1
uestions que se posait, vers la fin de la guerre,
dans
le presbytère d’un village de la Suisse allemande, un jeune pasteur,
2
es menaces de violences sociales. Que devenaient,
dans
tout cela, les belles synthèses de la théologie libérale ? L’arrière-
3
e quotidienne d’un obscur pasteur de campagne, et
dans
lequel, soudain, toute l’Allemagne intellectuelle découvre l’expressi
4
fier de révolutionnaire sur la pensée protestante
dans
le monde entier. Quel est donc le contenu de cette œuvre, où est le s
5
onneraient une idée sinon de la pensée barthienne
dans
son plein développement, du moins de ses thèmes initiaux, de sa « pro
6
ou moins sceptiques, plus ou moins édifiantes ? «
Dans
l’expérience biblique, rien n’est moins important que le mode de l’ex
7
cette situation profondément paradoxale, assumée
dans
sa tragique ironie, que le théologien doit avoir conscience, s’il veu
8
répétant, nous n’avons pas dit la parole de Dieu,
dans
laquelle cette idée devient une réalité, une vérité. » À la formule p
9
de. L’homme ne reçoit son existence véritable que
dans
la parole que Dieu lui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer
10
a théologie à cette étrange main de Jean Baptiste
dans
la Crucifixion de Grünewald, cette main énorme qui désigne le Christ
11
aryenne et trahissait sa foi, Barth s’est dressé
dans
une protestation retentissante, que personne n’a osé faire taire. Son
12
: il est le seul espoir que nous puissions garder
dans
la restauration spirituelle d’une Allemagne profondément paganisée. I
13
e paradoxe joue à plein — écrivait-on à ce propos
dans
un récent article1 — la théologie dialectique de Barth à laquelle on
14
s que l’optimisme naturiste, plongeant l’humanité
dans
un devenir sans issue, aboutit au désespoir. » 1. Albert Béguin, «
15
lhouette élégante du Dr Festus, toujours si digne
dans
l’adversité, bien qu’il lui arrive parfois de pousser « un immense cr
16
le n’est pas même « spirituelle » ; c’est plutôt,
dans
l’espièglerie la plus folle, un humour apitoyé. Si Toepffer s’attendr
17
ombe sur Édouard Rod, qui entrerait difficilement
dans
le cadre de cette étude. Le mince filet d’humour suisse romand rentre
18
de Pierre Girard sont de doux ahuris, qui partent
dans
la vie avec une conscience pure et des gants beurre-frais. Ils ne tar
19
haplinesques, involontaires, touchants, entraînés
dans
une dérive mélancolique dont la source pourrait bien être chez les co
20
s conteurs romantiques allemands, aussi peut-être
dans
la musique de Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz q
21
nds, aussi peut-être dans la musique de Schubert,
dans
tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre
22
qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom
dans
notre langue, et c’est pourquoi sans doute elle ne s’y manifeste que
23
de l’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relisez,
dans
la Rose de Thuringe, le récit du mariage de Virginie présidé par son
24
uisse, au mépris de tous les racismes.) On avait,
dans
ce groupe, une espèce de mystique des objets, du détail authentique,
25
e l’aspect brut des choses et des mots. Imaginez,
dans
cette vision du monde, ce que donnerait l’usage d’un style savant et
26
imat, une invite à naître — une légèreté nouvelle
dans
l’atmosphère de ce pays de pédagogues. J’ai oublié, exprès, de dire q
27
ose. Ce qu’il y a d’ailleurs de plus significatif
dans
le livre, ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé à l’écrire, e
28
n de protestants, celle qui commence à s’exprimer
dans
des revues comme Foi et Vie , Le Semeur , Hic et Nunc . Si, par ai
29
cé, qui n’ignore pas ces influences, s’est limité
dans
son étude au calvinisme le plus strict. Par là même, il se rend plus
30
iles, se réduisait à une contemplation de sa vie.
Dans
cette difficulté, le jeune théologien interroge Calvin. Que trouve-t-
31
n de nous « enseigner à révérence ». On peut dire
dans
ce sens que l’exégèse de Calvin est toute didactique : elle veut sans
32
r des doctrines du xvie siècle renouvelle jusque
dans
le style la verve créatrice de la Réforme. d. Rougemont Denis de,
33
le d’introduction des grands génies de l’étranger
dans
la culture de ce pays. La présentation d’un esprit de l’envergure de
34
e, depuis quelques années qu’on nous parle de lui
dans
les revues philosophiques et littéraires ! Probablement, il s’en fût
35
é. L’impitoyable maîtrise que Kierkegaard apporte
dans
l’analyse psychologique du désespoir, considéré comme une maladie uni
36
s tromper sur le dessein du livre. Nul romantisme
dans
cette analyse, aucune exaltation de nos démons obscurs. Au fond du dé
37
es plus aisées. Les termes hégéliens qui abondent
dans
les premiers chapitres donnent à cette partie du livre une apparence
38
génie familier et ironique de Kierkegaard a créé
dans
cette œuvre une abondance d’illustrations inoubliables. Par ailleurs,
39
ux enfers de notre âme fait songer à Dostoïevski.
