il que, délibérément, un public
259  » en les accusant de « complicité » ? La réponse est fournie par la psychologie cou­rante de l’enfance. J’interdis à mon f
260 — Mon petit, tu vas te brûler ! — Vilain papa, tu es très méchant ! » C’est mon dialogue avec certains « antifascistes » d
261 ns se laisser contaminer. Ils me répondent : vous êtes hitlérien ! Or, pourquoi mon fils prétend-il, contre toute évidence,
262 aits (mensonge) et accuser celui qui les décrit d’ être complice de leur menace (transfert), tel est le mécanisme régulier qu
263 t d’être complice de leur menace (transfert), tel est le mécanisme régulier qui trahit la présence d’une passion inavouable
264 ent leur vraie croyance et leurs vrais désirs, il est fatal que se développe au plus haut point ce que j’appellerai le chan
265 Toutes les fois que ce chantage se manifeste, je suis certain que son auteur est la proie d’une pas­sion inavouable — à ses
266 tage se manifeste, je suis certain que son auteur est la proie d’une pas­sion inavouable — à ses propres yeux — pour la réa
267 prétends donc que les antifascistes « aveugles » sont des totalitaires qui s’ignorent. ⁂ Quelle est, en effet, la caractéri
268  » sont des totalitaires qui s’ignorent. ⁂ Quelle est , en effet, la caractéristique de toute mentalité « totalitaire » ? C’
269 c’est-à-dire ceux qui discutent ; ceux qui, sans être même des opposants, ne manifestent pas une volonté de soumission aveu
270 quelque trait marqué, de n’importe quelle nature, fût -ce même par leur orthodoxie trop rigoureuse. Dans tous les cas et à t
271 ascisme ? Parce qu’ils pressentent que sa réalité est très complexe, et qu’elle introduit donc la nécessité de distinguer a
272 rise de parti avec un maximum d’efficience. S’ils étaient amenés à discuter, par suite à donner les raisons de leur jugement, i
273 jugement, ils s’apercevraient qu’en réalité, ils sont tout près de l’adversaire, et qu’ils partagent sinon toutes ses vues,
274 manière de voir la vie. (Ou à l’inverse : qu’ils sont très loin de leurs alliés.) Si les hommes de gauche, d’une part, et l
275 rt, acceptaient de voir l’Allemagne telle qu’elle est , ils s’apercevraient que le socialisme y est mieux réalisé qu’en Fran
276 elle est, ils s’apercevraient que le socialisme y est mieux réalisé qu’en France : dès lors, les premiers verraient s’effon
277 mner ou à défendre Hitler non point pour ce qu’il est , mais pour ce que leur passion veut qu’il soit. Ils sont donc contrai
278 ’il est, mais pour ce que leur passion veut qu’il soit . Ils sont donc contraints de jeter la suspicion sur l’écrivain « obje
279 ais pour ce que leur passion veut qu’il soit. Ils sont donc contraints de jeter la suspicion sur l’écrivain « objectif » qui
280 ner, d’ailleurs, que le parallèle gauche-droite n’ est pas rigoureux dans ce cas. L’écrivain « objectif » se voit traité d’h
281 n le calomniant d’une façon maladroite, etc. Quel est le jeu qu’il s’agit de ne pas faire ? Voici : Hitler est le symbole e
282 jeu qu’il s’agit de ne pas faire ? Voici : Hitler est le symbole et l’instrument principal de la mentalité totalitaire. Cet
283 cette déclaration, sur ce fait. Je dirai que vous êtes profasciste, non pas d’intention mais de fait. Et je le dirai encore
284 Car je prétends que ma meilleure arme contre lui est justement ma faculté de distinguer ses forces et ses faiblesses « obj
285 , vous me transformez en un fasciste honteux, qui sera certainement battu par le fasciste glorieux. ⁂ Je conçois très bien q
286 tte point que je décrive le régime nazi tel qu’il est . Car s’il l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des act
287 gime nazi tel qu’il est. Car s’il l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des actes qu’il reproche à Hitler, et de
288 libertés, etc. Le communiste me refuse le droit d’ être objectif parce que, en l’étant, je démasque sa vraie passion, sa pass
289 e refuse le droit d’être objectif parce que, en l’ étant , je démasque sa vraie passion, sa passion inavouable, qui est identiq
290 sque sa vraie passion, sa passion inavouable, qui est identique à celle de son « adversaire ». Alors il dit que je suis trè
291 celle de son « adversaire ». Alors il dit que je suis très méchant… ⁂ Vous êtes hitlérien ! — Non, c’est vous !… Comment so
292  ». Alors il dit que je suis très méchant… ⁂ Vous êtes hitlérien ! — Non, c’est vous !… Comment sortir de ce dialogue puéril
293 ion, et ceux qui préfèrent l’intelligence. Ceci n’ est pas une pointe, mais une conclusion réfléchie. 4. Refuser de discut
294 cré, c’est ce qu’on ne discute pas. Mais le sacré est toujours ambigu : l’horreur toujours liée à l’attirance. En discutant