1 1933, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)
1 Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)a b La th
2 humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)a b La théologie chrétienne a-t-elle pour tâche de rendre acceptable le mess
3 b La théologie chrétienne a-t-elle pour tâche de rendre acceptable le message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale
4 rétienne a-t-elle pour tâche de rendre acceptable le message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largemen
5 t-elle pour tâche de rendre acceptable le message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largement les décou
6 lle pour tâche de rendre acceptable le message de l’ Évangile, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largement les découver
7 he de rendre acceptable le message de l’Évangile, d’ en atténuer le scandale, d’intégrer largement les découvertes de l’esp
8 cceptable le message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale, d’intégrer largement les découvertes de l’esprit humain, qu
9 message de l’Évangile, d’en atténuer le scandale, d’ intégrer largement les découvertes de l’esprit humain, quitte à laisse
10 , d’en atténuer le scandale, d’intégrer largement les découvertes de l’esprit humain, quitte à laisser tomber certains dogm
11 le scandale, d’intégrer largement les découvertes de l’esprit humain, quitte à laisser tomber certains dogmes décidément i
12 scandale, d’intégrer largement les découvertes de l’ esprit humain, quitte à laisser tomber certains dogmes décidément inco
13 s ? Ou bien doit-elle, tout au contraire, assumer le scandale, montrer sa permanente et salutaire nécessité, annoncer aux
14 r aux hommes une vérité qui n’est pas justiciable de leurs mesures puisqu’elle est le jugement de tous nos jugements et la
15 pas justiciable de leurs mesures puisqu’elle est le jugement de tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes 
16 able de leurs mesures puisqu’elle est le jugement de tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’
17 squ’elle est le jugement de tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour le scandale
18 le jugement de tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour le scandale et non pour l
19 s et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’ on opte pour le scandale et non pour les adaptations, qui voudra recev
20  » de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour le scandale et non pour les adaptations, qui voudra recevoir ce message 
21  ? Mais si l’on opte pour le scandale et non pour les adaptations, qui voudra recevoir ce message ? « L’âme moderne » décon
22 s adaptations, qui voudra recevoir ce message ? «  L’ âme moderne » décontenancée par l’échec de ses idéaux, demande des apa
23 ce message ? « L’âme moderne » décontenancée par l’ échec de ses idéaux, demande des apaisements ou des directions positiv
24 age ? « L’âme moderne » décontenancée par l’échec de ses idéaux, demande des apaisements ou des directions positives. Faut
25 positives. Faut-il encore ajouter à son trouble, l’ aggraver, le rendre littéralement insupportable ? Telles étaient les q
26 Faut-il encore ajouter à son trouble, l’aggraver, le rendre littéralement insupportable ? Telles étaient les questions que
27 ndre littéralement insupportable ? Telles étaient les questions que se posait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère
28 Telles étaient les questions que se posait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allema
29 étaient les questions que se posait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un
30 aient les questions que se posait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un je
31 ons que se posait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un jeune pasteur, Kar
32 ait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère d’ un village de la Suisse allemande, un jeune pasteur, Karl Barth. Autou
33 fin de la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un jeune pasteur, Karl Barth. Autour de lui, c’é
34 de la guerre, dans le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un jeune pasteur, Karl Barth. Autour de lui, c’étai
35 jeune pasteur, Karl Barth. Autour de lui, c’était l’ écho des bombardements, les cartes de pain, des menaces de violences s
36 Autour de lui, c’était l’écho des bombardements, les cartes de pain, des menaces de violences sociales. Que devenaient, da
37 lui, c’était l’écho des bombardements, les cartes de pain, des menaces de violences sociales. Que devenaient, dans tout ce
38 es bombardements, les cartes de pain, des menaces de violences sociales. Que devenaient, dans tout cela, les belles synthè
39 olences sociales. Que devenaient, dans tout cela, les belles synthèses de la théologie libérale ? L’arrière-plan de bourgeo
40 devenaient, dans tout cela, les belles synthèses de la théologie libérale ? L’arrière-plan de bourgeoisie et d’optimisme
41 venaient, dans tout cela, les belles synthèses de la théologie libérale ? L’arrière-plan de bourgeoisie et d’optimisme cul
42 , les belles synthèses de la théologie libérale ? L’ arrière-plan de bourgeoisie et d’optimisme culturel sur lequel, trop s
43 nthèses de la théologie libérale ? L’arrière-plan de bourgeoisie et d’optimisme culturel sur lequel, trop souvent, elles s
44 logie libérale ? L’arrière-plan de bourgeoisie et d’ optimisme culturel sur lequel, trop souvent, elles s’étaient appuyées,
45 r lequel, trop souvent, elles s’étaient appuyées, la guerre et la révolution le bouleversaient brutalement, mettant à nu l
46 p souvent, elles s’étaient appuyées, la guerre et la révolution le bouleversaient brutalement, mettant à nu les vraies rai
47 es s’étaient appuyées, la guerre et la révolution le bouleversaient brutalement, mettant à nu les vraies raisons, les vrai
48 ution le bouleversaient brutalement, mettant à nu les vraies raisons, les vrais problèmes. « Pasteur, je devais parler à de
49 ent brutalement, mettant à nu les vraies raisons, les vrais problèmes. « Pasteur, je devais parler à des hommes aux prises
50 ur, je devais parler à des hommes aux prises avec les contradictions inouïes de la vie, et leur parler du message non moins
51 hommes aux prises avec les contradictions inouïes de la vie, et leur parler du message non moins inouï de la Bible, de cet
52 mes aux prises avec les contradictions inouïes de la vie, et leur parler du message non moins inouï de la Bible, de cette
53 la vie, et leur parler du message non moins inouï de la Bible, de cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en fac
54 vie, et leur parler du message non moins inouï de la Bible, de cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en face d
55 ur parler du message non moins inouï de la Bible, de cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en face des contrad
56 me une nouvelle énigme en face des contradictions de la vie. Souvent ces deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’
57 une nouvelle énigme en face des contradictions de la vie. Souvent ces deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’eff
58 radictions de la vie. Souvent ces deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’effet — ne me le font-elles pas encore 
59 de la vie. Souvent ces deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’effet — ne me le font-elles pas encore ? — d’être
60 es deux grandeurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’ effet — ne me le font-elles pas encore ? — d’être Charybde et Scylla.
61 s, la vie et la Bible, m’ont fait l’effet — ne me le font-elles pas encore ? — d’être Charybde et Scylla. Si c’est cela l’
62 fait l’effet — ne me le font-elles pas encore ? —  d’ être Charybde et Scylla. Si c’est cela l’origine et le but de la prédi
63 core ? — d’être Charybde et Scylla. Si c’est cela l’ origine et le but de la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc
64 re Charybde et Scylla. Si c’est cela l’origine et le but de la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui do
65 ybde et Scylla. Si c’est cela l’origine et le but de la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui donc peut
66 e et Scylla. Si c’est cela l’origine et le but de la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui donc peut êt
67 ne veut se soustraire, Karl Barth se met à relire l’ Épître aux Romains, la plus inquiétante sans doute, pour notre esprit
68 Karl Barth se met à relire l’Épître aux Romains, la plus inquiétante sans doute, pour notre esprit critique. Il résulte d
69 ans doute, pour notre esprit critique. Il résulte de cette étude un gros livre que trois éditeurs refusent mais qui paraît
70 ent mais qui paraît finalement en librairie après la guerre. Aventure étonnante que celle de ce commentaire né de la détre
71 rie après la guerre. Aventure étonnante que celle de ce commentaire né de la détresse quotidienne d’un obscur pasteur de c
72 Aventure étonnante que celle de ce commentaire né de la détresse quotidienne d’un obscur pasteur de campagne, et dans lequ
73 nture étonnante que celle de ce commentaire né de la détresse quotidienne d’un obscur pasteur de campagne, et dans lequel,
74 e de ce commentaire né de la détresse quotidienne d’ un obscur pasteur de campagne, et dans lequel, soudain, toute l’Allema
75 né de la détresse quotidienne d’un obscur pasteur de campagne, et dans lequel, soudain, toute l’Allemagne intellectuelle d
76 steur de campagne, et dans lequel, soudain, toute l’ Allemagne intellectuelle découvre l’expression poignante de son angois
77 oudain, toute l’Allemagne intellectuelle découvre l’ expression poignante de son angoisse intime, mais aussi, et enfin, une
78 ne intellectuelle découvre l’expression poignante de son angoisse intime, mais aussi, et enfin, une réponse. Une réponse p
79 et enfin, une réponse. Une réponse plus soucieuse de ce qui est vrai que de ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’adre
80 Une réponse plus soucieuse de ce qui est vrai que de ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’adresser qu’à ces « questio
81 veut s’adresser qu’à ces « questions dernières » de notre vie, celle devant lesquelles nous fuyons toujours — et c’est là
82 lles nous fuyons toujours — et c’est là justement le principe de notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que n
83 yons toujours — et c’est là justement le principe de notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous les comp
84 pe de notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous les comprenions mieux qu’ils ne se comprennent eux-même
85 étude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous les comprenions mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes… Si nous ne pren
86 se comprennent eux-mêmes… Si nous ne prenons pas les hommes au sérieux quand la détresse de leur existence les a conduits
87 i nous ne prenons pas les hommes au sérieux quand la détresse de leur existence les a conduits à nous, je le répète, si no
88 enons pas les hommes au sérieux quand la détresse de leur existence les a conduits à nous, je le répète, si nous ne les pr
89 es au sérieux quand la détresse de leur existence les a conduits à nous, je le répète, si nous ne les prenons pas davantage
90 resse de leur existence les a conduits à nous, je le répète, si nous ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne le
91 e les a conduits à nous, je le répète, si nous ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne le font eux-mêmes, comment
92 ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne le font eux-mêmes, comment aurions-nous le droit de nous étonner que, po
93 qu’ils ne le font eux-mêmes, comment aurions-nous le droit de nous étonner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu l’
94 le font eux-mêmes, comment aurions-nous le droit de nous étonner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu l’habitude
95 nner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu l’ habitude de délaisser l’Église et de nous abandonner, seuls avec ces b
96 our la plupart, ils prennent peu à peu l’habitude de délaisser l’Église et de nous abandonner, seuls avec ces bien-disposé
97 t, ils prennent peu à peu l’habitude de délaisser l’ Église et de nous abandonner, seuls avec ces bien-disposés et ces timo
98 ent peu à peu l’habitude de délaisser l’Église et de nous abandonner, seuls avec ces bien-disposés et ces timorés dont j’a
99 s tromper. Il y avait là un homme, une puissance. Le défi de Marx et de Nietzsche était relevé. Le tirage du Römerbrief al
100 r. Il y avait là un homme, une puissance. Le défi de Marx et de Nietzsche était relevé. Le tirage du Römerbrief alla au vi
101 it là un homme, une puissance. Le défi de Marx et de Nietzsche était relevé. Le tirage du Römerbrief alla au vingtième mil
102 ce. Le défi de Marx et de Nietzsche était relevé. Le tirage du Römerbrief alla au vingtième mille. Barth, nommé professeur
103 lla au vingtième mille. Barth, nommé professeur à l’ Université de Bonn, exerce depuis dix ans une influence qu’on peut qua
104 ème mille. Barth, nommé professeur à l’Université de Bonn, exerce depuis dix ans une influence qu’on peut qualifier de rév
105 depuis dix ans une influence qu’on peut qualifier de révolutionnaire sur la pensée protestante dans le monde entier. Quel
106 uence qu’on peut qualifier de révolutionnaire sur la pensée protestante dans le monde entier. Quel est donc le contenu de
107 de révolutionnaire sur la pensée protestante dans le monde entier. Quel est donc le contenu de cette œuvre, où est le secr
108 e protestante dans le monde entier. Quel est donc le contenu de cette œuvre, où est le secret de son incomparable virulenc
109 te dans le monde entier. Quel est donc le contenu de cette œuvre, où est le secret de son incomparable virulence ? Les ess
110 . Quel est donc le contenu de cette œuvre, où est le secret de son incomparable virulence ? Les essais que viennent de tra
111 donc le contenu de cette œuvre, où est le secret de son incomparable virulence ? Les essais que viennent de traduire MM.
112 où est le secret de son incomparable virulence ? Les essais que viennent de traduire MM. Pierre Maury et A. Lavanchy sous
113 de traduire MM. Pierre Maury et A. Lavanchy sous le titre Parole de Dieu et Parole humaine donneraient une idée sinon de
114 Pierre Maury et A. Lavanchy sous le titre Parole de Dieu et Parole humaine donneraient une idée sinon de la pensée barthi
115 Dieu et Parole humaine donneraient une idée sinon de la pensée barthienne dans son plein développement, du moins de ses th
116 u et Parole humaine donneraient une idée sinon de la pensée barthienne dans son plein développement, du moins de ses thème
117 barthienne dans son plein développement, du moins de ses thèmes initiaux, de sa « problématique » particulière. Il n’est p
118 n développement, du moins de ses thèmes initiaux, de sa « problématique » particulière. Il n’est pas facile de résumer san
119 problématique » particulière. Il n’est pas facile de résumer sans la trahir une pensée à ce point hostile à tout système.
120 particulière. Il n’est pas facile de résumer sans la trahir une pensée à ce point hostile à tout système. La théologie de
121 hir une pensée à ce point hostile à tout système. La théologie de Barth se donne en effet pour une simple « note marginale
122 e à ce point hostile à tout système. La théologie de Barth se donne en effet pour une simple « note marginale » à tous les
123 n effet pour une simple « note marginale » à tous les systèmes existants. Barth lui-même l’a nommée, avec une sobriété peu
124 e » à tous les systèmes existants. Barth lui-même l’ a nommée, avec une sobriété peu rassurante, une théologie du correctif
125 théologie du correctif. Disons tout de suite que les corrections qu’elle apporte constituent une sérieuse attaque contre t
126 osité. Elles consistent tout d’abord en une série de points d’interrogation que Barth place derrière des mots comme religi
127 es consistent tout d’abord en une série de points d’ interrogation que Barth place derrière des mots comme religion, piété,
128 religion, piété, expérience religieuse, problème de Dieu. Il n’en faut pas plus pour que se lèvent de toutes parts de tro
129 faut pas plus pour que se lèvent de toutes parts de troublants paradoxes. La Bible nous parle-t-elle de religion ? Ne nou
130 e lèvent de toutes parts de troublants paradoxes. La Bible nous parle-t-elle de religion ? Ne nous montre-t-elle pas plutô
131 troublants paradoxes. La Bible nous parle-t-elle de religion ? Ne nous montre-t-elle pas plutôt, avec une insistance sign
132 as plutôt, avec une insistance significative, que les hommes religieux, prêtres et pharisiens, ont toujours été les premier
133 ns, ont toujours été les premiers à refuser, sous de très pieux prétextes, les ordres de la Parole de Dieu ? « Alors que t
134 premiers à refuser, sous de très pieux prétextes, les ordres de la Parole de Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui en
135 refuser, sous de très pieux prétextes, les ordres de la Parole de Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore, la p
136 user, sous de très pieux prétextes, les ordres de la Parole de Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore, la polé
137 de très pieux prétextes, les ordres de la Parole de Dieu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore, la polémique de l
138 eu ? « Alors que toujours, et aujourd’hui encore, la polémique de la “religion” est dirigée contre le monde qui vit sans D
139 que toujours, et aujourd’hui encore, la polémique de la “religion” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu, la polém
140 toujours, et aujourd’hui encore, la polémique de la “religion” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu, la polémiqu
141 la polémique de la “religion” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise
142 n” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise le monde religieux, qu’il so
143 e contre le monde qui vit sans Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise le monde religieux, qu’il soit placé sous
144 ontre le monde qui vit sans Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise le monde religieux, qu’il soit placé sous le
145 Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise le monde religieux, qu’il soit placé sous le signe de Baal ou de Yaveh. 
146 e, vise le monde religieux, qu’il soit placé sous le signe de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expé
147 e monde religieux, qu’il soit placé sous le signe de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expériences r
148 igieux, qu’il soit placé sous le signe de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expériences religieuses 
149 l soit placé sous le signe de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expériences religieuses » sur lesque
150 de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expériences religieuses » sur lesquelles les modernes exercent
151 de ces « expériences religieuses » sur lesquelles les modernes exercent leurs psychologies et leurs ratiocinations plus ou
152 ins sceptiques, plus ou moins édifiantes ? « Dans l’ expérience biblique, rien n’est moins important que le mode de l’expér
153 périence biblique, rien n’est moins important que le mode de l’expérience. Elle est charge et mission, et non pas but et a
154 biblique, rien n’est moins important que le mode de l’expérience. Elle est charge et mission, et non pas but et accomplis
155 blique, rien n’est moins important que le mode de l’ expérience. Elle est charge et mission, et non pas but et accomplissem
156 logique, elle est élémentaire, à peine consciente d’ elle-même. » Les prophètes n’ont pas de biographie : « L’homme bibliqu
157 st élémentaire, à peine consciente d’elle-même. » Les prophètes n’ont pas de biographie : « L’homme biblique se lève et tom
158 consciente d’elle-même. » Les prophètes n’ont pas de biographie : « L’homme biblique se lève et tombe avec sa mission ». I
159 même. » Les prophètes n’ont pas de biographie : «  L’ homme biblique se lève et tombe avec sa mission ». Il y a plus. L’hist
160 se lève et tombe avec sa mission ». Il y a plus. L’ histoire biblique, loin de mettre en scène le développement d’une « tr
161 lus. L’histoire biblique, loin de mettre en scène le développement d’une « tradition » spirituelle, figure la négation abs
162 iblique, loin de mettre en scène le développement d’ une « tradition » spirituelle, figure la négation absolue de toute his
163 loppement d’une « tradition » spirituelle, figure la négation absolue de toute histoire : « Vue d’en haut, c’est une série
164 adition » spirituelle, figure la négation absolue de toute histoire : « Vue d’en haut, c’est une série de libres actions d
165 ure la négation absolue de toute histoire : « Vue d’ en haut, c’est une série de libres actions divines : vue d’en bas, une
166 toute histoire : « Vue d’en haut, c’est une série de libres actions divines : vue d’en bas, une série d’essais sans résult
167 , c’est une série de libres actions divines : vue d’ en bas, une série d’essais sans résultats au cours d’une impossible en
168 libres actions divines : vue d’en bas, une série d’ essais sans résultats au cours d’une impossible entreprise. » Le chris
169 n bas, une série d’essais sans résultats au cours d’ une impossible entreprise. » Le christianisme : une impossible entrepr
170 résultats au cours d’une impossible entreprise. » Le christianisme : une impossible entreprise. Telle est bien la constata
171 nisme : une impossible entreprise. Telle est bien la constatation cruciale que Barth, après Kierkegaard, remet au premier
172 e Barth, après Kierkegaard, remet au premier plan de la pensée théologique. C’est de cette situation profondément paradoxa
173 arth, après Kierkegaard, remet au premier plan de la pensée théologique. C’est de cette situation profondément paradoxale,
174 t au premier plan de la pensée théologique. C’est de cette situation profondément paradoxale, assumée dans sa tragique iro
175 paradoxale, assumée dans sa tragique ironie, que le théologien doit avoir conscience, s’il veut parler valablement. Mais
176 ir conscience, s’il veut parler valablement. Mais de quoi va-t-il encore pouvoir parler ? Ici le paradoxe devient plus aig
177 Mais de quoi va-t-il encore pouvoir parler ? Ici le paradoxe devient plus aigu. Le théologien doit parler de Dieu, son no
178 uvoir parler ? Ici le paradoxe devient plus aigu. Le théologien doit parler de Dieu, son nom l’indique. De quel Dieu ? De
179 doxe devient plus aigu. Le théologien doit parler de Dieu, son nom l’indique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l
180 aigu. Le théologien doit parler de Dieu, son nom l’ indique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l’Éternel, alors q
181 héologien doit parler de Dieu, son nom l’indique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l’Éternel, alors que nous som
182 parler de Dieu, son nom l’indique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l’Éternel, alors que nous sommes tout entier
183 u, son nom l’indique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l’Éternel, alors que nous sommes tout entiers temporels.
184 dique. De quel Dieu ? De celui que la Bible nomme l’ Éternel, alors que nous sommes tout entiers temporels. De celui qui tr
185 el, alors que nous sommes tout entiers temporels. De celui qui transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui q
186 mporels. De celui qui transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne p
187 rels. De celui qui transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne peut
188 transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne peut aller. Du totalit
189 scendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’ homme ne peut aller. Du totaliter aliter. Si donc la tâche du théologi
190 homme ne peut aller. Du totaliter aliter. Si donc la tâche du théologien est de parler de Dieu, il s’avère qu’en tant qu’h
191 aliter aliter. Si donc la tâche du théologien est de parler de Dieu, il s’avère qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car
192 ter. Si donc la tâche du théologien est de parler de Dieu, il s’avère qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car parler de
193 ler de Dieu, il s’avère qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car parler de Dieu voudrait dire, pour toute conscience séri
194 qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car parler de Dieu voudrait dire, pour toute conscience sérieuse… parler de la Paro
195 rait dire, pour toute conscience sérieuse… parler de la Parole de Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répé
196 t dire, pour toute conscience sérieuse… parler de la Parole de Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répéter
197 ur toute conscience sérieuse… parler de la Parole de Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répéter ces quatr
198 conscience sérieuse… parler de la Parole de Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répéter ces quatre mots, m
199 me. Nous pouvons répéter ces quatre mots, mais en les répétant, nous n’avons pas dit la parole de Dieu, dans laquelle cette
200 mots, mais en les répétant, nous n’avons pas dit la parole de Dieu, dans laquelle cette idée devient une réalité, une vér
201 s en les répétant, nous n’avons pas dit la parole de Dieu, dans laquelle cette idée devient une réalité, une vérité. » À l
202 e cette idée devient une réalité, une vérité. » À la formule philosophique homo finitus non capax infiniti, Barth répond p
203 homo finitus non capax infiniti, Barth répond par la formule chrétienne homo peccator non capax verbi Dei, l’homme pécheur
204 ule chrétienne homo peccator non capax verbi Dei, l’ homme pécheur n’est pas « capable » de la Parole de Dieu. Ainsi Barth
205 verbi Dei, l’homme pécheur n’est pas « capable » de la Parole de Dieu. Ainsi Barth rejoint Calvin, Luther, et au-delà, ju
206 rbi Dei, l’homme pécheur n’est pas « capable » de la Parole de Dieu. Ainsi Barth rejoint Calvin, Luther, et au-delà, jusqu
207 ’homme pécheur n’est pas « capable » de la Parole de Dieu. Ainsi Barth rejoint Calvin, Luther, et au-delà, jusqu’à saint P
208 t connu ce que nous avons à peu près oublié : que l’ homme n’est pas capable par lui-même de faire le bien, que la foi seul
209 blié : que l’homme n’est pas capable par lui-même de faire le bien, que la foi seule lui donne la promesse du salut, que c
210 e l’homme n’est pas capable par lui-même de faire le bien, que la foi seule lui donne la promesse du salut, que cette foi
211 st pas capable par lui-même de faire le bien, que la foi seule lui donne la promesse du salut, que cette foi n’est pas le
212 même de faire le bien, que la foi seule lui donne la promesse du salut, que cette foi n’est pas le couronnement de sa « vi
213 nne la promesse du salut, que cette foi n’est pas le couronnement de sa « vie religieuse », mais le don gratuit que Dieu f
214 du salut, que cette foi n’est pas le couronnement de sa « vie religieuse », mais le don gratuit que Dieu fait à tout homme
215 as le couronnement de sa « vie religieuse », mais le don gratuit que Dieu fait à tout homme qui n’a plus d’autre attente.
216 n gratuit que Dieu fait à tout homme qui n’a plus d’ autre attente. Qu’on n’aille pas croire cependant que le barthisme est
217 e attente. Qu’on n’aille pas croire cependant que le barthisme est un « retour » à quelque orthodoxie, ou par exemple une
218  » à quelque orthodoxie, ou par exemple une sorte de pendant protestant au néo-thomisme. Il est avant tout un rappel viole
219 o-thomisme. Il est avant tout un rappel violent à la nouveauté éternelle de l’Évangile ; une remise en question radicale e
220 t tout un rappel violent à la nouveauté éternelle de l’Évangile ; une remise en question radicale et intime de notre exist
221 out un rappel violent à la nouveauté éternelle de l’ Évangile ; une remise en question radicale et intime de notre existenc
222 ngile ; une remise en question radicale et intime de notre existence devant Dieu. À la suite de Kierkegaard il nous fait v
223 . À la suite de Kierkegaard il nous fait voir que le christianisme, c’est l’immédiat, l’instant éternel de la foi, et non
224 ard il nous fait voir que le christianisme, c’est l’ immédiat, l’instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’homme pi
225 fait voir que le christianisme, c’est l’immédiat, l’ instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’homme pieux ; un évé
226 hristianisme, c’est l’immédiat, l’instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’homme pieux ; un événement et non une
227 stianisme, c’est l’immédiat, l’instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’homme pieux ; un événement et non une cro
228 t l’immédiat, l’instant éternel de la foi, et non l’ histoire de l’homme pieux ; un événement et non une croyance, une renc
229 t, l’instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’homme pieux ; un événement et non une croyance, une rencontre perso
230 l’instant éternel de la foi, et non l’histoire de l’ homme pieux ; un événement et non une croyance, une rencontre personne
231 e, une rencontre personnelle et inconcevable avec le Christ, et non point une morale prudente, garantie de bonheur terrest
232 hrist, et non point une morale prudente, garantie de bonheur terrestre ou céleste. Car cette rencontre est mortelle à l’ho
233 re ou céleste. Car cette rencontre est mortelle à l’ homme. Et c’est par là même qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le ga
234 ’homme. Et c’est par là même qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée
235 mme. Et c’est par là même qu’elle lui apporte, de l’ extérieur, le gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée au
236 par là même qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée aux « justes »,
237 même qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée aux « justes », mais bi
238 e qu’elle lui apporte, de l’extérieur, le gage de la résurrection. (La grâce n’est pas accordée aux « justes », mais bien
239 rte, de l’extérieur, le gage de la résurrection. ( La grâce n’est pas accordée aux « justes », mais bien aux condamnés à mo
240 aux « justes », mais bien aux condamnés à mort.) L’ homme religieux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi à la vie.
241 eux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi à la vie. Il meurt de ne pas mourir, selon la parole profondément « dialec
242 à cette mort, se refuse aussi à la vie. Il meurt de ne pas mourir, selon la parole profondément « dialectique » de Thérès
243 aussi à la vie. Il meurt de ne pas mourir, selon la parole profondément « dialectique » de Thérèse d’Avila. Qu’est-ce don
244 rir, selon la parole profondément « dialectique » de Thérèse d’Avila. Qu’est-ce donc en définitive que le point de vue bar
245 Thérèse d’Avila. Qu’est-ce donc en définitive que le point de vue barthien ? Une prise au sérieux du fait de Dieu. Dieu n’
246 nt de vue barthien ? Une prise au sérieux du fait de Dieu. Dieu n’est pas un problème, n’est pas l’objet de nos recherches
247 it de Dieu. Dieu n’est pas un problème, n’est pas l’ objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute
248 eu. Dieu n’est pas un problème, n’est pas l’objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherch
249 oblème, n’est pas l’objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherche. Il est la présupposit
250 ’est pas l’objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherche. Il est la présupposition de to
251 s recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherche. Il est la présupposition de toute vie, la synthèse q
252 de toute existence et de toute recherche. Il est la présupposition de toute vie, la synthèse qui précède éternellement no
253 e et de toute recherche. Il est la présupposition de toute vie, la synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos an
254 recherche. Il est la présupposition de toute vie, la synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos antithèses, tous
255 éternellement nos thèses et nos antithèses, tous les oui et tous les non que nous pouvons dire au monde. L’homme ne reçoit
256 os thèses et nos antithèses, tous les oui et tous les non que nous pouvons dire au monde. L’homme ne reçoit son existence v
257 i et tous les non que nous pouvons dire au monde. L’ homme ne reçoit son existence véritable que dans la parole que Dieu lu
258 ’homme ne reçoit son existence véritable que dans la parole que Dieu lui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer la
259 le que dans la parole que Dieu lui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer la pensée de Barth une théologie de la c
260 que Dieu lui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer la pensée de Barth une théologie de la crise, une théologie di
261 ui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer la pensée de Barth une théologie de la crise, une théologie dialectique.
262 et qui le meut. On a coutume de nommer la pensée de Barth une théologie de la crise, une théologie dialectique. Elle est
263 outume de nommer la pensée de Barth une théologie de la crise, une théologie dialectique. Elle est surtout et avant tout c
264 ume de nommer la pensée de Barth une théologie de la crise, une théologie dialectique. Elle est surtout et avant tout cela
265 Elle est surtout et avant tout cela une théologie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’humanisme, du piétisme,
266 e est surtout et avant tout cela une théologie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’humanisme, du piétisme, du
267 out et avant tout cela une théologie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’humanisme, du piétisme, du moralisme
268 logie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’humanisme, du piétisme, du moralisme, du spiritualisme, de l’histor
269 ie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’ humanisme, du piétisme, du moralisme, du spiritualisme, de l’historici
270 sme, du piétisme, du moralisme, du spiritualisme, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l
271 , du piétisme, du moralisme, du spiritualisme, de l’ historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’œu
272 u moralisme, du spiritualisme, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « to
273 isme, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « tout autre ». Distinction r
274 e, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’ homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « tout autre ». Distinction radi
275 tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’ œuvre du Dieu « tout autre ». Distinction radicale entre toutes les pa
276 « tout autre ». Distinction radicale entre toutes les paroles humaines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu à l’homme.
277 le entre toutes les paroles humaines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu à l’homme. Universalité du rapport établi en
278 maines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu à l’ homme. Universalité du rapport établi entre Dieu et l’homme, que l’hom
279 mme. Universalité du rapport établi entre Dieu et l’ homme, que l’homme le sache ou non, l’accepte ou non ; et par là même
280 lité du rapport établi entre Dieu et l’homme, que l’ homme le sache ou non, l’accepte ou non ; et par là même caractère ess
281 rapport établi entre Dieu et l’homme, que l’homme le sache ou non, l’accepte ou non ; et par là même caractère essentielle
282 tre Dieu et l’homme, que l’homme le sache ou non, l’ accepte ou non ; et par là même caractère essentiellement profane de l
283 et par là même caractère essentiellement profane de la vérité biblique — tels sont les thèmes autour desquels s’organisen
284 par là même caractère essentiellement profane de la vérité biblique — tels sont les thèmes autour desquels s’organisent c
285 llement profane de la vérité biblique — tels sont les thèmes autour desquels s’organisent ces essais. Est-ce là de la théol
286 utour desquels s’organisent ces essais. Est-ce là de la théologie ? C’est plutôt une réflexion puissante et intrépide sur
287 ur desquels s’organisent ces essais. Est-ce là de la théologie ? C’est plutôt une réflexion puissante et intrépide sur les
288 t plutôt une réflexion puissante et intrépide sur les possibilités et la valeur de l’activité théologique. Barth compare à
289 on puissante et intrépide sur les possibilités et la valeur de l’activité théologique. Barth compare à plusieurs reprises
290 te et intrépide sur les possibilités et la valeur de l’activité théologique. Barth compare à plusieurs reprises la théolog
291 et intrépide sur les possibilités et la valeur de l’ activité théologique. Barth compare à plusieurs reprises la théologie
292 é théologique. Barth compare à plusieurs reprises la théologie à cette étrange main de Jean Baptiste dans la Crucifixion d
293 sieurs reprises la théologie à cette étrange main de Jean Baptiste dans la Crucifixion de Grünewald, cette main énorme qui
294 ologie à cette étrange main de Jean Baptiste dans la Crucifixion de Grünewald, cette main énorme qui désigne le Christ en
295 étrange main de Jean Baptiste dans la Crucifixion de Grünewald, cette main énorme qui désigne le Christ en croix. La théol
296 ixion de Grünewald, cette main énorme qui désigne le Christ en croix. La théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que l
297 ewald, cette main énorme qui désigne le Christ en croix . La théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que l’indiquer au-del
298 cette main énorme qui désigne le Christ en croix. La théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que l’indiquer au-delà d’
299 ésigne le Christ en croix. La théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que l’indiquer au-delà d’elle-même. Nous n’avons
300 a théologie n’est pas la parole. Elle ne peut que l’ indiquer au-delà d’elle-même. Nous n’avons rien dit des qualités humai
301 as la parole. Elle ne peut que l’indiquer au-delà d’ elle-même. Nous n’avons rien dit des qualités humaines de ce livre, de
302 même. Nous n’avons rien dit des qualités humaines de ce livre, de son éloquence martelante (que les traducteurs ont fort b
303 avons rien dit des qualités humaines de ce livre, de son éloquence martelante (que les traducteurs ont fort bien rendue, e
304 nes de ce livre, de son éloquence martelante (que les traducteurs ont fort bien rendue, et la tâche n’était pas facile) ; d
305 nte (que les traducteurs ont fort bien rendue, et la tâche n’était pas facile) ; de son réalisme agressif, de cette obstin
306 rt bien rendue, et la tâche n’était pas facile) ; de son réalisme agressif, de cette obstination à rechercher le sens réel
307 e n’était pas facile) ; de son réalisme agressif, de cette obstination à rechercher le sens réel des mots d’ordre que l’on
308 lisme agressif, de cette obstination à rechercher le sens réel des mots d’ordre que l’on va répétant, de cette puissance d
309 on à rechercher le sens réel des mots d’ordre que l’ on va répétant, de cette puissance de sérieux, de prise au sérieux des
310 sens réel des mots d’ordre que l’on va répétant, de cette puissance de sérieux, de prise au sérieux des situations humain
311 d’ordre que l’on va répétant, de cette puissance de sérieux, de prise au sérieux des situations humaines telles qu’elles
312 l’on va répétant, de cette puissance de sérieux, de prise au sérieux des situations humaines telles qu’elles sont, qui se
313 s sont, qui seule permet un humour souvent rude ; de cette puissance critique enfin, au sens le plus créateur du terme, et
314 rude ; de cette puissance critique enfin, au sens le plus créateur du terme, et qui met en état de crise toutes nos sécuri
315 ens le plus créateur du terme, et qui met en état de crise toutes nos sécurités morales. (Ce n’est qu’à certains degrés de
316 sécurités morales. (Ce n’est qu’à certains degrés de tension que la réalité de nos réalités quotidiennes peut être démasqu
317 es. (Ce n’est qu’à certains degrés de tension que la réalité de nos réalités quotidiennes peut être démasquée, éprouvée.)
318 st qu’à certains degrés de tension que la réalité de nos réalités quotidiennes peut être démasquée, éprouvée.) Une prise f
319 ut être démasquée, éprouvée.) Une prise ferme sur le concret, mais en même temps un regard qui dépasse les contingences hu
320 concret, mais en même temps un regard qui dépasse les contingences humaines, et qui interroge virilement. Personne n’est pl
321 terroge virilement. Personne n’est plus loin de «  l’ inquiétude » ou de l’emballement. Barth est l’un des hommes les plus s
322 . Personne n’est plus loin de « l’inquiétude » ou de l’emballement. Barth est l’un des hommes les plus solides de notre te
323 ersonne n’est plus loin de « l’inquiétude » ou de l’ emballement. Barth est l’un des hommes les plus solides de notre temps
324  » ou de l’emballement. Barth est l’un des hommes les plus solides de notre temps. C’est pour cela qu’il peut poser les que
325 ement. Barth est l’un des hommes les plus solides de notre temps. C’est pour cela qu’il peut poser les questions les plus
326 de notre temps. C’est pour cela qu’il peut poser les questions les plus gênantes qui soient. ⁂ On l’a bien vu récemment, l
327 s. C’est pour cela qu’il peut poser les questions les plus gênantes qui soient. ⁂ On l’a bien vu récemment, lors du conflit
328 les questions les plus gênantes qui soient. ⁂ On l’ a bien vu récemment, lors du conflit dramatique qui l’a opposé, seul o
329 bien vu récemment, lors du conflit dramatique qui l’ a opposé, seul ou à peu près, au puissant parti des Chrétiens allemand
330 puissant parti des Chrétiens allemands, fraction de l’hitlérisme qui prétend faire main basse sur les églises et utiliser
331 issant parti des Chrétiens allemands, fraction de l’ hitlérisme qui prétend faire main basse sur les églises et utiliser la
332 de l’hitlérisme qui prétend faire main basse sur les églises et utiliser la religion aux fins de la renaissance germanique
333 tend faire main basse sur les églises et utiliser la religion aux fins de la renaissance germanique. Alors que la grande m
334 r les églises et utiliser la religion aux fins de la renaissance germanique. Alors que la grande majorité des chrétiens d’
335 aux fins de la renaissance germanique. Alors que la grande majorité des chrétiens d’Allemagne, rangée derrière les plus f
336 nique. Alors que la grande majorité des chrétiens d’ Allemagne, rangée derrière les plus fameux docteurs, appuyée par Hitle
337 jorité des chrétiens d’Allemagne, rangée derrière les plus fameux docteurs, appuyée par Hitler lui-même et par toute l’opin
338 octeurs, appuyée par Hitler lui-même et par toute l’ opinion publique, votait la clause aryenne et trahissait sa foi, Barth
339 lui-même et par toute l’opinion publique, votait la clause aryenne et trahissait sa foi, Barth s’est dressé dans une prot
340 ge courageux et authentiquement chrétien : il est le seul espoir que nous puissions garder dans la restauration spirituell
341 est le seul espoir que nous puissions garder dans la restauration spirituelle d’une Allemagne profondément paganisée. Il e
342 puissions garder dans la restauration spirituelle d’ une Allemagne profondément paganisée. Il est aussi la plus éclatante r
343 ne Allemagne profondément paganisée. Il est aussi la plus éclatante réponse à tous ceux qui accusaient la pensée barthienn
344 plus éclatante réponse à tous ceux qui accusaient la pensée barthienne d’être purement négative et désespérée. « Ici le pa
345 e à tous ceux qui accusaient la pensée barthienne d’ être purement négative et désespérée. « Ici le paradoxe joue à plein —
346 nne d’être purement négative et désespérée. « Ici le paradoxe joue à plein — écrivait-on à ce propos dans un récent articl
347 écrivait-on à ce propos dans un récent article1 — la théologie dialectique de Barth à laquelle on reproche (comme à ceux d
348 ans un récent article1 — la théologie dialectique de Barth à laquelle on reproche (comme à ceux de Port-Royal !) d’effraye
349 que de Barth à laquelle on reproche (comme à ceux de Port-Royal !) d’effrayer celui qui vient au Christ, peut seule répond
350 quelle on reproche (comme à ceux de Port-Royal !) d’ effrayer celui qui vient au Christ, peut seule répondre à l’angoisse h
351 celui qui vient au Christ, peut seule répondre à l’ angoisse humaine, tandis que l’optimisme naturiste, plongeant l’humani
352 t seule répondre à l’angoisse humaine, tandis que l’ optimisme naturiste, plongeant l’humanité dans un devenir sans issue,
353 aine, tandis que l’optimisme naturiste, plongeant l’ humanité dans un devenir sans issue, aboutit au désespoir. » 1. Albe
354 désespoir. » 1. Albert Béguin, « Karl Barth et la situation de l’Église allemande », Revue d’Allemagne du 15 septembre
355 1. Albert Béguin, « Karl Barth et la situation de l’Église allemande », Revue d’Allemagne du 15 septembre 1933. a. Ro
356 1. Albert Béguin, « Karl Barth et la situation de l’ Église allemande », Revue d’Allemagne du 15 septembre 1933. a. Rouge
357 th et la situation de l’Église allemande », Revue d’ Allemagne du 15 septembre 1933. a. Rougemont Denis de, « [Compte ren
358 emagne du 15 septembre 1933. a. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Karl Barth, Parole de Dieu et parole humaine  », Le
359 ont Denis de, « [Compte rendu] Karl Barth, Parole de Dieu et parole humaine  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 30 décem
360 Karl Barth, Parole de Dieu et parole humaine  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 30 décembre 1933, p. 4. b. Traduit de
361 aires, Paris, 30 décembre 1933, p. 4. b. Traduit de l’allemand par Pierre Maury et Alexandre Lavanchy (Éditions “Je sers”
362 es, Paris, 30 décembre 1933, p. 4. b. Traduit de l’ allemand par Pierre Maury et Alexandre Lavanchy (Éditions “Je sers”) »
363 ury et Alexandre Lavanchy (Éditions “Je sers”) », Les Nouvelles littéraires, Paris, n° 585, 30 décembre 1933, p. 4.
2 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
364 D’ un humour romand (24 février 1934)c Le Suisse romand est-il sérieux
365 D’un humour romand (24 février 1934)c Le Suisse romand est-il sérieux ? Je crains que mes raisons d’en douter
366 romand est-il sérieux ? Je crains que mes raisons d’ en douter n’ébranlent guère la solide réputation de gravité qu’on lui
367 ins que mes raisons d’en douter n’ébranlent guère la solide réputation de gravité qu’on lui a faite, et qui lui vaut l’est
368 ’en douter n’ébranlent guère la solide réputation de gravité qu’on lui a faite, et qui lui vaut l’estime des personnes de
369 ion de gravité qu’on lui a faite, et qui lui vaut l’ estime des personnes de sens. Mais après tout, ne serait-il pas étrang
370 i a faite, et qui lui vaut l’estime des personnes de sens. Mais après tout, ne serait-il pas étrange d’apporter des preuve
371 e sens. Mais après tout, ne serait-il pas étrange d’ apporter des preuves sérieuses de la fantaisie de ce peuple ? Rousseau
372 t-il pas étrange d’apporter des preuves sérieuses de la fantaisie de ce peuple ? Rousseau, Madame de Staël, Constant, Vine
373 l pas étrange d’apporter des preuves sérieuses de la fantaisie de ce peuple ? Rousseau, Madame de Staël, Constant, Vinet…
374 d’apporter des preuves sérieuses de la fantaisie de ce peuple ? Rousseau, Madame de Staël, Constant, Vinet… Cette énuméra
375 dépit du bon sens. Pourquoi ne pas glisser, entre l’ auteur d’Adolphe et celui des Discours religieux, par exemple, cet exc
376 bon sens. Pourquoi ne pas glisser, entre l’auteur d’ Adolphe et celui des Discours religieux, par exemple, cet excellent To
377 cet excellent Toepffer dont on peut espérer qu’il les faire rire tous les deux ? Je ne songe pas tant aux traditionnelles f
378 er dont on peut espérer qu’il les faire rire tous les deux ? Je ne songe pas tant aux traditionnelles farces de père de fam
379 ? Je ne songe pas tant aux traditionnelles farces de père de famille en liberté dont il assaisonnait ses Voyages en zigzag
380 songe pas tant aux traditionnelles farces de père de famille en liberté dont il assaisonnait ses Voyages en zigzag pour am
381 s phrénologues, des herboristes, un lord tout nu, les enfants terribles de Monsieur Crépin, et la silhouette élégante du Dr
382 rboristes, un lord tout nu, les enfants terribles de Monsieur Crépin, et la silhouette élégante du Dr Festus, toujours si
383 nu, les enfants terribles de Monsieur Crépin, et la silhouette élégante du Dr Festus, toujours si digne dans l’adversité,
384 tte élégante du Dr Festus, toujours si digne dans l’ adversité, bien qu’il lui arrive parfois de pousser « un immense cri e
385 e dans l’adversité, bien qu’il lui arrive parfois de pousser « un immense cri en vingt-deux langues ». La satire de Toepff
386 pousser « un immense cri en vingt-deux langues ». La satire de Toepffer n’est pas méchante, elle n’est pas même « spiritue
387 un immense cri en vingt-deux langues ». La satire de Toepffer n’est pas méchante, elle n’est pas même « spirituelle » ; c’
388 est pas même « spirituelle » ; c’est plutôt, dans l’ espièglerie la plus folle, un humour apitoyé. Si Toepffer s’attendrit
389  spirituelle » ; c’est plutôt, dans l’espièglerie la plus folle, un humour apitoyé. Si Toepffer s’attendrit sur ses bonhom
390 ndrit sur ses bonhommes, n’est-ce pas une manière de dégonfler les sentencieux ? Une impeccable dignité bourgeoise ne cess
391 bonhommes, n’est-ce pas une manière de dégonfler les sentencieux ? Une impeccable dignité bourgeoise ne cesse d’inspirer l
392 ieux ? Une impeccable dignité bourgeoise ne cesse d’ inspirer les attitudes de ses héros, en dépit des carambolages du sort
393 impeccable dignité bourgeoise ne cesse d’inspirer les attitudes de ses héros, en dépit des carambolages du sort. Il y a don
394 nité bourgeoise ne cesse d’inspirer les attitudes de ses héros, en dépit des carambolages du sort. Il y a donc Toepffer. P
395 sur Édouard Rod, qui entrerait difficilement dans le cadre de cette étude. Le mince filet d’humour suisse romand rentre so
396 rd Rod, qui entrerait difficilement dans le cadre de cette étude. Le mince filet d’humour suisse romand rentre sous terre,
397 erait difficilement dans le cadre de cette étude. Le mince filet d’humour suisse romand rentre sous terre, pour éviter Ami
398 ment dans le cadre de cette étude. Le mince filet d’ humour suisse romand rentre sous terre, pour éviter Amiel. Faut-il dés
399 sous terre, pour éviter Amiel. Faut-il désespérer de le revoir jamais ? Mais non, il faut lire d’abord Pierre Girard et Ch
400 s terre, pour éviter Amiel. Faut-il désespérer de le revoir jamais ? Mais non, il faut lire d’abord Pierre Girard et Charl
401 d’abord Pierre Girard et Charles-Albert Cingria : La Rose de Thuringe et Connaissez mieux le cœur des femmes, de Girard, e
402 Cingria : La Rose de Thuringe et Connaissez mieux le cœur des femmes, de Girard, et de Cingria, ce que vous aurez la chanc
403 Thuringe et Connaissez mieux le cœur des femmes, de Girard, et de Cingria, ce que vous aurez la chance d’en trouver, une
404 onnaissez mieux le cœur des femmes, de Girard, et de Cingria, ce que vous aurez la chance d’en trouver, une note ici ou là
405 mmes, de Girard, et de Cingria, ce que vous aurez la chance d’en trouver, une note ici ou là, quelques petits livres à tir
406 irard, et de Cingria, ce que vous aurez la chance d’ en trouver, une note ici ou là, quelques petits livres à tirage limité
407 tirage limité. N’allez pas croire qu’il s’agisse d’ auteurs comiques : il s’agit d’abord de poètes. Je crains même de leur
408 l s’agisse d’auteurs comiques : il s’agit d’abord de poètes. Je crains même de leur faire du tort en écrivant qu’ils sont
409 ues : il s’agit d’abord de poètes. Je crains même de leur faire du tort en écrivant qu’ils sont drôles. (Des gens viennent
410 . En général on est plutôt déçu.) Pour comprendre l’ humour de Pierre Girard, il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumière
411 ral on est plutôt déçu.) Pour comprendre l’humour de Pierre Girard, il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumières de la V
412 d, il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumières de la Ville et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris
413 il faut avoir aimé Charlot, celui des Lumières de la Ville et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris, q
414 lot, celui des Lumières de la Ville et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans la vie a
415 des Lumières de la Ville et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans la vie avec une c
416 lle et du Cirque. Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans la vie avec une conscience pure et des
417 erre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans la vie avec une conscience pure et des gants beurre-frais. Ils ne tarden
418 ne jeune femme qui leur fait perdre toute mesure. Le monde est plein de malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris de q
419 leur fait perdre toute mesure. Le monde est plein de malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris de quoi il s’agit. Il n
420 erdre toute mesure. Le monde est plein de malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris de quoi il s’agit. Il n’y a plus q
421 monde est plein de malins, de gens qui ont l’air d’ avoir compris de quoi il s’agit. Il n’y a plus qu’à perpétrer une horr
422 de malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris de quoi il s’agit. Il n’y a plus qu’à perpétrer une horrible inconvenanc
423 plus qu’à perpétrer une horrible inconvenance, un de ces scandales héroïques qui vous valent l’amour des femmes et quelque
424 ce, un de ces scandales héroïques qui vous valent l’ amour des femmes et quelque honneur parmi les hommes. Autant de gags c
425 alent l’amour des femmes et quelque honneur parmi les hommes. Autant de gags chaplinesques, involontaires, touchants, entra
426 emmes et quelque honneur parmi les hommes. Autant de gags chaplinesques, involontaires, touchants, entraînés dans une déri
427 ants, entraînés dans une dérive mélancolique dont la source pourrait bien être chez les conteurs romantiques allemands, au
428 lancolique dont la source pourrait bien être chez les conteurs romantiques allemands, aussi peut-être dans la musique de Sc
429 teurs romantiques allemands, aussi peut-être dans la musique de Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui
430 tiques allemands, aussi peut-être dans la musique de Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de
431 ns la musique de Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre langue, et c’est pour
432 out ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre langue, et c’est pourquoi sans doute elle ne s’y manif
433 ouvants, dont nous rions faute de réflexe appris. L’ humour du romantique jaillit des échecs du sentiment. Et certes, c’est
434 jaillit des échecs du sentiment. Et certes, c’est le sentiment d’abord qui nous retient chez Pierre Girard, cette merveill
435 ierre Girard, cette merveilleuse ingénuité devant le printemps et les femmes, cette aisance de l’écriture, sans égale parm
436 tte merveilleuse ingénuité devant le printemps et les femmes, cette aisance de l’écriture, sans égale parmi nous, cette mus
437 devant le printemps et les femmes, cette aisance de l’écriture, sans égale parmi nous, cette musique d’un cœur qui s’aban
438 vant le printemps et les femmes, cette aisance de l’ écriture, sans égale parmi nous, cette musique d’un cœur qui s’abandon
439 l’écriture, sans égale parmi nous, cette musique d’ un cœur qui s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait la qualité
440 i s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de l’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans
441 s’accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de l’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuring
442 ccepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de l’ humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuringe,
443 ’est cela qui fait la qualité lyrique de l’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuringe, le récit
444 ’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuringe, le récit du mariage de Virginie présidé par son onc
445 ard. Lisez, ou relisez, dans la Rose de Thuringe, le récit du mariage de Virginie présidé par son oncle âgé de 102 ans (« 
446 ez, dans la Rose de Thuringe, le récit du mariage de Virginie présidé par son oncle âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tou
447 du mariage de Virginie présidé par son oncle âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tous les camps de la guerre de Sécession,
448 son oncle âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tous les camps de la guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi
449 âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tous les camps de la guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un ga
450 de 102 ans (« Il avait arpenté tous les camps de la guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un garço
451 s (« Il avait arpenté tous les camps de la guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un garçon triste q
452 la pas »), et servi par un garçon triste qui perd le vol-au-vent, inexplicablement. Tâchez de ne pas rire ; si vous réussi
453 qui perd le vol-au-vent, inexplicablement. Tâchez de ne pas rire ; si vous réussissez, soyez tranquilles : vous ne pleurer
454 ne pleurerez pas non plus aux chapitres suivants. L’ humour de Pierre Girard est bien plus romand que la pompeuse drôlerie
455 rez pas non plus aux chapitres suivants. L’humour de Pierre Girard est bien plus romand que la pompeuse drôlerie de Cingri
456 ’humour de Pierre Girard est bien plus romand que la pompeuse drôlerie de Cingria, lequel n’est Suisse que par accident, j
457 ard est bien plus romand que la pompeuse drôlerie de Cingria, lequel n’est Suisse que par accident, j’ose à peine dire par
458 t Suisse que par accident, j’ose à peine dire par l’ état civil. « Je n’ai pas de passeport ; je n’en ai jamais eu ; s’il d
459 ’ose à peine dire par l’état civil. « Je n’ai pas de passeport ; je n’en ai jamais eu ; s’il doit être que j’en doive un a
460 que j’en doive un avoir un, je veux qu’il ne soit de ceux que j’aie fabriqués moi-même. » Ainsi s’exprime Bruno Pomposo, d
461 prime Bruno Pomposo, dont Cingria, naguère, donna les Autobiographies désordonnées. Pomposo, certes ! baroque, poli jusqu’à
462 rdonnées. Pomposo, certes ! baroque, poli jusqu’à l’ impertinence, jusqu’à la férocité, savant, aimable, macaronique, pétra
463 s ! baroque, poli jusqu’à l’impertinence, jusqu’à la férocité, savant, aimable, macaronique, pétrarquisant, musicien, huma
464 ue, pétrarquisant, musicien, humain, enfin maître d’ un style incomparable de précision et de verve, Cingria est un phénomè
465 ien, humain, enfin maître d’un style incomparable de précision et de verve, Cingria est un phénomène dont Claudel, Max Jac
466 in maître d’un style incomparable de précision et de verve, Cingria est un phénomène dont Claudel, Max Jacob et Ramuz ont
467 t Claudel, Max Jacob et Ramuz ont su voir et dire l’ importance, et dont je me contenterai de signaler ici l’humour absolum
468 r et dire l’importance, et dont je me contenterai de signaler ici l’humour absolument original. Cingria fit partie du grou
469 rtance, et dont je me contenterai de signaler ici l’ humour absolument original. Cingria fit partie du groupe des Cahiers v
470 es Cahiers vaudois, réuni autour de Ramuz pendant la guerre. (C’est par cela surtout qu’il est Suisse, au mépris de tous l
471 ’est par cela surtout qu’il est Suisse, au mépris de tous les racismes.) On avait, dans ce groupe, une espèce de mystique
472 cela surtout qu’il est Suisse, au mépris de tous les racismes.) On avait, dans ce groupe, une espèce de mystique des objet
473 s racismes.) On avait, dans ce groupe, une espèce de mystique des objets, du détail authentique, de l’aspect brut des chos
474 ce de mystique des objets, du détail authentique, de l’aspect brut des choses et des mots. Imaginez, dans cette vision du
475 de mystique des objets, du détail authentique, de l’ aspect brut des choses et des mots. Imaginez, dans cette vision du mon
476 nez, dans cette vision du monde, ce que donnerait l’ usage d’un style savant et poli, coupé de « véhémences nobles » et de
477 s cette vision du monde, ce que donnerait l’usage d’ un style savant et poli, coupé de « véhémences nobles » et de triviali
478 onnerait l’usage d’un style savant et poli, coupé de « véhémences nobles » et de trivialités qualifiées, et vous aurez une
479 savant et poli, coupé de « véhémences nobles » et de trivialités qualifiées, et vous aurez une idée du comique de Cingria.
480 tés qualifiées, et vous aurez une idée du comique de Cingria. Un humour romand… Trois auteurs seulement, me dira-t-on ? Tr
481 une invite à naître — une légèreté nouvelle dans l’ atmosphère de ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire que
482 naître — une légèreté nouvelle dans l’atmosphère de ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi l
483 ne légèreté nouvelle dans l’atmosphère de ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi le pays d’or
484 re de ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi le pays d’origine de Michel Simon et de Grock. C
485 ues. J’ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi le pays d’origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop séri
486 i oublié, exprès, de dire que c’est aussi le pays d’ origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop sérieux argu
487 exprès, de dire que c’est aussi le pays d’origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop sérieux arguments. c
488 c’est aussi le pays d’origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop sérieux arguments. c. Rougemont Denis
489 origine de Michel Simon et de Grock. C’étaient là de trop sérieux arguments. c. Rougemont Denis de, « D’un humour roman
490 de trop sérieux arguments. c. Rougemont Denis de , « D’un humour romand », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 février
491 op sérieux arguments. c. Rougemont Denis de, «  D’ un humour romand », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 février 1934,
492 c. Rougemont Denis de, « D’un humour romand », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 février 1934, p. 4.
