1
Parole
de
Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)a b La th
2
humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)a b
La
théologie chrétienne a-t-elle pour tâche de rendre acceptable le mess
3
b La théologie chrétienne a-t-elle pour tâche
de
rendre acceptable le message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale
4
rétienne a-t-elle pour tâche de rendre acceptable
le
message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largemen
5
t-elle pour tâche de rendre acceptable le message
de
l’Évangile, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largement les décou
6
lle pour tâche de rendre acceptable le message de
l’
Évangile, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largement les découver
7
he de rendre acceptable le message de l’Évangile,
d’
en atténuer le scandale, d’intégrer largement les découvertes de l’esp
8
cceptable le message de l’Évangile, d’en atténuer
le
scandale, d’intégrer largement les découvertes de l’esprit humain, qu
9
message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale,
d’
intégrer largement les découvertes de l’esprit humain, quitte à laisse
10
, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largement
les
découvertes de l’esprit humain, quitte à laisser tomber certains dogm
11
le scandale, d’intégrer largement les découvertes
de
l’esprit humain, quitte à laisser tomber certains dogmes décidément i
12
scandale, d’intégrer largement les découvertes de
l’
esprit humain, quitte à laisser tomber certains dogmes décidément inco
13
s ? Ou bien doit-elle, tout au contraire, assumer
le
scandale, montrer sa permanente et salutaire nécessité, annoncer aux
14
r aux hommes une vérité qui n’est pas justiciable
de
leurs mesures puisqu’elle est le jugement de tous nos jugements et la
15
pas justiciable de leurs mesures puisqu’elle est
le
jugement de tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes
16
able de leurs mesures puisqu’elle est le jugement
de
tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’
17
squ’elle est le jugement de tous nos jugements et
la
« crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour le scandale
18
le jugement de tous nos jugements et la « crise »
de
tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour le scandale et non pour l
19
s et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si
l’
on opte pour le scandale et non pour les adaptations, qui voudra recev
20
» de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour
le
scandale et non pour les adaptations, qui voudra recevoir ce message
21
? Mais si l’on opte pour le scandale et non pour
les
adaptations, qui voudra recevoir ce message ? « L’âme moderne » décon
22
s adaptations, qui voudra recevoir ce message ? «
L’
âme moderne » décontenancée par l’échec de ses idéaux, demande des apa
23
ce message ? « L’âme moderne » décontenancée par
l’
échec de ses idéaux, demande des apaisements ou des directions positiv
24
age ? « L’âme moderne » décontenancée par l’échec
de
ses idéaux, demande des apaisements ou des directions positives. Faut
25
positives. Faut-il encore ajouter à son trouble,
l’
aggraver, le rendre littéralement insupportable ? Telles étaient les q
26
Faut-il encore ajouter à son trouble, l’aggraver,
le
rendre littéralement insupportable ? Telles étaient les questions que
27
ndre littéralement insupportable ? Telles étaient
les
questions que se posait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère
28
Telles étaient les questions que se posait, vers
la
fin de la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allema
29
étaient les questions que se posait, vers la fin
de
la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un
30
aient les questions que se posait, vers la fin de
la
guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un je
31
ons que se posait, vers la fin de la guerre, dans
le
presbytère d’un village de la Suisse allemande, un jeune pasteur, Kar
32
ait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère
d’
un village de la Suisse allemande, un jeune pasteur, Karl Barth. Autou
33
fin de la guerre, dans le presbytère d’un village
de
la Suisse allemande, un jeune pasteur, Karl Barth. Autour de lui, c’é
34
de la guerre, dans le presbytère d’un village de
la
Suisse allemande, un jeune pasteur, Karl Barth. Autour de lui, c’étai
35
jeune pasteur, Karl Barth. Autour de lui, c’était
l’
écho des bombardements, les cartes de pain, des menaces de violences s
36
Autour de lui, c’était l’écho des bombardements,
les
cartes de pain, des menaces de violences sociales. Que devenaient, da
37
lui, c’était l’écho des bombardements, les cartes
de
pain, des menaces de violences sociales. Que devenaient, dans tout ce
38
es bombardements, les cartes de pain, des menaces
de
violences sociales. Que devenaient, dans tout cela, les belles synthè
39
olences sociales. Que devenaient, dans tout cela,
les
belles synthèses de la théologie libérale ? L’arrière-plan de bourgeo
40
devenaient, dans tout cela, les belles synthèses
de
la théologie libérale ? L’arrière-plan de bourgeoisie et d’optimisme
41
venaient, dans tout cela, les belles synthèses de
la
théologie libérale ? L’arrière-plan de bourgeoisie et d’optimisme cul
42
, les belles synthèses de la théologie libérale ?
L’
arrière-plan de bourgeoisie et d’optimisme culturel sur lequel, trop s
43
nthèses de la théologie libérale ? L’arrière-plan
de
bourgeoisie et d’optimisme culturel sur lequel, trop souvent, elles s
44
logie libérale ? L’arrière-plan de bourgeoisie et
d’
optimisme culturel sur lequel, trop souvent, elles s’étaient appuyées,
45
r lequel, trop souvent, elles s’étaient appuyées,
la
guerre et la révolution le bouleversaient brutalement, mettant à nu l
46
p souvent, elles s’étaient appuyées, la guerre et
la
révolution le bouleversaient brutalement, mettant à nu les vraies rai
47
es s’étaient appuyées, la guerre et la révolution
le
bouleversaient brutalement, mettant à nu les vraies raisons, les vrai
48
ution le bouleversaient brutalement, mettant à nu
les
vraies raisons, les vrais problèmes. « Pasteur, je devais parler à de
49
ent brutalement, mettant à nu les vraies raisons,
les
vrais problèmes. « Pasteur, je devais parler à des hommes aux prises
50
ur, je devais parler à des hommes aux prises avec
les
contradictions inouïes de la vie, et leur parler du message non moins
51
hommes aux prises avec les contradictions inouïes
de
la vie, et leur parler du message non moins inouï de la Bible, de cet
52
mes aux prises avec les contradictions inouïes de
la
vie, et leur parler du message non moins inouï de la Bible, de cette
53
la vie, et leur parler du message non moins inouï
de
la Bible, de cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en fac
54
vie, et leur parler du message non moins inouï de
la
Bible, de cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en face d
55
ur parler du message non moins inouï de la Bible,
de
cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en face des contrad
56
me une nouvelle énigme en face des contradictions
de
la vie. Souvent ces deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’
57
une nouvelle énigme en face des contradictions de
la
vie. Souvent ces deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’eff
58
radictions de la vie. Souvent ces deux grandeurs,
la
vie et la Bible, m’ont fait l’effet — ne me le font-elles pas encore
59
de la vie. Souvent ces deux grandeurs, la vie et
la
Bible, m’ont fait l’effet — ne me le font-elles pas encore ? — d’être
60
es deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait
l’
effet — ne me le font-elles pas encore ? — d’être Charybde et Scylla.
61
s, la vie et la Bible, m’ont fait l’effet — ne me
le
font-elles pas encore ? — d’être Charybde et Scylla. Si c’est cela l’
62
fait l’effet — ne me le font-elles pas encore ? —
d’
être Charybde et Scylla. Si c’est cela l’origine et le but de la prédi
63
core ? — d’être Charybde et Scylla. Si c’est cela
l’
origine et le but de la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc
64
re Charybde et Scylla. Si c’est cela l’origine et
le
but de la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui do
65
ybde et Scylla. Si c’est cela l’origine et le but
de
la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui donc peut
66
e et Scylla. Si c’est cela l’origine et le but de
la
prédication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui donc peut êt
67
ne veut se soustraire, Karl Barth se met à relire
l’
Épître aux Romains, la plus inquiétante sans doute, pour notre esprit
68
Karl Barth se met à relire l’Épître aux Romains,
la
plus inquiétante sans doute, pour notre esprit critique. Il résulte d
69
ans doute, pour notre esprit critique. Il résulte
de
cette étude un gros livre que trois éditeurs refusent mais qui paraît
70
ent mais qui paraît finalement en librairie après
la
guerre. Aventure étonnante que celle de ce commentaire né de la détre
71
rie après la guerre. Aventure étonnante que celle
de
ce commentaire né de la détresse quotidienne d’un obscur pasteur de c
72
Aventure étonnante que celle de ce commentaire né
de
la détresse quotidienne d’un obscur pasteur de campagne, et dans lequ
73
nture étonnante que celle de ce commentaire né de
la
détresse quotidienne d’un obscur pasteur de campagne, et dans lequel,
74
e de ce commentaire né de la détresse quotidienne
d’
un obscur pasteur de campagne, et dans lequel, soudain, toute l’Allema
75
né de la détresse quotidienne d’un obscur pasteur
de
campagne, et dans lequel, soudain, toute l’Allemagne intellectuelle d
76
steur de campagne, et dans lequel, soudain, toute
l’
Allemagne intellectuelle découvre l’expression poignante de son angois
77
oudain, toute l’Allemagne intellectuelle découvre
l’
expression poignante de son angoisse intime, mais aussi, et enfin, une
78
ne intellectuelle découvre l’expression poignante
de
son angoisse intime, mais aussi, et enfin, une réponse. Une réponse p
79
et enfin, une réponse. Une réponse plus soucieuse
de
ce qui est vrai que de ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’adre
80
Une réponse plus soucieuse de ce qui est vrai que
de
ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’adresser qu’à ces « questio
81
veut s’adresser qu’à ces « questions dernières »
de
notre vie, celle devant lesquelles nous fuyons toujours — et c’est là
82
lles nous fuyons toujours — et c’est là justement
le
principe de notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que n
83
yons toujours — et c’est là justement le principe
de
notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous les comp
84
pe de notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent
de
nous que nous les comprenions mieux qu’ils ne se comprennent eux-même
85
étude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous
les
comprenions mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes… Si nous ne pren
86
se comprennent eux-mêmes… Si nous ne prenons pas
les
hommes au sérieux quand la détresse de leur existence les a conduits
87
i nous ne prenons pas les hommes au sérieux quand
la
détresse de leur existence les a conduits à nous, je le répète, si no
88
enons pas les hommes au sérieux quand la détresse
de
leur existence les a conduits à nous, je le répète, si nous ne les pr
89
es au sérieux quand la détresse de leur existence
les
a conduits à nous, je le répète, si nous ne les prenons pas davantage
90
resse de leur existence les a conduits à nous, je
le
répète, si nous ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne le
91
e les a conduits à nous, je le répète, si nous ne
les
prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne le font eux-mêmes, comment
92
ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne
le
font eux-mêmes, comment aurions-nous le droit de nous étonner que, po
93
qu’ils ne le font eux-mêmes, comment aurions-nous
le
droit de nous étonner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu l’
94
le font eux-mêmes, comment aurions-nous le droit
de
nous étonner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu l’habitude
95
nner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu
l’
habitude de délaisser l’Église et de nous abandonner, seuls avec ces b
96
our la plupart, ils prennent peu à peu l’habitude
de
délaisser l’Église et de nous abandonner, seuls avec ces bien-disposé
97
t, ils prennent peu à peu l’habitude de délaisser
l’
Église et de nous abandonner, seuls avec ces bien-disposés et ces timo
98
ent peu à peu l’habitude de délaisser l’Église et
de
nous abandonner, seuls avec ces bien-disposés et ces timorés dont j’a
99
s tromper. Il y avait là un homme, une puissance.
Le
défi de Marx et de Nietzsche était relevé. Le tirage du Römerbrief al
100
r. Il y avait là un homme, une puissance. Le défi
de
Marx et de Nietzsche était relevé. Le tirage du Römerbrief alla au vi
101
it là un homme, une puissance. Le défi de Marx et
de
Nietzsche était relevé. Le tirage du Römerbrief alla au vingtième mil
102
ce. Le défi de Marx et de Nietzsche était relevé.
Le
tirage du Römerbrief alla au vingtième mille. Barth, nommé professeur
103
lla au vingtième mille. Barth, nommé professeur à
l’
Université de Bonn, exerce depuis dix ans une influence qu’on peut qua
104
ème mille. Barth, nommé professeur à l’Université
de
Bonn, exerce depuis dix ans une influence qu’on peut qualifier de rév
105
depuis dix ans une influence qu’on peut qualifier
de
révolutionnaire sur la pensée protestante dans le monde entier. Quel
106
uence qu’on peut qualifier de révolutionnaire sur
la
pensée protestante dans le monde entier. Quel est donc le contenu de
107
de révolutionnaire sur la pensée protestante dans
le
monde entier. Quel est donc le contenu de cette œuvre, où est le secr
108
e protestante dans le monde entier. Quel est donc
le
contenu de cette œuvre, où est le secret de son incomparable virulenc
109
te dans le monde entier. Quel est donc le contenu
de
cette œuvre, où est le secret de son incomparable virulence ? Les ess
110
. Quel est donc le contenu de cette œuvre, où est
le
secret de son incomparable virulence ? Les essais que viennent de tra
111
donc le contenu de cette œuvre, où est le secret
de
son incomparable virulence ? Les essais que viennent de traduire MM.
112
où est le secret de son incomparable virulence ?
Les
essais que viennent de traduire MM. Pierre Maury et A. Lavanchy sous
113
de traduire MM. Pierre Maury et A. Lavanchy sous
le
titre Parole de Dieu et Parole humaine donneraient une idée sinon de
114
Pierre Maury et A. Lavanchy sous le titre Parole
de
Dieu et Parole humaine donneraient une idée sinon de la pensée barthi
115
Dieu et Parole humaine donneraient une idée sinon
de
la pensée barthienne dans son plein développement, du moins de ses th
116
u et Parole humaine donneraient une idée sinon de
la
pensée barthienne dans son plein développement, du moins de ses thème
117
barthienne dans son plein développement, du moins
de
ses thèmes initiaux, de sa « problématique » particulière. Il n’est p
118
n développement, du moins de ses thèmes initiaux,
de
sa « problématique » particulière. Il n’est pas facile de résumer san
119
problématique » particulière. Il n’est pas facile
de
résumer sans la trahir une pensée à ce point hostile à tout système.
120
particulière. Il n’est pas facile de résumer sans
la
trahir une pensée à ce point hostile à tout système. La théologie de
121
hir une pensée à ce point hostile à tout système.
La
théologie de Barth se donne en effet pour une simple « note marginale
122
e à ce point hostile à tout système. La théologie
de
Barth se donne en effet pour une simple « note marginale » à tous les
123
n effet pour une simple « note marginale » à tous
les
systèmes existants. Barth lui-même l’a nommée, avec une sobriété peu
124
e » à tous les systèmes existants. Barth lui-même
l’
a nommée, avec une sobriété peu rassurante, une théologie du correctif
125
théologie du correctif. Disons tout de suite que
les
corrections qu’elle apporte constituent une sérieuse attaque contre t
126
osité. Elles consistent tout d’abord en une série
de
points d’interrogation que Barth place derrière des mots comme religi
127
es consistent tout d’abord en une série de points
d’
interrogation que Barth place derrière des mots comme religion, piété,
128
religion, piété, expérience religieuse, problème
de
Dieu. Il n’en faut pas plus pour que se lèvent de toutes parts de tro
129
faut pas plus pour que se lèvent de toutes parts
de
troublants paradoxes. La Bible nous parle-t-elle de religion ? Ne nou
130
e lèvent de toutes parts de troublants paradoxes.
La
Bible nous parle-t-elle de religion ? Ne nous montre-t-elle pas plutô
131
troublants paradoxes. La Bible nous parle-t-elle
de
religion ? Ne nous montre-t-elle pas plutôt, avec une insistance sign
132
as plutôt, avec une insistance significative, que
les
hommes religieux, prêtres et pharisiens, ont toujours été les premier
133
ns, ont toujours été les premiers à refuser, sous
de
très pieux prétextes, les ordres de la Parole de Dieu ? « Alors que t
134
premiers à refuser, sous de très pieux prétextes,
les
ordres de la Parole de Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui en
135
refuser, sous de très pieux prétextes, les ordres
de
la Parole de Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore, la p
136
user, sous de très pieux prétextes, les ordres de
la
Parole de Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore, la polé
137
de très pieux prétextes, les ordres de la Parole
de
Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore, la polémique de l
138
eu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore,
la
polémique de la “religion” est dirigée contre le monde qui vit sans D
139
que toujours, et aujourd’hui encore, la polémique
de
la “religion” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu, la polém
140
toujours, et aujourd’hui encore, la polémique de
la
“religion” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu, la polémiqu
141
la polémique de la “religion” est dirigée contre
le
monde qui vit sans Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise
142
n” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu,
la
polémique de la Bible au contraire, vise le monde religieux, qu’il so
143
e contre le monde qui vit sans Dieu, la polémique
de
la Bible au contraire, vise le monde religieux, qu’il soit placé sous
144
ontre le monde qui vit sans Dieu, la polémique de
la
Bible au contraire, vise le monde religieux, qu’il soit placé sous le
145
Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise
le
monde religieux, qu’il soit placé sous le signe de Baal ou de Yaveh.
146
e, vise le monde religieux, qu’il soit placé sous
le
signe de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expé
147
e monde religieux, qu’il soit placé sous le signe
de
Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expériences r
148
igieux, qu’il soit placé sous le signe de Baal ou
de
Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expériences religieuses
149
l soit placé sous le signe de Baal ou de Yaveh. »
La
Bible nous parle-t-elle de ces « expériences religieuses » sur lesque
150
de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle
de
ces « expériences religieuses » sur lesquelles les modernes exercent
151
de ces « expériences religieuses » sur lesquelles
les
modernes exercent leurs psychologies et leurs ratiocinations plus ou
152
ins sceptiques, plus ou moins édifiantes ? « Dans
l’
expérience biblique, rien n’est moins important que le mode de l’expér
153
périence biblique, rien n’est moins important que
le
mode de l’expérience. Elle est charge et mission, et non pas but et a
154
biblique, rien n’est moins important que le mode
de
l’expérience. Elle est charge et mission, et non pas but et accomplis
155
blique, rien n’est moins important que le mode de
l’
expérience. Elle est charge et mission, et non pas but et accomplissem
156
logique, elle est élémentaire, à peine consciente
d’
elle-même. » Les prophètes n’ont pas de biographie : « L’homme bibliqu
157
st élémentaire, à peine consciente d’elle-même. »
Les
prophètes n’ont pas de biographie : « L’homme biblique se lève et tom
158
consciente d’elle-même. » Les prophètes n’ont pas
de
biographie : « L’homme biblique se lève et tombe avec sa mission ». I
159
même. » Les prophètes n’ont pas de biographie : «
L’
homme biblique se lève et tombe avec sa mission ». Il y a plus. L’hist
160
se lève et tombe avec sa mission ». Il y a plus.
L’
histoire biblique, loin de mettre en scène le développement d’une « tr
161
lus. L’histoire biblique, loin de mettre en scène
le
développement d’une « tradition » spirituelle, figure la négation abs
162
iblique, loin de mettre en scène le développement
d’
une « tradition » spirituelle, figure la négation absolue de toute his
163
loppement d’une « tradition » spirituelle, figure
la
négation absolue de toute histoire : « Vue d’en haut, c’est une série
164
adition » spirituelle, figure la négation absolue
de
toute histoire : « Vue d’en haut, c’est une série de libres actions d
165
ure la négation absolue de toute histoire : « Vue
d’
en haut, c’est une série de libres actions divines : vue d’en bas, une
166
toute histoire : « Vue d’en haut, c’est une série
de
libres actions divines : vue d’en bas, une série d’essais sans résult
167
, c’est une série de libres actions divines : vue
d’
en bas, une série d’essais sans résultats au cours d’une impossible en
168
libres actions divines : vue d’en bas, une série
d’
essais sans résultats au cours d’une impossible entreprise. » Le chris
169
n bas, une série d’essais sans résultats au cours
d’
une impossible entreprise. » Le christianisme : une impossible entrepr
170
résultats au cours d’une impossible entreprise. »
Le
christianisme : une impossible entreprise. Telle est bien la constata
171
nisme : une impossible entreprise. Telle est bien
la
constatation cruciale que Barth, après Kierkegaard, remet au premier
172
e Barth, après Kierkegaard, remet au premier plan
de
la pensée théologique. C’est de cette situation profondément paradoxa
173
arth, après Kierkegaard, remet au premier plan de
la
pensée théologique. C’est de cette situation profondément paradoxale,
174
t au premier plan de la pensée théologique. C’est
de
cette situation profondément paradoxale, assumée dans sa tragique iro
175
paradoxale, assumée dans sa tragique ironie, que
le
théologien doit avoir conscience, s’il veut parler valablement. Mais
176
ir conscience, s’il veut parler valablement. Mais
de
quoi va-t-il encore pouvoir parler ? Ici le paradoxe devient plus aig
177
Mais de quoi va-t-il encore pouvoir parler ? Ici
le
paradoxe devient plus aigu. Le théologien doit parler de Dieu, son no
178
uvoir parler ? Ici le paradoxe devient plus aigu.
Le
théologien doit parler de Dieu, son nom l’indique. De quel Dieu ? De
179
doxe devient plus aigu. Le théologien doit parler
de
Dieu, son nom l’indique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l
180
aigu. Le théologien doit parler de Dieu, son nom
l’
indique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l’Éternel, alors q
181
héologien doit parler de Dieu, son nom l’indique.
De
quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l’Éternel, alors que nous som
182
parler de Dieu, son nom l’indique. De quel Dieu ?
De
celui que la Bible nomme l’Éternel, alors que nous sommes tout entier
183
u, son nom l’indique. De quel Dieu ? De celui que
la
Bible nomme l’Éternel, alors que nous sommes tout entiers temporels.
184
dique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme
l’
Éternel, alors que nous sommes tout entiers temporels. De celui qui tr
185
el, alors que nous sommes tout entiers temporels.
De
celui qui transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui q
186
mporels. De celui qui transcende toutes nos idées
de
la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne p
187
rels. De celui qui transcende toutes nos idées de
la
transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne peut
188
transcende toutes nos idées de la transcendance.
De
celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne peut aller. Du totalit
189
scendance. De celui qui vient à nous, mais auquel
l’
homme ne peut aller. Du totaliter aliter. Si donc la tâche du théologi
190
homme ne peut aller. Du totaliter aliter. Si donc
la
tâche du théologien est de parler de Dieu, il s’avère qu’en tant qu’h
191
aliter aliter. Si donc la tâche du théologien est
de
parler de Dieu, il s’avère qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car
192
ter. Si donc la tâche du théologien est de parler
de
Dieu, il s’avère qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car parler de
193
ler de Dieu, il s’avère qu’en tant qu’homme il ne
le
peut : « Car parler de Dieu voudrait dire, pour toute conscience séri
194
qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car parler
de
Dieu voudrait dire, pour toute conscience sérieuse… parler de la Paro
195
rait dire, pour toute conscience sérieuse… parler
de
la Parole de Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répé
196
t dire, pour toute conscience sérieuse… parler de
la
Parole de Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répéter
197
ur toute conscience sérieuse… parler de la Parole
de
Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répéter ces quatr
198
conscience sérieuse… parler de la Parole de Dieu,
la
parole où dieu devient homme. Nous pouvons répéter ces quatre mots, m
199
me. Nous pouvons répéter ces quatre mots, mais en
les
répétant, nous n’avons pas dit la parole de Dieu, dans laquelle cette
200
mots, mais en les répétant, nous n’avons pas dit
la
parole de Dieu, dans laquelle cette idée devient une réalité, une vér
201
s en les répétant, nous n’avons pas dit la parole
de
Dieu, dans laquelle cette idée devient une réalité, une vérité. » À l
202
e cette idée devient une réalité, une vérité. » À
la
formule philosophique homo finitus non capax infiniti, Barth répond p
203
homo finitus non capax infiniti, Barth répond par
la
formule chrétienne homo peccator non capax verbi Dei, l’homme pécheur
204
ule chrétienne homo peccator non capax verbi Dei,
l’
homme pécheur n’est pas « capable » de la Parole de Dieu. Ainsi Barth
205
verbi Dei, l’homme pécheur n’est pas « capable »
de
la Parole de Dieu. Ainsi Barth rejoint Calvin, Luther, et au-delà, ju
206
rbi Dei, l’homme pécheur n’est pas « capable » de
la
Parole de Dieu. Ainsi Barth rejoint Calvin, Luther, et au-delà, jusqu
207
’homme pécheur n’est pas « capable » de la Parole
de
Dieu. Ainsi Barth rejoint Calvin, Luther, et au-delà, jusqu’à saint P
208
t connu ce que nous avons à peu près oublié : que
l’
homme n’est pas capable par lui-même de faire le bien, que la foi seul
209
blié : que l’homme n’est pas capable par lui-même
de
faire le bien, que la foi seule lui donne la promesse du salut, que c
210
e l’homme n’est pas capable par lui-même de faire
le
bien, que la foi seule lui donne la promesse du salut, que cette foi
211
st pas capable par lui-même de faire le bien, que
la
foi seule lui donne la promesse du salut, que cette foi n’est pas le
212
même de faire le bien, que la foi seule lui donne
la
promesse du salut, que cette foi n’est pas le couronnement de sa « vi
213
nne la promesse du salut, que cette foi n’est pas
le
couronnement de sa « vie religieuse », mais le don gratuit que Dieu f
214
du salut, que cette foi n’est pas le couronnement
de
sa « vie religieuse », mais le don gratuit que Dieu fait à tout homme
215
as le couronnement de sa « vie religieuse », mais
le
don gratuit que Dieu fait à tout homme qui n’a plus d’autre attente.
216
n gratuit que Dieu fait à tout homme qui n’a plus
d’
autre attente. Qu’on n’aille pas croire cependant que le barthisme est
217
e attente. Qu’on n’aille pas croire cependant que
le
barthisme est un « retour » à quelque orthodoxie, ou par exemple une
218
» à quelque orthodoxie, ou par exemple une sorte
de
pendant protestant au néo-thomisme. Il est avant tout un rappel viole
219
o-thomisme. Il est avant tout un rappel violent à
la
nouveauté éternelle de l’Évangile ; une remise en question radicale e
220
t tout un rappel violent à la nouveauté éternelle
de
l’Évangile ; une remise en question radicale et intime de notre exist
221
out un rappel violent à la nouveauté éternelle de
l’
Évangile ; une remise en question radicale et intime de notre existenc
222
ngile ; une remise en question radicale et intime
de
notre existence devant Dieu. À la suite de Kierkegaard il nous fait v
223
. À la suite de Kierkegaard il nous fait voir que
le
christianisme, c’est l’immédiat, l’instant éternel de la foi, et non
224
ard il nous fait voir que le christianisme, c’est
l’
immédiat, l’instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’homme pi
225
fait voir que le christianisme, c’est l’immédiat,
l’
instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’homme pieux ; un évé
226
hristianisme, c’est l’immédiat, l’instant éternel
de
la foi, et non l’histoire de l’homme pieux ; un événement et non une
227
stianisme, c’est l’immédiat, l’instant éternel de
la
foi, et non l’histoire de l’homme pieux ; un événement et non une cro
228
t l’immédiat, l’instant éternel de la foi, et non
l’
histoire de l’homme pieux ; un événement et non une croyance, une renc
229
t, l’instant éternel de la foi, et non l’histoire
de
l’homme pieux ; un événement et non une croyance, une rencontre perso
230
l’instant éternel de la foi, et non l’histoire de
l’
homme pieux ; un événement et non une croyance, une rencontre personne
231
e, une rencontre personnelle et inconcevable avec
le
Christ, et non point une morale prudente, garantie de bonheur terrest
232
hrist, et non point une morale prudente, garantie
de
bonheur terrestre ou céleste. Car cette rencontre est mortelle à l’ho
233
re ou céleste. Car cette rencontre est mortelle à
l’
homme. Et c’est par là même qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le ga
234
’homme. Et c’est par là même qu’elle lui apporte,
de
l’extérieur, le gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée
235
mme. Et c’est par là même qu’elle lui apporte, de
l’
extérieur, le gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée au
236
par là même qu’elle lui apporte, de l’extérieur,
le
gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée aux « justes »,
237
même qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le gage
de
la résurrection. (La grâce n’est pas accordée aux « justes », mais bi
238
e qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le gage de
la
résurrection. (La grâce n’est pas accordée aux « justes », mais bien
239
rte, de l’extérieur, le gage de la résurrection. (
La
grâce n’est pas accordée aux « justes », mais bien aux condamnés à mo
240
aux « justes », mais bien aux condamnés à mort.)
L’
homme religieux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi à la vie.
241
eux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi à
la
vie. Il meurt de ne pas mourir, selon la parole profondément « dialec
242
à cette mort, se refuse aussi à la vie. Il meurt
de
ne pas mourir, selon la parole profondément « dialectique » de Thérès
243
aussi à la vie. Il meurt de ne pas mourir, selon
la
parole profondément « dialectique » de Thérèse d’Avila. Qu’est-ce don
244
rir, selon la parole profondément « dialectique »
de
Thérèse d’Avila. Qu’est-ce donc en définitive que le point de vue bar
245
Thérèse d’Avila. Qu’est-ce donc en définitive que
le
point de vue barthien ? Une prise au sérieux du fait de Dieu. Dieu n’
246
nt de vue barthien ? Une prise au sérieux du fait
de
Dieu. Dieu n’est pas un problème, n’est pas l’objet de nos recherches
247
it de Dieu. Dieu n’est pas un problème, n’est pas
l’
objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute
248
eu. Dieu n’est pas un problème, n’est pas l’objet
de
nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherch
249
oblème, n’est pas l’objet de nos recherches, mais
le
Sujet de toute existence et de toute recherche. Il est la présupposit
250
’est pas l’objet de nos recherches, mais le Sujet
de
toute existence et de toute recherche. Il est la présupposition de to
251
s recherches, mais le Sujet de toute existence et
de
toute recherche. Il est la présupposition de toute vie, la synthèse q
252
de toute existence et de toute recherche. Il est
la
présupposition de toute vie, la synthèse qui précède éternellement no
253
e et de toute recherche. Il est la présupposition
de
toute vie, la synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos an
254
recherche. Il est la présupposition de toute vie,
la
synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos antithèses, tous
255
éternellement nos thèses et nos antithèses, tous
les
oui et tous les non que nous pouvons dire au monde. L’homme ne reçoit
256
os thèses et nos antithèses, tous les oui et tous
les
non que nous pouvons dire au monde. L’homme ne reçoit son existence v
257
i et tous les non que nous pouvons dire au monde.
L’
homme ne reçoit son existence véritable que dans la parole que Dieu lu
258
’homme ne reçoit son existence véritable que dans
la
parole que Dieu lui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer la
259
le que dans la parole que Dieu lui adresse et qui
le
meut. On a coutume de nommer la pensée de Barth une théologie de la c
260
que Dieu lui adresse et qui le meut. On a coutume
de
nommer la pensée de Barth une théologie de la crise, une théologie di
261
ui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer
la
pensée de Barth une théologie de la crise, une théologie dialectique.
262
et qui le meut. On a coutume de nommer la pensée
de
Barth une théologie de la crise, une théologie dialectique. Elle est
263
outume de nommer la pensée de Barth une théologie
de
la crise, une théologie dialectique. Elle est surtout et avant tout c
264
ume de nommer la pensée de Barth une théologie de
la
crise, une théologie dialectique. Elle est surtout et avant tout cela
265
Elle est surtout et avant tout cela une théologie
de
la parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’humanisme, du piétisme,
266
e est surtout et avant tout cela une théologie de
la
parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’humanisme, du piétisme, du
267
out et avant tout cela une théologie de la parole
de
Dieu. Insuffisance radicale de l’humanisme, du piétisme, du moralisme
268
logie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale
de
l’humanisme, du piétisme, du moralisme, du spiritualisme, de l’histor
269
ie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale de
l’
humanisme, du piétisme, du moralisme, du spiritualisme, de l’historici
270
sme, du piétisme, du moralisme, du spiritualisme,
de
l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l
271
, du piétisme, du moralisme, du spiritualisme, de
l’
historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’œu
272
u moralisme, du spiritualisme, de l’historicisme,
de
tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « to
273
isme, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre
de
l’homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « tout autre ». Distinction r
274
e, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de
l’
homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « tout autre ». Distinction radi
275
tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre
l’
œuvre du Dieu « tout autre ». Distinction radicale entre toutes les pa
276
« tout autre ». Distinction radicale entre toutes
les
paroles humaines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu à l’homme.
277
le entre toutes les paroles humaines sur Dieu, et
la
Parole qui vient de Dieu à l’homme. Universalité du rapport établi en
278
maines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu à
l’
homme. Universalité du rapport établi entre Dieu et l’homme, que l’hom
279
mme. Universalité du rapport établi entre Dieu et
l’
homme, que l’homme le sache ou non, l’accepte ou non ; et par là même
280
lité du rapport établi entre Dieu et l’homme, que
l’
homme le sache ou non, l’accepte ou non ; et par là même caractère ess
281
rapport établi entre Dieu et l’homme, que l’homme
le
sache ou non, l’accepte ou non ; et par là même caractère essentielle
282
tre Dieu et l’homme, que l’homme le sache ou non,
l’
accepte ou non ; et par là même caractère essentiellement profane de l
283
et par là même caractère essentiellement profane
de
la vérité biblique — tels sont les thèmes autour desquels s’organisen
284
par là même caractère essentiellement profane de
la
vérité biblique — tels sont les thèmes autour desquels s’organisent c
285
llement profane de la vérité biblique — tels sont
les
thèmes autour desquels s’organisent ces essais. Est-ce là de la théol
286
utour desquels s’organisent ces essais. Est-ce là
de
la théologie ? C’est plutôt une réflexion puissante et intrépide sur
287
ur desquels s’organisent ces essais. Est-ce là de
la
théologie ? C’est plutôt une réflexion puissante et intrépide sur les
288
t plutôt une réflexion puissante et intrépide sur
les
possibilités et la valeur de l’activité théologique. Barth compare à
289
on puissante et intrépide sur les possibilités et
la
valeur de l’activité théologique. Barth compare à plusieurs reprises
290
te et intrépide sur les possibilités et la valeur
de
l’activité théologique. Barth compare à plusieurs reprises la théolog
291
et intrépide sur les possibilités et la valeur de
l’
activité théologique. Barth compare à plusieurs reprises la théologie
292
é théologique. Barth compare à plusieurs reprises
la
théologie à cette étrange main de Jean Baptiste dans la Crucifixion d
293
sieurs reprises la théologie à cette étrange main
de
Jean Baptiste dans la Crucifixion de Grünewald, cette main énorme qui
294
ologie à cette étrange main de Jean Baptiste dans
la
Crucifixion de Grünewald, cette main énorme qui désigne le Christ en
295
étrange main de Jean Baptiste dans la Crucifixion
de
Grünewald, cette main énorme qui désigne le Christ en croix. La théol
296
ixion de Grünewald, cette main énorme qui désigne
le
Christ en croix. La théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que l
297
cette main énorme qui désigne le Christ en croix.
La
théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que l’indiquer au-delà d’
298
ésigne le Christ en croix. La théologie n’est pas
la
parole. Elle ne peut que l’indiquer au-delà d’elle-même. Nous n’avons
299
a théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que
l’
indiquer au-delà d’elle-même. Nous n’avons rien dit des qualités humai
300
as la parole. Elle ne peut que l’indiquer au-delà
d’
elle-même. Nous n’avons rien dit des qualités humaines de ce livre, de
301
même. Nous n’avons rien dit des qualités humaines
de
ce livre, de son éloquence martelante (que les traducteurs ont fort b
302
avons rien dit des qualités humaines de ce livre,
de
son éloquence martelante (que les traducteurs ont fort bien rendue, e
303
nes de ce livre, de son éloquence martelante (que
les
traducteurs ont fort bien rendue, et la tâche n’était pas facile) ; d
304
nte (que les traducteurs ont fort bien rendue, et
la
tâche n’était pas facile) ; de son réalisme agressif, de cette obstin
305
rt bien rendue, et la tâche n’était pas facile) ;
de
son réalisme agressif, de cette obstination à rechercher le sens réel
306
e n’était pas facile) ; de son réalisme agressif,
de
cette obstination à rechercher le sens réel des mots d’ordre que l’on
307
lisme agressif, de cette obstination à rechercher
le
sens réel des mots d’ordre que l’on va répétant, de cette puissance d
308
on à rechercher le sens réel des mots d’ordre que
l’
on va répétant, de cette puissance de sérieux, de prise au sérieux des
309
sens réel des mots d’ordre que l’on va répétant,
de
cette puissance de sérieux, de prise au sérieux des situations humain
310
d’ordre que l’on va répétant, de cette puissance
de
sérieux, de prise au sérieux des situations humaines telles qu’elles
311
l’on va répétant, de cette puissance de sérieux,
de
prise au sérieux des situations humaines telles qu’elles sont, qui se
312
s sont, qui seule permet un humour souvent rude ;
de
cette puissance critique enfin, au sens le plus créateur du terme, et
313
rude ; de cette puissance critique enfin, au sens
le
plus créateur du terme, et qui met en état de crise toutes nos sécuri
314
ens le plus créateur du terme, et qui met en état
de
crise toutes nos sécurités morales. (Ce n’est qu’à certains degrés de
315
sécurités morales. (Ce n’est qu’à certains degrés
de
tension que la réalité de nos réalités quotidiennes peut être démasqu
316
es. (Ce n’est qu’à certains degrés de tension que
la
réalité de nos réalités quotidiennes peut être démasquée, éprouvée.)
317
st qu’à certains degrés de tension que la réalité
de
nos réalités quotidiennes peut être démasquée, éprouvée.) Une prise f
318
ut être démasquée, éprouvée.) Une prise ferme sur
le
concret, mais en même temps un regard qui dépasse les contingences hu
319
concret, mais en même temps un regard qui dépasse
les
contingences humaines, et qui interroge virilement. Personne n’est pl
320
terroge virilement. Personne n’est plus loin de «
l’
inquiétude » ou de l’emballement. Barth est l’un des hommes les plus s
321
. Personne n’est plus loin de « l’inquiétude » ou
de
l’emballement. Barth est l’un des hommes les plus solides de notre te
322
ersonne n’est plus loin de « l’inquiétude » ou de
l’
emballement. Barth est l’un des hommes les plus solides de notre temps
323
» ou de l’emballement. Barth est l’un des hommes
les
plus solides de notre temps. C’est pour cela qu’il peut poser les que
324
ement. Barth est l’un des hommes les plus solides
de
notre temps. C’est pour cela qu’il peut poser les questions les plus
325
de notre temps. C’est pour cela qu’il peut poser
les
questions les plus gênantes qui soient. ⁂ On l’a bien vu récemment, l
326
s. C’est pour cela qu’il peut poser les questions
les
plus gênantes qui soient. ⁂ On l’a bien vu récemment, lors du conflit
327
les questions les plus gênantes qui soient. ⁂ On
l’
a bien vu récemment, lors du conflit dramatique qui l’a opposé, seul o
328
bien vu récemment, lors du conflit dramatique qui
l’
a opposé, seul ou à peu près, au puissant parti des Chrétiens allemand
329
puissant parti des Chrétiens allemands, fraction
de
l’hitlérisme qui prétend faire main basse sur les églises et utiliser
330
issant parti des Chrétiens allemands, fraction de
l’
hitlérisme qui prétend faire main basse sur les églises et utiliser la
331
de l’hitlérisme qui prétend faire main basse sur
les
églises et utiliser la religion aux fins de la renaissance germanique
332
tend faire main basse sur les églises et utiliser
la
religion aux fins de la renaissance germanique. Alors que la grande m
333
r les églises et utiliser la religion aux fins de
la
renaissance germanique. Alors que la grande majorité des chrétiens d’
334
aux fins de la renaissance germanique. Alors que
la
grande majorité des chrétiens d’Allemagne, rangée derrière les plus f
335
nique. Alors que la grande majorité des chrétiens
d’
Allemagne, rangée derrière les plus fameux docteurs, appuyée par Hitle
336
jorité des chrétiens d’Allemagne, rangée derrière
les
plus fameux docteurs, appuyée par Hitler lui-même et par toute l’opin
337
octeurs, appuyée par Hitler lui-même et par toute
l’
opinion publique, votait la clause aryenne et trahissait sa foi, Barth
338
lui-même et par toute l’opinion publique, votait
la
clause aryenne et trahissait sa foi, Barth s’est dressé dans une prot
339
ge courageux et authentiquement chrétien : il est
le
seul espoir que nous puissions garder dans la restauration spirituell
340
est le seul espoir que nous puissions garder dans
la
restauration spirituelle d’une Allemagne profondément paganisée. Il e
341
puissions garder dans la restauration spirituelle
d’
une Allemagne profondément paganisée. Il est aussi la plus éclatante r
342
ne Allemagne profondément paganisée. Il est aussi
la
plus éclatante réponse à tous ceux qui accusaient la pensée barthienn
343
plus éclatante réponse à tous ceux qui accusaient
la
pensée barthienne d’être purement négative et désespérée. « Ici le pa
344
e à tous ceux qui accusaient la pensée barthienne
d’
être purement négative et désespérée. « Ici le paradoxe joue à plein —
345
nne d’être purement négative et désespérée. « Ici
le
paradoxe joue à plein — écrivait-on à ce propos dans un récent articl
346
écrivait-on à ce propos dans un récent article1 —
la
théologie dialectique de Barth à laquelle on reproche (comme à ceux d
347
ans un récent article1 — la théologie dialectique
de
Barth à laquelle on reproche (comme à ceux de Port-Royal !) d’effraye
348
que de Barth à laquelle on reproche (comme à ceux
de
Port-Royal !) d’effrayer celui qui vient au Christ, peut seule répond
349
quelle on reproche (comme à ceux de Port-Royal !)
d’
effrayer celui qui vient au Christ, peut seule répondre à l’angoisse h
350
celui qui vient au Christ, peut seule répondre à
l’
angoisse humaine, tandis que l’optimisme naturiste, plongeant l’humani
351
t seule répondre à l’angoisse humaine, tandis que
l’
optimisme naturiste, plongeant l’humanité dans un devenir sans issue,
352
aine, tandis que l’optimisme naturiste, plongeant
l’
humanité dans un devenir sans issue, aboutit au désespoir. » 1. Albe
353
désespoir. » 1. Albert Béguin, « Karl Barth et
la
situation de l’Église allemande », Revue d’Allemagne du 15 septembre
354
1. Albert Béguin, « Karl Barth et la situation
de
l’Église allemande », Revue d’Allemagne du 15 septembre 1933. a. Ro
355
1. Albert Béguin, « Karl Barth et la situation de
l’
Église allemande », Revue d’Allemagne du 15 septembre 1933. a. Rouge
356
th et la situation de l’Église allemande », Revue
d’
Allemagne du 15 septembre 1933. a. Rougemont Denis de, « [Compte ren
357
emagne du 15 septembre 1933. a. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Karl Barth, Parole de Dieu et parole humaine », Le
358
ont Denis de, « [Compte rendu] Karl Barth, Parole
de
Dieu et parole humaine », Les Nouvelles littéraires, Paris, 30 décem
359
Karl Barth, Parole de Dieu et parole humaine »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 30 décembre 1933, p. 4. b. Traduit de
360
aires, Paris, 30 décembre 1933, p. 4. b. Traduit
de
l’allemand par Pierre Maury et Alexandre Lavanchy (Éditions “Je sers”
361
es, Paris, 30 décembre 1933, p. 4. b. Traduit de
l’
allemand par Pierre Maury et Alexandre Lavanchy (Éditions “Je sers”) »
362
ury et Alexandre Lavanchy (Éditions “Je sers”) »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, n° 585, 30 décembre 1933, p. 4.
363
D’
un humour romand (24 février 1934)c Le Suisse romand est-il sérieux
364
D’un humour romand (24 février 1934)c
Le
Suisse romand est-il sérieux ? Je crains que mes raisons d’en douter
365
romand est-il sérieux ? Je crains que mes raisons
d’
en douter n’ébranlent guère la solide réputation de gravité qu’on lui
366
ins que mes raisons d’en douter n’ébranlent guère
la
solide réputation de gravité qu’on lui a faite, et qui lui vaut l’est
367
’en douter n’ébranlent guère la solide réputation
de
gravité qu’on lui a faite, et qui lui vaut l’estime des personnes de
368
ion de gravité qu’on lui a faite, et qui lui vaut
l’
estime des personnes de sens. Mais après tout, ne serait-il pas étrang
369
i a faite, et qui lui vaut l’estime des personnes
de
sens. Mais après tout, ne serait-il pas étrange d’apporter des preuve
370
e sens. Mais après tout, ne serait-il pas étrange
d’
apporter des preuves sérieuses de la fantaisie de ce peuple ? Rousseau
371
t-il pas étrange d’apporter des preuves sérieuses
de
la fantaisie de ce peuple ? Rousseau, Madame de Staël, Constant, Vine
372
l pas étrange d’apporter des preuves sérieuses de
la
fantaisie de ce peuple ? Rousseau, Madame de Staël, Constant, Vinet…
373
d’apporter des preuves sérieuses de la fantaisie
de
ce peuple ? Rousseau, Madame de Staël, Constant, Vinet… Cette énuméra
374
dépit du bon sens. Pourquoi ne pas glisser, entre
l’
auteur d’Adolphe et celui des Discours religieux, par exemple, cet exc
375
bon sens. Pourquoi ne pas glisser, entre l’auteur
d’
Adolphe et celui des Discours religieux, par exemple, cet excellent To
376
cet excellent Toepffer dont on peut espérer qu’il
les
faire rire tous les deux ? Je ne songe pas tant aux traditionnelles f
377
er dont on peut espérer qu’il les faire rire tous
les
deux ? Je ne songe pas tant aux traditionnelles farces de père de fam
378
? Je ne songe pas tant aux traditionnelles farces
de
père de famille en liberté dont il assaisonnait ses Voyages en zigzag
379
songe pas tant aux traditionnelles farces de père
de
famille en liberté dont il assaisonnait ses Voyages en zigzag pour am
380
s phrénologues, des herboristes, un lord tout nu,
les
enfants terribles de Monsieur Crépin, et la silhouette élégante du Dr
381
rboristes, un lord tout nu, les enfants terribles
de
Monsieur Crépin, et la silhouette élégante du Dr Festus, toujours si
382
nu, les enfants terribles de Monsieur Crépin, et
la
silhouette élégante du Dr Festus, toujours si digne dans l’adversité,
383
tte élégante du Dr Festus, toujours si digne dans
l’
adversité, bien qu’il lui arrive parfois de pousser « un immense cri e
384
e dans l’adversité, bien qu’il lui arrive parfois
de
pousser « un immense cri en vingt-deux langues ». La satire de Toepff
385
pousser « un immense cri en vingt-deux langues ».
La
satire de Toepffer n’est pas méchante, elle n’est pas même « spiritue
386
un immense cri en vingt-deux langues ». La satire
de
Toepffer n’est pas méchante, elle n’est pas même « spirituelle » ; c’
387
est pas même « spirituelle » ; c’est plutôt, dans
l’
espièglerie la plus folle, un humour apitoyé. Si Toepffer s’attendrit
388
spirituelle » ; c’est plutôt, dans l’espièglerie
la
plus folle, un humour apitoyé. Si Toepffer s’attendrit sur ses bonhom
389
ndrit sur ses bonhommes, n’est-ce pas une manière
de
dégonfler les sentencieux ? Une impeccable dignité bourgeoise ne cess
390
bonhommes, n’est-ce pas une manière de dégonfler
les
sentencieux ? Une impeccable dignité bourgeoise ne cesse d’inspirer l
391
ieux ? Une impeccable dignité bourgeoise ne cesse
d’
inspirer les attitudes de ses héros, en dépit des carambolages du sort
392
impeccable dignité bourgeoise ne cesse d’inspirer
les
attitudes de ses héros, en dépit des carambolages du sort. Il y a don
393
nité bourgeoise ne cesse d’inspirer les attitudes
de
ses héros, en dépit des carambolages du sort. Il y a donc Toepffer. P
394
sur Édouard Rod, qui entrerait difficilement dans
le
cadre de cette étude. Le mince filet d’humour suisse romand rentre so
395
rd Rod, qui entrerait difficilement dans le cadre
de
cette étude. Le mince filet d’humour suisse romand rentre sous terre,
396
erait difficilement dans le cadre de cette étude.
Le
mince filet d’humour suisse romand rentre sous terre, pour éviter Ami
397
ment dans le cadre de cette étude. Le mince filet
d’
humour suisse romand rentre sous terre, pour éviter Amiel. Faut-il dés
398
sous terre, pour éviter Amiel. Faut-il désespérer
de
le revoir jamais ? Mais non, il faut lire d’abord Pierre Girard et Ch
399
s terre, pour éviter Amiel. Faut-il désespérer de
le
revoir jamais ? Mais non, il faut lire d’abord Pierre Girard et Charl
400
d’abord Pierre Girard et Charles-Albert Cingria :
La
Rose de Thuringe et Connaissez mieux le cœur des femmes, de Girard, e
401
Cingria : La Rose de Thuringe et Connaissez mieux
le
cœur des femmes, de Girard, et de Cingria, ce que vous aurez la chanc
402
Thuringe et Connaissez mieux le cœur des femmes,
de
Girard, et de Cingria, ce que vous aurez la chance d’en trouver, une
403
onnaissez mieux le cœur des femmes, de Girard, et
de
Cingria, ce que vous aurez la chance d’en trouver, une note ici ou là
404
mmes, de Girard, et de Cingria, ce que vous aurez
la
chance d’en trouver, une note ici ou là, quelques petits livres à tir
405
irard, et de Cingria, ce que vous aurez la chance
d’
en trouver, une note ici ou là, quelques petits livres à tirage limité
406
tirage limité. N’allez pas croire qu’il s’agisse
d’
auteurs comiques : il s’agit d’abord de poètes. Je crains même de leur
407
l s’agisse d’auteurs comiques : il s’agit d’abord
de
poètes. Je crains même de leur faire du tort en écrivant qu’ils sont
408
ues : il s’agit d’abord de poètes. Je crains même
de
leur faire du tort en écrivant qu’ils sont drôles. (Des gens viennent
409
. En général on est plutôt déçu.) Pour comprendre
l’
humour de Pierre Girard, il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumière
410
ral on est plutôt déçu.) Pour comprendre l’humour
de
Pierre Girard, il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumières de la V
411
d, il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumières
de
la Ville et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris
412
il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumières de
la
Ville et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris, q
413
lot, celui des Lumières de la Ville et du Cirque.
Les
héros de Pierre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans la vie a
414
des Lumières de la Ville et du Cirque. Les héros
de
Pierre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans la vie avec une c
415
lle et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont
de
doux ahuris, qui partent dans la vie avec une conscience pure et des
416
erre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans
la
vie avec une conscience pure et des gants beurre-frais. Ils ne tarden
417
ne jeune femme qui leur fait perdre toute mesure.
Le
monde est plein de malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris de q
418
leur fait perdre toute mesure. Le monde est plein
de
malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris de quoi il s’agit. Il n
419
erdre toute mesure. Le monde est plein de malins,
de
gens qui ont l’air d’avoir compris de quoi il s’agit. Il n’y a plus q
420
monde est plein de malins, de gens qui ont l’air
d’
avoir compris de quoi il s’agit. Il n’y a plus qu’à perpétrer une horr
421
de malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris
de
quoi il s’agit. Il n’y a plus qu’à perpétrer une horrible inconvenanc
422
plus qu’à perpétrer une horrible inconvenance, un
de
ces scandales héroïques qui vous valent l’amour des femmes et quelque
423
ce, un de ces scandales héroïques qui vous valent
l’
amour des femmes et quelque honneur parmi les hommes. Autant de gags c
424
alent l’amour des femmes et quelque honneur parmi
les
hommes. Autant de gags chaplinesques, involontaires, touchants, entra
425
emmes et quelque honneur parmi les hommes. Autant
de
gags chaplinesques, involontaires, touchants, entraînés dans une déri
426
ants, entraînés dans une dérive mélancolique dont
la
source pourrait bien être chez les conteurs romantiques allemands, au
427
lancolique dont la source pourrait bien être chez
les
conteurs romantiques allemands, aussi peut-être dans la musique de Sc
428
teurs romantiques allemands, aussi peut-être dans
la
musique de Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui
429
tiques allemands, aussi peut-être dans la musique
de
Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de
430
ns la musique de Schubert, dans tout ce qui sourd
de
cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre langue, et c’est pour
431
out ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas
de
nom dans notre langue, et c’est pourquoi sans doute elle ne s’y manif
432
ouvants, dont nous rions faute de réflexe appris.
L’
humour du romantique jaillit des échecs du sentiment. Et certes, c’est
433
jaillit des échecs du sentiment. Et certes, c’est
le
sentiment d’abord qui nous retient chez Pierre Girard, cette merveill
434
ierre Girard, cette merveilleuse ingénuité devant
le
printemps et les femmes, cette aisance de l’écriture, sans égale parm
435
tte merveilleuse ingénuité devant le printemps et
les
femmes, cette aisance de l’écriture, sans égale parmi nous, cette mus
436
devant le printemps et les femmes, cette aisance
de
l’écriture, sans égale parmi nous, cette musique d’un cœur qui s’aban
437
vant le printemps et les femmes, cette aisance de
l’
écriture, sans égale parmi nous, cette musique d’un cœur qui s’abandon
438
l’écriture, sans égale parmi nous, cette musique
d’
un cœur qui s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait la qualité
439
i s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait
la
qualité lyrique de l’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans
440
s’accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique
de
l’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuring
441
ccepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de
l’
humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuringe,
442
’est cela qui fait la qualité lyrique de l’humour
de
Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuringe, le récit
443
’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans
la
Rose de Thuringe, le récit du mariage de Virginie présidé par son onc
444
ard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuringe,
le
récit du mariage de Virginie présidé par son oncle âgé de 102 ans («
445
ez, dans la Rose de Thuringe, le récit du mariage
de
Virginie présidé par son oncle âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tou
446
du mariage de Virginie présidé par son oncle âgé
de
102 ans (« Il avait arpenté tous les camps de la guerre de Sécession,
447
son oncle âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tous
les
camps de la guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi
448
âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tous les camps
de
la guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un ga
449
de 102 ans (« Il avait arpenté tous les camps de
la
guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un garço
450
s (« Il avait arpenté tous les camps de la guerre
de
Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un garçon triste q
451
la pas »), et servi par un garçon triste qui perd
le
vol-au-vent, inexplicablement. Tâchez de ne pas rire ; si vous réussi
452
qui perd le vol-au-vent, inexplicablement. Tâchez
de
ne pas rire ; si vous réussissez, soyez tranquilles : vous ne pleurer
453
ne pleurerez pas non plus aux chapitres suivants.
L’
humour de Pierre Girard est bien plus romand que la pompeuse drôlerie
454
rez pas non plus aux chapitres suivants. L’humour
de
Pierre Girard est bien plus romand que la pompeuse drôlerie de Cingri
455
’humour de Pierre Girard est bien plus romand que
la
pompeuse drôlerie de Cingria, lequel n’est Suisse que par accident, j
456
ard est bien plus romand que la pompeuse drôlerie
de
Cingria, lequel n’est Suisse que par accident, j’ose à peine dire par
457
t Suisse que par accident, j’ose à peine dire par
l’
état civil. « Je n’ai pas de passeport ; je n’en ai jamais eu ; s’il d
458
’ose à peine dire par l’état civil. « Je n’ai pas
de
passeport ; je n’en ai jamais eu ; s’il doit être que j’en doive un a
459
que j’en doive un avoir un, je veux qu’il ne soit
de
ceux que j’aie fabriqués moi-même. » Ainsi s’exprime Bruno Pomposo, d
460
prime Bruno Pomposo, dont Cingria, naguère, donna
les
Autobiographies désordonnées. Pomposo, certes ! baroque, poli jusqu’à
461
rdonnées. Pomposo, certes ! baroque, poli jusqu’à
l’
impertinence, jusqu’à la férocité, savant, aimable, macaronique, pétra
462
s ! baroque, poli jusqu’à l’impertinence, jusqu’à
la
férocité, savant, aimable, macaronique, pétrarquisant, musicien, huma
463
ue, pétrarquisant, musicien, humain, enfin maître
d’
un style incomparable de précision et de verve, Cingria est un phénomè
464
ien, humain, enfin maître d’un style incomparable
de
précision et de verve, Cingria est un phénomène dont Claudel, Max Jac
465
in maître d’un style incomparable de précision et
de
verve, Cingria est un phénomène dont Claudel, Max Jacob et Ramuz ont
466
t Claudel, Max Jacob et Ramuz ont su voir et dire
l’
importance, et dont je me contenterai de signaler ici l’humour absolum
467
r et dire l’importance, et dont je me contenterai
de
signaler ici l’humour absolument original. Cingria fit partie du grou
468
rtance, et dont je me contenterai de signaler ici
l’
humour absolument original. Cingria fit partie du groupe des Cahiers v
469
es Cahiers vaudois, réuni autour de Ramuz pendant
la
guerre. (C’est par cela surtout qu’il est Suisse, au mépris de tous l
470
’est par cela surtout qu’il est Suisse, au mépris
de
tous les racismes.) On avait, dans ce groupe, une espèce de mystique
471
cela surtout qu’il est Suisse, au mépris de tous
les
racismes.) On avait, dans ce groupe, une espèce de mystique des objet
472
s racismes.) On avait, dans ce groupe, une espèce
de
mystique des objets, du détail authentique, de l’aspect brut des chos
473
ce de mystique des objets, du détail authentique,
de
l’aspect brut des choses et des mots. Imaginez, dans cette vision du
474
de mystique des objets, du détail authentique, de
l’
aspect brut des choses et des mots. Imaginez, dans cette vision du mon
475
nez, dans cette vision du monde, ce que donnerait
l’
usage d’un style savant et poli, coupé de « véhémences nobles » et de
476
s cette vision du monde, ce que donnerait l’usage
d’
un style savant et poli, coupé de « véhémences nobles » et de triviali
477
onnerait l’usage d’un style savant et poli, coupé
de
« véhémences nobles » et de trivialités qualifiées, et vous aurez une
478
savant et poli, coupé de « véhémences nobles » et
de
trivialités qualifiées, et vous aurez une idée du comique de Cingria.
479
tés qualifiées, et vous aurez une idée du comique
de
Cingria. Un humour romand… Trois auteurs seulement, me dira-t-on ? Tr
480
une invite à naître — une légèreté nouvelle dans
l’
atmosphère de ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire que
481
naître — une légèreté nouvelle dans l’atmosphère
de
ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi l
482
ne légèreté nouvelle dans l’atmosphère de ce pays
de
pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi le pays d’or
483
re de ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès,
de
dire que c’est aussi le pays d’origine de Michel Simon et de Grock. C
484
ues. J’ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi
le
pays d’origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop séri
485
i oublié, exprès, de dire que c’est aussi le pays
d’
origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop sérieux argu
486
exprès, de dire que c’est aussi le pays d’origine
de
Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop sérieux arguments. c
487
c’est aussi le pays d’origine de Michel Simon et
de
Grock. C’étaient là de trop sérieux arguments. c. Rougemont Denis
488
origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là
de
trop sérieux arguments. c. Rougemont Denis de, « D’un humour roman
489
de trop sérieux arguments. c. Rougemont Denis
de
, « D’un humour romand », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 février
490
op sérieux arguments. c. Rougemont Denis de, «
D’
un humour romand », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 février 1934,
491
c. Rougemont Denis de, « D’un humour romand »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 24 février 1934, p. 4.
492
L’
Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)d
493
L’Humanité
de
Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)d M. Max Domi
494
icé (24 mars 1934)d M. Max Dominicé nous donne
L’
Humanité de Jésus d’après Calvin comme un simple commentaire de la pen
495
s 1934)d M. Max Dominicé nous donne L’Humanité
de
Jésus d’après Calvin comme un simple commentaire de la pensée du réfo
496
Jésus d’après Calvin comme un simple commentaire
de
la pensée du réformateur. N’allons pas commenter à notre tour cette g
497
sus d’après Calvin comme un simple commentaire de
la
pensée du réformateur. N’allons pas commenter à notre tour cette glos
498
ée du réformateur. N’allons pas commenter à notre
tour
cette glose. Ce qu’il y a d’ailleurs de plus significatif dans le liv
499
Ce qu’il y a d’ailleurs de plus significatif dans
le
livre, ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé à l’écrire, et q
500
leurs de plus significatif dans le livre, ce sont
les
motifs qui ont poussé M. Dominicé à l’écrire, et qu’il expose en une
501
, ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé à
l’
écrire, et qu’il expose en une vingtaine de pages précises, mesurées,
502
nicé à l’écrire, et qu’il expose en une vingtaine
de
pages précises, mesurées, et convaincantes. Il me semble que cette pr
503
antes. Il me semble que cette préface caractérise
d’
une façon remarquable l’évolution accomplie par toute une génération d
504
cette préface caractérise d’une façon remarquable
l’
évolution accomplie par toute une génération de protestants, celle qui
505
le l’évolution accomplie par toute une génération
de
protestants, celle qui commence à s’exprimer dans des revues comme F
506
à s’exprimer dans des revues comme Foi et Vie ,
Le
Semeur , Hic et Nunc . Si, par ailleurs, ces jeunes théologiens et e
507
, ces jeunes théologiens et essayistes reprennent
le
vocabulaire et certains tours de la pensée de Kierkegaard ou de Karl
508
essayistes reprennent le vocabulaire et certains
tours
de la pensée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’igno
509
istes reprennent le vocabulaire et certains tours
de
la pensée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore
510
es reprennent le vocabulaire et certains tours de
la
pensée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore pas
511
ent le vocabulaire et certains tours de la pensée
de
Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore pas ces influ
512
et certains tours de la pensée de Kierkegaard ou
de
Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore pas ces influences, s’est limit
513
uences, s’est limité dans son étude au calvinisme
le
plus strict. Par là même, il se rend plus directement accessible au l
514
ectement accessible au lecteur français. Essayons
de
marquer les étapes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de c
515
cessible au lecteur français. Essayons de marquer
les
étapes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de ce siècle acc
516
lecteur français. Essayons de marquer les étapes
de
sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de ce siècle accordait à l
517
Essayons de marquer les étapes de sa recherche. ⁂
Le
protestantisme du début de ce siècle accordait à la personne de Jésus
518
pes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début
de
ce siècle accordait à la personne de Jésus une place à juste titre ce
519
protestantisme du début de ce siècle accordait à
la
personne de Jésus une place à juste titre centrale, mais exclusive de
520
sme du début de ce siècle accordait à la personne
de
Jésus une place à juste titre centrale, mais exclusive de toute dogma
521
une place à juste titre centrale, mais exclusive
de
toute dogmatique. « La foi n’est pas une adhésion intellectuelle à de
522
e centrale, mais exclusive de toute dogmatique. «
La
foi n’est pas une adhésion intellectuelle à des doctrines, mais la co
523
une adhésion intellectuelle à des doctrines, mais
la
communion avec le Christ vivant », répétaient les théologiens libérau
524
lectuelle à des doctrines, mais la communion avec
le
Christ vivant », répétaient les théologiens libéraux. La question éta
525
la communion avec le Christ vivant », répétaient
les
théologiens libéraux. La question était ainsi nettement posée : pour
526
st vivant », répétaient les théologiens libéraux.
