1 Violence et brutalité ( 1er juin 1937)a À plusieurs reprises, les collaborateurs de ces Cahier

2 Violence et brutalité (1er juin 1937 )a À plusieurs reprises, les collaborateurs de ces Cahiers ont décl

3 937)a À plusieurs reprises, les collaborateurs de ces Cahiers ont déclaré qu’ils rejetaient la violence, les méthodes d

4 claré qu’ils rejetaient la violence, les méthodes de violence, les solutions de violence, et qu’ils s’efforçaient d’y subs

5 violence, les méthodes de violence, les solutions de violence, et qu’ils s’efforçaient d’y substituer une méthode de colla

6 es solutions de violence, et qu’ils s’efforçaient d’ y substituer une méthode de collaboration et de compréhension réciproq

7 t qu’ils s’efforçaient d’y substituer une méthode de collaboration et de compréhension réciproque. Or, une collaboration e

8 nt d’y substituer une méthode de collaboration et de compréhension réciproque. Or, une collaboration et une compréhension

9 ent) s’imposent et cherchent à atteindre au moyen d’ une discipline commune. Mais toute nouveauté « fait violence » à un ét

10 e violence » ; et s’imposer une discipline en vue d’ atteindre un but commun, c’est encore « faire violence » aux intérêts

11 certaine violence. Autrement, il ne s’agirait que d’ un assemblage purement quantitatif d’éléments semblables ou apparentés

12 ’agirait que d’un assemblage purement quantitatif d’ éléments semblables ou apparentés. La compréhension réciproque ne sera

13 dans le cas le plus favorable, à un banal échange d’ informations, dans l’indifférence générale. Il y a donc, me semble-t-i

14 on du mot violence, dans la mesure où cela dépend de nous, c’est-à-dire à l’intérieur du groupe et dans ces pages. Sur l

15 Sur le « pouvoir des mots » « Simple question de vocabulaire », a-t-on coutume de répliquer, de nos jours. Mais nous a

16  Simple question de vocabulaire », a-t-on coutume de répliquer, de nos jours. Mais nous avons ouvert la rubrique intitulée

17 on de vocabulaire », a-t-on coutume de répliquer, de nos jours. Mais nous avons ouvert la rubrique intitulée « Pouvoir des

18 s mots » pour montrer justement que les questions de vocabulaire ne sont ni simples ni indifférentes ; qu’elles sont mêlée

19 asquent une inefficacité réelle. Toute définition de mot, qu’on le sache ou non, suppose et définit une attitude générale,

20 it une attitude générale, une certaine conception de la vie. C’est ainsi — entre autres — que le « pouvoir des mots » est

21 sent « anarchiques » ou « faux » selon le système de référence qui est en train de se constituer dans divers groupes. Les

22 es sens nouveaux qu’il importe au plus haut point de redéfinir et de réorganiser, si l’on entend recréer un corps social v

23 qu’il importe au plus haut point de redéfinir et de réorganiser, si l’on entend recréer un corps social vivant, et une « 

24 ne « commune mesure » pour les diverses activités de l’homme dans le cadre de la nation. Essayons donc de définir le mot «

25 r les diverses activités de l’homme dans le cadre de la nation. Essayons donc de définir le mot « violence », c’est-à-dire

26 l’homme dans le cadre de la nation. Essayons donc de définir le mot « violence », c’est-à-dire de décrire son contenu actu

27 donc de définir le mot « violence », c’est-à-dire de décrire son contenu actuel d’une part, et d’autre part le contenu qu’

28 autre part le contenu qu’il paraît juste ou utile de lui attribuer dans l’ordre nouveau. Origine du préjugé contre la v

29 ord, que la violence est généralement « mal vue » de la majorité des Français. (Mais c’est peut-être, justement, parce qu’

30 la subissent). Un homme violent, c’est une espèce de brute qui refuse de discuter, de donner ses raisons, et qui frappe du

31 mme violent, c’est une espèce de brute qui refuse de discuter, de donner ses raisons, et qui frappe du poing sur la table.

32 c’est une espèce de brute qui refuse de discuter, de donner ses raisons, et qui frappe du poing sur la table. Ainsi violen

33 é, mais avec bêtise. Qu’il y ait là un glissement de sens, c’est évident. Mais encore faut-il expliquer comment il a pu se

34 is la principale raison dans ce qu’on est convenu d’ appeler la morale bourgeoise, ou mieux : dans la conception du monde n

35 eoise, ou mieux : dans la conception du monde née de l’établissement de la bourgeoisie au pouvoir. Conception qui se fonde

36 ans la conception du monde née de l’établissement de la bourgeoisie au pouvoir. Conception qui se fonde d’ailleurs dans un

37 se fonde d’ailleurs dans une tendance permanente de l’homme ; le besoin de sécurité. Mais ce besoin s’est exagérément dév

38 ns une tendance permanente de l’homme ; le besoin de sécurité. Mais ce besoin s’est exagérément développé, et comme fixé,

39 oisie établie sur l’argent, et sur un « capital » de traditions, a doublement « intérêt » au maintien d’un ordre public et

40 traditions, a doublement « intérêt » au maintien d’ un ordre public et culturel immuable. (Préservé contre les mutations b

41 larés des « gentlemen’s agreements ». Elle essaie de sauvegarder à tout prix une évolution continue et sans heurts. (D’où

42 tout prix une évolution continue et sans heurts. ( D’ où le retard permanent et voulu de l’enseignement officiel sur la cult

43 t sans heurts. (D’où le retard permanent et voulu de l’enseignement officiel sur la culture d’avant-garde, et ce vaste sys

44 t voulu de l’enseignement officiel sur la culture d’ avant-garde, et ce vaste système de contrôle méfiant des idées que con

45 sur la culture d’avant-garde, et ce vaste système de contrôle méfiant des idées que constitue la filière universitaire.) I

46 la face » (c’est-à-dire les situations acquises). D’ où cette espèce d’optimisme désarmant qui se manifeste dans des expres

47 -dire les situations acquises). D’où cette espèce d’ optimisme désarmant qui se manifeste dans des expressions telles que :

48 est-à-dire : cela obligerait à envisager le monde d’ une façon nouvelle). En même temps, les organismes de l’économie et de

49 ne façon nouvelle). En même temps, les organismes de l’économie et de la culture sont devenus si complexes et délicats qu’

50 ). En même temps, les organismes de l’économie et de la culture sont devenus si complexes et délicats qu’on a l’impression

51 icats qu’on a l’impression que toute intervention d’ une nouveauté réelle entraînerait des conséquences imprévisibles et no

52 évisibles et non mesurables, où « tout risquerait de sombrer ». Et l’on perd peu à peu de vue cette vérité fondamentale :

53 t risquerait de sombrer ». Et l’on perd peu à peu de vue cette vérité fondamentale : que les institutions ne durent qu’à f

54 ntale : que les institutions ne durent qu’à force d’ être recréées, réinventées, reprises sans relâche à la base… Ayant peu

55 tées, reprises sans relâche à la base… Ayant peur de la chose, on rabaisse le mot qui la désigne : c’est une espèce de con

56 rabaisse le mot qui la désigne : c’est une espèce de conjuration magique. Nous retrouvons ici le glissement sémantique de

57 que. Nous retrouvons ici le glissement sémantique de « violence » à « brutalité ». Puis, ayant de la sorte disqualifié la

58 ique de « violence » à « brutalité ». Puis, ayant de la sorte disqualifié la violence — car tout le monde est d’accord pou

59 i un exemple qui fait bien voir toute l’équivoque de la situation : on a coutume, à droite et au centre, de vilipender le

60 situation : on a coutume, à droite et au centre, de vilipender le marxisme en le traitant de « doctrine de violence ». Or

61 centre, de vilipender le marxisme en le traitant de « doctrine de violence ». Or, rien n’est moins « violent » que la doc

62 lipender le marxisme en le traitant de « doctrine de violence ». Or, rien n’est moins « violent » que la doctrine de Marx,

63 Or, rien n’est moins « violent » que la doctrine de Marx, rigoureusement évolutive en tant que doctrine1, et par là même,

64 e1, et par là même, conforme au mouvement profond de la pensée bourgeoise, sinon aux intérêts immédiats des bourgeois. Les

65 ts des bourgeois. Les seules véritables doctrines de violence apparues dans notre époque sont celles de Nietzsche et de Ge

66 e violence apparues dans notre époque sont celles de Nietzsche et de Georges Sorel : elles s’accordent au plus mal avec le

67 ues dans notre époque sont celles de Nietzsche et de Georges Sorel : elles s’accordent au plus mal avec le style de la pen

68 rel : elles s’accordent au plus mal avec le style de la pensée marxiste. La vraie violence Nous pouvons maintenant e

69 vraie violence Nous pouvons maintenant essayer de préciser une distinction radicale entre violence et brutalité, — avec

70 cale entre violence et brutalité, — avec l’espoir de sauver le mot « violence » de ses déviations sémantiques intéressées,

71 té, — avec l’espoir de sauver le mot « violence » de ses déviations sémantiques intéressées, et de le restaurer dans sa pu

72 e » de ses déviations sémantiques intéressées, et de le restaurer dans sa puissance active, libératrice. La violence est l

73 active, libératrice. La violence est le fait même de l’esprit, j’entends de l’esprit créateur. Dès que l’esprit fait irrup

74 violence est le fait même de l’esprit, j’entends de l’esprit créateur. Dès que l’esprit fait irruption dans le monde, pou

75 ceci dans n’importe quel domaine, qu’il s’agisse d’ élever des blocs de pierre à la hauteur d’un cintre, de labourer la te

76 e quel domaine, qu’il s’agisse d’élever des blocs de pierre à la hauteur d’un cintre, de labourer la terre, ou d’écrire un

77 ’agisse d’élever des blocs de pierre à la hauteur d’ un cintre, de labourer la terre, ou d’écrire un ouvrage dont la nécess

78 ver des blocs de pierre à la hauteur d’un cintre, de labourer la terre, ou d’écrire un ouvrage dont la nécessité n’est sen

79 la hauteur d’un cintre, de labourer la terre, ou d’ écrire un ouvrage dont la nécessité n’est sentie tout d’abord que par

80 e par l’auteur qui l’imposera. Tout acte créateur de l’esprit — et c’est l’esprit seul qui crée — est une « transgression 

81 « transgression » des lois admises jusqu’alors : d’ où le malaise que crée naturellement cet acte, malaise qui est à l’ori

82 turellement cet acte, malaise qui est à l’origine de l’état d’esprit conservateur que nous décrivions tout à l’heure. D’où

83 conservateur que nous décrivions tout à l’heure. D’ où aussi le risque que l’acte institue pour celui qui l’ose. Mais c’es

84 ui qui l’ose. Mais c’est précisément ce sentiment de malaise, lié à l’euphorie du risque encouru, qui est le signe normal

85 phorie du risque encouru, qui est le signe normal d’ une création de l’esprit humain. Les époques de décadence sont celles

86 e encouru, qui est le signe normal d’une création de l’esprit humain. Les époques de décadence sont celles où l’on en vien

87 al d’une création de l’esprit humain. Les époques de décadence sont celles où l’on en vient à redouter par-dessus tout ce

88 douter par-dessus tout ce malaise (à le qualifier de scandale) et à l’éprouver plus fortement que l’euphorie du risque, du

89 . C’est un affadissement et une trahison certaine de l’Évangile qui ont conduit les chrétiens moyens à insister uniquement

90 r uniquement sur la douceur et la subtile aménité de l’esprit. Cette fausse « charité » sentimentale est nettement condamn

91 orter la paix, mais le glaive. » Et le terme même de violence que la plupart des moralistes chrétiens d’aujourd’hui ont co

92 violence que la plupart des moralistes chrétiens d’ aujourd’hui ont coutume de condamner au nom de la « charité », se trou

93 es moralistes chrétiens d’aujourd’hui ont coutume de condamner au nom de la « charité », se trouve avoir été glorifié par

94 r l’Évangile : Violenti rapiunt illud, le Royaume de Dieu est promis aux violents. Là encore, c’est l’influence de la mora

95 promis aux violents. Là encore, c’est l’influence de la morale bourgeoise qui a fait perdre sa vigueur au christianisme, e

96 s polémistes ignorants. La violence étant le fait de l’esprit, elle se confond avec la liberté. C’est elle seule qui déliv

97 la liberté. C’est elle seule qui délivre l’homme de la chaîne des routines et des lois qu’il se forge, c’est elle seule q

98 is qu’il se forge, c’est elle seule qui l’empêche de se laisser emprisonner dans ses propres institutions, lorsque celles-

99 propres institutions, lorsque celles-ci ont cessé de le servir. Telle est l’origine du concept occidental de révolution. L

100 servir. Telle est l’origine du concept occidental de révolution. La révolution est toujours spirituelle : elle est l’acte

101 lution est toujours spirituelle : elle est l’acte de l’homme qui rejette ses vieilles commodités, qui violente ses habitud

102 sont si loin de s’opposer que j’y verrais plutôt deux synonymes. Reprenons l’exemple du bloc de pierre élevé jusqu’au cintr

103 lutôt deux synonymes. Reprenons l’exemple du bloc de pierre élevé jusqu’au cintre : on y retrouve ces trois caractères de

104 pierre élevé jusqu’au cintre : on y retrouve ces trois caractères de la vraie violence spirituelle, ou de la vraie création

105 qu’au cintre : on y retrouve ces trois caractères de la vraie violence spirituelle, ou de la vraie création révolutionnair

106 s caractères de la vraie violence spirituelle, ou de la vraie création révolutionnaire : la pierre est élevée, c’est-à-dir

107  : la pierre est élevée, c’est-à-dire « libérée » de la loi de pesanteur, puis elle est placée dans une « organisation » n