3 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)
493 L’ Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)d
494 L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)d M. Max Domi
495 icé (24 mars 1934)d M. Max Dominicé nous donne L’ Humanité de Jésus d’après Calvin comme un simple commentaire de la pen
496 s 1934)d M. Max Dominicé nous donne L’Humanité de Jésus d’après Calvin comme un simple commentaire de la pensée du réfo
497 Jésus d’après Calvin comme un simple commentaire de la pensée du réformateur. N’allons pas commenter à notre tour cette g
498 sus d’après Calvin comme un simple commentaire de la pensée du réformateur. N’allons pas commenter à notre tour cette glos
499 Ce qu’il y a d’ailleurs de plus significatif dans le livre, ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé à l’écrire, et q
500 leurs de plus significatif dans le livre, ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé à l’écrire, et qu’il expose en une
501 , ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé à l’ écrire, et qu’il expose en une vingtaine de pages précises, mesurées,
502 nicé à l’écrire, et qu’il expose en une vingtaine de pages précises, mesurées, et convaincantes. Il me semble que cette pr
503 antes. Il me semble que cette préface caractérise d’ une façon remarquable l’évolution accomplie par toute une génération d
504 cette préface caractérise d’une façon remarquable l’ évolution accomplie par toute une génération de protestants, celle qui
505 le l’évolution accomplie par toute une génération de protestants, celle qui commence à s’exprimer dans des revues comme F
506 à s’exprimer dans des revues comme Foi et Vie , Le Semeur , Hic et Nunc . Si, par ailleurs, ces jeunes théologiens et e
507 , ces jeunes théologiens et essayistes reprennent le vocabulaire et certains tours de la pensée de Kierkegaard ou de Karl
508 istes reprennent le vocabulaire et certains tours de la pensée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore
509 es reprennent le vocabulaire et certains tours de la pensée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore pas
510 ent le vocabulaire et certains tours de la pensée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore pas ces influ
511 et certains tours de la pensée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore pas ces influences, s’est limit
512 uences, s’est limité dans son étude au calvinisme le plus strict. Par là même, il se rend plus directement accessible au l
513 ectement accessible au lecteur français. Essayons de marquer les étapes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de c
514 cessible au lecteur français. Essayons de marquer les étapes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de ce siècle acc
515 lecteur français. Essayons de marquer les étapes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de ce siècle accordait à l
516 Essayons de marquer les étapes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de ce siècle accordait à la personne de Jésus
517 pes de sa recherche. ⁂ Le protestantisme du début de ce siècle accordait à la personne de Jésus une place à juste titre ce
518 protestantisme du début de ce siècle accordait à la personne de Jésus une place à juste titre centrale, mais exclusive de
519 sme du début de ce siècle accordait à la personne de Jésus une place à juste titre centrale, mais exclusive de toute dogma
520 une place à juste titre centrale, mais exclusive de toute dogmatique. « La foi n’est pas une adhésion intellectuelle à de
521 e centrale, mais exclusive de toute dogmatique. «  La foi n’est pas une adhésion intellectuelle à des doctrines, mais la co
522 une adhésion intellectuelle à des doctrines, mais la communion avec le Christ vivant », répétaient les théologiens libérau
523 lectuelle à des doctrines, mais la communion avec le Christ vivant », répétaient les théologiens libéraux. La question éta
524 la communion avec le Christ vivant », répétaient les théologiens libéraux. La question était ainsi nettement posée : pour
525 st vivant », répétaient les théologiens libéraux. La question était ainsi nettement posée : pour devenir chrétien, il fall
526 chrétien, il fallait « rencontrer personnellement le Christ ». Mais comment cette rencontre pouvait-elle avoir lieu ? Deux
527 -elle avoir lieu ? Deux voies s’offraient : celle de l’histoire et celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’
528 le avoir lieu ? Deux voies s’offraient : celle de l’ histoire et celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’his
529 voies s’offraient : celle de l’histoire et celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’histoire, c’était d’abo
530 ies s’offraient : celle de l’histoire et celle de l’ expérience religieuse. Prendre la voie de l’histoire, c’était d’abord
531 oire et celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’homme
532 celle de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’homme Jésus t
533 le de l’expérience religieuse. Prendre la voie de l’ histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’homme Jésus tel
534 ’histoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais, dit M. Domini
535 stoire, c’était d’abord chercher à s’approcher de l’ homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais, dit M. Dominicé,
536 d chercher à s’approcher de l’homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais, dit M. Dominicé, deux obstacles très g
537 s’approcher de l’homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais, dit M. Dominicé, deux obstacles très graves se dress
538 ves se dressaient aussitôt. Le premier, c’étaient les miracles. Aussi bien, se méfiait-on de plus en plus de ces miracles,
539 racles. Aussi bien, se méfiait-on de plus en plus de ces miracles, pour s’attacher au seul caractère de Jésus. Mais alors,
540 e ces miracles, pour s’attacher au seul caractère de Jésus. Mais alors, n’était-ce pas un abus de langage que de prétendre
541 tère de Jésus. Mais alors, n’était-ce pas un abus de langage que de prétendre voir une personne morale dont on récusait pa
542 Mais alors, n’était-ce pas un abus de langage que de prétendre voir une personne morale dont on récusait par avance les ac
543 r une personne morale dont on récusait par avance les actes caractéristiques ? N’était-ce point là selon le mot de Théodore
544 ctes caractéristiques ? N’était-ce point là selon le mot de Théodore Flournoy, tenter de « faire une guirlande en mettant
545 ractéristiques ? N’était-ce point là selon le mot de Théodore Flournoy, tenter de « faire une guirlande en mettant bout à
546 oint là selon le mot de Théodore Flournoy, tenter de « faire une guirlande en mettant bout à bout des fleurs des champs et
547 t bout à bout des fleurs des champs et des fleurs de rhétorique ? » Ce Jésus « reconstitué » par les historiens négateurs
548 rs de rhétorique ? » Ce Jésus « reconstitué » par les historiens négateurs du surnaturel, M. Dominicé n’a pas de peine à mo
549 iens négateurs du surnaturel, M. Dominicé n’a pas de peine à montrer qu’il devenait « foncièrement irréel et sans intérêt 
550 el et sans intérêt ». À mesure qu’elle humanisait le Christ sous prétexte de nous rapprocher de lui, l’histoire prêtait un
551 nisait le Christ sous prétexte de nous rapprocher de lui, l’histoire prêtait une réalité insurmontable aux dix-neuf siècle
552 e Christ sous prétexte de nous rapprocher de lui, l’ histoire prêtait une réalité insurmontable aux dix-neuf siècles qui no
553 urmontable aux dix-neuf siècles qui nous séparent de l’Évangile. Du même coup, l’expérience religieuse, dialogue vivant av
554 ontable aux dix-neuf siècles qui nous séparent de l’ Évangile. Du même coup, l’expérience religieuse, dialogue vivant avec
555 es qui nous séparent de l’Évangile. Du même coup, l’ expérience religieuse, dialogue vivant avec le Christ des évangiles, s
556 up, l’expérience religieuse, dialogue vivant avec le Christ des évangiles, se réduisait à une contemplation de sa vie. Dan
557 t des évangiles, se réduisait à une contemplation de sa vie. Dans cette difficulté, le jeune théologien interroge Calvin.
558 e contemplation de sa vie. Dans cette difficulté, le jeune théologien interroge Calvin. Que trouve-t-il ? Des arguments, u
559 us sait tout incapables par nous-mêmes — mais sur l’ amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient à nous, impies, non poin
560 tout incapables par nous-mêmes — mais sur l’amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient à nous, impies, non point nous q
561 Dieu qui vient à nous, impies, non point nous qui le rencontrons au terme d’une pieuse « élévation ». Et c’est le mystère
562 mpies, non point nous qui le rencontrons au terme d’ une pieuse « élévation ». Et c’est le mystère du Dieu-homme (du Christ
563 ons au terme d’une pieuse « élévation ». Et c’est le mystère du Dieu-homme (du Christ-Jésus) hors duquel toute communion e
564 quel toute communion est impossible. Mystère dont l’ Évangile répète plusieurs fois : « Heureux celui qui ne s’en scandalis
565 per aux faux problèmes du modernisme et revenir à l’ orthodoxie réformée. Non point comme on revient aux solutions toutes f
566 olutions toutes faites : plutôt comme on retrouve la véritable et profonde acuité d’une dialectique à résoudre en actes. C
567 comme on retrouve la véritable et profonde acuité d’ une dialectique à résoudre en actes. C’est l’un des traits les plus fr
568 ctique à résoudre en actes. C’est l’un des traits les plus frappants du Calvin commentateur des évangiles, tel que nous le
569 u Calvin commentateur des évangiles, tel que nous le restitue M. Dominicé, que cette insistance à mettre en lumière le « s
570 ominicé, que cette insistance à mettre en lumière le « scandale de Jésus » à seule fin de nous « enseigner à révérence ».
571 ette insistance à mettre en lumière le « scandale de Jésus » à seule fin de nous « enseigner à révérence ». On peut dire d
572 e en lumière le « scandale de Jésus » à seule fin de nous « enseigner à révérence ». On peut dire dans ce sens que l’exégè
573 gner à révérence ». On peut dire dans ce sens que l’ exégèse de Calvin est toute didactique : elle veut sans cesse transfor
574 érence ». On peut dire dans ce sens que l’exégèse de Calvin est toute didactique : elle veut sans cesse transformer nos qu
575 cesse transformer nos questions en questions que le texte sacré nous adresse. Tout au contraire du critique moderne, qui
576 e, Calvin n’admet et ne pratique qu’une « exégèse d’ obéissance » — il se laisse juger par le texte. On ne saurait imaginer
577 « exégèse d’obéissance » — il se laisse juger par le texte. On ne saurait imaginer rien de plus opposé au trop fameux « li
578 plus opposé au trop fameux « libre examen » dont les rationalistes ont voulu faire l’apanage du protestantisme. L’ouvrage
579 e examen » dont les rationalistes ont voulu faire l’ apanage du protestantisme. L’ouvrage de M. Dominicé s’inspire évidemme
580 stes ont voulu faire l’apanage du protestantisme. L’ ouvrage de M. Dominicé s’inspire évidemment des mêmes principes exégét
581 oulu faire l’apanage du protestantisme. L’ouvrage de M. Dominicé s’inspire évidemment des mêmes principes exégétiques. Cer
582 idemment des mêmes principes exégétiques. Certes, l’ auteur n’est pas de ceux qui conçoivent le commentaire comme une effer
583 principes exégétiques. Certes, l’auteur n’est pas de ceux qui conçoivent le commentaire comme une effervescence lyrique au
584 Certes, l’auteur n’est pas de ceux qui conçoivent le commentaire comme une effervescence lyrique autour d’un texte. Son su
585 ommentaire comme une effervescence lyrique autour d’ un texte. Son sujet d’ailleurs s’y prête peu. Mais on regrette parfois
586 qu’il suive à pas si prudents son modèle, et que l’ admiration que lui inspire Calvin s’exprime en termes aussi respectueu
587 t pas moins vrai que Calvin sut parler un langage d’ une verdeur assez peu sorbonnique. Max Dominicé ne sera pas le dernier
588 ne sera pas le dernier à souhaiter avec nous que le retour des doctrines du xvie siècle renouvelle jusque dans le style
589 doctrines du xvie siècle renouvelle jusque dans le style la verve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de, « [
590 s du xvie siècle renouvelle jusque dans le style la verve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de, « [Compte re
591 enouvelle jusque dans le style la verve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Max Dominicé,
592 uvelle jusque dans le style la verve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Max Dominicé, L’H
593 ve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Max Dominicé, L’Humanité de Jésus d’après Calvin  »
594 ougemont Denis de, « [Compte rendu] Max Dominicé, L’ Humanité de Jésus d’après Calvin  », Les Nouvelles littéraires, Paris,
595 nis de, « [Compte rendu] Max Dominicé, L’Humanité de Jésus d’après Calvin  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 mars 19
596 Dominicé, L’Humanité de Jésus d’après Calvin  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 mars 1934, p. 4.
4 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard (26 mai 1934)
597 Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard (26 mai 1934)e On rêverait, parfois, d’un protocole d’
598 erkegaard (26 mai 1934)e On rêverait, parfois, d’ un protocole d’introduction des grands génies de l’étranger dans la cu
599 ai 1934)e On rêverait, parfois, d’un protocole d’ introduction des grands génies de l’étranger dans la culture de ce pay
600 , d’un protocole d’introduction des grands génies de l’étranger dans la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de
601 ’un protocole d’introduction des grands génies de l’ étranger dans la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’
602 introduction des grands génies de l’étranger dans la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de Kie
603 n des grands génies de l’étranger dans la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de Kierkegaard eu
604 génies de l’étranger dans la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de Kierkegaard eut légitimé,
605 anger dans la culture de ce pays. La présentation d’ un esprit de l’envergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la
606 a culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de
607 ulture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’ envergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de ce
608 pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de cet Office et
609 ergure de Kierkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de cet Office et ses soins les plus diligents. Que d’impairs
610 erkegaard eut légitimé, à elle seule, la création de cet Office et ses soins les plus diligents. Que d’impairs n’a-t-on pa
611 lle seule, la création de cet Office et ses soins les plus diligents. Que d’impairs n’a-t-on pas commis à l’endroit de ce r
612 e cet Office et ses soins les plus diligents. Que d’ impairs n’a-t-on pas commis à l’endroit de ce revenant du xixe siècle
613 siècle, depuis quelques années qu’on nous parle de lui dans les revues philosophiques et littéraires ! Probablement, il
614 puis quelques années qu’on nous parle de lui dans les revues philosophiques et littéraires ! Probablement, il s’en fût amus
615 ement, il s’en fût amusé : tout ce qui touchait à l’ opinion publique était pour lui bien proche de la mystification. Il eu
616 l’opinion publique était pour lui bien proche de la mystification. Il eut peut-être ri de se voir présenté tantôt comme a
617 n proche de la mystification. Il eut peut-être ri de se voir présenté tantôt comme anarchiste et pourfendeur de prêtres, t
618 r présenté tantôt comme anarchiste et pourfendeur de prêtres, tantôt comme réactionnaire de stricte observance, dogmatique
619 ourfendeur de prêtres, tantôt comme réactionnaire de stricte observance, dogmatique ; ici comme individualiste forcené, là
620 tre du « fascisme français » ! (au camarade Nizan l’ honneur de la trouvaille.) Mais il eût certainement protesté contre un
621 ascisme français » ! (au camarade Nizan l’honneur de la trouvaille.) Mais il eût certainement protesté contre une erreur q
622 isme français » ! (au camarade Nizan l’honneur de la trouvaille.) Mais il eût certainement protesté contre une erreur qui
623 ment protesté contre une erreur qui ne relève pas de l’interprétation partisane, mais d’un simple défaut d’information, et
624 t protesté contre une erreur qui ne relève pas de l’ interprétation partisane, mais d’un simple défaut d’information, et qu
625 ne relève pas de l’interprétation partisane, mais d’ un simple défaut d’information, et qui consiste à faire de lui une esp
626 interprétation partisane, mais d’un simple défaut d’ information, et qui consiste à faire de lui une espèce de psychologue
627 ple défaut d’information, et qui consiste à faire de lui une espèce de psychologue nihiliste, un esthète retors et tourmen
628 mation, et qui consiste à faire de lui une espèce de psychologue nihiliste, un esthète retors et tourmenté, l’ancêtre du g
629 ologue nihiliste, un esthète retors et tourmenté, l’ ancêtre du gidisme et de l’« inquiétude » littéraire. Kierkegaard, ava
630 hète retors et tourmenté, l’ancêtre du gidisme et de l’« inquiétude » littéraire. Kierkegaard, avant tout, est un chrétien
631 e retors et tourmenté, l’ancêtre du gidisme et de l’ « inquiétude » littéraire. Kierkegaard, avant tout, est un chrétien ;
632 chrétien ; un chrétien peu rassurant, certes, et d’ une trempe exceptionnelle ; mais non pas un inquiet au sens moderne, e
633 lle ; mais non pas un inquiet au sens moderne, et le contraire d’un esthète. Comme Nietzsche, avec lequel il a pas mal de
634 n pas un inquiet au sens moderne, et le contraire d’ un esthète. Comme Nietzsche, avec lequel il a pas mal de traits commun
635 sthète. Comme Nietzsche, avec lequel il a pas mal de traits communs, Kierkegaard nous laisse un ouvrage d’autocritique2 où
636 raits communs, Kierkegaard nous laisse un ouvrage d’ autocritique2 où il dégage le sens général de son œuvre. On peut y lir
637 us laisse un ouvrage d’autocritique2 où il dégage le sens général de son œuvre. On peut y lire ceci, en matière d’introduc
638 rage d’autocritique2 où il dégage le sens général de son œuvre. On peut y lire ceci, en matière d’introduction : « Je suis
639 ral de son œuvre. On peut y lire ceci, en matière d’ introduction : « Je suis et j’ai toujours été un auteur religieux ; to
640 comment peut-on devenir chrétien ? » Car, enfin, l’ on ne naît pas chrétien. Des quelques œuvres traduites jusqu’ici, un p
641 es traduites jusqu’ici, un peu au hasard, il faut l’ avouer, le Traité du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale, la
642 es jusqu’ici, un peu au hasard, il faut l’avouer, le Traité du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale, la plus révél
643 d, il faut l’avouer, le Traité du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi la plus pr
644 ’avouer, le Traité du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi la plus propre à créer
645 du désespoir 3 est de beaucoup la plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi la plus propre à créer du malentendu. Le
646 la plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi la plus propre à créer du malentendu. Le titre même, que lui a donné le
647 mais aussi la plus propre à créer du malentendu. Le titre même, que lui a donné le traducteur, prête à certaines confusio
648 éer du malentendu. Le titre même, que lui a donné le traducteur, prête à certaines confusions : l’œuvre, en danois, s’appe
649 nné le traducteur, prête à certaines confusions : l’ œuvre, en danois, s’appelle La Maladie mortelle, et cette maladie, c’e
650 taines confusions : l’œuvre, en danois, s’appelle La Maladie mortelle, et cette maladie, c’est le péché. L’impitoyable maî
651 elle La Maladie mortelle, et cette maladie, c’est le péché. L’impitoyable maîtrise que Kierkegaard apporte dans l’analyse
652 ladie mortelle, et cette maladie, c’est le péché. L’ impitoyable maîtrise que Kierkegaard apporte dans l’analyse psychologi
653 impitoyable maîtrise que Kierkegaard apporte dans l’ analyse psychologique du désespoir, considéré comme une maladie univer
654 maladie universelle ne doit pas nous tromper sur le dessein du livre. Nul romantisme dans cette analyse, aucune exaltatio
655 romantisme dans cette analyse, aucune exaltation de nos démons obscurs. Au fond du désespoir, et quelles que soient les f
656 curs. Au fond du désespoir, et quelles que soient les formes qu’il revête, du spleen banal jusqu’au péché contre l’esprit,
657 ’il revête, du spleen banal jusqu’au péché contre l’ esprit, jusqu’au refus d’être sauvé, il y a toujours une révolte de l’
658 al jusqu’au péché contre l’esprit, jusqu’au refus d’ être sauvé, il y a toujours une révolte de l’homme contre sa condition
659 u refus d’être sauvé, il y a toujours une révolte de l’homme contre sa condition telle que Dieu l’a voulue, une négation d
660 efus d’être sauvé, il y a toujours une révolte de l’ homme contre sa condition telle que Dieu l’a voulue, une négation du p
661 lte de l’homme contre sa condition telle que Dieu l’ a voulue, une négation du paradoxe de l’Amour. L’universalité du déses
662 lle que Dieu l’a voulue, une négation du paradoxe de l’Amour. L’universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de c
663 que Dieu l’a voulue, une négation du paradoxe de l’ Amour. L’universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de cett
664 l’a voulue, une négation du paradoxe de l’Amour. L’ universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de cette œuvre,
665 de l’Amour. L’universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de cette œuvre, conduirait l’homme au nihilisme absol
666 ersalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de cette œuvre, conduirait l’homme au nihilisme absolu : mais ce péril e
667 est la thèse maîtresse de cette œuvre, conduirait l’ homme au nihilisme absolu : mais ce péril est tout imaginaire. Car seu
668 lu : mais ce péril est tout imaginaire. Car seule la connaissance du salut promis par le Christ peut nous amener à l’aveu
669 re. Car seule la connaissance du salut promis par le Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition. Ai
670 du salut promis par le Christ peut nous amener à l’ aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, conna
671 ut promis par le Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît tout
672 promis par le Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute l
673 le Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère de
674 à l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère de l’homme : elle lui est rév
675 ondition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère de l’homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂
676 Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère de l’homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂ La lecture
677 si, le chrétien, seul, connaît toute la misère de l’ homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂ La lecture du
678 e la misère de l’homme : elle lui est révélée par l’ Évangile qui sauve. ⁂ La lecture du Traité n’est pas des plus aisées.
679 elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂ La lecture du Traité n’est pas des plus aisées. Les termes hégéliens qui
680 ⁂ La lecture du Traité n’est pas des plus aisées. Les termes hégéliens qui abondent dans les premiers chapitres donnent à c
681 rence abstraite qui contraste singulièrement avec le réalisme brutal du sujet. Que le lecteur, pourtant, ne se laisse poin
682 gulièrement avec le réalisme brutal du sujet. Que le lecteur, pourtant, ne se laisse point arrêter par des définitions don
683 se laisse point arrêter par des définitions dont la substance, tôt après, se révèle admirablement concrète. Le génie fami
684 nce, tôt après, se révèle admirablement concrète. Le génie familier et ironique de Kierkegaard a créé dans cette œuvre une
685 rablement concrète. Le génie familier et ironique de Kierkegaard a créé dans cette œuvre une abondance d’illustrations ino
686 Kierkegaard a créé dans cette œuvre une abondance d’ illustrations inoubliables. Par ailleurs, cette descente aux enfers de
687 bliables. Par ailleurs, cette descente aux enfers de notre âme fait songer à Dostoïevski. Dans La Répétition 4, on trouver
688 fers de notre âme fait songer à Dostoïevski. Dans La Répétition 4, on trouvera confondus le poète, le philosophe, l’ironis
689 vski. Dans La Répétition 4, on trouvera confondus le poète, le philosophe, l’ironiste et le théologien. Kierkegaard nous m
690 La Répétition 4, on trouvera confondus le poète, le philosophe, l’ironiste et le théologien. Kierkegaard nous montre un h
691 4, on trouvera confondus le poète, le philosophe, l’ ironiste et le théologien. Kierkegaard nous montre un homme aux prises
692 confondus le poète, le philosophe, l’ironiste et le théologien. Kierkegaard nous montre un homme aux prises avec un probl
693 problème sentimental douloureux, et qui cherche à le résoudre, d’abord par le plaisir, dans ses formes supérieures, puis p
694 oureux, et qui cherche à le résoudre, d’abord par le plaisir, dans ses formes supérieures, puis par la sagesse morale cour
695 le plaisir, dans ses formes supérieures, puis par la sagesse morale courante. L’un et l’autre le conduisent à des impasses
696 s par la sagesse morale courante. L’un et l’autre le conduisent à des impasses tragiques ; mais voici que Dieu intervient,
697 tragiques ; mais voici que Dieu intervient, avec la réponse terrible faite à Job. Et ce sont alors d’étranges et magnifiq
698 la réponse terrible faite à Job. Et ce sont alors d’ étranges et magnifiques lettres sur la détresse humaine devant Dieu, q
699 sont alors d’étranges et magnifiques lettres sur la détresse humaine devant Dieu, que le héros adresse à « son muet confi
700 lettres sur la détresse humaine devant Dieu, que le héros adresse à « son muet confident », l’auteur. Peut-être avons-nou
701 u, que le héros adresse à « son muet confident », l’ auteur. Peut-être avons-nous ici les pages les plus éloquentes et les
702 t confident », l’auteur. Peut-être avons-nous ici les pages les plus éloquentes et les plus irréfutables d’un penseur qui s
703 t », l’auteur. Peut-être avons-nous ici les pages les plus éloquentes et les plus irréfutables d’un penseur qui sut devance
704 e avons-nous ici les pages les plus éloquentes et les plus irréfutables d’un penseur qui sut devancer tous les problèmes de
705 ages les plus éloquentes et les plus irréfutables d’ un penseur qui sut devancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton
706 s irréfutables d’un penseur qui sut devancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invecti
707 d’un penseur qui sut devancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invective prophétiqu
708 sut devancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi,
709 les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi, l’Éternel ne craint
710 es de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi, l’Éternel ne craint rien, il p
711 de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’ invective prophétique : Plains-toi, l’Éternel ne craint rien, il peut
712 hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi, l’ Éternel ne craint rien, il peut bien se défendre ; mais comment le pou
713 int rien, il peut bien se défendre ; mais comment le pourrait-il quand personne n’ose se plaindre comme il sied à un homme
714 plaindre comme il sied à un homme ? Parle, élève la voix, parle fort, Dieu peut bien parler plus fort, lui qui dispose du
715 rler plus fort, lui qui dispose du tonnerre. Mais le tonnerre est une réponse, une explication certaine, digne de foi, de
716 est une réponse, une explication certaine, digne de foi, de première source, une réponse de Dieu, qui, même si elle foudr
717 réponse, une explication certaine, digne de foi, de première source, une réponse de Dieu, qui, même si elle foudroie, est
718 ne, digne de foi, de première source, une réponse de Dieu, qui, même si elle foudroie, est plus magnifique que les comméra
719 i, même si elle foudroie, est plus magnifique que les commérages et les potins sur la justice de la Providence inventés par
720 udroie, est plus magnifique que les commérages et les potins sur la justice de la Providence inventés par la sagesse humain
721 s magnifique que les commérages et les potins sur la justice de la Providence inventés par la sagesse humaine et colportés
722 e que les commérages et les potins sur la justice de la Providence inventés par la sagesse humaine et colportés par de vie
723 ue les commérages et les potins sur la justice de la Providence inventés par la sagesse humaine et colportés par de vieill
724 tins sur la justice de la Providence inventés par la sagesse humaine et colportés par de vieilles bavardes et des eunuques
725 inventés par la sagesse humaine et colportés par de vieilles bavardes et des eunuques ! Nous voici plus près de Shakespe
726 rès de Shakespeare que du piétisme sentimental et de l’unctio spiritualis des dévots… Mais plus près de Luther, aussi. Je
727 de Shakespeare que du piétisme sentimental et de l’ unctio spiritualis des dévots… Mais plus près de Luther, aussi. Je me
728 no veritas 5. Non point que cet ouvrage ne mérite d’ être lu par tous les amateurs de grand lyrisme intellectuel (le style
729 oint que cet ouvrage ne mérite d’être lu par tous les amateurs de grand lyrisme intellectuel (le style admirable de ces pag
730 ouvrage ne mérite d’être lu par tous les amateurs de grand lyrisme intellectuel (le style admirable de ces pages a été ren
731 tous les amateurs de grand lyrisme intellectuel ( le style admirable de ces pages a été rendu aussi bien qu’il était possi
732 de grand lyrisme intellectuel (le style admirable de ces pages a été rendu aussi bien qu’il était possible par le traducte
733 s a été rendu aussi bien qu’il était possible par le traducteur). Mais il ne s’agit là que du premier volet d’un triptyque
734 cteur). Mais il ne s’agit là que du premier volet d’ un triptyque dont il nous faut attendre les deux autres parties pour s
735 r volet d’un triptyque dont il nous faut attendre les deux autres parties pour saisir la pleine signification. On trouvera,
736 faut attendre les deux autres parties pour saisir la pleine signification. On trouvera, d’ailleurs, une analyse détaillée
737 d’ailleurs, une analyse détaillée des Stades sur le chemin de la vie, dont In Vino Veritas constitue l’introduction, dans
738 s, une analyse détaillée des Stades sur le chemin de la vie, dont In Vino Veritas constitue l’introduction, dans l’étude b
739 une analyse détaillée des Stades sur le chemin de la vie, dont In Vino Veritas constitue l’introduction, dans l’étude biog
740 chemin de la vie, dont In Vino Veritas constitue l’ introduction, dans l’étude biographique et critique de Carl Koch6, qui
741 nt In Vino Veritas constitue l’introduction, dans l’ étude biographique et critique de Carl Koch6, qui vient combler la plu
742 troduction, dans l’étude biographique et critique de Carl Koch6, qui vient combler la plus grave lacune de la littérature
743 ique et critique de Carl Koch6, qui vient combler la plus grave lacune de la littérature kierkegaardienne en France. On ne
744 arl Koch6, qui vient combler la plus grave lacune de la littérature kierkegaardienne en France. On ne saurait trop insiste
745 Koch6, qui vient combler la plus grave lacune de la littérature kierkegaardienne en France. On ne saurait trop insister s
746 dienne en France. On ne saurait trop insister sur l’ utilité de ce livre. Il rendra vaines, désormais, les introductions qu
747 France. On ne saurait trop insister sur l’utilité de ce livre. Il rendra vaines, désormais, les introductions que les diff
748 utilité de ce livre. Il rendra vaines, désormais, les introductions que les différents traducteurs nous ont prodiguées jusq
749 l rendra vaines, désormais, les introductions que les différents traducteurs nous ont prodiguées jusqu’ici avec autant de s
750 ucteurs nous ont prodiguées jusqu’ici avec autant de science que de conscience, mais qui se répétaient fastidieusement. Su
751 t prodiguées jusqu’ici avec autant de science que de conscience, mais qui se répétaient fastidieusement. Surtout, il situe
752 ieusement. Surtout, il situera, définitivement je l’ espère, la perspective dans laquelle il faut considérer l’ensemble des
753 Surtout, il situera, définitivement je l’espère, la perspective dans laquelle il faut considérer l’ensemble des écrits de
754 , la perspective dans laquelle il faut considérer l’ ensemble des écrits de Kierkegaard, et qui est celle du Point de vue e
755 laquelle il faut considérer l’ensemble des écrits de Kierkegaard, et qui est celle du Point de vue explicatif. Le livre de
756 ard, et qui est celle du Point de vue explicatif. Le livre de Carl Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer
757 ui est celle du Point de vue explicatif. Le livre de Carl Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkega
758 oint de vue explicatif. Le livre de Carl Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chréti
759 catif. Le livre de Carl Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu s
760 if. Le livre de Carl Koch est la démonstration de l’ emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu susp
761 Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu suspect de complaisance pour les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la
762 hrétien sincère, peu suspect de complaisance pour les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la tête philosophique. Ce
763 r les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la tête philosophique. Cette monographie est à la fois la plus objective
764 te philosophique. Cette monographie est à la fois la plus objective et la plus sympathique qu’un « honnête homme » peut es
765 te monographie est à la fois la plus objective et la plus sympathique qu’un « honnête homme » peut espérer. Du mélange d’h
766 qu’un « honnête homme » peut espérer. Du mélange d’ humour et d’angoisse insondable qui nous bouleverse à la lecture des S
767 nête homme » peut espérer. Du mélange d’humour et d’ angoisse insondable qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on tr
768 ur et d’angoisse insondable qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on trouvera ici l’exposé judicieux, parfois même
769 uleverse à la lecture des Stades, on trouvera ici l’ exposé judicieux, parfois même bonhomique : ce n’est pas le moindre pi
770 judicieux, parfois même bonhomique : ce n’est pas le moindre piquant du livre. Fallait-il souhaiter à Kierkegaard une intr
771 egaard une introduction plus systématique ? Je ne le pense pas. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vient nou
772 vient nous dire, en toute simplicité, qu’il a vu l’ événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira sans peine 
773 ’événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’air d’avoir pu inventer ce qu’il rac
774 remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’air d’ avoir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or,
775 ir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie d’ aller voir. Or, je tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que
776 ens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que d’ aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du danois prophétique, ressusc
777 t pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans l’ œuvre du danois prophétique, ressuscité par l’angoisse moderne. Koch n
778 ans l’œuvre du danois prophétique, ressuscité par l’ angoisse moderne. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple chez
779 i n’est pas simple chez Kierkegaard. Mais il a su le décrire clairement et fidèlement, sans pédantisme et sans littérature
780 ra. 2. Point de vue explicatif sur ma carrière d’ auteur, non traduit. 3. Trad. J. Gateau et K. Ferlov. Gallimard, coll
781 Trad. J. Gateau et K. Ferlov. Gallimard, collec. Les Essais. 4. Trad. P.-H. Tisseau (Alcan). 5. Trad. A. Babelon et C. L
782 Trad. A. Babelon et C. Lund (Éditions Cavalier). Le même ouvrage vient de paraître chez Alcan, traduit par P.-H. Tisseau,
783 P.-H. Tisseau, sous ce titre d’ailleurs inexact : Le Banquet. 6. Søren Kierkegaard, traduit du danois par A. Nicolet et
784 nson (Éditions « Je sers »). e. Rougemont Denis de , « Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard », Les Nouvelles
785 ont Denis de, « Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard », Les Nouvelles littéraires, Paris, 26 mai 1934, p. 3.
786 elques œuvres et une biographie de Kierkegaard », Les Nouvelles littéraires, Paris, 26 mai 1934, p. 3.
5 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)
787 Le mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)f Le « Mouvement des G
788 mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)f Le « Mouvement des Groupes », ou Mouvement d’Oxford, est un des faits sp
789 4)f Le « Mouvement des Groupes », ou Mouvement d’ Oxford, est un des faits spirituels qui serviront à fixer la significa
790 est un des faits spirituels qui serviront à fixer la signification de notre époque. Son influence, limitée d’abord aux pay
791 spirituels qui serviront à fixer la signification de notre époque. Son influence, limitée d’abord aux pays anglo-saxons, s
792 is en Allemagne, en Suisse, à Paris même. Né dans les universités, il paraît destiné à répondre d’abord aux préoccupations
793 réoccupations des intellectuels, mais il y répond de telle sorte qu’il abolit rapidement les barrières convenues entre int
794 l y répond de telle sorte qu’il abolit rapidement les barrières convenues entre intellectuels, hommes d’affaires, prolétair
795 s barrières convenues entre intellectuels, hommes d’ affaires, prolétaires et bourgeois. J’ai assisté cet hiver, à Paris, à
796 ontres du Mouvement : il y avait là une vingtaine de personnes, un pasteur, une bouchère, un banquier, une dactylo, un pei
797 c’était dans son atelier — et une grande vedette de music-hall dont la présence discrète n’étonna personne. De quoi s’agi
798 telier — et une grande vedette de music-hall dont la présence discrète n’étonna personne. De quoi s’agissait-il ? Ni de th
799 hall dont la présence discrète n’étonna personne. De quoi s’agissait-il ? Ni de théologie, ni de problèmes sociaux, ni de
800 ète n’étonna personne. De quoi s’agissait-il ? Ni de théologie, ni de problèmes sociaux, ni de morale ; ni même d’évangéli
801 onne. De quoi s’agissait-il ? Ni de théologie, ni de problèmes sociaux, ni de morale ; ni même d’évangélisation. Il s’agis
802 il ? Ni de théologie, ni de problèmes sociaux, ni de morale ; ni même d’évangélisation. Il s’agissait de mettre en commun
803 , ni de problèmes sociaux, ni de morale ; ni même d’ évangélisation. Il s’agissait de mettre en commun des difficultés inti
804 morale ; ni même d’évangélisation. Il s’agissait de mettre en commun des difficultés intimes, d’entrer dans le concret du
805 sait de mettre en commun des difficultés intimes, d’ entrer dans le concret du christianisme. Une dizaine d’entre nous parl
806 en commun des difficultés intimes, d’entrer dans le concret du christianisme. Une dizaine d’entre nous parlèrent, sans ar
807 nous parlèrent, sans artifices ni gêne, ni excès d’ aucune sorte. À plus d’une reprise, j’eus l’impression, qu’on a rareme
808 rtifices ni gêne, ni excès d’aucune sorte. À plus d’ une reprise, j’eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours, d’ente
809 excès d’aucune sorte. À plus d’une reprise, j’eus l’ impression, qu’on a rarement de nos jours, d’entendre des gens dire la
810 une reprise, j’eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours, d’entendre des gens dire la vérité sur eux-mêmes. Je sorti
811 ’eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours, d’ entendre des gens dire la vérité sur eux-mêmes. Je sortis assez déçu,
812 a rarement de nos jours, d’entendre des gens dire la vérité sur eux-mêmes. Je sortis assez déçu, comme on sort en général
813 s. Je sortis assez déçu, comme on sort en général de toutes les rencontres prévues. Ce que je savais du Mouvement m’avait
814 is assez déçu, comme on sort en général de toutes les rencontres prévues. Ce que je savais du Mouvement m’avait fait espére
815 des confessions sensationnelles. J’avais tort, et l’ on s’en convaincra en lisant le petit livre d’Harold Begbie, Vies tran
816 . J’avais tort, et l’on s’en convaincra en lisant le petit livre d’Harold Begbie, Vies transformées 7, qui raconte les ori
817 et l’on s’en convaincra en lisant le petit livre d’ Harold Begbie, Vies transformées 7, qui raconte les origines du Mouvem
818 d’Harold Begbie, Vies transformées 7, qui raconte les origines du Mouvement et cherche à décrire son esprit. Ce n’est pas l
819 ent et cherche à décrire son esprit. Ce n’est pas le meilleur livre qu’on ait écrit sur les Groupes. Mais enfin, c’est le
820 e n’est pas le meilleur livre qu’on ait écrit sur les Groupes. Mais enfin, c’est le seul qui existe en français, et il cont
821 u’on ait écrit sur les Groupes. Mais enfin, c’est le seul qui existe en français, et il contient un certain nombre de fait
822 ste en français, et il contient un certain nombre de faits assez bouleversants pour qu’on passe sur les interprétations pe
823 de faits assez bouleversants pour qu’on passe sur les interprétations personnelles que nous en propose l’auteur. (Begbie es
824 interprétations personnelles que nous en propose l’ auteur. (Begbie est un de ces « informateurs » brillants et cordiaux,
825 lles que nous en propose l’auteur. (Begbie est un de ces « informateurs » brillants et cordiaux, un peu trop souriants, co
826 x, un peu trop souriants, comme on en trouve dans les pays anglo-saxons. On lui doit, entre autres, un ouvrage fameux sur l
827 On lui doit, entre autres, un ouvrage fameux sur l’ Armée du salut.) Le Mouvement des Groupes est né après la guerre, de l
828 autres, un ouvrage fameux sur l’Armée du salut.) Le Mouvement des Groupes est né après la guerre, de l’activité purement
829 du salut.) Le Mouvement des Groupes est né après la guerre, de l’activité purement individuelle d’un jeune pasteur améric
830 Le Mouvement des Groupes est né après la guerre, de l’activité purement individuelle d’un jeune pasteur américain, Frank
831 Mouvement des Groupes est né après la guerre, de l’ activité purement individuelle d’un jeune pasteur américain, Frank Buc
832 ès la guerre, de l’activité purement individuelle d’ un jeune pasteur américain, Frank Buchman. On a écrit de lui : « Ce qu
833 eune pasteur américain, Frank Buchman. On a écrit de lui : « Ce qui frappe chez Buchman, c’est son incapacité proprement g
834 proprement géniale à penser abstraitement. » Dès le début sa pensée directrice est essentiellement personnaliste. La réno
835 sée directrice est essentiellement personnaliste. La rénovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de
836 est essentiellement personnaliste. La rénovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par
837 t essentiellement personnaliste. La rénovation de l’ homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par de
838 e. La rénovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des co
839 ovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des corps const
840 omme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des corps constitués mais par
841 itués mais par des hommes concrets, agissant dans le cercle concret de leur vie. La seule question qu’il y ait donc lieu d
842 hommes concrets, agissant dans le cercle concret de leur vie. La seule question qu’il y ait donc lieu de poser est celle-
843 ets, agissant dans le cercle concret de leur vie. La seule question qu’il y ait donc lieu de poser est celle-ci : comment
844 leur vie. La seule question qu’il y ait donc lieu de poser est celle-ci : comment atteindre les hommes dans le concret de
845 nc lieu de poser est celle-ci : comment atteindre les hommes dans le concret de leur existence ? Buchman constate la failli
846 est celle-ci : comment atteindre les hommes dans le concret de leur existence ? Buchman constate la faillite lamentable d
847 ci : comment atteindre les hommes dans le concret de leur existence ? Buchman constate la faillite lamentable de l’évangél
848 s le concret de leur existence ? Buchman constate la faillite lamentable de l’évangélisation standardisée à l’américaine,
849 istence ? Buchman constate la faillite lamentable de l’évangélisation standardisée à l’américaine, et de toutes les « méth
850 ence ? Buchman constate la faillite lamentable de l’ évangélisation standardisée à l’américaine, et de toutes les « méthode
851 ite lamentable de l’évangélisation standardisée à l’ américaine, et de toutes les « méthodes morales », puritaines. Volonta
852 l’évangélisation standardisée à l’américaine, et de toutes les « méthodes morales », puritaines. Volontaristes, pragmatis
853 isation standardisée à l’américaine, et de toutes les « méthodes morales », puritaines. Volontaristes, pragmatistes, optimi
854 matistes, optimistes, scientifiques, etc. Il voit la réalité fondamentale du christianisme primitif dans le contact d’homm
855 alité fondamentale du christianisme primitif dans le contact d’homme à homme, dans la confession mutuelle des péchés et le
856 mentale du christianisme primitif dans le contact d’ homme à homme, dans la confession mutuelle des péchés et le « partage 
857 me primitif dans le contact d’homme à homme, dans la confession mutuelle des péchés et le « partage » (sharing) des grâces
858 homme, dans la confession mutuelle des péchés et le « partage » (sharing) des grâces reçues, il sait qu’on ne peut être c
859 activement. N’allons pas croire qu’il s’agisse là d’ une nouvelle forme de pragmatisme américain. Dire que la foi n’est rée
860 pas croire qu’il s’agisse là d’une nouvelle forme de pragmatisme américain. Dire que la foi n’est réelle que là où elle se
861 nouvelle forme de pragmatisme américain. Dire que la foi n’est réelle que là où elle se réalise ne signifie pas qu’il fail
862 se ne signifie pas qu’il faille agir à tout prix. L’ activiste moderne n’est souvent qu’un agité. Le philanthrope et le pur
863 x. L’activiste moderne n’est souvent qu’un agité. Le philanthrope et le puritain rigide ne sont souvent que des acteurs. S
864 rne n’est souvent qu’un agité. Le philanthrope et le puritain rigide ne sont souvent que des acteurs. Seule la foi peut no
865 ain rigide ne sont souvent que des acteurs. Seule la foi peut nous rendre actifs lorsqu’elle nous engage dans une relation
866 ’elle nous engage dans une relation concrète avec le prochain. Mais comment s’engager dans cette relation ? L’erreur des c
867 ain. Mais comment s’engager dans cette relation ? L’ erreur des chrétiens, trop souvent, c’est qu’ils s’efforcent d’endoctr
868 chrétiens, trop souvent, c’est qu’ils s’efforcent d’ endoctriner ceux qu’ils rencontrent. Le « partage » préconisé par Buch
869 ’efforcent d’endoctriner ceux qu’ils rencontrent. Le « partage » préconisé par Buchman ne ressemble pas à ces tentatives d
870 isé par Buchman ne ressemble pas à ces tentatives de violation de domicile moral. Pour entrer en contact avec les hommes,
871 an ne ressemble pas à ces tentatives de violation de domicile moral. Pour entrer en contact avec les hommes, il n’y a qu’u
872 on de domicile moral. Pour entrer en contact avec les hommes, il n’y a qu’un moyen : c’est de leur ouvrir sa maison. D’où l
873 act avec les hommes, il n’y a qu’un moyen : c’est de leur ouvrir sa maison. D’où les confessions privées ou publiques, qui
874 y a qu’un moyen : c’est de leur ouvrir sa maison. D’ où les confessions privées ou publiques, qui sont l’un des traits marq
875 u’un moyen : c’est de leur ouvrir sa maison. D’où les confessions privées ou publiques, qui sont l’un des traits marquants
876 ou publiques, qui sont l’un des traits marquants de l’activité des Groupes. Qu’il y ait là un danger réel d’exhibitionnis
877 publiques, qui sont l’un des traits marquants de l’ activité des Groupes. Qu’il y ait là un danger réel d’exhibitionnisme,
878 tivité des Groupes. Qu’il y ait là un danger réel d’ exhibitionnisme, les membres des Groupes ne sauraient le nier. Mais qu
879 Qu’il y ait là un danger réel d’exhibitionnisme, les membres des Groupes ne sauraient le nier. Mais qu’il y ait là aussi l
880 bitionnisme, les membres des Groupes ne sauraient le nier. Mais qu’il y ait là aussi le moyen de faire tomber les barrière
881 s ne sauraient le nier. Mais qu’il y ait là aussi le moyen de faire tomber les barrières morales qui séparent nos contempo
882 aient le nier. Mais qu’il y ait là aussi le moyen de faire tomber les barrières morales qui séparent nos contemporains, l’
883 ais qu’il y ait là aussi le moyen de faire tomber les barrières morales qui séparent nos contemporains, l’on s’en persuader
884 barrières morales qui séparent nos contemporains, l’ on s’en persuadera facilement en lisant les récits de Begbie. Les disc
885 orains, l’on s’en persuadera facilement en lisant les récits de Begbie. Les disciples de Buchmann, — il refuserait cette ex
886 n s’en persuadera facilement en lisant les récits de Begbie. Les disciples de Buchmann, — il refuserait cette expression —
887 uadera facilement en lisant les récits de Begbie. Les disciples de Buchmann, — il refuserait cette expression — n’ont pas c
888 ent en lisant les récits de Begbie. Les disciples de Buchmann, — il refuserait cette expression — n’ont pas constitué d’or
889 refuserait cette expression — n’ont pas constitué d’ organisation. Ils n’ont pas de registre des membres, ils ne nomment pa
890 n’ont pas constitué d’organisation. Ils n’ont pas de registre des membres, ils ne nomment pas de comités, ils ne publient
891 t pas de registre des membres, ils ne nomment pas de comités, ils ne publient pas de revues, ils ne sont pas une secte ni
892 ls ne nomment pas de comités, ils ne publient pas de revues, ils ne sont pas une secte ni une nouvelle Église. Ils travail
893 petites équipes. Ils voyagent beaucoup et vont où l’ Esprit les appelle. Ils partent bien souvent sans autre raison que la
894 quipes. Ils voyagent beaucoup et vont où l’Esprit les appelle. Ils partent bien souvent sans autre raison que la certitude
895 e. Ils partent bien souvent sans autre raison que la certitude qui leur vient de pouvoir être utiles à tel endroit où Dieu
896 ouvoir être utiles à tel endroit où Dieu leur dit d’ aller. La chronique des rencontres miraculeuses qu’ils ont ainsi vécue
897 re utiles à tel endroit où Dieu leur dit d’aller. La chronique des rencontres miraculeuses qu’ils ont ainsi vécues remplir
898 tains récits du meilleur livre qu’on ait fait sur le Mouvement, For Sinners only (Pour les pécheurs seulement), de J. Russ
899 ait fait sur le Mouvement, For Sinners only (Pour les pécheurs seulement), de J. Russell, on découvre des possibilités huma
900 , For Sinners only (Pour les pécheurs seulement), de J. Russell, on découvre des possibilités humaines que le conformisme
901 ussell, on découvre des possibilités humaines que le conformisme et la psychologie modernes semblaient avoir abolies dans
902 e des possibilités humaines que le conformisme et la psychologie modernes semblaient avoir abolies dans le monde. C’est l’
903 sychologie modernes semblaient avoir abolies dans le monde. C’est l’irruption de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pens
904 nes semblaient avoir abolies dans le monde. C’est l’ irruption de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittore
905 nt avoir abolies dans le monde. C’est l’irruption de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque, le pat
906 s le monde. C’est l’irruption de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de l’aventur
907 de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de l’aventure que vivent quotidiennement l
908 ans la bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de l’aventure que vivent quotidiennement les membres des G
909 isie bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de l’aventure que vivent quotidiennement les membres des Groupes pourrai
910 e bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de l’ aventure que vivent quotidiennement les membres des Groupes pourraient
911 thétique de l’aventure que vivent quotidiennement les membres des Groupes pourraient devenir pour eux un danger assez grave
912 sez grave. Il y a là un risque indéniable : celui de naturaliser la foi, de s’attacher aux résultats visibles et frappants
913 a là un risque indéniable : celui de naturaliser la foi, de s’attacher aux résultats visibles et frappants, de retomber a
914 risque indéniable : celui de naturaliser la foi, de s’attacher aux résultats visibles et frappants, de retomber ainsi dan
915 e s’attacher aux résultats visibles et frappants, de retomber ainsi dans la vieille croyance à la sanctification par les œ
916 ats visibles et frappants, de retomber ainsi dans la vieille croyance à la sanctification par les œuvres. Karl Barth et se
917 nts, de retomber ainsi dans la vieille croyance à la sanctification par les œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas manqu
918 dans la vieille croyance à la sanctification par les œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas manqué de critiquer vivement
919 s œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas manqué de critiquer vivement certaines des suppositions théologiques qu’impliqu
920 rtaines des suppositions théologiques qu’implique l’ attitude de Buchman. Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler
921 suppositions théologiques qu’implique l’attitude de Buchman. Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler de théolog
922 l’attitude de Buchman. Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler de théologie sous prétexte que c’est abstrait : e
923 Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler de théologie sous prétexte que c’est abstrait : encore faudrait-il se ga
924 que c’est abstrait : encore faudrait-il se garder de vivre une théologie équivoque. À quoi les membres du Mouvement des Gr
925 e garder de vivre une théologie équivoque. À quoi les membres du Mouvement des Groupes peuvent répondre que leur œuvre se d
926 e que leur œuvre se développe dans une atmosphère de franchise, d’autocritique, de sobriété spirituelle qui la préserve de
927 re se développe dans une atmosphère de franchise, d’ autocritique, de sobriété spirituelle qui la préserve de la plupart de
928 dans une atmosphère de franchise, d’autocritique, de sobriété spirituelle qui la préserve de la plupart des excès qu’on im
929 hise, d’autocritique, de sobriété spirituelle qui la préserve de la plupart des excès qu’on imagine. Peut-être la plus sûr
930 critique, de sobriété spirituelle qui la préserve de la plupart des excès qu’on imagine. Peut-être la plus sûre leçon des
931 de la plupart des excès qu’on imagine. Peut-être la plus sûre leçon des Groupes est-elle dans leur vision concrète de l’h
932 on des Groupes est-elle dans leur vision concrète de l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbali
933 des Groupes est-elle dans leur vision concrète de l’ homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme
934 est-elle dans leur vision concrète de l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre t
935 t-elle dans leur vision concrète de l’homme et de l’ action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temp
936 ns leur vision concrète de l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temps, dans c
937 on concrète de l’homme et de l’action de Dieu sur l’ homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temps, dans cet embouteil
938 l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme. Dans l’ incroyable verbalisme de notre temps, dans cet embouteillage de doctri
939 de Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temps, dans cet embouteillage de doctrines et de programmes où
940 verbalisme de notre temps, dans cet embouteillage de doctrines et de programmes où nous sommes pris, le seul message utile
941 tre temps, dans cet embouteillage de doctrines et de programmes où nous sommes pris, le seul message utile est celui qui n
942 e doctrines et de programmes où nous sommes pris, le seul message utile est celui qui nous révèle une tâche proche, des ho
943 che, des hommes pour lesquels nous puissions être le prochain. Et quand ce livre n’aurait pas d’autre valeur, il a celle-l
944 être le prochain. Et quand ce livre n’aurait pas d’ autre valeur, il a celle-là, qui compte, de nous montrer comment les h
945 it pas d’autre valeur, il a celle-là, qui compte, de nous montrer comment les hommes de ce temps peuvent devenir des homme
946 l a celle-là, qui compte, de nous montrer comment les hommes de ce temps peuvent devenir des hommes réels. ⁂ Il se peut que
947 à, qui compte, de nous montrer comment les hommes de ce temps peuvent devenir des hommes réels. ⁂ Il se peut que Kagawa so
948 ir des hommes réels. ⁂ Il se peut que Kagawa soit l’ homme le plus réel d’aujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, s
949 ommes réels. ⁂ Il se peut que Kagawa soit l’homme le plus réel d’aujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, si la mes
950 ⁂ Il se peut que Kagawa soit l’homme le plus réel d’ aujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de la gra
951 e le plus réel d’aujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de la grandeur, dans sa vision, n’était pas
952 ujourd’hui. Je dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de la grandeur, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans
953 . Je dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de la grandeur, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans la réalit
954 e dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de la grandeur, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans la réalité q
955 r, dans sa vision, n’était pas exclusivement dans la réalité qu’un homme incarne. Qui le connaît en France ? Claudel, quel
956 sivement dans la réalité qu’un homme incarne. Qui le connaît en France ? Claudel, quelques revues protestantes en ont parl
957 aux ignorent quelques-uns des événements décisifs de l’histoire contemporaine. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’écriva
958 ignorent quelques-uns des événements décisifs de l’ histoire contemporaine. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’écrivain
959 décisifs de l’histoire contemporaine. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’écrivain le plus fécond et le plus populaire d
960 contemporaine. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’ écrivain le plus fécond et le plus populaire de son pays, une puissanc
961 ne. Kagawa est le chef du Jeune Japon, l’écrivain le plus fécond et le plus populaire de son pays, une puissance sociale e
962 chef du Jeune Japon, l’écrivain le plus fécond et le plus populaire de son pays, une puissance sociale et religieuse dont
963 n, l’écrivain le plus fécond et le plus populaire de son pays, une puissance sociale et religieuse dont l’Occident ne conn
964 on pays, une puissance sociale et religieuse dont l’ Occident ne connaît pas d’exemple. Un récit autobiographique et romanc
965 iale et religieuse dont l’Occident ne connaît pas d’ exemple. Un récit autobiographique et romancé de sa jeunesse a paru en
966 s d’exemple. Un récit autobiographique et romancé de sa jeunesse a paru en français, il y a deux ansg. Aujourd’hui, l’un d
967 en français, il y a deux ansg. Aujourd’hui, l’un de ses collaborateurs nous donne un portrait plus complet et quelques ex
968 nne un portrait plus complet et quelques extraits de ses œuvres8. Fils d’un conseiller de l’empereur et d’une danseuse, Ka
969 complet et quelques extraits de ses œuvres8. Fils d’ un conseiller de l’empereur et d’une danseuse, Kagawa se convertit au
970 ues extraits de ses œuvres8. Fils d’un conseiller de l’empereur et d’une danseuse, Kagawa se convertit au christianisme pe
971 extraits de ses œuvres8. Fils d’un conseiller de l’ empereur et d’une danseuse, Kagawa se convertit au christianisme penda
972 es œuvres8. Fils d’un conseiller de l’empereur et d’ une danseuse, Kagawa se convertit au christianisme pendant ses études
973 s et déclare renoncer à toute fortune. Sa famille le destitue de ses privilèges aristocratiques. Il embrasse la pauvreté,
974 renoncer à toute fortune. Sa famille le destitue de ses privilèges aristocratiques. Il embrasse la pauvreté, s’enfonce da
975 ue de ses privilèges aristocratiques. Il embrasse la pauvreté, s’enfonce dans les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d
976 ratiques. Il embrasse la pauvreté, s’enfonce dans les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d’habitation plus vaste que ce
977 Il embrasse la pauvreté, s’enfonce dans les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d’habitation plus vaste que celle du pl
978 e dans les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d’ habitation plus vaste que celle du plus pauvre habitant du quartier, e
979 plus pauvre habitant du quartier, et non content d’ y vivre dans un dénuement absolu, ouvre sa chambre aux misérables sans
980 s hôtes sont un galeux, un alcoolique qu’il nomme la « statue de cuivre » à cause de son immobilité presque totale, et un
981 un galeux, un alcoolique qu’il nomme la « statue de cuivre » à cause de son immobilité presque totale, et un assassin don
982 on immobilité presque totale, et un assassin dont les nuits sont hantées par les apparitions de sa victime. Ils dorment côt
983 e, et un assassin dont les nuits sont hantées par les apparitions de sa victime. Ils dorment côte à côte. D’autres viennent
984 n dont les nuits sont hantées par les apparitions de sa victime. Ils dorment côte à côte. D’autres viennent : il faut écar
985 côte à côte. D’autres viennent : il faut écarter les parois de la pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les
986 e. D’autres viennent : il faut écarter les parois de la pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de
987 D’autres viennent : il faut écarter les parois de la pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de so
988 er les parois de la pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de son travail. Parfois, ils se révolt
989 èce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de son travail. Parfois, ils se révoltent contre sa bonté sou
990 mettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de son travail. Parfois, ils se révoltent contre sa bonté souriante, fra
991 selle, lui tirent dessus. Il s’échappe et revient le lendemain. Il prêche dans le quartier des prostituées, souvent lapidé
992 s’échappe et revient le lendemain. Il prêche dans le quartier des prostituées, souvent lapidé. Épuisé par la tuberculose e
993 rtier des prostituées, souvent lapidé. Épuisé par la tuberculose et une maladie des yeux, il arrive qu’il s’effondre penda
994 re pendant ses discours. Il écrit une Psychologie de la pauvreté et un roman dont le tirage atteint 250 000 exemplaires. S
995 pendant ses discours. Il écrit une Psychologie de la pauvreté et un roman dont le tirage atteint 250 000 exemplaires. Son
996 t une Psychologie de la pauvreté et un roman dont le tirage atteint 250 000 exemplaires. Son œuvre s’étend dans les slums.
997 teint 250 000 exemplaires. Son œuvre s’étend dans les slums. Mais à ce moment le machinisme s’introduit au Japon, augmentan
998 on œuvre s’étend dans les slums. Mais à ce moment le machinisme s’introduit au Japon, augmentant la misère avec le nombre
999 nt le machinisme s’introduit au Japon, augmentant la misère avec le nombre des ouvriers. Kagawa fonde la fédération japona
1000 e s’introduit au Japon, augmentant la misère avec le nombre des ouvriers. Kagawa fonde la fédération japonaise du travail
1001 misère avec le nombre des ouvriers. Kagawa fonde la fédération japonaise du travail et prend la tête du mouvement ouvrier
1002 fonde la fédération japonaise du travail et prend la tête du mouvement ouvrier. Il conduit une première grève de 30 000 do
1003 mouvement ouvrier. Il conduit une première grève de 30 000 dockers et rédige leur manifeste. « Les ouvriers sont des être
1004 ève de 30 000 dockers et rédige leur manifeste. «  Les ouvriers sont des êtres humains et non pas des articles dont on trafi
1005 des articles dont on trafique suivant une échelle de salaires basés sur l’état du marché. » On le met en prison. Il y écri
1006 rafique suivant une échelle de salaires basés sur l’ état du marché. » On le met en prison. Il y écrit en treize jours un r
1007 elle de salaires basés sur l’état du marché. » On le met en prison. Il y écrit en treize jours un roman : L’Archer tirant
1008 en prison. Il y écrit en treize jours un roman : L’ Archer tirant contre le soleil. Accueilli à sa sortie de prison par un
1009 en treize jours un roman : L’Archer tirant contre le soleil. Accueilli à sa sortie de prison par une foule en fête, il ent
1010 er tirant contre le soleil. Accueilli à sa sortie de prison par une foule en fête, il entraîne une centaine d’enfants au b
1011 n par une foule en fête, il entraîne une centaine d’ enfants au bord de la mer pour célébrer la liberté. Sa ligne de batail
1012 te, il entraîne une centaine d’enfants au bord de la mer pour célébrer la liberté. Sa ligne de bataille s’étend. Il crée l
1013 entaine d’enfants au bord de la mer pour célébrer la liberté. Sa ligne de bataille s’étend. Il crée l’Union des paysans. I
1014 bord de la mer pour célébrer la liberté. Sa ligne de bataille s’étend. Il crée l’Union des paysans. Il évangélise. Il devi
1015 la liberté. Sa ligne de bataille s’étend. Il crée l’ Union des paysans. Il évangélise. Il devient le « fou du Christ ». À p
1016 ée l’Union des paysans. Il évangélise. Il devient le « fou du Christ ». À peine a-t-il réussi à faire reconnaître légaleme
1017 eine a-t-il réussi à faire reconnaître légalement le syndicalisme qu’il a créé, le voilà qui lance une campagne pour la ch
1018 onnaître légalement le syndicalisme qu’il a créé, le voilà qui lance une campagne pour la christianisation du Japon, une a
1019 u’il a créé, le voilà qui lance une campagne pour la christianisation du Japon, une autre contre la guerre de Chine. « La
1020 ur la christianisation du Japon, une autre contre la guerre de Chine. « La société contemporaine est une invalide, mentale
1021 stianisation du Japon, une autre contre la guerre de Chine. « La société contemporaine est une invalide, mentalement dégén
1022 du Japon, une autre contre la guerre de Chine. «  La société contemporaine est une invalide, mentalement dégénérée, écrit-
1023 st une invalide, mentalement dégénérée, écrit-il. Les banques, l’armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les maga
1024 de, mentalement dégénérée, écrit-il. Les banques, l’ armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les magasins de taba
1025 lement dégénérée, écrit-il. Les banques, l’armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les jou
1026 érée, écrit-il. Les banques, l’armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les journaux, ne s
1027 es banques, l’armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant
1028 armée, les maisons de prostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes
1029 isons de prostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes d’aliénation
1030 rostitution, les cabarets, les magasins de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes d’aliénation mentale ?
1031 ns de tabac, les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes d’aliénation mentale ? La société de nos jours manifeste un
1032 les journaux, ne sont-ils pas autant de symptômes d’ aliénation mentale ? La société de nos jours manifeste une tendance au
1033 ls pas autant de symptômes d’aliénation mentale ? La société de nos jours manifeste une tendance au crime. Elle est devenu
1034 nt de symptômes d’aliénation mentale ? La société de nos jours manifeste une tendance au crime. Elle est devenue folle par
1035 le est devenue folle par sa faute, Dieu seul peut la guérir. » Les marxistes n’aiment pas ce radicalisme, qui n’est pas co
1036 e folle par sa faute, Dieu seul peut la guérir. » Les marxistes n’aiment pas ce radicalisme, qui n’est pas conforme à leur
1037 isme, qui n’est pas conforme à leur doctrine. Ils l’ attaquent violemment : « Enterrez-le ! Enterrez Kagawa ! », proclame l
1038 doctrine. Ils l’attaquent violemment : « Enterrez- le  ! Enterrez Kagawa ! », proclame le parti communiste de Kobé en 1925.
