1
ne collaboration et une compréhension réciproques
ne
peuvent être fécondes que si elles réunissent des éléments réellement
2
mplique donc une certaine violence. Autrement, il
ne
s’agirait que d’un assemblage purement quantitatif d’éléments semblab
3
lables ou apparentés. La compréhension réciproque
ne
serait qu’une constatation pure et simple, une tautologie, une formal
4
mple, une tautologie, une formalité ennuyeuse. Il
n’
y aurait ni effort, ni création. On aboutirait, dans le cas le plus fa
5
ontrer justement que les questions de vocabulaire
ne
sont ni simples ni indifférentes ; qu’elles sont mêlées à toutes nos
6
utes les « questions actuelles » ; bref, que rien
n’
est plus immédiatement important pour « l’action » que la définition d
7
ir des mots » est réel. Peut-être dira-t-on qu’il
n’
est que trop réel : c’est que la plupart des mots ont été vidés du sen
8
ns divers groupes. Les mots que nous étudions ici
ne
sont pas « vides » — le vocabulaire a horreur du vide — mais ils ont
9
qui frappe du poing sur la table. Ainsi violence
ne
se confond pas seulement avec brutalité, mais avec bêtise. Qu’il y ai
10
rix que « tout s’arrange » (c’est-à-dire que rien
ne
change vraiment) ; il faut « sauver la face » (c’est-à-dire les situa
11
anifeste dans des expressions telles que : « Cela
ne
peut pas être vrai : ce serait trop horrible » (c’est-à-dire : cela o
12
cette vérité fondamentale : que les institutions
ne
durent qu’à force d’être recréées, réinventées, reprises sans relâche
13
le traitant de « doctrine de violence ». Or, rien
n’
est moins « violent » que la doctrine de Marx, rigoureusement évolutiv
14
l fait violence à un état de choses. Et ceci dans
n’
importe quel domaine, qu’il s’agisse d’élever des blocs de pierre à la
15
a terre, ou d’écrire un ouvrage dont la nécessité
n’
est sentie tout d’abord que par l’auteur qui l’imposera. Tout acte cré
16
ale est nettement condamnée par l’Évangile : « Je
ne
suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » Et le terme même de
17
D’ailleurs, si la violence est libératrice, elle
n’
est pas pour autant anarchique. Elle libère pour construire, elle détr
18
e décision de l’esprit2. Enfin, la vraie violence
n’
exclut nullement la délicatesse (voir Nietzsche), ni la subtilité des
19
la sérénité du ton. Bien au contraire ! Tout ceci
n’
apparaîtrait paradoxal qu’à ceux qui n’auraient pas su distinguer la v
20
Tout ceci n’apparaîtrait paradoxal qu’à ceux qui
n’
auraient pas su distinguer la vraie violence de la brutalité, du simpl
21
r l’esprit. Ôte-toi de là que je m’y mette, et je
n’
ai pas de raisons à te donner, il n’y en a pas, ou pas d’avouables… Ma
22
mette, et je n’ai pas de raisons à te donner, il
n’
y en a pas, ou pas d’avouables… Mais la brutalité peut aussi revêtir u
23
re de contrainte externe, comme mécanique, et qui
ne
tient pas compte de la nature spirituelle, passionnelle ou vitale des
24
ême lorsqu’il s’agit des choses de l’esprit. Elle
ne
déteste rien tant que la vraie violence, inventive et imprévue, qui v
25
mes réels lui est encore plus intolérable qu’elle
ne
l’était à l’ordre bourgeois. Aussi se donne-t-elle pour première tâch
26
ternes, un « rendement social » immédiat, et l’on
ne
s’aperçoit pas que ce faisant, l’on détruit les racines de l’esprit c
27
e « combines » et de compromis, cette méthode qui
ne
crée rien, n’ordonne rien, temporise indéfiniment, ne peut conduire q