108 re est élevée, c’est-à-dire « libérée » de la loi de pesanteur, puis elle est placée dans une « organisation » nouvelle, e

109 lle, et tout cela s’opère en vertu d’une décision de l’esprit2. Enfin, la vraie violence n’exclut nullement la délicatesse

110 ui n’auraient pas su distinguer la vraie violence de la brutalité, du simple fait qu’elles sont souvent liées. (Il y a peu

111 a violence Par opposition à la violence, signe de l’esprit agissant, la brutalité peut être définie comme un aspect et

112 caractère avant tout matériels. Elle est le fait d’ une contrainte purement extérieure, donc incapable en soi de rien crée

113 rainte purement extérieure, donc incapable en soi de rien créer et animer. C’est la brimade, la vexation, le choc qui bles

114 se la vitalité, qui nie la signification profonde de toute existence. C’est tout d’abord un processus matériel grossier et

115 e sens étant toujours donné par l’esprit. Ôte-toi de là que je m’y mette, et je n’ai pas de raisons à te donner, il n’y en

116 t. Ôte-toi de là que je m’y mette, et je n’ai pas de raisons à te donner, il n’y en a pas, ou pas d’avouables… Mais la bru

117 s de raisons à te donner, il n’y en a pas, ou pas d’ avouables… Mais la brutalité peut aussi revêtir un aspect non matériel

118 certaine brutalité, reconnaissable à un caractère de contrainte externe, comme mécanique, et qui ne tient pas compte de la

119 erne, comme mécanique, et qui ne tient pas compte de la nature spirituelle, passionnelle ou vitale des réalités auxquelles

120 ique le règlement. La sensibilité féminine réagit d’ ordinaire avec précision à cette brutalité de la logique ; elle la dét

121 agit d’ordinaire avec précision à cette brutalité de la logique ; elle la déteste absolument, tandis que la violence l’eff

122 us frappante et la plus voyante, si je puis dire, de la brutalité, est fournie par les régimes totalitaires. La dictature

123 té même, en ce qu’elle est fondée sur le principe de la contrainte par corps, — même lorsqu’il s’agit des choses de l’espr

124 nte par corps, — même lorsqu’il s’agit des choses de l’esprit. Elle ne déteste rien tant que la vraie violence, inventive

125 rgeois. Aussi se donne-t-elle pour première tâche de tuer dans la jeunesse toute velléité de violence spirituelle. L’éduca

126 ère tâche de tuer dans la jeunesse toute velléité de violence spirituelle. L’éducation fasciste ou stalinienne a pour effe

127 fasciste ou stalinienne a pour effet systématique de substituer à l’esprit d’autonomie, de responsabilité spirituelle et d

128 pour effet systématique de substituer à l’esprit d’ autonomie, de responsabilité spirituelle et de risque personnel, des i

129 ystématique de substituer à l’esprit d’autonomie, de responsabilité spirituelle et de risque personnel, des instincts brut

130 rit d’autonomie, de responsabilité spirituelle et de risque personnel, des instincts brutaux : l’instinct de puissance, l’

131 que personnel, des instincts brutaux : l’instinct de puissance, l’instinct de conformité au grand nombre, l’instinct d’obé

132 cts brutaux : l’instinct de puissance, l’instinct de conformité au grand nombre, l’instinct d’obéissance aveugle. Mais il

133 nstinct de conformité au grand nombre, l’instinct d’ obéissance aveugle. Mais il se produit là un phénomène curieux : alors

134 la brutalité, les dictatures totalitaires tentent de requalifier la brutalité en la baptisant violence. D’où le recours co

135 equalifier la brutalité en la baptisant violence. D’ où le recours constant des nationaux-socialistes à Nietzsche, abus fla

136 çoit pas que ce faisant, l’on détruit les racines de l’esprit créateur, les promesses de fécondité révolutionnaire de l’av

137 t les racines de l’esprit créateur, les promesses de fécondité révolutionnaire de l’avenir. Montesquieu a dit l’essentiel

138 ateur, les promesses de fécondité révolutionnaire de l’avenir. Montesquieu a dit l’essentiel sur cette brutalité-là, dans

139 r cette brutalité-là, dans son fameux chapitre en trois lignes de L’Esprit des Lois : « Quand les sauvages de la Louisiane ve

140 lité-là, dans son fameux chapitre en trois lignes de L’Esprit des Lois : « Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoi

141 ignes de L’Esprit des Lois : « Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l’arbre au pied et c

142 . Voilà le gouvernement despotique. » Le refus de la violence appelle la brutalité Confondre la violence et la bruta

143 en principe inférieure à l’agressivité. Se méfier de la violence, avoir peur des risques féconds qu’elle institue, c’est s

144 ode qui règne actuellement dans les « démocraties de l’Ouest » — comme dit le Führer — et qui consiste à biaiser avec les

145 avec les difficultés, à masquer les antagonismes de fait, et à les déconcerter provisoirement à force de « combines » et

146 ncerter provisoirement à force de « combines » et de compromis, cette méthode qui ne crée rien, n’ordonne rien, temporise

147 orise indéfiniment, ne peut conduire qu’à un état de désordre où la brutalité ne trouvera plus de résistance sérieuse. L’h

148 état de désordre où la brutalité ne trouvera plus de résistance sérieuse. L’histoire de l’après-guerre et de l’établisseme

149 trouvera plus de résistance sérieuse. L’histoire de l’après-guerre et de l’établissement des trois fascismes le démontre

150 istance sérieuse. L’histoire de l’après-guerre et de l’établissement des trois fascismes le démontre avec éclat : la crain

151 toire de l’après-guerre et de l’établissement des trois fascismes le démontre avec éclat : la crainte de la violence suscite

152 ois fascismes le démontre avec éclat : la crainte de la violence suscite mécaniquement une brutalité qui, à son tour, ne p

153 lui des dictatures à la contrainte. Le seul moyen de prévenir cette contrainte, c’est d’orienter l’éducation vers une pris

154 Le seul moyen de prévenir cette contrainte, c’est d’ orienter l’éducation vers une prise de conscience vigoureuse de la val

155 éducation vers une prise de conscience vigoureuse de la valeur libératrice de la violence. Que ceux qui pensent qu’il est

156 de conscience vigoureuse de la valeur libératrice de la violence. Que ceux qui pensent qu’il est déjà trop tard sachent qu

157 là même les premiers à rendre le tyran fatal. 1. Ce qui a pu faire illusion, reconnaissons-le, c’est la théorie de la

158 aire illusion, reconnaissons-le, c’est la théorie de la dictature du prolétariat d’une part, et le ton « brutal » des polé

159 t d’une part, et le ton « brutal » des polémiques de Marx. Mais la dictature du prolétariat n’est pour Marx que la riposte

160 sur des moyens brutaux. Pour le fond, la doctrine de Marx a été fort bien caractérisée comme celle d’un « évolutionniste b

161 de Marx a été fort bien caractérisée comme celle d’ un « évolutionniste brutal » (Aron et Dandieu). 2. Il y aurait lieu a

162 ’un « évolutionniste brutal » (Aron et Dandieu). 2. Il y aurait lieu aussi d’analyser la valeur ambiguë de « violence » d

163 l » (Aron et Dandieu). 2. Il y aurait lieu aussi d’ analyser la valeur ambiguë de « violence » dans l’acte du viol, qui pa

164 y aurait lieu aussi d’analyser la valeur ambiguë de « violence » dans l’acte du viol, qui paraît une brutalité. Mais cela

165 ons simplement le caractère essentiellement viril de la violence, et d’ailleurs de l’esprit créateur en général. Et, d’aut

166 sentiellement viril de la violence, et d’ailleurs de l’esprit créateur en général. Et, d’autre part, l’effémination de la

167 teur en général. Et, d’autre part, l’effémination de la bourgeoisie qui attend un dictateur comme la femelle s’offre au vi

168 lle s’offre au viol redouté. a. Rougemont Denis de , « Violence et brutalité », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 juin 1937,

169 ence et brutalité », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 juin 1937, p. 14-17.

170 brutalité », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 juin 1937, p. 14-17.

171 ils pensent (Quelques remarques sur la méthode) ( 1er novembre 1937)b (Quelques remarques sur la méthode) Le désir

172 (Quelques remarques sur la méthode) (1er novembre 1937 )b (Quelques remarques sur la méthode) Le désir de savoir à qu

173 (Quelques remarques sur la méthode) Le désir de savoir à quoi pense le voisin trahit sans doute, à l’origine, une cra

174 s doute, à l’origine, une crainte obscure qu’on a de lui ; révèle ensuite que l’on nourrit soi-même à son endroit quelque

175 endroit quelque intention bonne ou mauvaise. Ces deux mouvements de défense et d’attaque sont prudemment dissimulés et conf

176 intention bonne ou mauvaise. Ces deux mouvements de défense et d’attaque sont prudemment dissimulés et confondus sous le

177 ne ou mauvaise. Ces deux mouvements de défense et d’ attaque sont prudemment dissimulés et confondus sous le vocable de cur

178 rudemment dissimulés et confondus sous le vocable de curiosité. « Pourquoi me demandez-vous cela ? — Pour rien, par pure c

179 e curiosité. » Au vrai, le mot curiosité est vide de sens, s’il ne recouvre pas cette crainte ou cette entreprise projetée

180 ainte ou cette entreprise projetée, ou encore les deux à la fois. En dépit de l’opinion convenue, et justifiée d’ailleurs en

181 nalyse un peu poussée révélerait-elle à l’origine de la recherche la plus abstraite, de la soif de savoir la plus purement

182 le à l’origine de la recherche la plus abstraite, de la soif de savoir la plus purement spéculative, l’un au moins de ces

183 ine de la recherche la plus abstraite, de la soif de savoir la plus purement spéculative, l’un au moins de ces intérêts fo

184 avoir la plus purement spéculative, l’un au moins de ces intérêts fondamentaux que sont la défense ou l’attaque, et qui ap

185  ? » — À rien, dit-elle. Naturellement… ⁂ Essayer de savoir à quoi ils pensent, c’est se mettre en mesure d’agir sur eux.

186 oir à quoi ils pensent, c’est se mettre en mesure d’ agir sur eux. (Pour eux, contre eux, ou avec eux.) Constater les préoc

187 e eux, ou avec eux.) Constater les préoccupations d’ une classe, d’une profession, d’un groupe humain quelconque, c’est l’o

188 eux.) Constater les préoccupations d’une classe, d’ une profession, d’un groupe humain quelconque, c’est l’opération néces

189 es préoccupations d’une classe, d’une profession, d’ un groupe humain quelconque, c’est l’opération nécessaire à laquelle d

190 x qui sont soucieux, en politique ou en économie, d’ adapter l’offre à la demande. Mais ce peut être aussi un moyen efficac

191 emande. Mais ce peut être aussi un moyen efficace de se libérer des schémas démodés et des caricatures obsédantes sur lesq

192 dantes sur lesquelles joue la politique. Un moyen de trouver des arguments qui portent, qui atteignent ; et de se refaire

193 er des arguments qui portent, qui atteignent ; et de se refaire un langage qui soit réellement entendu. Tout cela est asse

194 ubrique. Il reste alors à reconnaître les dangers d’ une semblable méthode, et les limites de sa fécondité. ⁂ Tant qu’on n’

195 s dangers d’une semblable méthode, et les limites de sa fécondité. ⁂ Tant qu’on n’aura pas inventé la machine à lire les p

196 chine à lire les pensées, nous serons bien forcés de nous contenter de leur expression par le langage. À quoi ils pensent…

197 ensées, nous serons bien forcés de nous contenter de leur expression par le langage. À quoi ils pensent… pour nous, c’est 

198 e trahissent pas les mêmes pensées, si l’on passe d’ un groupe à un autre, d’une classe sociale, d’une région à une autre.

