1 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Violence et brutalité (1er juin 1937)
1 les collaborateurs de ces Cahiers ont déclaré qu’ ils rejetaient la violence, les méthodes de violence, les solutions de vi
2 des de violence, les solutions de violence, et qu’ ils s’efforçaient d’y substituer une méthode de collaboration et de compr
3 nsion réciproques ne peuvent être fécondes que si elles réunissent des éléments réellement divers, c’est-à-dire opposés à l’o
4 e implique donc une certaine violence. Autrement, il ne s’agirait que d’un assemblage purement quantitatif d’éléments semb
5 simple, une tautologie, une formalité ennuyeuse. Il n’y aurait ni effort, ni création. On aboutirait, dans le cas le plus
6 l’indifférence générale. Il y a donc, me semble-t- il , un intérêt urgent pour le groupe des Nouveaux Cahiers, à préciser la
7 abulaire ne sont ni simples ni indifférentes ; qu’ elles sont mêlées à toutes nos activités, dans la mesure où la pensée y est
8 tés, dans la mesure où la pensée y est mêlée ; qu’ elles entraînent et symbolisent à peu près toutes les « questions actuelles
9 uvoir des mots » est réel. Peut-être dira-t-on qu’ il n’est que trop réel : c’est que la plupart des mots ont été vidés du
10 omises, s’accordaient à leur attribuer. Aussi ont- ils pris peu à peu des contenus mal définis, souvent contraires aux usage
11 vides » — le vocabulaire a horreur du vide — mais ils ont été mal remplis, ou remplis au hasard, — et en tout cas, ils ont
12 remplis, ou remplis au hasard, — et en tout cas, ils ont pris des valeurs ou des sens nouveaux qu’il importe au plus haut
13 ils ont pris des valeurs ou des sens nouveaux qu’ il importe au plus haut point de redéfinir et de réorganiser, si l’on en
14 actuel d’une part, et d’autre part le contenu qu’ il paraît juste ou utile de lui attribuer dans l’ordre nouveau. Origi
15 veau. Origine du préjugé contre la violence Il faut reconnaître, tout d’abord, que la violence est généralement « ma
16 ire, ou comme une nécessité désespérée à laquelle il faut recourir lorsqu’on se trouve « injustement attaqué » (toute atta
17 issement de sens, c’est évident. Mais encore faut- il expliquer comment il a pu se produire. J’en vois la principale raison
18 st évident. Mais encore faut-il expliquer comment il a pu se produire. J’en vois la principale raison dans ce qu’on est co
19 muable. (Préservé contre les mutations brusques.) Elle a donc tout avantage à nier ou à dissimuler les antagonismes qu’elle
20 antage à nier ou à dissimuler les antagonismes qu’ elle domine ou étouffe, tels que la lutte des classes, dans l’ordre économ
21 que produit inévitablement la culture créatrice. Elle tend à substituer aux conflits déclarés des « gentlemen’s agreements 
22 conflits déclarés des « gentlemen’s agreements ». Elle essaie de sauvegarder à tout prix une évolution continue et sans heur
23 es idées que constitue la filière universitaire.) Il faut à tout prix que « tout s’arrange » (c’est-à-dire que rien ne cha
24 ge » (c’est-à-dire que rien ne change vraiment) ; il faut « sauver la face » (c’est-à-dire les situations acquises). D’où
25 ue sont celles de Nietzsche et de Georges Sorel : elles s’accordent au plus mal avec le style de la pensée marxiste. La vr
26 rruption dans le monde, pour y réaliser ses vues, il fait violence à un état de choses. Et ceci dans n’importe quel domain
27 e choses. Et ceci dans n’importe quel domaine, qu’ il s’agisse d’élever des blocs de pierre à la hauteur d’un cintre, de la
28 ignorants. La violence étant le fait de l’esprit, elle se confond avec la liberté. C’est elle seule qui délivre l’homme de l
29 l’esprit, elle se confond avec la liberté. C’est elle seule qui délivre l’homme de la chaîne des routines et des lois qu’il
30 l’homme de la chaîne des routines et des lois qu’ il se forge, c’est elle seule qui l’empêche de se laisser emprisonner da
31 ne des routines et des lois qu’il se forge, c’est elle seule qui l’empêche de se laisser emprisonner dans ses propres instit
32 olution. La révolution est toujours spirituelle : elle est l’acte de l’homme qui rejette ses vieilles commodités, qui violen
33 elle. D’ailleurs, si la violence est libératrice, elle n’est pas pour autant anarchique. Elle libère pour construire, elle d
34 bératrice, elle n’est pas pour autant anarchique. Elle libère pour construire, elle détruit pour ré-ordonner. Violence et co