La
question était ainsi nettement posée : pour devenir chrétien, il fall
527
chrétien, il fallait « rencontrer personnellement
le
Christ ». Mais comment cette rencontre pouvait-elle avoir lieu ? Deux
528
-elle avoir lieu ? Deux voies s’offraient : celle
de
l’histoire et celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’
529
le avoir lieu ? Deux voies s’offraient : celle de
l’
histoire et celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’his
530
voies s’offraient : celle de l’histoire et celle
de
l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’histoire, c’était d’abo
531
ies s’offraient : celle de l’histoire et celle de
l’
expérience religieuse. Prendre la voie de l’histoire, c’était d’abord
532
oire et celle de l’expérience religieuse. Prendre
la
voie de l’histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’homme
533
celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie
de
l’histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’homme Jésus t
534
le de l’expérience religieuse. Prendre la voie de
l’
histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’homme Jésus tel
535
’histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher
de
l’homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais, dit M. Domini
536
stoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de
l’
homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais, dit M. Dominicé,
537
d chercher à s’approcher de l’homme Jésus tel que
le
décrivent les évangiles. Mais, dit M. Dominicé, deux obstacles très g
538
s’approcher de l’homme Jésus tel que le décrivent
les
évangiles. Mais, dit M. Dominicé, deux obstacles très graves se dress
539
ves se dressaient aussitôt. Le premier, c’étaient
les
miracles. Aussi bien, se méfiait-on de plus en plus de ces miracles,
540
racles. Aussi bien, se méfiait-on de plus en plus
de
ces miracles, pour s’attacher au seul caractère de Jésus. Mais alors,
541
e ces miracles, pour s’attacher au seul caractère
de
Jésus. Mais alors, n’était-ce pas un abus de langage que de prétendre
542
tère de Jésus. Mais alors, n’était-ce pas un abus
de
langage que de prétendre voir une personne morale dont on récusait pa
543
Mais alors, n’était-ce pas un abus de langage que
de
prétendre voir une personne morale dont on récusait par avance les ac
544
r une personne morale dont on récusait par avance
les
actes caractéristiques ? N’était-ce point là selon le mot de Théodore
545
ctes caractéristiques ? N’était-ce point là selon
le
mot de Théodore Flournoy, tenter de « faire une guirlande en mettant
546
ractéristiques ? N’était-ce point là selon le mot
de
Théodore Flournoy, tenter de « faire une guirlande en mettant bout à
547
oint là selon le mot de Théodore Flournoy, tenter
de
« faire une guirlande en mettant bout à bout des fleurs des champs et
548
t bout à bout des fleurs des champs et des fleurs
de
rhétorique ? » Ce Jésus « reconstitué » par les historiens négateurs
549
rs de rhétorique ? » Ce Jésus « reconstitué » par
les
historiens négateurs du surnaturel, M. Dominicé n’a pas de peine à mo
550
iens négateurs du surnaturel, M. Dominicé n’a pas
de
peine à montrer qu’il devenait « foncièrement irréel et sans intérêt
551
el et sans intérêt ». À mesure qu’elle humanisait
le
Christ sous prétexte de nous rapprocher de lui, l’histoire prêtait un
552
nisait le Christ sous prétexte de nous rapprocher
de
lui, l’histoire prêtait une réalité insurmontable aux dix-neuf siècle
553
e Christ sous prétexte de nous rapprocher de lui,
l’
histoire prêtait une réalité insurmontable aux dix-neuf siècles qui no
554
urmontable aux dix-neuf siècles qui nous séparent
de
l’Évangile. Du même coup, l’expérience religieuse, dialogue vivant av
555
ontable aux dix-neuf siècles qui nous séparent de
l’
Évangile. Du même coup, l’expérience religieuse, dialogue vivant avec
556
es qui nous séparent de l’Évangile. Du même coup,
l’
expérience religieuse, dialogue vivant avec le Christ des évangiles, s
557
up, l’expérience religieuse, dialogue vivant avec
le
Christ des évangiles, se réduisait à une contemplation de sa vie. Dan
558
t des évangiles, se réduisait à une contemplation
de
sa vie. Dans cette difficulté, le jeune théologien interroge Calvin.
559
e contemplation de sa vie. Dans cette difficulté,
le
jeune théologien interroge Calvin. Que trouve-t-il ? Des arguments, u
560
us sait tout incapables par nous-mêmes — mais sur
l’
amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient à nous, impies, non poin
561
tout incapables par nous-mêmes — mais sur l’amour
de
Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient à nous, impies, non point nous q
562
Dieu qui vient à nous, impies, non point nous qui
le
rencontrons au terme d’une pieuse « élévation ». Et c’est le mystère
563
mpies, non point nous qui le rencontrons au terme
d’
une pieuse « élévation ». Et c’est le mystère du Dieu-homme (du Christ
564
ons au terme d’une pieuse « élévation ». Et c’est
le
mystère du Dieu-homme (du Christ-Jésus) hors duquel toute communion e
565
quel toute communion est impossible. Mystère dont
l’
Évangile répète plusieurs fois : « Heureux celui qui ne s’en scandalis
566
per aux faux problèmes du modernisme et revenir à
l’
orthodoxie réformée. Non point comme on revient aux solutions toutes f
567
olutions toutes faites : plutôt comme on retrouve
la
véritable et profonde acuité d’une dialectique à résoudre en actes. C
568
comme on retrouve la véritable et profonde acuité
d’
une dialectique à résoudre en actes. C’est l’un des traits les plus fr
569
ctique à résoudre en actes. C’est l’un des traits
les
plus frappants du Calvin commentateur des évangiles, tel que nous le
570
u Calvin commentateur des évangiles, tel que nous
le
restitue M. Dominicé, que cette insistance à mettre en lumière le « s
571
ominicé, que cette insistance à mettre en lumière
le
« scandale de Jésus » à seule fin de nous « enseigner à révérence ».
572
ette insistance à mettre en lumière le « scandale
de
Jésus » à seule fin de nous « enseigner à révérence ». On peut dire d
573
e en lumière le « scandale de Jésus » à seule fin
de
nous « enseigner à révérence ». On peut dire dans ce sens que l’exégè
574
gner à révérence ». On peut dire dans ce sens que
l’
exégèse de Calvin est toute didactique : elle veut sans cesse transfor
575
érence ». On peut dire dans ce sens que l’exégèse
de
Calvin est toute didactique : elle veut sans cesse transformer nos qu
576
cesse transformer nos questions en questions que
le
texte sacré nous adresse. Tout au contraire du critique moderne, qui
577
e, Calvin n’admet et ne pratique qu’une « exégèse
d’
obéissance » — il se laisse juger par le texte. On ne saurait imaginer
578
« exégèse d’obéissance » — il se laisse juger par
le
texte. On ne saurait imaginer rien de plus opposé au trop fameux « li
579
plus opposé au trop fameux « libre examen » dont
les
rationalistes ont voulu faire l’apanage du protestantisme. L’ouvrage
580
e examen » dont les rationalistes ont voulu faire
l’
apanage du protestantisme. L’ouvrage de M. Dominicé s’inspire évidemme
581
stes ont voulu faire l’apanage du protestantisme.
L’
ouvrage de M. Dominicé s’inspire évidemment des mêmes principes exégét
582
oulu faire l’apanage du protestantisme. L’ouvrage
de
M. Dominicé s’inspire évidemment des mêmes principes exégétiques. Cer
583
idemment des mêmes principes exégétiques. Certes,
l’
auteur n’est pas de ceux qui conçoivent le commentaire comme une effer
584
principes exégétiques. Certes, l’auteur n’est pas
de
ceux qui conçoivent le commentaire comme une effervescence lyrique au
585
Certes, l’auteur n’est pas de ceux qui conçoivent
le
commentaire comme une effervescence lyrique autour d’un texte. Son su
586
ommentaire comme une effervescence lyrique autour
d’
un texte. Son sujet d’ailleurs s’y prête peu. Mais on regrette parfois
587
qu’il suive à pas si prudents son modèle, et que
l’
admiration que lui inspire Calvin s’exprime en termes aussi respectueu
588
t pas moins vrai que Calvin sut parler un langage
d’
une verdeur assez peu sorbonnique. Max Dominicé ne sera pas le dernier
589
ne sera pas le dernier à souhaiter avec nous que
le
retour des doctrines du xvie siècle renouvelle jusque dans le style
590
doctrines du xvie siècle renouvelle jusque dans
le
style la verve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de, « [
591
s du xvie siècle renouvelle jusque dans le style
la
verve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de, « [Compte re
592
enouvelle jusque dans le style la verve créatrice
de
la Réforme. d. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Max Dominicé,
593
uvelle jusque dans le style la verve créatrice de
la
Réforme. d. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Max Dominicé, L’H
594
ve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Max Dominicé, L’Humanité de Jésus d’après Calvin »
595
ougemont Denis de, « [Compte rendu] Max Dominicé,
L’
Humanité de Jésus d’après Calvin », Les Nouvelles littéraires, Paris,
596
nis de, « [Compte rendu] Max Dominicé, L’Humanité
de
Jésus d’après Calvin », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 mars 19
597
Dominicé, L’Humanité de Jésus d’après Calvin »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 24 mars 1934, p. 4.
598
Quelques œuvres et une biographie
de
Kierkegaard (26 mai 1934)e On rêverait, parfois, d’un protocole d’
599
erkegaard (26 mai 1934)e On rêverait, parfois,
d’
un protocole d’introduction des grands génies de l’étranger dans la cu
600
ai 1934)e On rêverait, parfois, d’un protocole
d’
introduction des grands génies de l’étranger dans la culture de ce pay
601
, d’un protocole d’introduction des grands génies
de
l’étranger dans la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de
602
’un protocole d’introduction des grands génies de
l’
étranger dans la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’
603
introduction des grands génies de l’étranger dans
la
culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de Kie
604
n des grands génies de l’étranger dans la culture
de
ce pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de Kierkegaard eu
605
génies de l’étranger dans la culture de ce pays.
La
présentation d’un esprit de l’envergure de Kierkegaard eut légitimé,
606
anger dans la culture de ce pays. La présentation
d’
un esprit de l’envergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la
607
a culture de ce pays. La présentation d’un esprit
de
l’envergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de
608
ulture de ce pays. La présentation d’un esprit de
l’
envergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de ce
609
pays. La présentation d’un esprit de l’envergure
de
Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de cet Office et
610
ergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule,
la
création de cet Office et ses soins les plus diligents. Que d’impairs
611
erkegaard eut légitimé, à elle seule, la création
de
cet Office et ses soins les plus diligents. Que d’impairs n’a-t-on pa
612
lle seule, la création de cet Office et ses soins
les
plus diligents. Que d’impairs n’a-t-on pas commis à l’endroit de ce r
613
e cet Office et ses soins les plus diligents. Que
d’
impairs n’a-t-on pas commis à l’endroit de ce revenant du xixe siècle
614
siècle, depuis quelques années qu’on nous parle
de
lui dans les revues philosophiques et littéraires ! Probablement, il
615
puis quelques années qu’on nous parle de lui dans
les
revues philosophiques et littéraires ! Probablement, il s’en fût amus
616
ement, il s’en fût amusé : tout ce qui touchait à
l’
opinion publique était pour lui bien proche de la mystification. Il eu
617
l’opinion publique était pour lui bien proche de
la
mystification. Il eut peut-être ri de se voir présenté tantôt comme a
618
n proche de la mystification. Il eut peut-être ri
de
se voir présenté tantôt comme anarchiste et pourfendeur de prêtres, t
619
r présenté tantôt comme anarchiste et pourfendeur
de
prêtres, tantôt comme réactionnaire de stricte observance, dogmatique
620
ourfendeur de prêtres, tantôt comme réactionnaire
de
stricte observance, dogmatique ; ici comme individualiste forcené, là
621
tre du « fascisme français » ! (au camarade Nizan
l’
honneur de la trouvaille.) Mais il eût certainement protesté contre un
622
ascisme français » ! (au camarade Nizan l’honneur
de
la trouvaille.) Mais il eût certainement protesté contre une erreur q
623
isme français » ! (au camarade Nizan l’honneur de
la
trouvaille.) Mais il eût certainement protesté contre une erreur qui
624
ment protesté contre une erreur qui ne relève pas
de
l’interprétation partisane, mais d’un simple défaut d’information, et
625
t protesté contre une erreur qui ne relève pas de
l’
interprétation partisane, mais d’un simple défaut d’information, et qu
626
ne relève pas de l’interprétation partisane, mais
d’
un simple défaut d’information, et qui consiste à faire de lui une esp
627
interprétation partisane, mais d’un simple défaut
d’
information, et qui consiste à faire de lui une espèce de psychologue
628
ple défaut d’information, et qui consiste à faire
de
lui une espèce de psychologue nihiliste, un esthète retors et tourmen
629
mation, et qui consiste à faire de lui une espèce
de
psychologue nihiliste, un esthète retors et tourmenté, l’ancêtre du g
630
ologue nihiliste, un esthète retors et tourmenté,
l’
ancêtre du gidisme et de l’« inquiétude » littéraire. Kierkegaard, ava
631
hète retors et tourmenté, l’ancêtre du gidisme et
de
l’« inquiétude » littéraire. Kierkegaard, avant tout, est un chrétien
632
e retors et tourmenté, l’ancêtre du gidisme et de
l’
« inquiétude » littéraire. Kierkegaard, avant tout, est un chrétien ;
633
chrétien ; un chrétien peu rassurant, certes, et
d’
une trempe exceptionnelle ; mais non pas un inquiet au sens moderne, e
634
lle ; mais non pas un inquiet au sens moderne, et
le
contraire d’un esthète. Comme Nietzsche, avec lequel il a pas mal de
635
n pas un inquiet au sens moderne, et le contraire
d’
un esthète. Comme Nietzsche, avec lequel il a pas mal de traits commun
636
sthète. Comme Nietzsche, avec lequel il a pas mal
de
traits communs, Kierkegaard nous laisse un ouvrage d’autocritique2 où
637
raits communs, Kierkegaard nous laisse un ouvrage
d’
autocritique2 où il dégage le sens général de son œuvre. On peut y lir
638
us laisse un ouvrage d’autocritique2 où il dégage
le
sens général de son œuvre. On peut y lire ceci, en matière d’introduc
639
rage d’autocritique2 où il dégage le sens général
de
son œuvre. On peut y lire ceci, en matière d’introduction : « Je suis
640
ral de son œuvre. On peut y lire ceci, en matière
d’
introduction : « Je suis et j’ai toujours été un auteur religieux ; to
641
comment peut-on devenir chrétien ? » Car, enfin,
l’
on ne naît pas chrétien. Des quelques œuvres traduites jusqu’ici, un p
642
es traduites jusqu’ici, un peu au hasard, il faut
l’
avouer, le Traité du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale, la
643
es jusqu’ici, un peu au hasard, il faut l’avouer,
le
Traité du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale, la plus révél
644
d, il faut l’avouer, le Traité du désespoir 3 est
de
beaucoup la plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi la plus pr
645
’avouer, le Traité du désespoir 3 est de beaucoup
la
plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi la plus propre à créer
646
du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale,
la
plus révélatrice, mais aussi la plus propre à créer du malentendu. Le
647
la plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi
la
plus propre à créer du malentendu. Le titre même, que lui a donné le
648
mais aussi la plus propre à créer du malentendu.
Le
titre même, que lui a donné le traducteur, prête à certaines confusio
649
éer du malentendu. Le titre même, que lui a donné
le
traducteur, prête à certaines confusions : l’œuvre, en danois, s’appe
650
nné le traducteur, prête à certaines confusions :
l’
œuvre, en danois, s’appelle La Maladie mortelle, et cette maladie, c’e
651
taines confusions : l’œuvre, en danois, s’appelle
La
Maladie mortelle, et cette maladie, c’est le péché. L’impitoyable maî
652
elle La Maladie mortelle, et cette maladie, c’est
le
péché. L’impitoyable maîtrise que Kierkegaard apporte dans l’analyse
653
ladie mortelle, et cette maladie, c’est le péché.
L’
impitoyable maîtrise que Kierkegaard apporte dans l’analyse psychologi
654
impitoyable maîtrise que Kierkegaard apporte dans
l’
analyse psychologique du désespoir, considéré comme une maladie univer
655
maladie universelle ne doit pas nous tromper sur
le
dessein du livre. Nul romantisme dans cette analyse, aucune exaltatio
656
romantisme dans cette analyse, aucune exaltation
de
nos démons obscurs. Au fond du désespoir, et quelles que soient les f
657
curs. Au fond du désespoir, et quelles que soient
les
formes qu’il revête, du spleen banal jusqu’au péché contre l’esprit,
658
’il revête, du spleen banal jusqu’au péché contre
l’
esprit, jusqu’au refus d’être sauvé, il y a toujours une révolte de l’
659
al jusqu’au péché contre l’esprit, jusqu’au refus
d’
être sauvé, il y a toujours une révolte de l’homme contre sa condition
660
u refus d’être sauvé, il y a toujours une révolte
de
l’homme contre sa condition telle que Dieu l’a voulue, une négation d
661
efus d’être sauvé, il y a toujours une révolte de
l’
homme contre sa condition telle que Dieu l’a voulue, une négation du p
662
lte de l’homme contre sa condition telle que Dieu
l’
a voulue, une négation du paradoxe de l’Amour. L’universalité du déses
663
lle que Dieu l’a voulue, une négation du paradoxe
de
l’Amour. L’universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de c
664
que Dieu l’a voulue, une négation du paradoxe de
l’
Amour. L’universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de cett
665
l’a voulue, une négation du paradoxe de l’Amour.
L’
universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de cette œuvre,
666
de l’Amour. L’universalité du désespoir, qui est
la
thèse maîtresse de cette œuvre, conduirait l’homme au nihilisme absol
667
ersalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse
de
cette œuvre, conduirait l’homme au nihilisme absolu : mais ce péril e
668
est la thèse maîtresse de cette œuvre, conduirait
l’
homme au nihilisme absolu : mais ce péril est tout imaginaire. Car seu
669
lu : mais ce péril est tout imaginaire. Car seule
la
connaissance du salut promis par le Christ peut nous amener à l’aveu
670
re. Car seule la connaissance du salut promis par
le
Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition. Ai
671
du salut promis par le Christ peut nous amener à
l’
aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, conna
672
ut promis par le Christ peut nous amener à l’aveu
de
la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît tout
673
promis par le Christ peut nous amener à l’aveu de
la
réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute l
674
le Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité
de
notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère de
675
à l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi,
le
chrétien, seul, connaît toute la misère de l’homme : elle lui est rév
676
ondition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute
la
misère de l’homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂
677
Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère
de
l’homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂ La lecture
678
si, le chrétien, seul, connaît toute la misère de
l’
homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂ La lecture du
679
e la misère de l’homme : elle lui est révélée par
l’
Évangile qui sauve. ⁂ La lecture du Traité n’est pas des plus aisées.
680
elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂
La
lecture du Traité n’est pas des plus aisées. Les termes hégéliens qui
681
⁂ La lecture du Traité n’est pas des plus aisées.
Les
termes hégéliens qui abondent dans les premiers chapitres donnent à c
682
rence abstraite qui contraste singulièrement avec
le
réalisme brutal du sujet. Que le lecteur, pourtant, ne se laisse poin
683
gulièrement avec le réalisme brutal du sujet. Que
le
lecteur, pourtant, ne se laisse point arrêter par des définitions don
684
se laisse point arrêter par des définitions dont
la
substance, tôt après, se révèle admirablement concrète. Le génie fami
685
nce, tôt après, se révèle admirablement concrète.
Le
génie familier et ironique de Kierkegaard a créé dans cette œuvre une
686
rablement concrète. Le génie familier et ironique
de
Kierkegaard a créé dans cette œuvre une abondance d’illustrations ino
687
Kierkegaard a créé dans cette œuvre une abondance
d’
illustrations inoubliables. Par ailleurs, cette descente aux enfers de
688
bliables. Par ailleurs, cette descente aux enfers
de
notre âme fait songer à Dostoïevski. Dans La Répétition 4, on trouver
689
fers de notre âme fait songer à Dostoïevski. Dans
La
Répétition 4, on trouvera confondus le poète, le philosophe, l’ironis
690
vski. Dans La Répétition 4, on trouvera confondus
le
poète, le philosophe, l’ironiste et le théologien. Kierkegaard nous m
691
La Répétition 4, on trouvera confondus le poète,
le
philosophe, l’ironiste et le théologien. Kierkegaard nous montre un h
692
4, on trouvera confondus le poète, le philosophe,
l’
ironiste et le théologien. Kierkegaard nous montre un homme aux prises
693
confondus le poète, le philosophe, l’ironiste et
le
théologien. Kierkegaard nous montre un homme aux prises avec un probl
694
problème sentimental douloureux, et qui cherche à
le
résoudre, d’abord par le plaisir, dans ses formes supérieures, puis p
695
oureux, et qui cherche à le résoudre, d’abord par
le
plaisir, dans ses formes supérieures, puis par la sagesse morale cour
696
le plaisir, dans ses formes supérieures, puis par
la
sagesse morale courante. L’un et l’autre le conduisent à des impasses
697
s par la sagesse morale courante. L’un et l’autre
le
conduisent à des impasses tragiques ; mais voici que Dieu intervient,
698
tragiques ; mais voici que Dieu intervient, avec
la
réponse terrible faite à Job. Et ce sont alors d’étranges et magnifiq
699
la réponse terrible faite à Job. Et ce sont alors
d’
étranges et magnifiques lettres sur la détresse humaine devant Dieu, q
700
sont alors d’étranges et magnifiques lettres sur
la
détresse humaine devant Dieu, que le héros adresse à « son muet confi
701
lettres sur la détresse humaine devant Dieu, que
le
héros adresse à « son muet confident », l’auteur. Peut-être avons-nou
702
u, que le héros adresse à « son muet confident »,
l’
auteur. Peut-être avons-nous ici les pages les plus éloquentes et les
703
t confident », l’auteur. Peut-être avons-nous ici
les
pages les plus éloquentes et les plus irréfutables d’un penseur qui s
704
t », l’auteur. Peut-être avons-nous ici les pages
les
plus éloquentes et les plus irréfutables d’un penseur qui sut devance
705
e avons-nous ici les pages les plus éloquentes et
les
plus irréfutables d’un penseur qui sut devancer tous les problèmes de
706
ages les plus éloquentes et les plus irréfutables
d’
un penseur qui sut devancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton
707
s irréfutables d’un penseur qui sut devancer tous
les
problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invecti
708
d’un penseur qui sut devancer tous les problèmes
de
notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invective prophétiqu
709
sut devancer tous les problèmes de notre siècle.
Le
ton s’y élève à la hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi,
710
les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à
la
hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi, l’Éternel ne craint
711
es de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur
de
l’invective prophétique : Plains-toi, l’Éternel ne craint rien, il p
712
de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de
l’
invective prophétique : Plains-toi, l’Éternel ne craint rien, il peut
713
hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi,
l’
Éternel ne craint rien, il peut bien se défendre ; mais comment le pou
714
int rien, il peut bien se défendre ; mais comment
le
pourrait-il quand personne n’ose se plaindre comme il sied à un homme
715
plaindre comme il sied à un homme ? Parle, élève
la
voix, parle fort, Dieu peut bien parler plus fort, lui qui dispose du
716
rler plus fort, lui qui dispose du tonnerre. Mais
le
tonnerre est une réponse, une explication certaine, digne de foi, de
717
est une réponse, une explication certaine, digne
de
foi, de première source, une réponse de Dieu, qui, même si elle foudr
718
réponse, une explication certaine, digne de foi,
de
première source, une réponse de Dieu, qui, même si elle foudroie, est
719
ne, digne de foi, de première source, une réponse
de
Dieu, qui, même si elle foudroie, est plus magnifique que les comméra
720
i, même si elle foudroie, est plus magnifique que
les
commérages et les potins sur la justice de la Providence inventés par
721
udroie, est plus magnifique que les commérages et
les
potins sur la justice de la Providence inventés par la sagesse humain
722
s magnifique que les commérages et les potins sur
la
justice de la Providence inventés par la sagesse humaine et colportés
723
e que les commérages et les potins sur la justice
de
la Providence inventés par la sagesse humaine et colportés par de vie
724
ue les commérages et les potins sur la justice de
la
Providence inventés par la sagesse humaine et colportés par de vieill
725
tins sur la justice de la Providence inventés par
la
sagesse humaine et colportés par de vieilles bavardes et des eunuques
726
inventés par la sagesse humaine et colportés par
de
vieilles bavardes et des eunuques ! Nous voici plus près de Shakespe
727
rès de Shakespeare que du piétisme sentimental et
de
l’unctio spiritualis des dévots… Mais plus près de Luther, aussi. Je
728
de Shakespeare que du piétisme sentimental et de
l’
unctio spiritualis des dévots… Mais plus près de Luther, aussi. Je me
729
no veritas 5. Non point que cet ouvrage ne mérite
d’
être lu par tous les amateurs de grand lyrisme intellectuel (le style
730
oint que cet ouvrage ne mérite d’être lu par tous
les
amateurs de grand lyrisme intellectuel (le style admirable de ces pag
731
ouvrage ne mérite d’être lu par tous les amateurs
de
grand lyrisme intellectuel (le style admirable de ces pages a été ren
732
tous les amateurs de grand lyrisme intellectuel (
le
style admirable de ces pages a été rendu aussi bien qu’il était possi
733
de grand lyrisme intellectuel (le style admirable
de
ces pages a été rendu aussi bien qu’il était possible par le traducte
734
s a été rendu aussi bien qu’il était possible par
le
traducteur). Mais il ne s’agit là que du premier volet d’un triptyque
735
cteur). Mais il ne s’agit là que du premier volet
d’
un triptyque dont il nous faut attendre les deux autres parties pour s
736
r volet d’un triptyque dont il nous faut attendre
les
deux autres parties pour saisir la pleine signification. On trouvera,
737
faut attendre les deux autres parties pour saisir
la
pleine signification. On trouvera, d’ailleurs, une analyse détaillée
738
d’ailleurs, une analyse détaillée des Stades sur
le
chemin de la vie, dont In Vino Veritas constitue l’introduction, dans
739
s, une analyse détaillée des Stades sur le chemin
de
la vie, dont In Vino Veritas constitue l’introduction, dans l’étude b
740
une analyse détaillée des Stades sur le chemin de
la
vie, dont In Vino Veritas constitue l’introduction, dans l’étude biog
741
chemin de la vie, dont In Vino Veritas constitue
l’
introduction, dans l’étude biographique et critique de Carl Koch6, qui
742
nt In Vino Veritas constitue l’introduction, dans
l’
étude biographique et critique de Carl Koch6, qui vient combler la plu
743
troduction, dans l’étude biographique et critique
de
Carl Koch6, qui vient combler la plus grave lacune de la littérature
744
ique et critique de Carl Koch6, qui vient combler
la
plus grave lacune de la littérature kierkegaardienne en France. On ne
745
arl Koch6, qui vient combler la plus grave lacune
de
la littérature kierkegaardienne en France. On ne saurait trop insiste
746
Koch6, qui vient combler la plus grave lacune de
la
littérature kierkegaardienne en France. On ne saurait trop insister s
747
dienne en France. On ne saurait trop insister sur
l’
utilité de ce livre. Il rendra vaines, désormais, les introductions qu
748
France. On ne saurait trop insister sur l’utilité
de
ce livre. Il rendra vaines, désormais, les introductions que les diff
749
utilité de ce livre. Il rendra vaines, désormais,
les
introductions que les différents traducteurs nous ont prodiguées jusq
750
l rendra vaines, désormais, les introductions que
les
différents traducteurs nous ont prodiguées jusqu’ici avec autant de s
751
ucteurs nous ont prodiguées jusqu’ici avec autant
de
science que de conscience, mais qui se répétaient fastidieusement. Su
752
t prodiguées jusqu’ici avec autant de science que
de
conscience, mais qui se répétaient fastidieusement. Surtout, il situe
753
ieusement. Surtout, il situera, définitivement je
l’
espère, la perspective dans laquelle il faut considérer l’ensemble des
754
Surtout, il situera, définitivement je l’espère,
la
perspective dans laquelle il faut considérer l’ensemble des écrits de
755
, la perspective dans laquelle il faut considérer
l’
ensemble des écrits de Kierkegaard, et qui est celle du Point de vue e
756
laquelle il faut considérer l’ensemble des écrits
de
Kierkegaard, et qui est celle du Point de vue explicatif. Le livre de
757
ard, et qui est celle du Point de vue explicatif.
Le
livre de Carl Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer
758
ui est celle du Point de vue explicatif. Le livre
de
Carl Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkega
759
oint de vue explicatif. Le livre de Carl Koch est
la
démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chréti
760
catif. Le livre de Carl Koch est la démonstration
de
l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu s
761
if. Le livre de Carl Koch est la démonstration de
l’
emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu susp
762
Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu suspect
de
complaisance pour les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la
763
hrétien sincère, peu suspect de complaisance pour
les
subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la tête philosophique. Ce
764
r les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas
la
tête philosophique. Cette monographie est à la fois la plus objective
765
te philosophique. Cette monographie est à la fois
la
plus objective et la plus sympathique qu’un « honnête homme » peut es
766
te monographie est à la fois la plus objective et
la
plus sympathique qu’un « honnête homme » peut espérer. Du mélange d’h
767
qu’un « honnête homme » peut espérer. Du mélange
d’
humour et d’angoisse insondable qui nous bouleverse à la lecture des S
768
nête homme » peut espérer. Du mélange d’humour et
d’
angoisse insondable qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on tr
769
ur et d’angoisse insondable qui nous bouleverse à
la
lecture des Stades, on trouvera ici l’exposé judicieux, parfois même
770
uleverse à la lecture des Stades, on trouvera ici
l’
exposé judicieux, parfois même bonhomique : ce n’est pas le moindre pi
771
judicieux, parfois même bonhomique : ce n’est pas
le
moindre piquant du livre. Fallait-il souhaiter à Kierkegaard une intr
772
egaard une introduction plus systématique ? Je ne
le
pense pas. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vient nou
773
vient nous dire, en toute simplicité, qu’il a vu
l’
événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira sans peine
774
’événement, et qu’il en est encore tout remué. On
le
croira sans peine : il n’a pas l’air d’avoir pu inventer ce qu’il rac
775
remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’air
d’
avoir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or,
776
ir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie
d’
aller voir. Or, je tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que
777
ens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que
d’
aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du danois prophétique, ressusc
778
t pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans
l’
œuvre du danois prophétique, ressuscité par l’angoisse moderne. Koch n
779
ans l’œuvre du danois prophétique, ressuscité par
l’
angoisse moderne. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple chez
780
i n’est pas simple chez Kierkegaard. Mais il a su
le
décrire clairement et fidèlement, sans pédantisme et sans littérature
781
ra. 2. Point de vue explicatif sur ma carrière
d’
auteur, non traduit. 3. Trad. J. Gateau et K. Ferlov. Gallimard, coll
782
Trad. J. Gateau et K. Ferlov. Gallimard, collec.
Les
Essais. 4. Trad. P.-H. Tisseau (Alcan). 5. Trad. A. Babelon et C. L
783
Trad. A. Babelon et C. Lund (Éditions Cavalier).
Le
même ouvrage vient de paraître chez Alcan, traduit par P.-H. Tisseau,
784
P.-H. Tisseau, sous ce titre d’ailleurs inexact :
Le
Banquet. 6. Søren Kierkegaard, traduit du danois par A. Nicolet et
785
nson (Éditions « Je sers »). e. Rougemont Denis
de
, « Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard », Les Nouvelles
786
ont Denis de, « Quelques œuvres et une biographie
de
Kierkegaard », Les Nouvelles littéraires, Paris, 26 mai 1934, p. 3.
787
elques œuvres et une biographie de Kierkegaard »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 26 mai 1934, p. 3.
788
Le
mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)f Le « Mouvement des G
789
mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)f
Le
« Mouvement des Groupes », ou Mouvement d’Oxford, est un des faits sp
790
4)f Le « Mouvement des Groupes », ou Mouvement
d’
Oxford, est un des faits spirituels qui serviront à fixer la significa
791
est un des faits spirituels qui serviront à fixer
la
signification de notre époque. Son influence, limitée d’abord aux pay
792
spirituels qui serviront à fixer la signification
de
notre époque. Son influence, limitée d’abord aux pays anglo-saxons, s
793
is en Allemagne, en Suisse, à Paris même. Né dans
les
universités, il paraît destiné à répondre d’abord aux préoccupations
794
réoccupations des intellectuels, mais il y répond
de
telle sorte qu’il abolit rapidement les barrières convenues entre int
795
l y répond de telle sorte qu’il abolit rapidement
les
barrières convenues entre intellectuels, hommes d’affaires, prolétair
796
s barrières convenues entre intellectuels, hommes
d’
affaires, prolétaires et bourgeois. J’ai assisté cet hiver, à Paris, à
797
ontres du Mouvement : il y avait là une vingtaine
de
personnes, un pasteur, une bouchère, un banquier, une dactylo, un pei
798
c’était dans son atelier — et une grande vedette
de
music-hall dont la présence discrète n’étonna personne. De quoi s’agi
799
telier — et une grande vedette de music-hall dont
la
présence discrète n’étonna personne. De quoi s’agissait-il ? Ni de th
800
hall dont la présence discrète n’étonna personne.
De
quoi s’agissait-il ? Ni de théologie, ni de problèmes sociaux, ni de
801
ète n’étonna personne. De quoi s’agissait-il ? Ni
de
théologie, ni de problèmes sociaux, ni de morale ; ni même d’évangéli
802
onne. De quoi s’agissait-il ? Ni de théologie, ni
de
problèmes sociaux, ni de morale ; ni même d’évangélisation. Il s’agis
803
il ? Ni de théologie, ni de problèmes sociaux, ni
de
morale ; ni même d’évangélisation. Il s’agissait de mettre en commun
804
, ni de problèmes sociaux, ni de morale ; ni même
d’
évangélisation. Il s’agissait de mettre en commun des difficultés inti
805
morale ; ni même d’évangélisation. Il s’agissait
de
mettre en commun des difficultés intimes, d’entrer dans le concret du
806
sait de mettre en commun des difficultés intimes,
d’
entrer dans le concret du christianisme. Une dizaine d’entre nous parl
807
en commun des difficultés intimes, d’entrer dans
le
concret du christianisme. Une dizaine d’entre nous parlèrent, sans ar
808
nous parlèrent, sans artifices ni gêne, ni excès
d’
aucune sorte. À plus d’une reprise, j’eus l’impression, qu’on a rareme
809
rtifices ni gêne, ni excès d’aucune sorte. À plus
d’
une reprise, j’eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours, d’ente
810
excès d’aucune sorte. À plus d’une reprise, j’eus
l’
impression, qu’on a rarement de nos jours, d’entendre des gens dire la
811
une reprise, j’eus l’impression, qu’on a rarement
de
nos jours, d’entendre des gens dire la vérité sur eux-mêmes. Je sorti
812
’eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours,
d’
entendre des gens dire la vérité sur eux-mêmes. Je sortis assez déçu,
813
a rarement de nos jours, d’entendre des gens dire
la
vérité sur eux-mêmes. Je sortis assez déçu, comme on sort en général
814
s. Je sortis assez déçu, comme on sort en général
de
toutes les rencontres prévues. Ce que je savais du Mouvement m’avait
815
is assez déçu, comme on sort en général de toutes
les
rencontres prévues. Ce que je savais du Mouvement m’avait fait espére
816
des confessions sensationnelles. J’avais tort, et
l’
on s’en convaincra en lisant le petit livre d’Harold Begbie, Vies tran
817
. J’avais tort, et l’on s’en convaincra en lisant
le
petit livre d’Harold Begbie, Vies transformées 7, qui raconte les ori
818
et l’on s’en convaincra en lisant le petit livre
d’
Harold Begbie, Vies transformées 7, qui raconte les origines du Mouvem
819
d’Harold Begbie, Vies transformées 7, qui raconte
les
origines du Mouvement et cherche à décrire son esprit. Ce n’est pas l
820
ent et cherche à décrire son esprit. Ce n’est pas
le
meilleur livre qu’on ait écrit sur les Groupes. Mais enfin, c’est le
821
e n’est pas le meilleur livre qu’on ait écrit sur
les
Groupes. Mais enfin, c’est le seul qui existe en français, et il cont
822
u’on ait écrit sur les Groupes. Mais enfin, c’est
le
seul qui existe en français, et il contient un certain nombre de fait
823
ste en français, et il contient un certain nombre
de
faits assez bouleversants pour qu’on passe sur les interprétations pe
824
de faits assez bouleversants pour qu’on passe sur
les
interprétations personnelles que nous en propose l’auteur. (Begbie es
825
interprétations personnelles que nous en propose
l’
auteur. (Begbie est un de ces « informateurs » brillants et cordiaux,
826
lles que nous en propose l’auteur. (Begbie est un
de
ces « informateurs » brillants et cordiaux, un peu trop souriants, co
827
x, un peu trop souriants, comme on en trouve dans
les
pays anglo-saxons. On lui doit, entre autres, un ouvrage fameux sur l
828
On lui doit, entre autres, un ouvrage fameux sur
l’
Armée du salut.) Le Mouvement des Groupes est né après la guerre, de l
829
autres, un ouvrage fameux sur l’Armée du salut.)
Le
Mouvement des Groupes est né après la guerre, de l’activité purement
830
du salut.) Le Mouvement des Groupes est né après
la
guerre, de l’activité purement individuelle d’un jeune pasteur améric
831
Le Mouvement des Groupes est né après la guerre,
de
l’activité purement individuelle d’un jeune pasteur américain, Frank
832
Mouvement des Groupes est né après la guerre, de
l’
activité purement individuelle d’un jeune pasteur américain, Frank Buc
833
ès la guerre, de l’activité purement individuelle
d’
un jeune pasteur américain, Frank Buchman. On a écrit de lui : « Ce qu
834
eune pasteur américain, Frank Buchman. On a écrit
de
lui : « Ce qui frappe chez Buchman, c’est son incapacité proprement g
835
proprement géniale à penser abstraitement. » Dès
le
début sa pensée directrice est essentiellement personnaliste. La réno
836
sée directrice est essentiellement personnaliste.
La
rénovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de
837
est essentiellement personnaliste. La rénovation
de
l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par
838
t essentiellement personnaliste. La rénovation de
l’
homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par de
839
e. La rénovation de l’homme ne se fera jamais par
le
moyen de mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des co
840
ovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen
de
mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des corps const
841
omme ne se fera jamais par le moyen de mouvements
de
masse, ni par des organisations, ni par des corps constitués mais par
842
itués mais par des hommes concrets, agissant dans
le
cercle concret de leur vie. La seule question qu’il y ait donc lieu d
843
hommes concrets, agissant dans le cercle concret
de
leur vie. La seule question qu’il y ait donc lieu de poser est celle-
844
ets, agissant dans le cercle concret de leur vie.
La
seule question qu’il y ait donc lieu de poser est celle-ci : comment
845
leur vie. La seule question qu’il y ait donc lieu
de
poser est celle-ci : comment atteindre les hommes dans le concret de
846
nc lieu de poser est celle-ci : comment atteindre
les
hommes dans le concret de leur existence ? Buchman constate la failli
847
est celle-ci : comment atteindre les hommes dans
le
concret de leur existence ? Buchman constate la faillite lamentable d
848
ci : comment atteindre les hommes dans le concret
de
leur existence ? Buchman constate la faillite lamentable de l’évangél
849
s le concret de leur existence ? Buchman constate
la
faillite lamentable de l’évangélisation standardisée à l’américaine,
850
istence ? Buchman constate la faillite lamentable
de
l’évangélisation standardisée à l’américaine, et de toutes les « méth
851
ence ? Buchman constate la faillite lamentable de
l’
évangélisation standardisée à l’américaine, et de toutes les « méthode
852
ite lamentable de l’évangélisation standardisée à
l’
américaine, et de toutes les « méthodes morales », puritaines. Volonta
853
l’évangélisation standardisée à l’américaine, et
de
toutes les « méthodes morales », puritaines. Volontaristes, pragmatis
854
isation standardisée à l’américaine, et de toutes
les
« méthodes morales », puritaines. Volontaristes, pragmatistes, optimi
855
matistes, optimistes, scientifiques, etc. Il voit
la
réalité fondamentale du christianisme primitif dans le contact d’homm
856
alité fondamentale du christianisme primitif dans
le
contact d’homme à homme, dans la confession mutuelle des péchés et le
857
mentale du christianisme primitif dans le contact
d’
homme à homme, dans la confession mutuelle des péchés et le « partage
858
me primitif dans le contact d’homme à homme, dans
la
confession mutuelle des péchés et le « partage » (sharing) des grâces
859
homme, dans la confession mutuelle des péchés et
le
« partage » (sharing) des grâces reçues, il sait qu’on ne peut être c
860
activement. N’allons pas croire qu’il s’agisse là
d’
une nouvelle forme de pragmatisme américain. Dire que la foi n’est rée
861
pas croire qu’il s’agisse là d’une nouvelle forme
de
pragmatisme américain. Dire que la foi n’est réelle que là où elle se
862
nouvelle forme de pragmatisme américain. Dire que
la
foi n’est réelle que là où elle se réalise ne signifie pas qu’il fail
863
se ne signifie pas qu’il faille agir à tout prix.
L’
activiste moderne n’est souvent qu’un agité. Le philanthrope et le pur
864
x. L’activiste moderne n’est souvent qu’un agité.
Le
philanthrope et le puritain rigide ne sont souvent que des acteurs. S
865
rne n’est souvent qu’un agité. Le philanthrope et
le
puritain rigide ne sont souvent que des acteurs. Seule la foi peut no
866
ain rigide ne sont souvent que des acteurs. Seule
la
foi peut nous rendre actifs lorsqu’elle nous engage dans une relation
867
’elle nous engage dans une relation concrète avec
le
prochain. Mais comment s’engager dans cette relation ? L’erreur des c
868
ain. Mais comment s’engager dans cette relation ?
L’
erreur des chrétiens, trop souvent, c’est qu’ils s’efforcent d’endoctr
869
chrétiens, trop souvent, c’est qu’ils s’efforcent
d’
endoctriner ceux qu’ils rencontrent. Le « partage » préconisé par Buch
870
’efforcent d’endoctriner ceux qu’ils rencontrent.
Le
« partage » préconisé par Buchman ne ressemble pas à ces tentatives d
871
isé par Buchman ne ressemble pas à ces tentatives
de
violation de domicile moral. Pour entrer en contact avec les hommes,
872
an ne ressemble pas à ces tentatives de violation
de
domicile moral. Pour entrer en contact avec les hommes, il n’y a qu’u
873
on de domicile moral. Pour entrer en contact avec
les
hommes, il n’y a qu’un moyen : c’est de leur ouvrir sa maison. D’où l
874
act avec les hommes, il n’y a qu’un moyen : c’est
de
leur ouvrir sa maison. D’où les confessions privées ou publiques, qui
875
y a qu’un moyen : c’est de leur ouvrir sa maison.
D’
où les confessions privées ou publiques, qui sont l’un des traits marq
876
u’un moyen : c’est de leur ouvrir sa maison. D’où
les
confessions privées ou publiques, qui sont l’un des traits marquants
877
ou publiques, qui sont l’un des traits marquants
de
l’activité des Groupes. Qu’il y ait là un danger réel d’exhibitionnis
878
publiques, qui sont l’un des traits marquants de
l’
activité des Groupes. Qu’il y ait là un danger réel d’exhibitionnisme,
879
tivité des Groupes. Qu’il y ait là un danger réel
d’
exhibitionnisme, les membres des Groupes ne sauraient le nier. Mais qu
880
Qu’il y ait là un danger réel d’exhibitionnisme,
les
membres des Groupes ne sauraient le nier. Mais qu’il y ait là aussi l
881
bitionnisme, les membres des Groupes ne sauraient
le
nier. Mais qu’il y ait là aussi le moyen de faire tomber les barrière
882
s ne sauraient le nier. Mais qu’il y ait là aussi
le
moyen de faire tomber les barrières morales qui séparent nos contempo
883
aient le nier. Mais qu’il y ait là aussi le moyen
de
faire tomber les barrières morales qui séparent nos contemporains, l’
884
ais qu’il y ait là aussi le moyen de faire tomber
les
barrières morales qui séparent nos contemporains, l’on s’en persuader
885
barrières morales qui séparent nos contemporains,
l’
on s’en persuadera facilement en lisant les récits de Begbie. Les disc
886
orains, l’on s’en persuadera facilement en lisant
les
récits de Begbie. Les disciples de Buchmann, — il refuserait cette ex
887
n s’en persuadera facilement en lisant les récits
de
Begbie. Les disciples de Buchmann, — il refuserait cette expression —
888
uadera facilement en lisant les récits de Begbie.
Les
disciples de Buchmann, — il refuserait cette expression — n’ont pas c
889
ent en lisant les récits de Begbie. Les disciples
de
Buchmann, — il refuserait cette expression — n’ont pas constitué d’or
890
refuserait cette expression — n’ont pas constitué
d’
organisation. Ils n’ont pas de registre des membres, ils ne nomment pa
891
n’ont pas constitué d’organisation. Ils n’ont pas
de
registre des membres, ils ne nomment pas de comités, ils ne publient
892
t pas de registre des membres, ils ne nomment pas
de
comités, ils ne publient pas de revues, ils ne sont pas une secte ni
893
ls ne nomment pas de comités, ils ne publient pas
de
revues, ils ne sont pas une secte ni une nouvelle Église. Ils travail
894
petites équipes. Ils voyagent beaucoup et vont où
l’
Esprit les appelle. Ils partent bien souvent sans autre raison que la
895
quipes. Ils voyagent beaucoup et vont où l’Esprit
les
appelle. Ils partent bien souvent sans autre raison que la certitude
896
e. Ils partent bien souvent sans autre raison que
la
certitude qui leur vient de pouvoir être utiles à tel endroit où Dieu
897
ouvoir être utiles à tel endroit où Dieu leur dit
d’
aller. La chronique des rencontres miraculeuses qu’ils ont ainsi vécue
898
re utiles à tel endroit où Dieu leur dit d’aller.
La
chronique des rencontres miraculeuses qu’ils ont ainsi vécues remplir
899
tains récits du meilleur livre qu’on ait fait sur
le
Mouvement, For Sinners only (Pour les pécheurs seulement), de J. Russ
900
ait fait sur le Mouvement, For Sinners only (Pour
les
pécheurs seulement), de J. Russell, on découvre des possibilités huma
901
, For Sinners only (Pour les pécheurs seulement),
de
J. Russell, on découvre des possibilités humaines que le conformisme
902
ussell, on découvre des possibilités humaines que
le
conformisme et la psychologie modernes semblaient avoir abolies dans
903
e des possibilités humaines que le conformisme et
la
psychologie modernes semblaient avoir abolies dans le monde. C’est l’
904
sychologie modernes semblaient avoir abolies dans
le
monde. C’est l’irruption de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pens
905
nes semblaient avoir abolies dans le monde. C’est
l’
irruption de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittore
906
nt avoir abolies dans le monde. C’est l’irruption
de
Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque, le pat
907
s le monde. C’est l’irruption de Dostoïevski dans
la
bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de l’aventur
908
de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pensante.
Le
pittoresque, le pathétique de l’aventure que vivent quotidiennement l
909
ans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque,
le
pathétique de l’aventure que vivent quotidiennement les membres des G
910
isie bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique
de
l’aventure que vivent quotidiennement les membres des Groupes pourrai
911
e bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de
l’
aventure que vivent quotidiennement les membres des Groupes pourraient
912
thétique de l’aventure que vivent quotidiennement
les
membres des Groupes pourraient devenir pour eux un danger assez grave
913
sez grave. Il y a là un risque indéniable : celui
de
naturaliser la foi, de s’attacher aux résultats visibles et frappants
914
a là un risque indéniable : celui de naturaliser
la
foi, de s’attacher aux résultats visibles et frappants, de retomber a
915
risque indéniable : celui de naturaliser la foi,
de
s’attacher aux résultats visibles et frappants, de retomber ainsi dan
916
e s’attacher aux résultats visibles et frappants,
de
retomber ainsi dans la vieille croyance à la sanctification par les œ
917
ats visibles et frappants, de retomber ainsi dans
la
vieille croyance à la sanctification par les œuvres. Karl Barth et se
918
nts, de retomber ainsi dans la vieille croyance à
la
sanctification par les œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas manqu
919
dans la vieille croyance à la sanctification par
les
œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas manqué de critiquer vivement
920
s œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas manqué
de
critiquer vivement certaines des suppositions théologiques qu’impliqu
921
rtaines des suppositions théologiques qu’implique
l’
attitude de Buchman. Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler
922
suppositions théologiques qu’implique l’attitude
de
Buchman. Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler de théolog
923
l’attitude de Buchman. Car ce n’est pas assez que
de
se refuser à parler de théologie sous prétexte que c’est abstrait : e
924
Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler
de
théologie sous prétexte que c’est abstrait : encore faudrait-il se ga
925
que c’est abstrait : encore faudrait-il se garder
de
vivre une théologie équivoque. À quoi les membres du Mouvement des Gr
926
e garder de vivre une théologie équivoque. À quoi
les
membres du Mouvement des Groupes peuvent répondre que leur œuvre se d
927
e que leur œuvre se développe dans une atmosphère
de
franchise, d’autocritique, de sobriété spirituelle qui la préserve de
928
re se développe dans une atmosphère de franchise,
d’
autocritique, de sobriété spirituelle qui la préserve de la plupart de
929
dans une atmosphère de franchise, d’autocritique,
de
sobriété spirituelle qui la préserve de la plupart des excès qu’on im
930
hise, d’autocritique, de sobriété spirituelle qui
la
préserve de la plupart des excès qu’on imagine. Peut-être la plus sûr
931
critique, de sobriété spirituelle qui la préserve
de
la plupart des excès qu’on imagine. Peut-être la plus sûre leçon des
932
de la plupart des excès qu’on imagine. Peut-être
la
plus sûre leçon des Groupes est-elle dans leur vision concrète de l’h
933
on des Groupes est-elle dans leur vision concrète
de
l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbali
934
des Groupes est-elle dans leur vision concrète de
l’
homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme
935
est-elle dans leur vision concrète de l’homme et
de
l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre t
936
t-elle dans leur vision concrète de l’homme et de
l’
action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temp
937
ns leur vision concrète de l’homme et de l’action
de
Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temps, dans c
938
on concrète de l’homme et de l’action de Dieu sur
l’
homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temps, dans cet embouteil
939
l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans
l’
incroyable verbalisme de notre temps, dans cet embouteillage de doctri
940
de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme
de
notre temps, dans cet embouteillage de doctrines et de programmes où
941
verbalisme de notre temps, dans cet embouteillage
de
doctrines et de programmes où nous sommes pris, le seul message utile
942
tre temps, dans cet embouteillage de doctrines et
de
programmes où nous sommes pris, le seul message utile est celui qui n
943
e doctrines et de programmes où nous sommes pris,
le
seul message utile est celui qui nous révèle une tâche proche, des ho
944
che, des hommes pour lesquels nous puissions être
le
prochain. Et quand ce livre n’aurait pas d’autre valeur, il a celle-l
945
être le prochain. Et quand ce livre n’aurait pas
d’
autre valeur, il a celle-là, qui compte, de nous montrer comment les h
946
it pas d’autre valeur, il a celle-là, qui compte,
de
nous montrer comment les hommes de ce temps peuvent devenir des homme
947
l a celle-là, qui compte, de nous montrer comment
les
hommes de ce temps peuvent devenir des hommes réels. ⁂ Il se peut que
948
à, qui compte, de nous montrer comment les hommes
de
ce temps peuvent devenir des hommes réels. ⁂ Il se peut que Kagawa so
949
ir des hommes réels. ⁂ Il se peut que Kagawa soit
l’
homme le plus réel d’aujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, s
950
ommes réels. ⁂ Il se peut que Kagawa soit l’homme
le
plus réel d’aujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, si la mes
951
⁂ Il se peut que Kagawa soit l’homme le plus réel
d’
aujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de la gra
952
e le plus réel d’aujourd’hui. Je dirais qu’il est
le
plus grand, si la mesure de la grandeur, dans sa vision, n’était pas
953
ujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, si
la
mesure de la grandeur, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans
954
. Je dirais qu’il est le plus grand, si la mesure
de
la grandeur, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans la réalit
955
e dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de
la
grandeur, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans la réalité q
956
r, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans
la
réalité qu’un homme incarne. Qui le connaît en France ? Claudel, quel
957
sivement dans la réalité qu’un homme incarne. Qui
le
connaît en France ? Claudel, quelques revues protestantes en ont parl
958
aux ignorent quelques-uns des événements décisifs
de
l’histoire contemporaine. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’écriva
959
ignorent quelques-uns des événements décisifs de
l’
histoire contemporaine. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’écrivain
960
décisifs de l’histoire contemporaine. Kagawa est
le
chef du Jeune Japon, l’écrivain le plus fécond et le plus populaire d
961
contemporaine. Kagawa est le chef du Jeune Japon,
l’
écrivain le plus fécond et le plus populaire de son pays, une puissanc
962
ne. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’écrivain
le
plus fécond et le plus populaire de son pays, une puissance sociale e
963
chef du Jeune Japon, l’écrivain le plus fécond et
le
plus populaire de son pays, une puissance sociale et religieuse dont
964
n, l’écrivain le plus fécond et le plus populaire
de
son pays, une puissance sociale et religieuse dont l’Occident ne conn
965
on pays, une puissance sociale et religieuse dont
l’
Occident ne connaît pas d’exemple. Un récit autobiographique et romanc
966
iale et religieuse dont l’Occident ne connaît pas
d’
exemple. Un récit autobiographique et romancé de sa jeunesse a paru en
967
s d’exemple. Un récit autobiographique et romancé
de
sa jeunesse a paru en français, il y a deux ansg. Aujourd’hui, l’un d
968
en français, il y a deux ansg. Aujourd’hui, l’un
de
ses collaborateurs nous donne un portrait plus complet et quelques ex
969
nne un portrait plus complet et quelques extraits
de
ses œuvres8. Fils d’un conseiller de l’empereur et d’une danseuse, Ka
970
complet et quelques extraits de ses œuvres8. Fils
d’
un conseiller de l’empereur et d’une danseuse, Kagawa se convertit au
971
ues extraits de ses œuvres8. Fils d’un conseiller
de
l’empereur et d’une danseuse, Kagawa se convertit au christianisme pe
972
extraits de ses œuvres8. Fils d’un conseiller de
l’
empereur et d’une danseuse, Kagawa se convertit au christianisme penda
973
es œuvres8. Fils d’un conseiller de l’empereur et
d’
une danseuse, Kagawa se convertit au christianisme pendant ses études
974
s et déclare renoncer à toute fortune. Sa famille
le
destitue de ses privilèges aristocratiques. Il embrasse la pauvreté,
975
renoncer à toute fortune. Sa famille le destitue
de
ses privilèges aristocratiques. Il embrasse la pauvreté, s’enfonce da
976
ue de ses privilèges aristocratiques. Il embrasse
la
pauvreté, s’enfonce dans les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d
977
ratiques. Il embrasse la pauvreté, s’enfonce dans
les
slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d’habitation plus vaste que ce
978
Il embrasse la pauvreté, s’enfonce dans les slums
de
Kobé, décide qu’il n’aura pas d’habitation plus vaste que celle du pl
979
e dans les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas
d’
habitation plus vaste que celle du plus pauvre habitant du quartier, e
980
plus pauvre habitant du quartier, et non content
d’
y vivre dans un dénuement absolu, ouvre sa chambre aux misérables sans
981
s hôtes sont un galeux, un alcoolique qu’il nomme
la
« statue de cuivre » à cause de son immobilité presque totale, et un
982
un galeux, un alcoolique qu’il nomme la « statue
de
cuivre » à cause de son immobilité presque totale, et un assassin don
983
on immobilité presque totale, et un assassin dont
les
nuits sont hantées par les apparitions de sa victime. Ils dorment côt
984
e, et un assassin dont les nuits sont hantées par
les
apparitions de sa victime. Ils dorment côte à côte. D’autres viennent
985
n dont les nuits sont hantées par les apparitions
de
sa victime. Ils dorment côte à côte. D’autres viennent : il faut écar
986
côte à côte. D’autres viennent : il faut écarter
les
parois de la pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les
987
e. D’autres viennent : il faut écarter les parois
de
la pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de
988
D’autres viennent : il faut écarter les parois de
la
pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de so
989
er les parois de la pièce pour permettre à chacun
de
se coucher. Kagawa les nourrit de son travail. Parfois, ils se révolt
990
èce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa
les
nourrit de son travail. Parfois, ils se révoltent contre sa bonté sou
991
mettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit
de
son travail. Parfois, ils se révoltent contre sa bonté souriante, fra
992
selle, lui tirent dessus. Il s’échappe et revient
le
lendemain. Il prêche dans le quartier des prostituées, souvent lapidé
993
s’échappe et revient le lendemain. Il prêche dans
le
quartier des prostituées, souvent lapidé. Épuisé par la tuberculose e
994
rtier des prostituées, souvent lapidé. Épuisé par
la
tuberculose et une maladie des yeux, il arrive qu’il s’effondre penda
995
re pendant ses discours. Il écrit une Psychologie
de
la pauvreté et un roman dont le tirage atteint 250 000 exemplaires. S
996
pendant ses discours. Il écrit une Psychologie de
la
pauvreté et un roman dont le tirage atteint 250 000 exemplaires. Son
997
t une Psychologie de la pauvreté et un roman dont
le
tirage atteint 250 000 exemplaires. Son œuvre s’étend dans les slums.
998
teint 250 000 exemplaires. Son œuvre s’étend dans
les
slums. Mais à ce moment le machinisme s’introduit au Japon, augmentan
999
on œuvre s’étend dans les slums. Mais à ce moment
le
machinisme s’introduit au Japon, augmentant la misère avec le nombre
1000
nt le machinisme s’introduit au Japon, augmentant
la
misère avec le nombre des ouvriers. Kagawa fonde la fédération japona
1001
e s’introduit au Japon, augmentant la misère avec
le
nombre des ouvriers. Kagawa fonde la fédération japonaise du travail
1002
misère avec le nombre des ouvriers. Kagawa fonde
la
fédération japonaise du travail et prend la tête du mouvement ouvrier
1003
fonde la fédération japonaise du travail et prend
la
tête du mouvement ouvrier. Il conduit une première grève de 30 000 do
1004
mouvement ouvrier. Il conduit une première grève
de
30 000 dockers et rédige leur manifeste. « Les ouvriers sont des être
1005
ève de 30 000 dockers et rédige leur manifeste. «
Les
ouvriers sont des êtres humains et non pas des articles dont on trafi
1006
des articles dont on trafique suivant une échelle
de
salaires basés sur l’état du marché. » On le met en prison. Il y écri
1007
rafique suivant une échelle de salaires basés sur
l’
état du marché. » On le met en prison. Il y écrit en treize jours un r
1008
elle de salaires basés sur l’état du marché. » On
le
met en prison. Il y écrit en treize jours un roman : L’Archer tirant
1009
en prison. Il y écrit en treize jours un roman :
L’
Archer tirant contre le soleil. Accueilli à sa sortie de prison par un
1010
en treize jours un roman : L’Archer tirant contre
le
soleil. Accueilli à sa sortie de prison par une foule en fête, il ent
1011
er tirant contre le soleil. Accueilli à sa sortie
de
prison par une foule en fête, il entraîne une centaine d’enfants au b
1012
n par une foule en fête, il entraîne une centaine
d’
enfants au bord de la mer pour célébrer la liberté. Sa ligne de batail
1013
te, il entraîne une centaine d’enfants au bord de
la
mer pour célébrer la liberté. Sa ligne de bataille s’étend. Il crée l
1014
entaine d’enfants au bord de la mer pour célébrer
la
liberté. Sa ligne de bataille s’étend. Il crée l’Union des paysans. I
1015
bord de la mer pour célébrer la liberté. Sa ligne
de
bataille s’étend. Il crée l’Union des paysans. Il évangélise. Il devi
1016
la liberté. Sa ligne de bataille s’étend. Il crée
l’
Union des paysans. Il évangélise. Il devient le « fou du Christ ». À p
1017
ée l’Union des paysans. Il évangélise. Il devient
le
« fou du Christ ». À peine a-t-il réussi à faire reconnaître légaleme
1018
eine a-t-il réussi à faire reconnaître légalement
le
syndicalisme qu’il a créé, le voilà qui lance une campagne pour la ch
1019
onnaître légalement le syndicalisme qu’il a créé,
le
voilà qui lance une campagne pour la christianisation du Japon, une a
1020
u’il a créé, le voilà qui lance une campagne pour
la
christianisation du Japon, une autre contre la guerre de Chine. « La
1021
ur la christianisation du Japon, une autre contre
la
guerre de Chine. « La société contemporaine est une invalide, mentale
1022
stianisation du Japon, une autre contre la guerre
de
Chine. « La société contemporaine est une invalide, mentalement dégén
1023
du Japon, une autre contre la guerre de Chine. «
La
société contemporaine est une invalide, mentalement dégénérée, écrit-
1024
st une invalide, mentalement dégénérée, écrit-il.
Les
banques, l’armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les maga
1025
de, mentalement dégénérée, écrit-il. Les banques,
l’
armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les magasins de taba
1026
lement dégénérée, écrit-il. Les banques, l’armée,
les
maisons de prostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les jou
1027
érée, écrit-il. Les banques, l’armée, les maisons
de
prostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les journaux, ne s
1028
es banques, l’armée, les maisons de prostitution,
les
cabarets, les magasins de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant
1029
armée, les maisons de prostitution, les cabarets,
les
magasins de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes
1030
isons de prostitution, les cabarets, les magasins
de
tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes d’aliénation
1031
rostitution, les cabarets, les magasins de tabac,
les
journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes d’aliénation mentale ?
1032
ns de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant
de
symptômes d’aliénation mentale ? La société de nos jours manifeste un
1033
les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes
d’
aliénation mentale ? La société de nos jours manifeste une tendance au
1034
ls pas autant de symptômes d’aliénation mentale ?
La
société de nos jours manifeste une tendance au crime. Elle est devenu
1035
nt de symptômes d’aliénation mentale ? La société
de
nos jours manifeste une tendance au crime. Elle est devenue folle par
1036
le est devenue folle par sa faute, Dieu seul peut
la
guérir. » Les marxistes n’aiment pas ce radicalisme, qui n’est pas co
1037
e folle par sa faute, Dieu seul peut la guérir. »
Les
marxistes n’aiment pas ce radicalisme, qui n’est pas conforme à leur
1038
isme, qui n’est pas conforme à leur doctrine. Ils
l’
attaquent violemment : « Enterrez-le ! Enterrez Kagawa ! », proclame l
1039
doctrine. Ils l’attaquent violemment : « Enterrez-
le
! Enterrez Kagawa ! », proclame le parti communiste de Kobé en 1925.
1040
t : « Enterrez-le ! Enterrez Kagawa ! », proclame
le
parti communiste de Kobé en 1925. Et quelques années plus tard, une l
1041
Enterrez Kagawa ! », proclame le parti communiste
de
Kobé en 1925. Et quelques années plus tard, une ligue réactionnaire f
1042
où elle reprend des termes semblables : « Brûlez-
le
, brûlez Kagawa ! C’est un révolutionnaire redoutable. » Ainsi criait-
1043
olutionnaire redoutable. » Ainsi criait-on contre
les
prophètes. Kagawa est aussi un grand mystique, c’est-à-dire un grand
1044
i un grand mystique, c’est-à-dire un grand poète.
Le
livre d’Axling nous donne d’admirables citations de ses Méditations.
