1
gement les découvertes de l’esprit humain, quitte
à
laisser tomber certains dogmes décidément incompatibles avec nos plus
2
des directions positives. Faut-il encore ajouter
à
son trouble, l’aggraver, le rendre littéralement insupportable ? Tell
3
révolution le bouleversaient brutalement, mettant
à
nu les vraies raisons, les vrais problèmes. « Pasteur, je devais parl
4
les vrais problèmes. « Pasteur, je devais parler
à
des hommes aux prises avec les contradictions inouïes de la vie, et l
5
steur et prêcher ? » Tourmenté par cette question
à
laquelle il ne peut ni ne veut se soustraire, Karl Barth se met à rel
6
peut ni ne veut se soustraire, Karl Barth se met
à
relire l’Épître aux Romains, la plus inquiétante sans doute, pour not
7
ui rassure, une réponse qui ne veut s’adresser qu’
à
ces « questions dernières » de notre vie, celle devant lesquelles nou
8
uand la détresse de leur existence les a conduits
à
nous, je le répète, si nous ne les prenons pas davantage au sérieux q
9
alla au vingtième mille. Barth, nommé professeur
à
l’Université de Bonn, exerce depuis dix ans une influence qu’on peut
10
t pas facile de résumer sans la trahir une pensée
à
ce point hostile à tout système. La théologie de Barth se donne en ef
11
umer sans la trahir une pensée à ce point hostile
à
tout système. La théologie de Barth se donne en effet pour une simple
12
donne en effet pour une simple « note marginale »
à
tous les systèmes existants. Barth lui-même l’a nommée, avec une sobr
13
tres et pharisiens, ont toujours été les premiers
à
refuser, sous de très pieux prétextes, les ordres de la Parole de Die
14
nos idées de la transcendance. De celui qui vient
à
nous, mais auquel l’homme ne peut aller. Du totaliter aliter. Si donc
15
lle cette idée devient une réalité, une vérité. »
À
la formule philosophique homo finitus non capax infiniti, Barth répon
16
i Barth rejoint Calvin, Luther, et au-delà, jusqu’
à
saint Paul, tous ceux qui ont su et connu ce que nous avons à peu prè
17
e religieuse », mais le don gratuit que Dieu fait
à
tout homme qui n’a plus d’autre attente. Qu’on n’aille pas croire cep
18
oire cependant que le barthisme est un « retour »
à
quelque orthodoxie, ou par exemple une sorte de pendant protestant au
19
néo-thomisme. Il est avant tout un rappel violent
à
la nouveauté éternelle de l’Évangile ; une remise en question radical
20
stre ou céleste. Car cette rencontre est mortelle
à
l’homme. Et c’est par là même qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le
21
accordée aux « justes », mais bien aux condamnés
à
mort.) L’homme religieux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi
22
ondamnés à mort.) L’homme religieux qui se refuse
à
cette mort, se refuse aussi à la vie. Il meurt de ne pas mourir, selo
23
gieux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi
à
la vie. Il meurt de ne pas mourir, selon la parole profondément « dia
24
humaines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu
à
l’homme. Universalité du rapport établi entre Dieu et l’homme, que l’
25
a valeur de l’activité théologique. Barth compare
à
plusieurs reprises la théologie à cette étrange main de Jean Baptiste
26
. Barth compare à plusieurs reprises la théologie
à
cette étrange main de Jean Baptiste dans la Crucifixion de Grünewald,
27
; de son réalisme agressif, de cette obstination
à
rechercher le sens réel des mots d’ordre que l’on va répétant, de cet
28
crise toutes nos sécurités morales. (Ce n’est qu’
à
certains degrés de tension que la réalité de nos réalités quotidienne
29
paganisée. Il est aussi la plus éclatante réponse
à
tous ceux qui accusaient la pensée barthienne d’être purement négativ
30
nt négative et désespérée. « Ici le paradoxe joue
à
plein — écrivait-on à ce propos dans un récent article1 — la théologi
31
rée. « Ici le paradoxe joue à plein — écrivait-on
à
ce propos dans un récent article1 — la théologie dialectique de Barth
32
cent article1 — la théologie dialectique de Barth
à
laquelle on reproche (comme à ceux de Port-Royal !) d’effrayer celui
33
ialectique de Barth à laquelle on reproche (comme
à
ceux de Port-Royal !) d’effrayer celui qui vient au Christ, peut seul
34
er celui qui vient au Christ, peut seule répondre
à
l’angoisse humaine, tandis que l’optimisme naturiste, plongeant l’hum
35
en zigzag pour amuser son pensionnat, mais plutôt
à
ces albums illustrés, ancêtres du dessin animé et des Eugène de Cocte
36
ouver, une note ici ou là, quelques petits livres
à
tirage limité. N’allez pas croire qu’il s’agisse d’auteurs comiques :
37
ure et des gants beurre-frais. Ils ne tardent pas
à
rencontrer une jeune femme qui leur fait perdre toute mesure. Le mond
38
avoir compris de quoi il s’agit. Il n’y a plus qu’
à
perpétrer une horrible inconvenance, un de ces scandales héroïques qu
39
sordonnées. Pomposo, certes ! baroque, poli jusqu’
à
l’impertinence, jusqu’à la férocité, savant, aimable, macaronique, pé
40
tes ! baroque, poli jusqu’à l’impertinence, jusqu’
à
la férocité, savant, aimable, macaronique, pétrarquisant, musicien, h
41
uffit pour créer un espace, un climat, une invite
à
naître — une légèreté nouvelle dans l’atmosphère de ce pays de pédago
42
la pensée du réformateur. N’allons pas commenter
à
notre tour cette glose. Ce qu’il y a d’ailleurs de plus significatif
43
re, ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé
à
l’écrire, et qu’il expose en une vingtaine de pages précises, mesurée
44
une génération de protestants, celle qui commence
à
s’exprimer dans des revues comme Foi et Vie , Le Semeur , Hic et N
45
Le protestantisme du début de ce siècle accordait
à
la personne de Jésus une place à juste titre centrale, mais exclusive
46
e. « La foi n’est pas une adhésion intellectuelle
à
des doctrines, mais la communion avec le Christ vivant », répétaient
47
e la voie de l’histoire, c’était d’abord chercher
à
s’approcher de l’homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais
48
, tenter de « faire une guirlande en mettant bout
à
bout des fleurs des champs et des fleurs de rhétorique ? » Ce Jésus «
49
teurs du surnaturel, M. Dominicé n’a pas de peine
à
montrer qu’il devenait « foncièrement irréel et sans intérêt ». À mes
50
devenait « foncièrement irréel et sans intérêt ».
