1 ber certains dogmes décidément incompatibles avec nos plus récentes lumières ? Ou bien doit-elle, tout au contraire, assume

2 leurs mesures puisqu’elle est le jugement de tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte p

3 ent de tous nos jugements et la « crise » de tous nos problèmes ? Mais si l’on opte pour le scandale et non pour les adapta

4 aux Romains, la plus inquiétante sans doute, pour notre esprit critique. Il résulte de cette étude un gros livre que trois éd

5 ut s’adresser qu’à ces « questions dernières » de notre vie, celle devant lesquelles nous fuyons toujours — et c’est là juste

6 dernières » de notre vie, celle devant lesquelles nous fuyons toujours — et c’est là justement le principe de notre inquiétu

7 s toujours — et c’est là justement le principe de notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous les comprenion

8 t là justement le principe de notre inquiétude. «  Nos auditeurs attendent de nous que nous les comprenions mieux qu’ils ne

9 de notre inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous les comprenions mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes… Si

10 inquiétude. « Nos auditeurs attendent de nous que nous les comprenions mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes… Si nous ne

11 ions mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes… Si nous ne prenons pas les hommes au sérieux quand la détresse de leur existe

12 nd la détresse de leur existence les a conduits à nous , je le répète, si nous ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils

13 existence les a conduits à nous, je le répète, si nous ne les prenons pas davantage au sérieux qu’ils ne le font eux-mêmes,

14 ieux qu’ils ne le font eux-mêmes, comment aurions- nous le droit de nous étonner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu

15 font eux-mêmes, comment aurions-nous le droit de nous étonner que, pour la plupart, ils prennent peu à peu l’habitude de dé

16 peu à peu l’habitude de délaisser l’Église et de nous abandonner, seuls avec ces bien-disposés et ces timorés dont j’ai par

17 de toutes parts de troublants paradoxes. La Bible nous parle-t-elle de religion ? Ne nous montre-t-elle pas plutôt, avec une

18 oxes. La Bible nous parle-t-elle de religion ? Ne nous montre-t-elle pas plutôt, avec une insistance significative, que les

19 acé sous le signe de Baal ou de Yaveh. » La Bible nous parle-t-elle de ces « expériences religieuses » sur lesquelles les mo

20 De celui que la Bible nomme l’Éternel, alors que nous sommes tout entiers temporels. De celui qui transcende toutes nos idé

21 entiers temporels. De celui qui transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’h

22 s idées de la transcendance. De celui qui vient à nous , mais auquel l’homme ne peut aller. Du totaliter aliter. Si donc la t

23 Parole de Dieu, la parole où dieu devient homme. Nous pouvons répéter ces quatre mots, mais en les répétant, nous n’avons p

24 ns répéter ces quatre mots, mais en les répétant, nous n’avons pas dit la parole de Dieu, dans laquelle cette idée devient u

25 saint Paul, tous ceux qui ont su et connu ce que nous avons à peu près oublié : que l’homme n’est pas capable par lui-même

26 le ; une remise en question radicale et intime de notre existence devant Dieu. À la suite de Kierkegaard il nous fait voir qu

27 istence devant Dieu. À la suite de Kierkegaard il nous fait voir que le christianisme, c’est l’immédiat, l’instant éternel d

28 Dieu n’est pas un problème, n’est pas l’objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherche. I

29 toute vie, la synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos antithèses, tous les oui et tous les non que nous pouvo

30 synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos antithèses, tous les oui et tous les non que nous pouvons dire au mon

31 nos antithèses, tous les oui et tous les non que nous pouvons dire au monde. L’homme ne reçoit son existence véritable que

32 Elle ne peut que l’indiquer au-delà d’elle-même. Nous n’avons rien dit des qualités humaines de ce livre, de son éloquence

33 teur du terme, et qui met en état de crise toutes nos sécurités morales. (Ce n’est qu’à certains degrés de tension que la r

34 qu’à certains degrés de tension que la réalité de nos réalités quotidiennes peut être démasquée, éprouvée.) Une prise ferme

35 nt. Barth est l’un des hommes les plus solides de notre temps. C’est pour cela qu’il peut poser les questions les plus gênant

36 hentiquement chrétien : il est le seul espoir que nous puissions garder dans la restauration spirituelle d’une Allemagne pro

37 tres du dessin animé et des Eugène de Cocteau, où nous voyons gesticuler, non sans grandiloquence, des savants astronomes, d