199 es pensées, si l’on passe d’un groupe à un autre, d’ une classe sociale, d’une région à une autre. Que savons-nous des réso

200 sse d’un groupe à un autre, d’une classe sociale, d’ une région à une autre. Que savons-nous des résonances qu’éveillent da

201 presque jamais dans le détail. Plus on s’approche d’ un groupement défini et concret, plus on constate l’absence de commune

202 ent défini et concret, plus on constate l’absence de commune mesure entre son langage et celui des journaux et des politic

203 ournaux et des politiciens, ou des intellectuels. De tout près, cela peut donner une impression d’absurdité troublante. Je

204 ls. De tout près, cela peut donner une impression d’ absurdité troublante. Je lis dans un livre récentc : L’autre jour, da

205 oyait pas si bien dire : en recevant les épreuves de son livre, il y trouva jointe une petite note écrite à l’encre rouge

206 ite note écrite à l’encre rouge par le correcteur de l’imprimerie : Épicerie et spécialiste. L’auteur paraît croire à un

207 Nous sommes dans le Midi, où un sentiment obscur de latinité a survécu. Et épices (d’où épicerie) et espèces (d’où spécia

208 entiment obscur de latinité a survécu. Et épices ( d’ où épicerie) et espèces (d’où spécialiste) sont le même mot. Tous deux

209 a survécu. Et épices (d’où épicerie) et espèces ( d’ où spécialiste) sont le même mot. Tous deux remontent à species (latin

210 espèces (d’où spécialiste) sont le même mot. Tous deux remontent à species (latin). Les espèces, devenues épices, étaient :

211 ent : gingembre, muscade, cannelle, poivre. « Les quatre espèces » (épices). J’amenderais cette partie, si j’étais l’auteur…

212 J’amenderais cette partie, si j’étais l’auteur… D’ où je déduirais que rien n’est simple, en ce domaine, ni absurde malgr

213 s apparences, mais que « comprendre » les paroles d’ un homme suppose une science presque surhumaine. Pour conclure quoi qu

214 resque surhumaine. Pour conclure quoi que ce soit de « ce qu’ils disent », il faut donc bien se résoudre à de grossières a

215 qu’ils disent », il faut donc bien se résoudre à de grossières approximations. Le danger serait alors d’ignorer qu’il ne

216 grossières approximations. Le danger serait alors d’ ignorer qu’il ne s’agit que d’approximations, voire dans certains cas,

217 danger serait alors d’ignorer qu’il ne s’agit que d’ approximations, voire dans certains cas, de calembours. (Exemple : les

218 it que d’approximations, voire dans certains cas, de calembours. (Exemple : les sens contradictoires que prend la revendic

219 s sens contradictoires que prend la revendication de liberté selon les classes ou les nations). ⁂ Autre danger : si l’on q

220 « pensées » et préoccupations, ils ne disent rien de bien intéressant ou d’authentique. Ou bien vous obtenez des variation

221 ations, ils ne disent rien de bien intéressant ou d’ authentique. Ou bien vous obtenez des variations sur la réponse des am

222 ectorale. C’est que l’homme-moyen n’a pas coutume de se formuler clairement ce qu’il vit. Presque toutes vos questions, po

223 vos questions, pour peu qu’elles sortent du cadre de son métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas formé de phrases dans

224 métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas formé de phrases dans sa tête sur ce sujet dont le journal ne parle jamais. Ou

225 u partis — lui ont prêté, c’est-à-dire la monnaie de votre pièce, non la substance de sa vie. Il faut donc éviter tout ce

226 -dire la monnaie de votre pièce, non la substance de sa vie. Il faut donc éviter tout ce qui ressemblerait à une enquête :

227 ntendu sur les mots, ensuite à cause de ce défaut de moyens d’expression, ou de ces phrases apprises nécessairement inadéq

228 les mots, ensuite à cause de ce défaut de moyens d’ expression, ou de ces phrases apprises nécessairement inadéquates. Mai

229 e à cause de ce défaut de moyens d’expression, ou de ces phrases apprises nécessairement inadéquates. Mais laissez donc pa

230 vous finirez peut-être, à force de recoupements, de prudence, d’informations hétéroclites, par repérer dans les grandes l

231 peut-être, à force de recoupements, de prudence, d’ informations hétéroclites, par repérer dans les grandes lignes la vrai

232 r repérer dans les grandes lignes la vraie nature de leurs soucis, mieux qu’ils ne sauraient le dire, justement. Quelquefo

233 raient le dire, justement. Quelquefois, il suffit d’ une chance, d’une bizarrerie de leurs propos, subitement révélatrice.

234 , justement. Quelquefois, il suffit d’une chance, d’ une bizarrerie de leurs propos, subitement révélatrice. En voici un pe

235 quefois, il suffit d’une chance, d’une bizarrerie de leurs propos, subitement révélatrice. En voici un petit exemple. Dans

236 voici un petit exemple. Dans cette pauvre région de l’Ouest, je rencontre une vieille paysanne. Elle se plaint : c’est la

237 Elle se plaint : c’est la jambe qui ne va plus ! D’ où cela vient-il ? — C’est depuis qu’ils m’ont volé ma chèvre, me répo

238 et voici le récit, noté sur l’heure : C’était le 26 de juillet, l’anniversaire de ma défunte mère. Le matin je me dis : q

239 voici le récit, noté sur l’heure : C’était le 26 de juillet, l’anniversaire de ma défunte mère. Le matin je me dis : qu’e

240 heure : C’était le 26 de juillet, l’anniversaire de ma défunte mère. Le matin je me dis : qu’est-ce qu’on va manger, ce j

241 jour ? Je n’avais pas grand-chose. Le père et les deux fils disent : on est plus jeunes que toi, on va aller au travail, et

242 cluse, je ramasse des anguilles, quelques crabes, deux ou trois jambes. Bon, c’est ce qu’il faut pour manger. Ils rentrent d

243 e ramasse des anguilles, quelques crabes, deux ou trois jambes. Bon, c’est ce qu’il faut pour manger. Ils rentrent d’avoir ti

244 on, c’est ce qu’il faut pour manger. Ils rentrent d’ avoir tiré le sel et mangent la pêche. J’avais ajouté deux ou trois ja

245 r tiré le sel et mangent la pêche. J’avais ajouté deux ou trois jambes, donc, mais moi je n’en mange pas. Tantôt, ils s’en v

246 e sel et mangent la pêche. J’avais ajouté deux ou trois jambes, donc, mais moi je n’en mange pas. Tantôt, ils s’en vont à leu

247 leur ouvrage, moi je reste ici. Ils rentrent vers 6 heures, les jeunes d’abord, parce qu’ils ont des bicyclettes, ils von

248 qu’ils avaient pris la chèvre. Je n’imagine pas de question directe qui eût ainsi pu faire répondre à cette femme : « À

249 st au pain quotidien. » ⁂ Il est rare que le film d’ une conversation, non retouché, offre une image significative, tant so

250 ignificative, tant soit peu claire. Cette absence de sens général et simple, cette espèce d’absurdité, de décousu, est mêm

251 e absence de sens général et simple, cette espèce d’ absurdité, de décousu, est même ce qui garantit l’authenticité de la r

252 sens général et simple, cette espèce d’absurdité, de décousu, est même ce qui garantit l’authenticité de la relation d’un

253 décousu, est même ce qui garantit l’authenticité de la relation d’un entretien. Mais cela ne saurait satisfaire entièreme

254 ême ce qui garantit l’authenticité de la relation d’ un entretien. Mais cela ne saurait satisfaire entièrement au dessein q

255 t satisfaire entièrement au dessein qui est celui de notre rubrique : pour agir, ou simplement pour se préparer à une acti

256 e action non encore déterminée, l’esprit a besoin de conclusions, de données simples, c’est-à-dire de résumés simplifiés.

257 ore déterminée, l’esprit a besoin de conclusions, de données simples, c’est-à-dire de résumés simplifiés. Mais alors on co

258 de conclusions, de données simples, c’est-à-dire de résumés simplifiés. Mais alors on courra le risque inverse : on retom

259 tions banales et tendancieuses qui sont les vices de toute enquête. La signification des propos recueillis et stylisés pou

260 sés pouvant toujours être attribuée au parti pris de l’enquêteur. Entre ces deux écueils, le Charybde de l’incohérence et

261 attribuée au parti pris de l’enquêteur. Entre ces deux écueils, le Charybde de l’incohérence et le Scylla du trop prévu, il

262 l’enquêteur. Entre ces deux écueils, le Charybde de l’incohérence et le Scylla du trop prévu, il faut savoir naviguer dan

263 » c’est-à-dire se maintenir au niveau des phrases d’ échange quotidien, des propos qu’on entend chez le bistrot ou autour d

264 des propos qu’on entend chez le bistrot ou autour d’ une table de famille. À considérer de trop près leur langage, on concl

265 u’on entend chez le bistrot ou autour d’une table de famille. À considérer de trop près leur langage, on conclurait volont

266 ot ou autour d’une table de famille. À considérer de trop près leur langage, on conclurait volontiers que les gens ne pens

267 onclurait volontiers que les gens ne pensent rien de clair ni de raisonnable ; à le considérer trop superficiellement, qu’

268 lontiers que les gens ne pensent rien de clair ni de raisonnable ; à le considérer trop superficiellement, qu’ils ne pense

269 pensent qu’à l’instar du journal. Il faut essayer de se maintenir à mi-distance entre les bizarreries individuelles et les

270 est plus que par l’intonation, l’élan, la mimique de l’homme qui émet ce vocable usé, ou par l’emploi imprévu qu’il en fai

271 r l’emploi imprévu qu’il en fait dans le contexte de son discours, de son milieu, de sa vie quotidienne, que vous pourrez

272 u qu’il en fait dans le contexte de son discours, de son milieu, de sa vie quotidienne, que vous pourrez deviner comment i

273 dans le contexte de son discours, de son milieu, de sa vie quotidienne, que vous pourrez deviner comment il pense ce mot,

274 ent il pense ce mot, s’il le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’il ne fait qu’y rêvasser machinalement. b. Rou

275 ’y rêvasser machinalement. b. Rougemont Denis de , « Comment savoir à quoi ils pensent ? (Quelques remarques sur la mét

276 s sur la méthode) », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 novembre 1937, p. 18-19. c. Il s’agit du Journal d’un intellectuel

277 thode) », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 novembre 1937, p. 18-19. c. Il s’agit du Journal d’un intellectuel en chômage , pu

278 ovembre 1937, p. 18-19. c. Il s’agit du Journal d’ un intellectuel en chômage , publié par Denis de Rougemont en 1937.

279 uel en chômage , publié par Denis de Rougemont en 1937.

280 Lectures dirigées dans le IIIe Reich ( 15 décembre 1937)d J’ai sous les yeux deux documents qui n’ont rien d

281 Lectures dirigées dans le IIIe Reich (15 décembre 1937 )d J’ai sous les yeux deux documents qui n’ont rien de secret : un

282 e Reich (15 décembre 1937)d J’ai sous les yeux deux documents qui n’ont rien de secret : un article de revue et un catalo

283 J’ai sous les yeux deux documents qui n’ont rien de secret : un article de revue et un catalogue d’éditeur, tous deux pub

284 x documents qui n’ont rien de secret : un article de revue et un catalogue d’éditeur, tous deux publiés en Allemagne à l’o

285 n de secret : un article de revue et un catalogue d’ éditeur, tous deux publiés en Allemagne à l’occasion des fêtes. Le cat

286 article de revue et un catalogue d’éditeur, tous deux publiés en Allemagne à l’occasion des fêtes. Le catalogue comporte en

287 occasion des fêtes. Le catalogue comporte environ 80 titres (publications récentes et rappels d’œuvres importantes). Ces t

288 viron 80 titres (publications récentes et rappels d’ œuvres importantes). Ces titres se répartissent, approximativement, co

289 ci la liste des titres contenant le mot ou l’idée de race : La Beauté nordique ; Art et race ; Le visage des chefs allema

290 ue ; Art et race ; Le visage des chefs allemands ( 22e mille) ; Race et humour ; La mère allemande (80e mille) ; Le livre de

291 Art et race ; Le visage des chefs allemands (22e mille ) ; Race et humour ; La mère allemande (80e mille) ; Le livre des femm

292 (22e mille) ; Race et humour ; La mère allemande ( 80e mille) ; Le livre des femmes nationales-socialistes ; Race, peuple, s

293 mille) ; Race et humour ; La mère allemande (80e mille ) ; Le livre des femmes nationales-socialistes ; Race, peuple, soldat 

294 s ; Race, peuple, soldat ; La paysannerie, source de la race nordique. L’âme nordique (30e mille) ; Race et âme (43e mille

295 erie, source de la race nordique. L’âme nordique ( 30e mille) ; Race et âme (43e mille) ; Hygiène raciale ; Science raciale

296 , source de la race nordique. L’âme nordique (30e mille ) ; Race et âme (43e mille) ; Hygiène raciale ; Science raciale du peu

297 rdique. L’âme nordique (30e mille) ; Race et âme ( 43e mille) ; Hygiène raciale ; Science raciale du peuple allemand (en 8 v

298 ue. L’âme nordique (30e mille) ; Race et âme (43e mille ) ; Hygiène raciale ; Science raciale du peuple allemand (en 8 volumes

299 raciale ; Science raciale du peuple allemand (en 8 volumes de titres divers. — 99e mille en moyenne). Musique et race ;

300 Science raciale du peuple allemand (en 8 volumes de titres divers. — 99e mille en moyenne). Musique et race ; La France e

301 peuple allemand (en 8 volumes de titres divers. —  99e mille en moyenne). Musique et race ; La France et l’idée raciale ; Ra

302 le allemand (en 8 volumes de titres divers. — 99e mille en moyenne). Musique et race ; La France et l’idée raciale ; Race, dr

303 at dans le domaine Nord-Est ; Traits fondamentaux de l’histoire raciale allemande ; Race et patrie chez les Indo-Germains 

304 (revue). Comme il ne s’agit là que du catalogue d’ une seule maison, on ne saurait tirer de ces chiffres aucune conclusio

305 catalogue d’une seule maison, on ne saurait tirer de ces chiffres aucune conclusion définitive sur le pourcentage d’intérê

306 s aucune conclusion définitive sur le pourcentage d’ intérêt — si j’ose dire — que manifestent les lecteurs allemands. Il e

307 es lecteurs allemands. Il existe d’autres maisons d’ édition qui se spécialisent dans la littérature pure, et chez lesquell

308 ture pure, et chez lesquelles on ne trouvera, sur cent titres, que quatre ou cinq se rapportant à la race. Par contre, la li

309 z lesquelles on ne trouvera, sur cent titres, que quatre ou cinq se rapportant à la race. Par contre, la liste que je viens de

310 es on ne trouvera, sur cent titres, que quatre ou cinq se rapportant à la race. Par contre, la liste que je viens de recopie

311 je viens de recopier ne donne qu’une faible idée de l’ensemble des publications allemandes sur ce sujet, depuis 1933. J’a

312 des publications allemandes sur ce sujet, depuis 1933. J’ajoute que la maison d’édition en question n’est nullement spéciali

313 fique du terme. Tous ces ouvrages sont des essais de vulgarisation, bien plus que des manuels techniques ou des instrument

314 lus que des manuels techniques ou des instruments de recherche. Du moins sont-ils présentés sous l’aspect le plus populair

315 sous l’aspect le plus populaire. Et les chiffres de tirage sont significatifs à cet égard, même si l’on tient compte de l

316 nificatifs à cet égard, même si l’on tient compte de la diffusion moyenne du livre allemand, très supérieure à celle du li

