1 1933, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)
1 jugements et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour le scandale et non pour les adaptations, qui voudra
2 e étude un gros livre que trois éditeurs refusent mais qui paraît finalement en librairie après la guerre. Aventure étonnant
3 re l’expression poignante de son angoisse intime, mais aussi, et enfin, une réponse. Une réponse plus soucieuse de ce qui es
4 t avoir conscience, s’il veut parler valablement. Mais de quoi va-t-il encore pouvoir parler ? Ici le paradoxe devient plus
5 s de la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne peut aller. Du totaliter aliter. Si donc la tâche d
6 ient homme. Nous pouvons répéter ces quatre mots, mais en les répétant, nous n’avons pas dit la parole de Dieu, dans laquell
7 est pas le couronnement de sa « vie religieuse », mais le don gratuit que Dieu fait à tout homme qui n’a plus d’autre attent
8 ion. (La grâce n’est pas accordée aux « justes », mais bien aux condamnés à mort.) L’homme religieux qui se refuse à cette m
9 un problème, n’est pas l’objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherche. Il est la présuppo
10 squée, éprouvée.) Une prise ferme sur le concret, mais en même temps un regard qui dépasse les contingences humaines, et qui
2 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
11 , et qui lui vaut l’estime des personnes de sens. Mais après tout, ne serait-il pas étrange d’apporter des preuves sérieuses
12 ses Voyages en zigzag pour amuser son pensionnat, mais plutôt à ces albums illustrés, ancêtres du dessin animé et des Eugène
13 r Amiel. Faut-il désespérer de le revoir jamais ? Mais non, il faut lire d’abord Pierre Girard et Charles-Albert Cingria : L
14 arpenté tous les camps de la guerre de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un garçon triste qui perd le vol-a
3 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)
15 rsonne de Jésus une place à juste titre centrale, mais exclusive de toute dogmatique. « La foi n’est pas une adhésion intell
16 pas une adhésion intellectuelle à des doctrines, mais la communion avec le Christ vivant », répétaient les théologiens libé
17 fallait « rencontrer personnellement le Christ ». Mais comment cette rencontre pouvait-elle avoir lieu ? Deux voies s’offrai
18 l’homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais , dit M. Dominicé, deux obstacles très graves se dressaient aussitôt.
19 cles, pour s’attacher au seul caractère de Jésus. Mais alors, n’était-ce pas un abus de langage que de prétendre voir une pe
20 ont il nous sait tout incapables par nous-mêmes — mais sur l’amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient à nous, impies, n
21 r d’un texte. Son sujet d’ailleurs s’y prête peu. Mais on regrette parfois qu’il suive à pas si prudents son modèle, et que
22 ossibles. Il est vrai que ce livre est une thèse. Mais il n’est pas moins vrai que Calvin sut parler un langage d’une verdeu
4 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard (26 mai 1934)
23 ! (au camarade Nizan l’honneur de la trouvaille.) Mais il eût certainement protesté contre une erreur qui ne relève pas de l
24 qui ne relève pas de l’interprétation partisane, mais d’un simple défaut d’information, et qui consiste à faire de lui une
25 ssurant, certes, et d’une trempe exceptionnelle ; mais non pas un inquiet au sens moderne, et le contraire d’un esthète. Com
26 e beaucoup la plus centrale, la plus révélatrice, mais aussi la plus propre à créer du malentendu. Le titre même, que lui a
27 e œuvre, conduirait l’homme au nihilisme absolu : mais ce péril est tout imaginaire. Car seule la connaissance du salut prom
28 l’autre le conduisent à des impasses tragiques ; mais voici que Dieu intervient, avec la réponse terrible faite à Job. Et c
29 ternel ne craint rien, il peut bien se défendre ; mais comment le pourrait-il quand personne n’ose se plaindre comme il sied
30 en parler plus fort, lui qui dispose du tonnerre. Mais le tonnerre est une réponse, une explication certaine, digne de foi,
31 entimental et de l’unctio spiritualis des dévots… Mais plus près de Luther, aussi. Je me borne à citer In vino veritas 5. No
32 ssi bien qu’il était possible par le traducteur). Mais il ne s’agit là que du premier volet d’un triptyque dont il nous faut
33 squ’ici avec autant de science que de conscience, mais qui se répétaient fastidieusement. Surtout, il situera, définitivemen
34 mplifié ce qui n’est pas simple chez Kierkegaard. Mais il a su le décrire clairement et fidèlement, sans pédantisme et sans
5 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)
35 dre d’abord aux préoccupations des intellectuels, mais il y répond de telle sorte qu’il abolit rapidement les barrières conv
36 e meilleur livre qu’on ait écrit sur les Groupes. Mais enfin, c’est le seul qui existe en français, et il contient un certai
37 ar des organisations, ni par des corps constitués mais par des hommes concrets, agissant dans le cercle concret de leur vie.