1039 t : « Enterrez-le ! Enterrez Kagawa ! », proclame le parti communiste de Kobé en 1925. Et quelques années plus tard, une l
1040 Enterrez Kagawa ! », proclame le parti communiste de Kobé en 1925. Et quelques années plus tard, une ligue réactionnaire f
1041 où elle reprend des termes semblables : « Brûlez- le , brûlez Kagawa ! C’est un révolutionnaire redoutable. » Ainsi criait-
1042 olutionnaire redoutable. » Ainsi criait-on contre les prophètes. Kagawa est aussi un grand mystique, c’est-à-dire un grand
1043 i un grand mystique, c’est-à-dire un grand poète. Le livre d’Axling nous donne d’admirables citations de ses Méditations.
1044 d mystique, c’est-à-dire un grand poète. Le livre d’ Axling nous donne d’admirables citations de ses Méditations. Si les ro
1045 dire un grand poète. Le livre d’Axling nous donne d’ admirables citations de ses Méditations. Si les romans de Kagawa l’ont
1046 livre d’Axling nous donne d’admirables citations de ses Méditations. Si les romans de Kagawa l’ont fait comparer à Gorki,
1047 nne d’admirables citations de ses Méditations. Si les romans de Kagawa l’ont fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose son
1048 ables citations de ses Méditations. Si les romans de Kagawa l’ont fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose sont d’un fra
1049 tions de ses Méditations. Si les romans de Kagawa l’ ont fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose sont d’un franciscain.
1050 t fait comparer à Gorki, ses poèmes en prose sont d’ un franciscain. Il y a en lui un amour des objets, un sens de la natur
1051 scain. Il y a en lui un amour des objets, un sens de la nature, une compréhension des symboles qui appartiennent au génie
1052 in. Il y a en lui un amour des objets, un sens de la nature, une compréhension des symboles qui appartiennent au génie jap
1053 artiennent au génie japonais tel que Claudel nous l’ a décrit, mais auquel le génie chrétien ajoute une dimension humaine p
1054 nais tel que Claudel nous l’a décrit, mais auquel le génie chrétien ajoute une dimension humaine particulièrement émouvant
1055 7. Vies transformées, par Harold Begbie, trad. de l’anglais par D. Junod (La Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing
1056 . Vies transformées, par Harold Begbie, trad. de l’ anglais par D. Junod (La Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, t
1057 r Harold Begbie, trad. de l’anglais par D. Junod ( La Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad. de l’anglais par H.
1058 Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad. de l’anglais par H. Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de, « Le
1059 corde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad. de l’ anglais par H. Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de, « Le Mou
1060 William AxIing, trad. de l’anglais par H. Ecuyer ( La Concorde). f. Rougemont Denis de, « Le Mouvement des Groupes. — Kag
1061 par H. Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de , « Le Mouvement des Groupes. — Kagawa », Les Nouvelles littéraires, P
1062 Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de, «  Le Mouvement des Groupes. — Kagawa », Les Nouvelles littéraires, Paris,
1063 Denis de, « Le Mouvement des Groupes. — Kagawa », Les Nouvelles littéraires, Paris, 4 août 1934, p. 3. g. Comme l’indique
1064 littéraires, Paris, 4 août 1934, p. 3. g. Comme l’ indique la note, il s’agit d’Avant l’aube (Éditions « Je sers ») dont
1065 es, Paris, 4 août 1934, p. 3. g. Comme l’indique la note, il s’agit d’Avant l’aube (Éditions « Je sers ») dont Rougemont
1066 934, p. 3. g. Comme l’indique la note, il s’agit d’ Avant l’aube (Éditions « Je sers ») dont Rougemont donne une recension
1067 3. g. Comme l’indique la note, il s’agit d’Avant l’ aube (Éditions « Je sers ») dont Rougemont donne une recension dans Fo
6 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
1068 Au sujet d’ un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)h i Voulez-vous un paradoxe
1069 éraire ? Je détiendrais volontiers celui-ci : que le roman est un genre protestant. — Et Balzac ? dites-vous, car vous ête
1070 ous êtes Français. Eh bien, Balzac n’est pas tout le roman. Il n’est même pas tout le roman français. Balzac, c’est le rom
1071 c n’est pas tout le roman. Il n’est même pas tout le roman français. Balzac, c’est le roman social. Balzac — et Stendhal,
1072 st même pas tout le roman français. Balzac, c’est le roman social. Balzac — et Stendhal, bien sûr — ce sera l’honorable, l
1073 social. Balzac — et Stendhal, bien sûr — ce sera l’ honorable, la géniale exception. Il me reste à vous démontrer, ce qui
1074 ac — et Stendhal, bien sûr — ce sera l’honorable, la géniale exception. Il me reste à vous démontrer, ce qui n’est pas tro
1075 et Tolstoï sont plus protestants qu’on ne croit. Le reste est évident. — Quel reste ? — Les Anglais, les Allemands, les S
1076 ne croit. Le reste est évident. — Quel reste ? —  Les Anglais, les Allemands, les Scandinaves, et le roman d’analyse frança
1077 reste est évident. — Quel reste ? — Les Anglais, les Allemands, les Scandinaves, et le roman d’analyse français, de Rousse
1078 ent. — Quel reste ? — Les Anglais, les Allemands, les Scandinaves, et le roman d’analyse français, de Rousseau jusqu’à Gide
1079 — Les Anglais, les Allemands, les Scandinaves, et le roman d’analyse français, de Rousseau jusqu’à Gide, en passant par Co
1080 lais, les Allemands, les Scandinaves, et le roman d’ analyse français, de Rousseau jusqu’à Gide, en passant par Constant. Q
1081 les Scandinaves, et le roman d’analyse français, de Rousseau jusqu’à Gide, en passant par Constant. Quand on parle du rom
1082 , vous ne voyez que Balzac et Zola. Je vois aussi le pasteur Sterne, le Goethe des Affinités, Jacobsen, George Eliot et le
1083 Balzac et Zola. Je vois aussi le pasteur Sterne, le Goethe des Affinités, Jacobsen, George Eliot et les sœurs Brontë, Dic
1084 e Goethe des Affinités, Jacobsen, George Eliot et les sœurs Brontë, Dickens, Strindberg, Hamsun et Lagerlöf, Henry James, G
1085 e dis romanciers protestants, entendez romanciers de climats protestants. Que faut-il pour faire un roman ? Des caractères
1086 Que faut-il pour faire un roman ? Des caractères, de la vie intérieure, une morale qui mette des obstacles et qui crée des
1087 faut-il pour faire un roman ? Des caractères, de la vie intérieure, une morale qui mette des obstacles et qui crée des co
1088 stacles et qui crée des conflits dramatiques dans les vies les plus dépourvues d’apparences. N’est-ce point-là l’image habi
1089 t qui crée des conflits dramatiques dans les vies les plus dépourvues d’apparences. N’est-ce point-là l’image habituelle qu
1090 its dramatiques dans les vies les plus dépourvues d’ apparences. N’est-ce point-là l’image habituelle que l’on se fait de n
1091 s plus dépourvues d’apparences. N’est-ce point-là l’ image habituelle que l’on se fait de nos climats ? Et voici un dernier
1092 arences. N’est-ce point-là l’image habituelle que l’ on se fait de nos climats ? Et voici un dernier argument. Prenez une l
1093 t-ce point-là l’image habituelle que l’on se fait de nos climats ? Et voici un dernier argument. Prenez une liste des roma
1094 çais contemporains. Vous y trouverez un bon quart de protestants, c’est-à-dire dix fois plus que vous n’en attendiez, puis
1095 ous n’en attendiez, puisqu’il n’y a qu’un million de réformés en France. Imaginez la proportion si l’édit de Nantes n’avai
1096 y a qu’un million de réformés en France. Imaginez la proportion si l’édit de Nantes n’avait pas été révoqué ! — Je vous ac
1097 de réformés en France. Imaginez la proportion si l’ édit de Nantes n’avait pas été révoqué ! — Je vous accorde volontiers
1098 avantage y voyez-vous pour votre foi ? — Oh ! Pas le moindre ! Je constate un fait. Mais laissons là le paradoxe. Vous n’i
1099 e moindre ! Je constate un fait. Mais laissons là le paradoxe. Vous n’ignorez pas plus que moi que la plupart des romancie
1100 a plupart des romanciers dont j’allais vous citer les noms n’ont guère de protestant que l’origine, et quelques tics de psy
1101 ers dont j’allais vous citer les noms n’ont guère de protestant que l’origine, et quelques tics de psychologues. Ils sont,
1102 vous citer les noms n’ont guère de protestant que l’ origine, et quelques tics de psychologues. Ils sont, comme l’on dit « 
1103 ère de protestant que l’origine, et quelques tics de psychologues. Ils sont, comme l’on dit « sortis du protestantisme » ;
1104 et quelques tics de psychologues. Ils sont, comme l’ on dit « sortis du protestantisme » ; « sortis » est bien le mot ! C’e
1105  sortis du protestantisme » ; « sortis » est bien le mot ! C’est-à-dire qu’ils n’ont pas de foi, et qu’est-ce qu’un protes
1106 » est bien le mot ! C’est-à-dire qu’ils n’ont pas de foi, et qu’est-ce qu’un protestant sans foi ? Dans toutes leurs œuvre
1107 rcheriez en vain un roman véritablement chrétien. La Porte étroite ne décrit guère qu’une aberration janséniste. Et je ne
1108 e qu’une aberration janséniste. Et je ne retrouve le calvinisme véritable que dans l’Adam et Ève de Ramuz, mais Ramuz acce
1109 t je ne retrouve le calvinisme véritable que dans l’ Adam et Ève de Ramuz, mais Ramuz accepterait-il une étiquette aussi co
1110 é ». Un grand roman, je crois. C’est Sara Alelia, de Mme Hildur Dixelius. On vient de le traduire du suédois9. ⁂ Qu’est-ce
1111 Sara Alelia, de Mme Hildur Dixelius. On vient de le traduire du suédois9. ⁂ Qu’est-ce qu’un roman chrétien ? Une histoire
1112 le monde « se conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main du Sei
1113 » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le personnage principal est « la main du Seigneur », ou encore « l’inson
1114 . Une histoire dont le personnage principal est «  la main du Seigneur », ou encore « l’insondable Providence » mise en act
1115 rincipal est « la main du Seigneur », ou encore «  l’ insondable Providence » mise en action au gré d’un moraliste qui se do
1116 « l’insondable Providence » mise en action au gré d’ un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce ser
1117 mise en action au gré d’un moraliste qui se donne l’ air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un vol
1118 n action au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de
1119 ction au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’ avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la
1120 en sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la Bibliothèque Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le cr
1121 sondée ? Ce serait un conte bleu, ou un volume de la Bibliothèque Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le croya
1122 e Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le croyaient les écrivains anglais du xixe siècle — en conséquence de q
1123 e une histoire qui finit bien, comme le croyaient les écrivains anglais du xixe siècle — en conséquence de quoi les romans
1124 anglais du xixe siècle — en conséquence de quoi les romans des « païens », d’un Thomas Hardy, par exemple, se devaient de
1125 en conséquence de quoi les romans des « païens », d’ un Thomas Hardy, par exemple, se devaient de finir aussi mal que possi
1126 ns », d’un Thomas Hardy, par exemple, se devaient de finir aussi mal que possible ? Non, car le christianisme se passe dan
1127 vaient de finir aussi mal que possible ? Non, car le christianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas le christiani
1128 ianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas le christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un roman pessi
1129 cette vie ou bien n’est pas le christianisme. Et l’ on serait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Har
1130 est pas le christianisme. Et l’on serait en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances
1131 it en droit de prétendre qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque happy
1132 e qu’un roman pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances d’être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant édifian
1133 an pessimiste à la Thomas Hardy a plus de chances d’ être chrétien qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant s’il est
1134 appy end soi-disant édifiant s’il est certain que l’ Évangile et ses promesses de salut sont seuls capables de donner à l’h
1135 s’il est certain que l’Évangile et ses promesses de salut sont seuls capables de donner à l’homme une vision réaliste de
1136 ile et ses promesses de salut sont seuls capables de donner à l’homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sob
1137 romesses de salut sont seuls capables de donner à l’ homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courage d
1138 capables de donner à l’homme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courage d’avouer sa dégradation. Un v
1139 mme une vision réaliste de son sort terrestre, et le sobre courage d’avouer sa dégradation. Un vrai roman chrétien est d’a
1140 aliste de son sort terrestre, et le sobre courage d’ avouer sa dégradation. Un vrai roman chrétien est d’abord réaliste. Ca
1141 est d’abord réaliste. Car il faut bien connaître la nature et ses abîmes, si l’on veut être à même d’y voir les marques d
1142 l faut bien connaître la nature et ses abîmes, si l’ on veut être à même d’y voir les marques du surnaturel. La grâce n’int
1143 la nature et ses abîmes, si l’on veut être à même d’ y voir les marques du surnaturel. La grâce n’intervient pas ailleurs q
1144 et ses abîmes, si l’on veut être à même d’y voir les marques du surnaturel. La grâce n’intervient pas ailleurs que dans l’
1145 t être à même d’y voir les marques du surnaturel. La grâce n’intervient pas ailleurs que dans l’« abîme ». On la pressent
1146 urel. La grâce n’intervient pas ailleurs que dans l’ « abîme ». On la pressent d’abord dans l’œuvre d’art à certaine qualit
1147 ’intervient pas ailleurs que dans l’« abîme ». On la pressent d’abord dans l’œuvre d’art à certaine qualité du pessimisme
1148 que dans l’« abîme ». On la pressent d’abord dans l’ œuvre d’art à certaine qualité du pessimisme qui s’en dégage : pessimi
1149 e et désespoir jamais complaisant à lui-même, car l’ aveu même qu’on en fait est la preuve qu’on l’a traversé, et qu’on a s
1150 ant à lui-même, car l’aveu même qu’on en fait est la preuve qu’on l’a traversé, et qu’on a saisi l’espérance qui le transc
1151 car l’aveu même qu’on en fait est la preuve qu’on l’ a traversé, et qu’on a saisi l’espérance qui le transcende et qui le j
1152 st la preuve qu’on l’a traversé, et qu’on a saisi l’ espérance qui le transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia qu
1153 on l’a traversé, et qu’on a saisi l’espérance qui le transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman
1154 u’on a saisi l’espérance qui le transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui, m
1155 érance qui le transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui, mais c’est aussi, e
1156 juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de la perditio
1157 ge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de la perdition.
1158 âce : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de la perdition. J’y vois une suite d’illustrations vivantes du fameux p
1159  : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de la perdition. J’y vois une suite d’illustrations vivantes du fameux para
1160 ord, un roman de la perdition. J’y vois une suite d’ illustrations vivantes du fameux paradoxe luthérien qui est au centre
1161 es du fameux paradoxe luthérien qui est au centre de la Réforme : simul peccator et justus. Kierkegaard nous rappelle que
1162 du fameux paradoxe luthérien qui est au centre de la Réforme : simul peccator et justus. Kierkegaard nous rappelle que pou
1163 justus. Kierkegaard nous rappelle que pour aider les hommes, il faut d’abord les trouver là où ils sont. Ainsi ce livre es
1164 ppelle que pour aider les hommes, il faut d’abord les trouver là où ils sont. Ainsi ce livre est consolant, parce qu’il ne
1165 ce qu’il vient nous prendre où nous sommes. C’est le charme profond de Selma Lagerlöf qui revit dans ces peintures d’une L
1166 s prendre où nous sommes. C’est le charme profond de Selma Lagerlöf qui revit dans ces peintures d’une Laponie lointaine e
1167 nd de Selma Lagerlöf qui revit dans ces peintures d’ une Laponie lointaine et d’une humanité si proche. Moins d’art peut-êt
1168 vit dans ces peintures d’une Laponie lointaine et d’ une humanité si proche. Moins d’art peut-être, je veux dire moins d’ap
1169 onie lointaine et d’une humanité si proche. Moins d’ art peut-être, je veux dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur
1170 proche. Moins d’art peut-être, je veux dire moins d’ apparent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling ; mais une sobriét
1171 e, je veux dire moins d’apparent lyrisme que chez l’ auteur de Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à
1172 x dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque p
1173 Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme
1174 vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme large à travers un peuple de personnag
1175 e déroule sur un rythme large à travers un peuple de personnages vivement contrastés, et des paysages baignés d’une longue
1176 ages vivement contrastés, et des paysages baignés d’ une longue lumière boréale. Cette femme n’est pas un ange ni une saint
1177 une sainte. Elle a péché gravement, elle a touché le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, u
1178 te. Elle a péché gravement, elle a touché le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, un vieil
1179 Elle a péché gravement, elle a touché le fond de la détresse humaine. C’est un vieux pasteur un peu ivrogne, un vieil our
1180 un vieil ours intraitable, toujours dressé contre les conventions civilisées — inoubliable création, ce Norenius ! — qui pr
1181 ubliable création, ce Norenius ! — qui prend soin d’ elle au temps de son malheur. Puis une grâce vient dans sa vie, et dés
1182 r. Puis une grâce vient dans sa vie, et désormais l’ accompagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître e
1183 et désormais l’accompagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître et grandir un fils, puis les enfants
1184 hronique. On voit naître et grandir un fils, puis les enfants d’une troisième génération. (C’est un des grands pouvoirs des
1185 voit naître et grandir un fils, puis les enfants d’ une troisième génération. (C’est un des grands pouvoirs des romanciers
1186 un des grands pouvoirs des romanciers du Nord que d’ introduire la durée d’une vie comme protagoniste du drame.) Des fragme
1187 pouvoirs des romanciers du Nord que d’introduire la durée d’une vie comme protagoniste du drame.) Des fragments du journa
1188 des romanciers du Nord que d’introduire la durée d’ une vie comme protagoniste du drame.) Des fragments du journal de Sara
1189 protagoniste du drame.) Des fragments du journal de Sara commentent et rythment le déroulement de cette légende de la vie
1190 agments du journal de Sara commentent et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Vie quotidienne,
1191 nal de Sara commentent et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Vie quotidienne, réalisme, pessi
1192 ntent et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Vie quotidienne, réalisme, pessimisme. Je vois bi
1193 nt et rythment le déroulement de cette légende de la vie quotidienne. Vie quotidienne, réalisme, pessimisme. Je vois bien
1194 e quotidienne, réalisme, pessimisme. Je vois bien les malentendus que font naître ces expressions dans nos esprits encore m
1195 e ces expressions dans nos esprits encore marqués de préjugés naturalistes. On a voulu nous faire croire que la vie quotid
1196 és naturalistes. On a voulu nous faire croire que la vie quotidienne était le contraire de la poésie, et qu’être réaliste
1197 lu nous faire croire que la vie quotidienne était le contraire de la poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir d’au
1198 croire que la vie quotidienne était le contraire de la poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir d’autre que le se
1199 oire que la vie quotidienne était le contraire de la poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir d’autre que le sexe
1200 poésie, et qu’être réaliste c’était ne rien voir d’ autre que le sexe et l’argent dans l’existence humaine. Cette espèce d
1201 qu’être réaliste c’était ne rien voir d’autre que le sexe et l’argent dans l’existence humaine. Cette espèce de naturalism
1202 liste c’était ne rien voir d’autre que le sexe et l’ argent dans l’existence humaine. Cette espèce de naturalisme est le fr
1203 ne rien voir d’autre que le sexe et l’argent dans l’ existence humaine. Cette espèce de naturalisme est le fruit d’un resse
1204 t l’argent dans l’existence humaine. Cette espèce de naturalisme est le fruit d’un ressentiment que les excès idéalistes e
1205 xistence humaine. Cette espèce de naturalisme est le fruit d’un ressentiment que les excès idéalistes expliquent sans le l
1206 humaine. Cette espèce de naturalisme est le fruit d’ un ressentiment que les excès idéalistes expliquent sans le légitimer.
1207 de naturalisme est le fruit d’un ressentiment que les excès idéalistes expliquent sans le légitimer. L’homme n’est pas un a
1208 entiment que les excès idéalistes expliquent sans le légitimer. L’homme n’est pas un ange, c’est entendu, mais ne dites pa
1209 es excès idéalistes expliquent sans le légitimer. L’ homme n’est pas un ange, c’est entendu, mais ne dites pas qu’il n’est
1210 leversante, une poésie qui naît des faits, jamais d’ un commentaire de l’auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaus
1211 oésie qui naît des faits, jamais d’un commentaire de l’auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches t
1212 ie qui naît des faits, jamais d’un commentaire de l’ auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop
1213 t des faits, jamais d’un commentaire de l’auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes,
1214 ts, jamais d’un commentaire de l’auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes, dans le t
1215 jamais d’un commentaire de l’auteur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes, dans le taud
1216 ur. La danse de la petite Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes, dans le taudis où son vieux père se saoule et
1217 argareta, chaussée de galoches trop grandes, dans le taudis où son vieux père se saoule et sacre, dix autres scènes enfant
1218 a réalité : elle dépend du regard qu’on porte sur le monde. Le regard « objectif » de nos naturalistes appauvrit tout, fau
1219 : elle dépend du regard qu’on porte sur le monde. Le regard « objectif » de nos naturalistes appauvrit tout, faute de voul
1220 qu’on porte sur le monde. Le regard « objectif » de nos naturalistes appauvrit tout, faute de vouloir imaginer. Ils croie
1221 tout, faute de vouloir imaginer. Ils croient voir l’ existence réelle alors qu’ils décrivent simplement l’impuissance de le
1222 xistence réelle alors qu’ils décrivent simplement l’ impuissance de leur propre cœur. Le regard « réaliste » de Hildur Dixe
1223 e alors qu’ils décrivent simplement l’impuissance de leur propre cœur. Le regard « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir
1224 ent simplement l’impuissance de leur propre cœur. Le regard « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir dans la vie quotidie
1225 sance de leur propre cœur. Le regard « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir dans la vie quotidienne des drames singulie
1226 rd « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir dans la vie quotidienne des drames singuliers, de bizarres et profondes folie
1227 ir dans la vie quotidienne des drames singuliers, de bizarres et profondes folies, l’originalité bouleversante des êtres,
1228 ames singuliers, de bizarres et profondes folies, l’ originalité bouleversante des êtres, qu’il s’agisse d’un grand évêque
1229 iginalité bouleversante des êtres, qu’il s’agisse d’ un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belett
1230 te des êtres, qu’il s’agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son e
1231 u’il s’agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son enfant dans la n
1232 êque ou de cette fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’innoc
1233 e visage de belette » qui enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’innocence animale. La superstition rôde dans c
1234 i enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’ innocence animale. La superstition rôde dans ces campagnes désertiques
1235 dans la neige avec une sorte d’innocence animale. La superstition rôde dans ces campagnes désertiques ; il y a des fous, d
1236 s, des femmes possédées ; des ivrognes qui citent les Écritures ; peut-être aussi des saints, mais qu’on ignore et qui s’ig
1237 ignore et qui s’ignorent. Partout et jusque dans les choses, un mystère inquiétant se révèle aux yeux de celui qui sait vo
1238 menacées, harmonieuses ou durement rabrouées par le sort, « la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une misér
1239 harmonieuses ou durement rabrouées par le sort, «  la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une miséricorde lumi
1240 la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’ une miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de
1241 miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Le silence à peu près général de la cri
1242 mineuse, dont on dirait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Le silence à peu près général de la critique à propos
1243 rait qu’elle est le vrai sujet de ce grand livre. Le silence à peu près général de la critique à propos d’une telle œuvre
1244 de ce grand livre. Le silence à peu près général de la critique à propos d’une telle œuvre donnerait lieu à des conclusio
1245 ce grand livre. Le silence à peu près général de la critique à propos d’une telle œuvre donnerait lieu à des conclusions
1246 nerait lieu à des conclusions amères. Amères pour la critique surtout, je crois. Car Sara Alelia trouvera son public ; c’e
1247 Alelia trouvera son public ; c’est un livre qui a le temps pour lui. 9. Hildur Dixelius von Aster : Sara Alelia, traduit
1248 tis. (Éditions « Je sers ».) h. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Au sujet d’un roman : Sara Alelia  », Les Nouvelles
1249 h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Au sujet d’ un roman : Sara Alelia  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 3 novembr
1250 mpte rendu] Au sujet d’un roman : Sara Alelia  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 3 novembre 1934, p. 3. i. Une note de
1251 ires, Paris, 3 novembre 1934, p. 3. i. Une note de lecture plus courte du même roman a également paru dans le Journal de
1252 e plus courte du même roman a également paru dans le Journal de Genève du 25 mai 1934.
1253 te du même roman a également paru dans le Journal de Genève du 25 mai 1934.
7 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
1254 Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)j Certes, la grandeur d’une
1255 Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)j Certes, la grandeur d’une Ég
1256 Réforme en France (15 décembre 1934)j Certes, la grandeur d’une Église et sa force ne résident pas dans son histoire,
1257 France (15 décembre 1934)j Certes, la grandeur d’ une Église et sa force ne résident pas dans son histoire, mais dans sa
1258 histoire, mais dans sa vérité, c’est-à-dire dans l’ objet de sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est permi
1259 e, mais dans sa vérité, c’est-à-dire dans l’objet de sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est permis de rec
1260 vérité, c’est-à-dire dans l’objet de sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est permis de rechercher les témo
1261 re dans l’objet de sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est permis de rechercher les témoignages dans l’ord
1262 de cette force et de cette grandeur il est permis de rechercher les témoignages dans l’ordre de la civilisation, et il est
1263 et de cette grandeur il est permis de rechercher les témoignages dans l’ordre de la civilisation, et il est légitime d’en
1264 il est permis de rechercher les témoignages dans l’ ordre de la civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémoire
1265 permis de rechercher les témoignages dans l’ordre de la civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémoire, pourvu
1266 mis de rechercher les témoignages dans l’ordre de la civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémoire, pourvu qu
1267 ns l’ordre de la civilisation, et il est légitime d’ en restaurer la mémoire, pourvu que l’on n’y cherche pas de vains prét
1268 a civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémoire, pourvu que l’on n’y cherche pas de vains prétextes à se glor
1269 st légitime d’en restaurer la mémoire, pourvu que l’ on n’y cherche pas de vains prétextes à se glorifier d’un passé bien p
1270 aurer la mémoire, pourvu que l’on n’y cherche pas de vains prétextes à se glorifier d’un passé bien passé, et dont il rest
1271 n’y cherche pas de vains prétextes à se glorifier d’ un passé bien passé, et dont il resterait à prouver qu’on est digne. L
1272 , et dont il resterait à prouver qu’on est digne. Le meilleur moyen d’éviter ce danger serait sans doute d’envisager l’his
1273 rait à prouver qu’on est digne. Le meilleur moyen d’ éviter ce danger serait sans doute d’envisager l’histoire d’une religi
1274 illeur moyen d’éviter ce danger serait sans doute d’ envisager l’histoire d’une religion dans la perspective de sa théologi
1275 d’éviter ce danger serait sans doute d’envisager l’ histoire d’une religion dans la perspective de sa théologie ; le rappe
1276 e danger serait sans doute d’envisager l’histoire d’ une religion dans la perspective de sa théologie ; le rappel constant
1277 doute d’envisager l’histoire d’une religion dans la perspective de sa théologie ; le rappel constant du dogme suffirait,
1278 ger l’histoire d’une religion dans la perspective de sa théologie ; le rappel constant du dogme suffirait, dans le cas de
1279 ne religion dans la perspective de sa théologie ; le rappel constant du dogme suffirait, dans le cas de l’Église protestan
1280 gie ; le rappel constant du dogme suffirait, dans le cas de l’Église protestante, à rétablir la valeur relative des faits,
1281 e rappel constant du dogme suffirait, dans le cas de l’Église protestante, à rétablir la valeur relative des faits, valeur
1282 appel constant du dogme suffirait, dans le cas de l’ Église protestante, à rétablir la valeur relative des faits, valeur de
1283 , dans le cas de l’Église protestante, à rétablir la valeur relative des faits, valeur de témoignage, sans cesse rapportée
1284 , à rétablir la valeur relative des faits, valeur de témoignage, sans cesse rapportée à la foi, dont Dieu seul juge. John
1285 its, valeur de témoignage, sans cesse rapportée à la foi, dont Dieu seul juge. John Viénot — qui vient de mourir presque e
1286 dopté un parti tout différent, et c’est peut-être le seul reproche sérieux que je me sente le droit de formuler devant sa
1287 eut-être le seul reproche sérieux que je me sente le droit de formuler devant sa monumentale Histoire de la Réforme frança
1288 le seul reproche sérieux que je me sente le droit de formuler devant sa monumentale Histoire de la Réforme française. Plus
1289 droit de formuler devant sa monumentale Histoire de la Réforme française. Plus encore que le premier tome de cet ouvrage
1290 oit de formuler devant sa monumentale Histoire de la Réforme française. Plus encore que le premier tome de cet ouvrage (de
1291 éforme française. Plus encore que le premier tome de cet ouvrage (des origines à l’édit de Nantes), le second tome qui vie
1292 ue le premier tome de cet ouvrage (des origines à l’ édit de Nantes), le second tome qui vient de paraître10 témoigne de la
1293 , le second tome qui vient de paraître10 témoigne de la volonté qu’avait l’auteur de ne décrire que les effets sociaux, po
1294 e second tome qui vient de paraître10 témoigne de la volonté qu’avait l’auteur de ne décrire que les effets sociaux, polit
1295 ent de paraître10 témoigne de la volonté qu’avait l’ auteur de ne décrire que les effets sociaux, politiques et culturels d
1296 raître10 témoigne de la volonté qu’avait l’auteur de ne décrire que les effets sociaux, politiques et culturels de la Réfo
1297 de la volonté qu’avait l’auteur de ne décrire que les effets sociaux, politiques et culturels de la Réforme, sans les rappo
1298 e que les effets sociaux, politiques et culturels de la Réforme, sans les rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans
1299 ue les effets sociaux, politiques et culturels de la Réforme, sans les rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans l’É
1300 iaux, politiques et culturels de la Réforme, sans les rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans l’Église. De même, Jo
1301 et culturels de la Réforme, sans les rapporter à l’ évolution parallèle du dogme dans l’Église. De même, John Viénot laiss
1302 s rapporter à l’évolution parallèle du dogme dans l’ Église. De même, John Viénot laisse délibérément de côté tout ce que l
1303 ’Église. De même, John Viénot laisse délibérément de côté tout ce que l’abbé Bremond appelait l’histoire du sentiment reli
1304 hn Viénot laisse délibérément de côté tout ce que l’ abbé Bremond appelait l’histoire du sentiment religieux, et il nous se
1305 ément de côté tout ce que l’abbé Bremond appelait l’ histoire du sentiment religieux, et il nous sera permis de souhaiter q
1306 re du sentiment religieux, et il nous sera permis de souhaiter que cette lacune suscite un Bremond protestant, ne fût-ce q
1307 n Bremond protestant, ne fût-ce que pour corriger les souriantes injustices du catholique à l’endroit de Calvin. John Viéno
1308 oit de Calvin. John Viénot, pasteur et professeur de théologie, a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’une ma
1309 not, pasteur et professeur de théologie, a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si
1310 teur et professeur de théologie, a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si impartia
1311 rofesseur de théologie, a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si impartiale, si sp
1312 de théologie, a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si impartiale, si spectaculair
1313 théologie, a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’une manière si objective, si impartiale, si spectaculaire,
1314 a réussi le tour de force de parler de la Réforme d’ une manière si objective, si impartiale, si spectaculaire, pourrait-on
1315 n ne voit guère en quoi son Histoire se distingue de celle qu’eût pu écrire un savant laïque épris de tolérance, teinté de
1316 de celle qu’eût pu écrire un savant laïque épris de tolérance, teinté de renanisme, et considérant les conquêtes de la Ré
1317 crire un savant laïque épris de tolérance, teinté de renanisme, et considérant les conquêtes de la Réforme comme autant de
1318 de tolérance, teinté de renanisme, et considérant les conquêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de co
1319 teinté de renanisme, et considérant les conquêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en g
1320 nté de renanisme, et considérant les conquêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en géné
1321 sidérant les conquêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en général, plutôt que de la fo
1322 conquêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit,
1323 quêtes de la Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit, l’o
1324 a Réforme comme autant de conquêtes de la liberté de conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit, l’on ne saurai
1325 e la liberté de conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit, l’on ne saurait assez louer la science et les scrup
1326 a liberté de conscience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit, l’on ne saurait assez louer la science et les scrupule
1327 ience en général, plutôt que de la foi. Ceci dit, l’ on ne saurait assez louer la science et les scrupules historiques de V
1328 de la foi. Ceci dit, l’on ne saurait assez louer la science et les scrupules historiques de Viénot. La réserve dont il fa
1329 ci dit, l’on ne saurait assez louer la science et les scrupules historiques de Viénot. La réserve dont il fait preuve dans
1330 sez louer la science et les scrupules historiques de Viénot. La réserve dont il fait preuve dans tous ses jugements, l’att
1331 a science et les scrupules historiques de Viénot. La réserve dont il fait preuve dans tous ses jugements, l’atténuation vo
1332 erve dont il fait preuve dans tous ses jugements, l’ atténuation volontaire des condamnations qu’il ne peut s’empêcher de p
1333 ntaire des condamnations qu’il ne peut s’empêcher de porter parfois, tout cet effort d’impartialité systématique qui reste
1334 eut s’empêcher de porter parfois, tout cet effort d’ impartialité systématique qui restera la marque des historiens du xixe
1335 et effort d’impartialité systématique qui restera la marque des historiens du xixe siècle finissant, n’enlève rien à l’in
1336 oriens du xixe siècle finissant, n’enlève rien à l’ intérêt puissant de ce gros volume. Mais aussi, la substance historiqu
1337 cle finissant, n’enlève rien à l’intérêt puissant de ce gros volume. Mais aussi, la substance historique qu’il nous offre
1338 l’intérêt puissant de ce gros volume. Mais aussi, la substance historique qu’il nous offre est de celles qui n’ont pas bes
1339 ssi, la substance historique qu’il nous offre est de celles qui n’ont pas besoin de condiments pour produire leur brûlante
1340 ’il nous offre est de celles qui n’ont pas besoin de condiments pour produire leur brûlante saveur. Rien de plus excitant
1341 leur brûlante saveur. Rien de plus excitant pour l’ esprit que cette lecture, passionnante non seulement à cause du pittor
1342 ment à cause des plongées directes qu’elle permet d’ opérer dans la vie publique et privée du xviie siècle, mais encore pa
1343 es plongées directes qu’elle permet d’opérer dans la vie publique et privée du xviie siècle, mais encore parce que, à tou
1344 ie siècle, mais encore parce que, à tout moment, le lecteur se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu de la France si
1345 eur se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu de la France si l’édit avait été observé, s’il n’avait pas été révoqué,
1346 se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu de la France si l’édit avait été observé, s’il n’avait pas été révoqué, si
1347 té à imaginer ce qu’il fut advenu de la France si l’ édit avait été observé, s’il n’avait pas été révoqué, si Sully avait é
1348 it pas été révoqué, si Sully avait été écouté, si les jésuites n’étaient pas revenus, s’ils n’avaient pas armé, après quinz
1349 mé, après quinze autres meurtriers, un Ravaillac… Le bel irénisme de Viénot, la réserve qu’il observe avec constance dans
1350 autres meurtriers, un Ravaillac… Le bel irénisme de Viénot, la réserve qu’il observe avec constance dans son récit ne peu
1351 rtriers, un Ravaillac… Le bel irénisme de Viénot, la réserve qu’il observe avec constance dans son récit ne peuvent en som
1352 ans son récit ne peuvent en somme que donner plus de vigueur au langage des faits, cités ici en très grand nombre à chaque
1353 ière fois, et propres à modifier considérablement l’ opinion que nous pouvions avoir du « grand siècle » tel que nous l’ont
1354 s pouvions avoir du « grand siècle » tel que nous l’ ont décrit les fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la poli
1355 oir du « grand siècle » tel que nous l’ont décrit les fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la politique romaine.
1356 d siècle » tel que nous l’ont décrit les fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la politique romaine. La persécut
1357 les fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la politique romaine. La persécution des protestants ne fut pas l’œuv
1358 s fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la politique romaine. La persécution des protestants ne fut pas l’œuvre
1359 V et certains défenseurs de la politique romaine. La persécution des protestants ne fut pas l’œuvre du parti catholique fr
1360 omaine. La persécution des protestants ne fut pas l’ œuvre du parti catholique français, mais bien des conseillers étranger
1361 rs des rois et du haut clergé. Il semble bien que la pensée dominante, dans toute cette guerre faite à la foi évangélique,
1362 pensée dominante, dans toute cette guerre faite à la foi évangélique, ait été celle des Espagnols et des Romains. Les cath
1363 ique, ait été celle des Espagnols et des Romains. Les catholiques patriotes savaient bien que la présence à la cour d’un Su
1364 ains. Les catholiques patriotes savaient bien que la présence à la cour d’un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants
1365 oliques patriotes savaient bien que la présence à la cour d’un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants d’une Église
1366 patriotes savaient bien que la présence à la cour d’ un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants d’une Église légale e
1367 ient bien que la présence à la cour d’un Sully ou d’ un Duplessis-Mornay, représentants d’une Église légale et particulière
1368 ’un Sully ou d’un Duplessis-Mornay, représentants d’ une Église légale et particulièrement fidèle au roi, ne pouvait nuire
1369 fidèle au roi, ne pouvait nuire au prestige et à l’ ordre de l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous
1370 au roi, ne pouvait nuire au prestige et à l’ordre de l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV
1371 roi, ne pouvait nuire au prestige et à l’ordre de l’ État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV, d
1372 e l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine de la politique européenne, fut l
1373 ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine de la politique européenne, fut l’œuvre personnelle des réfor
1374 entrepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine de la politique européenne, fut l’œuvre personnelle des réformés. Le « g
1375 trepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine de la politique européenne, fut l’œuvre personnelle des réformés. Le « gran
1376 , dans le domaine de la politique européenne, fut l’ œuvre personnelle des réformés. Le « grand dessein » qu’avait conçu Bé
1377 européenne, fut l’œuvre personnelle des réformés. Le « grand dessein » qu’avait conçu Béthune pouvait faire de la France l
1378 nd dessein » qu’avait conçu Béthune pouvait faire de la France la première organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais le
1379 dessein » qu’avait conçu Béthune pouvait faire de la France la première organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais le vi
1380 vait faire de la France la première organisatrice d’ une Europe fédéralisée. Mais le virus qu’un Mazarin, un Concini ou un
1381 ière organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais le virus qu’un Mazarin, un Concini ou un Ubaldini (nonce papal) introdui
1382 uisent en France au début du xviie siècle, c’est le virus de l’étatisme totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l
1383 France au début du xviie siècle, c’est le virus de l’étatisme totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l’unité à
1384 ance au début du xviie siècle, c’est le virus de l’ étatisme totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l’unité à tou
1385 , c’est le virus de l’étatisme totalitaire, c’est l’ idée fort peu française de l’unité à tout prix et dans tous les ordres
1386 isme totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l’unité à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les
1387 e totalitaire, c’est l’idée fort peu française de l’ unité à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les div
1388 peu française de l’unité à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les diversités organiques et fécondes. C’
1389 té à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les diversités organiques et fécondes. C’est cette idéologie i
1390 prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les diversités organiques et fécondes. C’est cette idéologie importée qui
1391 idéologie importée qui influence de plus en plus la cour, et qui finit par triompher lors de la révocation de l’édit de N
1392 plus la cour, et qui finit par triompher lors de la révocation de l’édit de Nantes. Mais alors cette révocation n’apparaî
1393 et qui finit par triompher lors de la révocation de l’édit de Nantes. Mais alors cette révocation n’apparaît plus que com
1394 qui finit par triompher lors de la révocation de l’ édit de Nantes. Mais alors cette révocation n’apparaît plus que comme
1395 révocation n’apparaît plus que comme un épisode, le plus marquant il est vrai, de toute l’évolution politique de la royau
1396 e comme un épisode, le plus marquant il est vrai, de toute l’évolution politique de la royauté absolue vers « l’État total
1397 n épisode, le plus marquant il est vrai, de toute l’ évolution politique de la royauté absolue vers « l’État totalitaire ».
1398 quant il est vrai, de toute l’évolution politique de la royauté absolue vers « l’État totalitaire ». Il faut ici risquer u
1399 nt il est vrai, de toute l’évolution politique de la royauté absolue vers « l’État totalitaire ». Il faut ici risquer un m
1400 ’évolution politique de la royauté absolue vers «  l’ État totalitaire ». Il faut ici risquer un mot sans doute anachronique
1401 uer un mot sans doute anachronique, mais que tout le livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme.
1402 t sans doute anachronique, mais que tout le livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme. Le paral
1403 livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme. Le parallélisme qu’on peut facilement établir entre
1404 e Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme. Le parallélisme qu’on peut facilement établir entre la « ré
1405 autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme. Le parallélisme qu’on peut facilement établir entre la « révocation » et
1406 parallélisme qu’on peut facilement établir entre la « révocation » et les mesures de « mise au pas » prises par Hitler me
1407 eut facilement établir entre la « révocation » et les mesures de « mise au pas » prises par Hitler me paraît riche d’enseig
1408 nt établir entre la « révocation » et les mesures de « mise au pas » prises par Hitler me paraît riche d’enseignements trè
1409 « mise au pas » prises par Hitler me paraît riche d’ enseignements très actuels. Chez Louis XIV comme chez Hitler, ce n’est
1410 ouis XIV comme chez Hitler, ce n’est pas un souci d’ unité religieuse qui domine : la religion leur est simple prétexte ; m
1411 ’est pas un souci d’unité religieuse qui domine : la religion leur est simple prétexte ; mais il s’agit d’établir à tout p
1412 eligion leur est simple prétexte ; mais il s’agit d’ établir à tout prix un cadre national centralisé, géométrique, conçu d
1413 adre national centralisé, géométrique, conçu dans l’ abstraction et imposé par la violence. Pour soutenir un tel dessein, i
1414 ométrique, conçu dans l’abstraction et imposé par la violence. Pour soutenir un tel dessein, il s’agit d’établir un droit
1415 violence. Pour soutenir un tel dessein, il s’agit d’ établir un droit nouveau qui ne soit plus fondé que sur la seule volon
1416 r un droit nouveau qui ne soit plus fondé que sur la seule volonté du dictateur. Déjà ce mot de Mazarin paraît donner comm
1417 ue sur la seule volonté du dictateur. Déjà ce mot de Mazarin paraît donner comme une formule anticipée du droit « nazi » :
1418 mme une formule anticipée du droit « nazi » : Si le roi, disait-il, ne voulait point qu’on portât des glands à son collet
1419 drait point porter, parce que ce n’est point tant la chose défendue que la défense qui fait le crime. En face de ces prét
1420 rce que ce n’est point tant la chose défendue que la défense qui fait le crime. En face de ces prétentions toutes nouvell
1421 nt tant la chose défendue que la défense qui fait le crime. En face de ces prétentions toutes nouvelles, les réformés de
1422 me. En face de ces prétentions toutes nouvelles, les réformés de France ne cessèrent, dès le début, de dresser une protest
1423 de ces prétentions toutes nouvelles, les réformés de France ne cessèrent, dès le début, de dresser une protestation dont l
1424 uvelles, les réformés de France ne cessèrent, dès le début, de dresser une protestation dont les termes n’ont, hélas ! pas
1425 es réformés de France ne cessèrent, dès le début, de dresser une protestation dont les termes n’ont, hélas ! pas vieilli.
1426 t, dès le début, de dresser une protestation dont les termes n’ont, hélas ! pas vieilli. Viénot cite, à ce propos, un texte
1427 , à ce propos, un texte assez frappant. Il s’agit de la requête adressée au roi par des protestants auxquels on refusait l
1428 ce propos, un texte assez frappant. Il s’agit de la requête adressée au roi par des protestants auxquels on refusait l’us
1429 e au roi par des protestants auxquels on refusait l’ usage des cimetières (on allait même jusqu’à violer les sépultures des
1430 age des cimetières (on allait même jusqu’à violer les sépultures des religionnaires) : Ceux que vous déterrez, dit la requ
1431 es religionnaires) : Ceux que vous déterrez, dit la requête, ne sont point étrangers. Ce sont François, vrais François de
1432 point étrangers. Ce sont François, vrais François de nature comme vous, mieux que vous d’affection, s’il est vrai que l’hu
1433 ais François de nature comme vous, mieux que vous d’ affection, s’il est vrai que l’humanité est la propre affection des Fr
1434 us, mieux que vous d’affection, s’il est vrai que l’ humanité est la propre affection des François… Bon Dieu ! parmi quels
1435 ous d’affection, s’il est vrai que l’humanité est la propre affection des François… Bon Dieu ! parmi quels tigres vivons-n
1436 ieu ! parmi quels tigres vivons-nous… qu’une cour de Parlement se licencie ainsi contre le droit naturel, contre l’honnête
1437 qu’une cour de Parlement se licencie ainsi contre le droit naturel, contre l’honnêteté civile ! Ce recours à un droit uni
1438 se licencie ainsi contre le droit naturel, contre l’ honnêteté civile ! Ce recours à un droit universellement humain, n’es
1439 universellement humain, n’est-il pas significatif de la nature du danger qu’on courait ? La conclusion de cette requête mé
1440 versellement humain, n’est-il pas significatif de la nature du danger qu’on courait ? La conclusion de cette requête mérit
1441 gnificatif de la nature du danger qu’on courait ? La conclusion de cette requête mérite d’ailleurs d’être citée aussi, pou
1442 la nature du danger qu’on courait ? La conclusion de cette requête mérite d’ailleurs d’être citée aussi, pour sa seule bea
1443 La conclusion de cette requête mérite d’ailleurs d’ être citée aussi, pour sa seule beauté : Lequel nous vaudra donc mieu
1444 n’est pas moins grand lorsque, après avoir décrit l’ enterrement nocturne et secret d’une de ses coreligionnaires, il concl
1445 rès avoir décrit l’enterrement nocturne et secret d’ une de ses coreligionnaires, il conclut par ces mots : Nous sommes ch
1446 oir décrit l’enterrement nocturne et secret d’une de ses coreligionnaires, il conclut par ces mots : Nous sommes chassés
1447 s, il conclut par ces mots : Nous sommes chassés de la ville et jetés comme des ordures dans un coin. C’est bien d’ailleu
1448 il conclut par ces mots : Nous sommes chassés de la ville et jetés comme des ordures dans un coin. C’est bien d’ailleurs.
1449 s cieux. Louange à Dieu aux siècles des siècles. Le livre de John Viénot nous donne toute une anthologie de pareils trait
1450 Louange à Dieu aux siècles des siècles. Le livre de John Viénot nous donne toute une anthologie de pareils traits. Grâce
1451 re de John Viénot nous donne toute une anthologie de pareils traits. Grâce à quoi l’on ressort de cette lecture plus édifi
1452 te une anthologie de pareils traits. Grâce à quoi l’ on ressort de cette lecture plus édifié encore que révolté. Mais ce n’
1453 ogie de pareils traits. Grâce à quoi l’on ressort de cette lecture plus édifié encore que révolté. Mais ce n’est pas peu d
1454 olté. Mais ce n’est pas peu dire. 10. Histoire de la Réforme française, tome II : De l’édit de Nantes à sa révocation,
1455 é. Mais ce n’est pas peu dire. 10. Histoire de la Réforme française, tome II : De l’édit de Nantes à sa révocation, Lib
1456 10. Histoire de la Réforme française, tome II : De l’édit de Nantes à sa révocation, Librairie Fischbacher. La même libr
1457 . Histoire de la Réforme française, tome II : De l’ édit de Nantes à sa révocation, Librairie Fischbacher. La même librair
1458 de Nantes à sa révocation, Librairie Fischbacher. La même librairie publie une intéressante plaquette de H. Dartigue sur l
1459 même librairie publie une intéressante plaquette de H. Dartigue sur la vie et l’œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis
1460 lie une intéressante plaquette de H. Dartigue sur la vie et l’œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis de, « [Compte rendu
1461 téressante plaquette de H. Dartigue sur la vie et l’ œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Une hist
1462 te plaquette de H. Dartigue sur la vie et l’œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Une histoire de
1463 vie et l’œuvre de J. Viénot. j. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Une histoire de la Réforme en France », Les Nouvell
1464 Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Une histoire de la Réforme en France », Les Nouvelles littéraires, Paris, 15 décembre
1465 gemont Denis de, « [Compte rendu] Une histoire de la Réforme en France », Les Nouvelles littéraires, Paris, 15 décembre 19
1466 te rendu] Une histoire de la Réforme en France », Les Nouvelles littéraires, Paris, 15 décembre 1934, p. 5.
8 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Kierkegaard, Dostoïevski, Barth (23 février 1935)
1467 iennent du Nord11. Un même courant spirituel nous les apporte au temps marqué. Peut-être, l’examen de ces « témoins » à la
1468 tuel nous les apporte au temps marqué. Peut-être, l’ examen de ces « témoins » à la fois si divers et si profondément sembl
1469 les apporte au temps marqué. Peut-être, l’examen de ces « témoins » à la fois si divers et si profondément semblables nou
1470 dément semblables nous permettra-t-il aujourd’hui de préciser la direction et la nature de ce courant. L’Esprit souffle où
1471 ables nous permettra-t-il aujourd’hui de préciser la direction et la nature de ce courant. L’Esprit souffle où il veut. Le
1472 ttra-t-il aujourd’hui de préciser la direction et la nature de ce courant. L’Esprit souffle où il veut. Les prévisions des
1473 aujourd’hui de préciser la direction et la nature de ce courant. L’Esprit souffle où il veut. Les prévisions des historien
1474 préciser la direction et la nature de ce courant. L’ Esprit souffle où il veut. Les prévisions des historiens de la pensée
1475 ature de ce courant. L’Esprit souffle où il veut. Les prévisions des historiens de la pensée ne semblent pas peser bien lou
1476 souffle où il veut. Les prévisions des historiens de la pensée ne semblent pas peser bien lourd sur ses décisions souverai
1477 ffle où il veut. Les prévisions des historiens de la pensée ne semblent pas peser bien lourd sur ses décisions souveraines
1478 ions souveraines. Comment expliquer, par exemple, la soudaine passion qui porte tant de bons esprits, chez nous, vers la p
1479 n qui porte tant de bons esprits, chez nous, vers la pensée de Kierkegaard, surgissant lentement, terriblement, des ombres
1480 e tant de bons esprits, chez nous, vers la pensée de Kierkegaard, surgissant lentement, terriblement, des ombres du Siècle
1481 du Siècle Stupide ? Qui prévoyait, voici dix ans, l’ intervention de ce génie considérable, la position de cette question p
1482 de ? Qui prévoyait, voici dix ans, l’intervention de ce génie considérable, la position de cette question plutôt gênante q
1483 dix ans, l’intervention de ce génie considérable, la position de cette question plutôt gênante qu’est son œuvre en plein c
1484 ntervention de ce génie considérable, la position de cette question plutôt gênante qu’est son œuvre en plein cœur de nos r
1485 ion plutôt gênante qu’est son œuvre en plein cœur de nos ratiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curie
1486 est son œuvre en plein cœur de nos ratiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est
1487 in cœur de nos ratiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkega
1488 cœur de nos ratiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard
1489 tiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit pré
1490 clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit présenté aujourd’hu
1491 rcs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’ affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit présenté aujourd’hui p
1492 ophes laïques tout à fait libérés des disciplines de la foi, au moment décisif où, d’autre part, la pensée de son grand di
1493 es laïques tout à fait libérés des disciplines de la foi, au moment décisif où, d’autre part, la pensée de son grand disci
1494 es de la foi, au moment décisif où, d’autre part, la pensée de son grand disciple et continuateur, Karl Barth, pénètre et
1495 oi, au moment décisif où, d’autre part, la pensée de son grand disciple et continuateur, Karl Barth, pénètre et fait reviv
1496 he et du théologien projette une vive lumière sur le secret dernier du message d’un romancier : Dostoïevski. Prenons-y gar
1497 une vive lumière sur le secret dernier du message d’ un romancier : Dostoïevski. Prenons-y garde, une nouvelle constellatio
1498 garde, une nouvelle constellation monte au zénith de notre âge. Il s’agit maintenant d’interpréter son signe. ⁂ Crainte e
1499 onte au zénith de notre âge. Il s’agit maintenant d’ interpréter son signe. ⁂ Crainte et Tremblement, qui vient de paraîtr
1500 rainte et Tremblement, qui vient de paraître dans la belle collection philosophique de MM. Lavelle et Le Senne, appartient
1501 e paraître dans la belle collection philosophique de MM. Lavelle et Le Senne, appartient à la première période de la pensé
1502 belle collection philosophique de MM. Lavelle et Le Senne, appartient à la première période de la pensée kierkegaardienne
1503 lle et Le Senne, appartient à la première période de la pensée kierkegaardienne. La question que pose cette œuvre, c’est c
1504 et Le Senne, appartient à la première période de la pensée kierkegaardienne. La question que pose cette œuvre, c’est cell
1505 a première période de la pensée kierkegaardienne. La question que pose cette œuvre, c’est celle de la foi, dans l’absolu.
1506 ne. La question que pose cette œuvre, c’est celle de la foi, dans l’absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaar
1507 La question que pose cette œuvre, c’est celle de la foi, dans l’absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaard a
1508 que pose cette œuvre, c’est celle de la foi, dans l’ absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaard adressera plus
1509 lle de la foi, dans l’absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaard adressera plus tard à la chrétienté de son t
1510 la question que Kierkegaard adressera plus tard à la chrétienté de son temps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe
1511 e Kierkegaard adressera plus tard à la chrétienté de son temps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe le plus inouï
1512 dressera plus tard à la chrétienté de son temps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe le plus inouï – avez-vous cet
1513 nté de son temps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe le plus inouï – avez-vous cette foi, êtes-vous vraiment chré
1514 emps : la foi étant ce que j’ai dit – le paradoxe le plus inouï – avez-vous cette foi, êtes-vous vraiment chrétiens ? Serv
1515 iens ? Servez-vous Dieu, ou bien vous servez-vous de Dieu ? Question terriblement gênante, insupportable. La vocation sing
1516 u ? Question terriblement gênante, insupportable. La vocation singulière de cet homme s’épuisera dans le seul acte de l’im
1517 nt gênante, insupportable. La vocation singulière de cet homme s’épuisera dans le seul acte de l’imposer. Après cet acte,
1518 vocation singulière de cet homme s’épuisera dans le seul acte de l’imposer. Après cet acte, semblable au prince Hamlet —
1519 gulière de cet homme s’épuisera dans le seul acte de l’imposer. Après cet acte, semblable au prince Hamlet — autre Danois 
1520 ière de cet homme s’épuisera dans le seul acte de l’ imposer. Après cet acte, semblable au prince Hamlet — autre Danois ! —
1521 nce Hamlet — autre Danois ! — il tombera, certain d’ avoir accompli sa mission. Dans Crainte et Tremblement, Kierkegaard se
1522 Kierkegaard se débat encore avec lui-même. A-t-il la foi ? Qu’est-ce que la foi ? Hegel, dont la philosophie obsède à ce m
1523 core avec lui-même. A-t-il la foi ? Qu’est-ce que la foi ? Hegel, dont la philosophie obsède à ce moment l’esprit de Kierk
1524 -t-il la foi ? Qu’est-ce que la foi ? Hegel, dont la philosophie obsède à ce moment l’esprit de Kierkegaard, Hegel esquive
1525 i ? Hegel, dont la philosophie obsède à ce moment l’ esprit de Kierkegaard, Hegel esquive la question, la supprime implicit
1526 , dont la philosophie obsède à ce moment l’esprit de Kierkegaard, Hegel esquive la question, la supprime implicitement. Il
1527 ce moment l’esprit de Kierkegaard, Hegel esquive la question, la supprime implicitement. Il réduit tout au général. Mais
1528 esprit de Kierkegaard, Hegel esquive la question, la supprime implicitement. Il réduit tout au général. Mais la Bible, que
1529 me implicitement. Il réduit tout au général. Mais la Bible, que nous dit-elle ? Elle ne fait pas une théorie, elle répond
1530 e ? Elle ne fait pas une théorie, elle répond par l’ exemple d’Abraham. Et c’est à la méditation de cet exemple que Kierkeg
1531 e fait pas une théorie, elle répond par l’exemple d’ Abraham. Et c’est à la méditation de cet exemple que Kierkegaard va co
1532 , elle répond par l’exemple d’Abraham. Et c’est à la méditation de cet exemple que Kierkegaard va consacrer son livre. Abr
1533 par l’exemple d’Abraham. Et c’est à la méditation de cet exemple que Kierkegaard va consacrer son livre. Abraham, le « pèr
1534 que Kierkegaard va consacrer son livre. Abraham, le « père des croyants », c’est l’homme qui a osé l’absurde. Dieu lui a
1535 n livre. Abraham, le « père des croyants », c’est l’ homme qui a osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’âge de 70 ans
1536 le « père des croyants », c’est l’homme qui a osé l’ absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’âge de 70 ans. Il n’a pas ri —
1537 qui a osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’ âge de 70 ans. Il n’a pas ri — comme Sarah, sa femme — de ce miracle.
1538 osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’âge de 70 ans. Il n’a pas ri — comme Sarah, sa femme — de ce miracle. Et mai
1539 e 70 ans. Il n’a pas ri — comme Sarah, sa femme — de ce miracle. Et maintenant Dieu lui commande d’offrir Isaac en sacrifi
1540 — de ce miracle. Et maintenant Dieu lui commande d’ offrir Isaac en sacrifice ! Abraham ne se révolte pas. Il croit en Die
1541 raison humaine. Il selle son âne et s’en va vers les monts de Morija, pour sacrifier son fils unique. Il le fait « en vert
1542 maine. Il selle son âne et s’en va vers les monts de Morija, pour sacrifier son fils unique. Il le fait « en vertu de l’ab
1543 nts de Morija, pour sacrifier son fils unique. Il le fait « en vertu de l’absurde », c’est-à-dire en vertu de la foi, cont
1544 crifier son fils unique. Il le fait « en vertu de l’ absurde », c’est-à-dire en vertu de la foi, contre toute morale et tou
1545 en vertu de l’absurde », c’est-à-dire en vertu de la foi, contre toute morale et toute règle « générale ». Il va commettre
1546 Il va commettre un meurtre, et c’est parce qu’il l’ accepte qu’on l’appellera le père des croyants ? L’individu serait-il
1547 un meurtre, et c’est parce qu’il l’accepte qu’on l’ appellera le père des croyants ? L’individu serait-il au-dessus du gén
1548 et c’est parce qu’il l’accepte qu’on l’appellera le père des croyants ? L’individu serait-il au-dessus du général ? Serai
1549 ’accepte qu’on l’appellera le père des croyants ? L’ individu serait-il au-dessus du général ? Serait-il affranchi de l’éth
1550 ait-il au-dessus du général ? Serait-il affranchi de l’éthique ? Mais alors, comment donc comprendrait-il son acte ? Vingt
1551 -il au-dessus du général ? Serait-il affranchi de l’ éthique ? Mais alors, comment donc comprendrait-il son acte ? Vingt fo
1552 son acte ? Vingt fois, Kierkegaard y revient par les biais les plus différents et vingt fois il échoue devant ce paradoxe
1553 ? Vingt fois, Kierkegaard y revient par les biais les plus différents et vingt fois il échoue devant ce paradoxe monstrueux
1554 t ce paradoxe monstrueux. Il n’y a donc personne de la taille d’Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtan
1555 e paradoxe monstrueux. Il n’y a donc personne de la taille d’Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant.