À
mesure qu’elle humanisait le Christ sous prétexte de nous rapprocher
51
vivant avec le Christ des évangiles, se réduisait
à
une contemplation de sa vie. Dans cette difficulté, le jeune théologi
52
r l’amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient
à
nous, impies, non point nous qui le rencontrons au terme d’une pieuse
53
apper aux faux problèmes du modernisme et revenir
à
l’orthodoxie réformée. Non point comme on revient aux solutions toute
54
la véritable et profonde acuité d’une dialectique
à
résoudre en actes. C’est l’un des traits les plus frappants du Calvin
55
ous le restitue M. Dominicé, que cette insistance
à
mettre en lumière le « scandale de Jésus » à seule fin de nous « ense
56
ance à mettre en lumière le « scandale de Jésus »
à
seule fin de nous « enseigner à révérence ». On peut dire dans ce sen
57
andale de Jésus » à seule fin de nous « enseigner
à
révérence ». On peut dire dans ce sens que l’exégèse de Calvin est to
58
y prête peu. Mais on regrette parfois qu’il suive
à
pas si prudents son modèle, et que l’admiration que lui inspire Calvi
59
sorbonnique. Max Dominicé ne sera pas le dernier
à
souhaiter avec nous que le retour des doctrines du xvie siècle renou
60
sprit de l’envergure de Kierkegaard eut légitimé,
à
elle seule, la création de cet Office et ses soins les plus diligents
61
blement, il s’en fût amusé : tout ce qui touchait
à
l’opinion publique était pour lui bien proche de la mystification. Il
62
d’un simple défaut d’information, et qui consiste
à
faire de lui une espèce de psychologue nihiliste, un esthète retors e
63
e se rapporte au christianisme, et en particulier
à
ce problème : comment peut-on devenir chrétien ? » Car, enfin, l’on n
64
e, la plus révélatrice, mais aussi la plus propre
à
créer du malentendu. Le titre même, que lui a donné le traducteur, pr
65
titre même, que lui a donné le traducteur, prête
à
certaines confusions : l’œuvre, en danois, s’appelle La Maladie morte
66
ce du salut promis par le Christ peut nous amener
à
l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, co
67
qui abondent dans les premiers chapitres donnent
à
cette partie du livre une apparence abstraite qui contraste singulièr
68
ette descente aux enfers de notre âme fait songer
à
Dostoïevski. Dans La Répétition 4, on trouvera confondus le poète, le
69
n problème sentimental douloureux, et qui cherche
à
le résoudre, d’abord par le plaisir, dans ses formes supérieures, pui
70
se morale courante. L’un et l’autre le conduisent
à
des impasses tragiques ; mais voici que Dieu intervient, avec la répo
71
e Dieu intervient, avec la réponse terrible faite
à
Job. Et ce sont alors d’étranges et magnifiques lettres sur la détres
72
étresse humaine devant Dieu, que le héros adresse
à
« son muet confident », l’auteur. Peut-être avons-nous ici les pages
73
s les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève
à
la hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi, l’Éternel ne cra
74
il quand personne n’ose se plaindre comme il sied
à
un homme ? Parle, élève la voix, parle fort, Dieu peut bien parler pl
75
ots… Mais plus près de Luther, aussi. Je me borne
à
citer In vino veritas 5. Non point que cet ouvrage ne mérite d’être l
76
mour et d’angoisse insondable qui nous bouleverse
à
la lecture des Stades, on trouvera ici l’exposé judicieux, parfois mê
77
le moindre piquant du livre. Fallait-il souhaiter
à
Kierkegaard une introduction plus systématique ? Je ne le pense pas.
78
Oxford, est un des faits spirituels qui serviront
à
fixer la signification de notre époque. Son influence, limitée d’abor
79
ent depuis quelques mois en Allemagne, en Suisse,
à
Paris même. Né dans les universités, il paraît destiné à répondre d’a
80
même. Né dans les universités, il paraît destiné
à
répondre d’abord aux préoccupations des intellectuels, mais il y répo
81
prolétaires et bourgeois. J’ai assisté cet hiver,
à
Paris, à l’une des rencontres du Mouvement : il y avait là une vingta
82
es et bourgeois. J’ai assisté cet hiver, à Paris,
à
l’une des rencontres du Mouvement : il y avait là une vingtaine de pe
83
sans artifices ni gêne, ni excès d’aucune sorte.
À
plus d’une reprise, j’eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours
84
qui raconte les origines du Mouvement et cherche
à
décrire son esprit. Ce n’est pas le meilleur livre qu’on ait écrit su
85
Buchman, c’est son incapacité proprement géniale
à
penser abstraitement. » Dès le début sa pensée directrice est essenti
86
llite lamentable de l’évangélisation standardisée
à
l’américaine, et de toutes les « méthodes morales », puritaines. Volo
87
du christianisme primitif dans le contact d’homme
à
homme, dans la confession mutuelle des péchés et le « partage » (shar
88
elle se réalise ne signifie pas qu’il faille agir
à
tout prix. L’activiste moderne n’est souvent qu’un agité. Le philanth
89
partage » préconisé par Buchman ne ressemble pas
à
ces tentatives de violation de domicile moral. Pour entrer en contact
90
a certitude qui leur vient de pouvoir être utiles
à
tel endroit où Dieu leur dit d’aller. La chronique des rencontres mir
91
plirait des volumes, et nourrit leurs entretiens.
À
lire certains récits du meilleur livre qu’on ait fait sur le Mouvemen
92
pants, de retomber ainsi dans la vieille croyance
à
la sanctification par les œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas ma
93
Buchman. Car ce n’est pas assez que de se refuser
à
parler de théologie sous prétexte que c’est abstrait : encore faudrai
94
it-il se garder de vivre une théologie équivoque.
À
quoi les membres du Mouvement des Groupes peuvent répondre que leur œ
95
istianisme pendant ses études et déclare renoncer
à
toute fortune. Sa famille le destitue de ses privilèges aristocratiqu
96
aut écarter les parois de la pièce pour permettre
à
chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de son travail. Parfois, ils
97
emplaires. Son œuvre s’étend dans les slums. Mais
à
ce moment le machinisme s’introduit au Japon, augmentant la misère av
98
man : L’Archer tirant contre le soleil. Accueilli
à
sa sortie de prison par une foule en fête, il entraîne une centaine d
99
vient le « fou du Christ ». À peine a-t-il réussi
à
faire reconnaître légalement le syndicalisme qu’il a créé, le voilà q
100
aiment pas ce radicalisme, qui n’est pas conforme
à
leur doctrine. Ils l’attaquent violemment : « Enterrez-le ! Enterrez
101
ions. Si les romans de Kagawa l’ont fait comparer
à
Gorki, ses poèmes en prose sont d’un franciscain. Il y a en lui un am
102
ra l’honorable, la géniale exception. Il me reste
à
vous démontrer, ce qui n’est pas trop difficile, que Dostoïevski et T
103
et le roman d’analyse français, de Rousseau jusqu’
à
Gide, en passant par Constant. Quand on parle du roman, vous ne voyez
104
cepterait-il une étiquette aussi compromettante ?
