1
les collaborateurs de ces Cahiers ont déclaré qu’
ils
rejetaient la violence, les méthodes de violence, les solutions de vi
2
des de violence, les solutions de violence, et qu’
ils
s’efforçaient d’y substituer une méthode de collaboration et de compr
3
nsion réciproques ne peuvent être fécondes que si
elles
réunissent des éléments réellement divers, c’est-à-dire opposés à l’o
4
e implique donc une certaine violence. Autrement,
il
ne s’agirait que d’un assemblage purement quantitatif d’éléments semb
5
simple, une tautologie, une formalité ennuyeuse.
Il
n’y aurait ni effort, ni création. On aboutirait, dans le cas le plus
6
l’indifférence générale. Il y a donc, me semble-t-
il
, un intérêt urgent pour le groupe des Nouveaux Cahiers, à préciser la
7
abulaire ne sont ni simples ni indifférentes ; qu’
elles
sont mêlées à toutes nos activités, dans la mesure où la pensée y est
8
tés, dans la mesure où la pensée y est mêlée ; qu’
elles
entraînent et symbolisent à peu près toutes les « questions actuelles
9
uvoir des mots » est réel. Peut-être dira-t-on qu’
il
n’est que trop réel : c’est que la plupart des mots ont été vidés du
10
omises, s’accordaient à leur attribuer. Aussi ont-
ils
pris peu à peu des contenus mal définis, souvent contraires aux usage
11
vides » — le vocabulaire a horreur du vide — mais
ils
ont été mal remplis, ou remplis au hasard, — et en tout cas, ils ont
12
remplis, ou remplis au hasard, — et en tout cas,
ils
ont pris des valeurs ou des sens nouveaux qu’il importe au plus haut
13
ils ont pris des valeurs ou des sens nouveaux qu’
il
importe au plus haut point de redéfinir et de réorganiser, si l’on en
14
actuel d’une part, et d’autre part le contenu qu’
il
paraît juste ou utile de lui attribuer dans l’ordre nouveau. Origi
15
veau. Origine du préjugé contre la violence
Il
faut reconnaître, tout d’abord, que la violence est généralement « ma
16
ire, ou comme une nécessité désespérée à laquelle
il
faut recourir lorsqu’on se trouve « injustement attaqué » (toute atta
17
issement de sens, c’est évident. Mais encore faut-
il
expliquer comment il a pu se produire. J’en vois la principale raison
18
st évident. Mais encore faut-il expliquer comment
il
a pu se produire. J’en vois la principale raison dans ce qu’on est co
19
muable. (Préservé contre les mutations brusques.)
Elle
a donc tout avantage à nier ou à dissimuler les antagonismes qu’elle
20
antage à nier ou à dissimuler les antagonismes qu’
elle
domine ou étouffe, tels que la lutte des classes, dans l’ordre économ
21
que produit inévitablement la culture créatrice.
Elle
tend à substituer aux conflits déclarés des « gentlemen’s agreements
22
conflits déclarés des « gentlemen’s agreements ».
Elle
essaie de sauvegarder à tout prix une évolution continue et sans heur
23
es idées que constitue la filière universitaire.)
Il
faut à tout prix que « tout s’arrange » (c’est-à-dire que rien ne cha
24
ge » (c’est-à-dire que rien ne change vraiment) ;
il
faut « sauver la face » (c’est-à-dire les situations acquises). D’où
25
tte vérité fondamentale : que les institutions ne
durent
qu’à force d’être recréées, réinventées, reprises sans relâche à la b
26
ue sont celles de Nietzsche et de Georges Sorel :
elles
s’accordent au plus mal avec le style de la pensée marxiste. La vr
27
rruption dans le monde, pour y réaliser ses vues,
il
fait violence à un état de choses. Et ceci dans n’importe quel domain
28
e choses. Et ceci dans n’importe quel domaine, qu’
il
s’agisse d’élever des blocs de pierre à la hauteur d’un cintre, de la
29
ignorants. La violence étant le fait de l’esprit,
elle
se confond avec la liberté. C’est elle seule qui délivre l’homme de l
30
l’esprit, elle se confond avec la liberté. C’est
elle
seule qui délivre l’homme de la chaîne des routines et des lois qu’il
31
l’homme de la chaîne des routines et des lois qu’
il
se forge, c’est elle seule qui l’empêche de se laisser emprisonner da
32
ne des routines et des lois qu’il se forge, c’est
elle
seule qui l’empêche de se laisser emprisonner dans ses propres instit
33
olution. La révolution est toujours spirituelle :
elle
est l’acte de l’homme qui rejette ses vieilles commodités, qui violen
34
elle. D’ailleurs, si la violence est libératrice,
elle
n’est pas pour autant anarchique. Elle libère pour construire, elle d
35
bératrice, elle n’est pas pour autant anarchique.
Elle
libère pour construire, elle détruit pour ré-ordonner. Violence et co
36
r autant anarchique. Elle libère pour construire,
elle
détruit pour ré-ordonner. Violence et construction sont si loin de s’
37
t-à-dire « libérée » de la loi de pesanteur, puis
elle
est placée dans une « organisation » nouvelle, et tout cela s’opère e
38
vraie violence de la brutalité, du simple fait qu’
elles
sont souvent liées. (Il y a peu de tons purs dans la vie.) La brut
39
e un aspect et un caractère avant tout matériels.