38 ourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre langue, et c’est pourquoi sans doute elle ne s’y manifeste que par ce

39 y manifeste que par ces « ratés » émouvants, dont nous rions faute de réflexe appris. L’humour du romantique jaillit des éch

40 timent. Et certes, c’est le sentiment d’abord qui nous retient chez Pierre Girard, cette merveilleuse ingénuité devant le pr

41 es, cette aisance de l’écriture, sans égale parmi nous , cette musique d’un cœur qui s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela q

42 r Max Dominicé (24 mars 1934)d M. Max Dominicé nous donne L’Humanité de Jésus d’après Calvin comme un simple commentaire

43 a pensée du réformateur. N’allons pas commenter à notre tour cette glose. Ce qu’il y a d’ailleurs de plus significatif dans l

44 ure qu’elle humanisait le Christ sous prétexte de nous rapprocher de lui, l’histoire prêtait une réalité insurmontable aux d

45 ne réalité insurmontable aux dix-neuf siècles qui nous séparent de l’Évangile. Du même coup, l’expérience religieuse, dialog

46 un renversement du problème. Calvin ne fonde pas notre vie religieuse sur notre amour pour Jésus-Christ — amour dont il nous

47 ème. Calvin ne fonde pas notre vie religieuse sur notre amour pour Jésus-Christ — amour dont il nous sait tout incapables par

48 sur notre amour pour Jésus-Christ — amour dont il nous sait tout incapables par nous-mêmes — mais sur l’amour de Dieu pour n

49 es par nous-mêmes — mais sur l’amour de Dieu pour nous . C’est Dieu qui vient à nous, impies, non point nous qui le rencontro

50 l’amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient à nous , impies, non point nous qui le rencontrons au terme d’une pieuse « él

51 s. C’est Dieu qui vient à nous, impies, non point nous qui le rencontrons au terme d’une pieuse « élévation ». Et c’est le m

52 etrouver cette réalité, c’était du même coup pour notre auteur, échapper aux faux problèmes du modernisme et revenir à l’orth

53 nts du Calvin commentateur des évangiles, tel que nous le restitue M. Dominicé, que cette insistance à mettre en lumière le

54 n lumière le « scandale de Jésus » à seule fin de nous « enseigner à révérence ». On peut dire dans ce sens que l’exégèse de

55 ute didactique : elle veut sans cesse transformer nos questions en questions que le texte sacré nous adresse. Tout au contr

56 mer nos questions en questions que le texte sacré nous adresse. Tout au contraire du critique moderne, qui se pose en juge d

57 Dominicé ne sera pas le dernier à souhaiter avec nous que le retour des doctrines du xvie siècle renouvelle jusque dans le

58 ant du xixe siècle, depuis quelques années qu’on nous parle de lui dans les revues philosophiques et littéraires ! Probable

59 equel il a pas mal de traits communs, Kierkegaard nous laisse un ouvrage d’autocritique2 où il dégage le sens général de son

60 nsidéré comme une maladie universelle ne doit pas nous tromper sur le dessein du livre. Nul romantisme dans cette analyse, a

61 mantisme dans cette analyse, aucune exaltation de nos démons obscurs. Au fond du désespoir, et quelles que soient les forme

62 a connaissance du salut promis par le Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien,

63 Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère de l’hom

64 ables. Par ailleurs, cette descente aux enfers de notre âme fait songer à Dostoïevski. Dans La Répétition 4, on trouvera conf

65 losophe, l’ironiste et le théologien. Kierkegaard nous montre un homme aux prises avec un problème sentimental douloureux, e

66 « son muet confident », l’auteur. Peut-être avons- nous ici les pages les plus éloquentes et les plus irréfutables d’un pense

67 un penseur qui sut devancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à la hauteur de l’invective prophétique : P

68 ortés par de vieilles bavardes et des eunuques ! Nous voici plus près de Shakespeare que du piétisme sentimental et de l’un

69 it là que du premier volet d’un triptyque dont il nous faut attendre les deux autres parties pour saisir la pleine significa

70 les introductions que les différents traducteurs nous ont prodiguées jusqu’ici avec autant de science que de conscience, ma

71 Du mélange d’humour et d’angoisse insondable qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on trouvera ici l’exposé judicieu