Dans
La Répétition 4, on trouvera confondus le poète, le philosophe, l’iro
40
ui cherche à le résoudre, d’abord par le plaisir,
dans
ses formes supérieures, puis par la sagesse morale courante. L’un et
41
e, dont In Vino Veritas constitue l’introduction,
dans
l’étude biographique et critique de Carl Koch6, qui vient combler la
42
tuera, définitivement je l’espère, la perspective
dans
laquelle il faut considérer l’ensemble des écrits de Kierkegaard, et
43
urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe
dans
l’œuvre du danois prophétique, ressuscité par l’angoisse moderne. Koc
44
es mois en Allemagne, en Suisse, à Paris même. Né
dans
les universités, il paraît destiné à répondre d’abord aux préoccupati
45
banquier, une dactylo, un peintre juif — c’était
dans
son atelier — et une grande vedette de music-hall dont la présence di
46
ettre en commun des difficultés intimes, d’entrer
dans
le concret du christianisme. Une dizaine d’entre nous parlèrent, sans
47
rdiaux, un peu trop souriants, comme on en trouve
dans
les pays anglo-saxons. On lui doit, entre autres, un ouvrage fameux s
48
constitués mais par des hommes concrets, agissant
dans
le cercle concret de leur vie. La seule question qu’il y ait donc lie
49
poser est celle-ci : comment atteindre les hommes
dans
le concret de leur existence ? Buchman constate la faillite lamentabl
50
la réalité fondamentale du christianisme primitif
dans
le contact d’homme à homme, dans la confession mutuelle des péchés et
51
ianisme primitif dans le contact d’homme à homme,
dans
la confession mutuelle des péchés et le « partage » (sharing) des grâ
52
i peut nous rendre actifs lorsqu’elle nous engage
dans
une relation concrète avec le prochain. Mais comment s’engager dans c
53
concrète avec le prochain. Mais comment s’engager
dans
cette relation ? L’erreur des chrétiens, trop souvent, c’est qu’ils s
54
la psychologie modernes semblaient avoir abolies
dans
le monde. C’est l’irruption de Dostoïevski dans la bourgeoisie bien-p
55
s dans le monde. C’est l’irruption de Dostoïevski
dans
la bourgeoisie bien-pensante. Le pittoresque, le pathétique de l’aven
56
ésultats visibles et frappants, de retomber ainsi
dans
la vieille croyance à la sanctification par les œuvres. Karl Barth et
57
upes peuvent répondre que leur œuvre se développe
dans
une atmosphère de franchise, d’autocritique, de sobriété spirituelle
58
Peut-être la plus sûre leçon des Groupes est-elle
dans
leur vision concrète de l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme. D
59
te de l’homme et de l’action de Dieu sur l’homme.
Dans
l’incroyable verbalisme de notre temps, dans cet embouteillage de doc
60
mme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temps,
dans
cet embouteillage de doctrines et de programmes où nous sommes pris,
61
l est le plus grand, si la mesure de la grandeur,
dans
sa vision, n’était pas exclusivement dans la réalité qu’un homme inca
62
andeur, dans sa vision, n’était pas exclusivement
dans
la réalité qu’un homme incarne. Qui le connaît en France ? Claudel, q
63
istocratiques. Il embrasse la pauvreté, s’enfonce
dans
les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d’habitation plus vaste qu
64
re habitant du quartier, et non content d’y vivre
dans
un dénuement absolu, ouvre sa chambre aux misérables sans-abris. Ses
65
. Il s’échappe et revient le lendemain. Il prêche
dans
le quartier des prostituées, souvent lapidé. Épuisé par la tuberculos
66
ge atteint 250 000 exemplaires. Son œuvre s’étend
dans
les slums. Mais à ce moment le machinisme s’introduit au Japon, augme
67
s « Je sers ») dont Rougemont donne une recension
dans
Foi et Vie en septembre 1931. Kagawa sera également évoqué par Rougem
68
1931. Kagawa sera également évoqué par Rougemont
dans
un article du Semeur paru en mai 1935.