Elle
est le fait d’une contrainte purement extérieure, donc incapable en s
40
m’y mette, et je n’ai pas de raisons à te donner,
il
n’y en a pas, ou pas d’avouables… Mais la brutalité peut aussi revêti
41
avec précision à cette brutalité de la logique ;
elle
la déteste absolument, tandis que la violence l’effraye mais la tente
42
ature totalitaire est la brutalité même, en ce qu’
elle
est fondée sur le principe de la contrainte par corps, — même lorsqu’
43
rincipe de la contrainte par corps, — même lorsqu’
il
s’agit des choses de l’esprit. Elle ne déteste rien tant que la vraie
44
, — même lorsqu’il s’agit des choses de l’esprit.
Elle
ne déteste rien tant que la vraie violence, inventive et imprévue, qu
45
gonismes réels lui est encore plus intolérable qu’
elle
ne l’était à l’ordre bourgeois. Aussi se donne-t-elle pour première t
46
ne l’était à l’ordre bourgeois. Aussi se donne-t-
elle
pour première tâche de tuer dans la jeunesse toute velléité de violen
47
and nombre, l’instinct d’obéissance aveugle. Mais
il
se produit là un phénomène curieux : alors que la bourgeoisie disqual
48
a pensée du poète-philosophe dénonce). Là encore,
il
semble qu’une certaine logique à courte vue préside à cette stérilisa
49
sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit,
ils
coupent l’arbre au pied et cueillent le fruit. Voilà le gouvernement
50
de la violence, avoir peur des risques féconds qu’
elle
institue, c’est se priver des meilleures armes dont nous disposions c
51
La vraie violence est en définitive pacifiante :
elle
accepte les conflits, les fait mûrir et les résout en créations. Mais
52
théorie). C’est pourquoi l’un prépare l’autre, qu’
il
redoute, et se trouve désarmé lorsqu’il survient. Le destin des démoc
53
autre, qu’il redoute, et se trouve désarmé lorsqu’
il
survient. Le destin des démocraties est lié à l’éducation ; celui des
54
bératrice de la violence. Que ceux qui pensent qu’
il
est déjà trop tard sachent qu’ils sont par là même les premiers à ren
55
x qui pensent qu’il est déjà trop tard sachent qu’
ils
sont par là même les premiers à rendre le tyran fatal. 1. Ce qui a
56
Comment savoir à quoi
ils
pensent (Quelques remarques sur la méthode) (1er novembre 1937)b
57
. » Au vrai, le mot curiosité est vide de sens, s’
il
ne recouvre pas cette crainte ou cette entreprise projetée, ou encore
58
Sans doute une analyse un peu poussée révélerait-
elle
à l’origine de la recherche la plus abstraite, de la soif de savoir l
59
à l’autre : « À quoi penses-tu ? » — À rien, dit-
elle
. Naturellement… ⁂ Essayer de savoir à quoi ils pensent, c’est se mett
60
t-elle. Naturellement… ⁂ Essayer de savoir à quoi
ils
pensent, c’est se mettre en mesure d’agir sur eux. (Pour eux, contre
61
elconque, c’est l’opération nécessaire à laquelle
doivent
se livrer tous ceux qui sont soucieux, en politique ou en économie, d
62
évident, et justifie suffisamment notre rubrique.
Il
reste alors à reconnaître les dangers d’une semblable méthode, et les
63
ntenter de leur expression par le langage. À quoi
ils
pensent… pour nous, c’est : Ce qu’ils disent. En fait, c’est sans dou
64
age. À quoi ils pensent… pour nous, c’est : Ce qu’
ils
disent. En fait, c’est sans doute autre chose. Voici tendus tous les
65
grands mots du langage politique ? Et du sens qu’
il
leur donne lorsqu’il les répète ? À distance et en gros, l’on peut cr
66
ge politique ? Et du sens qu’il leur donne lorsqu’
il
les répète ? À distance et en gros, l’on peut croire que tous les Fra
67
l’autocar, une femme dont j’ai cru comprendre qu’
elle
tient un petit hôtel à Saint-Jean du Gard, expliquait à sa voisine qu
68
ien dire : en recevant les épreuves de son livre,
il
y trouva jointe une petite note écrite à l’encre rouge par le correct
69
’auteur paraît croire à un rapprochement absurde.
Il
fait erreur. Nous sommes dans le Midi, où un sentiment obscur de lati
70
umaine. Pour conclure quoi que ce soit de « ce qu’
ils
disent », il faut donc bien se résoudre à de grossières approximation
71
onclure quoi que ce soit de « ce qu’ils disent »,
il
faut donc bien se résoudre à de grossières approximations. Le danger
72
proximations. Le danger serait alors d’ignorer qu’
il
ne s’agit que d’approximations, voire dans certains cas, de calembour
73
les gens sur leurs « pensées » et préoccupations,
ils
ne disent rien de bien intéressant ou d’authentique. Ou bien vous obt
74
n n’a pas coutume de se formuler clairement ce qu’
il
vit. Presque toutes vos questions, pour peu qu’elles sortent du cadre
75
il vit. Presque toutes vos questions, pour peu qu’
elles
sortent du cadre de son métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas f
76
du cadre de son métier, le prennent au dépourvu.