1556 monstrueux. Il n’y a donc personne de la taille d’ Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant. Les pasteu
1557 sonne de la taille d’Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume de l’offrir en e
1558 ersonne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume de l’offrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué
1559 prendre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume de l’offrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué : Dieu l’arrête au dern
1560 ndre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume de l’ offrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué : Dieu l’arrête au dernier
1561 ffrir en exemple. Car enfin il n’a pas tué : Dieu l’ arrête au dernier moment et lui montre un bélier prêt pour le sacrific
1562 dernier moment et lui montre un bélier prêt pour le sacrifice… On célèbre la grâce de Dieu qui a donné Isaac pour la sec
1563 tre un bélier prêt pour le sacrifice… On célèbre la grâce de Dieu qui a donné Isaac pour la seconde fois ; on ne voit, da
1564 lier prêt pour le sacrifice… On célèbre la grâce de Dieu qui a donné Isaac pour la seconde fois ; on ne voit, dans toute
1565 aac pour la seconde fois ; on ne voit, dans toute l’ histoire, qu’une épreuve. Une épreuve : c’est beaucoup dire, et peu de
1566 est beaucoup dire, et peu de chose ; et cependant la chose est aussi vite passée que dite. On enfourche Pégase, en un clin
1567 n un clin d’œil on est à Morija, on voit aussitôt le bélier ; on oublie qu’Abraham fit le chemin lentement, au pas de son
1568 oit aussitôt le bélier ; on oublie qu’Abraham fit le chemin lentement, au pas de son âne, qu’il eut trois jours de voyage
1569 oublie qu’Abraham fit le chemin lentement, au pas de son âne, qu’il eut trois jours de voyage et qu’il lui fallut un peu d
1570 ntement, au pas de son âne, qu’il eut trois jours de voyage et qu’il lui fallut un peu de temps pour fendre le bois, lier
1571 e et qu’il lui fallut un peu de temps pour fendre le bois, lier Isaac et aiguiser le couteau. On oublie cela, on fait d’A
1572 temps pour fendre le bois, lier Isaac et aiguiser le couteau. On oublie cela, on fait d’Abraham « un personnage insignifi
1573 et aiguiser le couteau. On oublie cela, on fait d’ Abraham « un personnage insignifiant » et le comique c’est qu’on persi
1574 fait d’Abraham « un personnage insignifiant » et le comique c’est qu’on persiste à l’offrir en exemple aux chrétiens ! Ma
1575 signifiant » et le comique c’est qu’on persiste à l’ offrir en exemple aux chrétiens ! Mais la grandeur d’Abraham, sa signi
1576 rsiste à l’offrir en exemple aux chrétiens ! Mais la grandeur d’Abraham, sa signification démesurée et impensable, c’est q
1577 ffrir en exemple aux chrétiens ! Mais la grandeur d’ Abraham, sa signification démesurée et impensable, c’est qu’il reçut I
1578 impensable, c’est qu’il reçut Isaac en récompense d’ un acte « fou » et revint avec lui dans la vie comme si rien ne s’étai
1579 ompense d’un acte « fou » et revint avec lui dans la vie comme si rien ne s’était passé. Voilà le paradoxe des paradoxes :
1580 dans la vie comme si rien ne s’était passé. Voilà le paradoxe des paradoxes : vivre comme tout le monde, mais « en vertu d
1581 s : vivre comme tout le monde, mais « en vertu de l’ absurde ». C’est là le sort du « chevalier de la foi », le sort du chr
1582 e monde, mais « en vertu de l’absurde ». C’est là le sort du « chevalier de la foi », le sort du chrétien véritable. Mais
1583 u de l’absurde ». C’est là le sort du « chevalier de la foi », le sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai ce
1584 e l’absurde ». C’est là le sort du « chevalier de la foi », le sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai cette
1585 e ». C’est là le sort du « chevalier de la foi », le sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai cette foi-là ?
1586 ritable. Mais qui peut dire : j’ai cette foi-là ? La réflexion philosophique que Kierkegaard enchaîne à l’exemple d’Abraha
1587 éflexion philosophique que Kierkegaard enchaîne à l’ exemple d’Abraham est admirablement analysée dans l’introduction de Je
1588 hilosophique que Kierkegaard enchaîne à l’exemple d’ Abraham est admirablement analysée dans l’introduction de Jean Wahl qu
1589 exemple d’Abraham est admirablement analysée dans l’ introduction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’exposer clair
1590 am est admirablement analysée dans l’introduction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’exposer clairement, sans la
1591 s l’introduction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’exposer clairement, sans la trahir, la dialectique « abyssale
1592 duction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’ exposer clairement, sans la trahir, la dialectique « abyssale » de cet
1593 ussit ce tour de force d’exposer clairement, sans la trahir, la dialectique « abyssale » de cette œuvre. Personne n’a fait
1594 ur de force d’exposer clairement, sans la trahir, la dialectique « abyssale » de cette œuvre. Personne n’a fait plus que J
1595 ment, sans la trahir, la dialectique « abyssale » de cette œuvre. Personne n’a fait plus que Jean Wahl pour faire connaîtr
1596 ’a fait plus que Jean Wahl pour faire connaître à l’ élite française la pensée de Søren Kierkegaard : c’est un titre qui co
1597 ean Wahl pour faire connaître à l’élite française la pensée de Søren Kierkegaard : c’est un titre qui compte, et dont la p
1598 our faire connaître à l’élite française la pensée de Søren Kierkegaard : c’est un titre qui compte, et dont la pensée prot
1599 Kierkegaard : c’est un titre qui compte, et dont la pensée protestante saura mesurer la valeur. ⁂ Qu’est-ce que la foi ?
1600 mpte, et dont la pensée protestante saura mesurer la valeur. ⁂ Qu’est-ce que la foi ? demandait Kierkegaard dans Crainte e
1601 testante saura mesurer la valeur. ⁂ Qu’est-ce que la foi ? demandait Kierkegaard dans Crainte et Tremblement. Qu’est-ce qu
1602 egaard dans Crainte et Tremblement. Qu’est-ce que la vie chrétienne ? demande Karl Barth dans Culte raisonnable dont le ti
1603  ? demande Karl Barth dans Culte raisonnable dont le titre contraste singulièrement avec celui de Kierkegaard. Barth s’adr
1604 dont le titre contraste singulièrement avec celui de Kierkegaard. Barth s’adresse à des auditeurs chrétiens, à des hommes
1605 hrétiens, à des hommes qui se posent sérieusement la question : en quoi ma foi doit-elle transformer ma vie ? Or, toute l’
1606 i ma foi doit-elle transformer ma vie ? Or, toute l’ insistance du grand théologien se porte dans ce livre sur un seul poin
1607 logien se porte dans ce livre sur un seul point : l’ homme chrétien reste un homme comme les autres. Il n’a pas à devenir,
1608 eul point : l’homme chrétien reste un homme comme les autres. Il n’a pas à devenir, dès ici-bas, un être un peu divin, un p
1609 u divinisé, échappant en quelque manière aux lois de ce monde perdu. Sa sanctification ne doit pas le conduire à je ne sai
1610 de ce monde perdu. Sa sanctification ne doit pas le conduire à je ne sais quelle « spiritualisation » tout illusoire ou é
1611 soire ou évasive. Elle consiste d’abord en ce que le chrétien se reconnaît de plus en plus pécheur, de plus en plus livré
1612 de plus en plus pécheur, de plus en plus livré à la seule grâce divine. La vie chrétienne, c’est simplement la vie humain
1613 r, de plus en plus livré à la seule grâce divine. La vie chrétienne, c’est simplement la vie humaine éclairée par la foi d
1614 grâce divine. La vie chrétienne, c’est simplement la vie humaine éclairée par la foi dans sa réalité, puis offerte telle q
1615 nne, c’est simplement la vie humaine éclairée par la foi dans sa réalité, puis offerte telle quelle « en sacrifice saint e
1616 formés en quelque essence radieuse et esthétique. La vie chrétienne n’est pas une construction qui s’élève au-dessus du re
1617 s une construction qui s’élève au-dessus du reste de la vie. C’est toute profane et banale, la vie que chacun doit vivre à
1618 ne construction qui s’élève au-dessus du reste de la vie. C’est toute profane et banale, la vie que chacun doit vivre à sa
1619 u reste de la vie. C’est toute profane et banale, la vie que chacun doit vivre à sa place, et dans sa situation. Mais en
1620 e à sa place, et dans sa situation. Mais en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc de l’incroyant ? En rien d’autre qu
1621 Mais en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc de l’incroyant ? En rien d’autre qu’en ceci : qu’il est appelé à rendre
1622 s en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc de l’ incroyant ? En rien d’autre qu’en ceci : qu’il est appelé à rendre tém
1623 se distinguera-t-il donc de l’incroyant ? En rien d’ autre qu’en ceci : qu’il est appelé à rendre témoignage « d’une part c
1624 st appelé à rendre témoignage « d’une part contre la forme du siècle présent ; de l’autre, pour la forme du monde à venir 
1625 « d’une part contre la forme du siècle présent ; de l’autre, pour la forme du monde à venir ». Il reste dans le monde et
1626 tre la forme du siècle présent ; de l’autre, pour la forme du monde à venir ». Il reste dans le monde et soumis à ses lois
1627 , pour la forme du monde à venir ». Il reste dans le monde et soumis à ses lois, sachant pourtant qu’il n’appartient plus
1628 à sa transformation. Et voici que nous rejoignons l’ idée centrale de Crainte et Tremblement. Qu’est-ce, en effet, que le «
1629 ion. Et voici que nous rejoignons l’idée centrale de Crainte et Tremblement. Qu’est-ce, en effet, que le « chevalier de la
1630 Crainte et Tremblement. Qu’est-ce, en effet, que le « chevalier de la foi », sinon celui qui vit pleinement cette vie, to
1631 mblement. Qu’est-ce, en effet, que le « chevalier de la foi », sinon celui qui vit pleinement cette vie, toutefois « en ve
1632 ement. Qu’est-ce, en effet, que le « chevalier de la foi », sinon celui qui vit pleinement cette vie, toutefois « en vertu
1633 vit pleinement cette vie, toutefois « en vertu de l’ absurde », c’est-à-dire en vertu de la transformation promise de ce mo
1634 en vertu de l’absurde », c’est-à-dire en vertu de la transformation promise de ce monde. Apparemment il ne diffère des aut
1635 ’est-à-dire en vertu de la transformation promise de ce monde. Apparemment il ne diffère des autres en rien. Mais il est o
1636 il est orienté autrement — converti. Il vit dans les mêmes servitudes, mais il s’attend à Dieu, non à lui-même ni au monde
1637 . Ainsi, chez Barth et Kierkegaard, nous trouvons le même réalisme fondé dans le même paradoxe. La même façon de considére
1638 egaard, nous trouvons le même réalisme fondé dans le même paradoxe. La même façon de considérer l’homme à la fois tel qu’i
1639 ons le même réalisme fondé dans le même paradoxe. La même façon de considérer l’homme à la fois tel qu’il est devant Dieu,
1640 alisme fondé dans le même paradoxe. La même façon de considérer l’homme à la fois tel qu’il est devant Dieu, hic et nunc,
1641 ans le même paradoxe. La même façon de considérer l’ homme à la fois tel qu’il est devant Dieu, hic et nunc, et tel qu’il e
1642 c et nunc, et tel qu’il est revendiqué par Dieu à la limite de ses possibilités, là où paraît la grâce, in extremis. Car c
1643 et tel qu’il est revendiqué par Dieu à la limite de ses possibilités, là où paraît la grâce, in extremis. Car c’est à cha
1644 ieu à la limite de ses possibilités, là où paraît la grâce, in extremis. Car c’est à chaque instant de la vie de la foi qu
1645 la grâce, in extremis. Car c’est à chaque instant de la vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette v
1646 grâce, in extremis. Car c’est à chaque instant de la vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette visi
1647 in extremis. Car c’est à chaque instant de la vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette vision de l
1648 extremis. Car c’est à chaque instant de la vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette vision de l’ho
1649 chaque instant de la vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette vision de l’homme sans cesse mis en
1650 osent les questions dernières. Mais cette vision de l’homme sans cesse mis en question par l’Autre, n’est-ce point encore
1651 nt les questions dernières. Mais cette vision de l’ homme sans cesse mis en question par l’Autre, n’est-ce point encore la
1652 is en question par l’Autre, n’est-ce point encore la vision de Dostoïevski ? Ses héros ne viennent-ils pas à nous comme de
1653 tion par l’Autre, n’est-ce point encore la vision de Dostoïevski ? Ses héros ne viennent-ils pas à nous comme de grands qu
1654 vski ? Ses héros ne viennent-ils pas à nous comme de grands questionneurs, comme des êtres orientés vers autre chose qu’eu
1655 urneysen dans son essai intitulé : Dostoïevski ou les confins de l’homme. Le grand succès qu’a remporté ce petit livre en A
1656 s son essai intitulé : Dostoïevski ou les confins de l’homme. Le grand succès qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mé
1657 on essai intitulé : Dostoïevski ou les confins de l’ homme. Le grand succès qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mérit
1658 intitulé : Dostoïevski ou les confins de l’homme. Le grand succès qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mérite d’être
1659 qu’a remporté ce petit livre en Allemagne mérite d’ être confirmé par notre public littéraire. En quelques chapitres très
1660 s très simples, Thurneysen sait atteindre au cœur d’ une œuvre entre toutes complexe. C’est que, plus nettement encore que
1661 ’est que, plus nettement encore que Berdiaev dans L’ Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager dans une
1662 plus nettement encore que Berdiaev dans L’Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager dans une perspect
1663 encore que Berdiaev dans L’Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager dans une perspective chrétienne,
1664 diaev dans L’Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager dans une perspective chrétienne, hors de laquel
1665 Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’ envisager dans une perspective chrétienne, hors de laquelle cette œuvr
1666 ne, hors de laquelle cette œuvre resterait privée de sens, ou seulement chaotique, morbide. Ce que nous avons cherché dan
1667 Ce que nous avons cherché dans Dostoïevski, c’est la réponse à cette question : qu’est-ce qu’un homme ? Et cette réponse,
1668 qu’est-ce qu’un homme ? Et cette réponse, il nous l’ a donnée en nous découvrant que l’homme n’est lui-même qu’une seule et
1669 éponse, il nous l’a donnée en nous découvrant que l’ homme n’est lui-même qu’une seule et grande question, la question de l
1670 e n’est lui-même qu’une seule et grande question, la question de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros
1671 même qu’une seule et grande question, la question de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevs
1672 e qu’une seule et grande question, la question de l’ origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski 
1673 eule et grande question, la question de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaisse
1674 nde question, la question de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaissent malades,
1675 , la question de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaissent malades, comme bless
1676 de l’origine de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaissent malades, comme blessés d’une attein
1677 ne de sa vie, la question de Dieu. Tous les héros de Dostoïevski apparaissent malades, comme blessés d’une atteinte profon
1678 e Dostoïevski apparaissent malades, comme blessés d’ une atteinte profonde, portant comme une plaie béante le problème de l
1679 atteinte profonde, portant comme une plaie béante le problème de leur existence, ce problème qu’ils ne peuvent résoudre ju
1680 fonde, portant comme une plaie béante le problème de leur existence, ce problème qu’ils ne peuvent résoudre jusqu’à ce que
1681 ritable guérison. Ces phrases résument fort bien la thèse que Thurneysen soutient avec une passion convaincante. De diver
1682 hurneysen soutient avec une passion convaincante. De divers côtés l’on m’a demandé de préciser, à propos d’une de mes réce
1683 nt avec une passion convaincante. De divers côtés l’ on m’a demandé de préciser, à propos d’une de mes récentes chroniques,
1684 on convaincante. De divers côtés l’on m’a demandé de préciser, à propos d’une de mes récentes chroniques, ce qu’il fallait
1685 ôtés l’on m’a demandé de préciser, à propos d’une de mes récentes chroniques, ce qu’il fallait entendre par le protestanti
1686 écentes chroniques, ce qu’il fallait entendre par le protestantisme de Dostoïevski. Je ne saurais mieux répondre qu’en ren
1687 , ce qu’il fallait entendre par le protestantisme de Dostoïevski. Je ne saurais mieux répondre qu’en renvoyant au livre de
1688 e saurais mieux répondre qu’en renvoyant au livre de M. Thurneysen. La conception « dialectique » de l’homme illustrée par
1689 pondre qu’en renvoyant au livre de M. Thurneysen. La conception « dialectique » de l’homme illustrée par les personnages d
1690 e de M. Thurneysen. La conception « dialectique » de l’homme illustrée par les personnages de Dostoïevski, commentée sur l
1691 e M. Thurneysen. La conception « dialectique » de l’ homme illustrée par les personnages de Dostoïevski, commentée sur le p
1692 nception « dialectique » de l’homme illustrée par les personnages de Dostoïevski, commentée sur le plan théologique par Kar
1693 ctique » de l’homme illustrée par les personnages de Dostoïevski, commentée sur le plan théologique par Karl Barth, et sur
1694 e plan théologique par Karl Barth, et sur le plan d’ une poésie philosophique par Kierkegaard, c’est la conception même de
1695 d’une poésie philosophique par Kierkegaard, c’est la conception même de la vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout le
1696 ophique par Kierkegaard, c’est la conception même de la vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout le simul peccator et j
1697 ique par Kierkegaard, c’est la conception même de la vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout le simul peccator et just
1698 de la vie du chrétien selon Calvin, c’est surtout le simul peccator et justus qui fonda la Réforme luthérienne. 11. Cra
1699 est surtout le simul peccator et justus qui fonda la Réforme luthérienne. 11. Crainte et Tremblement, par Kierkegaard,
1700 danois par P.-H. Tisseau (Éditions Montaigne). –  Le Culte raisonnable, par Karl Barth, traduit par P. Maury (Éditions « J
1701 P. Maury (Éditions « Je sers »). – Dostoïevski ou les confins de l’homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Édi
1702 itions « Je sers »). – Dostoïevski ou les confins de l’homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Éditions « Je
1703 ons « Je sers »). – Dostoïevski ou les confins de l’ homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Éditions « Je ser
1704 aury (Éditions « Je sers »). k. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Kierkegaard, Dostoïevski, Barth », Les Nouvelles li
1705 [Compte rendu] Kierkegaard, Dostoïevski, Barth », Les Nouvelles littéraires, Paris, 23 février 1935, p. 5.
9 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Trois traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)
1706 Trois traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)l On nous montre un Calvin maigre et
1707 5)l On nous montre un Calvin maigre et sec, et l’ on conclut incontinent à l’ascétisme puritain. On nous montre un Luthe
1708 lvin maigre et sec, et l’on conclut incontinent à l’ ascétisme puritain. On nous montre un Luther adipeux, et loin de reven
1709 loin de revenir sur le premier jugement, on fait de cette image un nouveau cliché polémique : la Réforme se voit assimilé
1710 fait de cette image un nouveau cliché polémique : la Réforme se voit assimilée au « fays ce que vouldras » des Renaissants
1711 ilée au « fays ce que vouldras » des Renaissants. Les protestants sont-ils trop maigres ou trop gras ? Grave question pour
1712 ? Grave question pour ceux qui jugent des vérités les plus profondes de la foi selon le poids de leurs représentants ! Or,
1713 ur ceux qui jugent des vérités les plus profondes de la foi selon le poids de leurs représentants ! Or, cette espèce est p
1714 ceux qui jugent des vérités les plus profondes de la foi selon le poids de leurs représentants ! Or, cette espèce est plus
1715 nt des vérités les plus profondes de la foi selon le poids de leurs représentants ! Or, cette espèce est plus nombreuse qu
1716 rités les plus profondes de la foi selon le poids de leurs représentants ! Or, cette espèce est plus nombreuse qu’on ne pe
1717 ce est plus nombreuse qu’on ne pense. Que sait-on de Calvin dans notre grand public, sinon qu’il avait les joues creuses,
1718 Calvin dans notre grand public, sinon qu’il avait les joues creuses, une barbiche pointue et un profil coupant ? N’est-ce p
1719 assez pour juger son système ? Ne sait-on pas que les gros hommes sont toujours les plus populaires ? Comment se dire calvi
1720 Ne sait-on pas que les gros hommes sont toujours les plus populaires ? Comment se dire calviniste ? L’exposition Calvin à
1721 es plus populaires ? Comment se dire calviniste ? L’ exposition Calvin à la Bibliothèque nationale, si elle a permis à beau
1722 omment se dire calviniste ? L’exposition Calvin à la Bibliothèque nationale, si elle a permis à beaucoup de réviser quelqu
1723 beaucoup de réviser quelque peu leurs notions sur l’ importance intellectuelle et littéraire du calvinisme, a donné lieu pa
1724 a donné lieu par contre à une véritable débauche de considérations très vaguement physiognomoniques sur le teint et la co
1725 nsidérations très vaguement physiognomoniques sur le teint et la complexion de l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait g
1726 très vaguement physiognomoniques sur le teint et la complexion de l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur
1727 t physiognomoniques sur le teint et la complexion de l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liber
1728 hysiognomoniques sur le teint et la complexion de l’ auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté
1729 oniques sur le teint et la complexion de l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté d’esprit.
1730 ques sur le teint et la complexion de l’auteur de l’ Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté d’esprit. Ma
1731 ion. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté d’ esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui
1732 r à notre liberté d’esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui marque la plupart des écrits de
1733 berté d’esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui marque la plupart des écrits de ce temps, au
1734 dence culturelle qui marque la plupart des écrits de ce temps, au moment où certaine renaissance du calvinisme laisse espé
1735 ne renaissance du calvinisme laisse espérer, pour les années qui viennent, un essor tout nouveau de la pensée chrétienne. O
1736 ur les années qui viennent, un essor tout nouveau de la pensée chrétienne. On aurait tort d’assimiler cette renaissance à
1737 les années qui viennent, un essor tout nouveau de la pensée chrétienne. On aurait tort d’assimiler cette renaissance à la
1738 t nouveau de la pensée chrétienne. On aurait tort d’ assimiler cette renaissance à la belle floraison néo-thomiste. Il n’es
1739 e. On aurait tort d’assimiler cette renaissance à la belle floraison néo-thomiste. Il n’est pas inutile de marquer les rai
1740 elle floraison néo-thomiste. Il n’est pas inutile de marquer les raisons qui, du point de vue protestant, rendent ce paral
1741 son néo-thomiste. Il n’est pas inutile de marquer les raisons qui, du point de vue protestant, rendent ce parallèle irrecev
1742 vue protestant, rendent ce parallèle irrecevable. Les grands théologiens de la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’é
1743 ce parallèle irrecevable. Les grands théologiens de la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs
1744 parallèle irrecevable. Les grands théologiens de la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs do
1745 ns de la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’ école ; ni des docteurs dont la pensée fait loi, une fois sanctionnée
1746 nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs dont la pensée fait loi, une fois sanctionnée par l’Église. Ils sont avant to
1747 dont la pensée fait loi, une fois sanctionnée par l’ Église. Ils sont avant tout des témoins. On ne saurait trop insister s
1748 ter sur cette distinction fondamentale pour toute la pensée réformée. Qu’est-ce qu’un témoin ? C’est un homme qui n’est pa
1749 st-ce qu’un témoin ? C’est un homme qui n’est pas l’ inventeur de son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà de lui-m
1750 témoin ? C’est un homme qui n’est pas l’inventeur de son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà de lui-même, au-delà
1751 son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà de lui-même, au-delà des formules humaines de ce message, à la réalité q
1752 u-delà de lui-même, au-delà des formules humaines de ce message, à la réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Ca
1753 e, au-delà des formules humaines de ce message, à la réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Calvin, ce n’est pa
1754 formules humaines de ce message, à la réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Calvin, ce n’est pas faire retour
1755 taines formules dogmatiques ; mais c’est, au-delà de ces formules et dans l’orientation où elles nous placent, remonter à
1756 ues ; mais c’est, au-delà de ces formules et dans l’ orientation où elles nous placent, remonter à cette origine permanente
1757 nous placent, remonter à cette origine permanente de l’Église qu’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthér
1758 s placent, remonter à cette origine permanente de l’ Église qu’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthérism
1759 ter à cette origine permanente de l’Église qu’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthérisme, ce sont bien
1760 nte de l’Église qu’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthérisme, ce sont bien moins des normes de pensée
1761 u’est la révélation évangélique. Le calvinisme ou le luthérisme, ce sont bien moins des normes de pensée que des chemins v
1762 e ou le luthérisme, ce sont bien moins des normes de pensée que des chemins vers l’Évangile. L’Évangile seul, éclairé par
1763 n moins des normes de pensée que des chemins vers l’ Évangile. L’Évangile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de tou
1764 normes de pensée que des chemins vers l’Évangile. L’ Évangile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de toute théologie
1765 ins vers l’Évangile. L’Évangile seul, éclairé par l’ Esprit, reste la norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe.
1766 ile. L’Évangile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sa
1767 angile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se
1768 prit, reste la norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôl
1769 théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôle de ces témoins théologiques
1770 lus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôle de ces témoins théologiques au Jean-Baptiste de la C
1771 e. Barth, on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôle de ces témoins théologiques au Jean-Baptiste de la Crucifixion d
1772 , on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôle de ces témoins théologiques au Jean-Baptiste de la Crucifixion de Grünew
1773 ean-Baptiste de la Crucifixion de Grünewald, dont la main prodigieuse se détachant sur le ciel noir désigne le Sauveur en
1774 newald, dont la main prodigieuse se détachant sur le ciel noir désigne le Sauveur en croix : « Il faut qu’il croisse et qu
1775 prodigieuse se détachant sur le ciel noir désigne le Sauveur en croix : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » C’est
1776 détachant sur le ciel noir désigne le Sauveur en croix  : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » C’est donc sous l’angl
1777 u’il croisse et que je diminue. » C’est donc sous l’ angle de leur vocation particulière, et sous cet angle seul, qu’il nou
1778 isse et que je diminue. » C’est donc sous l’angle de leur vocation particulière, et sous cet angle seul, qu’il nous devien
1779 sous cet angle seul, qu’il nous devient loisible de parler de ces hommes sans tomber dans l’extravagance. Calvin homme, C
1780 angle seul, qu’il nous devient loisible de parler de ces hommes sans tomber dans l’extravagance. Calvin homme, Calvin écri
1781 loisible de parler de ces hommes sans tomber dans l’ extravagance. Calvin homme, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pa
1782 omme, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pas de l’estimer à nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe
1783 e, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pas de l’ estimer à nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe pl
1784 raires ; mais ce qui importe plus que tout, c’est d’ indiquer d’abord la « clé » qui donne leur exacte valeur à nos variati
1785 i importe plus que tout, c’est d’indiquer d’abord la « clé » qui donne leur exacte valeur à nos variations sur ce thème. E
1786 nos variations sur ce thème. Et cette clé, c’est la vocation que Jean Calvin reçut de réformer l’Église. Tout ceci est f
1787 ette clé, c’est la vocation que Jean Calvin reçut de réformer l’Église. Tout ceci est fort bien exposé par M. Albert-Mari
1788 est la vocation que Jean Calvin reçut de réformer l’ Église. Tout ceci est fort bien exposé par M. Albert-Marie Schmidt da
1789 hmidt dans son introduction aux Trois traités que l’ on vient de rééditer12. Le grand mérite de cette introduction, c’est q
1790 n aux Trois traités que l’on vient de rééditer12. Le grand mérite de cette introduction, c’est qu’elle nous ouvre, en une
1791 tés que l’on vient de rééditer12. Le grand mérite de cette introduction, c’est qu’elle nous ouvre, en une quinzaine de pag
1792 ction, c’est qu’elle nous ouvre, en une quinzaine de pages, les principales perspectives de « l’univers » calvinien. Il fa
1793 st qu’elle nous ouvre, en une quinzaine de pages, les principales perspectives de « l’univers » calvinien. Il faut bien avo
1794 quinzaine de pages, les principales perspectives de « l’univers » calvinien. Il faut bien avouer que les commentateurs no
1795 zaine de pages, les principales perspectives de «  l’ univers » calvinien. Il faut bien avouer que les commentateurs nous av
1796 « l’univers » calvinien. Il faut bien avouer que les commentateurs nous avaient donné jusqu’ici une image assez étriquée d
1797 avaient donné jusqu’ici une image assez étriquée de cette Weltanschauung à la fois biblique et classique, au sens le plus
1798 schauung à la fois biblique et classique, au sens le plus vigoureux de ce terme. En la replaçant dans l’atmosphère violent
1799 biblique et classique, au sens le plus vigoureux de ce terme. En la replaçant dans l’atmosphère violente et trouble de la
1800 ssique, au sens le plus vigoureux de ce terme. En la replaçant dans l’atmosphère violente et trouble de la Renaissance, M.
1801 plus vigoureux de ce terme. En la replaçant dans l’ atmosphère violente et trouble de la Renaissance, M. Schmidt va lui re
1802 a replaçant dans l’atmosphère violente et trouble de la Renaissance, M. Schmidt va lui restituer ses trois dimensions prim
1803 eplaçant dans l’atmosphère violente et trouble de la Renaissance, M. Schmidt va lui restituer ses trois dimensions primord
1804 Nous voyons alors Calvin faire face d’une part à l’ Église de Rome et c’est l’Épître à Sadolet ; d’autre part, aux premièr
1805 ons alors Calvin faire face d’une part à l’Église de Rome et c’est l’Épître à Sadolet ; d’autre part, aux premières déviat
1806 faire face d’une part à l’Église de Rome et c’est l’ Épître à Sadolet ; d’autre part, aux premières déviations de la doctri
1807 Sadolet ; d’autre part, aux premières déviations de la doctrine sacramentaire à l’intérieur de la Réforme et c’est le Tra
1808 dolet ; d’autre part, aux premières déviations de la doctrine sacramentaire à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité
1809 ons de la doctrine sacramentaire à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques
1810 acramentaire à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’humanisme anti
1811 re à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’humanisme antichrétien e
1812 à l’intérieur de la Réforme et c’est le Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’humanisme antichrétien et c
1813 Traité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’humanisme antichrétien et c’est le Traité des scandales. Ce troisiè
1814 ité de la cène ; enfin, aux diverses mystiques de l’ humanisme antichrétien et c’est le Traité des scandales. Ce troisième
1815 es mystiques de l’humanisme antichrétien et c’est le Traité des scandales. Ce troisième traité n’avait jamais été réimprim
1816 é depuis sa parution en 1550. « Originale mixture de passion contenue et de raison déchaînée », il sera pour beaucoup l’oc
1817 1550. « Originale mixture de passion contenue et de raison déchaînée », il sera pour beaucoup l’occasion d’une véritable
1818 e et de raison déchaînée », il sera pour beaucoup l’ occasion d’une véritable découverte de Calvin. Il nous donne un puissa
1819 son déchaînée », il sera pour beaucoup l’occasion d’ une véritable découverte de Calvin. Il nous donne un puissant raccourc
1820 ur beaucoup l’occasion d’une véritable découverte de Calvin. Il nous donne un puissant raccourci de toute la polémique de
1821 te de Calvin. Il nous donne un puissant raccourci de toute la polémique de la Réforme contre les libertins et les anabapti
1822 vin. Il nous donne un puissant raccourci de toute la polémique de la Réforme contre les libertins et les anabaptistes, con
1823 donne un puissant raccourci de toute la polémique de la Réforme contre les libertins et les anabaptistes, contre les occul
1824 ne un puissant raccourci de toute la polémique de la Réforme contre les libertins et les anabaptistes, contre les occultis
1825 courci de toute la polémique de la Réforme contre les libertins et les anabaptistes, contre les occultistes de l’école d’Ag
1826 a polémique de la Réforme contre les libertins et les anabaptistes, contre les occultistes de l’école d’Agrippa, contre les
1827 contre les libertins et les anabaptistes, contre les occultistes de l’école d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers
1828 rtins et les anabaptistes, contre les occultistes de l’école d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent
1829 ns et les anabaptistes, contre les occultistes de l’ école d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent la
1830 s anabaptistes, contre les occultistes de l’école d’ Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent la cause p
1831 ntre les occultistes de l’école d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent la cause pour un idéal humani
1832 ontre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent la cause pour un idéal humaniste. Or, tous ceux-là se scandalisent à gra
1833 ine qu’ils portent aux scandales que pour nuire à l’ Évangile et le diffamer comment que ce soit ». Il y a ceux pour lesque
1834 tent aux scandales que pour nuire à l’Évangile et le diffamer comment que ce soit ». Il y a ceux pour lesquels les dogmes
1835 comment que ce soit ». Il y a ceux pour lesquels les dogmes sont autant d’occasions de chopper : Quant à ce que la Prédes
1836 Il y a ceux pour lesquels les dogmes sont autant d’ occasions de chopper : Quant à ce que la Prédestination est comme une
1837 pour lesquels les dogmes sont autant d’occasions de chopper : Quant à ce que la Prédestination est comme une mer de scan
1838 t autant d’occasions de chopper : Quant à ce que la Prédestination est comme une mer de scandales, d’où vient cela sinon
1839 uant à ce que la Prédestination est comme une mer de scandales, d’où vient cela sinon de la folle curiosité des hommes ou
1840 la Prédestination est comme une mer de scandales, d’ où vient cela sinon de la folle curiosité des hommes ou de leur outrec
1841 comme une mer de scandales, d’où vient cela sinon de la folle curiosité des hommes ou de leur outrecuidance débordée ? Ca
1842 me une mer de scandales, d’où vient cela sinon de la folle curiosité des hommes ou de leur outrecuidance débordée ? Calvi
1843 nt cela sinon de la folle curiosité des hommes ou de leur outrecuidance débordée ? Calvin n’est guère partisan, on le voi
1844 dance débordée ? Calvin n’est guère partisan, on le voit, de ce fameux libre examen dont on persiste à lui attribuer l’in
1845 ordée ? Calvin n’est guère partisan, on le voit, de ce fameux libre examen dont on persiste à lui attribuer l’invention,
1846 eux libre examen dont on persiste à lui attribuer l’ invention, par une erreur assez inexplicable. Mais les pires adversair
1847 nvention, par une erreur assez inexplicable. Mais les pires adversaires de l’Église ne sont pas toujours au-dehors. Voici c
1848 ur assez inexplicable. Mais les pires adversaires de l’Église ne sont pas toujours au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la
1849 assez inexplicable. Mais les pires adversaires de l’ Église ne sont pas toujours au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la pai
1850 pas toujours au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la paix selon le monde à la vérité combattante : Je m’adresse à ceux qu
1851 au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la paix selon le monde à la vérité combattante : Je m’adresse à ceux qui abusent du n
1852 Voici ceux qui préfèrent la paix selon le monde à la vérité combattante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom de la ch
1853 attante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom de la chrétienté pour nourrir une paix fardée ! Voici ceux qui voudraie
1854 ante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom de la chrétienté pour nourrir une paix fardée ! Voici ceux qui voudraient
1855 aix fardée ! Voici ceux qui voudraient confondre la véritable grandeur de l’Église avec « une façon de royaume mondain ».
1856 ux qui voudraient confondre la véritable grandeur de l’Église avec « une façon de royaume mondain ». À ceux-là, Calvin rap
1857 qui voudraient confondre la véritable grandeur de l’ Église avec « une façon de royaume mondain ». À ceux-là, Calvin rappel
1858 a véritable grandeur de l’Église avec « une façon de royaume mondain ». À ceux-là, Calvin rappellera que notre condition c
1859 on chrétienne est celle du conflit dialectique : L’ Église est ordonnée à cette condition de batailler continuellement sou
1860 ctique : L’Église est ordonnée à cette condition de batailler continuellement sous la croix, tant qu’elle aura à cheminer
1861 cette condition de batailler continuellement sous la croix, tant qu’elle aura à cheminer en ce monde. Voici enfin les « l
1862 te condition de batailler continuellement sous la croix , tant qu’elle aura à cheminer en ce monde. Voici enfin les « liberti
1863 qu’elle aura à cheminer en ce monde. Voici enfin les « libertins », ceux que nous appelons libéraux qui « gazouillent » à
1864 « baveries », et ceux « qui se ruent contre Dieu d’ une impétuosité enragée à la façon des frénétiques, et tombent en de g
1865 se ruent contre Dieu d’une impétuosité enragée à la façon des frénétiques, et tombent en de grands abîmes ou se rompent l
1866 enragée à la façon des frénétiques, et tombent en de grands abîmes ou se rompent le col en s’aheurtant ». Cet étonnant tra
1867 ues, et tombent en de grands abîmes ou se rompent le col en s’aheurtant ». Cet étonnant traité, tour à tour éloquent à l’a
1868 nt ». Cet étonnant traité, tour à tour éloquent à l’ antique ou rabelaisien dans la satire, pourrait en somme s’intituler :
1869 r à tour éloquent à l’antique ou rabelaisien dans la satire, pourrait en somme s’intituler : Réforme contre Renaissance. M
1870 tituler : Réforme contre Renaissance. Mais toutes les richesses de style que produisit ce siècle bouillonnant ont passé dan
1871 rme contre Renaissance. Mais toutes les richesses de style que produisit ce siècle bouillonnant ont passé dans l’attaque d
1872 e produisit ce siècle bouillonnant ont passé dans l’ attaque de Calvin : il a su prendre à l’adversaire ses meilleures arme
1873 t ce siècle bouillonnant ont passé dans l’attaque de Calvin : il a su prendre à l’adversaire ses meilleures armes. Au suje
1874 assé dans l’attaque de Calvin : il a su prendre à l’ adversaire ses meilleures armes. Au sujet de ce style, dont l’exemple
1875 ses meilleures armes. Au sujet de ce style, dont l’ exemple n’est pas l’un des plus négligeables que comportent les Trois
1876 est pas l’un des plus négligeables que comportent les Trois traités, M. Schmidt nous propose quelques définitions fort bien
1877 venues : Qui veut comprendre, dans son essence, le génie littéraire de Calvin, ne doit jamais omettre que celui-ci se co
1878 comprendre, dans son essence, le génie littéraire de Calvin, ne doit jamais omettre que celui-ci se considérait comme mini
1879 onsidérait comme ministre du Verbe divin. Prêcher l’ Évangile, c’est à son sens engager le dialogue avec toutes les catégor
1880 vin. Prêcher l’Évangile, c’est à son sens engager le dialogue avec toutes les catégories d’hommes, avec toutes les espèces
1881 c’est à son sens engager le dialogue avec toutes les catégories d’hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialoguant
1882 ns engager le dialogue avec toutes les catégories d’ hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialoguant toujours avec
1883 avec toutes les catégories d’hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialoguant toujours avec les plus divers interl
1884 les catégories d’hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialoguant toujours avec les plus divers interlocuteurs, i
1885 es espèces de créatures. Dialoguant toujours avec les plus divers interlocuteurs, il ne se range jamais, comme un littérate
1886 eurs, il ne se range jamais, comme un littérateur de second ordre, aux lois d’une esthétique préconçue, mais il adopte tou
1887 s, comme un littérateur de second ordre, aux lois d’ une esthétique préconçue, mais il adopte toujours la forme de discours
1888 une esthétique préconçue, mais il adopte toujours la forme de discours la plus propre, sinon à charmer du moins à toucher
1889 tique préconçue, mais il adopte toujours la forme de discours la plus propre, sinon à charmer du moins à toucher son antag
1890 çue, mais il adopte toujours la forme de discours la plus propre, sinon à charmer du moins à toucher son antagoniste ; l’a
1891 on à charmer du moins à toucher son antagoniste ; l’ art de Calvin est fait de soumission absolue à l’objet proposé : tout
1892 harmer du moins à toucher son antagoniste ; l’art de Calvin est fait de soumission absolue à l’objet proposé : tout en por
1893 oucher son antagoniste ; l’art de Calvin est fait de soumission absolue à l’objet proposé : tout en portant la marque d’un
1894 l’art de Calvin est fait de soumission absolue à l’ objet proposé : tout en portant la marque d’une des plus puissantes pe
1895 ssion absolue à l’objet proposé : tout en portant la marque d’une des plus puissantes personnalités qui fut jamais, il se
1896 lue à l’objet proposé : tout en portant la marque d’ une des plus puissantes personnalités qui fut jamais, il se recrée tou
1897 ecrée toujours lui-même. Soumission du langage à l’ objet spirituellement dominé : telle serait la formule du classicisme
1898 e à l’objet spirituellement dominé : telle serait la formule du classicisme de Calvin. D’une vivacité presque baroque dans
1899 t dominé : telle serait la formule du classicisme de Calvin. D’une vivacité presque baroque dans les Scandales, orné et po
1900 telle serait la formule du classicisme de Calvin. D’ une vivacité presque baroque dans les Scandales, orné et pompeux dans
1901 me de Calvin. D’une vivacité presque baroque dans les Scandales, orné et pompeux dans l’Épître, sobre et grave dans le Trai
1902 baroque dans les Scandales, orné et pompeux dans l’ Épître, sobre et grave dans le Traité de la Cène, ce style garde parto
1903 rné et pompeux dans l’Épître, sobre et grave dans le Traité de la Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans doute,
1904 peux dans l’Épître, sobre et grave dans le Traité de la Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans doute, font le p
1905 x dans l’Épître, sobre et grave dans le Traité de la Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans doute, font le plus
1906 dans le Traité de la Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans doute, font le plus grand défaut à notre siècle : un
1907 le garde partout les vertus qui, sans doute, font le plus grand défaut à notre siècle : une fermeté délibérée qui ne s’arr
1908 t à des trouvailles, une sobriété vigoureuse dans l’ exposé des sic et non, enfin ce ton naturel de grandeur qui s’accommod
1909 ans l’exposé des sic et non, enfin ce ton naturel de grandeur qui s’accommode des plus savoureux contrastes, coupant court
1910 lus savoureux contrastes, coupant court aux élans de pure rhétorique, cet accent dont un romantisme tour à tour alangui ou
1911 tour à tour alangui ou excité nous a fait perdre le secret. Notre langage moderne relève à peine de deux maladies graves 
1912 moderne relève à peine de deux maladies graves : la contention abstraite du xviie et la dissolution voluptueuse du xixe
1913 ies graves : la contention abstraite du xviie et la dissolution voluptueuse du xixe . Il m’apparaît que le style d’un Cal
1914 ssolution voluptueuse du xixe . Il m’apparaît que le style d’un Calvin peut nous être un puissant roboratif. Et ceci pour
1915 voluptueuse du xixe . Il m’apparaît que le style d’ un Calvin peut nous être un puissant roboratif. Et ceci pour deux bonn
1916 ur deux bonnes raisons. D’abord Calvin était chef de parti ; qui plus est, fondateur d’Église ; donc doublement conscient
1917 vin était chef de parti ; qui plus est, fondateur d’ Église ; donc doublement conscient de la responsabilité de ses paroles
1918 t, fondateur d’Église ; donc doublement conscient de la responsabilité de ses paroles. Or, rien ne confère au langage une
1919 fondateur d’Église ; donc doublement conscient de la responsabilité de ses paroles. Or, rien ne confère au langage une aus
1920  ; donc doublement conscient de la responsabilité de ses paroles. Or, rien ne confère au langage une aussi poignante vertu
1921 ge une aussi poignante vertu que cette conscience d’ une mission à remplir et d’un dialogue à soutenir avec l’époque. Notre
1922 u que cette conscience d’une mission à remplir et d’ un dialogue à soutenir avec l’époque. Notre culture périt d’être par t
1923 ission à remplir et d’un dialogue à soutenir avec l’ époque. Notre culture périt d’être par trop « irresponsable ». Peut-êt
1924 gue à soutenir avec l’époque. Notre culture périt d’ être par trop « irresponsable ». Peut-être nous faut-il revenir vers l
1925 esponsable ». Peut-être nous faut-il revenir vers les chefs pour apprendre à nouveau ce que parler veut dire. Ensuite, n’ou
1926 n’oublions pas que la plupart des écrits français de Calvin — c’est le cas de ces Trois traités — furent traduits par lui-
1927 la plupart des écrits français de Calvin — c’est le cas de ces Trois traités — furent traduits par lui-même du latin. D’o
1928 part des écrits français de Calvin — c’est le cas de ces Trois traités — furent traduits par lui-même du latin. D’où la je
1929 traités — furent traduits par lui-même du latin. D’ où la jeunesse de cette langue et sa sobriété monumentale. Là encore,
1930 tés — furent traduits par lui-même du latin. D’où la jeunesse de cette langue et sa sobriété monumentale. Là encore, la le
1931 traduits par lui-même du latin. D’où la jeunesse de cette langue et sa sobriété monumentale. Là encore, la leçon de Calvi
1932 tte langue et sa sobriété monumentale. Là encore, la leçon de Calvin serait celle d’un retour aux origines. Voilà la seule
1933 e et sa sobriété monumentale. Là encore, la leçon de Calvin serait celle d’un retour aux origines. Voilà la seule révoluti
1934 ntale. Là encore, la leçon de Calvin serait celle d’ un retour aux origines. Voilà la seule révolution qui compte pour l’es
1935 lvin serait celle d’un retour aux origines. Voilà la seule révolution qui compte pour l’esprit. Elle doit commander toutes
1936 igines. Voilà la seule révolution qui compte pour l’ esprit. Elle doit commander toutes les autres. 12. Trois traités de
1937 compte pour l’esprit. Elle doit commander toutes les autres. 12. Trois traités de Jean Calvin. Préface de Jacques Panni
1938 commander toutes les autres. 12. Trois traités de Jean Calvin. Préface de Jacques Pannier. Introduction de A.-M. Schmid
1939 res. 12. Trois traités de Jean Calvin. Préface de Jacques Pannier. Introduction de A.-M. Schmidt. (Éditions « Je sers »
1940 Calvin. Préface de Jacques Pannier. Introduction de A.-M. Schmidt. (Éditions « Je sers », Paris.) l. Rougemont Denis de
1941 ditions « Je sers », Paris.) l. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Trois traités de Jean Calvin », Les Nouvelles litté
1942 ougemont Denis de, « [Compte rendu] Trois traités de Jean Calvin », Les Nouvelles littéraires, Paris, 20 juillet 1935, p. 
1943 « [Compte rendu] Trois traités de Jean Calvin », Les Nouvelles littéraires, Paris, 20 juillet 1935, p. 5.
10 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)
1944 Les mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2
1945 ècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)m n L’ esprit occidental n’a jamais eu d’unité harmonieuse : il est toujours
1946 bre 1935)m n L’esprit occidental n’a jamais eu d’ unité harmonieuse : il est toujours tension entre deux pôles, qui d’ai
1947 se déplacent sans cesse et parfois aussi changent de nom. On est tenté de résumer toutes ces tensions en une seule et uniq
1948 se et parfois aussi changent de nom. On est tenté de résumer toutes ces tensions en une seule et unique opposition : mysti
1949 trice. Cette vue des plus courantes omet pourtant le fait chrétien fondamental : la foi. La foi est acte humain d’obéissan
1950 ntes omet pourtant le fait chrétien fondamental : la foi. La foi est acte humain d’obéissance en même temps qu’elle est do
1951 t pourtant le fait chrétien fondamental : la foi. La foi est acte humain d’obéissance en même temps qu’elle est don de Die
1952 tien fondamental : la foi. La foi est acte humain d’ obéissance en même temps qu’elle est don de Dieu ; elle s’oppose donc
1953 humain d’obéissance en même temps qu’elle est don de Dieu ; elle s’oppose donc à toute mystique qui ne serait qu’une fuite
1954 du monde, comme à toute action en révolte contre l’ ordre de la Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait
1955 e, comme à toute action en révolte contre l’ordre de la Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait par mal
1956 comme à toute action en révolte contre l’ordre de la Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait par malheu
1957 évolte contre l’ordre de la Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait par malheur M. Chuzeville, on contr
1958 tre l’ordre de la Parole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait par malheur M. Chuzeville, on contribue à ren
1959 arole. En confondant la foi et la mystique, comme le fait par malheur M. Chuzeville, on contribue à renforcer un préjugé d
1960 zeville, on contribue à renforcer un préjugé dont le bénéfice ne saurait être pour la foi. La mystique, nous dit-il, en ef
1961 un préjugé dont le bénéfice ne saurait être pour la foi. La mystique, nous dit-il, en effet, c’est « la recherche des moy
1962 ugé dont le bénéfice ne saurait être pour la foi. La mystique, nous dit-il, en effet, c’est « la recherche des moyens par
1963 foi. La mystique, nous dit-il, en effet, c’est «  la recherche des moyens par lesquels l’âme arrive à transgresser ses lim
1964 fet, c’est « la recherche des moyens par lesquels l’ âme arrive à transgresser ses limites charnelles et temporelles ». For
1965 porelles ». Fort bien, répondrait un marxiste, si le christianisme est cela, nous lui laisserons ses rêveries et nous nous
1966 i laisserons ses rêveries et nous nous chargerons de l’homme « dans ses limites charnelles et temporelles ». C’est aussi c
1967 aisserons ses rêveries et nous nous chargerons de l’ homme « dans ses limites charnelles et temporelles ». C’est aussi ce q
1968 arnelles et temporelles ». C’est aussi ce que dit l’ Évangile, où il n’est pas question de mysticisme. Ceci marqué, qui est
1969 i ce que dit l’Évangile, où il n’est pas question de mysticisme. Ceci marqué, qui est plus qu’une réserve, il convient de
1970 marqué, qui est plus qu’une réserve, il convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout
1971 e réserve, il convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poéti
1972 hologie tout un monde spirituel et poétique plein de dangers et de merveilles. Le choix des textes me paraît des plus heur
1973 n monde spirituel et poétique plein de dangers et de merveilles. Le choix des textes me paraît des plus heureux, la traduc
1974 el et poétique plein de dangers et de merveilles. Le choix des textes me paraît des plus heureux, la traduction ferme et c
1975 . Le choix des textes me paraît des plus heureux, la traduction ferme et coulante. La plupart des mystiques que M. Chuzevi
1976 valis et Ruysbroeck mis à part ; et beaucoup sont de grands poètes, des philosophes terriblement concrets : Suso, Tauler,
1977 Suso, Tauler, Franck et Weigel, et surtout Boehme le gnostique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de le voir figure
1978 ostique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le pr
1979 ique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le premi
1980 nnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’expérience.
1981 mystiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’expérience. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien vol
1982 tiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’ expérience. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien volont
1983 il est le premier défenseur de l’expérience. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien volontiers cette erreur d
1984 cités fait pardonner bien volontiers cette erreur de classification. En vérité, les mystiques allemands nous apparaissent
1985 ntiers cette erreur de classification. En vérité, les mystiques allemands nous apparaissent surtout intéressants dans la me
1986 mands nous apparaissent surtout intéressants dans la mesure où ils annoncent le lyrisme et la philosophie d’une des plus h
1987 tout intéressants dans la mesure où ils annoncent le lyrisme et la philosophie d’une des plus hautes périodes de l’esprit
1988 nts dans la mesure où ils annoncent le lyrisme et la philosophie d’une des plus hautes périodes de l’esprit humain. J’ente
1989 ure où ils annoncent le lyrisme et la philosophie d’ une des plus hautes périodes de l’esprit humain. J’entends le premier
1990 et la philosophie d’une des plus hautes périodes de l’esprit humain. J’entends le premier romantisme allemand, encore si
1991 la philosophie d’une des plus hautes périodes de l’ esprit humain. J’entends le premier romantisme allemand, encore si mal
1992 d temps que nous rendions hommage à ce ver sacrum de l’esprit germanique. Il est grand temps que nous relevions ces titres
1993 emps que nous rendions hommage à ce ver sacrum de l’ esprit germanique. Il est grand temps que nous relevions ces titres de
1994 Il est grand temps que nous relevions ces titres de noblesse spirituelle momentanément méprisés par leurs héritiers direc
1995 directs. Et cela vaudrait mieux, à coup sûr, que de rééditer des calomnies usées sur un Luther qu’on n’a jamais lu ; l’in
1996 lomnies usées sur un Luther qu’on n’a jamais lu ; l’ introduction de cette anthologie contient, à cet égard, de navrantes d
1997 ur un Luther qu’on n’a jamais lu ; l’introduction de cette anthologie contient, à cet égard, de navrantes divagations ; Lu
1998 uction de cette anthologie contient, à cet égard, de navrantes divagations ; Luther ancêtre du racisme, par exemple ! m.
1999 e du racisme, par exemple ! m. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Jean Chuzeville, Les Mystiques allemands du XIIIe a
2000 emont Denis de, « [Compte rendu] Jean Chuzeville, Les Mystiques allemands du XIIIe au XIXe siècle  », Les Nouvelles littéra
2001 s Mystiques allemands du XIIIe au XIXe siècle  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 2 novembre 1935, p. 5. n. Une note de
2002 ires, Paris, 2 novembre 1935, p. 5. n. Une note de lecture sur le même livre a également paru dans la Nouvelle Revue fra
2003 novembre 1935, p. 5. n. Une note de lecture sur le même livre a également paru dans la Nouvelle Revue française d’octobr
2004 e lecture sur le même livre a également paru dans la Nouvelle Revue française d’octobre 1935.
2005 a également paru dans la Nouvelle Revue française d’ octobre 1935.
11 1936, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le Problème du bien (12 septembre 1936)
2006 Le Problème du bien (12 septembre 1936)o Couronnant une carrière d’au
2007 n (12 septembre 1936)o Couronnant une carrière d’ auteur déjà longue — quarante-cinq volumes, sauf erreur — M. le pasteu
2008 longue — quarante-cinq volumes, sauf erreur — M. le pasteur Wilfred Monod nous a donné une œuvre aussi exceptionnelle par
2009 par son style. M. Wilfred Monod est actuellement le représentant le plus marquant d’une famille dont les destins se confo
2010 M. Wilfred Monod est actuellement le représentant le plus marquant d’une famille dont les destins se confondirent durant t
2011 est actuellement le représentant le plus marquant d’ une famille dont les destins se confondirent durant tout le siècle der
2012 représentant le plus marquant d’une famille dont les destins se confondirent durant tout le siècle dernier avec ceux du pr
2013 ille dont les destins se confondirent durant tout le siècle dernier avec ceux du protestantisme français. Maurras, lorsqu’
2014 voulut s’en prendre aux réformés, ne trouva rien de mieux que d’écrire un pamphlet contre la race des Monod, les traditio
2015 prendre aux réformés, ne trouva rien de mieux que d’ écrire un pamphlet contre la race des Monod, les traditions, l’esprit
2016 uva rien de mieux que d’écrire un pamphlet contre la race des Monod, les traditions, l’esprit et l’idéologie de cette « tr
2017 ue d’écrire un pamphlet contre la race des Monod, les traditions, l’esprit et l’idéologie de cette « tribu ». Il semble que
2018 amphlet contre la race des Monod, les traditions, l’ esprit et l’idéologie de cette « tribu ». Il semble que l’auteur du Pr
2019 re la race des Monod, les traditions, l’esprit et l’ idéologie de cette « tribu ». Il semble que l’auteur du Problème du Bi
2020 es Monod, les traditions, l’esprit et l’idéologie de cette « tribu ». Il semble que l’auteur du Problème du Bien 13 se soi
2021 et l’idéologie de cette « tribu ». Il semble que l’ auteur du Problème du Bien 13 se soit fait un glorieux devoir, et peut
2022 n glorieux devoir, et peut-être un malin plaisir, de soutenir les causes les plus vilipendées par ce furieux censeur païen
2023 evoir, et peut-être un malin plaisir, de soutenir les causes les plus vilipendées par ce furieux censeur païen. Qu’il suffi
2024 eut-être un malin plaisir, de soutenir les causes les plus vilipendées par ce furieux censeur païen. Qu’il suffise de rappe
2025 ndées par ce furieux censeur païen. Qu’il suffise de rappeler que le nom de Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esp
2026 ieux censeur païen. Qu’il suffise de rappeler que le nom de Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esprit de tout prot
2027 nseur païen. Qu’il suffise de rappeler que le nom de Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esprit de tout protestant,
2028 e nom de Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’ esprit de tout protestant, deux grands mouvements de pensée et d’actio
2029 Wilfred Monod évoque immédiatement, dans l’esprit de tout protestant, deux grands mouvements de pensée et d’action dont il
2030 esprit de tout protestant, deux grands mouvements de pensée et d’action dont il fut l’un des principaux initiateurs : le c
2031 t protestant, deux grands mouvements de pensée et d’ action dont il fut l’un des principaux initiateurs : le christianisme
2032 ion dont il fut l’un des principaux initiateurs : le christianisme social, et l’union des églises non romaines, grande esp
2033 ncipaux initiateurs : le christianisme social, et l’ union des églises non romaines, grande espérance œcuménique et interna
2034 e espérance œcuménique et internationale née dans le « désarroi » de l’après-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès
2035 énique et internationale née dans le « désarroi » de l’après-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès de Stockholm sa
2036 que et internationale née dans le « désarroi » de l’ après-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès de Stockholm sa pre
2037 près-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès de Stockholm sa première réalisation concrète. À ces deux causes illustr
2038 tre auteur, il faut en ajouter une troisième, qui les commande directement : celle d’un certain humanisme chrétien. L’ouvra
2039 e troisième, qui les commande directement : celle d’ un certain humanisme chrétien. L’ouvrage littéralement énorme (hors de
2040 ectement : celle d’un certain humanisme chrétien. L’ ouvrage littéralement énorme (hors de la norme) qui vient de paraître
2041 chrétien. L’ouvrage littéralement énorme (hors de la norme) qui vient de paraître sous un titre dont l’apparence paradoxal
2042 a norme) qui vient de paraître sous un titre dont l’ apparence paradoxale est typique de l’esprit de M. Monod, figure sans
2043 un titre dont l’apparence paradoxale est typique de l’esprit de M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus com
2044 titre dont l’apparence paradoxale est typique de l’ esprit de M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus comple
2045 nt l’apparence paradoxale est typique de l’esprit de M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus complet que le
2046 de l’esprit de M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus complet que le modernisme protestant aura livré sur
2047 de M. Monod, figure sans aucun doute le document le plus complet que le modernisme protestant aura livré sur son époque.
