1 1933, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)
1 lutaire nécessité, annoncer aux hommes une vérité qui n’est pas justiciable de leurs mesures puisqu’elle est le jugement de
2 pte pour le scandale et non pour les adaptations, qui voudra recevoir ce message ? « L’âme moderne » décontenancée par l’éc
3 ssage non moins inouï de la Bible, de cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en face des contradictions de la vi
4 e but de la prédication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui donc peut être pasteur et prêcher ? » Tourmenté par ce
5 dication chrétienne, me disais-je, qui donc doit, qui donc peut être pasteur et prêcher ? » Tourmenté par cette question à
6 de un gros livre que trois éditeurs refusent mais qui paraît finalement en librairie après la guerre. Aventure étonnante qu
7 in, une réponse. Une réponse plus soucieuse de ce qui est vrai que de ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’adresser qu
8 ponse plus soucieuse de ce qui est vrai que de ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’adresser qu’à ces « questions dern
9 e qui est vrai que de ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’adresser qu’à ces « questions dernières » de notre vie, cel
10 ique de la “religion” est dirigée contre le monde qui vit sans Dieu, la polémique de la Bible au contraire, vise le monde r
11 que nous sommes tout entiers temporels. De celui qui transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui qui vient à
12 de toutes nos idées de la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel l’homme ne peut aller. Du totaliter aliter.
13 Luther, et au-delà, jusqu’à saint Paul, tous ceux qui ont su et connu ce que nous avons à peu près oublié : que l’homme n’e
14 », mais le don gratuit que Dieu fait à tout homme qui n’a plus d’autre attente. Qu’on n’aille pas croire cependant que le b
15 ais bien aux condamnés à mort.) L’homme religieux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi à la vie. Il meurt de ne pas
16 l est la présupposition de toute vie, la synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos antithèses, tous les oui et t
17 itable que dans la parole que Dieu lui adresse et qui le meut. On a coutume de nommer la pensée de Barth une théologie de l
18 , du spiritualisme, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « tout autre ».
19 outes les paroles humaines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu à l’homme. Universalité du rapport établi entre Dieu et
20 ns la Crucifixion de Grünewald, cette main énorme qui désigne le Christ en croix. La théologie n’est pas la parole. Elle ne
21 eux des situations humaines telles qu’elles sont, qui seule permet un humour souvent rude ; de cette puissance critique enf
22 ique enfin, au sens le plus créateur du terme, et qui met en état de crise toutes nos sécurités morales. (Ce n’est qu’à cer
23 erme sur le concret, mais en même temps un regard qui dépasse les contingences humaines, et qui interroge virilement. Perso
24 regard qui dépasse les contingences humaines, et qui interroge virilement. Personne n’est plus loin de « l’inquiétude » ou
25 qu’il peut poser les questions les plus gênantes qui soient. ⁂ On l’a bien vu récemment, lors du conflit dramatique qui l’
26 l’a bien vu récemment, lors du conflit dramatique qui l’a opposé, seul ou à peu près, au puissant parti des Chrétiens allem
27 des Chrétiens allemands, fraction de l’hitlérisme qui prétend faire main basse sur les églises et utiliser la religion aux
28 l est aussi la plus éclatante réponse à tous ceux qui accusaient la pensée barthienne d’être purement négative et désespéré
29 e (comme à ceux de Port-Royal !) d’effrayer celui qui vient au Christ, peut seule répondre à l’angoisse humaine, tandis que
2 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
30 olide réputation de gravité qu’on lui a faite, et qui lui vaut l’estime des personnes de sens. Mais après tout, ne serait-i
31 y a donc Toepffer. Puis on tombe sur Édouard Rod, qui entrerait difficilement dans le cadre de cette étude. Le mince filet
32 ôles. (Des gens viennent vous dire : tenez, voilà qui vous fera rire. En général on est plutôt déçu.) Pour comprendre l’hum