Il
n’a pas formé de phrases dans sa tête sur ce sujet dont le journal ne
77
al ne parle jamais. Ou bien, sur tel autre sujet,
il
vous rend ce que d’autres — presse ou partis — lui ont prêté, c’est-à
78
nnaie de votre pièce, non la substance de sa vie.
Il
faut donc éviter tout ce qui ressemblerait à une enquête : d’abord à
79
lignes la vraie nature de leurs soucis, mieux qu’
ils
ne sauraient le dire, justement. Quelquefois, il suffit d’une chance,
80
ils ne sauraient le dire, justement. Quelquefois,
il
suffit d’une chance, d’une bizarrerie de leurs propos, subitement rév
81
on de l’Ouest, je rencontre une vieille paysanne.
Elle
se plaint : c’est la jambe qui ne va plus ! D’où cela vient-il ? — C’
82
: c’est la jambe qui ne va plus ! D’où cela vient-
il
? — C’est depuis qu’ils m’ont volé ma chèvre, me répond-elle. Je lui
83
va plus ! D’où cela vient-il ? — C’est depuis qu’
ils
m’ont volé ma chèvre, me répond-elle. Je lui demande comment c’est ar
84
est depuis qu’ils m’ont volé ma chèvre, me répond-
elle
. Je lui demande comment c’est arrivé, et voici le récit, noté sur l’h
85
n va aller au travail, et toi tu iras à la pêche.
Ils
partent pour le marais, vont tirer le sel, font ce qu’ils avaient à f
86
ent pour le marais, vont tirer le sel, font ce qu’
ils
avaient à faire. Moi je vais à l’écluse, je ramasse des anguilles, qu
87
es crabes, deux ou trois jambes. Bon, c’est ce qu’
il
faut pour manger. Ils rentrent d’avoir tiré le sel et mangent la pêch
88
ois jambes. Bon, c’est ce qu’il faut pour manger.
Ils
rentrent d’avoir tiré le sel et mangent la pêche. J’avais ajouté deux
89
jambes, donc, mais moi je n’en mange pas. Tantôt,
ils
s’en vont à leur ouvrage, moi je reste ici. Ils rentrent vers 6 heure
90
, ils s’en vont à leur ouvrage, moi je reste ici.
Ils
rentrent vers 6 heures, les jeunes d’abord, parce qu’ils ont des bicy
91
trent vers 6 heures, les jeunes d’abord, parce qu’
ils
ont des bicyclettes, ils vont plus vite. Le père rentre un peu plus t
92
jeunes d’abord, parce qu’ils ont des bicyclettes,
ils
vont plus vite. Le père rentre un peu plus tard. Le plus vieux dit :
93
e plus vieux dit : j’ai bien faim. Le plus jeune,
il
a toujours faim, alors c’est pareil. Je dis : oh ! vous avez faim, je
94
ça délasse, et avec ça on peut aller se coucher !
Ils
mangent et on va se coucher. C’est le lendemain matin que j’ai vu qu’
95
coucher. C’est le lendemain matin que j’ai vu qu’
ils
avaient pris la chèvre. Je n’imagine pas de question directe qui eût
96
je pense avant tout, c’est au pain quotidien. » ⁂
Il
est rare que le film d’une conversation, non retouché, offre une imag
97
ybde de l’incohérence et le Scylla du trop prévu,
il
faut savoir naviguer dans le « courant » c’est-à-dire se maintenir au
98
able ; à le considérer trop superficiellement, qu’
ils
ne pensent qu’à l’instar du journal. Il faut essayer de se maintenir
99
ment, qu’ils ne pensent qu’à l’instar du journal.
Il
faut essayer de se maintenir à mi-distance entre les bizarreries indi
100
ent habituel pour que les petites déformations qu’
il
subit dans un groupe donné deviennent aisément perceptibles : ce sont
101
donné deviennent aisément perceptibles : ce sont
elles
qui révèlent la vraie pensée du groupe. Nous en sommes là aujourd’hui
102
i émet ce vocable usé, ou par l’emploi imprévu qu’
il
en fait dans le contexte de son discours, de son milieu, de sa vie qu
103
vie quotidienne, que vous pourrez deviner comment
il
pense ce mot, s’il le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’il n
104
e vous pourrez deviner comment il pense ce mot, s’
il
le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’il ne fait qu’y rêvasse
105
viner comment il pense ce mot, s’il le souffre, s’
il
l’aime de tout son être ou s’il ne fait qu’y rêvasser machinalement.
106
’il le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’
il
ne fait qu’y rêvasser machinalement. b. Rougemont Denis de, « Com
107
b. Rougemont Denis de, « Comment savoir à quoi
ils
pensent ? (Quelques remarques sur la méthode) », Les Nouveaux Cahiers
108
ux Cahiers, Paris, 1 novembre 1937, p. 18-19. c.