2048 sans aucun doute le document le plus complet que le modernisme protestant aura livré sur son époque. Mais il marque en mê
2049 temps son dépassement. Ces 3000 pages contiennent la somme de la problématique particulière à une école — est-ce trop dire
2050 dépassement. Ces 3000 pages contiennent la somme de la problématique particulière à une école — est-ce trop dire — qui va
2051 passement. Ces 3000 pages contiennent la somme de la problématique particulière à une école — est-ce trop dire — qui va de
2052 ticulière à une école — est-ce trop dire — qui va de Schleiermacher à Harnack, en passant par Charles Secrétan, Frommel et
2053 ecrétan, Frommel et même Renouvier, et à laquelle les récents livres de Bergson viennent apporter un ultime renouveau. À ce
2054 même Renouvier, et à laquelle les récents livres de Bergson viennent apporter un ultime renouveau. À cet égard, le Problè
2055 ennent apporter un ultime renouveau. À cet égard, le Problème du Bien mériterait un examen critique dont le cadre de ma ch
2056 oblème du Bien mériterait un examen critique dont le cadre de ma chronique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais le s
2057 Bien mériterait un examen critique dont le cadre de ma chronique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais le sous-titre
2058 e cadre de ma chronique ne saurait supporter même l’ esquisse. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à l’aborder tr
2059 onique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à l’aborder très librement : « 
2060 ait supporter même l’esquisse. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à l’aborder très librement : « essai de théod
2061 . Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à l’ aborder très librement : « essai de théodicée et journal d’un pasteur 
2062 nous engage à l’aborder très librement : « essai de théodicée et journal d’un pasteur ». Nous n’avons pas affaire ici à u
2063 très librement : « essai de théodicée et journal d’ un pasteur ». Nous n’avons pas affaire ici à une construction doctrina
2064 ns pas affaire ici à une construction doctrinale. L’ auteur prend soin de nous en avertir à maintes reprises : L’intérêt d
2065 une construction doctrinale. L’auteur prend soin de nous en avertir à maintes reprises : L’intérêt du présent ouvrage ne
2066 end soin de nous en avertir à maintes reprises : L’ intérêt du présent ouvrage ne réside pas seulement dans le récit d’une
2067 t du présent ouvrage ne réside pas seulement dans le récit d’une exploration hasardée en des régions peu connues, mais aus
2068 ent ouvrage ne réside pas seulement dans le récit d’ une exploration hasardée en des régions peu connues, mais aussi dans l
2069 ardée en des régions peu connues, mais aussi dans la constante présentation d’un double cheminement : la recherche du pens
2070 onnues, mais aussi dans la constante présentation d’ un double cheminement : la recherche du penseur et le ministère du pas
2071 constante présentation d’un double cheminement : la recherche du penseur et le ministère du pasteur. Par ailleurs, il ne
2072 n double cheminement : la recherche du penseur et le ministère du pasteur. Par ailleurs, il ne s’adresse pas aux spéciali
2073 leurs, il ne s’adresse pas aux spécialistes, ni à l’ Église, comme ce serait le devoir d’un traité dogmatique. Je m’adress
2074 aux spécialistes, ni à l’Église, comme ce serait le devoir d’un traité dogmatique. Je m’adresse aux chrétiens, mais plus
2075 alistes, ni à l’Église, comme ce serait le devoir d’ un traité dogmatique. Je m’adresse aux chrétiens, mais plus encore au
2076 plus encore aux autres. Mon cœur est tourné vers les agnostiques, les sceptiques, les incrédules, les athées, les désespér
2077 autres. Mon cœur est tourné vers les agnostiques, les sceptiques, les incrédules, les athées, les désespérés (termes qui ne
2078 est tourné vers les agnostiques, les sceptiques, les incrédules, les athées, les désespérés (termes qui ne sont pas synony
2079 les agnostiques, les sceptiques, les incrédules, les athées, les désespérés (termes qui ne sont pas synonymes) et je leur
2080 ques, les sceptiques, les incrédules, les athées, les désespérés (termes qui ne sont pas synonymes) et je leur propose de m
2081 mes qui ne sont pas synonymes) et je leur propose de méditer le problème du Bien. Si des croyants peuvent douter de leur c
2082 sont pas synonymes) et je leur propose de méditer le problème du Bien. Si des croyants peuvent douter de leur croyance à c
2083 problème du Bien. Si des croyants peuvent douter de leur croyance à cause du mal, que des incroyants apprennent à douter
2084 se du mal, que des incroyants apprennent à douter de leur incroyance, à cause du Bien. D’une part, en effet, dit M. Monod
2085 e du Bien. D’une part, en effet, dit M. Monod, «  l’ athéisme n’explique pas la Beauté, la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il s
2086 effet, dit M. Monod, « l’athéisme n’explique pas la Beauté, la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème
2087 M. Monod, « l’athéisme n’explique pas la Beauté, la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D
2088 , « l’athéisme n’explique pas la Beauté, la Joie, l’ Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D’autre pa
2089 éisme n’explique pas la Beauté, la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D’autre part, l’ort
2090 la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D’autre part, l’orthodoxie chrétienne, avec son Die
2091 e brise contre le problème du Bien. D’autre part, l’ orthodoxie chrétienne, avec son Dieu créateur omnipotent, omniprésent,
2092 nt, omniprésent, mais silencieux, se brise contre le problème du Mal ». Notons que cette position du problème, ce double f
2093 ette position du problème, ce double front contre l’ athéisme et contre le dogmatisme, définit d’emblée la situation typiqu
2094 lème, ce double front contre l’athéisme et contre le dogmatisme, définit d’emblée la situation typique du penseur « libéra
2095 théisme et contre le dogmatisme, définit d’emblée la situation typique du penseur « libéral ». (Calvin disait : « libertin
2096 alvin disait : « libertin spirituel ».) Il s’agit de confondre les philosophes incroyants au moyen de leurs propres argume
2097 : « libertin spirituel ».) Il s’agit de confondre les philosophes incroyants au moyen de leurs propres arguments, et les th
2098 ncroyants au moyen de leurs propres arguments, et les théologiens trop rigides par le recours à une piété plus libre. On sa
2099 es arguments, et les théologiens trop rigides par le recours à une piété plus libre. On sait que pour l’école de Barth, to
2100 recours à une piété plus libre. On sait que pour l’ école de Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera pureme
2101 à une piété plus libre. On sait que pour l’école de Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera purement et si
2102 ait que pour l’école de Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera purement et simplement de critiquer, au sei
2103 pour l’école de Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera purement et simplement de critiquer, au sein de l’É
2104 r l’école de Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera purement et simplement de critiquer, au sein de l’Égli
2105 rôle de la théologie sera purement et simplement de critiquer, au sein de l’Église, la prédication de l’Église, pour la d
2106 a purement et simplement de critiquer, au sein de l’ Église, la prédication de l’Église, pour la débarrasser des intrusions
2107 et simplement de critiquer, au sein de l’Église, la prédication de l’Église, pour la débarrasser des intrusions de philos
2108 de critiquer, au sein de l’Église, la prédication de l’Église, pour la débarrasser des intrusions de philosophies passagèr
2109 critiquer, au sein de l’Église, la prédication de l’ Église, pour la débarrasser des intrusions de philosophies passagères
2110 ein de l’Église, la prédication de l’Église, pour la débarrasser des intrusions de philosophies passagères quelles qu’elle
2111 n de l’Église, pour la débarrasser des intrusions de philosophies passagères quelles qu’elles soient. Pour Barth, c’est Di
2112 s qu’elles soient. Pour Barth, c’est Dieu qui met l’ homme en question. M. Monod part au contraire d’une mise en question d
2113 t l’homme en question. M. Monod part au contraire d’ une mise en question de « Dieu » par la conscience morale de l’homme.
2114 M. Monod part au contraire d’une mise en question de « Dieu » par la conscience morale de l’homme. L’opposition apparaît a
2115 contraire d’une mise en question de « Dieu » par la conscience morale de l’homme. L’opposition apparaît absolue. Mais l’u
2116 en question de « Dieu » par la conscience morale de l’homme. L’opposition apparaît absolue. Mais l’une des grandes surpri
2117 question de « Dieu » par la conscience morale de l’ homme. L’opposition apparaît absolue. Mais l’une des grandes surprises
2118 de « Dieu » par la conscience morale de l’homme. L’ opposition apparaît absolue. Mais l’une des grandes surprises que nous
2119 Mais l’une des grandes surprises que nous réserve le Problème du Bien, c’est qu’au moyen d’une méthode « libérale » et par
2120 us réserve le Problème du Bien, c’est qu’au moyen d’ une méthode « libérale » et partant d’un point de vue « libéral » — en
2121 qu’au moyen d’une méthode « libérale » et partant d’ un point de vue « libéral » — encore que l’auteur s’en défende, l’adje
2122 artant d’un point de vue « libéral » — encore que l’ auteur s’en défende, l’adjectif ayant pris peu à peu une signification
2123 e « libéral » — encore que l’auteur s’en défende, l’ adjectif ayant pris peu à peu une signification ecclésiastique plus pr
2124 t-elle pas comme un signe, une promesse émouvante de l’unité future des chrétiens, par-delà les funestes divisions de l’or
2125 lle pas comme un signe, une promesse émouvante de l’ unité future des chrétiens, par-delà les funestes divisions de l’ortho
2126 ouvante de l’unité future des chrétiens, par-delà les funestes divisions de l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons
2127 re des chrétiens, par-delà les funestes divisions de l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons à la situation de dépa
2128 des chrétiens, par-delà les funestes divisions de l’ orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons à la situation de départ
2129 l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons à la situation de départ de notre auteur. Contre l’un et l’autre adversair
2130 et du libéralisme ? Mais revenons à la situation de départ de notre auteur. Contre l’un et l’autre adversaire — l’athée e
2131 éralisme ? Mais revenons à la situation de départ de notre auteur. Contre l’un et l’autre adversaire — l’athée et l’orthod
2132 notre auteur. Contre l’un et l’autre adversaire — l’ athée et l’orthodoxe desséché — M. Monod recourt au fait de son expéri
2133 r. Contre l’un et l’autre adversaire — l’athée et l’ orthodoxe desséché — M. Monod recourt au fait de son expérience intéri
2134 t l’orthodoxe desséché — M. Monod recourt au fait de son expérience intérieure. Après avoir montré que cette expérience di
2135 . Après avoir montré que cette expérience diffère de tout processus psychique, il précise : l’expérience religieuse ne dev
2136 diffère de tout processus psychique, il précise : l’ expérience religieuse ne devient proprement chrétienne qu’en tant qu’e
2137 aît que son objet, c’est Dieu le Père, révélé par le Fils, et non ce Dieu omnipotent du dogme. En effet, Dieu n’est pas da
2138 mnipotent du dogme. En effet, Dieu n’est pas dans la Nature, il n’en est ni le maître ni l’auteur : voilà la thèse capital
2139 et, Dieu n’est pas dans la Nature, il n’en est ni le maître ni l’auteur : voilà la thèse capitale du livre. Ce que nous mo
2140 t pas dans la Nature, il n’en est ni le maître ni l’ auteur : voilà la thèse capitale du livre. Ce que nous montre la Natur
2141 ure, il n’en est ni le maître ni l’auteur : voilà la thèse capitale du livre. Ce que nous montre la Nature, c’est bien plu
2142 là la thèse capitale du livre. Ce que nous montre la Nature, c’est bien plutôt l’action d’un « démiurge » sauvage, omnivor
2143 . Ce que nous montre la Nature, c’est bien plutôt l’ action d’un « démiurge » sauvage, omnivore, amateur de catastrophes et
2144 nous montre la Nature, c’est bien plutôt l’action d’ un « démiurge » sauvage, omnivore, amateur de catastrophes et de crime
2145 tion d’un « démiurge » sauvage, omnivore, amateur de catastrophes et de crimes. Les animaux se mangent entre eux, les homm
2146 e » sauvage, omnivore, amateur de catastrophes et de crimes. Les animaux se mangent entre eux, les hommes périssent par ac
2147 , omnivore, amateur de catastrophes et de crimes. Les animaux se mangent entre eux, les hommes périssent par accident, la t
2148 s et de crimes. Les animaux se mangent entre eux, les hommes périssent par accident, la terre tremble : est-ce là l’œuvre d
2149 ent entre eux, les hommes périssent par accident, la terre tremble : est-ce là l’œuvre du Dieu d’amour dont parle l’Évangi
2150 issent par accident, la terre tremble : est-ce là l’ œuvre du Dieu d’amour dont parle l’Évangile ? « La fourmi périssant de
2151 ent, la terre tremble : est-ce là l’œuvre du Dieu d’ amour dont parle l’Évangile ? « La fourmi périssant de mort violente s
2152 le : est-ce là l’œuvre du Dieu d’amour dont parle l’ Évangile ? « La fourmi périssant de mort violente sous le talon d’un c
2153 l’œuvre du Dieu d’amour dont parle l’Évangile ? «  La fourmi périssant de mort violente sous le talon d’un chrétien qui pri
2154 our dont parle l’Évangile ? « La fourmi périssant de mort violente sous le talon d’un chrétien qui prie en marchant », — v
2155 ile ? « La fourmi périssant de mort violente sous le talon d’un chrétien qui prie en marchant », — voilà qui pose à M. Mon
2156 a fourmi périssant de mort violente sous le talon d’ un chrétien qui prie en marchant », — voilà qui pose à M. Monod le pro
2157 i prie en marchant », — voilà qui pose à M. Monod le problème central de ce livre. Faudra-t-il donc revenir à Marcion, hér
2158 , — voilà qui pose à M. Monod le problème central de ce livre. Faudra-t-il donc revenir à Marcion, hérétique condamné par
2159 c revenir à Marcion, hérétique condamné par toute la tradition chrétienne pour avoir affirmé que le monde est l’œuvre d’un
2160 te la tradition chrétienne pour avoir affirmé que le monde est l’œuvre d’un esprit mauvais, d’un démiourgos que le Christ,
2161 on chrétienne pour avoir affirmé que le monde est l’ œuvre d’un esprit mauvais, d’un démiourgos que le Christ, fils de Dieu
2162 ienne pour avoir affirmé que le monde est l’œuvre d’ un esprit mauvais, d’un démiourgos que le Christ, fils de Dieu, est ve
2163 rmé que le monde est l’œuvre d’un esprit mauvais, d’ un démiourgos que le Christ, fils de Dieu, est venu pour combattre et
2164 l’œuvre d’un esprit mauvais, d’un démiourgos que le Christ, fils de Dieu, est venu pour combattre et pour vaincre ? M. Mo
2165 prit mauvais, d’un démiourgos que le Christ, fils de Dieu, est venu pour combattre et pour vaincre ? M. Monod le pense. Jé
2166 st venu pour combattre et pour vaincre ? M. Monod le pense. Jésus, dit-il, « n’est pas venu nous enseigner que l’univers a
2167 ésus, dit-il, « n’est pas venu nous enseigner que l’ univers a un créateur. Il a, au contraire, déboulonné l’idole effroyab
2168 ers a un créateur. Il a, au contraire, déboulonné l’ idole effroyable du Tout-Puissant ; il a enseigné que le vrai Dieu s’i
2169 e effroyable du Tout-Puissant ; il a enseigné que le vrai Dieu s’incarnait dans un crucifié vaincu ». Par une espèce de pa
2170 carnait dans un crucifié vaincu ». Par une espèce de paradoxe — personne n’a chéri davantage le paradoxe depuis Kierkegaar
2171 espèce de paradoxe — personne n’a chéri davantage le paradoxe depuis Kierkegaard — M. Monod déduit de cette « hypothèse de
2172 le paradoxe depuis Kierkegaard — M. Monod déduit de cette « hypothèse de travail » une réaffirmation du dogme trinitaire 
2173 ierkegaard — M. Monod déduit de cette « hypothèse de travail » une réaffirmation du dogme trinitaire : Dieu est un X qui n
2174 gme trinitaire : Dieu est un X qui ne se révèle à l’ homme comme le Père que par son incarnation dans le Fils, reconnue grâ
2175  : Dieu est un X qui ne se révèle à l’homme comme le Père que par son incarnation dans le Fils, reconnue grâce au Saint-Es
2176 ’homme comme le Père que par son incarnation dans le Fils, reconnue grâce au Saint-Esprit. Laissons l’aspect théologique d
2177 le Fils, reconnue grâce au Saint-Esprit. Laissons l’ aspect théologique de cet ouvrage : son style de pensée, sa démarche i
2178 ce au Saint-Esprit. Laissons l’aspect théologique de cet ouvrage : son style de pensée, sa démarche insolite et dramatique
2179 s l’aspect théologique de cet ouvrage : son style de pensée, sa démarche insolite et dramatique ont bien de quoi retenir l
2180 nsée, sa démarche insolite et dramatique ont bien de quoi retenir le lecteur même incroyant ou ignorant de ces débats. Wil
2181 e insolite et dramatique ont bien de quoi retenir le lecteur même incroyant ou ignorant de ces débats. Wilfred Monod nous
2182 uoi retenir le lecteur même incroyant ou ignorant de ces débats. Wilfred Monod nous apparaît ici comme une espèce de père
2183 Wilfred Monod nous apparaît ici comme une espèce de père Hugo du modernisme : même invention verbale, même goût des grand
2184 me générosité humanitaire. Et quelle surabondance d’ images ! La TSF, les rayons X, l’automobile et la structure des atomes
2185 té humanitaire. Et quelle surabondance d’images ! La TSF, les rayons X, l’automobile et la structure des atomes lui fourni
2186 itaire. Et quelle surabondance d’images ! La TSF, les rayons X, l’automobile et la structure des atomes lui fournissent un
2187 lle surabondance d’images ! La TSF, les rayons X, l’ automobile et la structure des atomes lui fournissent un matériel méta
2188 d’images ! La TSF, les rayons X, l’automobile et la structure des atomes lui fournissent un matériel métaphorique inépuis
2189 atériel métaphorique inépuisable. Je n’y vois pas d’ inconvénient à priori, mais à coup sûr, il s’agit là de littérature, b
2190 onvénient à priori, mais à coup sûr, il s’agit là de littérature, bien que l’auteur s’en défende dans sa préface. Cela nou
2191 à coup sûr, il s’agit là de littérature, bien que l’ auteur s’en défende dans sa préface. Cela nous vaut des pages fort cur
2192 face. Cela nous vaut des pages fort curieuses sur la Nature, des élévations romantiques, telle description poignante de ré
2193 évations romantiques, telle description poignante de réalisme, d’un ensevelissement dans la fosse commune. Le mérite capit
2194 ntiques, telle description poignante de réalisme, d’ un ensevelissement dans la fosse commune. Le mérite capital de cette v
2195 poignante de réalisme, d’un ensevelissement dans la fosse commune. Le mérite capital de cette vision totalitaire du réel,
2196 isme, d’un ensevelissement dans la fosse commune. Le mérite capital de cette vision totalitaire du réel, c’est qu’elle rep
2197 issement dans la fosse commune. Le mérite capital de cette vision totalitaire du réel, c’est qu’elle replace l’homme dans
2198 vision totalitaire du réel, c’est qu’elle replace l’ homme dans la perspective cosmique dont un maigre intellectualisme dog
2199 taire du réel, c’est qu’elle replace l’homme dans la perspective cosmique dont un maigre intellectualisme dogmatique nous
2200 e intellectualisme dogmatique nous faisait perdre l’ émouvant souci. À cet égard, on peut bien dire que M. Monod revient de
2201 cet égard, on peut bien dire que M. Monod revient de loin. Les Soliloques dans la nuit, fragments d’un journal de jeunesse
2202 , on peut bien dire que M. Monod revient de loin. Les Soliloques dans la nuit, fragments d’un journal de jeunesse qui rempl
2203 que M. Monod revient de loin. Les Soliloques dans la nuit, fragments d’un journal de jeunesse qui remplissent 200 pages du
2204 t de loin. Les Soliloques dans la nuit, fragments d’ un journal de jeunesse qui remplissent 200 pages du premier tome, témo
2205 s Soliloques dans la nuit, fragments d’un journal de jeunesse qui remplissent 200 pages du premier tome, témoignent d’une
2206 remplissent 200 pages du premier tome, témoignent d’ une véritable frénésie de problèmes, d’un état de controverse intérieu
2207 premier tome, témoignent d’une véritable frénésie de problèmes, d’un état de controverse intérieure et abstraite, où je cr
2208 témoignent d’une véritable frénésie de problèmes, d’ un état de controverse intérieure et abstraite, où je crains bien que
2209 d’une véritable frénésie de problèmes, d’un état de controverse intérieure et abstraite, où je crains bien que la jeuness
2210 se intérieure et abstraite, où je crains bien que la jeunesse d’aujourd’hui ne voie plus qu’une fièvre morbide. Mais la fo
2211 e et abstraite, où je crains bien que la jeunesse d’ aujourd’hui ne voie plus qu’une fièvre morbide. Mais la forme excessiv
2212 ourd’hui ne voie plus qu’une fièvre morbide. Mais la forme excessivement libre de cet ouvrage le sauve de l’ennui inhérent
2213 fièvre morbide. Mais la forme excessivement libre de cet ouvrage le sauve de l’ennui inhérent aux gros livres. C’est une s
2214 Mais la forme excessivement libre de cet ouvrage le sauve de l’ennui inhérent aux gros livres. C’est une somme, ai-je dit
2215 forme excessivement libre de cet ouvrage le sauve de l’ennui inhérent aux gros livres. C’est une somme, ai-je dit, une étr
2216 me excessivement libre de cet ouvrage le sauve de l’ ennui inhérent aux gros livres. C’est une somme, ai-je dit, une étrang
2217 me, ai-je dit, une étrange et vivante compilation de notes, de journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades,
2218 dit, une étrange et vivante compilation de notes, de journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’analyse
2219 nge et vivante compilation de notes, de journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’analyses philosophiq
2220 te compilation de notes, de journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’analyses philosophiques, de poèm
2221 n de notes, de journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdot
2222 de journaux, de lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdotes, d’aphori
2223 de lettres, de fragments de sermons, de boutades, d’ analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdotes, d’aphorismes. On s’y
2224 sermons, de boutades, d’analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdotes, d’aphorismes. On s’y perd bien souvent, on y app
2225 e boutades, d’analyses philosophiques, de poèmes, d’ anecdotes, d’aphorismes. On s’y perd bien souvent, on y apprend beauco
2226 ’analyses philosophiques, de poèmes, d’anecdotes, d’ aphorismes. On s’y perd bien souvent, on y apprend beaucoup. On craint
2227 vent, on y apprend beaucoup. On craint aussi qu’à la faveur de tant de richesses disparates, le sérieux proprement théolog
2228 apprend beaucoup. On craint aussi qu’à la faveur de tant de richesses disparates, le sérieux proprement théologique du ra
2229 i qu’à la faveur de tant de richesses disparates, le sérieux proprement théologique du raisonnement ne soit parfois diminu
2230 te que certains fidèles ne soient gênés, comme je le suis, par l’affirmation répétée que l’auteur « écrit à genoux ». Au s
2231 ns fidèles ne soient gênés, comme je le suis, par l’ affirmation répétée que l’auteur « écrit à genoux ». Au sous-titre du
2232 , comme je le suis, par l’affirmation répétée que l’ auteur « écrit à genoux ». Au sous-titre du Problème du Bien, j’appose
2233 rs cet argument : comment un protestant se libère d’ un intellectualisme intempérant par la considération hardie du cosmos.
2234 t se libère d’un intellectualisme intempérant par la considération hardie du cosmos. Quant à sa thèse théologique, je me c
2235 mos. Quant à sa thèse théologique, je me contente de suggérer qu’on l’admettrait plus aisément si l’auteur ne cherchait à
2236 èse théologique, je me contente de suggérer qu’on l’ admettrait plus aisément si l’auteur ne cherchait à l’imposer par le s
2237 e de suggérer qu’on l’admettrait plus aisément si l’ auteur ne cherchait à l’imposer par le spectacle de ses propres luttes
2238 mettrait plus aisément si l’auteur ne cherchait à l’ imposer par le spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconnaiss
2239 aisément si l’auteur ne cherchait à l’imposer par le spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconnaissons pas forcém
2240 ’auteur ne cherchait à l’imposer par le spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconnaissons pas forcément les nôtre
2241 t les nôtres — et s’il ne tenait, par ailleurs, à l’ étayer par une philosophie qui ne saurait plus être la nôtre : j’enten
2242 ayer par une philosophie qui ne saurait plus être la nôtre : j’entends le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Ré
2243 hie qui ne saurait plus être la nôtre : j’entends le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Révélation, malgré tout
2244 nôtre : j’entends le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester
2245 ntends le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester pour tous
2246 nds le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester pour tous les
2247 tiqué. Le contenu de la Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester pour tous les croyants : « Emmanuel ! » qui
2248 ré toutes les philosophies, doit rester pour tous les croyants : « Emmanuel ! » qui signifie : Dieu avec nous ! Est-il vrai
2249 nt indispensable, est-il même permis au chrétien, de fonder cette Révélation sur le système d’un autre Emmanuel — Kant en
2250 ermis au chrétien, de fonder cette Révélation sur le système d’un autre Emmanuel — Kant en l’espèce ? M. Monod ne saurait
2251 rétien, de fonder cette Révélation sur le système d’ un autre Emmanuel — Kant en l’espèce ? M. Monod ne saurait m’en vouloi
2252 tion sur le système d’un autre Emmanuel — Kant en l’ espèce ? M. Monod ne saurait m’en vouloir de lui retourner une boutade
2253 nt en l’espèce ? M. Monod ne saurait m’en vouloir de lui retourner une boutade qui porte évidemment sa marquep. 13. Wilf
2254 porte évidemment sa marquep. 13. Wilfred Monod, Le Problème du Bien : essai de théodicée et journal d’un pasteur, 3 volu
2255 13. Wilfred Monod, Le Problème du Bien : essai de théodicée et journal d’un pasteur, 3 volumes, chez Alcan. o. Rougem
2256 Problème du Bien : essai de théodicée et journal d’ un pasteur, 3 volumes, chez Alcan. o. Rougemont Denis de, « [Compte
2257 teur, 3 volumes, chez Alcan. o. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Wilfred Monod, Le Problème du bien  », Les Nouvelle
2258 ugemont Denis de, « [Compte rendu] Wilfred Monod, Le Problème du bien  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 12 septembre 1
2259 pte rendu] Wilfred Monod, Le Problème du bien  », Les Nouvelles littéraires, Paris, 12 septembre 1936, p. 5. p. Une critiq
2260 Paris, 12 septembre 1936, p. 5. p. Une critique de l’ouvrage de Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc de mai
2261 ris, 12 septembre 1936, p. 5. p. Une critique de l’ ouvrage de Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc de mai 19
2262 ptembre 1936, p. 5. p. Une critique de l’ouvrage de Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc de mai 1935, sous l
2263 Wilfred Monod paraît également dans Hic et Nunc de mai 1935, sous le titre : « Soirée chez Nicodème ».
2264 ît également dans Hic et Nunc de mai 1935, sous le titre : « Soirée chez Nicodème ».
12 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Luther contre Érasme (19 juin 1937)
2265 er contre Érasme (19 juin 1937)q r Que sait-on de Luther en France ? Qu’il rompu l’unité de l’Église. Mais dans quelles
2266 Que sait-on de Luther en France ? Qu’il rompu l’ unité de l’Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelle
2267 sait-on de Luther en France ? Qu’il rompu l’unité de l’Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelles raison
2268 t-on de Luther en France ? Qu’il rompu l’unité de l’ Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelles raisons ?
2269 é par quelles raisons ? Et pour quelles fins ? Si l’ on ne veut pas s’en tenir à des appréciations du genre « moine qui vou
2270 e « moine qui voulait se marier », il serait sage de parcourir au moins les œuvres capitales du grand réformateur. Or, il
2271 se marier », il serait sage de parcourir au moins les œuvres capitales du grand réformateur. Or, il se trouve, et c’est pre
2272 pendice à une brève biographie ; une brochure sur la liberté chrétienne : et les trop fameux Propos de Table, absolument i
2273 hie ; une brochure sur la liberté chrétienne : et les trop fameux Propos de Table, absolument insignifiants quant à la doct
2274 la liberté chrétienne : et les trop fameux Propos de Table, absolument insignifiants quant à la doctrine religieuse : voil
2275 Propos de Table, absolument insignifiants quant à la doctrine religieuse : voilà tout ce qui nous est accessible d’une œuv
2276 eligieuse : voilà tout ce qui nous est accessible d’ une œuvre dont on sait pourtant qu’elle a changé plus qu’aucune autre
2277 it pourtant qu’elle a changé plus qu’aucune autre les destinées de l’Occident. (Je ne fais là, bien entendu, qu’une constat
2278 ’elle a changé plus qu’aucune autre les destinées de l’Occident. (Je ne fais là, bien entendu, qu’une constatation histori
2279 le a changé plus qu’aucune autre les destinées de l’ Occident. (Je ne fais là, bien entendu, qu’une constatation historique
2280 qu’une constatation historique.) Remercions donc le courageux éditeur qui vient d’entreprendre la réparation de cette inc
2281 .) Remercions donc le courageux éditeur qui vient d’ entreprendre la réparation de cette inconcevable lacune, en publiant l
2282 onc le courageux éditeur qui vient d’entreprendre la réparation de cette inconcevable lacune, en publiant l’ouvrage centra
2283 ux éditeur qui vient d’entreprendre la réparation de cette inconcevable lacune, en publiant l’ouvrage central de la réform
2284 aration de cette inconcevable lacune, en publiant l’ ouvrage central de la réforme luthérienne, le Traité du serf arbitre 1
2285 nconcevable lacune, en publiant l’ouvrage central de la réforme luthérienne, le Traité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que s
2286 ncevable lacune, en publiant l’ouvrage central de la réforme luthérienne, le Traité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur
2287 iant l’ouvrage central de la réforme luthérienne, le Traité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur le plan de la culture gé
2288 ité du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur le plan de la culture générale, une telle publication est appelée à rendre des s
2289 du serf arbitre 14. Ne fût-ce que sur le plan de la culture générale, une telle publication est appelée à rendre des serv
2290 ace au cœur même du grand débat occidental, celui de la pensée « pure » et de la pensée « engagée ». Elle met entre nos ma
2291 au cœur même du grand débat occidental, celui de la pensée « pure » et de la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains
2292 débat occidental, celui de la pensée « pure » et de la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains la pièce capitale du
2293 bat occidental, celui de la pensée « pure » et de la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains la pièce capitale du pro
2294 e la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains la pièce capitale du procès : l’acte d’accusation du clerc actif qu’étai
2295 met entre nos mains la pièce capitale du procès : l’ acte d’accusation du clerc actif qu’était Luther, contre le clerc « dé
2296 re nos mains la pièce capitale du procès : l’acte d’ accusation du clerc actif qu’était Luther, contre le clerc « désintére
2297 accusation du clerc actif qu’était Luther, contre le clerc « désintéressé » que croyait pouvoir être Érasme. Elle nous per
2298 que croyait pouvoir être Érasme. Elle nous permet de connaître l’une des origines historiques de cette opposition fondamen
2299 ermet de connaître l’une des origines historiques de cette opposition fondamentale, de cette discussion séculaire, de cett
2300 nes historiques de cette opposition fondamentale, de cette discussion séculaire, de cette grande tension spirituelle dans
2301 tion fondamentale, de cette discussion séculaire, de cette grande tension spirituelle dans laquelle l’Europe a puisé son d
2302 de cette grande tension spirituelle dans laquelle l’ Europe a puisé son dynamisme créateur : l’opposition du témoin respons
2303 aquelle l’Europe a puisé son dynamisme créateur : l’ opposition du témoin responsable et du spectateur détaché. Le point de
2304 n du témoin responsable et du spectateur détaché. Le point de vue du « clerc pur », celui d’Érasme, nous est suffisamment
2305 détaché. Le point de vue du « clerc pur », celui d’ Érasme, nous est suffisamment connu. Qu’on se reporte en particulier à
2306 isamment connu. Qu’on se reporte en particulier à la brillante biographie de Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute l’œuv
2307 reporte en particulier à la brillante biographie de Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute l’œuvre récente du parfait di
2308 raphie de Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute l’ œuvre récente du parfait disciple d’Érasme que se trouve être M. Benda
2309 ais : à toute l’œuvre récente du parfait disciple d’ Érasme que se trouve être M. Benda. Érasme dit le vrai, puis se lave l
2310 d’Érasme que se trouve être M. Benda. Érasme dit le vrai, puis se lave les mains, et refuse d’endosser les conséquences d
2311 e être M. Benda. Érasme dit le vrai, puis se lave les mains, et refuse d’endosser les conséquences de sa vérité : il souhai
2312 me dit le vrai, puis se lave les mains, et refuse d’ endosser les conséquences de sa vérité : il souhaite même qu’il n’y en
2313 rai, puis se lave les mains, et refuse d’endosser les conséquences de sa vérité : il souhaite même qu’il n’y en ait pas. Et
2314 les mains, et refuse d’endosser les conséquences de sa vérité : il souhaite même qu’il n’y en ait pas. Et tous les pruden
2315  : il souhaite même qu’il n’y en ait pas. Et tous les prudents d’applaudir, non sans apparences de raison : on a commis tan
2316 e même qu’il n’y en ait pas. Et tous les prudents d’ applaudir, non sans apparences de raison : on a commis tant de crimes
2317 ous les prudents d’applaudir, non sans apparences de raison : on a commis tant de crimes au nom de la vérité ! On s’en est
2318 de raison : on a commis tant de crimes au nom de la vérité ! On s’en est plus servi qu’on ne l’a servie… L’intervention d
2319 om de la vérité ! On s’en est plus servi qu’on ne l’ a servie… L’intervention de Luther en personne va-t-elle changer une f
2320 ité ! On s’en est plus servi qu’on ne l’a servie… L’ intervention de Luther en personne va-t-elle changer une fois de plus
2321 st plus servi qu’on ne l’a servie… L’intervention de Luther en personne va-t-elle changer une fois de plus la face des cho
2322 er en personne va-t-elle changer une fois de plus la face des choses ? À tout le moins doit-elle passionner le débat, et l
2323 nger une fois de plus la face des choses ? À tout le moins doit-elle passionner le débat, et le faire puissamment rebondir
2324 des choses ? À tout le moins doit-elle passionner le débat, et le faire puissamment rebondir. Car personne n’a mieux incar
2325 À tout le moins doit-elle passionner le débat, et le faire puissamment rebondir. Car personne n’a mieux incarné la volonté
2326 ssamment rebondir. Car personne n’a mieux incarné la volonté de pensée militante que ce petit moine qui, à Worms, osa dres
2327 bondir. Car personne n’a mieux incarné la volonté de pensée militante que ce petit moine qui, à Worms, osa dresser contre
2328 e ce petit moine qui, à Worms, osa dresser contre l’ opportunisme impérial et sacerdotal l’inflexible, l’urgente exigence d
2329 sser contre l’opportunisme impérial et sacerdotal l’ inflexible, l’urgente exigence de la vérité en action. Que trouvera le
2330 opportunisme impérial et sacerdotal l’inflexible, l’ urgente exigence de la vérité en action. Que trouvera le lecteur profa
2331 al et sacerdotal l’inflexible, l’urgente exigence de la vérité en action. Que trouvera le lecteur profane, et peu au fait
2332 et sacerdotal l’inflexible, l’urgente exigence de la vérité en action. Que trouvera le lecteur profane, et peu au fait de
2333 nte exigence de la vérité en action. Que trouvera le lecteur profane, et peu au fait de la problématique chrétienne, dans
2334 . Que trouvera le lecteur profane, et peu au fait de la problématique chrétienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout cel
2335 ue trouvera le lecteur profane, et peu au fait de la problématique chrétienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout celui
2336 ienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout celui d’ un grand théologien ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nou
2337 nt tout celui d’un grand théologien ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan gé
2338 Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une certitu
2339 qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’ élan génial, la violence loyale d’une certitude pesante, vraiment « gr
2340 r en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une certitude pesante, vraiment « grave », d’une di
2341 u pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’ une certitude pesante, vraiment « grave », d’une dialectique sobre et
2342 yale d’une certitude pesante, vraiment « grave », d’ une dialectique sobre et têtue qui va droit au point décisif, envisage
2343 i va droit au point décisif, envisage honnêtement les objections, donne à la thèse adverse toutes ses chances, non sans iro
2344 sif, envisage honnêtement les objections, donne à la thèse adverse toutes ses chances, non sans ironie toutefois, et sait
2345 nie toutefois, et sait enfin conférer à son choix la force et la simplicité d’une constatation évidente. D’un point de vue
2346 s, et sait enfin conférer à son choix la force et la simplicité d’une constatation évidente. D’un point de vue purement es
2347 in conférer à son choix la force et la simplicité d’ une constatation évidente. D’un point de vue purement esthétique, ces
2348 rce et la simplicité d’une constatation évidente. D’ un point de vue purement esthétique, ces qualités sont assez rares, et
2349 r assez flagrantes, pour qu’un lecteur qui refuse l’ essentiel — c’est-à-dire la foi de Luther — soit tout de même attiré e
2350 ’un lecteur qui refuse l’essentiel — c’est-à-dire la foi de Luther — soit tout de même attiré et subjugué par le style, pa
2351 teur qui refuse l’essentiel — c’est-à-dire la foi de Luther — soit tout de même attiré et subjugué par le style, par le to
2352 Luther — soit tout de même attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité
2353 tout de même attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitr
2354 même attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à la
2355 me attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à la que
2356 r le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à la querelle avec Érasme, qui lui servit de p
2357 on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à la querelle avec Érasme, qui lui servit de prétexte et d’aiguillon, et q
2358 arbitre à la querelle avec Érasme, qui lui servit de prétexte et d’aiguillon, et qui lui donne sa verve, son accent person
2359 erelle avec Érasme, qui lui servit de prétexte et d’ aiguillon, et qui lui donne sa verve, son accent personnel tour à tour
2360 tour à tour ironique ou émouvant. En fait, toutes les affirmations fondamentales de la Réforme sont ici reposées par Luther
2361 t. En fait, toutes les affirmations fondamentales de la Réforme sont ici reposées par Luther : justification par la foi, q
2362 En fait, toutes les affirmations fondamentales de la Réforme sont ici reposées par Luther : justification par la foi, qui
2363 sont ici reposées par Luther : justification par la foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition d
2364 fication par la foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition de la justice donnée par Dieu à la jus
2365 ratuit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition de la justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opp
2366 uit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition de la justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opposi
2367 nous ; opposition de la justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole vivante à l
2368 à la justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision total
2369 a justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale e
2370 r nos mérites ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un no
2371 la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un non absolus, et refus de tout m
2372 Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un non absolus, et refus de tout moye
2373 n totale entre un oui et un non absolus, et refus de tout moyen terme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi
2374 n non absolus, et refus de tout moyen terme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ;
2375 terme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témo
2376 rme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoign
2377 en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoignage fidèle, certifié
2378 , et du témoignage fidèle, certifié au-dedans par l’ Esprit saint, et par l’Écriture au-dehors, et constituant la véritable
2379 le, certifié au-dedans par l’Esprit saint, et par l’ Écriture au-dehors, et constituant la véritable action de l’homme entr
2380 aint, et par l’Écriture au-dehors, et constituant la véritable action de l’homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il
2381 ure au-dehors, et constituant la véritable action de l’homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exag
2382 au-dehors, et constituant la véritable action de l’ homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré
2383 constituant la véritable action de l’homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré de voir dans l
2384 nt la véritable action de l’homme entre les mains de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré de voir dans le Traité
2385 de Dieu. À cet égard, il n’est nullement exagéré de voir dans le Traité du serf arbitre une sorte de résumé — très peu sy
2386 et égard, il n’est nullement exagéré de voir dans le Traité du serf arbitre une sorte de résumé — très peu systématique, e
2387 de voir dans le Traité du serf arbitre une sorte de résumé — très peu systématique, et c’est heureux — des positions maît
2388 ique, et c’est heureux — des positions maîtresses de la Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est la négation du lib
2389 e, et c’est heureux — des positions maîtresses de la Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est la négation du libre
2390 — des positions maîtresses de la Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est la négation du libre arbitre religieux, c
2391 a Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est la négation du libre arbitre religieux, c’est-à-dire du pouvoir qu’aurai
2392 itre religieux, c’est-à-dire du pouvoir qu’aurait l’ homme de gagner le salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est
2393 igieux, c’est-à-dire du pouvoir qu’aurait l’homme de gagner le salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici
2394 est-à-dire du pouvoir qu’aurait l’homme de gagner le salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de
2395 ’homme de gagner le salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de l’examiner. Notons seulement, po
2396 ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de l’examiner. Notons seulement, pour écarter le pire malentendu
2397 pres efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de l’examiner. Notons seulement, pour écarter le pire malentendu, que Lu
2398 s efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de l’ examiner. Notons seulement, pour écarter le pire malentendu, que Luthe
2399 ieu de l’examiner. Notons seulement, pour écarter le pire malentendu, que Luther ne nie pas du tout la réalité de notre vo
2400 le pire malentendu, que Luther ne nie pas du tout la réalité de notre volonté. Il nie seulement que cette volonté puisse s
2401 entendu, que Luther ne nie pas du tout la réalité de notre volonté. Il nie seulement que cette volonté puisse s’appliquer
2402 e s’appliquer librement aux choses qui concernent le salut. Elle fait partie de notre nature, et comme telle, ne désire vr
2403 choses qui concernent le salut. Elle fait partie de notre nature, et comme telle, ne désire vraiment que le péché. La lib
2404 re nature, et comme telle, ne désire vraiment que le péché. La liberté n’est pas dans l’homme, mais dans l’acte par lequel
2405 et comme telle, ne désire vraiment que le péché. La liberté n’est pas dans l’homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le c
2406 vraiment que le péché. La liberté n’est pas dans l’ homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un d
2407 ché. La liberté n’est pas dans l’homme, mais dans l’ acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un destin fatal une voc
2408 as dans l’homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un destin fatal une vocation d’un tout autre o
2409 oisit, substituant à un destin fatal une vocation d’ un tout autre ordre. Fatalité et liberté : le problème ne peut être éc
2410 tion d’un tout autre ordre. Fatalité et liberté : le problème ne peut être écarté comme relevant de la seule théologie. Il
2411  : le problème ne peut être écarté comme relevant de la seule théologie. Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme q
2412 le problème ne peut être écarté comme relevant de la seule théologie. Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme qui
2413 me relevant de la seule théologie. Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme qui veut penser son existence en termes
2414 relevant de la seule théologie. Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme qui veut penser son existence en termes ra
2415 sérieux, se voit acculé à ce dilemme, ou plutôt à l’ acceptation simultanée de ses deux termes. Et l’on sait que Nietzsche
2416 ce dilemme, ou plutôt à l’acceptation simultanée de ses deux termes. Et l’on sait que Nietzsche lui-même aboutit à un par
2417 à l’acceptation simultanée de ses deux termes. Et l’ on sait que Nietzsche lui-même aboutit à un paradoxe tout semblable à
2418 même aboutit à un paradoxe tout semblable à celui de Luther : la liberté est à ses yeux dans la connaissance virile d’une
2419 à un paradoxe tout semblable à celui de Luther : la liberté est à ses yeux dans la connaissance virile d’une nécessité im
2420 celui de Luther : la liberté est à ses yeux dans la connaissance virile d’une nécessité immuable, acceptée et aimée comme
2421 iberté est à ses yeux dans la connaissance virile d’ une nécessité immuable, acceptée et aimée comme telle. Mais cette néce
2422 le. Mais cette nécessité s’appelle pour Nietzsche le fatum, la fatalité sans visage du Retour éternel de toutes choses. Po
2423 ette nécessité s’appelle pour Nietzsche le fatum, la fatalité sans visage du Retour éternel de toutes choses. Pour Luther,
2424 fatum, la fatalité sans visage du Retour éternel de toutes choses. Pour Luther, elle est au contraire la Providence, la p
2425 toutes choses. Pour Luther, elle est au contraire la Providence, la personne même de Dieu, éternellement active, et qui no
2426 Pour Luther, elle est au contraire la Providence, la personne même de Dieu, éternellement active, et qui nous aime. Il fau
2427 est au contraire la Providence, la personne même de Dieu, éternellement active, et qui nous aime. Il faut choisir. Mais l
2428 t active, et qui nous aime. Il faut choisir. Mais le choix est-il libre ? On retombe au débat de Luther et d’Érasme. Le tr
2429 Mais le choix est-il libre ? On retombe au débat de Luther et d’Érasme. Le trop prudent humaniste eût-il saisi dans son s
2430 x est-il libre ? On retombe au débat de Luther et d’ Érasme. Le trop prudent humaniste eût-il saisi dans son sérieux dernie
2431 ibre ? On retombe au débat de Luther et d’Érasme. Le trop prudent humaniste eût-il saisi dans son sérieux dernier la réali
2432 t humaniste eût-il saisi dans son sérieux dernier la réalité d’un dilemme qui sacrifie l’homme à la vérité ? 14. Traduit
2433 eût-il saisi dans son sérieux dernier la réalité d’ un dilemme qui sacrifie l’homme à la vérité ? 14. Traduit du latin,
2434 ieux dernier la réalité d’un dilemme qui sacrifie l’ homme à la vérité ? 14. Traduit du latin, aux Éditions « Je sers ».
2435 er la réalité d’un dilemme qui sacrifie l’homme à la vérité ? 14. Traduit du latin, aux Éditions « Je sers ». Préface de
2436 aduit du latin, aux Éditions « Je sers ». Préface de M. le professeur A. Jundi. q. Rougemont Denis de, « [Compte rendu]
2437 du latin, aux Éditions « Je sers ». Préface de M. le professeur A. Jundi. q. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Luther
2438 e M. le professeur A. Jundi. q. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Luther contre Érasme », Les Nouvelles littéraires,
2439 enis de, « [Compte rendu] Luther contre Érasme », Les Nouvelles littéraires, Paris, 19 juin 1937, p. 5. r. Il s’agit d’une
2440 éraires, Paris, 19 juin 1937, p. 5. r. Il s’agit d’ une recension de Traité du aerf arbitre de Martin Luther, traduit pour
2441 19 juin 1937, p. 5. r. Il s’agit d’une recension de Traité du aerf arbitre de Martin Luther, traduit pour la première foi
2442 s’agit d’une recension de Traité du aerf arbitre de Martin Luther, traduit pour la première fois en français par Denis de
13 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)
2443 Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)s L’art de conter pour le plaisir se perd.
2444 Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)s L’ art de conter pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art t
2445 öf, conteur de légende (3 juillet 1937)s L’art de conter pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art tout co
2446 légende (3 juillet 1937)s L’art de conter pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art tout court. Dans la li
2447 pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’ art tout court. Dans la littérature du xxe siècle, il n’y a plus de g
2448 d. Et peut-être, avec lui, l’art tout court. Dans la littérature du xxe siècle, il n’y a plus de grands mythes, il y a de
2449 Dans la littérature du xxe siècle, il n’y a plus de grands mythes, il y a des analyses. On part de « faits d’observation 
2450 us de grands mythes, il y a des analyses. On part de « faits d’observation » et l’on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne
2451 s mythes, il y a des analyses. On part de « faits d’ observation » et l’on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce p
2452 s analyses. On part de « faits d’observation » et l’ on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait
2453 On part de « faits d’observation » et l’on essaie d’ en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer
2454 « faits d’observation » et l’on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ?
2455 aits d’observation » et l’on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ? On
2456 e d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’ on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis e
2457 Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… L
2458 s ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le r
2459 l’on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le romancier moderne appar
2460 on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le romancier moderne apparaît
2461 vie ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le romancier moderne apparaît étrangement dépourvu de ce
2462 e ? On s’efforce de la décrire, ou pis encore, de l’ expliquer… Le romancier moderne apparaît étrangement dépourvu de ce po
2463 rce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le romancier moderne apparaît étrangement dépourvu de ce pouvoir « fabul
2464 e romancier moderne apparaît étrangement dépourvu de ce pouvoir « fabulateur » qu’il était censé détenir. (Déjà M. Weidlé,
2465 censé détenir. (Déjà M. Weidlé, dans ses Abeilles d’ Aristée, constate le « crépuscule des mondes imaginaires ».) On n’aime
2466 M. Weidlé, dans ses Abeilles d’Aristée, constate le « crépuscule des mondes imaginaires ».) On n’aime plus inventer, mais
2467 inventer, mais on veut découvrir, à la manière de l’ homme de science. Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’
2468 , mais on veut découvrir, à la manière de l’homme de science. Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’analyse
2469 vrir, à la manière de l’homme de science. Et tout l’ effort de l’écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d
2470 a manière de l’homme de science. Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d’une acti
2471 anière de l’homme de science. Et tout l’effort de l’ écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d’une action.
2472 Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’ analyse des motifs secrets d’une action. La méthode consistant trop so
2473 n se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d’ une action. La méthode consistant trop souvent, il faut le dire, à ten
2474 rs sur l’analyse des motifs secrets d’une action. La méthode consistant trop souvent, il faut le dire, à tenir pour vrai c
2475 tion. La méthode consistant trop souvent, il faut le dire, à tenir pour vrai ce que l’on juge le plus bas. Ainsi l’on en v
2476 ouvent, il faut le dire, à tenir pour vrai ce que l’ on juge le plus bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir de se mo
2477 faut le dire, à tenir pour vrai ce que l’on juge le plus bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir de se montrer orig
2478 nir pour vrai ce que l’on juge le plus bas. Ainsi l’ on en vient peu à peu, par désir de se montrer original, à tenir pour
2479 lus bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir de se montrer original, à tenir pour acquis que les « vertus » sont de c
2480 r de se montrer original, à tenir pour acquis que les « vertus » sont de ces illusions qui ne résistent pas à l’analyse, et
2481 inal, à tenir pour acquis que les « vertus » sont de ces illusions qui ne résistent pas à l’analyse, et qu’un auteur sincè
2482 us » sont de ces illusions qui ne résistent pas à l’ analyse, et qu’un auteur sincère se doit de démasquer. Tout se ramèner
2483 pas à l’analyse, et qu’un auteur sincère se doit de démasquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à l’argent. Il ne
2484 incère se doit de démasquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à l’argent. Il ne fallait pas moins que le génie plei
2485 asquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à l’ argent. Il ne fallait pas moins que le génie plein de malices d’une La
2486 logie, ou à l’argent. Il ne fallait pas moins que le génie plein de malices d’une Lagerlöf pour renverser d’un coup cette
2487 rgent. Il ne fallait pas moins que le génie plein de malices d’une Lagerlöf pour renverser d’un coup cette apparente fatal
2488 e fallait pas moins que le génie plein de malices d’ une Lagerlöf pour renverser d’un coup cette apparente fatalité. Kiplin
2489 ie plein de malices d’une Lagerlöf pour renverser d’ un coup cette apparente fatalité. Kipling meurt, et l’on dit : c’était
2490 coup cette apparente fatalité. Kipling meurt, et l’ on dit : c’était le dernier conteur. La même année paraît le grand tri
2491 meurt, et l’on dit : c’était le dernier conteur. La même année paraît le grand triptyque des Löwensköld 15. Et, grâce à l
2492 c’était le dernier conteur. La même année paraît le grand triptyque des Löwensköld 15. Et, grâce à lui, nous pourrons rir
2493 5. Et, grâce à lui, nous pourrons rire de nouveau de cette « défense d’inventer » qui terrorise les romanciers du xxe siè
2494 nous pourrons rire de nouveau de cette « défense d’ inventer » qui terrorise les romanciers du xxe siècle. Selma Lagerlöf
2495 eau de cette « défense d’inventer » qui terrorise les romanciers du xxe siècle. Selma Lagerlöf sait encore que l’origine d
2496 rs du xxe siècle. Selma Lagerlöf sait encore que l’ origine de tout l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enf
2497 siècle. Selma Lagerlöf sait encore que l’origine de tout l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enfance retro
2498 Selma Lagerlöf sait encore que l’origine de tout l’ art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enfance retrouvée — q
2499 ncore que l’origine de tout l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enfance retrouvée — qu’on lise les souvenir
2500 l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’ enfance retrouvée — qu’on lise les souvenirs qui composent Morbacka 16
2501 . Une atmosphère d’enfance retrouvée — qu’on lise les souvenirs qui composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère de l’imagi
2502 e les souvenirs qui composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère de l’imagination. C’est une légende, Gösta Berling, qui i
2503 qui composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère de l’imagination. C’est une légende, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre
2504 i composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère de l’ imagination. C’est une légende, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre en
2505 n. C’est une légende, Gösta Berling, qui inaugure l’ œuvre entière de l’auteurt. C’est une légende encore qui donne le dépa
2506 ende, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre entière de l’auteurt. C’est une légende encore qui donne le départ à ce roman de
2507 e, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre entière de l’ auteurt. C’est une légende encore qui donne le départ à ce roman des L
2508 de l’auteurt. C’est une légende encore qui donne le départ à ce roman des Löwensköld, et porte sur lui de grandes ombres.
2509 épart à ce roman des Löwensköld, et porte sur lui de grandes ombres. Il y puise sa vie secrète, il en reçoit des dimension
2510 imensions nouvelles : mystère, fatalité, présence d’ une tradition. À vrai dire, on ne croit guère à ce pouvoir mortel d’un
2511 vrai dire, on ne croit guère à ce pouvoir mortel d’ un anneau dérobé dans une tombe (L’Anneau des Löwensköld). L’auteur lu
2512 pouvoir mortel d’un anneau dérobé dans une tombe ( L’ Anneau des Löwensköld). L’auteur lui-même sourit entre les lignes. (Ma
2513 dérobé dans une tombe (L’Anneau des Löwensköld). L’ auteur lui-même sourit entre les lignes. (Mais, seule, la naïveté mode
2514 u des Löwensköld). L’auteur lui-même sourit entre les lignes. (Mais, seule, la naïveté moderne se figure qu’une légende doi
2515 r lui-même sourit entre les lignes. (Mais, seule, la naïveté moderne se figure qu’une légende doit être crue, comme on cro
2516 ure qu’une légende doit être crue, comme on croit les journaux, par exemple, et s’en indigne, et refuse de marcher !) Le vr
2517 journaux, par exemple, et s’en indigne, et refuse de marcher !) Le vrai « miracle », ici, c’est le parti romanesque que Se
2518 exemple, et s’en indigne, et refuse de marcher !) Le vrai « miracle », ici, c’est le parti romanesque que Selma Lagerlöf a
2519 use de marcher !) Le vrai « miracle », ici, c’est le parti romanesque que Selma Lagerlöf a su tirer du mythe. Et c’est aus
2520 elma Lagerlöf a su tirer du mythe. Et c’est aussi la profusion géniale des inventions concrètes — une à chaque page, au mo
2521 chaque page, au moins — qui peu à peu illustrent la psychologie la plus secrète des héros. L’on prie de croire, d’ailleur
2522 u moins — qui peu à peu illustrent la psychologie la plus secrète des héros. L’on prie de croire, d’ailleurs, que ces héro
2523 ustrent la psychologie la plus secrète des héros. L’ on prie de croire, d’ailleurs, que ces héros sont bien assez complexes
2524 psychologie la plus secrète des héros. L’on prie de croire, d’ailleurs, que ces héros sont bien assez complexes pour notr
2525 assez complexes pour notre goût moderne ! Et que l’ « analyse des motifs » est ici d’une fort malicieuse lucidité. Mais el
2526 moderne ! Et que l’« analyse des motifs » est ici d’ une fort malicieuse lucidité. Mais elle s’opère par le seul jeu des fa
2527 e fort malicieuse lucidité. Mais elle s’opère par le seul jeu des faits, jamais en marge de l’action, sous forme de médita
2528 ère par le seul jeu des faits, jamais en marge de l’ action, sous forme de méditation ou d’analyse. Toutes les ressources d
2529 en marge de l’action, sous forme de méditation ou d’ analyse. Toutes les ressources du conte populaire et de l’imagerie sen
2530 on, sous forme de méditation ou d’analyse. Toutes les ressources du conte populaire et de l’imagerie sentimentale et romane
2531 lyse. Toutes les ressources du conte populaire et de l’imagerie sentimentale et romanesque, qu’on croyait épuisées depuis
2532 e. Toutes les ressources du conte populaire et de l’ imagerie sentimentale et romanesque, qu’on croyait épuisées depuis les
2533 tale et romanesque, qu’on croyait épuisées depuis les Victoriens, retrouvent ici leur grâce et leur prestige. Une ironie se
2534 leur prestige. Une ironie sereine, à peine amère, les décape de toute niaiserie, et déjoue toutes les conven­tions. Surtout
2535 ge. Une ironie sereine, à peine amère, les décape de toute niaiserie, et déjoue toutes les conven­tions. Surtout, un rythm
2536 , les décape de toute niaiserie, et déjoue toutes les conven­tions. Surtout, un rythme merveilleux de souplesse, d’imprévu
2537 les conven­tions. Surtout, un rythme merveilleux de souplesse, d’imprévu et d’aisance, entretient tout au long de la lect
2538 ons. Surtout, un rythme merveilleux de souplesse, d’ imprévu et d’aisance, entretient tout au long de la lecture une euphor
2539 un rythme merveilleux de souplesse, d’imprévu et d’ aisance, entretient tout au long de la lecture une euphorie de l’imagi
2540 , d’imprévu et d’aisance, entretient tout au long de la lecture une euphorie de l’imagination dont nous pensions que le se
2541 ’imprévu et d’aisance, entretient tout au long de la lecture une euphorie de l’imagination dont nous pensions que le secre
2542 ntretient tout au long de la lecture une euphorie de l’imagination dont nous pensions que le secret s’était perdu avec l’e
2543 etient tout au long de la lecture une euphorie de l’ imagination dont nous pensions que le secret s’était perdu avec l’enfa
2544 euphorie de l’imagination dont nous pensions que le secret s’était perdu avec l’enfance. Comme on sent que l’auteur s’amu
2545 nt nous pensions que le secret s’était perdu avec l’ enfance. Comme on sent que l’auteur s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf,
2546 t s’était perdu avec l’enfance. Comme on sent que l’ auteur s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire de conter ! Plu
2547 vec l’enfance. Comme on sent que l’auteur s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire de conter ! Plusieurs douzaines
2548 ue l’auteur s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire de conter ! Plusieurs douzaines de personnages, des familles e
2549 r s’amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire de conter ! Plusieurs douzaines de personnages, des familles et des isol
2550 löf, ou la gloire de conter ! Plusieurs douzaines de personnages, des familles et des isolés, des monstres, des bourgeois,
2551 des bourgeois, des paysans, une belle jeune fille de la noblesse, une bohémienne, un jeune pasteur fanatique, une dévote é
2552 bourgeois, des paysans, une belle jeune fille de la noblesse, une bohémienne, un jeune pasteur fanatique, une dévote écœu
2553 — cela suffirait pour animer un roman romantique de la grande tradition. Mais tout ce pittoresque humain revêt un drame s
2554 cela suffirait pour animer un roman romantique de la grande tradition. Mais tout ce pittoresque humain revêt un drame spir
2555 t ce pittoresque humain revêt un drame spirituel, le drame de l’absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans chari
2556 oresque humain revêt un drame spirituel, le drame de l’absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans charité (thème
2557 sque humain revêt un drame spirituel, le drame de l’ absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans charité (thème fr
2558 dès qu’il agit sans charité (thème fréquent dans la littérature nordique). C’est à l’avant-dernière page seulement que le
2559 e fréquent dans la littérature nordique). C’est à l’ avant-dernière page seulement que le sens profond de l’œuvre entière e
2560 que). C’est à l’avant-dernière page seulement que le sens profond de l’œuvre entière est formulé : « Celui qui veut être u
2561 avant-dernière page seulement que le sens profond de l’œuvre entière est formulé : « Celui qui veut être un disciple du Ch
2562 nt-dernière page seulement que le sens profond de l’ œuvre entière est formulé : « Celui qui veut être un disciple du Chris
2563 ui qui veut être un disciple du Christ sans avoir l’ amour des hommes est condamné à aller à sa perte et à y conduire les a
2564 s est condamné à aller à sa perte et à y conduire les autres ». À ce moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité de la lé
2565 et à y conduire les autres ». À ce moment aussi, l’ on s’aperçoit que la fatalité de la légende a bel et bien dominé tous
2566 autres ». À ce moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité de la légende a bel et bien dominé tous ces êtres, malgré le
2567 ce moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité de la légende a bel et bien dominé tous ces êtres, malgré leur scepticis
2568 moment aussi, l’on s’aperçoit que la fatalité de la légende a bel et bien dominé tous ces êtres, malgré leur scepticisme
2569 , malgré leur scepticisme ou leurs bravades, dans la mesure où les religions obscures dominent ceux qui n’ont pas la foi.
