1 1933, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)
1 Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)a b La théologie chrétienne a-t-elle
2 voir ce message ? « L’âme moderne » décontenancée par l’échec de ses idéaux, demande des apaisements ou des directions posi
3 i donc peut être pasteur et prêcher ? » Tourmenté par cette question à laquelle il ne peut ni ne veut se soustraire, Karl B
4 que homo finitus non capax infiniti, Barth répond par la formule chrétienne homo peccator non capax verbi Dei, l’homme péch
5 à peu près oublié : que l’homme n’est pas capable par lui-même de faire le bien, que la foi seule lui donne la promesse du
6 rangée derrière les plus fameux docteurs, appuyée par Hitler lui-même et par toute l’opinion publique, votait la clause ary
7 s fameux docteurs, appuyée par Hitler lui-même et par toute l’opinion publique, votait la clause aryenne et trahissait sa f
8 30 décembre 1933, p. 4. b. Traduit de l’allemand par Pierre Maury et Alexandre Lavanchy (Éditions “Je sers”) », Les Nouvel
2 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
9 est pourquoi sans doute elle ne s’y manifeste que par ces « ratés » émouvants, dont nous rions faute de réflexe appris. L’h
10 Thuringe, le récit du mariage de Virginie présidé par son oncle âgé de 102 ans (« Il avait arpenté tous les camps de la gue
11 de Sécession, mais il n’en parla pas »), et servi par un garçon triste qui perd le vol-au-vent, inexplicablement. Tâchez de
12 n’est Suisse que par accident, j’ose à peine dire par l’état civil. « Je n’ai pas de passeport ; je n’en ai jamais eu ; s’i
13 , réuni autour de Ramuz pendant la guerre. (C’est par cela surtout qu’il est Suisse, au mépris de tous les racismes.) On av
3 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)
14 L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)d M. Max Dominicé nous donne L’Humanité
15 ise d’une façon remarquable l’évolution accomplie par toute une génération de protestants, celle qui commence à s’exprimer
16 étendre voir une personne morale dont on récusait par avance les actes caractéristiques ? N’était-ce point là selon le mot
17 fleurs de rhétorique ? » Ce Jésus « reconstitué » par les historiens négateurs du surnaturel, M. Dominicé n’a pas de peine
18 -Christ — amour dont il nous sait tout incapables par nous-mêmes — mais sur l’amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient
19 une « exégèse d’obéissance » — il se laisse juger par le texte. On ne saurait imaginer rien de plus opposé au trop fameux «
4 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard (26 mai 1934)
20 inaire. Car seule la connaissance du salut promis par le Christ peut nous amener à l’aveu de la réalité de notre condition.
21 toute la misère de l’homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂ La lecture du Traité n’est pas des plus aisée
22 le lecteur, pourtant, ne se laisse point arrêter par des définitions dont la substance, tôt après, se révèle admirablement
23 douloureux, et qui cherche à le résoudre, d’abord par le plaisir, dans ses formes supérieures, puis par la sagesse morale c
24 par le plaisir, dans ses formes supérieures, puis par la sagesse morale courante. L’un et l’autre le conduisent à des impas
25 s potins sur la justice de la Providence inventés par la sagesse humaine et colportés par de vieilles bavardes et des eunuq
26 ence inventés par la sagesse humaine et colportés par de vieilles bavardes et des eunuques ! Nous voici plus près de Shake
27 5. Non point que cet ouvrage ne mérite d’être lu par tous les amateurs de grand lyrisme intellectuel (le style admirable d
28 pages a été rendu aussi bien qu’il était possible par le traducteur). Mais il ne s’agit là que du premier volet d’un tripty
29 se dans l’œuvre du danois prophétique, ressuscité par l’angoisse moderne. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple ch
30 ême ouvrage vient de paraître chez Alcan, traduit par P.-H. Tisseau, sous ce titre d’ailleurs inexact : Le Banquet. 6. Sø
31 anquet. 6. Søren Kierkegaard, traduit du danois par A. Nicolet et F. B. Janson (Éditions « Je sers »). e. Rougemont Den
5 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)
32 liste. La rénovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des
33 ra jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des corps constitués mais par des hommes co
34 mouvements de masse, ni par des organisations, ni par des corps constitués mais par des hommes concrets, agissant dans le c
35 s organisations, ni par des corps constitués mais par des hommes concrets, agissant dans le cercle concret de leur vie. La
36 ceux qu’ils rencontrent. Le « partage » préconisé par Buchman ne ressemble pas à ces tentatives de violation de domicile mo
37 une secte ni une nouvelle Église. Ils travaillent par petites équipes. Ils voyagent beaucoup et vont où l’Esprit les appell
38 insi dans la vieille croyance à la sanctification par les œuvres. Karl Barth et ses amis n’ont pas manqué de critiquer vive
39 otale, et un assassin dont les nuits sont hantées par les apparitions de sa victime. Ils dorment côte à côte. D’autres vien
40 quartier des prostituées, souvent lapidé. Épuisé par la tuberculose et une maladie des yeux, il arrive qu’il s’effondre pe
41 contre le soleil. Accueilli à sa sortie de prison par une foule en fête, il entraîne une centaine d’enfants au bord de la m
42 ste une tendance au crime. Elle est devenue folle par sa faute, Dieu seul peut la guérir. » Les marxistes n’aiment pas ce r
43 ticulièrement émouvante. 7. Vies transformées, par Harold Begbie, trad. de l’anglais par D. Junod (La Concorde). 8. Ka
44 ansformées, par Harold Begbie, trad. de l’anglais par D. Junod (La Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad. de l’a
45 ’anglais par D. Junod (La Concorde). 8. Kagawa, par William AxIing, trad. de l’anglais par H. Ecuyer (La Concorde). f.