Il
s’agit du Journal d’un intellectuel en chômage , publié par Denis de
109
es Indo-Germains ; Peuple et race (revue). Comme
il
ne s’agit là que du catalogue d’une seule maison, on ne saurait tirer
110
se dire — que manifestent les lecteurs allemands.
Il
existe d’autres maisons d’édition qui se spécialisent dans la littéra
111
es ou des instruments de recherche. Du moins sont-
ils
présentés sous l’aspect le plus populaire. Et les chiffres de tirage
112
norme effort de propagande aboutit réellement ; s’
il
satisfait à une demande réelle du public ; s’il traduit la pensée ré
113
’il satisfait à une demande réelle du public ; s’
il
traduit la pensée réelle du lecteur allemand moyen. Il faut se rappel
114
aduit la pensée réelle du lecteur allemand moyen.
Il
faut se rappeler que dans un état totalitaire, la question « à quoi p
115
olonté de l’État (Hitler, Goebbels et Rosenberg).
Il
peut donc être intéressant de se reporter maintenant à un organe qui
116
es achats de Noël. Voici les vingt-deux titres qu’
il
propose : Une traduction de Wolfram von Eschenbach. Une Histoire de
117
er l’on finisse par la vouloir et par la faire. ⁂
Il
est vrai qu’on n’en est encore qu’à s’en servir comme d’un prétexte p
118
contre le Sénat, provoquant une manifestation qu’
ils
interdisent en tant que ministres. Le Parti communiste fait crier : «
119
i radical, à la Chambre, soutient un ministère qu’
il
renverse au Sénat. Et que font ces trois partis réunis dans le Front
120
s l’autre d’intervenir pour appliquer la loi dont
ils
sont les auteurs. L’habitude de la non-intervention se prend décidéme
121
renonce à résumer son jeu ; sans doute n’en sait-
elle
plus elle-même les règles. Patriote, elle exporte ses capitaux. Antis
122
en sait-elle plus elle-même les règles. Patriote,
elle
exporte ses capitaux. Antisémite, elle oppose Mandel à Blum. National
123
Patriote, elle exporte ses capitaux. Antisémite,
elle
oppose Mandel à Blum. Nationaliste, elle soutient Franco, agent d’Hit
124
isémite, elle oppose Mandel à Blum. Nationaliste,
elle
soutient Franco, agent d’Hitler, qui est un ennemi, et elle attaque T
125
ent Franco, agent d’Hitler, qui est un ennemi, et
elle
attaque Thorez, agent de Staline, qui est un allié. Cet ensemble de f
126
venu fou, c’est-à-dire fait le contraire de ce qu’
il
veut faire ; ou bien personne, en réalité, ne veut l’union qu’on dit
127
le jeu de l’union sacrée. Ce qui est grave, ce qu’
il
faut redouter, c’est que le désir de riposter au coup d’Hitler n’amèn
128
la forme d’un Anschluss, d’une mutuelle annexion.
Il
ne manque pas de Seiss-Inquart, dans les deux camps, pour appeler au
129
adverses et les prier de venir rétablir l’ordre.
Il
ne manque pas de fascistes inconscients pour confondre ordre et mise
130
inconscients pour confondre ordre et mise au pas.
Il
ne manque pas d’intellectuels de droite et de gauche pour proclamer q
131
e l’intelligence, équivaut à une trahison… Enfin,
il
ne manque pas de politiciens pour estimer que leur programme d’union
132
indésirables ; évacuation des usines. C’est tout.
Il
est vrai que ces quatre négations couvrent une implicite affirmation,
133
. La force de la France n’est pas dans son union.
Elle
est dans sa capacité unique au monde de supporter les désunions, ou p
134
d’incapacité politique. Ne croyons pas surtout qu’
il
en soit aussi fier qu’il le paraît, et aussi satisfait qu’il le procl
135
e croyons pas surtout qu’il en soit aussi fier qu’
il
le paraît, et aussi satisfait qu’il le proclame. Ne croyons pas qu’il
136
aussi fier qu’il le paraît, et aussi satisfait qu’
il
le proclame. Ne croyons pas qu’il considère sans envie notre périlleu
137
si satisfait qu’il le proclame. Ne croyons pas qu’
il
considère sans envie notre périlleuse liberté, dont sa presse raille
138
iberté, dont sa presse raille les abus, mais dont
il
espère en secret que sortira sa propre délivrance. Ce que le monde at
139
us forte armée du monde n’est rien, si le pays qu’
elle
entend protéger abdique ses raisons de vivre avant même qu’on l’attaq
140
vec vingt ans d’avance sur Hitler, la France va-t-
elle
enfin gagner sa paix ? ⁂ Ce n’est point sans raisons que je termine s
141
ses excès conduisent à rêver d’un fascisme. Mais
il
s’agit de savoir si la France, réellement, saura retrouver l’usage co
142
rouver l’usage concret et positif des libertés qu’
elle
s’est conquises. Il s’agit de savoir si le désordre va devenir la seu
143
et positif des libertés qu’elle s’est conquises.
Il
s’agit de savoir si le désordre va devenir la seule expression de nos
144
défense nationale mais d’abord l’idéal national.