35 r autant anarchique. Elle libère pour construire, elle détruit pour ré-ordonner. Violence et construction sont si loin de s’
36 t-à-dire « libérée » de la loi de pesanteur, puis elle est placée dans une « organisation » nouvelle, et tout cela s’opère e
37 vraie violence de la brutalité, du simple fait qu’ elles sont souvent liées. (Il y a peu de tons purs dans la vie.) La brut
38 e un aspect et un caractère avant tout matériels. Elle est le fait d’une contrainte purement extérieure, donc incapable en s
39 m’y mette, et je n’ai pas de raisons à te donner, il n’y en a pas, ou pas d’avouables… Mais la brutalité peut aussi revêti
40 avec précision à cette brutalité de la logique ; elle la déteste absolument, tandis que la violence l’effraye mais la tente
41 ature totalitaire est la brutalité même, en ce qu’ elle est fondée sur le principe de la contrainte par corps, — même lorsqu’
42 rincipe de la contrainte par corps, — même lorsqu’ il s’agit des choses de l’esprit. Elle ne déteste rien tant que la vraie
43 , — même lorsqu’il s’agit des choses de l’esprit. Elle ne déteste rien tant que la vraie violence, inventive et imprévue, qu
44 gonismes réels lui est encore plus intolérable qu’ elle ne l’était à l’ordre bourgeois. Aussi se donne-t-elle pour première t
45 ne l’était à l’ordre bourgeois. Aussi se donne-t- elle pour première tâche de tuer dans la jeunesse toute velléité de violen
46 and nombre, l’instinct d’obéissance aveugle. Mais il se produit là un phénomène curieux : alors que la bourgeoisie disqual
47 a pensée du poète-philosophe dénonce). Là encore, il semble qu’une certaine logique à courte vue préside à cette stérilisa
48 sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l’arbre au pied et cueillent le fruit. Voilà le gouvernement
49 de la violence, avoir peur des risques féconds qu’ elle institue, c’est se priver des meilleures armes dont nous disposions c
50 La vraie violence est en définitive pacifiante : elle accepte les conflits, les fait mûrir et les résout en créations. Mais
51 théorie). C’est pourquoi l’un prépare l’autre, qu’ il redoute, et se trouve désarmé lorsqu’il survient. Le destin des démoc
52 autre, qu’il redoute, et se trouve désarmé lorsqu’ il survient. Le destin des démocraties est lié à l’éducation ; celui des
53 bératrice de la violence. Que ceux qui pensent qu’ il est déjà trop tard sachent qu’ils sont par là même les premiers à ren
54 x qui pensent qu’il est déjà trop tard sachent qu’ ils sont par là même les premiers à rendre le tyran fatal. 1. Ce qui a
2 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Comment savoir à quoi ils pensent (Quelques remarques sur la méthode) (1er novembre 1937)
55 Comment savoir à quoi ils pensent (Quelques remarques sur la méthode) (1er novembre 1937)b
56 . » Au vrai, le mot curiosité est vide de sens, s’ il ne recouvre pas cette crainte ou cette entreprise projetée, ou encore
57 Sans doute une analyse un peu poussée révélerait- elle à l’origine de la recherche la plus abstraite, de la soif de savoir l
58 à l’autre : « À quoi penses-tu ? » — À rien, dit- elle . Naturellement… ⁂ Essayer de savoir à quoi ils pensent, c’est se mett
59 t-elle. Naturellement… ⁂ Essayer de savoir à quoi ils pensent, c’est se mettre en mesure d’agir sur eux. (Pour eux, contre
60 évident, et justifie suffisamment notre rubrique. Il reste alors à reconnaître les dangers d’une semblable méthode, et les
61 ntenter de leur expression par le langage. À quoi ils pensent… pour nous, c’est : Ce qu’ils disent. En fait, c’est sans dou
62 age. À quoi ils pensent… pour nous, c’est : Ce qu’ ils disent. En fait, c’est sans doute autre chose. Voici tendus tous les
63 grands mots du langage politique ? Et du sens qu’ il leur donne lorsqu’il les répète ? À distance et en gros, l’on peut cr
64 ge politique ? Et du sens qu’il leur donne lorsqu’ il les répète ? À distance et en gros, l’on peut croire que tous les Fra
65 l’autocar, une femme dont j’ai cru comprendre qu’ elle tient un petit hôtel à Saint-Jean du Gard, expliquait à sa voisine qu
66 ien dire : en recevant les épreuves de son livre, il y trouva jointe une petite note écrite à l’encre rouge par le correct
67 ’auteur paraît croire à un rapprochement absurde. Il fait erreur. Nous sommes dans le Midi, où un sentiment obscur de lati
68 umaine. Pour conclure quoi que ce soit de « ce qu’ ils disent », il faut donc bien se résoudre à de grossières approximation
