1 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Violence et brutalité (1er juin 1937)
1 du mot violence, dans la mesure où cela dépend de nous , c’est-à-dire à l’intérieur du groupe et dans ces pages. Sur le « p
2 de vocabulaire », a-t-on coutume de répliquer, de nos jours. Mais nous avons ouvert la rubrique intitulée « Pouvoir des mot
3 , a-t-on coutume de répliquer, de nos jours. Mais nous avons ouvert la rubrique intitulée « Pouvoir des mots » pour montrer
4 ni indifférentes ; qu’elles sont mêlées à toutes nos activités, dans la mesure où la pensée y est mêlée ; qu’elles entraîn
5 e se constituer dans divers groupes. Les mots que nous étudions ici ne sont pas « vides » — le vocabulaire a horreur du vide
6 ésigne : c’est une espèce de conjuration magique. Nous retrouvons ici le glissement sémantique de « violence » à « brutalité
7 es véritables doctrines de violence apparues dans notre époque sont celles de Nietzsche et de Georges Sorel : elles s’accorde
8 le de la pensée marxiste. La vraie violence Nous pouvons maintenant essayer de préciser une distinction radicale entre
9 t à l’origine de l’état d’esprit conservateur que nous décrivions tout à l’heure. D’où aussi le risque que l’acte institue p
10 stitue, c’est se priver des meilleures armes dont nous disposions contre la brutalité. La vraie violence est en définitive p
11 acte du viol, qui paraît une brutalité. Mais cela nous entraînerait assez loin. Notons simplement le caractère essentielleme
2 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Comment savoir à quoi ils pensent (Quelques remarques sur la méthode) (1er novembre 1937)
12 cela est assez évident, et justifie suffisamment notre rubrique. Il reste alors à reconnaître les dangers d’une semblable mé
13 n’aura pas inventé la machine à lire les pensées, nous serons bien forcés de nous contenter de leur expression par le langag
14 ne à lire les pensées, nous serons bien forcés de nous contenter de leur expression par le langage. À quoi ils pensent… pour
15 pression par le langage. À quoi ils pensent… pour nous , c’est : Ce qu’ils disent. En fait, c’est sans doute autre chose. Voi
16 sse sociale, d’une région à une autre. Que savons- nous des résonances qu’éveillent dans « le peuple » les grands mots du lan
17 sume un drame. Ce drame est celui du langage dans notre société présente. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous
18 langage dans notre société présente. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dan
19 société présente. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dans l’esprit populair
20 e. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dans l’esprit populaire des harmoniqu
21 llent dans l’esprit populaire des harmoniques que nous ne savons plus prévoir. » L’auteur ne croyait pas si bien dire : en
22 roire à un rapprochement absurde. Il fait erreur. Nous sommes dans le Midi, où un sentiment obscur de latinité a survécu. Et
23 atisfaire entièrement au dessein qui est celui de notre rubrique : pour agir, ou simplement pour se préparer à une action non
24 ont elles qui révèlent la vraie pensée du groupe. Nous en sommes là aujourd’hui : tout le monde réclame la liberté, des libe
3 1937, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Lectures dirigées dans le IIIe Reich (15 décembre 1937)
25 ttérature) ; Les Grands Allemands ; Histoire de notre peuple ; Figures du passé allemand ; Le caractère populaire alleman
4 1938, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Du danger de s’unir (15 avril 1938)
26 Pour éviter de mourir, cessons de vivre et armons- nous . Abdiquons toutes nos raisons d’être, et armons-nous pour sauver le r
27 cessons de vivre et armons-nous. Abdiquons toutes nos raisons d’être, et armons-nous pour sauver le reste. Hitler menace la
28 s. Abdiquons toutes nos raisons d’être, et armons- nous pour sauver le reste. Hitler menace la paix de l’Europe ? Qu’à cela n
29 qui sera bien attrapé ! Trois dictatures menacent nos libertés démocratiques ? Eh bien ! cessons de les exercer, ces libert
30 es dictateurs n’auront plus rien à supprimer chez nous  ! Les primitifs s’accordent à tenir pour sacrée l’absence totale de r
31 e humaine. Est-ce en vertu de cette coutume qu’on nous somme de cesser de penser, sous prétexte d’union « sacrée » ? ⁂ Conce
32 oclame. Ne croyons pas qu’il considère sans envie notre périlleuse liberté, dont sa presse raille les abus, mais dont il espè
33 si le désordre va devenir la seule expression de nos libertés dégénérées, ou si nous saurons retrouver un but commun, en a
34 eule expression de nos libertés dégénérées, ou si nous saurons retrouver un but commun, en avant de nos luttes, une commune
35 nous saurons retrouver un but commun, en avant de nos luttes, une commune mesure spirituelle qui ne soit pas les armements,
36 drait pas davantage — ni moins — pour transformer notre apparent désordre en quelque chose d’incomparablement plus beau et fo
37 ait-on plus en voir que les revers ? Ou prendrons- nous enfin conscience de l’écrasante supériorité qu’elle peut signifier da
38 ériorité qu’elle peut signifier dans l’avenir, si nous cessons de nous énerver, si nous osons vivre la paix ? e. Rougemon
39 peut signifier dans l’avenir, si nous cessons de nous énerver, si nous osons vivre la paix ? e. Rougemont Denis de, « Du
40 ans l’avenir, si nous cessons de nous énerver, si nous osons vivre la paix ? e. Rougemont Denis de, « Du danger de s’unir
5 1938, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Vues sur le national-socialisme (1er juin 1938)
41 vec un pédantisme pathétique… N’allons pas faire, nous , une religion de la Liberté ! Ce serait le signe que nous en perdons
42 e religion de la Liberté ! Ce serait le signe que nous en perdons le goût et l’usage naturel, spontané. Un petit industrie