69
es obstacles et qui crée des conflits dramatiques
dans
les vies les plus dépourvues d’apparences. N’est-ce point-là l’image
70
de foi, et qu’est-ce qu’un protestant sans foi ?
Dans
toutes leurs œuvres, vous chercheriez en vain un roman véritablement
71
te. Et je ne retrouve le calvinisme véritable que
dans
l’Adam et Ève de Ramuz, mais Ramuz accepterait-il une étiquette aussi
72
que possible ? Non, car le christianisme se passe
dans
cette vie ou bien n’est pas le christianisme. Et l’on serait en droit
73
urnaturel. La grâce n’intervient pas ailleurs que
dans
l’« abîme ». On la pressent d’abord dans l’œuvre d’art à certaine qua
74
eurs que dans l’« abîme ». On la pressent d’abord
dans
l’œuvre d’art à certaine qualité du pessimisme qui s’en dégage : pess
75
est le charme profond de Selma Lagerlöf qui revit
dans
ces peintures d’une Laponie lointaine et d’une humanité si proche. Mo
76
lle au temps de son malheur. Puis une grâce vient
dans
sa vie, et désormais l’accompagne en secret tout au long de cette chr
77
n les malentendus que font naître ces expressions
dans
nos esprits encore marqués de préjugés naturalistes. On a voulu nous
78
tait ne rien voir d’autre que le sexe et l’argent
dans
l’existence humaine. Cette espèce de naturalisme est le fruit d’un re
79
sa vérité totale, c’est-à-dire sa poésie. Il y a
dans
Sara Alelia une poésie par endroits bouleversante, une poésie qui naî
80
Eva Margareta, chaussée de galoches trop grandes,
dans
le taudis où son vieux père se saoule et sacre, dix autres scènes enf
81
regard « réaliste » de Hildur Dixetius a su voir
dans
la vie quotidienne des drames singuliers, de bizarres et profondes fo
82
mince visage de belette » qui enterre son enfant
dans
la neige avec une sorte d’innocence animale. La superstition rôde dan
83
e sorte d’innocence animale. La superstition rôde
dans
ces campagnes désertiques ; il y a des fous, des femmes possédées ; d
84
qu’on ignore et qui s’ignorent. Partout et jusque
dans
les choses, un mystère inquiétant se révèle aux yeux de celui qui sai
85
ecture plus courte du même roman a également paru
dans
le Journal de Genève du 25 mai 1934.
86
grandeur d’une Église et sa force ne résident pas
dans
son histoire, mais dans sa vérité, c’est-à-dire dans l’objet de sa fo
87
sa force ne résident pas dans son histoire, mais
dans
sa vérité, c’est-à-dire dans l’objet de sa foi. Mais de cette force e
88
s son histoire, mais dans sa vérité, c’est-à-dire
dans
l’objet de sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est pe
89
ndeur il est permis de rechercher les témoignages
dans
l’ordre de la civilisation, et il est légitime d’en restaurer la mémo
90
sans doute d’envisager l’histoire d’une religion
dans
la perspective de sa théologie ; le rappel constant du dogme suffirai
91
héologie ; le rappel constant du dogme suffirait,
dans
le cas de l’Église protestante, à rétablir la valeur relative des fai
92
ns les rapporter à l’évolution parallèle du dogme
dans
l’Église. De même, John Viénot laisse délibérément de côté tout ce qu
93
oriques de Viénot. La réserve dont il fait preuve
dans
tous ses jugements, l’atténuation volontaire des condamnations qu’il
94
use des plongées directes qu’elle permet d’opérer
dans
la vie publique et privée du xviie siècle, mais encore parce que, à
95
e Viénot, la réserve qu’il observe avec constance
dans
son récit ne peuvent en somme que donner plus de vigueur au langage d
96
t clergé. Il semble bien que la pensée dominante,
dans
toute cette guerre faite à la foi évangélique, ait été celle des Espa
97
tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV,
dans
le domaine de la politique européenne, fut l’œuvre personnelle des ré
98
idée fort peu française de l’unité à tout prix et
dans
tous les ordres, au mépris de toutes les diversités organiques et féc
99
un cadre national centralisé, géométrique, conçu
dans
l’abstraction et imposé par la violence. Pour soutenir un tel dessein
100
es chassés de la ville et jetés comme des ordures
dans
un coin. C’est bien d’ailleurs. Notre part est en Dieu. Nous sommes c
101
⁂ Crainte et Tremblement, qui vient de paraître
dans
la belle collection philosophique de MM. Lavelle et Le Senne, apparti
102
tion que pose cette œuvre, c’est celle de la foi,
dans
l’absolu. Ce n’est pas encore la question que Kierkegaard adressera p
103
e. La vocation singulière de cet homme s’épuisera
dans
le seul acte de l’imposer. Après cet acte, semblable au prince Hamlet
104
il tombera, certain d’avoir accompli sa mission.
