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— que le « pouvoir des mots » est réel. Peut-être
dira-t
-on qu’il n’est que trop réel : c’est que la plupart des mots ont été
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la plus frappante et la plus voyante, si je puis
dire
, de la brutalité, est fournie par les régimes totalitaires. La dictat
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ondité révolutionnaire de l’avenir. Montesquieu a
dit
l’essentiel sur cette brutalité-là, dans son fameux chapitre en trois
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ement dans les « démocraties de l’Ouest » — comme
dit
le Führer — et qui consiste à biaiser avec les difficultés, à masquer
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ande à l’autre : « À quoi penses-tu ? » — À rien,
dit
-elle. Naturellement… ⁂ Essayer de savoir à quoi ils pensent, c’est se
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À quoi ils pensent… pour nous, c’est : Ce qu’ils
disent
. En fait, c’est sans doute autre chose. Voici tendus tous les pièges
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ge dans notre société présente. Les mots que nous
disons
ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dans l’esp
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plus prévoir. » L’auteur ne croyait pas si bien
dire
: en recevant les épreuves de son livre, il y trouva jointe une petit
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ne. Pour conclure quoi que ce soit de « ce qu’ils
disent
», il faut donc bien se résoudre à de grossières approximations. Le d
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s sur leurs « pensées » et préoccupations, ils ne
disent
rien de bien intéressant ou d’authentique. Ou bien vous obtenez des v
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ure de leurs soucis, mieux qu’ils ne sauraient le
dire
, justement. Quelquefois, il suffit d’une chance, d’une bizarrerie de
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l’anniversaire de ma défunte mère. Le matin je me
dis
: qu’est-ce qu’on va manger, ce jour ? Je n’avais pas grand-chose. Le
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n’avais pas grand-chose. Le père et les deux fils
disent
: on est plus jeunes que toi, on va aller au travail, et toi tu iras
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e. Le père rentre un peu plus tard. Le plus vieux
dit
: j’ai bien faim. Le plus jeune, il a toujours faim, alors c’est pare
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jeune, il a toujours faim, alors c’est pareil. Je
dis
: oh ! vous avez faim, je vais vous faire une soupe aux pommes de ter
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erre — une belle soupe aux pommes de terre ! Oh !
dit
le plus vieux, s’il y a une soupe aux pommes de terre, je vais en man
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éfinitive sur le pourcentage d’intérêt — si j’ose
dire
— que manifestent les lecteurs allemands. Il existe d’autres maisons
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» tend à se réduire à la question : « à quoi leur
dit
-on de penser ? » C’est-à-dire qu’on a remplacé la mode — maîtresse de
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bien personne, en réalité, ne veut l’union qu’on
dit
vouloir, et alors tout s’explique aisément. ⁂ Or, ce qui est le plus
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on perdra les meilleures raisons de la défendre.
Disons
plus : on perdra ses meilleures forces. L’union qui se fait par la fo
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u monde de supporter les désunions, ou pour mieux
dire
: le libre jeu des plus franches oppositions. La force de la France e
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le capitalisme et les privilèges bourgeois, comme
disent
les socialistes, ou encore : un rempart contre le bolchévisme, comme
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encore : un rempart contre le bolchévisme, comme
disent
les réactionnaires. Je vois beaucoup de bourgeois : professeurs, méde
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rcément — plus dénuée d’esprit civique, pour tout
dire
. Par un curieux paradoxe, c’est le régime national-socialiste qui est
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des qu’on applique en fait. Méthodes prussiennes,
disent
les Allemands du Sud ; méthodes slaves, grognent les Prussiens. Métho
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né par l’optimisme de commande en ce pays ? Je me
dis
parfois que si l’on parvient à éviter de nouveaux conflits armés, il
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âge avez-vous ? — 27 ans. Mais le Führer l’a bien
dit
, l’autre jour : les hommes qui avaient plus de vingt ans en 1933 ne c
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e, pourvu qu’elle soit extérieure au foyer. Je ne
dirai
plus que le « fascisme » tue l’esprit d’initiative. C’est le contrair
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es ouvriers allemands. « Vous autres Français, me
dit
-il, vous ne rêvez que révolutions et émeutes. Vous ne savez pas ce qu
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geste, le doigt pointé en l’air : « Je vais vous
dire
une chose : si tous l’abandonnent, tous ces gros cochons qui sont aut
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de l’après-midi, dans un café près de l’Opéra. Je
dis
à mon compagnon, le dramaturge allemand L. : — Vous y croyez, vous, à
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ncipe d’actualisation des phénomènes, ou si j’ose
dire
: c’est la grâce efficace. Les choses ont tourné de telle sorte ; et
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ans se lasser les marxistes. Hystérie collective,
disent
les rationalistes. Tyrannie, disent les démocrates. Autant de mots vi
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e collective, disent les rationalistes. Tyrannie,
disent
les démocrates. Autant de mots vides ou de mensonges pour les fidèles
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de la Race ne s’oppose plus que la foi proprement
dite
: contre-épreuve du diagnostic que l’on vient d’esquisser. IV. — P
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V. — Perspectives À Berlin, les milieux qui se
disent
bien informés prophétisent la chute du régime pour le mois suivant, —
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légitime. Ils ont des canons, mais pas de beurre,
dit
-on en France d’un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-
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l faut créer une « religion d’hommes sans Dieu »,
disait
Naigeon, une « foi concrète et patriotique », disait l’abbé Grégoire
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ait Naigeon, une « foi concrète et patriotique »,
disait
l’abbé Grégoire : c’est le « christianisme positif et allemand » des
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du feu. Il s’en approche, naturellement. Je lui
dis
: « Tu sais que je te l’ai défendu, tu vas te brûler. — Non, dit-il,
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que je te l’ai défendu, tu vas te brûler. — Non,
dit
-il, ça ne brûle pas. — Mon petit, tu vas te brûler ! — Vilain papa, t
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leur expose des faits « bons » ou « mauvais ». Je
dis
: il faut connaître ces faits si l’on veut agir sur eux sans se laiss
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ne brûle pas ? C’est parce qu’il n’ose ni ne peut
dire
: j’ai envie de toucher le feu bien que je sache qu’il brûle. Cette c
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e chantage à la tendance. Chantage qui consiste à
dire
: si vous prétendez rester objectif en présence de telle ou telle réa
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là-dessus. Sur cette déclaration, sur ce fait. Je
dirai
que vous êtes profasciste, non pas d’intention mais de fait. Et je le
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ciste, non pas d’intention mais de fait. Et je le
dirai
encore si vous me contestez le droit de discuter le fascisme lui-même
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identique à celle de son « adversaire ». Alors il
dit
que je suis très méchant… ⁂ Vous êtes hitlérien ! — Non, c’est vous !