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des Nouveaux Cahiers, à préciser la signification
du
mot violence, dans la mesure où cela dépend de nous, c’est-à-dire à l
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ù cela dépend de nous, c’est-à-dire à l’intérieur
du
groupe et dans ces pages. Sur le « pouvoir des mots » « Simple q
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éel : c’est que la plupart des mots ont été vidés
du
sens — primitif ou secondaire — qu’une société et une culture, aujour
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ne sont pas « vides » — le vocabulaire a horreur
du
vide — mais ils ont été mal remplis, ou remplis au hasard, — et en to
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de lui attribuer dans l’ordre nouveau. Origine
du
préjugé contre la violence Il faut reconnaître, tout d’abord, que
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de discuter, de donner ses raisons, et qui frappe
du
poing sur la table. Ainsi violence ne se confond pas seulement avec b
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morale bourgeoise, ou mieux : dans la conception
du
monde née de l’établissement de la bourgeoisie au pouvoir. Conception
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pour condamner la brutalité —, on se met à abuser
du
mot dans le sens le plus péjoratif. J’en donnerai un exemple qui fait
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isément ce sentiment de malaise, lié à l’euphorie
du
risque encouru, qui est le signe normal d’une création de l’esprit hu
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le) et à l’éprouver plus fortement que l’euphorie
du
risque, du jeu. C’est un affadissement et une trahison certaine de l’
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éprouver plus fortement que l’euphorie du risque,
du
jeu. C’est un affadissement et une trahison certaine de l’Évangile qu
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es-ci ont cessé de le servir. Telle est l’origine
du
concept occidental de révolution. La révolution est toujours spiritue
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errais plutôt deux synonymes. Reprenons l’exemple
du
bloc de pierre élevé jusqu’au cintre : on y retrouve ces trois caract
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sche), ni la subtilité des moyens, ni la sérénité
du
ton. Bien au contraire ! Tout ceci n’apparaîtrait paradoxal qu’à ceux
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su distinguer la vraie violence de la brutalité,
du
simple fait qu’elles sont souvent liées. (Il y a peu de tons purs dan
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s à Nietzsche, abus flagrant (que toute la pensée
du
poète-philosophe dénonce). Là encore, il semble qu’une certaine logiq
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Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir
du
fruit, ils coupent l’arbre au pied et cueillent le fruit. Voilà le go
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fectent l’un et l’autre la violence (spirituelle)
du
signe moins (en fait sinon en théorie). C’est pourquoi l’un prépare l
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econnaissons-le, c’est la théorie de la dictature
du
prolétariat d’une part, et le ton « brutal » des polémiques de Marx.
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rutal » des polémiques de Marx. Mais la dictature
du
prolétariat n’est pour Marx que la riposte nécessaire du socialisme a
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étariat n’est pour Marx que la riposte nécessaire
du
socialisme au capitalisme qui voudrait prolonger son statut en s’appu
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ser la valeur ambiguë de « violence » dans l’acte
du
viol, qui paraît une brutalité. Mais cela nous entraînerait assez loi
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s doute autre chose. Voici tendus tous les pièges
du
langage. Les mêmes mots n’ont pas le même sens, ne trahissent pas les
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s qu’éveillent dans « le peuple » les grands mots
du
langage politique ? Et du sens qu’il leur donne lorsqu’il les répète
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euple » les grands mots du langage politique ? Et
du
sens qu’il leur donne lorsqu’il les répète ? À distance et en gros, l
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y réfléchit, résume un drame. Ce drame est celui
du
langage dans notre société présente. Les mots que nous disons ou que
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e toutes vos questions, pour peu qu’elles sortent
du
cadre de son métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas formé de phr
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qui ressemblerait à une enquête : d’abord à cause
du
malentendu sur les mots, ensuite à cause de ce défaut de moyens d’exp
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cueils, le Charybde de l’incohérence et le Scylla
du
trop prévu, il faut savoir naviguer dans le « courant » c’est-à-dire
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uperficiellement, qu’ils ne pensent qu’à l’instar
du
journal. Il faut essayer de se maintenir à mi-distance entre les biza
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bles : ce sont elles qui révèlent la vraie pensée
du
groupe. Nous en sommes là aujourd’hui : tout le monde réclame la libe
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, Paris, 1 novembre 1937, p. 18-19. c. Il s’agit
du
Journal d’un intellectuel en chômage , publié par Denis de Rougemont
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e (43e mille) ; Hygiène raciale ; Science raciale
du
peuple allemand (en 8 volumes de titres divers. — 99e mille en moyenn
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euple et race (revue). Comme il ne s’agit là que
du
catalogue d’une seule maison, on ne saurait tirer de ces chiffres auc
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ent spécialisée, au sens français et scientifique
du
terme. Tous ces ouvrages sont des essais de vulgarisation, bien plus
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nuels techniques ou des instruments de recherche.