Il
n’en faudrait pas davantage — ni moins — pour transformer notre appar
145
fin, toute la question est là : — la liberté fait-
elle
plus peur qu’envie ? Ne sait-on plus en voir que les revers ? Ou pren
146
us enfin conscience de l’écrasante supériorité qu’
elle
peut signifier dans l’avenir, si nous cessons de nous énerver, si nou
147
vocats, employés, rentiers plus ou moins ruinés :
il
me faut bien reconnaître qu’ils sont tous contre le régime. C’est un
148
ou moins ruinés : il me faut bien reconnaître qu’
ils
sont tous contre le régime. C’est un bolchévisme déguisé, répètent-il
149
le régime. C’est un bolchévisme déguisé, répètent-
ils
. Drôle de « rempart ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes
150
isme déguisé, répètent-ils. Drôle de « rempart ».
Ils
se plaignent de ce que toutes les réformes soient en faveur des ouvri
151
je les interroge sur leurs projets de résistance,
ils
se dérobent. Je parviens à leur faire avouer que le bolchévisme brun
152
e même, à leurs yeux, moins affreux que le rouge.
Il
n’y a pas eu de massacres. Tout se passe d’une manière progressive et
153
e d’une manière progressive et ordonnée : bientôt
ils
n’auront plus de fortune, mais ils conserveront pour la plupart leurs
154
nnée : bientôt ils n’auront plus de fortune, mais
ils
conserveront pour la plupart leurs titres et leurs fonctions, sous de
155
s qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges.
Ils
n’imaginent pas d’autre alternative. De fait, ces « possédants » n’on
156
ait, ces « possédants » n’ont jamais gouverné. Et
ils
n’ont jamais cru au régime de Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Eur
157
rné. Et ils n’ont jamais cru au régime de Weimar.
Il
n’y a sans doute pas, en Europe, de classe plus indifférente à la vie
158
aire découvrir le fait social et les problèmes qu’
il
pose. D’une part, la force et la rapidité de l’ascension hitlérienne
159
ce phénomène est aussi vieux que les Allemagnes ;
il
ne peut donc rien expliquer de ce qui s’y passe de tout nouveau. Un r
160
siens. Méthodes jacobines, à mon sens3. Car ce qu’
il
s’agit d’inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce n’est pas le sens d
161
te bourgeoisie, ce n’est pas le sens du groupe qu’
elle
avait, mais le sens de l’État, qu’elle n’a pas. Le sens de l’unité al
162
groupe qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’
elle
n’a pas. Le sens de l’unité allemande, de la prépondérance de l’intér
163
citoyen, tandis que le second ne parle que de ses
devoirs
. Serais-je déjà contaminé par l’optimisme de commande en ce pays ? J
164
’on parvient à éviter de nouveaux conflits armés,
il
se peut que l’hitlérisme apparaisse aux yeux des historiens futurs, c
165
La paix sociale a été obtenue par la fixation des
devoirs
réciproques à un niveau de justice fort médiocre, mais stable. — En s
166
cre, mais stable. — En somme, vous êtes content ?
Il
sourit, hausse un peu les épaules, fait oui de la tête. Demain, il do
167
un peu les épaules, fait oui de la tête. Demain,
il
doit partir pour un Schulungslager (camp d’éducation sociale). Ça ne
168
peu les épaules, fait oui de la tête. Demain, il
doit
partir pour un Schulungslager (camp d’éducation sociale). Ça ne l’enc
169
à l’auberge du village… Je le sens tout rajeuni :
il
est retourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers sont au fond
170
sant ». — Je me promène avec un de mes étudiants.
Il
est déjà doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français, e
171
un de mes étudiants. Il est déjà doktor phil., et
il
voudrait se perfectionner en français, en attendant une situation. Il
172
ctionner en français, en attendant une situation.
Il
craint d’ailleurs de n’en point trouver, n’étant pas du Parti. Il a f
173
eurs de n’en point trouver, n’étant pas du Parti.
Il
a fait beaucoup de psychanalyse : « Cela m’avait même complètement dé
174
emps. On ne peut plus croire à rien. » Maintenant
il
est disciple de Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de
175
n 1933 ne comprendront jamais les temps nouveaux.
Il
prépare pour le séminaire un travail sur Barrès : « la terre et les m
176
le Blut und Boden (sang et sol) des nazis. Comme
il
aime Barrès, cela le rassure. C’est une voie d’approche, un compromis
177
. — Déjeuner chez un avocat. Madame se plaint : «
Il
n’y a plus de vie de famille possible, avec ce système. Tous les soir
178
sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans.
Elle
est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux
179
Elle est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’
elle
doit commander deux fois par semaine : gymnastique et culture politiq
180
est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’elle
doit
commander deux fois par semaine : gymnastique et culture politique. D
181
aine : gymnastique et culture politique. De plus,
elle
a la charge de trouver des places pour ses subordonnées, de s’occuper
182
s à donner aux plus pauvres, de les visiter quand
elles
sont malades (c’est un contrôle), et même, c’est arrivé une ou deux f
183
er notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’
il
est un peu malade, par exemple, nous risquerions une mauvaise histoir
184
s ne sommes que des civils pour nos enfants. Eux,
ils
se sentent des militaires. » Plainte vingt fois entendue. Les enfants
185
entendue. Les enfants sont ravis, naturellement.