À
parler franc, je ne connais qu’un seul roman moderne authentiquement
105
rait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste
à
la Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque ha
106
promesses de salut sont seuls capables de donner
à
l’homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courag
107
naître la nature et ses abîmes, si l’on veut être
à
même d’y voir les marques du surnaturel. La grâce n’intervient pas ai
108
bîme ». On la pressent d’abord dans l’œuvre d’art
à
certaine qualité du pessimisme qui s’en dégage : pessimisme jamais cy
109
me jamais cynique et désespoir jamais complaisant
à
lui-même, car l’aveu même qu’on en fait est la preuve qu’on l’a trave
110
ling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur,
à
chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme large à
111
cènes enfantines : c’est Andersen, en plus grave.
À
chacun sa réalité : elle dépend du regard qu’on porte sur le monde. L
112
ritique à propos d’une telle œuvre donnerait lieu
à
des conclusions amères. Amères pour la critique surtout, je crois. Ca
113
ourvu que l’on n’y cherche pas de vains prétextes
à
se glorifier d’un passé bien passé, et dont il resterait à prouver qu
114
ifier d’un passé bien passé, et dont il resterait
à
prouver qu’on est digne. Le meilleur moyen d’éviter ce danger serait
115
e suffirait, dans le cas de l’Église protestante,
à
rétablir la valeur relative des faits, valeur de témoignage, sans ces
116
faits, valeur de témoignage, sans cesse rapportée
à
la foi, dont Dieu seul juge. John Viénot — qui vient de mourir presqu
117
que le premier tome de cet ouvrage (des origines
à
l’édit de Nantes), le second tome qui vient de paraître10 témoigne de
118
es et culturels de la Réforme, sans les rapporter
à
l’évolution parallèle du dogme dans l’Église. De même, John Viénot la
119
storiens du xixe siècle finissant, n’enlève rien
à
l’intérêt puissant de ce gros volume. Mais aussi, la substance histor
120
rit que cette lecture, passionnante non seulement
à
cause du pittoresque violent des faits, non seulement à cause des plo
121
e du pittoresque violent des faits, non seulement
à
cause des plongées directes qu’elle permet d’opérer dans la vie publi
122
t privée du xviie siècle, mais encore parce que,
à
tout moment, le lecteur se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu
123
rce que, à tout moment, le lecteur se voit incité
à
imaginer ce qu’il fut advenu de la France si l’édit avait été observé
124
langage des faits, cités ici en très grand nombre
à
chaque page. Faits sinon nouveaux pour la plupart, en tout cas rassem
125
cas rassemblés pour la première fois, et propres
à
modifier considérablement l’opinion que nous pouvions avoir du « gran
126
a pensée dominante, dans toute cette guerre faite
à
la foi évangélique, ait été celle des Espagnols et des Romains. Les c
127
tholiques patriotes savaient bien que la présence
à
la cour d’un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants d’une Égli
128
nt fidèle au roi, ne pouvait nuire au prestige et
à
l’ordre de l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, so
129
taire, c’est l’idée fort peu française de l’unité
à
tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les diversités
130
e, mais que tout le livre de Viénot nous autorise
à
prononcer ; c’est le mot de fascisme. Le parallélisme qu’on peut faci
131
ur est simple prétexte ; mais il s’agit d’établir
à
tout prix un cadre national centralisé, géométrique, conçu dans l’abs
132
sait-il, ne voulait point qu’on portât des glands
à
son collet, il n’en faudrait point porter, parce que ce n’est point t
133
s termes n’ont, hélas ! pas vieilli. Viénot cite,
à
ce propos, un texte assez frappant. Il s’agit de la requête adressée
134
sait l’usage des cimetières (on allait même jusqu’
à
violer les sépultures des religionnaires) : Ceux que vous déterrez,
135
naturel, contre l’honnêteté civile ! Ce recours
à
un droit universellement humain, n’est-il pas significatif de la natu
136
oche, et qui rendra, selon sa justice, oppression
à
ceux qui nous oppressent, et relâche à nous qui sommes oppressés. (Q
137
oppression à ceux qui nous oppressent, et relâche
à
nous qui sommes oppressés. (Qui donc, sauf Léon Bloy, fait écho à ce
138
oppressés. (Qui donc, sauf Léon Bloy, fait écho
à
ce style, en notre siècle ?) Mais Casaubon, bien moins vindicatif, n’
139
en Dieu. Nous sommes citoyens des cieux. Louange
à
Dieu aux siècles des siècles. Le livre de John Viénot nous donne tou
140
nne toute une anthologie de pareils traits. Grâce
à
quoi l’on ressort de cette lecture plus édifié encore que révolté. Ma
141
Réforme française, tome II : De l’édit de Nantes
à
sa révocation, Librairie Fischbacher. La même librairie publie une in
142
enté aujourd’hui par des philosophes laïques tout
à
fait libérés des disciplines de la foi, au moment décisif où, d’autre
143
losophique de MM. Lavelle et Le Senne, appartient
à
la première période de la pensée kierkegaardienne. La question que po
144
e la question que Kierkegaard adressera plus tard
à
la chrétienté de son temps : la foi étant ce que j’ai dit – le parado
145
ce que la foi ? Hegel, dont la philosophie obsède
à
ce moment l’esprit de Kierkegaard, Hegel esquive la question, la supp
146
ie, elle répond par l’exemple d’Abraham. Et c’est
à
la méditation de cet exemple que Kierkegaard va consacrer son livre.