69 onclure quoi que ce soit de « ce qu’ils disent », il faut donc bien se résoudre à de grossières approximations. Le danger
70 proximations. Le danger serait alors d’ignorer qu’ il ne s’agit que d’approximations, voire dans certains cas, de calembour
71 les gens sur leurs « pensées » et préoccupations, ils ne disent rien de bien intéressant ou d’authentique. Ou bien vous obt
72 n n’a pas coutume de se formuler clairement ce qu’ il vit. Presque toutes vos questions, pour peu qu’elles sortent du cadre
73 il vit. Presque toutes vos questions, pour peu qu’ elles sortent du cadre de son métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas f
74 du cadre de son métier, le prennent au dépourvu. Il n’a pas formé de phrases dans sa tête sur ce sujet dont le journal ne
75 al ne parle jamais. Ou bien, sur tel autre sujet, il vous rend ce que d’autres — presse ou partis — lui ont prêté, c’est-à
76 nnaie de votre pièce, non la substance de sa vie. Il faut donc éviter tout ce qui ressemblerait à une enquête : d’abord à
77 lignes la vraie nature de leurs soucis, mieux qu’ ils ne sauraient le dire, justement. Quelquefois, il suffit d’une chance,
78 ils ne sauraient le dire, justement. Quelquefois, il suffit d’une chance, d’une bizarrerie de leurs propos, subitement rév
79 on de l’Ouest, je rencontre une vieille paysanne. Elle se plaint : c’est la jambe qui ne va plus ! D’où cela vient-il ? — C’
80 : c’est la jambe qui ne va plus ! D’où cela vient- il  ? — C’est depuis qu’ils m’ont volé ma chèvre, me répond-elle. Je lui
81 va plus ! D’où cela vient-il ? — C’est depuis qu’ ils m’ont volé ma chèvre, me répond-elle. Je lui demande comment c’est ar
82 est depuis qu’ils m’ont volé ma chèvre, me répond- elle . Je lui demande comment c’est arrivé, et voici le récit, noté sur l’h
83 n va aller au travail, et toi tu iras à la pêche. Ils partent pour le marais, vont tirer le sel, font ce qu’ils avaient à f
84 ent pour le marais, vont tirer le sel, font ce qu’ ils avaient à faire. Moi je vais à l’écluse, je ramasse des anguilles, qu
85 es crabes, deux ou trois jambes. Bon, c’est ce qu’ il faut pour manger. Ils rentrent d’avoir tiré le sel et mangent la pêch
86 ois jambes. Bon, c’est ce qu’il faut pour manger. Ils rentrent d’avoir tiré le sel et mangent la pêche. J’avais ajouté deux
87 jambes, donc, mais moi je n’en mange pas. Tantôt, ils s’en vont à leur ouvrage, moi je reste ici. Ils rentrent vers 6 heure
88 , ils s’en vont à leur ouvrage, moi je reste ici. Ils rentrent vers 6 heures, les jeunes d’abord, parce qu’ils ont des bicy
89 trent vers 6 heures, les jeunes d’abord, parce qu’ ils ont des bicyclettes, ils vont plus vite. Le père rentre un peu plus t
90 jeunes d’abord, parce qu’ils ont des bicyclettes, ils vont plus vite. Le père rentre un peu plus tard. Le plus vieux dit :
91 e plus vieux dit : j’ai bien faim. Le plus jeune, il a toujours faim, alors c’est pareil. Je dis : oh ! vous avez faim, je
92 ça délasse, et avec ça on peut aller se coucher ! Ils mangent et on va se coucher. C’est le lendemain matin que j’ai vu qu’
93 coucher. C’est le lendemain matin que j’ai vu qu’ ils avaient pris la chèvre. Je n’imagine pas de question directe qui eût
94 je pense avant tout, c’est au pain quotidien. » ⁂ Il est rare que le film d’une conversation, non retouché, offre une imag
95 ybde de l’incohérence et le Scylla du trop prévu, il faut savoir naviguer dans le « courant » c’est-à-dire se maintenir au
96 able ; à le considérer trop superficiellement, qu’ ils ne pensent qu’à l’instar du journal. Il faut essayer de se maintenir
97 ment, qu’ils ne pensent qu’à l’instar du journal. Il faut essayer de se maintenir à mi-distance entre les bizarreries indi
98 ent habituel pour que les petites déformations qu’ il subit dans un groupe donné deviennent aisément perceptibles : ce sont
99 donné deviennent aisément perceptibles : ce sont elles qui révèlent la vraie pensée du groupe. Nous en sommes là aujourd’hui
100 i émet ce vocable usé, ou par l’emploi imprévu qu’ il en fait dans le contexte de son discours, de son milieu, de sa vie qu
101 vie quotidienne, que vous pourrez deviner comment il pense ce mot, s’il le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’il n
102 e vous pourrez deviner comment il pense ce mot, s’ il le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’il ne fait qu’y rêvasse
103 viner comment il pense ce mot, s’il le souffre, s’ il l’aime de tout son être ou s’il ne fait qu’y rêvasser machinalement.
