1
s vraies raisons, les vrais problèmes. « Pasteur,
je
devais parler à des hommes aux prises avec les contradictions inouïes
2
. Souvent ces deux grandeurs, la vie et la Bible,
m’
ont fait l’effet — ne me le font-elles pas encore ? — d’être Charybde
3
eurs, la vie et la Bible, m’ont fait l’effet — ne
me
le font-elles pas encore ? — d’être Charybde et Scylla. Si c’est cela
4
l’origine et le but de la prédication chrétienne,
me
disais-je, qui donc doit, qui donc peut être pasteur et prêcher ? » T
5
et le but de la prédication chrétienne, me disais-
je
, qui donc doit, qui donc peut être pasteur et prêcher ? » Tourmenté p
6
détresse de leur existence les a conduits à nous,
je
le répète, si nous ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne
7
seuls avec ces bien-disposés et ces timorés dont
j’
ai parlé. » Ce ton ne pouvait pas tromper. Il y avait là un homme, une
8
par Pierre Maury et Alexandre Lavanchy (Éditions “
Je
sers”) », Les Nouvelles littéraires, Paris, n° 585, 30 décembre 1933,
9
vrier 1934)c Le Suisse romand est-il sérieux ?
Je
crains que mes raisons d’en douter n’ébranlent guère la solide réputa
10
Le Suisse romand est-il sérieux ? Je crains que
mes
raisons d’en douter n’ébranlent guère la solide réputation de gravité
11
énumération, pourtant inévitable, se révèle, pour
mon
entreprise, catastrophique. Persistons en dépit du bon sens. Pourquoi
12
peut espérer qu’il les faire rire tous les deux ?
Je
ne songe pas tant aux traditionnelles farces de père de famille en li
13
d’auteurs comiques : il s’agit d’abord de poètes.
Je
crains même de leur faire du tort en écrivant qu’ils sont drôles. (De
14
de Cingria, lequel n’est Suisse que par accident,
j’
ose à peine dire par l’état civil. « Je n’ai pas de passeport ; je n’e
15
accident, j’ose à peine dire par l’état civil. «
Je
n’ai pas de passeport ; je n’en ai jamais eu ; s’il doit être que j’e
16
re par l’état civil. « Je n’ai pas de passeport ;
je
n’en ai jamais eu ; s’il doit être que j’en doive un avoir un, je veu
17
eport ; je n’en ai jamais eu ; s’il doit être que
j’
en doive un avoir un, je veux qu’il ne soit de ceux que j’aie fabriqué
18
s eu ; s’il doit être que j’en doive un avoir un,
je
veux qu’il ne soit de ceux que j’aie fabriqués moi-même. » Ainsi s’ex
19
ve un avoir un, je veux qu’il ne soit de ceux que
j’
aie fabriqués moi-même. » Ainsi s’exprime Bruno Pomposo, dont Cingria,
20
t Ramuz ont su voir et dire l’importance, et dont
je
me contenterai de signaler ici l’humour absolument original. Cingria
21
amuz ont su voir et dire l’importance, et dont je
me
contenterai de signaler ici l’humour absolument original. Cingria fit
22
ngria. Un humour romand… Trois auteurs seulement,
me
dira-t-on ? Trois dimensions plutôt. Cela suffit pour créer un espace
23
velle dans l’atmosphère de ce pays de pédagogues.
J’
ai oublié, exprès, de dire que c’est aussi le pays d’origine de Michel
24
de pages précises, mesurées, et convaincantes. Il
me
semble que cette préface caractérise d’une façon remarquable l’évolut
25
n peut y lire ceci, en matière d’introduction : «
Je
suis et j’ai toujours été un auteur religieux ; toute ma carrière lit
26
re ceci, en matière d’introduction : « Je suis et
j’
ai toujours été un auteur religieux ; toute ma carrière littéraire se
27
et j’ai toujours été un auteur religieux ; toute
ma
carrière littéraire se rapporte au christianisme, et en particulier à
28
alis des dévots… Mais plus près de Luther, aussi.
Je
me borne à citer In vino veritas 5. Non point que cet ouvrage ne méri
29
s des dévots… Mais plus près de Luther, aussi. Je
me
borne à citer In vino veritas 5. Non point que cet ouvrage ne mérite
30
tidieusement. Surtout, il situera, définitivement
je
l’espère, la perspective dans laquelle il faut considérer l’ensemble
31
Kierkegaard une introduction plus systématique ?
Je
ne le pense pas. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vie
32
qu’il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or,
je
tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce q
33
ci nous aidera. 2. Point de vue explicatif sur
ma
carrière d’auteur, non traduit. 3. Trad. J. Gateau et K. Ferlov. Gal
34
danois par A. Nicolet et F. B. Janson (Éditions «
Je
sers »). e. Rougemont Denis de, « Quelques œuvres et une biographie
35
els, hommes d’affaires, prolétaires et bourgeois.
J’
ai assisté cet hiver, à Paris, à l’une des rencontres du Mouvement : i
36
e, ni excès d’aucune sorte. À plus d’une reprise,
j’
eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours, d’entendre des gens d
37
d’entendre des gens dire la vérité sur eux-mêmes.
Je
sortis assez déçu, comme on sort en général de toutes les rencontres
38
général de toutes les rencontres prévues. Ce que
je
savais du Mouvement m’avait fait espérer, secrètement, autre chose, p
39
rencontres prévues. Ce que je savais du Mouvement
m’
avait fait espérer, secrètement, autre chose, peut-être des confession
40
chose, peut-être des confessions sensationnelles.
J’
avais tort, et l’on s’en convaincra en lisant le petit livre d’Harold
41
e Kagawa soit l’homme le plus réel d’aujourd’hui.
Je
dirais qu’il est le plus grand, si la mesure de la grandeur, dans sa
42
que la note, il s’agit d’Avant l’aube (Éditions «
Je
sers ») dont Rougemont donne une recension dans Foi et Vie en septemb
43
934)h i Voulez-vous un paradoxe ? Littéraire ?