28
et de compromis, cette méthode qui ne crée rien,
n’
ordonne rien, temporise indéfiniment, ne peut conduire qu’à un état de
29
rée rien, n’ordonne rien, temporise indéfiniment,
ne
peut conduire qu’à un état de désordre où la brutalité ne trouvera pl
30
conduire qu’à un état de désordre où la brutalité
ne
trouvera plus de résistance sérieuse. L’histoire de l’après-guerre et
31
cite mécaniquement une brutalité qui, à son tour,
ne
peut pas supporter la vraie violence. Le libéralisme et la dictature
32
émiques de Marx. Mais la dictature du prolétariat
n’
est pour Marx que la riposte nécessaire du socialisme au capitalisme q
33
Au vrai, le mot curiosité est vide de sens, s’il
ne
recouvre pas cette crainte ou cette entreprise projetée, ou encore le
34
justifiée d’ailleurs en tant que convention, rien
n’
est moins innocent que la curiosité, rien n’est moins désintéressé dan
35
rien n’est moins innocent que la curiosité, rien
n’
est moins désintéressé dans ses mobiles. Sans doute une analyse un peu
36
ode, et les limites de sa fécondité. ⁂ Tant qu’on
n’
aura pas inventé la machine à lire les pensées, nous serons bien forcé
37
tendus tous les pièges du langage. Les mêmes mots
n’
ont pas le même sens, ne trahissent pas les mêmes pensées, si l’on pas
38
u langage. Les mêmes mots n’ont pas le même sens,
ne
trahissent pas les mêmes pensées, si l’on passe d’un groupe à un autr
39
tance. Mais ce qui peut être vrai statistiquement
ne
l’est presque jamais dans le détail. Plus on s’approche d’un groupeme
40
un espécialiste, rappelle-toi ! Si tu oublies, tu
n’
auras qu’à te rappeler épicerie. — Épicerie pour spécialiste, vous n’a
41
peler épicerie. — Épicerie pour spécialiste, vous
n’
auriez jamais fait ce rapprochement ? Ce petit fait, si l’on y réfléch
42
dans l’esprit populaire des harmoniques que nous
ne
savons plus prévoir. » L’auteur ne croyait pas si bien dire : en rec
43
ques que nous ne savons plus prévoir. » L’auteur
ne
croyait pas si bien dire : en recevant les épreuves de son livre, il
44
si j’étais l’auteur… D’où je déduirais que rien
n’
est simple, en ce domaine, ni absurde malgré les apparences, mais que
45
ximations. Le danger serait alors d’ignorer qu’il
ne
s’agit que d’approximations, voire dans certains cas, de calembours.
46
gens sur leurs « pensées » et préoccupations, ils
ne
disent rien de bien intéressant ou d’authentique. Ou bien vous obtene
47
à la campagne électorale. C’est que l’homme-moyen
n’
a pas coutume de se formuler clairement ce qu’il vit. Presque toutes v
48
cadre de son métier, le prennent au dépourvu. Il
n’
a pas formé de phrases dans sa tête sur ce sujet dont le journal ne pa
49
phrases dans sa tête sur ce sujet dont le journal
ne
parle jamais. Ou bien, sur tel autre sujet, il vous rend ce que d’aut
50
gens longtemps, souvent, à bâtons rompus, et sur
n’
importe quel sujet ; vous finirez peut-être, à force de recoupements,
51
nes la vraie nature de leurs soucis, mieux qu’ils
ne
sauraient le dire, justement. Quelquefois, il suffit d’une chance, d’
52
lle paysanne. Elle se plaint : c’est la jambe qui
ne
va plus ! D’où cela vient-il ? — C’est depuis qu’ils m’ont volé ma ch
53
me dis : qu’est-ce qu’on va manger, ce jour ? Je
n’
avais pas grand-chose. Le père et les deux fils disent : on est plus j
54
is ajouté deux ou trois jambes, donc, mais moi je
n’
en mange pas. Tantôt, ils s’en vont à leur ouvrage, moi je reste ici.