72 egaard est un événement. Voici un homme qui vient nous dire, en toute simplicité, qu’il a vu l’événement, et qu’il en est en

73 Or, je tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du danois prophétique,

74 dépens de leur modèle ! Modeste et sûr, celui-ci nous aidera. 2. Point de vue explicatif sur ma carrière d’auteur, non t

75 rituels qui serviront à fixer la signification de notre époque. Son influence, limitée d’abord aux pays anglo-saxons, s’étend

76 le concret du christianisme. Une dizaine d’entre nous parlèrent, sans artifices ni gêne, ni excès d’aucune sorte. À plus d’

77 reprise, j’eus l’impression, qu’on a rarement de nos jours, d’entendre des gens dire la vérité sur eux-mêmes. Je sortis as

78 on passe sur les interprétations personnelles que nous en propose l’auteur. (Begbie est un de ces « informateurs » brillants

79 e sont souvent que des acteurs. Seule la foi peut nous rendre actifs lorsqu’elle nous engage dans une relation concrète avec

80 Seule la foi peut nous rendre actifs lorsqu’elle nous engage dans une relation concrète avec le prochain. Mais comment s’en

81 e faire tomber les barrières morales qui séparent nos contemporains, l’on s’en persuadera facilement en lisant les récits d

82 Dieu sur l’homme. Dans l’incroyable verbalisme de notre temps, dans cet embouteillage de doctrines et de programmes où nous s

83 et embouteillage de doctrines et de programmes où nous sommes pris, le seul message utile est celui qui nous révèle une tâch

84 sommes pris, le seul message utile est celui qui nous révèle une tâche proche, des hommes pour lesquels nous puissions être

85 révèle une tâche proche, des hommes pour lesquels nous puissions être le prochain. Et quand ce livre n’aurait pas d’autre va

86 pas d’autre valeur, il a celle-là, qui compte, de nous montrer comment les hommes de ce temps peuvent devenir des hommes rée

87 ues revues protestantes en ont parlé. C’est tout. Nos grands journaux ignorent quelques-uns des événements décisifs de l’hi

88 eux ansg. Aujourd’hui, l’un de ses collaborateurs nous donne un portrait plus complet et quelques extraits de ses œuvres8. F

89 de symptômes d’aliénation mentale ? La société de nos jours manifeste une tendance au crime. Elle est devenue folle par sa

90 e, c’est-à-dire un grand poète. Le livre d’Axling nous donne d’admirables citations de ses Méditations. Si les romans de Kag

91 i appartiennent au génie japonais tel que Claudel nous l’a décrit, mais auquel le génie chrétien ajoute une dimension humain

92 e point-là l’image habituelle que l’on se fait de nos climats ? Et voici un dernier argument. Prenez une liste des romancie

93 a Réforme : simul peccator et justus. Kierkegaard nous rappelle que pour aider les hommes, il faut d’abord les trouver là où

94 nt, parce qu’il ne cache rien ; parce qu’il vient nous prendre où nous sommes. C’est le charme profond de Selma Lagerlöf qui

95 ne cache rien ; parce qu’il vient nous prendre où nous sommes. C’est le charme profond de Selma Lagerlöf qui revit dans ces

96 malentendus que font naître ces expressions dans nos esprits encore marqués de préjugés naturalistes. On a voulu nous fair

97 core marqués de préjugés naturalistes. On a voulu nous faire croire que la vie quotidienne était le contraire de la poésie,

98 ’on porte sur le monde. Le regard « objectif » de nos naturalistes appauvrit tout, faute de vouloir imaginer. Ils croient v

99 appelait l’histoire du sentiment religieux, et il nous sera permis de souhaiter que cette lacune suscite un Bremond protesta

100 volume. Mais aussi, la substance historique qu’il nous offre est de celles qui n’ont pas besoin de condiments pour produire

101 propres à modifier considérablement l’opinion que nous pouvions avoir du « grand siècle » tel que nous l’ont décrit les ferv

102 e nous pouvions avoir du « grand siècle » tel que nous l’ont décrit les fervents de Louis XIV et certains défenseurs de la p

103 te anachronique, mais que tout le livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascisme. Le parallélisme qu’o

104 es François… Bon Dieu ! parmi quels tigres vivons- nous … qu’une cour de Parlement se licencie ainsi contre le droit naturel,

105 ’être citée aussi, pour sa seule beauté : Lequel nous vaudra donc mieux, qu’un loup dévore notre charogne ou que des citoye

