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n, sous Henri IV, dans le domaine de la politique
européenne
, fut l’œuvre personnelle des réformés. Le « grand dessein » qu’avait
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aire de la France la première organisatrice d’une
Europe
fédéralisée. Mais le virus qu’un Mazarin, un Concini ou un Ubaldini (
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cette grande tension spirituelle dans laquelle l’
Europe
a puisé son dynamisme créateur : l’opposition du témoin responsable e
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cida que je serais moins gênant en Amérique qu’en
Europe
. À New York, je rédigeais les émissions en français de « La Voix de l
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ion de mon livre : La Part du diable . Rentré en
Europe
en 1946, Denis de Rougemont s’engage alors dans l’action politique en
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olitique en militant pour la cause du fédéralisme
européen
. Fondateur et président du Congrès européen pour la liberté de la cul
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lisme européen. Fondateur et président du Congrès
européen
pour la liberté de la culturey, son activité se situera désormais sur
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t responsable ; de même pour chaque nation dans l’
Europe
fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à une éche
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soumis à un pouvoir unique et dictatorial ni une
Europe
des États, mais une association de républiques autonomes, libres de l
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danger commun. Nous serions ainsi 350 millions d’
Européens
solidaires, ce qui représente presque autant que les populations des
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a vu se multiplier les prophètes de la décadence
européenne
: et ils sont tous, ou presque tous, Européens. Loin de s’émerveiller
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e européenne : et ils sont tous, ou presque tous,
Européens
. Loin de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le m
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péens. Loin de s’émerveiller du fait que le génie
européen
rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclip
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n de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’
Europe
, en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres c
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condense une assez longue tradition de pessimisme
européen
. Dès 1971, Volney, méditant sur la mort des civilisations, citait à p
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tal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation
européenne
marquait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliqua
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sions, notre angoisse quant à l’état présent de l’
Europe
dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècl
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les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’
Europe
: de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob
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nes de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette
Europe
occupée à se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une apr
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piter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’
Europe
, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouve
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particulièrement sur l’exemple le mieux connu des
Européens
, celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparit
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tale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’
Europe
? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
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le est-il valable pour l’Europe ? La civilisation
européenne
est-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être
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homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’
Europe
nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À
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ompatibles qu’elle en a héritées, la civilisation
européenne
s’est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation.
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ts à la relève ? Aux prophètes de la décadence
européenne
, j’opposerai trois raisons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir po
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ns majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir pour l’
Europe
. Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit e
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pour l’Europe. Première raison : La civilisation
européenne
est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Bien d’autr
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mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les
Européens
du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquem
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te l’Histoire ? Nous avons vu que la civilisation
européenne
, née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait p
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s les peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’
Europe
envoie dans le monde plus de machines et d’assistants techniques que
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mment imaginer que la civilisation diffusée par l’
Europe
à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner l
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son désastre ? Deuxième raison : La civilisation
européenne
a créé les conditions techniques de sa conservation et de sa transmis
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ont été préservées par le musée et le laboratoire
européens
, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de
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es ethnographes, archéologues et philosophes de l’
Europe
, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos
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t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’
Europe
, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l
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ropéaniser par la culture plus profondément que l’
Europe
ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’
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ment une partie du Kapital. Le marxisme est né en
Europe
et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie
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du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’
Europe
, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la philosoph
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elles, morales et matérielles plus spécifiquement
européen
. Quant à l’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industr
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l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’
Europe
et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, observons si
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politique, sociale et économique, élaborées par l’
Europe
moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-développée, cour
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rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’
Europe
… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence », Les No
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e est précédé du chapeau suivant : « On sait quel
Européen
convaincu et militant est Denis de Rougemont. L’auteur de L’Amour et
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ubliant chez Albin Michel une Lettre ouverte aux
Européens
, qui prendra place dans la collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan
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Denis de Rougemont : l’amour et l’
Europe
en expert (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougemont, les deux gra
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x grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et l’
Europe
. Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me disiez 1
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té gardiens de but. Comment avez-vous découvert l’
Europe
? C’est entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu l’Europe. Quand
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st entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu l’
Europe
. Quand j’allais dans le Midi des troubadours, j’éprouvais un curieux
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ui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’
Europe
. Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour j’ai pas
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uanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’
Europe
!… passez… » Le fait d’être obligé de passer une et souvent plusieurs
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me convaincre qu’on n’arrivera vraiment à faire l’
Europe
que sur la base des régions, régions recréées en dépit des frontières
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. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour et l’
Europe
en expert », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 décembre 1970, p. 1
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écédés du chapeau suivant : « On sait quel ardent
Européen
est Denis de Rougemont. Dans son dernier livre, publié chez Albin Mic
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re, publié chez Albin Michel, Lettre ouverte aux
Européens
, nous ne trouvons pas seulement confirmation de l’idéal de toute sa
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olitique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’
Europe
ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
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uniquement ni principalement par des institutions
européennes
; leur création suivra le cheminement des esprits. Robert Schuman I
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es esprits. Robert Schuman Il nous faut faire l’
Europe
afin de rester nous-mêmes, disons pour aller vite : ni moujiks ni yan
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sons pour aller vite : ni moujiks ni yankees. Une
Europe
divisée en vingt-cinq nations, chacune trop petite pour se défendre s
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taire par les Russes — je songe aux pays de l’Est
européen
— d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes
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nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’
Europe
ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectue
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de tous ordres et des autonomies régionales. Une
Europe
unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé de la faire : Napoléon
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e fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’
Europe
, est en même temps la seule qui corresponde aux réalités de la cultur
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seule qui corresponde aux réalités de la culture
européenne
, aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle majeur que l’on dress
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t secondaire, apprend depuis un siècle aux jeunes
Européens
de nos divers pays — contre toute évidence historique — que leur nati
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Il n’y a pas de cultures nationales La culture
européenne
n’est pas la somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle exi
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es colonies d’étudiants venus d’une même région d’
Europe
et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation flamand
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ogrammes dessinés dans la paume de leur main, les
Européens
retrouvent sans peine dans leurs langues non seulement les formes et
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e des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’
Europe
est un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a l’affaire des fro
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ennes, et non pas nationales. Les grands courants
européens
, les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre cultu
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voir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’
Europe
comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europ
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e de nations en teintes pâles, et la culture de l’
Europe
comme une addition de prétendues « cultures nationales », les manuels
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vinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’
Europe
a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire
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ontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’
Europe
. 2° La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et plus
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ez en rien l’Europe. 2° La création culturelle en
Europe
est d’autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée
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d secret de la vitalité inégalée de notre culture
européenne
, il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants contin
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je transpose en termes politiques mon équation :
Europe
de la culture : foyers de création initiant des courants continentaux
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iant des courants continentaux. cela va donner :
Europe
politique : régions autonomes composant une fédération continentale.
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ntinentale. Voici donc le modèle fédéraliste de l’
Europe
que je préconise : la complexité des régions rendra justice à ses féc
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rsion revue de l’article paru sous le titre : « L’
Europe
est d’abord une unité de culture », Intégration : Vierteljahreshefte