104 ’il le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’ il ne fait qu’y rêvasser machinalement. b. Rougemont Denis de, « Com
105 b. Rougemont Denis de, « Comment savoir à quoi ils pensent ? (Quelques remarques sur la méthode) », Les Nouveaux Cahiers
106 ux Cahiers, Paris, 1 novembre 1937, p. 18-19. c. Il s’agit du Journal d’un intellectuel en chômage , publié par Denis de
3 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Lectures dirigées dans le IIIe Reich (15 décembre 1937)
107 es Indo-Germains ; Peuple et race (revue). Comme il ne s’agit là que du catalogue d’une seule maison, on ne saurait tirer
108 se dire — que manifestent les lecteurs allemands. Il existe d’autres maisons d’édition qui se spécialisent dans la littéra
109 es ou des instruments de recherche. Du moins sont- ils présentés sous l’aspect le plus populaire. Et les chiffres de tirage
110 norme effort de propagande aboutit réellement ; s’ il satisfait à une de­mande réelle du public ; s’il traduit la pensée ré
111 ’il satisfait à une de­mande réelle du public ; s’ il traduit la pensée réelle du lecteur allemand moyen. Il faut se rappel
112 aduit la pensée réelle du lecteur allemand moyen. Il faut se rappeler que dans un état totalitaire, la question « à quoi p
113 olonté de l’État (Hitler, Goebbels et Rosenberg). Il peut donc être intéressant de se reporter maintenant à un organe qui
114 es achats de Noël. Voici les vingt-deux titres qu’ il propose : Une traduction de Wolfram von Eschenbach. Une Histoire de
4 1938, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Du danger de s’unir (15 avril 1938)
115 er l’on finisse par la vouloir et par la faire. ⁂ Il est vrai qu’on n’en est encore qu’à s’en servir comme d’un prétexte p
116 contre le Sénat, provoquant une manifestation qu’ ils interdisent en tant que ministres. Le Parti communiste fait crier : «
117 i radical, à la Chambre, soutient un ministère qu’ il renverse au Sénat. Et que font ces trois partis réunis dans le Front
118 s l’autre d’intervenir pour appliquer la loi dont ils sont les auteurs. L’habitude de la non-intervention se prend décidéme
119 renonce à résumer son jeu ; sans doute n’en sait- elle plus elle-même les règles. Patriote, elle exporte ses capitaux. Antis
120 en sait-elle plus elle-même les règles. Patriote, elle exporte ses capitaux. Antisémite, elle oppose Mandel à Blum. National
121 Patriote, elle exporte ses capitaux. Antisémite, elle oppose Mandel à Blum. Nationaliste, elle soutient Franco, agent d’Hit
122 isémite, elle oppose Mandel à Blum. Nationaliste, elle soutient Franco, agent d’Hitler, qui est un ennemi, et elle attaque T
123 ent Franco, agent d’Hitler, qui est un ennemi, et elle attaque Thorez, agent de Staline, qui est un allié. Cet ensemble de f
124 venu fou, c’est-à-dire fait le contraire de ce qu’ il veut faire ; ou bien personne, en réalité, ne veut l’union qu’on dit
125 le jeu de l’union sacrée. Ce qui est grave, ce qu’ il faut redouter, c’est que le désir de riposter au coup d’Hitler n’amèn
126 la forme d’un Anschluss, d’une mutuelle annexion. Il ne manque pas de Seiss-Inquart, dans les deux camps, pour appeler au
127 adverses et les prier de venir rétablir l’ordre. Il ne manque pas de fascistes inconscients pour confondre ordre et mise
128 inconscients pour confondre ordre et mise au pas. Il ne manque pas d’intellectuels de droite et de gauche pour proclamer q
129 e l’intelligence, équivaut à une trahison… Enfin, il ne manque pas de politiciens pour estimer que leur programme d’union
130 indésirables ; évacuation des usines. C’est tout. Il est vrai que ces quatre négations couvrent une implicite affirmation,
131 . La force de la France n’est pas dans son union. Elle est dans sa capacité unique au monde de supporter les désunions, ou p
132 d’incapacité politique. Ne croyons pas surtout qu’ il en soit aussi fier qu’il le paraît, et aussi satisfait qu’il le procl
133 e croyons pas surtout qu’il en soit aussi fier qu’ il le paraît, et aussi satisfait qu’il le proclame. Ne croyons pas qu’il
134 aussi fier qu’il le paraît, et aussi satisfait qu’ il le proclame. Ne croyons pas qu’il considère sans envie notre périlleu
135 si satisfait qu’il le proclame. Ne croyons pas qu’ il considère sans envie notre périlleuse liberté, dont sa presse raille
136 iberté, dont sa presse raille les abus, mais dont il espère en secret que sortira sa propre délivrance. Ce que le monde at
137 us forte armée du monde n’est rien, si le pays qu’ elle entend protéger abdique ses raisons de vivre avant même qu’on l’attaq
138 vec vingt ans d’avance sur Hitler, la France va-t- elle enfin gagner sa paix ? ⁂ Ce n’est point sans raisons que je termine s
139 ses excès conduisent à rêver d’un fascisme. Mais il s’agit de savoir si la France, réellement, saura retrouver l’usage co
140 rouver l’usage concret et positif des libertés qu’ elle s’est conquises. Il s’agit de savoir si le désordre va devenir la seu
141 et positif des libertés qu’elle s’est conquises. Il s’agit de savoir si le désordre va devenir la seule expression de nos
142 défense nationale mais d’abord l’idéal national. Il n’en faudrait pas davantage — ni moins — pour transformer notre appar