106 Lequel nous vaudra donc mieux, qu’un loup dévore notre charogne ou que des citoyens en repaissent leurs yeux et contentent l

107 mpêchera qu’en ces mêmes os, en cette même chair, nous ne voyions notre Rédempteur qui approche, et qui rendra, selon sa jus

108 es mêmes os, en cette même chair, nous ne voyions notre Rédempteur qui approche, et qui rendra, selon sa justice, oppression

109 i rendra, selon sa justice, oppression à ceux qui nous oppressent, et relâche à nous qui sommes oppressés. (Qui donc, sauf

110 pression à ceux qui nous oppressent, et relâche à nous qui sommes oppressés. (Qui donc, sauf Léon Bloy, fait écho à ce styl

111 ui donc, sauf Léon Bloy, fait écho à ce style, en notre siècle ?) Mais Casaubon, bien moins vindicatif, n’est pas moins grand

112 ses coreligionnaires, il conclut par ces mots : Nous sommes chassés de la ville et jetés comme des ordures dans un coin. C

113 des ordures dans un coin. C’est bien d’ailleurs. Notre part est en Dieu. Nous sommes citoyens des cieux. Louange à Dieu aux

114 n. C’est bien d’ailleurs. Notre part est en Dieu. Nous sommes citoyens des cieux. Louange à Dieu aux siècles des siècles. L

115 aux siècles des siècles. Le livre de John Viénot nous donne toute une anthologie de pareils traits. Grâce à quoi l’on resso

116 3 février 1935)k Voici trois petits livres qui nous viennent du Nord11. Un même courant spirituel nous les apporte au tem

117 ous viennent du Nord11. Un même courant spirituel nous les apporte au temps marqué. Peut-être, l’examen de ces « témoins » à

118 à la fois si divers et si profondément semblables nous permettra-t-il aujourd’hui de préciser la direction et la nature de c

119 aine passion qui porte tant de bons esprits, chez nous , vers la pensée de Kierkegaard, surgissant lentement, terriblement, d

120 plutôt gênante qu’est son œuvre en plein cœur de nos ratiocinations de clercs retraités de la vie ? Mais le plus curieux d

121 urieux de l’affaire, n’est-ce pas que Kierkegaard nous soit présenté aujourd’hui par des philosophes laïques tout à fait lib

122 continuateur, Karl Barth, pénètre et fait revivre notre pensée évangélique ? Et voici que cette conjonction du poète philosop

123 de, une nouvelle constellation monte au zénith de notre âge. Il s’agit maintenant d’interpréter son signe. ⁂ Crainte et Trem

124 nt. Il réduit tout au général. Mais la Bible, que nous dit-elle ? Elle ne fait pas une théorie, elle répond par l’exemple d’

125 sa forme, mais à sa transformation. Et voici que nous rejoignons l’idée centrale de Crainte et Tremblement. Qu’est-ce, en e

126 me ni au monde. Ainsi, chez Barth et Kierkegaard, nous trouvons le même réalisme fondé dans le même paradoxe. La même façon

127 de Dostoïevski ? Ses héros ne viennent-ils pas à nous comme de grands questionneurs, comme des êtres orientés vers autre ch

128 tit livre en Allemagne mérite d’être confirmé par notre public littéraire. En quelques chapitres très simples, Thurneysen sai

129 de sens, ou seulement chaotique, morbide. Ce que nous avons cherché dans Dostoïevski, c’est la réponse à cette question : q

130 on : qu’est-ce qu’un homme ? Et cette réponse, il nous l’a donnée en nous découvrant que l’homme n’est lui-même qu’une seule

131 n homme ? Et cette réponse, il nous l’a donnée en nous découvrant que l’homme n’est lui-même qu’une seule et grande question

132 s traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)l On nous montre un Calvin maigre et sec, et l’on conclut incontinent à l’ascét

133 on conclut incontinent à l’ascétisme puritain. On nous montre un Luther adipeux, et loin de revenir sur le premier jugement,

134 breuse qu’on ne pense. Que sait-on de Calvin dans notre grand public, sinon qu’il avait les joues creuses, une barbiche point

135 de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté d’esprit. Mais je m’en voudrais de déplorer la décadence cult

136 es grands théologiens de la Réforme ne sont pas à nos yeux des chefs d’école ; ni des docteurs dont la pensée fait loi, une