2570 scepticisme ou leurs bravades, dans la mesure où les religions obscures dominent ceux qui n’ont pas la foi. Seule une priè
2571 es religions obscures dominent ceux qui n’ont pas la foi. Seule une prière désespérée, de pur amour, rompt le charme forgé
2572 ui n’ont pas la foi. Seule une prière désespérée, de pur amour, rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de l’anneau
2573 Seule une prière désespérée, de pur amour, rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de l’anneau volé, maintenant pr
2574 sespérée, de pur amour, rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de l’anneau volé, maintenant privé de son pouvoir m
2575 r, rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de l’anneau volé, maintenant privé de son pouvoir maléfique, répond le s
2576 rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de l’ anneau volé, maintenant privé de son pouvoir maléfique, répond le symb
2577 hé. Au symbole de l’anneau volé, maintenant privé de son pouvoir maléfique, répond le symbole d’un engagement humain libre
2578 maintenant privé de son pouvoir maléfique, répond le symbole d’un engagement humain librement consenti devant Dieu ; un an
2579 privé de son pouvoir maléfique, répond le symbole d’ un engagement humain librement consenti devant Dieu ; un anneau nuptia
2580 u ; un anneau nuptial retrouvé. Le premier tome — L’ Anneau des Löwensköld — contient le récit de la légende. Les deux tome
2581 premier tome — L’Anneau des Löwensköld — contient le récit de la légende. Les deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld e
2582 ome — L’Anneau des Löwensköld — contient le récit de la légende. Les deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld et Anna Sv
2583 — L’Anneau des Löwensköld — contient le récit de la légende. Les deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld et Anna Svärd
2584 des Löwensköld — contient le récit de la légende. Les deux tomes suivants — Charlotte Löwensköld et Anna Svärd — forment un
2585 résumé imaginable, j’aimerais citer ici une seule de ces « situations » que Lagerlöf noue et dénoue dans chaque chapitre a
2586 e chapitre avec une prodigalité vraiment géniale. Le jeune pasteur Karl-Artur Eckenstedt vient de se brouiller avec sa bel
2587 r avec sa belle fiancée, Charlotte Löwensköld. En la quittant, il lui a crié qu’il n’épouserait qu’une femme que Dieu lui
2588 iée, deviendra sa compagne. Il sort. Il s’en faut de peu qu’il ne rencontre dès les premiers pas une vieille mendiante sou
2589 ers pas une vieille mendiante sourde. Une voiture le dépasse, conduite par une riche jeune fille des environs, mais cela n
2590 , mais cela ne compte pas, car il est entendu que la femme désignée par Dieu doit venir à sa rencontre. Un peu plus loin,
2591 ntre. Un peu plus loin, il entend chanter : c’est la fille de l’aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s
2592 peu plus loin, il entend chanter : c’est la fille de l’aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s’engage p
2593 plus loin, il entend chanter : c’est la fille de l’ aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s’engage pas
2594 auvaise réputation. Mais elle ne s’engage pas sur la route, elle s’arrête dans un pré voisin. Karl-Artur doute, tremble, e
2595 jours. Voici venir, à sa rencontre cette fois-ci, la plus pauvre orpheline du village ; elle est défigurée par une énorme
2596 village ; elle est défigurée par une énorme tache de vin. Faudra-t-il accepter ce martyre ? Déjà, le jeune homme s’y résig
2597 e de vin. Faudra-t-il accepter ce martyre ? Déjà, le jeune homme s’y résigne… À quelques pas de lui, elle tourne à droite.
2598 Déjà, le jeune homme s’y résigne… À quelques pas de lui, elle tourne à droite. Il poursuit son chemin dans une exaltation
2599 e lui ; une jeune Dalécarlienne, dans son costume de marchande ambulante. « Elle brillait comme une rose sauvage. » Il s’a
2600 que tu as rencontré un ours ! » C’est Anna Svärd, la femme que Dieu lui envoie, qu’il épousera envers et contre tous. Elle
2601 dre, dans cette scène étonnante, l’un des secrets de l’art de Selma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que la « mi
2602 , dans cette scène étonnante, l’un des secrets de l’ art de Selma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que la « mise
2603 cette scène étonnante, l’un des secrets de l’art de Selma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que la « mise en pra
2604 nte, l’un des secrets de l’art de Selma Lagerlöf. L’ invention romanesque n’est ici que la « mise en pratique » d’une attit
2605 ma Lagerlöf. L’invention romanesque n’est ici que la « mise en pratique » d’une attitude spirituelle extrême. La phrase de
2606 romanesque n’est ici que la « mise en pratique » d’ une attitude spirituelle extrême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il s
2607 en pratique » d’une attitude spirituelle extrême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il suffit de la prendre au mot : elle co
2608 e » d’une attitude spirituelle extrême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il suffit de la prendre au mot : elle commande tou
2609 xtrême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il suffit de la prendre au mot : elle commande tout naturellement une suite d’inci
2610 ême. La phrase de Karl-Artur lâchée, il suffit de la prendre au mot : elle commande tout naturellement une suite d’inciden
2611 mot : elle commande tout naturellement une suite d’ incidents pittoresques ou dramatiques, à quoi l’auteur ne se prive pas
2612 e d’incidents pittoresques ou dramatiques, à quoi l’ auteur ne se prive pas d’ajouter quelques traces d’humour, comme pour
2613 s ou dramatiques, à quoi l’auteur ne se prive pas d’ ajouter quelques traces d’humour, comme pour purifier l’émotion. Mais
2614 ’auteur ne se prive pas d’ajouter quelques traces d’ humour, comme pour purifier l’émotion. Mais pour qu’une telle phrase s
2615 ter quelques traces d’humour, comme pour purifier l’ émotion. Mais pour qu’une telle phrase soit dite, il faut des âmes for
2616 te même phrase soit aussitôt mise en pratique par le héros, sans nulle invraisemblance, il faut que ce héros soit un croya
2617 aisemblance, il faut que ce héros soit un croyant d’ une certaine trempe. Derrière Karl-Artur, en effet, il y a la traditio
2618 ine trempe. Derrière Karl-Artur, en effet, il y a la tradition des puritains, mais aussi tout l’absolutisme religieux du B
2619 l y a la tradition des puritains, mais aussi tout l’ absolutisme religieux du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard, de Luther. Et
2620 si tout l’absolutisme religieux du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard, de Luther. Et à côté du fanatique, voici Charlotte, avec
2621 tisme religieux du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard, de Luther. Et à côté du fanatique, voici Charlotte, avec sa piété sobre
2622 iété sobre et son bon sens impérieux, voici Théa, la sectaire doucereuse, et Anna Svärd, « distinguée entre toutes » par l
2623 e, et Anna Svärd, « distinguée entre toutes » par le miracle, et qui l’accepte avec humilité. Et cinquante autres personna
2624  distinguée entre toutes » par le miracle, et qui l’ accepte avec humilité. Et cinquante autres personnages, des foules aux
2625 quante autres personnages, des foules aux foires, la vie commune du bourg et des paroisses. C’est vraiment toute l’humanit
2626 e du bourg et des paroisses. C’est vraiment toute l’ humanité suscitée et instruite par la Réforme, c’est un pays entier so
2627 aiment toute l’humanité suscitée et instruite par la Réforme, c’est un pays entier sous la lumière de la Parole, qui trouv
2628 struite par la Réforme, c’est un pays entier sous la lumière de la Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire lar
2629 la Réforme, c’est un pays entier sous la lumière de la Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire largement, tou
2630 Réforme, c’est un pays entier sous la lumière de la Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire largement, tout v
2631 out vit et se transforme, non pas seulement selon les lois des passions, des cœurs et des corps, mais aussi selon la libert
2632 assions, des cœurs et des corps, mais aussi selon la liberté, souvent plus folle encore, des âmes. Plénitude de la poésie 
2633 é, souvent plus folle encore, des âmes. Plénitude de la poésie ! Et le spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuv
2634 souvent plus folle encore, des âmes. Plénitude de la poésie ! Et le spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuvre
2635 lle encore, des âmes. Plénitude de la poésie ! Et le spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuvre admirable, c’es
2636 es âmes. Plénitude de la poésie ! Et le spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuvre admirable, c’est celui du tr
2637 nne cette œuvre admirable, c’est celui du travail de la foi dans la réalité totale d’un peuple, qu’elle trouble, assemble,
2638 cette œuvre admirable, c’est celui du travail de la foi dans la réalité totale d’un peuple, qu’elle trouble, assemble, ju
2639 admirable, c’est celui du travail de la foi dans la réalité totale d’un peuple, qu’elle trouble, assemble, juge et sauve.
2640 celui du travail de la foi dans la réalité totale d’ un peuple, qu’elle trouble, assemble, juge et sauve. ⁂ Rien de plus pa
2641 Rien de plus passionnant, pour qui vient de lire les Löwensköld, que de retrouver dans les souvenirs publiés sous le titre
2642 nnant, pour qui vient de lire les Löwensköld, que de retrouver dans les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les or
2643 ent de lire les Löwensköld, que de retrouver dans les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les origines biographique
2644 que de retrouver dans les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les origines biographiques, les sources vives de ce
2645 etrouver dans les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les origines biographiques, les sources vives de ce jailliss
2646 s les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les origines biographiques, les sources vives de ce jaillissement d’inven
2647 le titre de Morbacka les origines biographiques, les sources vives de ce jaillissement d’inventions. Morbacka, c’est comme
2648 cka les origines biographiques, les sources vives de ce jaillissement d’inventions. Morbacka, c’est comme une anthologie d
2649 graphiques, les sources vives de ce jaillissement d’ inventions. Morbacka, c’est comme une anthologie de scènes mineures de
2650 ’inventions. Morbacka, c’est comme une anthologie de scènes mineures des grands romans de Lagerlöf. On y admire, appliquée
2651 e anthologie de scènes mineures des grands romans de Lagerlöf. On y admire, appliquées au réel, toutes les vertus subtiles
2652 Lagerlöf. On y admire, appliquées au réel, toutes les vertus subtiles, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon de ne
2653 liquées au réel, toutes les vertus subtiles, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser
2654 l, toutes les vertus subtiles, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser le lecteur se
2655 toutes les vertus subtiles, tout le « métier » de l’ écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser le lecteur seul
2656 s, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser le lecteur seul avec l’émotion, cette mal
2657 » de l’écrivain : cette façon de ne pas insister, de laisser le lecteur seul avec l’émotion, cette malice cordiale, cette
2658 vain : cette façon de ne pas insister, de laisser le lecteur seul avec l’émotion, cette malice cordiale, cette variété et,
2659 ne pas insister, de laisser le lecteur seul avec l’ émotion, cette malice cordiale, cette variété et, à la fois, cette éco
2660 iale, cette variété et, à la fois, cette économie de moyens. On y retrouve aussi, décrits l’un après l’autre, tous les élé
2661 retrouve aussi, décrits l’un après l’autre, tous les éléments historiques, décors, personnages et coutumes, que les romans
2662 historiques, décors, personnages et coutumes, que les romans mettront en œuvre : il n’y manque rien que le rythme, c’est-à-
2663 romans mettront en œuvre : il n’y manque rien que le rythme, c’est-à-dire la part libre du génie, de l’imagination fabulat
2664  : il n’y manque rien que le rythme, c’est-à-dire la part libre du génie, de l’imagination fabulatrice. Et c’est là que je
2665 e le rythme, c’est-à-dire la part libre du génie, de l’imagination fabulatrice. Et c’est là que je vois le très grand inté
2666 e rythme, c’est-à-dire la part libre du génie, de l’ imagination fabulatrice. Et c’est là que je vois le très grand intérêt
2667 ’imagination fabulatrice. Et c’est là que je vois le très grand intérêt de ces souvenirs — dont le charme, d’ailleurs, suf
2668 ce. Et c’est là que je vois le très grand intérêt de ces souvenirs — dont le charme, d’ailleurs, suffirait bien à nous ret
2669 ois le très grand intérêt de ces souvenirs — dont le charme, d’ailleurs, suffirait bien à nous retenir : ils nous permette
2670 ffirait bien à nous retenir : ils nous permettent de mesurer d’un seul coup d’œil l’apport proprement artistique, la créat
2671 r : ils nous permettent de mesurer d’un seul coup d’ œil l’apport proprement artistique, la création, le don au double sens
2672 s nous permettent de mesurer d’un seul coup d’œil l’ apport proprement artistique, la création, le don au double sens du mo
2673 n seul coup d’œil l’apport proprement artistique, la création, le don au double sens du mot, de l’auteur du triptyque des
2674 ’œil l’apport proprement artistique, la création, le don au double sens du mot, de l’auteur du triptyque des Löwensköld. I
2675 tique, la création, le don au double sens du mot, de l’auteur du triptyque des Löwensköld. Il faut avouer que le milieu où
2676 ue, la création, le don au double sens du mot, de l’ auteur du triptyque des Löwensköld. Il faut avouer que le milieu où Se
2677 r du triptyque des Löwensköld. Il faut avouer que le milieu où Selma Lagerlöf a grandi paraît favoriser plus qu’aucun autr
2678 löf a grandi paraît favoriser plus qu’aucun autre le déploiement des pouvoirs de la fable. Ces presbytères campagnards — q
2679 r plus qu’aucun autre le déploiement des pouvoirs de la fable. Ces presbytères campagnards — que de pasteurs dans la famil
2680 lus qu’aucun autre le déploiement des pouvoirs de la fable. Ces presbytères campagnards — que de pasteurs dans la famille
2681 rs de la fable. Ces presbytères campagnards — que de pasteurs dans la famille des romanciers du Nord ! — environnés de pay
2682 es presbytères campagnards — que de pasteurs dans la famille des romanciers du Nord ! — environnés de paysages de rêve, de
2683 la famille des romanciers du Nord ! — environnés de paysages de rêve, de superstitions folles, de folles vertus, de coutu
2684 des romanciers du Nord ! — environnés de paysages de rêve, de superstitions folles, de folles vertus, de coutumes doucemen
2685 ciers du Nord ! — environnés de paysages de rêve, de superstitions folles, de folles vertus, de coutumes doucement tyranni
2686 nés de paysages de rêve, de superstitions folles, de folles vertus, de coutumes doucement tyranniques, tout cela semble di
2687 rêve, de superstitions folles, de folles vertus, de coutumes doucement tyranniques, tout cela semble disposé pour que se
2688 ques, tout cela semble disposé pour que se nouent les drames complexes dont s’est nourri depuis cent ans le grand roman occ
2689 rames complexes dont s’est nourri depuis cent ans le grand roman occidental : vies intérieures profondes, structure social
2690 s personnages. Considérez ces trois facteurs dans le roman de la grande époque (xixe siècle) et voyez si leur décadence n
2691 ages. Considérez ces trois facteurs dans le roman de la grande époque (xixe siècle) et voyez si leur décadence ne suffit
2692 s. Considérez ces trois facteurs dans le roman de la grande époque (xixe siècle) et voyez si leur décadence ne suffit pas
2693 voyez si leur décadence ne suffit pas à expliquer la crise actuelle du genre dans notre société. 15. L’Anneau des Lowen
2694 rise actuelle du genre dans notre société. 15. L’ Anneau des Lowensköld, Charlotte Lowensköld, Anna Svärd, romans tradui
2695 mêmes traducteurs. (Stock.) s. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Selma Lagerlöf, conteur de légende », Les Nouvelles
2696 enis de, « [Compte rendu] Selma Lagerlöf, conteur de légende », Les Nouvelles littéraires, Paris, 3 juillet 1937, p. 8. t
2697 mpte rendu] Selma Lagerlöf, conteur de légende », Les Nouvelles littéraires, Paris, 3 juillet 1937, p. 8. t. Rougemont en
2698 aris, 3 juillet 1937, p. 8. t. Rougemont en fait la recension dans la NRF de novembre 1937.
2699 37, p. 8. t. Rougemont en fait la recension dans la NRF de novembre 1937.
2700 . t. Rougemont en fait la recension dans la NRF de novembre 1937.
14 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
2701 t Denis de Rougemont (12 février 1939)u v Avec l’ audace souriante de ces guides helvétiques qui mènent au bord du préci
2702 t (12 février 1939)u v Avec l’audace souriante de ces guides helvétiques qui mènent au bord du précipice le touriste st
2703 uides helvétiques qui mènent au bord du précipice le touriste stupéfait par le paysage et par le danger, M. Denis de Rouge
2704 nt au bord du précipice le touriste stupéfait par le paysage et par le danger, M. Denis de Rougemont vient de publier L’A
2705 ipice le touriste stupéfait par le paysage et par le danger, M. Denis de Rougemont vient de publier L’Amour et l’Occident
2706 e danger, M. Denis de Rougemont vient de publier L’ Amour et l’Occident , livre qui va, sans doute, susciter des polémique
2707 . Denis de Rougemont vient de publier L’Amour et l’ Occident , livre qui va, sans doute, susciter des polémiques passionné
2708 passionnées. Ce jeune écrivain suisse, qui joint le souci de l’actualité et le goût des questions sociales à la lucidité
2709 ées. Ce jeune écrivain suisse, qui joint le souci de l’actualité et le goût des questions sociales à la lucidité sensible
2710 . Ce jeune écrivain suisse, qui joint le souci de l’ actualité et le goût des questions sociales à la lucidité sensible d’u
2711 vain suisse, qui joint le souci de l’actualité et le goût des questions sociales à la lucidité sensible d’un compatriote d
2712 e l’actualité et le goût des questions sociales à la lucidité sensible d’un compatriote d’Amiel, a déjà derrière lui une œ
2713 oût des questions sociales à la lucidité sensible d’ un compatriote d’Amiel, a déjà derrière lui une œuvre solide. Il est l
2714 sociales à la lucidité sensible d’un compatriote d’ Amiel, a déjà derrière lui une œuvre solide. Il est l’un des principau
2715 solide. Il est l’un des principaux collaborateurs de la revue Esprit , écrit dans plusieurs revues des articles qui ne so
2716 ide. Il est l’un des principaux collaborateurs de la revue Esprit , écrit dans plusieurs revues des articles qui ne sont
2717 mais indifférents. Il a tenu, dans notre journal, la rubrique de la vie protestante. Ayant fait de solides études à Vienne
2718 rents. Il a tenu, dans notre journal, la rubrique de la vie protestante. Ayant fait de solides études à Vienne et en Allem
2719 ts. Il a tenu, dans notre journal, la rubrique de la vie protestante. Ayant fait de solides études à Vienne et en Allemagn
2720 al, la rubrique de la vie protestante. Ayant fait de solides études à Vienne et en Allemagne, il a enseigné dans une ville
2721 universitaire où il rédigea, en 1936, ce Journal d’ Allemagne , qui, paru au printemps dernier, est un des témoignages les
2722 paru au printemps dernier, est un des témoignages les plus valables sur le national-socialisme. Étranger, M. Denis de Rouge
2723 ier, est un des témoignages les plus valables sur le national-socialisme. Étranger, M. Denis de Rougemont connaît mieux qu
2724 aucoup de Français notre province : il a séjourné de longs mois en Vendée et dans le Midi. Son Journal d’un intellectuel
2725 e : il a séjourné de longs mois en Vendée et dans le Midi. Son Journal d’un intellectuel en chômage témoigne de la curio
2726 ongs mois en Vendée et dans le Midi. Son Journal d’ un intellectuel en chômage témoigne de la curiosité, et aussi de la d
2727 n Journal d’un intellectuel en chômage témoigne de la curiosité, et aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce de
2728 Journal d’un intellectuel en chômage témoigne de la curiosité, et aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce de dé
2729 el en chômage témoigne de la curiosité, et aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète de
2730 en chômage témoigne de la curiosité, et aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète de nos
2731 aussi de la discrétion avec laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas
2732 discrétion avec laquelle il s’efforce de dégager l’ âme secrète de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas les villes
2733 ec laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas les villes, il n’a pas b
2734 e de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas les villes, il n’a pas besoin pour écrire de ces conversations, de ces éc
2735 ime pas les villes, il n’a pas besoin pour écrire de ces conversations, de ces échanges qui stimulent tant d’écrivains, et
2736 n’a pas besoin pour écrire de ces conversations, de ces échanges qui stimulent tant d’écrivains, et leur tiennent souvent
2737 conversations, de ces échanges qui stimulent tant d’ écrivains, et leur tiennent souvent lieu de vie intérieure. Il me reço
2738 t tant d’écrivains, et leur tiennent souvent lieu de vie intérieure. Il me reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos, à L
2739 souvent lieu de vie intérieure. Il me reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos, à La Celle-Saint-Cloud, maison simple, s
2740 eu de vie intérieure. Il me reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos, à La Celle-Saint-Cloud, maison simple, sans austér
2741 me reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos, à La Celle-Saint-Cloud, maison simple, sans austérité, tout de suite famil
2742 s austérité, tout de suite familière, où il passe l’ hiver avec sa femme et Colinet, son petit garçon. Denis de Rougemont e
2743 arçon. Denis de Rougemont est grand, souple, il a la réserve affable des Suisses, et ce sourire des lèvres qui semble excu
2744 sses, et ce sourire des lèvres qui semble excuser le sérieux du regard. Il rit malicieusement quand je lui parle du petit
2745 t quand je lui parle du petit scandale que risque de provoquer son dernier livre : n’y affirme-t-il pas, avec preuves à l’
2746 nier livre : n’y affirme-t-il pas, avec preuves à l’ appui, que Tristan et Iseut, les amants légendaires, les héros de la p
2747 as, avec preuves à l’appui, que Tristan et Iseut, les amants légendaires, les héros de la passion, ne s’aimaient pas ? Quan
2748 ui, que Tristan et Iseut, les amants légendaires, les héros de la passion, ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire
2749 istan et Iseut, les amants légendaires, les héros de la passion, ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire mon livr
2750 an et Iseut, les amants légendaires, les héros de la passion, ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire mon livre,
2751 e voulais simplement étudier ce mythe et analyser la crise du mariage à notre époque. Mais plus je relisais les différente
2752 du mariage à notre époque. Mais plus je relisais les différentes versions du roman, plus je me sentais gêné, mal à l’aise.
2753 première rencontre, ne s’aiment qu’après avoir bu le philtre, ne peuvent plus se supporter au bout de trois ans de vie com
2754 ne peuvent plus se supporter au bout de trois ans de vie commune dans la forêt et qui, Tristan ayant épousé Iseut aux blan
2755 upporter au bout de trois ans de vie commune dans la forêt et qui, Tristan ayant épousé Iseut aux blanches mains, l’autre
2756 utre Iseut, ne reconnaissent plus leur amour qu’à l’ heure où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries
2757 ne reconnaissent plus leur amour qu’à l’heure où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries, de contra
2758 nnaissent plus leur amour qu’à l’heure où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries, de contradictions
2759 où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries, de contradictions, pressenties au siècle dernier, mais d
2760 figure déjà… tout cela est rempli de bizarreries, de contradictions, pressenties au siècle dernier, mais dont personne n’a
2761 ser une explication. J’ai beaucoup réfléchi avant d’ arriver à cette conviction, que je suis prêt à défendre : ce que Trist
2762 défendre : ce que Tristan et Iseut aiment, c’est le fait d’aimer. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il l’aime, il se borne
2763 e : ce que Tristan et Iseut aiment, c’est le fait d’ aimer. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il l’aime, il se borne à répét
2764 fait d’aimer. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il l’ aime, il se borne à répéter : « Amor par force me demeisne ». C’est la
2765 à répéter : « Amor par force me demeisne ». C’est la passion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que dans la mort, et ins
2766 ion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que dans la mort, et inspirera tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord la l
2767 t se résoudre que dans la mort, et inspirera tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord la littérature courtoise… Litté
2768 era tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord la littérature courtoise… Littérature dont le succès rapide s’explique m
2769 ’abord la littérature courtoise… Littérature dont le succès rapide s’explique mal, car elle implique une subtilité, des ra
2770 ique une subtilité, des raffinements, une absence de sensualité qui s’opposaient aux mœurs de l’époque. Qui s’opposait sur
2771 absence de sensualité qui s’opposaient aux mœurs de l’époque. Qui s’opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à la c
2772 sence de sensualité qui s’opposaient aux mœurs de l’ époque. Qui s’opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à la conc
2773 ’opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à la conception chrétienne du mariage. L’amour courtois est chaste, il acc
2774 Rougemont, à la conception chrétienne du mariage. L’ amour courtois est chaste, il accorde à la femme une prééminence dont
2775 ariage. L’amour courtois est chaste, il accorde à la femme une prééminence dont l’Église a bien senti le danger, puisqu’el
2776 haste, il accorde à la femme une prééminence dont l’ Église a bien senti le danger, puisqu’elle a développé le culte de Not
2777 femme une prééminence dont l’Église a bien senti le danger, puisqu’elle a développé le culte de Notre-Dame pour répondre
2778 e a bien senti le danger, puisqu’elle a développé le culte de Notre-Dame pour répondre au culte de la « Dame » des troubad
2779 senti le danger, puisqu’elle a développé le culte de Notre-Dame pour répondre au culte de la « Dame » des troubadours. Cet
2780 ppé le culte de Notre-Dame pour répondre au culte de la « Dame » des troubadours. Cet amour courtois ne fleurit que parmi
2781 le culte de Notre-Dame pour répondre au culte de la « Dame » des troubadours. Cet amour courtois ne fleurit que parmi les
2782 ubadours. Cet amour courtois ne fleurit que parmi les obstacles, exclut toute idée de progéniture, de famille ; il va contr
2783 leurit que parmi les obstacles, exclut toute idée de progéniture, de famille ; il va contre les appétits de l’homme et les
2784 les obstacles, exclut toute idée de progéniture, de famille ; il va contre les appétits de l’homme et les directives de l
2785 te idée de progéniture, de famille ; il va contre les appétits de l’homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu,
2786 ogéniture, de famille ; il va contre les appétits de l’homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de
2787 niture, de famille ; il va contre les appétits de l’ homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de vi
2788 famille ; il va contre les appétits de l’homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de vingt ans, dom
2789 contre les appétits de l’homme et les directives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi tou
2790 ntre les appétits de l’homme et les directives de l’ Église. Comment a-t-il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi toute
2791 rectives de l’Église. Comment a-t-il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi toute la littérature ? Beaucoup d’historiens
2792 il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi toute la littérature ? Beaucoup d’historiens, d’érudits, se sont posé la quest
2793 ns, dominer ainsi toute la littérature ? Beaucoup d’ historiens, d’érudits, se sont posé la question sans pouvoir la résoud
2794 nsi toute la littérature ? Beaucoup d’historiens, d’ érudits, se sont posé la question sans pouvoir la résoudre. Pour moi,
2795 d’érudits, se sont posé la question sans pouvoir la résoudre. Pour moi, l’explication n’est pas douteuse. L’amour courtoi
2796 é la question sans pouvoir la résoudre. Pour moi, l’ explication n’est pas douteuse. L’amour courtois est directement issu
2797 udre. Pour moi, l’explication n’est pas douteuse. L’ amour courtois est directement issu du catharisme. Vous savez que l’hé
2798 st directement issu du catharisme. Vous savez que l’ hérésie cathare, que la croisade contre les albigeois réprima sans l’a
2799 catharisme. Vous savez que l’hérésie cathare, que la croisade contre les albigeois réprima sans l’anéantir, eut des millio
2800 vez que l’hérésie cathare, que la croisade contre les albigeois réprima sans l’anéantir, eut des millions de partisans. Ven
2801 que la croisade contre les albigeois réprima sans l’ anéantir, eut des millions de partisans. Venue de Macédoine, elle gagn
2802 bigeois réprima sans l’anéantir, eut des millions de partisans. Venue de Macédoine, elle gagna la France par le Piémont. L
2803 ions de partisans. Venue de Macédoine, elle gagna la France par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnati
2804 ans. Venue de Macédoine, elle gagna la France par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fondent
2805 e Macédoine, elle gagna la France par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fondent sur une inte
2806 la France par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fondent sur une interprétation purement sp
2807 e par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fondent sur une interprétation purement spiritualis
2808 ar le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’ incarnation, se fondent sur une interprétation purement spiritualiste
2809 ngiles. Ils font du Saint-Esprit la Mère de Dieu, le principe féminin de l’amour. En embrassant le catharisme, le néophyte
2810 Saint-Esprit la Mère de Dieu, le principe féminin de l’amour. En embrassant le catharisme, le néophyte s’engageait, s’il é
2811 nt-Esprit la Mère de Dieu, le principe féminin de l’ amour. En embrassant le catharisme, le néophyte s’engageait, s’il étai
2812 eu, le principe féminin de l’amour. En embrassant le catharisme, le néophyte s’engageait, s’il était marié, à s’abstenir d
2813 féminin de l’amour. En embrassant le catharisme, le néophyte s’engageait, s’il était marié, à s’abstenir de tout contact
2814 phyte s’engageait, s’il était marié, à s’abstenir de tout contact avec sa femme. Les cathares admettaient le suicide. Glor
2815 arié, à s’abstenir de tout contact avec sa femme. Les cathares admettaient le suicide. Glorification de l’esprit d’amour, c
2816 t contact avec sa femme. Les cathares admettaient le suicide. Glorification de l’esprit d’amour, chasteté et mépris de la
2817 es cathares admettaient le suicide. Glorification de l’esprit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que
2818 cathares admettaient le suicide. Glorification de l’ esprit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’
2819 admettaient le suicide. Glorification de l’esprit d’ amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’on préfèr
2820 ification de l’esprit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, pro
2821 cation de l’esprit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, profus
2822 rit d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles
2823 d’amour, chasteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles… N
2824 asteté et mépris de la chair, goût de la mort que l’ on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvo
2825 chair, goût de la mort que l’on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvons la religion cathare,
2826 que l’on préfère aux biens de ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvons la religion cathare, telle que les procès d
2827 ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvons la religion cathare, telle que les procès de l’Inquisition permettent de
2828 s… Nous retrouvons la religion cathare, telle que les procès de l’Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes d
2829 rouvons la religion cathare, telle que les procès de l’Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes des troubad
2830 vons la religion cathare, telle que les procès de l’ Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes des troubadour
2831 telle que les procès de l’Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes des troubadours, développés avec un lyr
2832 lle que les procès de l’Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes des troubadours, développés avec un lyrism
2833 de l’Inquisition permettent de la connaître, tous les thèmes des troubadours, développés avec un lyrisme, un vocabulaire qu
2834 des siècles ceux des grands mystiques. Ainsi tous les troubadours étaient des cathares ? J’en suis persuadé, dit Denis de R
2835 théorie aussi originale. D’ailleurs, on sait que les troubadours n’allaient que chez les seigneurs cathares, fort nombreux
2836 , on sait que les troubadours n’allaient que chez les seigneurs cathares, fort nombreux, et qui adoptaient cette hé­résie a
2837 t nombreux, et qui adoptaient cette hé­résie avec d’ autant plus d’enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux de l’autorité
2838 qui adoptaient cette hé­résie avec d’autant plus d’ enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux de l’autorité temporelle ex
2839 plus d’enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux de l’autorité temporelle exercée par le clergé. Donc l’amour-passion ser
2840 s d’enthousiasme qu’ils étaient souvent jaloux de l’ autorité temporelle exercée par le clergé. Donc l’amour-passion serait
2841 uvent jaloux de l’autorité temporelle exercée par le clergé. Donc l’amour-passion serait une hérésie chrétienne ? … Dont n
2842 l’autorité temporelle exercée par le clergé. Donc l’ amour-passion serait une hérésie chrétienne ? … Dont nous avons perdu
2843 une hérésie chrétienne ? … Dont nous avons perdu la clef, et qui a pourtant inspiré toute notre littérature, reprend Deni
2844 te notre littérature, reprend Denis de Rougemont. Le mythe de Tristan et Iseut, qui pose pour la première fois ce fameux t
2845 littérature, reprend Denis de Rougemont. Le mythe de Tristan et Iseut, qui pose pour la première fois ce fameux triangle,
2846 ui pose pour la première fois ce fameux triangle, le mari, la femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la lit
2847 our la première fois ce fameux triangle, le mari, la femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature
2848 ère fois ce fameux triangle, le mari, la femme et l’ amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature occidentale,
2849 x triangle, le mari, la femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature occidentale, n’a surgi dans l
2850 , la femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature occidentale, n’a surgi dans la littérature orien
2851 e et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature occidentale, n’a surgi dans la littérature orientale que
2852 toute la littérature occidentale, n’a surgi dans la littérature orientale que tout dernièrement, à la suite du christiani
2853 la littérature orientale que tout dernièrement, à la suite du christianisme. J’avoue que votre démonstration me paraît con
2854 yen Âge ? Denis de Rougemont sourit avec malice : Les philologues ont un respect de la lettre qui leur cache parfois le sen
2855 urit avec malice : Les philologues ont un respect de la lettre qui leur cache parfois le sens profond des textes… Ils répu
2856 t avec malice : Les philologues ont un respect de la lettre qui leur cache parfois le sens profond des textes… Ils répugne
2857 nt un respect de la lettre qui leur cache parfois le sens profond des textes… Ils répugnent à l’emploi des méthodes freudi
2858 rfois le sens profond des textes… Ils répugnent à l’ emploi des méthodes freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de la
2859 des méthodes freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, dans
2860 hodes freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, dans Tristan
2861 es freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, dans Tristan et
2862 es. Or j’ai été frappé par le goût de la mort que l’ on retrouve à la fois dans le catharisme, dans Tristan et Iseut et che
2863 goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, dans Tristan et Iseut et chez les lyriques courtois, goût
2864 dans le catharisme, dans Tristan et Iseut et chez les lyriques courtois, goût qui n’est autre que l’instinct de la mort tel
2865 z les lyriques courtois, goût qui n’est autre que l’ instinct de la mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où le stat
2866 ues courtois, goût qui n’est autre que l’instinct de la mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où le statut du maria
2867 courtois, goût qui n’est autre que l’instinct de la mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où le statut du mariage
2868 est autre que l’instinct de la mort tel que Freud l’ a analysé. À une époque où le statut du mariage se modifie profondémen
2869 a mort tel que Freud l’a analysé. À une époque où le statut du mariage se modifie profondément, croyez-vous que ce fameux
2870 que ce fameux triangle, qui suppose en définitive le mariage, puisse encore inspirer la littérature ? Denis de Rougemont r
2871 en définitive le mariage, puisse encore inspirer la littérature ? Denis de Rougemont réfléchit : Non, je crois que nous s
2872 chit : Non, je crois que nous sommes à une époque de transition, que ce mythe risque de disparaître. Mais c’est encore lui
2873 s à une époque de transition, que ce mythe risque de disparaître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la crise du mar
2874 araître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la crise du mariage. Comment cela ? C’est très simple. Nous souffrons d’
2875 Comment cela ? C’est très simple. Nous souffrons d’ avoir été élevés dans une double contradiction. Romans, poèmes, musiqu
2876 ne double contradiction. Romans, poèmes, musique, l’ art et la littérature nous représentent la passion comme un paroxysme
2877 contradiction. Romans, poèmes, musique, l’art et la littérature nous représentent la passion comme un paroxysme désirable
2878 usique, l’art et la littérature nous représentent la passion comme un paroxysme désirable, comme un état d’exception où l’
2879 paroxysme désirable, comme un état d’exception où l’ être se dépasse lui-même. Nous aspirons donc à connaître cet état que,
2880 tan et peut-être inconsciemment, nous préférons à l’ être aimé. D’autre part, on nous montre le mariage comme le fondement
2881 érons à l’être aimé. D’autre part, on nous montre le mariage comme le fondement essentiel de notre société. Mais la passio
2882 mé. D’autre part, on nous montre le mariage comme le fondement essentiel de notre société. Mais la passion, par définition
2883 us montre le mariage comme le fondement essentiel de notre société. Mais la passion, par définition, reste extérieure au m
2884 mme le fondement essentiel de notre société. Mais la passion, par définition, reste extérieure au mariage, puisqu’elle a b
2885 reste extérieure au mariage, puisqu’elle a besoin d’ obstacles, et ne résiste pas à la facilité, à l’habitude. Exclue de la
2886 qu’elle a besoin d’obstacles, et ne résiste pas à la facilité, à l’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réf
2887 n d’obstacles, et ne résiste pas à la facilité, à l’ habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adu
2888 e résiste pas à la facilité, à l’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adultère. Maris et fem
2889 ésiste pas à la facilité, à l’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adultère. Maris et femmes
2890 cilité, à l’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adultère. Maris et femmes, chacun de leur c
2891 e de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’ adultère. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent de l’aventure q
2892 réfugie dans l’adultère. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent de l’aventure qui leur apparaît comme la seule évas
2893 ère. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent de l’aventure qui leur apparaît comme la seule évasion. Croyez-vous que
2894 . Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent de l’ aventure qui leur apparaît comme la seule évasion. Croyez-vous que cel
2895 ôté, rêvent de l’aventure qui leur apparaît comme la seule évasion. Croyez-vous que cela puisse embellir, faciliter la vie
2896 . Croyez-vous que cela puisse embellir, faciliter la vie commune ? Certes, non. Mais aujourd’hui, les jeunes gens et les j
2897 r la vie commune ? Certes, non. Mais aujourd’hui, les jeunes gens et les jeunes filles se refusent à l’hypocrisie, ne conse
2898 Certes, non. Mais aujourd’hui, les jeunes gens et les jeunes filles se refusent à l’hypocrisie, ne consentent plus à refoul
2899 es jeunes gens et les jeunes filles se refusent à l’ hypocrisie, ne consentent plus à refouler leurs instincts naturels. En
2900 us à refouler leurs instincts naturels. En outre, les difficultés matérielles compliquent encore le problème du mariage. Cr
2901 e, les difficultés matérielles compliquent encore le problème du mariage. Croyez-vous que les problèmes de la vie sentimen
2902 nt encore le problème du mariage. Croyez-vous que les problèmes de la vie sentimentale et sexuelle puissent trouver une sol
2903 roblème du mariage. Croyez-vous que les problèmes de la vie sentimentale et sexuelle puissent trouver une solution nouvell
2904 lème du mariage. Croyez-vous que les problèmes de la vie sentimentale et sexuelle puissent trouver une solution nouvelle ?
2905 e Rougemont, il ne peut y avoir qu’une solution : le mariage chrétien, mais présenté d’une manière nouvelle. C’est-à-dire
2906 une solution : le mariage chrétien, mais présenté d’ une manière nouvelle. C’est-à-dire qu’au lieu d’en faire un acte raiso
2907 u’au lieu d’en faire un acte raisonnable, il faut le montrer tel qu’il est en réalité : l’aventure la plus difficile. Si v
2908 le, il faut le montrer tel qu’il est en réalité : l’ aventure la plus difficile. Si vous ne fondez pas le mariage sur une d
2909 le montrer tel qu’il est en réalité : l’aventure la plus difficile. Si vous ne fondez pas le mariage sur une décision réf
2910 aventure la plus difficile. Si vous ne fondez pas le mariage sur une décision réfléchie, sur quoi le fondez-vous ? Sur la
2911 s le mariage sur une décision réfléchie, sur quoi le fondez-vous ? Sur la fidélité, qui me paraît en même temps le véritab
2912 décision réfléchie, sur quoi le fondez-vous ? Sur la fidélité, qui me paraît en même temps le véritable fondement de la pe
2913 us ? Sur la fidélité, qui me paraît en même temps le véritable fondement de la personnalité. Mais pour moi cette fidélité
2914 ui me paraît en même temps le véritable fondement de la personnalité. Mais pour moi cette fidélité doit être observée en v
2915 me paraît en même temps le véritable fondement de la personnalité. Mais pour moi cette fidélité doit être observée en vert
2916 moi cette fidélité doit être observée en vertu de l’ absurde. Elle est aussi absurde que la passion, mais s’en distingue pa
2917 en vertu de l’absurde. Elle est aussi absurde que la passion, mais s’en distingue par un refus constant de subir ses rêves
2918 assion, mais s’en distingue par un refus constant de subir ses rêves, par une constante prise sur le réel. Elle reste une
2919 t de subir ses rêves, par une constante prise sur le réel. Elle reste une folie, mais la plus sobre et la plus quotidienne
2920 nte prise sur le réel. Elle reste une folie, mais la plus sobre et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidélit
2921 réel. Elle reste une folie, mais la plus sobre et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidélité, si conforme à
2922 obre et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidélité, si conforme à la conception chrétienne du ma­riage, supp
2923 e et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidélité, si conforme à la conception chrétienne du ma­riage, suppose
2924 otre réhabilitation de la fidélité, si conforme à la conception chrétienne du ma­riage, suppose chez les femmes, qui doive
2925 a conception chrétienne du ma­riage, suppose chez les femmes, qui doivent être sans cesse capables de se renouveler, un ens
2926 les femmes, qui doivent être sans cesse capables de se renouveler, un ensemble de vertus solides et de qualités agréa­ble
2927 sans cesse capables de se renouveler, un ensemble de vertus solides et de qualités agréa­bles assez difficiles à concilier
2928 e se renouveler, un ensemble de vertus solides et de qualités agréa­bles assez difficiles à concilier. Je le sais, je suis
2929 lités agréa­bles assez difficiles à concilier. Je le sais, je suis très exigeant. Pour moi, le mariage devrait être une in
2930 ier. Je le sais, je suis très exigeant. Pour moi, le mariage devrait être une institution qui main­tient la passion non pa
2931 riage devrait être une institution qui main­tient la passion non par la morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérit
2932 une institution qui main­tient la passion non par la morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérite bien certains eff
2933 main­tient la passion non par la morale, mais par l’ amour. C’est un idéal qui mérite bien certains efforts et certains sac
2934 semble. Ne devez-vous pas publier un roman, dont le titre, La Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui, je l’ai écri
2935 e devez-vous pas publier un roman, dont le titre, La Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui, je l’ai écrit presque
2936 Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui, je l’ ai écrit presque en même temps que L’Amour et l’Occident . Mais je ne
2937 e ? Oui, je l’ai écrit presque en même temps que L’ Amour et l’Occident . Mais je ne le ferai pas paraître tout de suite.
2938 l’ai écrit presque en même temps que L’Amour et l’ Occident . Mais je ne le ferai pas paraître tout de suite. J’ai aussi
2939 ême temps que L’Amour et l’Occident . Mais je ne le ferai pas paraître tout de suite. J’ai aussi terminé deux livres d’es
2940 tre tout de suite. J’ai aussi terminé deux livres d’ essais : Doctrine fabuleuse et Les Personnages du dram e. Et en ce
2941 é deux livres d’essais : Doctrine fabuleuse et Les Personnages du dram e. Et en ce moment, à quoi travaillez-vous ? J’a
2942 i travaillez-vous ? J’ai en chantier un livre sur La Réforme comme Révolution. Mais je l’ai un peu délaissé au profit d’un
2943 un livre sur La Réforme comme Révolution. Mais je l’ ai un peu délaissé au profit d’un drame que j’écris pour l’Exposition
2944 évolution. Mais je l’ai un peu délaissé au profit d’ un drame que j’écris pour l’Exposition de Zurich. Je veux mettre en sc
2945 eu délaissé au profit d’un drame que j’écris pour l’ Exposition de Zurich. Je veux mettre en scène un héros suisse, le bien
2946 u profit d’un drame que j’écris pour l’Exposition de Zurich. Je veux mettre en scène un héros suisse, le bienheureux Nicol
2947 Zurich. Je veux mettre en scène un héros suisse, le bienheureux Nicolas de Flue, qui eut une vie extraordinaire. D’abord
2948 rtifia, jeûnant complètement. Mais, apprenant que la guerre civile menaçait, il quitta sa grotte, et rétablit la paix par
2949 civile menaçait, il quitta sa grotte, et rétablit la paix par le covenant de 1481. Puis il se retourna dans son ermitage e
2950 ait, il quitta sa grotte, et rétablit la paix par le covenant de 1481. Puis il se retourna dans son ermitage et y mourut.
2951 ta sa grotte, et rétablit la paix par le covenant de 1481. Puis il se retourna dans son ermitage et y mourut. C’est un bea
2952 beau sujet. N’est-ce pas ? Ce drame, avec musique d’ Honegger, sera représenté dans un théâtre en plein air, devant cinq ou
2953 plein air, devant cinq ou six-mille spectateurs. La scène aura trente mètres de large, et trois étages, qu’il faut ne jam
2954 ix-mille spectateurs. La scène aura trente mètres de large, et trois étages, qu’il faut ne jamais laisser vides. J’écris d
2955 s phrases très courtes, un peu comme des slogans. Le chœur jouera un rôle important dans l’action, comme dans la tragédie
2956 s slogans. Le chœur jouera un rôle important dans l’ action, comme dans la tragédie grecque. C’est un travail tout nouveau
2957 ouera un rôle important dans l’action, comme dans la tragédie grecque. C’est un travail tout nouveau pour moi, et très amu
2958 nde s’il n’attend pas avec une certaine curiosité les réactions que vont susciter certaines de ses théories un peu révoluti
2959 riosité les réactions que vont susciter certaines de ses théories un peu révolutionnaires. Il sourit avant de répondre, pu
2960 portance aux querelles que pourraient me chercher les savants. Ce qui me touche, c’est que mon livre, paru il y a huit jour
2961 mon livre, paru il y a huit jours, m’a déjà valu de nombreuses lettres d’hommes et de femmes qui se trouvaient mal mariés
2962 a huit jours, m’a déjà valu de nombreuses lettres d’ hommes et de femmes qui se trouvaient mal mariés. Ils me disent que mo
2963 , m’a déjà valu de nombreuses lettres d’hommes et de femmes qui se trouvaient mal mariés. Ils me disent que mon livre les
2964 rouvaient mal mariés. Ils me disent que mon livre les aide à comprendre la cause de leur désarroi, qu’ils savent mieux main
2965 Ils me disent que mon livre les aide à comprendre la cause de leur désarroi, qu’ils savent mieux maintenant comment ils po
2966 sent que mon livre les aide à comprendre la cause de leur désarroi, qu’ils savent mieux maintenant comment ils pourraient
2967 rop se blesser, ce sera ma plus belle récompense. Le véritable esprit chrétien, la véritable intelligence, n’est-ce pas de
2968 s belle récompense. Le véritable esprit chrétien, la véritable intelligence, n’est-ce pas de voir les limites d’où l’on ne
2969 chrétien, la véritable intelligence, n’est-ce pas de voir les limites d’où l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis
2970 , la véritable intelligence, n’est-ce pas de voir les limites d’où l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis de, « [E
2971 le intelligence, n’est-ce pas de voir les limites d’ où l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis de, « [Entretien] N
2972 telligence, n’est-ce pas de voir les limites d’où l’ on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis de, « [Entretien] Non, T
2973 ù l’on ne peut s’échapper ? u. Rougemont Denis de , « [Entretien] Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas », Les Nouvelles
2974 tretien] Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas », Les Nouvelles littéraires, Paris, 12 février 1939, p. 3. v. Interview pa
15 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
2975 1963)w x Pour beaucoup, Denis de Rougemont est l’ auteur d’une thèse retentissante, intitulée L’Amour et l’Occident et
2976 Pour beaucoup, Denis de Rougemont est l’auteur d’ une thèse retentissante, intitulée L’Amour et l’Occident et dans laq
2977 st l’auteur d’une thèse retentissante, intitulée L’ Amour et l’Occident et dans laquelle il démontrait que l’idée de pass
2978 d’une thèse retentissante, intitulée L’Amour et l’ Occident et dans laquelle il démontrait que l’idée de passion amoureu
2979 et l’Occident et dans laquelle il démontrait que l’ idée de passion amoureuse trouvait ses origines dans la poésie cathare
2980 cident et dans laquelle il démontrait que l’idée de passion amoureuse trouvait ses origines dans la poésie cathare. Pour
2981 e de passion amoureuse trouvait ses origines dans la poésie cathare. Pour les disciples d’Emmanuel Mounier, il est surtout
2982 rouvait ses origines dans la poésie cathare. Pour les disciples d’Emmanuel Mounier, il est surtout le philosophe de Politi
2983 igines dans la poésie cathare. Pour les disciples d’ Emmanuel Mounier, il est surtout le philosophe de Politique de la per
2984 les disciples d’Emmanuel Mounier, il est surtout le philosophe de Politique de la personne . Pour quelques autres, il es
2985 d’Emmanuel Mounier, il est surtout le philosophe de Politique de la personne . Pour quelques autres, il est l’écrivain q
2986 unier, il est surtout le philosophe de Politique de la personne . Pour quelques autres, il est l’écrivain qui a le mieux
2987 er, il est surtout le philosophe de Politique de la personne . Pour quelques autres, il est l’écrivain qui a le mieux ana
2988 que de la personne . Pour quelques autres, il est l’ écrivain qui a le mieux analysé la résistible ascension d’Adolf Hitler
2989 e . Pour quelques autres, il est l’écrivain qui a le mieux analysé la résistible ascension d’Adolf Hitler (dans Journal d
2990 autres, il est l’écrivain qui a le mieux analysé la résistible ascension d’Adolf Hitler (dans Journal d’Allemagne et J
2991 in qui a le mieux analysé la résistible ascension d’ Adolf Hitler (dans Journal d’Allemagne et Journal des deux mondes
2992 ésistible ascension d’Adolf Hitler (dans Journal d’ Allemagne et Journal des deux mondes notamment). Pour les mélomanes
2993 ne et Journal des deux mondes notamment). Pour les mélomanes, il est le poète de Nicolas de Flue , dont Honegger tira u
2994 ux mondes notamment). Pour les mélomanes, il est le poète de Nicolas de Flue , dont Honegger tira un oratorio. Pour tous
2995 notamment). Pour les mélomanes, il est le poète de Nicolas de Flue , dont Honegger tira un oratorio. Pour tous enfin, i
2996 tira un oratorio. Pour tous enfin, il est, depuis la semaine dernière, le lauréat du Grand Prix littéraire de Monaco. Mais
2997 r tous enfin, il est, depuis la semaine dernière, le lauréat du Grand Prix littéraire de Monaco. Mais qui est en réalité D
2998 ine dernière, le lauréat du Grand Prix littéraire de Monaco. Mais qui est en réalité Denis de Rougemont ? On a dit beaucou
2999 ugemont ? On a dit beaucoup de bêtises — lui-même le déclare — sur l’homme et sur son œuvre, cette œuvre dont tout le mond
3000 t beaucoup de bêtises — lui-même le déclare — sur l’ homme et sur son œuvre, cette œuvre dont tout le monde parle et que pe
3001 p plus prudent, j’ai demandé à Denis de Rougemont de commenter librement et, au besoin, de rectifier ce que je me proposai
3002 e Rougemont de commenter librement et, au besoin, de rectifier ce que je me proposais d’écrire sur lui. Voici ce qu’a donn
3003 t, au besoin, de rectifier ce que je me proposais d’ écrire sur lui. Voici ce qu’a donné cette entrevue. Né en 1906 à Neuch
3004 châtel, Denis de Rougemont est un écrivain suisse d’ expression française… Je déteste cette formule ! Elle me fait penser à
3005 e cette formule ! Elle me fait penser à une sorte d’ animal, qui penserait dans un idiome bizarre et incompréhensible, et c
3006 t incompréhensible, et choisirait, quand il ouvre la bouche, de s’exprimer en français plutôt qu’en miaulant ou en barriss
3007 ensible, et choisirait, quand il ouvre la bouche, de s’exprimer en français plutôt qu’en miaulant ou en barrissant. Je sui
3008 un écrivain français, un point c’est tout. Il est l’ auteur d’un certain nombre d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal
3009 in français, un point c’est tout. Il est l’auteur d’ un certain nombre d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal, de l’es
3010 t c’est tout. Il est l’auteur d’un certain nombre d’ ouvrages qui, tenant à la fois du journal, de l’essai, de la polémique
3011 mbre d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal, de l’essai, de la polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre
3012 e d’ouvrages qui, tenant à la fois du journal, de l’ essai, de la polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre lit
3013 ges qui, tenant à la fois du journal, de l’essai, de la polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre littéraire p
3014 qui, tenant à la fois du journal, de l’essai, de la polémique et du récit, ne correspondent à aucun genre littéraire préc
3015 mment définirait-on Nietzsche ou Kierkegaard ? Si l’ on veut absolument coller une étiquette, disons que je suis un essayis
3016 tiquette, disons que je suis un essayiste, espèce d’ écrivain de plus en plus répandue de nos jours. Montesquieu, Pascal ét
3017 yiste, espèce d’écrivain de plus en plus répandue de nos jours. Montesquieu, Pascal étaient des essayistes. Ce n’est pas q
3018 n’est pas que je veuille me comparer à eux, mais la forme est la même : un mélange d’idées pures, de poésie, de descripti
3019 e je veuille me comparer à eux, mais la forme est la même : un mélange d’idées pures, de poésie, de descriptions et d’anec
3020 rer à eux, mais la forme est la même : un mélange d’ idées pures, de poésie, de descriptions et d’anecdotes. En 1933, Denis
3021 la forme est la même : un mélange d’idées pures, de poésie, de descriptions et d’anecdotes. En 1933, Denis de Rougemont p
3022 st la même : un mélange d’idées pures, de poésie, de descriptions et d’anecdotes. En 1933, Denis de Rougemont participe, a
3023 ange d’idées pures, de poésie, de descriptions et d’ anecdotes. En 1933, Denis de Rougemont participe, aux côtés d’Emmanuel
3024 En 1933, Denis de Rougemont participe, aux côtés d’ Emmanuel Mounier, à la fondation de deux revues personnalistes : L’Ord
3025 gemont participe, aux côtés d’Emmanuel Mounier, à la fondation de deux revues personnalistes : L’Ordre nouveau et Esprit.
3026 ipe, aux côtés d’Emmanuel Mounier, à la fondation de deux revues personnalistes : L’Ordre nouveau et Esprit. C’est à cette
3027 u christianisme. Au mot « humaniste », je préfère le mot « moraliste ». … illustrée par son livre : Politique de la perso
3028 raliste ». … illustrée par son livre : Politique de la personne . Politique de la personne était un manifeste qui décl
3029 iste ». … illustrée par son livre : Politique de la personne . Politique de la personne était un manifeste qui déclenc
3030 n livre : Politique de la personne . Politique de la personne était un manifeste qui déclencha une polémique à laquell
3031 ivre : Politique de la personne . Politique de la personne était un manifeste qui déclencha une polémique à laquelle p
3032 rt Berdiaev, Mounier et Gabriel Marcel. Pour moi, la « personne » n’est ni un individu refermé sur lui-même ni la minuscul
3033 ne » n’est ni un individu refermé sur lui-même ni la minuscule partie d’une masse, mais un homme ouvert aux idées, à la fo
3034 ividu refermé sur lui-même ni la minuscule partie d’ une masse, mais un homme ouvert aux idées, à la fois libre et responsa
3035 la fois libre et responsable. Il y a une vocation de la personne, vocation qui, à la fois, distingue l’homme et le relie à
3036 fois libre et responsable. Il y a une vocation de la personne, vocation qui, à la fois, distingue l’homme et le relie à la
3037 e la personne, vocation qui, à la fois, distingue l’ homme et le relie à la communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs dan
3038 ne, vocation qui, à la fois, distingue l’homme et le relie à la communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette not
3039 n qui, à la fois, distingue l’homme et le relie à la communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de l’ho
3040 stingue l’homme et le relie à la communauté où il l’ exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de l’homme que je place le
3041 ù il l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de l’homme que je place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fai
3042 l l’exerce. C’est d’ailleurs dans cette notion de l’ homme que je place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fait o
3043 illeurs dans cette notion de l’homme que je place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fait opposé aux doctrines p
3044 ans cette notion de l’homme que je place le point d’ insertion de Dieu. Je suis tout à fait opposé aux doctrines providenti
3045 tion de l’homme que je place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fait opposé aux doctrines providentialistes qui
3046 t opposé aux doctrines providentialistes qui font de Dieu un Jéhovah jugeant et agissant de l’extérieur. Dieu est en l’hom
3047 s qui font de Dieu un Jéhovah jugeant et agissant de l’extérieur. Dieu est en l’homme. En 1935, il est nommé lecteur à l’U
3048 ui font de Dieu un Jéhovah jugeant et agissant de l’ extérieur. Dieu est en l’homme. En 1935, il est nommé lecteur à l’Univ
3049 h jugeant et agissant de l’extérieur. Dieu est en l’ homme. En 1935, il est nommé lecteur à l’Université de Francfort et sé
3050 u est en l’homme. En 1935, il est nommé lecteur à l’ Université de Francfort et séjournera un an en Allemagne hitlérienne.