147
me qui a osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils,
à
l’âge de 70 ans. Il n’a pas ri — comme Sarah, sa femme — de ce miracl
148
ite. On enfourche Pégase, en un clin d’œil on est
à
Morija, on voit aussitôt le bélier ; on oublie qu’Abraham fit le chem
149
insignifiant » et le comique c’est qu’on persiste
à
l’offrir en exemple aux chrétiens ! Mais la grandeur d’Abraham, sa si
150
réflexion philosophique que Kierkegaard enchaîne
à
l’exemple d’Abraham est admirablement analysée dans l’introduction de
151
n’a fait plus que Jean Wahl pour faire connaître
à
l’élite française la pensée de Søren Kierkegaard : c’est un titre qui
152
rement avec celui de Kierkegaard. Barth s’adresse
à
des auditeurs chrétiens, à des hommes qui se posent sérieusement la q
153
gaard. Barth s’adresse à des auditeurs chrétiens,
à
des hommes qui se posent sérieusement la question : en quoi ma foi do
154
étien reste un homme comme les autres. Il n’a pas
à
devenir, dès ici-bas, un être un peu divin, un peu divinisé, échappan
155
perdu. Sa sanctification ne doit pas le conduire
à
je ne sais quelle « spiritualisation » tout illusoire ou évasive. Ell
156
ît de plus en plus pécheur, de plus en plus livré
à
la seule grâce divine. La vie chrétienne, c’est simplement la vie hum
157
e telle quelle « en sacrifice saint et agréable »
à
Dieu. Point n’est nécessaire qu’il vous pousse des ailes ni que vous
158
e profane et banale, la vie que chacun doit vivre
à
sa place, et dans sa situation. Mais en quoi le chrétien se distingu
159
t ? En rien d’autre qu’en ceci : qu’il est appelé
à
rendre témoignage « d’une part contre la forme du siècle présent ; de
160
ècle présent ; de l’autre, pour la forme du monde
à
venir ». Il reste dans le monde et soumis à ses lois, sachant pourtan
161
monde à venir ». Il reste dans le monde et soumis
à
ses lois, sachant pourtant qu’il n’appartient plus à sa forme, mais à
162
es lois, sachant pourtant qu’il n’appartient plus
à
sa forme, mais à sa transformation. Et voici que nous rejoignons l’id
163
pourtant qu’il n’appartient plus à sa forme, mais
à
sa transformation. Et voici que nous rejoignons l’idée centrale de Cr
164
l vit dans les mêmes servitudes, mais il s’attend
à
Dieu, non à lui-même ni au monde. Ainsi, chez Barth et Kierkegaard, n
165
es mêmes servitudes, mais il s’attend à Dieu, non
à
lui-même ni au monde. Ainsi, chez Barth et Kierkegaard, nous trouvons
166
hic et nunc, et tel qu’il est revendiqué par Dieu
à
la limite de ses possibilités, là où paraît la grâce, in extremis. Ca
167
és, là où paraît la grâce, in extremis. Car c’est
à
chaque instant de la vie de la foi que se posent les questions derniè
168
on de Dostoïevski ? Ses héros ne viennent-ils pas
à
nous comme de grands questionneurs, comme des êtres orientés vers aut
169
avons cherché dans Dostoïevski, c’est la réponse
à
cette question : qu’est-ce qu’un homme ? Et cette réponse, il nous l’
170
nce, ce problème qu’ils ne peuvent résoudre jusqu’
à
ce que, dans leur maladie justement, percevant leur question dernière
171
Calvin maigre et sec, et l’on conclut incontinent
à
l’ascétisme puritain. On nous montre un Luther adipeux, et loin de re
172
Comment se dire calviniste ? L’exposition Calvin
à
la Bibliothèque nationale, si elle a permis à beaucoup de réviser que
173
vin à la Bibliothèque nationale, si elle a permis
à
beaucoup de réviser quelque peu leurs notions sur l’importance intell
174
littéraire du calvinisme, a donné lieu par contre
à
une véritable débauche de considérations très vaguement physiognomoni
175
ur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur
à
notre liberté d’esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer la décadenc
176
nne. On aurait tort d’assimiler cette renaissance
à
la belle floraison néo-thomiste. Il n’est pas inutile de marquer les
177
Les grands théologiens de la Réforme ne sont pas
à
nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs dont la pensée fait loi,
178
ême, au-delà des formules humaines de ce message,
à
la réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Calvin, ce n’est
179
a réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour
à
Calvin, ce n’est pas faire retour à certaines formules dogmatiques ;
180
Faire retour à Calvin, ce n’est pas faire retour
à
certaines formules dogmatiques ; mais c’est, au-delà de ces formules
181
ans l’orientation où elles nous placent, remonter
à
cette origine permanente de l’Église qu’est la révélation évangélique
182
écrivain, nous ne nous priverons pas de l’estimer
à
nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe plus que to
183
r d’abord la « clé » qui donne leur exacte valeur
à
nos variations sur ce thème. Et cette clé, c’est la vocation que Jean
184
s. Nous voyons alors Calvin faire face d’une part
à
l’Église de Rome et c’est l’Épître à Sadolet ; d’autre part, aux prem
185
e d’une part à l’Église de Rome et c’est l’Épître
à
Sadolet ; d’autre part, aux premières déviations de la doctrine sacra
186
idéal humaniste. Or, tous ceux-là se scandalisent
à
grand bruit, « non tant pour haine qu’ils portent aux scandales que p
187
haine qu’ils portent aux scandales que pour nuire
à
l’Évangile et le diffamer comment que ce soit ». Il y a ceux pour les
188
ogmes sont autant d’occasions de chopper : Quant
à
ce que la Prédestination est comme une mer de scandales, d’où vient c
189
voit, de ce fameux libre examen dont on persiste
à
lui attribuer l’invention, par une erreur assez inexplicable. Mais le
190
. Voici ceux qui préfèrent la paix selon le monde
à
la vérité combattante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom de la
191
le monde à la vérité combattante : Je m’adresse
à
ceux qui abusent du nom de la chrétienté pour nourrir une paix fardée
192
e l’Église avec « une façon de royaume mondain ».
À
ceux-là, Calvin rappellera que notre condition chrétienne est celle d
193
e du conflit dialectique : L’Église est ordonnée
à
cette condition de batailler continuellement sous la croix, tant qu’e
194
continuellement sous la croix, tant qu’elle aura
à
cheminer en ce monde. Voici enfin les « libertins », ceux que nous a
195
ux que nous appelons libéraux qui « gazouillent »
à
tort et à travers et se répandent en orgueilleuses « baveries », et c
196
ui se ruent contre Dieu d’une impétuosité enragée
à
la façon des frénétiques, et tombent en de grands abîmes ou se rompen
197
tant ». Cet étonnant traité, tour à tour éloquent
à
l’antique ou rabelaisien dans la satire, pourrait en somme s’intitule
198
passé dans l’attaque de Calvin : il a su prendre
à
l’adversaire ses meilleures armes. Au sujet de ce style, dont l’exemp
199
inistre du Verbe divin. Prêcher l’Évangile, c’est
à
son sens engager le dialogue avec toutes les catégories d’hommes, ave
200
ujours la forme de discours la plus propre, sinon
à
charmer du moins à toucher son antagoniste ; l’art de Calvin est fait
201
discours la plus propre, sinon à charmer du moins
à
toucher son antagoniste ; l’art de Calvin est fait de soumission abso
202
; l’art de Calvin est fait de soumission absolue
à
l’objet proposé : tout en portant la marque d’une des plus puissantes
203
recrée toujours lui-même. Soumission du langage
à
l’objet spirituellement dominé : telle serait la formule du classicis
204
vertus qui, sans doute, font le plus grand défaut
à
notre siècle : une fermeté délibérée qui ne s’arrête pas complaisamme
205
meté délibérée qui ne s’arrête pas complaisamment
à
des trouvailles, une sobriété vigoureuse dans l’exposé des sic et non
206
oignante vertu que cette conscience d’une mission
à
remplir et d’un dialogue à soutenir avec l’époque. Notre culture péri
207
nscience d’une mission à remplir et d’un dialogue
à
soutenir avec l’époque. Notre culture périt d’être par trop « irrespo
208
emps qu’elle est don de Dieu ; elle s’oppose donc
à
toute mystique qui ne serait qu’une fuite hors du monde, comme à tout
209
e qui ne serait qu’une fuite hors du monde, comme
à
toute action en révolte contre l’ordre de la Parole. En confondant la
210
e le fait par malheur M. Chuzeville, on contribue
à
renforcer un préjugé dont le bénéfice ne saurait être pour la foi. La
211
la recherche des moyens par lesquels l’âme arrive
à
transgresser ses limites charnelles et temporelles ». Fort bien, répo
212
ous. Il est grand temps que nous rendions hommage
à
ce ver sacrum de l’esprit germanique. Il est grand temps que nous rel
213
ès de Stockholm sa première réalisation concrète.