137 maines de ce message, à la réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Calvin, ce n’est pas faire retour à certaines f

138 là de ces formules et dans l’orientation où elles nous placent, remonter à cette origine permanente de l’Église qu’est la ré

139 ation particulière, et sous cet angle seul, qu’il nous devient loisible de parler de ces hommes sans tomber dans l’extravaga

140 ns l’extravagance. Calvin homme, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pas de l’estimer à nos mesures humaines et littérai

141 ravagance. Calvin homme, Calvin écrivain, nous ne nous priverons pas de l’estimer à nos mesures humaines et littéraires ; ma

142 rivain, nous ne nous priverons pas de l’estimer à nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe plus que tout,

143 d’abord la « clé » qui donne leur exacte valeur à nos variations sur ce thème. Et cette clé, c’est la vocation que Jean Cal

144 grand mérite de cette introduction, c’est qu’elle nous ouvre, en une quinzaine de pages, les principales perspectives de « l

145 vinien. Il faut bien avouer que les commentateurs nous avaient donné jusqu’ici une image assez étriquée de cette Weltanschau

146 lui restituer ses trois dimensions primordiales. Nous voyons alors Calvin faire face d’une part à l’Église de Rome et c’est

147 occasion d’une véritable découverte de Calvin. Il nous donne un puissant raccourci de toute la polémique de la Réforme contr

148 yaume mondain ». À ceux-là, Calvin rappellera que notre condition chrétienne est celle du conflit dialectique : L’Église est

149 e monde. Voici enfin les « libertins », ceux que nous appelons libéraux qui « gazouillent » à tort et à travers et se répan

150 bles que comportent les Trois traités, M. Schmidt nous propose quelques définitions fort bien venues : Qui veut comprendre,

151 rtus qui, sans doute, font le plus grand défaut à notre siècle : une fermeté délibérée qui ne s’arrête pas complaisamment à d

152 dont un romantisme tour à tour alangui ou excité nous a fait perdre le secret. Notre langage moderne relève à peine de deux

153 r alangui ou excité nous a fait perdre le secret. Notre langage moderne relève à peine de deux maladies graves : la contentio

154 ixe . Il m’apparaît que le style d’un Calvin peut nous être un puissant roboratif. Et ceci pour deux bonnes raisons. D’abord

155 emplir et d’un dialogue à soutenir avec l’époque. Notre culture périt d’être par trop « irresponsable ». Peut-être nous faut-

156 érit d’être par trop « irresponsable ». Peut-être nous faut-il revenir vers les chefs pour apprendre à nouveau ce que parler

157 énéfice ne saurait être pour la foi. La mystique, nous dit-il, en effet, c’est « la recherche des moyens par lesquels l’âme

158 ndrait un marxiste, si le christianisme est cela, nous lui laisserons ses rêveries et nous nous chargerons de l’homme « dans

159 sme est cela, nous lui laisserons ses rêveries et nous nous chargerons de l’homme « dans ses limites charnelles et temporell

160 st cela, nous lui laisserons ses rêveries et nous nous chargerons de l’homme « dans ses limites charnelles et temporelles ».

161 éserve, il convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poétique p

162 lante. La plupart des mystiques que M. Chuzeville nous révèle sont inconnus du public français, Novalis et Ruysbroeck mis à

163 lassification. En vérité, les mystiques allemands nous apparaissent surtout intéressants dans la mesure où ils annoncent le

164 ier romantisme allemand, encore si mal connu chez nous . Il est grand temps que nous rendions hommage à ce ver sacrum de l’es

165 re si mal connu chez nous. Il est grand temps que nous rendions hommage à ce ver sacrum de l’esprit germanique. Il est grand

166 um de l’esprit germanique. Il est grand temps que nous relevions ces titres de noblesse spirituelle momentanément méprisés p

167 olumes, sauf erreur — M. le pasteur Wilfred Monod nous a donné une œuvre aussi exceptionnelle par ses dimensions que par son

168 sation concrète. À ces deux causes illustrées par notre auteur, il faut en ajouter une troisième, qui les commande directemen

169 ême l’esquisse. Mais le sous-titre de cette œuvre nous engage à l’aborder très librement : « essai de théodicée et journal d

170 : « essai de théodicée et journal d’un pasteur ». Nous n’avons pas affaire ici à une construction doctrinale. L’auteur prend