55
in que j’ai vu qu’ils avaient pris la chèvre. Je
n’
imagine pas de question directe qui eût ainsi pu faire répondre à cett
56
enticité de la relation d’un entretien. Mais cela
ne
saurait satisfaire entièrement au dessein qui est celui de notre rubr
57
ur langage, on conclurait volontiers que les gens
ne
pensent rien de clair ni de raisonnable ; à le considérer trop superf
58
; à le considérer trop superficiellement, qu’ils
ne
pensent qu’à l’instar du journal. Il faut essayer de se maintenir à m
59
gauche, à Moscou aussi bien qu’à Berlin. Mais ce
n’
est plus que par l’intonation, l’élan, la mimique de l’homme qui émet
60
le souffre, s’il l’aime de tout son être ou s’il
ne
fait qu’y rêvasser machinalement. b. Rougemont Denis de, « Commen
61
e 1937)d J’ai sous les yeux deux documents qui
n’
ont rien de secret : un article de revue et un catalogue d’éditeur, to
62
Indo-Germains ; Peuple et race (revue). Comme il
ne
s’agit là que du catalogue d’une seule maison, on ne saurait tirer de
63
s’agit là que du catalogue d’une seule maison, on
ne
saurait tirer de ces chiffres aucune conclusion définitive sur le pou
64
t dans la littérature pure, et chez lesquelles on
ne
trouvera, sur cent titres, que quatre ou cinq se rapportant à la race
65
ce. Par contre, la liste que je viens de recopier
ne
donne qu’une faible idée de l’ensemble des publications allemandes su
66
933. J’ajoute que la maison d’édition en question
n’
est nullement spécialisée, au sens français et scientifique du terme.
67
sur sa désunion. J’entends bien que tout le monde
n’
a parlé que d’union, mais sur un ton qui, de toute évidence, en exclua
68
e part et d’autre, on est très fermement décidé à
ne
pas s’unir. Cette double hypocrisie est sans doute un hommage que l’e
69
apparaît le plus dangereux dans cette affaire, ce
n’
est pas l’hypocrisie ni l’esprit partisan, c’est l’hommage et l’union
70
r la vouloir et par la faire. ⁂ Il est vrai qu’on
n’
en est encore qu’à s’en servir comme d’un prétexte pour légitimer des
71
droite, on renonce à résumer son jeu ; sans doute
n’
en sait-elle plus elle-même les règles. Patriote, elle exporte ses cap
72
qu’il veut faire ; ou bien personne, en réalité,
ne
veut l’union qu’on dit vouloir, et alors tout s’explique aisément. ⁂
73
aisément. ⁂ Or, ce qui est le plus à redouter, ce
n’
est pas tant qu’on triche sous prétexte d’union, mais bien que las de
74
les oreilles, le peuple de France, un beau jour,
ne
se décide à jouer sérieusement, — à jouer le jeu de l’union sacrée. C
75
, c’est que le désir de riposter au coup d’Hitler
n’
amène les droites et les gauches en même temps à ne plus concevoir leu
76
’amène les droites et les gauches en même temps à
ne
plus concevoir leur union que sous la forme d’un Anschluss, d’une mut
77
forme d’un Anschluss, d’une mutuelle annexion. Il
ne
manque pas de Seiss-Inquart, dans les deux camps, pour appeler au sec
78
verses et les prier de venir rétablir l’ordre. Il
ne
manque pas de fascistes inconscients pour confondre ordre et mise au
79
onscients pour confondre ordre et mise au pas. Il
ne
manque pas d’intellectuels de droite et de gauche pour proclamer qu’e
80
’intelligence, équivaut à une trahison… Enfin, il
ne
manque pas de politiciens pour estimer que leur programme d’union est
81
ement à outrance, et même au-delà. Mais la presse
n’
en parlera pas, cela va de soi, c’est le seul but commun à tous les pa
82
te. Hitler menace la paix de l’Europe ? Qu’à cela
ne
tienne, décrétons l’état de guerre et c’est Hitler qui sera bien attr
83
ercer, ces libertés, et comme cela les dictateurs
n’
auront plus rien à supprimer chez nous ! Les primitifs s’accordent à t
84
état actuel des choses. J’en conclus que personne
ne
la veut sérieusement. Mais comme tout le monde en parle, et non sans
85
rce brutale peut opérer une union de ce type, qui
n’
est qu’une unification. Dans la mesure où on la voudra, on voudra donc
86
illeures forces. L’union qui se fait par la force
n’
est pas l’union qui fait la force. Ou alors, cessons de critiquer Hitl
87
Hitler, Staline, Mussolini. La force de la France
n’
est pas dans son union. Elle est dans sa capacité unique au monde de s
88
se décerne un certificat d’incapacité politique.