Ils
se sentent libres. Car la liberté, pour un adolescent, c’est tout ce
186
amille, fut-ce la plus dure discipline, pourvu qu’
elle
soit extérieure au foyer. Je ne dirai plus que le « fascisme » tue l’
187
sine, où nous sommes attablés, depuis deux heures
il
me raconte ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand il était en
188
te ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand
il
était en feldgrau (l’uniforme des communistes) et les autres en brun.
189
ft (compagnie de miliciens rouges). Irréductible,
il
me l’affirme solennellement. Mais lui aussi se sent trop vieux pour c
190
aussi se sent trop vieux pour continuer la lutte,
il
a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils ne sont pas comme ça, les ouvriers
191
inuer la lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ?
Ils
ne sont pas comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français,
192
uvriers allemands. « Vous autres Français, me dit-
il
, vous ne rêvez que révolutions et émeutes. Vous ne savez pas ce que c
193
. La politique n’intéresse pas les ouvriers quand
ils
ont de quoi manger et travailler. Hitler ? Il n’a qu’à appliquer son
194
nd ils ont de quoi manger et travailler. Hitler ?
Il
n’a qu’à appliquer son programme, maintenant qu’il a gagné. C’était p
195
l n’a qu’à appliquer son programme, maintenant qu’
il
a gagné. C’était presque le même programme que le nôtre ! Mais il a é
196
ait presque le même programme que le nôtre ! Mais
il
a été plus malin, il a rassuré les bourgeois en n’attaquant pas tout
197
rogramme que le nôtre ! Mais il a été plus malin,
il
a rassuré les bourgeois en n’attaquant pas tout de suite la religion…
198
t pas tout de suite la religion… » Tout d’un coup
il
se lève de son tabouret et avec un grand geste, le doigt pointé en l’
199
tous ces gros cochons qui sont autour de lui (et
il
nomme les principaux chefs du régime) eh bien moi ! (il se frappe la
200
me les principaux chefs du régime) eh bien moi ! (
il
se frappe la poitrine) moi je me ferai tuer pour lui ! » Et il répète
201
la poitrine) moi je me ferai tuer pour lui ! » Et
il
répète : « Lui au moins, c’est un homme sincère, et c’est le seul… »
202
ent conforme aux préjugés français-moyen, comme s’
ils
ne sentaient rien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ils ne se
203
nt rien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’
ils
ne sentaient pas ce je ne sais quoi dans l’atmosphère qui faisait que
204
ître ni ses souffrances secrètes ni son espoir. «
Il
doit y avoir une clé », écrivais-je à ce moment. C’est alors que se p
205
e ni ses souffrances secrètes ni son espoir. « Il
doit
y avoir une clé », écrivais-je à ce moment. C’est alors que se produi
206
uite, car les portes s’ouvrent à 5 heures. — Mais
il
n’est annoncé que pour 9 heures. — Venez voir ! Du seuil du café, l’o
207
s que les cris rauques de mes voisins.) Pas à pas
il
s’avance, il accueille l’hommage, le long de la passerelle qui mène à
208
s rauques de mes voisins.) Pas à pas il s’avance,
il
accueille l’hommage, le long de la passerelle qui mène à la tribune.
209
ut remarquer que j’ai les mains dans mes poches :
ils
sont dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce p
210
es faces, dans l’ombre. Et soudain tout s’apaise.
Il
a étendu le bras énergiquement — les yeux au ciel — et le Horst Wesse
211
de. Ce que j’éprouve maintenant, c’est cela qu’on
doit
appeler l’horreur sacrée. Je me croyais à un meeting de masses, à que
212
manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’
ils
célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie
213
us ces corps horriblement tendus. Je suis seul et
ils
sont tous ensemble. III. — Une religion nouvelle Si l’on n’a pa
214
on simple des triomphes totalitaires. Évidemment,
il
sera toujours possible d’invoquer les lois économiques, les forces re
215
s, c’est-à-dire à une description. Et dès lors qu’
il
s’agit de phénomènes aussi complexes, on n’a pas de mal à faire « col
216
te description avec telle doctrine qu’on voudra :
il
suffit de choisir ses exemples. Mais ce qu’on laisse toujours échappe
217
u nom d’une doctrine convenablement réadaptée, qu’
elles
ne pouvaient tourner que de cette sorte. Voilà pourquoi votre fille e
218
ui m’effraye, c’est leur souplesse dans l’erreur.
Il
a fallu si peu changer pour « expliquer » à l’aide des mêmes schémas
219
de mensonges pour les fidèles du culte allemand.
Il
ne s’agit ici que de religion. Ce n’est pas pour défendre le capitali
220
née qu’exerce une religion naissante, si basse qu’
elle
soit, sur les masses décomposées par des siècles d’individualisme. Da
221
et spirituelle, toute commune mesure a disparu, —
il
est fatal que se répande dans les masses et que s’installe au cœur de
222
e (janvier 1938) une lettre qui résume tout ceci.
