1 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
1 n, sous Henri IV, dans le domaine de la politique européenne , fut l’œuvre personnelle des réformés. Le « grand dessein » qu’avait
2 aire de la France la première organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais le virus qu’un Mazarin, un Concini ou un Ubaldini (
2 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Luther contre Érasme (19 juin 1937)
3 cette grande tension spirituelle dans laquelle l’ Europe a puisé son dynamisme créateur : l’opposition du témoin responsable e
3 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
4 cida que je serais moins gênant en Amérique qu’en Europe . À New York, je rédigeais les émissions en français de « La Voix de l
5 ion de mon livre : La Part du diable . Rentré en Europe en 1946, Denis de Rougemont s’engage alors dans l’action politique en
6 olitique en militant pour la cause du fédéralisme européen . Fondateur et président du Congrès européen pour la liberté de la cul
7 lisme européen. Fondateur et président du Congrès européen pour la liberté de la culturey, son activité se situera désormais sur
8 t responsable ; de même pour chaque nation dans l’ Europe fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à une éche
9 soumis à un pouvoir unique et dictatorial ni une Europe des États, mais une association de républiques autonomes, libres de l
10 danger commun. Nous serions ainsi 350 millions d’ Européens solidaires, ce qui représente presque autant que les populations des
4 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
11 a vu se multiplier les prophètes de la décadence européenne  : et ils sont tous, ou presque tous, Européens. Loin de s’émerveiller
12 e européenne : et ils sont tous, ou presque tous, Européens . Loin de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le m
13 péens. Loin de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclip
14 n de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’ Europe , en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres c
15 condense une assez longue tradition de pessimisme européen . Dès 1971, Volney, méditant sur la mort des civilisations, citait à p
16 tal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation européenne marquait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliqua
17 sions, notre angoisse quant à l’état présent de l’ Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècl
18 les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’ Europe  : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob
19 nes de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une apr
20 piter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’ Europe , et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouve
21 particulièrement sur l’exemple le mieux connu des Européens , celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparit
22 tale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’ Europe  ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
23 le est-il valable pour l’Europe ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être
24 homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’ Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À
25 ompatibles qu’elle en a héritées, la civilisation européenne s’est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation.
26 ts à la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne , j’opposerai trois raisons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir po
27 ns majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir pour l’ Europe . Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit e
28 pour l’Europe. Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Bien d’autr
29 mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquem
30 te l’Histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne , née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait p
31 s les peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’ Europe envoie dans le monde plus de machines et d’assistants techniques que
32 mment imaginer que la civilisation diffusée par l’ Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner l
33 son désastre ? Deuxième raison : La civilisation européenne a créé les conditions techniques de sa conservation et de sa transmis
34 ont été préservées par le musée et le laboratoire européens , pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de
35 es ethnographes, archéologues et philosophes de l’ Europe , qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos
36 t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’ Europe , et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l
37 ropéaniser par la culture plus profondément que l’ Europe ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’
38 ment une partie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie
39 du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’ Europe , au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la philosoph
40 elles, morales et matérielles plus spécifiquement européen . Quant à l’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industr
41 l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’ Europe et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, observons si
42 politique, sociale et économique, élaborées par l’ Europe moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-développée, cour
43 rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’ Europe … z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence », Les No
44 e est précédé du chapeau suivant : « On sait quel Européen convaincu et militant est Denis de Rougemont. L’auteur de L’Amour et
45 ubliant chez Albin Michel une Lettre ouverte aux Européens , qui prendra place dans la collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan
5 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
46 Denis de Rougemont : l’amour et l’ Europe en expert (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougemont, les deux gra
47 x grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et l’ Europe . Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me disiez 1
48 té gardiens de but. Comment avez-vous découvert l’ Europe  ? C’est entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu l’Europe. Quand
49 st entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu l’ Europe . Quand j’allais dans le Midi des troubadours, j’éprouvais un curieux
50 ui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’ Europe . Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour j’ai pas
51 uanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’ Europe  !… passez… » Le fait d’être obligé de passer une et souvent plusieurs
52 me convaincre qu’on n’arrivera vraiment à faire l’ Europe que sur la base des régions, régions recréées en dépit des frontières
53 . Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour et l’ Europe en expert », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 décembre 1970, p. 1
54 écédés du chapeau suivant : « On sait quel ardent Européen est Denis de Rougemont. Dans son dernier livre, publié chez Albin Mic
55 re, publié chez Albin Michel, Lettre ouverte aux Européens , nous ne trouvons pas seulement confirmation de l’idéal de toute sa
6 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
56 olitique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
57 uniquement ni principalement par des institutions européennes  ; leur création suivra le cheminement des esprits. Robert Schuman I
58 es esprits. Robert Schuman Il nous faut faire l’ Europe afin de rester nous-mêmes, disons pour aller vite : ni moujiks ni yan
59 sons pour aller vite : ni moujiks ni yankees. Une Europe divisée en vingt-cinq nations, chacune trop petite pour se défendre s
60 taire par les Russes — je songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes
61 nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’ Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectue
62 de tous ordres et des autonomies régionales. Une Europe unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé de la faire : Napoléon
63 e fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’ Europe , est en même temps la seule qui corresponde aux réalités de la cultur
64 seule qui corresponde aux réalités de la culture européenne , aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle majeur que l’on dress
65 t secondaire, apprend depuis un siècle aux jeunes Européens de nos divers pays — contre toute évidence historique — que leur nati
66 Il n’y a pas de cultures nationales La culture européenne n’est pas la somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle exi
67 es colonies d’étudiants venus d’une même région d’ Europe et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation flamand
68 ogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans leurs langues non seulement les formes et
69 e des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’ Europe est un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a l’affaire des fro
70 ennes, et non pas nationales. Les grands courants européens , les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre cultu
71 voir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’ Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europ
72 e de nations en teintes pâles, et la culture de l’ Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales », les manuels
73 vinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’ Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire
74 ontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’ Europe . 2° La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et plus
75 ez en rien l’Europe. 2° La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée
76 d secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne , il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants contin
77 je transpose en termes politiques mon équation : Europe de la culture : foyers de création initiant des courants continentaux
78 iant des courants continentaux. cela va donner : Europe politique : régions autonomes composant une fédération continentale.
79 ntinentale. Voici donc le modèle fédéraliste de l’ Europe que je préconise : la complexité des régions rendra justice à ses féc
80 rsion revue de l’article paru sous le titre : « L’ Europe est d’abord une unité de culture », Intégration : Vierteljahreshefte