Ne
croyons pas surtout qu’il en soit aussi fier qu’il le paraît, et auss
89
le paraît, et aussi satisfait qu’il le proclame.
Ne
croyons pas qu’il considère sans envie notre périlleuse liberté, dont
90
e que le monde attend de la France, en vérité, ce
n’
est pas un Führer de plus, mais au contraire, c’est la solution des pr
91
re, c’est la solution des problèmes que d’autres,
n’
ayant pu résoudre, ont essayé de supprimer en se donnant à un Führer.
92
ire que prend ce terme dans l’Europe fascisée. On
ne
défend bien que ce qui vaut d’être défendu. Et la plus forte armée du
93
t d’être défendu. Et la plus forte armée du monde
n’
est rien, si le pays qu’elle entend protéger abdique ses raisons de vi
94
, la France va-t-elle enfin gagner sa paix ? ⁂ Ce
n’
est point sans raisons que je termine sur une question. S’opposer à l’
95
sur une question. S’opposer à l’union sacrée, ce
n’
est pas faire l’éloge du désordre présent, du désordre honteux de lui-
96
de nos luttes, une commune mesure spirituelle qui
ne
soit pas les armements, qui ne soit pas la défense nationale mais d’a
97
re spirituelle qui ne soit pas les armements, qui
ne
soit pas la défense nationale mais d’abord l’idéal national. Il n’en
98
fense nationale mais d’abord l’idéal national. Il
n’
en faudrait pas davantage — ni moins — pour transformer notre apparent
99
là : — la liberté fait-elle plus peur qu’envie ?
Ne
sait-on plus en voir que les revers ? Ou prendrons-nous enfin conscie
100
ême, à leurs yeux, moins affreux que le rouge. Il
n’
y a pas eu de massacres. Tout se passe d’une manière progressive et or
101
une manière progressive et ordonnée : bientôt ils
n’
auront plus de fortune, mais ils conserveront pour la plupart leurs ti
102
paralyse en germe tout essai de résister : si ce
n’
étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges.
103
i avaient le pouvoir, ce seraient les rouges. Ils
n’
imaginent pas d’autre alternative. De fait, ces « possédants » n’ont j
104
d’autre alternative. De fait, ces « possédants »
n’
ont jamais gouverné. Et ils n’ont jamais cru au régime de Weimar. Il n
105
ces « possédants » n’ont jamais gouverné. Et ils
n’
ont jamais cru au régime de Weimar. Il n’y a sans doute pas, en Europe
106
. Et ils n’ont jamais cru au régime de Weimar. Il
n’
y a sans doute pas, en Europe, de classe plus indifférente à la vie po
107
phénomène est aussi vieux que les Allemagnes ; il
ne
peut donc rien expliquer de ce qui s’y passe de tout nouveau. Un régi
108
s’y passe de tout nouveau. Un régime totalitaire
n’
exprime point tant l’âme collective d’un peuple que le besoin de porte
109
ne, un dressage du russe), dressage dont les buts
n’
ont rien de traditionnel, bien au contraire. Tous les efforts de la pr
110
us les efforts de la propagande pour restaurer je
ne
sais quel hypothétique et préhistorique germanisme sont destinés — pl
111
s’agit d’inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce
n’
est pas le sens du groupe qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’el
112
pe qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’elle
n’
a pas. Le sens de l’unité allemande, de la prépondérance de l’intérêt
113
rlait des droits du citoyen, tandis que le second
ne
parle que de ses devoirs. Serais-je déjà contaminé par l’optimisme d
114
nnent péniblement, avec un pédantisme pathétique…
N’
allons pas faire, nous, une religion de la Liberté ! Ce serait le sign
115