143 fin, toute la question est là : — la liberté fait- elle plus peur qu’envie ? Ne sait-on plus en voir que les revers ? Ou pren
144 us enfin conscience de l’écrasante supériorité qu’ elle peut signifier dans l’avenir, si nous cessons de nous énerver, si nou
5 1938, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Vues sur le national-socialisme (1er juin 1938)
145 vocats, employés, rentiers plus ou moins ruinés : il me faut bien reconnaître qu’ils sont tous contre le régime. C’est un
146 ou moins ruinés : il me faut bien reconnaître qu’ ils sont tous contre le régime. C’est un bolchévisme déguisé, répètent-il
147 le régime. C’est un bolchévisme déguisé, répètent- ils . Drôle de « rempart ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes
148 isme déguisé, répètent-ils. Drôle de « rempart ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes soient en faveur des ouvri
149 je les interroge sur leurs projets de résistance, ils se dérobent. Je parviens à leur faire avouer que le bolchévisme brun
150 e même, à leurs yeux, moins affreux que le rouge. Il n’y a pas eu de massacres. Tout se passe d’une manière progressive et
151 e d’une manière progressive et ordonnée : bientôt ils n’auront plus de fortune, mais ils conserveront pour la plupart leurs
152 nnée : bientôt ils n’auront plus de fortune, mais ils conserveront pour la plupart leurs titres et leurs fonctions, sous de
153 s qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges. Ils n’imaginent pas d’autre alternative. De fait, ces « possédants » n’on
154 ait, ces « possédants » n’ont jamais gouverné. Et ils n’ont jamais cru au régime de Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Eur
155 rné. Et ils n’ont jamais cru au régime de Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Europe, de classe plus indifférente à la vie
156 aire découvrir le fait social et les problèmes qu’ il pose. D’une part, la force et la rapidité de l’ascension hitlérienne
157 ce phénomène est aussi vieux que les Allemagnes ; il ne peut donc rien expliquer de ce qui s’y passe de tout nouveau. Un r
158 siens. Méthodes jacobines, à mon sens3. Car ce qu’ il s’agit d’inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce n’est pas le sens d
159 te bourgeoisie, ce n’est pas le sens du groupe qu’ elle avait, mais le sens de l’État, qu’elle n’a pas. Le sens de l’unité al
160 groupe qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’ elle n’a pas. Le sens de l’unité allemande, de la prépondérance de l’intér
161 ’on parvient à éviter de nouveaux conflits armés, il se peut que l’hitlérisme apparaisse aux yeux des historiens futurs, c
162 cre, mais stable. — En somme, vous êtes content ? Il sourit, hausse un peu les épaules, fait oui de la tête. Demain, il do
163 un peu les épaules, fait oui de la tête. Demain, il doit partir pour un Schulungslager (camp d’éducation sociale). Ça ne
164 à l’auberge du village… Je le sens tout rajeuni : il est retourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers sont au fond
165 sant ». — Je me promène avec un de mes étudiants. Il est déjà doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français, e
166 un de mes étudiants. Il est déjà doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français, en attendant une situation. Il
167 ctionner en français, en attendant une situation. Il craint d’ailleurs de n’en point trouver, n’étant pas du Parti. Il a f
168 eurs de n’en point trouver, n’étant pas du Parti. Il a fait beaucoup de psychanalyse : « Cela m’avait même complètement dé
169 emps. On ne peut plus croire à rien. » Maintenant il est disciple de Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de
170 n 1933 ne comprendront jamais les temps nouveaux. Il prépare pour le séminaire un travail sur Barrès : « la terre et les m
171 le Blut und Boden (sang et sol) des nazis. Comme il aime Barrès, cela le rassure. C’est une voie d’approche, un compromis
172 . — Déjeuner chez un avocat. Madame se plaint : «  Il n’y a plus de vie de famille possible, avec ce système. Tous les soir
173 sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux
174 Elle est Führerin d’un groupe de jeunes filles qu’ elle doit commander deux fois par semaine : gymnastique et culture politiq
175 aine : gymnastique et culture politique. De plus, elle a la charge de trouver des places pour ses subordonnées, de s’occuper
176 s à donner aux plus pauvres, de les visiter quand elles sont malades (c’est un contrôle), et même, c’est arrivé une ou deux f
177 er notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’ il est un peu malade, par exemple, nous risquerions une mauvaise histoir
178 s ne sommes que des civils pour nos enfants. Eux, ils se sentent des militaires. » Plainte vingt fois entendue. Les enfants
179 entendue. Les enfants sont ravis, naturellement. Ils se sentent libres. Car la liberté, pour un adolescent, c’est tout ce
180 amille, fut-ce la plus dure discipline, pourvu qu’ elle soit extérieure au foyer. Je ne dirai plus que le « fascisme » tue l’
181 sine, où nous sommes attablés, depuis deux heures il me raconte ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand il était en
182 te ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand il était en feldgrau (l’uniforme des communistes) et les autres en brun.