1045
d mystique, c’est-à-dire un grand poète. Le livre
d’
Axling nous donne d’admirables citations de ses Méditations. Si les ro
1046
dire un grand poète. Le livre d’Axling nous donne
d’
admirables citations de ses Méditations. Si les romans de Kagawa l’ont
1047
livre d’Axling nous donne d’admirables citations
de
ses Méditations. Si les romans de Kagawa l’ont fait comparer à Gorki,
1048
nne d’admirables citations de ses Méditations. Si
les
romans de Kagawa l’ont fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose son
1049
ables citations de ses Méditations. Si les romans
de
Kagawa l’ont fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose sont d’un fra
1050
tions de ses Méditations. Si les romans de Kagawa
l’
ont fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose sont d’un franciscain.
1051
t fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose sont
d’
un franciscain. Il y a en lui un amour des objets, un sens de la natur
1052
scain. Il y a en lui un amour des objets, un sens
de
la nature, une compréhension des symboles qui appartiennent au génie
1053
in. Il y a en lui un amour des objets, un sens de
la
nature, une compréhension des symboles qui appartiennent au génie jap
1054
artiennent au génie japonais tel que Claudel nous
l’
a décrit, mais auquel le génie chrétien ajoute une dimension humaine p
1055
nais tel que Claudel nous l’a décrit, mais auquel
le
génie chrétien ajoute une dimension humaine particulièrement émouvant
1056
7. Vies transformées, par Harold Begbie, trad.
de
l’anglais par D. Junod (La Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing
1057
. Vies transformées, par Harold Begbie, trad. de
l’
anglais par D. Junod (La Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, t
1058
r Harold Begbie, trad. de l’anglais par D. Junod (
La
Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad. de l’anglais par H.
1059
Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad.
de
l’anglais par H. Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de, « Le
1060
corde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad. de
l’
anglais par H. Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de, « Le Mou
1061
William AxIing, trad. de l’anglais par H. Ecuyer (
La
Concorde). f. Rougemont Denis de, « Le Mouvement des Groupes. — Kag
1062
par H. Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis
de
, « Le Mouvement des Groupes. — Kagawa », Les Nouvelles littéraires, P
1063
Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de, «
Le
Mouvement des Groupes. — Kagawa », Les Nouvelles littéraires, Paris,
1064
Denis de, « Le Mouvement des Groupes. — Kagawa »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 4 août 1934, p. 3. g. Comme l’indique
1065
littéraires, Paris, 4 août 1934, p. 3. g. Comme
l’
indique la note, il s’agit d’Avant l’aube (Éditions « Je sers ») dont
1066
es, Paris, 4 août 1934, p. 3. g. Comme l’indique
la
note, il s’agit d’Avant l’aube (Éditions « Je sers ») dont Rougemont
1067
934, p. 3. g. Comme l’indique la note, il s’agit
d’
Avant l’aube (Éditions « Je sers ») dont Rougemont donne une recension
1068
3. g. Comme l’indique la note, il s’agit d’Avant
l’
aube (Éditions « Je sers ») dont Rougemont donne une recension dans Fo
1069
Au sujet
d’
un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)h i Voulez-vous un paradoxe
1070
éraire ? Je détiendrais volontiers celui-ci : que
le
roman est un genre protestant. — Et Balzac ? dites-vous, car vous ête
1071
ous êtes Français. Eh bien, Balzac n’est pas tout
le
roman. Il n’est même pas tout le roman français. Balzac, c’est le rom
1072
c n’est pas tout le roman. Il n’est même pas tout
le
roman français. Balzac, c’est le roman social. Balzac — et Stendhal,
1073
st même pas tout le roman français. Balzac, c’est
le
roman social. Balzac — et Stendhal, bien sûr — ce sera l’honorable, l
1074
social. Balzac — et Stendhal, bien sûr — ce sera
l’
honorable, la géniale exception. Il me reste à vous démontrer, ce qui
1075
ac — et Stendhal, bien sûr — ce sera l’honorable,
la
géniale exception. Il me reste à vous démontrer, ce qui n’est pas tro
1076
et Tolstoï sont plus protestants qu’on ne croit.
Le
reste est évident. — Quel reste ? — Les Anglais, les Allemands, les S
1077
ne croit. Le reste est évident. — Quel reste ? —
Les
Anglais, les Allemands, les Scandinaves, et le roman d’analyse frança
1078
reste est évident. — Quel reste ? — Les Anglais,
les
Allemands, les Scandinaves, et le roman d’analyse français, de Rousse
1079
ent. — Quel reste ? — Les Anglais, les Allemands,
les
Scandinaves, et le roman d’analyse français, de Rousseau jusqu’à Gide
1080
— Les Anglais, les Allemands, les Scandinaves, et
le
roman d’analyse français, de Rousseau jusqu’à Gide, en passant par Co
1081
lais, les Allemands, les Scandinaves, et le roman
d’
analyse français, de Rousseau jusqu’à Gide, en passant par Constant. Q
1082
les Scandinaves, et le roman d’analyse français,
de
Rousseau jusqu’à Gide, en passant par Constant. Quand on parle du rom
1083
, vous ne voyez que Balzac et Zola. Je vois aussi
le
pasteur Sterne, le Goethe des Affinités, Jacobsen, George Eliot et le
1084
Balzac et Zola. Je vois aussi le pasteur Sterne,
le
Goethe des Affinités, Jacobsen, George Eliot et les sœurs Brontë, Dic
1085
e Goethe des Affinités, Jacobsen, George Eliot et
les
sœurs Brontë, Dickens, Strindberg, Hamsun et Lagerlöf, Henry James, G
1086
e dis romanciers protestants, entendez romanciers
de
climats protestants. Que faut-il pour faire un roman ? Des caractères
1087
Que faut-il pour faire un roman ? Des caractères,
de
la vie intérieure, une morale qui mette des obstacles et qui crée des
1088
faut-il pour faire un roman ? Des caractères, de
la
vie intérieure, une morale qui mette des obstacles et qui crée des co
1089
stacles et qui crée des conflits dramatiques dans
les
vies les plus dépourvues d’apparences. N’est-ce point-là l’image habi
1090
t qui crée des conflits dramatiques dans les vies
les
plus dépourvues d’apparences. N’est-ce point-là l’image habituelle qu
1091
its dramatiques dans les vies les plus dépourvues
d’
apparences. N’est-ce point-là l’image habituelle que l’on se fait de n
1092
s plus dépourvues d’apparences. N’est-ce point-là
l’
image habituelle que l’on se fait de nos climats ? Et voici un dernier
1093
arences. N’est-ce point-là l’image habituelle que
l’
on se fait de nos climats ? Et voici un dernier argument. Prenez une l
1094
t-ce point-là l’image habituelle que l’on se fait
de
nos climats ? Et voici un dernier argument. Prenez une liste des roma
1095
çais contemporains. Vous y trouverez un bon quart
de
protestants, c’est-à-dire dix fois plus que vous n’en attendiez, puis
1096
ous n’en attendiez, puisqu’il n’y a qu’un million
de
réformés en France. Imaginez la proportion si l’édit de Nantes n’avai
1097
y a qu’un million de réformés en France. Imaginez
la
proportion si l’édit de Nantes n’avait pas été révoqué ! — Je vous ac
1098
de réformés en France. Imaginez la proportion si
l’
édit de Nantes n’avait pas été révoqué ! — Je vous accorde volontiers
1099
avantage y voyez-vous pour votre foi ? — Oh ! Pas
le
moindre ! Je constate un fait. Mais laissons là le paradoxe. Vous n’i
1100
e moindre ! Je constate un fait. Mais laissons là
le
paradoxe. Vous n’ignorez pas plus que moi que la plupart des romancie
1101
a plupart des romanciers dont j’allais vous citer
les
noms n’ont guère de protestant que l’origine, et quelques tics de psy
1102
ers dont j’allais vous citer les noms n’ont guère
de
protestant que l’origine, et quelques tics de psychologues. Ils sont,
1103
vous citer les noms n’ont guère de protestant que
l’
origine, et quelques tics de psychologues. Ils sont, comme l’on dit «
1104
ère de protestant que l’origine, et quelques tics
de
psychologues. Ils sont, comme l’on dit « sortis du protestantisme » ;
1105
et quelques tics de psychologues. Ils sont, comme
l’
on dit « sortis du protestantisme » ; « sortis » est bien le mot ! C’e
1106
sortis du protestantisme » ; « sortis » est bien
le
mot ! C’est-à-dire qu’ils n’ont pas de foi, et qu’est-ce qu’un protes
1107
» est bien le mot ! C’est-à-dire qu’ils n’ont pas
de
foi, et qu’est-ce qu’un protestant sans foi ? Dans toutes leurs œuvre
1108
rcheriez en vain un roman véritablement chrétien.
La
Porte étroite ne décrit guère qu’une aberration janséniste. Et je ne
1109
e qu’une aberration janséniste. Et je ne retrouve
le
calvinisme véritable que dans l’Adam et Ève de Ramuz, mais Ramuz acce
1110
t je ne retrouve le calvinisme véritable que dans
l’
Adam et Ève de Ramuz, mais Ramuz accepterait-il une étiquette aussi co
1111
é ». Un grand roman, je crois. C’est Sara Alelia,
de
Mme Hildur Dixelius. On vient de le traduire du suédois9. ⁂ Qu’est-ce
1112
Sara Alelia, de Mme Hildur Dixelius. On vient de
le
traduire du suédois9. ⁂ Qu’est-ce qu’un roman chrétien ? Une histoire
1113
le monde « se conduit bien » ? Il n’y aurait pas
de
roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main du Sei
1114
» ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont
le
personnage principal est « la main du Seigneur », ou encore « l’inson
1115
. Une histoire dont le personnage principal est «
la
main du Seigneur », ou encore « l’insondable Providence » mise en act
1116
rincipal est « la main du Seigneur », ou encore «
l’
insondable Providence » mise en action au gré d’un moraliste qui se do
1117
« l’insondable Providence » mise en action au gré
d’
un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce ser
1118
mise en action au gré d’un moraliste qui se donne
l’
air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un vol
1119
n action au gré d’un moraliste qui se donne l’air
de
l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de
1120
ction au gré d’un moraliste qui se donne l’air de
l’
avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la
1121
en sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume
de
la Bibliothèque Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le cr
1122
sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de
la
Bibliothèque Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le croya
1123
e Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme
le
croyaient les écrivains anglais du xixe siècle — en conséquence de q
1124
e une histoire qui finit bien, comme le croyaient
les
écrivains anglais du xixe siècle — en conséquence de quoi les romans
1125
anglais du xixe siècle — en conséquence de quoi
les
romans des « païens », d’un Thomas Hardy, par exemple, se devaient de
1126
en conséquence de quoi les romans des « païens »,
d’
un Thomas Hardy, par exemple, se devaient de finir aussi mal que possi
1127
ns », d’un Thomas Hardy, par exemple, se devaient
de
finir aussi mal que possible ? Non, car le christianisme se passe dan
1128
vaient de finir aussi mal que possible ? Non, car
le
christianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas le christiani
1129
ianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas
le
christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un roman pessi
1130
cette vie ou bien n’est pas le christianisme. Et
l’
on serait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Har
1131
est pas le christianisme. Et l’on serait en droit
de
prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances
1132
it en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à
la
Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque happy
1133
e qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus
de
chances d’être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant édifian
1134
an pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances
d’
être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant s’il est
1135
appy end soi-disant édifiant s’il est certain que
l’
Évangile et ses promesses de salut sont seuls capables de donner à l’h
1136
s’il est certain que l’Évangile et ses promesses
de
salut sont seuls capables de donner à l’homme une vision réaliste de
1137
ile et ses promesses de salut sont seuls capables
de
donner à l’homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sob
1138
romesses de salut sont seuls capables de donner à
l’
homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courage d
1139
capables de donner à l’homme une vision réaliste
de
son sort terrestre, et le sobre courage d’avouer sa dégradation. Un v
1140
mme une vision réaliste de son sort terrestre, et
le
sobre courage d’avouer sa dégradation. Un vrai roman chrétien est d’a
1141
aliste de son sort terrestre, et le sobre courage
d’
avouer sa dégradation. Un vrai roman chrétien est d’abord réaliste. Ca
1142
est d’abord réaliste. Car il faut bien connaître
la
nature et ses abîmes, si l’on veut être à même d’y voir les marques d
1143
l faut bien connaître la nature et ses abîmes, si
l’
on veut être à même d’y voir les marques du surnaturel. La grâce n’int
1144
la nature et ses abîmes, si l’on veut être à même
d’
y voir les marques du surnaturel. La grâce n’intervient pas ailleurs q
1145
et ses abîmes, si l’on veut être à même d’y voir
les
marques du surnaturel. La grâce n’intervient pas ailleurs que dans l’
1146
t être à même d’y voir les marques du surnaturel.
La
grâce n’intervient pas ailleurs que dans l’« abîme ». On la pressent
1147
urel. La grâce n’intervient pas ailleurs que dans
l’
« abîme ». On la pressent d’abord dans l’œuvre d’art à certaine qualit
1148
’intervient pas ailleurs que dans l’« abîme ». On
la
pressent d’abord dans l’œuvre d’art à certaine qualité du pessimisme
1149
que dans l’« abîme ». On la pressent d’abord dans
l’
œuvre d’art à certaine qualité du pessimisme qui s’en dégage : pessimi
1150
e et désespoir jamais complaisant à lui-même, car
l’
aveu même qu’on en fait est la preuve qu’on l’a traversé, et qu’on a s
1151
ant à lui-même, car l’aveu même qu’on en fait est
la
preuve qu’on l’a traversé, et qu’on a saisi l’espérance qui le transc
1152
car l’aveu même qu’on en fait est la preuve qu’on
l’
a traversé, et qu’on a saisi l’espérance qui le transcende et qui le j
1153
st la preuve qu’on l’a traversé, et qu’on a saisi
l’
espérance qui le transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia qu
1154
on l’a traversé, et qu’on a saisi l’espérance qui
le
transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman
1155
u’on a saisi l’espérance qui le transcende et qui
le
juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui, m
1156
érance qui le transcende et qui le juge. On a dit
de
Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui, mais c’est aussi, e
1157
juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman
de
la grâce : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de la perditio
1158
ge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman de
la
grâce : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de la perdition.
1159
âce : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman
de
la perdition. J’y vois une suite d’illustrations vivantes du fameux p
1160
: oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de
la
perdition. J’y vois une suite d’illustrations vivantes du fameux para
1161
ord, un roman de la perdition. J’y vois une suite
d’
illustrations vivantes du fameux paradoxe luthérien qui est au centre
1162
es du fameux paradoxe luthérien qui est au centre
de
la Réforme : simul peccator et justus. Kierkegaard nous rappelle que
1163
du fameux paradoxe luthérien qui est au centre de
la
Réforme : simul peccator et justus. Kierkegaard nous rappelle que pou
1164
justus. Kierkegaard nous rappelle que pour aider
les
hommes, il faut d’abord les trouver là où ils sont. Ainsi ce livre es
1165
ppelle que pour aider les hommes, il faut d’abord
les
trouver là où ils sont. Ainsi ce livre est consolant, parce qu’il ne
1166
ce qu’il vient nous prendre où nous sommes. C’est
le
charme profond de Selma Lagerlöf qui revit dans ces peintures d’une L
1167
s prendre où nous sommes. C’est le charme profond
de
Selma Lagerlöf qui revit dans ces peintures d’une Laponie lointaine e
1168
nd de Selma Lagerlöf qui revit dans ces peintures
d’
une Laponie lointaine et d’une humanité si proche. Moins d’art peut-êt
1169
vit dans ces peintures d’une Laponie lointaine et
d’
une humanité si proche. Moins d’art peut-être, je veux dire moins d’ap
1170
onie lointaine et d’une humanité si proche. Moins
d’
art peut-être, je veux dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur
1171
proche. Moins d’art peut-être, je veux dire moins
d’
apparent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling ; mais une sobriét
1172
e, je veux dire moins d’apparent lyrisme que chez
l’
auteur de Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à
1173
x dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur
de
Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque p
1174
Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit
le
cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme
1175
vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie
de
femme se déroule sur un rythme large à travers un peuple de personnag
1176
e déroule sur un rythme large à travers un peuple
de
personnages vivement contrastés, et des paysages baignés d’une longue
1177
ages vivement contrastés, et des paysages baignés
d’
une longue lumière boréale. Cette femme n’est pas un ange ni une saint
1178
une sainte. Elle a péché gravement, elle a touché
le
fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, u
1179
te. Elle a péché gravement, elle a touché le fond
de
la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, un vieil
1180
Elle a péché gravement, elle a touché le fond de
la
détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, un vieil our
1181
un vieil ours intraitable, toujours dressé contre
les
conventions civilisées — inoubliable création, ce Norenius ! — qui pr
1182
ubliable création, ce Norenius ! — qui prend soin
d’
elle au temps de son malheur. Puis une grâce vient dans sa vie, et dés
1183
r. Puis une grâce vient dans sa vie, et désormais
l’
accompagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître e
1184
et désormais l’accompagne en secret tout au long
de
cette chronique. On voit naître et grandir un fils, puis les enfants
1185
hronique. On voit naître et grandir un fils, puis
les
enfants d’une troisième génération. (C’est un des grands pouvoirs des
1186
voit naître et grandir un fils, puis les enfants
d’
une troisième génération. (C’est un des grands pouvoirs des romanciers
1187
un des grands pouvoirs des romanciers du Nord que
d’
introduire la durée d’une vie comme protagoniste du drame.) Des fragme
1188
pouvoirs des romanciers du Nord que d’introduire
la
durée d’une vie comme protagoniste du drame.) Des fragments du journa
1189
des romanciers du Nord que d’introduire la durée
d’
une vie comme protagoniste du drame.) Des fragments du journal de Sara
1190
protagoniste du drame.) Des fragments du journal
de
Sara commentent et rythment le déroulement de cette légende de la vie
1191
agments du journal de Sara commentent et rythment
le
déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Vie quotidienne,
1192
nal de Sara commentent et rythment le déroulement
de
cette légende de la vie quotidienne. Vie quotidienne, réalisme, pessi
1193
ntent et rythment le déroulement de cette légende
de
la vie quotidienne. Vie quotidienne, réalisme, pessimisme. Je vois bi
1194
nt et rythment le déroulement de cette légende de
la
vie quotidienne. Vie quotidienne, réalisme, pessimisme. Je vois bien
1195
e quotidienne, réalisme, pessimisme. Je vois bien
les
malentendus que font naître ces expressions dans nos esprits encore m
1196
e ces expressions dans nos esprits encore marqués
de
préjugés naturalistes. On a voulu nous faire croire que la vie quotid
1197
és naturalistes. On a voulu nous faire croire que
la
vie quotidienne était le contraire de la poésie, et qu’être réaliste
1198
lu nous faire croire que la vie quotidienne était
le
contraire de la poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir d’au
1199
croire que la vie quotidienne était le contraire
de
la poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir d’autre que le se
1200
oire que la vie quotidienne était le contraire de
la
poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir d’autre que le sexe
1201
poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir
d’
autre que le sexe et l’argent dans l’existence humaine. Cette espèce d
1202
qu’être réaliste c’était ne rien voir d’autre que
le
sexe et l’argent dans l’existence humaine. Cette espèce de naturalism
1203
liste c’était ne rien voir d’autre que le sexe et
l’
argent dans l’existence humaine. Cette espèce de naturalisme est le fr
1204
ne rien voir d’autre que le sexe et l’argent dans
l’
existence humaine. Cette espèce de naturalisme est le fruit d’un resse
1205
t l’argent dans l’existence humaine. Cette espèce
de
naturalisme est le fruit d’un ressentiment que les excès idéalistes e
1206
xistence humaine. Cette espèce de naturalisme est
le
fruit d’un ressentiment que les excès idéalistes expliquent sans le l
1207
humaine. Cette espèce de naturalisme est le fruit
d’
un ressentiment que les excès idéalistes expliquent sans le légitimer.
1208
de naturalisme est le fruit d’un ressentiment que
les
excès idéalistes expliquent sans le légitimer. L’homme n’est pas un a
1209
entiment que les excès idéalistes expliquent sans
le
légitimer. L’homme n’est pas un ange, c’est entendu, mais ne dites pa
1210
es excès idéalistes expliquent sans le légitimer.
L’
homme n’est pas un ange, c’est entendu, mais ne dites pas qu’il n’est
1211
leversante, une poésie qui naît des faits, jamais
d’
un commentaire de l’auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaus
1212
oésie qui naît des faits, jamais d’un commentaire
de
l’auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches t
1213
ie qui naît des faits, jamais d’un commentaire de
l’
auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop
1214
t des faits, jamais d’un commentaire de l’auteur.
La
danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes,
1215
ts, jamais d’un commentaire de l’auteur. La danse
de
la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes, dans le t
1216
jamais d’un commentaire de l’auteur. La danse de
la
petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes, dans le taud
1217
ur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée
de
galoches trop grandes, dans le taudis où son vieux père se saoule et
1218
argareta, chaussée de galoches trop grandes, dans
le
taudis où son vieux père se saoule et sacre, dix autres scènes enfant
1219
a réalité : elle dépend du regard qu’on porte sur
le
monde. Le regard « objectif » de nos naturalistes appauvrit tout, fau
1220
: elle dépend du regard qu’on porte sur le monde.
Le
regard « objectif » de nos naturalistes appauvrit tout, faute de voul
1221
qu’on porte sur le monde. Le regard « objectif »
de
nos naturalistes appauvrit tout, faute de vouloir imaginer. Ils croie
1222
tout, faute de vouloir imaginer. Ils croient voir
l’
existence réelle alors qu’ils décrivent simplement l’impuissance de le
1223
xistence réelle alors qu’ils décrivent simplement
l’
impuissance de leur propre cœur. Le regard « réaliste » de Hildur Dixe
1224
e alors qu’ils décrivent simplement l’impuissance
de
leur propre cœur. Le regard « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir
1225
ent simplement l’impuissance de leur propre cœur.
Le
regard « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir dans la vie quotidie
1226
sance de leur propre cœur. Le regard « réaliste »
de
Hildur Dixetius a su voir dans la vie quotidienne des drames singulie
1227
rd « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir dans
la
vie quotidienne des drames singuliers, de bizarres et profondes folie
1228
ir dans la vie quotidienne des drames singuliers,
de
bizarres et profondes folies, l’originalité bouleversante des êtres,
1229
ames singuliers, de bizarres et profondes folies,
l’
originalité bouleversante des êtres, qu’il s’agisse d’un grand évêque
1230
iginalité bouleversante des êtres, qu’il s’agisse
d’
un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belett
1231
te des êtres, qu’il s’agisse d’un grand évêque ou
de
cette fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son e
1232
u’il s’agisse d’un grand évêque ou de cette fille
de
ferme « au mince visage de belette » qui enterre son enfant dans la n
1233
êque ou de cette fille de ferme « au mince visage
de
belette » qui enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’innoc
1234
e visage de belette » qui enterre son enfant dans
la
neige avec une sorte d’innocence animale. La superstition rôde dans c
1235
i enterre son enfant dans la neige avec une sorte
d’
innocence animale. La superstition rôde dans ces campagnes désertiques
1236
dans la neige avec une sorte d’innocence animale.
La
superstition rôde dans ces campagnes désertiques ; il y a des fous, d
1237
s, des femmes possédées ; des ivrognes qui citent
les
Écritures ; peut-être aussi des saints, mais qu’on ignore et qui s’ig
1238
ignore et qui s’ignorent. Partout et jusque dans
les
choses, un mystère inquiétant se révèle aux yeux de celui qui sait vo
1239
menacées, harmonieuses ou durement rabrouées par
le
sort, « la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une misér
1240
harmonieuses ou durement rabrouées par le sort, «
la
neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une miséricorde lumi
1241
la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole
d’
une miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de
1242
miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle est
le
vrai sujet de ce grand livre. Le silence à peu près général de la cri
1243
mineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet
de
ce grand livre. Le silence à peu près général de la critique à propos
1244
rait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre.
Le
silence à peu près général de la critique à propos d’une telle œuvre
1245
de ce grand livre. Le silence à peu près général
de
la critique à propos d’une telle œuvre donnerait lieu à des conclusio
1246
ce grand livre. Le silence à peu près général de
la
critique à propos d’une telle œuvre donnerait lieu à des conclusions
1247
nerait lieu à des conclusions amères. Amères pour
la
critique surtout, je crois. Car Sara Alelia trouvera son public ; c’e
1248
Alelia trouvera son public ; c’est un livre qui a
le
temps pour lui. 9. Hildur Dixelius von Aster : Sara Alelia, traduit
1249
tis. (Éditions « Je sers ».) h. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Au sujet d’un roman : Sara Alelia », Les Nouvelles
1250
h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Au sujet
d’
un roman : Sara Alelia », Les Nouvelles littéraires, Paris, 3 novembr
1251
mpte rendu] Au sujet d’un roman : Sara Alelia »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 3 novembre 1934, p. 3. i. Une note de
1252
ires, Paris, 3 novembre 1934, p. 3. i. Une note
de
lecture plus courte du même roman a également paru dans le Journal de
1253
e plus courte du même roman a également paru dans
le
Journal de Genève du 25 mai 1934.
1254
te du même roman a également paru dans le Journal
de
Genève du 25 mai 1934.
1255
Une histoire
de
la Réforme en France (15 décembre 1934)j Certes, la grandeur d’une
1256
Une histoire de
la
Réforme en France (15 décembre 1934)j Certes, la grandeur d’une Ég
1257
Réforme en France (15 décembre 1934)j Certes,
la
grandeur d’une Église et sa force ne résident pas dans son histoire,
1258
France (15 décembre 1934)j Certes, la grandeur
d’
une Église et sa force ne résident pas dans son histoire, mais dans sa
1259
histoire, mais dans sa vérité, c’est-à-dire dans
l’
objet de sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est permi
1260
e, mais dans sa vérité, c’est-à-dire dans l’objet
de
sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est permis de rec
1261
vérité, c’est-à-dire dans l’objet de sa foi. Mais
de
cette force et de cette grandeur il est permis de rechercher les témo
1262
re dans l’objet de sa foi. Mais de cette force et
de
cette grandeur il est permis de rechercher les témoignages dans l’ord
1263
de cette force et de cette grandeur il est permis
de
rechercher les témoignages dans l’ordre de la civilisation, et il est
1264
et de cette grandeur il est permis de rechercher
les
témoignages dans l’ordre de la civilisation, et il est légitime d’en
1265
il est permis de rechercher les témoignages dans
l’
ordre de la civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémoire
1266
permis de rechercher les témoignages dans l’ordre
de
la civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémoire, pourvu
1267
mis de rechercher les témoignages dans l’ordre de
la
civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémoire, pourvu qu
1268
ns l’ordre de la civilisation, et il est légitime
d’
en restaurer la mémoire, pourvu que l’on n’y cherche pas de vains prét
1269
a civilisation, et il est légitime d’en restaurer
la
mémoire, pourvu que l’on n’y cherche pas de vains prétextes à se glor
1270
st légitime d’en restaurer la mémoire, pourvu que
l’
on n’y cherche pas de vains prétextes à se glorifier d’un passé bien p
1271
aurer la mémoire, pourvu que l’on n’y cherche pas
de
vains prétextes à se glorifier d’un passé bien passé, et dont il rest
1272
n’y cherche pas de vains prétextes à se glorifier
d’
un passé bien passé, et dont il resterait à prouver qu’on est digne. L
1273
, et dont il resterait à prouver qu’on est digne.
Le
meilleur moyen d’éviter ce danger serait sans doute d’envisager l’his
1274
rait à prouver qu’on est digne. Le meilleur moyen
d’
éviter ce danger serait sans doute d’envisager l’histoire d’une religi
1275
illeur moyen d’éviter ce danger serait sans doute
d’
envisager l’histoire d’une religion dans la perspective de sa théologi
1276
d’éviter ce danger serait sans doute d’envisager
l’
histoire d’une religion dans la perspective de sa théologie ; le rappe
1277
e danger serait sans doute d’envisager l’histoire
d’
une religion dans la perspective de sa théologie ; le rappel constant
1278
doute d’envisager l’histoire d’une religion dans
la
perspective de sa théologie ; le rappel constant du dogme suffirait,
1279
ger l’histoire d’une religion dans la perspective
de
sa théologie ; le rappel constant du dogme suffirait, dans le cas de
1280
ne religion dans la perspective de sa théologie ;
le
rappel constant du dogme suffirait, dans le cas de l’Église protestan
1281
gie ; le rappel constant du dogme suffirait, dans
le
cas de l’Église protestante, à rétablir la valeur relative des faits,
1282
e rappel constant du dogme suffirait, dans le cas
de
l’Église protestante, à rétablir la valeur relative des faits, valeur
1283
appel constant du dogme suffirait, dans le cas de
l’
Église protestante, à rétablir la valeur relative des faits, valeur de
1284
, dans le cas de l’Église protestante, à rétablir
la
valeur relative des faits, valeur de témoignage, sans cesse rapportée
1285
, à rétablir la valeur relative des faits, valeur
de
témoignage, sans cesse rapportée à la foi, dont Dieu seul juge. John
1286
its, valeur de témoignage, sans cesse rapportée à
la
foi, dont Dieu seul juge. John Viénot — qui vient de mourir presque e
1287
dopté un parti tout différent, et c’est peut-être
le
seul reproche sérieux que je me sente le droit de formuler devant sa
1288
eut-être le seul reproche sérieux que je me sente
le
droit de formuler devant sa monumentale Histoire de la Réforme frança
1289
le seul reproche sérieux que je me sente le droit
de
formuler devant sa monumentale Histoire de la Réforme française. Plus
1290
droit de formuler devant sa monumentale Histoire
de
la Réforme française. Plus encore que le premier tome de cet ouvrage
1291
oit de formuler devant sa monumentale Histoire de
la
Réforme française. Plus encore que le premier tome de cet ouvrage (de
1292
éforme française. Plus encore que le premier tome
de
cet ouvrage (des origines à l’édit de Nantes), le second tome qui vie
1293
ue le premier tome de cet ouvrage (des origines à
l’
édit de Nantes), le second tome qui vient de paraître10 témoigne de la
1294
, le second tome qui vient de paraître10 témoigne
de
la volonté qu’avait l’auteur de ne décrire que les effets sociaux, po
1295
e second tome qui vient de paraître10 témoigne de
la
volonté qu’avait l’auteur de ne décrire que les effets sociaux, polit
1296
ent de paraître10 témoigne de la volonté qu’avait
l’
auteur de ne décrire que les effets sociaux, politiques et culturels d
1297
raître10 témoigne de la volonté qu’avait l’auteur
de
ne décrire que les effets sociaux, politiques et culturels de la Réfo
1298
de la volonté qu’avait l’auteur de ne décrire que
les
effets sociaux, politiques et culturels de la Réforme, sans les rappo
1299
e que les effets sociaux, politiques et culturels
de
la Réforme, sans les rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans
1300
ue les effets sociaux, politiques et culturels de
la
Réforme, sans les rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans l’É
1301
iaux, politiques et culturels de la Réforme, sans
les
rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans l’Église. De même, Jo
1302
et culturels de la Réforme, sans les rapporter à
l’
évolution parallèle du dogme dans l’Église. De même, John Viénot laiss
1303
s rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans
l’
Église. De même, John Viénot laisse délibérément de côté tout ce que l
1304
’Église. De même, John Viénot laisse délibérément
de
côté tout ce que l’abbé Bremond appelait l’histoire du sentiment reli
1305
hn Viénot laisse délibérément de côté tout ce que
l’
abbé Bremond appelait l’histoire du sentiment religieux, et il nous se
1306
ément de côté tout ce que l’abbé Bremond appelait
l’
histoire du sentiment religieux, et il nous sera permis de souhaiter q
1307
re du sentiment religieux, et il nous sera permis
de
souhaiter que cette lacune suscite un Bremond protestant, ne fût-ce q
1308
n Bremond protestant, ne fût-ce que pour corriger
les
souriantes injustices du catholique à l’endroit de Calvin. John Viéno
1309
oit de Calvin. John Viénot, pasteur et professeur
de
théologie, a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’une ma
1310
not, pasteur et professeur de théologie, a réussi
le
tour de force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si
1311
, pasteur et professeur de théologie, a réussi le
tour
de force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si impar
1312
teur et professeur de théologie, a réussi le tour
de
force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si impartia
1313
rofesseur de théologie, a réussi le tour de force
de
parler de la Réforme d’une manière si objective, si impartiale, si sp
1314
de théologie, a réussi le tour de force de parler
de
la Réforme d’une manière si objective, si impartiale, si spectaculair
1315
théologie, a réussi le tour de force de parler de
la
Réforme d’une manière si objective, si impartiale, si spectaculaire,
1316
a réussi le tour de force de parler de la Réforme
d’
une manière si objective, si impartiale, si spectaculaire, pourrait-on
1317
n ne voit guère en quoi son Histoire se distingue
de
celle qu’eût pu écrire un savant laïque épris de tolérance, teinté de
1318
de celle qu’eût pu écrire un savant laïque épris
de
tolérance, teinté de renanisme, et considérant les conquêtes de la Ré
1319
crire un savant laïque épris de tolérance, teinté
de
renanisme, et considérant les conquêtes de la Réforme comme autant de
1320
de tolérance, teinté de renanisme, et considérant
les
conquêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de co
1321
teinté de renanisme, et considérant les conquêtes
de
la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en g
1322
nté de renanisme, et considérant les conquêtes de
la
Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en géné
1323
sidérant les conquêtes de la Réforme comme autant
de
conquêtes de la liberté de conscience en général, plutôt que de la fo
1324
conquêtes de la Réforme comme autant de conquêtes
de
la liberté de conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit,
1325
quêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de
la
liberté de conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit, l’o
1326
a Réforme comme autant de conquêtes de la liberté
de
conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit, l’on ne saurai
1327
e la liberté de conscience en général, plutôt que
de
la foi. Ceci dit, l’on ne saurait assez louer la science et les scrup
1328
a liberté de conscience en général, plutôt que de
la
foi. Ceci dit, l’on ne saurait assez louer la science et les scrupule
1329
ience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit,
l’
on ne saurait assez louer la science et les scrupules historiques de V
1330
de la foi. Ceci dit, l’on ne saurait assez louer
la
science et les scrupules historiques de Viénot. La réserve dont il fa
1331
ci dit, l’on ne saurait assez louer la science et
les
scrupules historiques de Viénot. La réserve dont il fait preuve dans
1332
sez louer la science et les scrupules historiques
de
Viénot. La réserve dont il fait preuve dans tous ses jugements, l’att
1333
a science et les scrupules historiques de Viénot.
La
réserve dont il fait preuve dans tous ses jugements, l’atténuation vo
1334
erve dont il fait preuve dans tous ses jugements,
l’
atténuation volontaire des condamnations qu’il ne peut s’empêcher de p
1335
ntaire des condamnations qu’il ne peut s’empêcher
de
porter parfois, tout cet effort d’impartialité systématique qui reste
1336
eut s’empêcher de porter parfois, tout cet effort
d’
impartialité systématique qui restera la marque des historiens du xixe
1337
et effort d’impartialité systématique qui restera
la
marque des historiens du xixe siècle finissant, n’enlève rien à l’in
1338
oriens du xixe siècle finissant, n’enlève rien à
l’
intérêt puissant de ce gros volume. Mais aussi, la substance historiqu
1339
cle finissant, n’enlève rien à l’intérêt puissant
de
ce gros volume. Mais aussi, la substance historique qu’il nous offre
1340
l’intérêt puissant de ce gros volume. Mais aussi,
la
substance historique qu’il nous offre est de celles qui n’ont pas bes
1341
ssi, la substance historique qu’il nous offre est
de
celles qui n’ont pas besoin de condiments pour produire leur brûlante
1342
’il nous offre est de celles qui n’ont pas besoin
de
condiments pour produire leur brûlante saveur. Rien de plus excitant
1343
leur brûlante saveur. Rien de plus excitant pour
l’
esprit que cette lecture, passionnante non seulement à cause du pittor
1344
ment à cause des plongées directes qu’elle permet
d’
opérer dans la vie publique et privée du xviie siècle, mais encore pa
1345
es plongées directes qu’elle permet d’opérer dans
la
vie publique et privée du xviie siècle, mais encore parce que, à tou
1346
ie siècle, mais encore parce que, à tout moment,
le
lecteur se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu de la France si
1347
eur se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu
de
la France si l’édit avait été observé, s’il n’avait pas été révoqué,
1348
se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu de
la
France si l’édit avait été observé, s’il n’avait pas été révoqué, si
1349
té à imaginer ce qu’il fut advenu de la France si
l’
édit avait été observé, s’il n’avait pas été révoqué, si Sully avait é
1350
it pas été révoqué, si Sully avait été écouté, si
les
jésuites n’étaient pas revenus, s’ils n’avaient pas armé, après quinz
1351
mé, après quinze autres meurtriers, un Ravaillac…
Le
bel irénisme de Viénot, la réserve qu’il observe avec constance dans
1352
autres meurtriers, un Ravaillac… Le bel irénisme
de
Viénot, la réserve qu’il observe avec constance dans son récit ne peu
1353
rtriers, un Ravaillac… Le bel irénisme de Viénot,
la
réserve qu’il observe avec constance dans son récit ne peuvent en som
1354
ans son récit ne peuvent en somme que donner plus
de
vigueur au langage des faits, cités ici en très grand nombre à chaque
1355
ière fois, et propres à modifier considérablement
l’
opinion que nous pouvions avoir du « grand siècle » tel que nous l’ont
1356
s pouvions avoir du « grand siècle » tel que nous
l’
ont décrit les fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la poli
1357
oir du « grand siècle » tel que nous l’ont décrit
les
fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la politique romaine.
1358
d siècle » tel que nous l’ont décrit les fervents
de
Louis XIV et certains défenseurs de la politique romaine. La persécut
1359
les fervents de Louis XIV et certains défenseurs
de
la politique romaine. La persécution des protestants ne fut pas l’œuv
1360
s fervents de Louis XIV et certains défenseurs de
la
politique romaine. La persécution des protestants ne fut pas l’œuvre
1361
V et certains défenseurs de la politique romaine.
La
persécution des protestants ne fut pas l’œuvre du parti catholique fr
1362
omaine. La persécution des protestants ne fut pas
l’
œuvre du parti catholique français, mais bien des conseillers étranger
1363
rs des rois et du haut clergé. Il semble bien que
la
pensée dominante, dans toute cette guerre faite à la foi évangélique,
1364
pensée dominante, dans toute cette guerre faite à
la
foi évangélique, ait été celle des Espagnols et des Romains. Les cath
1365
ique, ait été celle des Espagnols et des Romains.
Les
catholiques patriotes savaient bien que la présence à la cour d’un Su
1366
ains. Les catholiques patriotes savaient bien que
la
présence à la cour d’un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants
1367
oliques patriotes savaient bien que la présence à
la
cour d’un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants d’une Église
1368
patriotes savaient bien que la présence à la cour
d’
un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants d’une Église légale e
1369
ient bien que la présence à la cour d’un Sully ou
d’
un Duplessis-Mornay, représentants d’une Église légale et particulière
1370
’un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants
d’
une Église légale et particulièrement fidèle au roi, ne pouvait nuire
1371
fidèle au roi, ne pouvait nuire au prestige et à
l’
ordre de l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous
1372
au roi, ne pouvait nuire au prestige et à l’ordre
de
l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV
1373
roi, ne pouvait nuire au prestige et à l’ordre de
l’
État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV, d
1374
e l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris
de
bon, sous Henri IV, dans le domaine de la politique européenne, fut l
1375
ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV, dans
le
domaine de la politique européenne, fut l’œuvre personnelle des réfor
1376
entrepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine
de
la politique européenne, fut l’œuvre personnelle des réformés. Le « g
1377
trepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine de
la
politique européenne, fut l’œuvre personnelle des réformés. Le « gran
1378
, dans le domaine de la politique européenne, fut
l’
œuvre personnelle des réformés. Le « grand dessein » qu’avait conçu Bé
1379
européenne, fut l’œuvre personnelle des réformés.
Le
« grand dessein » qu’avait conçu Béthune pouvait faire de la France l
1380
nd dessein » qu’avait conçu Béthune pouvait faire
de
la France la première organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais le
1381
dessein » qu’avait conçu Béthune pouvait faire de
la
France la première organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais le vi
1382
vait faire de la France la première organisatrice
d’
une Europe fédéralisée. Mais le virus qu’un Mazarin, un Concini ou un
1383
ière organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais
le
virus qu’un Mazarin, un Concini ou un Ubaldini (nonce papal) introdui
1384
uisent en France au début du xviie siècle, c’est
le
virus de l’étatisme totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l
1385
France au début du xviie siècle, c’est le virus
de
l’étatisme totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l’unité à
1386
ance au début du xviie siècle, c’est le virus de
l’
étatisme totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l’unité à tou
1387
, c’est le virus de l’étatisme totalitaire, c’est
l’
idée fort peu française de l’unité à tout prix et dans tous les ordres
1388
isme totalitaire, c’est l’idée fort peu française
de
l’unité à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les
1389
e totalitaire, c’est l’idée fort peu française de
l’
unité à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les div
1390
peu française de l’unité à tout prix et dans tous
les
ordres, au mépris de toutes les diversités organiques et fécondes. C’
1391
té à tout prix et dans tous les ordres, au mépris
de
toutes les diversités organiques et fécondes. C’est cette idéologie i
1392
prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes
les
diversités organiques et fécondes. C’est cette idéologie importée qui
1393
idéologie importée qui influence de plus en plus
la
cour, et qui finit par triompher lors de la révocation de l’édit de N
1394
plus la cour, et qui finit par triompher lors de
la
révocation de l’édit de Nantes. Mais alors cette révocation n’apparaî
1395
et qui finit par triompher lors de la révocation
de
l’édit de Nantes. Mais alors cette révocation n’apparaît plus que com
1396
qui finit par triompher lors de la révocation de
l’
édit de Nantes. Mais alors cette révocation n’apparaît plus que comme
1397
révocation n’apparaît plus que comme un épisode,
le
plus marquant il est vrai, de toute l’évolution politique de la royau
1398
e comme un épisode, le plus marquant il est vrai,
de
toute l’évolution politique de la royauté absolue vers « l’État total
1399
n épisode, le plus marquant il est vrai, de toute
l’
évolution politique de la royauté absolue vers « l’État totalitaire ».
1400
quant il est vrai, de toute l’évolution politique
de
la royauté absolue vers « l’État totalitaire ». Il faut ici risquer u
1401
nt il est vrai, de toute l’évolution politique de
la
royauté absolue vers « l’État totalitaire ». Il faut ici risquer un m
1402
’évolution politique de la royauté absolue vers «
l’
État totalitaire ». Il faut ici risquer un mot sans doute anachronique
1403
uer un mot sans doute anachronique, mais que tout
le
livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme.
1404
t sans doute anachronique, mais que tout le livre
de
Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme. Le paral
1405
livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est
le
mot de fascisme. Le parallélisme qu’on peut facilement établir entre
1406
e Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot
de
fascisme. Le parallélisme qu’on peut facilement établir entre la « ré
1407
autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme.
Le
parallélisme qu’on peut facilement établir entre la « révocation » et
1408
parallélisme qu’on peut facilement établir entre
la
« révocation » et les mesures de « mise au pas » prises par Hitler me
1409
eut facilement établir entre la « révocation » et
les
mesures de « mise au pas » prises par Hitler me paraît riche d’enseig
1410
nt établir entre la « révocation » et les mesures
de
« mise au pas » prises par Hitler me paraît riche d’enseignements trè
1411
« mise au pas » prises par Hitler me paraît riche
d’
enseignements très actuels. Chez Louis XIV comme chez Hitler, ce n’est
1412
ouis XIV comme chez Hitler, ce n’est pas un souci
d’
unité religieuse qui domine : la religion leur est simple prétexte ; m
1413
’est pas un souci d’unité religieuse qui domine :
la
religion leur est simple prétexte ; mais il s’agit d’établir à tout p
1414
eligion leur est simple prétexte ; mais il s’agit
d’
établir à tout prix un cadre national centralisé, géométrique, conçu d
1415
adre national centralisé, géométrique, conçu dans
l’
abstraction et imposé par la violence. Pour soutenir un tel dessein, i
1416
ométrique, conçu dans l’abstraction et imposé par
la
violence. Pour soutenir un tel dessein, il s’agit d’établir un droit
1417
violence. Pour soutenir un tel dessein, il s’agit
d’
établir un droit nouveau qui ne soit plus fondé que sur la seule volon
1418
r un droit nouveau qui ne soit plus fondé que sur
la
seule volonté du dictateur. Déjà ce mot de Mazarin paraît donner comm
1419
ue sur la seule volonté du dictateur. Déjà ce mot
de
Mazarin paraît donner comme une formule anticipée du droit « nazi » :
1420
mme une formule anticipée du droit « nazi » : Si
le
roi, disait-il, ne voulait point qu’on portât des glands à son collet
1421
drait point porter, parce que ce n’est point tant
la
chose défendue que la défense qui fait le crime. En face de ces prét
1422
rce que ce n’est point tant la chose défendue que
la
défense qui fait le crime. En face de ces prétentions toutes nouvell
1423
nt tant la chose défendue que la défense qui fait
le
crime. En face de ces prétentions toutes nouvelles, les réformés de
1424
me. En face de ces prétentions toutes nouvelles,
les
réformés de France ne cessèrent, dès le début, de dresser une protest
1425
de ces prétentions toutes nouvelles, les réformés
de
France ne cessèrent, dès le début, de dresser une protestation dont l
1426
uvelles, les réformés de France ne cessèrent, dès
le
début, de dresser une protestation dont les termes n’ont, hélas ! pas
1427
es réformés de France ne cessèrent, dès le début,
de
dresser une protestation dont les termes n’ont, hélas ! pas vieilli.
1428
t, dès le début, de dresser une protestation dont
les
termes n’ont, hélas ! pas vieilli. Viénot cite, à ce propos, un texte
1429
, à ce propos, un texte assez frappant. Il s’agit
de
la requête adressée au roi par des protestants auxquels on refusait l
1430
ce propos, un texte assez frappant. Il s’agit de
la
requête adressée au roi par des protestants auxquels on refusait l’us
1431
e au roi par des protestants auxquels on refusait
l’
usage des cimetières (on allait même jusqu’à violer les sépultures des
1432
age des cimetières (on allait même jusqu’à violer
les
sépultures des religionnaires) : Ceux que vous déterrez, dit la requ
1433
es religionnaires) : Ceux que vous déterrez, dit
la
requête, ne sont point étrangers. Ce sont François, vrais François de
1434
point étrangers. Ce sont François, vrais François
de
nature comme vous, mieux que vous d’affection, s’il est vrai que l’hu
1435
ais François de nature comme vous, mieux que vous
d’
affection, s’il est vrai que l’humanité est la propre affection des Fr
1436
us, mieux que vous d’affection, s’il est vrai que
l’
humanité est la propre affection des François… Bon Dieu ! parmi quels
1437
ous d’affection, s’il est vrai que l’humanité est
la
propre affection des François… Bon Dieu ! parmi quels tigres vivons-n
1438
ieu ! parmi quels tigres vivons-nous… qu’une cour
de
Parlement se licencie ainsi contre le droit naturel, contre l’honnête
1439
qu’une cour de Parlement se licencie ainsi contre
le
droit naturel, contre l’honnêteté civile ! Ce recours à un droit uni
1440
se licencie ainsi contre le droit naturel, contre
l’
honnêteté civile ! Ce recours à un droit universellement humain, n’es
1441
universellement humain, n’est-il pas significatif
de
la nature du danger qu’on courait ? La conclusion de cette requête mé
1442
versellement humain, n’est-il pas significatif de
la
nature du danger qu’on courait ? La conclusion de cette requête mérit
1443
gnificatif de la nature du danger qu’on courait ?
La
conclusion de cette requête mérite d’ailleurs d’être citée aussi, pou
1444
la nature du danger qu’on courait ? La conclusion
de
cette requête mérite d’ailleurs d’être citée aussi, pour sa seule bea
1445
La conclusion de cette requête mérite d’ailleurs
d’
être citée aussi, pour sa seule beauté : Lequel nous vaudra donc mieu
1446
n’est pas moins grand lorsque, après avoir décrit
l’
enterrement nocturne et secret d’une de ses coreligionnaires, il concl
1447
rès avoir décrit l’enterrement nocturne et secret
d’
une de ses coreligionnaires, il conclut par ces mots : Nous sommes ch
1448
oir décrit l’enterrement nocturne et secret d’une
de
ses coreligionnaires, il conclut par ces mots : Nous sommes chassés
1449
s, il conclut par ces mots : Nous sommes chassés
de
la ville et jetés comme des ordures dans un coin. C’est bien d’ailleu
1450
il conclut par ces mots : Nous sommes chassés de
la
ville et jetés comme des ordures dans un coin. C’est bien d’ailleurs.
1451
s cieux. Louange à Dieu aux siècles des siècles.
Le
livre de John Viénot nous donne toute une anthologie de pareils trait
1452
Louange à Dieu aux siècles des siècles. Le livre
de
John Viénot nous donne toute une anthologie de pareils traits. Grâce
1453
re de John Viénot nous donne toute une anthologie
de
pareils traits. Grâce à quoi l’on ressort de cette lecture plus édifi
1454
te une anthologie de pareils traits. Grâce à quoi
l’
on ressort de cette lecture plus édifié encore que révolté. Mais ce n’
1455
ogie de pareils traits. Grâce à quoi l’on ressort
de
cette lecture plus édifié encore que révolté. Mais ce n’est pas peu d
1456
olté. Mais ce n’est pas peu dire. 10. Histoire
de
la Réforme française, tome II : De l’édit de Nantes à sa révocation,
1457
é. Mais ce n’est pas peu dire. 10. Histoire de
la
Réforme française, tome II : De l’édit de Nantes à sa révocation, Lib
1458
10. Histoire de la Réforme française, tome II :
De
l’édit de Nantes à sa révocation, Librairie Fischbacher. La même libr
1459
. Histoire de la Réforme française, tome II : De
l’
édit de Nantes à sa révocation, Librairie Fischbacher. La même librair
1460
de Nantes à sa révocation, Librairie Fischbacher.
La
même librairie publie une intéressante plaquette de H. Dartigue sur l
1461
même librairie publie une intéressante plaquette
de
H. Dartigue sur la vie et l’œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis
1462
lie une intéressante plaquette de H. Dartigue sur
la
vie et l’œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis de, « [Compte rendu
1463
téressante plaquette de H. Dartigue sur la vie et
l’
œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Une hist
1464
te plaquette de H. Dartigue sur la vie et l’œuvre
de
J. Viénot. j. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Une histoire de
1465
vie et l’œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Une histoire de la Réforme en France », Les Nouvell
1466
Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Une histoire
de
la Réforme en France », Les Nouvelles littéraires, Paris, 15 décembre
1467
gemont Denis de, « [Compte rendu] Une histoire de
la
Réforme en France », Les Nouvelles littéraires, Paris, 15 décembre 19
1468
te rendu] Une histoire de la Réforme en France »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 15 décembre 1934, p. 5.
1469
iennent du Nord11. Un même courant spirituel nous
les
apporte au temps marqué. Peut-être, l’examen de ces « témoins » à la
1470
tuel nous les apporte au temps marqué. Peut-être,
l’
examen de ces « témoins » à la fois si divers et si profondément sembl
1471
les apporte au temps marqué. Peut-être, l’examen
de
ces « témoins » à la fois si divers et si profondément semblables nou
1472
dément semblables nous permettra-t-il aujourd’hui
de
préciser la direction et la nature de ce courant. L’Esprit souffle où
1473
ables nous permettra-t-il aujourd’hui de préciser
la
direction et la nature de ce courant. L’Esprit souffle où il veut. Le
1474
ttra-t-il aujourd’hui de préciser la direction et
la
nature de ce courant. L’Esprit souffle où il veut. Les prévisions des
1475
aujourd’hui de préciser la direction et la nature
de
ce courant. L’Esprit souffle où il veut. Les prévisions des historien
1476
préciser la direction et la nature de ce courant.
L’
Esprit souffle où il veut. Les prévisions des historiens de la pensée
1477
ature de ce courant. L’Esprit souffle où il veut.
Les
prévisions des historiens de la pensée ne semblent pas peser bien lou
1478
souffle où il veut. Les prévisions des historiens
de
la pensée ne semblent pas peser bien lourd sur ses décisions souverai
1479
ffle où il veut. Les prévisions des historiens de
la
pensée ne semblent pas peser bien lourd sur ses décisions souveraines
1480
ions souveraines. Comment expliquer, par exemple,
la
soudaine passion qui porte tant de bons esprits, chez nous, vers la p
1481
n qui porte tant de bons esprits, chez nous, vers
la
pensée de Kierkegaard, surgissant lentement, terriblement, des ombres
1482
e tant de bons esprits, chez nous, vers la pensée
de
Kierkegaard, surgissant lentement, terriblement, des ombres du Siècle
1483
du Siècle Stupide ? Qui prévoyait, voici dix ans,
l’
intervention de ce génie considérable, la position de cette question p
1484
de ? Qui prévoyait, voici dix ans, l’intervention
de
ce génie considérable, la position de cette question plutôt gênante q
1485
dix ans, l’intervention de ce génie considérable,
la
position de cette question plutôt gênante qu’est son œuvre en plein c
1486
ntervention de ce génie considérable, la position
de
cette question plutôt gênante qu’est son œuvre en plein cœur de nos r
1487
ion plutôt gênante qu’est son œuvre en plein cœur
de
nos ratiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curie
1488
est son œuvre en plein cœur de nos ratiocinations
de
clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est
1489
in cœur de nos ratiocinations de clercs retraités
de
la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkega
1490
cœur de nos ratiocinations de clercs retraités de
la
vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard
1491
tiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais
le
plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit pré
1492
clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux
de
l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit présenté aujourd’hu
1493
rcs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de
l’
affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit présenté aujourd’hui p
1494
ophes laïques tout à fait libérés des disciplines
de
la foi, au moment décisif où, d’autre part, la pensée de son grand di
1495
es laïques tout à fait libérés des disciplines de
la
foi, au moment décisif où, d’autre part, la pensée de son grand disci
1496
es de la foi, au moment décisif où, d’autre part,
la
pensée de son grand disciple et continuateur, Karl Barth, pénètre et
1497
oi, au moment décisif où, d’autre part, la pensée
de
son grand disciple et continuateur, Karl Barth, pénètre et fait reviv
1498
he et du théologien projette une vive lumière sur
le
secret dernier du message d’un romancier : Dostoïevski. Prenons-y gar
1499
une vive lumière sur le secret dernier du message
d’
un romancier : Dostoïevski. Prenons-y garde, une nouvelle constellatio
1500
garde, une nouvelle constellation monte au zénith
de
notre âge. Il s’agit maintenant d’interpréter son signe. ⁂ Crainte e
1501
onte au zénith de notre âge. Il s’agit maintenant
d’
interpréter son signe. ⁂ Crainte et Tremblement, qui vient de paraîtr
1502
rainte et Tremblement, qui vient de paraître dans
la
belle collection philosophique de MM. Lavelle et Le Senne, appartient
1503
e paraître dans la belle collection philosophique
de
MM. Lavelle et Le Senne, appartient à la première période de la pensé
1504
belle collection philosophique de MM. Lavelle et
Le
Senne, appartient à la première période de la pensée kierkegaardienne
1505
lle et Le Senne, appartient à la première période
de
la pensée kierkegaardienne. La question que pose cette œuvre, c’est c
1506
et Le Senne, appartient à la première période de
la
pensée kierkegaardienne. La question que pose cette œuvre, c’est cell
1507
a première période de la pensée kierkegaardienne.
La
question que pose cette œuvre, c’est celle de la foi, dans l’absolu.
1508
ne. La question que pose cette œuvre, c’est celle
de
la foi, dans l’absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaar
1509
La question que pose cette œuvre, c’est celle de
la
foi, dans l’absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaard a
1510
que pose cette œuvre, c’est celle de la foi, dans
l’
absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaard adressera plus
1511
lle de la foi, dans l’absolu. Ce n’est pas encore
la
question que Kierkegaard adressera plus tard à la chrétienté de son t
1512
la question que Kierkegaard adressera plus tard à
la
chrétienté de son temps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe
1513
e Kierkegaard adressera plus tard à la chrétienté
de
son temps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe le plus inouï
1514
dressera plus tard à la chrétienté de son temps :
la
foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe le plus inouï – avez-vous cet
1515
nté de son temps : la foi étant ce que j’ai dit –
le
paradoxe le plus inouï – avez-vous cette foi, êtes-vous vraiment chré
1516
emps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe
le
plus inouï – avez-vous cette foi, êtes-vous vraiment chrétiens ? Serv
1517
iens ? Servez-vous Dieu, ou bien vous servez-vous
de
Dieu ? Question terriblement gênante, insupportable. La vocation sing
1518
u ? Question terriblement gênante, insupportable.
La
vocation singulière de cet homme s’épuisera dans le seul acte de l’im
1519
nt gênante, insupportable. La vocation singulière
de
cet homme s’épuisera dans le seul acte de l’imposer. Après cet acte,
1520
vocation singulière de cet homme s’épuisera dans
le
seul acte de l’imposer. Après cet acte, semblable au prince Hamlet —
1521
gulière de cet homme s’épuisera dans le seul acte
de
l’imposer. Après cet acte, semblable au prince Hamlet — autre Danois
1522
ière de cet homme s’épuisera dans le seul acte de
l’
imposer. Après cet acte, semblable au prince Hamlet — autre Danois ! —
1523
nce Hamlet — autre Danois ! — il tombera, certain
d’
avoir accompli sa mission. Dans Crainte et Tremblement, Kierkegaard se
1524
Kierkegaard se débat encore avec lui-même. A-t-il
la
foi ? Qu’est-ce que la foi ? Hegel, dont la philosophie obsède à ce m
1525
core avec lui-même. A-t-il la foi ? Qu’est-ce que
la
foi ? Hegel, dont la philosophie obsède à ce moment l’esprit de Kierk
1526
-t-il la foi ? Qu’est-ce que la foi ? Hegel, dont
la
philosophie obsède à ce moment l’esprit de Kierkegaard, Hegel esquive
1527
i ? Hegel, dont la philosophie obsède à ce moment
l’
esprit de Kierkegaard, Hegel esquive la question, la supprime implicit
1528
, dont la philosophie obsède à ce moment l’esprit
de
Kierkegaard, Hegel esquive la question, la supprime implicitement. Il
1529
ce moment l’esprit de Kierkegaard, Hegel esquive
la
question, la supprime implicitement. Il réduit tout au général. Mais
1530
esprit de Kierkegaard, Hegel esquive la question,
la
supprime implicitement. Il réduit tout au général. Mais la Bible, que
1531
me implicitement. Il réduit tout au général. Mais
la
Bible, que nous dit-elle ? Elle ne fait pas une théorie, elle répond
1532
e ? Elle ne fait pas une théorie, elle répond par
l’
exemple d’Abraham. Et c’est à la méditation de cet exemple que Kierkeg
1533
e fait pas une théorie, elle répond par l’exemple
d’
Abraham. Et c’est à la méditation de cet exemple que Kierkegaard va co
1534
, elle répond par l’exemple d’Abraham. Et c’est à
la
méditation de cet exemple que Kierkegaard va consacrer son livre. Abr
1535
par l’exemple d’Abraham. Et c’est à la méditation
de
cet exemple que Kierkegaard va consacrer son livre. Abraham, le « pèr
1536
que Kierkegaard va consacrer son livre. Abraham,
le
« père des croyants », c’est l’homme qui a osé l’absurde. Dieu lui a
1537
n livre. Abraham, le « père des croyants », c’est
l’
homme qui a osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’âge de 70 ans
1538
le « père des croyants », c’est l’homme qui a osé
l’
absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’âge de 70 ans. Il n’a pas ri —
1539
qui a osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils, à
l’
âge de 70 ans. Il n’a pas ri — comme Sarah, sa femme — de ce miracle.
1540
osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’âge
de
70 ans. Il n’a pas ri — comme Sarah, sa femme — de ce miracle. Et mai
1541
e 70 ans. Il n’a pas ri — comme Sarah, sa femme —
de
ce miracle. Et maintenant Dieu lui commande d’offrir Isaac en sacrifi
1542
— de ce miracle. Et maintenant Dieu lui commande
d’
offrir Isaac en sacrifice ! Abraham ne se révolte pas. Il croit en Die
1543
raison humaine. Il selle son âne et s’en va vers
les
monts de Morija, pour sacrifier son fils unique. Il le fait « en vert
1544
maine. Il selle son âne et s’en va vers les monts
de
Morija, pour sacrifier son fils unique. Il le fait « en vertu de l’ab
1545
nts de Morija, pour sacrifier son fils unique. Il
le
fait « en vertu de l’absurde », c’est-à-dire en vertu de la foi, cont
1546
crifier son fils unique. Il le fait « en vertu de
l’
absurde », c’est-à-dire en vertu de la foi, contre toute morale et tou
1547
en vertu de l’absurde », c’est-à-dire en vertu de
la
foi, contre toute morale et toute règle « générale ». Il va commettre
1548
Il va commettre un meurtre, et c’est parce qu’il
l’
accepte qu’on l’appellera le père des croyants ? L’individu serait-il
1549
un meurtre, et c’est parce qu’il l’accepte qu’on
l’
appellera le père des croyants ? L’individu serait-il au-dessus du gén
1550
et c’est parce qu’il l’accepte qu’on l’appellera
le
père des croyants ? L’individu serait-il au-dessus du général ? Serai
1551
’accepte qu’on l’appellera le père des croyants ?
L’
individu serait-il au-dessus du général ? Serait-il affranchi de l’éth
1552
ait-il au-dessus du général ? Serait-il affranchi
de
l’éthique ? Mais alors, comment donc comprendrait-il son acte ? Vingt
1553
-il au-dessus du général ? Serait-il affranchi de
l’
éthique ? Mais alors, comment donc comprendrait-il son acte ? Vingt fo
1554
son acte ? Vingt fois, Kierkegaard y revient par
les
biais les plus différents et vingt fois il échoue devant ce paradoxe
1555
? Vingt fois, Kierkegaard y revient par les biais
les
plus différents et vingt fois il échoue devant ce paradoxe monstrueux
1556
t ce paradoxe monstrueux. Il n’y a donc personne
de
la taille d’Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtan
1557
e paradoxe monstrueux. Il n’y a donc personne de
la
taille d’Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant.
1558
monstrueux. Il n’y a donc personne de la taille
d’
Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant. Les pasteu
1559
sonne de la taille d’Abraham, personne qui puisse
le
comprendre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume de l’offrir en e
1560
ersonne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant.