46 . Kagawa, par William AxIing, trad. de l’anglais par H. Ecuyer (La Concorde). f. Rougemont Denis de, « Le Mouvement des
47 e en septembre 1931. Kagawa sera également évoqué par Rougemont dans un article du Semeur paru en mai 1935.
6 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
48 se français, de Rousseau jusqu’à Gide, en passant par Constant. Quand on parle du roman, vous ne voyez que Balzac et Zola.
49 ire sa poésie. Il y a dans Sara Alelia une poésie par endroits bouleversante, une poésie qui naît des faits, jamais d’un co
50 s ou menacées, harmonieuses ou durement rabrouées par le sort, « la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une mi
51 elius von Aster : Sara Alelia, traduit du suédois par Anne-Marie des Courtis. (Éditions « Je sers ».) h. Rougemont Denis
7 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
52 i influence de plus en plus la cour, et qui finit par triompher lors de la révocation de l’édit de Nantes. Mais alors cette
53 cation » et les mesures de « mise au pas » prises par Hitler me paraît riche d’enseignements très actuels. Chez Louis XIV c
54 , géométrique, conçu dans l’abstraction et imposé par la violence. Pour soutenir un tel dessein, il s’agit d’établir un dro
55 frappant. Il s’agit de la requête adressée au roi par des protestants auxquels on refusait l’usage des cimetières (on allai
56 secret d’une de ses coreligionnaires, il conclut par ces mots : Nous sommes chassés de la ville et jetés comme des ordure
8 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Kierkegaard, Dostoïevski, Barth (23 février 1935)
57 as que Kierkegaard nous soit présenté aujourd’hui par des philosophes laïques tout à fait libérés des disciplines de la foi
58 -elle ? Elle ne fait pas une théorie, elle répond par l’exemple d’Abraham. Et c’est à la méditation de cet exemple que Kier
59 t-il son acte ? Vingt fois, Kierkegaard y revient par les biais les plus différents et vingt fois il échoue devant ce parad
60 étienne, c’est simplement la vie humaine éclairée par la foi dans sa réalité, puis offerte telle quelle « en sacrifice sain
61 nt Dieu, hic et nunc, et tel qu’il est revendiqué par Dieu à la limite de ses possibilités, là où paraît la grâce, in extre
62 ette vision de l’homme sans cesse mis en question par l’Autre, n’est-ce point encore la vision de Dostoïevski ? Ses héros n
63 e petit livre en Allemagne mérite d’être confirmé par notre public littéraire. En quelques chapitres très simples, Thurneys
64 es récentes chroniques, ce qu’il fallait entendre par le protestantisme de Dostoïevski. Je ne saurais mieux répondre qu’en
65 a conception « dialectique » de l’homme illustrée par les personnages de Dostoïevski, commentée sur le plan théologique par
66 de Dostoïevski, commentée sur le plan théologique par Karl Barth, et sur le plan d’une poésie philosophique par Kierkegaard
67 Barth, et sur le plan d’une poésie philosophique par Kierkegaard, c’est la conception même de la vie du chrétien selon Cal
68 forme luthérienne. 11. Crainte et Tremblement, par Kierkegaard, traduit du danois par P.-H. Tisseau (Éditions Montaigne)
69 t Tremblement, par Kierkegaard, traduit du danois par P.-H. Tisseau (Éditions Montaigne). – Le Culte raisonnable, par Karl
70 eau (Éditions Montaigne). – Le Culte raisonnable, par Karl Barth, traduit par P. Maury (Éditions « Je sers »). – Dostoïevsk
71 . – Le Culte raisonnable, par Karl Barth, traduit par P. Maury (Éditions « Je sers »). – Dostoïevski ou les confins de l’ho
72 sers »). – Dostoïevski ou les confins de l’homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Éditions « Je sers »). k.