À
ces deux causes illustrées par notre auteur, il faut en ajouter une t
214
iennent la somme de la problématique particulière
à
une école — est-ce trop dire — qui va de Schleiermacher à Harnack, en
215
ole — est-ce trop dire — qui va de Schleiermacher
à
Harnack, en passant par Charles Secrétan, Frommel et même Renouvier,
216
r Charles Secrétan, Frommel et même Renouvier, et
à
laquelle les récents livres de Bergson viennent apporter un ultime re
217
se. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage
à
l’aborder très librement : « essai de théodicée et journal d’un paste
218
rnal d’un pasteur ». Nous n’avons pas affaire ici
à
une construction doctrinale. L’auteur prend soin de nous en avertir à
219
octrinale. L’auteur prend soin de nous en avertir
à
maintes reprises : L’intérêt du présent ouvrage ne réside pas seulem
220
illeurs, il ne s’adresse pas aux spécialistes, ni
à
l’Église, comme ce serait le devoir d’un traité dogmatique. Je m’adr
221
. Si des croyants peuvent douter de leur croyance
à
cause du mal, que des incroyants apprennent à douter de leur incroyan
222
nce à cause du mal, que des incroyants apprennent
à
douter de leur incroyance, à cause du Bien. D’une part, en effet, di
223
ncroyants apprennent à douter de leur incroyance,
à
cause du Bien. D’une part, en effet, dit M. Monod, « l’athéisme n’ex
224
s, et les théologiens trop rigides par le recours
à
une piété plus libre. On sait que pour l’école de Barth, tout au cont
225
de l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons
à
la situation de départ de notre auteur. Contre l’un et l’autre advers
226
chrétien qui prie en marchant », — voilà qui pose
à
M. Monod le problème central de ce livre. Faudra-t-il donc revenir à
227
ème central de ce livre. Faudra-t-il donc revenir
à
Marcion, hérétique condamné par toute la tradition chrétienne pour av
228
dogme trinitaire : Dieu est un X qui ne se révèle
à
l’homme comme le Père que par son incarnation dans le Fils, reconnue
229
ouvent, on y apprend beaucoup. On craint aussi qu’
à
la faveur de tant de richesses disparates, le sérieux proprement théo
230
s, par l’affirmation répétée que l’auteur « écrit
à
genoux ». Au sous-titre du Problème du Bien, j’apposerais volontiers
231
rant par la considération hardie du cosmos. Quant
à
sa thèse théologique, je me contente de suggérer qu’on l’admettrait p
232
admettrait plus aisément si l’auteur ne cherchait
à
l’imposer par le spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconna
233
ent les nôtres — et s’il ne tenait, par ailleurs,
à
l’étayer par une philosophie qui ne saurait plus être la nôtre : j’en
234
our quelles fins ? Si l’on ne veut pas s’en tenir
à
des appréciations du genre « moine qui voulait se marier », il serait
235
en France ! Quelques pages choisies, en appendice
à
une brève biographie ; une brochure sur la liberté chrétienne : et le
236
lture générale, une telle publication est appelée
à
rendre des services inappréciables. Elle nous place au cœur même du g
237
ffisamment connu. Qu’on se reporte en particulier
à
la brillante biographie de Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute l’
238
nte biographie de Stefan Zweig, et j’ajouterais :
à
toute l’œuvre récente du parfait disciple d’Érasme que se trouve être
239
lle changer une fois de plus la face des choses ?
À
tout le moins doit-elle passionner le débat, et le faire puissamment
240
lonté de pensée militante que ce petit moine qui,
à
Worms, osa dresser contre l’opportunisme impérial et sacerdotal l’inf
241
cisif, envisage honnêtement les objections, donne
à
la thèse adverse toutes ses chances, non sans ironie toutefois, et sa
242
non sans ironie toutefois, et sait enfin conférer
à
son choix la force et la simplicité d’une constatation évidente. D’un
243
s on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre
à
la querelle avec Érasme, qui lui servit de prétexte et d’aiguillon, e
244
n nous ; opposition de la justice donnée par Dieu
à
la justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole vivante
245
par nos mérites ; opposition de la Parole vivante
à
la tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un
246
x — des positions maîtresses de la Réforme. Quant
à
la thèse particulière, qui est la négation du libre arbitre religieux
247
ns l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant
à
un destin fatal une vocation d’un tout autre ordre. Fatalité et liber
248
termes radicaux, vraiment sérieux, se voit acculé
à
ce dilemme, ou plutôt à l’acceptation simultanée de ses deux termes.
249
t sérieux, se voit acculé à ce dilemme, ou plutôt
à
l’acceptation simultanée de ses deux termes. Et l’on sait que Nietzsc
250
rmes. Et l’on sait que Nietzsche lui-même aboutit
à
un paradoxe tout semblable à celui de Luther : la liberté est à ses y
251
che lui-même aboutit à un paradoxe tout semblable
à
celui de Luther : la liberté est à ses yeux dans la connaissance viri
252
tout semblable à celui de Luther : la liberté est
à
ses yeux dans la connaissance virile d’une nécessité immuable, accept
253
nier la réalité d’un dilemme qui sacrifie l’homme
à
la vérité ? 14. Traduit du latin, aux Éditions « Je sers ». Préface
254
méthode consistant trop souvent, il faut le dire,
à
tenir pour vrai ce que l’on juge le plus bas. Ainsi l’on en vient peu
255
ient peu à peu, par désir de se montrer original,
à
tenir pour acquis que les « vertus » sont de ces illusions qui ne rés
256
rtus » sont de ces illusions qui ne résistent pas
à
l’analyse, et qu’un auteur sincère se doit de démasquer. Tout se ramè
257
sincère se doit de démasquer. Tout se ramènerait
à
la physiologie, ou à l’argent. Il ne fallait pas moins que le génie p
258
émasquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou
à
l’argent. Il ne fallait pas moins que le génie plein de malices d’une
259
urt. C’est une légende encore qui donne le départ
à
ce roman des Löwensköld, et porte sur lui de grandes ombres. Il y pui
260
e d’une tradition. À vrai dire, on ne croit guère
à
ce pouvoir mortel d’un anneau dérobé dans une tombe (L’Anneau des Löw
261
profusion géniale des inventions concrètes — une
à
chaque page, au moins — qui peu à peu illustrent la psychologie la pl
262
ème fréquent dans la littérature nordique). C’est
à
l’avant-dernière page seulement que le sens profond de l’œuvre entièr
263
Christ sans avoir l’amour des hommes est condamné
à
aller à sa perte et à y conduire les autres ». À ce moment aussi, l’o
264
ans avoir l’amour des hommes est condamné à aller
à
sa perte et à y conduire les autres ». À ce moment aussi, l’on s’aper
265
our des hommes est condamné à aller à sa perte et
à
y conduire les autres ». À ce moment aussi, l’on s’aperçoit que la fa
266
à aller à sa perte et à y conduire les autres ».