Je
détiendrais volontiers celui-ci : que le roman est un genre protestan
44
r — ce sera l’honorable, la géniale exception. Il
me
reste à vous démontrer, ce qui n’est pas trop difficile, que Dostoïev
45
parle du roman, vous ne voyez que Balzac et Zola.
Je
vois aussi le pasteur Sterne, le Goethe des Affinités, Jacobsen, Geor
46
us y êtes ! — Lawrence, parfaitement. Voyez-vous,
je
ne dis pas qu’ils furent tous des chrétiens. Plusieurs ont même écrit
47
en écrire que des protestants, malgré eux. Quand
je
dis romanciers protestants, entendez romanciers de climats protestant
48
n si l’édit de Nantes n’avait pas été révoqué ! —
Je
vous accorde volontiers ce quart. Quel avantage y voyez-vous pour vot
49
yez-vous pour votre foi ? — Oh ! Pas le moindre !
Je
constate un fait. Mais laissons là le paradoxe. Vous n’ignorez pas pl
50
ssons là le paradoxe. Vous n’ignorez pas plus que
moi
que la plupart des romanciers dont j’allais vous citer les noms n’ont
51
s plus que moi que la plupart des romanciers dont
j’
allais vous citer les noms n’ont guère de protestant que l’origine, et
52
ne décrit guère qu’une aberration janséniste. Et
je
ne retrouve le calvinisme véritable que dans l’Adam et Ève de Ramuz,
53
étiquette aussi compromettante ? À parler franc,
je
ne connais qu’un seul roman moderne authentiquement « réformé ». Un g
54
erne authentiquement « réformé ». Un grand roman,
je
crois. C’est Sara Alelia, de Mme Hildur Dixelius. On vient de le trad
55
’est aussi, et d’abord, un roman de la perdition.
J’
y vois une suite d’illustrations vivantes du fameux paradoxe luthérien
56
d’une humanité si proche. Moins d’art peut-être,
je
veux dire moins d’apparent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling
57
otidienne. Vie quotidienne, réalisme, pessimisme.
Je
vois bien les malentendus que font naître ces expressions dans nos es
58
clusions amères. Amères pour la critique surtout,
je
crois. Car Sara Alelia trouvera son public ; c’est un livre qui a le
59
u suédois par Anne-Marie des Courtis. (Éditions «
Je
sers ».) h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Au sujet d’un roma
60
, et c’est peut-être le seul reproche sérieux que
je
me sente le droit de formuler devant sa monumentale Histoire de la Ré
61
t c’est peut-être le seul reproche sérieux que je
me
sente le droit de formuler devant sa monumentale Histoire de la Réfor
62
les mesures de « mise au pas » prises par Hitler
me
paraît riche d’enseignements très actuels. Chez Louis XIV comme chez
63
la chrétienté de son temps : la foi étant ce que
j’
ai dit – le paradoxe le plus inouï – avez-vous cette foi, êtes-vous vr
64
sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire :
j’
ai cette foi-là ? La réflexion philosophique que Kierkegaard enchaîne
65
qui se posent sérieusement la question : en quoi
ma
foi doit-elle transformer ma vie ? Or, toute l’insistance du grand th
66
a question : en quoi ma foi doit-elle transformer
ma
vie ? Or, toute l’insistance du grand théologien se porte dans ce liv
67
erdu. Sa sanctification ne doit pas le conduire à
je
ne sais quelle « spiritualisation » tout illusoire ou évasive. Elle c
68
ec une passion convaincante. De divers côtés l’on
m’
a demandé de préciser, à propos d’une de mes récentes chroniques, ce q
69
s l’on m’a demandé de préciser, à propos d’une de
mes
récentes chroniques, ce qu’il fallait entendre par le protestantisme
70
it entendre par le protestantisme de Dostoïevski.
Je
ne saurais mieux répondre qu’en renvoyant au livre de M. Thurneysen.
71
par Karl Barth, traduit par P. Maury (Éditions «
Je
sers »). – Dostoïevski ou les confins de l’homme, par Édouard Thurney
72
uard Thurneysen, traduit par P. Maury (Éditions «
Je
sers »). k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Kierkegaard, Dosto
73
fait guère honneur à notre liberté d’esprit. Mais
je
m’en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui marque la plupa
74
t guère honneur à notre liberté d’esprit. Mais je
m’
en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui marque la plupart
75
Sauveur en croix : « Il faut qu’il croisse et que
je
diminue. » C’est donc sous l’angle de leur vocation particulière, et
76
la paix selon le monde à la vérité combattante :
Je
m’adresse à ceux qui abusent du nom de la chrétienté pour nourrir une
77
paix selon le monde à la vérité combattante : Je
m’
adresse à ceux qui abusent du nom de la chrétienté pour nourrir une pa
78
xviie et la dissolution voluptueuse du xixe . Il
m’
apparaît que le style d’un Calvin peut nous être un puissant roboratif
79
nnier. Introduction de A.-M. Schmidt. (Éditions «
Je
sers », Paris.) l. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Trois trait
80
de dangers et de merveilles. Le choix des textes
me
paraît des plus heureux, la traduction ferme et coulante. La plupart
81
’une des plus hautes périodes de l’esprit humain.
J’
entends le premier romantisme allemand, encore si mal connu chez nous.
82
en mériterait un examen critique dont le cadre de
ma
chronique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais le sous-titre de
83
omme ce serait le devoir d’un traité dogmatique.
Je
m’adresse aux chrétiens, mais plus encore aux autres. Mon cœur est to
84
e ce serait le devoir d’un traité dogmatique. Je
m’
adresse aux chrétiens, mais plus encore aux autres. Mon cœur est tourn
85
resse aux chrétiens, mais plus encore aux autres.