171 e construction doctrinale. L’auteur prend soin de nous en avertir à maintes reprises : L’intérêt du présent ouvrage ne rési

172 aît absolue. Mais l’une des grandes surprises que nous réserve le Problème du Bien, c’est qu’au moyen d’une méthode « libéra

173 lisme ? Mais revenons à la situation de départ de notre auteur. Contre l’un et l’autre adversaire — l’athée et l’orthodoxe de

174 auteur : voilà la thèse capitale du livre. Ce que nous montre la Nature, c’est bien plutôt l’action d’un « démiurge » sauvag

175 . Monod le pense. Jésus, dit-il, « n’est pas venu nous enseigner que l’univers a un créateur. Il a, au contraire, déboulonné

176 ncroyant ou ignorant de ces débats. Wilfred Monod nous apparaît ici comme une espèce de père Hugo du modernisme : même inven

177 n que l’auteur s’en défende dans sa préface. Cela nous vaut des pages fort curieuses sur la Nature, des élévations romantiqu

178 smique dont un maigre intellectualisme dogmatique nous faisait perdre l’émouvant souci. À cet égard, on peut bien dire que M

179 poser par le spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconnaissons pas forcément les nôtres — et s’il ne tenait, par ai

180 s luttes — où nous ne reconnaissons pas forcément les nôtres — et s’il ne tenait, par ailleurs, à l’étayer par une philosophie qui

181 r par une philosophie qui ne saurait plus être la nôtre  : j’entends le criticisme à peine critiqué. Le contenu de la Révélati

182 royants : « Emmanuel ! » qui signifie : Dieu avec nous  ! Est-il vraiment indispensable, est-il même permis au chrétien, de f

183 uant à la doctrine religieuse : voilà tout ce qui nous est accessible d’une œuvre dont on sait pourtant qu’elle a changé plu

184 ppelée à rendre des services inappréciables. Elle nous place au cœur même du grand débat occidental, celui de la pensée « pu

185 ure » et de la pensée « engagée ». Elle met entre nos mains la pièce capitale du procès : l’acte d’accusation du clerc acti

186 intéressé » que croyait pouvoir être Érasme. Elle nous permet de connaître l’une des origines historiques de cette oppositio

187 Le point de vue du « clerc pur », celui d’Érasme, nous est suffisamment connu. Qu’on se reporte en particulier à la brillant

188 en ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une cert

189 foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul en nous  ; opposition de la justice donnée par Dieu à la justice acquise par n

190 justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée ; s

191 endu, que Luther ne nie pas du tout la réalité de notre volonté. Il nie seulement que cette volonté puisse s’appliquer librem

192 oses qui concernent le salut. Elle fait partie de notre nature, et comme telle, ne désire vraiment que le péché. La liberté n

193 rsonne même de Dieu, éternellement active, et qui nous aime. Il faut choisir. Mais le choix est-il libre ? On retombe au déb

194 and triptyque des Löwensköld 15. Et, grâce à lui, nous pourrons rire de nouveau de cette « défense d’inventer » qui terroris

195 urs, que ces héros sont bien assez complexes pour notre goût moderne ! Et que l’« analyse des motifs » est ici d’une fort mal

196 de la lecture une euphorie de l’imagination dont nous pensions que le secret s’était perdu avec l’enfance. Comme on sent qu

197 la poésie ! Et le spectacle le plus émouvant que nous donne cette œuvre admirable, c’est celui du travail de la foi dans la

198 rs — dont le charme, d’ailleurs, suffirait bien à nous retenir : ils nous permettent de mesurer d’un seul coup d’œil l’appor

199 , d’ailleurs, suffirait bien à nous retenir : ils nous permettent de mesurer d’un seul coup d’œil l’apport proprement artist

200 t pas à expliquer la crise actuelle du genre dans notre société. 15. L’Anneau des Lowensköld, Charlotte Lowensköld, Anna S

201 Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)u v Avec l’audace souriant

202 qui ne sont jamais indifférents. Il a tenu, dans notre journal, la rubrique de la vie protestante. Ayant fait de solides étu

203 Rougemont connaît mieux que beaucoup de Français notre province : il a séjourné de longs mois en Vendée et dans le Midi. Son

204 laquelle il s’efforce de dégager l’âme secrète de nos campagnes. Denis de Rougemont n’aime pas les villes, il n’a pas besoi