38 gage dans une relation concrète avec le prochain. Mais comment s’engager dans cette relation ? L’erreur des chrétiens, trop
39 me, les membres des Groupes ne sauraient le nier. Mais qu’il y ait là aussi le moyen de faire tomber les barrières morales q
40 00 exemplaires. Son œuvre s’étend dans les slums. Mais à ce moment le machinisme s’introduit au Japon, augmentant la misère
41 u génie japonais tel que Claudel nous l’a décrit, mais auquel le génie chrétien ajoute une dimension humaine particulièremen
6 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
42 oi ? — Oh ! Pas le moindre ! Je constate un fait. Mais laissons là le paradoxe. Vous n’ignorez pas plus que moi que la plupa
43 inisme véritable que dans l’Adam et Ève de Ramuz, mais Ramuz accepterait-il une étiquette aussi compromettante ? À parler fr
44 Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui, mais c’est aussi, et d’abord, un roman de la perdition. J’y vois une suite
45 rent lyrisme que chez l’auteur de Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de
46 itimer. L’homme n’est pas un ange, c’est entendu, mais ne dites pas qu’il n’est qu’une bête. À la fois ange et bête, voilà s
47 itent les Écritures ; peut-être aussi des saints, mais qu’on ignore et qui s’ignorent. Partout et jusque dans les choses, un
7 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
48 se et sa force ne résident pas dans son histoire, mais dans sa vérité, c’est-à-dire dans l’objet de sa foi. Mais de cette fo
49 s sa vérité, c’est-à-dire dans l’objet de sa foi. Mais de cette force et de cette grandeur il est permis de rechercher les t
50 lève rien à l’intérêt puissant de ce gros volume. Mais aussi, la substance historique qu’il nous offre est de celles qui n’o
51 dans la vie publique et privée du xviie siècle, mais encore parce que, à tout moment, le lecteur se voit incité à imaginer
52 ne fut pas l’œuvre du parti catholique français, mais bien des conseillers étrangers des rois et du haut clergé. Il semble
53 première organisatrice d’une Europe fédéralisée. Mais le virus qu’un Mazarin, un Concini ou un Ubaldini (nonce papal) intro
54 ompher lors de la révocation de l’édit de Nantes. Mais alors cette révocation n’apparaît plus que comme un épisode, le plus
55 faut ici risquer un mot sans doute anachronique, mais que tout le livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot
56 i domine : la religion leur est simple prétexte ; mais il s’agit d’établir à tout prix un cadre national centralisé, géométr
57 on Bloy, fait écho à ce style, en notre siècle ?) Mais Casaubon, bien moins vindicatif, n’est pas moins grand lorsque, après
58 de cette lecture plus édifié encore que révolté. Mais ce n’est pas peu dire. 10. Histoire de la Réforme française, tome
8 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Kierkegaard, Dostoïevski, Barth (23 février 1935)
59 os ratiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit
60 upprime implicitement. Il réduit tout au général. Mais la Bible, que nous dit-elle ? Elle ne fait pas une théorie, elle répo
61 s du général ? Serait-il affranchi de l’éthique ? Mais alors, comment donc comprendrait-il son acte ? Vingt fois, Kierkegaar
62 on persiste à l’offrir en exemple aux chrétiens ! Mais la grandeur d’Abraham, sa signification démesurée et impensable, c’es
63 radoxe des paradoxes : vivre comme tout le monde, mais « en vertu de l’absurde ». C’est là le sort du « chevalier de la foi 
64 alier de la foi », le sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai cette foi-là ? La réflexion philosophique que Ki
65 cun doit vivre à sa place, et dans sa situation. Mais en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc de l’incroyant ? En rien
66 hant pourtant qu’il n’appartient plus à sa forme, mais à sa transformation. Et voici que nous rejoignons l’idée centrale de
67 de. Apparemment il ne diffère des autres en rien. Mais il est orienté autrement — converti. Il vit dans les mêmes servitudes
68 ent — converti. Il vit dans les mêmes servitudes, mais il s’attend à Dieu, non à lui-même ni au monde. Ainsi, chez Barth et
69 de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette vision de l’homme sans cesse mis en question par l’Autre, n’est