183 ft (compagnie de miliciens rouges). Irréductible, il me l’affirme solennellement. Mais lui aussi se sent trop vieux pour c
184 aussi se sent trop vieux pour continuer la lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils ne sont pas comme ça, les ouvriers
185 inuer la lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils ne sont pas comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français,
186 uvriers allemands. « Vous autres Français, me dit- il , vous ne rêvez que révolutions et émeutes. Vous ne savez pas ce que c
187 . La politique n’intéresse pas les ouvriers quand ils ont de quoi manger et travailler. Hitler ? Il n’a qu’à appliquer son
188 nd ils ont de quoi manger et travailler. Hitler ? Il n’a qu’à appliquer son programme, maintenant qu’il a gagné. C’était p
189 l n’a qu’à appliquer son programme, maintenant qu’ il a gagné. C’était presque le même programme que le nôtre ! Mais il a é
190 ait presque le même programme que le nôtre ! Mais il a été plus malin, il a rassuré les bourgeois en n’attaquant pas tout
191 rogramme que le nôtre ! Mais il a été plus malin, il a rassuré les bourgeois en n’attaquant pas tout de suite la religion…
192 t pas tout de suite la religion… » Tout d’un coup il se lève de son tabouret et avec un grand geste, le doigt pointé en l’
193 tous ces gros cochons qui sont autour de lui (et il nomme les principaux chefs du régime) eh bien moi ! (il se frappe la
194 me les principaux chefs du régime) eh bien moi ! ( il se frappe la poitrine) moi je me ferai tuer pour lui ! » Et il répète
195 la poitrine) moi je me ferai tuer pour lui ! » Et il répète : « Lui au moins, c’est un homme sincère, et c’est le seul… »
196 ent conforme aux préjugés français-moyen, comme s’ ils ne sentaient rien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ils ne se
197 nt rien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ ils ne sentaient pas ce je ne sais quoi dans l’atmosphère qui faisait que
198 ître ni ses souffrances secrètes ni son espoir. «  Il doit y avoir une clé », écrivais-je à ce moment. C’est alors que se p
199 uite, car les portes s’ouvrent à 5 heures. — Mais il n’est annoncé que pour 9 heures. — Venez voir ! Du seuil du café, l’o
200 s que les cris rauques de mes voisins.) Pas à pas il s’avance, il accueille l’hommage, le long de la passerelle qui mène à
201 s rauques de mes voisins.) Pas à pas il s’avance, il accueille l’hommage, le long de la passerelle qui mène à la tribune.
202 ut remarquer que j’ai les mains dans mes poches : ils sont dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce p
203 es faces, dans l’ombre. Et soudain tout s’apaise. Il a étendu le bras énergiquement — les yeux au ciel — et le Horst Wesse
204 manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’ ils célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie
205 us ces corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. III. — Une religion nouvelle Si l’on n’a pa
206 on simple des triomphes totalitaires. Évidemment, il sera toujours possible d’invoquer les lois économiques, les forces re
207 s, c’est-à-dire à une description. Et dès lors qu’ il s’agit de phénomènes aussi complexes, on n’a pas de mal à faire « col
208 te description avec telle doctrine qu’on voudra : il suffit de choisir ses exemples. Mais ce qu’on laisse toujours échappe
209 u nom d’une doctrine convenablement réadaptée, qu’ elles ne pouvaient tourner que de cette sorte. Voilà pourquoi votre fille e
210 ui m’effraye, c’est leur souplesse dans l’erreur. Il a fallu si peu changer pour « expliquer » à l’aide des mêmes schémas
211 de mensonges pour les fidèles du culte allemand. Il ne s’agit ici que de religion. Ce n’est pas pour défendre le capitali
212 née qu’exerce une religion naissante, si basse qu’ elle soit, sur les masses décomposées par des siècles d’individualisme. Da
213 et spirituelle, toute commune mesure a disparu, —  il est fatal que se répande dans les masses et que s’installe au cœur de
214 e (janvier 1938) une lettre qui résume tout ceci. Elle est d’un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de ses
215 ouvent formulées à l’endroit du régime hitlérien. Il explique tout d’abord que ce régime est né de la pauvreté et du malhe
216 malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et il ajoute : Mais la pauvreté et le malheur ne peuvent expliquer que des