73 nfins de l’homme, par Édouard Thurneysen, traduit par P. Maury (Éditions « Je sers »). k. Rougemont Denis de, « [Compte r
9 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Trois traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)
74 ctuelle et littéraire du calvinisme, a donné lieu par contre à une véritable débauche de considérations très vaguement phys
75 urs dont la pensée fait loi, une fois sanctionnée par l’Église. Ils sont avant tout des témoins. On ne saurait trop insiste
76 chemins vers l’Évangile. L’Évangile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodo
77 éformer l’Église. Tout ceci est fort bien exposé par M. Albert-Marie Schmidt dans son introduction aux Trois traités que l
78 men dont on persiste à lui attribuer l’invention, par une erreur assez inexplicable. Mais les pires adversaires de l’Église
79 outenir avec l’époque. Notre culture périt d’être par trop « irresponsable ». Peut-être nous faut-il revenir vers les chefs
80 est le cas de ces Trois traités — furent traduits par lui-même du latin. D’où la jeunesse de cette langue et sa sobriété mo
10 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)
81 es mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)m n L’esprit occidental n’a jamai
82 n confondant la foi et la mystique, comme le fait par malheur M. Chuzeville, on contribue à renforcer un préjugé dont le bé
83 dit-il, en effet, c’est « la recherche des moyens par lesquels l’âme arrive à transgresser ses limites charnelles et tempor
84 t de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poétique plein de dangers e
85 es de noblesse spirituelle momentanément méprisés par leurs héritiers directs. Et cela vaudrait mieux, à coup sûr, que de r
11 1936, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le Problème du bien (12 septembre 1936)
86 Monod nous a donné une œuvre aussi exceptionnelle par ses dimensions que par son style. M. Wilfred Monod est actuellement l
87 œuvre aussi exceptionnelle par ses dimensions que par son style. M. Wilfred Monod est actuellement le représentant le plus
88 isir, de soutenir les causes les plus vilipendées par ce furieux censeur païen. Qu’il suffise de rappeler que le nom de Wil
89 éalisation concrète. À ces deux causes illustrées par notre auteur, il faut en ajouter une troisième, qui les commande dire
90 — qui va de Schleiermacher à Harnack, en passant par Charles Secrétan, Frommel et même Renouvier, et à laquelle les récent
91 ropres arguments, et les théologiens trop rigides par le recours à une piété plus libre. On sait que pour l’école de Barth,
92 t au contraire d’une mise en question de « Dieu » par la conscience morale de l’homme. L’opposition apparaît absolue. Mais
93 connaît que son objet, c’est Dieu le Père, révélé par le Fils, et non ce Dieu omnipotent du dogme. En effet, Dieu n’est pas
94 a-t-il donc revenir à Marcion, hérétique condamné par toute la tradition chrétienne pour avoir affirmé que le monde est l’œ
95 vrai Dieu s’incarnait dans un crucifié vaincu ». Par une espèce de paradoxe — personne n’a chéri davantage le paradoxe dep
96 un X qui ne se révèle à l’homme comme le Père que par son incarnation dans le Fils, reconnue grâce au Saint-Esprit. Laisson
97 éologique du raisonnement ne soit parfois diminué par certains calembours trop plaisants. Je dirai, pastichant M. Monod, qu
98 rtains fidèles ne soient gênés, comme je le suis, par l’affirmation répétée que l’auteur « écrit à genoux ». Au sous-titre
99 stant se libère d’un intellectualisme intempérant par la considération hardie du cosmos. Quant à sa thèse théologique, je m
100 lus aisément si l’auteur ne cherchait à l’imposer par le spectacle de ses propres luttes — où nous ne reconnaissons pas for
101 res — et s’il ne tenait, par ailleurs, à l’étayer par une philosophie qui ne saurait plus être la nôtre : j’entends le crit
12 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Luther contre Érasme (19 juin 1937)
102 ’Église. Mais dans quelles circonstances ? Poussé par quelles raisons ? Et pour quelles fins ? Si l’on ne veut pas s’en ten
103 de Luther — soit tout de même attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Trai
104 oit tout de même attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. Mais on ne saurait réduire le Traité du serf arb
105 ons fondamentales de la Réforme sont ici reposées par Luther : justification par la foi, qui est don gratuit et œuvre de Di
106 orme sont ici reposées par Luther : justification par la foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul en nous ; oppositio
107 eu seul en nous ; opposition de la justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole v
108 e la justice donnée par Dieu à la justice acquise par nos mérites ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée
109 nage, et du témoignage fidèle, certifié au-dedans par l’Esprit saint, et par l’Écriture au-dehors, et constituant la vérita
110 fidèle, certifié au-dedans par l’Esprit saint, et par l’Écriture au-dehors, et constituant la véritable action de l’homme e
111 e du pouvoir qu’aurait l’homme de gagner le salut par ses propres efforts de volonté, ce n’est pas ici le lieu de l’examine
112 liberté n’est pas dans l’homme, mais dans l’acte par lequel Dieu le choisit, substituant à un destin fatal une vocation d’