3051 mme. En 1935, il est nommé lecteur à l’Université de Francfort et séjournera un an en Allemagne hitlérienne. Je me trouvai
3052 me trouvais sans activité à Paris, où j’écrivais le Journal d’un intellectuel en chômage , quand je rencontrai Abetz. Il
3053 sans activité à Paris, où j’écrivais le Journal d’ un intellectuel en chômage , quand je rencontrai Abetz. Il m’offrit de
3054 chômage , quand je rencontrai Abetz. Il m’offrit de passer un an en Allemagne en me disant : « Vous qui pensez pis que pe
3055 e en me disant : « Vous qui pensez pis que pendre de notre régime, allez donc l’observer de plus près. » J’acceptai à une
3056 pensez pis que pendre de notre régime, allez donc l’ observer de plus près. » J’acceptai à une condition, celle d’écrire en
3057 de plus près. » J’acceptai à une condition, celle d’ écrire en rentrant exactement ce que je pensais du nazisme. J’en ai ef
3058 nt pensé et dit beaucoup de mal dans mon Journal d’ Allemagne , paru en 1938. J’eus d’ailleurs d’autres démêlés avec les a
3059 u en 1938. J’eus d’ailleurs d’autres démêlés avec les autorités allemandes, quand j’écrivis un article dans la Gazette de L
3060 rités allemandes, quand j’écrivis un article dans la Gazette de Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands
3061 andes, quand j’écrivis un article dans la Gazette de Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent
3062 crivis un article dans la Gazette de Lausanne sur l’ entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent que je sois pun
3063 article dans la Gazette de Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent que je sois puni et j’ai
3064 te de Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent que je sois puni et j’ai reçu quinze jours de p
3065 dèrent que je sois puni et j’ai reçu quinze jours de prison militaire sous le prétexte qu’un officier neutre n’a pas le dr
3066 t j’ai reçu quinze jours de prison militaire sous le prétexte qu’un officier neutre n’a pas le droit d’outrager un chef d’
3067 re sous le prétexte qu’un officier neutre n’a pas le droit d’outrager un chef d’État étranger ! De Suisse, Denis de Rougem
3068 e prétexte qu’un officier neutre n’a pas le droit d’ outrager un chef d’État étranger ! De Suisse, Denis de Rougemont est e
3069 pas le droit d’outrager un chef d’État étranger ! De Suisse, Denis de Rougemont est envoyé en Amérique où il passera six a
3070 envoyé en Amérique où il passera six ans, écrira La Part du diable et se liera avec plusieurs écrivains français. On déc
3071 n Amérique qu’en Europe. À New York, je rédigeais les émissions en français de « La Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs
3072 New York, je rédigeais les émissions en français de « La Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, don
3073 York, je rédigeais les émissions en français de «  La Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, dont fai
3074 rédigeais les émissions en français de « La Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, dont faisaient p
3075 digeais les émissions en français de « La Voix de l’ Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, dont faisaient part
3076 a Voix de l’Amérique ». J’avais plusieurs équipes de speakers, dont faisaient partie André Breton, Marcel Ozenfant, un fil
3077 e André Breton, Marcel Ozenfant, un fils Pitoëff, le critique d’art Georges Duthuit, l’ethnologue Claude Lévi-Strauss. De
3078 fils Pitoëff, le critique d’art Georges Duthuit, l’ ethnologue Claude Lévi-Strauss. De temps en temps, Julien Green m’appo
3079 en Green m’apportait des textes. Je fis également la connaissance de Saint-John Perse et du peintre Marcel Duchamp, qui ré
3080 tait des textes. Je fis également la connaissance de Saint-John Perse et du peintre Marcel Duchamp, qui réalisa une extrao
3081 aordinaire vitrine surréaliste dans une librairie de la 5e Avenue pour l’exposition de mon livre : La Part du diable . Re
3082 dinaire vitrine surréaliste dans une librairie de la 5e Avenue pour l’exposition de mon livre : La Part du diable . Rentr
3083 rréaliste dans une librairie de la 5e Avenue pour l’ exposition de mon livre : La Part du diable . Rentré en Europe en 194
3084 s une librairie de la 5e Avenue pour l’exposition de mon livre : La Part du diable . Rentré en Europe en 1946, Denis de R
3085 de la 5e Avenue pour l’exposition de mon livre : La Part du diable . Rentré en Europe en 1946, Denis de Rougemont s’engag
3086 e en 1946, Denis de Rougemont s’engage alors dans l’ action politique en militant pour la cause du fédéralisme européen. Fo
3087 ge alors dans l’action politique en militant pour la cause du fédéralisme européen. Fondateur et président du Congrès euro
3088 . Fondateur et président du Congrès européen pour la liberté de la culturey, son activité se situera désormais sur deux pl
3089 et président du Congrès européen pour la liberté de la culturey, son activité se situera désormais sur deux plans : l’écr
3090 président du Congrès européen pour la liberté de la culturey, son activité se situera désormais sur deux plans : l’écriva
3091 on activité se situera désormais sur deux plans : l’ écrivain d’une part, le fédéralisme de l’autre. Je vous arrête : il n’
3092 désormais sur deux plans : l’écrivain d’une part, le fédéralisme de l’autre. Je vous arrête : il n’y a pas, il n’y a jamai
3093 eux plans : l’écrivain d’une part, le fédéralisme de l’autre. Je vous arrête : il n’y a pas, il n’y a jamais eu chez moi (
3094 Je suis passé tout naturellement et sans rupture de ma définition de la « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, v
3095 ut naturellement et sans rupture de ma définition de la « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, do
3096 naturellement et sans rupture de ma définition de la « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, doit
3097 ans rupture de ma définition de la « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, doit être à la fois lib
3098 tion de la « personne » à la théorie fédéraliste. L’ homme, vous ai-je dit, doit être à la fois libre et responsable ; de m
3099 et responsable ; de même pour chaque nation dans l’ Europe fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à un
3100 ’Europe fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à une échelle géante de la Confédération helvétique. Je
3101 i n’est que la transposition à une échelle géante de la Confédération helvétique. Je ne souhaite en effet ni une aggloméra
3102 ’est que la transposition à une échelle géante de la Confédération helvétique. Je ne souhaite en effet ni une agglomératio
3103 que. Je ne souhaite en effet ni une agglomération d’ États soumis à un pouvoir unique et dictatorial ni une Europe des État
3104 ial ni une Europe des États, mais une association de républiques autonomes, libres de leur gestion intérieure et responsab
3105 une association de républiques autonomes, libres de leur gestion intérieure et responsables les unes des autres devant le
3106 libres de leur gestion intérieure et responsables les unes des autres devant le danger commun. Nous serions ainsi 350 milli
3107 rieure et responsables les unes des autres devant le danger commun. Nous serions ainsi 350 millions d’Européens solidaires
3108 le danger commun. Nous serions ainsi 350 millions d’ Européens solidaires, ce qui représente presque autant que les populat
3109 solidaires, ce qui représente presque autant que les populations des États-Unis et de l’URSS réunies. Comprenez-moi donc b
3110 sque autant que les populations des États-Unis et de l’URSS réunies. Comprenez-moi donc bien : personnalisme et fédéralism
3111 e autant que les populations des États-Unis et de l’ URSS réunies. Comprenez-moi donc bien : personnalisme et fédéralisme,
3112 rsonnalisme et fédéralisme, c’est tout un. Enfin, le 28 octobre 1963, Denis de Rougemont a reçu des mains du Prince Rainie
3113 mains du Prince Rainier le Grand Prix littéraire de Monaco. Selon la formule consacrée, je suis ravi d’avoir reçu ce prix
3114 Rainier le Grand Prix littéraire de Monaco. Selon la formule consacrée, je suis ravi d’avoir reçu ce prix, malgré une peti
3115 Monaco. Selon la formule consacrée, je suis ravi d’ avoir reçu ce prix, malgré une petite ombre au tableau. Je viens en ef
3116 ré une petite ombre au tableau. Je viens en effet d’ apprendre que je me suis trouvé opposé à Eugène Ionesco qui est un ami
3117 vain. À ce propos, savez-vous où Ionesco a trouvé le sujet de son Rhinocéros ? Dans mon Journal d’Allemagne , c’est lui-m
3118 e propos, savez-vous où Ionesco a trouvé le sujet de son Rhinocéros ? Dans mon Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui m
3119 vé le sujet de son Rhinocéros ? Dans mon Journal d’ Allemagne , c’est lui-même qui me l’a dit. w. Rougemont Denis de, «
3120 mon Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui me l’ a dit. w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Mais qui est donc Denis
3121 st lui-même qui me l’a dit. w. Rougemont Denis de , « [Entretien] Mais qui est donc Denis de Rougemont ? », Les Nouvelle
3122 retien] Mais qui est donc Denis de Rougemont ? », Les Nouvelles littéraires, Paris, 7 novembre 1963, p. 3. x. Interview pa
3123 e 1963, p. 3. x. Interview par Pierre Ajame. y. Le journaliste commet ici manifestement une erreur, en confondant le Cen
3124 ommet ici manifestement une erreur, en confondant le Centre européen de la culture, que Rougemont fonda et dirigea à Genèv
3125 nt fonda et dirigea à Genève à partir de 1950, et le Congrès pour la liberté de la culture, dans lequel Rougemont s’engage
3126 gea à Genève à partir de 1950, et le Congrès pour la liberté de la culture, dans lequel Rougemont s’engagea en parallèle,
3127 e à partir de 1950, et le Congrès pour la liberté de la culture, dans lequel Rougemont s’engagea en parallèle, mais dont i
3128 partir de 1950, et le Congrès pour la liberté de la culture, dans lequel Rougemont s’engagea en parallèle, mais dont il n
3129 engagea en parallèle, mais dont il ne fut « que » le président du comité exécutif, de 1951 à 1966.
3130 l ne fut « que » le président du comité exécutif, de 1951 à 1966.
16 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
3131 Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a
3132 Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a vu la civili
3133 Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a vu la civilisat
3134 phètes de la décadence (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a vu la civilisation — qui ne saurait être que la nôtre,
3135 ce (24 septembre 1970)z aa Le xxe siècle a vu la civilisation — qui ne saurait être que la nôtre, quand on en parle au
3136 le a vu la civilisation — qui ne saurait être que la nôtre, quand on en parle au singulier — étendre à toute la terre ses
3137 quand on en parle au singulier — étendre à toute la terre ses bienfaits, ses méfaits, ses produits, rarement ses valeurs,
3138 , et toujours ses vulgarités. Mais en même temps, le xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de la décadence européen
3139 en même temps, le xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de la décadence européenne : et ils sont tous, ou presque t
3140 , le xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de la décadence européenne : et ils sont tous, ou presque tous, Européen
3141 e xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de la décadence européenne : et ils sont tous, ou presque tous, Européens.
3142 ous, Européens. Loin de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler
3143 veiller du fait que le génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemai
3144 ne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemain de la Première Guerre mondiale déclenchée
3145 fèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemain de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’Europe, en 1919, Paul Va
3146 ain de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’ Europe, en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous au
3147 Et il ajoutait : Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu d
3148 Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous
3149 étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existe
3150 ais France, Angleterre, Russie, ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenan
3151 si est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’ abîme de l’Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons q
3152 n beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une ci
3153 eau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’ Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civil
3154 e l’abîme de l’Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vi
3155 tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvr
3156 ’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudel
3157 ité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménan
3158 vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne son
3159 ces qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inco
3160 œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont da
3161 eats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les jou
3162 sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux. L’écho de cette page fut immense et je sais peu de phrases
3163 ut inconcevables : elles sont dans les journaux. L’ écho de cette page fut immense et je sais peu de phrases plus fréquemm
3164 ncevables : elles sont dans les journaux. L’écho de cette page fut immense et je sais peu de phrases plus fréquemment cit
3165 citées que celle qui annonce en somme que toutes les civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va donc
3166 mme que toutes les civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvant
3167 soit, elle exprime, à mon sens, l’une des erreurs les plus célèbres de l’époque. Mais comment expliquer son succès ? Observ
3168 , à mon sens, l’une des erreurs les plus célèbres de l’époque. Mais comment expliquer son succès ? Observons tout d’abord
3169 mon sens, l’une des erreurs les plus célèbres de l’ époque. Mais comment expliquer son succès ? Observons tout d’abord qu’
3170 lle résume et condense une assez longue tradition de pessimisme européen. Dès 1971, Volney, méditant sur la mort des civil
3171 ssimisme européen. Dès 1971, Volney, méditant sur la mort des civilisations, citait à peu près les mêmes noms pour illustr
3172 sur la mort des civilisations, citait à peu près les mêmes noms pour illustrer le même argument que Valéry : Que sont dev
3173 , citait à peu près les mêmes noms pour illustrer le même argument que Valéry : Que sont devenues tant de brillantes créa
3174 : Que sont devenues tant de brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de
3175 Que sont devenues tant de brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Ba
3176 devenues tant de brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone,
3177 venues tant de brillantes créations de la main de l’ homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone, ces
3178 de la main de l’homme ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone, ces palais de Persépolis ?… Hélas, j’ai
3179 e ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone, ces palais de Persépolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qu
3180 parts de Ninive, ces murs de Babylone, ces palais de Persépolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qui furent le théâtre de t
3181 e, ces palais de Persépolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’ab
3182 épolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitud
3183 élas, j’ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitude… Qui sait
3184 ai vu qu’abandon et que solitude… Qui sait si sur les rivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voy
3185 ndon et que solitude… Qui sait si sur les rivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme
3186 n et que solitude… Qui sait si sur les rivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme mo
3187 olitude… Qui sait si sur les rivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’ass
3188 tude… Qui sait si sur les rivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’assiér
3189 n voyageur comme moi ne s’assiéra pas un jour sur de muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuple
3190 muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Une trentaine d’
3191 eurera pas solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Une trentaine d’armées plus tard, Hegel i
3192 solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ? Une trentaine d’armées plus tard, Hegel introduisait
3193 s et la mémoire de leur grandeur ? Une trentaine d’ armées plus tard, Hegel introduisait l’idée que chaque peuple est « un
3194 trentaine d’armées plus tard, Hegel introduisait l’ idée que chaque peuple est « un individu dans la marche de l’histoire 
3195 t l’idée que chaque peuple est « un individu dans la marche de l’histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à un
3196 ue chaque peuple est « un individu dans la marche de l’histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi de c
3197 chaque peuple est « un individu dans la marche de l’ histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi de croi
3198 qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi de croissance, d’épanouissement et de déclin fatal. Hegel pensait d’aill
3199 nc, comme tout individu, à une loi de croissance, d’ épanouissement et de déclin fatal. Hegel pensait d’ailleurs que la civ
3200 idu, à une loi de croissance, d’épanouissement et de déclin fatal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation européenne
3201 et de déclin fatal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation européenne marquait l’aboutissement suprême de l’Histoir
3202 ’ailleurs que la civilisation européenne marquait l’ aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliquait sa dialec
3203 ation européenne marquait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliquait sa dialectique aux civilisations,
3204 on européenne marquait l’aboutissement suprême de l’ Histoire. Mais si l’on appliquait sa dialectique aux civilisations, on
3205 it l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’ on appliquait sa dialectique aux civilisations, on en venait à penser
3206 civilisations, on en venait à penser que chacune d’ elles devait fatalement décliner et mourir après une période d’apogée
3207 t fatalement décliner et mourir après une période d’ apogée — la nôtre aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus l
3208 t décliner et mourir après une période d’apogée — la nôtre aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus loin ; il es
3209 inexorablement que toute culture est mortelle, et l’ on rejoint la phrase de Valéry. Enfin, dans un effort tout à fait admi
3210 t que toute culture est mortelle, et l’on rejoint la phrase de Valéry. Enfin, dans un effort tout à fait admirable pour em
3211 e culture est mortelle, et l’on rejoint la phrase de Valéry. Enfin, dans un effort tout à fait admirable pour embrasser l’
3212 ns un effort tout à fait admirable pour embrasser l’ ensemble des cultures connues, Toynbee croit pouvoir établir empirique
3213 Toynbee croit pouvoir établir empiriquement, par l’ examen comparatif des vingt et une civilisations qui auraient existé j
3214 une civilisations qui auraient existé jusqu’ici, les lois complexes, mais constantes, de leur genèse, de leur croissance e
3215 é jusqu’ici, les lois complexes, mais constantes, de leur genèse, de leur croissance et de leur dissolution inévitable. Ce
3216 lois complexes, mais constantes, de leur genèse, de leur croissance et de leur dissolution inévitable. Ces historiens et
3217 constantes, de leur genèse, de leur croissance et de leur dissolution inévitable. Ces historiens et philosophes, armés d’u
3218 inévitable. Ces historiens et philosophes, armés d’ une vaste érudition, ont d’autant moins de peine à nous convaincre que
3219 et philosophes, armés d’une vaste érudition, ont d’ autant moins de peine à nous convaincre que, d’une part, ils rejoignen
3220 , armés d’une vaste érudition, ont d’autant moins de peine à nous convaincre que, d’une part, ils rejoignent, par leurs co
3221 nt, par leurs conclusions, notre angoisse quant à l’ état présent de l’Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus
3222 onclusions, notre angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits
3223 lusions, notre angoisse quant à l’état présent de l’ Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du
3224 angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècle précéd
3225 de l’Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècle précédent n’ont cessé d’annoncer les ca
3226 us grands esprits du siècle précédent n’ont cessé d’ annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de
3227 sprits du siècle précédent n’ont cessé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard
3228 t cessé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski,
3229 r les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’ Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à
3230 trophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob Burc
3231 pe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et de Donoso Cortès à Georges Sorel, t
3232 Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et de Donoso Cortès à Georges Sorel, tous ont décrit depuis cent ans les mo
3233 à Georges Sorel, tous ont décrit depuis cent ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leur
3234 Sorel, tous ont décrit depuis cent ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leurs prédicti
3235 ont décrit depuis cent ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leurs prédictions semblent
3236 ici que leurs prédictions semblent confirmées par les faits. Au cours des années qui suivent la Première Guerre mondiale, l
3237 s années qui suivent la Première Guerre mondiale, les dictatures prévues par Burckhardt et Sorel s’instaurent en Russie, en
3238 quie, en Italie et en Allemagne, puis en Espagne. Les nationalismes et les racismes, dénoncés d’avance par Nietzsche, proli
3239 Allemagne, puis en Espagne. Les nationalismes et les racismes, dénoncés d’avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines
3240 agne. Les nationalismes et les racismes, dénoncés d’ avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines de l’Empire austro-ho
3241 dénoncés d’avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à
3242 ’avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchir
3243 ance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines de l’ Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchirer
3244 Elle ne voit pas encore, mais elle pressent déjà la perte de sa longue royauté mondiale. Déjà le communisme lui dispute,
3245 voit pas encore, mais elle pressent déjà la perte de sa longue royauté mondiale. Déjà le communisme lui dispute, non seule
3246 déjà la perte de sa longue royauté mondiale. Déjà le communisme lui dispute, non seulement en Asie et en Afrique, mais aux
3247 on seulement en Asie et en Afrique, mais aux yeux d’ une partie de sa propre jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de
3248 en Asie et en Afrique, mais aux yeux d’une partie de sa propre jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de la civilisat
3249 yeux d’une partie de sa propre jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de la civilisation ». La Seconde Guerre mondial
3250 ropre jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de la civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née de cette crise int
3251 re jeunesse, son rôle de porteur du « flambeau de la civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née de cette crise intern
3252 le de porteur du « flambeau de la civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née de cette crise interne, va précipiter l’
3253 a civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née de cette crise interne, va précipiter l’écroulement de l’hégémonie polit
3254 ndiale, née de cette crise interne, va précipiter l’ écroulement de l’hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à
3255 cette crise interne, va précipiter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à vues humaines
3256 tte crise interne, va précipiter l’écroulement de l’ hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à vues humaines, d
3257 précipiter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus,
3258 cipiter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’ Europe, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les
3259 ent de l’hégémonie politique de l’Europe, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouveaux empires
3260 e rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouveaux empires et les peuples émancipés proclament déjà leur volont
3261 s, définitif. Au surplus, les nouveaux empires et les peuples émancipés proclament déjà leur volonté de retourner contre no
3262 es peuples émancipés proclament déjà leur volonté de retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que
3263 érielles… Que faudrait-il de plus, pour qu’on ait le droit de parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civil
3264 Que faudrait-il de plus, pour qu’on ait le droit de parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ?
3265 ait-il de plus, pour qu’on ait le droit de parler d’ une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de
3266 our qu’on ait le droit de parler d’une éclipse ou d’ une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de répondre, formulo
3267 de parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de répondre, formulons deux remarques dict
3268 par une élémentaire prudence historique. Primo, l’ hégémonie politique n’est pas toujours et nécessairement liée à la vit
3269 tique n’est pas toujours et nécessairement liée à la vitalité d’une civilisation. L’une peut exister sans l’autre. L’une p
3270 pas toujours et nécessairement liée à la vitalité d’ une civilisation. L’une peut exister sans l’autre. L’une peut être per
3271 autre soit ruinée du même coup. Tchingis-Khan eut l’ hégémonie sans la civilisation, tandis que l’Europe du Moyen Âge eut u
3272 du même coup. Tchingis-Khan eut l’hégémonie sans la civilisation, tandis que l’Europe du Moyen Âge eut une civilisation s
3273 eut l’hégémonie sans la civilisation, tandis que l’ Europe du Moyen Âge eut une civilisation sans hégémonie. Secundo, il
3274 monie. Secundo, il n’est pas du tout certain que les précédents historiques soient applicables dans notre situation, ni qu
3275 s soient applicables dans notre situation, ni que la courbe croissance-grandeur-décadence soit la même pour toutes les cul
3276 que la courbe croissance-grandeur-décadence soit la même pour toutes les cultures dans tous les temps. Les prophètes de l
3277 sance-grandeur-décadence soit la même pour toutes les cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occi
3278 e soit la même pour toutes les cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry
3279 ême pour toutes les cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee,
3280 s les cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient
3281 es cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient su
3282 ans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précéden
3283 tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’ Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précédent d
3284 nt, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précédent de civilisations antiques aujourd’hui « disparues », et par
3285 Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précédent de civilisations antiques aujourd’hui « disparues », et particulièrement
3286 ujourd’hui « disparues », et particulièrement sur l’ exemple le mieux connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui e
3287 « disparues », et particulièrement sur l’exemple le mieux connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui est censée
3288 sur l’exemple le mieux connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la
3289 l’exemple le mieux connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la civ
3290 e le mieux connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la civilisation
3291 e la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la civilisation gréco-romaine dans la partie occidenta
3292 ome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la civilisation gréco-romaine dans la partie occidentale de l’Empire.
3293 , qui est censée avoir entraîné la disparition de la civilisation gréco-romaine dans la partie occidentale de l’Empire. L’
3294 disparition de la civilisation gréco-romaine dans la partie occidentale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europ
3295 lisation gréco-romaine dans la partie occidentale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europe ? La civilisation eu
3296 ation gréco-romaine dans la partie occidentale de l’ Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europe ? La civilisation europ
3297 o-romaine dans la partie occidentale de l’Empire. L’ exemple est-il valable pour l’Europe ? La civilisation européenne est-
3298 entale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’ Europe ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme le
3299 ’Empire. L’exemple est-il valable pour l’Europe ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autres ?
3300 sation européenne est-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être prédit par extrapolation des exemple
3301 omparable, et même tout à fait différent à partir d’ un certain moment, d’un certain seuil… Les civilisations antiques de l
3302 ut à fait différent à partir d’un certain moment, d’ un certain seuil… Les civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons,
3303 à partir d’un certain moment, d’un certain seuil… Les civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde
3304 t, d’un certain seuil… Les civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde védantique ou des Mayas, f
3305 d’un certain seuil… Les civilisations antiques de l’ Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde védantique ou des Mayas, fond
3306 civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde védantique ou des Mayas, fondaient leur unité origin
3307 ions antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’Inde védantique ou des Mayas, fondaient leur unité originelle sur u
3308 s antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de l’ Inde védantique ou des Mayas, fondaient leur unité originelle sur un p
3309 nité originelle sur un principe formateur unique, le Sacré. Les civilisations totalitaires d’aujourd’hui, URSS ou Chine de
3310 nelle sur un principe formateur unique, le Sacré. Les civilisations totalitaires d’aujourd’hui, URSS ou Chine de Mao, tienn
3311 unique, le Sacré. Les civilisations totalitaires d’ aujourd’hui, URSS ou Chine de Mao, tiennent leur unité d’une doctrine
3312 rd’hui, URSS ou Chine de Mao, tiennent leur unité d’ une doctrine uniforme, imposée à tous par l’État. Comparée à ces deux
3313 unité d’une doctrine uniforme, imposée à tous par l’ État. Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes et
3314 ée à tous par l’État. Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous
3315 upes de cultures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois plura
3316 tures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et pr
3317 es homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’ Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profa
3318 dictoires ou incompatibles qu’elle en a héritées, la civilisation européenne s’est trouvée fondée sur une culture de dialo
3319 n européenne s’est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation. Elle n’a jamais pu, et surtout, elle n’a
3320 est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation. Elle n’a jamais pu, et surtout, elle n’a jamais voulu,
3321 morale, son économie et ses arts. On a beau citer le Moyen Âge comme une période bénie d’unité des esprits et des cœurs, t
3322 a beau citer le Moyen Âge comme une période bénie d’ unité des esprits et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous s
3323 bénie d’unité des esprits et des cœurs, telle que l’ a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et qu
3324 us savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchirèrent le Moyen Âge ne furent pas moins violents qu
3325 ’en fut rien, et que les conflits qui déchirèrent le Moyen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. L’un
3326 rent pas moins violents que ceux que nous vivons. L’ unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n
3327 moins violents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamai
3328 ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamais été autre chose qu
3329 x que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamais été autre chose qu’un
3330 tre chose qu’une unité paradoxale consistant dans la seule volonté commune à tous de refuser l’uniformité. Où sont les c
3331 e consistant dans la seule volonté commune à tous de refuser l’uniformité. Où sont les candidats à la relève ? Aux pr
3332 t dans la seule volonté commune à tous de refuser l’ uniformité. Où sont les candidats à la relève ? Aux prophètes de
3333 commune à tous de refuser l’uniformité. Où sont les candidats à la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne,
3334 e refuser l’uniformité. Où sont les candidats à la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne, j’opposerai tro
3335 sont les candidats à la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne, j’opposerai trois raisons majeures d’espérer
3336 t les candidats à la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne, j’opposerai trois raisons majeures d’espérer, c
3337 ce européenne, j’opposerai trois raisons majeures d’ espérer, c’est-à-dire d’agir pour l’Europe. Première raison : La civil
3338 ai trois raisons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’ agir pour l’Europe. Première raison : La civilisation européenne est l
3339 sons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir pour l’ Europe. Première raison : La civilisation européenne est la seule qui
3340 st-à-dire d’agir pour l’Europe. Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue u
3341 Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Bien d’autres avai
3342 enue universelle. Bien d’autres avaient cru cela d’ elles-mêmes, avant la nôtre. Elles se trompaient, mais cette erreur ne
3343 en d’autres avaient cru cela d’elles-mêmes, avant la nôtre. Elles se trompaient, mais cette erreur ne saurait plus être co
3344 rreur ne saurait plus être commise, à présent que la terre entière est explorée dans ses derniers recoins. Alexandre le Gr
3345 dans ses derniers recoins. Alexandre le Grand et les empereurs chinois s’imaginèrent qu’ils dominaient le monde entier ; c
3346 empereurs chinois s’imaginèrent qu’ils dominaient le monde entier ; c’était moins orgueilleux que naïf, car chacun ignorai
3347 ue naïf, car chacun ignorait que l’autre existât. L’ agence Cook suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre
3348 existât. L’agence Cook suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe s
3349 ence Cook suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’ abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous
3350 ok suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons
3351 aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre d’ illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nou
3352 les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus
3353 politiquement, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent nos villes modernes, l
3354 rique imitent nos villes modernes, leurs procédés de construction, leurs rues, leurs places, et leurs mairies, leurs hôpit
3355 hôtels et leurs journaux, et même leurs embarras de circulation. Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos par
3356 mbarras de circulation. Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et syndicats, et même parfo
3357 s nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’ imitation s’opère à sens unique et n’est plus réversible. Mais comment
3358 expliquer ce phénomène sans précédent dans toute l’ Histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la con
3359 écédent dans toute l’Histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sources les plus di
3360 Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait par là de
3361 s avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait par là de to
3362 tion européenne, née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait par là de toutes les autres, monolithiq
3363 sources les plus diverses, se distinguait par là de toutes les autres, monolithiques et homogènes. Voilà pourquoi elle s’
3364 es plus diverses, se distinguait par là de toutes les autres, monolithiques et homogènes. Voilà pourquoi elle s’est trouvé
3365 es et homogènes. Voilà pourquoi elle s’est trouvé la seule qui fût assez complexe et multiforme pour pouvoir, sinon satisf
3366 pouvoir, sinon satisfaire, du moins séduire tous les peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’Europe envoie dans le mon
3367 ous les peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’ Europe envoie dans le monde plus de machines et d’assistants technique
3368 nde. Nous avons vu aussi que l’Europe envoie dans le monde plus de machines et d’assistants techniques que de livres et de
3369 s vu aussi que l’Europe envoie dans le monde plus de machines et d’assistants techniques que de livres et de missionnaires
3370 l’Europe envoie dans le monde plus de machines et d’ assistants techniques que de livres et de missionnaires. Elle s’est la
3371 e plus de machines et d’assistants techniques que de livres et de missionnaires. Elle s’est laïcisée, ou sécularisée, et d
3372 hines et d’assistants techniques que de livres et de missionnaires. Elle s’est laïcisée, ou sécularisée, et détachée du ch
3373 risée, et détachée du christianisme qui contribua de tant de manières à la former. Par là même — et c’est bien son drame,
3374 christianisme qui contribua de tant de manières à la former. Par là même — et c’est bien son drame, en même temps que la c
3375 même — et c’est bien son drame, en même temps que la condition de son « succès » le plus visible — elle s’est rendue plus
3376 st bien son drame, en même temps que la condition de son « succès » le plus visible — elle s’est rendue plus transportable
3377 en même temps que la condition de son « succès » le plus visible — elle s’est rendue plus transportable, plus acceptable
3378 devenir universelle qu’en vertu de quelque chose de très fondamental qui l’y prédisposait dès l’origine : j’entends la cr
3379 en vertu de quelque chose de très fondamental qui l’ y prédisposait dès l’origine : j’entends la croyance chrétienne en la
3380 hose de très fondamental qui l’y prédisposait dès l’ origine : j’entends la croyance chrétienne en la valeur égale de tout
3381 al qui l’y prédisposait dès l’origine : j’entends la croyance chrétienne en la valeur égale de tout homme devant Dieu, que
3382 s l’origine : j’entends la croyance chrétienne en la valeur égale de tout homme devant Dieu, quelle que soit sa nation, sa
3383 entends la croyance chrétienne en la valeur égale de tout homme devant Dieu, quelle que soit sa nation, sa couleur ou sa r
3384 quelle que soit sa nation, sa couleur ou sa race. L’ Égypte ancienne ne croyait rien de tel. Le mot homme y était synonyme
3385 eur ou sa race. L’Égypte ancienne ne croyait rien de tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delt
3386 a race. L’Égypte ancienne ne croyait rien de tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delta du Nil
3387 royait rien de tel. Le mot homme y était synonyme d’ habitant de la vallée et du delta du Nil, il y avait un mot différent
3388 de tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delta du Nil, il y avait un mot différent pour désign
3389 tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delta du Nil, il y avait un mot différent pour désigner
3390 du Nil, il y avait un mot différent pour désigner les habitants des terres voisines, à mi-chemin entre l’animal et l’Égypti
3391 habitants des terres voisines, à mi-chemin entre l’ animal et l’Égyptien. (Dans le même style, Bismarck définit le Bavaroi
3392 es terres voisines, à mi-chemin entre l’animal et l’ Égyptien. (Dans le même style, Bismarck définit le Bavarois comme « ce
3393 , à mi-chemin entre l’animal et l’Égyptien. (Dans le même style, Bismarck définit le Bavarois comme « cet être intermédiai
3394 l’Égyptien. (Dans le même style, Bismarck définit le Bavarois comme « cet être intermédiaire entre l’Autrichien et l’homme
3395 le Bavarois comme « cet être intermédiaire entre l’ Autrichien et l’homme ».) Pour les Grecs et les Chinois également, il
3396 me « cet être intermédiaire entre l’Autrichien et l’ homme ».) Pour les Grecs et les Chinois également, il existait deux es
3397 ermédiaire entre l’Autrichien et l’homme ».) Pour les Grecs et les Chinois également, il existait deux espèces différentes
3398 tre l’Autrichien et l’homme ».) Pour les Grecs et les Chinois également, il existait deux espèces différentes de bipèdes ve
3399 s également, il existait deux espèces différentes de bipèdes verticaux ; les Grecs ou les Chinois, d’une part, et les barb
3400 t deux espèces différentes de bipèdes verticaux ; les Grecs ou les Chinois, d’une part, et les barbares, c’est-à-dire tous
3401 s différentes de bipèdes verticaux ; les Grecs ou les Chinois, d’une part, et les barbares, c’est-à-dire tous les autres, q
3402 ticaux ; les Grecs ou les Chinois, d’une part, et les barbares, c’est-à-dire tous les autres, qui n’étaient pas vraiment et
3403 s, d’une part, et les barbares, c’est-à-dire tous les autres, qui n’étaient pas vraiment et complètement humains. Ces très
3404 cessairement demeurer régionales et décliner dans les limites de leur empire. En revanche, la conception chrétienne exprimé
3405 demeurer régionales et décliner dans les limites de leur empire. En revanche, la conception chrétienne exprimée par saint
3406 ner dans les limites de leur empire. En revanche, la conception chrétienne exprimée par saint Paul (« Il n’y a plus ni Jui
3407 res, ni hommes ni femmes, car vous êtes tous fils de Dieu, vous êtes tous un en Jésus-Christ. »), cette conception devait
3408 ule permettre à ceux qu’elle formerait intimement de considérer tous les hommes comme dignes et capables, un jour ou l’aut
3409 x qu’elle formerait intimement de considérer tous les hommes comme dignes et capables, un jour ou l’autre, de participer pl
3410 mes comme dignes et capables, un jour ou l’autre, de participer pleinement à l’effort civilisateur. Maintenant que c’est f
3411 s, un jour ou l’autre, de participer pleinement à l’ effort civilisateur. Maintenant que c’est fait ou en train de se faire
3412 ait ou en train de se faire, et que voilà franchi le « seuil mondial », comment imaginer que la civilisation diffusée par
3413 ranchi le « seuil mondial », comment imaginer que la civilisation diffusée par l’Europe à tous les peuples puisse s’éclips
3414 comment imaginer que la civilisation diffusée par l’ Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entra
3415 que la civilisation diffusée par l’Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner le genre hum
3416 puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner le genre humain dans son désastre ? Deuxième raison : La civilisation eu
3417 enre humain dans son désastre ? Deuxième raison : La civilisation européenne a créé les conditions techniques de sa conser
3418 uxième raison : La civilisation européenne a créé les conditions techniques de sa conservation et de sa transmission aux âg
3419 ation européenne a créé les conditions techniques de sa conservation et de sa transmission aux âges futurs, en même temps
3420 é les conditions techniques de sa conservation et de sa transmission aux âges futurs, en même temps qu’elle redécouvrait e
3421 faisait revivre des cultures disparues ou en voie d’ extinction. Valéry nous disait que « les circonstances qui enverraient
3422 ou en voie d’extinction. Valéry nous disait que «  les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudel
3423 us disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménan
3424 ue « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne son
3425 ces qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inco
3426 œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont da
3427 eats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les jou
3428 sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux ». Depuis lors, on a retrouvé — et même joué — plusieurs com
3429 on a retrouvé — et même joué — plusieurs comédies de Ménandre. Quant aux œuvres de Keats et de Baudelaire, et de Paul Valé
3430 plusieurs comédies de Ménandre. Quant aux œuvres de Keats et de Baudelaire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans
3431 omédies de Ménandre. Quant aux œuvres de Keats et de Baudelaire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans le monde ent
3432 e. Quant aux œuvres de Keats et de Baudelaire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans le monde entier, enregistrées
3433 ire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans le monde entier, enregistrées sur bandes et sur microsillons, elles sont
3434 bandes et sur microsillons, elles sont en mesure de résister au temps beaucoup mieux que les fresques de Lascaux, les sta
3435 en mesure de résister au temps beaucoup mieux que les fresques de Lascaux, les statues grecques et les temples des Pharaons
3436 résister au temps beaucoup mieux que les fresques de Lascaux, les statues grecques et les temples des Pharaons menacés par
3437 temps beaucoup mieux que les fresques de Lascaux, les statues grecques et les temples des Pharaons menacés par les eaux d’u
3438 les fresques de Lascaux, les statues grecques et les temples des Pharaons menacés par les eaux d’un barrage. La mortalité
3439 grecques et les temples des Pharaons menacés par les eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc
3440 et les temples des Pharaons menacés par les eaux d’ un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc très var
3441 s des Pharaons menacés par les eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc très variable. Certes,
3442 . Certes, plusieurs ont disparu sans nous laisser d’ autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ainsi celle des
3443 ans nous laisser d’autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ainsi celle des Aurignaciens, ou plus près de no
3444 rès encore celles des Mayas et des Aztèques. Mais les civilisations anciennes de l’Égypte et du Proche-Orient, prolongées p
3445 et des Aztèques. Mais les civilisations anciennes de l’Égypte et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine
3446 des Aztèques. Mais les civilisations anciennes de l’ Égypte et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine, d
3447 s de l’Égypte et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre, sont-elles
3448 et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre, sont-elles vraiment mort
3449 nt, prolongées par la grecque et la romaine, dont l’ essentiel vit dans la nôtre, sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquê
3450 grecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre, sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes ont été préservée
3451 t mortes ? Leurs conquêtes ont été préservées par le musée et le laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours s
3452 eurs conquêtes ont été préservées par le musée et le laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la
3453 et le laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de beaucoup que leurs riva
3454 péens, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on d
3455 ées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus raffinées, aien
3456 raffinées, aient connu pareille fortune. Ce sont les lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égyp
3457 s, aient connu pareille fortune. Ce sont les lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancie
3458 onnu pareille fortune. Ce sont les lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la
3459 fortune. Ce sont les lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce so
3460 les lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue e
3461 s lois de Minos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et l
3462 nos, de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitude
3463 , de Dracon et de Solon, venues de la Crète et de l’ Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes,
3464 n, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de
3465 ète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’où d
3466 te ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’où dérivent l’Habeas
3467 sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’où dérivent l’Habeas Corpus et la Déclaration de
3468 Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’où dérivent l’Habeas Corpus et la Déclaration des droits
3469 les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’ où dérivent l’Habeas Corpus et la Déclaration des droits de l’homme, q
3470 , c’est enfin le code de Justinien, d’où dérivent l’ Habeas Corpus et la Déclaration des droits de l’homme, qui définissent
3471 de de Justinien, d’où dérivent l’Habeas Corpus et la Déclaration des droits de l’homme, qui définissent aujourd’hui, pour
3472 e l’homme, qui définissent aujourd’hui, pour tous les peuples du tiers-monde à peine moins que pour ceux de l’OTAN, la dign
3473 euples du tiers-monde à peine moins que pour ceux de l’OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout p
3474 les du tiers-monde à peine moins que pour ceux de l’ OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout prog
3475 iers-monde à peine moins que pour ceux de l’OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout progrès soci
3476 à peine moins que pour ceux de l’OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout progrès social ; et non
3477 eine moins que pour ceux de l’OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout progrès social ; et non pa
3478 x de l’OTAN, la dignité de la personne humaine et les fondements de tout progrès social ; et non pas le système des castes,
3479 dignité de la personne humaine et les fondements de tout progrès social ; et non pas le système des castes, ni le mandari
3480 es fondements de tout progrès social ; et non pas le système des castes, ni le mandarinat, ni le Bushido. On peut le regre
3481 rès social ; et non pas le système des castes, ni le mandarinat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le cons
3482 n pas le système des castes, ni le mandarinat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le constater. Roger Caill
3483 castes, ni le mandarinat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le constater. Roger Caillois a écrit non sans
3484 ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le constater. Roger Caillois a écrit non sans drôlerie à propos de la fa
3485 er Caillois a écrit non sans drôlerie à propos de la fameuse phrase de Valéry : « Si les civilisations mouraient tout à fa
3486 t non sans drôlerie à propos de la fameuse phrase de Valéry : « Si les civilisations mouraient tout à fait, Valéry ne pour
3487 ie à propos de la fameuse phrase de Valéry : « Si les civilisations mouraient tout à fait, Valéry ne pourrait pas le dire,
3488 ons mouraient tout à fait, Valéry ne pourrait pas le dire, car il n’en saurait rien. » Et il propose de corriger comme sui
3489 e dire, car il n’en saurait rien. » Et il propose de corriger comme suit le passage que j’ai cité : « Nous autres civilisa
3490 rait rien. » Et il propose de corriger comme suit le passage que j’ai cité : « Nous autres civilisations, nous avons depui
3491  Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres
3492 ais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le temps est passé où les civilisations étaient mortelles. » J’ajouterai
3493 nos cendres sont fécondes. Le temps est passé où les civilisations étaient mortelles. » J’ajouterai cette simple remarque 
3494 civilisations qu’on croyait endormies sont tirées de l’oubli au xxe siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et de my
3495 ilisations qu’on croyait endormies sont tirées de l’ oubli au xxe siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et de mysti
3496 es sont tirées de l’oubli au xxe siècle, si tant d’ écoles antiques de sagesse et de mystiques voient leurs livres sacrés
3497 l’oubli au xxe siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et de mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jou
3498 siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et de mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jours et retrouve
3499 t de mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des et
3500 ours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnographes, archéologues et philosophes de l’Europe, qui p
3501 ait des ethnographes, archéologues et philosophes de l’Europe, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissanc
3502 des ethnographes, archéologues et philosophes de l’ Europe, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance p
3503 ogues et philosophes de l’Europe, qui poursuivent l’ inventaire mondial initié à la Renaissance par nos découvreurs de l’es
3504 pe, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’humanité
3505 ndial initié à la Renaissance par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas
3506 al initié à la Renaissance par nos découvreurs de l’ espace et du temps de l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas de
3507 sance par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas de candidats sérieux à
3508 ce par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’ humanité. Troisième raison : On ne voit pas de candidats sérieux à la
3509 de l’humanité. Troisième raison : On ne voit pas de candidats sérieux à la relève d’une civilisation devenue mondiale. No
3510 me raison : On ne voit pas de candidats sérieux à la relève d’une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circ
3511 : On ne voit pas de candidats sérieux à la relève d’ une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circonstances
3512 e civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédées : c’était
3513 enue mondiale. Nous connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catas
3514 e mondiale. Nous connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catastro
3515 e. Nous connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catastrophe natur
3516 naturelle, comme la dernière période glaciaire ou le dessèchement du Sahara, affectant la région entière où avait fleuri u
3517 glaciaire ou le dessèchement du Sahara, affectant la région entière où avait fleuri une civilisation déterminée. Et les au
3518 e où avait fleuri une civilisation déterminée. Et les autres n’en savaient rien. Mais ce fut plus souvent l’agression d’une
3519 tres n’en savaient rien. Mais ce fut plus souvent l’ agression d’une civilisation rivale, plus primitive et plus brutale, D
3520 vaient rien. Mais ce fut plus souvent l’agression d’ une civilisation rivale, plus primitive et plus brutale, Doriens détrô
3521 plus primitive et plus brutale, Doriens détrônant la Crète, Germains investissant la Gaule et l’Ibérie romaines, ou les qu
3522 Doriens détrônant la Crète, Germains investissant la Gaule et l’Ibérie romaines, ou les quelques centaines d’Espagnols s’e
3523 ônant la Crète, Germains investissant la Gaule et l’ Ibérie romaines, ou les quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l
3524 ns investissant la Gaule et l’Ibérie romaines, ou les quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques. I
3525 e et l’Ibérie romaines, ou les quelques centaines d’ Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques. Il s’agissait dans tous
3526 ou les quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques. Il s’agissait dans tous ces cas de civilisatio
3527 les quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l’ empire des Aztèques. Il s’agissait dans tous ces cas de civilisations
3528 ire des Aztèques. Il s’agissait dans tous ces cas de civilisations locales, entourées de « barbares » mal connus. Les cand
3529 tous ces cas de civilisations locales, entourées de « barbares » mal connus. Les candidats à la relève étaient nombreux.
3530 ns locales, entourées de « barbares » mal connus. Les candidats à la relève étaient nombreux. En est-il un seul aujourd’hui
3531 urées de « barbares » mal connus. Les candidats à la relève étaient nombreux. En est-il un seul aujourd’hui qui réclame l’
3532 mbreux. En est-il un seul aujourd’hui qui réclame l’ oblitération ou simplement la reprise des charges de notre civilisatio
3533 ourd’hui qui réclame l’oblitération ou simplement la reprise des charges de notre civilisation, avec quelques chances de s
3534 oblitération ou simplement la reprise des charges de notre civilisation, avec quelques chances de succès ? Les États-Unis 
3535 rges de notre civilisation, avec quelques chances de succès ? Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de la substanc
3536 e civilisation, avec quelques chances de succès ? Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’E
3537 s ? Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la c
3538 Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la cult
3539 dira-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondém
3540 a-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’ Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément
3541 sont nés de la substance même de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l’Europe ne
3542 me de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l’Europe ne s’américanise par le costum
3543 européaniser par la culture plus profondément que l’ Europe ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Ma
3544 us profondément que l’Europe ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nouvea
3545 t que l’Europe ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nouveau ? Est-elle u
3546 s’américanise par le costume et le décor urbain. L’ URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nouveau ? Est-elle une autre civilisa
3547 ? Est-elle une autre civilisation ? Lénine disait de sa Révolution : « C’est le marxisme plus l’électricité. » Or, le marx
3548 sation ? Lénine disait de sa Révolution : « C’est le marxisme plus l’électricité. » Or, le marxisme n’est pas un apport so
3549 isait de sa Révolution : « C’est le marxisme plus l’ électricité. » Or, le marxisme n’est pas un apport soviétique, ce n’es
3550 n : « C’est le marxisme plus l’électricité. » Or, le marxisme n’est pas un apport soviétique, ce n’est pas Popov qui l’a i
3551 pas un apport soviétique, ce n’est pas Popov qui l’ a inventé, mais bien un Juif allemand, dont le père était devenu prote
3552 qui l’a inventé, mais bien un Juif allemand, dont le père était devenu protestant, et qui rédigeait au British Muséum, pou
3553 testant, et qui rédigeait au British Muséum, pour le Herald Tribune de New York, des articles qui le faisaient vivre et qu
3554 r le Herald Tribune de New York, des articles qui le faisaient vivre et qui forment une partie du Kapital. Le marxisme est
3555 aient vivre et qui forment une partie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séc
3556 artie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la
3557 ie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’ Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la phi
3558 sme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’ un débat séculaire entre la théologie et la philosophie, au moment où
3559 l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la philosophie, au moment où se constituaient la sociolo
3560 refour d’un débat séculaire entre la théologie et la philosophie, au moment où se constituaient la sociologie et la techni
3561 et la philosophie, au moment où se constituaient la sociologie et la technique, l’industrie, la grande presse, l’école ob
3562 e, au moment où se constituaient la sociologie et la technique, l’industrie, la grande presse, l’école obligatoire, la con
3563 ù se constituaient la sociologie et la technique, l’ industrie, la grande presse, l’école obligatoire, la conscription univ
3564 aient la sociologie et la technique, l’industrie, la grande presse, l’école obligatoire, la conscription universelle et le
3565 e et la technique, l’industrie, la grande presse, l’ école obligatoire, la conscription universelle et les nationalismes qu
3566 industrie, la grande presse, l’école obligatoire, la conscription universelle et les nationalismes qui en vivent. On ne sa
3567 école obligatoire, la conscription universelle et les nationalismes qui en vivent. On ne saurait imaginer complexe de force
3568 es qui en vivent. On ne saurait imaginer complexe de forces spirituelles, morales et matérielles plus spécifiquement europ
3569 matérielles plus spécifiquement européen. Quant à l’ électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industrialisation.
3570 ’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’ industrialisation. En électrifiant le pays, le communisme a renouvelé
3571 le symbolise l’industrialisation. En électrifiant le pays, le communisme a renouvelé l’entreprise de Pierre le Grand : il
3572 ise l’industrialisation. En électrifiant le pays, le communisme a renouvelé l’entreprise de Pierre le Grand : il a pour la
3573 n électrifiant le pays, le communisme a renouvelé l’ entreprise de Pierre le Grand : il a pour la seconde fois européanisé
3574 t le pays, le communisme a renouvelé l’entreprise de Pierre le Grand : il a pour la seconde fois européanisé la Russie. Et
3575 le Grand : il a pour la seconde fois européanisé la Russie. Et c’est l’URSS à son tour qui s’est chargée d’aider la Chine
3576 r la seconde fois européanisé la Russie. Et c’est l’ URSS à son tour qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la civil
3577 sie. Et c’est l’URSS à son tour qui s’est chargée d’ aider la Chine à liquider la civilisation des mandarins, c’est l’URSS
3578 c’est l’URSS à son tour qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la civilisation des mandarins, c’est l’URSS qui a in
3579 our qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la civilisation des mandarins, c’est l’URSS qui a introduit dans l’Empir
3580 e à liquider la civilisation des mandarins, c’est l’ URSS qui a introduit dans l’Empire emmuré ce nouveau cheval de Troie o
3581 des mandarins, c’est l’URSS qui a introduit dans l’ Empire emmuré ce nouveau cheval de Troie occidental : la technique, et
3582 introduit dans l’Empire emmuré ce nouveau cheval de Troie occidental : la technique, et tout ce qu’elle entraîne dans les
3583 re emmuré ce nouveau cheval de Troie occidental : la technique, et tout ce qu’elle entraîne dans les mœurs et les modes de
3584  : la technique, et tout ce qu’elle entraîne dans les mœurs et les modes de penser d’une nation. Le fameux « bon en avant »
3585 ue, et tout ce qu’elle entraîne dans les mœurs et les modes de penser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine
3586 t ce qu’elle entraîne dans les mœurs et les modes de penser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère
3587 le entraîne dans les mœurs et les modes de penser d’ une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère été qu’un
3588 ns les mœurs et les modes de penser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère été qu’un bond vers l’i
3589 e penser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère été qu’un bond vers l’industrie et vers le sociali
3590 enser d’une nation. Le fameux « bon en avant » de la Chine n’a guère été qu’un bond vers l’industrie et vers le socialisme
3591 avant » de la Chine n’a guère été qu’un bond vers l’ industrie et vers le socialisme, inventés par l’Europe et parties inté
3592 n’a guère été qu’un bond vers l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’Europe et parties intégrantes de sa cultur
3593 s l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’ Europe et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, observ
3594 sme, inventés par l’Europe et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, observons simplement que son émancipat
3595 ope et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’ Afrique, observons simplement que son émancipation actuelle ne consist
3596 émancipation actuelle ne consiste nullement dans l’ avènement d’une civilisation originale, ou de quelque néo-tribalisme,
3597 n actuelle ne consiste nullement dans l’avènement d’ une civilisation originale, ou de quelque néo-tribalisme, mais au cont
3598 dans l’avènement d’une civilisation originale, ou de quelque néo-tribalisme, mais au contraire dans l’adoption bien trop r
3599 de quelque néo-tribalisme, mais au contraire dans l’ adoption bien trop rapide des formes de vie politique, sociale et écon
3600 raire dans l’adoption bien trop rapide des formes de vie politique, sociale et économique, élaborées par l’Europe moderne.
3601 e politique, sociale et économique, élaborées par l’ Europe moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-développée
3602 ées par l’Europe moderne. Résumons cela : je vois l’ Asie du Sud, sous-développée, courir après l’exemple de la Chine, qui
3603 vois l’Asie du Sud, sous-développée, courir après l’ exemple de la Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejo
3604 e du Sud, sous-développée, courir après l’exemple de la Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Am
3605 u Sud, sous-développée, courir après l’exemple de la Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Améri
3606 e, courir après l’exemple de la Chine, qui essaie d’ imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Amérique, qui est une inve
3607 après l’exemple de la Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Amérique, qui est une invention de
3608 ssaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’ Amérique, qui est une invention de l’Europe… z. Rougemont Denis de
3609 veut rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’Europe… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence 
3610 ut rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’ Europe… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence »,
3611 une invention de l’Europe… z. Rougemont Denis de , « Les prophètes de la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris,
3612 vention de l’Europe… z. Rougemont Denis de, «  Les prophètes de la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 sep
3613 urope… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 septembre 1970,
3614 pe… z. Rougemont Denis de, « Les prophètes de la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 septembre 1970, p. 
3615 mont Denis de, « Les prophètes de la décadence », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 septembre 1970, p. 3. aa. Le texte
3616 littéraires, Paris, 24 septembre 1970, p. 3. aa. Le texte est précédé du chapeau suivant : « On sait quel Européen convai
3617 éen convaincu et militant est Denis de Rougemont. L’ auteur de L’Amour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’Aven
3618 incu et militant est Denis de Rougemont. L’auteur de L’Amour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’Aventure occi
3619 et militant est Denis de Rougemont. L’auteur de L’ Amour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’Aventure occident
3620 t est Denis de Rougemont. L’auteur de L’Amour et l’ Occident , Penser avec les mains , de L’Aventure occidentale de l’ho
3621 L’Amour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’Aventure occidentale de l’homme , plaide une nouvelle fois pour le
3622 mour et l’Occident , Penser avec les mains , de L’ Aventure occidentale de l’homme , plaide une nouvelle fois pour le Vie
3623 enser avec les mains , de L’Aventure occidentale de l’homme , plaide une nouvelle fois pour le Vieux Continent, dont il n
3624 er avec les mains , de L’Aventure occidentale de l’ homme , plaide une nouvelle fois pour le Vieux Continent, dont il ne c
3625 entale de l’homme , plaide une nouvelle fois pour le Vieux Continent, dont il ne croit pas le destin achevé, en publiant c
3626 ois pour le Vieux Continent, dont il ne croit pas le destin achevé, en publiant chez Albin Michel une Lettre ouverte aux
3627 re ouverte aux Européens , qui prendra place dans la collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan. Dans cette Lettre , Denis
3628 ontre tout ce qui rapproche et tout ce qui divise les États de l’Europe ; il fixe également un programme pour les vingt ans
3629 de l’Europe ; il fixe également un programme pour les vingt ans à venir et nous met en garde, comme on va le voir, contre l
3630 ngt ans à venir et nous met en garde, comme on va le voir, contre les prophètes de la décadence avant de nous proposer des
3631 et nous met en garde, comme on va le voir, contre les prophètes de la décadence avant de nous proposer des candidats à la r
3632 garde, comme on va le voir, contre les prophètes de la décadence avant de nous proposer des candidats à la relève.
3633 rde, comme on va le voir, contre les prophètes de la décadence avant de nous proposer des candidats à la relève.
3634 décadence avant de nous proposer des candidats à la relève.
17 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
3635 Denis de Rougemont : l’ amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougem
3636 Denis de Rougemont : l’amour et l’ Europe en expert (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougemont, les de
3637 rt (24 décembre 1970)ab ac Denis de Rougemont, les deux grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et l’Europe. Quel éta
3638 ac Denis de Rougemont, les deux grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemo
3639 mont, les deux grands thèmes de votre vie ont été l’ Amour et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si
3640 eux grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et l’ Europe. Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me di
3641 votre vie ont été l’Amour et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me disiez 17 ans et demi,
3642 our et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge
3643 Si vous me disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’ âge de mon premier article. J’étais au gymnase de ma ville natale, Neu
3644 s me disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge de mon premier article. J’étais au gymnase de ma ville natale, Neuchâtel
3645 l’âge de mon premier article. J’étais au gymnase de ma ville natale, Neuchâtel. Le trait caractéristique de cet endroit o
3646 J’étais au gymnase de ma ville natale, Neuchâtel. Le trait caractéristique de cet endroit où je suis né est d’être un carr
3647 ville natale, Neuchâtel. Le trait caractéristique de cet endroit où je suis né est d’être un carrefour, une petite princip
3648 caractéristique de cet endroit où je suis né est d’ être un carrefour, une petite principauté placée entre les influences
3649 un carrefour, une petite principauté placée entre les influences françaises et allemandes, ce qui est très suisse, par défi
3650 ui est très suisse, par définition. 17 ans, c’est le moment où j’ai pris conscience que j’étais un littéraire. À cette épo
3651 is que des poèmes, persuadé que toute autre forme de littérature était inférieure et méprisable. En même temps je jouais a
3652 même temps je jouais au football. J’étais gardien de but. C’était pour moi le poste idéal car le gardien de but n’intervie
3653 ootball. J’étais gardien de but. C’était pour moi le poste idéal car le gardien de but n’intervient qu’aux moments de cris
3654 rdien de but. C’était pour moi le poste idéal car le gardien de but n’intervient qu’aux moments de crises, au sommet de l’
3655 t. C’était pour moi le poste idéal car le gardien de but n’intervient qu’aux moments de crises, au sommet de l’effort. Plu
3656 car le gardien de but n’intervient qu’aux moments de crises, au sommet de l’effort. Plus tard, j’ai appris que Montherlant
3657 n’intervient qu’aux moments de crises, au sommet de l’effort. Plus tard, j’ai appris que Montherlant et Albert Camus avai
3658 intervient qu’aux moments de crises, au sommet de l’ effort. Plus tard, j’ai appris que Montherlant et Albert Camus avaient
3659 erlant et Albert Camus avaient aussi été gardiens de but. Comment avez-vous découvert l’Europe ? C’est entre 17 et 25 ans
3660 été gardiens de but. Comment avez-vous découvert l’ Europe ? C’est entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu l’Europe.