Mon
cœur est tourné vers les agnostiques, les sceptiques, les incrédules,
86
désespérés (termes qui ne sont pas synonymes) et
je
leur propose de méditer le problème du Bien. Si des croyants peuvent
87
iastique plus précise et restreinte que celle que
je
lui donne ici — M. Monod rejoint souvent des conclusions théologiques
88
fournissent un matériel métaphorique inépuisable.
Je
n’y vois pas d’inconvénient à priori, mais à coup sûr, il s’agit là d
89
n état de controverse intérieure et abstraite, où
je
crains bien que la jeunesse d’aujourd’hui ne voie plus qu’une fièvre
90
nui inhérent aux gros livres. C’est une somme, ai-
je
dit, une étrange et vivante compilation de notes, de journaux, de let
91
s diminué par certains calembours trop plaisants.
Je
dirai, pastichant M. Monod, que ces ébauches suggestives ne vont pas
92
vont pas sans quelque débauche intellectuelle. Et
je
redoute que certains fidèles ne soient gênés, comme je le suis, par l
93
doute que certains fidèles ne soient gênés, comme
je
le suis, par l’affirmation répétée que l’auteur « écrit à genoux ». A
94
it à genoux ». Au sous-titre du Problème du Bien,
j’
apposerais volontiers cet argument : comment un protestant se libère d
95
n hardie du cosmos. Quant à sa thèse théologique,
je
me contente de suggérer qu’on l’admettrait plus aisément si l’auteur
96
ardie du cosmos. Quant à sa thèse théologique, je
me
contente de suggérer qu’on l’admettrait plus aisément si l’auteur ne
97
e philosophie qui ne saurait plus être la nôtre :
j’
entends le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Révélation, m
98
Emmanuel — Kant en l’espèce ? M. Monod ne saurait
m’
en vouloir de lui retourner une boutade qui porte évidemment sa marque
99
lus qu’aucune autre les destinées de l’Occident. (
Je
ne fais là, bien entendu, qu’une constatation historique.) Remercions
100
ier à la brillante biographie de Stefan Zweig, et
j’
ajouterais : à toute l’œuvre récente du parfait disciple d’Érasme que
101
a vérité ? 14. Traduit du latin, aux Éditions «
Je
sers ». Préface de M. le professeur A. Jundi. q. Rougemont Denis de
102
s et fuguées. À défaut de tout résumé imaginable,
j’
aimerais citer ici une seule de ces « situations » que Lagerlöf noue e
103
llait comme une rose sauvage. » Il s’arrête. « Tu
me
regardes comme si j’étais une bête curieuse, dit-elle. On croirait qu
104
sauvage. » Il s’arrête. « Tu me regardes comme si
j’
étais une bête curieuse, dit-elle. On croirait que tu as rencontré un
105
ie, de l’imagination fabulatrice. Et c’est là que
je
vois le très grand intérêt de ces souvenirs — dont le charme, d’aille
106
suédois par M. Metzger et T. Hammar. (Éditions «
Je
sers ».) 16. Morbacka, souvenirs, mêmes traducteurs. (Stock.) s.
107
leur tiennent souvent lieu de vie intérieure. Il
me
reçoit dans la maison de M. Charles Du Bos, à La Celle-Saint-Cloud, m
108
le sérieux du regard. Il rit malicieusement quand
je
lui parle du petit scandale que risque de provoquer son dernier livre
109
es héros de la passion, ne s’aimaient pas ? Quand
j’
ai commencé à écrire mon livre, je voulais simplement étudier ce mythe
110
ne s’aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire
mon
livre, je voulais simplement étudier ce mythe et analyser la crise du
111
ent pas ? Quand j’ai commencé à écrire mon livre,
je
voulais simplement étudier ce mythe et analyser la crise du mariage à
112
ser la crise du mariage à notre époque. Mais plus
je
relisais les différentes versions du roman, plus je me sentais gêné,
113
relisais les différentes versions du roman, plus
je
me sentais gêné, mal à l’aise. Ce Tristan et cette Iseut qui restent
114
lisais les différentes versions du roman, plus je
me
sentais gêné, mal à l’aise. Ce Tristan et cette Iseut qui restent ind
115
s dont personne n’a osé proposer une explication.
J’
ai beaucoup réfléchi avant d’arriver à cette conviction, que je suis p
116
réfléchi avant d’arriver à cette conviction, que
je
suis prêt à défendre : ce que Tristan et Iseut aiment, c’est le fait
117
l’aime, il se borne à répéter : « Amor par force
me
demeisne ». C’est la passion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que
118
t posé la question sans pouvoir la résoudre. Pour
moi
, l’explication n’est pas douteuse. L’amour courtois est directement i
119
Ainsi tous les troubadours étaient des cathares ?
J’
en suis persuadé, dit Denis de Rougemont, qui s’anime en exposant une
120
e tout dernièrement, à la suite du christianisme.
J’
avoue que votre démonstration me paraît convaincante. Mais comment cet
121
du christianisme. J’avoue que votre démonstration
me
paraît convaincante. Mais comment cette interprétation du mythe a-t-e
122
répugnent à l’emploi des méthodes freudiennes. Or
j’
ai été frappé par le goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans
123
littérature ? Denis de Rougemont réfléchit : Non,
je
crois que nous sommes à une époque de transition, que ce mythe risque
124
lle puissent trouver une solution nouvelle ? Pour
moi
, répond Denis de Rougemont, il ne peut y avoir qu’une solution : le m
125
e, sur quoi le fondez-vous ? Sur la fidélité, qui
me
paraît en même temps le véritable fondement de la personnalité. Mais
126
véritable fondement de la personnalité. Mais pour
moi
cette fidélité doit être observée en vertu de l’absurde. Elle est aus
127
qualités agréables assez difficiles à concilier.