Du
moins sont-ils présentés sous l’aspect le plus populaire. Et les chif
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même si l’on tient compte de la diffusion moyenne
du
livre allemand, très supérieure à celle du livre français. Reste à sa
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oyenne du livre allemand, très supérieure à celle
du
livre français. Reste à savoir si cet énorme effort de propagande abo
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réellement ; s’il satisfait à une demande réelle
du
public ; s’il traduit la pensée réelle du lecteur allemand moyen. Il
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réelle du public ; s’il traduit la pensée réelle
du
lecteur allemand moyen. Il faut se rappeler que dans un état totalita
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force de traduire fidèlement les désirs officiels
du
Parti : la revue Deutsches Volkstum par exemple. Ce périodique s’occu
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Allemands ; Histoire de notre peuple ; Figures
du
passé allemand ; Le caractère populaire allemand ; Le monde nordiqu
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d’indépendance.) Portraits d’empereurs allemands
du
Moyen Âge ; Histoire des Allemands Sudètes ; Le soldat allemand (le
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évoquent de la façon la plus précise l’idéologie
du
Parti : technique, morale spartiate, culte des héros militaires, reto
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e germanique. Je vous laisse à imaginer les rêves
du
lecteur allemand, heureux bénéficiaire de ces « cadeaux de Noël ».
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Du
danger de s’unir (15 avril 1938)e Le ministère Blum a vécu l’espac
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les voies de la réconciliation ? Les socialistes
du
Populaire soulèvent leurs troupes contre le Sénat, provoquant une man
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forts. Programme de M. Daladier (selon le Journal
du
10 avril) : exclusion des communistes ; non-intervention en Espagne ;
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couvrent une implicite affirmation, qui est celle
du
réarmement à outrance, et même au-delà. Mais la presse n’en parlera p
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e qui vaut d’être défendu. Et la plus forte armée
du
monde n’est rien, si le pays qu’elle entend protéger abdique ses rais
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oser à l’union sacrée, ce n’est pas faire l’éloge
du
désordre présent, du désordre honteux de lui-même, et que ses excès c
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, ce n’est pas faire l’éloge du désordre présent,
du
désordre honteux de lui-même, et que ses excès conduisent à rêver d’u
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osons vivre la paix ? e. Rougemont Denis de, «
Du
danger de s’unir », Les Nouveaux Cahiers, Paris, 15 avril 1938, p. 21
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rienne ont été l’expression directe d’une carence
du
sens civique, loi générale qui se vérifie dans tout pays totalitaire.
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as. Certes, les Allemands ont toujours eu le sens
du
groupe, et l’on est trop souvent tenté d’expliquer le national-social
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mpenser. Hitler est en train d’opérer un dressage
du
peuple allemand (comme Staline, un dressage du russe), dressage dont
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ge du peuple allemand (comme Staline, un dressage
du
russe), dressage dont les buts n’ont rien de traditionnel, bien au co
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à cette inerte bourgeoisie, ce n’est pas le sens
du
groupe qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’elle n’a pas. Le sen
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ialisme : c’est que le premier parlait des droits
du
citoyen, tandis que le second ne parle que de ses devoirs. Serais-je
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, qui sont le sens vulgarisé de l’État et le sens
du
service social. Staline proclame une religion du travail, et les Russ
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du service social. Staline proclame une religion
du
travail, et les Russes sont les plus paresseux des hommes ; Mussolini
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libres, nous les passions en commun, à l’auberge
du
village… Je le sens tout rajeuni : il est retourné à l’école ; et tou
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int d’ailleurs de n’en point trouver, n’étant pas
du
Parti. Il a fait beaucoup de psychanalyse : « Cela m’avait même compl
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querions une mauvaise histoire avec les autorités
du
Parti. Nous ne sommes que des civils pour nos enfants. Eux, ils se se
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ire. Comparez la jeune Führerin à une jeune fille
du
même âge, chez nous ! Mais l’initiative qu’on exige, c’est celle qui
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r lui ; c’est celle que la tactique moderne exige
du
soldat dans le terrain. Contraindre, ce serait peu. Mais s’emparer de
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avons eu assez chez nous. Maintenant nous voulons
du
travail et notre tasse de café au lait le matin. Qu’on nous donne ça,
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t autour de lui (et il nomme les principaux chefs
du
régime) eh bien moi ! (il se frappe la poitrine) moi je me ferai tuer
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bellicisme et passivité, esprit spartiate et goût
du
confort, jeunesse cynique et vieux bateaux réactionnaires, bourgeois
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s complices. Et seuls mes amis juifs me donnaient
du
régime une interprétation étonnamment conforme aux préjugés français-
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nt. C’est alors que se produisit le coup d’audace
du
7 mars, l’occupation de la Rhénanie par la Reichswehr. Deux jours plu
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ncore au milieu de la nuit. Je reprends mes notes
du
11 mars 1936. Une cérémonie sacrée. — Trois heures de l’après-midi,
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l n’est annoncé que pour 9 heures. — Venez voir !