3661 ’est entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un peu l’ Europe. Quand j’allais dans le Midi des troubadours, j’éprouvais un cu
3662 ai découvert un peu l’Europe. Quand j’allais dans le Midi des troubadours, j’éprouvais un curieux sentiment de reconnaissa
3663 des troubadours, j’éprouvais un curieux sentiment de reconnaissance. Quand je lisais les romans bretons je me sentais curi
3664 ieux sentiment de reconnaissance. Quand je lisais les romans bretons je me sentais curieusement chez moi. J’ai fini par com
3665 des ancêtres dans tous ces pays-là. Si je regarde l’ ascendance de mon père, je m’aperçois qu’à la génération où nous avons
3666 dans tous ces pays-là. Si je regarde l’ascendance de mon père, je m’aperçois qu’à la génération où nous avons 64 ancêtres,
3667 arde l’ascendance de mon père, je m’aperçois qu’à la génération où nous avons 64 ancêtres, la sixième, il y a 28 Suisses n
3668 me, il y a 28 Suisses neuchâtelois et 36 ancêtres de Normandie ou du Midi, mais aussi quelques Allemands et plusieurs Holl
3669 luences qui se sont exercées sur notre petit coin de Suisse romande. Vous avez consacré de nombreuses et passionnantes pag
3670 petit coin de Suisse romande. Vous avez consacré de nombreuses et passionnantes pages à l’amour. Qu’est-ce que l’amour po
3671 z consacré de nombreuses et passionnantes pages à l’ amour. Qu’est-ce que l’amour pour vous ? L’amour c’est tout. Pour moi
3672 s et passionnantes pages à l’amour. Qu’est-ce que l’ amour pour vous ? L’amour c’est tout. Pour moi c’est plus spécialement
3673 ages à l’amour. Qu’est-ce que l’amour pour vous ? L’ amour c’est tout. Pour moi c’est plus spécialement mon livre L’Amour
3674 tout. Pour moi c’est plus spécialement mon livre L’ Amour et l’Occident . L’amour au sens de l’amour-passion que j’ai décr
3675 moi c’est plus spécialement mon livre L’Amour et l’ Occident . L’amour au sens de l’amour-passion que j’ai décrit dans mon
3676 s spécialement mon livre L’Amour et l’Occident . L’ amour au sens de l’amour-passion que j’ai décrit dans mon livre fut qu
3677 on livre L’Amour et l’Occident . L’amour au sens de l’amour-passion que j’ai décrit dans mon livre fut quelque chose de t
3678 livre L’Amour et l’Occident . L’amour au sens de l’ amour-passion que j’ai décrit dans mon livre fut quelque chose de très
3679 que j’ai décrit dans mon livre fut quelque chose de très important dans ma vie. L’opposition entre l’amour-passion et le
3680 fut quelque chose de très important dans ma vie. L’ opposition entre l’amour-passion et le mariage est au fond le sujet mê
3681 de très important dans ma vie. L’opposition entre l’ amour-passion et le mariage est au fond le sujet même de ce livre. J’a
3682 ans ma vie. L’opposition entre l’amour-passion et le mariage est au fond le sujet même de ce livre. J’ai été entraîné à éc
3683 n entre l’amour-passion et le mariage est au fond le sujet même de ce livre. J’ai été entraîné à écrire cet ouvrage par to
3684 r-passion et le mariage est au fond le sujet même de ce livre. J’ai été entraîné à écrire cet ouvrage par toute une suite
3685 entraîné à écrire cet ouvrage par toute une suite de circonstances. La plus ancienne était un numéro de la revue Esprit
3686 cet ouvrage par toute une suite de circonstances. La plus ancienne était un numéro de la revue Esprit consacré à la femm
3687 e circonstances. La plus ancienne était un numéro de la revue Esprit consacré à la femme et l’amour aujourd’hui, et qui
3688 irconstances. La plus ancienne était un numéro de la revue Esprit consacré à la femme et l’amour aujourd’hui, et qui por
3689 e était un numéro de la revue Esprit consacré à la femme et l’amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : « La femme
3690 uméro de la revue Esprit consacré à la femme et l’ amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : « La femme est aussi u
3691 amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : «  La femme est aussi une personne ». Cela se passait en 1936 et Mounier s’
3692 é un précurseur. Il m’avait demandé une étude sur l’ opposition qui paraissait éclatante entre l’amour dans le mythe de Tri
3693 e sur l’opposition qui paraissait éclatante entre l’ amour dans le mythe de Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Ro
3694 ition qui paraissait éclatante entre l’amour dans le mythe de Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirig
3695 paraissait éclatante entre l’amour dans le mythe de Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la c
3696 latante entre l’amour dans le mythe de Tristan et l’ amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la collection Prés
3697 l’amour dans le mythe de Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la collection Présence, chez Pl
3698 our dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la collection Présence, chez Plon, ayant lu mon article me demanda si je
3699 e pour lui un petit livre en deux volets opposant le mythe de Tristan et l’amour dans le mariage. Et nous avons pris date.
3700 i un petit livre en deux volets opposant le mythe de Tristan et l’amour dans le mariage. Et nous avons pris date. Je devai
3701 re en deux volets opposant le mythe de Tristan et l’ amour dans le mariage. Et nous avons pris date. Je devais lui donner m
3702 lets opposant le mythe de Tristan et l’amour dans le mariage. Et nous avons pris date. Je devais lui donner mon livre en f
3703 . Je devais lui donner mon livre en février 1938. Le mois de février arriva et je n’avais pas écrit une ligne. Je reçus un
3704 ais lui donner mon livre en février 1938. Le mois de février arriva et je n’avais pas écrit une ligne. Je reçus une lettre
3705 écrit une ligne. Je reçus une lettre recommandée de Daniel-Rops, que j’ouvris avec un peu d’anxiété. Il me disait : « Vou
3706 ommandée de Daniel-Rops, que j’ouvris avec un peu d’ anxiété. Il me disait : « Voudriez-vous me rendre un grand service ? A
3707 ous me rendre un grand service ? Accepteriez-vous de céder le tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour
3708 ndre un grand service ? Accepteriez-vous de céder le tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autr
3709 grand service ? Accepteriez-vous de céder le tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autre, car j
3710 e ? Accepteriez-vous de céder le tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autre, car je dois publi
3711 our de parution de votre manuscrit, que j’attends d’ un jour à l’autre, car je dois publier le plus tôt possible le manuscr
3712 ’attends d’un jour à l’autre, car je dois publier le plus tôt possible le manuscrit d’un essai d’une grande actualité inti
3713 l’autre, car je dois publier le plus tôt possible le manuscrit d’un essai d’une grande actualité intitulé La France et son
3714 je dois publier le plus tôt possible le manuscrit d’ un essai d’une grande actualité intitulé La France et son armée, et do
3715 lier le plus tôt possible le manuscrit d’un essai d’ une grande actualité intitulé La France et son armée, et dont l’auteur
3716 uscrit d’un essai d’une grande actualité intitulé La France et son armée, et dont l’auteur est un jeune lieutenant-colonel
3717 ctualité intitulé La France et son armée, et dont l’ auteur est un jeune lieutenant-colonel qui s’appelle Charles de Gaulle
3718 s mis instantanément à mon livre, et j’ai terminé les 450 pages en trois mois. Comme je l’ai écrit dans la préface, c’est u
3719 ’ai terminé les 450 pages en trois mois. Comme je l’ ai écrit dans la préface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois de
3720 450 pages en trois mois. Comme je l’ai écrit dans la préface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois de travail et tout
3721 réface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois de travail et toute la vie. J’étais devenu, hélas ! aux yeux de beaucoup
3722 re qui m’a demandé trois mois de travail et toute la vie. J’étais devenu, hélas ! aux yeux de beaucoup de gens dans beauco
3723 ucoup de gens dans beaucoup de pays un expert sur les choses de l’amour. Quand les gens me rencontraient ils me disaient :
3724 ns dans beaucoup de pays un expert sur les choses de l’amour. Quand les gens me rencontraient ils me disaient : « C’est vo
3725 dans beaucoup de pays un expert sur les choses de l’ amour. Quand les gens me rencontraient ils me disaient : « C’est vous
3726 e pays un expert sur les choses de l’amour. Quand les gens me rencontraient ils me disaient : « C’est vous l’auteur de L’A
3727 s me rencontraient ils me disaient : « C’est vous l’ auteur de L’Amour et l’Occident  ? Je croyais que vous aviez une gran
3728 ontraient ils me disaient : « C’est vous l’auteur de L’Amour et l’Occident  ? Je croyais que vous aviez une grande barbe
3729 aient ils me disaient : « C’est vous l’auteur de L’ Amour et l’Occident  ? Je croyais que vous aviez une grande barbe blan
3730 e disaient : « C’est vous l’auteur de L’Amour et l’ Occident  ? Je croyais que vous aviez une grande barbe blanche. » C’ét
3731 e votre livre a transformé ma vie ! »… Cette idée d’ avoir transformé tant de vies m’a beaucoup impressionné. J’ai tâché de
3732 ant de vies m’a beaucoup impressionné. J’ai tâché de suivre un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui m’avaient
3733 ’ai tâché de suivre un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui m’avaient fait des confidences et je me suis aper
3734 hé de suivre un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui m’avaient fait des confidences et je me suis aperçu que
3735 er avant de m’avoir lu puis qu’ils avaient décidé de ne pas divorcer, de s’en tenir à la dernière partie de mon livre. Mai
3736 lu puis qu’ils avaient décidé de ne pas divorcer, de s’en tenir à la dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en les
3737 pas divorcer, de s’en tenir à la dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en les suivant un peu plus longtemps, je m
3738 dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en les suivant un peu plus longtemps, je m’aperçus qu’ils finissaient quand
3739 ssaient quand même par divorcer, c’est-à-dire que l’ action de mon livre était généralement de retarder les divorces de que
3740 uand même par divorcer, c’est-à-dire que l’action de mon livre était généralement de retarder les divorces de quelques ann
3741 dire que l’action de mon livre était généralement de retarder les divorces de quelques années, ce qui provoquait pas mal d
3742 ction de mon livre était généralement de retarder les divorces de quelques années, ce qui provoquait pas mal de souffrances
3743 livre était généralement de retarder les divorces de quelques années, ce qui provoquait pas mal de souffrances, mais peut-
3744 ces de quelques années, ce qui provoquait pas mal de souffrances, mais peut-être aussi des prises de conscience fort utile
3745 l de souffrances, mais peut-être aussi des prises de conscience fort utiles. Mon premier mariage s’est terminé par un divo
3746 age s’est terminé par un divorce après mes années d’ Amérique. C’est pourquoi dans la nouvelle édition qui a paru en 1954ae
3747 après mes années d’Amérique. C’est pourquoi dans la nouvelle édition qui a paru en 1954ae j’ai ajouté un long chapitre su
3748 a paru en 1954ae j’ai ajouté un long chapitre sur le divorce. Depuis lors je n’ai cas cessé de récrire ce livre. Mon deuxi
3749 tre sur le divorce. Depuis lors je n’ai cas cessé de récrire ce livre. Mon deuxième livre sur ce thème, Comme toi-même ,
3750 e thème, Comme toi-même , qui est édité en livre de poche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de
3751 e toi-même , qui est édité en livre de poche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de droits que je
3752 e , qui est édité en livre de poche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en
3753 édité en livre de poche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en laissais
3754 ité en livre de poche sous le titre Les Mythes de l’ amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en laissais dan
3755 oche sous le titre Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en laissais dans mon premier liv
3756 re Les Mythes de l’amour, donne à la passion plus de droits que je ne lui en laissais dans mon premier livre. Que pensez-v
3757 ’hui ? Je continue à penser qu’il faudrait élever les gens dans une méfiance profonde de ce que représente la passion. C’es
3758 udrait élever les gens dans une méfiance profonde de ce que représente la passion. C’est au fond contre la vulgarisation d
3759 s dans une méfiance profonde de ce que représente la passion. C’est au fond contre la vulgarisation du mythe de Tristan qu
3760 e que représente la passion. C’est au fond contre la vulgarisation du mythe de Tristan que je m’élevais, surtout dans L’A
3761 n. C’est au fond contre la vulgarisation du mythe de Tristan que je m’élevais, surtout dans L’Amour et l’Occident , et no
3762 mythe de Tristan que je m’élevais, surtout dans L’ Amour et l’Occident , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de
3763 ristan que je m’élevais, surtout dans L’Amour et l’ Occident , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de sens de di
3764 t dans L’Amour et l’Occident , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de sens de dire que l’on est contre la passi
3765 t , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de sens de dire que l’on est contre la passion qui est l’une des choses
3766 on pas contre le mythe. Cela n’aurait pas de sens de dire que l’on est contre la passion qui est l’une des choses glorieus
3767 e le mythe. Cela n’aurait pas de sens de dire que l’ on est contre la passion qui est l’une des choses glorieuses qui peut
3768 n’aurait pas de sens de dire que l’on est contre la passion qui est l’une des choses glorieuses qui peut arriver à un hom
3769 l’une qu’il faut enseigner aux enfants, par tous les moyens possibles et qui mène au mariage solide, fait pour durer sinon
3770 ne au mariage solide, fait pour durer sinon toute la vie, du moins le plus longtemps possible ; au mariage conçu comme une
3771 ide, fait pour durer sinon toute la vie, du moins le plus longtemps possible ; au mariage conçu comme une œuvre d’art qui
3772 a lui imposera des disciplines. Ces sacrifices on les fait très joyeusement et consciemment parce que l’on sait que c’est l
3773 s fait très joyeusement et consciemment parce que l’ on sait que c’est la condition de réussite de quelque chose de durable
3774 ent et consciemment parce que l’on sait que c’est la condition de réussite de quelque chose de durable. Si je fais un plai
3775 emment parce que l’on sait que c’est la condition de réussite de quelque chose de durable. Si je fais un plaidoyer pour la
3776 que l’on sait que c’est la condition de réussite de quelque chose de durable. Si je fais un plaidoyer pour la fidélité, c
3777 e c’est la condition de réussite de quelque chose de durable. Si je fais un plaidoyer pour la fidélité, ce n’est pas au no
3778 ue chose de durable. Si je fais un plaidoyer pour la fidélité, ce n’est pas au nom d’une morale puritaine, comme certains
3779 pas au nom d’une morale puritaine, comme certains l’ ont cru, mais au nom d’une morale d’artiste. Tout homme est amené à êt
3780 omme certains l’ont cru, mais au nom d’une morale d’ artiste. Tout homme est amené à être créateur d’une œuvre, ne fût-ce q
3781 e d’artiste. Tout homme est amené à être créateur d’ une œuvre, ne fût-ce que de soi-même et surtout de son couple. Je pens
3782 amené à être créateur d’une œuvre, ne fût-ce que de soi-même et surtout de son couple. Je pense que c’est l’œuvre la plus
3783 d’une œuvre, ne fût-ce que de soi-même et surtout de son couple. Je pense que c’est l’œuvre la plus belle. Et la passion ?
3784 même et surtout de son couple. Je pense que c’est l’ œuvre la plus belle. Et la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, m
3785 surtout de son couple. Je pense que c’est l’œuvre la plus belle. Et la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, mais je p
3786 ple. Je pense que c’est l’œuvre la plus belle. Et la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, mais je pense qu’elle doit
3787 que c’est l’œuvre la plus belle. Et la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, mais je pense qu’elle doit être réservée
3788 la plus belle. Et la passion ? La passion, je ne l’ exclus pas, mais je pense qu’elle doit être réservée à de très rares p
3789 s pas, mais je pense qu’elle doit être réservée à de très rares personnes qui seront probablement le sel de la terre ou qu
3790 à de très rares personnes qui seront probablement le sel de la terre ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l
3791 ès rares personnes qui seront probablement le sel de la terre ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’Europe
3792 rares personnes qui seront probablement le sel de la terre ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’Europe. V
3793 qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’ Europe. Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour j’
3794 à l’Europe. Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour j’ai passé la frontière avec Robert Schuman en vo
3795 oltaire entouré de frontières… Un jour j’ai passé la frontière avec Robert Schuman en voiture et avec le photographe Pedra
3796 frontière avec Robert Schuman en voiture et avec le photographe Pedrazini qui faisait un reportage sur Robert Schuman che
3797 Centre européen de la culture à Genève. Arrivé à la frontière, le douanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’Eur
3798 en de la culture à Genève. Arrivé à la frontière, le douanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’Europe !… passez…
3799 douanier a eu ce mot admirable : « Ah ! ça, c’est l’ Europe !… passez… » Le fait d’être obligé de passer une et souvent plu
3800 dmirable : « Ah ! ça, c’est l’Europe !… passez… » Le fait d’être obligé de passer une et souvent plusieurs fois par jour l
3801  : « Ah ! ça, c’est l’Europe !… passez… » Le fait d’ être obligé de passer une et souvent plusieurs fois par jour la fronti
3802 c’est l’Europe !… passez… » Le fait d’être obligé de passer une et souvent plusieurs fois par jour la frontière est bien f
3803 de passer une et souvent plusieurs fois par jour la frontière est bien fait pour entretenir l’indignation continuelle que
3804 r jour la frontière est bien fait pour entretenir l’ indignation continuelle que j’ai contre les frontières. Cette frontièr
3805 retenir l’indignation continuelle que j’ai contre les frontières. Cette frontière avait été à peu près supprimée par des tr
3806 u près supprimée par des traités qui repoussaient le cordon douanier derrière le Jura et faisaient de l’ensemble du pays d
3807 ités qui repoussaient le cordon douanier derrière le Jura et faisaient de l’ensemble du pays de Gex, Savoie et Genève, de
3808 le cordon douanier derrière le Jura et faisaient de l’ensemble du pays de Gex, Savoie et Genève, de nouveau une région na
3809 cordon douanier derrière le Jura et faisaient de l’ ensemble du pays de Gex, Savoie et Genève, de nouveau une région natur
3810 rrière le Jura et faisaient de l’ensemble du pays de Gex, Savoie et Genève, de nouveau une région naturelle comme la géogr
3811 et Genève, de nouveau une région naturelle comme la géographie l’avait dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce d
3812 nouveau une région naturelle comme la géographie l’ avait dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce de coup d’État,
3813 dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce de coup d’État, a décidé de porter à la frontière politique sa ligne de
3814 e. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce de coup d’ État, a décidé de porter à la frontière politique sa ligne de douanier
3815 Poincaré, par une espèce de coup d’État, a décidé de porter à la frontière politique sa ligne de douaniers et il en a résu
3816 r une espèce de coup d’État, a décidé de porter à la frontière politique sa ligne de douaniers et il en a résulté que dans
3817 écidé de porter à la frontière politique sa ligne de douaniers et il en a résulté que dans la région que j’habite, qui est
3818 sa ligne de douaniers et il en a résulté que dans la région que j’habite, qui est prétendument zone franche, nous sommes e
3819 r me convaincre qu’on n’arrivera vraiment à faire l’ Europe que sur la base des régions, régions recréées en dépit des fron
3820 u’on n’arrivera vraiment à faire l’Europe que sur la base des régions, régions recréées en dépit des frontières, par-dessu
3821 ions recréées en dépit des frontières, par-dessus les frontières, à travers les frontières. Mon slogan est celui-ci : « Les
3822 frontières, par-dessus les frontières, à travers les frontières. Mon slogan est celui-ci : « Les frontières sont faites po
3823 avers les frontières. Mon slogan est celui-ci : «  Les frontières sont faites pour être transformées en écumoires. » Denis d
3824 » Denis de Rougemont, quelle est votre définition de la gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l
3825 enis de Rougemont, quelle est votre définition de la gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l’ac
3826 quelle est votre définition de la gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l’accomplissement. C’e
3827 gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l’accomplissement. C’est un triomphal accord clamé à la f
3828 le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l’ accomplissement. C’est un triomphal accord clamé à la fin de la IXe Sy
3829 ccomplissement. C’est un triomphal accord clamé à la fin de la IXe Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout ho
3830 ssement. C’est un triomphal accord clamé à la fin de la IXe Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout homme a s
3831 ment. C’est un triomphal accord clamé à la fin de la IXe Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout homme a sent
3832 ue chose que probablement tout homme a senti dans le fond de soi-même comme l’achèvement. Cela n’a rien à voir avec la pub
3833 que probablement tout homme a senti dans le fond de soi-même comme l’achèvement. Cela n’a rien à voir avec la publicité.
3834 tout homme a senti dans le fond de soi-même comme l’ achèvement. Cela n’a rien à voir avec la publicité. Ça peut être secre
3835 ême comme l’achèvement. Cela n’a rien à voir avec la publicité. Ça peut être secret. Je crois beaucoup à une notion secrè
3836 e secret. Je crois beaucoup à une notion secrète de la gloire. La gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas do
3837 ecret. Je crois beaucoup à une notion secrète de la gloire. La gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas donné
3838 crois beaucoup à une notion secrète de la gloire. La gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas donnée par le su
3839 rète de la gloire. La gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas donnée par le succès. C’est un sentiment d’épan
3840 as donnée par la foule, elle n’est pas donnée par le succès. C’est un sentiment d’épanouissement suprême, une floraison da
3841 ’est pas donnée par le succès. C’est un sentiment d’ épanouissement suprême, une floraison dans le ciel accompagnée d’une g
3842 ment d’épanouissement suprême, une floraison dans le ciel accompagnée d’une grande euphorie et d’un grand bonheur. Et votr
3843 t suprême, une floraison dans le ciel accompagnée d’ une grande euphorie et d’un grand bonheur. Et votre définition de la m
3844 dans le ciel accompagnée d’une grande euphorie et d’ un grand bonheur. Et votre définition de la mort ? Si un homme pouvait
3845 phorie et d’un grand bonheur. Et votre définition de la mort ? Si un homme pouvait penser complètement la mort, il mourrai
3846 rie et d’un grand bonheur. Et votre définition de la mort ? Si un homme pouvait penser complètement la mort, il mourrait à
3847 la mort ? Si un homme pouvait penser complètement la mort, il mourrait à cet instant-là. La mort c’est par essence l’incon
3848 mplètement la mort, il mourrait à cet instant-là. La mort c’est par essence l’inconcevable, donc c’est par essence quelque
3849 rrait à cet instant-là. La mort c’est par essence l’ inconcevable, donc c’est par essence quelque chose dont on ne peut rie
3850 rien dire. J’ai des idées folles, comme beaucoup d’ hommes, sur la mort, sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que
3851 ai des idées folles, comme beaucoup d’hommes, sur la mort, sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que l’immortalité
3852 folles, comme beaucoup d’hommes, sur la mort, sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que l’immortalité n’est pas que
3853 sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que l’ immortalité n’est pas quelque chose qui commence quand on est mort, ni
3854 lque chose qui commence quand on est mort, ni que l’ âme sort par la bouche et va voleter on ne sait pas très bien où. Je m
3855 commence quand on est mort, ni que l’âme sort par la bouche et va voleter on ne sait pas très bien où. Je me dis que l’éte
3856 oleter on ne sait pas très bien où. Je me dis que l’ éternité, l’immortalité, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui
3857 sait pas très bien où. Je me dis que l’éternité, l’ immortalité, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui le pénètre
3858 é, l’immortalité, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui le pénètre complètement et que nous y sommes déjà maintena
3859 té, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui le pénètre complètement et que nous y sommes déjà maintenant. Plutôt que
3860 et que nous y sommes déjà maintenant. Plutôt que de me demander ce que c’est que la mort, je m’interroge sur ce qu’est la
3861 enant. Plutôt que de me demander ce que c’est que la mort, je m’interroge sur ce qu’est la vie. Là, je peux dire quelque c
3862 e c’est que la mort, je m’interroge sur ce qu’est la vie. Là, je peux dire quelque chose : c’est un certain laps de temps
3863 e peux dire quelque chose : c’est un certain laps de temps pendant lequel une personne peut se constituer pour essayer de
3864 quel une personne peut se constituer pour essayer de découvrir sa vocation. Si elle découvre sa vocation, si elle la réali
3865 a vocation. Si elle découvre sa vocation, si elle la réalise plus ou moins bien, elle peut dire qu’elle a réussi sa vie et
3866 nne pas Dieu comme quelque chose dont chacun sait de quoi il s’agit, mais que j’insiste pour indiquer que nous nous trouvo
3867 vons devant un problème. J’ai écrit des centaines de pages de notes sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour l’esprit d’un
3868 nt un problème. J’ai écrit des centaines de pages de notes sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour l’esprit d’un homme du
3869 de notes sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour l’ esprit d’un homme du xxe siècle, moi, par exemple. J’écris généraleme
3870 sur ce que ce mot Dieu peut évoquer pour l’esprit d’ un homme du xxe siècle, moi, par exemple. J’écris généralement quelqu
3871 tout, mon incroyance, ma croyance, ma difficulté de croire, mon impossibilité de ne pas croire. Tout cela avec la plus gr
3872 yance, ma difficulté de croire, mon impossibilité de ne pas croire. Tout cela avec la plus grande précision dans le détail
3873 on impossibilité de ne pas croire. Tout cela avec la plus grande précision dans le détail, car il n’y a là que la précisio
3874 ire. Tout cela avec la plus grande précision dans le détail, car il n’y a là que la précision qui est intéressante ; en év
3875 nde précision dans le détail, car il n’y a là que la précision qui est intéressante ; en évitant tout ce qui peut avoir l’
3876 essante ; en évitant tout ce qui peut avoir l’air de faire croire aux gens que pour moi croire en Dieu est bien, ne pas y
3877 Pour être complètement sincère, j’éprouve autant de difficultés à ne pas croire en Dieu qu’à y croire, et ce n’est pas pe
3878 n’est pas peu dire. Cela veut peut-être dire que le problème est mal posé dans ma tête, ou dans mon existence. À quoi j’e
3879 s toujours finalement, c’est à ceci : Dieu, c’est le sens. S’il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de sens. Certains savants
3880 ’est à ceci : Dieu, c’est le sens. S’il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de sens. Certains savants aujourd’hui disent qu’il
3881 est le sens. S’il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de sens. Certains savants aujourd’hui disent qu’ils ne tiennent pas du t
3882 ui disent qu’ils ne tiennent pas du tout à ce que le monde ait un sens, à ce que notre vie ait un sens, à ce que l’humanit
3883 un sens, à ce que notre vie ait un sens, à ce que l’ humanité ait un sens, puis ils finissent par vous faire un petit coupl
3884 uis ils finissent par vous faire un petit couplet de morale scientifique. On pourrait leur demander : Qu’est-ce que cela v
3885 emander : Qu’est-ce que cela veut dire pour vous, la vie, s’il n’y a aucun sens à rien ? Pourquoi ne me comporterais-je pa
3886 à rien ? Pourquoi ne me comporterais-je pas comme le surhomme de Nietzsche ? Au nom de quoi venez-vous me dire qu’il faut
3887 rquoi ne me comporterais-je pas comme le surhomme de Nietzsche ? Au nom de quoi venez-vous me dire qu’il faut être sociali
3888 ire qu’il faut être socialiste ou qu’il faut être de gauche ? Nous entrons dans l’arbitraire total. Si, au contraire, j’en
3889 ou qu’il faut être de gauche ? Nous entrons dans l’ arbitraire total. Si, au contraire, j’entre dans le monde où Dieu exis
3890 ’arbitraire total. Si, au contraire, j’entre dans le monde où Dieu existe, alors il y a un sens, il y a quelque chose qui
3891 alors il y a un sens, il y a quelque chose qui va d’ un arrière à un avant. Si vous voulez, je pense que Dieu n’est pas une
3892 z, je pense que Dieu n’est pas une cause au début de tout mais qu’il est une cause finale de l’humanité, qu’il appelle le
3893 au début de tout mais qu’il est une cause finale de l’humanité, qu’il appelle le développement de l’homme. D’autre part,
3894 début de tout mais qu’il est une cause finale de l’ humanité, qu’il appelle le développement de l’homme. D’autre part, je
3895 est une cause finale de l’humanité, qu’il appelle le développement de l’homme. D’autre part, je crois qu’il y a une grande
3896 ale de l’humanité, qu’il appelle le développement de l’homme. D’autre part, je crois qu’il y a une grande naïveté à discut
3897 de l’humanité, qu’il appelle le développement de l’ homme. D’autre part, je crois qu’il y a une grande naïveté à discuter
3898 crois qu’il y a une grande naïveté à discuter sur l’ existence ou la non-existence de Dieu étant donné que nous savons la p
3899 une grande naïveté à discuter sur l’existence ou la non-existence de Dieu étant donné que nous savons la place infime que
3900 té à discuter sur l’existence ou la non-existence de Dieu étant donné que nous savons la place infime que nous tenons dans
3901 non-existence de Dieu étant donné que nous savons la place infime que nous tenons dans l’univers. Je fais quelquefois cett
3902 nous savons la place infime que nous tenons dans l’ univers. Je fais quelquefois cette comparaison un peu élémentaire, mai
3903 t bien ce qu’elle veut dire : comment une cellule de notre corps pourrait croire à l’existence de ce corps ? Elle n’a aucu
3904 ment une cellule de notre corps pourrait croire à l’ existence de ce corps ? Elle n’a aucun moyen d’en prendre connaissance
3905 lule de notre corps pourrait croire à l’existence de ce corps ? Elle n’a aucun moyen d’en prendre connaissance. Elle peut
3906 à l’existence de ce corps ? Elle n’a aucun moyen d’ en prendre connaissance. Elle peut savoir à peu près qu’elle fait part
3907 . Elle peut savoir à peu près qu’elle fait partie d’ un organe, mais elle ne peut pas savoir que cet organe fait partie d’u
3908 lle ne peut pas savoir que cet organe fait partie d’ un corps. Elle peut donc parfaitement nier l’existence du corps. ab.
3909 rtie d’un corps. Elle peut donc parfaitement nier l’ existence du corps. ab. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour e
3910 nier l’existence du corps. ab. Rougemont Denis de , « [Entretien] L’amour et l’Europe en expert », Les Nouvelles littéra
3911 u corps. ab. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’ amour et l’Europe en expert », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 dé
3912 ab. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour et l’ Europe en expert », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 décembre 1970
3913 e, « [Entretien] L’amour et l’Europe en expert », Les Nouvelles littéraires, Paris, 24 décembre 1970, p. 1 et 10. ac. Prop
3914 ens , nous ne trouvons pas seulement confirmation de l’idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du m
3915 , nous ne trouvons pas seulement confirmation de l’ idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du mond
3916 ne trouvons pas seulement confirmation de l’idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du monde pourro
3917 ulement confirmation de l’idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du monde pourront y puiser tout un
3918 al de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du monde pourront y puiser tout un programme politique inspiré
3919 y puiser tout un programme politique inspiré par l’ idée d’union fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’apôtre de cette
3920 er tout un programme politique inspiré par l’idée d’ union fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’apôtre de cette croisa
3921 e d’union fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’ apôtre de cette croisade ; il n’est donc pas étonnant qu’on en réenten
3922 fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’apôtre de cette croisade ; il n’est donc pas étonnant qu’on en réentende l’écho
3923 e ; il n’est donc pas étonnant qu’on en réentende l’ écho dans sa conversation avec Pierre Lhoste. » ad. Le texte auquel R
3924 o dans sa conversation avec Pierre Lhoste. » ad. Le texte auquel Rougemont fait référence, intitulé « La passion contre l
3925 texte auquel Rougemont fait référence, intitulé «  La passion contre le mariage », est paru en septembre 1938, et non en 19
3926 mont fait référence, intitulé « La passion contre le mariage », est paru en septembre 1938, et non en 1936. ae. La deuxiè
3927 re 1938, et non en 1936. ae. La deuxième édition de L’Amour et l’Occident date en fait de 1956.
3928 1938, et non en 1936. ae. La deuxième édition de L’ Amour et l’Occident date en fait de 1956.
3929 n en 1936. ae. La deuxième édition de L’Amour et l’ Occident date en fait de 1956.
3930 me édition de L’Amour et l’Occident date en fait de 1956.
18 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
3931 De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’
3932 De l’ unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’uni
3933 De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’
3934 De l’unité de culture à l’ union politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’Europe ne se
3935 e à l’union politique (17-23 avril 1972)af ag L’ unité de l’Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des i
3936 ion politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des instituti
3937 politique (17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions
3938 s institutions européennes ; leur création suivra le cheminement des esprits. Robert Schuman Il nous faut faire l’Europe
3939 des esprits. Robert Schuman Il nous faut faire l’ Europe afin de rester nous-mêmes, disons pour aller vite : ni moujiks
3940 acune trop petite pour se défendre seule, n’a pas la moindre chance de résister d’une part à la colonisation idéologique e
3941 pour se défendre seule, n’a pas la moindre chance de résister d’une part à la colonisation idéologique et militaire par le
3942 ’a pas la moindre chance de résister d’une part à la colonisation idéologique et militaire par les Russes — je songe aux p
3943 rt à la colonisation idéologique et militaire par les Russes — je songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à la colo
3944 e et militaire par les Russes — je songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et
3945 t militaire par les Russes — je songe aux pays de l’ Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et de
3946 songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Am
3947 e l’Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l
3948 autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jam
3949 de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais se faire que selon la form
3950 de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’ Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, res
3951 Mais l’Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectueuse des diversités de tous ordres et de
3952 formule fédéraliste, respectueuse des diversités de tous ordres et des autonomies régionales. Une Europe unifiée et unifo
3953 pe unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé de la faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas, l’expérience sécula
3954 unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé de la faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas, l’expérience séculaire
3955 ont essayé de la faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas, l’expérience séculaire ou millénaire qu’ils prétendaient in
3956 la faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas, l’ expérience séculaire ou millénaire qu’ils prétendaient inaugurer n’a d
3957 n’a duré que dix à douze ans. Or il se trouve que la formule fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’Europe, est e
3958 ule fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’ Europe, est en même temps la seule qui corresponde aux réalités de la
3959 quement possible pour l’Europe, est en même temps la seule qui corresponde aux réalités de la culture européenne, aux cond
3960 même temps la seule qui corresponde aux réalités de la culture européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle
3961 me temps la seule qui corresponde aux réalités de la culture européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle ma
3962 réalités de la culture européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle majeur que l’on dresse sans relâche cont
3963 e européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais l’ obstacle majeur que l’on dresse sans relâche contre toute union fédéra
3964 itions de sa vitalité. Mais l’obstacle majeur que l’ on dresse sans relâche contre toute union fédérale, c’est l’État natio
3965 e sans relâche contre toute union fédérale, c’est l’ État national de type xixe siècle, jacobin et napoléonien, copié par
3966 ontre toute union fédérale, c’est l’État national de type xixe siècle, jacobin et napoléonien, copié par plus de cent pay
3967 e siècle, jacobin et napoléonien, copié par plus de cent pays dans le monde entier, l’État-nation à souveraineté théoriqu
3968 et napoléonien, copié par plus de cent pays dans le monde entier, l’État-nation à souveraineté théoriquement illimitée, s
3969 copié par plus de cent pays dans le monde entier, l’ État-nation à souveraineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais
3970 et obstacle politique, en retour, est fomenté par la culture. Car ce sont bien des faits de culture : l’école, aux trois d
3971 omenté par la culture. Car ce sont bien des faits de culture : l’école, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous
3972 culture. Car ce sont bien des faits de culture : l’ école, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous font croire,
3973 des faits de culture : l’école, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous font croire, depuis plusieurs génération
3974 e culture : l’école, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous font croire, depuis plusieurs générations de bons él
3975 ui nous font croire, depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres eux-mêmes trop crédules, que l’État nationa
3976 e, depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres eux-mêmes trop crédules, que l’État national centralisé et ab
3977 élèves et de maîtres eux-mêmes trop crédules, que l’ État national centralisé et absolument souverain est l’aboutissement n
3978 t national centralisé et absolument souverain est l’ aboutissement nécessaire, inévitable et naturel de toute l’évolution h
3979 l’aboutissement nécessaire, inévitable et naturel de toute l’évolution humaine. L’école, surtout secondaire, apprend depui
3980 sement nécessaire, inévitable et naturel de toute l’ évolution humaine. L’école, surtout secondaire, apprend depuis un sièc
3981 évitable et naturel de toute l’évolution humaine. L’ école, surtout secondaire, apprend depuis un siècle aux jeunes Europée
3982 re, apprend depuis un siècle aux jeunes Européens de nos divers pays — contre toute évidence historique — que leur nation
3983 immortelle, ce qui suggère qu’elle aurait existé de toute éternité ; alors qu’en vérité, pour la plupart, en tant qu’État
3984 t en moyenne, nos nations n’ont même pas cent ans d’ âge. Seules la France, l’Angleterre et l’Espagne comptent plusieurs si
3985 nos nations n’ont même pas cent ans d’âge. Seules la France, l’Angleterre et l’Espagne comptent plusieurs siècles. Même si
3986 n’ont même pas cent ans d’âge. Seules la France, l’ Angleterre et l’Espagne comptent plusieurs siècles. Même si l’on peut
3987 cent ans d’âge. Seules la France, l’Angleterre et l’ Espagne comptent plusieurs siècles. Même si l’on peut admettre qu’un É
3988 et l’Espagne comptent plusieurs siècles. Même si l’ on peut admettre qu’un État français existe réellement depuis Philippe
3989 is Philippe le Bel, il est absolument certain que l’ Italie comme État n’a que cent-dix ans, l’Allemagne cent ans, la Norvè
3990 ain que l’Italie comme État n’a que cent-dix ans, l’ Allemagne cent ans, la Norvège soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yo
3991 État n’a que cent-dix ans, l’Allemagne cent ans, la Norvège soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie,
3992 s, l’Allemagne cent ans, la Norvège soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-tro
3993 ans, la Norvège soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-trois, la jeune Islande
3994 soixante-six, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-trois, la jeune Islande vingt-sept, et
3995 , la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-trois, la jeune Islande vingt-sept, et Malte, dix.
3996 goslavie, la Hongrie, la Pologne cinquante-trois, la jeune Islande vingt-sept, et Malte, dix. L’école nous a raconté que c
3997 rois, la jeune Islande vingt-sept, et Malte, dix. L’ école nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une
3998 et Malte, dix. L’école nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensembl
3999 que défini par des frontières naturelles. Et nous l’ avons cru ! Or tout est faux dans cet enseignement. Il n’y a pas de
4000 ut est faux dans cet enseignement. Il n’y a pas de cultures nationales La culture européenne n’est pas la somme de vi
4001 gnement. Il n’y a pas de cultures nationales La culture européenne n’est pas la somme de vingt-cinq cultures national
4002 res nationales La culture européenne n’est pas la somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle existait bien av
4003 nales La culture européenne n’est pas la somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle existait bien avant la fo
4004 tures nationales, puisqu’elle existait bien avant la formation, récente nous venons de le voir, de nos États-nations. Le m
4005 t bien avant la formation, récente nous venons de le voir, de nos États-nations. Le mot nation, natio en latin, désignait
4006 ant la formation, récente nous venons de le voir, de nos États-nations. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen
4007 nte nous venons de le voir, de nos États-nations. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans une ville un
4008 gnait au Moyen Âge, dans une ville universitaire, les colonies d’étudiants venus d’une même région d’Europe et parlant entr
4009 n Âge, dans une ville universitaire, les colonies d’ étudiants venus d’une même région d’Europe et parlant entre eux la mêm
4010 lle universitaire, les colonies d’étudiants venus d’ une même région d’Europe et parlant entre eux la même langue : nation
4011 les colonies d’étudiants venus d’une même région d’ Europe et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation f
4012 s d’une même région d’Europe et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation flamande, nation italienne, c’é
4013 ns nationales dans une cité universitaire. Mais à l’ Université même, on ne parlait qu’en latin. C’est ainsi qu’à la Sorbon
4014 même, on ne parlait qu’en latin. C’est ainsi qu’à la Sorbonne, vers 1270 — comme me le faisait observer un jour Étienne Gi
4015 ’est ainsi qu’à la Sorbonne, vers 1270 — comme me le faisait observer un jour Étienne Gilson — pas un seul des grands prof
4016 ait une grande culture commune, bien antérieure à l’ idée même d’État-nation. Mais dira-t-on, le mot « nation » désignait,
4017 de culture commune, bien antérieure à l’idée même d’ État-nation. Mais dira-t-on, le mot « nation » désignait, dès ce temps
4018 eure à l’idée même d’État-nation. Mais dira-t-on, le mot « nation » désignait, dès ce temps, ceux qui parlaient même langu
4019 t même langue ? Oui, mais il n’était pas question de les enfermer pour autant dans les frontières d’un même État. D’ailleu
4020 ême langue ? Oui, mais il n’était pas question de les enfermer pour autant dans les frontières d’un même État. D’ailleurs,
4021 ait pas question de les enfermer pour autant dans les frontières d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos État
4022 n de les enfermer pour autant dans les frontières d’ un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos États-nations mode
4023 ai que nos États-nations modernes correspondent à l’ aire de diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit langu
4024 nos États-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit langues à l’
4025 ions modernes correspondent à l’aire de diffusion d’ une langue. Prenez la France : on parle huit langues à l’intérieur de
4026 ondent à l’aire de diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit langues à l’intérieur de ses frontières actuel
4027 actuelles ; breton et flamand au nord, allemand à l’ est, basque, occitan, catalan et italien au sud, et naturellement le f
4028 itan, catalan et italien au sud, et naturellement le français, imposé comme seule langue officielle dès 1539 par l’édit de
4029 imposé comme seule langue officielle dès 1539 par l’ édit de Villers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer la Wallo
4030 comme seule langue officielle dès 1539 par l’édit de Villers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer la Wallonie, la
4031 elle dès 1539 par l’édit de Villers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer la Wallonie, la Suisse romande et le Val
4032 ers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer la Wallonie, la Suisse romande et le Val d’Aoste au nom de l’unité lingu
4033 . Si la France entendait revendiquer la Wallonie, la Suisse romande et le Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle
4034 ait revendiquer la Wallonie, la Suisse romande et le Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, p
4035 endiquer la Wallonie, la Suisse romande et le Val d’ Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le
4036 ie, la Suisse romande et le Val d’Aoste au nom de l’ unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de prè
4037 ’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoires actuels. Prenez l
4038 ique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoires actuels. Prenez la langue allema
4039 devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoires actuels. Prenez la langue allemande : si el
4040 amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoires actuels. Prenez la langue allemande : si elle devait
4041 s de la moitié de ses territoires actuels. Prenez la langue allemande : si elle devait coïncider avec un État-nation, il f
4042 ncider avec un État-nation, il faudrait annexer à la République fédérale outre l’Allemagne de l’Est, la Suisse alémanique,
4043 l faudrait annexer à la République fédérale outre l’ Allemagne de l’Est, la Suisse alémanique, les Sudètes, les minorités g
4044 a République fédérale outre l’Allemagne de l’Est, la Suisse alémanique, les Sudètes, les minorités germanophones de la Bel
4045 outre l’Allemagne de l’Est, la Suisse alémanique, les Sudètes, les minorités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de
4046 agne de l’Est, la Suisse alémanique, les Sudètes, les minorités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvan
4047 manique, les Sudètes, les minorités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la P
4048 ique, les Sudètes, les minorités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Polo
4049 ètes, les minorités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays
4050 s, les minorités germanophones de la Belgique, de l’ Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays ba
4051 orités germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de
4052 tés germanophones de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la
4053 de la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’obje
4054 la Belgique, de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte
4055 de l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte souvent que
4056 l’Alsace, de la Transylvanie, de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte souvent que nos
4057 de la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes
4058 la Slovénie, de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes pou
4059 arsovie et Madrid. C’est oublier que toutes (sauf le basque et le finno-ougrien) sont étroitement apparentées. Alors qu’en
4060 drid. C’est oublier que toutes (sauf le basque et le finno-ougrien) sont étroitement apparentées. Alors qu’en Chine on par
4061 on parle quatorze langues radicalement étrangères les unes aux autres, si bien que les Chinois de provinces différentes ne
4062 ement étrangères les unes aux autres, si bien que les Chinois de provinces différentes ne peuvent communiquer entre eux qu’
4063 ères les unes aux autres, si bien que les Chinois de provinces différentes ne peuvent communiquer entre eux qu’au moyen d’
4064 ntes ne peuvent communiquer entre eux qu’au moyen d’ idéogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouv
4065 entre eux qu’au moyen d’idéogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans leurs la
4066 qu’au moyen d’idéogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans leurs langues non
4067 ’idéogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans leurs langues non seulement les
4068 uvent sans peine dans leurs langues non seulement les formes et les mots dérivés de leur commune origine indo-européenne, m
4069 ne dans leurs langues non seulement les formes et les mots dérivés de leur commune origine indo-européenne, mais encore tou
4070 gues non seulement les formes et les mots dérivés de leur commune origine indo-européenne, mais encore tout ce que leur hi
4071 ires romaines, notions théologiques diffusées par l’ Église du Moyen Âge, notions scientifiques et techniques aujourd’hui,
4072 niques aujourd’hui, à quoi viennent se superposer les influences dominantes de l’italien à la fin du Moyen Âge, du français
4073 viennent se superposer les influences dominantes de l’italien à la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’
4074 ennent se superposer les influences dominantes de l’ italien à la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’all
4075 perposer les influences dominantes de l’italien à la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’allemand des ph
4076 fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’allemand des philosophes et des savants au xixe , et de l’anglo-amé
4077 n du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’ allemand des philosophes et des savants au xixe , et de l’anglo-améric
4078 emand des philosophes et des savants au xixe , et de l’anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhic
4079 nd des philosophes et des savants au xixe , et de l’ anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé
4080 et des savants au xixe , et de l’anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclé
4081 s au xixe , et de l’anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclésiastique, se
4082 urs. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’ usage ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : é
4083 de même des termes militaires comme « canon », et de tous les termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique,
4084 des termes militaires comme « canon », et de tous les termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes no
4085 « canon », et de tous les termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent co
4086 , et de tous les termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des s
4087 t de tous les termes techniques. Vues de loin, de l’ Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœur
4088 les termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de
4089 termes techniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’ Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loi
4090 s nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’Europe est un fait que personne ne cont
4091 gues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’ unité culturelle de l’Europe est un fait que personne ne conteste. Enf
4092 comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’Europe est un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a l’affair
4093 mme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’ Europe est un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a l’affaire d
4094 t un fait que personne ne conteste. Enfin, il y a l’ affaire des frontières naturelles, chères à l’école. Cette notion pren
4095 y a l’affaire des frontières naturelles, chères à l’ école. Cette notion prend son origine sous Louis XIV, dans les guerres
4096 tte notion prend son origine sous Louis XIV, dans les guerres contre l’Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a é
4097 n origine sous Louis XIV, dans les guerres contre l’ Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme p
4098 s Louis XIV, dans les guerres contre l’Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme par la Révoluti
4099 es au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme par la Révolution française, et elle a triomphé dans l’enseignement de la gé
4100 la Révolution française, et elle a triomphé dans l’ enseignement de la géographie au xixe , là encore contre toute évidenc
4101 française, et elle a triomphé dans l’enseignement de la géographie au xixe , là encore contre toute évidence, mais au serv
4102 nçaise, et elle a triomphé dans l’enseignement de la géographie au xixe , là encore contre toute évidence, mais au service
4103 core contre toute évidence, mais au service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare l
4104 e contre toute évidence, mais au service dévot de l’ État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les
4105 tat-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, all
4106 st ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, allez savoir pourqu
4107 on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De mêm
4108 le Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées séparen
4109 épare les peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées séparent l’Espagn
4110 Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées séparent l’Espagne de la France, voilà qui est clair, à cond
4111 savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées séparent l’ Espagne de la France, voilà qui est clair, à condition qu’un esprit fo
4112 rit fort (ou un naïf) ne vienne pas remarquer que l’ on trouve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux vers
4113 n naïf) ne vienne pas remarquer que l’on trouve à l’ est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et les m
4114 ) ne vienne pas remarquer que l’on trouve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et les mêmes B
4115 remarquer que l’on trouve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et les mêmes Basques à l’ouest.
4116 ve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et les mêmes Basques à l’ouest. Quant aux Alpes, chacu
4117 aîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et les mêmes Basques à l’ouest. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’on
4118 ans sur les deux versants, et les mêmes Basques à l’ ouest. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’on y parle italien des
4119 des deux côtés au sud, français des deux côtés à la hauteur des vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’allemand
4120 ôtés à la hauteur des vallées vaudoises et du Val d’ Aoste, plus loin l’allemand, puis le ladin, puis de nouveau l’allemand
4121 es vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’ allemand, puis le ladin, puis de nouveau l’allemand, toujours des deux
4122 ses et du Val d’Aoste, plus loin l’allemand, puis le ladin, puis de nouveau l’allemand, toujours des deux côtés. Et la Sui
4123 s loin l’allemand, puis le ladin, puis de nouveau l’ allemand, toujours des deux côtés. Et la Suisse est née du Gothard, au
4124 e nouveau l’allemand, toujours des deux côtés. Et la Suisse est née du Gothard, au cœur des Alpes. L’unité et les vraie
4125 Suisse est née du Gothard, au cœur des Alpes. L’ unité et les vraies diversités La vérité qu’on nous cachait, c’est
4126 née du Gothard, au cœur des Alpes. L’unité et les vraies diversités La vérité qu’on nous cachait, c’est que la cultu
4127 des Alpes. L’unité et les vraies diversités La vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples e
4128 rsités La vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions
4129 a vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa ge
4130 lture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa genèse même, qu’elle s’est formée à partir d’i
4131 ans sa genèse même, qu’elle s’est formée à partir d’ influences indo-européennes, gréco-latines, celtes et germaniques, ara
4132 es et slaves, souvent incompatibles entre elles — de là le caractère essentiellement contestataire de son génie — mais qui
4133 slaves, souvent incompatibles entre elles — de là le caractère essentiellement contestataire de son génie — mais qui nous
4134 de là le caractère essentiellement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés à doses variables, et qui
4135 et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les gran
4136 non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architecture, de musique, de philosophie, de
4137 ns « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’ art, d’architecture, de musique, de philosophie, de littérature et de
4138 ltivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’ architecture, de musique, de philosophie, de littérature et de doctrin
4139 Toutes les grandes écoles d’art, d’architecture, de musique, de philosophie, de littérature et de doctrine sociologique o
4140 grandes écoles d’art, d’architecture, de musique, de philosophie, de littérature et de doctrine sociologique ou politique,
4141 ’art, d’architecture, de musique, de philosophie, de littérature et de doctrine sociologique ou politique, ont été paneuro
4142 re, de musique, de philosophie, de littérature et de doctrine sociologique ou politique, ont été paneuropéennes, et non pa
4143 e, ont été paneuropéennes, et non pas nationales. Les grands courants européens, les grandes écoles d’art et de pensée : c’
4144 on pas nationales. Les grands courants européens, les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture co
4145 Les grands courants européens, les grandes écoles d’ art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en
4146 s courants européens, les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de
4147 ns, les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’ unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités ta
4148 grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vanté
4149 unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme le
4150 nt vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme le disent trop souvent d’éloquents ministres à Bruxelles ou à Strasbourg
4151 titre ? Est-il vrai, comme le disent trop souvent d’ éloquents ministres à Bruxelles ou à Strasbourg, que ces « précieuses
4152 rg, que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifi
4153 dessus deux observations faciles à vérifier. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont a
4154 ervations faciles à vérifier. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles e
4155  ». Elles sont accidentelles et arbitraires comme les conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elle
4156 conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait un historien français, le résul
4157 Elles sont encore, disait un historien français, le résultat des « viols répétés de la géographie par l’histoire », comme
4158 storien français, le résultat des « viols répétés de la géographie par l’histoire », comme je le vois tous les jours autou
4159 rien français, le résultat des « viols répétés de la géographie par l’histoire », comme je le vois tous les jours autour d
4160 résultat des « viols répétés de la géographie par l’ histoire », comme je le vois tous les jours autour de Genève, en trave
4161 pétés de la géographie par l’histoire », comme je le vois tous les jours autour de Genève, en traversant cette frontière q
4162 éographie par l’histoire », comme je le vois tous les jours autour de Genève, en traversant cette frontière qui ne rime à r
4163 ert à rien, ne protège contre rien, n’arrête rien de ce qu’il faudrait arrêter — tempêtes, épidémies, pollution de l’air e
4164 faudrait arrêter — tempêtes, épidémies, pollution de l’air et de l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir
4165 drait arrêter — tempêtes, épidémies, pollution de l’ air et de l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et
4166 êter — tempêtes, épidémies, pollution de l’air et de l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et vexe tout
4167 r — tempêtes, épidémies, pollution de l’air et de l’ eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et vexe tout le
4168 émies, pollution de l’air et de l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et vexe tout le monde ; beau symbo
4169 t promouvoir et vexe tout le monde ; beau symbole de la souveraineté stato-nationale, qui ne peut plus avoir d’effets que
4170 romouvoir et vexe tout le monde ; beau symbole de la souveraineté stato-nationale, qui ne peut plus avoir d’effets que nég
4171 veraineté stato-nationale, qui ne peut plus avoir d’ effets que négatifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle de n
4172 avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’ Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l
4173 ifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europe comme une additio
4174 e comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europe comme une addition de prétendues « cultures natio
4175 puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales », le
4176 zle de nations en teintes pâles, et la culture de l’ Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales », les m
4177 les, et la culture de l’Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales », les manuels de notre enfance non
4178 e addition de prétendues « cultures nationales », les manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pi
4179 e prétendues « cultures nationales », les manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvin
4180 tre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’Europe a
4181 vaient justifier les pires chauvinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’Europe a failli périr, mais encore ils fa
4182 auvinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’ Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’hi
4183 li périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pa
4184 périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’ histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays
4185 core ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et u
4186 saient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans
4187 ent notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans ch
4188 re vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans chacun vo
4189 vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’ esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans chacun vous
4190 et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans chacun vous trouverez des croyan
4191 uverez des croyants et des incroyants, des hommes de gauche et des hommes de droite, des romantiques et des classiques, de
4192 es incroyants, des hommes de gauche et des hommes de droite, des romantiques et des classiques, des progressistes et des c
4193 Or, je mets en fait que dans la plupart des cas, les libéraux de pays différents se ressemblent davantage et s’entendront
4194 en fait que dans la plupart des cas, les libéraux de pays différents se ressemblent davantage et s’entendront mieux entre
4195 ndront mieux entre eux qu’ils ne s’entendent avec les fanatiques de leur propre nation ; que les hippies d’un pays s’accord
4196 tre eux qu’ils ne s’entendent avec les fanatiques de leur propre nation ; que les hippies d’un pays s’accorderont mieux av
4197 t avec les fanatiques de leur propre nation ; que les hippies d’un pays s’accorderont mieux avec ceux de n’importe où qu’av
4198 anatiques de leur propre nation ; que les hippies d’ un pays s’accorderont mieux avec ceux de n’importe où qu’avec les conf
4199 s hippies d’un pays s’accorderont mieux avec ceux de n’importe où qu’avec les conformistes de leur propre nation, etc. Ce
4200 corderont mieux avec ceux de n’importe où qu’avec les conformistes de leur propre nation, etc. Ce ne sont pas nos appartena
4201 vec ceux de n’importe où qu’avec les conformistes de leur propre nation, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales
4202 s nationales qui nous diversifient vraiment, mais les écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nationa
4203 s qui nous diversifient vraiment, mais les écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nationales, vous
4204 diversifient vraiment, mais les écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nationales, vous n’appauvrire
4205 t vraiment, mais les écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien
4206 es écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’Europe. 2° La cré
4207 frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’ Europe. 2° La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et
4208 tionales, vous n’appauvrirez en rien l’Europe. 2° La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et plus intense
4209 l’Europe. 2° La création culturelle en Europe est d’ autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée et que
4210 yers sont plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universités, à la Renaissance les cités du Nord de
4211 mbreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universités, à la Renaissance les cités du Nord de l’Italie, des Flan
4212 e, ces foyers de création sont les universités, à la Renaissance les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgo
4213 e création sont les universités, à la Renaissance les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhé
4214 ance les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sa
4215 e les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait
4216 ord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait le rôle merveill
4217 de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait le rôle merveilleus
4218 e la Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites vi
4219 a Bourgogne et de la Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites ville
4220 Rhénanie, du Languedoc et de la Castille. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites villes comme Tubingue, Ién
4221 tille. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites villes comme Tubingue, Iéna, Weimar ou Dresde dans les Allema
4222 illes comme Tubingue, Iéna, Weimar ou Dresde dans les Allemagnes romantiques, celles de Hegel ou de Schelling, de Hölderlin
4223 ou Dresde dans les Allemagnes romantiques, celles de Hegel ou de Schelling, de Hölderlin ou de Humboldt, au moment même où
4224 ns les Allemagnes romantiques, celles de Hegel ou de Schelling, de Hölderlin ou de Humboldt, au moment même où Napoléon fa
4225 nes romantiques, celles de Hegel ou de Schelling, de Hölderlin ou de Humboldt, au moment même où Napoléon fait de la Franc
4226 celles de Hegel ou de Schelling, de Hölderlin ou de Humboldt, au moment même où Napoléon fait de la France un désert cult
4227 n ou de Humboldt, au moment même où Napoléon fait de la France un désert culturel en mobilisant à Paris tous les esprits d
4228 u de Humboldt, au moment même où Napoléon fait de la France un désert culturel en mobilisant à Paris tous les esprits dist
4229 nce un désert culturel en mobilisant à Paris tous les esprits distingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitali
4230 tous les esprits distingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il
4231 distingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette i
4232 stingués qu’il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette inte
4233 s bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle d
4234 e unité vivante et dynamique et des foyers locaux de création qui sans cesse remettent en question et renouvellent les don
4235 sans cesse remettent en question et renouvellent les données communes. Or dans ce jeu entre les grands courants et les foy
4236 ellent les données communes. Or dans ce jeu entre les grands courants et les foyers locaux, entre l’unité et la diversité,
4237 unes. Or dans ce jeu entre les grands courants et les foyers locaux, entre l’unité et la diversité, l’échelon national ne j
4238 e les grands courants et les foyers locaux, entre l’ unité et la diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle, est simp
4239 s courants et les foyers locaux, entre l’unité et la diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis
4240 les foyers locaux, entre l’unité et la diversité, l’ échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis, inexistant.
4241 spose en termes politiques mon équation : Europe de la culture : foyers de création initiant des courants continentaux. c
4242 se en termes politiques mon équation : Europe de la culture : foyers de création initiant des courants continentaux. cela
4243 ues mon équation : Europe de la culture : foyers de création initiant des courants continentaux. cela va donner : Europe
4244 composant une fédération continentale. Voici donc le modèle fédéraliste de l’Europe que je préconise : la complexité des r
4245 on continentale. Voici donc le modèle fédéraliste de l’Europe que je préconise : la complexité des régions rendra justice
4246 continentale. Voici donc le modèle fédéraliste de l’ Europe que je préconise : la complexité des régions rendra justice à s
4247 modèle fédéraliste de l’Europe que je préconise : la complexité des régions rendra justice à ses fécondes diversités, et l
4248 ions rendra justice à ses fécondes diversités, et l’ ampleur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture.
4249 a justice à ses fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. af. Rou
4250 ustice à ses fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. af. Rougem
4251 versités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’ unité millénaire de sa culture. af. Rougemont Denis de, « De l’uni
4252 eur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. af. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à l’u
4253 millénaire de sa culture. af. Rougemont Denis de , « De l’unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéra
4254 aire de sa culture. af. Rougemont Denis de, «  De l’unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéraires,
4255 e de sa culture. af. Rougemont Denis de, « De l’ unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéraires, Par
4256 culture. af. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéraires, Paris, 17 a
4257 f. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à l’ union politique », Les Nouvelles littéraires, Paris, 17 avril 1972–23
4258 e, « De l’unité de culture à l’union politique », Les Nouvelles littéraires, Paris, 17 avril 1972–23 avril 1971, p. 13-14.
4259 1972–23 avril 1971, p. 13-14. ag. Version revue de l’article paru sous le titre : « L’Europe est d’abord une unité de cu
4260 72–23 avril 1971, p. 13-14. ag. Version revue de l’ article paru sous le titre : « L’Europe est d’abord une unité de cultu
4261  13-14. ag. Version revue de l’article paru sous le titre : « L’Europe est d’abord une unité de culture », Intégration :
4262 Version revue de l’article paru sous le titre : «  L’ Europe est d’abord une unité de culture », Intégration : Vierteljahres
4263 sous le titre : « L’Europe est d’abord une unité de culture », Intégration : Vierteljahreshefte zur Europaforschung, Brux