205 tudier ce mythe et analyser la crise du mariage à notre époque. Mais plus je relisais les différentes versions du roman, plus

206 ère aux biens de ce monde, profusion de symboles… Nous retrouvons la religion cathare, telle que les procès de l’Inquisition

207 ur-passion serait une hérésie chrétienne ? … Dont nous avons perdu la clef, et qui a pourtant inspiré toute notre littératur

208 ns perdu la clef, et qui a pourtant inspiré toute notre littérature, reprend Denis de Rougemont. Le mythe de Tristan et Iseut

209 Denis de Rougemont réfléchit : Non, je crois que nous sommes à une époque de transition, que ce mythe risque de disparaître

210 ise du mariage. Comment cela ? C’est très simple. Nous souffrons d’avoir été élevés dans une double contradiction. Romans, p

211 Romans, poèmes, musique, l’art et la littérature nous représentent la passion comme un paroxysme désirable, comme un état d

212 n état d’exception où l’être se dépasse lui-même. Nous aspirons donc à connaître cet état que, comme Tristan et peut-être in

213 t que, comme Tristan et peut-être inconsciemment, nous préférons à l’être aimé. D’autre part, on nous montre le mariage comm

214 t, nous préférons à l’être aimé. D’autre part, on nous montre le mariage comme le fondement essentiel de notre société. Mais

215 montre le mariage comme le fondement essentiel de notre société. Mais la passion, par définition, reste extérieure au mariage

216 te, espèce d’écrivain de plus en plus répandue de nos jours. Montesquieu, Pascal étaient des essayistes. Ce n’est pas que j

217 n me disant : « Vous qui pensez pis que pendre de notre régime, allez donc l’observer de plus près. » J’acceptai à une condit

218 bles les unes des autres devant le danger commun. Nous serions ainsi 350 millions d’Européens solidaires, ce qui représente

219 a vu la civilisation — qui ne saurait être que la nôtre , quand on en parle au singulier — étendre à toute la terre ses bienfa

220 ropéen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemain de la Première Guerre mondiale

221 sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemain de la Première Guerre mondiale déclenchée par l

222 19, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelle

223 tte phrase célèbre : Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam

224 autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam, Ninive, Babylone étaient

225 ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie, ce seraient

226 e beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’Histoire est assez grand pour tout

227 de l’Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circo

228 que toutes les civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvante qu’e

229 écliner et mourir après une période d’apogée — la nôtre aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus loin ; il est conv

230 ne vaste érudition, ont d’autant moins de peine à nous convaincre que, d’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, no

231 ’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, notre angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde, et que, d’

232 essé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de

233 puis cent ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leurs prédictions semblent confirmées par

234 proclament déjà leur volonté de retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… Que faud

235 lament déjà leur volonté de retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… Que faudrait

236 parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de répondre, formulons deux remarques dictées pa

237 es précédents historiques soient applicables dans notre situation, ni que la courbe croissance-grandeur-décadence soit la mêm

238 antiques ? Il se pourrait, bien au contraire, que notre culture présente des caractères nouveaux, qui déterminent un destin n

239 nes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À cause

240 its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi

241 yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cett

242 ins violents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamais été

243 d’autres avaient cru cela d’elles-mêmes, avant la nôtre . Elles se trompaient, mais cette erreur ne saurait plus être commise,

244 pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous , les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons

245 e d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquement, mais nous savons

246 es Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquement, mais nous savons aussi que toutes les

247 ien que nous ne dominons plus politiquement, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afrique im

248 es villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent nos villes modernes, leurs procédés de construction, leurs rues, leurs pl

249 journaux, et même leurs embarras de circulation. Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et

250 Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et n

251 parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sen

252 et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sens unique et n’est pl

253 phénomène sans précédent dans toute l’Histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sou

254 aire, du moins séduire tous les peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’Europe envoie dans le monde plus de machines et

255 ultures disparues ou en voie d’extinction. Valéry nous disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et

256 eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous

257 très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous laisser d’autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ains

258 t : ainsi celle des Aurignaciens, ou plus près de nous celle des Hittites, plus près encore celles des Mayas et des Aztèques

259 ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre , sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes ont été préservées par

260 le laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales

261 corriger comme suit le passage que j’ai cité : «  Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne

262 sage que j’ai cité : « Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement

263 lisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le t

264 de que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le temps est passé où les civilisations étaien

265 e mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnog

266 l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’humanité. Troisième raison :

267 à la relève d’une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont préc

268 ssons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catastrophe naturelle, comme la d

269 itération ou simplement la reprise des charges de notre civilisation, avec quelques chances de succès ? Les États-Unis ? dira

270 lement un programme pour les vingt ans à venir et nous met en garde, comme on va le voir, contre les prophètes de la décaden

271 ir, contre les prophètes de la décadence avant de nous proposer des candidats à la relève.