317 vre français. Reste à savoir si cet énorme effort de propagande aboutit réellement ; s’il satisfait à une de­mande réelle

318 à se réduire à la question : « à quoi leur dit-on de penser ? » C’est-à-dire qu’on a remplacé la mode — maîtresse des goût

319 resse des goûts moyens en France — par la volonté de l’État (Hitler, Goebbels et Rosenberg). Il peut donc être intéressant

320 bels et Rosenberg). Il peut donc être intéressant de se reporter maintenant à un organe qui s’efforce de traduire fidèleme

321 se reporter maintenant à un organe qui s’efforce de traduire fidèlement les désirs officiels du Parti : la revue Deutsche

322 ches Volkstum par exemple. Ce périodique s’occupe d’ art et de littérature, de politique, et même de religion. Dans sa livr

323 stum par exemple. Ce périodique s’occupe d’art et de littérature, de politique, et même de religion. Dans sa livraison de

324 . Ce périodique s’occupe d’art et de littérature, de politique, et même de religion. Dans sa livraison de décembre, le réd

325 pe d’art et de littérature, de politique, et même de religion. Dans sa livraison de décembre, le rédacteur en chef, Wilhel

326 politique, et même de religion. Dans sa livraison de décembre, le rédacteur en chef, Wilhelm Stapel, publie, comme chaque

327 haque année, un article destiné à diriger le goût de ses lecteurs au moment des achats de Noël. Voici les vingt-deux titre

328 iger le goût de ses lecteurs au moment des achats de Noël. Voici les vingt-deux titres qu’il propose : Une traduction de W

329 lecteurs au moment des achats de Noël. Voici les vingt-deux titres qu’il propose : Une traduction de Wolfram von Eschenbach. Une

330 vingt-deux titres qu’il propose : Une traduction de Wolfram von Eschenbach. Une Histoire de la poésie allemande ; La Mu

331 aduction de Wolfram von Eschenbach. Une Histoire de la poésie allemande ; La Musique allemande de l’époque ; Eugène Die

332 re de la poésie allemande ; La Musique allemande de l’époque ; Eugène Diesel (biographie) ; Ballades germaniques ; Cul

333 ture et religion des Germains ; Œuvres complètes de F. Blunck (littérature) ; Les Grands Allemands ; Histoire de notre

334 (littérature) ; Les Grands Allemands ; Histoire de notre peuple ; Figures du passé allemand ; Le caractère populaire a

335 it allemand ; Sparte ; Arndt (héros des guerres d’ indépendance.) Portraits d’empereurs allemands du Moyen Âge ; Histoi

336 dt (héros des guerres d’indépendance.) Portraits d’ empereurs allemands du Moyen Âge ; Histoire des Allemands Sudètes ;

337 Allemands Sudètes ; Le soldat allemand (lettres de guerre) ; et quatre romans (dont un sur la guerre, et un sur le Moyen

338 es ; Le soldat allemand (lettres de guerre) ; et quatre romans (dont un sur la guerre, et un sur le Moyen Âge allemand). Les

339 , « germain », « nordique », reviennent donc dans 13 titres. Et la moitié des autres, au moins, évoquent de la façon la pl

340 tres. Et la moitié des autres, au moins, évoquent de la façon la plus précise l’idéologie du Parti : technique, morale spa

341 s rêves du lecteur allemand, heureux bénéficiaire de ces « cadeaux de Noël ». d. Rougemont Denis de, « Lectures dirigée

342 r allemand, heureux bénéficiaire de ces « cadeaux de Noël ». d. Rougemont Denis de, « Lectures dirigées dans le IIIe Re

343 de ces « cadeaux de Noël ». d. Rougemont Denis de , « Lectures dirigées dans le IIIe Reich », Les Nouveaux Cahiers, Pari

344 ans le IIIe Reich », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 décembre 1937, p. 16.

345 Reich », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 décembre 1937, p. 16.

346 Du danger de s’unir (15 avril 1938)e Le ministère Blum a vécu l’espace d’une pa

347 Du danger de s’unir ( 15 avril 1938)e Le ministère Blum a vécu l’espace d’une parenthèse ou

348 Du danger de s’unir (15 avril 1938 )e Le ministère Blum a vécu l’espace d’une parenthèse ouverte par l

349 avril 1938)e Le ministère Blum a vécu l’espace d’ une parenthèse ouverte par l’Anschluss et fermée par le plébiscite gra

350 e plébiscite grand-allemand. Face à l’affirmation de l’unité germanique, faite et scellée en deux coups de poing, la Franc

351 mation de l’unité germanique, faite et scellée en deux coups de poing, la France, un mois durant, s’est énervée à discourir

352 ’unité germanique, faite et scellée en deux coups de poing, la France, un mois durant, s’est énervée à discourir sur sa dé

353 n. J’entends bien que tout le monde n’a parlé que d’ union, mais sur un ton qui, de toute évidence, en excluait la possibil

354 monde n’a parlé que d’union, mais sur un ton qui, de toute évidence, en excluait la possibilité. Car quand la droite propo

355 on que la droite adopte son programme, c’est que, de part et d’autre, on est très fermement décidé à ne pas s’unir. Cette

356 roite adopte son programme, c’est que, de part et d’ autre, on est très fermement décidé à ne pas s’unir. Cette double hypo

357 vrai qu’on n’en est encore qu’à s’en servir comme d’ un prétexte pour légitimer des coups bas. Discours à part, que fait-on

358 ue fait-on depuis un mois pour préparer les voies de la réconciliation ? Les socialistes du Populaire soulèvent leurs trou

359 uniste fait crier : « À bas Blum ! » au Vélodrome d’ Hiver, et le lendemain, fait publier par Ce Soir : « Les élus communis

360 inistère qu’il renverse au Sénat. Et que font ces trois partis réunis dans le Front populaire ? Leurs gouvernements successif

361 rnements successifs qualifient l’un après l’autre d’ illégales les occupations d’usines, et refusent l’un après l’autre d’i

362 nt l’un après l’autre d’illégales les occupations d’ usines, et refusent l’un après l’autre d’intervenir pour appliquer la

363 upations d’usines, et refusent l’un après l’autre d’ intervenir pour appliquer la loi dont ils sont les auteurs. L’habitude

364 quer la loi dont ils sont les auteurs. L’habitude de la non-intervention se prend décidément très vite. Quant à la droite,

365 à Blum. Nationaliste, elle soutient Franco, agent d’ Hitler, qui est un ennemi, et elle attaque Thorez, agent de Staline, q

366 qui est un ennemi, et elle attaque Thorez, agent de Staline, qui est un allié. Cet ensemble de faits pose une alternative

367 agent de Staline, qui est un allié. Cet ensemble de faits pose une alternative : ou bien tout le monde est devenu fou, c’

368 de est devenu fou, c’est-à-dire fait le contraire de ce qu’il veut faire ; ou bien personne, en réalité, ne veut l’union q

369 ter, ce n’est pas tant qu’on triche sous prétexte d’ union, mais bien que las de ces tricheries, et d’autre part dupé par c

370 n triche sous prétexte d’union, mais bien que las de ces tricheries, et d’autre part dupé par ce grand mot dont on lui reb

371 and mot dont on lui rebat les oreilles, le peuple de France, un beau jour, ne se décide à jouer sérieusement, — à jouer le

372 se décide à jouer sérieusement, — à jouer le jeu de l’union sacrée. Ce qui est grave, ce qu’il faut redouter, c’est que l

373 grave, ce qu’il faut redouter, c’est que le désir de riposter au coup d’Hitler n’amène les droites et les gauches en même

374 redouter, c’est que le désir de riposter au coup d’ Hitler n’amène les droites et les gauches en même temps à ne plus conc

375 à ne plus concevoir leur union que sous la forme d’ un Anschluss, d’une mutuelle annexion. Il ne manque pas de Seiss-Inqua

376 voir leur union que sous la forme d’un Anschluss, d’ une mutuelle annexion. Il ne manque pas de Seiss-Inquart, dans les deu

377 chluss, d’une mutuelle annexion. Il ne manque pas de Seiss-Inquart, dans les deux camps, pour appeler au secours les troup

378 xion. Il ne manque pas de Seiss-Inquart, dans les deux camps, pour appeler au secours les troupes adverses et les prier de v

379 eler au secours les troupes adverses et les prier de venir rétablir l’ordre. Il ne manque pas de fascistes inconscients po

380 prier de venir rétablir l’ordre. Il ne manque pas de fascistes inconscients pour confondre ordre et mise au pas. Il ne man

381 confondre ordre et mise au pas. Il ne manque pas d’ intellectuels de droite et de gauche pour proclamer qu’en présence du

382 et mise au pas. Il ne manque pas d’intellectuels de droite et de gauche pour proclamer qu’en présence du danger, l’exerci

383 as. Il ne manque pas d’intellectuels de droite et de gauche pour proclamer qu’en présence du danger, l’exercice de la pens

384 ur proclamer qu’en présence du danger, l’exercice de la pensée libre, ou simplement de l’intelligence, équivaut à une trah

385 ger, l’exercice de la pensée libre, ou simplement de l’intelligence, équivaut à une trahison… Enfin, il ne manque pas de p

386 équivaut à une trahison… Enfin, il ne manque pas de politiciens pour estimer que leur programme d’union est celui qui sup

387 as de politiciens pour estimer que leur programme d’ union est celui qui supprime les problèmes au lieu d’essayer de les ré

388 elui qui supprime les problèmes au lieu d’essayer de les résoudre, et fait converger des refus au lieu de composer des eff

389 refus au lieu de composer des efforts. Programme de M. Daladier (selon le Journal du 10 avril) : exclusion des communiste

390 ts. Programme de M. Daladier (selon le Journal du 10 avril) : exclusion des communistes ; non-intervention en Espagne ; ex

391 ation des usines. C’est tout. Il est vrai que ces quatre négations couvrent une implicite affirmation, qui est celle du réarme

392 les partis existants. On peut se payer l’élégance de le taire. Toutes les unions sacrées se font ainsi. Pour éviter de mou

393 tes les unions sacrées se font ainsi. Pour éviter de mourir, cessons de vivre et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons

394 ées se font ainsi. Pour éviter de mourir, cessons de vivre et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons d’être, et armons-

395 ivre et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons d’ être, et armons-nous pour sauver le reste. Hitler menace la paix de l’

396 -nous pour sauver le reste. Hitler menace la paix de l’Europe ? Qu’à cela ne tienne, décrétons l’état de guerre et c’est H

397 l’Europe ? Qu’à cela ne tienne, décrétons l’état de guerre et c’est Hitler qui sera bien attrapé ! Trois dictatures menac

398 de guerre et c’est Hitler qui sera bien attrapé ! Trois dictatures menacent nos libertés démocratiques ? Eh bien ! cessons de

399 nt nos libertés démocratiques ? Eh bien ! cessons de les exercer, ces libertés, et comme cela les dictateurs n’auront plus

400 s’accordent à tenir pour sacrée l’absence totale de raison chez un être doté d’une apparence humaine. Est-ce en vertu de

401 crée l’absence totale de raison chez un être doté d’ une apparence humaine. Est-ce en vertu de cette coutume qu’on nous som

402 Est-ce en vertu de cette coutume qu’on nous somme de cesser de penser, sous prétexte d’union « sacrée » ? ⁂ Concevoir l’un

403 vertu de cette coutume qu’on nous somme de cesser de penser, sous prétexte d’union « sacrée » ? ⁂ Concevoir l’union comme

404 ’on nous somme de cesser de penser, sous prétexte d’ union « sacrée » ? ⁂ Concevoir l’union comme l’annexion d’une moitié d

405 « sacrée » ? ⁂ Concevoir l’union comme l’annexion d’ une moitié de la France par l’autre, c’est la rendre irréalisable, dan

406 ⁂ Concevoir l’union comme l’annexion d’une moitié de la France par l’autre, c’est la rendre irréalisable, dans l’état actu

407 Car seule la force brutale peut opérer une union de ce type, qui n’est qu’une unification. Dans la mesure où on la voudra

408 auver la France, on perdra les meilleures raisons de la défendre. Disons plus : on perdra ses meilleures forces. L’union q

409 pas l’union qui fait la force. Ou alors, cessons de critiquer Hitler, Staline, Mussolini. La force de la France n’est pas

410 de critiquer Hitler, Staline, Mussolini. La force de la France n’est pas dans son union. Elle est dans sa capacité unique

411 union. Elle est dans sa capacité unique au monde de supporter les désunions, ou pour mieux dire : le libre jeu des plus f

412 libre jeu des plus franches oppositions. La force de la France est dans la création, et non pas dans la discipline ; dans

413 ui accepte une dictature se décerne un certificat d’ incapacité politique. Ne croyons pas surtout qu’il en soit aussi fier

414 tira sa propre délivrance. Ce que le monde attend de la France, en vérité, ce n’est pas un Führer de plus, mais au contrai

415 mes que d’autres, n’ayant pu résoudre, ont essayé de supprimer en se donnant à un Führer. Ce que le monde attend de la Fra

416 en se donnant à un Führer. Ce que le monde attend de la France, c’est une audace libératrice. L’audace d’assumer tous les

417 la France, c’est une audace libératrice. L’audace d’ assumer tous les risques de la liberté politique, l’audace de pousser

418 libératrice. L’audace d’assumer tous les risques de la liberté politique, l’audace de pousser les conflits jusqu’à leur p

419 ous les risques de la liberté politique, l’audace de pousser les conflits jusqu’à leur pleine maturation, jusqu’à leur sol

420 aturation, jusqu’à leur solution réelle. L’audace de faire passer cette mission créatrice avant l’intérêt « national » au

421 urope fascisée. On ne défend bien que ce qui vaut d’ être défendu. Et la plus forte armée du monde n’est rien, si le pays q

422 pays qu’elle entend protéger abdique ses raisons de vivre avant même qu’on l’attaque, sous prétexte de mieux se défendre.