33 . Les héros de Pierre Girard sont de doux ahuris, qui partent dans la vie avec une conscience pure et des gants beurre-frai
34 . Ils ne tardent pas à rencontrer une jeune femme qui leur fait perdre toute mesure. Le monde est plein de malins, de gens
35 ute mesure. Le monde est plein de malins, de gens qui ont l’air d’avoir compris de quoi il s’agit. Il n’y a plus qu’à perpé
36 rible inconvenance, un de ces scandales héroïques qui vous valent l’amour des femmes et quelque honneur parmi les hommes. A
37 ut-être dans la musique de Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre langue, et c
38 bert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre langue, et c’est pourquoi sans doute elle n
39 sentiment. Et certes, c’est le sentiment d’abord qui nous retient chez Pierre Girard, cette merveilleuse ingénuité devant
40 e, sans égale parmi nous, cette musique d’un cœur qui s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de
41 mi nous, cette musique d’un cœur qui s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de l’humour de Pier
42 n cœur qui s’abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de l’humour de Pierre Girard. Lisez, ou relis
43 n’en parla pas »), et servi par un garçon triste qui perd le vol-au-vent, inexplicablement. Tâchez de ne pas rire ; si vou
3 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)
44 us significatif dans le livre, ce sont les motifs qui ont poussé M. Dominicé à l’écrire, et qu’il expose en une vingtaine d
45 ie par toute une génération de protestants, celle qui commence à s’exprimer dans des revues comme Foi et Vie , Le Semeur
46 sée de Kierkegaard ou de Karl Barth, M. Dominicé, qui n’ignore pas ces influences, s’est limité dans son étude au calvinism
47 it une réalité insurmontable aux dix-neuf siècles qui nous séparent de l’Évangile. Du même coup, l’expérience religieuse, d
48 — mais sur l’amour de Dieu pour nous. C’est Dieu qui vient à nous, impies, non point nous qui le rencontrons au terme d’un
49 est Dieu qui vient à nous, impies, non point nous qui le rencontrons au terme d’une pieuse « élévation ». Et c’est le mystè
50 ’Évangile répète plusieurs fois : « Heureux celui qui ne s’en scandalise pas. » ⁂ Retrouver cette réalité, c’était du même
51 s adresse. Tout au contraire du critique moderne, qui se pose en juge du texte, Calvin n’admet et ne pratique qu’une « exég
52 s exégétiques. Certes, l’auteur n’est pas de ceux qui conçoivent le commentaire comme une effervescence lyrique autour d’un
4 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard (26 mai 1934)
53 aires ! Probablement, il s’en fût amusé : tout ce qui touchait à l’opinion publique était pour lui bien proche de la mystif
54 is il eût certainement protesté contre une erreur qui ne relève pas de l’interprétation partisane, mais d’un simple défaut
55 tisane, mais d’un simple défaut d’information, et qui consiste à faire de lui une espèce de psychologue nihiliste, un esthè
56 paradoxe de l’Amour. L’universalité du désespoir, qui est la thèse maîtresse de cette œuvre, conduirait l’homme au nihilism
57 de l’homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve. ⁂ La lecture du Traité n’est pas des plus aisées. Les termes h
58 é n’est pas des plus aisées. Les termes hégéliens qui abondent dans les premiers chapitres donnent à cette partie du livre
59 t à cette partie du livre une apparence abstraite qui contraste singulièrement avec le réalisme brutal du sujet. Que le lec
60 rises avec un problème sentimental douloureux, et qui cherche à le résoudre, d’abord par le plaisir, dans ses formes supéri
61 éloquentes et les plus irréfutables d’un penseur qui sut devancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton s’y élève à l
62 parle fort, Dieu peut bien parler plus fort, lui qui dispose du tonnerre. Mais le tonnerre est une réponse, une explicatio
63 de foi, de première source, une réponse de Dieu, qui , même si elle foudroie, est plus magnifique que les commérages et les
64 s l’étude biographique et critique de Carl Koch6, qui vient combler la plus grave lacune de la littérature kierkegaardienne
65 ci avec autant de science que de conscience, mais qui se répétaient fastidieusement. Surtout, il situera, définitivement je
66 nsidérer l’ensemble des écrits de Kierkegaard, et qui est celle du Point de vue explicatif. Le livre de Carl Koch est la dé