Je
le sais, je suis très exigeant. Pour moi, le mariage devrait être une
128
éables assez difficiles à concilier. Je le sais,
je
suis très exigeant. Pour moi, le mariage devrait être une institution
129
oncilier. Je le sais, je suis très exigeant. Pour
moi
, le mariage devrait être une institution qui maintient la passion no
130
bien certains efforts et certains sacrifices, il
me
semble. Ne devez-vous pas publier un roman, dont le titre, La Folle V
131
La Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui,
je
l’ai écrit presque en même temps que L’Amour et l’Occident . Mais je
132
e en même temps que L’Amour et l’Occident . Mais
je
ne le ferai pas paraître tout de suite. J’ai aussi terminé deux livre
133
. Mais je ne le ferai pas paraître tout de suite.
J’
ai aussi terminé deux livres d’essais : Doctrine fabuleuse et Les P
134
ram e. Et en ce moment, à quoi travaillez-vous ?
J’
ai en chantier un livre sur La Réforme comme Révolution. Mais je l’ai
135
er un livre sur La Réforme comme Révolution. Mais
je
l’ai un peu délaissé au profit d’un drame que j’écris pour l’Expositi
136
je l’ai un peu délaissé au profit d’un drame que
j’
écris pour l’Exposition de Zurich. Je veux mettre en scène un héros su
137
un drame que j’écris pour l’Exposition de Zurich.
Je
veux mettre en scène un héros suisse, le bienheureux Nicolas de Flue,
138
trois étages, qu’il faut ne jamais laisser vides.
J’
écris des phrases très courtes, un peu comme des slogans. Le chœur jou
139
gédie grecque. C’est un travail tout nouveau pour
moi
, et très amusant. Avant de quitter Denis de Rougemont, je lui demande
140
rès amusant. Avant de quitter Denis de Rougemont,
je
lui demande s’il n’attend pas avec une certaine curiosité les réactio
141
de répondre, puis son visage devient plus grave :
Je
n’attache pas une grande importance aux querelles que pourraient me c
142
ne grande importance aux querelles que pourraient
me
chercher les savants. Ce qui me touche, c’est que mon livre, paru il
143
es que pourraient me chercher les savants. Ce qui
me
touche, c’est que mon livre, paru il y a huit jours, m’a déjà valu de
144
chercher les savants. Ce qui me touche, c’est que
mon
livre, paru il y a huit jours, m’a déjà valu de nombreuses lettres d’
145
che, c’est que mon livre, paru il y a huit jours,
m’
a déjà valu de nombreuses lettres d’hommes et de femmes qui se trouvai
146
es et de femmes qui se trouvaient mal mariés. Ils
me
disent que mon livre les aide à comprendre la cause de leur désarroi,
147
s qui se trouvaient mal mariés. Ils me disent que
mon
livre les aide à comprendre la cause de leur désarroi, qu’ils savent
148
intenant comment ils pourraient se rapprocher. Si
j’
aide des êtres troublés à vivre à deux sans trop se blesser, ce sera m
149
blés à vivre à deux sans trop se blesser, ce sera
ma
plus belle récompense. Le véritable esprit chrétien, la véritable int
150
us savant qu’un autre mais beaucoup plus prudent,
j’
ai demandé à Denis de Rougemont de commenter librement et, au besoin,
151
nter librement et, au besoin, de rectifier ce que
je
me proposais d’écrire sur lui. Voici ce qu’a donné cette entrevue. Né
152
r librement et, au besoin, de rectifier ce que je
me
proposais d’écrire sur lui. Voici ce qu’a donné cette entrevue. Né en
153
nt est un écrivain suisse d’expression française…
Je
déteste cette formule ! Elle me fait penser à une sorte d’animal, qui
154
ession française… Je déteste cette formule ! Elle
me
fait penser à une sorte d’animal, qui penserait dans un idiome bizarr
155
français plutôt qu’en miaulant ou en barrissant.
Je
suis un écrivain français, un point c’est tout. Il est l’auteur d’un
156
veut absolument coller une étiquette, disons que
je
suis un essayiste, espèce d’écrivain de plus en plus répandue de nos
157
, Pascal étaient des essayistes. Ce n’est pas que
je
veuille me comparer à eux, mais la forme est la même : un mélange d’i
158
aient des essayistes. Ce n’est pas que je veuille
me
comparer à eux, mais la forme est la même : un mélange d’idées pures,
159
qu’il élabore une doctrine humaniste… Humaniste ?
Je
n’aime guère ce terme. On a tendance à opposer humanisme et christian
160
tendance à opposer humanisme et christianisme, et
je
me sens plutôt du côté du christianisme. Au mot « humaniste », je pré
161
dance à opposer humanisme et christianisme, et je
me
sens plutôt du côté du christianisme. Au mot « humaniste », je préfèr
162
t du côté du christianisme. Au mot « humaniste »,
je
préfère le mot « moraliste ». … illustrée par son livre : Politique
163
nt part Berdiaev, Mounier et Gabriel Marcel. Pour
moi
, la « personne » n’est ni un individu refermé sur lui-même ni la minu
164
C’est d’ailleurs dans cette notion de l’homme que
je
place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fait opposé aux do
165
’homme que je place le point d’insertion de Dieu.
Je
suis tout à fait opposé aux doctrines providentialistes qui font de D
166
ort et séjournera un an en Allemagne hitlérienne.
Je
me trouvais sans activité à Paris, où j’écrivais le Journal d’un int
167
et séjournera un an en Allemagne hitlérienne. Je
me
trouvais sans activité à Paris, où j’écrivais le Journal d’un intell
168
érienne. Je me trouvais sans activité à Paris, où
j’
écrivais le Journal d’un intellectuel en chômage , quand je rencontra
169
le Journal d’un intellectuel en chômage , quand
je
rencontrai Abetz. Il m’offrit de passer un an en Allemagne en me disa
170
ectuel en chômage , quand je rencontrai Abetz. Il
m’
offrit de passer un an en Allemagne en me disant : « Vous qui pensez p
171
betz. Il m’offrit de passer un an en Allemagne en
me
disant : « Vous qui pensez pis que pendre de notre régime, allez donc
172
tre régime, allez donc l’observer de plus près. »
J’
acceptai à une condition, celle d’écrire en rentrant exactement ce que
173
ion, celle d’écrire en rentrant exactement ce que
je
pensais du nazisme. J’en ai effectivement pensé et dit beaucoup de ma
174
rentrant exactement ce que je pensais du nazisme.