423 attaque, sous prétexte de mieux se défendre. Avec vingt ans de retard, Hitler vient de gagner la guerre à Vienne. Avec vingt

424 ous prétexte de mieux se défendre. Avec vingt ans de retard, Hitler vient de gagner la guerre à Vienne. Avec vingt ans d’a

425 , Hitler vient de gagner la guerre à Vienne. Avec vingt ans d’avance sur Hitler, la France va-t-elle enfin gagner sa paix ? ⁂

426 ient de gagner la guerre à Vienne. Avec vingt ans d’ avance sur Hitler, la France va-t-elle enfin gagner sa paix ? ⁂ Ce n’e

427 l’éloge du désordre présent, du désordre honteux de lui-même, et que ses excès conduisent à rêver d’un fascisme. Mais il

428 de lui-même, et que ses excès conduisent à rêver d’ un fascisme. Mais il s’agit de savoir si la France, réellement, saura

429 conduisent à rêver d’un fascisme. Mais il s’agit de savoir si la France, réellement, saura retrouver l’usage concret et p

430 f des libertés qu’elle s’est conquises. Il s’agit de savoir si le désordre va devenir la seule expression de nos libertés

431 oir si le désordre va devenir la seule expression de nos libertés dégénérées, ou si nous saurons retrouver un but commun,

432 nsformer notre apparent désordre en quelque chose d’ incomparablement plus beau et fort que l’ordre apparent des fascismes.

433 e les revers ? Ou prendrons-nous enfin conscience de l’écrasante supériorité qu’elle peut signifier dans l’avenir, si nous

434 lle peut signifier dans l’avenir, si nous cessons de nous énerver, si nous osons vivre la paix ? e. Rougemont Denis de,

435 nous osons vivre la paix ? e. Rougemont Denis de , « Du danger de s’unir », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 avril 1938,

436 e la paix ? e. Rougemont Denis de, « Du danger de s’unir », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 avril 1938, p. 21-22.

437 danger de s’unir », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 avril 1938, p. 21-22.

438 e s’unir », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 avril 1938, p. 21-22.

439 Vues sur le national-socialisme ( 1er juin 1938)f Les notes qui suivent sont extraites d’un « journal »

440 Vues sur le national-socialisme (1er juin 1938 )f Les notes qui suivent sont extraites d’un « journal » tenu en 19

441 in 1938)f Les notes qui suivent sont extraites d’ un « journal » tenu en 1935 et 1936 par l’auteur, alors chargé de cour

442 i suivent sont extraites d’un « journal » tenu en 1935 et 1936 par l’auteur, alors chargé de cours dans une Université allem

443 t sont extraites d’un « journal » tenu en 1935 et 1936 par l’auteur, alors chargé de cours dans une Université allemande de

444 » tenu en 1935 et 1936 par l’auteur, alors chargé de cours dans une Université allemande de l’Ouest. On a choisi parmi ces

445 ors chargé de cours dans une Université allemande de l’Ouest. On a choisi parmi ces observations celles qui paraissent gar

446 garder leur signification et leur actualité après deux ans. I. — À quoi pensent… Les bourgeois. — J’arrivais de Paris

447 signification et leur actualité après deux ans. I . — À quoi pensent… Les bourgeois. — J’arrivais de Paris persuadé

448 — À quoi pensent… Les bourgeois. — J’arrivais de Paris persuadé que l’hitlérisme est un mouvement « de droite », une d

449 aris persuadé que l’hitlérisme est un mouvement «  de droite », une dernière tentative pour sauver le capitalisme et les pr

450 C’est un bolchévisme déguisé, répètent-ils. Drôle de « rempart ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes soient en

451 ètent-ils. Drôle de « rempart ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes soient en faveur des ouvriers et des paysa

452 sans ; et que les impôts prennent les proportions d’ une confiscation de capital ; et que la vie de famille soit détruite,

453 mpôts prennent les proportions d’une confiscation de capital ; et que la vie de famille soit détruite, l’autorité des pare

454 ons d’une confiscation de capital ; et que la vie de famille soit détruite, l’autorité des parents sapée, la religion déna

455 es parents sapée, la religion dénaturée, éliminée de l’éducation, persécutée par mille moyens sournois, méthodiquement. Ma

456 énaturée, éliminée de l’éducation, persécutée par mille moyens sournois, méthodiquement. Mais si je les interroge sur leurs p

457 ement. Mais si je les interroge sur leurs projets de résistance, ils se dérobent. Je parviens à leur faire avouer que le b

458 yeux, moins affreux que le rouge. Il n’y a pas eu de massacres. Tout se passe d’une manière progressive et ordonnée : bien

459 ouge. Il n’y a pas eu de massacres. Tout se passe d’ une manière progressive et ordonnée : bientôt ils n’auront plus de for

460 ogressive et ordonnée : bientôt ils n’auront plus de fortune, mais ils conserveront pour la plupart leurs titres et leurs

461 ctions, sous des maîtres nouveaux. (Le gouverneur de la province est un ancien employé de postes, ventripotent et qu’on ju

462 e gouverneur de la province est un ancien employé de postes, ventripotent et qu’on juge très vulgaire.) Partout, la même c

463 out, la même crainte paralyse en germe tout essai de résister : si ce n’étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce s

464 voir, ce seraient les rouges. Ils n’imaginent pas d’ autre alternative. De fait, ces « possédants » n’ont jamais gouverné.

465 rouges. Ils n’imaginent pas d’autre alternative. De fait, ces « possédants » n’ont jamais gouverné. Et ils n’ont jamais c

466 amais gouverné. Et ils n’ont jamais cru au régime de Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Europe, de classe plus indifféren

467 me de Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Europe, de classe plus indifférente à la vie politique, plus passive vis-à-vis d

468 rs accompli par d’autres, forcément — plus dénuée d’ esprit civique, pour tout dire. Par un curieux paradoxe, c’est le régi

469 s qu’il pose. D’une part, la force et la rapidité de l’ascension hitlérienne ont été l’expression directe d’une carence du

470 scension hitlérienne ont été l’expression directe d’ une carence du sens civique, loi générale qui se vérifie dans tout pay

471 e. D’autre part, le régime nouveau a pris à tâche d’ éduquer tout ce monde : d’où le didactisme pesant des innombrables dis

472 nouveau a pris à tâche d’éduquer tout ce monde : d’ où le didactisme pesant des innombrables discours politiques et des le

473 s innombrables discours politiques et des leaders de la presse mise au pas. Certes, les Allemands ont toujours eu le sens

474 le sens du groupe, et l’on est trop souvent tenté d’ expliquer le national-socialisme par ce besoin de marcher ensemble, de

475 d’expliquer le national-socialisme par ce besoin de marcher ensemble, de chanter ensemble, de boire et de penser ensemble

476 nal-socialisme par ce besoin de marcher ensemble, de chanter ensemble, de boire et de penser ensemble. En réalité, ce phén

477 besoin de marcher ensemble, de chanter ensemble, de boire et de penser ensemble. En réalité, ce phénomène est aussi vieux

478 archer ensemble, de chanter ensemble, de boire et de penser ensemble. En réalité, ce phénomène est aussi vieux que les All

479 e les Allemagnes ; il ne peut donc rien expliquer de ce qui s’y passe de tout nouveau. Un régime totalitaire n’exprime poi

480 l ne peut donc rien expliquer de ce qui s’y passe de tout nouveau. Un régime totalitaire n’exprime point tant l’âme collec

481 totalitaire n’exprime point tant l’âme collective d’ un peuple que le besoin de porter remède à ses carences profondes, et

482 t tant l’âme collective d’un peuple que le besoin de porter remède à ses carences profondes, et de les compenser. Hitler e

483 oin de porter remède à ses carences profondes, et de les compenser. Hitler est en train d’opérer un dressage du peuple all

484 sage du russe), dressage dont les buts n’ont rien de traditionnel, bien au contraire. Tous les efforts de la propagande po

485 traditionnel, bien au contraire. Tous les efforts de la propagande pour restaurer je ne sais quel hypothétique et préhisto

486 hodes jacobines, à mon sens3. Car ce qu’il s’agit d’ inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce n’est pas le sens du groupe q

487 pas le sens du groupe qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’elle n’a pas. Le sens de l’unité allemande, de la prépondé

488 mais le sens de l’État, qu’elle n’a pas. Le sens de l’unité allemande, de la prépondérance de l’intérêt allemand sur les

489 t, qu’elle n’a pas. Le sens de l’unité allemande, de la prépondérance de l’intérêt allemand sur les intérêts de classe, et

490 Le sens de l’unité allemande, de la prépondérance de l’intérêt allemand sur les intérêts de classe, et sur tout intérêt pr

491 pondérance de l’intérêt allemand sur les intérêts de classe, et sur tout intérêt privé. Voilà la grande révolution, dans u

492 térieure d’une part, et la séparation des classes de l’autre, étaient les vrais fondements des mœurs. Seulement, il y a ce

493 its du citoyen, tandis que le second ne parle que de ses devoirs. Serais-je déjà contaminé par l’optimisme de commande en

494 evoirs. Serais-je déjà contaminé par l’optimisme de commande en ce pays ? Je me dis parfois que si l’on parvient à éviter

495 ? Je me dis parfois que si l’on parvient à éviter de nouveaux conflits armés, il se peut que l’hitlérisme apparaisse aux y

496 premières conditions, qui sont le sens vulgarisé de l’État et le sens du service social. Staline proclame une religion du

497 lus paresseux des hommes ; Mussolini une religion de l’Empire, et c’est à peine si les Italiens avaient jamais été une nat

498 aient jamais été une nation ; Hitler une religion de l’État, et les Allemands l’apprennent péniblement, avec un pédantisme

499 athétique… N’allons pas faire, nous, une religion de la Liberté ! Ce serait le signe que nous en perdons le goût et l’usag

500 naturel, spontané. Un petit industriel. — Avant 1933, sa vie était impossible : grèves, menaces de mort de la part des extr

501 t 1933, sa vie était impossible : grèves, menaces de mort de la part des extrémistes, discussions épuisantes avec le syndi

502 nt, plus rien n’est libre, mais tout marche. Plus de discussions. Le « Führer d’entreprise » n’a pas le droit de renvoyer

503 ais tout marche. Plus de discussions. Le « Führer d’ entreprise » n’a pas le droit de renvoyer ses ouvriers, mais ceux-ci n

504 ions. Le « Führer d’entreprise » n’a pas le droit de renvoyer ses ouvriers, mais ceux-ci n’ont pas le droit de se mettre e

505 yer ses ouvriers, mais ceux-ci n’ont pas le droit de se mettre en grève. La paix sociale a été obtenue par la fixation des

506 r la fixation des devoirs réciproques à un niveau de justice fort médiocre, mais stable. — En somme, vous êtes content ? I

507  ? Il sourit, hausse un peu les épaules, fait oui de la tête. Demain, il doit partir pour un Schulungslager (camp d’éducat

508 main, il doit partir pour un Schulungslager (camp d’ éducation sociale). Ça ne l’enchante pas. Je le revois trois semaines

509 ion sociale). Ça ne l’enchante pas. Je le revois trois semaines plus tard. — Ce camp ? — Eh bien voilà : nous étions dans un

510 ilà : nous étions dans une grande maison, logeant deux par deux dans des chambres confortables. J’avais pour compagnon un ou

511 s étions dans une grande maison, logeant deux par deux dans des chambres confortables. J’avais pour compagnon un ouvrier de

512 s confortables. J’avais pour compagnon un ouvrier de mon usine. On apprend à se connaître en partageant la même chambre. N

513 rtageant la même chambre. Nous suivions des cours de politique et d’économie. Nous chantions ensemble. On nous interrogeai

514 chambre. Nous suivions des cours de politique et d’ économie. Nous chantions ensemble. On nous interrogeait. La plupart de

515 enton… Un « opposant ». — Je me promène avec un de mes étudiants. Il est déjà doktor phil., et il voudrait se perfection

516 en attendant une situation. Il craint d’ailleurs de n’en point trouver, n’étant pas du Parti. Il a fait beaucoup de psych

517 plus croire à rien. » Maintenant il est disciple de Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de l’homme… Le régi

518 Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de l’homme… Le régime le dégoûte et le repousse. C’est la dictature des

519 ieux. — Trop vieux, vous ? Quel âge avez-vous ? —  27 ans. Mais le Führer l’a bien dit, l’autre jour : les hommes qui avaie

520 n dit, l’autre jour : les hommes qui avaient plus de vingt ans en 1933 ne comprendront jamais les temps nouveaux. Il prépa

521 it, l’autre jour : les hommes qui avaient plus de vingt ans en 1933 ne comprendront jamais les temps nouveaux. Il prépare pou

522 our : les hommes qui avaient plus de vingt ans en 1933 ne comprendront jamais les temps nouveaux. Il prépare pour le séminai

523 e il aime Barrès, cela le rassure. C’est une voie d’ approche, un compromis avec le régime détesté. (Note de 1938 : cet étu

524 roche, un compromis avec le régime détesté. (Note de 1938 : cet étudiant vient d’entrer dans le Parti.) Parents et enfan

525 he, un compromis avec le régime détesté. (Note de 1938  : cet étudiant vient d’entrer dans le Parti.) Parents et enfants. —

526 égime détesté. (Note de 1938 : cet étudiant vient d’ entrer dans le Parti.) Parents et enfants. — Déjeuner chez un avocat

527 hez un avocat. Madame se plaint : « Il n’y a plus de vie de famille possible, avec ce système. Tous les soirs, deux de mes

528 avocat. Madame se plaint : « Il n’y a plus de vie de famille possible, avec ce système. Tous les soirs, deux de mes enfant

529 amille possible, avec ce système. Tous les soirs, deux de mes enfants sur trois sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18

530 e possible, avec ce système. Tous les soirs, deux de mes enfants sur trois sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans

531 système. Tous les soirs, deux de mes enfants sur trois sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’

532 ur trois sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’elle doit comm

533 Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’ un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux fois par semain

534 lle aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux fois par semaine : gymnasti

535 un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux fois par semaine : gymnastique et culture politique. De plus, elle a

536 e et culture politique. De plus, elle a la charge de trouver des places pour ses subordonnées, de s’occuper des secours à

537 arge de trouver des places pour ses subordonnées, de s’occuper des secours à donner aux plus pauvres, de les visiter quand

538 s’occuper des secours à donner aux plus pauvres, de les visiter quand elles sont malades (c’est un contrôle), et même, c’

539 (c’est un contrôle), et même, c’est arrivé une ou deux fois, de régler des questions très délicates, enfants naturels, etc.,

540 ontrôle), et même, c’est arrivé une ou deux fois, de régler des questions très délicates, enfants naturels, etc., vous me

541 tout. Si nous voulions empêcher notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’il est un peu malade, par exemple, nous ris

542 nous voulions empêcher notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’il est un peu malade, par exemple, nous risquerions

543 ts. Eux, ils se sentent des militaires. » Plainte vingt fois entendue. Les enfants sont ravis, naturellement. Ils se sentent

544 ur un adolescent, c’est tout ce qui ne dépend pas de la famille, fut-ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle soit extér

545 Je ne dirai plus que le « fascisme » tue l’esprit d’ initiative. C’est le contraire. Comparez la jeune Führerin à une jeune

546 rrain. Contraindre, ce serait peu. Mais s’emparer de la liberté même des jeunes, voilà le totalitarisme. Un communiste.