À
ce moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité de la légende a bel
267
entendu que la femme désignée par Dieu doit venir
à
sa rencontre. Un peu plus loin, il entend chanter : c’est la fille de
268
doute, tremble, et marche toujours. Voici venir,
à
sa rencontre cette fois-ci, la plus pauvre orpheline du village ; ell
269
er ce martyre ? Déjà, le jeune homme s’y résigne…
À
quelques pas de lui, elle tourne à droite. Il poursuit son chemin dan
270
e s’y résigne… À quelques pas de lui, elle tourne
à
droite. Il poursuit son chemin dans une exaltation croissante, priant
271
ne suite d’incidents pittoresques ou dramatiques,
à
quoi l’auteur ne se prive pas d’ajouter quelques traces d’humour, com
272
x du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard, de Luther. Et
à
côté du fanatique, voici Charlotte, avec sa piété sobre et son bon se
273
nirs — dont le charme, d’ailleurs, suffirait bien
à
nous retenir : ils nous permettent de mesurer d’un seul coup d’œil l’
274
siècle) et voyez si leur décadence ne suffit pas
à
expliquer la crise actuelle du genre dans notre société. 15. L’Ann
275
de l’actualité et le goût des questions sociales
à
la lucidité sensible d’un compatriote d’Amiel, a déjà derrière lui un
276
la vie protestante. Ayant fait de solides études
à
Vienne et en Allemagne, il a enseigné dans une ville universitaire où
277
Il me reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos,
à
La Celle-Saint-Cloud, maison simple, sans austérité, tout de suite fa
278
ernier livre : n’y affirme-t-il pas, avec preuves
à
l’appui, que Tristan et Iseut, les amants légendaires, les héros de l
279
passion, ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé
à
écrire mon livre, je voulais simplement étudier ce mythe et analyser
280
étudier ce mythe et analyser la crise du mariage
à
notre époque. Mais plus je relisais les différentes versions du roman
281
’autre Iseut, ne reconnaissent plus leur amour qu’
à
l’heure où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarrer
282
plication. J’ai beaucoup réfléchi avant d’arriver
à
cette conviction, que je suis prêt à défendre : ce que Tristan et Ise
283
ent, c’est le fait d’aimer. Jamais Tristan ne dit
à
Iseut qu’il l’aime, il se borne à répéter : « Amor par force me demei
284
Tristan ne dit à Iseut qu’il l’aime, il se borne
à
répéter : « Amor par force me demeisne ». C’est la passion-catastroph
285
s’opposait surtout, complète Denis de Rougemont,
à
la conception chrétienne du mariage. L’amour courtois est chaste, il
286
mariage. L’amour courtois est chaste, il accorde
à
la femme une prééminence dont l’Église a bien senti le danger, puisqu
287
risme, le néophyte s’engageait, s’il était marié,
à
s’abstenir de tout contact avec sa femme. Les cathares admettaient le
288
s la littérature orientale que tout dernièrement,
à
la suite du christianisme. J’avoue que votre démonstration me paraît
289
parfois le sens profond des textes… Ils répugnent
à
l’emploi des méthodes freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de
290
l’instinct de la mort tel que Freud l’a analysé.
À
une époque où le statut du mariage se modifie profondément, croyez-vo
291
ugemont réfléchit : Non, je crois que nous sommes
à
une époque de transition, que ce mythe risque de disparaître. Mais c’
292
où l’être se dépasse lui-même. Nous aspirons donc
à
connaître cet état que, comme Tristan et peut-être inconsciemment, no
293
istan et peut-être inconsciemment, nous préférons
à
l’être aimé. D’autre part, on nous montre le mariage comme le fondeme
294
isqu’elle a besoin d’obstacles, et ne résiste pas
à
la facilité, à l’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se
295
oin d’obstacles, et ne résiste pas à la facilité,
à
l’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’
296
les jeunes gens et les jeunes filles se refusent
à
l’hypocrisie, ne consentent plus à refouler leurs instincts naturels.
297
es se refusent à l’hypocrisie, ne consentent plus
à
refouler leurs instincts naturels. En outre, les difficultés matériel
298
Votre réhabilitation de la fidélité, si conforme
à
la conception chrétienne du mariage, suppose chez les femmes, qui do
299
olides et de qualités agréables assez difficiles
à
concilier. Je le sais, je suis très exigeant. Pour moi, le mariage de
300
et Les Personnages du dram e. Et en ce moment,
à
quoi travaillez-vous ? J’ai en chantier un livre sur La Réforme comme
301
ensuite, pendant dix-sept ans, juge et conseiller
à
Sachseln, où il eut dix enfants. Puis il se retira dans un ermitage,
302
mal mariés. Ils me disent que mon livre les aide
à
comprendre la cause de leur désarroi, qu’ils savent mieux maintenant
303
aient se rapprocher. Si j’aide des êtres troublés
à
vivre à deux sans trop se blesser, ce sera ma plus belle récompense.
304
rapprocher. Si j’aide des êtres troublés à vivre
à
deux sans trop se blesser, ce sera ma plus belle récompense. Le vérit
305
un autre mais beaucoup plus prudent, j’ai demandé
à
Denis de Rougemont de commenter librement et, au besoin, de rectifier
306
i. Voici ce qu’a donné cette entrevue. Né en 1906
à
Neuchâtel, Denis de Rougemont est un écrivain suisse d’expression fra
307
e… Je déteste cette formule ! Elle me fait penser
à
une sorte d’animal, qui penserait dans un idiome bizarre et incompréh
308
ai, de la polémique et du récit, ne correspondent
à
aucun genre littéraire précis et rendent leur auteur difficile à cata
309
ittéraire précis et rendent leur auteur difficile
à
cataloguer. Mais pourquoi faut-il cataloguer, définir à tout prix ? C
310
loguer. Mais pourquoi faut-il cataloguer, définir
à
tout prix ? C’est une idée un peu scolaire. Comment définirait-on Nie
311
sayistes. Ce n’est pas que je veuille me comparer
à
eux, mais la forme est la même : un mélange d’idées pures, de poésie,
312
ougemont participe, aux côtés d’Emmanuel Mounier,
à
la fondation de deux revues personnalistes : L’Ordre nouveau et Espri
313
personnalistes : L’Ordre nouveau et Esprit. C’est
à
cette époque qu’il élabore une doctrine humaniste… Humaniste ? Je n’a
314
maniste ? Je n’aime guère ce terme. On a tendance
à
opposer humanisme et christianisme, et je me sens plutôt du côté du c
315
e était un manifeste qui déclencha une polémique
à
laquelle prirent part Berdiaev, Mounier et Gabriel Marcel. Pour moi,
316
ion qui, à la fois, distingue l’homme et le relie
à
la communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de l
317
place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout
à
fait opposé aux doctrines providentialistes qui font de Dieu un Jéhov
318
ieu est en l’homme. En 1935, il est nommé lecteur
à
l’Université de Francfort et séjournera un an en Allemagne hitlérienn
319
lemagne hitlérienne. Je me trouvais sans activité
à
Paris, où j’écrivais le Journal d’un intellectuel en chômage , quand
320
allez donc l’observer de plus près. » J’acceptai
à
une condition, celle d’écrire en rentrant exactement ce que je pensai
321
je serais moins gênant en Amérique qu’en Europe.