9 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Trois traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)
70 i ne fait guère honneur à notre liberté d’esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui marque la pl
71 n homme qui n’est pas l’inventeur de son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà de lui-même, au-delà des formules huma
72 s faire retour à certaines formules dogmatiques ; mais c’est, au-delà de ces formules et dans l’orientation où elles nous pl
73 l’estimer à nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe plus que tout, c’est d’indiquer d’abord la « clé » qui
74 r l’invention, par une erreur assez inexplicable. Mais les pires adversaires de l’Église ne sont pas toujours au-dehors. Voi
75 n somme s’intituler : Réforme contre Renaissance. Mais toutes les richesses de style que produisit ce siècle bouillonnant on
76 econd ordre, aux lois d’une esthétique préconçue, mais il adopte toujours la forme de discours la plus propre, sinon à charm
10 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)
77 s qu’il est le premier défenseur de l’expérience. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien volontiers cette erreu
11 1936, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le Problème du bien (12 septembre 1936)
78 modernisme protestant aura livré sur son époque. Mais il marque en même temps son dépassement. Ces 3000 pages contiennent l
79 a chronique ne saurait supporter même l’esquisse. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à l’aborder très librement :
80 exploration hasardée en des régions peu connues, mais aussi dans la constante présentation d’un double cheminement : la rec
81 n traité dogmatique. Je m’adresse aux chrétiens, mais plus encore aux autres. Mon cœur est tourné vers les agnostiques, les
82 , avec son Dieu créateur omnipotent, omniprésent, mais silencieux, se brise contre le problème du Mal ». Notons que cette po
83 morale de l’homme. L’opposition apparaît absolue. Mais l’une des grandes surprises que nous réserve le Problème du Bien, c’e
84 tes divisions de l’orthodoxie et du libéralisme ? Mais revenons à la situation de départ de notre auteur. Contre l’un et l’a
85 uisable. Je n’y vois pas d’inconvénient à priori, mais à coup sûr, il s’agit là de littérature, bien que l’auteur s’en défen
86 d’aujourd’hui ne voie plus qu’une fièvre morbide. Mais la forme excessivement libre de cet ouvrage le sauve de l’ennui inhér
12 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Luther contre Érasme (19 juin 1937)
87 ther en France ? Qu’il rompu l’unité de l’Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelles raisons ? Et pour que
88 t subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arbitre à la querelle avec Ér
89 que le péché. La liberté n’est pas dans l’homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un destin fatal
90 écessité immuable, acceptée et aimée comme telle. Mais cette nécessité s’appelle pour Nietzsche le fatum, la fatalité sans v
91 lement active, et qui nous aime. Il faut choisir. Mais le choix est-il libre ? On retombe au débat de Luther et d’Érasme. Le
13 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)
92 bservation » et l’on essaie d’en tirer de la vie. Mais ne serait-ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ? On s’efforce
93 s mondes imaginaires ».) On n’aime plus inventer, mais on veut découvrir, à la manière de l’homme de science. Et tout l’effo
94 öld). L’auteur lui-même sourit entre les lignes. ( Mais , seule, la naïveté moderne se figure qu’une légende doit être crue, c
95 motifs » est ici d’une fort malicieuse lucidité. Mais elle s’opère par le seul jeu des faits, jamais en marge de l’action,
96 nimer un roman romantique de la grande tradition. Mais tout ce pittoresque humain revêt un drame spirituel, le drame de l’ab
97 conduite par une riche jeune fille des environs, mais cela ne compte pas, car il est entendu que la femme désignée par Dieu
98 de l’aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s’engage pas sur la route, elle s’arrête dans un pré voisin.