Les
pasteurs ont coutume de l’offrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué
1561
prendre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume
de
l’offrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué : Dieu l’arrête au dern
1562
ndre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume de
l’
offrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué : Dieu l’arrête au dernier
1563
ffrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué : Dieu
l’
arrête au dernier moment et lui montre un bélier prêt pour le sacrific
1564
dernier moment et lui montre un bélier prêt pour
le
sacrifice… On célèbre la grâce de Dieu qui a donné Isaac pour la sec
1565
tre un bélier prêt pour le sacrifice… On célèbre
la
grâce de Dieu qui a donné Isaac pour la seconde fois ; on ne voit, da
1566
lier prêt pour le sacrifice… On célèbre la grâce
de
Dieu qui a donné Isaac pour la seconde fois ; on ne voit, dans toute
1567
aac pour la seconde fois ; on ne voit, dans toute
l’
histoire, qu’une épreuve. Une épreuve : c’est beaucoup dire, et peu de
1568
est beaucoup dire, et peu de chose ; et cependant
la
chose est aussi vite passée que dite. On enfourche Pégase, en un clin
1569
n un clin d’œil on est à Morija, on voit aussitôt
le
bélier ; on oublie qu’Abraham fit le chemin lentement, au pas de son
1570
oit aussitôt le bélier ; on oublie qu’Abraham fit
le
chemin lentement, au pas de son âne, qu’il eut trois jours de voyage
1571
oublie qu’Abraham fit le chemin lentement, au pas
de
son âne, qu’il eut trois jours de voyage et qu’il lui fallut un peu d
1572
ntement, au pas de son âne, qu’il eut trois jours
de
voyage et qu’il lui fallut un peu de temps pour fendre le bois, lier
1573
e et qu’il lui fallut un peu de temps pour fendre
le
bois, lier Isaac et aiguiser le couteau. On oublie cela, on fait d’A
1574
temps pour fendre le bois, lier Isaac et aiguiser
le
couteau. On oublie cela, on fait d’Abraham « un personnage insignifi
1575
et aiguiser le couteau. On oublie cela, on fait
d’
Abraham « un personnage insignifiant » et le comique c’est qu’on persi
1576
fait d’Abraham « un personnage insignifiant » et
le
comique c’est qu’on persiste à l’offrir en exemple aux chrétiens ! Ma
1577
signifiant » et le comique c’est qu’on persiste à
l’
offrir en exemple aux chrétiens ! Mais la grandeur d’Abraham, sa signi
1578
rsiste à l’offrir en exemple aux chrétiens ! Mais
la
grandeur d’Abraham, sa signification démesurée et impensable, c’est q
1579
ffrir en exemple aux chrétiens ! Mais la grandeur
d’
Abraham, sa signification démesurée et impensable, c’est qu’il reçut I
1580
impensable, c’est qu’il reçut Isaac en récompense
d’
un acte « fou » et revint avec lui dans la vie comme si rien ne s’étai
1581
ompense d’un acte « fou » et revint avec lui dans
la
vie comme si rien ne s’était passé. Voilà le paradoxe des paradoxes :
1582
dans la vie comme si rien ne s’était passé. Voilà
le
paradoxe des paradoxes : vivre comme tout le monde, mais « en vertu d
1583
s : vivre comme tout le monde, mais « en vertu de
l’
absurde ». C’est là le sort du « chevalier de la foi », le sort du chr
1584
e monde, mais « en vertu de l’absurde ». C’est là
le
sort du « chevalier de la foi », le sort du chrétien véritable. Mais
1585
u de l’absurde ». C’est là le sort du « chevalier
de
la foi », le sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai ce
1586
e l’absurde ». C’est là le sort du « chevalier de
la
foi », le sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai cette
1587
e ». C’est là le sort du « chevalier de la foi »,
le
sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai cette foi-là ?
1588
ritable. Mais qui peut dire : j’ai cette foi-là ?
La
réflexion philosophique que Kierkegaard enchaîne à l’exemple d’Abraha
1589
éflexion philosophique que Kierkegaard enchaîne à
l’
exemple d’Abraham est admirablement analysée dans l’introduction de Je
1590
hilosophique que Kierkegaard enchaîne à l’exemple
d’
Abraham est admirablement analysée dans l’introduction de Jean Wahl qu
1591
exemple d’Abraham est admirablement analysée dans
l’
introduction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’exposer clair
1592
am est admirablement analysée dans l’introduction
de
Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’exposer clairement, sans la
1593
e dans l’introduction de Jean Wahl qui réussit ce
tour
de force d’exposer clairement, sans la trahir, la dialectique « abyss
1594
s l’introduction de Jean Wahl qui réussit ce tour
de
force d’exposer clairement, sans la trahir, la dialectique « abyssale
1595
duction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force
d’
exposer clairement, sans la trahir, la dialectique « abyssale » de cet
1596
ussit ce tour de force d’exposer clairement, sans
la
trahir, la dialectique « abyssale » de cette œuvre. Personne n’a fait
1597
ur de force d’exposer clairement, sans la trahir,
la
dialectique « abyssale » de cette œuvre. Personne n’a fait plus que J
1598
ment, sans la trahir, la dialectique « abyssale »
de
cette œuvre. Personne n’a fait plus que Jean Wahl pour faire connaîtr
1599
’a fait plus que Jean Wahl pour faire connaître à
l’
élite française la pensée de Søren Kierkegaard : c’est un titre qui co
1600
ean Wahl pour faire connaître à l’élite française
la
pensée de Søren Kierkegaard : c’est un titre qui compte, et dont la p
1601
our faire connaître à l’élite française la pensée
de
Søren Kierkegaard : c’est un titre qui compte, et dont la pensée prot
1602
Kierkegaard : c’est un titre qui compte, et dont
la
pensée protestante saura mesurer la valeur. ⁂ Qu’est-ce que la foi ?
1603
mpte, et dont la pensée protestante saura mesurer
la
valeur. ⁂ Qu’est-ce que la foi ? demandait Kierkegaard dans Crainte e
1604
testante saura mesurer la valeur. ⁂ Qu’est-ce que
la
foi ? demandait Kierkegaard dans Crainte et Tremblement. Qu’est-ce qu
1605
egaard dans Crainte et Tremblement. Qu’est-ce que
la
vie chrétienne ? demande Karl Barth dans Culte raisonnable dont le ti
1606
? demande Karl Barth dans Culte raisonnable dont
le
titre contraste singulièrement avec celui de Kierkegaard. Barth s’adr
1607
dont le titre contraste singulièrement avec celui
de
Kierkegaard. Barth s’adresse à des auditeurs chrétiens, à des hommes
1608
hrétiens, à des hommes qui se posent sérieusement
la
question : en quoi ma foi doit-elle transformer ma vie ? Or, toute l’
1609
i ma foi doit-elle transformer ma vie ? Or, toute
l’
insistance du grand théologien se porte dans ce livre sur un seul poin
1610
logien se porte dans ce livre sur un seul point :
l’
homme chrétien reste un homme comme les autres. Il n’a pas à devenir,
1611
eul point : l’homme chrétien reste un homme comme
les
autres. Il n’a pas à devenir, dès ici-bas, un être un peu divin, un p
1612
u divinisé, échappant en quelque manière aux lois
de
ce monde perdu. Sa sanctification ne doit pas le conduire à je ne sai
1613
de ce monde perdu. Sa sanctification ne doit pas
le
conduire à je ne sais quelle « spiritualisation » tout illusoire ou é
1614
soire ou évasive. Elle consiste d’abord en ce que
le
chrétien se reconnaît de plus en plus pécheur, de plus en plus livré
1615
de plus en plus pécheur, de plus en plus livré à
la
seule grâce divine. La vie chrétienne, c’est simplement la vie humain
1616
r, de plus en plus livré à la seule grâce divine.
La
vie chrétienne, c’est simplement la vie humaine éclairée par la foi d
1617
grâce divine. La vie chrétienne, c’est simplement
la
vie humaine éclairée par la foi dans sa réalité, puis offerte telle q
1618
nne, c’est simplement la vie humaine éclairée par
la
foi dans sa réalité, puis offerte telle quelle « en sacrifice saint e
1619
formés en quelque essence radieuse et esthétique.
La
vie chrétienne n’est pas une construction qui s’élève au-dessus du re
1620
s une construction qui s’élève au-dessus du reste
de
la vie. C’est toute profane et banale, la vie que chacun doit vivre à
1621
ne construction qui s’élève au-dessus du reste de
la
vie. C’est toute profane et banale, la vie que chacun doit vivre à sa
1622
u reste de la vie. C’est toute profane et banale,
la
vie que chacun doit vivre à sa place, et dans sa situation. Mais en
1623
e à sa place, et dans sa situation. Mais en quoi
le
chrétien se distinguera-t-il donc de l’incroyant ? En rien d’autre qu
1624
Mais en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc
de
l’incroyant ? En rien d’autre qu’en ceci : qu’il est appelé à rendre
1625
s en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc de
l’
incroyant ? En rien d’autre qu’en ceci : qu’il est appelé à rendre tém
1626
se distinguera-t-il donc de l’incroyant ? En rien
d’
autre qu’en ceci : qu’il est appelé à rendre témoignage « d’une part c
1627
st appelé à rendre témoignage « d’une part contre
la
forme du siècle présent ; de l’autre, pour la forme du monde à venir
1628
« d’une part contre la forme du siècle présent ;
de
l’autre, pour la forme du monde à venir ». Il reste dans le monde et
1629
tre la forme du siècle présent ; de l’autre, pour
la
forme du monde à venir ». Il reste dans le monde et soumis à ses lois
1630
, pour la forme du monde à venir ». Il reste dans
le
monde et soumis à ses lois, sachant pourtant qu’il n’appartient plus
1631
à sa transformation. Et voici que nous rejoignons
l’
idée centrale de Crainte et Tremblement. Qu’est-ce, en effet, que le «
1632
ion. Et voici que nous rejoignons l’idée centrale
de
Crainte et Tremblement. Qu’est-ce, en effet, que le « chevalier de la
1633
Crainte et Tremblement. Qu’est-ce, en effet, que
le
« chevalier de la foi », sinon celui qui vit pleinement cette vie, to
1634
mblement. Qu’est-ce, en effet, que le « chevalier
de
la foi », sinon celui qui vit pleinement cette vie, toutefois « en ve
1635
ement. Qu’est-ce, en effet, que le « chevalier de
la
foi », sinon celui qui vit pleinement cette vie, toutefois « en vertu
1636
vit pleinement cette vie, toutefois « en vertu de
l’
absurde », c’est-à-dire en vertu de la transformation promise de ce mo
1637
en vertu de l’absurde », c’est-à-dire en vertu de
la
transformation promise de ce monde. Apparemment il ne diffère des aut
1638
’est-à-dire en vertu de la transformation promise
de
ce monde. Apparemment il ne diffère des autres en rien. Mais il est o
1639
il est orienté autrement — converti. Il vit dans
les
mêmes servitudes, mais il s’attend à Dieu, non à lui-même ni au monde
1640
. Ainsi, chez Barth et Kierkegaard, nous trouvons
le
même réalisme fondé dans le même paradoxe. La même façon de considére
1641
egaard, nous trouvons le même réalisme fondé dans
le
même paradoxe. La même façon de considérer l’homme à la fois tel qu’i
1642
ons le même réalisme fondé dans le même paradoxe.
La
même façon de considérer l’homme à la fois tel qu’il est devant Dieu,
1643
alisme fondé dans le même paradoxe. La même façon
de
considérer l’homme à la fois tel qu’il est devant Dieu, hic et nunc,
1644
ans le même paradoxe. La même façon de considérer
l’
homme à la fois tel qu’il est devant Dieu, hic et nunc, et tel qu’il e
1645
c et nunc, et tel qu’il est revendiqué par Dieu à
la
limite de ses possibilités, là où paraît la grâce, in extremis. Car c
1646
et tel qu’il est revendiqué par Dieu à la limite
de
ses possibilités, là où paraît la grâce, in extremis. Car c’est à cha
1647
ieu à la limite de ses possibilités, là où paraît
la
grâce, in extremis. Car c’est à chaque instant de la vie de la foi qu
1648
la grâce, in extremis. Car c’est à chaque instant
de
la vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette v
1649
grâce, in extremis. Car c’est à chaque instant de
la
vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette visi
1650
in extremis. Car c’est à chaque instant de la vie
de
la foi que se posent les questions dernières. Mais cette vision de l
1651
extremis. Car c’est à chaque instant de la vie de
la
foi que se posent les questions dernières. Mais cette vision de l’ho
1652
chaque instant de la vie de la foi que se posent
les
questions dernières. Mais cette vision de l’homme sans cesse mis en
1653
osent les questions dernières. Mais cette vision
de
l’homme sans cesse mis en question par l’Autre, n’est-ce point encore
1654
nt les questions dernières. Mais cette vision de
l’
homme sans cesse mis en question par l’Autre, n’est-ce point encore la
1655
is en question par l’Autre, n’est-ce point encore
la
vision de Dostoïevski ? Ses héros ne viennent-ils pas à nous comme de
1656
tion par l’Autre, n’est-ce point encore la vision
de
Dostoïevski ? Ses héros ne viennent-ils pas à nous comme de grands qu
1657
vski ? Ses héros ne viennent-ils pas à nous comme
de
grands questionneurs, comme des êtres orientés vers autre chose qu’eu
1658
urneysen dans son essai intitulé : Dostoïevski ou
les
confins de l’homme. Le grand succès qu’a remporté ce petit livre en A
1659
s son essai intitulé : Dostoïevski ou les confins
de
l’homme. Le grand succès qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mé
1660
on essai intitulé : Dostoïevski ou les confins de
l’
homme. Le grand succès qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mérit
1661
intitulé : Dostoïevski ou les confins de l’homme.
Le
grand succès qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mérite d’être
1662
qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mérite
d’
être confirmé par notre public littéraire. En quelques chapitres très
1663
s très simples, Thurneysen sait atteindre au cœur
d’
une œuvre entre toutes complexe. C’est que, plus nettement encore que
1664
’est que, plus nettement encore que Berdiaev dans
L’
Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager dans une
1665
plus nettement encore que Berdiaev dans L’Esprit
de
Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager dans une perspect
1666
encore que Berdiaev dans L’Esprit de Dostoïevski,
le
professeur de Bâle a su l’envisager dans une perspective chrétienne,
1667
diaev dans L’Esprit de Dostoïevski, le professeur
de
Bâle a su l’envisager dans une perspective chrétienne, hors de laquel
1668
Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su
l’
envisager dans une perspective chrétienne, hors de laquelle cette œuvr
1669
ne, hors de laquelle cette œuvre resterait privée
de
sens, ou seulement chaotique, morbide. Ce que nous avons cherché dan
1670
Ce que nous avons cherché dans Dostoïevski, c’est
la
réponse à cette question : qu’est-ce qu’un homme ? Et cette réponse,
1671
qu’est-ce qu’un homme ? Et cette réponse, il nous
l’
a donnée en nous découvrant que l’homme n’est lui-même qu’une seule et
1672
éponse, il nous l’a donnée en nous découvrant que
l’
homme n’est lui-même qu’une seule et grande question, la question de l
1673
e n’est lui-même qu’une seule et grande question,
la
question de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros
1674
même qu’une seule et grande question, la question
de
l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevs
1675
e qu’une seule et grande question, la question de
l’
origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski
1676
eule et grande question, la question de l’origine
de
sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaisse
1677
nde question, la question de l’origine de sa vie,
la
question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaissent malades,
1678
, la question de l’origine de sa vie, la question
de
Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaissent malades, comme bless
1679
de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous
les
héros de Dostoïevski apparaissent malades, comme blessés d’une attein
1680
ne de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros
de
Dostoïevski apparaissent malades, comme blessés d’une atteinte profon
1681
e Dostoïevski apparaissent malades, comme blessés
d’
une atteinte profonde, portant comme une plaie béante le problème de l
1682
atteinte profonde, portant comme une plaie béante
le
problème de leur existence, ce problème qu’ils ne peuvent résoudre ju
1683
fonde, portant comme une plaie béante le problème
de
leur existence, ce problème qu’ils ne peuvent résoudre jusqu’à ce que
1684
ritable guérison. Ces phrases résument fort bien
la
thèse que Thurneysen soutient avec une passion convaincante. De diver
1685
hurneysen soutient avec une passion convaincante.
De
divers côtés l’on m’a demandé de préciser, à propos d’une de mes réce
1686
nt avec une passion convaincante. De divers côtés
l’
on m’a demandé de préciser, à propos d’une de mes récentes chroniques,
1687
on convaincante. De divers côtés l’on m’a demandé
de
préciser, à propos d’une de mes récentes chroniques, ce qu’il fallait
1688
ôtés l’on m’a demandé de préciser, à propos d’une
de
mes récentes chroniques, ce qu’il fallait entendre par le protestanti
1689
écentes chroniques, ce qu’il fallait entendre par
le
protestantisme de Dostoïevski. Je ne saurais mieux répondre qu’en ren
1690
, ce qu’il fallait entendre par le protestantisme
de
Dostoïevski. Je ne saurais mieux répondre qu’en renvoyant au livre de
1691
e saurais mieux répondre qu’en renvoyant au livre
de
M. Thurneysen. La conception « dialectique » de l’homme illustrée par
1692
pondre qu’en renvoyant au livre de M. Thurneysen.
La
conception « dialectique » de l’homme illustrée par les personnages d
1693
e de M. Thurneysen. La conception « dialectique »
de
l’homme illustrée par les personnages de Dostoïevski, commentée sur l
1694
e M. Thurneysen. La conception « dialectique » de
l’
homme illustrée par les personnages de Dostoïevski, commentée sur le p
1695
nception « dialectique » de l’homme illustrée par
les
personnages de Dostoïevski, commentée sur le plan théologique par Kar
1696
ctique » de l’homme illustrée par les personnages
de
Dostoïevski, commentée sur le plan théologique par Karl Barth, et sur
1697
e plan théologique par Karl Barth, et sur le plan
d’
une poésie philosophique par Kierkegaard, c’est la conception même de
1698
d’une poésie philosophique par Kierkegaard, c’est
la
conception même de la vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout le
1699
ophique par Kierkegaard, c’est la conception même
de
la vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout le simul peccator et j
1700
ique par Kierkegaard, c’est la conception même de
la
vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout le simul peccator et just
1701
de la vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout
le
simul peccator et justus qui fonda la Réforme luthérienne. 11. Cra
1702
est surtout le simul peccator et justus qui fonda
la
Réforme luthérienne. 11. Crainte et Tremblement, par Kierkegaard,
1703
danois par P.-H. Tisseau (Éditions Montaigne). –
Le
Culte raisonnable, par Karl Barth, traduit par P. Maury (Éditions « J
1704
P. Maury (Éditions « Je sers »). – Dostoïevski ou
les
confins de l’homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Édi
1705
itions « Je sers »). – Dostoïevski ou les confins
de
l’homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Éditions « Je
1706
ons « Je sers »). – Dostoïevski ou les confins de
l’
homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Éditions « Je ser
1707
aury (Éditions « Je sers »). k. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Kierkegaard, Dostoïevski, Barth », Les Nouvelles li
1708
[Compte rendu] Kierkegaard, Dostoïevski, Barth »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 23 février 1935, p. 5.
1709
Trois traités
de
Jean Calvin (20 juillet 1935)l On nous montre un Calvin maigre et
1710
5)l On nous montre un Calvin maigre et sec, et
l’
on conclut incontinent à l’ascétisme puritain. On nous montre un Luthe
1711
lvin maigre et sec, et l’on conclut incontinent à
l’
ascétisme puritain. On nous montre un Luther adipeux, et loin de reven
1712
loin de revenir sur le premier jugement, on fait
de
cette image un nouveau cliché polémique : la Réforme se voit assimilé
1713
fait de cette image un nouveau cliché polémique :
la
Réforme se voit assimilée au « fays ce que vouldras » des Renaissants
1714
ilée au « fays ce que vouldras » des Renaissants.
Les
protestants sont-ils trop maigres ou trop gras ? Grave question pour
1715
? Grave question pour ceux qui jugent des vérités
les
plus profondes de la foi selon le poids de leurs représentants ! Or,
1716
ur ceux qui jugent des vérités les plus profondes
de
la foi selon le poids de leurs représentants ! Or, cette espèce est p
1717
ceux qui jugent des vérités les plus profondes de
la
foi selon le poids de leurs représentants ! Or, cette espèce est plus
1718
nt des vérités les plus profondes de la foi selon
le
poids de leurs représentants ! Or, cette espèce est plus nombreuse qu
1719
rités les plus profondes de la foi selon le poids
de
leurs représentants ! Or, cette espèce est plus nombreuse qu’on ne pe
1720
ce est plus nombreuse qu’on ne pense. Que sait-on
de
Calvin dans notre grand public, sinon qu’il avait les joues creuses,
1721
Calvin dans notre grand public, sinon qu’il avait
les
joues creuses, une barbiche pointue et un profil coupant ? N’est-ce p
1722
assez pour juger son système ? Ne sait-on pas que
les
gros hommes sont toujours les plus populaires ? Comment se dire calvi
1723
Ne sait-on pas que les gros hommes sont toujours
les
plus populaires ? Comment se dire calviniste ? L’exposition Calvin à
1724
es plus populaires ? Comment se dire calviniste ?
L’
exposition Calvin à la Bibliothèque nationale, si elle a permis à beau
1725
omment se dire calviniste ? L’exposition Calvin à
la
Bibliothèque nationale, si elle a permis à beaucoup de réviser quelqu
1726
beaucoup de réviser quelque peu leurs notions sur
l’
importance intellectuelle et littéraire du calvinisme, a donné lieu pa
1727
a donné lieu par contre à une véritable débauche
de
considérations très vaguement physiognomoniques sur le teint et la co
1728
nsidérations très vaguement physiognomoniques sur
le
teint et la complexion de l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait g
1729
très vaguement physiognomoniques sur le teint et
la
complexion de l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur
1730
t physiognomoniques sur le teint et la complexion
de
l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liber
1731
hysiognomoniques sur le teint et la complexion de
l’
auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté
1732
oniques sur le teint et la complexion de l’auteur
de
l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté d’esprit.
1733
ques sur le teint et la complexion de l’auteur de
l’
Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté d’esprit. Ma
1734
ion. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté
d’
esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui
1735
r à notre liberté d’esprit. Mais je m’en voudrais
de
déplorer la décadence culturelle qui marque la plupart des écrits de
1736
berté d’esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer
la
décadence culturelle qui marque la plupart des écrits de ce temps, au
1737
dence culturelle qui marque la plupart des écrits
de
ce temps, au moment où certaine renaissance du calvinisme laisse espé
1738
ne renaissance du calvinisme laisse espérer, pour
les
années qui viennent, un essor tout nouveau de la pensée chrétienne. O
1739
ur les années qui viennent, un essor tout nouveau
de
la pensée chrétienne. On aurait tort d’assimiler cette renaissance à
1740
les années qui viennent, un essor tout nouveau de
la
pensée chrétienne. On aurait tort d’assimiler cette renaissance à la
1741
t nouveau de la pensée chrétienne. On aurait tort
d’
assimiler cette renaissance à la belle floraison néo-thomiste. Il n’es
1742
e. On aurait tort d’assimiler cette renaissance à
la
belle floraison néo-thomiste. Il n’est pas inutile de marquer les rai
1743
elle floraison néo-thomiste. Il n’est pas inutile
de
marquer les raisons qui, du point de vue protestant, rendent ce paral
1744
son néo-thomiste. Il n’est pas inutile de marquer
les
raisons qui, du point de vue protestant, rendent ce parallèle irrecev
1745
vue protestant, rendent ce parallèle irrecevable.
Les
grands théologiens de la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’é
1746
ce parallèle irrecevable. Les grands théologiens
de
la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs
1747
parallèle irrecevable. Les grands théologiens de
la
Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs do
1748
ns de la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs
d’
école ; ni des docteurs dont la pensée fait loi, une fois sanctionnée
1749
nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs dont
la
pensée fait loi, une fois sanctionnée par l’Église. Ils sont avant to
1750
dont la pensée fait loi, une fois sanctionnée par
l’
Église. Ils sont avant tout des témoins. On ne saurait trop insister s
1751
ter sur cette distinction fondamentale pour toute
la
pensée réformée. Qu’est-ce qu’un témoin ? C’est un homme qui n’est pa
1752
st-ce qu’un témoin ? C’est un homme qui n’est pas
l’
inventeur de son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà de lui-m
1753
témoin ? C’est un homme qui n’est pas l’inventeur
de
son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà de lui-même, au-delà
1754
son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà
de
lui-même, au-delà des formules humaines de ce message, à la réalité q
1755
u-delà de lui-même, au-delà des formules humaines
de
ce message, à la réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Ca
1756
e, au-delà des formules humaines de ce message, à
la
réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Calvin, ce n’est pa
1757
formules humaines de ce message, à la réalité qui
le
juge et nous sauve. Faire retour à Calvin, ce n’est pas faire retour
1758
taines formules dogmatiques ; mais c’est, au-delà
de
ces formules et dans l’orientation où elles nous placent, remonter à
1759
ues ; mais c’est, au-delà de ces formules et dans
l’
orientation où elles nous placent, remonter à cette origine permanente
1760
nous placent, remonter à cette origine permanente
de
l’Église qu’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthér
1761
s placent, remonter à cette origine permanente de
l’
Église qu’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthérism
1762
ter à cette origine permanente de l’Église qu’est
la
révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthérisme, ce sont bien
1763
nte de l’Église qu’est la révélation évangélique.
Le
calvinisme ou le luthérisme, ce sont bien moins des normes de pensée
1764
u’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou
le
luthérisme, ce sont bien moins des normes de pensée que des chemins v
1765
e ou le luthérisme, ce sont bien moins des normes
de
pensée que des chemins vers l’Évangile. L’Évangile seul, éclairé par
1766
n moins des normes de pensée que des chemins vers
l’
Évangile. L’Évangile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de tou
1767
normes de pensée que des chemins vers l’Évangile.
L’
Évangile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de toute théologie
1768
ins vers l’Évangile. L’Évangile seul, éclairé par
l’
Esprit, reste la norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe.
1769
ile. L’Évangile seul, éclairé par l’Esprit, reste
la
norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sa
1770
angile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme
de
toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se
1771
prit, reste la norme de toute théologie, fût-elle
la
plus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôl
1772
théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on
le
sait, ne se lasse pas de comparer le rôle de ces témoins théologiques
1773
lus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se lasse pas
de
comparer le rôle de ces témoins théologiques au Jean-Baptiste de la C
1774
e. Barth, on le sait, ne se lasse pas de comparer
le
rôle de ces témoins théologiques au Jean-Baptiste de la Crucifixion d
1775
, on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôle
de
ces témoins théologiques au Jean-Baptiste de la Crucifixion de Grünew
1776
ean-Baptiste de la Crucifixion de Grünewald, dont
la
main prodigieuse se détachant sur le ciel noir désigne le Sauveur en
1777
newald, dont la main prodigieuse se détachant sur
le
ciel noir désigne le Sauveur en croix : « Il faut qu’il croisse et qu
1778
prodigieuse se détachant sur le ciel noir désigne
le
Sauveur en croix : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » C’est
1779
u’il croisse et que je diminue. » C’est donc sous
l’
angle de leur vocation particulière, et sous cet angle seul, qu’il nou
1780
isse et que je diminue. » C’est donc sous l’angle
de
leur vocation particulière, et sous cet angle seul, qu’il nous devien
1781
sous cet angle seul, qu’il nous devient loisible
de
parler de ces hommes sans tomber dans l’extravagance. Calvin homme, C
1782
angle seul, qu’il nous devient loisible de parler
de
ces hommes sans tomber dans l’extravagance. Calvin homme, Calvin écri
1783
loisible de parler de ces hommes sans tomber dans
l’
extravagance. Calvin homme, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pa
1784
omme, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pas
de
l’estimer à nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe
1785
e, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pas de
l’
estimer à nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe pl
1786
raires ; mais ce qui importe plus que tout, c’est
d’
indiquer d’abord la « clé » qui donne leur exacte valeur à nos variati
1787
i importe plus que tout, c’est d’indiquer d’abord
la
« clé » qui donne leur exacte valeur à nos variations sur ce thème. E
1788
nos variations sur ce thème. Et cette clé, c’est
la
vocation que Jean Calvin reçut de réformer l’Église. Tout ceci est f
1789
ette clé, c’est la vocation que Jean Calvin reçut
de
réformer l’Église. Tout ceci est fort bien exposé par M. Albert-Mari
1790
est la vocation que Jean Calvin reçut de réformer
l’
Église. Tout ceci est fort bien exposé par M. Albert-Marie Schmidt da
1791
hmidt dans son introduction aux Trois traités que
l’
on vient de rééditer12. Le grand mérite de cette introduction, c’est q
1792
n aux Trois traités que l’on vient de rééditer12.
Le
grand mérite de cette introduction, c’est qu’elle nous ouvre, en une
1793
tés que l’on vient de rééditer12. Le grand mérite
de
cette introduction, c’est qu’elle nous ouvre, en une quinzaine de pag
1794
ction, c’est qu’elle nous ouvre, en une quinzaine
de
pages, les principales perspectives de « l’univers » calvinien. Il fa
1795
st qu’elle nous ouvre, en une quinzaine de pages,
les
principales perspectives de « l’univers » calvinien. Il faut bien avo
1796
quinzaine de pages, les principales perspectives
de
« l’univers » calvinien. Il faut bien avouer que les commentateurs no
1797
zaine de pages, les principales perspectives de «
l’
univers » calvinien. Il faut bien avouer que les commentateurs nous av
1798
« l’univers » calvinien. Il faut bien avouer que
les
commentateurs nous avaient donné jusqu’ici une image assez étriquée d
1799
avaient donné jusqu’ici une image assez étriquée
de
cette Weltanschauung à la fois biblique et classique, au sens le plus
1800
schauung à la fois biblique et classique, au sens
le
plus vigoureux de ce terme. En la replaçant dans l’atmosphère violent
1801
biblique et classique, au sens le plus vigoureux
de
ce terme. En la replaçant dans l’atmosphère violente et trouble de la
1802
ssique, au sens le plus vigoureux de ce terme. En
la
replaçant dans l’atmosphère violente et trouble de la Renaissance, M.
1803
plus vigoureux de ce terme. En la replaçant dans
l’
atmosphère violente et trouble de la Renaissance, M. Schmidt va lui re
1804
a replaçant dans l’atmosphère violente et trouble
de
la Renaissance, M. Schmidt va lui restituer ses trois dimensions prim
1805
eplaçant dans l’atmosphère violente et trouble de
la
Renaissance, M. Schmidt va lui restituer ses trois dimensions primord
1806
Nous voyons alors Calvin faire face d’une part à
l’
Église de Rome et c’est l’Épître à Sadolet ; d’autre part, aux premièr
1807
ons alors Calvin faire face d’une part à l’Église
de
Rome et c’est l’Épître à Sadolet ; d’autre part, aux premières déviat
1808
faire face d’une part à l’Église de Rome et c’est
l’
Épître à Sadolet ; d’autre part, aux premières déviations de la doctri
1809
Sadolet ; d’autre part, aux premières déviations
de
la doctrine sacramentaire à l’intérieur de la Réforme et c’est le Tra
1810
dolet ; d’autre part, aux premières déviations de
la
doctrine sacramentaire à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité
1811
ons de la doctrine sacramentaire à l’intérieur de
la
Réforme et c’est le Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques
1812
acramentaire à l’intérieur de la Réforme et c’est
le
Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’humanisme anti
1813
re à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité
de
la cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’humanisme antichrétien e
1814
à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité de
la
cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’humanisme antichrétien et c
1815
Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques
de
l’humanisme antichrétien et c’est le Traité des scandales. Ce troisiè
1816
ité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques de
l’
humanisme antichrétien et c’est le Traité des scandales. Ce troisième
1817
es mystiques de l’humanisme antichrétien et c’est
le
Traité des scandales. Ce troisième traité n’avait jamais été réimprim
1818
é depuis sa parution en 1550. « Originale mixture
de
passion contenue et de raison déchaînée », il sera pour beaucoup l’oc
1819
1550. « Originale mixture de passion contenue et
de
raison déchaînée », il sera pour beaucoup l’occasion d’une véritable
1820
e et de raison déchaînée », il sera pour beaucoup
l’
occasion d’une véritable découverte de Calvin. Il nous donne un puissa
1821
son déchaînée », il sera pour beaucoup l’occasion
d’
une véritable découverte de Calvin. Il nous donne un puissant raccourc
1822
ur beaucoup l’occasion d’une véritable découverte
de
Calvin. Il nous donne un puissant raccourci de toute la polémique de
1823
te de Calvin. Il nous donne un puissant raccourci
de
toute la polémique de la Réforme contre les libertins et les anabapti
1824
vin. Il nous donne un puissant raccourci de toute
la
polémique de la Réforme contre les libertins et les anabaptistes, con
1825
donne un puissant raccourci de toute la polémique
de
la Réforme contre les libertins et les anabaptistes, contre les occul
1826
ne un puissant raccourci de toute la polémique de
la
Réforme contre les libertins et les anabaptistes, contre les occultis
1827
courci de toute la polémique de la Réforme contre
les
libertins et les anabaptistes, contre les occultistes de l’école d’Ag
1828
a polémique de la Réforme contre les libertins et
les
anabaptistes, contre les occultistes de l’école d’Agrippa, contre les
1829
contre les libertins et les anabaptistes, contre
les
occultistes de l’école d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers
1830
rtins et les anabaptistes, contre les occultistes
de
l’école d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent
1831
ns et les anabaptistes, contre les occultistes de
l’
école d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent la
1832
s anabaptistes, contre les occultistes de l’école
d’
Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent la cause p
1833
ntre les occultistes de l’école d’Agrippa, contre
les
Rabelais et Des Périers qui abandonnent la cause pour un idéal humani
1834
ontre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent
la
cause pour un idéal humaniste. Or, tous ceux-là se scandalisent à gra
1835
ine qu’ils portent aux scandales que pour nuire à
l’
Évangile et le diffamer comment que ce soit ». Il y a ceux pour lesque
1836
tent aux scandales que pour nuire à l’Évangile et
le
diffamer comment que ce soit ». Il y a ceux pour lesquels les dogmes
1837
comment que ce soit ». Il y a ceux pour lesquels
les
dogmes sont autant d’occasions de chopper : Quant à ce que la Prédes
1838
Il y a ceux pour lesquels les dogmes sont autant
d’
occasions de chopper : Quant à ce que la Prédestination est comme une
1839
pour lesquels les dogmes sont autant d’occasions
de
chopper : Quant à ce que la Prédestination est comme une mer de scan
1840
t autant d’occasions de chopper : Quant à ce que
la
Prédestination est comme une mer de scandales, d’où vient cela sinon
1841
uant à ce que la Prédestination est comme une mer
de
scandales, d’où vient cela sinon de la folle curiosité des hommes ou
1842
la Prédestination est comme une mer de scandales,
d’
où vient cela sinon de la folle curiosité des hommes ou de leur outrec
1843
comme une mer de scandales, d’où vient cela sinon
de
la folle curiosité des hommes ou de leur outrecuidance débordée ? Ca
1844
me une mer de scandales, d’où vient cela sinon de
la
folle curiosité des hommes ou de leur outrecuidance débordée ? Calvi
1845
nt cela sinon de la folle curiosité des hommes ou
de
leur outrecuidance débordée ? Calvin n’est guère partisan, on le voi
1846
dance débordée ? Calvin n’est guère partisan, on
le
voit, de ce fameux libre examen dont on persiste à lui attribuer l’in
1847
ordée ? Calvin n’est guère partisan, on le voit,
de
ce fameux libre examen dont on persiste à lui attribuer l’invention,
1848
eux libre examen dont on persiste à lui attribuer
l’
invention, par une erreur assez inexplicable. Mais les pires adversair
1849
nvention, par une erreur assez inexplicable. Mais
les
pires adversaires de l’Église ne sont pas toujours au-dehors. Voici c
1850
ur assez inexplicable. Mais les pires adversaires
de
l’Église ne sont pas toujours au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la
1851
assez inexplicable. Mais les pires adversaires de
l’
Église ne sont pas toujours au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la pai
1852
pas toujours au-dehors. Voici ceux qui préfèrent
la
paix selon le monde à la vérité combattante : Je m’adresse à ceux qu
1853
au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la paix selon
le
monde à la vérité combattante : Je m’adresse à ceux qui abusent du n
1854
Voici ceux qui préfèrent la paix selon le monde à
la
vérité combattante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom de la ch
1855
attante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom
de
la chrétienté pour nourrir une paix fardée ! Voici ceux qui voudraie
1856
ante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom de
la
chrétienté pour nourrir une paix fardée ! Voici ceux qui voudraient
1857
aix fardée ! Voici ceux qui voudraient confondre
la
véritable grandeur de l’Église avec « une façon de royaume mondain ».
1858
ux qui voudraient confondre la véritable grandeur
de
l’Église avec « une façon de royaume mondain ». À ceux-là, Calvin rap
1859
qui voudraient confondre la véritable grandeur de
l’
Église avec « une façon de royaume mondain ». À ceux-là, Calvin rappel
1860
a véritable grandeur de l’Église avec « une façon
de
royaume mondain ». À ceux-là, Calvin rappellera que notre condition c
1861
on chrétienne est celle du conflit dialectique :
L’
Église est ordonnée à cette condition de batailler continuellement sou
1862
ctique : L’Église est ordonnée à cette condition
de
batailler continuellement sous la croix, tant qu’elle aura à cheminer
1863
cette condition de batailler continuellement sous
la
croix, tant qu’elle aura à cheminer en ce monde. Voici enfin les « l
1864
qu’elle aura à cheminer en ce monde. Voici enfin
les
« libertins », ceux que nous appelons libéraux qui « gazouillent » à
1865
« baveries », et ceux « qui se ruent contre Dieu
d’
une impétuosité enragée à la façon des frénétiques, et tombent en de g
1866
se ruent contre Dieu d’une impétuosité enragée à
la
façon des frénétiques, et tombent en de grands abîmes ou se rompent l
1867
enragée à la façon des frénétiques, et tombent en
de
grands abîmes ou se rompent le col en s’aheurtant ». Cet étonnant tra
1868
ues, et tombent en de grands abîmes ou se rompent
le
col en s’aheurtant ». Cet étonnant traité, tour à tour éloquent à l’a
1869
nt ». Cet étonnant traité, tour à tour éloquent à
l’
antique ou rabelaisien dans la satire, pourrait en somme s’intituler :
1870
r à tour éloquent à l’antique ou rabelaisien dans
la
satire, pourrait en somme s’intituler : Réforme contre Renaissance. M
1871
tituler : Réforme contre Renaissance. Mais toutes
les
richesses de style que produisit ce siècle bouillonnant ont passé dan
1872
rme contre Renaissance. Mais toutes les richesses
de
style que produisit ce siècle bouillonnant ont passé dans l’attaque d
1873
e produisit ce siècle bouillonnant ont passé dans
l’
attaque de Calvin : il a su prendre à l’adversaire ses meilleures arme
1874
t ce siècle bouillonnant ont passé dans l’attaque
de
Calvin : il a su prendre à l’adversaire ses meilleures armes. Au suje
1875
assé dans l’attaque de Calvin : il a su prendre à
l’
adversaire ses meilleures armes. Au sujet de ce style, dont l’exemple
1876
ses meilleures armes. Au sujet de ce style, dont
l’
exemple n’est pas l’un des plus négligeables que comportent les Trois
1877
est pas l’un des plus négligeables que comportent
les
Trois traités, M. Schmidt nous propose quelques définitions fort bien
1878
venues : Qui veut comprendre, dans son essence,
le
génie littéraire de Calvin, ne doit jamais omettre que celui-ci se co
1879
comprendre, dans son essence, le génie littéraire
de
Calvin, ne doit jamais omettre que celui-ci se considérait comme mini
1880
onsidérait comme ministre du Verbe divin. Prêcher
l’
Évangile, c’est à son sens engager le dialogue avec toutes les catégor
1881
vin. Prêcher l’Évangile, c’est à son sens engager
le
dialogue avec toutes les catégories d’hommes, avec toutes les espèces
1882
c’est à son sens engager le dialogue avec toutes
les
catégories d’hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialoguant
1883
ns engager le dialogue avec toutes les catégories
d’
hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialoguant toujours avec
1884
avec toutes les catégories d’hommes, avec toutes
les
espèces de créatures. Dialoguant toujours avec les plus divers interl
1885
les catégories d’hommes, avec toutes les espèces
de
créatures. Dialoguant toujours avec les plus divers interlocuteurs, i
1886
es espèces de créatures. Dialoguant toujours avec
les
plus divers interlocuteurs, il ne se range jamais, comme un littérate
1887
eurs, il ne se range jamais, comme un littérateur
de
second ordre, aux lois d’une esthétique préconçue, mais il adopte tou
1888
s, comme un littérateur de second ordre, aux lois
d’
une esthétique préconçue, mais il adopte toujours la forme de discours
1889
une esthétique préconçue, mais il adopte toujours
la
forme de discours la plus propre, sinon à charmer du moins à toucher
1890
tique préconçue, mais il adopte toujours la forme
de
discours la plus propre, sinon à charmer du moins à toucher son antag
1891
çue, mais il adopte toujours la forme de discours
la
plus propre, sinon à charmer du moins à toucher son antagoniste ; l’a
1892
on à charmer du moins à toucher son antagoniste ;
l’
art de Calvin est fait de soumission absolue à l’objet proposé : tout
1893
harmer du moins à toucher son antagoniste ; l’art
de
Calvin est fait de soumission absolue à l’objet proposé : tout en por
1894
oucher son antagoniste ; l’art de Calvin est fait
de
soumission absolue à l’objet proposé : tout en portant la marque d’un
1895
l’art de Calvin est fait de soumission absolue à
l’
objet proposé : tout en portant la marque d’une des plus puissantes pe
1896
ssion absolue à l’objet proposé : tout en portant
la
marque d’une des plus puissantes personnalités qui fut jamais, il se
1897
lue à l’objet proposé : tout en portant la marque
d’
une des plus puissantes personnalités qui fut jamais, il se recrée tou
1898
ecrée toujours lui-même. Soumission du langage à
l’
objet spirituellement dominé : telle serait la formule du classicisme
1899
e à l’objet spirituellement dominé : telle serait
la
formule du classicisme de Calvin. D’une vivacité presque baroque dans
1900
t dominé : telle serait la formule du classicisme
de
Calvin. D’une vivacité presque baroque dans les Scandales, orné et po
1901
telle serait la formule du classicisme de Calvin.
D’
une vivacité presque baroque dans les Scandales, orné et pompeux dans
1902
me de Calvin. D’une vivacité presque baroque dans
les
Scandales, orné et pompeux dans l’Épître, sobre et grave dans le Trai
1903
baroque dans les Scandales, orné et pompeux dans
l’
Épître, sobre et grave dans le Traité de la Cène, ce style garde parto
1904
rné et pompeux dans l’Épître, sobre et grave dans
le
Traité de la Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans doute,
1905
peux dans l’Épître, sobre et grave dans le Traité
de
la Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans doute, font le p
1906
x dans l’Épître, sobre et grave dans le Traité de
la
Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans doute, font le plus
1907
dans le Traité de la Cène, ce style garde partout
les
vertus qui, sans doute, font le plus grand défaut à notre siècle : un
1908
le garde partout les vertus qui, sans doute, font
le
plus grand défaut à notre siècle : une fermeté délibérée qui ne s’arr
1909
t à des trouvailles, une sobriété vigoureuse dans
l’
exposé des sic et non, enfin ce ton naturel de grandeur qui s’accommod
1910
ans l’exposé des sic et non, enfin ce ton naturel
de
grandeur qui s’accommode des plus savoureux contrastes, coupant court
1911
lus savoureux contrastes, coupant court aux élans
de
pure rhétorique, cet accent dont un romantisme tour à tour alangui ou
1912
tour à tour alangui ou excité nous a fait perdre
le
secret. Notre langage moderne relève à peine de deux maladies graves
1913
moderne relève à peine de deux maladies graves :
la
contention abstraite du xviie et la dissolution voluptueuse du xixe
1914
ies graves : la contention abstraite du xviie et
la
dissolution voluptueuse du xixe . Il m’apparaît que le style d’un Cal
1915
ssolution voluptueuse du xixe . Il m’apparaît que
le
style d’un Calvin peut nous être un puissant roboratif. Et ceci pour
1916
voluptueuse du xixe . Il m’apparaît que le style
d’
un Calvin peut nous être un puissant roboratif. Et ceci pour deux bonn
1917
ur deux bonnes raisons. D’abord Calvin était chef
de
parti ; qui plus est, fondateur d’Église ; donc doublement conscient
1918
vin était chef de parti ; qui plus est, fondateur
d’
Église ; donc doublement conscient de la responsabilité de ses paroles
1919
t, fondateur d’Église ; donc doublement conscient
de
la responsabilité de ses paroles. Or, rien ne confère au langage une
1920
fondateur d’Église ; donc doublement conscient de
la
responsabilité de ses paroles. Or, rien ne confère au langage une aus
1921
; donc doublement conscient de la responsabilité
de
ses paroles. Or, rien ne confère au langage une aussi poignante vertu
1922
ge une aussi poignante vertu que cette conscience
d’
une mission à remplir et d’un dialogue à soutenir avec l’époque. Notre
1923
u que cette conscience d’une mission à remplir et
d’
un dialogue à soutenir avec l’époque. Notre culture périt d’être par t
1924
ission à remplir et d’un dialogue à soutenir avec
l’
époque. Notre culture périt d’être par trop « irresponsable ». Peut-êt
1925
gue à soutenir avec l’époque. Notre culture périt
d’
être par trop « irresponsable ». Peut-être nous faut-il revenir vers l
1926
esponsable ». Peut-être nous faut-il revenir vers
les
chefs pour apprendre à nouveau ce que parler veut dire. Ensuite, n’ou
1927
n’oublions pas que la plupart des écrits français
de
Calvin — c’est le cas de ces Trois traités — furent traduits par lui-
1928
la plupart des écrits français de Calvin — c’est
le
cas de ces Trois traités — furent traduits par lui-même du latin. D’o
1929
part des écrits français de Calvin — c’est le cas
de
ces Trois traités — furent traduits par lui-même du latin. D’où la je
1930
traités — furent traduits par lui-même du latin.
D’
où la jeunesse de cette langue et sa sobriété monumentale. Là encore,
1931
tés — furent traduits par lui-même du latin. D’où
la
jeunesse de cette langue et sa sobriété monumentale. Là encore, la le
1932
traduits par lui-même du latin. D’où la jeunesse
de
cette langue et sa sobriété monumentale. Là encore, la leçon de Calvi
1933
tte langue et sa sobriété monumentale. Là encore,
la
leçon de Calvin serait celle d’un retour aux origines. Voilà la seule
1934
e et sa sobriété monumentale. Là encore, la leçon
de
Calvin serait celle d’un retour aux origines. Voilà la seule révoluti
1935
ntale. Là encore, la leçon de Calvin serait celle
d’
un retour aux origines. Voilà la seule révolution qui compte pour l’es
1936
lvin serait celle d’un retour aux origines. Voilà
la
seule révolution qui compte pour l’esprit. Elle doit commander toutes
1937
igines. Voilà la seule révolution qui compte pour
l’
esprit. Elle doit commander toutes les autres. 12. Trois traités de
1938
compte pour l’esprit. Elle doit commander toutes
les
autres. 12. Trois traités de Jean Calvin. Préface de Jacques Panni
1939
commander toutes les autres. 12. Trois traités
de
Jean Calvin. Préface de Jacques Pannier. Introduction de A.-M. Schmid
1940
res. 12. Trois traités de Jean Calvin. Préface
de
Jacques Pannier. Introduction de A.-M. Schmidt. (Éditions « Je sers »
1941
Calvin. Préface de Jacques Pannier. Introduction
de
A.-M. Schmidt. (Éditions « Je sers », Paris.) l. Rougemont Denis de
1942
ditions « Je sers », Paris.) l. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Trois traités de Jean Calvin », Les Nouvelles litté
1943
ougemont Denis de, « [Compte rendu] Trois traités
de
Jean Calvin », Les Nouvelles littéraires, Paris, 20 juillet 1935, p.
1944
« [Compte rendu] Trois traités de Jean Calvin »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 20 juillet 1935, p. 5.
1945
Les
mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2
1946
ècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)m n
L’
esprit occidental n’a jamais eu d’unité harmonieuse : il est toujours
1947
bre 1935)m n L’esprit occidental n’a jamais eu
d’
unité harmonieuse : il est toujours tension entre deux pôles, qui d’ai
1948
se déplacent sans cesse et parfois aussi changent
de
nom. On est tenté de résumer toutes ces tensions en une seule et uniq
1949
se et parfois aussi changent de nom. On est tenté
de
résumer toutes ces tensions en une seule et unique opposition : mysti
1950
trice. Cette vue des plus courantes omet pourtant
le
fait chrétien fondamental : la foi. La foi est acte humain d’obéissan
1951
ntes omet pourtant le fait chrétien fondamental :
la
foi. La foi est acte humain d’obéissance en même temps qu’elle est do
1952
t pourtant le fait chrétien fondamental : la foi.
La
foi est acte humain d’obéissance en même temps qu’elle est don de Die
1953
tien fondamental : la foi. La foi est acte humain
d’
obéissance en même temps qu’elle est don de Dieu ; elle s’oppose donc
1954
humain d’obéissance en même temps qu’elle est don
de
Dieu ; elle s’oppose donc à toute mystique qui ne serait qu’une fuite
1955
du monde, comme à toute action en révolte contre
l’
ordre de la Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait
1956
e, comme à toute action en révolte contre l’ordre
de
la Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait par mal
1957
comme à toute action en révolte contre l’ordre de
la
Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait par malheu
1958
évolte contre l’ordre de la Parole. En confondant
la
foi et la mystique, comme le fait par malheur M. Chuzeville, on contr
1959
tre l’ordre de la Parole. En confondant la foi et
la
mystique, comme le fait par malheur M. Chuzeville, on contribue à ren
1960
arole. En confondant la foi et la mystique, comme
le
fait par malheur M. Chuzeville, on contribue à renforcer un préjugé d
1961
zeville, on contribue à renforcer un préjugé dont
le
bénéfice ne saurait être pour la foi. La mystique, nous dit-il, en ef
1962
un préjugé dont le bénéfice ne saurait être pour
la
foi. La mystique, nous dit-il, en effet, c’est « la recherche des moy
1963
ugé dont le bénéfice ne saurait être pour la foi.
La
mystique, nous dit-il, en effet, c’est « la recherche des moyens par
1964
foi. La mystique, nous dit-il, en effet, c’est «
la
recherche des moyens par lesquels l’âme arrive à transgresser ses lim
1965
fet, c’est « la recherche des moyens par lesquels
l’
âme arrive à transgresser ses limites charnelles et temporelles ». For
1966
porelles ». Fort bien, répondrait un marxiste, si
le
christianisme est cela, nous lui laisserons ses rêveries et nous nous
1967
i laisserons ses rêveries et nous nous chargerons
de
l’homme « dans ses limites charnelles et temporelles ». C’est aussi c
1968
aisserons ses rêveries et nous nous chargerons de
l’
homme « dans ses limites charnelles et temporelles ». C’est aussi ce q
1969
arnelles et temporelles ». C’est aussi ce que dit
l’
Évangile, où il n’est pas question de mysticisme. Ceci marqué, qui est
1970
i ce que dit l’Évangile, où il n’est pas question
de
mysticisme. Ceci marqué, qui est plus qu’une réserve, il convient de
1971
marqué, qui est plus qu’une réserve, il convient
de
remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout
1972
e réserve, il convient de remercier M. Chuzeville
de
nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poéti
1973
hologie tout un monde spirituel et poétique plein
de
dangers et de merveilles. Le choix des textes me paraît des plus heur
1974
n monde spirituel et poétique plein de dangers et
de
merveilles. Le choix des textes me paraît des plus heureux, la traduc
1975
el et poétique plein de dangers et de merveilles.
Le
choix des textes me paraît des plus heureux, la traduction ferme et c
1976
. Le choix des textes me paraît des plus heureux,
la
traduction ferme et coulante. La plupart des mystiques que M. Chuzevi
1977
valis et Ruysbroeck mis à part ; et beaucoup sont
de
grands poètes, des philosophes terriblement concrets : Suso, Tauler,
1978
Suso, Tauler, Franck et Weigel, et surtout Boehme
le
gnostique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de le voir figure
1979
ostique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute
de
le voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le pr
1980
ique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de
le
voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le premi
1981
nnera sans doute de le voir figurer dans un choix
de
« mystiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’expérience.
1982
mystiques », alors qu’il est le premier défenseur
de
l’expérience. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien vol
1983
tiques », alors qu’il est le premier défenseur de
l’
expérience. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien volont
1984
il est le premier défenseur de l’expérience. Mais
la
beauté des textes cités fait pardonner bien volontiers cette erreur d
1985
cités fait pardonner bien volontiers cette erreur
de
classification. En vérité, les mystiques allemands nous apparaissent
1986
ntiers cette erreur de classification. En vérité,
les
mystiques allemands nous apparaissent surtout intéressants dans la me
1987
mands nous apparaissent surtout intéressants dans
la
mesure où ils annoncent le lyrisme et la philosophie d’une des plus h
1988
tout intéressants dans la mesure où ils annoncent
le
lyrisme et la philosophie d’une des plus hautes périodes de l’esprit
1989
nts dans la mesure où ils annoncent le lyrisme et
la
philosophie d’une des plus hautes périodes de l’esprit humain. J’ente
1990
ure où ils annoncent le lyrisme et la philosophie
d’
une des plus hautes périodes de l’esprit humain. J’entends le premier
1991
et la philosophie d’une des plus hautes périodes
de
l’esprit humain. J’entends le premier romantisme allemand, encore si
1992
la philosophie d’une des plus hautes périodes de
l’
esprit humain. J’entends le premier romantisme allemand, encore si mal
1993
d temps que nous rendions hommage à ce ver sacrum
de
l’esprit germanique. Il est grand temps que nous relevions ces titres
1994
emps que nous rendions hommage à ce ver sacrum de
l’
esprit germanique. Il est grand temps que nous relevions ces titres de
1995
Il est grand temps que nous relevions ces titres
de
noblesse spirituelle momentanément méprisés par leurs héritiers direc
1996
directs. Et cela vaudrait mieux, à coup sûr, que
de
rééditer des calomnies usées sur un Luther qu’on n’a jamais lu ; l’in
1997
lomnies usées sur un Luther qu’on n’a jamais lu ;
l’
introduction de cette anthologie contient, à cet égard, de navrantes d
1998
ur un Luther qu’on n’a jamais lu ; l’introduction
de
cette anthologie contient, à cet égard, de navrantes divagations ; Lu
1999
uction de cette anthologie contient, à cet égard,
de
navrantes divagations ; Luther ancêtre du racisme, par exemple ! m.
2000
e du racisme, par exemple ! m. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Jean Chuzeville, Les Mystiques allemands du XIIIe a
2001
emont Denis de, « [Compte rendu] Jean Chuzeville,
Les
Mystiques allemands du XIIIe au XIXe siècle », Les Nouvelles littéra
2002
s Mystiques allemands du XIIIe au XIXe siècle »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 2 novembre 1935, p. 5. n. Une note de
2003
ires, Paris, 2 novembre 1935, p. 5. n. Une note
de
lecture sur le même livre a également paru dans la Nouvelle Revue fra
2004
novembre 1935, p. 5. n. Une note de lecture sur
le
même livre a également paru dans la Nouvelle Revue française d’octobr
2005
e lecture sur le même livre a également paru dans
la
Nouvelle Revue française d’octobre 1935.
2006
a également paru dans la Nouvelle Revue française
d’
octobre 1935.
2007
Le
Problème du bien (12 septembre 1936)o Couronnant une carrière d’au
2008
n (12 septembre 1936)o Couronnant une carrière
d’
auteur déjà longue — quarante-cinq volumes, sauf erreur — M. le pasteu
2009
longue — quarante-cinq volumes, sauf erreur — M.
le
pasteur Wilfred Monod nous a donné une œuvre aussi exceptionnelle par
2010
par son style. M. Wilfred Monod est actuellement
le
représentant le plus marquant d’une famille dont les destins se confo
2011
M. Wilfred Monod est actuellement le représentant
le
plus marquant d’une famille dont les destins se confondirent durant t
2012
est actuellement le représentant le plus marquant
d’
une famille dont les destins se confondirent durant tout le siècle der
2013
représentant le plus marquant d’une famille dont
les
destins se confondirent durant tout le siècle dernier avec ceux du pr
2014
ille dont les destins se confondirent durant tout
le
siècle dernier avec ceux du protestantisme français. Maurras, lorsqu’
2015
voulut s’en prendre aux réformés, ne trouva rien
de
mieux que d’écrire un pamphlet contre la race des Monod, les traditio
2016
prendre aux réformés, ne trouva rien de mieux que
d’
écrire un pamphlet contre la race des Monod, les traditions, l’esprit
2017
uva rien de mieux que d’écrire un pamphlet contre
la
race des Monod, les traditions, l’esprit et l’idéologie de cette « tr
2018
ue d’écrire un pamphlet contre la race des Monod,
les
traditions, l’esprit et l’idéologie de cette « tribu ». Il semble que
2019
amphlet contre la race des Monod, les traditions,
l’
esprit et l’idéologie de cette « tribu ». Il semble que l’auteur du Pr
2020
re la race des Monod, les traditions, l’esprit et
l’
idéologie de cette « tribu ». Il semble que l’auteur du Problème du Bi
2021
es Monod, les traditions, l’esprit et l’idéologie
de
cette « tribu ». Il semble que l’auteur du Problème du Bien 13 se soi
2022
et l’idéologie de cette « tribu ». Il semble que
l’
auteur du Problème du Bien 13 se soit fait un glorieux devoir, et peut
2023
n glorieux devoir, et peut-être un malin plaisir,
de
soutenir les causes les plus vilipendées par ce furieux censeur païen
2024
evoir, et peut-être un malin plaisir, de soutenir
les
causes les plus vilipendées par ce furieux censeur païen. Qu’il suffi
2025
eut-être un malin plaisir, de soutenir les causes
les
plus vilipendées par ce furieux censeur païen. Qu’il suffise de rappe
2026
ndées par ce furieux censeur païen. Qu’il suffise
de
rappeler que le nom de Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esp
2027
ieux censeur païen. Qu’il suffise de rappeler que
le
nom de Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esprit de tout prot
2028
nseur païen. Qu’il suffise de rappeler que le nom
de
Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esprit de tout protestant,
2029
e nom de Wilfred Monod évoque immédiatement, dans
l’
esprit de tout protestant, deux grands mouvements de pensée et d’actio
2030
Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esprit
de
tout protestant, deux grands mouvements de pensée et d’action dont il
2031
esprit de tout protestant, deux grands mouvements
de
pensée et d’action dont il fut l’un des principaux initiateurs : le c
2032
t protestant, deux grands mouvements de pensée et
d’
action dont il fut l’un des principaux initiateurs : le christianisme
2033
ion dont il fut l’un des principaux initiateurs :
le
christianisme social, et l’union des églises non romaines, grande esp
2034
ncipaux initiateurs : le christianisme social, et
l’
union des églises non romaines, grande espérance œcuménique et interna
2035
e espérance œcuménique et internationale née dans
le
« désarroi » de l’après-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès
2036
énique et internationale née dans le « désarroi »
de
l’après-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès de Stockholm sa
2037
que et internationale née dans le « désarroi » de
l’
après-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès de Stockholm sa pre
2038
près-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès
de
Stockholm sa première réalisation concrète. À ces deux causes illustr
2039
tre auteur, il faut en ajouter une troisième, qui
les
commande directement : celle d’un certain humanisme chrétien. L’ouvra
2040
e troisième, qui les commande directement : celle
d’
un certain humanisme chrétien. L’ouvrage littéralement énorme (hors de
2041
ectement : celle d’un certain humanisme chrétien.
L’
ouvrage littéralement énorme (hors de la norme) qui vient de paraître
2042
chrétien. L’ouvrage littéralement énorme (hors de
la
norme) qui vient de paraître sous un titre dont l’apparence paradoxal
2043
a norme) qui vient de paraître sous un titre dont
l’
apparence paradoxale est typique de l’esprit de M. Monod, figure sans
2044
un titre dont l’apparence paradoxale est typique
de
l’esprit de M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus com
2045
titre dont l’apparence paradoxale est typique de
l’
esprit de M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus comple
2046
nt l’apparence paradoxale est typique de l’esprit
de
M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus complet que le
2047
de l’esprit de M. Monod, figure sans aucun doute
le
document le plus complet que le modernisme protestant aura livré sur
2048
de M. Monod, figure sans aucun doute le document
le
plus complet que le modernisme protestant aura livré sur son époque.
2049
sans aucun doute le document le plus complet que
le
modernisme protestant aura livré sur son époque. Mais il marque en mê
2050
temps son dépassement. Ces 3000 pages contiennent
la
somme de la problématique particulière à une école — est-ce trop dire
2051
dépassement. Ces 3000 pages contiennent la somme
de
la problématique particulière à une école — est-ce trop dire — qui va
2052
passement. Ces 3000 pages contiennent la somme de
la
problématique particulière à une école — est-ce trop dire — qui va de
2053
ticulière à une école — est-ce trop dire — qui va
de
Schleiermacher à Harnack, en passant par Charles Secrétan, Frommel et
2054
ecrétan, Frommel et même Renouvier, et à laquelle
les
récents livres de Bergson viennent apporter un ultime renouveau. À ce
2055
même Renouvier, et à laquelle les récents livres
de
Bergson viennent apporter un ultime renouveau. À cet égard, le Problè
2056
ennent apporter un ultime renouveau. À cet égard,
le
Problème du Bien mériterait un examen critique dont le cadre de ma ch
2057
oblème du Bien mériterait un examen critique dont
le
cadre de ma chronique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais le s
2058
Bien mériterait un examen critique dont le cadre
de
ma chronique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais le sous-titre
2059
e cadre de ma chronique ne saurait supporter même
l’
esquisse. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à l’aborder tr
2060
onique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais
le
sous-titre de cette œuvre nous engage à l’aborder très librement : «
2061
ait supporter même l’esquisse. Mais le sous-titre
de
cette œuvre nous engage à l’aborder très librement : « essai de théod
2062
. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à
l’
aborder très librement : « essai de théodicée et journal d’un pasteur
2063
nous engage à l’aborder très librement : « essai
de
théodicée et journal d’un pasteur ». Nous n’avons pas affaire ici à u
2064
très librement : « essai de théodicée et journal
d’
un pasteur ». Nous n’avons pas affaire ici à une construction doctrina
2065
ns pas affaire ici à une construction doctrinale.