Dans
Crainte et Tremblement, Kierkegaard se débat encore avec lui-même. A-
105
a donné Isaac pour la seconde fois ; on ne voit,
dans
toute l’histoire, qu’une épreuve. Une épreuve : c’est beaucoup dire,
106
n récompense d’un acte « fou » et revint avec lui
dans
la vie comme si rien ne s’était passé. Voilà le paradoxe des paradoxe
107
à l’exemple d’Abraham est admirablement analysée
dans
l’introduction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’exposer cl
108
r. ⁂ Qu’est-ce que la foi ? demandait Kierkegaard
dans
Crainte et Tremblement. Qu’est-ce que la vie chrétienne ? demande Kar
109
est-ce que la vie chrétienne ? demande Karl Barth
dans
Culte raisonnable dont le titre contraste singulièrement avec celui d
110
, toute l’insistance du grand théologien se porte
dans
ce livre sur un seul point : l’homme chrétien reste un homme comme le
111
est simplement la vie humaine éclairée par la foi
dans
sa réalité, puis offerte telle quelle « en sacrifice saint et agréabl
112
nale, la vie que chacun doit vivre à sa place, et
dans
sa situation. Mais en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc de l
113
autre, pour la forme du monde à venir ». Il reste
dans
le monde et soumis à ses lois, sachant pourtant qu’il n’appartient pl
114
Mais il est orienté autrement — converti. Il vit
dans
les mêmes servitudes, mais il s’attend à Dieu, non à lui-même ni au m
115
Kierkegaard, nous trouvons le même réalisme fondé
dans
le même paradoxe. La même façon de considérer l’homme à la fois tel q
116
chés et trouvés ». Ainsi parle Édouard Thurneysen
dans
son essai intitulé : Dostoïevski ou les confins de l’homme. Le grand
117
xe. C’est que, plus nettement encore que Berdiaev
dans
L’Esprit de Dostoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager dans
118
stoïevski, le professeur de Bâle a su l’envisager
dans
une perspective chrétienne, hors de laquelle cette œuvre resterait pr
119
nt chaotique, morbide. Ce que nous avons cherché
dans
Dostoïevski, c’est la réponse à cette question : qu’est-ce qu’un homm
120
oblème qu’ils ne peuvent résoudre jusqu’à ce que,
dans
leur maladie justement, percevant leur question dernière, ils découvr
121
s nombreuse qu’on ne pense. Que sait-on de Calvin
dans
notre grand public, sinon qu’il avait les joues creuses, une barbiche
122
matiques ; mais c’est, au-delà de ces formules et
dans
l’orientation où elles nous placent, remonter à cette origine permane
123
ient loisible de parler de ces hommes sans tomber
dans
l’extravagance. Calvin homme, Calvin écrivain, nous ne nous priverons
124
est fort bien exposé par M. Albert-Marie Schmidt
dans
son introduction aux Trois traités que l’on vient de rééditer12. Le g
125
ns le plus vigoureux de ce terme. En la replaçant
dans
l’atmosphère violente et trouble de la Renaissance, M. Schmidt va lui
126
, tour à tour éloquent à l’antique ou rabelaisien
dans
la satire, pourrait en somme s’intituler : Réforme contre Renaissance
127
le que produisit ce siècle bouillonnant ont passé
dans
l’attaque de Calvin : il a su prendre à l’adversaire ses meilleures a
128
initions fort bien venues : Qui veut comprendre,
dans
son essence, le génie littéraire de Calvin, ne doit jamais omettre qu
129
sicisme de Calvin. D’une vivacité presque baroque
dans
les Scandales, orné et pompeux dans l’Épître, sobre et grave dans le
130
esque baroque dans les Scandales, orné et pompeux
dans
l’Épître, sobre et grave dans le Traité de la Cène, ce style garde pa
131
es, orné et pompeux dans l’Épître, sobre et grave
dans
le Traité de la Cène, ce style garde partout les vertus qui, sans dou
132
amment à des trouvailles, une sobriété vigoureuse
dans
l’exposé des sic et non, enfin ce ton naturel de grandeur qui s’accom
133
ses rêveries et nous nous chargerons de l’homme «
dans
ses limites charnelles et temporelles ». C’est aussi ce que dit l’Éva
134
else, on s’étonnera sans doute de le voir figurer
dans
un choix de « mystiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’
135
allemands nous apparaissent surtout intéressants
dans
la mesure où ils annoncent le lyrisme et la philosophie d’une des plu
136
ote de lecture sur le même livre a également paru
dans
la Nouvelle Revue française d’octobre 1935.