99 s traces d’humour, comme pour purifier l’émotion. Mais pour qu’une telle phrase soit dite, il faut des âmes fortement tendue
100 tur, en effet, il y a la tradition des puritains, mais aussi tout l’absolutisme religieux du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard,
101 on les lois des passions, des cœurs et des corps, mais aussi selon la liberté, souvent plus folle encore, des âmes. Plénitud
14 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
102 e et analyser la crise du mariage à notre époque. Mais plus je relisais les différentes versions du roman, plus je me sentai
103 de contradictions, pressenties au siècle dernier, mais dont personne n’a osé proposer une explication. J’ai beaucoup réfléch
104 ue dans la mort, et inspirera tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord la littérature courtoise… Littérature dont le su
105 e que votre démonstration me paraît convaincante. Mais comment cette interprétation du mythe a-t-elle pu échapper jusqu’ici
106 e transition, que ce mythe risque de disparaître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la crise du mariage. Comment cela
107 ge comme le fondement essentiel de notre société. Mais la passion, par définition, reste extérieure au mariage, puisqu’elle
108 embellir, faciliter la vie commune ? Certes, non. Mais aujourd’hui, les jeunes gens et les jeunes filles se refusent à l’hyp
109 ut y avoir qu’une solution : le mariage chrétien, mais présenté d’une manière nouvelle. C’est-à-dire qu’au lieu d’en faire u
110 temps le véritable fondement de la personnalité. Mais pour moi cette fidélité doit être observée en vertu de l’absurde. Ell
111 l’absurde. Elle est aussi absurde que la passion, mais s’en distingue par un refus constant de subir ses rêves, par une cons
112 onstante prise sur le réel. Elle reste une folie, mais la plus sobre et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidé
113 tion qui main­tient la passion non par la morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérite bien certains efforts et certa
114 resque en même temps que L’Amour et l’Occident . Mais je ne le ferai pas paraître tout de suite. J’ai aussi terminé deux li
115 hantier un livre sur La Réforme comme Révolution. Mais je l’ai un peu délaissé au profit d’un drame que j’écris pour l’Expos
116 t vingt ans il se mortifia, jeûnant complètement. Mais , apprenant que la guerre civile menaçait, il quitta sa grotte, et rét
15 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
117 Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)w x Pour beaucoup
118 e, le lauréat du Grand Prix littéraire de Monaco. Mais qui est en réalité Denis de Rougemont ? On a dit beaucoup de bêtises
119 peu de gens ont lue. Pas plus savant qu’un autre mais beaucoup plus prudent, j’ai demandé à Denis de Rougemont de commenter
120 is et rendent leur auteur difficile à cataloguer. Mais pourquoi faut-il cataloguer, définir à tout prix ? C’est une idée un
121 s. Ce n’est pas que je veuille me comparer à eux, mais la forme est la même : un mélange d’idées pures, de poésie, de descri
122 sur lui-même ni la minuscule partie d’une masse, mais un homme ouvert aux idées, à la fois libre et responsable. Il y a une
123 s Séféris par exemple) deux activités distinctes, mais au contraire osmose complète entre mon action politique et mes livres
124 ir unique et dictatorial ni une Europe des États, mais une association de républiques autonomes, libres de leur gestion inté
125 l’a dit. w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Mais qui est donc Denis de Rougemont ? », Les Nouvelles littéraires, Paris
126 re, dans lequel Rougemont s’engagea en parallèle, mais dont il ne fut « que » le président du comité exécutif, de 1951 à 196
16 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
127 rarement ses valeurs, et toujours ses vulgarités. Mais en même temps, le xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de la
128 signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie, ce seraient aussi de beaux noms. Lusitani
129 l’une des erreurs les plus célèbres de l’époque. Mais comment expliquer son succès ? Observons tout d’abord qu’elle résume
130 e marquait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliquait sa dialectique aux civilisations, on en venait à p
131 ui auraient existé jusqu’ici, les lois complexes, mais constantes, de leur genèse, de leur croissance et de leur dissolution
132 les et ses protectorats. Elle ne voit pas encore, mais elle pressent déjà la perte de sa longue royauté mondiale. Déjà le co
133 lui dispute, non seulement en Asie et en Afrique, mais aux yeux d’une partie de sa propre jeunesse, son rôle de porteur du «
134 elles-mêmes, avant la nôtre. Elles se trompaient, mais cette erreur ne saurait plus être commise, à présent que la terre ent
135 ons bien que nous ne dominons plus politiquement, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afriq
136 n s’opère à sens unique et n’est plus réversible. Mais comment expliquer ce phénomène sans précédent dans toute l’Histoire ?