113 Luther, traduit pour la première fois en français par Denis de Rougemont.
13 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)
114 juge le plus bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir de se montrer original, à tenir pour acquis que les « vertus »
115 d’une fort malicieuse lucidité. Mais elle s’opère par le seul jeu des faits, jamais en marge de l’action, sous forme de méd
116 e désespérée, de pur amour, rompt le charme forgé par le péché. Au symbole de l’anneau volé, maintenant privé de son pouvoi
117 endiante sourde. Une voiture le dépasse, conduite par une riche jeune fille des environs, mais cela ne compte pas, car il e
118 pte pas, car il est entendu que la femme désignée par Dieu doit venir à sa rencontre. Un peu plus loin, il entend chanter :
119 pauvre orpheline du village ; elle est défigurée par une énorme tache de vin. Faudra-t-il accepter ce martyre ? Déjà, le j
120 cette même phrase soit aussitôt mise en pratique par le héros, sans nulle invraisemblance, il faut que ce héros soit un cr
121 reuse, et Anna Svärd, « distinguée entre toutes » par le miracle, et qui l’accepte avec humilité. Et cinquante autres perso
122 t vraiment toute l’humanité suscitée et instruite par la Réforme, c’est un pays entier sous la lumière de la Parole, qui tr
123 owensköld, Anna Svärd, romans traduits du suédois par M. Metzger et T. Hammar. (Éditions « Je sers ».) 16. Morbacka, souv
14 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
124 mènent au bord du précipice le touriste stupéfait par le paysage et par le danger, M. Denis de Rougemont vient de publier
125 précipice le touriste stupéfait par le paysage et par le danger, M. Denis de Rougemont vient de publier L’Amour et l’Occid
126 seut qu’il l’aime, il se borne à répéter : « Amor par force me demeisne ». C’est la passion-catastrophe, qui ne peut se rés
127 rtisans. Venue de Macédoine, elle gagna la France par le Piémont. Les cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fond
128 t souvent jaloux de l’autorité temporelle exercée par le clergé. Donc l’amour-passion serait une hérésie chrétienne ? … Don
129 ploi des méthodes freudiennes. Or j’ai été frappé par le goût de la mort que l’on retrouve à la fois dans le catharisme, da
130 aussi absurde que la passion, mais s’en distingue par un refus constant de subir ses rêves, par une constante prise sur le
131 stingue par un refus constant de subir ses rêves, par une constante prise sur le réel. Elle reste une folie, mais la plus s
132 tre une institution qui main­tient la passion non par la morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérite bien certains
133 qui main­tient la passion non par la morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérite bien certains efforts et certains
134 enaçait, il quitta sa grotte, et rétablit la paix par le covenant de 1481. Puis il se retourna dans son ermitage et y mouru
135 ires, Paris, 12 février 1939, p. 3. v. Interview par Janine Delpech.