Du
seuil du café, l’on aperçoit toute la place de l’Opéra. Des milliers
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nnoncé que pour 9 heures. — Venez voir ! Du seuil
du
café, l’on aperçoit toute la place de l’Opéra. Des milliers de SA et
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tend, on se serre de plus en plus. Des formations
du
front de travail viennent occuper les couloirs, la pelle sur l’épaule
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tiente, ni ne parle. Huit heures. Les dignitaires
du
Reich apparaissent, annoncés par les clameurs de l’extérieur. Goering
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u ciel — et le Horst Wessel Lied monte sourdement
du
parterre. « Les camarades que le Front rouge et la Réaction tuèrent —
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lles, la décomposition des gauches, le double jeu
du
grand capital soutenant Hitler contre les marxistes et papen contre H
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la s’est réalisé. Car on ne nous parle jamais que
du
comment. Et les « explications » qu’on nous fournit se réduisent en d
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ntraire se soit produit en fait… Dernière défense
du
capital, récitent sans se lasser les marxistes. Hystérie collective,
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nt de mots vides ou de mensonges pour les fidèles
du
culte allemand. Il ne s’agit ici que de religion. Ce n’est pas pour d
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que et légal, qui a jeté l’Autriche dans les bras
du
Führer. Mais c’est l’attraction passionnée qu’exerce une religion nai
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ect de survivances sociales ; où les classes nées
du
développement économique rassemblent abstraitement des masses inorgan
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mprendre ; où l’État devient le seul représentant
du
bien commun, mais ne se manifeste plus que par les feuilles d’impôt,
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critiques qui s’y trouvent formulées à l’endroit
du
régime hitlérien. Il explique tout d’abord que ce régime est né de la
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ut d’abord que ce régime est né de la pauvreté et
du
malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et il ajoute : Mais la
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bien longtemps au besoin de croire de la majorité
du
peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allemand. Nous vou
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orité du peuple. Nous voulons croire à la mission
du
peuple allemand. Nous voulons croire à l’immortalité du peuple (un ar
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ple allemand. Nous voulons croire à l’immortalité
du
peuple (un arbre dont nous ne sommes que les feuilles qui tombent à c
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y croire. Ruine des croyances communes, carence
du
christianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre, vol
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écise et ramassée la nature proprement religieuse
du
phénomène totalitaire allemand. (Et cela vaut, avec des nuances, pour
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L’autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés
du
communisme. » C’est ainsi que beaucoup de braves gens croient trouver
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ui apportait pieusement son petit fagot au bûcher
du
supplice de Jean Huss : ce que voyant, le martyr prononça : O sancta
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onismes qui chez nous sont encore la réalité même
du
social ? Que la paix est obtenue par l’écrasement des faibles ? Que l
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toutes les « raisons », que tous les « intérêts »
du
monde ? Et qu’enfin ce qui importe au dictateur, ce n’est pas telle m
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et réalisme ont fait faillite. Le seul adversaire
du
régime demeure, en fait, l’Église confessionnelle ; c’est-à-dire qu’à
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plus que la foi proprement dite : contre-épreuve
du
diagnostic que l’on vient d’esquisser. IV. — Perspectives À Ber
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qui se disent bien informés prophétisent la chute
du
régime pour le mois suivant, — depuis cinq ans. Or, chaque mois appor
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régulièrement, une extension précise des pouvoirs
du
Führer, une consolidation de son prestige. On ne voit aucune raison p
100
e de la dictature totalitaire, c’est la structure
du
régime. Or, la structure de l’État totalitaire — quelle que soit sa d
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. On oublie que le mot est de Goering lui-même. «
Du
beurre ou des canons », c’est un slogan de la propagande nazie, et qu
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t. Et cet État est né de la guerre ; il y prépare
du
simple fait que ses conditions d’existence sont celles d’une mobilisa
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lle que soit donc la volonté consciente et avouée
du
Führer et du peuple, il n’y a pas de raison de penser que l’aventure
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donc la volonté consciente et avouée du Führer et
du
peuple, il n’y a pas de raison de penser que l’aventure puisse bien f
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dis à mon fils, âgé de trois, ans, de s’approcher
du
feu. Il s’en approche, naturellement. Je lui dis : « Tu sais que je
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le pas), et par un transfert de la « méchanceté »
du
feu sur celui qui en avertit. Refuser de reconnaître les faits (menso
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de soumission aveugle et joyeuse aux mots d’ordre
du
Parti. Plus encore : ceux qu’on soupçonne, bien qu’adhérents enthousi
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Puis : ceux qui n’ont pas donné assez de preuves
du
contraire. Et finalement, tous ceux qui se « distinguent » par quelqu
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saire, et qu’ils partagent sinon toutes ses vues,
du
moins sa manière de voir la vie. (Ou à l’inverse : qu’ils sont très l