217 sée de croire à la première qui se présente — fût- elle aussi invraisemblable que « l’immortalité » d’un peuple — on ne peut
218 . » Certes, Hitler a rétabli l’ordre dans la rue. Il fait régner la paix sociale. Il y avait six millions de chômeurs en 1
219 ouver un terrain d’entente avec les dictatures qu’ ils condamnent en principe. C’est ainsi qu’ils apportent leur petite cont
220 res qu’ils condamnent en principe. C’est ainsi qu’ ils apportent leur petite contribution, toute bénévole, à l’effort de la
221 ffort de la propagande totalitaire dans nos pays. Ils le font sans malice, et au nom du bon sens. Ils me rappellent cette b
222 . Ils le font sans malice, et au nom du bon sens. Ils me rappellent cette bonne vieille femme qui apportait pieusement son
223 rononça : O sancta simplicitas ! Oui, réellement, il faut une sainte simplicité pour croire encore qu’on puisse détacher t
224 telle mesure en soi, mais au contraire le sens qu’ elle prend par rapport au mouvement total, à la religion de la nation, et
225 ont pas si méchants, ni même si bêtes. Mais ce qu’ il faut voir, c’est que la volonté des hommes n’a jamais pesé si peu que
226 ptées » pour peu que l’union sacrée les légitime. Ils ont des canons, mais pas de beurre, dit-on en France d’un air malin.
227 t c’est l’État. Et cet État est né de la guerre ; il y prépare du simple fait que ses conditions d’existence sont celles d
228 ions d’existence sont celles d’une mobilisation ; il compte à chaque instant avec l’éventualité d’une guerre, et il y puis
229 haque instant avec l’éventualité d’une guerre, et il y puise sa force de cohésion. Quelle que soit donc la volonté conscie
230 onté consciente et avouée du Führer et du peuple, il n’y a pas de raison de penser que l’aventure puisse bien finir. Tout
231 Allemagne, ne peut sortir qu’un État totalitaire. Il s’agit donc d’empêcher cette guerre, de se montrer assez forts pour l
232 Troie. Car pour s’armer autant que l’adversaire, il faudrait imposer au pays une discipline équivalente à celle qui régit
233 s forces morales ; sa « mystique » de la liberté. Il n’y a de solution pratique que dans un vaste effort moral des grandes
234 pel religieux qui naît de cette angoisse — même s’ il est encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous sauro
235 er les confessions « vieillies » et « divisées ». Il faut créer une « religion d’hommes sans Dieu », disait Naigeon, une «
6 1939, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Faire le jeu d’Hitler (1er janvier 1939)
236 ses moyens, quelle était la réalité de la menace. Il connaissait le IIIe Reich pour y avoir vécu un an. Il estimait que da
237 onnaissait le IIIe Reich pour y avoir vécu un an. Il estimait que dans l’intérêt même d’une défense efficace, il importait
238 t que dans l’intérêt même d’une défense efficace, il importait de faire connaître la nature de l’attaque qui se préparait,
239 la force autant que la faiblesse de l’adversaire. Il écrivait à ce sujet (dans un langage qui, selon lui, ne devait point
240 pas précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’ il est incapable d’estimer objectivement les forces en présence, il fera
241 e d’estimer objectivement les forces en présence, il ferait mieux de s’occuper de politique. » Il montrait donc, « objecti
242 nce, il ferait mieux de s’occuper de politique. » Il montrait donc, « objectivement », ce qu’il y a de bon et ce qu’il y a
243 nt à l’auteur qu’en « prétendant être objectif », il « faisait en réalité le jeu d’Hitler ». Cette petite aventure nous ap
244 ve » des faits en discussion, voilà qui, semble-t- il , ne souffre pas le doute un seul instant. Mais que cette vérité très
245 ion sous sa forme la plus simple. Comment se peut- il , en général, qu’un homme refuse de voir ce qui est ? Et en particulie
246 ce qui est ? Et en particulier : comment se peut- il que, délibérément, un publiciste qui entend juger l’Allemagne, commen
247 n fils, âgé de trois, ans, de s’approcher du feu. Il s’en approche, natu­rellement. Je lui dis : « Tu sais que je te l’ai
248 je te l’ai dé­fendu, tu vas te brûler. — Non, dit- il , ça ne brûle pas. — Mon petit, tu vas te brûler ! — Vilain papa, tu e
249 xpose des faits « bons » ou « mauvais ». Je dis : il faut connaître ces faits si l’on veut agir sur eux sans se laisser co
250 ’on veut agir sur eux sans se laisser contaminer. Ils me répondent : vous êtes hitlérien ! Or, pourquoi mon fils prétend-il