J’
en ai effectivement pensé et dit beaucoup de mal dans mon Journal d’A
175
i effectivement pensé et dit beaucoup de mal dans
mon
Journal d’Allemagne , paru en 1938. J’eus d’ailleurs d’autres démêlé
176
mal dans mon Journal d’Allemagne , paru en 1938.
J’
eus d’ailleurs d’autres démêlés avec les autorités allemandes, quand j
177
tres démêlés avec les autorités allemandes, quand
j’
écrivis un article dans la Gazette de Lausanne sur l’entrée de Hitler
178
Hitler dans Paris. Les Allemands demandèrent que
je
sois puni et j’ai reçu quinze jours de prison militaire sous le préte
179
is. Les Allemands demandèrent que je sois puni et
j’
ai reçu quinze jours de prison militaire sous le prétexte qu’un offici
180
avec plusieurs écrivains français. On décida que
je
serais moins gênant en Amérique qu’en Europe. À New York, je rédigeai
181
oins gênant en Amérique qu’en Europe. À New York,
je
rédigeais les émissions en français de « La Voix de l’Amérique ». J’a
182
issions en français de « La Voix de l’Amérique ».
J’
avais plusieurs équipes de speakers, dont faisaient partie André Breto
183
ude Lévi-Strauss. De temps en temps, Julien Green
m’
apportait des textes. Je fis également la connaissance de Saint-John P
184
ps en temps, Julien Green m’apportait des textes.
Je
fis également la connaissance de Saint-John Perse et du peintre Marce
185
ne librairie de la 5e Avenue pour l’exposition de
mon
livre : La Part du diable . Rentré en Europe en 1946, Denis de Rouge
186
l’écrivain d’une part, le fédéralisme de l’autre.
Je
vous arrête : il n’y a pas, il n’y a jamais eu chez moi (contrairemen
187
us arrête : il n’y a pas, il n’y a jamais eu chez
moi
(contrairement à Saint-John Perse ou Georges Séféris par exemple) deu
188
stinctes, mais au contraire osmose complète entre
mon
action politique et mes livres. Je suis passé tout naturellement et s
189
ire osmose complète entre mon action politique et
mes
livres. Je suis passé tout naturellement et sans rupture de ma défini
190
omplète entre mon action politique et mes livres.
Je
suis passé tout naturellement et sans rupture de ma définition de la
191
suis passé tout naturellement et sans rupture de
ma
définition de la « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous
192
onne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-
je
dit, doit être à la fois libre et responsable ; de même pour chaque n
193
même pour chaque nation dans l’Europe fédérée que
je
préconise et qui n’est que la transposition à une échelle géante de l
194
ne échelle géante de la Confédération helvétique.
Je
ne souhaite en effet ni une agglomération d’États soumis à un pouvoir
195
ns des États-Unis et de l’URSS réunies. Comprenez-
moi
donc bien : personnalisme et fédéralisme, c’est tout un. Enfin, le 28
196
littéraire de Monaco. Selon la formule consacrée,
je
suis ravi d’avoir reçu ce prix, malgré une petite ombre au tableau. J
197
reçu ce prix, malgré une petite ombre au tableau.
Je
viens en effet d’apprendre que je me suis trouvé opposé à Eugène Ione
198
bre au tableau. Je viens en effet d’apprendre que
je
me suis trouvé opposé à Eugène Ionesco qui est un ami très cher et un
199
au tableau. Je viens en effet d’apprendre que je
me
suis trouvé opposé à Eugène Ionesco qui est un ami très cher et un gr
200
onesco a trouvé le sujet de son Rhinocéros ? Dans
mon
Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui me l’a dit. w. Rougemont
201
ans mon Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui
me
l’a dit. w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Mais qui est donc De
202
es journaux. L’écho de cette page fut immense et
je
sais peu de phrases plus fréquemment citées que celle qui annonce en
203
rir. Pour émouvante qu’elle soit, elle exprime, à
mon
sens, l’une des erreurs les plus célèbres de l’époque. Mais comment e
204
s de Babylone, ces palais de Persépolis ?… Hélas,
j’
ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je
205
ux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et
je
n’ai vu qu’abandon et que solitude… Qui sait si sur les rivages de la
206
se ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme
moi
ne s’assiéra pas un jour sur de muettes ruines, et ne pleurera pas so
207
ve ? Aux prophètes de la décadence européenne,
j’
opposerai trois raisons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir pour l
208
fondamental qui l’y prédisposait dès l’origine :
j’
entends la croyance chrétienne en la valeur égale de tout homme devant
209
il propose de corriger comme suit le passage que
j’
ai cité : « Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certit
210
t passé où les civilisations étaient mortelles. »
J’
ajouterai cette simple remarque : si tant de civilisations qu’on croya
211
ils sont nés de la substance même de l’Europe, et
je
les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l’Europe
212
, élaborées par l’Europe moderne. Résumons cela :
je
vois l’Asie du Sud, sous-développée, courir après l’exemple de la Chi
213
ait le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous
me
disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge de mon premier article.
214
de ses 17 ans ? Si vous me disiez 17 ans et demi,
je
vous dirai : l’âge de mon premier article. J’étais au gymnase de ma v
215
e disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge de
mon
premier article. J’étais au gymnase de ma ville natale, Neuchâtel. Le
216
mi, je vous dirai : l’âge de mon premier article.