À
New York, je rédigeais les émissions en français de « La Voix de l’Am
322
sans rupture de ma définition de la « personne »
à
la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, doit être à la fois
323
ue je préconise et qui n’est que la transposition
à
une échelle géante de la Confédération helvétique. Je ne souhaite en
324
aite en effet ni une agglomération d’États soumis
à
un pouvoir unique et dictatorial ni une Europe des États, mais une as
325
en effet d’apprendre que je me suis trouvé opposé
à
Eugène Ionesco qui est un ami très cher et un grand écrivain. À ce pr
326
co qui est un ami très cher et un grand écrivain.
À
ce propos, savez-vous où Ionesco a trouvé le sujet de son Rhinocéros
327
éen de la culture, que Rougemont fonda et dirigea
à
Genève à partir de 1950, et le Congrès pour la liberté de la culture,
328
« que » le président du comité exécutif, de 1951
à
1966.
329
a nôtre, quand on en parle au singulier — étendre
à
toute la terre ses bienfaits, ses méfaits, ses produits, rarement ses
330
périr. Pour émouvante qu’elle soit, elle exprime,
à
mon sens, l’une des erreurs les plus célèbres de l’époque. Mais comme
331
toire » et qu’il obéit donc, comme tout individu,
à
une loi de croissance, d’épanouissement et de déclin fatal. Hegel pen
332
it sa dialectique aux civilisations, on en venait
à
penser que chacune d’elles devait fatalement décliner et mourir après
333
est un organisme et correspond morphologiquement
à
un individu, animal ou végétal. Il en résulte inexorablement que tout
334
t la phrase de Valéry. Enfin, dans un effort tout
à
fait admirable pour embrasser l’ensemble des cultures connues, Toynbe
335
’une vaste érudition, ont d’autant moins de peine
à
nous convaincre que, d’une part, ils rejoignent, par leurs conclusion
336
fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard
à
Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et de D
337
ours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et
à
Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et de Donoso Cortès à
338
aard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville
à
Jacob Burckhardt et de Donoso Cortès à Georges Sorel, tous ont décrit
339
ocqueville à Jacob Burckhardt et de Donoso Cortès
à
Georges Sorel, tous ont décrit depuis cent ans les motifs de craindre
340
austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée
à
se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une après l’autre
341
is. Et bientôt cette Europe occupée à se déchirer
à
belles dents va se laisser arracher l’une après l’autre ses conquêtes
342
gémonie politique de l’Europe, et même le rendre,
à
vues humaines, définitif. Au surplus, les nouveaux empires et les peu
343
litique n’est pas toujours et nécessairement liée
à
la vitalité d’une civilisation. L’une peut exister sans l’autre. L’un
344
éterminent un destin non comparable, et même tout
à
fait différent à partir d’un certain moment, d’un certain seuil… Les
345
tin non comparable, et même tout à fait différent
à
partir d’un certain moment, d’un certain seuil… Les civilisations ant
346
nnent leur unité d’une doctrine uniforme, imposée
à
tous par l’État. Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, u
347
ine uniforme, imposée à tous par l’État. Comparée
à
ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes et sacrées, la cult
348
te et profane. À cause de ses origines multiples,
à
cause des valeurs souvent contradictoires ou incompatibles qu’elle en
349
rtout, elle n’a jamais voulu, se laisser ordonner
à
une seule doctrine qui eût régi à la fois ses instructions, sa religi
350
radoxale consistant dans la seule volonté commune
à
tous de refuser l’uniformité. Où sont les candidats à la relève ?
351
de refuser l’uniformité. Où sont les candidats
à
la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne, j’opposerai
352
agence Cook suffirait aujourd’hui pour les mettre
à
l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, no
353
nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère
à
sens unique et n’est plus réversible. Mais comment expliquer ce phéno
354
u christianisme qui contribua de tant de manières
à
la former. Par là même — et c’est bien son drame, en même temps que l
355
pour désigner les habitants des terres voisines,
à
mi-chemin entre l’animal et l’Égyptien. (Dans le même style, Bismarck
356
rist. »), cette conception devait seule permettre
à
ceux qu’elle formerait intimement de considérer tous les hommes comme
357
les, un jour ou l’autre, de participer pleinement
à
l’effort civilisateur. Maintenant que c’est fait ou en train de se fa
358
maginer que la civilisation diffusée par l’Europe
à
tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner le
359
de Valéry : « Si les civilisations mouraient tout
à
fait, Valéry ne pourrait pas le dire, car il n’en saurait rien. » Et
360
rope, qui poursuivent l’inventaire mondial initié
à
la Renaissance par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’human
361
ième raison : On ne voit pas de candidats sérieux
à
la relève d’une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les c
362
tourées de « barbares » mal connus. Les candidats
à
la relève étaient nombreux. En est-il un seul aujourd’hui qui réclame
363
t matérielles plus spécifiquement européen. Quant
à
l’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industrialisatio
364
conde fois européanisé la Russie. Et c’est l’URSS
à
son tour qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la civilisatio
365
RSS à son tour qui s’est chargée d’aider la Chine
à
liquider la civilisation des mandarins, c’est l’URSS qui a introduit
366
urope et parties intégrantes de sa culture. Quant
à
l’Afrique, observons simplement que son émancipation actuelle ne cons
367
il fixe également un programme pour les vingt ans
à
venir et nous met en garde, comme on va le voir, contre les prophètes
368
la décadence avant de nous proposer des candidats
à
la relève.
369
ù j’ai pris conscience que j’étais un littéraire.