Elle
est d’un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de ses
223
ouvent formulées à l’endroit du régime hitlérien.
Il
explique tout d’abord que ce régime est né de la pauvreté et du malhe
224
malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et
il
ajoute : Mais la pauvreté et le malheur ne peuvent expliquer que des
225
sée de croire à la première qui se présente — fût-
elle
aussi invraisemblable que « l’immortalité » d’un peuple — on ne peut
226
. » Certes, Hitler a rétabli l’ordre dans la rue.
Il
fait régner la paix sociale. Il y avait six millions de chômeurs en 1
227
ouver un terrain d’entente avec les dictatures qu’
ils
condamnent en principe. C’est ainsi qu’ils apportent leur petite cont
228
res qu’ils condamnent en principe. C’est ainsi qu’
ils
apportent leur petite contribution, toute bénévole, à l’effort de la
229
ffort de la propagande totalitaire dans nos pays.
Ils
le font sans malice, et au nom du bon sens. Ils me rappellent cette b
230
. Ils le font sans malice, et au nom du bon sens.
Ils
me rappellent cette bonne vieille femme qui apportait pieusement son
231
rononça : O sancta simplicitas ! Oui, réellement,
il
faut une sainte simplicité pour croire encore qu’on puisse détacher t
232
telle mesure en soi, mais au contraire le sens qu’
elle
prend par rapport au mouvement total, à la religion de la nation, et
233
ont pas si méchants, ni même si bêtes. Mais ce qu’
il
faut voir, c’est que la volonté des hommes n’a jamais pesé si peu que
234
ptées » pour peu que l’union sacrée les légitime.
Ils
ont des canons, mais pas de beurre, dit-on en France d’un air malin.
235
t c’est l’État. Et cet État est né de la guerre ;
il
y prépare du simple fait que ses conditions d’existence sont celles d
236
ions d’existence sont celles d’une mobilisation ;
il
compte à chaque instant avec l’éventualité d’une guerre, et il y puis
237
haque instant avec l’éventualité d’une guerre, et
il
y puise sa force de cohésion. Quelle que soit donc la volonté conscie
238
onté consciente et avouée du Führer et du peuple,
il
n’y a pas de raison de penser que l’aventure puisse bien finir. Tout
239
Allemagne, ne peut sortir qu’un État totalitaire.
Il
s’agit donc d’empêcher cette guerre, de se montrer assez forts pour l
240
Troie. Car pour s’armer autant que l’adversaire,
il
faudrait imposer au pays une discipline équivalente à celle qui régit
241
t celui qui dispose de la plus forte mystique qui
doit
fatalement triompher. Et en s’armant autant que l’État totalitaire, l
242
s forces morales ; sa « mystique » de la liberté.
Il
n’y a de solution pratique que dans un vaste effort moral des grandes
243
pel religieux qui naît de cette angoisse — même s’
il
est encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous sauro
244
er les confessions « vieillies » et « divisées ».
Il
faut créer une « religion d’hommes sans Dieu », disait Naigeon, une «
245
ses moyens, quelle était la réalité de la menace.
Il
connaissait le IIIe Reich pour y avoir vécu un an. Il estimait que da
246
onnaissait le IIIe Reich pour y avoir vécu un an.
Il
estimait que dans l’intérêt même d’une défense efficace, il importait
247
t que dans l’intérêt même d’une défense efficace,
il
importait de faire connaître la nature de l’attaque qui se préparait,
248
la force autant que la faiblesse de l’adversaire.
Il
écrivait à ce sujet (dans un langage qui, selon lui, ne devait point
249
it à ce sujet (dans un langage qui, selon lui, ne
devait
point permettre d’équivoque) : « Un général qui étudie le terrain de
250
pas précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’
il
est incapable d’estimer objectivement les forces en présence, il fera
251
e d’estimer objectivement les forces en présence,
il
ferait mieux de s’occuper de politique. » Il montrait donc, « objecti
252
nce, il ferait mieux de s’occuper de politique. »
Il
montrait donc, « objectivement », ce qu’il y a de bon et ce qu’il y a
253
nt à l’auteur qu’en « prétendant être objectif »,
il
« faisait en réalité le jeu d’Hitler ». Cette petite aventure nous ap
254
ve » des faits en discussion, voilà qui, semble-t-
il
, ne souffre pas le doute un seul instant. Mais que cette vérité très
255
ion sous sa forme la plus simple. Comment se peut-
il
, en général, qu’un homme refuse de voir ce qui est ? Et en particulie
256
ce qui est ? Et en particulier : comment se peut-
il
que, délibérément, un publiciste qui entend juger l’Allemagne, commen
257
n fils, âgé de trois, ans, de s’approcher du feu.
Il
s’en approche, naturellement. Je lui dis : « Tu sais que je te l’ai
258
je te l’ai défendu, tu vas te brûler. — Non, dit-
il
, ça ne brûle pas. — Mon petit, tu vas te brûler ! — Vilain papa, tu e
259
xpose des faits « bons » ou « mauvais ». Je dis :
il
faut connaître ces faits si l’on veut agir sur eux sans se laisser co
260
’on veut agir sur eux sans se laisser contaminer.