J’
étais au gymnase de ma ville natale, Neuchâtel. Le trait caractéristiq
217
âge de mon premier article. J’étais au gymnase de
ma
ville natale, Neuchâtel. Le trait caractéristique de cet endroit où j
218
hâtel. Le trait caractéristique de cet endroit où
je
suis né est d’être un carrefour, une petite principauté placée entre
219
uisse, par définition. 17 ans, c’est le moment où
j’
ai pris conscience que j’étais un littéraire. À cette époque je n’écri
220
ans, c’est le moment où j’ai pris conscience que
j’
étais un littéraire. À cette époque je n’écrivais que des poèmes, pers
221
science que j’étais un littéraire. À cette époque
je
n’écrivais que des poèmes, persuadé que toute autre forme de littérat
222
ure était inférieure et méprisable. En même temps
je
jouais au football. J’étais gardien de but. C’était pour moi le poste
223
méprisable. En même temps je jouais au football.
J’
étais gardien de but. C’était pour moi le poste idéal car le gardien d
224
au football. J’étais gardien de but. C’était pour
moi
le poste idéal car le gardien de but n’intervient qu’aux moments de c
225
ents de crises, au sommet de l’effort. Plus tard,
j’
ai appris que Montherlant et Albert Camus avaient aussi été gardiens d
226
découvert l’Europe ? C’est entre 17 et 25 ans que
j’
ai découvert un peu l’Europe. Quand j’allais dans le Midi des troubado
227
25 ans que j’ai découvert un peu l’Europe. Quand
j’
allais dans le Midi des troubadours, j’éprouvais un curieux sentiment
228
ope. Quand j’allais dans le Midi des troubadours,
j’
éprouvais un curieux sentiment de reconnaissance. Quand je lisais les
229
ais un curieux sentiment de reconnaissance. Quand
je
lisais les romans bretons je me sentais curieusement chez moi. J’ai f
230
econnaissance. Quand je lisais les romans bretons
je
me sentais curieusement chez moi. J’ai fini par comprendre que ce sen
231
nnaissance. Quand je lisais les romans bretons je
me
sentais curieusement chez moi. J’ai fini par comprendre que ce sentim
232
es romans bretons je me sentais curieusement chez
moi
. J’ai fini par comprendre que ce sentiment venait de ce que j’avais d
233
mans bretons je me sentais curieusement chez moi.
J’
ai fini par comprendre que ce sentiment venait de ce que j’avais des a
234
par comprendre que ce sentiment venait de ce que
j’
avais des ancêtres dans tous ces pays-là. Si je regarde l’ascendance d
235
ue j’avais des ancêtres dans tous ces pays-là. Si
je
regarde l’ascendance de mon père, je m’aperçois qu’à la génération où
236
s tous ces pays-là. Si je regarde l’ascendance de
mon
père, je m’aperçois qu’à la génération où nous avons 64 ancêtres, la
237
pays-là. Si je regarde l’ascendance de mon père,
je
m’aperçois qu’à la génération où nous avons 64 ancêtres, la sixième,
238
ys-là. Si je regarde l’ascendance de mon père, je
m’
aperçois qu’à la génération où nous avons 64 ancêtres, la sixième, il
239
que l’amour pour vous ? L’amour c’est tout. Pour
moi
c’est plus spécialement mon livre L’Amour et l’Occident . L’amour au
240
mour c’est tout. Pour moi c’est plus spécialement
mon
livre L’Amour et l’Occident . L’amour au sens de l’amour-passion que
241
Occident . L’amour au sens de l’amour-passion que
j’
ai décrit dans mon livre fut quelque chose de très important dans ma v
242
r au sens de l’amour-passion que j’ai décrit dans
mon
livre fut quelque chose de très important dans ma vie. L’opposition e
243
on livre fut quelque chose de très important dans
ma
vie. L’opposition entre l’amour-passion et le mariage est au fond le
244
le mariage est au fond le sujet même de ce livre.
J’
ai été entraîné à écrire cet ouvrage par toute une suite de circonstan
245
1936 et Mounier s’était montré un précurseur. Il
m’
avait demandé une étude sur l’opposition qui paraissait éclatante entr
246
geait la collection Présence, chez Plon, ayant lu
mon
article me demanda si je ne voulais pas faire pour lui un petit livre
247
lection Présence, chez Plon, ayant lu mon article
me
demanda si je ne voulais pas faire pour lui un petit livre en deux vo
248
ce, chez Plon, ayant lu mon article me demanda si
je
ne voulais pas faire pour lui un petit livre en deux volets opposant
249
l’amour dans le mariage. Et nous avons pris date.
Je
devais lui donner mon livre en février 1938. Le mois de février arriv
250
ge. Et nous avons pris date. Je devais lui donner
mon
livre en février 1938. Le mois de février arriva et je n’avais pas éc
251
vre en février 1938. Le mois de février arriva et
je
n’avais pas écrit une ligne. Je reçus une lettre recommandée de Danie
252
février arriva et je n’avais pas écrit une ligne.