re. C’était la « liberté ». Maintenant, plus rien
n’
est libre, mais tout marche. Plus de discussions. Le « Führer d’entrep
116
. Plus de discussions. Le « Führer d’entreprise »
n’
a pas le droit de renvoyer ses ouvriers, mais ceux-ci n’ont pas le dro
117
s le droit de renvoyer ses ouvriers, mais ceux-ci
n’
ont pas le droit de se mettre en grève. La paix sociale a été obtenue
118
un Schulungslager (camp d’éducation sociale). Ça
ne
l’enchante pas. Je le revois trois semaines plus tard. — Ce camp ? —
119
attendant une situation. Il craint d’ailleurs de
n’
en point trouver, n’étant pas du Parti. Il a fait beaucoup de psychana
120
tion. Il craint d’ailleurs de n’en point trouver,
n’
étant pas du Parti. Il a fait beaucoup de psychanalyse : « Cela m’avai
121
la m’avait même complètement démoli, un temps. On
ne
peut plus croire à rien. » Maintenant il est disciple de Nicolaï Hart
122
contre ces gens, contre cet état de choses ? — On
ne
peut rien faire. Et en tout cas, je suis déjà trop vieux. — Trop vieu
123
les hommes qui avaient plus de vingt ans en 1933
ne
comprendront jamais les temps nouveaux. Il prépare pour le séminaire
124
Déjeuner chez un avocat. Madame se plaint : « Il
n’
y a plus de vie de famille possible, avec ce système. Tous les soirs,
125
us me comprenez. Vous imaginez qu’avec cela, nous
ne
la voyons plus guère. Et comment voulez-vous que les parents gardent
126
uvaise histoire avec les autorités du Parti. Nous
ne
sommes que des civils pour nos enfants. Eux, ils se sentent des milit
127
la liberté, pour un adolescent, c’est tout ce qui
ne
dépend pas de la famille, fut-ce la plus dure discipline, pourvu qu’e
128
line, pourvu qu’elle soit extérieure au foyer. Je
ne
dirai plus que le « fascisme » tue l’esprit d’initiative. C’est le co
129
r la lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils
ne
sont pas comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français, me
130
llemands. « Vous autres Français, me dit-il, vous
ne
rêvez que révolutions et émeutes. Vous ne savez pas ce que c’est. Nou
131
l, vous ne rêvez que révolutions et émeutes. Vous
ne
savez pas ce que c’est. Nous en avons eu assez chez nous. Maintenant
132
ça, Hitler ou un autre, ça suffira. La politique
n’
intéresse pas les ouvriers quand ils ont de quoi manger et travailler.
133
ils ont de quoi manger et travailler. Hitler ? Il
n’
a qu’à appliquer son programme, maintenant qu’il a gagné. C’était pres
134
l a été plus malin, il a rassuré les bourgeois en
n’
attaquant pas tout de suite la religion… » Tout d’un coup il se lève d
135
conforme aux préjugés français-moyen, comme s’ils
ne
sentaient rien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ils ne senta
136
ien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ils
ne
sentaient pas ce je ne sais quoi dans l’atmosphère qui faisait que to
137
autour d’eux, comme s’ils ne sentaient pas ce je
ne
sais quoi dans l’atmosphère qui faisait que toutes les descriptions «
138
d’ici, décrire un monde factice, où nul Allemand
ne
pouvait reconnaître ni ses souffrances secrètes ni son espoir. « Il d
139
croyez, vous, à l’âme collective ? Est-ce que ce
n’
est pas une formule grandiloquente pour désigner l’absence d’âme perso
140
e, car les portes s’ouvrent à 5 heures. — Mais il
n’
est annoncé que pour 9 heures. — Venez voir ! Du seuil du café, l’on a
141
endra au balcon à 11 heures. D’ici là, ces hommes
ne