137 ble, plus acceptable et imitable qu’aucune autre. Mais il faut voir enfin que cette civilisation n’a pu devenir universelle
138 lus près encore celles des Mayas et des Aztèques. Mais les civilisations anciennes de l’Égypte et du Proche-Orient, prolongé
139 mandarinat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le constater. Roger Caillois a écrit non sans drôlerie à prop
140 ion déterminée. Et les autres n’en savaient rien. Mais ce fut plus souvent l’agression d’une civilisation rivale, plus primi
141 s chances de succès ? Les États-Unis ? dira-t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’Europe, et je les vois s’europ
142 anise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nouveau ? Est-elle une autre civilisation ? Léni
143 t soviétique, ce n’est pas Popov qui l’a inventé, mais bien un Juif allemand, dont le père était devenu protestant, et qui r
144 lisation originale, ou de quelque néo-tribalisme, mais au contraire dans l’adoption bien trop rapide des formes de vie polit
17 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
145 châtelois et 36 ancêtres de Normandie ou du Midi, mais aussi quelques Allemands et plusieurs Hollandais. Cela vous donne enc
146 de s’en tenir à la dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en les suivant un peu plus longtemps, je m’aperçus qu’ils
147 années, ce qui provoquait pas mal de souffrances, mais peut-être aussi des prises de conscience fort utiles. Mon premier mar
148 d’une morale puritaine, comme certains l’ont cru, mais au nom d’une morale d’artiste. Tout homme est amené à être créateur d
149 . Et la passion ? La passion, je ne l’exclus pas, mais je pense qu’elle doit être réservée à de très rares personnes qui ser
150 n naturelle comme la géographie l’avait dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce de coup d’État, a décidé de porter
151 quelque chose dont chacun sait de quoi il s’agit, mais que j’insiste pour indiquer que nous nous trouvons devant un problème
152 nse que Dieu n’est pas une cause au début de tout mais qu’il est une cause finale de l’humanité, qu’il appelle le développem
153 quelquefois cette comparaison un peu élémentaire, mais qui dit bien ce qu’elle veut dire : comment une cellule de notre corp
154 avoir à peu près qu’elle fait partie d’un organe, mais elle ne peut pas savoir que cet organe fait partie d’un corps. Elle p
18 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
155 e et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste,
156 ulture européenne, aux conditions de sa vitalité. Mais l’obstacle majeur que l’on dresse sans relâche contre toute union féd
157 ouveraineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais en fait toujours plus illusoire, sauf qu’elle bloque tout. Cet obstac
158 s maisons nationales dans une cité universitaire. Mais à l’Université même, on ne parlait qu’en latin. C’est ainsi qu’à la S
159 une, bien antérieure à l’idée même d’État-nation. Mais dira-t-on, le mot « nation » désignait, dès ce temps, ceux qui parlai
160 s ce temps, ceux qui parlaient même langue ? Oui, mais il n’était pas question de les enfermer pour autant dans les frontièr
161 dérivés de leur commune origine indo-européenne, mais encore tout ce que leur histoire y ajouta au cours des âges : notions
162 raphie au xixe , là encore contre toute évidence, mais au service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué
163 lqué que le Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que le Rhône les unit, allez savoir pourquoi ! De même, les Pyrénées
164 tère essentiellement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés à doses variables, et qui ont éduqué notre
165 pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-i
166 êtes, épidémies, pollution de l’air et de l’eau — mais gêne les échanges qu’il faudrait promouvoir et vexe tout le monde ; b
167 eux guerres mondiales où l’Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de l
168 nances nationales qui nous diversifient vraiment, mais les écoles de pensée, les styles de vie. Supprimez les frontières nat