Je
reçus une lettre recommandée de Daniel-Rops, que j’ouvris avec un peu
253
reçus une lettre recommandée de Daniel-Rops, que
j’
ouvris avec un peu d’anxiété. Il me disait : « Voudriez-vous me rendre
254
niel-Rops, que j’ouvris avec un peu d’anxiété. Il
me
disait : « Voudriez-vous me rendre un grand service ? Accepteriez-vou
255
un peu d’anxiété. Il me disait : « Voudriez-vous
me
rendre un grand service ? Accepteriez-vous de céder le tour de paruti
256
céder le tour de parution de votre manuscrit, que
j’
attends d’un jour à l’autre, car je dois publier le plus tôt possible
257
manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autre, car
je
dois publier le plus tôt possible le manuscrit d’un essai d’une grand
258
nel qui s’appelle Charles de Gaulle. » Ayant cédé
mon
tour, je me suis mis instantanément à mon livre, et j’ai terminé les
259
appelle Charles de Gaulle. » Ayant cédé mon tour,
je
me suis mis instantanément à mon livre, et j’ai terminé les 450 pages
260
elle Charles de Gaulle. » Ayant cédé mon tour, je
me
suis mis instantanément à mon livre, et j’ai terminé les 450 pages en
261
nt cédé mon tour, je me suis mis instantanément à
mon
livre, et j’ai terminé les 450 pages en trois mois. Comme je l’ai écr
262
ur, je me suis mis instantanément à mon livre, et
j’
ai terminé les 450 pages en trois mois. Comme je l’ai écrit dans la pr
263
t j’ai terminé les 450 pages en trois mois. Comme
je
l’ai écrit dans la préface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois
264
je l’ai écrit dans la préface, c’est un livre qui
m’
a demandé trois mois de travail et toute la vie. J’étais devenu, hélas
265
’a demandé trois mois de travail et toute la vie.
J’
étais devenu, hélas ! aux yeux de beaucoup de gens dans beaucoup de pa
266
expert sur les choses de l’amour. Quand les gens
me
rencontraient ils me disaient : « C’est vous l’auteur de L’Amour et
267
s de l’amour. Quand les gens me rencontraient ils
me
disaient : « C’est vous l’auteur de L’Amour et l’Occident ? Je croy
268
C’est vous l’auteur de L’Amour et l’Occident ?
Je
croyais que vous aviez une grande barbe blanche. » C’était la premièr
269
ction : « Savez-vous que votre livre a transformé
ma
vie ! »… Cette idée d’avoir transformé tant de vies m’a beaucoup impr
270
e ! »… Cette idée d’avoir transformé tant de vies
m’
a beaucoup impressionné. J’ai tâché de suivre un peu ce qui se passait
271
ransformé tant de vies m’a beaucoup impressionné.
J’
ai tâché de suivre un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qu
272
peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui
m’
avaient fait des confidences et je me suis aperçu que généralement ils
273
de ces gens qui m’avaient fait des confidences et
je
me suis aperçu que généralement ils étaient près de divorcer avant de
274
ces gens qui m’avaient fait des confidences et je
me
suis aperçu que généralement ils étaient près de divorcer avant de m’
275
énéralement ils étaient près de divorcer avant de
m’
avoir lu puis qu’ils avaient décidé de ne pas divorcer, de s’en tenir
276
s divorcer, de s’en tenir à la dernière partie de
mon
livre. Mais voilà que, en les suivant un peu plus longtemps, je m’ape
277
voilà que, en les suivant un peu plus longtemps,
je
m’aperçus qu’ils finissaient quand même par divorcer, c’est-à-dire qu
278
ilà que, en les suivant un peu plus longtemps, je
m’
aperçus qu’ils finissaient quand même par divorcer, c’est-à-dire que l
279
d même par divorcer, c’est-à-dire que l’action de
mon
livre était généralement de retarder les divorces de quelques années,
280
-être aussi des prises de conscience fort utiles.
Mon
premier mariage s’est terminé par un divorce après mes années d’Améri
281
remier mariage s’est terminé par un divorce après
mes
années d’Amérique. C’est pourquoi dans la nouvelle édition qui a paru
282
uoi dans la nouvelle édition qui a paru en 1954ae
j’
ai ajouté un long chapitre sur le divorce. Depuis lors je n’ai cas ces
283
outé un long chapitre sur le divorce. Depuis lors
je
n’ai cas cessé de récrire ce livre. Mon deuxième livre sur ce thème,
284
epuis lors je n’ai cas cessé de récrire ce livre.
Mon
deuxième livre sur ce thème, Comme toi-même , qui est édité en livre
285
de l’amour, donne à la passion plus de droits que
je
ne lui en laissais dans mon premier livre. Que pensez-vous aujourd’hu
286
ion plus de droits que je ne lui en laissais dans
mon
premier livre. Que pensez-vous aujourd’hui ? Je continue à penser qu’
287
mon premier livre. Que pensez-vous aujourd’hui ?
Je
continue à penser qu’il faudrait élever les gens dans une méfiance pr
288
d contre la vulgarisation du mythe de Tristan que
je
m’élevais, surtout dans L’Amour et l’Occident , et non pas contre le
289
ontre la vulgarisation du mythe de Tristan que je
m’
élevais, surtout dans L’Amour et l’Occident , et non pas contre le my
290
rieuses qui peut arriver à un homme. Aujourd’hui,
je
suis parvenu à ce point qu’il y a deux morales, l’une qu’il faut ense
291
ition de réussite de quelque chose de durable. Si
je
fais un plaidoyer pour la fidélité, ce n’est pas au nom d’une morale
292
fût-ce que de soi-même et surtout de son couple.
Je
pense que c’est l’œuvre la plus belle. Et la passion ? La passion, je
293
’œuvre la plus belle. Et la passion ? La passion,
je
ne l’exclus pas, mais je pense qu’elle doit être réservée à de très r
294
la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, mais
je
pense qu’elle doit être réservée à de très rares personnes qui seront
295
à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour
j’
ai passé la frontière avec Robert Schuman en voiture et avec le photog
296
qui faisait un reportage sur Robert Schuman chez
moi
et au Centre européen de la culture à Genève. Arrivé à la frontière,
297
ait pour entretenir l’indignation continuelle que
j’
ai contre les frontières. Cette frontière avait été à peu près supprim
298
uaniers et il en a résulté que dans la région que
j’
habite, qui est prétendument zone franche, nous sommes entre deux cord
299
articulièrement scandaleuse n’a pas peu fait pour
me
convaincre qu’on n’arrivera vraiment à faire l’Europe que sur la base
300
-dessus les frontières, à travers les frontières.