272 de mon père, je m’aperçois qu’à la génération où nous avons 64 ancêtres, la sixième, il y a 28 Suisses neuchâtelois et 36 a

273 ez exacte des influences qui se sont exercées sur notre petit coin de Suisse romande. Vous avez consacré de nombreuses et pas

274 e mythe de Tristan et l’amour dans le mariage. Et nous avons pris date. Je devais lui donner mon livre en février 1938. Le m

275 que j’habite, qui est prétendument zone franche, nous sommes entre deux cordons douaniers. Cette situation particulièrement

276 lobe le temps, qui le pénètre complètement et que nous y sommes déjà maintenant. Plutôt que de me demander ce que c’est que

277 i il s’agit, mais que j’insiste pour indiquer que nous nous trouvons devant un problème. J’ai écrit des centaines de pages d

278 s’agit, mais que j’insiste pour indiquer que nous nous trouvons devant un problème. J’ai écrit des centaines de pages de not

279 s du tout à ce que le monde ait un sens, à ce que notre vie ait un sens, à ce que l’humanité ait un sens, puis ils finissent

280 ut être socialiste ou qu’il faut être de gauche ? Nous entrons dans l’arbitraire total. Si, au contraire, j’entre dans le mo

281 tence ou la non-existence de Dieu étant donné que nous savons la place infime que nous tenons dans l’univers. Je fais quelqu

282 u étant donné que nous savons la place infime que nous tenons dans l’univers. Je fais quelquefois cette comparaison un peu é

283 ien ce qu’elle veut dire : comment une cellule de notre corps pourrait croire à l’existence de ce corps ? Elle n’a aucun moye

284 hez Albin Michel, Lettre ouverte aux Européens , nous ne trouvons pas seulement confirmation de l’idéal de toute sa vie ; l

285 a le cheminement des esprits. Robert Schuman Il nous faut faire l’Europe afin de rester nous-mêmes, disons pour aller vite

286 ’Est européen — d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europ

287 re part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais

288 ole, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous font croire, depuis plusieurs générations de bons élèves et de maître

289 apprend depuis un siècle aux jeunes Européens de nos divers pays — contre toute évidence historique — que leur nation est

290 , pour la plupart, en tant qu’État et en moyenne, nos nations n’ont même pas cent ans d’âge. Seules la France, l’Angleterre

291 jeune Islande vingt-sept, et Malte, dix. L’école nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à

292 Malte, dix. L’école nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensemble à

293 raphique défini par des frontières naturelles. Et nous l’avons cru ! Or tout est faux dans cet enseignement. Il n’y a pas

294 qu’elle existait bien avant la formation, récente nous venons de le voir, de nos États-nations. Le mot nation, natio en lati

295 la formation, récente nous venons de le voir, de nos États-nations. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge,

296 flamande, nation italienne, c’était un peu comme nos maisons nationales dans une cité universitaire. Mais à l’Université m

297 d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos États-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une lang

298 s baltes et de la Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre e

299 nt que nos langues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofi

300 ues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofia, Varsovie et

301 des savants au xixe , et de l’anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclésias

302 ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : évêque, vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop, bischof… Il

303 . Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturel

304 service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses rives, mais que le R

305 unité et les vraies diversités La vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique ti

306 qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa genèse même

307 ntiellement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés à doses variables, et qui ont éduqué notre vision d

308 ous affectés à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultiv

309 bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les g

310 vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’archit

311 ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et

312 té de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme le dis

313 que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifier.

314 ations faciles à vérifier. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar

315 comme les conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait un historien français

316 qui ne peut plus avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et l

317 rétendues « cultures nationales », les manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes,

318 Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun

319 le sens même de la vie de l’esprit. 1° Chacun de nos pays a un nord et un midi : dans chacun vous trouverez des croyants e

320 mistes de leur propre nation, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais les éco

321 . Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais les écoles de pensée, les styles de vie.

322 annis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des gra