547 a petite cuisine, où nous sommes attablés, depuis deux heures il me raconte ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand i

548 il me raconte ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand il était en feldgrau (l’uniforme des communistes) et les autres

549 ’est un dur. Chômeur depuis sept ans. Ancien chef d’ une Kameradschaft (compagnie de miliciens rouges). Irréductible, il me

550 t ans. Ancien chef d’une Kameradschaft (compagnie de miliciens rouges). Irréductible, il me l’affirme solennellement. Mais

551 se sent trop vieux pour continuer la lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils ne sont pas comme ça, les ouvriers alle

552 Maintenant nous voulons du travail et notre tasse de café au lait le matin. Qu’on nous donne ça, Hitler ou un autre, ça su

553 itique n’intéresse pas les ouvriers quand ils ont de quoi manger et travailler. Hitler ? Il n’a qu’à appliquer son program

554 n’attaquant pas tout de suite la religion… » Tout d’ un coup il se lève de son tabouret et avec un grand geste, le doigt po

555 de suite la religion… » Tout d’un coup il se lève de son tabouret et avec un grand geste, le doigt pointé en l’air : « Je

556 s, c’est un homme sincère, et c’est le seul… » II . — Le fait central J’en étais là de mes étonnements. Je collection

557 seul… » II. — Le fait central J’en étais là de mes étonnements. Je collectionnais des observations de détail et des

558 s étonnements. Je collectionnais des observations de détail et des interprétations théoriques, vraies et vraisemblables un

559 gés français-moyen, comme s’ils ne sentaient rien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ils ne sentaient pas ce je ne

560 ’ils ne sentaient rien de ce qui se vivait autour d’ eux, comme s’ils ne sentaient pas ce je ne sais quoi dans l’atmosphère

561 aisait que toutes les descriptions « objectives » de nos journalistes paraissaient, lues d’ici, décrire un monde factice,

562 à ce moment. C’est alors que se produisit le coup d’ audace du 7 mars, l’occupation de la Rhénanie par la Reichswehr. Deux

563 C’est alors que se produisit le coup d’audace du 7 mars, l’occupation de la Rhénanie par la Reichswehr. Deux jours plus

564 roduisit le coup d’audace du 7 mars, l’occupation de la Rhénanie par la Reichswehr. Deux jours plus tard, des affiches rou

565 s, l’occupation de la Rhénanie par la Reichswehr. Deux jours plus tard, des affiches rouges annonçaient pour le surlendemain

566 places. On installait des haut-parleurs tous les cent mètres le long des avenues. Et le tambour se mit à battre — deux coup

567 long des avenues. Et le tambour se mit à battre — deux coups lents, trois coups rapprochés — on l’entendait encore au milieu

568 Et le tambour se mit à battre — deux coups lents, trois coups rapprochés — on l’entendait encore au milieu de la nuit. Je rep

569 re au milieu de la nuit. Je reprends mes notes du 11 mars 1936. Une cérémonie sacrée. — Trois heures de l’après-midi, da

570 lieu de la nuit. Je reprends mes notes du 11 mars 1936. Une cérémonie sacrée. — Trois heures de l’après-midi, dans un café

571 notes du 11 mars 1936. Une cérémonie sacrée. —  Trois heures de l’après-midi, dans un café près de l’Opéra. Je dis à mon co

572 mars 1936. Une cérémonie sacrée. — Trois heures de l’après-midi, dans un café près de l’Opéra. Je dis à mon compagnon, l

573 a. Je dis à mon compagnon, le dramaturge allemand L.  : — Vous y croyez, vous, à l’âme collective ? Est-ce que ce n’est pas

574 ne formule grandiloquente pour désigner l’absence d’ âme personnelle chez les individus charriés par les mouvements mécaniq

575 individus charriés par les mouvements mécaniques d’ une foule ? L. hoche la tête : — Allez écouter le Führer, nous en repa

576 rriés par les mouvements mécaniques d’une foule ? L. hoche la tête : — Allez écouter le Führer, nous en reparlerons demain

577 allez-y tout de suite, car les portes s’ouvrent à 5 heures. — Mais il n’est annoncé que pour 9 heures. — Venez voir ! Du

578 rent à 5 heures. — Mais il n’est annoncé que pour 9 heures. — Venez voir ! Du seuil du café, l’on aperçoit toute la place

579  ! Du seuil du café, l’on aperçoit toute la place de l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. L

580 afé, l’on aperçoit toute la place de l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au ba

581 aperçoit toute la place de l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au balco

582 toute la place de l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au balcon à 11 he

583 rangés, immobiles. Le Führer viendra au balcon à 11 heures. D’ici là, ces hommes ne bougeront pas. Je me perds dans des l

584 e bougeront pas. Je me perds dans des labyrinthes de barrages jusqu’aux abords de la Festhalle — tout un peuple campe alen

585 dans des labyrinthes de barrages jusqu’aux abords de la Festhalle — tout un peuple campe alentour, depuis le matin — et je

586 le matin — et je ne puis franchir les portes qu’à 5 heures 10. Comment fait-on pour occuper en dix minutes 30 000 places

587 — et je ne puis franchir les portes qu’à 5 heures 10. Comment fait-on pour occuper en dix minutes 30 000 places assises ? J

588 qu’à 5 heures 10. Comment fait-on pour occuper en dix minutes 30 000 places assises ? Je me glisse dans des rangs compacts

589 s 10. Comment fait-on pour occuper en dix minutes 30  000 places assises ? Je me glisse dans des rangs compacts derrière le

590 0. Comment fait-on pour occuper en dix minutes 30  000 places assises ? Je me glisse dans des rangs compacts derrière les ba

591 rai très bien la tribune, qui se dresse au centre de l’ovale, comme une tour carrée, tendue de rouge et violemment éclairé

592 centre de l’ovale, comme une tour carrée, tendue de rouge et violemment éclairée par des projecteurs convergents. Des mas

593 lerie, les visages indistincts. Immense roulement de tambour, rarement interrompu par une fanfare. On attend, on se serre

594 se serre de plus en plus. Des formations du front de travail viennent occuper les couloirs, la pelle sur l’épaule. Les aff

595 s annonçaient un appel général du Parti, dans les 45 salles de la ville, pour la même heure. Avec tout ce que les trains s

596 ent un appel général du Parti, dans les 45 salles de la ville, pour la même heure. Avec tout ce que les trains spéciaux on

597 iaux ont déversé depuis la veille dans cette cité de 700 000 habitants, et les autocars, et l’afflux des campagnards venus

598 x ont déversé depuis la veille dans cette cité de 700  000 habitants, et les autocars, et l’afflux des campagnards venus à p

599 t déversé depuis la veille dans cette cité de 700  000 habitants, et les autocars, et l’afflux des campagnards venus à pied,

600 afflux des campagnards venus à pied, il y aura un million d’auditeurs immédiats. Quelques femmes s’évanouissent, on les emporte

601 es campagnards venus à pied, il y aura un million d’ auditeurs immédiats. Quelques femmes s’évanouissent, on les emporte, e

602 orte, et cela fait un peu de place pour respirer. Sept heures. Personne ne s’impatiente, ni ne parle. Huit heures. Les digni

603 pt heures. Personne ne s’impatiente, ni ne parle. Huit heures. Les dignitaires du Reich apparaissent, annoncés par les clame

604 du Reich apparaissent, annoncés par les clameurs de l’extérieur. Goering, Blomberg, des généraux, salués par des heil joy

605 néraux, salués par des heil joyeux. Le gouverneur de la province nasille des lieux communs, mal écouté. Je suis debout, ma

606 t, malaxé et soutenu par la foule, depuis bientôt quatre fois soixante minutes. Est-ce que cela vaut la peine ? Mais voici une

607 soutenu par la foule, depuis bientôt quatre fois soixante minutes. Est-ce que cela vaut la peine ? Mais voici une rumeur de mar

608 ce que cela vaut la peine ? Mais voici une rumeur de marée, des trompettes au-dehors. Toutes les lumières s’éteignent dans

609 orte à la hauteur des premières galeries. Un coup de projecteur fait apparaître sur le seuil un petit homme en brun, tête

610 it homme en brun, tête nue, au sourire extatique. Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’un coup. L’homme av

611 en brun, tête nue, au sourire extatique. Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’un coup. L’homme avance t

612 nue, au sourire extatique. Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’un coup. L’homme avance très lentement, sa

613 ourire extatique. Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’un coup. L’homme avance très lentement, saluant

614 e mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’ un coup. L’homme avance très lentement, saluant d’un geste lent, épisc

615 d’un coup. L’homme avance très lentement, saluant d’ un geste lent, épiscopal, sous un tonnerre assourdissant de heil rythm

616 e lent, épiscopal, sous un tonnerre assourdissant de heil rythmés. (Je n’entends bientôt plus que les cris rauques de mes

617 . (Je n’entends bientôt plus que les cris rauques de mes voisins.) Pas à pas il s’avance, il accueille l’hommage, le long

618 g de la passerelle qui mène à la tribune. Pendant six minutes, c’est très long. Personne ne peut remarquer que j’ai les mai

619 peut se comprendre que par une sorte particulière de frisson et de battement de cœur — cependant que l’esprit demeure luci

620 ndre que par une sorte particulière de frisson et de battement de cœur — cependant que l’esprit demeure lucide. Ce que j’é

621 une sorte particulière de frisson et de battement de cœur — cependant que l’esprit demeure lucide. Ce que j’éprouve mainte

622 eler l’horreur sacrée. Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’i

623 urgie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale d’ une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec

624 as, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance même physique, que tous ces corps horriblement tendus. Je s

625 endus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. III . — Une religion nouvelle Si l’on n’a pas senti cela, on ne compren

626 talitaires. Évidemment, il sera toujours possible d’ invoquer les lois économiques, les forces relatives des partis et des

627 forces relatives des partis et des classes avant 1933, les circonstances politiques de l’Europe, le traité de Versailles, la

628 classes avant 1933, les circonstances politiques de l’Europe, le traité de Versailles, la décomposition des gauches, le d

629 s circonstances politiques de l’Europe, le traité de Versailles, la décomposition des gauches, le double jeu du grand capi

630 tre Hitler : tout cela est bel et bon, et fournit de la copie aux marxistes et aux libéraux. À les lire, on conçoit très b

631 -dire à une description. Et dès lors qu’il s’agit de phénomènes aussi complexes, on n’a pas de mal à faire « coller » cett

632 s’agit de phénomènes aussi complexes, on n’a pas de mal à faire « coller » cette description avec telle doctrine qu’on vo

633 tion avec telle doctrine qu’on voudra : il suffit de choisir ses exemples. Mais ce qu’on laisse toujours échapper, c’est l

634 qu’on laisse toujours échapper, c’est le principe d’ actualisation des phénomènes, ou si j’ose dire : c’est la grâce effica

635  : c’est la grâce efficace. Les choses ont tourné de telle sorte ; et l’on explique au nom d’une doctrine convenablement r

636 ment réadaptée, qu’elles ne pouvaient tourner que de cette sorte. Voilà pourquoi votre fille est muette. Les mêmes théoric

637 votre fille est muette. Les mêmes théoriciens, en 1932, vous démontraient, le Capital en main, que la situation allemande con

638 nalistes. Tyrannie, disent les démocrates. Autant de mots vides ou de mensonges pour les fidèles du culte allemand. Il ne

639 e, disent les démocrates. Autant de mots vides ou de mensonges pour les fidèles du culte allemand. Il ne s’agit ici que de

640 s fidèles du culte allemand. Il ne s’agit ici que de religion. Ce n’est pas pour défendre le capitalisme que les mineurs d

641 pas pour défendre le capitalisme que les mineurs de la Sarre ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’est pas en pa