L’
auteur prend soin de nous en avertir à maintes reprises : L’intérêt d
2066
une construction doctrinale. L’auteur prend soin
de
nous en avertir à maintes reprises : L’intérêt du présent ouvrage ne
2067
end soin de nous en avertir à maintes reprises :
L’
intérêt du présent ouvrage ne réside pas seulement dans le récit d’une
2068
t du présent ouvrage ne réside pas seulement dans
le
récit d’une exploration hasardée en des régions peu connues, mais aus
2069
ent ouvrage ne réside pas seulement dans le récit
d’
une exploration hasardée en des régions peu connues, mais aussi dans l
2070
ardée en des régions peu connues, mais aussi dans
la
constante présentation d’un double cheminement : la recherche du pens
2071
onnues, mais aussi dans la constante présentation
d’
un double cheminement : la recherche du penseur et le ministère du pas
2072
constante présentation d’un double cheminement :
la
recherche du penseur et le ministère du pasteur. Par ailleurs, il ne
2073
n double cheminement : la recherche du penseur et
le
ministère du pasteur. Par ailleurs, il ne s’adresse pas aux spéciali
2074
leurs, il ne s’adresse pas aux spécialistes, ni à
l’
Église, comme ce serait le devoir d’un traité dogmatique. Je m’adress
2075
aux spécialistes, ni à l’Église, comme ce serait
le
devoir d’un traité dogmatique. Je m’adresse aux chrétiens, mais plus
2076
alistes, ni à l’Église, comme ce serait le devoir
d’
un traité dogmatique. Je m’adresse aux chrétiens, mais plus encore au
2077
plus encore aux autres. Mon cœur est tourné vers
les
agnostiques, les sceptiques, les incrédules, les athées, les désespér
2078
autres. Mon cœur est tourné vers les agnostiques,
les
sceptiques, les incrédules, les athées, les désespérés (termes qui ne
2079
est tourné vers les agnostiques, les sceptiques,
les
incrédules, les athées, les désespérés (termes qui ne sont pas synony
2080
les agnostiques, les sceptiques, les incrédules,
les
athées, les désespérés (termes qui ne sont pas synonymes) et je leur
2081
ques, les sceptiques, les incrédules, les athées,
les
désespérés (termes qui ne sont pas synonymes) et je leur propose de m
2082
mes qui ne sont pas synonymes) et je leur propose
de
méditer le problème du Bien. Si des croyants peuvent douter de leur c
2083
sont pas synonymes) et je leur propose de méditer
le
problème du Bien. Si des croyants peuvent douter de leur croyance à c
2084
problème du Bien. Si des croyants peuvent douter
de
leur croyance à cause du mal, que des incroyants apprennent à douter
2085
se du mal, que des incroyants apprennent à douter
de
leur incroyance, à cause du Bien. D’une part, en effet, dit M. Monod
2086
e du Bien. D’une part, en effet, dit M. Monod, «
l’
athéisme n’explique pas la Beauté, la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il s
2087
effet, dit M. Monod, « l’athéisme n’explique pas
la
Beauté, la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème
2088
M. Monod, « l’athéisme n’explique pas la Beauté,
la
Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D
2089
, « l’athéisme n’explique pas la Beauté, la Joie,
l’
Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D’autre pa
2090
éisme n’explique pas la Beauté, la Joie, l’Amour,
la
Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D’autre part, l’ort
2091
la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre
le
problème du Bien. D’autre part, l’orthodoxie chrétienne, avec son Die
2092
e brise contre le problème du Bien. D’autre part,
l’
orthodoxie chrétienne, avec son Dieu créateur omnipotent, omniprésent,
2093
nt, omniprésent, mais silencieux, se brise contre
le
problème du Mal ». Notons que cette position du problème, ce double f
2094
ette position du problème, ce double front contre
l’
athéisme et contre le dogmatisme, définit d’emblée la situation typiqu
2095
lème, ce double front contre l’athéisme et contre
le
dogmatisme, définit d’emblée la situation typique du penseur « libéra
2096
théisme et contre le dogmatisme, définit d’emblée
la
situation typique du penseur « libéral ». (Calvin disait : « libertin
2097
alvin disait : « libertin spirituel ».) Il s’agit
de
confondre les philosophes incroyants au moyen de leurs propres argume
2098
: « libertin spirituel ».) Il s’agit de confondre
les
philosophes incroyants au moyen de leurs propres arguments, et les th
2099
ncroyants au moyen de leurs propres arguments, et
les
théologiens trop rigides par le recours à une piété plus libre. On sa
2100
es arguments, et les théologiens trop rigides par
le
recours à une piété plus libre. On sait que pour l’école de Barth, to
2101
recours à une piété plus libre. On sait que pour
l’
école de Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera pureme
2102
à une piété plus libre. On sait que pour l’école
de
Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera purement et si
2103
ait que pour l’école de Barth, tout au contraire,
le
rôle de la théologie sera purement et simplement de critiquer, au sei
2104
pour l’école de Barth, tout au contraire, le rôle
de
la théologie sera purement et simplement de critiquer, au sein de l’É
2105
r l’école de Barth, tout au contraire, le rôle de
la
théologie sera purement et simplement de critiquer, au sein de l’Égli
2106
rôle de la théologie sera purement et simplement
de
critiquer, au sein de l’Église, la prédication de l’Église, pour la d
2107
a purement et simplement de critiquer, au sein de
l’
Église, la prédication de l’Église, pour la débarrasser des intrusions
2108
et simplement de critiquer, au sein de l’Église,
la
prédication de l’Église, pour la débarrasser des intrusions de philos
2109
de critiquer, au sein de l’Église, la prédication
de
l’Église, pour la débarrasser des intrusions de philosophies passagèr
2110
critiquer, au sein de l’Église, la prédication de
l’
Église, pour la débarrasser des intrusions de philosophies passagères
2111
ein de l’Église, la prédication de l’Église, pour
la
débarrasser des intrusions de philosophies passagères quelles qu’elle
2112
n de l’Église, pour la débarrasser des intrusions
de
philosophies passagères quelles qu’elles soient. Pour Barth, c’est Di
2113
s qu’elles soient. Pour Barth, c’est Dieu qui met
l’
homme en question. M. Monod part au contraire d’une mise en question d
2114
t l’homme en question. M. Monod part au contraire
d’
une mise en question de « Dieu » par la conscience morale de l’homme.
2115
M. Monod part au contraire d’une mise en question
de
« Dieu » par la conscience morale de l’homme. L’opposition apparaît a
2116
contraire d’une mise en question de « Dieu » par
la
conscience morale de l’homme. L’opposition apparaît absolue. Mais l’u
2117
en question de « Dieu » par la conscience morale
de
l’homme. L’opposition apparaît absolue. Mais l’une des grandes surpri
2118
question de « Dieu » par la conscience morale de
l’
homme. L’opposition apparaît absolue. Mais l’une des grandes surprises
2119
de « Dieu » par la conscience morale de l’homme.
L’
opposition apparaît absolue. Mais l’une des grandes surprises que nous
2120
Mais l’une des grandes surprises que nous réserve
le
Problème du Bien, c’est qu’au moyen d’une méthode « libérale » et par
2121
us réserve le Problème du Bien, c’est qu’au moyen
d’
une méthode « libérale » et partant d’un point de vue « libéral » — en
2122
qu’au moyen d’une méthode « libérale » et partant
d’
un point de vue « libéral » — encore que l’auteur s’en défende, l’adje
2123
artant d’un point de vue « libéral » — encore que
l’
auteur s’en défende, l’adjectif ayant pris peu à peu une signification
2124
e « libéral » — encore que l’auteur s’en défende,
l’
adjectif ayant pris peu à peu une signification ecclésiastique plus pr
2125
t-elle pas comme un signe, une promesse émouvante
de
l’unité future des chrétiens, par-delà les funestes divisions de l’or
2126
lle pas comme un signe, une promesse émouvante de
l’
unité future des chrétiens, par-delà les funestes divisions de l’ortho
2127
ouvante de l’unité future des chrétiens, par-delà
les
funestes divisions de l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons
2128
re des chrétiens, par-delà les funestes divisions
de
l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons à la situation de dépa
2129
des chrétiens, par-delà les funestes divisions de
l’
orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons à la situation de départ
2130
l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons à
la
situation de départ de notre auteur. Contre l’un et l’autre adversair
2131
et du libéralisme ? Mais revenons à la situation
de
départ de notre auteur. Contre l’un et l’autre adversaire — l’athée e
2132
éralisme ? Mais revenons à la situation de départ
de
notre auteur. Contre l’un et l’autre adversaire — l’athée et l’orthod
2133
notre auteur. Contre l’un et l’autre adversaire —
l’
athée et l’orthodoxe desséché — M. Monod recourt au fait de son expéri
2134
r. Contre l’un et l’autre adversaire — l’athée et
l’
orthodoxe desséché — M. Monod recourt au fait de son expérience intéri
2135
t l’orthodoxe desséché — M. Monod recourt au fait
de
son expérience intérieure. Après avoir montré que cette expérience di
2136
. Après avoir montré que cette expérience diffère
de
tout processus psychique, il précise : l’expérience religieuse ne dev
2137
diffère de tout processus psychique, il précise :
l’
expérience religieuse ne devient proprement chrétienne qu’en tant qu’e
2138
aît que son objet, c’est Dieu le Père, révélé par
le
Fils, et non ce Dieu omnipotent du dogme. En effet, Dieu n’est pas da
2139
mnipotent du dogme. En effet, Dieu n’est pas dans
la
Nature, il n’en est ni le maître ni l’auteur : voilà la thèse capital
2140
et, Dieu n’est pas dans la Nature, il n’en est ni
le
maître ni l’auteur : voilà la thèse capitale du livre. Ce que nous mo
2141
t pas dans la Nature, il n’en est ni le maître ni
l’
auteur : voilà la thèse capitale du livre. Ce que nous montre la Natur
2142
ure, il n’en est ni le maître ni l’auteur : voilà
la
thèse capitale du livre. Ce que nous montre la Nature, c’est bien plu
2143
là la thèse capitale du livre. Ce que nous montre
la
Nature, c’est bien plutôt l’action d’un « démiurge » sauvage, omnivor
2144
. Ce que nous montre la Nature, c’est bien plutôt
l’
action d’un « démiurge » sauvage, omnivore, amateur de catastrophes et
2145
nous montre la Nature, c’est bien plutôt l’action
d’
un « démiurge » sauvage, omnivore, amateur de catastrophes et de crime
2146
tion d’un « démiurge » sauvage, omnivore, amateur
de
catastrophes et de crimes. Les animaux se mangent entre eux, les homm
2147
e » sauvage, omnivore, amateur de catastrophes et
de
crimes. Les animaux se mangent entre eux, les hommes périssent par ac
2148
, omnivore, amateur de catastrophes et de crimes.
Les
animaux se mangent entre eux, les hommes périssent par accident, la t
2149
s et de crimes. Les animaux se mangent entre eux,
les
hommes périssent par accident, la terre tremble : est-ce là l’œuvre d
2150
ent entre eux, les hommes périssent par accident,
la
terre tremble : est-ce là l’œuvre du Dieu d’amour dont parle l’Évangi
2151
issent par accident, la terre tremble : est-ce là
l’
œuvre du Dieu d’amour dont parle l’Évangile ? « La fourmi périssant de
2152
ent, la terre tremble : est-ce là l’œuvre du Dieu
d’
amour dont parle l’Évangile ? « La fourmi périssant de mort violente s
2153
le : est-ce là l’œuvre du Dieu d’amour dont parle
l’
Évangile ? « La fourmi périssant de mort violente sous le talon d’un c
2154
l’œuvre du Dieu d’amour dont parle l’Évangile ? «
La
fourmi périssant de mort violente sous le talon d’un chrétien qui pri
2155
our dont parle l’Évangile ? « La fourmi périssant
de
mort violente sous le talon d’un chrétien qui prie en marchant », — v
2156
ile ? « La fourmi périssant de mort violente sous
le
talon d’un chrétien qui prie en marchant », — voilà qui pose à M. Mon
2157
a fourmi périssant de mort violente sous le talon
d’
un chrétien qui prie en marchant », — voilà qui pose à M. Monod le pro
2158
i prie en marchant », — voilà qui pose à M. Monod
le
problème central de ce livre. Faudra-t-il donc revenir à Marcion, hér
2159
, — voilà qui pose à M. Monod le problème central
de
ce livre. Faudra-t-il donc revenir à Marcion, hérétique condamné par
2160
c revenir à Marcion, hérétique condamné par toute
la
tradition chrétienne pour avoir affirmé que le monde est l’œuvre d’un
2161
te la tradition chrétienne pour avoir affirmé que
le
monde est l’œuvre d’un esprit mauvais, d’un démiourgos que le Christ,
2162
on chrétienne pour avoir affirmé que le monde est
l’
œuvre d’un esprit mauvais, d’un démiourgos que le Christ, fils de Dieu
2163
ienne pour avoir affirmé que le monde est l’œuvre
d’
un esprit mauvais, d’un démiourgos que le Christ, fils de Dieu, est ve
2164
rmé que le monde est l’œuvre d’un esprit mauvais,
d’
un démiourgos que le Christ, fils de Dieu, est venu pour combattre et
2165
l’œuvre d’un esprit mauvais, d’un démiourgos que
le
Christ, fils de Dieu, est venu pour combattre et pour vaincre ? M. Mo
2166
prit mauvais, d’un démiourgos que le Christ, fils
de
Dieu, est venu pour combattre et pour vaincre ? M. Monod le pense. Jé
2167
st venu pour combattre et pour vaincre ? M. Monod
le
pense. Jésus, dit-il, « n’est pas venu nous enseigner que l’univers a
2168
ésus, dit-il, « n’est pas venu nous enseigner que
l’
univers a un créateur. Il a, au contraire, déboulonné l’idole effroyab
2169
ers a un créateur. Il a, au contraire, déboulonné
l’
idole effroyable du Tout-Puissant ; il a enseigné que le vrai Dieu s’i
2170
e effroyable du Tout-Puissant ; il a enseigné que
le
vrai Dieu s’incarnait dans un crucifié vaincu ». Par une espèce de pa
2171
carnait dans un crucifié vaincu ». Par une espèce
de
paradoxe — personne n’a chéri davantage le paradoxe depuis Kierkegaar
2172
espèce de paradoxe — personne n’a chéri davantage
le
paradoxe depuis Kierkegaard — M. Monod déduit de cette « hypothèse de
2173
le paradoxe depuis Kierkegaard — M. Monod déduit
de
cette « hypothèse de travail » une réaffirmation du dogme trinitaire
2174
ierkegaard — M. Monod déduit de cette « hypothèse
de
travail » une réaffirmation du dogme trinitaire : Dieu est un X qui n
2175
gme trinitaire : Dieu est un X qui ne se révèle à
l’
homme comme le Père que par son incarnation dans le Fils, reconnue grâ
2176
: Dieu est un X qui ne se révèle à l’homme comme
le
Père que par son incarnation dans le Fils, reconnue grâce au Saint-Es
2177
’homme comme le Père que par son incarnation dans
le
Fils, reconnue grâce au Saint-Esprit. Laissons l’aspect théologique d
2178
le Fils, reconnue grâce au Saint-Esprit. Laissons
l’
aspect théologique de cet ouvrage : son style de pensée, sa démarche i
2179
ce au Saint-Esprit. Laissons l’aspect théologique
de
cet ouvrage : son style de pensée, sa démarche insolite et dramatique
2180
s l’aspect théologique de cet ouvrage : son style
de
pensée, sa démarche insolite et dramatique ont bien de quoi retenir l
2181
nsée, sa démarche insolite et dramatique ont bien
de
quoi retenir le lecteur même incroyant ou ignorant de ces débats. Wil
2182
e insolite et dramatique ont bien de quoi retenir
le
lecteur même incroyant ou ignorant de ces débats. Wilfred Monod nous
2183
uoi retenir le lecteur même incroyant ou ignorant
de
ces débats. Wilfred Monod nous apparaît ici comme une espèce de père
2184
Wilfred Monod nous apparaît ici comme une espèce
de
père Hugo du modernisme : même invention verbale, même goût des grand
2185
me générosité humanitaire. Et quelle surabondance
d’
images ! La TSF, les rayons X, l’automobile et la structure des atomes
2186
té humanitaire. Et quelle surabondance d’images !
La
TSF, les rayons X, l’automobile et la structure des atomes lui fourni
2187
itaire. Et quelle surabondance d’images ! La TSF,
les
rayons X, l’automobile et la structure des atomes lui fournissent un
2188
lle surabondance d’images ! La TSF, les rayons X,
l’
automobile et la structure des atomes lui fournissent un matériel méta
2189
d’images ! La TSF, les rayons X, l’automobile et
la
structure des atomes lui fournissent un matériel métaphorique inépuis
2190
atériel métaphorique inépuisable. Je n’y vois pas
d’
inconvénient à priori, mais à coup sûr, il s’agit là de littérature, b
2191
onvénient à priori, mais à coup sûr, il s’agit là
de
littérature, bien que l’auteur s’en défende dans sa préface. Cela nou
2192
à coup sûr, il s’agit là de littérature, bien que
l’
auteur s’en défende dans sa préface. Cela nous vaut des pages fort cur
2193
face. Cela nous vaut des pages fort curieuses sur
la
Nature, des élévations romantiques, telle description poignante de ré
2194
évations romantiques, telle description poignante
de
réalisme, d’un ensevelissement dans la fosse commune. Le mérite capit
2195
ntiques, telle description poignante de réalisme,
d’
un ensevelissement dans la fosse commune. Le mérite capital de cette v
2196
poignante de réalisme, d’un ensevelissement dans
la
fosse commune. Le mérite capital de cette vision totalitaire du réel,
2197
isme, d’un ensevelissement dans la fosse commune.
Le
mérite capital de cette vision totalitaire du réel, c’est qu’elle rep
2198
issement dans la fosse commune. Le mérite capital
de
cette vision totalitaire du réel, c’est qu’elle replace l’homme dans
2199
vision totalitaire du réel, c’est qu’elle replace
l’
homme dans la perspective cosmique dont un maigre intellectualisme dog
2200
taire du réel, c’est qu’elle replace l’homme dans
la
perspective cosmique dont un maigre intellectualisme dogmatique nous
2201
e intellectualisme dogmatique nous faisait perdre
l’
émouvant souci. À cet égard, on peut bien dire que M. Monod revient de
2202
cet égard, on peut bien dire que M. Monod revient
de
loin. Les Soliloques dans la nuit, fragments d’un journal de jeunesse
2203
, on peut bien dire que M. Monod revient de loin.
Les
Soliloques dans la nuit, fragments d’un journal de jeunesse qui rempl
2204
que M. Monod revient de loin. Les Soliloques dans
la
nuit, fragments d’un journal de jeunesse qui remplissent 200 pages du
2205
t de loin. Les Soliloques dans la nuit, fragments
d’
un journal de jeunesse qui remplissent 200 pages du premier tome, témo
2206
s Soliloques dans la nuit, fragments d’un journal
de
jeunesse qui remplissent 200 pages du premier tome, témoignent d’une
2207
remplissent 200 pages du premier tome, témoignent
d’
une véritable frénésie de problèmes, d’un état de controverse intérieu
2208
premier tome, témoignent d’une véritable frénésie
de
problèmes, d’un état de controverse intérieure et abstraite, où je cr
2209
témoignent d’une véritable frénésie de problèmes,
d’
un état de controverse intérieure et abstraite, où je crains bien que
2210
d’une véritable frénésie de problèmes, d’un état
de
controverse intérieure et abstraite, où je crains bien que la jeuness
2211
se intérieure et abstraite, où je crains bien que
la
jeunesse d’aujourd’hui ne voie plus qu’une fièvre morbide. Mais la fo
2212
e et abstraite, où je crains bien que la jeunesse
d’
aujourd’hui ne voie plus qu’une fièvre morbide. Mais la forme excessiv
2213
ourd’hui ne voie plus qu’une fièvre morbide. Mais
la
forme excessivement libre de cet ouvrage le sauve de l’ennui inhérent
2214
fièvre morbide. Mais la forme excessivement libre
de
cet ouvrage le sauve de l’ennui inhérent aux gros livres. C’est une s
2215
Mais la forme excessivement libre de cet ouvrage
le
sauve de l’ennui inhérent aux gros livres. C’est une somme, ai-je dit
2216
forme excessivement libre de cet ouvrage le sauve
de
l’ennui inhérent aux gros livres. C’est une somme, ai-je dit, une étr
2217
me excessivement libre de cet ouvrage le sauve de
l’
ennui inhérent aux gros livres. C’est une somme, ai-je dit, une étrang
2218
me, ai-je dit, une étrange et vivante compilation
de
notes, de journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades,
2219
dit, une étrange et vivante compilation de notes,
de
journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’analyse
2220
nge et vivante compilation de notes, de journaux,
de
lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’analyses philosophiq
2221
te compilation de notes, de journaux, de lettres,
de
fragments de sermons, de boutades, d’analyses philosophiques, de poèm
2222
n de notes, de journaux, de lettres, de fragments
de
sermons, de boutades, d’analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdot
2223
de journaux, de lettres, de fragments de sermons,
de
boutades, d’analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdotes, d’aphori
2224
de lettres, de fragments de sermons, de boutades,
d’
analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdotes, d’aphorismes. On s’y
2225
sermons, de boutades, d’analyses philosophiques,
de
poèmes, d’anecdotes, d’aphorismes. On s’y perd bien souvent, on y app
2226
e boutades, d’analyses philosophiques, de poèmes,
d’
anecdotes, d’aphorismes. On s’y perd bien souvent, on y apprend beauco
2227
’analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdotes,
d’
aphorismes. On s’y perd bien souvent, on y apprend beaucoup. On craint
2228
vent, on y apprend beaucoup. On craint aussi qu’à
la
faveur de tant de richesses disparates, le sérieux proprement théolog
2229
apprend beaucoup. On craint aussi qu’à la faveur
de
tant de richesses disparates, le sérieux proprement théologique du ra
2230
i qu’à la faveur de tant de richesses disparates,
le
sérieux proprement théologique du raisonnement ne soit parfois diminu
2231
te que certains fidèles ne soient gênés, comme je
le
suis, par l’affirmation répétée que l’auteur « écrit à genoux ». Au s
2232
ns fidèles ne soient gênés, comme je le suis, par
l’
affirmation répétée que l’auteur « écrit à genoux ». Au sous-titre du
2233
, comme je le suis, par l’affirmation répétée que
l’
auteur « écrit à genoux ». Au sous-titre du Problème du Bien, j’appose
2234
rs cet argument : comment un protestant se libère
d’
un intellectualisme intempérant par la considération hardie du cosmos.
2235
t se libère d’un intellectualisme intempérant par
la
considération hardie du cosmos. Quant à sa thèse théologique, je me c
2236
mos. Quant à sa thèse théologique, je me contente
de
suggérer qu’on l’admettrait plus aisément si l’auteur ne cherchait à
2237
èse théologique, je me contente de suggérer qu’on
l’
admettrait plus aisément si l’auteur ne cherchait à l’imposer par le s
2238
e de suggérer qu’on l’admettrait plus aisément si
l’
auteur ne cherchait à l’imposer par le spectacle de ses propres luttes
2239
mettrait plus aisément si l’auteur ne cherchait à
l’
imposer par le spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconnaiss
2240
aisément si l’auteur ne cherchait à l’imposer par
le
spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconnaissons pas forcém
2241
’auteur ne cherchait à l’imposer par le spectacle
de
ses propres luttes — où nous ne reconnaissons pas forcément les nôtre
2242
t les nôtres — et s’il ne tenait, par ailleurs, à
l’
étayer par une philosophie qui ne saurait plus être la nôtre : j’enten
2243
ayer par une philosophie qui ne saurait plus être
la
nôtre : j’entends le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Ré
2244
hie qui ne saurait plus être la nôtre : j’entends
le
criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Révélation, malgré tout
2245
nôtre : j’entends le criticisme à peine critiqué.
Le
contenu de la Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester
2246
ntends le criticisme à peine critiqué. Le contenu
de
la Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester pour tous
2247
nds le criticisme à peine critiqué. Le contenu de
la
Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester pour tous les
2248
tiqué. Le contenu de la Révélation, malgré toutes
les
philosophies, doit rester pour tous les croyants : « Emmanuel ! » qui
2249
ré toutes les philosophies, doit rester pour tous
les
croyants : « Emmanuel ! » qui signifie : Dieu avec nous ! Est-il vrai
2250
nt indispensable, est-il même permis au chrétien,
de
fonder cette Révélation sur le système d’un autre Emmanuel — Kant en
2251
ermis au chrétien, de fonder cette Révélation sur
le
système d’un autre Emmanuel — Kant en l’espèce ? M. Monod ne saurait
2252
rétien, de fonder cette Révélation sur le système
d’
un autre Emmanuel — Kant en l’espèce ? M. Monod ne saurait m’en vouloi
2253
tion sur le système d’un autre Emmanuel — Kant en
l’
espèce ? M. Monod ne saurait m’en vouloir de lui retourner une boutade
2254
nt en l’espèce ? M. Monod ne saurait m’en vouloir
de
lui retourner une boutade qui porte évidemment sa marquep. 13. Wilf
2255
porte évidemment sa marquep. 13. Wilfred Monod,
Le
Problème du Bien : essai de théodicée et journal d’un pasteur, 3 volu
2256
13. Wilfred Monod, Le Problème du Bien : essai
de
théodicée et journal d’un pasteur, 3 volumes, chez Alcan. o. Rougem
2257
Problème du Bien : essai de théodicée et journal
d’
un pasteur, 3 volumes, chez Alcan. o. Rougemont Denis de, « [Compte
2258
teur, 3 volumes, chez Alcan. o. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Wilfred Monod, Le Problème du bien », Les Nouvelle
2259
ugemont Denis de, « [Compte rendu] Wilfred Monod,
Le
Problème du bien », Les Nouvelles littéraires, Paris, 12 septembre 1
2260
pte rendu] Wilfred Monod, Le Problème du bien »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 12 septembre 1936, p. 5. p. Une critiq
2261
Paris, 12 septembre 1936, p. 5. p. Une critique
de
l’ouvrage de Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc de mai
2262
ris, 12 septembre 1936, p. 5. p. Une critique de
l’
ouvrage de Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc de mai 19
2263
ptembre 1936, p. 5. p. Une critique de l’ouvrage
de
Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc de mai 1935, sous l
2264
Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc
de
mai 1935, sous le titre : « Soirée chez Nicodème ».
2265
ît également dans Hic et Nunc de mai 1935, sous
le
titre : « Soirée chez Nicodème ».
2266
er contre Érasme (19 juin 1937)q r Que sait-on
de
Luther en France ? Qu’il rompu l’unité de l’Église. Mais dans quelles
2267
Que sait-on de Luther en France ? Qu’il rompu
l’
unité de l’Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelle
2268
sait-on de Luther en France ? Qu’il rompu l’unité
de
l’Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelles raison
2269
t-on de Luther en France ? Qu’il rompu l’unité de
l’
Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelles raisons ?
2270
é par quelles raisons ? Et pour quelles fins ? Si
l’
on ne veut pas s’en tenir à des appréciations du genre « moine qui vou
2271
e « moine qui voulait se marier », il serait sage
de
parcourir au moins les œuvres capitales du grand réformateur. Or, il
2272
se marier », il serait sage de parcourir au moins
les
œuvres capitales du grand réformateur. Or, il se trouve, et c’est pre
2273
pendice à une brève biographie ; une brochure sur
la
liberté chrétienne : et les trop fameux Propos de Table, absolument i
2274
hie ; une brochure sur la liberté chrétienne : et
les
trop fameux Propos de Table, absolument insignifiants quant à la doct
2275
la liberté chrétienne : et les trop fameux Propos
de
Table, absolument insignifiants quant à la doctrine religieuse : voil
2276
Propos de Table, absolument insignifiants quant à
la
doctrine religieuse : voilà tout ce qui nous est accessible d’une œuv
2277
eligieuse : voilà tout ce qui nous est accessible
d’
une œuvre dont on sait pourtant qu’elle a changé plus qu’aucune autre
2278
it pourtant qu’elle a changé plus qu’aucune autre
les
destinées de l’Occident. (Je ne fais là, bien entendu, qu’une constat
2279
’elle a changé plus qu’aucune autre les destinées
de
l’Occident. (Je ne fais là, bien entendu, qu’une constatation histori
2280
le a changé plus qu’aucune autre les destinées de
l’
Occident. (Je ne fais là, bien entendu, qu’une constatation historique
2281
qu’une constatation historique.) Remercions donc
le
courageux éditeur qui vient d’entreprendre la réparation de cette inc
2282
.) Remercions donc le courageux éditeur qui vient
d’
entreprendre la réparation de cette inconcevable lacune, en publiant l
2283
onc le courageux éditeur qui vient d’entreprendre
la
réparation de cette inconcevable lacune, en publiant l’ouvrage centra
2284
ux éditeur qui vient d’entreprendre la réparation
de
cette inconcevable lacune, en publiant l’ouvrage central de la réform
2285
aration de cette inconcevable lacune, en publiant
l’
ouvrage central de la réforme luthérienne, le Traité du serf arbitre 1
2286
nconcevable lacune, en publiant l’ouvrage central
de
la réforme luthérienne, le Traité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que s
2287
ncevable lacune, en publiant l’ouvrage central de
la
réforme luthérienne, le Traité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur
2288
iant l’ouvrage central de la réforme luthérienne,
le
Traité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur le plan de la culture gé
2289
ité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur le plan
de
la culture générale, une telle publication est appelée à rendre des s
2290
du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur le plan de
la
culture générale, une telle publication est appelée à rendre des serv
2291
ace au cœur même du grand débat occidental, celui
de
la pensée « pure » et de la pensée « engagée ». Elle met entre nos ma
2292
au cœur même du grand débat occidental, celui de
la
pensée « pure » et de la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains
2293
débat occidental, celui de la pensée « pure » et
de
la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains la pièce capitale du
2294
bat occidental, celui de la pensée « pure » et de
la
pensée « engagée ». Elle met entre nos mains la pièce capitale du pro
2295
e la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains
la
pièce capitale du procès : l’acte d’accusation du clerc actif qu’étai
2296
met entre nos mains la pièce capitale du procès :
l’
acte d’accusation du clerc actif qu’était Luther, contre le clerc « dé
2297
re nos mains la pièce capitale du procès : l’acte
d’
accusation du clerc actif qu’était Luther, contre le clerc « désintére
2298
accusation du clerc actif qu’était Luther, contre
le
clerc « désintéressé » que croyait pouvoir être Érasme. Elle nous per
2299
que croyait pouvoir être Érasme. Elle nous permet
de
connaître l’une des origines historiques de cette opposition fondamen
2300
ermet de connaître l’une des origines historiques
de
cette opposition fondamentale, de cette discussion séculaire, de cett
2301
nes historiques de cette opposition fondamentale,
de
cette discussion séculaire, de cette grande tension spirituelle dans
2302
tion fondamentale, de cette discussion séculaire,
de
cette grande tension spirituelle dans laquelle l’Europe a puisé son d
2303
de cette grande tension spirituelle dans laquelle
l’
Europe a puisé son dynamisme créateur : l’opposition du témoin respons
2304
aquelle l’Europe a puisé son dynamisme créateur :
l’
opposition du témoin responsable et du spectateur détaché. Le point de
2305
n du témoin responsable et du spectateur détaché.
Le
point de vue du « clerc pur », celui d’Érasme, nous est suffisamment
2306
détaché. Le point de vue du « clerc pur », celui
d’
Érasme, nous est suffisamment connu. Qu’on se reporte en particulier à
2307
isamment connu. Qu’on se reporte en particulier à
la
brillante biographie de Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute l’œuv
2308
reporte en particulier à la brillante biographie
de
Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute l’œuvre récente du parfait di
2309
raphie de Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute
l’
œuvre récente du parfait disciple d’Érasme que se trouve être M. Benda
2310
ais : à toute l’œuvre récente du parfait disciple
d’
Érasme que se trouve être M. Benda. Érasme dit le vrai, puis se lave l
2311
d’Érasme que se trouve être M. Benda. Érasme dit
le
vrai, puis se lave les mains, et refuse d’endosser les conséquences d
2312
e être M. Benda. Érasme dit le vrai, puis se lave
les
mains, et refuse d’endosser les conséquences de sa vérité : il souhai
2313
me dit le vrai, puis se lave les mains, et refuse
d’
endosser les conséquences de sa vérité : il souhaite même qu’il n’y en
2314
rai, puis se lave les mains, et refuse d’endosser
les
conséquences de sa vérité : il souhaite même qu’il n’y en ait pas. Et
2315
les mains, et refuse d’endosser les conséquences
de
sa vérité : il souhaite même qu’il n’y en ait pas. Et tous les pruden
2316
: il souhaite même qu’il n’y en ait pas. Et tous
les
prudents d’applaudir, non sans apparences de raison : on a commis tan
2317
e même qu’il n’y en ait pas. Et tous les prudents
d’
applaudir, non sans apparences de raison : on a commis tant de crimes
2318
ous les prudents d’applaudir, non sans apparences
de
raison : on a commis tant de crimes au nom de la vérité ! On s’en est
2319
de raison : on a commis tant de crimes au nom de
la
vérité ! On s’en est plus servi qu’on ne l’a servie… L’intervention d
2320
om de la vérité ! On s’en est plus servi qu’on ne
l’
a servie… L’intervention de Luther en personne va-t-elle changer une f
2321
ité ! On s’en est plus servi qu’on ne l’a servie…
L’
intervention de Luther en personne va-t-elle changer une fois de plus
2322
st plus servi qu’on ne l’a servie… L’intervention
de
Luther en personne va-t-elle changer une fois de plus la face des cho
2323
er en personne va-t-elle changer une fois de plus
la
face des choses ? À tout le moins doit-elle passionner le débat, et l
2324
nger une fois de plus la face des choses ? À tout
le
moins doit-elle passionner le débat, et le faire puissamment rebondir
2325
des choses ? À tout le moins doit-elle passionner
le
débat, et le faire puissamment rebondir. Car personne n’a mieux incar
2326
À tout le moins doit-elle passionner le débat, et
le
faire puissamment rebondir. Car personne n’a mieux incarné la volonté
2327
ssamment rebondir. Car personne n’a mieux incarné
la
volonté de pensée militante que ce petit moine qui, à Worms, osa dres
2328
bondir. Car personne n’a mieux incarné la volonté
de
pensée militante que ce petit moine qui, à Worms, osa dresser contre
2329
e ce petit moine qui, à Worms, osa dresser contre
l’
opportunisme impérial et sacerdotal l’inflexible, l’urgente exigence d
2330
sser contre l’opportunisme impérial et sacerdotal
l’
inflexible, l’urgente exigence de la vérité en action. Que trouvera le
2331
opportunisme impérial et sacerdotal l’inflexible,
l’
urgente exigence de la vérité en action. Que trouvera le lecteur profa
2332
al et sacerdotal l’inflexible, l’urgente exigence
de
la vérité en action. Que trouvera le lecteur profane, et peu au fait
2333
et sacerdotal l’inflexible, l’urgente exigence de
la
vérité en action. Que trouvera le lecteur profane, et peu au fait de
2334
nte exigence de la vérité en action. Que trouvera
le
lecteur profane, et peu au fait de la problématique chrétienne, dans
2335
. Que trouvera le lecteur profane, et peu au fait
de
la problématique chrétienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout cel
2336
ue trouvera le lecteur profane, et peu au fait de
la
problématique chrétienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout celui
2337
ienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout celui
d’
un grand théologien ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nou
2338
nt tout celui d’un grand théologien ? Une verdeur
de
polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan gé
2339
Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous
le
goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une certitu
2340
qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ;
l’
élan génial, la violence loyale d’une certitude pesante, vraiment « gr
2341
r en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial,
la
violence loyale d’une certitude pesante, vraiment « grave », d’une di
2342
u pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale
d’
une certitude pesante, vraiment « grave », d’une dialectique sobre et
2343
yale d’une certitude pesante, vraiment « grave »,
d’
une dialectique sobre et têtue qui va droit au point décisif, envisage
2344
i va droit au point décisif, envisage honnêtement
les
objections, donne à la thèse adverse toutes ses chances, non sans iro
2345
sif, envisage honnêtement les objections, donne à
la
thèse adverse toutes ses chances, non sans ironie toutefois, et sait
2346
nie toutefois, et sait enfin conférer à son choix
la
force et la simplicité d’une constatation évidente. D’un point de vue
2347
s, et sait enfin conférer à son choix la force et
la
simplicité d’une constatation évidente. D’un point de vue purement es
2348
in conférer à son choix la force et la simplicité
d’
une constatation évidente. D’un point de vue purement esthétique, ces
2349
rce et la simplicité d’une constatation évidente.
D’
un point de vue purement esthétique, ces qualités sont assez rares, et
2350
r assez flagrantes, pour qu’un lecteur qui refuse
l’
essentiel — c’est-à-dire la foi de Luther — soit tout de même attiré e
2351
’un lecteur qui refuse l’essentiel — c’est-à-dire
la
foi de Luther — soit tout de même attiré et subjugué par le style, pa
2352
teur qui refuse l’essentiel — c’est-à-dire la foi
de
Luther — soit tout de même attiré et subjugué par le style, par le to
2353
Luther — soit tout de même attiré et subjugué par
le
style, par le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité
2354
tout de même attiré et subjugué par le style, par
le
ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitr
2355
même attiré et subjugué par le style, par le ton
de
l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à la
2356
me attiré et subjugué par le style, par le ton de
l’
ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à la que
2357
r le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire
le
Traité du serf arbitre à la querelle avec Érasme, qui lui servit de p
2358
on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à
la
querelle avec Érasme, qui lui servit de prétexte et d’aiguillon, et q
2359
arbitre à la querelle avec Érasme, qui lui servit
de
prétexte et d’aiguillon, et qui lui donne sa verve, son accent person
2360
erelle avec Érasme, qui lui servit de prétexte et
d’
aiguillon, et qui lui donne sa verve, son accent personnel tour à tour
2361
tour à tour ironique ou émouvant. En fait, toutes
les
affirmations fondamentales de la Réforme sont ici reposées par Luther
2362
t. En fait, toutes les affirmations fondamentales
de
la Réforme sont ici reposées par Luther : justification par la foi, q
2363
En fait, toutes les affirmations fondamentales de
la
Réforme sont ici reposées par Luther : justification par la foi, qui
2364
sont ici reposées par Luther : justification par
la
foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition d
2365
fication par la foi, qui est don gratuit et œuvre
de
Dieu seul en nous ; opposition de la justice donnée par Dieu à la jus
2366
ratuit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition
de
la justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opp
2367
uit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition de
la
justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opposi
2368
nous ; opposition de la justice donnée par Dieu à
la
justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole vivante à l
2369
à la justice acquise par nos mérites ; opposition
de
la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision total
2370
a justice acquise par nos mérites ; opposition de
la
Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale e
2371
r nos mérites ; opposition de la Parole vivante à
la
tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un no
2372
la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens
de
la décision totale entre un oui et un non absolus, et refus de tout m
2373
Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de
la
décision totale entre un oui et un non absolus, et refus de tout moye
2374
n totale entre un oui et un non absolus, et refus
de
tout moyen terme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi
2375
n non absolus, et refus de tout moyen terme entre
les
règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ;
2376
terme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu
de
la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témo
2377
rme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de
la
foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoign
2378
en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince
de
ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoignage fidèle, certifié
2379
, et du témoignage fidèle, certifié au-dedans par
l’
Esprit saint, et par l’Écriture au-dehors, et constituant la véritable
2380
le, certifié au-dedans par l’Esprit saint, et par
l’
Écriture au-dehors, et constituant la véritable action de l’homme entr
2381
aint, et par l’Écriture au-dehors, et constituant
la
véritable action de l’homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il
2382
ure au-dehors, et constituant la véritable action
de
l’homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exag
2383
au-dehors, et constituant la véritable action de
l’
homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré
2384
constituant la véritable action de l’homme entre
les
mains de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré de voir dans l
2385
nt la véritable action de l’homme entre les mains
de
Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré de voir dans le Traité
2386
de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré
de
voir dans le Traité du serf arbitre une sorte de résumé — très peu sy
2387
et égard, il n’est nullement exagéré de voir dans
le
Traité du serf arbitre une sorte de résumé — très peu systématique, e
2388
de voir dans le Traité du serf arbitre une sorte
de
résumé — très peu systématique, et c’est heureux — des positions maît
2389
ique, et c’est heureux — des positions maîtresses
de
la Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est la négation du lib
2390
e, et c’est heureux — des positions maîtresses de
la
Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est la négation du libre
2391
— des positions maîtresses de la Réforme. Quant à
la
thèse particulière, qui est la négation du libre arbitre religieux, c
2392
a Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est
la
négation du libre arbitre religieux, c’est-à-dire du pouvoir qu’aurai
2393
itre religieux, c’est-à-dire du pouvoir qu’aurait
l’
homme de gagner le salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est
2394
igieux, c’est-à-dire du pouvoir qu’aurait l’homme
de
gagner le salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici
2395
est-à-dire du pouvoir qu’aurait l’homme de gagner
le
salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de
2396
’homme de gagner le salut par ses propres efforts
de
volonté, ce n’est pas ici le lieu de l’examiner. Notons seulement, po
2397
ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici
le
lieu de l’examiner. Notons seulement, pour écarter le pire malentendu
2398
pres efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu
de
l’examiner. Notons seulement, pour écarter le pire malentendu, que Lu
2399
s efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de
l’
examiner. Notons seulement, pour écarter le pire malentendu, que Luthe
2400
ieu de l’examiner. Notons seulement, pour écarter
le
pire malentendu, que Luther ne nie pas du tout la réalité de notre vo
2401
le pire malentendu, que Luther ne nie pas du tout
la
réalité de notre volonté. Il nie seulement que cette volonté puisse s
2402
entendu, que Luther ne nie pas du tout la réalité
de
notre volonté. Il nie seulement que cette volonté puisse s’appliquer
2403
e s’appliquer librement aux choses qui concernent
le
salut. Elle fait partie de notre nature, et comme telle, ne désire vr
2404
choses qui concernent le salut. Elle fait partie
de
notre nature, et comme telle, ne désire vraiment que le péché. La lib
2405
re nature, et comme telle, ne désire vraiment que
le
péché. La liberté n’est pas dans l’homme, mais dans l’acte par lequel
2406
et comme telle, ne désire vraiment que le péché.
La
liberté n’est pas dans l’homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le c
2407
vraiment que le péché. La liberté n’est pas dans
l’
homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un d
2408
ché. La liberté n’est pas dans l’homme, mais dans
l’
acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un destin fatal une voc
2409
as dans l’homme, mais dans l’acte par lequel Dieu
le
choisit, substituant à un destin fatal une vocation d’un tout autre o
2410
oisit, substituant à un destin fatal une vocation
d’
un tout autre ordre. Fatalité et liberté : le problème ne peut être éc
2411
tion d’un tout autre ordre. Fatalité et liberté :
le
problème ne peut être écarté comme relevant de la seule théologie. Il
2412
: le problème ne peut être écarté comme relevant
de
la seule théologie. Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme q
2413
le problème ne peut être écarté comme relevant de
la
seule théologie. Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme qui
2414
me relevant de la seule théologie. Il est au cœur
de
la pensée humaine. Tout homme qui veut penser son existence en termes
2415
relevant de la seule théologie. Il est au cœur de
la
pensée humaine. Tout homme qui veut penser son existence en termes ra
2416
sérieux, se voit acculé à ce dilemme, ou plutôt à
l’
acceptation simultanée de ses deux termes. Et l’on sait que Nietzsche
2417
ce dilemme, ou plutôt à l’acceptation simultanée
de
ses deux termes. Et l’on sait que Nietzsche lui-même aboutit à un par
2418
à l’acceptation simultanée de ses deux termes. Et
l’
on sait que Nietzsche lui-même aboutit à un paradoxe tout semblable à
2419
même aboutit à un paradoxe tout semblable à celui
de
Luther : la liberté est à ses yeux dans la connaissance virile d’une
2420
à un paradoxe tout semblable à celui de Luther :
la
liberté est à ses yeux dans la connaissance virile d’une nécessité im
2421
celui de Luther : la liberté est à ses yeux dans
la
connaissance virile d’une nécessité immuable, acceptée et aimée comme
2422
iberté est à ses yeux dans la connaissance virile
d’
une nécessité immuable, acceptée et aimée comme telle. Mais cette néce
2423
le. Mais cette nécessité s’appelle pour Nietzsche
le
fatum, la fatalité sans visage du Retour éternel de toutes choses. Po
2424
ette nécessité s’appelle pour Nietzsche le fatum,
la
fatalité sans visage du Retour éternel de toutes choses. Pour Luther,
2425
fatum, la fatalité sans visage du Retour éternel
de
toutes choses. Pour Luther, elle est au contraire la Providence, la p
2426
toutes choses. Pour Luther, elle est au contraire
la
Providence, la personne même de Dieu, éternellement active, et qui no
2427
Pour Luther, elle est au contraire la Providence,
la
personne même de Dieu, éternellement active, et qui nous aime. Il fau
2428
est au contraire la Providence, la personne même
de
Dieu, éternellement active, et qui nous aime. Il faut choisir. Mais l
2429
t active, et qui nous aime. Il faut choisir. Mais
le
choix est-il libre ? On retombe au débat de Luther et d’Érasme. Le tr
2430
Mais le choix est-il libre ? On retombe au débat
de
Luther et d’Érasme. Le trop prudent humaniste eût-il saisi dans son s
2431
x est-il libre ? On retombe au débat de Luther et
d’
Érasme. Le trop prudent humaniste eût-il saisi dans son sérieux dernie
2432
ibre ? On retombe au débat de Luther et d’Érasme.
Le
trop prudent humaniste eût-il saisi dans son sérieux dernier la réali
2433
t humaniste eût-il saisi dans son sérieux dernier
la
réalité d’un dilemme qui sacrifie l’homme à la vérité ? 14. Traduit
2434
eût-il saisi dans son sérieux dernier la réalité
d’
un dilemme qui sacrifie l’homme à la vérité ? 14. Traduit du latin,
2435
ieux dernier la réalité d’un dilemme qui sacrifie
l’
homme à la vérité ? 14. Traduit du latin, aux Éditions « Je sers ».
2436
er la réalité d’un dilemme qui sacrifie l’homme à
la
vérité ? 14. Traduit du latin, aux Éditions « Je sers ». Préface de
2437
aduit du latin, aux Éditions « Je sers ». Préface
de
M. le professeur A. Jundi. q. Rougemont Denis de, « [Compte rendu]
2438
du latin, aux Éditions « Je sers ». Préface de M.
le
professeur A. Jundi. q. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Luther
2439
e M. le professeur A. Jundi. q. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Luther contre Érasme », Les Nouvelles littéraires,
2440
enis de, « [Compte rendu] Luther contre Érasme »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 19 juin 1937, p. 5. r. Il s’agit d’une
2441
éraires, Paris, 19 juin 1937, p. 5. r. Il s’agit
d’
une recension de Traité du aerf arbitre de Martin Luther, traduit pour
2442
19 juin 1937, p. 5. r. Il s’agit d’une recension
de
Traité du aerf arbitre de Martin Luther, traduit pour la première foi
2443
s’agit d’une recension de Traité du aerf arbitre
de
Martin Luther, traduit pour la première fois en français par Denis de
2444
Selma Lagerlöf, conteur
de
légende (3 juillet 1937)s L’art de conter pour le plaisir se perd.
2445
Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)s
L’
art de conter pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art t
2446
öf, conteur de légende (3 juillet 1937)s L’art
de
conter pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art tout co
2447
légende (3 juillet 1937)s L’art de conter pour
le
plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art tout court. Dans la li
2448
pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui,
l’
art tout court. Dans la littérature du xxe siècle, il n’y a plus de g
2449
d. Et peut-être, avec lui, l’art tout court. Dans
la
littérature du xxe siècle, il n’y a plus de grands mythes, il y a de
2450
Dans la littérature du xxe siècle, il n’y a plus
de
grands mythes, il y a des analyses. On part de « faits d’observation
2451
us de grands mythes, il y a des analyses. On part
de
« faits d’observation » et l’on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne
2452
s mythes, il y a des analyses. On part de « faits
d’
observation » et l’on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce p
2453
s analyses. On part de « faits d’observation » et
l’
on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait
2454
On part de « faits d’observation » et l’on essaie
d’
en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer
2455
« faits d’observation » et l’on essaie d’en tirer
de
la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ?
2456
aits d’observation » et l’on essaie d’en tirer de
la
vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ? On
2457
e d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que
l’
on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis e
2458
Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer
de
la vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… L
2459
s ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de
la
vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le r
2460
l’on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce
de
la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le romancier moderne appar
2461
on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce de
la
décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le romancier moderne apparaît
2462
vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore,
de
l’expliquer… Le romancier moderne apparaît étrangement dépourvu de ce
2463
e ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de
l’
expliquer… Le romancier moderne apparaît étrangement dépourvu de ce po
2464
rce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer…
Le
romancier moderne apparaît étrangement dépourvu de ce pouvoir « fabul
2465
e romancier moderne apparaît étrangement dépourvu
de
ce pouvoir « fabulateur » qu’il était censé détenir. (Déjà M. Weidlé,
2466
censé détenir. (Déjà M. Weidlé, dans ses Abeilles
d’
Aristée, constate le « crépuscule des mondes imaginaires ».) On n’aime
2467
M. Weidlé, dans ses Abeilles d’Aristée, constate
le
« crépuscule des mondes imaginaires ».) On n’aime plus inventer, mais
2468
inventer, mais on veut découvrir, à la manière de
l’
homme de science. Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’
2469
, mais on veut découvrir, à la manière de l’homme
de
science. Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’analyse
2470
vrir, à la manière de l’homme de science. Et tout
l’
effort de l’écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d
2471
a manière de l’homme de science. Et tout l’effort
de
l’écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d’une acti
2472
anière de l’homme de science. Et tout l’effort de
l’
écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d’une action.
2473
Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur
l’
analyse des motifs secrets d’une action. La méthode consistant trop so
2474
n se porte alors sur l’analyse des motifs secrets
d’
une action. La méthode consistant trop souvent, il faut le dire, à ten
2475
rs sur l’analyse des motifs secrets d’une action.
La
méthode consistant trop souvent, il faut le dire, à tenir pour vrai c
2476
tion. La méthode consistant trop souvent, il faut
le
dire, à tenir pour vrai ce que l’on juge le plus bas. Ainsi l’on en v
2477
ouvent, il faut le dire, à tenir pour vrai ce que
l’
on juge le plus bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir de se mo
2478
faut le dire, à tenir pour vrai ce que l’on juge
le
plus bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir de se montrer orig
2479
nir pour vrai ce que l’on juge le plus bas. Ainsi
l’
on en vient peu à peu, par désir de se montrer original, à tenir pour
2480
lus bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir
de
se montrer original, à tenir pour acquis que les « vertus » sont de c
2481
r de se montrer original, à tenir pour acquis que
les
« vertus » sont de ces illusions qui ne résistent pas à l’analyse, et
2482
inal, à tenir pour acquis que les « vertus » sont
de
ces illusions qui ne résistent pas à l’analyse, et qu’un auteur sincè
2483
us » sont de ces illusions qui ne résistent pas à
l’
analyse, et qu’un auteur sincère se doit de démasquer. Tout se ramèner
2484
pas à l’analyse, et qu’un auteur sincère se doit
de
démasquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à l’argent. Il ne
2485
incère se doit de démasquer. Tout se ramènerait à
la
physiologie, ou à l’argent. Il ne fallait pas moins que le génie plei
2486
asquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à
l’
argent. Il ne fallait pas moins que le génie plein de malices d’une La
2487
logie, ou à l’argent. Il ne fallait pas moins que
le
génie plein de malices d’une Lagerlöf pour renverser d’un coup cette
2488
rgent. Il ne fallait pas moins que le génie plein
de
malices d’une Lagerlöf pour renverser d’un coup cette apparente fatal
2489
e fallait pas moins que le génie plein de malices
d’
une Lagerlöf pour renverser d’un coup cette apparente fatalité. Kiplin
2490
ie plein de malices d’une Lagerlöf pour renverser
d’
un coup cette apparente fatalité. Kipling meurt, et l’on dit : c’était
2491
coup cette apparente fatalité. Kipling meurt, et
l’
on dit : c’était le dernier conteur. La même année paraît le grand tri
2492
meurt, et l’on dit : c’était le dernier conteur.
La
même année paraît le grand triptyque des Löwensköld 15. Et, grâce à l
2493
c’était le dernier conteur. La même année paraît
le
grand triptyque des Löwensköld 15. Et, grâce à lui, nous pourrons rir
2494
5. Et, grâce à lui, nous pourrons rire de nouveau
de
cette « défense d’inventer » qui terrorise les romanciers du xxe siè
2495
nous pourrons rire de nouveau de cette « défense
d’
inventer » qui terrorise les romanciers du xxe siècle. Selma Lagerlöf
2496
eau de cette « défense d’inventer » qui terrorise
les
romanciers du xxe siècle. Selma Lagerlöf sait encore que l’origine d
2497
rs du xxe siècle. Selma Lagerlöf sait encore que
l’
origine de tout l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enf
2498
siècle. Selma Lagerlöf sait encore que l’origine
de
tout l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enfance retro
2499
Selma Lagerlöf sait encore que l’origine de tout
l’
art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enfance retrouvée — q
2500
ncore que l’origine de tout l’art du récit, c’est
la
légende. Une atmosphère d’enfance retrouvée — qu’on lise les souvenir
2501
l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère
d’
enfance retrouvée — qu’on lise les souvenirs qui composent Morbacka 16
2502
. Une atmosphère d’enfance retrouvée — qu’on lise
les
souvenirs qui composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère de l’imagi
2503
e les souvenirs qui composent Morbacka 16 — voilà
le
milieu-mère de l’imagination. C’est une légende, Gösta Berling, qui i
2504
qui composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère
de
l’imagination. C’est une légende, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre
2505
i composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère de
l’
imagination. C’est une légende, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre en
2506
n. C’est une légende, Gösta Berling, qui inaugure
l’
œuvre entière de l’auteurt. C’est une légende encore qui donne le dépa
2507
ende, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre entière
de
l’auteurt. C’est une légende encore qui donne le départ à ce roman de
2508
e, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre entière de
l’
auteurt. C’est une légende encore qui donne le départ à ce roman des L
2509
de l’auteurt. C’est une légende encore qui donne
le
départ à ce roman des Löwensköld, et porte sur lui de grandes ombres.
2510
épart à ce roman des Löwensköld, et porte sur lui
de
grandes ombres. Il y puise sa vie secrète, il en reçoit des dimension
2511
imensions nouvelles : mystère, fatalité, présence
d’
une tradition. À vrai dire, on ne croit guère à ce pouvoir mortel d’un
2512
vrai dire, on ne croit guère à ce pouvoir mortel
d’
un anneau dérobé dans une tombe (L’Anneau des Löwensköld). L’auteur lu
2513
pouvoir mortel d’un anneau dérobé dans une tombe (
L’
Anneau des Löwensköld). L’auteur lui-même sourit entre les lignes. (Ma
2514
dérobé dans une tombe (L’Anneau des Löwensköld).
L’
auteur lui-même sourit entre les lignes. (Mais, seule, la naïveté mode
2515
u des Löwensköld). L’auteur lui-même sourit entre
les
lignes. (Mais, seule, la naïveté moderne se figure qu’une légende doi
2516
r lui-même sourit entre les lignes. (Mais, seule,
la
naïveté moderne se figure qu’une légende doit être crue, comme on cro
2517
ure qu’une légende doit être crue, comme on croit
les
journaux, par exemple, et s’en indigne, et refuse de marcher !) Le vr
2518
journaux, par exemple, et s’en indigne, et refuse
de
marcher !) Le vrai « miracle », ici, c’est le parti romanesque que Se
2519
exemple, et s’en indigne, et refuse de marcher !)
Le
vrai « miracle », ici, c’est le parti romanesque que Selma Lagerlöf a
2520
use de marcher !) Le vrai « miracle », ici, c’est
le
parti romanesque que Selma Lagerlöf a su tirer du mythe. Et c’est aus
2521
elma Lagerlöf a su tirer du mythe. Et c’est aussi
la
profusion géniale des inventions concrètes — une à chaque page, au mo
2522
chaque page, au moins — qui peu à peu illustrent
la
psychologie la plus secrète des héros. L’on prie de croire, d’ailleur
2523
u moins — qui peu à peu illustrent la psychologie
la
plus secrète des héros. L’on prie de croire, d’ailleurs, que ces héro
2524
ustrent la psychologie la plus secrète des héros.
L’
on prie de croire, d’ailleurs, que ces héros sont bien assez complexes
2525
psychologie la plus secrète des héros. L’on prie
de
croire, d’ailleurs, que ces héros sont bien assez complexes pour notr
2526
assez complexes pour notre goût moderne ! Et que
l’
« analyse des motifs » est ici d’une fort malicieuse lucidité. Mais el
2527
moderne ! Et que l’« analyse des motifs » est ici
d’
une fort malicieuse lucidité. Mais elle s’opère par le seul jeu des fa
2528
e fort malicieuse lucidité. Mais elle s’opère par
le
seul jeu des faits, jamais en marge de l’action, sous forme de médita
2529
ère par le seul jeu des faits, jamais en marge de
l’
action, sous forme de méditation ou d’analyse. Toutes les ressources d
2530
en marge de l’action, sous forme de méditation ou
d’
analyse. Toutes les ressources du conte populaire et de l’imagerie sen
2531
on, sous forme de méditation ou d’analyse. Toutes
les
ressources du conte populaire et de l’imagerie sentimentale et romane
2532
lyse. Toutes les ressources du conte populaire et
de
l’imagerie sentimentale et romanesque, qu’on croyait épuisées depuis
2533
e. Toutes les ressources du conte populaire et de
l’
imagerie sentimentale et romanesque, qu’on croyait épuisées depuis les
2534
tale et romanesque, qu’on croyait épuisées depuis
les
Victoriens, retrouvent ici leur grâce et leur prestige. Une ironie se
2535
leur prestige. Une ironie sereine, à peine amère,
les
décape de toute niaiserie, et déjoue toutes les conventions. Surtout
2536
ge. Une ironie sereine, à peine amère, les décape
de
toute niaiserie, et déjoue toutes les conventions. Surtout, un rythm
2537
, les décape de toute niaiserie, et déjoue toutes
les
conventions. Surtout, un rythme merveilleux de souplesse, d’imprévu
2538
les conventions. Surtout, un rythme merveilleux
de
souplesse, d’imprévu et d’aisance, entretient tout au long de la lect
2539
ons. Surtout, un rythme merveilleux de souplesse,
d’
imprévu et d’aisance, entretient tout au long de la lecture une euphor
2540
un rythme merveilleux de souplesse, d’imprévu et
d’
aisance, entretient tout au long de la lecture une euphorie de l’imagi
2541
, d’imprévu et d’aisance, entretient tout au long
de
la lecture une euphorie de l’imagination dont nous pensions que le se
2542
’imprévu et d’aisance, entretient tout au long de
la
lecture une euphorie de l’imagination dont nous pensions que le secre
2543
ntretient tout au long de la lecture une euphorie
de
l’imagination dont nous pensions que le secret s’était perdu avec l’e
2544
etient tout au long de la lecture une euphorie de
l’
imagination dont nous pensions que le secret s’était perdu avec l’enfa
2545
euphorie de l’imagination dont nous pensions que
le
secret s’était perdu avec l’enfance. Comme on sent que l’auteur s’amu
2546
nt nous pensions que le secret s’était perdu avec
l’
enfance. Comme on sent que l’auteur s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf,
2547
t s’était perdu avec l’enfance. Comme on sent que
l’
auteur s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire de conter ! Plu
2548
vec l’enfance. Comme on sent que l’auteur s’amuse
de
sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire de conter ! Plusieurs douzaines
2549
ue l’auteur s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou
la
gloire de conter ! Plusieurs douzaines de personnages, des familles e
2550
r s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire
de
conter ! Plusieurs douzaines de personnages, des familles et des isol
2551
löf, ou la gloire de conter ! Plusieurs douzaines
de
personnages, des familles et des isolés, des monstres, des bourgeois,
2552
des bourgeois, des paysans, une belle jeune fille
de
la noblesse, une bohémienne, un jeune pasteur fanatique, une dévote é
2553
bourgeois, des paysans, une belle jeune fille de
la
noblesse, une bohémienne, un jeune pasteur fanatique, une dévote écœu
2554
— cela suffirait pour animer un roman romantique
de
la grande tradition. Mais tout ce pittoresque humain revêt un drame s
2555
cela suffirait pour animer un roman romantique de
la
grande tradition. Mais tout ce pittoresque humain revêt un drame spir
2556
t ce pittoresque humain revêt un drame spirituel,
le
drame de l’absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans chari
2557
oresque humain revêt un drame spirituel, le drame
de
l’absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans charité (thème
2558
sque humain revêt un drame spirituel, le drame de
l’
absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans charité (thème fr
2559
dès qu’il agit sans charité (thème fréquent dans
la
littérature nordique). C’est à l’avant-dernière page seulement que le
2560
e fréquent dans la littérature nordique). C’est à
l’
avant-dernière page seulement que le sens profond de l’œuvre entière e
2561
que). C’est à l’avant-dernière page seulement que
le
sens profond de l’œuvre entière est formulé : « Celui qui veut être u
2562
avant-dernière page seulement que le sens profond
de
l’œuvre entière est formulé : « Celui qui veut être un disciple du Ch
2563
nt-dernière page seulement que le sens profond de
l’
œuvre entière est formulé : « Celui qui veut être un disciple du Chris
2564
ui qui veut être un disciple du Christ sans avoir
l’
amour des hommes est condamné à aller à sa perte et à y conduire les a
2565
s est condamné à aller à sa perte et à y conduire
les
autres ». À ce moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité de la lé
2566
et à y conduire les autres ». À ce moment aussi,
l’
on s’aperçoit que la fatalité de la légende a bel et bien dominé tous
2567
autres ». À ce moment aussi, l’on s’aperçoit que
la
fatalité de la légende a bel et bien dominé tous ces êtres, malgré le
2568
ce moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité
de
la légende a bel et bien dominé tous ces êtres, malgré leur scepticis
2569
moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité de
la
légende a bel et bien dominé tous ces êtres, malgré leur scepticisme
2570
, malgré leur scepticisme ou leurs bravades, dans
la
mesure où les religions obscures dominent ceux qui n’ont pas la foi.
2571
scepticisme ou leurs bravades, dans la mesure où
les
religions obscures dominent ceux qui n’ont pas la foi. Seule une priè
2572
es religions obscures dominent ceux qui n’ont pas
la
foi. Seule une prière désespérée, de pur amour, rompt le charme forgé
2573
ui n’ont pas la foi. Seule une prière désespérée,
de
pur amour, rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de l’anneau
2574
Seule une prière désespérée, de pur amour, rompt
le
charme forgé par le péché. Au symbole de l’anneau volé, maintenant pr
2575
sespérée, de pur amour, rompt le charme forgé par
le
péché. Au symbole de l’anneau volé, maintenant privé de son pouvoir m
2576
r, rompt le charme forgé par le péché. Au symbole
de
l’anneau volé, maintenant privé de son pouvoir maléfique, répond le s
2577
rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de
l’
anneau volé, maintenant privé de son pouvoir maléfique, répond le symb
2578
hé. Au symbole de l’anneau volé, maintenant privé
de
son pouvoir maléfique, répond le symbole d’un engagement humain libre
2579
maintenant privé de son pouvoir maléfique, répond
le
symbole d’un engagement humain librement consenti devant Dieu ; un an
2580
privé de son pouvoir maléfique, répond le symbole
d’
un engagement humain librement consenti devant Dieu ; un anneau nuptia
2581
u ; un anneau nuptial retrouvé. Le premier tome —
L’
Anneau des Löwensköld — contient le récit de la légende. Les deux tome
2582
premier tome — L’Anneau des Löwensköld — contient
le
récit de la légende. Les deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld e
2583
ome — L’Anneau des Löwensköld — contient le récit
de
la légende. Les deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld et Anna Sv
2584
— L’Anneau des Löwensköld — contient le récit de
la
légende. Les deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld et Anna Svärd
2585
des Löwensköld — contient le récit de la légende.
Les
deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld et Anna Svärd — forment un
2586
résumé imaginable, j’aimerais citer ici une seule
de
ces « situations » que Lagerlöf noue et dénoue dans chaque chapitre a
2587
e chapitre avec une prodigalité vraiment géniale.