251 us êtes hitlérien ! Or, pourquoi mon fils prétend- il , contre toute évidence, que le feu ne brûle pas ? C’est parce qu’il n
252 vidence, que le feu ne brûle pas ? C’est parce qu’ il n’ose ni ne peut dire : j’ai envie de toucher le feu bien que je sach
253 j’ai envie de toucher le feu bien que je sache qu’ il brûle. Cette contradiction insurmontable se résout pratiquement par u
254 issent leur vraie croyance et leurs vrais désirs, il est fatal que se développe au plus haut point ce que j’appellerai le
255 vouable — à ses propres yeux — pour la réalité qu’ il m’interdit d’examiner. Je prétends donc que les antifascistes « aveug
256 r, d’ores et déjà, de l’état d’esprit fasciste qu’ ils s’imaginent combattre. Pourquoi refusent-ils de s’informer objectivem
257 e qu’ils s’imaginent combattre. Pourquoi refusent- ils de s’informer objectivement sur le fascisme ? Parce qu’ils pressenten
258 informer objectivement sur le fascisme ? Parce qu’ ils pressentent que sa réalité est très complexe, et qu’elle introduit do
259 essentent que sa réalité est très complexe, et qu’ elle introduit donc la nécessité de distinguer avant de juger ; c’est-à-di
260 te prise de parti avec un maximum d’efficience. S’ ils étaient amenés à discuter, par suite à donner les raisons de leur jug
261 par suite à donner les raisons de leur jugement, ils s’apercevraient qu’en réalité, ils sont tout près de l’adversaire, et
262 leur jugement, ils s’apercevraient qu’en réalité, ils sont tout près de l’adversaire, et qu’ils partagent sinon toutes ses
263 éalité, ils sont tout près de l’adversaire, et qu’ ils partagent sinon toutes ses vues, du moins sa manière de voir la vie.
264 s sa manière de voir la vie. (Ou à l’inverse : qu’ ils sont très loin de leurs alliés.) Si les hommes de gauche, d’une part,
265 re part, acceptaient de voir l’Allemagne telle qu’ elle est, ils s’apercevraient que le socialisme y est mieux réalisé qu’en
266 cceptaient de voir l’Allemagne telle qu’elle est, ils s’apercevraient que le socialisme y est mieux réalisé qu’en France :
267 seconds verraient s’effondrer la seule raison qu’ ils avaient d’admirer Hitler, « rempart contre le bolchévisme ». Or, ils
268 er Hitler, « rempart contre le bolchévisme ». Or, ils tiennent essentiellement, les uns et les autres, à condamner ou à déf
269 ndamner ou à défendre Hitler non point pour ce qu’ il est, mais pour ce que leur passion veut qu’il soit. Ils sont donc con
270 qu’il est, mais pour ce que leur passion veut qu’ il soit. Ils sont donc contraints de jeter la suspicion sur l’écrivain «
271 t, mais pour ce que leur passion veut qu’il soit. Ils sont donc contraints de jeter la suspicion sur l’écrivain « objectif 
272 crivain « objectif » qui leur rappelle les faits. Il me faut souligner, d’ailleurs, que le parallèle gauche-droite n’est p
273 . Pour des raisons trop complexes à examiner ici, il se trouve que la droite jouit en France, provisoirement et comme par
274 un sens à l’expression « faire le jeu d’Hitler », il me paraît indispensable de définir le jeu d’Hitler. Car sinon l’expre
275 t d’une façon maladroite, etc. Quel est le jeu qu’ il s’agit de ne pas faire ? Voici : Hitler est le symbole et l’instrumen
276 dmette point que je décrive le régime nazi tel qu’ il est. Car s’il l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des
277 ue je décrive le régime nazi tel qu’il est. Car s’ il l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des actes qu’il r
278 régime nazi tel qu’il est. Car s’il l’admettait, il serait contraint de voir l’identité des actes qu’il reproche à Hitler
279 serait contraint de voir l’identité des actes qu’ il reproche à Hitler, et des actes qu’il loue chez Staline. (Je néglige
280 es actes qu’il reproche à Hitler, et des actes qu’ il loue chez Staline. (Je néglige ici les prétextes.) L’un massacre des
281 les prétextes.) L’un massacre des hommes parce qu’ ils ont une ascendance juive, l’autre parce qu’ils ont une ascendance kou
282 qu’ils ont une ascendance juive, l’autre parce qu’ ils ont une ascendance koulak. Tous les deux persécutent les chrétiens. T
283 st identique à celle de son « adversaire ». Alors il dit que je suis très méchant… ⁂ Vous êtes hitlérien ! — Non, c’est vo
284 n) et véritables non-fascistes devient très aisé. Il coïncide, à très peu de choses près, avec la distinction entre ceux q