642 ttachement au IIIe Reich. Ce n’est pas en parlant d’ hystérie qu’on peut comprendre le phénomène fondamental de la reconstr

643 ie qu’on peut comprendre le phénomène fondamental de la reconstruction d’une communauté autour d’un sentiment « sacré ». E

644 dre le phénomène fondamental de la reconstruction d’ une communauté autour d’un sentiment « sacré ». Et ce n’est pas la soi

645 ntal de la reconstruction d’une communauté autour d’ un sentiment « sacré ». Et ce n’est pas la soif d’une tyrannie, au sen

646 d’un sentiment « sacré ». Et ce n’est pas la soif d’ une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté l’Autriche dans l

647 soit, sur les masses décomposées par des siècles d’ individualisme. Dans une société où tous les liens originels sont diss

648 nt plus au peuple et aux élites que sous l’aspect de survivances sociales ; où les classes nées du développement économiqu

649 dividus n’ont en commun que l’argent ou le défaut d’ argent ; où les partis se multiplient et s’entredéchirent au hasard d’

650 rtis se multiplient et s’entredéchirent au hasard d’ un jeu politique de surface ; où les élites parlent un langage que les

651 et s’entredéchirent au hasard d’un jeu politique de surface ; où les élites parlent un langage que les masses sont en mes

652 parlent un langage que les masses sont en mesure d’ entendre, mais non pas de comprendre ; où l’État devient le seul repré

653 es masses sont en mesure d’entendre, mais non pas de comprendre ; où l’État devient le seul représentant du bien commun, m

654 n, mais ne se manifeste plus que par les feuilles d’ impôt, l’armée et la police ; où tout principe d’union sociale et spir

655 d’impôt, l’armée et la police ; où tout principe d’ union sociale et spirituelle, toute commune mesure a disparu, — il est

656 répande dans les masses et que s’installe au cœur de chaque individu une angoisse, — d’où naît un appel. C’est à ce formid

657 stalle au cœur de chaque individu une angoisse, — d’ où naît un appel. C’est à ce formidable appel des peuples vers un prin

658 ce formidable appel des peuples vers un principe d’ union, donc vers une religion, que les dictateurs ont su répondre. Tou

659 épondre. Tout le reste est littérature, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire, de « réalistes ». L’auteur de cet ar

660 re, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire, de « réalistes ». L’auteur de cet article a reçu récemment d’Allemagne (

661 s, ou ce qui est pire, de « réalistes ». L’auteur de cet article a reçu récemment d’Allemagne (janvier 1938) une lettre qu

662 istes ». L’auteur de cet article a reçu récemment d’ Allemagne (janvier 1938) une lettre qui résume tout ceci. Elle est d’u

663 cet article a reçu récemment d’Allemagne (janvier 1938 ) une lettre qui résume tout ceci. Elle est d’un jeune national-social

664 r 1938) une lettre qui résume tout ceci. Elle est d’ un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de ses livres

665 e national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de ses livres, entreprend de réfuter les critiques qui s’y trouvent form

666 ayant lu par hasard un de ses livres, entreprend de réfuter les critiques qui s’y trouvent formulées à l’endroit du régim

667 en. Il explique tout d’abord que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et il

668 que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et il ajoute : Mais la pauvreté e

669 que des phénomènes extérieurs. La raison profonde d’ un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à

670 ants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire. Le christianisme, probablement par la faute de ses ministres,

671 satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du

672 it plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple all

673 es, carence du christianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première

674 ianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première qui se présente — fû

675 de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première qui se présente — fût-elle aussi invraisemblable

676 -elle aussi invraisemblable que « l’immortalité » d’ un peuple — on ne peut pas exprimer d’une manière plus précise et rama

677 mortalité » d’un peuple — on ne peut pas exprimer d’ une manière plus précise et ramassée la nature proprement religieuse d

678 nent fréquemment ce propos : « Tout n’est pas mal de ce qui se fait là-bas. Il y a bien des choses à y prendre. » Certes,

679 a rue. Il fait régner la paix sociale. Il y avait six millions de chômeurs en 1933, tandis qu’on manque de main-d’œuvre en

680 e. Il fait régner la paix sociale. Il y avait six millions de chômeurs en 1933, tandis qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La

681 t régner la paix sociale. Il y avait six millions de chômeurs en 1933, tandis qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La dig

682 x sociale. Il y avait six millions de chômeurs en 1933, tandis qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation

683 millions de chômeurs en 1933, tandis qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation est rétablie. L’autorit

684 s en 1933, tandis qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et

685 qu’on manque de main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sau

686 eaucoup de braves gens croient trouver un terrain d’ entente avec les dictatures qu’ils condamnent en principe. C’est ainsi

687 r petite contribution, toute bénévole, à l’effort de la propagande totalitaire dans nos pays. Ils le font sans malice, et

688 pieusement son petit fagot au bûcher du supplice de Jean Huss : ce que voyant, le martyr prononça : O sancta simplicitas 

689 régime pour l’admirer isolément, ou pour essayer de l’imiter. C’est une belle ironie sur le libéralisme impénitent que ce

690 libéralisme impénitent que cette manière libérale de « rendre justice » au totalitarisme. Comme si le mot totalitaire ne s

691 en être détaché sous peine de perdre toute espèce de sens ! Croit-on que l’ordre social qu’on admire en Allemagne puisse ê

692 st simplement la suppression brutale et militaire de toute expression libre des antagonismes qui chez nous sont encore la

693 es faibles ? Que l’unanimité des ouvriers résulte de la mise au pas des syndicats ? Que tout cela n’est devenu possible qu

694 e tout cela n’est devenu possible que par le fait d’ une complicité quasi universelle et inconsciente, fût-ce de la part de

695 pposants ? Que cette complicité elle-même procède d’ une angoisse religieuse plus puissante que toutes les « raisons », que

696 end par rapport au mouvement total, à la religion de la nation, et au contenu de cette religion, la volonté collective de

697 total, à la religion de la nation, et au contenu de cette religion, la volonté collective de puissance ? Devant cette vol

698 contenu de cette religion, la volonté collective de puissance ? Devant cette volonté religieuse, toutes les résistances o

699 tionale ouvrière s’est effondrée sans faire usage de ses armes. Le capital est en bonne voie d’étatisation sans douleur. I

700 usage de ses armes. Le capital est en bonne voie d’ étatisation sans douleur. Idéalisme et réalisme ont fait faillite. Le

701 e confessionnelle ; c’est-à-dire qu’à la religion de la nation et de la Race ne s’oppose plus que la foi proprement dite :

702 e ; c’est-à-dire qu’à la religion de la nation et de la Race ne s’oppose plus que la foi proprement dite : contre-épreuve

703 ite : contre-épreuve du diagnostic que l’on vient d’ esquisser. IV. — Perspectives À Berlin, les milieux qui se disen

704 euve du diagnostic que l’on vient d’esquisser. IV . — Perspectives À Berlin, les milieux qui se disent bien informés

705 la chute du régime pour le mois suivant, — depuis cinq ans. Or, chaque mois apporte, régulièrement, une extension précise de

706 précise des pouvoirs du Führer, une consolidation de son prestige. On ne voit aucune raison pour qu’Hitler tombe. Mais on

707 er tombe. Mais on ne voit pas beaucoup de raisons de douter que son régime ne conduise à la guerre. Non pas que les chefs

708 uissant, ce qui commande tout, c’est le mécanisme de la dictature totalitaire, c’est la structure du régime. Or, la struct

709 e, c’est la structure du régime. Or, la structure de l’État totalitaire — quelle que soit sa doctrine — c’est l’état de gu

710 aire — quelle que soit sa doctrine — c’est l’état de guerre. Tout ce que l’on fait là-bas se fait au nom de l’union sacrée

711 t là-bas se fait au nom de l’union sacrée, morale de guerre ; et toutes les mesures d’oppression sont « joyeusement accept

712 sacrée, morale de guerre ; et toutes les mesures d’ oppression sont « joyeusement acceptées » pour peu que l’union sacrée

713 sacrée les légitime. Ils ont des canons, mais pas de beurre, dit-on en France d’un air malin. On oublie que le mot est de

714 des canons, mais pas de beurre, dit-on en France d’ un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-même. « Du beurr

715 n France d’un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-même. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan de la

716 ême. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan de la propagande nazie, et qui déchaîne régulièrement l’enthousiasme des

717 nons. Ces foules peuvent très bien être composées de pacifistes. Cela n’a aucune importance. Car ce qui compte, c’est la N

718 on, pratiquement c’est l’État. Et cet État est né de la guerre ; il y prépare du simple fait que ses conditions d’existenc

719  ; il y prépare du simple fait que ses conditions d’ existence sont celles d’une mobilisation ; il compte à chaque instant

720 e fait que ses conditions d’existence sont celles d’ une mobilisation ; il compte à chaque instant avec l’éventualité d’une

721 n ; il compte à chaque instant avec l’éventualité d’ une guerre, et il y puise sa force de cohésion. Quelle que soit donc l

722 ’éventualité d’une guerre, et il y puise sa force de cohésion. Quelle que soit donc la volonté consciente et avouée du Füh

723 te et avouée du Führer et du peuple, il n’y a pas de raison de penser que l’aventure puisse bien finir. Tout se ramène don

724 ée du Führer et du peuple, il n’y a pas de raison de penser que l’aventure puisse bien finir. Tout se ramène donc, pour no

725 ir. Tout se ramène donc, pour nous, à un problème de force. Mais non pas de forces pour « gagner » la guerre : car toute g

726 , pour nous, à un problème de force. Mais non pas de forces pour « gagner » la guerre : car toute guerre engagée avec les

727 e soit son issue, pour les nations démocratiques. D’ une guerre totale, telle que nous imposerait l’Allemagne, ne peut sort

728 eut sortir qu’un État totalitaire. Il s’agit donc d’ empêcher cette guerre, de se montrer assez forts pour l’empêcher, et d

729 alitaire. Il s’agit donc d’empêcher cette guerre, de se montrer assez forts pour l’empêcher, et de condamner ainsi le régi

730 re, de se montrer assez forts pour l’empêcher, et de condamner ainsi le régime adverse à une autodestruction de ses énergi

731 ner ainsi le régime adverse à une autodestruction de ses énergies belliqueuses. Or, se montrer fort, ce n’est pas s’armer

732 dents. Réagir au péril totalitaire par des plans de « réarmement », c’est introduire chez nous le Cheval de Troie. Car po

733 éarmement », c’est introduire chez nous le Cheval de Troie. Car pour s’armer autant que l’adversaire, il faudrait imposer

734 y réussisse, on se trouverait encore en arrière : de deux grands pays également surarmés, c’est celui qui dispose de la pl

735 éussisse, on se trouverait encore en arrière : de deux grands pays également surarmés, c’est celui qui dispose de la plus fo

736 pays également surarmés, c’est celui qui dispose de la plus forte mystique qui doit fatalement triompher. Et en s’armant

737 t ses meilleures forces morales ; sa « mystique » de la liberté. Il n’y a de solution pratique que dans un vaste effort mo

738 morales ; sa « mystique » de la liberté. Il n’y a de solution pratique que dans un vaste effort moral des grandes et des p

739 er une foi qui ne soit pas cette volonté anxieuse de croire à la Nation… Le seul problème pratique, sérieux, urgent et rée

740 s individus isolés, et l’appel religieux qui naît de cette angoisse — même s’il est encore inconscient. Toute la question

741 ’il est encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous saurons mettre à profit pour le résoudre le délai que

742 uation matérielle supportable, et quelques restes de traditions civiques. 3. Pour le semestre d’été, je fus autorisé à

743 le, et quelques restes de traditions civiques. 3. Pour le semestre d’été, je fus autorisé à choisir comme sujet de cour

744 es de traditions civiques. 3. Pour le semestre d’ été, je fus autorisé à choisir comme sujet de cours : la littérature d

745 stre d’été, je fus autorisé à choisir comme sujet de cours : la littérature de la Révolution française. Je m’appliquai à d

746 é à choisir comme sujet de cours : la littérature de la Révolution française. Je m’appliquai à démontrer que le national-s

747 nd ; même esprit centralisateur ; même exaltation de la nation considérée comme missionnaire d’une idée ; même goût des fê

748 tation de la nation considérée comme missionnaire d’ une idée ; même goût des fêtes symboliques données par l’État dans l’i

749 ’intention — avouée par le conventionnel Cloots — de discipliner les esprits ; mêmes tentatives pour instaurer une religio

750 s » et « divisées ». Il faut créer une « religion d’ hommes sans Dieu », disait Naigeon, une « foi concrète et patriotique 

751 ncerté… Mais de la part d’un étranger, on accepte de tels écarts. Grande différence avec le régime russe. f. Rougemont D

752 érence avec le régime russe. f. Rougemont Denis de , « Vues sur le national-socialisme », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1

753 tional-socialisme », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 juin 1938, p. 5-10.

754 socialisme », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 juin 1938, p. 5-10.