bougeront pas. Je me perds dans des labyrinthes de barrages jusqu’aux
142
un peuple campe alentour, depuis le matin — et je
ne
puis franchir les portes qu’à 5 heures 10. Comment fait-on pour occup
143
peu de place pour respirer. Sept heures. Personne
ne
s’impatiente, ni ne parle. Huit heures. Les dignitaires du Reich appa
144
spirer. Sept heures. Personne ne s’impatiente, ni
ne
parle. Huit heures. Les dignitaires du Reich apparaissent, annoncés p
145
us un tonnerre assourdissant de heil rythmés. (Je
n’
entends bientôt plus que les cris rauques de mes voisins.) Pas à pas i
146
e. Pendant six minutes, c’est très long. Personne
ne
peut remarquer que j’ai les mains dans mes poches : ils sont dressés,
147
nt en esprit dans nos rangs. » J’ai compris. Cela
ne
peut se comprendre que par une sorte particulière de frisson et de ba
148
a grande cérémonie sacrale d’une religion dont je
ne
suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance
149
emble. III. — Une religion nouvelle Si l’on
n’
a pas senti cela, on ne comprendra jamais la raison simple des triomph
150
ligion nouvelle Si l’on n’a pas senti cela, on
ne
comprendra jamais la raison simple des triomphes totalitaires. Évidem
151
este à savoir pourquoi cela s’est réalisé. Car on
ne
nous parle jamais que du comment. Et les « explications » qu’on nous
152
rs qu’il s’agit de phénomènes aussi complexes, on
n’
a pas de mal à faire « coller » cette description avec telle doctrine
153
d’une doctrine convenablement réadaptée, qu’elles
ne
pouvaient tourner que de cette sorte. Voilà pourquoi votre fille est
154
mensonges pour les fidèles du culte allemand. Il
ne
s’agit ici que de religion. Ce n’est pas pour défendre le capitalisme
155
te allemand. Il ne s’agit ici que de religion. Ce
n’
est pas pour défendre le capitalisme que les mineurs de la Sarre ont v
156
arre ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce
n’
est pas en parlant d’hystérie qu’on peut comprendre le phénomène fonda
157
communauté autour d’un sentiment « sacré ». Et ce
n’
est pas la soif d’une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté
158
s liens originels sont dissous ; où les religions
n’
apparaissent plus au peuple et aux élites que sous l’aspect de surviva
159
ement des masses inorganiques, dont les individus
n’
ont en commun que l’argent ou le défaut d’argent ; où les partis se mu
160
devient le seul représentant du bien commun, mais
ne
se manifeste plus que par les feuilles d’impôt, l’armée et la police
161
e. Et il ajoute : Mais la pauvreté et le malheur
ne
peuvent expliquer que des phénomènes extérieurs. La raison profonde d
162
isme, probablement par la faute de ses ministres,
ne
satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la maj
163
ire à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous
ne
sommes que les feuilles qui tombent à chaque génération) et peut-être
164
isemblable que « l’immortalité » d’un peuple — on
ne
peut pas exprimer d’une manière plus précise et ramassée la nature pr
165
éraux qui tiennent fréquemment ce propos : « Tout
n’
est pas mal de ce qui se fait là-bas. Il y a bien des choses à y prend
166
e » au totalitarisme. Comme si le mot totalitaire
ne
signifiait pas, justement, que tout se tient dans ce régime, et que r
167
nt, que tout se tient dans ce régime, et que rien
ne
peut en être détaché sous peine de perdre toute espèce de sens ! Croi
168
abiles », ou « rationnelles » ou « politiques » ?