À
cette époque je n’écrivais que des poèmes, persuadé que toute autre f
370
egarde l’ascendance de mon père, je m’aperçois qu’
à
la génération où nous avons 64 ancêtres, la sixième, il y a 28 Suisse
371
vez consacré de nombreuses et passionnantes pages
à
l’amour. Qu’est-ce que l’amour pour vous ? L’amour c’est tout. Pour m
372
fond le sujet même de ce livre. J’ai été entraîné
à
écrire cet ouvrage par toute une suite de circonstances. La plus anci
373
nne était un numéro de la revue Esprit consacré
à
la femme et l’amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : « La fe
374
ution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour
à
l’autre, car je dois publier le plus tôt possible le manuscrit d’un e
375
yant cédé mon tour, je me suis mis instantanément
à
mon livre, et j’ai terminé les 450 pages en trois mois. Comme je l’ai
376
avaient décidé de ne pas divorcer, de s’en tenir
à
la dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en les suivant un pe
377
poche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne
à
la passion plus de droits que je ne lui en laissais dans mon premier
378
livre. Que pensez-vous aujourd’hui ? Je continue
à
penser qu’il faudrait élever les gens dans une méfiance profonde de c
379
est l’une des choses glorieuses qui peut arriver
à
un homme. Aujourd’hui, je suis parvenu à ce point qu’il y a deux mora
380
arriver à un homme. Aujourd’hui, je suis parvenu
à
ce point qu’il y a deux morales, l’une qu’il faut enseigner aux enfan
381
nom d’une morale d’artiste. Tout homme est amené
à
être créateur d’une œuvre, ne fût-ce que de soi-même et surtout de so
382
lus pas, mais je pense qu’elle doit être réservée
à
de très rares personnes qui seront probablement le sel de la terre ou
383
ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons
à
l’Europe. Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour
384
is des criminels. Revenons à l’Europe. Vous vivez
à
Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour j’ai passé la frontièr
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uman chez moi et au Centre européen de la culture
à
Genève. Arrivé à la frontière, le douanier a eu ce mot admirable : «
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au Centre européen de la culture à Genève. Arrivé
à
la frontière, le douanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’
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par une espèce de coup d’État, a décidé de porter
à
la frontière politique sa ligne de douaniers et il en a résulté que d
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fait pour me convaincre qu’on n’arrivera vraiment
à
faire l’Europe que sur la base des régions, régions recréées en dépit
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’accomplissement. C’est un triomphal accord clamé
à
la fin de la IXe Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout
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ublicité. Ça peut être secret. Je crois beaucoup
à
une notion secrète de la gloire. La gloire n’est pas donnée par la fo
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pouvait penser complètement la mort, il mourrait
à
cet instant-là. La mort c’est par essence l’inconcevable, donc c’est
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lètement sincère, j’éprouve autant de difficultés
à
ne pas croire en Dieu qu’à y croire, et ce n’est pas peu dire. Cela v
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autant de difficultés à ne pas croire en Dieu qu’
à
y croire, et ce n’est pas peu dire. Cela veut peut-être dire que le p
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est mal posé dans ma tête, ou dans mon existence.
À
quoi j’en reviens toujours finalement, c’est à ceci : Dieu, c’est le
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e. À quoi j’en reviens toujours finalement, c’est
à
ceci : Dieu, c’est le sens. S’il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de s
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aujourd’hui disent qu’ils ne tiennent pas du tout
à
ce que le monde ait un sens, à ce que notre vie ait un sens, à ce que
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ennent pas du tout à ce que le monde ait un sens,
à
ce que notre vie ait un sens, à ce que l’humanité ait un sens, puis i
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onde ait un sens, à ce que notre vie ait un sens,
à
ce que l’humanité ait un sens, puis ils finissent par vous faire un p
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eut dire pour vous, la vie, s’il n’y a aucun sens
à
rien ? Pourquoi ne me comporterais-je pas comme le surhomme de Nietzs
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un sens, il y a quelque chose qui va d’un arrière
à
un avant. Si vous voulez, je pense que Dieu n’est pas une cause au dé
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autre part, je crois qu’il y a une grande naïveté
à
discuter sur l’existence ou la non-existence de Dieu étant donné que
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omment une cellule de notre corps pourrait croire
à
l’existence de ce corps ? Elle n’a aucun moyen d’en prendre connaissa
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De l’unité de culture
à
l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’Europe ne
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n’a pas la moindre chance de résister d’une part
à
la colonisation idéologique et militaire par les Russes — je songe au
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e songe aux pays de l’Est européen — d’autre part
à
la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les
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re qu’ils prétendaient inaugurer n’a duré que dix
à
douze ans. Or il se trouve que la formule fédéraliste, seule pratique
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de cent pays dans le monde entier, l’État-nation
à
souveraineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais en fait toujo
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aconté que chacun de nos États-nations correspond
à
une langue, à une ethnie, à un ensemble à la fois économique, histori
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cun de nos États-nations correspond à une langue,
à
une ethnie, à un ensemble à la fois économique, historique et géograp
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ts-nations correspond à une langue, à une ethnie,
à
un ensemble à la fois économique, historique et géographique défini p
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sons nationales dans une cité universitaire. Mais
à
l’Université même, on ne parlait qu’en latin. C’est ainsi qu’à la Sor
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é même, on ne parlait qu’en latin. C’est ainsi qu’
à
la Sorbonne, vers 1270 — comme me le faisait observer un jour Étienne
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rmait une grande culture commune, bien antérieure
à
l’idée même d’État-nation. Mais dira-t-on, le mot « nation » désignai
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vrai que nos États-nations modernes correspondent
à
l’aire de diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit la
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s actuelles ; breton et flamand au nord, allemand
à
l’est, basque, occitan, catalan et italien au sud, et naturellement l
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oïncider avec un État-nation, il faudrait annexer
à
la République fédérale outre l’Allemagne de l’Est, la Suisse alémaniq
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notions scientifiques et techniques aujourd’hui,
à
quoi viennent se superposer les influences dominantes de l’italien à
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superposer les influences dominantes de l’italien
à
la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’allemand des
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l y a l’affaire des frontières naturelles, chères
à
l’école. Cette notion prend son origine sous Louis XIV, dans les guer
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rent l’Espagne de la France, voilà qui est clair,
à
condition qu’un esprit fort (ou un naïf) ne vienne pas remarquer que
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un naïf) ne vienne pas remarquer que l’on trouve
à
l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et le
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alans sur les deux versants, et les mêmes Basques
à
l’ouest. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’on y parle italien
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en des deux côtés au sud, français des deux côtés
à
la hauteur des vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’allem
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ictions dans sa genèse même, qu’elle s’est formée
à
partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celtes et german
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re de son génie — mais qui nous ont tous affectés
à
doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le
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omme le disent trop souvent d’éloquents ministres
à
Bruxelles ou à Strasbourg, que ces « précieuses diversités » sont cel
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trop souvent d’éloquents ministres à Bruxelles ou
à
Strasbourg, que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nati
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? Je propose là-dessus deux observations faciles
à
vérifier. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturel
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Genève, en traversant cette frontière qui ne rime
à
rien, ne sert à rien, ne protège contre rien, n’arrête rien de ce qu’
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rsant cette frontière qui ne rime à rien, ne sert
à
rien, ne protège contre rien, n’arrête rien de ce qu’il faudrait arrê
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Âge, ces foyers de création sont les universités,
à
la Renaissance les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bou
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ait de la France un désert culturel en mobilisant
à
Paris tous les esprits distingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secr
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conise : la complexité des régions rendra justice
à
ses fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’un
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af. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture
à
l’union politique », Les Nouvelles littéraires, Paris, 17 avril 1972–