755 Faire le jeu d’ Hitler (1er janvier 1939)g Au cours de l’été dernier, et devant la

756 Faire le jeu d’Hitler ( 1er janvier 1939)g Au cours de l’été dernier, et devant la menace hitl

757 Faire le jeu d’Hitler (1er janvier 1939 )g Au cours de l’été dernier, et devant la menace hitlérienne, un é

758 ier, et devant la menace hitlérienne, un écrivain de nos amis se sentit pressé de parler, non point pour appeler les démoc

759 érienne, un écrivain de nos amis se sentit pressé de parler, non point pour appeler les démocrates aux armes, mais simplem

760 mais simplement pour leur montrer, dans la mesure de ses moyens, quelle était la réalité de la menace. Il connaissait le I

761 la mesure de ses moyens, quelle était la réalité de la menace. Il connaissait le IIIe Reich pour y avoir vécu un an. Il e

762 r vécu un an. Il estimait que dans l’intérêt même d’ une défense efficace, il importait de faire connaître la nature de l’a

763 intérêt même d’une défense efficace, il importait de faire connaître la nature de l’attaque qui se préparait, et donc la f

764 ficace, il importait de faire connaître la nature de l’attaque qui se préparait, et donc la force autant que la faiblesse

765 éparait, et donc la force autant que la faiblesse de l’adversaire. Il écrivait à ce sujet (dans un langage qui, selon lui,

766 langage qui, selon lui, ne devait point permettre d’ équivoque) : « Un général qui étudie le terrain de sa bataille décisiv

767 d’équivoque) : « Un général qui étudie le terrain de sa bataille décisive n’est pas précisément ce qu’on nomme impartial,

768 ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable d’ estimer objectivement les forces en présence, il ferait mieux de s’occ

769 ctivement les forces en présence, il ferait mieux de s’occuper de politique. » Il montrait donc, « objectivement », ce qu’

770 forces en présence, il ferait mieux de s’occuper de politique. » Il montrait donc, « objectivement », ce qu’il y a de bon

771 Il montrait donc, « objectivement », ce qu’il y a de bon et ce qu’il y a de mauvais dans l’hitlérisme. Et concluait sur un

772 ectivement », ce qu’il y a de bon et ce qu’il y a de mauvais dans l’hitlérisme. Et concluait sur une pressante mise en gar

773 t être objectif », il « faisait en réalité le jeu d’ Hitler ». Cette petite aventure nous apparaît révélatrice d’un état d’

774 . Cette petite aventure nous apparaît révélatrice d’ un état d’esprit dont la seule existence suffit à justifier l’effort d

775 nt la seule existence suffit à justifier l’effort de nos Cahiers. ⁂ Qu’une « prise de parti » efficace suppose nécessairem

776 stifier l’effort de nos Cahiers. ⁂ Qu’une « prise de parti » efficace suppose nécessairement et avant tout la connaissance

777 omment se peut-il, en général, qu’un homme refuse de voir ce qui est ? Et en particulier : comment se peut-il que, délibér

778 récuser les témoins « objectifs » en les accusant de « complicité » ? La réponse est fournie par la psychologie cou­rante

779 réponse est fournie par la psychologie cou­rante de l’enfance. J’interdis à mon fils, âgé de trois, ans, de s’approcher d

780 ou­rante de l’enfance. J’interdis à mon fils, âgé de trois, ans, de s’approcher du feu. Il s’en approche, natu­rellement.

781 rante de l’enfance. J’interdis à mon fils, âgé de trois , ans, de s’approcher du feu. Il s’en approche, natu­rellement. Je lui

782 nfance. J’interdis à mon fils, âgé de trois, ans, de s’approcher du feu. Il s’en approche, natu­rellement. Je lui dis : « 

783 avec certains « antifascistes » dès que j’essaie de les avertir de ce qui se passe en Allemagne. Je leur expose des faits

784 « antifascistes » dès que j’essaie de les avertir de ce qui se passe en Allemagne. Je leur expose des faits « bons » ou « 

785 st parce qu’il n’ose ni ne peut dire : j’ai envie de toucher le feu bien que je sache qu’il brûle. Cette contradiction ins

786 nsonge (le feu ne brûle pas), et par un transfert de la « méchanceté » du feu sur celui qui en avertit. Refuser de reconna

787 anceté » du feu sur celui qui en avertit. Refuser de reconnaître les faits (mensonge) et accuser celui qui les décrit d’êt

788 faits (mensonge) et accuser celui qui les décrit d’ être complice de leur menace (transfert), tel est le mécanisme régulie

789 ) et accuser celui qui les décrit d’être complice de leur menace (transfert), tel est le mécanisme régulier qui trahit la

790 est le mécanisme régulier qui trahit la présence d’ une passion inavouable. Dans un monde comme le nôtre, où si peu d’homm

791 avouable. Dans un monde comme le nôtre, où si peu d’ hommes connaissent leur vraie croyance et leurs vrais désirs, il est f

792 este, je suis certain que son auteur est la proie d’ une pas­sion inavouable — à ses propres yeux — pour la réalité qu’il m

793 s propres yeux — pour la réalité qu’il m’interdit d’ examiner. Je prétends donc que les antifascistes « aveugles » sont des

794 orent. ⁂ Quelle est, en effet, la caractéristique de toute mentalité « totalitaire » ? C’est le refus de discuter. Et de l

795 toute mentalité « totalitaire » ? C’est le refus de discuter. Et de là vient le terrorisme. La Terreur (jacobine, bolchév

796 « totalitaire » ? C’est le refus de discuter. Et de là vient le terrorisme. La Terreur (jacobine, bolchéviste ou fasciste

797 ême des opposants, ne manifestent pas une volonté de soumission aveugle et joyeuse aux mots d’ordre du Parti. Plus encore 

798 qu’on soupçonne, bien qu’adhérents enthousiastes, de demeurer capables d’un jugement personnel. Puis : ceux qui n’ont pas

799 qu’adhérents enthousiastes, de demeurer capables d’ un jugement personnel. Puis : ceux qui n’ont pas donné assez de preuve

800 personnel. Puis : ceux qui n’ont pas donné assez de preuves du contraire. Et finalement, tous ceux qui se « distinguent »

801 qui se « distinguent » par quelque trait marqué, de n’importe quelle nature, fût-ce même par leur orthodoxie trop rigoure

802 ette la suspicion. Or, c’est ce trait fondamental de la mentalité totalitaire que je retrouve dans les écrits et les propo

803 ire que je retrouve dans les écrits et les propos de certains de nos « antifascistes ». Ceux qui jugent la tendance suppos

804 etrouve dans les écrits et les propos de certains de nos « antifascistes ». Ceux qui jugent la tendance supposée, non le f

805 le fait, se trouvent participer, d’ores et déjà, de l’état d’esprit fasciste qu’ils s’imaginent combattre. Pourquoi refus

806 ’ils s’imaginent combattre. Pourquoi refusent-ils de s’informer objectivement sur le fascisme ? Parce qu’ils pressentent q

807 complexe, et qu’elle introduit donc la nécessité de distinguer avant de juger ; c’est-à-dire la nécessité de discuter et

808 inguer avant de juger ; c’est-à-dire la nécessité de discuter et de déclarer ses critères. Et je précise : non de discuter

809 juger ; c’est-à-dire la nécessité de discuter et de déclarer ses critères. Et je précise : non de discuter pour éluder la

810 et de déclarer ses critères. Et je précise : non de discuter pour éluder la prise de parti, mais au contraire pour situer

811 je précise : non de discuter pour éluder la prise de parti, mais au contraire pour situer cette prise de parti avec un max

812 parti, mais au contraire pour situer cette prise de parti avec un maximum d’efficience. S’ils étaient amenés à discuter,

813 pour situer cette prise de parti avec un maximum d’ efficience. S’ils étaient amenés à discuter, par suite à donner les ra

814 amenés à discuter, par suite à donner les raisons de leur jugement, ils s’apercevraient qu’en réalité, ils sont tout près

815 tagent sinon toutes ses vues, du moins sa manière de voir la vie. (Ou à l’inverse : qu’ils sont très loin de leurs alliés.

816 ls sont très loin de leurs alliés.) Si les hommes de gauche, d’une part, et les hommes de droite d’autre part, acceptaient

817 i les hommes de gauche, d’une part, et les hommes de droite d’autre part, acceptaient de voir l’Allemagne telle qu’elle es

818 et les hommes de droite d’autre part, acceptaient de voir l’Allemagne telle qu’elle est, ils s’apercevraient que le social

819 remiers verraient s’effondrer la meilleure raison de leur refus de l’hitlérisme, tandis que les seconds verraient s’effond

820 ent s’effondrer la meilleure raison de leur refus de l’hitlérisme, tandis que les seconds verraient s’effondrer la seule r

821 raient s’effondrer la seule raison qu’ils avaient d’ admirer Hitler, « rempart contre le bolchévisme ». Or, ils tiennent es

822 passion veut qu’il soit. Ils sont donc contraints de jeter la suspicion sur l’écrivain « objectif » qui leur rappelle les

823 ns ce cas. L’écrivain « objectif » se voit traité d’ hitlérien par certains critiques de gauche, mais non pas de bolchéviqu

824 se voit traité d’hitlérien par certains critiques de gauche, mais non pas de bolchévique par les droites. Pour des raisons

825 en par certains critiques de gauche, mais non pas de bolchévique par les droites. Pour des raisons trop complexes à examin

826 en France, provisoirement et comme par accident, d’ une plus grande liberté d’esprit que la gauche. (À de nombreuses excep

827 et comme par accident, d’une plus grande liberté d’ esprit que la gauche. (À de nombreuses exceptions près, bien sûr. J’en

828 ne plus grande liberté d’esprit que la gauche. (À de nombreuses exceptions près, bien sûr. J’en citerais d’assez éclatante

829 mbreuses exceptions près, bien sûr. J’en citerais d’ assez éclatantes des deux côtés.) ⁂ Si l’on veut conserver un sens à l

830 s, bien sûr. J’en citerais d’assez éclatantes des deux côtés.) ⁂ Si l’on veut conserver un sens à l’expression « faire le je

831 t conserver un sens à l’expression « faire le jeu d’ Hitler », il me paraît indispensable de définir le jeu d’Hitler. Car s

832 ire le jeu d’Hitler », il me paraît indispensable de définir le jeu d’Hitler. Car sinon l’expression peut flétrir tout ce

833 r », il me paraît indispensable de définir le jeu d’ Hitler. Car sinon l’expression peut flétrir tout ce que l’on veut et l

834 veut et le contraire aussi, Mussolini fait le jeu d’ Hitler en l’appuyant, mais les communistes le font en poussant à la gu

835 t en poussant à la guerre, M. Flandin fait le jeu d’ Hitler en le félicitant, mais Mme Tabouis le fait aussi en le calomnia

836 , mais Mme Tabouis le fait aussi en le calomniant d’ une façon maladroite, etc. Quel est le jeu qu’il s’agit de ne pas fair

837 çon maladroite, etc. Quel est le jeu qu’il s’agit de ne pas faire ? Voici : Hitler est le symbole et l’instrument principa

838 : Hitler est le symbole et l’instrument principal de la mentalité totalitaire. Cette mentalité se définit par le refus de

839 alitaire. Cette mentalité se définit par le refus de reconnaître les faits gênants (donc de discuter objectivement) et par

840 r le refus de reconnaître les faits gênants (donc de discuter objectivement) et par la passion de condamner à priori des «

841 donc de discuter objectivement) et par la passion de condamner à priori des « tendances » supposées hostiles (passion créa

842 tendances » supposées hostiles (passion créatrice de têtes de Turcs et de boucs émissaires). Introduisez la discussion, vo

843  » supposées hostiles (passion créatrice de têtes de Turcs et de boucs émissaires). Introduisez la discussion, vous rendez

844 hostiles (passion créatrice de têtes de Turcs et de boucs émissaires). Introduisez la discussion, vous rendez impossible

845 totalitaire. Je revendique pour ma part le droit de discuter, et j’en fais même un devoir civique. Si vous me le conteste

846 fait. Je dirai que vous êtes profasciste, non pas d’ intention mais de fait. Et je le dirai encore si vous me contestez le

847 e vous êtes profasciste, non pas d’intention mais de fait. Et je le dirai encore si vous me contestez le droit de discuter

848 je le dirai encore si vous me contestez le droit de discuter le fascisme lui-même. Car je prétends que ma meilleure arme

849 eilleure arme contre lui est justement ma faculté de distinguer ses forces et ses faiblesses « objectivement »4. Si vous m

850 uer ses forces et ses faiblesses « objectivement » 4. Si vous me retirez cette arme, vous me transformez en un fasciste hon

851 il est. Car s’il l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des actes qu’il reproche à Hitler, et des actes qu’il

852 parce qu’ils ont une ascendance koulak. Tous les deux persécutent les chrétiens. Tous les deux privent le citoyen de ses li

853 Tous les deux persécutent les chrétiens. Tous les deux privent le citoyen de ses libertés, etc. Le communiste me refuse le d

854 t les chrétiens. Tous les deux privent le citoyen de ses libertés, etc. Le communiste me refuse le droit d’être objectif p

855 s libertés, etc. Le communiste me refuse le droit d’ être objectif parce que, en l’étant, je démasque sa vraie passion, sa

856 sa passion inavouable, qui est identique à celle de son « adversaire ». Alors il dit que je suis très méchant… ⁂ Vous ête

857 s hitlérien ! — Non, c’est vous !… Comment sortir de ce dialogue puéril ? Simplement, en déclarant ses critères, et en acc

858 ntre ceux qui préconisent la bêtise comme méthode d’ action, et ceux qui préfèrent l’intelligence. Ceci n’est pas une point

859 pas une pointe, mais une conclusion réfléchie. 4. Refuser de discuter Hitler, c’est le « tabouer », le considérer comme

860 inte, mais une conclusion réfléchie. 4. Refuser de discuter Hitler, c’est le « tabouer », le considérer comme l’adversai

861 reux pour son mythe que les vociférations sacrées de quelques « antifascistes ». g. Rougemont Denis de, « Faire le jeu d

862 quelques « antifascistes ». g. Rougemont Denis de , « Faire le jeu d’Hitler », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 janvier 19

863 cistes ». g. Rougemont Denis de, « Faire le jeu d’ Hitler », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 janvier 1939, p. 14-15.

864 e le jeu d’Hitler », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 janvier 1939, p. 14-15.

865 ’Hitler », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 1 janvier 1939, p. 14-15.