Ne
voit-on pas que cet ordre est simplement la suppression brutale et mi
169
e de la mise au pas des syndicats ? Que tout cela
n’
est devenu possible que par le fait d’une complicité quasi universelle
170
nde ? Et qu’enfin ce qui importe au dictateur, ce
n’
est pas telle mesure en soi, mais au contraire le sens qu’elle prend p
171
-dire qu’à la religion de la nation et de la Race
ne
s’oppose plus que la foi proprement dite : contre-épreuve du diagnost
172
du Führer, une consolidation de son prestige. On
ne
voit aucune raison pour qu’Hitler tombe. Mais on ne voit pas beaucoup
173
voit aucune raison pour qu’Hitler tombe. Mais on
ne
voit pas beaucoup de raisons de douter que son régime ne conduise à l
174
pas beaucoup de raisons de douter que son régime
ne
conduise à la guerre. Non pas que les chefs et les troupes veuillent
175
s et les troupes veuillent la guerre ! Les hommes
ne
sont pas si méchants, ni même si bêtes. Mais ce qu’il faut voir, c’es
176
qu’il faut voir, c’est que la volonté des hommes
n’
a jamais pesé si peu que dans les régimes totalitaires. Ce n’est pas l
177
pesé si peu que dans les régimes totalitaires. Ce
n’
est pas le chef qui commande, et ce ne sont pas les désirs conscients
178
itaires. Ce n’est pas le chef qui commande, et ce
ne
sont pas les désirs conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui e
179
vent très bien être composées de pacifistes. Cela
n’
a aucune importance. Car ce qui compte, c’est la Nation, et non pas le
180
é consciente et avouée du Führer et du peuple, il
n’
y a pas de raison de penser que l’aventure puisse bien finir. Tout se
181
re totale, telle que nous imposerait l’Allemagne,
ne
peut sortir qu’un État totalitaire. Il s’agit donc d’empêcher cette g
182
es énergies belliqueuses. Or, se montrer fort, ce
n’
est pas s’armer jusqu’aux dents. Réagir au péril totalitaire par des p
183
orces morales ; sa « mystique » de la liberté. Il
n’
y a de solution pratique que dans un vaste effort moral des grandes et
184
r le sens civique décadent. Retrouver une foi qui
ne
soit pas cette volonté anxieuse de croire à la Nation… Le seul problè
185
ivait à ce sujet (dans un langage qui, selon lui,
ne
devait point permettre d’équivoque) : « Un général qui étudie le terr
186
ral qui étudie le terrain de sa bataille décisive
n’
est pas précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable
187
des faits en discussion, voilà qui, semble-t-il,
ne
souffre pas le doute un seul instant. Mais que cette vérité très évid
188
’ai défendu, tu vas te brûler. — Non, dit-il, ça
ne
brûle pas. — Mon petit, tu vas te brûler ! — Vilain papa, tu es très
189
ils prétend-il, contre toute évidence, que le feu
ne
brûle pas ? C’est parce qu’il n’ose ni ne peut dire : j’ai envie de t
190
ence, que le feu ne brûle pas ? C’est parce qu’il
n’
ose ni ne peut dire : j’ai envie de toucher le feu bien que je sache q
191
le feu ne brûle pas ? C’est parce qu’il n’ose ni
ne
peut dire : j’ai envie de toucher le feu bien que je sache qu’il brûl
192
le se résout pratiquement par un mensonge (le feu
ne
brûle pas), et par un transfert de la « méchanceté » du feu sur celui
193
scutent ; ceux qui, sans être même des opposants,
ne
manifestent pas une volonté de soumission aveugle et joyeuse aux mots
194
capables d’un jugement personnel. Puis : ceux qui
n’
ont pas donné assez de preuves du contraire. Et finalement, tous ceux
195
i se « distinguent » par quelque trait marqué, de
n’
importe quelle nature, fût-ce même par leur orthodoxie trop rigoureuse
196
, non pas les actes ou les opinions déclarées. On
ne
réfute pas ; on jette la suspicion. Or, c’est ce trait fondamental de
197
igner, d’ailleurs, que le parallèle gauche-droite
n’
est pas rigoureux dans ce cas. L’écrivain « objectif » se voit traité
198
maladroite, etc. Quel est le jeu qu’il s’agit de
ne
pas faire ? Voici : Hitler est le symbole et l’instrument principal d
199
glorieux. ⁂ Je conçois très bien qu’un communiste
n’
admette point que je décrive le régime nazi tel qu’il est. Car s’il l’
200
ction, et ceux qui préfèrent l’intelligence. Ceci
n’
est pas une pointe, mais une conclusion réfléchie. 4. Refuser de dis
201
omme l’adversaire sacré. Le sacré, c’est ce qu’on
ne
discute pas. Mais le sacré est toujours ambigu : l’horreur toujours l