Mon
slogan est celui-ci : « Les frontières sont faites pour être transfor
301
n à voir avec la publicité. Ça peut être secret.
Je
crois beaucoup à une notion secrète de la gloire. La gloire n’est pas
302
essence quelque chose dont on ne peut rien dire.
J’
ai des idées folles, comme beaucoup d’hommes, sur la mort, sur la chro
303
sur la mort, sur la chronologie, si vous voulez.
Je
pense que l’immortalité n’est pas quelque chose qui commence quand on
304
bouche et va voleter on ne sait pas très bien où.
Je
me dis que l’éternité, l’immortalité, c’est quelque chose qui englobe
305
che et va voleter on ne sait pas très bien où. Je
me
dis que l’éternité, l’immortalité, c’est quelque chose qui englobe le
306
que nous y sommes déjà maintenant. Plutôt que de
me
demander ce que c’est que la mort, je m’interroge sur ce qu’est la vi
307
utôt que de me demander ce que c’est que la mort,
je
m’interroge sur ce qu’est la vie. Là, je peux dire quelque chose : c’
308
t que de me demander ce que c’est que la mort, je
m’
interroge sur ce qu’est la vie. Là, je peux dire quelque chose : c’est
309
la mort, je m’interroge sur ce qu’est la vie. Là,
je
peux dire quelque chose : c’est un certain laps de temps pendant lequ
310
a on ne peut rien lui demander de plus. Et Dieu ?
Je
publierai peut-être un livre qui aura comme titre « Dieu », entre gui
311
entre guillemets, ces guillemets voulant dire que
je
ne donne pas Dieu comme quelque chose dont chacun sait de quoi il s’a
312
hose dont chacun sait de quoi il s’agit, mais que
j’
insiste pour indiquer que nous nous trouvons devant un problème. J’ai
313
diquer que nous nous trouvons devant un problème.
J’
ai écrit des centaines de pages de notes sur ce que ce mot Dieu peut é
314
évoquer pour l’esprit d’un homme du xxe siècle,
moi
, par exemple. J’écris généralement quelques notes au moment de m’endo
315
prit d’un homme du xxe siècle, moi, par exemple.
J’
écris généralement quelques notes au moment de m’endormir. Dans ces no
316
J’écris généralement quelques notes au moment de
m’
endormir. Dans ces notes, je dis absolument tout, mon incroyance, ma c
317
es notes au moment de m’endormir. Dans ces notes,
je
dis absolument tout, mon incroyance, ma croyance, ma difficulté de cr
318
endormir. Dans ces notes, je dis absolument tout,
mon
incroyance, ma croyance, ma difficulté de croire, mon impossibilité d
319
es notes, je dis absolument tout, mon incroyance,
ma
croyance, ma difficulté de croire, mon impossibilité de ne pas croire
320
dis absolument tout, mon incroyance, ma croyance,
ma
difficulté de croire, mon impossibilité de ne pas croire. Tout cela a
321
incroyance, ma croyance, ma difficulté de croire,
mon
impossibilité de ne pas croire. Tout cela avec la plus grande précisi
322
eut avoir l’air de faire croire aux gens que pour
moi
croire en Dieu est bien, ne pas y croire est mal, et vice versa. Pour
323
l, et vice versa. Pour être complètement sincère,
j’
éprouve autant de difficultés à ne pas croire en Dieu qu’à y croire, e
324
peut-être dire que le problème est mal posé dans
ma
tête, ou dans mon existence. À quoi j’en reviens toujours finalement,
325
ue le problème est mal posé dans ma tête, ou dans
mon
existence. À quoi j’en reviens toujours finalement, c’est à ceci : Di
326
posé dans ma tête, ou dans mon existence. À quoi
j’
en reviens toujours finalement, c’est à ceci : Dieu, c’est le sens. S’
327
a vie, s’il n’y a aucun sens à rien ? Pourquoi ne
me
comporterais-je pas comme le surhomme de Nietzsche ? Au nom de quoi v
328
a aucun sens à rien ? Pourquoi ne me comporterais-
je
pas comme le surhomme de Nietzsche ? Au nom de quoi venez-vous me dir
329
surhomme de Nietzsche ? Au nom de quoi venez-vous
me
dire qu’il faut être socialiste ou qu’il faut être de gauche ? Nous e
330
ntrons dans l’arbitraire total. Si, au contraire,
j’
entre dans le monde où Dieu existe, alors il y a un sens, il y a quelq
331
e qui va d’un arrière à un avant. Si vous voulez,
je
pense que Dieu n’est pas une cause au début de tout mais qu’il est un
332
ppelle le développement de l’homme. D’autre part,
je
crois qu’il y a une grande naïveté à discuter sur l’existence ou la n
333
s la place infime que nous tenons dans l’univers.
Je
fais quelquefois cette comparaison un peu élémentaire, mais qui dit b
334
isation idéologique et militaire par les Russes —
je
songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à la colonisation de
335
. C’est ainsi qu’à la Sorbonne, vers 1270 — comme
me
le faisait observer un jour Étienne Gilson — pas un seul des grands p
336
de la Pologne, des pays baltes et de la Volga. On
m’
objecte souvent que nos langues sont trop différentes pour que nous pu
337
cieuses diversités » sont celles de nos nations ?
Je
propose là-dessus deux observations faciles à vérifier. Non, les fron
338
répétés de la géographie par l’histoire », comme
je
le vois tous les jours autour de Genève, en traversant cette frontièr
339
ques, des progressistes et des conservateurs. Or,
je
mets en fait que dans la plupart des cas, les libéraux de pays différ
340
e, est simplement omis, inexistant. Si maintenant
je
transpose en termes politiques mon équation : Europe de la culture :
341
. Si maintenant je transpose en termes politiques
mon
équation : Europe de la culture : foyers de création initiant des co
342
Voici donc le modèle fédéraliste de l’Europe que
je
préconise : la complexité des régions rendra justice à ses fécondes d