Le
jeune pasteur Karl-Artur Eckenstedt vient de se brouiller avec sa bel
2588
r avec sa belle fiancée, Charlotte Löwensköld. En
la
quittant, il lui a crié qu’il n’épouserait qu’une femme que Dieu lui
2589
iée, deviendra sa compagne. Il sort. Il s’en faut
de
peu qu’il ne rencontre dès les premiers pas une vieille mendiante sou
2590
ers pas une vieille mendiante sourde. Une voiture
le
dépasse, conduite par une riche jeune fille des environs, mais cela n
2591
, mais cela ne compte pas, car il est entendu que
la
femme désignée par Dieu doit venir à sa rencontre. Un peu plus loin,
2592
ntre. Un peu plus loin, il entend chanter : c’est
la
fille de l’aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s
2593
peu plus loin, il entend chanter : c’est la fille
de
l’aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s’engage p
2594
plus loin, il entend chanter : c’est la fille de
l’
aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s’engage pas
2595
auvaise réputation. Mais elle ne s’engage pas sur
la
route, elle s’arrête dans un pré voisin. Karl-Artur doute, tremble, e
2596
jours. Voici venir, à sa rencontre cette fois-ci,
la
plus pauvre orpheline du village ; elle est défigurée par une énorme
2597
village ; elle est défigurée par une énorme tache
de
vin. Faudra-t-il accepter ce martyre ? Déjà, le jeune homme s’y résig
2598
e de vin. Faudra-t-il accepter ce martyre ? Déjà,
le
jeune homme s’y résigne… À quelques pas de lui, elle tourne à droite.
2599
Déjà, le jeune homme s’y résigne… À quelques pas
de
lui, elle tourne à droite. Il poursuit son chemin dans une exaltation
2600
e lui ; une jeune Dalécarlienne, dans son costume
de
marchande ambulante. « Elle brillait comme une rose sauvage. » Il s’a
2601
que tu as rencontré un ours ! » C’est Anna Svärd,
la
femme que Dieu lui envoie, qu’il épousera envers et contre tous. Elle
2602
dre, dans cette scène étonnante, l’un des secrets
de
l’art de Selma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que la « mi
2603
, dans cette scène étonnante, l’un des secrets de
l’
art de Selma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que la « mise
2604
cette scène étonnante, l’un des secrets de l’art
de
Selma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que la « mise en pra
2605
nte, l’un des secrets de l’art de Selma Lagerlöf.
L’
invention romanesque n’est ici que la « mise en pratique » d’une attit
2606
ma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que
la
« mise en pratique » d’une attitude spirituelle extrême. La phrase de
2607
romanesque n’est ici que la « mise en pratique »
d’
une attitude spirituelle extrême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il s
2608
en pratique » d’une attitude spirituelle extrême.
La
phrase de Karl-Artur lâchée, il suffit de la prendre au mot : elle co
2609
e » d’une attitude spirituelle extrême. La phrase
de
Karl-Artur lâchée, il suffit de la prendre au mot : elle commande tou
2610
xtrême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il suffit
de
la prendre au mot : elle commande tout naturellement une suite d’inci
2611
ême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il suffit de
la
prendre au mot : elle commande tout naturellement une suite d’inciden
2612
mot : elle commande tout naturellement une suite
d’
incidents pittoresques ou dramatiques, à quoi l’auteur ne se prive pas
2613
e d’incidents pittoresques ou dramatiques, à quoi
l’
auteur ne se prive pas d’ajouter quelques traces d’humour, comme pour
2614
s ou dramatiques, à quoi l’auteur ne se prive pas
d’
ajouter quelques traces d’humour, comme pour purifier l’émotion. Mais
2615
’auteur ne se prive pas d’ajouter quelques traces
d’
humour, comme pour purifier l’émotion. Mais pour qu’une telle phrase s
2616
ter quelques traces d’humour, comme pour purifier
l’
émotion. Mais pour qu’une telle phrase soit dite, il faut des âmes for
2617
te même phrase soit aussitôt mise en pratique par
le
héros, sans nulle invraisemblance, il faut que ce héros soit un croya
2618
aisemblance, il faut que ce héros soit un croyant
d’
une certaine trempe. Derrière Karl-Artur, en effet, il y a la traditio
2619
ine trempe. Derrière Karl-Artur, en effet, il y a
la
tradition des puritains, mais aussi tout l’absolutisme religieux du B
2620
l y a la tradition des puritains, mais aussi tout
l’
absolutisme religieux du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard, de Luther. Et
2621
si tout l’absolutisme religieux du Brand d’Ibsen,
de
Kierkegaard, de Luther. Et à côté du fanatique, voici Charlotte, avec
2622
tisme religieux du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard,
de
Luther. Et à côté du fanatique, voici Charlotte, avec sa piété sobre
2623
iété sobre et son bon sens impérieux, voici Théa,
la
sectaire doucereuse, et Anna Svärd, « distinguée entre toutes » par l
2624
e, et Anna Svärd, « distinguée entre toutes » par
le
miracle, et qui l’accepte avec humilité. Et cinquante autres personna
2625
distinguée entre toutes » par le miracle, et qui
l’
accepte avec humilité. Et cinquante autres personnages, des foules aux
2626
quante autres personnages, des foules aux foires,
la
vie commune du bourg et des paroisses. C’est vraiment toute l’humanit
2627
e du bourg et des paroisses. C’est vraiment toute
l’
humanité suscitée et instruite par la Réforme, c’est un pays entier so
2628
aiment toute l’humanité suscitée et instruite par
la
Réforme, c’est un pays entier sous la lumière de la Parole, qui trouv
2629
struite par la Réforme, c’est un pays entier sous
la
lumière de la Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire lar
2630
la Réforme, c’est un pays entier sous la lumière
de
la Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire largement, tou
2631
Réforme, c’est un pays entier sous la lumière de
la
Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire largement, tout v
2632
out vit et se transforme, non pas seulement selon
les
lois des passions, des cœurs et des corps, mais aussi selon la libert
2633
assions, des cœurs et des corps, mais aussi selon
la
liberté, souvent plus folle encore, des âmes. Plénitude de la poésie
2634
é, souvent plus folle encore, des âmes. Plénitude
de
la poésie ! Et le spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuv
2635
souvent plus folle encore, des âmes. Plénitude de
la
poésie ! Et le spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuvre
2636
lle encore, des âmes. Plénitude de la poésie ! Et
le
spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuvre admirable, c’es
2637
es âmes. Plénitude de la poésie ! Et le spectacle
le
plus émouvant que nous donne cette œuvre admirable, c’est celui du tr
2638
nne cette œuvre admirable, c’est celui du travail
de
la foi dans la réalité totale d’un peuple, qu’elle trouble, assemble,
2639
cette œuvre admirable, c’est celui du travail de
la
foi dans la réalité totale d’un peuple, qu’elle trouble, assemble, ju
2640
admirable, c’est celui du travail de la foi dans
la
réalité totale d’un peuple, qu’elle trouble, assemble, juge et sauve.
2641
celui du travail de la foi dans la réalité totale
d’
un peuple, qu’elle trouble, assemble, juge et sauve. ⁂ Rien de plus pa
2642
Rien de plus passionnant, pour qui vient de lire
les
Löwensköld, que de retrouver dans les souvenirs publiés sous le titre
2643
nnant, pour qui vient de lire les Löwensköld, que
de
retrouver dans les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les or
2644
ent de lire les Löwensköld, que de retrouver dans
les
souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les origines biographique
2645
que de retrouver dans les souvenirs publiés sous
le
titre de Morbacka les origines biographiques, les sources vives de ce
2646
etrouver dans les souvenirs publiés sous le titre
de
Morbacka les origines biographiques, les sources vives de ce jailliss
2647
s les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka
les
origines biographiques, les sources vives de ce jaillissement d’inven
2648
le titre de Morbacka les origines biographiques,
les
sources vives de ce jaillissement d’inventions. Morbacka, c’est comme
2649
cka les origines biographiques, les sources vives
de
ce jaillissement d’inventions. Morbacka, c’est comme une anthologie d
2650
graphiques, les sources vives de ce jaillissement
d’
inventions. Morbacka, c’est comme une anthologie de scènes mineures de
2651
’inventions. Morbacka, c’est comme une anthologie
de
scènes mineures des grands romans de Lagerlöf. On y admire, appliquée
2652
e anthologie de scènes mineures des grands romans
de
Lagerlöf. On y admire, appliquées au réel, toutes les vertus subtiles
2653
Lagerlöf. On y admire, appliquées au réel, toutes
les
vertus subtiles, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon de ne
2654
liquées au réel, toutes les vertus subtiles, tout
le
« métier » de l’écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser
2655
l, toutes les vertus subtiles, tout le « métier »
de
l’écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser le lecteur se
2656
toutes les vertus subtiles, tout le « métier » de
l’
écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser le lecteur seul
2657
s, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon
de
ne pas insister, de laisser le lecteur seul avec l’émotion, cette mal
2658
» de l’écrivain : cette façon de ne pas insister,
de
laisser le lecteur seul avec l’émotion, cette malice cordiale, cette
2659
vain : cette façon de ne pas insister, de laisser
le
lecteur seul avec l’émotion, cette malice cordiale, cette variété et,
2660
ne pas insister, de laisser le lecteur seul avec
l’
émotion, cette malice cordiale, cette variété et, à la fois, cette éco
2661
iale, cette variété et, à la fois, cette économie
de
moyens. On y retrouve aussi, décrits l’un après l’autre, tous les élé
2662
retrouve aussi, décrits l’un après l’autre, tous
les
éléments historiques, décors, personnages et coutumes, que les romans
2663
historiques, décors, personnages et coutumes, que
les
romans mettront en œuvre : il n’y manque rien que le rythme, c’est-à-
2664
romans mettront en œuvre : il n’y manque rien que
le
rythme, c’est-à-dire la part libre du génie, de l’imagination fabulat
2665
: il n’y manque rien que le rythme, c’est-à-dire
la
part libre du génie, de l’imagination fabulatrice. Et c’est là que je
2666
e le rythme, c’est-à-dire la part libre du génie,
de
l’imagination fabulatrice. Et c’est là que je vois le très grand inté
2667
e rythme, c’est-à-dire la part libre du génie, de
l’
imagination fabulatrice. Et c’est là que je vois le très grand intérêt
2668
’imagination fabulatrice. Et c’est là que je vois
le
très grand intérêt de ces souvenirs — dont le charme, d’ailleurs, suf
2669
ce. Et c’est là que je vois le très grand intérêt
de
ces souvenirs — dont le charme, d’ailleurs, suffirait bien à nous ret
2670
ois le très grand intérêt de ces souvenirs — dont
le
charme, d’ailleurs, suffirait bien à nous retenir : ils nous permette
2671
ffirait bien à nous retenir : ils nous permettent
de
mesurer d’un seul coup d’œil l’apport proprement artistique, la créat
2672
r : ils nous permettent de mesurer d’un seul coup
d’
œil l’apport proprement artistique, la création, le don au double sens
2673
s nous permettent de mesurer d’un seul coup d’œil
l’
apport proprement artistique, la création, le don au double sens du mo
2674
n seul coup d’œil l’apport proprement artistique,
la
création, le don au double sens du mot, de l’auteur du triptyque des
2675
’œil l’apport proprement artistique, la création,
le
don au double sens du mot, de l’auteur du triptyque des Löwensköld. I
2676
tique, la création, le don au double sens du mot,
de
l’auteur du triptyque des Löwensköld. Il faut avouer que le milieu où
2677
ue, la création, le don au double sens du mot, de
l’
auteur du triptyque des Löwensköld. Il faut avouer que le milieu où Se
2678
r du triptyque des Löwensköld. Il faut avouer que
le
milieu où Selma Lagerlöf a grandi paraît favoriser plus qu’aucun autr
2679
löf a grandi paraît favoriser plus qu’aucun autre
le
déploiement des pouvoirs de la fable. Ces presbytères campagnards — q
2680
r plus qu’aucun autre le déploiement des pouvoirs
de
la fable. Ces presbytères campagnards — que de pasteurs dans la famil
2681
lus qu’aucun autre le déploiement des pouvoirs de
la
fable. Ces presbytères campagnards — que de pasteurs dans la famille
2682
rs de la fable. Ces presbytères campagnards — que
de
pasteurs dans la famille des romanciers du Nord ! — environnés de pay
2683
es presbytères campagnards — que de pasteurs dans
la
famille des romanciers du Nord ! — environnés de paysages de rêve, de
2684
la famille des romanciers du Nord ! — environnés
de
paysages de rêve, de superstitions folles, de folles vertus, de coutu
2685
des romanciers du Nord ! — environnés de paysages
de
rêve, de superstitions folles, de folles vertus, de coutumes doucemen
2686
ciers du Nord ! — environnés de paysages de rêve,
de
superstitions folles, de folles vertus, de coutumes doucement tyranni
2687
nés de paysages de rêve, de superstitions folles,
de
folles vertus, de coutumes doucement tyranniques, tout cela semble di
2688
rêve, de superstitions folles, de folles vertus,
de
coutumes doucement tyranniques, tout cela semble disposé pour que se
2689
ques, tout cela semble disposé pour que se nouent
les
drames complexes dont s’est nourri depuis cent ans le grand roman occ
2690
rames complexes dont s’est nourri depuis cent ans
le
grand roman occidental : vies intérieures profondes, structure social
2691
s personnages. Considérez ces trois facteurs dans
le
roman de la grande époque (xixe siècle) et voyez si leur décadence n
2692
ages. Considérez ces trois facteurs dans le roman
de
la grande époque (xixe siècle) et voyez si leur décadence ne suffit
2693
s. Considérez ces trois facteurs dans le roman de
la
grande époque (xixe siècle) et voyez si leur décadence ne suffit pas
2694
voyez si leur décadence ne suffit pas à expliquer
la
crise actuelle du genre dans notre société. 15. L’Anneau des Lowen
2695
rise actuelle du genre dans notre société. 15.
L’
Anneau des Lowensköld, Charlotte Lowensköld, Anna Svärd, romans tradui
2696
mêmes traducteurs. (Stock.) s. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Selma Lagerlöf, conteur de légende », Les Nouvelles
2697
enis de, « [Compte rendu] Selma Lagerlöf, conteur
de
légende », Les Nouvelles littéraires, Paris, 3 juillet 1937, p. 8. t
2698
mpte rendu] Selma Lagerlöf, conteur de légende »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 3 juillet 1937, p. 8. t. Rougemont en
2699
aris, 3 juillet 1937, p. 8. t. Rougemont en fait
la
recension dans la NRF de novembre 1937.
2700
37, p. 8. t. Rougemont en fait la recension dans
la
NRF de novembre 1937.
2701
. t. Rougemont en fait la recension dans la NRF
de
novembre 1937.
2702
t Denis de Rougemont (12 février 1939)u v Avec
l’
audace souriante de ces guides helvétiques qui mènent au bord du préci
2703
t (12 février 1939)u v Avec l’audace souriante
de
ces guides helvétiques qui mènent au bord du précipice le touriste st
2704
uides helvétiques qui mènent au bord du précipice
le
touriste stupéfait par le paysage et par le danger, M. Denis de Rouge
2705
nt au bord du précipice le touriste stupéfait par
le
paysage et par le danger, M. Denis de Rougemont vient de publier L’A
2706
ipice le touriste stupéfait par le paysage et par
le
danger, M. Denis de Rougemont vient de publier L’Amour et l’Occident
2707
e danger, M. Denis de Rougemont vient de publier
L’
Amour et l’Occident , livre qui va, sans doute, susciter des polémique
2708
. Denis de Rougemont vient de publier L’Amour et
l’
Occident , livre qui va, sans doute, susciter des polémiques passionné
2709
passionnées. Ce jeune écrivain suisse, qui joint
le
souci de l’actualité et le goût des questions sociales à la lucidité
2710
ées. Ce jeune écrivain suisse, qui joint le souci
de
l’actualité et le goût des questions sociales à la lucidité sensible
2711
. Ce jeune écrivain suisse, qui joint le souci de
l’
actualité et le goût des questions sociales à la lucidité sensible d’u
2712
vain suisse, qui joint le souci de l’actualité et
le
goût des questions sociales à la lucidité sensible d’un compatriote d
2713
e l’actualité et le goût des questions sociales à
la
lucidité sensible d’un compatriote d’Amiel, a déjà derrière lui une œ
2714
oût des questions sociales à la lucidité sensible
d’
un compatriote d’Amiel, a déjà derrière lui une œuvre solide. Il est l
2715
sociales à la lucidité sensible d’un compatriote
d’
Amiel, a déjà derrière lui une œuvre solide. Il est l’un des principau
2716
solide. Il est l’un des principaux collaborateurs
de
la revue Esprit , écrit dans plusieurs revues des articles qui ne so
2717
ide. Il est l’un des principaux collaborateurs de
la
revue Esprit , écrit dans plusieurs revues des articles qui ne sont
2718
mais indifférents. Il a tenu, dans notre journal,
la
rubrique de la vie protestante. Ayant fait de solides études à Vienne
2719
rents. Il a tenu, dans notre journal, la rubrique
de
la vie protestante. Ayant fait de solides études à Vienne et en Allem
2720
ts. Il a tenu, dans notre journal, la rubrique de
la
vie protestante. Ayant fait de solides études à Vienne et en Allemagn
2721
al, la rubrique de la vie protestante. Ayant fait
de
solides études à Vienne et en Allemagne, il a enseigné dans une ville
2722
universitaire où il rédigea, en 1936, ce Journal
d’
Allemagne , qui, paru au printemps dernier, est un des témoignages les
2723
paru au printemps dernier, est un des témoignages
les
plus valables sur le national-socialisme. Étranger, M. Denis de Rouge
2724
ier, est un des témoignages les plus valables sur
le
national-socialisme. Étranger, M. Denis de Rougemont connaît mieux qu
2725
aucoup de Français notre province : il a séjourné
de
longs mois en Vendée et dans le Midi. Son Journal d’un intellectuel
2726
e : il a séjourné de longs mois en Vendée et dans
le
Midi. Son Journal d’un intellectuel en chômage témoigne de la curio
2727
ongs mois en Vendée et dans le Midi. Son Journal
d’
un intellectuel en chômage témoigne de la curiosité, et aussi de la d
2728
n Journal d’un intellectuel en chômage témoigne
de
la curiosité, et aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce de
2729
Journal d’un intellectuel en chômage témoigne de
la
curiosité, et aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce de dé
2730
el en chômage témoigne de la curiosité, et aussi
de
la discrétion avec laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète de
2731
en chômage témoigne de la curiosité, et aussi de
la
discrétion avec laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète de nos
2732
aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce
de
dégager l’âme secrète de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas
2733
discrétion avec laquelle il s’efforce de dégager
l’
âme secrète de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas les villes
2734
ec laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète
de
nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas les villes, il n’a pas b
2735
e de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas
les
villes, il n’a pas besoin pour écrire de ces conversations, de ces éc
2736
ime pas les villes, il n’a pas besoin pour écrire
de
ces conversations, de ces échanges qui stimulent tant d’écrivains, et
2737
n’a pas besoin pour écrire de ces conversations,
de
ces échanges qui stimulent tant d’écrivains, et leur tiennent souvent
2738
conversations, de ces échanges qui stimulent tant
d’
écrivains, et leur tiennent souvent lieu de vie intérieure. Il me reço
2739
t tant d’écrivains, et leur tiennent souvent lieu
de
vie intérieure. Il me reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos, à L
2740
souvent lieu de vie intérieure. Il me reçoit dans
la
maison de M. Charles Du Bos, à La Celle-Saint-Cloud, maison simple, s
2741
eu de vie intérieure. Il me reçoit dans la maison
de
M. Charles Du Bos, à La Celle-Saint-Cloud, maison simple, sans austér
2742
me reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos, à
La
Celle-Saint-Cloud, maison simple, sans austérité, tout de suite famil
2743
s austérité, tout de suite familière, où il passe
l’
hiver avec sa femme et Colinet, son petit garçon. Denis de Rougemont e
2744
arçon. Denis de Rougemont est grand, souple, il a
la
réserve affable des Suisses, et ce sourire des lèvres qui semble excu
2745
sses, et ce sourire des lèvres qui semble excuser
le
sérieux du regard. Il rit malicieusement quand je lui parle du petit
2746
t quand je lui parle du petit scandale que risque
de
provoquer son dernier livre : n’y affirme-t-il pas, avec preuves à l’
2747
nier livre : n’y affirme-t-il pas, avec preuves à
l’
appui, que Tristan et Iseut, les amants légendaires, les héros de la p
2748
as, avec preuves à l’appui, que Tristan et Iseut,
les
amants légendaires, les héros de la passion, ne s’aimaient pas ? Quan
2749
ui, que Tristan et Iseut, les amants légendaires,
les
héros de la passion, ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire
2750
istan et Iseut, les amants légendaires, les héros
de
la passion, ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire mon livr
2751
an et Iseut, les amants légendaires, les héros de
la
passion, ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire mon livre,
2752
e voulais simplement étudier ce mythe et analyser
la
crise du mariage à notre époque. Mais plus je relisais les différente
2753
du mariage à notre époque. Mais plus je relisais
les
différentes versions du roman, plus je me sentais gêné, mal à l’aise.
2754
première rencontre, ne s’aiment qu’après avoir bu
le
philtre, ne peuvent plus se supporter au bout de trois ans de vie com
2755
ne peuvent plus se supporter au bout de trois ans
de
vie commune dans la forêt et qui, Tristan ayant épousé Iseut aux blan
2756
upporter au bout de trois ans de vie commune dans
la
forêt et qui, Tristan ayant épousé Iseut aux blanches mains, l’autre
2757
utre Iseut, ne reconnaissent plus leur amour qu’à
l’
heure où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries
2758
ne reconnaissent plus leur amour qu’à l’heure où
la
mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries, de contra
2759
nnaissent plus leur amour qu’à l’heure où la mort
le
défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries, de contradictions
2760
où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli
de
bizarreries, de contradictions, pressenties au siècle dernier, mais d
2761
figure déjà… tout cela est rempli de bizarreries,
de
contradictions, pressenties au siècle dernier, mais dont personne n’a
2762
ser une explication. J’ai beaucoup réfléchi avant
d’
arriver à cette conviction, que je suis prêt à défendre : ce que Trist
2763
défendre : ce que Tristan et Iseut aiment, c’est
le
fait d’aimer. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il l’aime, il se borne
2764
e : ce que Tristan et Iseut aiment, c’est le fait
d’
aimer. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il l’aime, il se borne à répét
2765
fait d’aimer. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il
l’
aime, il se borne à répéter : « Amor par force me demeisne ». C’est la
2766
à répéter : « Amor par force me demeisne ». C’est
la
passion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que dans la mort, et ins
2767
ion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que dans
la
mort, et inspirera tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord la l
2768
t se résoudre que dans la mort, et inspirera tout
le
romantisme. Mais elle inspire d’abord la littérature courtoise… Litté
2769
era tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord
la
littérature courtoise… Littérature dont le succès rapide s’explique m
2770
’abord la littérature courtoise… Littérature dont
le
succès rapide s’explique mal, car elle implique une subtilité, des ra
2771
ique une subtilité, des raffinements, une absence
de
sensualité qui s’opposaient aux mœurs de l’époque. Qui s’opposait sur
2772
absence de sensualité qui s’opposaient aux mœurs
de
l’époque. Qui s’opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à la c
2773
sence de sensualité qui s’opposaient aux mœurs de
l’
époque. Qui s’opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à la conc
2774
’opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à
la
conception chrétienne du mariage. L’amour courtois est chaste, il acc
2775
Rougemont, à la conception chrétienne du mariage.
L’
amour courtois est chaste, il accorde à la femme une prééminence dont
2776
ariage. L’amour courtois est chaste, il accorde à
la
femme une prééminence dont l’Église a bien senti le danger, puisqu’el
2777
haste, il accorde à la femme une prééminence dont
l’
Église a bien senti le danger, puisqu’elle a développé le culte de Not
2778
femme une prééminence dont l’Église a bien senti
le
danger, puisqu’elle a développé le culte de Notre-Dame pour répondre
2779
e a bien senti le danger, puisqu’elle a développé
le
culte de Notre-Dame pour répondre au culte de la « Dame » des troubad
2780
senti le danger, puisqu’elle a développé le culte
de
Notre-Dame pour répondre au culte de la « Dame » des troubadours. Cet
2781
ppé le culte de Notre-Dame pour répondre au culte
de
la « Dame » des troubadours. Cet amour courtois ne fleurit que parmi
2782
le culte de Notre-Dame pour répondre au culte de
la
« Dame » des troubadours. Cet amour courtois ne fleurit que parmi les
2783
ubadours. Cet amour courtois ne fleurit que parmi
les
obstacles, exclut toute idée de progéniture, de famille ; il va contr
2784
leurit que parmi les obstacles, exclut toute idée
de
progéniture, de famille ; il va contre les appétits de l’homme et les
2785
les obstacles, exclut toute idée de progéniture,
de
famille ; il va contre les appétits de l’homme et les directives de l
2786
te idée de progéniture, de famille ; il va contre
les
appétits de l’homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu,
2787
ogéniture, de famille ; il va contre les appétits
de
l’homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de
2788
niture, de famille ; il va contre les appétits de
l’
homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de vi
2789
famille ; il va contre les appétits de l’homme et
les
directives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de vingt ans, dom
2790
contre les appétits de l’homme et les directives
de
l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi tou
2791
ntre les appétits de l’homme et les directives de
l’
Église. Comment a-t-il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi toute
2792
rectives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins
de
vingt ans, dominer ainsi toute la littérature ? Beaucoup d’historiens
2793
il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi toute
la
littérature ? Beaucoup d’historiens, d’érudits, se sont posé la quest
2794
ns, dominer ainsi toute la littérature ? Beaucoup
d’
historiens, d’érudits, se sont posé la question sans pouvoir la résoud
2795
nsi toute la littérature ? Beaucoup d’historiens,
d’
érudits, se sont posé la question sans pouvoir la résoudre. Pour moi,
2796
d’érudits, se sont posé la question sans pouvoir
la
résoudre. Pour moi, l’explication n’est pas douteuse. L’amour courtoi
2797
é la question sans pouvoir la résoudre. Pour moi,
l’
explication n’est pas douteuse. L’amour courtois est directement issu
2798
udre. Pour moi, l’explication n’est pas douteuse.
L’
amour courtois est directement issu du catharisme. Vous savez que l’hé
2799
st directement issu du catharisme. Vous savez que
l’
hérésie cathare, que la croisade contre les albigeois réprima sans l’a
2800
catharisme. Vous savez que l’hérésie cathare, que
la
croisade contre les albigeois réprima sans l’anéantir, eut des millio
2801
vez que l’hérésie cathare, que la croisade contre
les
albigeois réprima sans l’anéantir, eut des millions de partisans. Ven
2802
que la croisade contre les albigeois réprima sans
l’
anéantir, eut des millions de partisans. Venue de Macédoine, elle gagn
2803
bigeois réprima sans l’anéantir, eut des millions
de
partisans. Venue de Macédoine, elle gagna la France par le Piémont. L
2804
ions de partisans. Venue de Macédoine, elle gagna
la
France par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnati
2805
ans. Venue de Macédoine, elle gagna la France par
le
Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fondent
2806
e Macédoine, elle gagna la France par le Piémont.
Les
cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fondent sur une inte
2807
la France par le Piémont. Les cathares rejettent
le
dogme de l’incarnation, se fondent sur une interprétation purement sp
2808
e par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme
de
l’incarnation, se fondent sur une interprétation purement spiritualis
2809
ar le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de
l’
incarnation, se fondent sur une interprétation purement spiritualiste
2810
ngiles. Ils font du Saint-Esprit la Mère de Dieu,
le
principe féminin de l’amour. En embrassant le catharisme, le néophyte
2811
Saint-Esprit la Mère de Dieu, le principe féminin
de
l’amour. En embrassant le catharisme, le néophyte s’engageait, s’il é
2812
nt-Esprit la Mère de Dieu, le principe féminin de
l’
amour. En embrassant le catharisme, le néophyte s’engageait, s’il étai
2813
eu, le principe féminin de l’amour. En embrassant
le
catharisme, le néophyte s’engageait, s’il était marié, à s’abstenir d
2814
féminin de l’amour. En embrassant le catharisme,
le
néophyte s’engageait, s’il était marié, à s’abstenir de tout contact
2815
phyte s’engageait, s’il était marié, à s’abstenir
de
tout contact avec sa femme. Les cathares admettaient le suicide. Glor
2816
arié, à s’abstenir de tout contact avec sa femme.
Les
cathares admettaient le suicide. Glorification de l’esprit d’amour, c
2817
t contact avec sa femme. Les cathares admettaient
le
suicide. Glorification de l’esprit d’amour, chasteté et mépris de la
2818
es cathares admettaient le suicide. Glorification
de
l’esprit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que
2819
cathares admettaient le suicide. Glorification de
l’
esprit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’
2820
admettaient le suicide. Glorification de l’esprit
d’
amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’on préfèr
2821
ification de l’esprit d’amour, chasteté et mépris
de
la chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, pro
2822
cation de l’esprit d’amour, chasteté et mépris de
la
chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, profus
2823
rit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût
de
la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles
2824
d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de
la
mort que l’on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles… N
2825
asteté et mépris de la chair, goût de la mort que
l’
on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvo
2826
chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens
de
ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvons la religion cathare,
2827
que l’on préfère aux biens de ce monde, profusion
de
symboles… Nous retrouvons la religion cathare, telle que les procès d
2828
ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvons
la
religion cathare, telle que les procès de l’Inquisition permettent de
2829
s… Nous retrouvons la religion cathare, telle que
les
procès de l’Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes d
2830
rouvons la religion cathare, telle que les procès
de
l’Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes des troubad
2831
vons la religion cathare, telle que les procès de
l’
Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes des troubadour
2832
telle que les procès de l’Inquisition permettent
de
la connaître, tous les thèmes des troubadours, développés avec un lyr
2833
lle que les procès de l’Inquisition permettent de
la
connaître, tous les thèmes des troubadours, développés avec un lyrism
2834
de l’Inquisition permettent de la connaître, tous
les
thèmes des troubadours, développés avec un lyrisme, un vocabulaire qu
2835
des siècles ceux des grands mystiques. Ainsi tous
les
troubadours étaient des cathares ? J’en suis persuadé, dit Denis de R
2836
théorie aussi originale. D’ailleurs, on sait que
les
troubadours n’allaient que chez les seigneurs cathares, fort nombreux
2837
, on sait que les troubadours n’allaient que chez
les
seigneurs cathares, fort nombreux, et qui adoptaient cette hérésie a
2838
t nombreux, et qui adoptaient cette hérésie avec
d’
autant plus d’enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux de l’autorité
2839
qui adoptaient cette hérésie avec d’autant plus
d’
enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux de l’autorité temporelle ex
2840
plus d’enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux
de
l’autorité temporelle exercée par le clergé. Donc l’amour-passion ser
2841
s d’enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux de
l’
autorité temporelle exercée par le clergé. Donc l’amour-passion serait
2842
uvent jaloux de l’autorité temporelle exercée par
le
clergé. Donc l’amour-passion serait une hérésie chrétienne ? … Dont n
2843
l’autorité temporelle exercée par le clergé. Donc
l’
amour-passion serait une hérésie chrétienne ? … Dont nous avons perdu
2844
une hérésie chrétienne ? … Dont nous avons perdu
la
clef, et qui a pourtant inspiré toute notre littérature, reprend Deni
2845
te notre littérature, reprend Denis de Rougemont.
Le
mythe de Tristan et Iseut, qui pose pour la première fois ce fameux t
2846
littérature, reprend Denis de Rougemont. Le mythe
de
Tristan et Iseut, qui pose pour la première fois ce fameux triangle,
2847
ui pose pour la première fois ce fameux triangle,
le
mari, la femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la lit
2848
our la première fois ce fameux triangle, le mari,
la
femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature
2849
ère fois ce fameux triangle, le mari, la femme et
l’
amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature occidentale,
2850
x triangle, le mari, la femme et l’amant, qui est
le
sujet essentiel de toute la littérature occidentale, n’a surgi dans l
2851
, la femme et l’amant, qui est le sujet essentiel
de
toute la littérature occidentale, n’a surgi dans la littérature orien
2852
e et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute
la
littérature occidentale, n’a surgi dans la littérature orientale que
2853
toute la littérature occidentale, n’a surgi dans
la
littérature orientale que tout dernièrement, à la suite du christiani
2854
la littérature orientale que tout dernièrement, à
la
suite du christianisme. J’avoue que votre démonstration me paraît con
2855
yen Âge ? Denis de Rougemont sourit avec malice :
Les
philologues ont un respect de la lettre qui leur cache parfois le sen
2856
urit avec malice : Les philologues ont un respect
de
la lettre qui leur cache parfois le sens profond des textes… Ils répu
2857
t avec malice : Les philologues ont un respect de
la
lettre qui leur cache parfois le sens profond des textes… Ils répugne
2858
nt un respect de la lettre qui leur cache parfois
le
sens profond des textes… Ils répugnent à l’emploi des méthodes freudi
2859
rfois le sens profond des textes… Ils répugnent à
l’
emploi des méthodes freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de la
2860
des méthodes freudiennes. Or j’ai été frappé par
le
goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, dans
2861
hodes freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût
de
la mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, dans Tristan
2862
es freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de
la
mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, dans Tristan et
2863
es. Or j’ai été frappé par le goût de la mort que
l’
on retrouve à la fois dans le catharisme, dans Tristan et Iseut et che
2864
goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans
le
catharisme, dans Tristan et Iseut et chez les lyriques courtois, goût
2865
dans le catharisme, dans Tristan et Iseut et chez
les
lyriques courtois, goût qui n’est autre que l’instinct de la mort tel
2866
z les lyriques courtois, goût qui n’est autre que
l’
instinct de la mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où le stat
2867
ues courtois, goût qui n’est autre que l’instinct
de
la mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où le statut du maria
2868
courtois, goût qui n’est autre que l’instinct de
la
mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où le statut du mariage
2869
est autre que l’instinct de la mort tel que Freud
l’
a analysé. À une époque où le statut du mariage se modifie profondémen
2870
a mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où
le
statut du mariage se modifie profondément, croyez-vous que ce fameux
2871
que ce fameux triangle, qui suppose en définitive
le
mariage, puisse encore inspirer la littérature ? Denis de Rougemont r
2872
en définitive le mariage, puisse encore inspirer
la
littérature ? Denis de Rougemont réfléchit : Non, je crois que nous s
2873
chit : Non, je crois que nous sommes à une époque
de
transition, que ce mythe risque de disparaître. Mais c’est encore lui
2874
s à une époque de transition, que ce mythe risque
de
disparaître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la crise du mar
2875
araître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute
la
crise du mariage. Comment cela ? C’est très simple. Nous souffrons d’
2876
Comment cela ? C’est très simple. Nous souffrons
d’
avoir été élevés dans une double contradiction. Romans, poèmes, musiqu
2877
ne double contradiction. Romans, poèmes, musique,
l’
art et la littérature nous représentent la passion comme un paroxysme
2878
contradiction. Romans, poèmes, musique, l’art et
la
littérature nous représentent la passion comme un paroxysme désirable
2879
usique, l’art et la littérature nous représentent
la
passion comme un paroxysme désirable, comme un état d’exception où l’
2880
paroxysme désirable, comme un état d’exception où
l’
être se dépasse lui-même. Nous aspirons donc à connaître cet état que,
2881
tan et peut-être inconsciemment, nous préférons à
l’
être aimé. D’autre part, on nous montre le mariage comme le fondement
2882
érons à l’être aimé. D’autre part, on nous montre
le
mariage comme le fondement essentiel de notre société. Mais la passio
2883
mé. D’autre part, on nous montre le mariage comme
le
fondement essentiel de notre société. Mais la passion, par définition
2884
us montre le mariage comme le fondement essentiel
de
notre société. Mais la passion, par définition, reste extérieure au m
2885
mme le fondement essentiel de notre société. Mais
la
passion, par définition, reste extérieure au mariage, puisqu’elle a b
2886
reste extérieure au mariage, puisqu’elle a besoin
d’
obstacles, et ne résiste pas à la facilité, à l’habitude. Exclue de la
2887
qu’elle a besoin d’obstacles, et ne résiste pas à
la
facilité, à l’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réf
2888
n d’obstacles, et ne résiste pas à la facilité, à
l’
habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adu
2889
e résiste pas à la facilité, à l’habitude. Exclue
de
la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adultère. Maris et fem
2890
ésiste pas à la facilité, à l’habitude. Exclue de
la
vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adultère. Maris et femmes
2891
cilité, à l’habitude. Exclue de la vie conjugale,
la
passion se réfugie dans l’adultère. Maris et femmes, chacun de leur c
2892
e de la vie conjugale, la passion se réfugie dans
l’
adultère. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent de l’aventure q
2893
réfugie dans l’adultère. Maris et femmes, chacun
de
leur côté, rêvent de l’aventure qui leur apparaît comme la seule évas
2894
ère. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent
de
l’aventure qui leur apparaît comme la seule évasion. Croyez-vous que
2895
. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent de
l’
aventure qui leur apparaît comme la seule évasion. Croyez-vous que cel
2896
ôté, rêvent de l’aventure qui leur apparaît comme
la
seule évasion. Croyez-vous que cela puisse embellir, faciliter la vie
2897
. Croyez-vous que cela puisse embellir, faciliter
la
vie commune ? Certes, non. Mais aujourd’hui, les jeunes gens et les j
2898
r la vie commune ? Certes, non. Mais aujourd’hui,
les
jeunes gens et les jeunes filles se refusent à l’hypocrisie, ne conse
2899
Certes, non. Mais aujourd’hui, les jeunes gens et
les
jeunes filles se refusent à l’hypocrisie, ne consentent plus à refoul
2900
es jeunes gens et les jeunes filles se refusent à
l’
hypocrisie, ne consentent plus à refouler leurs instincts naturels. En
2901
us à refouler leurs instincts naturels. En outre,
les
difficultés matérielles compliquent encore le problème du mariage. Cr
2902
e, les difficultés matérielles compliquent encore
le
problème du mariage. Croyez-vous que les problèmes de la vie sentimen
2903
nt encore le problème du mariage. Croyez-vous que
les
problèmes de la vie sentimentale et sexuelle puissent trouver une sol
2904
roblème du mariage. Croyez-vous que les problèmes
de
la vie sentimentale et sexuelle puissent trouver une solution nouvell
2905
lème du mariage. Croyez-vous que les problèmes de
la
vie sentimentale et sexuelle puissent trouver une solution nouvelle ?
2906
e Rougemont, il ne peut y avoir qu’une solution :
le
mariage chrétien, mais présenté d’une manière nouvelle. C’est-à-dire
2907
une solution : le mariage chrétien, mais présenté
d’
une manière nouvelle. C’est-à-dire qu’au lieu d’en faire un acte raiso
2908
u’au lieu d’en faire un acte raisonnable, il faut
le
montrer tel qu’il est en réalité : l’aventure la plus difficile. Si v
2909
le, il faut le montrer tel qu’il est en réalité :
l’
aventure la plus difficile. Si vous ne fondez pas le mariage sur une d
2910
le montrer tel qu’il est en réalité : l’aventure
la
plus difficile. Si vous ne fondez pas le mariage sur une décision réf
2911
aventure la plus difficile. Si vous ne fondez pas
le
mariage sur une décision réfléchie, sur quoi le fondez-vous ? Sur la
2912
s le mariage sur une décision réfléchie, sur quoi
le
fondez-vous ? Sur la fidélité, qui me paraît en même temps le véritab
2913
décision réfléchie, sur quoi le fondez-vous ? Sur
la
fidélité, qui me paraît en même temps le véritable fondement de la pe
2914
us ? Sur la fidélité, qui me paraît en même temps
le
véritable fondement de la personnalité. Mais pour moi cette fidélité
2915
ui me paraît en même temps le véritable fondement
de
la personnalité. Mais pour moi cette fidélité doit être observée en v
2916
me paraît en même temps le véritable fondement de
la
personnalité. Mais pour moi cette fidélité doit être observée en vert
2917
moi cette fidélité doit être observée en vertu de
l’
absurde. Elle est aussi absurde que la passion, mais s’en distingue pa
2918
en vertu de l’absurde. Elle est aussi absurde que
la
passion, mais s’en distingue par un refus constant de subir ses rêves
2919
assion, mais s’en distingue par un refus constant
de
subir ses rêves, par une constante prise sur le réel. Elle reste une
2920
t de subir ses rêves, par une constante prise sur
le
réel. Elle reste une folie, mais la plus sobre et la plus quotidienne
2921
nte prise sur le réel. Elle reste une folie, mais
la
plus sobre et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidélit
2922
réel. Elle reste une folie, mais la plus sobre et
la
plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidélité, si conforme à
2923
obre et la plus quotidienne. Votre réhabilitation
de
la fidélité, si conforme à la conception chrétienne du mariage, supp
2924
e et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de
la
fidélité, si conforme à la conception chrétienne du mariage, suppose
2925
otre réhabilitation de la fidélité, si conforme à
la
conception chrétienne du mariage, suppose chez les femmes, qui doive
2926
a conception chrétienne du mariage, suppose chez
les
femmes, qui doivent être sans cesse capables de se renouveler, un ens
2927
les femmes, qui doivent être sans cesse capables
de
se renouveler, un ensemble de vertus solides et de qualités agréable
2928
sans cesse capables de se renouveler, un ensemble
de
vertus solides et de qualités agréables assez difficiles à concilier
2929
e se renouveler, un ensemble de vertus solides et
de
qualités agréables assez difficiles à concilier. Je le sais, je suis
2930
lités agréables assez difficiles à concilier. Je
le
sais, je suis très exigeant. Pour moi, le mariage devrait être une in
2931
ier. Je le sais, je suis très exigeant. Pour moi,
le
mariage devrait être une institution qui maintient la passion non pa
2932
riage devrait être une institution qui maintient
la
passion non par la morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérit
2933
une institution qui maintient la passion non par
la
morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérite bien certains eff
2934
maintient la passion non par la morale, mais par
l’
amour. C’est un idéal qui mérite bien certains efforts et certains sac
2935
semble. Ne devez-vous pas publier un roman, dont
le
titre, La Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui, je l’ai écri
2936
e devez-vous pas publier un roman, dont le titre,
La
Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui, je l’ai écrit presque
2937
Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui, je
l’
ai écrit presque en même temps que L’Amour et l’Occident . Mais je ne
2938
e ? Oui, je l’ai écrit presque en même temps que
L’
Amour et l’Occident . Mais je ne le ferai pas paraître tout de suite.
2939
l’ai écrit presque en même temps que L’Amour et
l’
Occident . Mais je ne le ferai pas paraître tout de suite. J’ai aussi
2940
ême temps que L’Amour et l’Occident . Mais je ne
le
ferai pas paraître tout de suite. J’ai aussi terminé deux livres d’es
2941
tre tout de suite. J’ai aussi terminé deux livres
d’
essais : Doctrine fabuleuse et Les Personnages du dram e. Et en ce
2942
é deux livres d’essais : Doctrine fabuleuse et
Les
Personnages du dram e. Et en ce moment, à quoi travaillez-vous ? J’a
2943
i travaillez-vous ? J’ai en chantier un livre sur
La
Réforme comme Révolution. Mais je l’ai un peu délaissé au profit d’un
2944
un livre sur La Réforme comme Révolution. Mais je
l’
ai un peu délaissé au profit d’un drame que j’écris pour l’Exposition
2945
évolution. Mais je l’ai un peu délaissé au profit
d’
un drame que j’écris pour l’Exposition de Zurich. Je veux mettre en sc
2946
eu délaissé au profit d’un drame que j’écris pour
l’
Exposition de Zurich. Je veux mettre en scène un héros suisse, le bien
2947
u profit d’un drame que j’écris pour l’Exposition
de
Zurich. Je veux mettre en scène un héros suisse, le bienheureux Nicol
2948
Zurich. Je veux mettre en scène un héros suisse,
le
bienheureux Nicolas de Flue, qui eut une vie extraordinaire. D’abord
2949
rtifia, jeûnant complètement. Mais, apprenant que
la
guerre civile menaçait, il quitta sa grotte, et rétablit la paix par
2950
civile menaçait, il quitta sa grotte, et rétablit
la
paix par le covenant de 1481. Puis il se retourna dans son ermitage e
2951
ait, il quitta sa grotte, et rétablit la paix par
le
covenant de 1481. Puis il se retourna dans son ermitage et y mourut.
2952
ta sa grotte, et rétablit la paix par le covenant
de
1481. Puis il se retourna dans son ermitage et y mourut. C’est un bea
2953
beau sujet. N’est-ce pas ? Ce drame, avec musique
d’
Honegger, sera représenté dans un théâtre en plein air, devant cinq ou
2954
plein air, devant cinq ou six-mille spectateurs.
La
scène aura trente mètres de large, et trois étages, qu’il faut ne jam
2955
ix-mille spectateurs. La scène aura trente mètres
de
large, et trois étages, qu’il faut ne jamais laisser vides. J’écris d
2956
s phrases très courtes, un peu comme des slogans.
Le
chœur jouera un rôle important dans l’action, comme dans la tragédie
2957
s slogans. Le chœur jouera un rôle important dans
l’
action, comme dans la tragédie grecque. C’est un travail tout nouveau
2958
ouera un rôle important dans l’action, comme dans
la
tragédie grecque. C’est un travail tout nouveau pour moi, et très amu
2959
nde s’il n’attend pas avec une certaine curiosité
les
réactions que vont susciter certaines de ses théories un peu révoluti
2960
riosité les réactions que vont susciter certaines
de
ses théories un peu révolutionnaires. Il sourit avant de répondre, pu
2961
portance aux querelles que pourraient me chercher
les
savants. Ce qui me touche, c’est que mon livre, paru il y a huit jour
2962
mon livre, paru il y a huit jours, m’a déjà valu
de
nombreuses lettres d’hommes et de femmes qui se trouvaient mal mariés
2963
a huit jours, m’a déjà valu de nombreuses lettres
d’
hommes et de femmes qui se trouvaient mal mariés. Ils me disent que mo
2964
, m’a déjà valu de nombreuses lettres d’hommes et
de
femmes qui se trouvaient mal mariés. Ils me disent que mon livre les
2965
rouvaient mal mariés. Ils me disent que mon livre
les
aide à comprendre la cause de leur désarroi, qu’ils savent mieux main
2966
Ils me disent que mon livre les aide à comprendre
la
cause de leur désarroi, qu’ils savent mieux maintenant comment ils po
2967
sent que mon livre les aide à comprendre la cause
de
leur désarroi, qu’ils savent mieux maintenant comment ils pourraient
2968
rop se blesser, ce sera ma plus belle récompense.
Le
véritable esprit chrétien, la véritable intelligence, n’est-ce pas de
2969
s belle récompense. Le véritable esprit chrétien,
la
véritable intelligence, n’est-ce pas de voir les limites d’où l’on ne
2970
chrétien, la véritable intelligence, n’est-ce pas
de
voir les limites d’où l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis
2971
, la véritable intelligence, n’est-ce pas de voir
les
limites d’où l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis de, « [E
2972
le intelligence, n’est-ce pas de voir les limites
d’
où l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis de, « [Entretien] N
2973
telligence, n’est-ce pas de voir les limites d’où
l’
on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis de, « [Entretien] Non, T
2974
ù l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis
de
, « [Entretien] Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas », Les Nouvelles
2975
tretien] Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 12 février 1939, p. 3. v. Interview pa
2976
1963)w x Pour beaucoup, Denis de Rougemont est
l’
auteur d’une thèse retentissante, intitulée L’Amour et l’Occident et
2977
Pour beaucoup, Denis de Rougemont est l’auteur
d’
une thèse retentissante, intitulée L’Amour et l’Occident et dans laq
2978
st l’auteur d’une thèse retentissante, intitulée
L’
Amour et l’Occident et dans laquelle il démontrait que l’idée de pass
2979
d’une thèse retentissante, intitulée L’Amour et
l’
Occident et dans laquelle il démontrait que l’idée de passion amoureu
2980
et l’Occident et dans laquelle il démontrait que
l’
idée de passion amoureuse trouvait ses origines dans la poésie cathare
2981
cident et dans laquelle il démontrait que l’idée
de
passion amoureuse trouvait ses origines dans la poésie cathare. Pour
2982
e de passion amoureuse trouvait ses origines dans
la
poésie cathare. Pour les disciples d’Emmanuel Mounier, il est surtout
2983
rouvait ses origines dans la poésie cathare. Pour
les
disciples d’Emmanuel Mounier, il est surtout le philosophe de Politi
2984
igines dans la poésie cathare. Pour les disciples
d’
Emmanuel Mounier, il est surtout le philosophe de Politique de la per
2985
les disciples d’Emmanuel Mounier, il est surtout
le
philosophe de Politique de la personne . Pour quelques autres, il es
2986
d’Emmanuel Mounier, il est surtout le philosophe
de
Politique de la personne . Pour quelques autres, il est l’écrivain q
2987
unier, il est surtout le philosophe de Politique
de
la personne . Pour quelques autres, il est l’écrivain qui a le mieux
2988
er, il est surtout le philosophe de Politique de
la
personne . Pour quelques autres, il est l’écrivain qui a le mieux ana
2989
que de la personne . Pour quelques autres, il est
l’
écrivain qui a le mieux analysé la résistible ascension d’Adolf Hitler
2990
e . Pour quelques autres, il est l’écrivain qui a
le
mieux analysé la résistible ascension d’Adolf Hitler (dans Journal d
2991
autres, il est l’écrivain qui a le mieux analysé
la
résistible ascension d’Adolf Hitler (dans Journal d’Allemagne et J
2992
in qui a le mieux analysé la résistible ascension
d’
Adolf Hitler (dans Journal d’Allemagne et Journal des deux mondes
2993
ésistible ascension d’Adolf Hitler (dans Journal
d’
Allemagne et Journal des deux mondes notamment). Pour les mélomanes
2994
ne et Journal des deux mondes notamment). Pour
les
mélomanes, il est le poète de Nicolas de Flue , dont Honegger tira u
2995
ux mondes notamment). Pour les mélomanes, il est
le
poète de Nicolas de Flue , dont Honegger tira un oratorio. Pour tous
2996
notamment). Pour les mélomanes, il est le poète
de
Nicolas de Flue , dont Honegger tira un oratorio. Pour tous enfin, i
2997
tira un oratorio. Pour tous enfin, il est, depuis
la
semaine dernière, le lauréat du Grand Prix littéraire de Monaco. Mais
2998
r tous enfin, il est, depuis la semaine dernière,
le
lauréat du Grand Prix littéraire de Monaco. Mais qui est en réalité D
2999
ine dernière, le lauréat du Grand Prix littéraire
de
Monaco. Mais qui est en réalité Denis de Rougemont ? On a dit beaucou
3000
ugemont ? On a dit beaucoup de bêtises — lui-même
le
déclare — sur l’homme et sur son œuvre, cette œuvre dont tout le mond
3001
t beaucoup de bêtises — lui-même le déclare — sur
l’
homme et sur son œuvre, cette œuvre dont tout le monde parle et que pe
3002
p plus prudent, j’ai demandé à Denis de Rougemont
de
commenter librement et, au besoin, de rectifier ce que je me proposai
3003
e Rougemont de commenter librement et, au besoin,
de
rectifier ce que je me proposais d’écrire sur lui. Voici ce qu’a donn
3004
t, au besoin, de rectifier ce que je me proposais
d’
écrire sur lui. Voici ce qu’a donné cette entrevue. Né en 1906 à Neuch
3005
châtel, Denis de Rougemont est un écrivain suisse
d’
expression française… Je déteste cette formule ! Elle me fait penser à
3006
e cette formule ! Elle me fait penser à une sorte
d’
animal, qui penserait dans un idiome bizarre et incompréhensible, et c
3007
t incompréhensible, et choisirait, quand il ouvre
la
bouche, de s’exprimer en français plutôt qu’en miaulant ou en barriss
3008
ensible, et choisirait, quand il ouvre la bouche,
de
s’exprimer en français plutôt qu’en miaulant ou en barrissant. Je sui
3009
un écrivain français, un point c’est tout. Il est
l’
auteur d’un certain nombre d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal
3010
in français, un point c’est tout. Il est l’auteur
d’
un certain nombre d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal, de l’es
3011
t c’est tout. Il est l’auteur d’un certain nombre
d’
ouvrages qui, tenant à la fois du journal, de l’essai, de la polémique
3012
mbre d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal,
de
l’essai, de la polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre
3013
e d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal, de
l’
essai, de la polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre lit
3014
ges qui, tenant à la fois du journal, de l’essai,
de
la polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre littéraire p
3015
qui, tenant à la fois du journal, de l’essai, de
la
polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre littéraire préc
3016
mment définirait-on Nietzsche ou Kierkegaard ? Si
l’
on veut absolument coller une étiquette, disons que je suis un essayis
3017
tiquette, disons que je suis un essayiste, espèce
d’
écrivain de plus en plus répandue de nos jours. Montesquieu, Pascal ét
3018
yiste, espèce d’écrivain de plus en plus répandue
de
nos jours. Montesquieu, Pascal étaient des essayistes. Ce n’est pas q
3019
n’est pas que je veuille me comparer à eux, mais
la
forme est la même : un mélange d’idées pures, de poésie, de descripti
3020
e je veuille me comparer à eux, mais la forme est
la
même : un mélange d’idées pures, de poésie, de descriptions et d’anec
3021
rer à eux, mais la forme est la même : un mélange
d’
idées pures, de poésie, de descriptions et d’anecdotes. En 1933, Denis
3022
la forme est la même : un mélange d’idées pures,
de
poésie, de descriptions et d’anecdotes. En 1933, Denis de Rougemont p
3023
st la même : un mélange d’idées pures, de poésie,
de
descriptions et d’anecdotes. En 1933, Denis de Rougemont participe, a
3024
ange d’idées pures, de poésie, de descriptions et
d’
anecdotes. En 1933, Denis de Rougemont participe, aux côtés d’Emmanuel
3025
En 1933, Denis de Rougemont participe, aux côtés
d’
Emmanuel Mounier, à la fondation de deux revues personnalistes : L’Ord
3026
gemont participe, aux côtés d’Emmanuel Mounier, à
la
fondation de deux revues personnalistes : L’Ordre nouveau et Esprit.
3027
ipe, aux côtés d’Emmanuel Mounier, à la fondation
de
deux revues personnalistes : L’Ordre nouveau et Esprit. C’est à cette
3028
u christianisme. Au mot « humaniste », je préfère
le
mot « moraliste ». … illustrée par son livre : Politique de la perso
3029
raliste ». … illustrée par son livre : Politique
de
la personne . Politique de la personne était un manifeste qui décl
3030
iste ». … illustrée par son livre : Politique de
la
personne . Politique de la personne était un manifeste qui déclenc
3031
n livre : Politique de la personne . Politique
de
la personne était un manifeste qui déclencha une polémique à laquell
3032
ivre : Politique de la personne . Politique de
la
personne était un manifeste qui déclencha une polémique à laquelle p
3033
rt Berdiaev, Mounier et Gabriel Marcel. Pour moi,
la
« personne » n’est ni un individu refermé sur lui-même ni la minuscul
3034
ne » n’est ni un individu refermé sur lui-même ni
la
minuscule partie d’une masse, mais un homme ouvert aux idées, à la fo
3035
ividu refermé sur lui-même ni la minuscule partie
d’
une masse, mais un homme ouvert aux idées, à la fois libre et responsa
3036
la fois libre et responsable. Il y a une vocation
de
la personne, vocation qui, à la fois, distingue l’homme et le relie à
3037
fois libre et responsable. Il y a une vocation de
la
personne, vocation qui, à la fois, distingue l’homme et le relie à la
3038
e la personne, vocation qui, à la fois, distingue
l’
homme et le relie à la communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs dan
3039
ne, vocation qui, à la fois, distingue l’homme et
le
relie à la communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette not
3040
n qui, à la fois, distingue l’homme et le relie à
la
communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de l’ho
3041
stingue l’homme et le relie à la communauté où il
l’
exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de l’homme que je place le
3042
ù il l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion
de
l’homme que je place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fai
3043
l l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de
l’
homme que je place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fait o
3044
illeurs dans cette notion de l’homme que je place
le
point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fait opposé aux doctrines p
3045
ans cette notion de l’homme que je place le point
d’
insertion de Dieu. Je suis tout à fait opposé aux doctrines providenti
3046
tion de l’homme que je place le point d’insertion
de
Dieu. Je suis tout à fait opposé aux doctrines providentialistes qui
3047
t opposé aux doctrines providentialistes qui font
de
Dieu un Jéhovah jugeant et agissant de l’extérieur. Dieu est en l’hom
3048
s qui font de Dieu un Jéhovah jugeant et agissant
de
l’extérieur. Dieu est en l’homme. En 1935, il est nommé lecteur à l’U
3049
ui font de Dieu un Jéhovah jugeant et agissant de
l’
extérieur. Dieu est en l’homme. En 1935, il est nommé lecteur à l’Univ
3050
h jugeant et agissant de l’extérieur. Dieu est en
l’
homme. En 1935, il est nommé lecteur à l’Université de Francfort et sé
3051
u est en l’homme. En 1935, il est nommé lecteur à
l’
Université de Francfort et séjournera un an en Allemagne hitlérienne.
3052
mme. En 1935, il est nommé lecteur à l’Université
de
Francfort et séjournera un an en Allemagne hitlérienne. Je me trouvai
3053
me trouvais sans activité à Paris, où j’écrivais
le
Journal d’un intellectuel en chômage , quand je rencontrai Abetz. Il
3054
sans activité à Paris, où j’écrivais le Journal
d’
un intellectuel en chômage , quand je rencontrai Abetz. Il m’offrit de
3055
chômage , quand je rencontrai Abetz. Il m’offrit
de
passer un an en Allemagne en me disant : « Vous qui pensez pis que pe
3056
e en me disant : « Vous qui pensez pis que pendre
de
notre régime, allez donc l’observer de plus près. » J’acceptai à une
3057
pensez pis que pendre de notre régime, allez donc
l’
observer de plus près. » J’acceptai à une condition, celle d’écrire en
3058
de plus près. » J’acceptai à une condition, celle
d’
écrire en rentrant exactement ce que je pensais du nazisme. J’en ai ef
3059
nt pensé et dit beaucoup de mal dans mon Journal
d’
Allemagne , paru en 1938. J’eus d’ailleurs d’autres démêlés avec les a
3060
u en 1938. J’eus d’ailleurs d’autres démêlés avec
les
autorités allemandes, quand j’écrivis un article dans la Gazette de L
3061
rités allemandes, quand j’écrivis un article dans
la
Gazette de Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands
3062
andes, quand j’écrivis un article dans la Gazette
de
Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent
3063
crivis un article dans la Gazette de Lausanne sur
l’
entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent que je sois pun
3064
article dans la Gazette de Lausanne sur l’entrée
de
Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent que je sois puni et j’ai
3065
te de Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris.
Les
Allemands demandèrent que je sois puni et j’ai reçu quinze jours de p
3066
dèrent que je sois puni et j’ai reçu quinze jours
de
prison militaire sous le prétexte qu’un officier neutre n’a pas le dr
3067
t j’ai reçu quinze jours de prison militaire sous
le
prétexte qu’un officier neutre n’a pas le droit d’outrager un chef d’
3068
re sous le prétexte qu’un officier neutre n’a pas
le
droit d’outrager un chef d’État étranger ! De Suisse, Denis de Rougem
3069
e prétexte qu’un officier neutre n’a pas le droit
d’
outrager un chef d’État étranger ! De Suisse, Denis de Rougemont est e
3070
pas le droit d’outrager un chef d’État étranger !
De
Suisse, Denis de Rougemont est envoyé en Amérique où il passera six a
3071
envoyé en Amérique où il passera six ans, écrira
La
Part du diable et se liera avec plusieurs écrivains français. On déc
3072
n Amérique qu’en Europe. À New York, je rédigeais
les
émissions en français de « La Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs
3073
New York, je rédigeais les émissions en français
de
« La Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, don
3074
York, je rédigeais les émissions en français de «
La
Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, dont fai
3075
rédigeais les émissions en français de « La Voix
de
l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, dont faisaient p
3076
digeais les émissions en français de « La Voix de
l’
Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, dont faisaient part
3077
a Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes
de
speakers, dont faisaient partie André Breton, Marcel Ozenfant, un fil
3078
e André Breton, Marcel Ozenfant, un fils Pitoëff,
le
critique d’art Georges Duthuit, l’ethnologue Claude Lévi-Strauss. De
3079
fils Pitoëff, le critique d’art Georges Duthuit,
l’
ethnologue Claude Lévi-Strauss. De temps en temps, Julien Green m’appo
3080
en Green m’apportait des textes. Je fis également
la
connaissance de Saint-John Perse et du peintre Marcel Duchamp, qui ré
3081
tait des textes. Je fis également la connaissance
de
Saint-John Perse et du peintre Marcel Duchamp, qui réalisa une extrao
3082
aordinaire vitrine surréaliste dans une librairie
de
la 5e Avenue pour l’exposition de mon livre : La Part du diable . Re
3083
dinaire vitrine surréaliste dans une librairie de
la
5e Avenue pour l’exposition de mon livre : La Part du diable . Rentr
3084
rréaliste dans une librairie de la 5e Avenue pour
l’
exposition de mon livre : La Part du diable . Rentré en Europe en 194
3085
s une librairie de la 5e Avenue pour l’exposition
de
mon livre : La Part du diable . Rentré en Europe en 1946, Denis de R
3086
de la 5e Avenue pour l’exposition de mon livre :
La
Part du diable . Rentré en Europe en 1946, Denis de Rougemont s’engag
3087
e en 1946, Denis de Rougemont s’engage alors dans
l’
action politique en militant pour la cause du fédéralisme européen. Fo
3088
ge alors dans l’action politique en militant pour
la
cause du fédéralisme européen. Fondateur et président du Congrès euro
3089
. Fondateur et président du Congrès européen pour
la
liberté de la culturey, son activité se situera désormais sur deux pl
3090
et président du Congrès européen pour la liberté
de
la culturey, son activité se situera désormais sur deux plans : l’écr
3091
président du Congrès européen pour la liberté de
la
culturey, son activité se situera désormais sur deux plans : l’écriva
3092
on activité se situera désormais sur deux plans :
l’
écrivain d’une part, le fédéralisme de l’autre. Je vous arrête : il n’
3093
désormais sur deux plans : l’écrivain d’une part,
le
fédéralisme de l’autre. Je vous arrête : il n’y a pas, il n’y a jamai
3094
eux plans : l’écrivain d’une part, le fédéralisme
de
l’autre. Je vous arrête : il n’y a pas, il n’y a jamais eu chez moi (
3095
Je suis passé tout naturellement et sans rupture
de
ma définition de la « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, v
3096
ut naturellement et sans rupture de ma définition
de
la « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, do
3097
naturellement et sans rupture de ma définition de
la
« personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, doit
3098
ans rupture de ma définition de la « personne » à
la
théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, doit être à la fois lib
3099
tion de la « personne » à la théorie fédéraliste.