137
que le nom de Wilfred Monod évoque immédiatement,
dans
l’esprit de tout protestant, deux grands mouvements de pensée et d’ac
138
grande espérance œcuménique et internationale née
dans
le « désarroi » de l’après-guerre, et qui trouva lors du fameux congr
139
ntérêt du présent ouvrage ne réside pas seulement
dans
le récit d’une exploration hasardée en des régions peu connues, mais
140
n hasardée en des régions peu connues, mais aussi
dans
la constante présentation d’un double cheminement : la recherche du p
141
ieu omnipotent du dogme. En effet, Dieu n’est pas
dans
la Nature, il n’en est ni le maître ni l’auteur : voilà la thèse capi
142
sant ; il a enseigné que le vrai Dieu s’incarnait
dans
un crucifié vaincu ». Par une espèce de paradoxe — personne n’a chéri
143
e à l’homme comme le Père que par son incarnation
dans
le Fils, reconnue grâce au Saint-Esprit. Laissons l’aspect théologiqu
144
là de littérature, bien que l’auteur s’en défende
dans
sa préface. Cela nous vaut des pages fort curieuses sur la Nature, de
145
ption poignante de réalisme, d’un ensevelissement
dans
la fosse commune. Le mérite capital de cette vision totalitaire du ré
146
otalitaire du réel, c’est qu’elle replace l’homme
dans
la perspective cosmique dont un maigre intellectualisme dogmatique no
147
dire que M. Monod revient de loin. Les Soliloques
dans
la nuit, fragments d’un journal de jeunesse qui remplissent 200 pages
148
ue de l’ouvrage de Wilfred Monod paraît également
dans
Hic et Nunc de mai 1935, sous le titre : « Soirée chez Nicodème ».
149
en France ? Qu’il rompu l’unité de l’Église. Mais
dans
quelles circonstances ? Poussé par quelles raisons ? Et pour quelles
150
on séculaire, de cette grande tension spirituelle
dans
laquelle l’Europe a puisé son dynamisme créateur : l’opposition du té
151
e, et peu au fait de la problématique chrétienne,
dans
cet ouvrage, qui est avant tout celui d’un grand théologien ? Une ver
152
. À cet égard, il n’est nullement exagéré de voir
dans
le Traité du serf arbitre une sorte de résumé — très peu systématique
153
ésire vraiment que le péché. La liberté n’est pas
dans
l’homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant à u
154
le péché. La liberté n’est pas dans l’homme, mais
dans
l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un destin fatal une
155
ble à celui de Luther : la liberté est à ses yeux
dans
la connaissance virile d’une nécessité immuable, acceptée et aimée co
156
d’Érasme. Le trop prudent humaniste eût-il saisi
dans
son sérieux dernier la réalité d’un dilemme qui sacrifie l’homme à la
157
e perd. Et peut-être, avec lui, l’art tout court.
Dans
la littérature du xxe siècle, il n’y a plus de grands mythes, il y a
158
eur » qu’il était censé détenir. (Déjà M. Weidlé,
dans
ses Abeilles d’Aristée, constate le « crépuscule des mondes imaginair
159
roit guère à ce pouvoir mortel d’un anneau dérobé
dans
une tombe (L’Anneau des Löwensköld). L’auteur lui-même sourit entre l
160
tout dès qu’il agit sans charité (thème fréquent
dans
la littérature nordique). C’est à l’avant-dernière page seulement que
161
êtres, malgré leur scepticisme ou leurs bravades,
dans
la mesure où les religions obscures dominent ceux qui n’ont pas la fo
162
de ces « situations » que Lagerlöf noue et dénoue
dans
chaque chapitre avec une prodigalité vraiment géniale. Le jeune paste
163
elle ne s’engage pas sur la route, elle s’arrête
dans
un pré voisin. Karl-Artur doute, tremble, et marche toujours. Voici v
164
lui, elle tourne à droite. Il poursuit son chemin
dans
une exaltation croissante, priant et reprenant courage. Soudain une f
165
n juste en face de lui ; une jeune Dalécarlienne,
dans
son costume de marchande ambulante. « Elle brillait comme une rose sa
166
le ne sait ni lire ni écrire. On peut surprendre,
dans
cette scène étonnante, l’un des secrets de l’art de Selma Lagerlöf. L
167
œuvre admirable, c’est celui du travail de la foi
dans
la réalité totale d’un peuple, qu’elle trouble, assemble, juge et sau
168
ui vient de lire les Löwensköld, que de retrouver
dans
les souvenirs publiés sous le titre de Morbacka les origines biograph
169
le. Ces presbytères campagnards — que de pasteurs
dans
la famille des romanciers du Nord ! — environnés de paysages de rêve,
170
ts des personnages. Considérez ces trois facteurs
dans
le roman de la grande époque (xixe siècle) et voyez si leur décadenc
171
suffit pas à expliquer la crise actuelle du genre
dans
notre société. 15. L’Anneau des Lowensköld, Charlotte Lowensköld,
172
et 1937, p. 8. t. Rougemont en fait la recension
dans
la NRF de novembre 1937.