15 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
136 e », je préfère le mot « moraliste ». … illustrée par son livre : Politique de la personne . Politique de la personne é
137 ires, Paris, 7 novembre 1963, p. 3. x. Interview par Pierre Ajame. y. Le journaliste commet ici manifestement une erreur,
16 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
138 ndemain de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’Europe, en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous
139 ues, Toynbee croit pouvoir établir empiriquement, par l’examen comparatif des vingt et une civilisations qui auraient exist
140 nous convaincre que, d’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, notre angoisse quant à l’état présent de l’Europe
141 r voici que leurs prédictions semblent confirmées par les faits. Au cours des années qui suivent la Première Guerre mondial
142 Première Guerre mondiale, les dictatures prévues par Burckhardt et Sorel s’instaurent en Russie, en Turquie, en Italie et
143 nationalismes et les racismes, dénoncés d’avance par Nietzsche, prolifèrent sur les ruines de l’Empire austro-hongrois. Et
144 ant de répondre, formulons deux remarques dictées par une élémentaire prudence historique. Primo, l’hégémonie politique n’
145 comme les autres ? Son destin peut-il être prédit par extrapolation des exemples antiques ? Il se pourrait, bien au contrai
146 eur unité d’une doctrine uniforme, imposée à tous par l’État. Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes
147 nité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamais été autre chose qu’une unité paradoxale cons
148 e. En revanche, la conception chrétienne exprimée par saint Paul (« Il n’y a plus ni Juifs ni Grecs, ni esclaves ni hommes
149  », comment imaginer que la civilisation diffusée par l’Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans en
150 tues grecques et les temples des Pharaons menacés par les eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît d
151 ennes de l’Égypte et du Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre, sont-el
152 iment mortes ? Leurs conquêtes ont été préservées par le musée et le laboratoire européens, pour être diffusées de nos jour
153 Solon, venues de la Crète et de l’Égypte ancienne par la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code
154 os jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnographes, archéologues et philosophes de l’Europe, qu
155 vent l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos découvreurs de l’espace et du temps de l’humanité. Troisième rais
156 e même de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l’Europe ne s’américanise par le cos
157 e plus profondément que l’Europe ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’apporte-t-elle de nou
158 vers l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’Europe et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, obs
159 e vie politique, sociale et économique, élaborées par l’Europe moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-dévelop
160 ns , qui prendra place dans la collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan. Dans cette Lettre , Denis de Rougemont montre to
17 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
161 ns je me sentais curieusement chez moi. J’ai fini par comprendre que ce sentiment venait de ce que j’avais des ancêtres dan
162 ce livre. J’ai été entraîné à écrire cet ouvrage par toute une suite de circonstances. La plus ancienne était un numéro de
163 temps, je m’aperçus qu’ils finissaient quand même par divorcer, c’est-à-dire que l’action de mon livre était généralement d
164 ce fort utiles. Mon premier mariage s’est terminé par un divorce après mes années d’Amérique. C’est pourquoi dans la nouvel
165 morales, l’une qu’il faut enseigner aux enfants, par tous les moyens possibles et qui mène au mariage solide, fait pour du
166 re obligé de passer une et souvent plusieurs fois par jour la frontière est bien fait pour entretenir l’indignation continu
167 s. Cette frontière avait été à peu près supprimée par des traités qui repoussaient le cordon douanier derrière le Jura et f
168 graphie l’avait dessinée. Mais en 1923, Poincaré, par une espèce de coup d’État, a décidé de porter à la frontière politiqu
169 secrète de la gloire. La gloire n’est pas donnée par la foule, elle n’est pas donnée par le succès. C’est un sentiment d’é
170 st pas donnée par la foule, elle n’est pas donnée par le succès. C’est un sentiment d’épanouissement suprême, une floraison
171 qui commence quand on est mort, ni que l’âme sort par la bouche et va voleter on ne sait pas très bien où. Je me dis que l’
172 ce que l’humanité ait un sens, puis ils finissent par vous faire un petit couplet de morale scientifique. On pourrait leur
173 décembre 1970, p. 1 et 10. ac. Propos recueillis par Pierre Lhoste, et précédés du chapeau suivant : « On sait quel ardent
174 ront y puiser tout un programme politique inspiré par l’idée d’union fédérale. Denis de Rougemont s’est fait l’apôtre de ce
18 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
175 Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions européennes ; leur création suivra le cheminement de
176 e part à la colonisation idéologique et militaire par les Russes — je songe aux pays de l’Est européen — d’autre part à la
177 ion de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais se faire que selon la
178 type xixe siècle, jacobin et napoléonien, copié par plus de cent pays dans le monde entier, l’État-nation à souveraineté
179 t. Cet obstacle politique, en retour, est fomenté par la culture. Car ce sont bien des faits de culture : l’école, aux troi
180 ois économique, historique et géographique défini par des frontières naturelles. Et nous l’avons cru ! Or tout est faux dan
181 is, imposé comme seule langue officielle dès 1539 par l’édit de Villers-Cotterêts. Si la France entendait revendiquer la Wa
182 litaires romaines, notions théologiques diffusées par l’Église du Moyen Âge, notions scientifiques et techniques aujourd’hu
183 s jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues 
184 magnes au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme par la Révolution française, et elle a triomphé dans l’enseignement de la
185 le résultat des « viols répétés de la géographie par l’histoire », comme je le vois tous les jours autour de Genève, en tr