Ils
me répondent : vous êtes hitlérien ! Or, pourquoi mon fils prétend-il
261
us êtes hitlérien ! Or, pourquoi mon fils prétend-
il
, contre toute évidence, que le feu ne brûle pas ? C’est parce qu’il n
262
vidence, que le feu ne brûle pas ? C’est parce qu’
il
n’ose ni ne peut dire : j’ai envie de toucher le feu bien que je sach
263
j’ai envie de toucher le feu bien que je sache qu’
il
brûle. Cette contradiction insurmontable se résout pratiquement par u
264
issent leur vraie croyance et leurs vrais désirs,
il
est fatal que se développe au plus haut point ce que j’appellerai le
265
vouable — à ses propres yeux — pour la réalité qu’
il
m’interdit d’examiner. Je prétends donc que les antifascistes « aveug
266
r, d’ores et déjà, de l’état d’esprit fasciste qu’
ils
s’imaginent combattre. Pourquoi refusent-ils de s’informer objectivem
267
e qu’ils s’imaginent combattre. Pourquoi refusent-
ils
de s’informer objectivement sur le fascisme ? Parce qu’ils pressenten
268
informer objectivement sur le fascisme ? Parce qu’
ils
pressentent que sa réalité est très complexe, et qu’elle introduit do
269
essentent que sa réalité est très complexe, et qu’
elle
introduit donc la nécessité de distinguer avant de juger ; c’est-à-di
270
te prise de parti avec un maximum d’efficience. S’
ils
étaient amenés à discuter, par suite à donner les raisons de leur jug
271
par suite à donner les raisons de leur jugement,
ils
s’apercevraient qu’en réalité, ils sont tout près de l’adversaire, et
272
leur jugement, ils s’apercevraient qu’en réalité,
ils
sont tout près de l’adversaire, et qu’ils partagent sinon toutes ses
273
éalité, ils sont tout près de l’adversaire, et qu’
ils
partagent sinon toutes ses vues, du moins sa manière de voir la vie.
274
s sa manière de voir la vie. (Ou à l’inverse : qu’
ils
sont très loin de leurs alliés.) Si les hommes de gauche, d’une part,
275
re part, acceptaient de voir l’Allemagne telle qu’
elle
est, ils s’apercevraient que le socialisme y est mieux réalisé qu’en
276
cceptaient de voir l’Allemagne telle qu’elle est,
ils
s’apercevraient que le socialisme y est mieux réalisé qu’en France :
277
seconds verraient s’effondrer la seule raison qu’
ils
avaient d’admirer Hitler, « rempart contre le bolchévisme ». Or, ils
278
er Hitler, « rempart contre le bolchévisme ». Or,
ils
tiennent essentiellement, les uns et les autres, à condamner ou à déf
279
ndamner ou à défendre Hitler non point pour ce qu’
il
est, mais pour ce que leur passion veut qu’il soit. Ils sont donc con
280
qu’il est, mais pour ce que leur passion veut qu’
il
soit. Ils sont donc contraints de jeter la suspicion sur l’écrivain «
281
t, mais pour ce que leur passion veut qu’il soit.
Ils
sont donc contraints de jeter la suspicion sur l’écrivain « objectif
282
crivain « objectif » qui leur rappelle les faits.
Il
me faut souligner, d’ailleurs, que le parallèle gauche-droite n’est p
283
. Pour des raisons trop complexes à examiner ici,
il
se trouve que la droite jouit en France, provisoirement et comme par
284
un sens à l’expression « faire le jeu d’Hitler »,
il
me paraît indispensable de définir le jeu d’Hitler. Car sinon l’expre
285
t d’une façon maladroite, etc. Quel est le jeu qu’
il
s’agit de ne pas faire ? Voici : Hitler est le symbole et l’instrumen
286
a part le droit de discuter, et j’en fais même un
devoir
civique. Si vous me le contestez, je vous jugerai là-dessus. Sur cett
287
dmette point que je décrive le régime nazi tel qu’
il
est. Car s’il l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des
288
ue je décrive le régime nazi tel qu’il est. Car s’
il
l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des actes qu’il r
289
régime nazi tel qu’il est. Car s’il l’admettait,
il
serait contraint de voir l’identité des actes qu’il reproche à Hitler
290
serait contraint de voir l’identité des actes qu’
il
reproche à Hitler, et des actes qu’il loue chez Staline. (Je néglige
291
es actes qu’il reproche à Hitler, et des actes qu’
il
loue chez Staline. (Je néglige ici les prétextes.) L’un massacre des
292
les prétextes.) L’un massacre des hommes parce qu’
ils
ont une ascendance juive, l’autre parce qu’ils ont une ascendance kou
293
qu’ils ont une ascendance juive, l’autre parce qu’
ils
ont une ascendance koulak. Tous les deux persécutent les chrétiens. T
294
st identique à celle de son « adversaire ». Alors
il
dit que je suis très méchant… ⁂ Vous êtes hitlérien ! — Non, c’est vo
295
n) et véritables non-fascistes devient très aisé.
Il
coïncide, à très peu de choses près, avec la distinction entre ceux q