173
cipaux collaborateurs de la revue Esprit , écrit
dans
plusieurs revues des articles qui ne sont jamais indifférents. Il a t
174
icles qui ne sont jamais indifférents. Il a tenu,
dans
notre journal, la rubrique de la vie protestante. Ayant fait de solid
175
es études à Vienne et en Allemagne, il a enseigné
dans
une ville universitaire où il rédigea, en 1936, ce Journal d’Allemag
176
ovince : il a séjourné de longs mois en Vendée et
dans
le Midi. Son Journal d’un intellectuel en chômage témoigne de la cu
177
nent souvent lieu de vie intérieure. Il me reçoit
dans
la maison de M. Charles Du Bos, à La Celle-Saint-Cloud, maison simple
178
se supporter au bout de trois ans de vie commune
dans
la forêt et qui, Tristan ayant épousé Iseut aux blanches mains, l’aut
179
passion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que
dans
la mort, et inspirera tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord l
180
el de toute la littérature occidentale, n’a surgi
dans
la littérature orientale que tout dernièrement, à la suite du christi
181
ar le goût de la mort que l’on retrouve à la fois
dans
le catharisme, dans Tristan et Iseut et chez les lyriques courtois, g
182
t que l’on retrouve à la fois dans le catharisme,
dans
Tristan et Iseut et chez les lyriques courtois, goût qui n’est autre
183
st très simple. Nous souffrons d’avoir été élevés
dans
une double contradiction. Romans, poèmes, musique, l’art et la littér
184
Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie
dans
l’adultère. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent de l’aventur
185
achseln, où il eut dix enfants. Puis il se retira
dans
un ermitage, où pendant vingt ans il se mortifia, jeûnant complètemen
186
paix par le covenant de 1481. Puis il se retourna
dans
son ermitage et y mourut. C’est un beau sujet. N’est-ce pas ? Ce dram
187
e drame, avec musique d’Honegger, sera représenté
dans
un théâtre en plein air, devant cinq ou six-mille spectateurs. La scè
188
me des slogans. Le chœur jouera un rôle important
dans
l’action, comme dans la tragédie grecque. C’est un travail tout nouve
189
œur jouera un rôle important dans l’action, comme
dans
la tragédie grecque. C’est un travail tout nouveau pour moi, et très
190
tentissante, intitulée L’Amour et l’Occident et
dans
laquelle il démontrait que l’idée de passion amoureuse trouvait ses o
191
l’idée de passion amoureuse trouvait ses origines
dans
la poésie cathare. Pour les disciples d’Emmanuel Mounier, il est surt
192
x analysé la résistible ascension d’Adolf Hitler (
dans
Journal d’Allemagne et Journal des deux mondes notamment). Pour l
193
e fait penser à une sorte d’animal, qui penserait
dans
un idiome bizarre et incompréhensible, et choisirait, quand il ouvre
194
à la communauté où il l’exerce. C’est d’ailleurs
dans
cette notion de l’homme que je place le point d’insertion de Dieu. Je
195
’en ai effectivement pensé et dit beaucoup de mal
dans
mon Journal d’Allemagne , paru en 1938. J’eus d’ailleurs d’autres dé
196
autorités allemandes, quand j’écrivis un article
dans
la Gazette de Lausanne sur l’entrée de Hitler dans Paris. Les Alleman
197
ans la Gazette de Lausanne sur l’entrée de Hitler
dans
Paris. Les Allemands demandèrent que je sois puni et j’ai reçu quinze
198
ui réalisa une extraordinaire vitrine surréaliste
dans
une librairie de la 5e Avenue pour l’exposition de mon livre : La Pa
199
Europe en 1946, Denis de Rougemont s’engage alors
dans
l’action politique en militant pour la cause du fédéralisme européen.