67 laisance pour les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la tête philosophique. Cette monographie est à la fois la plu
68 rer. Du mélange d’humour et d’angoisse insondable qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on trouvera ici l’exposé jud
69 pas. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vient nous dire, en toute simplicité, qu’il a vu l’événement, et qu’i
70 rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du danois prophétique, ressuscité par l’angoiss
71 par l’angoisse moderne. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple chez Kierkegaard. Mais il a su le décrire clairement
5 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)
72 u Mouvement d’Oxford, est un des faits spirituels qui serviront à fixer la signification de notre époque. Son influence, li
73 petit livre d’Harold Begbie, Vies transformées 7, qui raconte les origines du Mouvement et cherche à décrire son esprit. Ce
74 écrit sur les Groupes. Mais enfin, c’est le seul qui existe en français, et il contient un certain nombre de faits assez b
75 méricain, Frank Buchman. On a écrit de lui : « Ce qui frappe chez Buchman, c’est son incapacité proprement géniale à penser
76 aison. D’où les confessions privées ou publiques, qui sont l’un des traits marquants de l’activité des Groupes. Qu’il y ait
77 si le moyen de faire tomber les barrières morales qui séparent nos contemporains, l’on s’en persuadera facilement en lisant
78 t bien souvent sans autre raison que la certitude qui leur vient de pouvoir être utiles à tel endroit où Dieu leur dit d’al
79 ranchise, d’autocritique, de sobriété spirituelle qui la préserve de la plupart des excès qu’on imagine. Peut-être la plus
80 nous sommes pris, le seul message utile est celui qui nous révèle une tâche proche, des hommes pour lesquels nous puissions
81 livre n’aurait pas d’autre valeur, il a celle-là, qui compte, de nous montrer comment les hommes de ce temps peuvent deveni
82 xclusivement dans la réalité qu’un homme incarne. Qui le connaît en France ? Claudel, quelques revues protestantes en ont p
83 légalement le syndicalisme qu’il a créé, le voilà qui lance une campagne pour la christianisation du Japon, une autre contr
84 rir. » Les marxistes n’aiment pas ce radicalisme, qui n’est pas conforme à leur doctrine. Ils l’attaquent violemment : « En
85 sens de la nature, une compréhension des symboles qui appartiennent au génie japonais tel que Claudel nous l’a décrit, mais
6 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
86 niale exception. Il me reste à vous démontrer, ce qui n’est pas trop difficile, que Dostoïevski et Tolstoï sont plus protes
87 Des caractères, de la vie intérieure, une morale qui mette des obstacles et qui crée des conflits dramatiques dans les vie
88 intérieure, une morale qui mette des obstacles et qui crée des conflits dramatiques dans les vies les plus dépourvues d’app
89 Providence » mise en action au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte ble
90 lume de la Bibliothèque Rose. Est-ce une histoire qui finit bien, comme le croyaient les écrivains anglais du xixe siècle
91 ns l’œuvre d’art à certaine qualité du pessimisme qui s’en dégage : pessimisme jamais cynique et désespoir jamais complaisa
92 qu’on l’a traversé, et qu’on a saisi l’espérance qui le transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un ro
93 et qu’on a saisi l’espérance qui le transcende et qui le juge. On a dit de Sara Alelia que c’est un roman de la grâce : oui
94 lustrations vivantes du fameux paradoxe luthérien qui est au centre de la Réforme : simul peccator et justus. Kierkegaard n
95 sommes. C’est le charme profond de Selma Lagerlöf qui revit dans ces peintures d’une Laponie lointaine et d’une humanité si
96 hez l’auteur de Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule
97 ivilisées — inoubliable création, ce Norenius ! —  qui prend soin d’elle au temps de son malheur. Puis une grâce vient dans
98 une poésie par endroits bouleversante, une poésie qui naît des faits, jamais d’un commentaire de l’auteur. La danse de la p
99 tte fille de ferme « au mince visage de belette » qui enterre son enfant dans la neige avec une sorte d’innocence animale.