L’
homme, vous ai-je dit, doit être à la fois libre et responsable ; de m
3100
et responsable ; de même pour chaque nation dans
l’
Europe fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à un
3101
’Europe fédérée que je préconise et qui n’est que
la
transposition à une échelle géante de la Confédération helvétique. Je
3102
i n’est que la transposition à une échelle géante
de
la Confédération helvétique. Je ne souhaite en effet ni une aggloméra
3103
’est que la transposition à une échelle géante de
la
Confédération helvétique. Je ne souhaite en effet ni une agglomératio
3104
que. Je ne souhaite en effet ni une agglomération
d’
États soumis à un pouvoir unique et dictatorial ni une Europe des État
3105
ial ni une Europe des États, mais une association
de
républiques autonomes, libres de leur gestion intérieure et responsab
3106
une association de républiques autonomes, libres
de
leur gestion intérieure et responsables les unes des autres devant le
3107
libres de leur gestion intérieure et responsables
les
unes des autres devant le danger commun. Nous serions ainsi 350 milli
3108
rieure et responsables les unes des autres devant
le
danger commun. Nous serions ainsi 350 millions d’Européens solidaires
3109
le danger commun. Nous serions ainsi 350 millions
d’
Européens solidaires, ce qui représente presque autant que les populat
3110
solidaires, ce qui représente presque autant que
les
populations des États-Unis et de l’URSS réunies. Comprenez-moi donc b
3111
sque autant que les populations des États-Unis et
de
l’URSS réunies. Comprenez-moi donc bien : personnalisme et fédéralism
3112
e autant que les populations des États-Unis et de
l’
URSS réunies. Comprenez-moi donc bien : personnalisme et fédéralisme,
3113
rsonnalisme et fédéralisme, c’est tout un. Enfin,
le
28 octobre 1963, Denis de Rougemont a reçu des mains du Prince Rainie
3114
mains du Prince Rainier le Grand Prix littéraire
de
Monaco. Selon la formule consacrée, je suis ravi d’avoir reçu ce prix
3115
Rainier le Grand Prix littéraire de Monaco. Selon
la
formule consacrée, je suis ravi d’avoir reçu ce prix, malgré une peti
3116
Monaco. Selon la formule consacrée, je suis ravi
d’
avoir reçu ce prix, malgré une petite ombre au tableau. Je viens en ef
3117
ré une petite ombre au tableau. Je viens en effet
d’
apprendre que je me suis trouvé opposé à Eugène Ionesco qui est un ami
3118
vain. À ce propos, savez-vous où Ionesco a trouvé
le
sujet de son Rhinocéros ? Dans mon Journal d’Allemagne , c’est lui-m
3119
e propos, savez-vous où Ionesco a trouvé le sujet
de
son Rhinocéros ? Dans mon Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui m
3120
vé le sujet de son Rhinocéros ? Dans mon Journal
d’
Allemagne , c’est lui-même qui me l’a dit. w. Rougemont Denis de, «
3121
mon Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui me
l’
a dit. w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Mais qui est donc Denis
3122
st lui-même qui me l’a dit. w. Rougemont Denis
de
, « [Entretien] Mais qui est donc Denis de Rougemont ? », Les Nouvelle
3123
retien] Mais qui est donc Denis de Rougemont ? »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 7 novembre 1963, p. 3. x. Interview pa
3124
e 1963, p. 3. x. Interview par Pierre Ajame. y.
Le
journaliste commet ici manifestement une erreur, en confondant le Cen
3125
ommet ici manifestement une erreur, en confondant
le
Centre européen de la culture, que Rougemont fonda et dirigea à Genèv
3126
nt fonda et dirigea à Genève à partir de 1950, et
le
Congrès pour la liberté de la culture, dans lequel Rougemont s’engage
3127
gea à Genève à partir de 1950, et le Congrès pour
la
liberté de la culture, dans lequel Rougemont s’engagea en parallèle,
3128
e à partir de 1950, et le Congrès pour la liberté
de
la culture, dans lequel Rougemont s’engagea en parallèle, mais dont i
3129
partir de 1950, et le Congrès pour la liberté de
la
culture, dans lequel Rougemont s’engagea en parallèle, mais dont il n
3130
engagea en parallèle, mais dont il ne fut « que »
le
président du comité exécutif, de 1951 à 1966.
3131
l ne fut « que » le président du comité exécutif,
de
1951 à 1966.
3132
Les
prophètes de la décadence (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a
3133
Les prophètes
de
la décadence (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a vu la civili
3134
Les prophètes de
la
décadence (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a vu la civilisat
3135
phètes de la décadence (24 septembre 1970)z aa
Le
xxe siècle a vu la civilisation — qui ne saurait être que la nôtre,
3136
ce (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a vu
la
civilisation — qui ne saurait être que la nôtre, quand on en parle au
3137
le a vu la civilisation — qui ne saurait être que
la
nôtre, quand on en parle au singulier — étendre à toute la terre ses
3138
quand on en parle au singulier — étendre à toute
la
terre ses bienfaits, ses méfaits, ses produits, rarement ses valeurs,
3139
, et toujours ses vulgarités. Mais en même temps,
le
xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de la décadence européen
3140
en même temps, le xxe siècle a vu se multiplier
les
prophètes de la décadence européenne : et ils sont tous, ou presque t
3141
, le xxe siècle a vu se multiplier les prophètes
de
la décadence européenne : et ils sont tous, ou presque tous, Européen
3142
e xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de
la
décadence européenne : et ils sont tous, ou presque tous, Européens.
3143
ous, Européens. Loin de s’émerveiller du fait que
le
génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler
3144
veiller du fait que le génie européen rayonne sur
le
monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemai
3145
ne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler
de
notre éclipse. Au lendemain de la Première Guerre mondiale déclenchée
3146
fèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemain
de
la Première Guerre mondiale déclenchée par l’Europe, en 1919, Paul Va
3147
ain de la Première Guerre mondiale déclenchée par
l’
Europe, en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous au
3148
Et il ajoutait : Elam, Ninive, Babylone étaient
de
beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu d
3149
Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et
la
ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous
3150
étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale
de
ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existe
3151
ais France, Angleterre, Russie, ce seraient aussi
de
beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenan
3152
si est un beau nom. Et nous voyons maintenant que
l’
abîme de l’Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons q
3153
n beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme
de
l’Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une ci
3154
eau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de
l’
Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civil
3155
e l’abîme de l’Histoire est assez grand pour tout
le
monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vi
3156
tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a
la
même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvr
3157
’une civilisation a la même fragilité qu’une vie.
Les
circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudel
3158
ité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient
les
œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménan
3159
vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres
de
Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne son
3160
ces qui enverraient les œuvres de Keats et celles
de
Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inco
3161
œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre
les
œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont da
3162
eats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres
de
Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les jou
3163
sont plus du tout inconcevables : elles sont dans
les
journaux. L’écho de cette page fut immense et je sais peu de phrases
3164
ut inconcevables : elles sont dans les journaux.
L’
écho de cette page fut immense et je sais peu de phrases plus fréquemm
3165
ncevables : elles sont dans les journaux. L’écho
de
cette page fut immense et je sais peu de phrases plus fréquemment cit
3166
citées que celle qui annonce en somme que toutes
les
civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va donc
3167
mme que toutes les civilisations étant mortelles,
la
nôtre aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvant
3168
soit, elle exprime, à mon sens, l’une des erreurs
les
plus célèbres de l’époque. Mais comment expliquer son succès ? Observ
3169
, à mon sens, l’une des erreurs les plus célèbres
de
l’époque. Mais comment expliquer son succès ? Observons tout d’abord
3170
mon sens, l’une des erreurs les plus célèbres de
l’
époque. Mais comment expliquer son succès ? Observons tout d’abord qu’
3171
lle résume et condense une assez longue tradition
de
pessimisme européen. Dès 1971, Volney, méditant sur la mort des civil
3172
ssimisme européen. Dès 1971, Volney, méditant sur
la
mort des civilisations, citait à peu près les mêmes noms pour illustr
3173
sur la mort des civilisations, citait à peu près
les
mêmes noms pour illustrer le même argument que Valéry : Que sont dev
3174
, citait à peu près les mêmes noms pour illustrer
le
même argument que Valéry : Que sont devenues tant de brillantes créa
3175
: Que sont devenues tant de brillantes créations
de
la main de l’homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de
3176
Que sont devenues tant de brillantes créations de
la
main de l’homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Ba
3177
devenues tant de brillantes créations de la main
de
l’homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone,
3178
venues tant de brillantes créations de la main de
l’
homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone, ces
3179
de la main de l’homme ? Où sont-ils, ces remparts
de
Ninive, ces murs de Babylone, ces palais de Persépolis ?… Hélas, j’ai
3180
e ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs
de
Babylone, ces palais de Persépolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qu
3181
parts de Ninive, ces murs de Babylone, ces palais
de
Persépolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qui furent le théâtre de t
3182
e, ces palais de Persépolis ?… Hélas, j’ai visité
les
lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’ab
3183
épolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qui furent
le
théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitud
3184
élas, j’ai visité les lieux qui furent le théâtre
de
tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitude… Qui sait
3185
ai vu qu’abandon et que solitude… Qui sait si sur
les
rivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voy
3186
ndon et que solitude… Qui sait si sur les rivages
de
la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme
3187
n et que solitude… Qui sait si sur les rivages de
la
Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme mo
3188
olitude… Qui sait si sur les rivages de la Seine,
de
la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’ass
3189
tude… Qui sait si sur les rivages de la Seine, de
la
Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’assiér
3190
n voyageur comme moi ne s’assiéra pas un jour sur
de
muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuple
3191
muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur
la
cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Une trentaine d’
3192
eurera pas solitaire sur la cendre des peuples et
la
mémoire de leur grandeur ? Une trentaine d’armées plus tard, Hegel i
3193
solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire
de
leur grandeur ? Une trentaine d’armées plus tard, Hegel introduisait
3194
s et la mémoire de leur grandeur ? Une trentaine
d’
armées plus tard, Hegel introduisait l’idée que chaque peuple est « un
3195
trentaine d’armées plus tard, Hegel introduisait
l’
idée que chaque peuple est « un individu dans la marche de l’histoire
3196
t l’idée que chaque peuple est « un individu dans
la
marche de l’histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à un
3197
ue chaque peuple est « un individu dans la marche
de
l’histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi de c
3198
chaque peuple est « un individu dans la marche de
l’
histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi de croi
3199
qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi
de
croissance, d’épanouissement et de déclin fatal. Hegel pensait d’aill
3200
nc, comme tout individu, à une loi de croissance,
d’
épanouissement et de déclin fatal. Hegel pensait d’ailleurs que la civ
3201
idu, à une loi de croissance, d’épanouissement et
de
déclin fatal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation européenne
3202
et de déclin fatal. Hegel pensait d’ailleurs que
la
civilisation européenne marquait l’aboutissement suprême de l’Histoir
3203
’ailleurs que la civilisation européenne marquait
l’
aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliquait sa dialec
3204
ation européenne marquait l’aboutissement suprême
de
l’Histoire. Mais si l’on appliquait sa dialectique aux civilisations,
3205
on européenne marquait l’aboutissement suprême de
l’
Histoire. Mais si l’on appliquait sa dialectique aux civilisations, on
3206
it l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si
l’
on appliquait sa dialectique aux civilisations, on en venait à penser
3207
civilisations, on en venait à penser que chacune
d’
elles devait fatalement décliner et mourir après une période d’apogée
3208
t fatalement décliner et mourir après une période
d’
apogée — la nôtre aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus l
3209
t décliner et mourir après une période d’apogée —
la
nôtre aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus loin ; il es
3210
inexorablement que toute culture est mortelle, et
l’
on rejoint la phrase de Valéry. Enfin, dans un effort tout à fait admi
3211
t que toute culture est mortelle, et l’on rejoint
la
phrase de Valéry. Enfin, dans un effort tout à fait admirable pour em
3212
e culture est mortelle, et l’on rejoint la phrase
de
Valéry. Enfin, dans un effort tout à fait admirable pour embrasser l’
3213
ns un effort tout à fait admirable pour embrasser
l’
ensemble des cultures connues, Toynbee croit pouvoir établir empirique
3214
Toynbee croit pouvoir établir empiriquement, par
l’
examen comparatif des vingt et une civilisations qui auraient existé j
3215
une civilisations qui auraient existé jusqu’ici,
les
lois complexes, mais constantes, de leur genèse, de leur croissance e
3216
é jusqu’ici, les lois complexes, mais constantes,
de
leur genèse, de leur croissance et de leur dissolution inévitable. Ce
3217
lois complexes, mais constantes, de leur genèse,
de
leur croissance et de leur dissolution inévitable. Ces historiens et
3218
constantes, de leur genèse, de leur croissance et
de
leur dissolution inévitable. Ces historiens et philosophes, armés d’u
3219
inévitable. Ces historiens et philosophes, armés
d’
une vaste érudition, ont d’autant moins de peine à nous convaincre que
3220
et philosophes, armés d’une vaste érudition, ont
d’
autant moins de peine à nous convaincre que, d’une part, ils rejoignen
3221
, armés d’une vaste érudition, ont d’autant moins
de
peine à nous convaincre que, d’une part, ils rejoignent, par leurs co
3222
nt, par leurs conclusions, notre angoisse quant à
l’
état présent de l’Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus
3223
onclusions, notre angoisse quant à l’état présent
de
l’Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits
3224
lusions, notre angoisse quant à l’état présent de
l’
Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du
3225
angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans
le
monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècle précéd
3226
de l’Europe dans le monde, et que, d’autre part,
les
plus grands esprits du siècle précédent n’ont cessé d’annoncer les ca
3227
us grands esprits du siècle précédent n’ont cessé
d’
annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de
3228
sprits du siècle précédent n’ont cessé d’annoncer
les
catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard
3229
t cessé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu
de
nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski,
3230
r les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur
l’
Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à
3231
trophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe :
de
Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob Burc
3232
pe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski,
de
Tocqueville à Jacob Burckhardt et de Donoso Cortès à Georges Sorel, t
3233
Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et
de
Donoso Cortès à Georges Sorel, tous ont décrit depuis cent ans les mo
3234
à Georges Sorel, tous ont décrit depuis cent ans
les
motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leur
3235
Sorel, tous ont décrit depuis cent ans les motifs
de
craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leurs prédicti
3236
ont décrit depuis cent ans les motifs de craindre
le
pire pour notre civilisation. Or voici que leurs prédictions semblent
3237
ici que leurs prédictions semblent confirmées par
les
faits. Au cours des années qui suivent la Première Guerre mondiale, l
3238
s années qui suivent la Première Guerre mondiale,
les
dictatures prévues par Burckhardt et Sorel s’instaurent en Russie, en
3239
quie, en Italie et en Allemagne, puis en Espagne.
Les
nationalismes et les racismes, dénoncés d’avance par Nietzsche, proli
3240
Allemagne, puis en Espagne. Les nationalismes et
les
racismes, dénoncés d’avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines
3241
agne. Les nationalismes et les racismes, dénoncés
d’
avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines de l’Empire austro-ho
3242
dénoncés d’avance par Nietzsche, prolifèrent sur
les
ruines de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à
3243
’avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines
de
l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchir
3244
ance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines de
l’
Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchirer
3245
Elle ne voit pas encore, mais elle pressent déjà
la
perte de sa longue royauté mondiale. Déjà le communisme lui dispute,
3246
voit pas encore, mais elle pressent déjà la perte
de
sa longue royauté mondiale. Déjà le communisme lui dispute, non seule
3247
déjà la perte de sa longue royauté mondiale. Déjà
le
communisme lui dispute, non seulement en Asie et en Afrique, mais aux
3248
on seulement en Asie et en Afrique, mais aux yeux
d’
une partie de sa propre jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de
3249
en Asie et en Afrique, mais aux yeux d’une partie
de
sa propre jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de la civilisat
3250
yeux d’une partie de sa propre jeunesse, son rôle
de
porteur du « flambeau de la civilisation ». La Seconde Guerre mondial
3251
ropre jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau
de
la civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née de cette crise int
3252
re jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de
la
civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née de cette crise intern
3253
le de porteur du « flambeau de la civilisation ».
La
Seconde Guerre mondiale, née de cette crise interne, va précipiter l’
3254
a civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née
de
cette crise interne, va précipiter l’écroulement de l’hégémonie polit
3255
ndiale, née de cette crise interne, va précipiter
l’
écroulement de l’hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à
3256
cette crise interne, va précipiter l’écroulement
de
l’hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à vues humaines
3257
tte crise interne, va précipiter l’écroulement de
l’
hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à vues humaines, d
3258
précipiter l’écroulement de l’hégémonie politique
de
l’Europe, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus,
3259
cipiter l’écroulement de l’hégémonie politique de
l’
Europe, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les
3260
ent de l’hégémonie politique de l’Europe, et même
le
rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouveaux empires
3261
e rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus,
les
nouveaux empires et les peuples émancipés proclament déjà leur volont
3262
s, définitif. Au surplus, les nouveaux empires et
les
peuples émancipés proclament déjà leur volonté de retourner contre no
3263
es peuples émancipés proclament déjà leur volonté
de
retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que
3264
érielles… Que faudrait-il de plus, pour qu’on ait
le
droit de parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civil
3265
Que faudrait-il de plus, pour qu’on ait le droit
de
parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ?
3266
ait-il de plus, pour qu’on ait le droit de parler
d’
une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de
3267
our qu’on ait le droit de parler d’une éclipse ou
d’
une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de répondre, formulo
3268
de parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible
de
notre civilisation ? Avant de répondre, formulons deux remarques dict
3269
par une élémentaire prudence historique. Primo,
l’
hégémonie politique n’est pas toujours et nécessairement liée à la vit
3270
tique n’est pas toujours et nécessairement liée à
la
vitalité d’une civilisation. L’une peut exister sans l’autre. L’une p
3271
pas toujours et nécessairement liée à la vitalité
d’
une civilisation. L’une peut exister sans l’autre. L’une peut être per
3272
autre soit ruinée du même coup. Tchingis-Khan eut
l’
hégémonie sans la civilisation, tandis que l’Europe du Moyen Âge eut u
3273
du même coup. Tchingis-Khan eut l’hégémonie sans
la
civilisation, tandis que l’Europe du Moyen Âge eut une civilisation s
3274
eut l’hégémonie sans la civilisation, tandis que
l’
Europe du Moyen Âge eut une civilisation sans hégémonie. Secundo, il
3275
monie. Secundo, il n’est pas du tout certain que
les
précédents historiques soient applicables dans notre situation, ni qu
3276
s soient applicables dans notre situation, ni que
la
courbe croissance-grandeur-décadence soit la même pour toutes les cul
3277
que la courbe croissance-grandeur-décadence soit
la
même pour toutes les cultures dans tous les temps. Les prophètes de l
3278
sance-grandeur-décadence soit la même pour toutes
les
cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occi
3279
e soit la même pour toutes les cultures dans tous
les
temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry
3280
ême pour toutes les cultures dans tous les temps.
Les
prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee,
3281
s les cultures dans tous les temps. Les prophètes
de
la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient
3282
es cultures dans tous les temps. Les prophètes de
la
décadence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient su
3283
ans tous les temps. Les prophètes de la décadence
de
l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précéden
3284
tous les temps. Les prophètes de la décadence de
l’
Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précédent d
3285
nt, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient sur
le
précédent de civilisations antiques aujourd’hui « disparues », et par
3286
Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précédent
de
civilisations antiques aujourd’hui « disparues », et particulièrement
3287
ujourd’hui « disparues », et particulièrement sur
l’
exemple le mieux connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui e
3288
« disparues », et particulièrement sur l’exemple
le
mieux connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui est censée
3289
sur l’exemple le mieux connu des Européens, celui
de
la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la
3290
l’exemple le mieux connu des Européens, celui de
la
chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la civ
3291
e le mieux connu des Européens, celui de la chute
de
Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la civilisation
3292
e la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné
la
disparition de la civilisation gréco-romaine dans la partie occidenta
3293
ome, qui est censée avoir entraîné la disparition
de
la civilisation gréco-romaine dans la partie occidentale de l’Empire.
3294
, qui est censée avoir entraîné la disparition de
la
civilisation gréco-romaine dans la partie occidentale de l’Empire. L’
3295
disparition de la civilisation gréco-romaine dans
la
partie occidentale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europ
3296
lisation gréco-romaine dans la partie occidentale
de
l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europe ? La civilisation eu
3297
ation gréco-romaine dans la partie occidentale de
l’
Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europe ? La civilisation europ
3298
o-romaine dans la partie occidentale de l’Empire.
L’
exemple est-il valable pour l’Europe ? La civilisation européenne est-
3299
entale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour
l’
Europe ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme le
3300
’Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europe ?
La
civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autres ?
3301
sation européenne est-elle une civilisation comme
les
autres ? Son destin peut-il être prédit par extrapolation des exemple
3302
omparable, et même tout à fait différent à partir
d’
un certain moment, d’un certain seuil… Les civilisations antiques de l
3303
ut à fait différent à partir d’un certain moment,
d’
un certain seuil… Les civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons,
3304
à partir d’un certain moment, d’un certain seuil…
Les
civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde
3305
t, d’un certain seuil… Les civilisations antiques
de
l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde védantique ou des Mayas, f
3306
d’un certain seuil… Les civilisations antiques de
l’
Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde védantique ou des Mayas, fond
3307
civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons,
de
Sumer, de l’Inde védantique ou des Mayas, fondaient leur unité origin
3308
ions antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer,
de
l’Inde védantique ou des Mayas, fondaient leur unité originelle sur u
3309
s antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de
l’
Inde védantique ou des Mayas, fondaient leur unité originelle sur un p
3310
nité originelle sur un principe formateur unique,
le
Sacré. Les civilisations totalitaires d’aujourd’hui, URSS ou Chine de
3311
nelle sur un principe formateur unique, le Sacré.
Les
civilisations totalitaires d’aujourd’hui, URSS ou Chine de Mao, tienn
3312
unique, le Sacré. Les civilisations totalitaires
d’
aujourd’hui, URSS ou Chine de Mao, tiennent leur unité d’une doctrine
3313
rd’hui, URSS ou Chine de Mao, tiennent leur unité
d’
une doctrine uniforme, imposée à tous par l’État. Comparée à ces deux
3314
unité d’une doctrine uniforme, imposée à tous par
l’
État. Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes et
3315
ée à tous par l’État. Comparée à ces deux groupes
de
cultures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous
3316
upes de cultures homogènes, uniformes et sacrées,
la
culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois plura
3317
tures homogènes, uniformes et sacrées, la culture
de
l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et pr
3318
es homogènes, uniformes et sacrées, la culture de
l’
Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profa
3319
dictoires ou incompatibles qu’elle en a héritées,
la
civilisation européenne s’est trouvée fondée sur une culture de dialo
3320
n européenne s’est trouvée fondée sur une culture
de
dialogue et de contestation. Elle n’a jamais pu, et surtout, elle n’a
3321
est trouvée fondée sur une culture de dialogue et
de
contestation. Elle n’a jamais pu, et surtout, elle n’a jamais voulu,
3322
morale, son économie et ses arts. On a beau citer
le
Moyen Âge comme une période bénie d’unité des esprits et des cœurs, t
3323
a beau citer le Moyen Âge comme une période bénie
d’
unité des esprits et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous s
3324
bénie d’unité des esprits et des cœurs, telle que
l’
a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et qu
3325
us savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que
les
conflits qui déchirèrent le Moyen Âge ne furent pas moins violents qu
3326
’en fut rien, et que les conflits qui déchirèrent
le
Moyen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. L’un
3327
rent pas moins violents que ceux que nous vivons.
L’
unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n
3328
moins violents que ceux que nous vivons. L’unité
de
notre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamai
3329
ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et
de
la civilisation créée par cette culture n’a jamais été autre chose qu
3330
x que nous vivons. L’unité de notre culture et de
la
civilisation créée par cette culture n’a jamais été autre chose qu’un
3331
tre chose qu’une unité paradoxale consistant dans
la
seule volonté commune à tous de refuser l’uniformité. Où sont les c
3332
e consistant dans la seule volonté commune à tous
de
refuser l’uniformité. Où sont les candidats à la relève ? Aux pr
3333
t dans la seule volonté commune à tous de refuser
l’
uniformité. Où sont les candidats à la relève ? Aux prophètes de
3334
commune à tous de refuser l’uniformité. Où sont
les
candidats à la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne,
3335
e refuser l’uniformité. Où sont les candidats à
la
relève ? Aux prophètes de la décadence européenne, j’opposerai tro
3336
sont les candidats à la relève ? Aux prophètes
de
la décadence européenne, j’opposerai trois raisons majeures d’espérer
3337
t les candidats à la relève ? Aux prophètes de
la
décadence européenne, j’opposerai trois raisons majeures d’espérer, c
3338
ce européenne, j’opposerai trois raisons majeures
d’
espérer, c’est-à-dire d’agir pour l’Europe. Première raison : La civil
3339
ai trois raisons majeures d’espérer, c’est-à-dire
d’
agir pour l’Europe. Première raison : La civilisation européenne est l
3340
sons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir pour
l’
Europe. Première raison : La civilisation européenne est la seule qui
3341
st-à-dire d’agir pour l’Europe. Première raison :
La
civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue u
3342
Première raison : La civilisation européenne est
la
seule qui soit effectivement devenue universelle. Bien d’autres avai
3343
enue universelle. Bien d’autres avaient cru cela
d’
elles-mêmes, avant la nôtre. Elles se trompaient, mais cette erreur ne
3344
en d’autres avaient cru cela d’elles-mêmes, avant
la
nôtre. Elles se trompaient, mais cette erreur ne saurait plus être co
3345
rreur ne saurait plus être commise, à présent que
la
terre entière est explorée dans ses derniers recoins. Alexandre le Gr
3346
dans ses derniers recoins. Alexandre le Grand et
les
empereurs chinois s’imaginèrent qu’ils dominaient le monde entier ; c
3347
empereurs chinois s’imaginèrent qu’ils dominaient
le
monde entier ; c’était moins orgueilleux que naïf, car chacun ignorai
3348
ue naïf, car chacun ignorait que l’autre existât.
L’
agence Cook suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre
3349
existât. L’agence Cook suffirait aujourd’hui pour
les
mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe s
3350
ence Cook suffirait aujourd’hui pour les mettre à
l’
abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous
3351
ok suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri
de
ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons
3352
aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre
d’
illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nou
3353
les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous,
les
Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus
3354
politiquement, mais nous savons aussi que toutes
les
villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent nos villes modernes, l
3355
rique imitent nos villes modernes, leurs procédés
de
construction, leurs rues, leurs places, et leurs mairies, leurs hôpit
3356
hôtels et leurs journaux, et même leurs embarras
de
circulation. Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos par
3357
mbarras de circulation. Nous savons bien que tous
les
pays neufs imitent nos parlements, partis et syndicats, et même parfo
3358
s nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement
d’
imitation s’opère à sens unique et n’est plus réversible. Mais comment
3359
expliquer ce phénomène sans précédent dans toute
l’
Histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la con
3360
écédent dans toute l’Histoire ? Nous avons vu que
la
civilisation européenne, née de la confluence des sources les plus di
3361
Nous avons vu que la civilisation européenne, née
de
la confluence des sources les plus diverses, se distinguait par là de
3362
s avons vu que la civilisation européenne, née de
la
confluence des sources les plus diverses, se distinguait par là de to
3363
tion européenne, née de la confluence des sources
les
plus diverses, se distinguait par là de toutes les autres, monolithiq
3364
sources les plus diverses, se distinguait par là
de
toutes les autres, monolithiques et homogènes. Voilà pourquoi elle s’
3365
es plus diverses, se distinguait par là de toutes
les
autres, monolithiques et homogènes. Voilà pourquoi elle s’est trouvé
3366
es et homogènes. Voilà pourquoi elle s’est trouvé
la
seule qui fût assez complexe et multiforme pour pouvoir, sinon satisf
3367
pouvoir, sinon satisfaire, du moins séduire tous
les
peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’Europe envoie dans le mon
3368
ous les peuples du monde. Nous avons vu aussi que
l’
Europe envoie dans le monde plus de machines et d’assistants technique
3369
nde. Nous avons vu aussi que l’Europe envoie dans
le
monde plus de machines et d’assistants techniques que de livres et de
3370
s vu aussi que l’Europe envoie dans le monde plus
de
machines et d’assistants techniques que de livres et de missionnaires
3371
l’Europe envoie dans le monde plus de machines et
d’
assistants techniques que de livres et de missionnaires. Elle s’est la
3372
e plus de machines et d’assistants techniques que
de
livres et de missionnaires. Elle s’est laïcisée, ou sécularisée, et d
3373
hines et d’assistants techniques que de livres et
de
missionnaires. Elle s’est laïcisée, ou sécularisée, et détachée du ch
3374
risée, et détachée du christianisme qui contribua
de
tant de manières à la former. Par là même — et c’est bien son drame,
3375
christianisme qui contribua de tant de manières à
la
former. Par là même — et c’est bien son drame, en même temps que la c
3376
même — et c’est bien son drame, en même temps que
la
condition de son « succès » le plus visible — elle s’est rendue plus
3377
st bien son drame, en même temps que la condition
de
son « succès » le plus visible — elle s’est rendue plus transportable
3378
en même temps que la condition de son « succès »
le
plus visible — elle s’est rendue plus transportable, plus acceptable
3379
devenir universelle qu’en vertu de quelque chose
de
très fondamental qui l’y prédisposait dès l’origine : j’entends la cr
3380
en vertu de quelque chose de très fondamental qui
l’
y prédisposait dès l’origine : j’entends la croyance chrétienne en la
3381
hose de très fondamental qui l’y prédisposait dès
l’
origine : j’entends la croyance chrétienne en la valeur égale de tout
3382
al qui l’y prédisposait dès l’origine : j’entends
la
croyance chrétienne en la valeur égale de tout homme devant Dieu, que
3383
s l’origine : j’entends la croyance chrétienne en
la
valeur égale de tout homme devant Dieu, quelle que soit sa nation, sa
3384
entends la croyance chrétienne en la valeur égale
de
tout homme devant Dieu, quelle que soit sa nation, sa couleur ou sa r
3385
quelle que soit sa nation, sa couleur ou sa race.
L’
Égypte ancienne ne croyait rien de tel. Le mot homme y était synonyme
3386
eur ou sa race. L’Égypte ancienne ne croyait rien
de
tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delt
3387
a race. L’Égypte ancienne ne croyait rien de tel.
Le
mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delta du Nil
3388
royait rien de tel. Le mot homme y était synonyme
d’
habitant de la vallée et du delta du Nil, il y avait un mot différent
3389
de tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant
de
la vallée et du delta du Nil, il y avait un mot différent pour désign
3390
tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de
la
vallée et du delta du Nil, il y avait un mot différent pour désigner
3391
du Nil, il y avait un mot différent pour désigner
les
habitants des terres voisines, à mi-chemin entre l’animal et l’Égypti
3392
habitants des terres voisines, à mi-chemin entre
l’
animal et l’Égyptien. (Dans le même style, Bismarck définit le Bavaroi
3393
es terres voisines, à mi-chemin entre l’animal et
l’
Égyptien. (Dans le même style, Bismarck définit le Bavarois comme « ce
3394
, à mi-chemin entre l’animal et l’Égyptien. (Dans
le
même style, Bismarck définit le Bavarois comme « cet être intermédiai
3395
l’Égyptien. (Dans le même style, Bismarck définit
le
Bavarois comme « cet être intermédiaire entre l’Autrichien et l’homme
3396
le Bavarois comme « cet être intermédiaire entre
l’
Autrichien et l’homme ».) Pour les Grecs et les Chinois également, il
3397
me « cet être intermédiaire entre l’Autrichien et
l’
homme ».) Pour les Grecs et les Chinois également, il existait deux es
3398
ermédiaire entre l’Autrichien et l’homme ».) Pour
les
Grecs et les Chinois également, il existait deux espèces différentes
3399
tre l’Autrichien et l’homme ».) Pour les Grecs et
les
Chinois également, il existait deux espèces différentes de bipèdes ve
3400
s également, il existait deux espèces différentes
de
bipèdes verticaux ; les Grecs ou les Chinois, d’une part, et les barb
3401
t deux espèces différentes de bipèdes verticaux ;
les
Grecs ou les Chinois, d’une part, et les barbares, c’est-à-dire tous
3402
s différentes de bipèdes verticaux ; les Grecs ou
les
Chinois, d’une part, et les barbares, c’est-à-dire tous les autres, q
3403
ticaux ; les Grecs ou les Chinois, d’une part, et
les
barbares, c’est-à-dire tous les autres, qui n’étaient pas vraiment et
3404
s, d’une part, et les barbares, c’est-à-dire tous
les
autres, qui n’étaient pas vraiment et complètement humains. Ces très
3405
cessairement demeurer régionales et décliner dans
les
limites de leur empire. En revanche, la conception chrétienne exprimé
3406
demeurer régionales et décliner dans les limites
de
leur empire. En revanche, la conception chrétienne exprimée par saint
3407
ner dans les limites de leur empire. En revanche,
la
conception chrétienne exprimée par saint Paul (« Il n’y a plus ni Jui
3408
res, ni hommes ni femmes, car vous êtes tous fils
de
Dieu, vous êtes tous un en Jésus-Christ. »), cette conception devait
3409
ule permettre à ceux qu’elle formerait intimement
de
considérer tous les hommes comme dignes et capables, un jour ou l’aut
3410
x qu’elle formerait intimement de considérer tous
les
hommes comme dignes et capables, un jour ou l’autre, de participer pl
3411
mes comme dignes et capables, un jour ou l’autre,
de
participer pleinement à l’effort civilisateur. Maintenant que c’est f
3412
s, un jour ou l’autre, de participer pleinement à
l’
effort civilisateur. Maintenant que c’est fait ou en train de se faire
3413
ait ou en train de se faire, et que voilà franchi
le
« seuil mondial », comment imaginer que la civilisation diffusée par
3414
ranchi le « seuil mondial », comment imaginer que
la
civilisation diffusée par l’Europe à tous les peuples puisse s’éclips
3415
comment imaginer que la civilisation diffusée par
l’
Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entra
3416
que la civilisation diffusée par l’Europe à tous
les
peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner le genre hum
3417
puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner
le
genre humain dans son désastre ? Deuxième raison : La civilisation eu
3418
enre humain dans son désastre ? Deuxième raison :
La
civilisation européenne a créé les conditions techniques de sa conser
3419
uxième raison : La civilisation européenne a créé
les
conditions techniques de sa conservation et de sa transmission aux âg
3420
ation européenne a créé les conditions techniques
de
sa conservation et de sa transmission aux âges futurs, en même temps
3421
é les conditions techniques de sa conservation et
de
sa transmission aux âges futurs, en même temps qu’elle redécouvrait e
3422
faisait revivre des cultures disparues ou en voie
d’
extinction. Valéry nous disait que « les circonstances qui enverraient
3423
ou en voie d’extinction. Valéry nous disait que «
les
circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudel
3424
us disait que « les circonstances qui enverraient
les
œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménan
3425
ue « les circonstances qui enverraient les œuvres
de
Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne son
3426
ces qui enverraient les œuvres de Keats et celles
de
Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inco
3427
œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre
les
œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont da
3428
eats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres
de
Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les jou
3429
sont plus du tout inconcevables : elles sont dans
les
journaux ». Depuis lors, on a retrouvé — et même joué — plusieurs com
3430
on a retrouvé — et même joué — plusieurs comédies
de
Ménandre. Quant aux œuvres de Keats et de Baudelaire, et de Paul Valé
3431
plusieurs comédies de Ménandre. Quant aux œuvres
de
Keats et de Baudelaire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans
3432
omédies de Ménandre. Quant aux œuvres de Keats et
de
Baudelaire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans le monde ent
3433
e. Quant aux œuvres de Keats et de Baudelaire, et
de
Paul Valéry lui-même, reproduites dans le monde entier, enregistrées
3434
ire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans
le
monde entier, enregistrées sur bandes et sur microsillons, elles sont
3435
bandes et sur microsillons, elles sont en mesure
de
résister au temps beaucoup mieux que les fresques de Lascaux, les sta
3436
en mesure de résister au temps beaucoup mieux que
les
fresques de Lascaux, les statues grecques et les temples des Pharaons
3437
résister au temps beaucoup mieux que les fresques
de
Lascaux, les statues grecques et les temples des Pharaons menacés par
3438
temps beaucoup mieux que les fresques de Lascaux,
les
statues grecques et les temples des Pharaons menacés par les eaux d’u
3439
les fresques de Lascaux, les statues grecques et
les
temples des Pharaons menacés par les eaux d’un barrage. La mortalité
3440
grecques et les temples des Pharaons menacés par
les
eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc
3441
et les temples des Pharaons menacés par les eaux
d’
un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc très var
3442
s des Pharaons menacés par les eaux d’un barrage.
La
mortalité des civilisations nous apparaît donc très variable. Certes,
3443
. Certes, plusieurs ont disparu sans nous laisser
d’
autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ainsi celle des
3444
ans nous laisser d’autre héritage actif que celui
de
leurs œuvres d’art : ainsi celle des Aurignaciens, ou plus près de no
3445
rès encore celles des Mayas et des Aztèques. Mais
les
civilisations anciennes de l’Égypte et du Proche-Orient, prolongées p
3446
et des Aztèques. Mais les civilisations anciennes
de
l’Égypte et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine
3447
des Aztèques. Mais les civilisations anciennes de
l’
Égypte et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine, d
3448
s de l’Égypte et du Proche-Orient, prolongées par
la
grecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre, sont-elles
3449
et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et
la
romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre, sont-elles vraiment mort
3450
nt, prolongées par la grecque et la romaine, dont
l’
essentiel vit dans la nôtre, sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquê
3451
grecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans
la
nôtre, sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes ont été préservée
3452
t mortes ? Leurs conquêtes ont été préservées par
le
musée et le laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours s
3453
eurs conquêtes ont été préservées par le musée et
le
laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la
3454
et le laboratoire européens, pour être diffusées
de
nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de beaucoup que leurs riva
3455
péens, pour être diffusées de nos jours sur toute
la
terre. Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on d
3456
ées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut
de
beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus raffinées, aien
3457
raffinées, aient connu pareille fortune. Ce sont
les
lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égyp
3458
s, aient connu pareille fortune. Ce sont les lois
de
Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancie
3459
onnu pareille fortune. Ce sont les lois de Minos,
de
Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la
3460
fortune. Ce sont les lois de Minos, de Dracon et
de
Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce so
3461
les lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues
de
la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue e
3462
s lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de
la
Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et l
3463
nos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et
de
l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitude
3464
, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de
l’
Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes,
3465
n, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par
la
Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de
3466
ète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont
le
Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’où d
3467
te ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et
les
Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’où dérivent l’Habeas
3468
sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin
le
code de Justinien, d’où dérivent l’Habeas Corpus et la Déclaration de
3469
Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code
de
Justinien, d’où dérivent l’Habeas Corpus et la Déclaration des droits
3470
les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien,
d’
où dérivent l’Habeas Corpus et la Déclaration des droits de l’homme, q
3471
, c’est enfin le code de Justinien, d’où dérivent
l’
Habeas Corpus et la Déclaration des droits de l’homme, qui définissent
3472
de de Justinien, d’où dérivent l’Habeas Corpus et
la
Déclaration des droits de l’homme, qui définissent aujourd’hui, pour
3473
e l’homme, qui définissent aujourd’hui, pour tous
les
peuples du tiers-monde à peine moins que pour ceux de l’OTAN, la dign
3474
euples du tiers-monde à peine moins que pour ceux
de
l’OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout p
3475
les du tiers-monde à peine moins que pour ceux de
l’
OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout prog
3476
iers-monde à peine moins que pour ceux de l’OTAN,
la
dignité de la personne humaine et les fondements de tout progrès soci
3477
à peine moins que pour ceux de l’OTAN, la dignité
de
la personne humaine et les fondements de tout progrès social ; et non
3478
eine moins que pour ceux de l’OTAN, la dignité de
la
personne humaine et les fondements de tout progrès social ; et non pa
3479
x de l’OTAN, la dignité de la personne humaine et
les
fondements de tout progrès social ; et non pas le système des castes,
3480
dignité de la personne humaine et les fondements
de
tout progrès social ; et non pas le système des castes, ni le mandari
3481
es fondements de tout progrès social ; et non pas
le
système des castes, ni le mandarinat, ni le Bushido. On peut le regre
3482
rès social ; et non pas le système des castes, ni
le
mandarinat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le cons
3483
n pas le système des castes, ni le mandarinat, ni
le
Bushido. On peut le regretter, mais on doit le constater. Roger Caill
3484
castes, ni le mandarinat, ni le Bushido. On peut
le
regretter, mais on doit le constater. Roger Caillois a écrit non sans
3485
ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit
le
constater. Roger Caillois a écrit non sans drôlerie à propos de la fa
3486
er Caillois a écrit non sans drôlerie à propos de
la
fameuse phrase de Valéry : « Si les civilisations mouraient tout à fa
3487
t non sans drôlerie à propos de la fameuse phrase
de
Valéry : « Si les civilisations mouraient tout à fait, Valéry ne pour
3488
ie à propos de la fameuse phrase de Valéry : « Si
les
civilisations mouraient tout à fait, Valéry ne pourrait pas le dire,
3489
ons mouraient tout à fait, Valéry ne pourrait pas
le
dire, car il n’en saurait rien. » Et il propose de corriger comme sui
3490
e dire, car il n’en saurait rien. » Et il propose
de
corriger comme suit le passage que j’ai cité : « Nous autres civilisa
3491
rait rien. » Et il propose de corriger comme suit
le
passage que j’ai cité : « Nous autres civilisations, nous avons depui
3492
Nous autres civilisations, nous avons depuis peu
la
certitude que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres
3493
ais entièrement et que nos cendres sont fécondes.
Le
temps est passé où les civilisations étaient mortelles. » J’ajouterai
3494
nos cendres sont fécondes. Le temps est passé où
les
civilisations étaient mortelles. » J’ajouterai cette simple remarque
3495
civilisations qu’on croyait endormies sont tirées
de
l’oubli au xxe siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et de my
3496
ilisations qu’on croyait endormies sont tirées de
l’
oubli au xxe siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et de mysti
3497
es sont tirées de l’oubli au xxe siècle, si tant
d’
écoles antiques de sagesse et de mystiques voient leurs livres sacrés
3498
l’oubli au xxe siècle, si tant d’écoles antiques
de
sagesse et de mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jou
3499
siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et
de
mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jours et retrouve
3500
t de mystiques voient leurs livres sacrés publiés
de
nos jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des et
3501
ours et retrouvent partout des fidèles, c’est par
le
fait des ethnographes, archéologues et philosophes de l’Europe, qui p
3502
ait des ethnographes, archéologues et philosophes
de
l’Europe, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissanc
3503
des ethnographes, archéologues et philosophes de
l’
Europe, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance p
3504
ogues et philosophes de l’Europe, qui poursuivent
l’
inventaire mondial initié à la Renaissance par nos découvreurs de l’es
3505
pe, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à
la
Renaissance par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’humanité
3506
ndial initié à la Renaissance par nos découvreurs
de
l’espace et du temps de l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas
3507
al initié à la Renaissance par nos découvreurs de
l’
espace et du temps de l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas de
3508
sance par nos découvreurs de l’espace et du temps
de
l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas de candidats sérieux à
3509
ce par nos découvreurs de l’espace et du temps de
l’
humanité. Troisième raison : On ne voit pas de candidats sérieux à la
3510
de l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas
de
candidats sérieux à la relève d’une civilisation devenue mondiale. No
3511
me raison : On ne voit pas de candidats sérieux à
la
relève d’une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circ
3512
: On ne voit pas de candidats sérieux à la relève
d’
une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circonstances
3513
e civilisation devenue mondiale. Nous connaissons
les
circonstances de la chute de celles qui nous ont précédées : c’était
3514
enue mondiale. Nous connaissons les circonstances
de
la chute de celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catas
3515
e mondiale. Nous connaissons les circonstances de
la
chute de celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catastro
3516
e. Nous connaissons les circonstances de la chute
de
celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catastrophe natur
3517
naturelle, comme la dernière période glaciaire ou
le
dessèchement du Sahara, affectant la région entière où avait fleuri u
3518
glaciaire ou le dessèchement du Sahara, affectant
la
région entière où avait fleuri une civilisation déterminée. Et les au
3519
e où avait fleuri une civilisation déterminée. Et
les
autres n’en savaient rien. Mais ce fut plus souvent l’agression d’une
3520
tres n’en savaient rien. Mais ce fut plus souvent
l’
agression d’une civilisation rivale, plus primitive et plus brutale, D
3521
vaient rien. Mais ce fut plus souvent l’agression
d’
une civilisation rivale, plus primitive et plus brutale, Doriens détrô
3522
plus primitive et plus brutale, Doriens détrônant
la
Crète, Germains investissant la Gaule et l’Ibérie romaines, ou les qu
3523
Doriens détrônant la Crète, Germains investissant
la
Gaule et l’Ibérie romaines, ou les quelques centaines d’Espagnols s’e
3524
ônant la Crète, Germains investissant la Gaule et
l’
Ibérie romaines, ou les quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l
3525
ns investissant la Gaule et l’Ibérie romaines, ou
les
quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques. I
3526
e et l’Ibérie romaines, ou les quelques centaines
d’
Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques. Il s’agissait dans tous
3527
ou les quelques centaines d’Espagnols s’emparant
de
l’empire des Aztèques. Il s’agissait dans tous ces cas de civilisatio
3528
les quelques centaines d’Espagnols s’emparant de
l’
empire des Aztèques. Il s’agissait dans tous ces cas de civilisations
3529
ire des Aztèques. Il s’agissait dans tous ces cas
de
civilisations locales, entourées de « barbares » mal connus. Les cand
3530
tous ces cas de civilisations locales, entourées
de
« barbares » mal connus. Les candidats à la relève étaient nombreux.
3531
ns locales, entourées de « barbares » mal connus.
Les
candidats à la relève étaient nombreux. En est-il un seul aujourd’hui
3532
urées de « barbares » mal connus. Les candidats à
la
relève étaient nombreux. En est-il un seul aujourd’hui qui réclame l’
3533
mbreux. En est-il un seul aujourd’hui qui réclame
l’
oblitération ou simplement la reprise des charges de notre civilisatio
3534
ourd’hui qui réclame l’oblitération ou simplement
la
reprise des charges de notre civilisation, avec quelques chances de s
3535
oblitération ou simplement la reprise des charges
de
notre civilisation, avec quelques chances de succès ? Les États-Unis
3536
rges de notre civilisation, avec quelques chances
de
succès ? Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de la substanc
3537
e civilisation, avec quelques chances de succès ?
Les
États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’E
3538
s ? Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés
de
la substance même de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la c
3539
Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de
la
substance même de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la cult
3540
dira-t-on. Mais ils sont nés de la substance même
de
l’Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondém
3541
a-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de
l’
Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément
3542
sont nés de la substance même de l’Europe, et je
les
vois s’européaniser par la culture plus profondément que l’Europe ne
3543
me de l’Europe, et je les vois s’européaniser par
la
culture plus profondément que l’Europe ne s’américanise par le costum
3544
européaniser par la culture plus profondément que
l’
Europe ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Ma
3545
us profondément que l’Europe ne s’américanise par
le
costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nouvea
3546
t que l’Europe ne s’américanise par le costume et
le
décor urbain. L’URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nouveau ? Est-elle u
3547
s’américanise par le costume et le décor urbain.
L’
URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nouveau ? Est-elle une autre civilisa
3548
? Est-elle une autre civilisation ? Lénine disait
de
sa Révolution : « C’est le marxisme plus l’électricité. » Or, le marx
3549
sation ? Lénine disait de sa Révolution : « C’est
le
marxisme plus l’électricité. » Or, le marxisme n’est pas un apport so
3550
isait de sa Révolution : « C’est le marxisme plus
l’
électricité. » Or, le marxisme n’est pas un apport soviétique, ce n’es
3551
n : « C’est le marxisme plus l’électricité. » Or,
le
marxisme n’est pas un apport soviétique, ce n’est pas Popov qui l’a i
3552
pas un apport soviétique, ce n’est pas Popov qui
l’
a inventé, mais bien un Juif allemand, dont le père était devenu prote
3553
qui l’a inventé, mais bien un Juif allemand, dont
le
père était devenu protestant, et qui rédigeait au British Muséum, pou
3554
testant, et qui rédigeait au British Muséum, pour
le
Herald Tribune de New York, des articles qui le faisaient vivre et qu
3555
r le Herald Tribune de New York, des articles qui
le
faisaient vivre et qui forment une partie du Kapital. Le marxisme est
3556
aient vivre et qui forment une partie du Kapital.
Le
marxisme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séc
3557
artie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et
de
l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la
3558
ie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de
l’
Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la phi
3559
sme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour
d’
un débat séculaire entre la théologie et la philosophie, au moment où
3560
l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre
la
théologie et la philosophie, au moment où se constituaient la sociolo
3561
refour d’un débat séculaire entre la théologie et
la
philosophie, au moment où se constituaient la sociologie et la techni
3562
et la philosophie, au moment où se constituaient
la
sociologie et la technique, l’industrie, la grande presse, l’école ob
3563
e, au moment où se constituaient la sociologie et
la
technique, l’industrie, la grande presse, l’école obligatoire, la con
3564
ù se constituaient la sociologie et la technique,
l’
industrie, la grande presse, l’école obligatoire, la conscription univ
3565
aient la sociologie et la technique, l’industrie,
la
grande presse, l’école obligatoire, la conscription universelle et le
3566
e et la technique, l’industrie, la grande presse,
l’
école obligatoire, la conscription universelle et les nationalismes qu
3567
industrie, la grande presse, l’école obligatoire,
la
conscription universelle et les nationalismes qui en vivent. On ne sa
3568
école obligatoire, la conscription universelle et
les
nationalismes qui en vivent. On ne saurait imaginer complexe de force
3569
es qui en vivent. On ne saurait imaginer complexe
de
forces spirituelles, morales et matérielles plus spécifiquement europ
3570
matérielles plus spécifiquement européen. Quant à
l’
électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industrialisation.
3571
’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise
l’
industrialisation. En électrifiant le pays, le communisme a renouvelé
3572
le symbolise l’industrialisation. En électrifiant
le
pays, le communisme a renouvelé l’entreprise de Pierre le Grand : il
3573
ise l’industrialisation. En électrifiant le pays,
le
communisme a renouvelé l’entreprise de Pierre le Grand : il a pour la
3574
n électrifiant le pays, le communisme a renouvelé
l’
entreprise de Pierre le Grand : il a pour la seconde fois européanisé
3575
t le pays, le communisme a renouvelé l’entreprise
de
Pierre le Grand : il a pour la seconde fois européanisé la Russie. Et
3576
le Grand : il a pour la seconde fois européanisé
la
Russie. Et c’est l’URSS à son tour qui s’est chargée d’aider la Chine
3577
r la seconde fois européanisé la Russie. Et c’est
l’
URSS à son tour qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la civil
3578
fois européanisé la Russie. Et c’est l’URSS à son
tour
qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la civilisation des man
3579
sie. Et c’est l’URSS à son tour qui s’est chargée
d’
aider la Chine à liquider la civilisation des mandarins, c’est l’URSS
3580
c’est l’URSS à son tour qui s’est chargée d’aider
la
Chine à liquider la civilisation des mandarins, c’est l’URSS qui a in
3581
our qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider
la
civilisation des mandarins, c’est l’URSS qui a introduit dans l’Empir
3582
e à liquider la civilisation des mandarins, c’est
l’
URSS qui a introduit dans l’Empire emmuré ce nouveau cheval de Troie o
3583
des mandarins, c’est l’URSS qui a introduit dans
l’
Empire emmuré ce nouveau cheval de Troie occidental : la technique, et
3584
introduit dans l’Empire emmuré ce nouveau cheval
de
Troie occidental : la technique, et tout ce qu’elle entraîne dans les
3585
re emmuré ce nouveau cheval de Troie occidental :
la
technique, et tout ce qu’elle entraîne dans les mœurs et les modes de
3586
: la technique, et tout ce qu’elle entraîne dans
les
mœurs et les modes de penser d’une nation. Le fameux « bon en avant »
3587
ue, et tout ce qu’elle entraîne dans les mœurs et
les
modes de penser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine
3588
t ce qu’elle entraîne dans les mœurs et les modes
de
penser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère
3589
le entraîne dans les mœurs et les modes de penser
d’
une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère été qu’un
3590
ns les mœurs et les modes de penser d’une nation.
Le
fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère été qu’un bond vers l’i
3591
e penser d’une nation. Le fameux « bon en avant »
de
la Chine n’a guère été qu’un bond vers l’industrie et vers le sociali
3592
enser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de
la
Chine n’a guère été qu’un bond vers l’industrie et vers le socialisme
3593
avant » de la Chine n’a guère été qu’un bond vers
l’
industrie et vers le socialisme, inventés par l’Europe et parties inté
3594
n’a guère été qu’un bond vers l’industrie et vers
le
socialisme, inventés par l’Europe et parties intégrantes de sa cultur
3595
s l’industrie et vers le socialisme, inventés par
l’
Europe et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, observ
3596
sme, inventés par l’Europe et parties intégrantes
de
sa culture. Quant à l’Afrique, observons simplement que son émancipat
3597
ope et parties intégrantes de sa culture. Quant à
l’
Afrique, observons simplement que son émancipation actuelle ne consist
3598
émancipation actuelle ne consiste nullement dans
l’
avènement d’une civilisation originale, ou de quelque néo-tribalisme,
3599
n actuelle ne consiste nullement dans l’avènement
d’
une civilisation originale, ou de quelque néo-tribalisme, mais au cont
3600
dans l’avènement d’une civilisation originale, ou
de
quelque néo-tribalisme, mais au contraire dans l’adoption bien trop r
3601
de quelque néo-tribalisme, mais au contraire dans
l’
adoption bien trop rapide des formes de vie politique, sociale et écon
3602
raire dans l’adoption bien trop rapide des formes
de
vie politique, sociale et économique, élaborées par l’Europe moderne.
3603
e politique, sociale et économique, élaborées par
l’
Europe moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-développée
3604
ées par l’Europe moderne. Résumons cela : je vois
l’
Asie du Sud, sous-développée, courir après l’exemple de la Chine, qui
3605
vois l’Asie du Sud, sous-développée, courir après
l’
exemple de la Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejo
3606
e du Sud, sous-développée, courir après l’exemple
de
la Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Am
3607
u Sud, sous-développée, courir après l’exemple de
la
Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Améri
3608
e, courir après l’exemple de la Chine, qui essaie
d’
imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Amérique, qui est une inve
3609
après l’exemple de la Chine, qui essaie d’imiter
la
Russie, laquelle veut rejoindre l’Amérique, qui est une invention de
3610
ssaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre
l’
Amérique, qui est une invention de l’Europe… z. Rougemont Denis de
3611
veut rejoindre l’Amérique, qui est une invention
de
l’Europe… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence
3612
ut rejoindre l’Amérique, qui est une invention de
l’
Europe… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence »,
3613
une invention de l’Europe… z. Rougemont Denis
de
, « Les prophètes de la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris,
3614
vention de l’Europe… z. Rougemont Denis de, «
Les
prophètes de la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 sep
3615
urope… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes
de
la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 septembre 1970,
3616
pe… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de
la
décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 septembre 1970, p.
3617
mont Denis de, « Les prophètes de la décadence »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 24 septembre 1970, p. 3. aa. Le texte
3618
littéraires, Paris, 24 septembre 1970, p. 3. aa.
Le
texte est précédé du chapeau suivant : « On sait quel Européen convai
3619
éen convaincu et militant est Denis de Rougemont.
L’
auteur de L’Amour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’Aven
3620
incu et militant est Denis de Rougemont. L’auteur
de
L’Amour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’Aventure occi
3621
et militant est Denis de Rougemont. L’auteur de
L’
Amour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’Aventure occident
3622
t est Denis de Rougemont. L’auteur de L’Amour et
l’
Occident , Penser avec les mains , de L’Aventure occidentale de l’ho
3623
L’Amour et l’Occident , Penser avec les mains ,
de
L’Aventure occidentale de l’homme , plaide une nouvelle fois pour le
3624
mour et l’Occident , Penser avec les mains , de
L’
Aventure occidentale de l’homme , plaide une nouvelle fois pour le Vie
3625
enser avec les mains , de L’Aventure occidentale
de
l’homme , plaide une nouvelle fois pour le Vieux Continent, dont il n
3626
er avec les mains , de L’Aventure occidentale de
l’
homme , plaide une nouvelle fois pour le Vieux Continent, dont il ne c
3627
entale de l’homme , plaide une nouvelle fois pour
le
Vieux Continent, dont il ne croit pas le destin achevé, en publiant c
3628
ois pour le Vieux Continent, dont il ne croit pas
le
destin achevé, en publiant chez Albin Michel une Lettre ouverte aux
3629
re ouverte aux Européens , qui prendra place dans
la
collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan. Dans cette Lettre , Denis
3630
ontre tout ce qui rapproche et tout ce qui divise
les
États de l’Europe ; il fixe également un programme pour les vingt ans
3631
de l’Europe ; il fixe également un programme pour
les
vingt ans à venir et nous met en garde, comme on va le voir, contre l
3632
ngt ans à venir et nous met en garde, comme on va
le
voir, contre les prophètes de la décadence avant de nous proposer des
3633
et nous met en garde, comme on va le voir, contre
les
prophètes de la décadence avant de nous proposer des candidats à la r
3634
garde, comme on va le voir, contre les prophètes
de
la décadence avant de nous proposer des candidats à la relève.
3635
rde, comme on va le voir, contre les prophètes de
la
décadence avant de nous proposer des candidats à la relève.
3636
décadence avant de nous proposer des candidats à
la
relève.
3637
Denis de Rougemont :
l’
amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougem
3638
Denis de Rougemont : l’amour et
l’
Europe en expert (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougemont, les de
3639
rt (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougemont,
les
deux grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et l’Europe. Quel éta
3640
ac Denis de Rougemont, les deux grands thèmes
de
votre vie ont été l’Amour et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemo
3641
mont, les deux grands thèmes de votre vie ont été
l’
Amour et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si
3642
eux grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et
l’
Europe. Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me di
3643
votre vie ont été l’Amour et l’Europe. Quel était
le
Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me disiez 17 ans et demi,
3644
our et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemont
de
ses 17 ans ? Si vous me disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge
3645
Si vous me disiez 17 ans et demi, je vous dirai :
l’
âge de mon premier article. J’étais au gymnase de ma ville natale, Neu
3646
s me disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge
de
mon premier article. J’étais au gymnase de ma ville natale, Neuchâtel
3647
l’âge de mon premier article. J’étais au gymnase
de
ma ville natale, Neuchâtel. Le trait caractéristique de cet endroit o
3648
J’étais au gymnase de ma ville natale, Neuchâtel.
Le
trait caractéristique de cet endroit où je suis né est d’être un carr
3649
ville natale, Neuchâtel. Le trait caractéristique
de
cet endroit où je suis né est d’être un carrefour, une petite princip
3650
caractéristique de cet endroit où je suis né est
d’
être un carrefour, une petite principauté placée entre les influences
3651
un carrefour, une petite principauté placée entre
les
influences françaises et allemandes, ce qui est très suisse, par défi
3652
ui est très suisse, par définition. 17 ans, c’est
le
moment où j’ai pris conscience que j’étais un littéraire. À cette épo
3653
is que des poèmes, persuadé que toute autre forme
de
littérature était inférieure et méprisable. En même temps je jouais a
3654
même temps je jouais au football. J’étais gardien
de
but. C’était pour moi le poste idéal car le gardien de but n’intervie
3655
ootball. J’étais gardien de but. C’était pour moi
le
poste idéal car le gardien de but n’intervient qu’aux moments de cris
3656
rdien de but. C’était pour moi le poste idéal car
le
gardien de but n’intervient qu’aux moments de crises, au sommet de l’
3657
t. C’était pour moi le poste idéal car le gardien
de
but n’intervient qu’aux moments de crises, au sommet de l’effort. Plu
3658
car le gardien de but n’intervient qu’aux moments
de
crises, au sommet de l’effort. Plus tard, j’ai appris que Montherlant
3659
n’intervient qu’aux moments de crises, au sommet
de
l’effort. Plus tard, j’ai appris que Montherlant et Albert Camus avai
3660
intervient qu’aux moments de crises, au sommet de
l’
effort. Plus tard, j’ai appris que Montherlant et Albert Camus avaient
3661
erlant et Albert Camus avaient aussi été gardiens
de
but. Comment avez-vous découvert l’Europe ? C’est entre 17 et 25 ans
3662
été gardiens de but. Comment avez-vous découvert
l’
Europe ? C’est entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu l’Europe.
3663
’est entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu
l’
Europe. Quand j’allais dans le Midi des troubadours, j’éprouvais un cu
3664
ai découvert un peu l’Europe. Quand j’allais dans
le
Midi des troubadours, j’éprouvais un curieux sentiment de reconnaissa
3665
des troubadours, j’éprouvais un curieux sentiment
de
reconnaissance. Quand je lisais les romans bretons je me sentais curi
3666
ieux sentiment de reconnaissance. Quand je lisais
les
romans bretons je me sentais curieusement chez moi. J’ai fini par com
3667
des ancêtres dans tous ces pays-là. Si je regarde
l’
ascendance de mon père, je m’aperçois qu’à la génération où nous avons
3668
dans tous ces pays-là. Si je regarde l’ascendance
de
mon père, je m’aperçois qu’à la génération où nous avons 64 ancêtres,
3669
arde l’ascendance de mon père, je m’aperçois qu’à
la
génération où nous avons 64 ancêtres, la sixième, il y a 28 Suisses n
3670
me, il y a 28 Suisses neuchâtelois et 36 ancêtres
de
Normandie ou du Midi, mais aussi quelques Allemands et plusieurs Holl
3671
luences qui se sont exercées sur notre petit coin
de
Suisse romande. Vous avez consacré de nombreuses et passionnantes pag
3672
petit coin de Suisse romande. Vous avez consacré
de
nombreuses et passionnantes pages à l’amour. Qu’est-ce que l’amour po
3673
z consacré de nombreuses et passionnantes pages à
l’
amour. Qu’est-ce que l’amour pour vous ? L’amour c’est tout. Pour moi
3674
s et passionnantes pages à l’amour. Qu’est-ce que
l’
amour pour vous ? L’amour c’est tout. Pour moi c’est plus spécialement
3675
ages à l’amour. Qu’est-ce que l’amour pour vous ?
L’
amour c’est tout. Pour moi c’est plus spécialement mon livre L’Amour
3676
tout. Pour moi c’est plus spécialement mon livre
L’
Amour et l’Occident . L’amour au sens de l’amour-passion que j’ai décr
3677
moi c’est plus spécialement mon livre L’Amour et
l’
Occident . L’amour au sens de l’amour-passion que j’ai décrit dans mon
3678
s spécialement mon livre L’Amour et l’Occident .
L’
amour au sens de l’amour-passion que j’ai décrit dans mon livre fut qu
3679
on livre L’Amour et l’Occident . L’amour au sens
de
l’amour-passion que j’ai décrit dans mon livre fut quelque chose de t
3680
livre L’Amour et l’Occident . L’amour au sens de
l’
amour-passion que j’ai décrit dans mon livre fut quelque chose de très
3681
que j’ai décrit dans mon livre fut quelque chose
de
très important dans ma vie. L’opposition entre l’amour-passion et le
3682
fut quelque chose de très important dans ma vie.
L’
opposition entre l’amour-passion et le mariage est au fond le sujet mê
3683
de très important dans ma vie. L’opposition entre
l’
amour-passion et le mariage est au fond le sujet même de ce livre. J’a
3684
ans ma vie. L’opposition entre l’amour-passion et
le
mariage est au fond le sujet même de ce livre. J’ai été entraîné à éc
3685
n entre l’amour-passion et le mariage est au fond
le
sujet même de ce livre. J’ai été entraîné à écrire cet ouvrage par to
3686
r-passion et le mariage est au fond le sujet même
de
ce livre. J’ai été entraîné à écrire cet ouvrage par toute une suite
3687
entraîné à écrire cet ouvrage par toute une suite
de
circonstances. La plus ancienne était un numéro de la revue Esprit
3688
cet ouvrage par toute une suite de circonstances.