200
libre et responsable ; de même pour chaque nation
dans
l’Europe fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à
201
où Ionesco a trouvé le sujet de son Rhinocéros ?
Dans
mon Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui me l’a dit. w. Rouge
202
950, et le Congrès pour la liberté de la culture,
dans
lequel Rougemont s’engagea en parallèle, mais dont il ne fut « que »
203
e ne sont plus du tout inconcevables : elles sont
dans
les journaux. L’écho de cette page fut immense et je sais peu de phr
204
uisait l’idée que chaque peuple est « un individu
dans
la marche de l’histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à
205
elle, et l’on rejoint la phrase de Valéry. Enfin,
dans
un effort tout à fait admirable pour embrasser l’ensemble des culture
206
notre angoisse quant à l’état présent de l’Europe
dans
le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècle pré
207
que les précédents historiques soient applicables
dans
notre situation, ni que la courbe croissance-grandeur-décadence soit
208
r-décadence soit la même pour toutes les cultures
dans
tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spengler
209
é la disparition de la civilisation gréco-romaine
dans
la partie occidentale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’Eu
210
té autre chose qu’une unité paradoxale consistant
dans
la seule volonté commune à tous de refuser l’uniformité. Où sont le
211
mise, à présent que la terre entière est explorée
dans
ses derniers recoins. Alexandre le Grand et les empereurs chinois s’i
212
ais comment expliquer ce phénomène sans précédent
dans
toute l’Histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née
213
du monde. Nous avons vu aussi que l’Europe envoie
dans
le monde plus de machines et d’assistants techniques que de livres et
214
sines, à mi-chemin entre l’animal et l’Égyptien. (
Dans
le même style, Bismarck définit le Bavarois comme « cet être interméd
215
nc nécessairement demeurer régionales et décliner
dans
les limites de leur empire. En revanche, la conception chrétienne exp
216
er ou disparaître, sans entraîner le genre humain
dans
son désastre ? Deuxième raison : La civilisation européenne a créé le
217
e ne sont plus du tout inconcevables : elles sont
dans
les journaux ». Depuis lors, on a retrouvé — et même joué — plusieurs
218
udelaire, et de Paul Valéry lui-même, reproduites
dans
le monde entier, enregistrées sur bandes et sur microsillons, elles s
219
ar la grecque et la romaine, dont l’essentiel vit
dans
la nôtre, sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes ont été préser
220
’emparant de l’empire des Aztèques. Il s’agissait
dans
tous ces cas de civilisations locales, entourées de « barbares » mal
221
ation des mandarins, c’est l’URSS qui a introduit
dans
l’Empire emmuré ce nouveau cheval de Troie occidental : la technique,
222
ental : la technique, et tout ce qu’elle entraîne
dans
les mœurs et les modes de penser d’une nation. Le fameux « bon en ava
223
e son émancipation actuelle ne consiste nullement
dans
l’avènement d’une civilisation originale, ou de quelque néo-tribalism
224
, ou de quelque néo-tribalisme, mais au contraire
dans
l’adoption bien trop rapide des formes de vie politique, sociale et é
225
Lettre ouverte aux Européens , qui prendra place
dans
la collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan. Dans cette Lettre , De
226
ans la collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan.