43 semaines plus tard. — Ce camp ? — Eh bien voilà : nous étions dans une grande maison, logeant deux par deux dans des chambre
44 end à se connaître en partageant la même chambre. Nous suivions des cours de politique et d’économie. Nous chantions ensembl
45 us suivions des cours de politique et d’économie. Nous chantions ensemble. On nous interrogeait. La plupart des soirées libr
46 itique et d’économie. Nous chantions ensemble. On nous interrogeait. La plupart des soirées libres, nous les passions en com
47 nous interrogeait. La plupart des soirées libres, nous les passions en commun, à l’auberge du village… Je le sens tout rajeu
48 ., vous me comprenez. Vous imaginez qu’avec cela, nous ne la voyons plus guère. Et comment voulez-vous que les parents garde
49 ent leur autorité ? Le Parti passe avant tout. Si nous voulions empêcher notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’il e
50 Parti passe avant tout. Si nous voulions empêcher notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’il est un peu malade, par ex
51 tir un soir qu’il est un peu malade, par exemple, nous risquerions une mauvaise histoire avec les autorités du Parti. Nous n
52 ne mauvaise histoire avec les autorités du Parti. Nous ne sommes que des civils pour nos enfants. Eux, ils se sentent des mi
53 ités du Parti. Nous ne sommes que des civils pour nos enfants. Eux, ils se sentent des militaires. » Plainte vingt fois ent
54 eune Führerin à une jeune fille du même âge, chez nous  ! Mais l’initiative qu’on exige, c’est celle qui sert l’État et qui e
55 me. Un communiste. — Dans sa petite cuisine, où nous sommes attablés, depuis deux heures il me raconte ses bagarres avec l
56 tions et émeutes. Vous ne savez pas ce que c’est. Nous en avons eu assez chez nous. Maintenant nous voulons du travail et no
57 vez pas ce que c’est. Nous en avons eu assez chez nous . Maintenant nous voulons du travail et notre tasse de café au lait le
58 est. Nous en avons eu assez chez nous. Maintenant nous voulons du travail et notre tasse de café au lait le matin. Qu’on nou
59 chez nous. Maintenant nous voulons du travail et notre tasse de café au lait le matin. Qu’on nous donne ça, Hitler ou un aut
60 il et notre tasse de café au lait le matin. Qu’on nous donne ça, Hitler ou un autre, ça suffira. La politique n’intéresse pa
61 il a gagné. C’était presque le même programme que le nôtre  ! Mais il a été plus malin, il a rassuré les bourgeois en n’attaquant
62 ait que toutes les descriptions « objectives » de nos journalistes paraissaient, lues d’ici, décrire un monde factice, où n
63 e ? L. hoche la tête : — Allez écouter le Führer, nous en reparlerons demain. Seulement allez-y tout de suite, car les porte
64 et la Réaction tuèrent — marchent en esprit dans nos rangs. » J’ai compris. Cela ne peut se comprendre que par une sorte p
65 e à savoir pourquoi cela s’est réalisé. Car on ne nous parle jamais que du comment. Et les « explications » qu’on nous fourn
66 ais que du comment. Et les « explications » qu’on nous fournit se réduisent en définitive à une reconstruction plus ou moins
67 térieurs. La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulion
68 d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque cho
69 ationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à ce
70 ue chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité
71 chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire. Le christianisme, probablement
72 mps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allemand. Nous voulons croire à
73 s voulons croire à la mission du peuple allemand. Nous voulons croire à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous ne somme
74 s croire à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous ne sommes que les feuilles qui tombent à chaque génération) et peut-ê
75 bent à chaque génération) et peut-être réussirons- nous à y croire. Ruine des croyances communes, carence du christianisme,
76 tion est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés du communisme. » C’est ainsi que beaucoup de braves gens
77 ole, à l’effort de la propagande totalitaire dans nos pays. Ils le font sans malice, et au nom du bon sens. Ils me rappelle
78 toute expression libre des antagonismes qui chez nous sont encore la réalité même du social ? Que la paix est obtenue par l
79 ture puisse bien finir. Tout se ramène donc, pour nous , à un problème de force. Mais non pas de forces pour « gagner » la gu
80 ons démocratiques. D’une guerre totale, telle que nous imposerait l’Allemagne, ne peut sortir qu’un État totalitaire. Il s’a
81 es plans de « réarmement », c’est introduire chez nous le Cheval de Troie. Car pour s’armer autant que l’adversaire, il faud
82 urgent et réellement fondamental, c’est celui que nous pose l’angoisse des individus isolés, et l’appel religieux qui naît d
83 e inconscient. Toute la question est de savoir si nous saurons mettre à profit pour le résoudre le délai que nous accordent
84 ons mettre à profit pour le résoudre le délai que nous accordent encore une situation matérielle supportable, et quelques re
6 1939, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Faire le jeu d’Hitler (1er janvier 1939)
85 , et devant la menace hitlérienne, un écrivain de nos amis se sentit pressé de parler, non point pour appeler les démocrate
86 réalité le jeu d’Hitler ». Cette petite aventure nous apparaît révélatrice d’un état d’esprit dont la seule existence suffi
87 la seule existence suffit à justifier l’effort de nos Cahiers. ⁂ Qu’une « prise de parti » efficace suppose nécessairement
88 nce d’une passion inavouable. Dans un monde comme le nôtre , où si peu d’hommes connaissent leur vraie croyance et leurs vrais dé
89 ouve dans les écrits et les propos de certains de nos « antifascistes ». Ceux qui jugent la tendance supposée, non le fait,