La
plus ancienne était un numéro de la revue Esprit consacré à la femm
3689
e circonstances. La plus ancienne était un numéro
de
la revue Esprit consacré à la femme et l’amour aujourd’hui, et qui
3690
irconstances. La plus ancienne était un numéro de
la
revue Esprit consacré à la femme et l’amour aujourd’hui, et qui por
3691
e était un numéro de la revue Esprit consacré à
la
femme et l’amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : « La femme
3692
uméro de la revue Esprit consacré à la femme et
l’
amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : « La femme est aussi u
3693
amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : «
La
femme est aussi une personne ». Cela se passait en 1936 et Mounier s’
3694
é un précurseur. Il m’avait demandé une étude sur
l’
opposition qui paraissait éclatante entre l’amour dans le mythe de Tri
3695
e sur l’opposition qui paraissait éclatante entre
l’
amour dans le mythe de Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Ro
3696
ition qui paraissait éclatante entre l’amour dans
le
mythe de Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirig
3697
paraissait éclatante entre l’amour dans le mythe
de
Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la c
3698
latante entre l’amour dans le mythe de Tristan et
l’
amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la collection Prés
3699
l’amour dans le mythe de Tristan et l’amour dans
le
mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la collection Présence, chez Pl
3700
our dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait
la
collection Présence, chez Plon, ayant lu mon article me demanda si je
3701
e pour lui un petit livre en deux volets opposant
le
mythe de Tristan et l’amour dans le mariage. Et nous avons pris date.
3702
i un petit livre en deux volets opposant le mythe
de
Tristan et l’amour dans le mariage. Et nous avons pris date. Je devai
3703
re en deux volets opposant le mythe de Tristan et
l’
amour dans le mariage. Et nous avons pris date. Je devais lui donner m
3704
lets opposant le mythe de Tristan et l’amour dans
le
mariage. Et nous avons pris date. Je devais lui donner mon livre en f
3705
. Je devais lui donner mon livre en février 1938.
Le
mois de février arriva et je n’avais pas écrit une ligne. Je reçus un
3706
ais lui donner mon livre en février 1938. Le mois
de
février arriva et je n’avais pas écrit une ligne. Je reçus une lettre
3707
écrit une ligne. Je reçus une lettre recommandée
de
Daniel-Rops, que j’ouvris avec un peu d’anxiété. Il me disait : « Vou
3708
ommandée de Daniel-Rops, que j’ouvris avec un peu
d’
anxiété. Il me disait : « Voudriez-vous me rendre un grand service ? A
3709
ous me rendre un grand service ? Accepteriez-vous
de
céder le tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour
3710
ndre un grand service ? Accepteriez-vous de céder
le
tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autr
3711
e un grand service ? Accepteriez-vous de céder le
tour
de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autre, ca
3712
grand service ? Accepteriez-vous de céder le tour
de
parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autre, car j
3713
e ? Accepteriez-vous de céder le tour de parution
de
votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autre, car je dois publi
3714
our de parution de votre manuscrit, que j’attends
d’
un jour à l’autre, car je dois publier le plus tôt possible le manuscr
3715
’attends d’un jour à l’autre, car je dois publier
le
plus tôt possible le manuscrit d’un essai d’une grande actualité inti
3716
l’autre, car je dois publier le plus tôt possible
le
manuscrit d’un essai d’une grande actualité intitulé La France et son
3717
je dois publier le plus tôt possible le manuscrit
d’
un essai d’une grande actualité intitulé La France et son armée, et do
3718
lier le plus tôt possible le manuscrit d’un essai
d’
une grande actualité intitulé La France et son armée, et dont l’auteur
3719
uscrit d’un essai d’une grande actualité intitulé
La
France et son armée, et dont l’auteur est un jeune lieutenant-colonel
3720
ctualité intitulé La France et son armée, et dont
l’
auteur est un jeune lieutenant-colonel qui s’appelle Charles de Gaulle
3721
qui s’appelle Charles de Gaulle. » Ayant cédé mon
tour
, je me suis mis instantanément à mon livre, et j’ai terminé les 450 p
3722
s mis instantanément à mon livre, et j’ai terminé
les
450 pages en trois mois. Comme je l’ai écrit dans la préface, c’est u
3723
’ai terminé les 450 pages en trois mois. Comme je
l’
ai écrit dans la préface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois de
3724
450 pages en trois mois. Comme je l’ai écrit dans
la
préface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois de travail et tout
3725
réface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois
de
travail et toute la vie. J’étais devenu, hélas ! aux yeux de beaucoup
3726
re qui m’a demandé trois mois de travail et toute
la
vie. J’étais devenu, hélas ! aux yeux de beaucoup de gens dans beauco
3727
ucoup de gens dans beaucoup de pays un expert sur
les
choses de l’amour. Quand les gens me rencontraient ils me disaient :
3728
ns dans beaucoup de pays un expert sur les choses
de
l’amour. Quand les gens me rencontraient ils me disaient : « C’est vo
3729
dans beaucoup de pays un expert sur les choses de
l’
amour. Quand les gens me rencontraient ils me disaient : « C’est vous
3730
e pays un expert sur les choses de l’amour. Quand
les
gens me rencontraient ils me disaient : « C’est vous l’auteur de L’A
3731
s me rencontraient ils me disaient : « C’est vous
l’
auteur de L’Amour et l’Occident ? Je croyais que vous aviez une gran
3732
ontraient ils me disaient : « C’est vous l’auteur
de
L’Amour et l’Occident ? Je croyais que vous aviez une grande barbe
3733
aient ils me disaient : « C’est vous l’auteur de
L’
Amour et l’Occident ? Je croyais que vous aviez une grande barbe blan
3734
e disaient : « C’est vous l’auteur de L’Amour et
l’
Occident ? Je croyais que vous aviez une grande barbe blanche. » C’ét
3735
e votre livre a transformé ma vie ! »… Cette idée
d’
avoir transformé tant de vies m’a beaucoup impressionné. J’ai tâché de
3736
ant de vies m’a beaucoup impressionné. J’ai tâché
de
suivre un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui m’avaient
3737
’ai tâché de suivre un peu ce qui se passait dans
la
vie de ces gens qui m’avaient fait des confidences et je me suis aper
3738
hé de suivre un peu ce qui se passait dans la vie
de
ces gens qui m’avaient fait des confidences et je me suis aperçu que
3739
er avant de m’avoir lu puis qu’ils avaient décidé
de
ne pas divorcer, de s’en tenir à la dernière partie de mon livre. Mai
3740
lu puis qu’ils avaient décidé de ne pas divorcer,
de
s’en tenir à la dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en les
3741
pas divorcer, de s’en tenir à la dernière partie
de
mon livre. Mais voilà que, en les suivant un peu plus longtemps, je m
3742
dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en
les
suivant un peu plus longtemps, je m’aperçus qu’ils finissaient quand
3743
ssaient quand même par divorcer, c’est-à-dire que
l’
action de mon livre était généralement de retarder les divorces de que
3744
uand même par divorcer, c’est-à-dire que l’action
de
mon livre était généralement de retarder les divorces de quelques ann
3745
dire que l’action de mon livre était généralement
de
retarder les divorces de quelques années, ce qui provoquait pas mal d
3746
ction de mon livre était généralement de retarder
les
divorces de quelques années, ce qui provoquait pas mal de souffrances
3747
livre était généralement de retarder les divorces
de
quelques années, ce qui provoquait pas mal de souffrances, mais peut-
3748
ces de quelques années, ce qui provoquait pas mal
de
souffrances, mais peut-être aussi des prises de conscience fort utile
3749
l de souffrances, mais peut-être aussi des prises
de
conscience fort utiles. Mon premier mariage s’est terminé par un divo
3750
age s’est terminé par un divorce après mes années
d’
Amérique. C’est pourquoi dans la nouvelle édition qui a paru en 1954ae
3751
après mes années d’Amérique. C’est pourquoi dans
la
nouvelle édition qui a paru en 1954ae j’ai ajouté un long chapitre su
3752
a paru en 1954ae j’ai ajouté un long chapitre sur
le
divorce. Depuis lors je n’ai cas cessé de récrire ce livre. Mon deuxi
3753
tre sur le divorce. Depuis lors je n’ai cas cessé
de
récrire ce livre. Mon deuxième livre sur ce thème, Comme toi-même ,
3754
e thème, Comme toi-même , qui est édité en livre
de
poche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de
3755
e toi-même , qui est édité en livre de poche sous
le
titre Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de droits que je
3756
e , qui est édité en livre de poche sous le titre
Les
Mythes de l’amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en
3757
édité en livre de poche sous le titre Les Mythes
de
l’amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en laissais
3758
ité en livre de poche sous le titre Les Mythes de
l’
amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en laissais dan
3759
oche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne à
la
passion plus de droits que je ne lui en laissais dans mon premier liv
3760
re Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus
de
droits que je ne lui en laissais dans mon premier livre. Que pensez-v
3761
’hui ? Je continue à penser qu’il faudrait élever
les
gens dans une méfiance profonde de ce que représente la passion. C’es
3762
udrait élever les gens dans une méfiance profonde
de
ce que représente la passion. C’est au fond contre la vulgarisation d
3763
s dans une méfiance profonde de ce que représente
la
passion. C’est au fond contre la vulgarisation du mythe de Tristan qu
3764
e que représente la passion. C’est au fond contre
la
vulgarisation du mythe de Tristan que je m’élevais, surtout dans L’A
3765
n. C’est au fond contre la vulgarisation du mythe
de
Tristan que je m’élevais, surtout dans L’Amour et l’Occident , et no
3766
mythe de Tristan que je m’élevais, surtout dans
L’
Amour et l’Occident , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de
3767
ristan que je m’élevais, surtout dans L’Amour et
l’
Occident , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de sens de di
3768
t dans L’Amour et l’Occident , et non pas contre
le
mythe. Cela n’aurait pas de sens de dire que l’on est contre la passi
3769
t , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pas
de
sens de dire que l’on est contre la passion qui est l’une des choses
3770
on pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de sens
de
dire que l’on est contre la passion qui est l’une des choses glorieus
3771
e le mythe. Cela n’aurait pas de sens de dire que
l’
on est contre la passion qui est l’une des choses glorieuses qui peut
3772
n’aurait pas de sens de dire que l’on est contre
la
passion qui est l’une des choses glorieuses qui peut arriver à un hom
3773
l’une qu’il faut enseigner aux enfants, par tous
les
moyens possibles et qui mène au mariage solide, fait pour durer sinon
3774
ne au mariage solide, fait pour durer sinon toute
la
vie, du moins le plus longtemps possible ; au mariage conçu comme une
3775
ide, fait pour durer sinon toute la vie, du moins
le
plus longtemps possible ; au mariage conçu comme une œuvre d’art qui
3776
a lui imposera des disciplines. Ces sacrifices on
les
fait très joyeusement et consciemment parce que l’on sait que c’est l
3777
s fait très joyeusement et consciemment parce que
l’
on sait que c’est la condition de réussite de quelque chose de durable
3778
ent et consciemment parce que l’on sait que c’est
la
condition de réussite de quelque chose de durable. Si je fais un plai
3779
emment parce que l’on sait que c’est la condition
de
réussite de quelque chose de durable. Si je fais un plaidoyer pour la
3780
que l’on sait que c’est la condition de réussite
de
quelque chose de durable. Si je fais un plaidoyer pour la fidélité, c
3781
e c’est la condition de réussite de quelque chose
de
durable. Si je fais un plaidoyer pour la fidélité, ce n’est pas au no
3782
ue chose de durable. Si je fais un plaidoyer pour
la
fidélité, ce n’est pas au nom d’une morale puritaine, comme certains
3783
pas au nom d’une morale puritaine, comme certains
l’
ont cru, mais au nom d’une morale d’artiste. Tout homme est amené à êt
3784
omme certains l’ont cru, mais au nom d’une morale
d’
artiste. Tout homme est amené à être créateur d’une œuvre, ne fût-ce q
3785
e d’artiste. Tout homme est amené à être créateur
d’
une œuvre, ne fût-ce que de soi-même et surtout de son couple. Je pens
3786
amené à être créateur d’une œuvre, ne fût-ce que
de
soi-même et surtout de son couple. Je pense que c’est l’œuvre la plus
3787
d’une œuvre, ne fût-ce que de soi-même et surtout
de
son couple. Je pense que c’est l’œuvre la plus belle. Et la passion ?
3788
même et surtout de son couple. Je pense que c’est
l’
œuvre la plus belle. Et la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, m
3789
surtout de son couple. Je pense que c’est l’œuvre
la
plus belle. Et la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, mais je p
3790
ple. Je pense que c’est l’œuvre la plus belle. Et
la
passion ? La passion, je ne l’exclus pas, mais je pense qu’elle doit
3791
que c’est l’œuvre la plus belle. Et la passion ?
La
passion, je ne l’exclus pas, mais je pense qu’elle doit être réservée
3792
la plus belle. Et la passion ? La passion, je ne
l’
exclus pas, mais je pense qu’elle doit être réservée à de très rares p
3793
s pas, mais je pense qu’elle doit être réservée à
de
très rares personnes qui seront probablement le sel de la terre ou qu
3794
à de très rares personnes qui seront probablement
le
sel de la terre ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l
3795
ès rares personnes qui seront probablement le sel
de
la terre ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’Europe
3796
rares personnes qui seront probablement le sel de
la
terre ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’Europe. V
3797
qui seront quelquefois des criminels. Revenons à
l’
Europe. Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour j’
3798
à l’Europe. Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré
de
frontières… Un jour j’ai passé la frontière avec Robert Schuman en vo
3799
oltaire entouré de frontières… Un jour j’ai passé
la
frontière avec Robert Schuman en voiture et avec le photographe Pedra
3800
frontière avec Robert Schuman en voiture et avec
le
photographe Pedrazini qui faisait un reportage sur Robert Schuman che
3801
Centre européen de la culture à Genève. Arrivé à
la
frontière, le douanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’Eur
3802
en de la culture à Genève. Arrivé à la frontière,
le
douanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’Europe !… passez…
3803
douanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est
l’
Europe !… passez… » Le fait d’être obligé de passer une et souvent plu
3804
dmirable : « Ah ! ça, c’est l’Europe !… passez… »
Le
fait d’être obligé de passer une et souvent plusieurs fois par jour l
3805
: « Ah ! ça, c’est l’Europe !… passez… » Le fait
d’
être obligé de passer une et souvent plusieurs fois par jour la fronti
3806
c’est l’Europe !… passez… » Le fait d’être obligé
de
passer une et souvent plusieurs fois par jour la frontière est bien f
3807
de passer une et souvent plusieurs fois par jour
la
frontière est bien fait pour entretenir l’indignation continuelle que
3808
r jour la frontière est bien fait pour entretenir
l’
indignation continuelle que j’ai contre les frontières. Cette frontièr
3809
retenir l’indignation continuelle que j’ai contre
les
frontières. Cette frontière avait été à peu près supprimée par des tr
3810
u près supprimée par des traités qui repoussaient
le
cordon douanier derrière le Jura et faisaient de l’ensemble du pays d
3811
ités qui repoussaient le cordon douanier derrière
le
Jura et faisaient de l’ensemble du pays de Gex, Savoie et Genève, de
3812
le cordon douanier derrière le Jura et faisaient
de
l’ensemble du pays de Gex, Savoie et Genève, de nouveau une région na
3813
cordon douanier derrière le Jura et faisaient de
l’
ensemble du pays de Gex, Savoie et Genève, de nouveau une région natur
3814
rrière le Jura et faisaient de l’ensemble du pays
de
Gex, Savoie et Genève, de nouveau une région naturelle comme la géogr
3815
et Genève, de nouveau une région naturelle comme
la
géographie l’avait dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce d
3816
nouveau une région naturelle comme la géographie
l’
avait dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce de coup d’État,
3817
dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce
de
coup d’État, a décidé de porter à la frontière politique sa ligne de
3818
e. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce de coup
d’
État, a décidé de porter à la frontière politique sa ligne de douanier
3819
Poincaré, par une espèce de coup d’État, a décidé
de
porter à la frontière politique sa ligne de douaniers et il en a résu
3820
r une espèce de coup d’État, a décidé de porter à
la
frontière politique sa ligne de douaniers et il en a résulté que dans
3821
écidé de porter à la frontière politique sa ligne
de
douaniers et il en a résulté que dans la région que j’habite, qui est
3822
sa ligne de douaniers et il en a résulté que dans
la
région que j’habite, qui est prétendument zone franche, nous sommes e
3823
r me convaincre qu’on n’arrivera vraiment à faire
l’
Europe que sur la base des régions, régions recréées en dépit des fron
3824
u’on n’arrivera vraiment à faire l’Europe que sur
la
base des régions, régions recréées en dépit des frontières, par-dessu
3825
ions recréées en dépit des frontières, par-dessus
les
frontières, à travers les frontières. Mon slogan est celui-ci : « Les
3826
frontières, par-dessus les frontières, à travers
les
frontières. Mon slogan est celui-ci : « Les frontières sont faites po
3827
avers les frontières. Mon slogan est celui-ci : «
Les
frontières sont faites pour être transformées en écumoires. » Denis d
3828
» Denis de Rougemont, quelle est votre définition
de
la gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l
3829
enis de Rougemont, quelle est votre définition de
la
gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l’ac
3830
quelle est votre définition de la gloire ? C’est
le
salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l’accomplissement. C’e
3831
gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après
la
mort. C’est l’accomplissement. C’est un triomphal accord clamé à la f
3832
le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est
l’
accomplissement. C’est un triomphal accord clamé à la fin de la IXe Sy
3833
ccomplissement. C’est un triomphal accord clamé à
la
fin de la IXe Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout ho
3834
ssement. C’est un triomphal accord clamé à la fin
de
la IXe Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout homme a s
3835
ment. C’est un triomphal accord clamé à la fin de
la
IXe Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout homme a sent
3836
ue chose que probablement tout homme a senti dans
le
fond de soi-même comme l’achèvement. Cela n’a rien à voir avec la pub
3837
que probablement tout homme a senti dans le fond
de
soi-même comme l’achèvement. Cela n’a rien à voir avec la publicité.
3838
tout homme a senti dans le fond de soi-même comme
l’
achèvement. Cela n’a rien à voir avec la publicité. Ça peut être secre
3839
ême comme l’achèvement. Cela n’a rien à voir avec
la
publicité. Ça peut être secret. Je crois beaucoup à une notion secrè
3840
e secret. Je crois beaucoup à une notion secrète
de
la gloire. La gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas do
3841
ecret. Je crois beaucoup à une notion secrète de
la
gloire. La gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas donné
3842
crois beaucoup à une notion secrète de la gloire.
La
gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas donnée par le su
3843
rète de la gloire. La gloire n’est pas donnée par
la
foule, elle n’est pas donnée par le succès. C’est un sentiment d’épan
3844
as donnée par la foule, elle n’est pas donnée par
le
succès. C’est un sentiment d’épanouissement suprême, une floraison da
3845
’est pas donnée par le succès. C’est un sentiment
d’
épanouissement suprême, une floraison dans le ciel accompagnée d’une g
3846
ment d’épanouissement suprême, une floraison dans
le
ciel accompagnée d’une grande euphorie et d’un grand bonheur. Et votr
3847
t suprême, une floraison dans le ciel accompagnée
d’
une grande euphorie et d’un grand bonheur. Et votre définition de la m
3848
dans le ciel accompagnée d’une grande euphorie et
d’
un grand bonheur. Et votre définition de la mort ? Si un homme pouvait
3849
phorie et d’un grand bonheur. Et votre définition
de
la mort ? Si un homme pouvait penser complètement la mort, il mourrai
3850
rie et d’un grand bonheur. Et votre définition de
la
mort ? Si un homme pouvait penser complètement la mort, il mourrait à
3851
la mort ? Si un homme pouvait penser complètement
la
mort, il mourrait à cet instant-là. La mort c’est par essence l’incon
3852
mplètement la mort, il mourrait à cet instant-là.
La
mort c’est par essence l’inconcevable, donc c’est par essence quelque
3853
rrait à cet instant-là. La mort c’est par essence
l’
inconcevable, donc c’est par essence quelque chose dont on ne peut rie
3854
rien dire. J’ai des idées folles, comme beaucoup
d’
hommes, sur la mort, sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que
3855
ai des idées folles, comme beaucoup d’hommes, sur
la
mort, sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que l’immortalité
3856
folles, comme beaucoup d’hommes, sur la mort, sur
la
chronologie, si vous voulez. Je pense que l’immortalité n’est pas que
3857
sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que
l’
immortalité n’est pas quelque chose qui commence quand on est mort, ni
3858
lque chose qui commence quand on est mort, ni que
l’
âme sort par la bouche et va voleter on ne sait pas très bien où. Je m
3859
commence quand on est mort, ni que l’âme sort par
la
bouche et va voleter on ne sait pas très bien où. Je me dis que l’éte
3860
oleter on ne sait pas très bien où. Je me dis que
l’
éternité, l’immortalité, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui
3861
sait pas très bien où. Je me dis que l’éternité,
l’
immortalité, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui le pénètre
3862
é, l’immortalité, c’est quelque chose qui englobe
le
temps, qui le pénètre complètement et que nous y sommes déjà maintena
3863
té, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui
le
pénètre complètement et que nous y sommes déjà maintenant. Plutôt que
3864
et que nous y sommes déjà maintenant. Plutôt que
de
me demander ce que c’est que la mort, je m’interroge sur ce qu’est la
3865
enant. Plutôt que de me demander ce que c’est que
la
mort, je m’interroge sur ce qu’est la vie. Là, je peux dire quelque c
3866
e c’est que la mort, je m’interroge sur ce qu’est
la
vie. Là, je peux dire quelque chose : c’est un certain laps de temps
3867
e peux dire quelque chose : c’est un certain laps
de
temps pendant lequel une personne peut se constituer pour essayer de
3868
quel une personne peut se constituer pour essayer
de
découvrir sa vocation. Si elle découvre sa vocation, si elle la réali
3869
a vocation. Si elle découvre sa vocation, si elle
la
réalise plus ou moins bien, elle peut dire qu’elle a réussi sa vie et
3870
nne pas Dieu comme quelque chose dont chacun sait
de
quoi il s’agit, mais que j’insiste pour indiquer que nous nous trouvo
3871
vons devant un problème. J’ai écrit des centaines
de
pages de notes sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour l’esprit d’un
3872
nt un problème. J’ai écrit des centaines de pages
de
notes sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour l’esprit d’un homme du
3873
de notes sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour
l’
esprit d’un homme du xxe siècle, moi, par exemple. J’écris généraleme
3874
sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour l’esprit
d’
un homme du xxe siècle, moi, par exemple. J’écris généralement quelqu
3875
tout, mon incroyance, ma croyance, ma difficulté
de
croire, mon impossibilité de ne pas croire. Tout cela avec la plus gr
3876
yance, ma difficulté de croire, mon impossibilité
de
ne pas croire. Tout cela avec la plus grande précision dans le détail
3877
on impossibilité de ne pas croire. Tout cela avec
la
plus grande précision dans le détail, car il n’y a là que la précisio
3878
ire. Tout cela avec la plus grande précision dans
le
détail, car il n’y a là que la précision qui est intéressante ; en év
3879
nde précision dans le détail, car il n’y a là que
la
précision qui est intéressante ; en évitant tout ce qui peut avoir l’
3880
essante ; en évitant tout ce qui peut avoir l’air
de
faire croire aux gens que pour moi croire en Dieu est bien, ne pas y
3881
Pour être complètement sincère, j’éprouve autant
de
difficultés à ne pas croire en Dieu qu’à y croire, et ce n’est pas pe
3882
n’est pas peu dire. Cela veut peut-être dire que
le
problème est mal posé dans ma tête, ou dans mon existence. À quoi j’e
3883
s toujours finalement, c’est à ceci : Dieu, c’est
le
sens. S’il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de sens. Certains savants
3884
’est à ceci : Dieu, c’est le sens. S’il n’y a pas
de
Dieu, il n’y a pas de sens. Certains savants aujourd’hui disent qu’il
3885
est le sens. S’il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas
de
sens. Certains savants aujourd’hui disent qu’ils ne tiennent pas du t
3886
ui disent qu’ils ne tiennent pas du tout à ce que
le
monde ait un sens, à ce que notre vie ait un sens, à ce que l’humanit
3887
un sens, à ce que notre vie ait un sens, à ce que
l’
humanité ait un sens, puis ils finissent par vous faire un petit coupl
3888
uis ils finissent par vous faire un petit couplet
de
morale scientifique. On pourrait leur demander : Qu’est-ce que cela v
3889
emander : Qu’est-ce que cela veut dire pour vous,
la
vie, s’il n’y a aucun sens à rien ? Pourquoi ne me comporterais-je pa
3890
à rien ? Pourquoi ne me comporterais-je pas comme
le
surhomme de Nietzsche ? Au nom de quoi venez-vous me dire qu’il faut
3891
rquoi ne me comporterais-je pas comme le surhomme
de
Nietzsche ? Au nom de quoi venez-vous me dire qu’il faut être sociali
3892
ire qu’il faut être socialiste ou qu’il faut être
de
gauche ? Nous entrons dans l’arbitraire total. Si, au contraire, j’en
3893
ou qu’il faut être de gauche ? Nous entrons dans
l’
arbitraire total. Si, au contraire, j’entre dans le monde où Dieu exis
3894
’arbitraire total. Si, au contraire, j’entre dans
le
monde où Dieu existe, alors il y a un sens, il y a quelque chose qui
3895
alors il y a un sens, il y a quelque chose qui va
d’
un arrière à un avant. Si vous voulez, je pense que Dieu n’est pas une
3896
z, je pense que Dieu n’est pas une cause au début
de
tout mais qu’il est une cause finale de l’humanité, qu’il appelle le
3897
au début de tout mais qu’il est une cause finale
de
l’humanité, qu’il appelle le développement de l’homme. D’autre part,
3898
début de tout mais qu’il est une cause finale de
l’
humanité, qu’il appelle le développement de l’homme. D’autre part, je
3899
est une cause finale de l’humanité, qu’il appelle
le
développement de l’homme. D’autre part, je crois qu’il y a une grande
3900
ale de l’humanité, qu’il appelle le développement
de
l’homme. D’autre part, je crois qu’il y a une grande naïveté à discut
3901
de l’humanité, qu’il appelle le développement de
l’
homme. D’autre part, je crois qu’il y a une grande naïveté à discuter
3902
crois qu’il y a une grande naïveté à discuter sur
l’
existence ou la non-existence de Dieu étant donné que nous savons la p
3903
une grande naïveté à discuter sur l’existence ou
la
non-existence de Dieu étant donné que nous savons la place infime que
3904
té à discuter sur l’existence ou la non-existence
de
Dieu étant donné que nous savons la place infime que nous tenons dans
3905
non-existence de Dieu étant donné que nous savons
la
place infime que nous tenons dans l’univers. Je fais quelquefois cett
3906
nous savons la place infime que nous tenons dans
l’
univers. Je fais quelquefois cette comparaison un peu élémentaire, mai
3907
t bien ce qu’elle veut dire : comment une cellule
de
notre corps pourrait croire à l’existence de ce corps ? Elle n’a aucu
3908
ment une cellule de notre corps pourrait croire à
l’
existence de ce corps ? Elle n’a aucun moyen d’en prendre connaissance
3909
lule de notre corps pourrait croire à l’existence
de
ce corps ? Elle n’a aucun moyen d’en prendre connaissance. Elle peut
3910
à l’existence de ce corps ? Elle n’a aucun moyen
d’
en prendre connaissance. Elle peut savoir à peu près qu’elle fait part
3911
. Elle peut savoir à peu près qu’elle fait partie
d’
un organe, mais elle ne peut pas savoir que cet organe fait partie d’u
3912
lle ne peut pas savoir que cet organe fait partie
d’
un corps. Elle peut donc parfaitement nier l’existence du corps. ab.
3913
rtie d’un corps. Elle peut donc parfaitement nier
l’
existence du corps. ab. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour e
3914
nier l’existence du corps. ab. Rougemont Denis
de
, « [Entretien] L’amour et l’Europe en expert », Les Nouvelles littéra
3915
u corps. ab. Rougemont Denis de, « [Entretien]
L’
amour et l’Europe en expert », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 dé
3916
ab. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour et
l’
Europe en expert », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 décembre 1970
3917
e, « [Entretien] L’amour et l’Europe en expert »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 24 décembre 1970, p. 1 et 10. ac. Prop
3918
ens , nous ne trouvons pas seulement confirmation
de
l’idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du m
3919
, nous ne trouvons pas seulement confirmation de
l’
idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du mond
3920
ne trouvons pas seulement confirmation de l’idéal
de
toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du monde pourro
3921
ulement confirmation de l’idéal de toute sa vie ;
les
hommes qui demain auront la charge du monde pourront y puiser tout un
3922
al de toute sa vie ; les hommes qui demain auront
la
charge du monde pourront y puiser tout un programme politique inspiré
3923
y puiser tout un programme politique inspiré par
l’
idée d’union fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’apôtre de cette
3924
er tout un programme politique inspiré par l’idée
d’
union fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’apôtre de cette croisa
3925
e d’union fédérale. Denis de Rougemont s’est fait
l’
apôtre de cette croisade ; il n’est donc pas étonnant qu’on en réenten
3926
fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’apôtre
de
cette croisade ; il n’est donc pas étonnant qu’on en réentende l’écho
3927
e ; il n’est donc pas étonnant qu’on en réentende
l’
écho dans sa conversation avec Pierre Lhoste. » ad. Le texte auquel R
3928
o dans sa conversation avec Pierre Lhoste. » ad.
Le
texte auquel Rougemont fait référence, intitulé « La passion contre l
3929
texte auquel Rougemont fait référence, intitulé «
La
passion contre le mariage », est paru en septembre 1938, et non en 19
3930
mont fait référence, intitulé « La passion contre
le
mariage », est paru en septembre 1938, et non en 1936. ae. La deuxiè
3931
re 1938, et non en 1936. ae. La deuxième édition
de
L’Amour et l’Occident date en fait de 1956.
3932
1938, et non en 1936. ae. La deuxième édition de
L’
Amour et l’Occident date en fait de 1956.
3933
n en 1936. ae. La deuxième édition de L’Amour et
l’
Occident date en fait de 1956.
3934
me édition de L’Amour et l’Occident date en fait
de
1956.
3935
De
l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’
3936
De
l’
unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’uni
3937
De l’unité
de
culture à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’
3938
De l’unité de culture à
l’
union politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’Europe ne se
3939
e à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag
L’
unité de l’Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des i
3940
ion politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité
de
l’Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des instituti
3941
politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de
l’
Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions
3942
s institutions européennes ; leur création suivra
le
cheminement des esprits. Robert Schuman Il nous faut faire l’Europe
3943
des esprits. Robert Schuman Il nous faut faire
l’
Europe afin de rester nous-mêmes, disons pour aller vite : ni moujiks
3944
acune trop petite pour se défendre seule, n’a pas
la
moindre chance de résister d’une part à la colonisation idéologique e
3945
pour se défendre seule, n’a pas la moindre chance
de
résister d’une part à la colonisation idéologique et militaire par le
3946
’a pas la moindre chance de résister d’une part à
la
colonisation idéologique et militaire par les Russes — je songe aux p
3947
rt à la colonisation idéologique et militaire par
les
Russes — je songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à la colo
3948
e et militaire par les Russes — je songe aux pays
de
l’Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et
3949
t militaire par les Russes — je songe aux pays de
l’
Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et de
3950
songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à
la
colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Am
3951
e l’Est européen — d’autre part à la colonisation
de
notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l
3952
autre part à la colonisation de notre économie et
de
nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jam
3953
de notre économie et de nos coutumes sociales par
les
Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais se faire que selon la form
3954
de nos coutumes sociales par les Américains. Mais
l’
Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, res
3955
Mais l’Europe ne pourra jamais se faire que selon
la
formule fédéraliste, respectueuse des diversités de tous ordres et de
3956
formule fédéraliste, respectueuse des diversités
de
tous ordres et des autonomies régionales. Une Europe unifiée et unifo
3957
pe unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé
de
la faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas, l’expérience sécula
3958
unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé de
la
faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas, l’expérience séculaire
3959
ont essayé de la faire : Napoléon et Hitler. Dans
les
deux cas, l’expérience séculaire ou millénaire qu’ils prétendaient in
3960
la faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas,
l’
expérience séculaire ou millénaire qu’ils prétendaient inaugurer n’a d
3961
n’a duré que dix à douze ans. Or il se trouve que
la
formule fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’Europe, est e
3962
ule fédéraliste, seule pratiquement possible pour
l’
Europe, est en même temps la seule qui corresponde aux réalités de la
3963
quement possible pour l’Europe, est en même temps
la
seule qui corresponde aux réalités de la culture européenne, aux cond
3964
même temps la seule qui corresponde aux réalités
de
la culture européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle
3965
me temps la seule qui corresponde aux réalités de
la
culture européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle ma
3966
réalités de la culture européenne, aux conditions
de
sa vitalité. Mais l’obstacle majeur que l’on dresse sans relâche cont
3967
e européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais
l’
obstacle majeur que l’on dresse sans relâche contre toute union fédéra
3968
itions de sa vitalité. Mais l’obstacle majeur que
l’
on dresse sans relâche contre toute union fédérale, c’est l’État natio
3969
e sans relâche contre toute union fédérale, c’est
l’
État national de type xixe siècle, jacobin et napoléonien, copié par
3970
ontre toute union fédérale, c’est l’État national
de
type xixe siècle, jacobin et napoléonien, copié par plus de cent pay
3971
e siècle, jacobin et napoléonien, copié par plus
de
cent pays dans le monde entier, l’État-nation à souveraineté théoriqu
3972
et napoléonien, copié par plus de cent pays dans
le
monde entier, l’État-nation à souveraineté théoriquement illimitée, s
3973
copié par plus de cent pays dans le monde entier,
l’
État-nation à souveraineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais
3974
et obstacle politique, en retour, est fomenté par
la
culture. Car ce sont bien des faits de culture : l’école, aux trois d
3975
omenté par la culture. Car ce sont bien des faits
de
culture : l’école, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous
3976
culture. Car ce sont bien des faits de culture :
l’
école, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous font croire,
3977
des faits de culture : l’école, aux trois degrés,
la
presse, les livres, qui nous font croire, depuis plusieurs génération
3978
e culture : l’école, aux trois degrés, la presse,
les
livres, qui nous font croire, depuis plusieurs générations de bons él
3979
ui nous font croire, depuis plusieurs générations
de
bons élèves et de maîtres eux-mêmes trop crédules, que l’État nationa
3980
e, depuis plusieurs générations de bons élèves et
de
maîtres eux-mêmes trop crédules, que l’État national centralisé et ab
3981
élèves et de maîtres eux-mêmes trop crédules, que
l’
État national centralisé et absolument souverain est l’aboutissement n
3982
t national centralisé et absolument souverain est
l’
aboutissement nécessaire, inévitable et naturel de toute l’évolution h
3983
l’aboutissement nécessaire, inévitable et naturel
de
toute l’évolution humaine. L’école, surtout secondaire, apprend depui
3984
sement nécessaire, inévitable et naturel de toute
l’
évolution humaine. L’école, surtout secondaire, apprend depuis un sièc
3985
évitable et naturel de toute l’évolution humaine.
L’
école, surtout secondaire, apprend depuis un siècle aux jeunes Europée
3986
re, apprend depuis un siècle aux jeunes Européens
de
nos divers pays — contre toute évidence historique — que leur nation
3987
immortelle, ce qui suggère qu’elle aurait existé
de
toute éternité ; alors qu’en vérité, pour la plupart, en tant qu’État
3988
t en moyenne, nos nations n’ont même pas cent ans
d’
âge. Seules la France, l’Angleterre et l’Espagne comptent plusieurs si
3989
nos nations n’ont même pas cent ans d’âge. Seules
la
France, l’Angleterre et l’Espagne comptent plusieurs siècles. Même si
3990
n’ont même pas cent ans d’âge. Seules la France,
l’
Angleterre et l’Espagne comptent plusieurs siècles. Même si l’on peut
3991
cent ans d’âge. Seules la France, l’Angleterre et
l’
Espagne comptent plusieurs siècles. Même si l’on peut admettre qu’un É
3992
et l’Espagne comptent plusieurs siècles. Même si
l’
on peut admettre qu’un État français existe réellement depuis Philippe
3993
is Philippe le Bel, il est absolument certain que
l’
Italie comme État n’a que cent-dix ans, l’Allemagne cent ans, la Norvè
3994
ain que l’Italie comme État n’a que cent-dix ans,
l’
Allemagne cent ans, la Norvège soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yo
3995
État n’a que cent-dix ans, l’Allemagne cent ans,
la
Norvège soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie,
3996
s, l’Allemagne cent ans, la Norvège soixante-six,
la
Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-tro
3997
ans, la Norvège soixante-six, la Tchécoslovaquie,
la
Yougoslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-trois, la jeune Islande
3998
soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie,
la
Hongrie, la Pologne cinquante-trois, la jeune Islande vingt-sept, et
3999
, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie,
la
Pologne cinquante-trois, la jeune Islande vingt-sept, et Malte, dix.
4000
goslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-trois,
la
jeune Islande vingt-sept, et Malte, dix. L’école nous a raconté que c
4001
rois, la jeune Islande vingt-sept, et Malte, dix.
L’
école nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une
4002
et Malte, dix. L’école nous a raconté que chacun
de
nos États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensembl
4003
que défini par des frontières naturelles. Et nous
l’
avons cru ! Or tout est faux dans cet enseignement. Il n’y a pas de
4004
ut est faux dans cet enseignement. Il n’y a pas
de
cultures nationales La culture européenne n’est pas la somme de vi
4005
gnement. Il n’y a pas de cultures nationales
La
culture européenne n’est pas la somme de vingt-cinq cultures national
4006
res nationales La culture européenne n’est pas
la
somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle existait bien av
4007
nales La culture européenne n’est pas la somme
de
vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle existait bien avant la fo
4008
tures nationales, puisqu’elle existait bien avant
la
formation, récente nous venons de le voir, de nos États-nations. Le m
4009
t bien avant la formation, récente nous venons de
le
voir, de nos États-nations. Le mot nation, natio en latin, désignait
4010
ant la formation, récente nous venons de le voir,
de
nos États-nations. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen
4011
nte nous venons de le voir, de nos États-nations.
Le
mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans une ville un
4012
gnait au Moyen Âge, dans une ville universitaire,
les
colonies d’étudiants venus d’une même région d’Europe et parlant entr
4013
n Âge, dans une ville universitaire, les colonies
d’
étudiants venus d’une même région d’Europe et parlant entre eux la mêm
4014
lle universitaire, les colonies d’étudiants venus
d’
une même région d’Europe et parlant entre eux la même langue : nation
4015
les colonies d’étudiants venus d’une même région
d’
Europe et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation f
4016
s d’une même région d’Europe et parlant entre eux
la
même langue : nation anglaise, nation flamande, nation italienne, c’é
4017
ns nationales dans une cité universitaire. Mais à
l’
Université même, on ne parlait qu’en latin. C’est ainsi qu’à la Sorbon
4018
même, on ne parlait qu’en latin. C’est ainsi qu’à
la
Sorbonne, vers 1270 — comme me le faisait observer un jour Étienne Gi
4019
’est ainsi qu’à la Sorbonne, vers 1270 — comme me
le
faisait observer un jour Étienne Gilson — pas un seul des grands prof
4020
ait une grande culture commune, bien antérieure à
l’
idée même d’État-nation. Mais dira-t-on, le mot « nation » désignait,
4021
de culture commune, bien antérieure à l’idée même
d’
État-nation. Mais dira-t-on, le mot « nation » désignait, dès ce temps
4022
eure à l’idée même d’État-nation. Mais dira-t-on,
le
mot « nation » désignait, dès ce temps, ceux qui parlaient même langu
4023
t même langue ? Oui, mais il n’était pas question
de
les enfermer pour autant dans les frontières d’un même État. D’ailleu
4024
ême langue ? Oui, mais il n’était pas question de
les
enfermer pour autant dans les frontières d’un même État. D’ailleurs,
4025
ait pas question de les enfermer pour autant dans
les
frontières d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos État
4026
n de les enfermer pour autant dans les frontières
d’
un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos États-nations mode
4027
ai que nos États-nations modernes correspondent à
l’
aire de diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit langu
4028
nos États-nations modernes correspondent à l’aire
de
diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit langues à l’
4029
ions modernes correspondent à l’aire de diffusion
d’
une langue. Prenez la France : on parle huit langues à l’intérieur de
4030
ondent à l’aire de diffusion d’une langue. Prenez
la
France : on parle huit langues à l’intérieur de ses frontières actuel
4031
actuelles ; breton et flamand au nord, allemand à
l’
est, basque, occitan, catalan et italien au sud, et naturellement le f
4032
itan, catalan et italien au sud, et naturellement
le
français, imposé comme seule langue officielle dès 1539 par l’édit de
4033
imposé comme seule langue officielle dès 1539 par
l’
édit de Villers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer la Wallo
4034
comme seule langue officielle dès 1539 par l’édit
de
Villers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer la Wallonie, la
4035
elle dès 1539 par l’édit de Villers-Cotterêts. Si
la
France entendait revendiquer la Wallonie, la Suisse romande et le Val
4036
ers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer
la
Wallonie, la Suisse romande et le Val d’Aoste au nom de l’unité lingu
4037
. Si la France entendait revendiquer la Wallonie,
la
Suisse romande et le Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle
4038
ait revendiquer la Wallonie, la Suisse romande et
le
Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, p
4039
endiquer la Wallonie, la Suisse romande et le Val
d’
Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le
4040
ie, la Suisse romande et le Val d’Aoste au nom de
l’
unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de prè
4041
’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour
le
même motif, de près de la moitié de ses territoires actuels. Prenez l
4042
ique, elle devrait s’amputer, pour le même motif,
de
près de la moitié de ses territoires actuels. Prenez la langue allema
4043
devrait s’amputer, pour le même motif, de près de
la
moitié de ses territoires actuels. Prenez la langue allemande : si el
4044
amputer, pour le même motif, de près de la moitié
de
ses territoires actuels. Prenez la langue allemande : si elle devait
4045
s de la moitié de ses territoires actuels. Prenez
la
langue allemande : si elle devait coïncider avec un État-nation, il f
4046
ncider avec un État-nation, il faudrait annexer à
la
République fédérale outre l’Allemagne de l’Est, la Suisse alémanique,
4047
l faudrait annexer à la République fédérale outre
l’
Allemagne de l’Est, la Suisse alémanique, les Sudètes, les minorités g
4048
a République fédérale outre l’Allemagne de l’Est,
la
Suisse alémanique, les Sudètes, les minorités germanophones de la Bel
4049
outre l’Allemagne de l’Est, la Suisse alémanique,
les
Sudètes, les minorités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de
4050
agne de l’Est, la Suisse alémanique, les Sudètes,
les
minorités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvan
4051
manique, les Sudètes, les minorités germanophones
de
la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la P
4052
ique, les Sudètes, les minorités germanophones de
la
Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Polo
4053
ètes, les minorités germanophones de la Belgique,
de
l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays
4054
s, les minorités germanophones de la Belgique, de
l’
Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays ba
4055
orités germanophones de la Belgique, de l’Alsace,
de
la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de
4056
tés germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de
la
Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la
4057
de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie,
de
la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’obje
4058
la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de
la
Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte
4059
de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie,
de
la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte souvent que
4060
l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de
la
Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte souvent que nos
4061
de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et
de
la Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes
4062
la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de
la
Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes pou
4063
arsovie et Madrid. C’est oublier que toutes (sauf
le
basque et le finno-ougrien) sont étroitement apparentées. Alors qu’en
4064
drid. C’est oublier que toutes (sauf le basque et
le
finno-ougrien) sont étroitement apparentées. Alors qu’en Chine on par
4065
on parle quatorze langues radicalement étrangères
les
unes aux autres, si bien que les Chinois de provinces différentes ne
4066
ement étrangères les unes aux autres, si bien que
les
Chinois de provinces différentes ne peuvent communiquer entre eux qu’
4067
ères les unes aux autres, si bien que les Chinois
de
provinces différentes ne peuvent communiquer entre eux qu’au moyen d’
4068
ntes ne peuvent communiquer entre eux qu’au moyen
d’
idéogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouv
4069
entre eux qu’au moyen d’idéogrammes dessinés dans
la
paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans leurs la
4070
qu’au moyen d’idéogrammes dessinés dans la paume
de
leur main, les Européens retrouvent sans peine dans leurs langues non
4071
’idéogrammes dessinés dans la paume de leur main,
les
Européens retrouvent sans peine dans leurs langues non seulement les
4072
uvent sans peine dans leurs langues non seulement
les
formes et les mots dérivés de leur commune origine indo-européenne, m
4073
ne dans leurs langues non seulement les formes et
les
mots dérivés de leur commune origine indo-européenne, mais encore tou
4074
gues non seulement les formes et les mots dérivés
de
leur commune origine indo-européenne, mais encore tout ce que leur hi
4075
ires romaines, notions théologiques diffusées par
l’
Église du Moyen Âge, notions scientifiques et techniques aujourd’hui,
4076
niques aujourd’hui, à quoi viennent se superposer
les
influences dominantes de l’italien à la fin du Moyen Âge, du français
4077
viennent se superposer les influences dominantes
de
l’italien à la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’
4078
ennent se superposer les influences dominantes de
l’
italien à la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’all
4079
perposer les influences dominantes de l’italien à
la
fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’allemand des ph
4080
fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle,
de
l’allemand des philosophes et des savants au xixe , et de l’anglo-amé
4081
n du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de
l’
allemand des philosophes et des savants au xixe , et de l’anglo-améric
4082
emand des philosophes et des savants au xixe , et
de
l’anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhic
4083
nd des philosophes et des savants au xixe , et de
l’
anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé
4084
et des savants au xixe , et de l’anglo-américain
de
nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclé
4085
s au xixe , et de l’anglo-américain de nos jours.
Le
mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclésiastique, se
4086
urs. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par
l’
usage ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : é
4087
de même des termes militaires comme « canon », et
de
tous les termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique,
4088
des termes militaires comme « canon », et de tous
les
termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes no
4089
« canon », et de tous les termes techniques. Vues
de
loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent co
4090
, et de tous les termes techniques. Vues de loin,
de
l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des s
4091
t de tous les termes techniques. Vues de loin, de
l’
Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœur
4092
les termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou
de
l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de
4093
termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de
l’
Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loi
4094
s nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue
de
loin, l’unité culturelle de l’Europe est un fait que personne ne cont
4095
gues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin,
l’
unité culturelle de l’Europe est un fait que personne ne conteste. Enf
4096
comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle
de
l’Europe est un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a l’affair
4097
mme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de
l’
Europe est un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a l’affaire d
4098
t un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a
l’
affaire des frontières naturelles, chères à l’école. Cette notion pren
4099
y a l’affaire des frontières naturelles, chères à
l’
école. Cette notion prend son origine sous Louis XIV, dans les guerres
4100
tte notion prend son origine sous Louis XIV, dans
les
guerres contre l’Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a é
4101
n origine sous Louis XIV, dans les guerres contre
l’
Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme p
4102
s Louis XIV, dans les guerres contre l’Espagne et
les
Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme par la Révoluti
4103
es au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme par
la
Révolution française, et elle a triomphé dans l’enseignement de la gé
4104
la Révolution française, et elle a triomphé dans
l’
enseignement de la géographie au xixe , là encore contre toute évidenc
4105
française, et elle a triomphé dans l’enseignement
de
la géographie au xixe , là encore contre toute évidence, mais au serv
4106
nçaise, et elle a triomphé dans l’enseignement de
la
géographie au xixe , là encore contre toute évidence, mais au service
4107
core contre toute évidence, mais au service dévot
de
l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare l
4108
e contre toute évidence, mais au service dévot de
l’
État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les
4109
tat-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que
le
Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, all
4110
st ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare
les
peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, allez savoir pourqu
4111
on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples
de
ses rives, mais que le Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De mêm
4112
le Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que
le
Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées séparen
4113
épare les peuples de ses rives, mais que le Rhône
les
unit, allez savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées séparent l’Espagn
4114
Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De même,
les
Pyrénées séparent l’Espagne de la France, voilà qui est clair, à cond
4115
savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées séparent
l’
Espagne de la France, voilà qui est clair, à condition qu’un esprit fo
4116
rit fort (ou un naïf) ne vienne pas remarquer que
l’
on trouve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux vers
4117
n naïf) ne vienne pas remarquer que l’on trouve à
l’
est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et les m
4118
) ne vienne pas remarquer que l’on trouve à l’est
de
cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et les mêmes B
4119
remarquer que l’on trouve à l’est de cette chaîne
les
mêmes Catalans sur les deux versants, et les mêmes Basques à l’ouest.
4120
ve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur
les
deux versants, et les mêmes Basques à l’ouest. Quant aux Alpes, chacu
4121
aîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et
les
mêmes Basques à l’ouest. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’on
4122
ans sur les deux versants, et les mêmes Basques à
l’
ouest. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’on y parle italien des
4123
des deux côtés au sud, français des deux côtés à
la
hauteur des vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’allemand
4124
ôtés à la hauteur des vallées vaudoises et du Val
d’
Aoste, plus loin l’allemand, puis le ladin, puis de nouveau l’allemand
4125
es vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin
l’
allemand, puis le ladin, puis de nouveau l’allemand, toujours des deux
4126
ses et du Val d’Aoste, plus loin l’allemand, puis
le
ladin, puis de nouveau l’allemand, toujours des deux côtés. Et la Sui
4127
s loin l’allemand, puis le ladin, puis de nouveau
l’
allemand, toujours des deux côtés. Et la Suisse est née du Gothard, au
4128
e nouveau l’allemand, toujours des deux côtés. Et
la
Suisse est née du Gothard, au cœur des Alpes. L’unité et les vraie
4129
Suisse est née du Gothard, au cœur des Alpes.
L’
unité et les vraies diversités La vérité qu’on nous cachait, c’est
4130
née du Gothard, au cœur des Alpes. L’unité et
les
vraies diversités La vérité qu’on nous cachait, c’est que la cultu
4131
des Alpes. L’unité et les vraies diversités
La
vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples e
4132
rsités La vérité qu’on nous cachait, c’est que
la
culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions
4133
a vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture
de
tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa ge
4134
lture de tous nos peuples est une, quoique tissée
de
contradictions dans sa genèse même, qu’elle s’est formée à partir d’i
4135
ans sa genèse même, qu’elle s’est formée à partir
d’
influences indo-européennes, gréco-latines, celtes et germaniques, ara
4136
es et slaves, souvent incompatibles entre elles —
de
là le caractère essentiellement contestataire de son génie — mais qui
4137
slaves, souvent incompatibles entre elles — de là
le
caractère essentiellement contestataire de son génie — mais qui nous
4138
de là le caractère essentiellement contestataire
de
son génie — mais qui nous ont tous affectés à doses variables, et qui
4139
et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous
le
sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les gran
4140
non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes
les
grandes écoles d’art, d’architecture, de musique, de philosophie, de
4141
ns « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles
d’
art, d’architecture, de musique, de philosophie, de littérature et de
4142
ltivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art,
d’
architecture, de musique, de philosophie, de littérature et de doctrin
4143
Toutes les grandes écoles d’art, d’architecture,
de
musique, de philosophie, de littérature et de doctrine sociologique o
4144
grandes écoles d’art, d’architecture, de musique,
de
philosophie, de littérature et de doctrine sociologique ou politique,
4145
’art, d’architecture, de musique, de philosophie,
de
littérature et de doctrine sociologique ou politique, ont été paneuro
4146
re, de musique, de philosophie, de littérature et
de
doctrine sociologique ou politique, ont été paneuropéennes, et non pa
4147
e, ont été paneuropéennes, et non pas nationales.
Les
grands courants européens, les grandes écoles d’art et de pensée : c’
4148
on pas nationales. Les grands courants européens,
les
grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture co
4149
Les grands courants européens, les grandes écoles
d’
art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en
4150
s courants européens, les grandes écoles d’art et
de
pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de
4151
ns, les grandes écoles d’art et de pensée : c’est
l’
unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités ta
4152
grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité
de
notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vanté
4153
unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il
de
nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme le
4154
nt vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme
le
disent trop souvent d’éloquents ministres à Bruxelles ou à Strasbourg
4155
titre ? Est-il vrai, comme le disent trop souvent
d’
éloquents ministres à Bruxelles ou à Strasbourg, que ces « précieuses
4156
rg, que ces « précieuses diversités » sont celles
de
nos nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifi
4157
dessus deux observations faciles à vérifier. Non,
les
frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont a
4158
ervations faciles à vérifier. Non, les frontières
de
nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles e
4159
». Elles sont accidentelles et arbitraires comme
les
conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elle
4160
conflits armés dont elles figurent sur nos atlas
les
cicatrices. Elles sont encore, disait un historien français, le résul
4161
Elles sont encore, disait un historien français,
le
résultat des « viols répétés de la géographie par l’histoire », comme
4162
storien français, le résultat des « viols répétés
de
la géographie par l’histoire », comme je le vois tous les jours autou
4163
rien français, le résultat des « viols répétés de
la
géographie par l’histoire », comme je le vois tous les jours autour d
4164
résultat des « viols répétés de la géographie par
l’
histoire », comme je le vois tous les jours autour de Genève, en trave
4165
pétés de la géographie par l’histoire », comme je
le
vois tous les jours autour de Genève, en traversant cette frontière q
4166
éographie par l’histoire », comme je le vois tous
les
jours autour de Genève, en traversant cette frontière qui ne rime à r
4167
ert à rien, ne protège contre rien, n’arrête rien
de
ce qu’il faudrait arrêter — tempêtes, épidémies, pollution de l’air e
4168
faudrait arrêter — tempêtes, épidémies, pollution
de
l’air et de l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir
4169
drait arrêter — tempêtes, épidémies, pollution de
l’
air et de l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et
4170
êter — tempêtes, épidémies, pollution de l’air et
de
l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et vexe tout
4171
r — tempêtes, épidémies, pollution de l’air et de
l’
eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et vexe tout le
4172
émies, pollution de l’air et de l’eau — mais gêne
les
échanges qu’il faudrait promouvoir et vexe tout le monde ; beau symbo
4173
t promouvoir et vexe tout le monde ; beau symbole
de
la souveraineté stato-nationale, qui ne peut plus avoir d’effets que
4174
romouvoir et vexe tout le monde ; beau symbole de
la
souveraineté stato-nationale, qui ne peut plus avoir d’effets que nég
4175
veraineté stato-nationale, qui ne peut plus avoir
d’
effets que négatifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle de n
4176
avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant
l’
Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l
4177
ifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle
de
nations en teintes pâles, et la culture de l’Europe comme une additio
4178
e comme un puzzle de nations en teintes pâles, et
la
culture de l’Europe comme une addition de prétendues « cultures natio
4179
puzzle de nations en teintes pâles, et la culture
de
l’Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales », le
4180
zle de nations en teintes pâles, et la culture de
l’
Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales », les m
4181
les, et la culture de l’Europe comme une addition
de
prétendues « cultures nationales », les manuels de notre enfance non
4182
e addition de prétendues « cultures nationales »,
les
manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pi
4183
e prétendues « cultures nationales », les manuels
de
notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvin
4184
tre enfance non seulement se trouvaient justifier
les
pires chauvinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’Europe a
4185
vaient justifier les pires chauvinismes, fauteurs
de
deux guerres mondiales où l’Europe a failli périr, mais encore ils fa
4186
auvinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où
l’
Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’hi
4187
li périr, mais encore ils faussaient notre vision
de
l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pa
4188
périr, mais encore ils faussaient notre vision de
l’
histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays
4189
core ils faussaient notre vision de l’histoire et
le
sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et u
4190
saient notre vision de l’histoire et le sens même
de
la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans
4191
ent notre vision de l’histoire et le sens même de
la
vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans ch
4192
re vision de l’histoire et le sens même de la vie
de
l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans chacun vo
4193
vision de l’histoire et le sens même de la vie de
l’
esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans chacun vous
4194
et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun
de
nos pays a un nord et un midi : dans chacun vous trouverez des croyan
4195
uverez des croyants et des incroyants, des hommes
de
gauche et des hommes de droite, des romantiques et des classiques, de
4196
es incroyants, des hommes de gauche et des hommes
de
droite, des romantiques et des classiques, des progressistes et des c
4197
Or, je mets en fait que dans la plupart des cas,
les
libéraux de pays différents se ressemblent davantage et s’entendront
4198
en fait que dans la plupart des cas, les libéraux
de
pays différents se ressemblent davantage et s’entendront mieux entre
4199
ndront mieux entre eux qu’ils ne s’entendent avec
les
fanatiques de leur propre nation ; que les hippies d’un pays s’accord
4200
tre eux qu’ils ne s’entendent avec les fanatiques
de
leur propre nation ; que les hippies d’un pays s’accorderont mieux av
4201
t avec les fanatiques de leur propre nation ; que
les
hippies d’un pays s’accorderont mieux avec ceux de n’importe où qu’av
4202
anatiques de leur propre nation ; que les hippies
d’
un pays s’accorderont mieux avec ceux de n’importe où qu’avec les conf
4203
s hippies d’un pays s’accorderont mieux avec ceux
de
n’importe où qu’avec les conformistes de leur propre nation, etc. Ce
4204
corderont mieux avec ceux de n’importe où qu’avec
les
conformistes de leur propre nation, etc. Ce ne sont pas nos appartena
4205
vec ceux de n’importe où qu’avec les conformistes
de
leur propre nation, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales
4206
s nationales qui nous diversifient vraiment, mais
les
écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nationa
4207
s qui nous diversifient vraiment, mais les écoles
de
pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nationales, vous
4208
diversifient vraiment, mais les écoles de pensée,
les
styles de vie. Supprimez les frontières nationales, vous n’appauvrire
4209
t vraiment, mais les écoles de pensée, les styles
de
vie. Supprimez les frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien
4210
es écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez
les
frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’Europe. 2° La cré
4211
frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien
l’
Europe. 2° La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et
4212
tionales, vous n’appauvrirez en rien l’Europe. 2°
La
création culturelle en Europe est d’autant plus riche et plus intense
4213
l’Europe. 2° La création culturelle en Europe est
d’
autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée et que
4214
yers sont plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers
de
création sont les universités, à la Renaissance les cités du Nord de
4215
mbreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont
les
universités, à la Renaissance les cités du Nord de l’Italie, des Flan
4216
e, ces foyers de création sont les universités, à
la
Renaissance les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgo
4217
e création sont les universités, à la Renaissance
les
cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhé
4218
ance les cités du Nord de l’Italie, des Flandres,
de
la Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sa
4219
e les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de
la
Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait
4220
ord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et
de
la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait le rôle merveill
4221
de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de
la
Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait le rôle merveilleus
4222
e la Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et
de
la Castille. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites vi
4223
a Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de
la
Castille. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites ville
4224
Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait
le
rôle merveilleusement fécondant de petites villes comme Tubingue, Ién
4225
tille. On sait le rôle merveilleusement fécondant
de
petites villes comme Tubingue, Iéna, Weimar ou Dresde dans les Allema
4226
illes comme Tubingue, Iéna, Weimar ou Dresde dans
les
Allemagnes romantiques, celles de Hegel ou de Schelling, de Hölderlin
4227
ou Dresde dans les Allemagnes romantiques, celles
de
Hegel ou de Schelling, de Hölderlin ou de Humboldt, au moment même où
4228
ns les Allemagnes romantiques, celles de Hegel ou
de
Schelling, de Hölderlin ou de Humboldt, au moment même où Napoléon fa
4229
nes romantiques, celles de Hegel ou de Schelling,
de
Hölderlin ou de Humboldt, au moment même où Napoléon fait de la Franc
4230
celles de Hegel ou de Schelling, de Hölderlin ou
de
Humboldt, au moment même où Napoléon fait de la France un désert cult
4231
n ou de Humboldt, au moment même où Napoléon fait
de
la France un désert culturel en mobilisant à Paris tous les esprits d
4232
u de Humboldt, au moment même où Napoléon fait de
la
France un désert culturel en mobilisant à Paris tous les esprits dist
4233
nce un désert culturel en mobilisant à Paris tous
les
esprits distingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitali
4234
tous les esprits distingués qu’il n’a pas bannis.
Le
grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il
4235
distingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secret
de
la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette i
4236
stingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secret de
la
vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette inte
4237
s bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée
de
notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle d
4238
e unité vivante et dynamique et des foyers locaux
de
création qui sans cesse remettent en question et renouvellent les don
4239
sans cesse remettent en question et renouvellent
les
données communes. Or dans ce jeu entre les grands courants et les foy
4240
ellent les données communes. Or dans ce jeu entre
les
grands courants et les foyers locaux, entre l’unité et la diversité,
4241
unes. Or dans ce jeu entre les grands courants et
les
foyers locaux, entre l’unité et la diversité, l’échelon national ne j
4242
e les grands courants et les foyers locaux, entre
l’
unité et la diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle, est simp
4243
s courants et les foyers locaux, entre l’unité et
la
diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis
4244
les foyers locaux, entre l’unité et la diversité,
l’
échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis, inexistant.
4245
spose en termes politiques mon équation : Europe
de
la culture : foyers de création initiant des courants continentaux. c
4246
se en termes politiques mon équation : Europe de
la
culture : foyers de création initiant des courants continentaux. cela
4247
ues mon équation : Europe de la culture : foyers
de
création initiant des courants continentaux. cela va donner : Europe
4248
composant une fédération continentale. Voici donc
le
modèle fédéraliste de l’Europe que je préconise : la complexité des r
4249
on continentale. Voici donc le modèle fédéraliste
de
l’Europe que je préconise : la complexité des régions rendra justice
4250
continentale. Voici donc le modèle fédéraliste de
l’
Europe que je préconise : la complexité des régions rendra justice à s
4251
modèle fédéraliste de l’Europe que je préconise :
la
complexité des régions rendra justice à ses fécondes diversités, et l
4252
ions rendra justice à ses fécondes diversités, et
l’
ampleur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture.
4253
a justice à ses fécondes diversités, et l’ampleur
de
la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. af. Rou
4254
ustice à ses fécondes diversités, et l’ampleur de
la
fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. af. Rougem
4255
versités, et l’ampleur de la fédération exprimera
l’
unité millénaire de sa culture. af. Rougemont Denis de, « De l’uni
4256
eur de la fédération exprimera l’unité millénaire
de
sa culture. af. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à l’u
4257
millénaire de sa culture. af. Rougemont Denis
de
, « De l’unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéra
4258
aire de sa culture. af. Rougemont Denis de, «
De
l’unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéraires,
4259
e de sa culture. af. Rougemont Denis de, « De
l’
unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéraires, Par
4260
culture. af. Rougemont Denis de, « De l’unité
de
culture à l’union politique », Les Nouvelles littéraires, Paris, 17 a
4261
f. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à
l’
union politique », Les Nouvelles littéraires, Paris, 17 avril 1972–23
4262
e, « De l’unité de culture à l’union politique »,
Les
Nouvelles littéraires, Paris, 17 avril 1972–23 avril 1971, p. 13-14.
4263
1972–23 avril 1971, p. 13-14. ag. Version revue
de
l’article paru sous le titre : « L’Europe est d’abord une unité de cu
4264
72–23 avril 1971, p. 13-14. ag. Version revue de
l’
article paru sous le titre : « L’Europe est d’abord une unité de cultu
4265
13-14. ag. Version revue de l’article paru sous
le
titre : « L’Europe est d’abord une unité de culture », Intégration :
4266
Version revue de l’article paru sous le titre : «
L’
Europe est d’abord une unité de culture », Intégration : Vierteljahres
4267
sous le titre : « L’Europe est d’abord une unité
de
culture », Intégration : Vierteljahreshefte zur Europaforschung, Brux