Dans
cette Lettre , Denis de Rougemont montre tout ce qui rapproche et to
227
ue j’ai découvert un peu l’Europe. Quand j’allais
dans
le Midi des troubadours, j’éprouvais un curieux sentiment de reconnai
228
e sentiment venait de ce que j’avais des ancêtres
dans
tous ces pays-là. Si je regarde l’ascendance de mon père, je m’aperço
229
’amour au sens de l’amour-passion que j’ai décrit
dans
mon livre fut quelque chose de très important dans ma vie. L’oppositi
230
ans mon livre fut quelque chose de très important
dans
ma vie. L’opposition entre l’amour-passion et le mariage est au fond
231
opposition qui paraissait éclatante entre l’amour
dans
le mythe de Tristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui di
232
entre l’amour dans le mythe de Tristan et l’amour
dans
le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la collection Présence, chez
233
ux volets opposant le mythe de Tristan et l’amour
dans
le mariage. Et nous avons pris date. Je devais lui donner mon livre e
234
les 450 pages en trois mois. Comme je l’ai écrit
dans
la préface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois de travail et t
235
tais devenu, hélas ! aux yeux de beaucoup de gens
dans
beaucoup de pays un expert sur les choses de l’amour. Quand les gens
236
né. J’ai tâché de suivre un peu ce qui se passait
dans
la vie de ces gens qui m’avaient fait des confidences et je me suis a
237
vorce après mes années d’Amérique. C’est pourquoi
dans
la nouvelle édition qui a paru en 1954ae j’ai ajouté un long chapitre
238
passion plus de droits que je ne lui en laissais
dans
mon premier livre. Que pensez-vous aujourd’hui ? Je continue à penser
239
continue à penser qu’il faudrait élever les gens
dans
une méfiance profonde de ce que représente la passion. C’est au fond
240
ion du mythe de Tristan que je m’élevais, surtout
dans
L’Amour et l’Occident , et non pas contre le mythe. Cela n’aurait pa
241
ique sa ligne de douaniers et il en a résulté que
dans
la région que j’habite, qui est prétendument zone franche, nous somme
242
quelque chose que probablement tout homme a senti
dans
le fond de soi-même comme l’achèvement. Cela n’a rien à voir avec la
243
sentiment d’épanouissement suprême, une floraison
dans
le ciel accompagnée d’une grande euphorie et d’un grand bonheur. Et v
244
éralement quelques notes au moment de m’endormir.
Dans
ces notes, je dis absolument tout, mon incroyance, ma croyance, ma di
245
s croire. Tout cela avec la plus grande précision
dans
le détail, car il n’y a là que la précision qui est intéressante ; en
246
veut peut-être dire que le problème est mal posé
dans
ma tête, ou dans mon existence. À quoi j’en reviens toujours finaleme
247
ire que le problème est mal posé dans ma tête, ou
dans
mon existence. À quoi j’en reviens toujours finalement, c’est à ceci
248
liste ou qu’il faut être de gauche ? Nous entrons
dans
l’arbitraire total. Si, au contraire, j’entre dans le monde où Dieu e
249
ans l’arbitraire total. Si, au contraire, j’entre
dans
le monde où Dieu existe, alors il y a un sens, il y a quelque chose q
250
é que nous savons la place infime que nous tenons
dans
l’univers. Je fais quelquefois cette comparaison un peu élémentaire,
251
sait quel ardent Européen est Denis de Rougemont.
Dans
son dernier livre, publié chez Albin Michel, Lettre ouverte aux Euro
252
n’est donc pas étonnant qu’on en réentende l’écho
dans
sa conversation avec Pierre Lhoste. » ad. Le texte auquel Rougemont
253
mmes ont essayé de la faire : Napoléon et Hitler.
Dans
les deux cas, l’expérience séculaire ou millénaire qu’ils prétendaien
254
cobin et napoléonien, copié par plus de cent pays
dans
le monde entier, l’État-nation à souveraineté théoriquement illimitée
255
aturelles. Et nous l’avons cru ! Or tout est faux
dans
cet enseignement. Il n’y a pas de cultures nationales La culture
256
t nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge,
dans
une ville universitaire, les colonies d’étudiants venus d’une même ré
257
enne, c’était un peu comme nos maisons nationales
dans
une cité universitaire. Mais à l’Université même, on ne parlait qu’en
258
n’était pas question de les enfermer pour autant
dans
les frontières d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos
259
quer entre eux qu’au moyen d’idéogrammes dessinés
dans
la paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans leurs
260
de leur main, les Européens retrouvent sans peine
dans
leurs langues non seulement les formes et les mots dérivés de leur co
261
par l’usage ecclésiastique, se retrouve aisément
dans
toutes nos langues : évêque, vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop,
262
e. Cette notion prend son origine sous Louis XIV,
dans
les guerres contre l’Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle
263
e par la Révolution française, et elle a triomphé
dans
l’enseignement de la géographie au xixe , là encore contre toute évid
264
peuples est une, quoique tissée de contradictions
dans
sa genèse même, qu’elle s’est formée à partir d’influences indo-europ
265
rit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi :
dans
chacun vous trouverez des croyants et des incroyants, des hommes de g
266
tes villes comme Tubingue, Iéna, Weimar ou Dresde
dans
les Allemagnes romantiques, celles de Hegel ou de Schelling, de Hölde
267
lité inégalée de notre culture européenne, il est
dans
cette interaction perpétuelle des grands courants continentaux, qui é
268
question et renouvellent les données communes. Or
dans
ce jeu entre les grands courants et les foyers locaux, entre l’unité