100 y a des fous, des femmes possédées ; des ivrognes qui citent les Écritures ; peut-être aussi des saints, mais qu’on ignore
101 peut-être aussi des saints, mais qu’on ignore et qui s’ignorent. Partout et jusque dans les choses, un mystère inquiétant
102 un mystère inquiétant se révèle aux yeux de celui qui sait voir, parce que, mieux que d’autres, il sait aimer. Et sur ce mo
103 Sara Alelia trouvera son public ; c’est un livre qui a le temps pour lui. 9. Hildur Dixelius von Aster : Sara Alelia, tr
7 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
104 rtée à la foi, dont Dieu seul juge. John Viénot — qui vient de mourir presque en même temps qu’un autre grand historien pro
105 (des origines à l’édit de Nantes), le second tome qui vient de paraître10 témoigne de la volonté qu’avait l’auteur de ne dé
106 fois, tout cet effort d’impartialité systématique qui restera la marque des historiens du xixe siècle finissant, n’enlève
107 bstance historique qu’il nous offre est de celles qui n’ont pas besoin de condiments pour produire leur brûlante saveur. Ri
108 ige et à l’ordre de l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine de la politique
109 iques et fécondes. C’est cette idéologie importée qui influence de plus en plus la cour, et qui finit par triompher lors de
110 mportée qui influence de plus en plus la cour, et qui finit par triompher lors de la révocation de l’édit de Nantes. Mais a
111 Hitler, ce n’est pas un souci d’unité religieuse qui domine : la religion leur est simple prétexte ; mais il s’agit d’étab
112 tel dessein, il s’agit d’établir un droit nouveau qui ne soit plus fondé que sur la seule volonté du dictateur. Déjà ce mot
113 n’est point tant la chose défendue que la défense qui fait le crime. En face de ces prétentions toutes nouvelles, les réfo
114 ette même chair, nous ne voyions notre Rédempteur qui approche, et qui rendra, selon sa justice, oppression à ceux qui nous
115 nous ne voyions notre Rédempteur qui approche, et qui rendra, selon sa justice, oppression à ceux qui nous oppressent, et r
116 t qui rendra, selon sa justice, oppression à ceux qui nous oppressent, et relâche à nous qui sommes oppressés. (Qui donc,
117 ion à ceux qui nous oppressent, et relâche à nous qui sommes oppressés. (Qui donc, sauf Léon Bloy, fait écho à ce style, e
118 essent, et relâche à nous qui sommes oppressés. ( Qui donc, sauf Léon Bloy, fait écho à ce style, en notre siècle ?) Mais C
8 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Kierkegaard, Dostoïevski, Barth (23 février 1935)
119 h (23 février 1935)k Voici trois petits livres qui nous viennent du Nord11. Un même courant spirituel nous les apporte a
120 mment expliquer, par exemple, la soudaine passion qui porte tant de bons esprits, chez nous, vers la pensée de Kierkegaard,
121 ent, terriblement, des ombres du Siècle Stupide ? Qui prévoyait, voici dix ans, l’intervention de ce génie considérable, la
122 interpréter son signe. ⁂ Crainte et Tremblement, qui vient de paraître dans la belle collection philosophique de MM. Lavel
123 Abraham, le « père des croyants », c’est l’homme qui a osé l’absurde. Dieu lui a donné un fils, à l’âge de 70 ans. Il n’a
124 a donc personne de la taille d’Abraham, personne qui puisse le comprendre ? Si, pourtant. Les pasteurs ont coutume de l’o
125 t pour le sacrifice… On célèbre la grâce de Dieu qui a donné Isaac pour la seconde fois ; on ne voit, dans toute l’histoir
126 de la foi », le sort du chrétien véritable. Mais qui peut dire : j’ai cette foi-là ? La réflexion philosophique que Kierke
127 blement analysée dans l’introduction de Jean Wahl qui réussit ce tour de force d’exposer clairement, sans la trahir, la dia
128 e la pensée de Søren Kierkegaard : c’est un titre qui compte, et dont la pensée protestante saura mesurer la valeur. ⁂ Qu’e
129 s’adresse à des auditeurs chrétiens, à des hommes qui se posent sérieusement la question : en quoi ma foi doit-elle transfo
130 que. La vie chrétienne n’est pas une construction qui s’élève au-dessus du reste de la vie. C’est toute profane et banale,
131 ffet, que le « chevalier de la foi », sinon celui qui vit pleinement cette vie, toutefois « en vertu de l’absurde », c’est-
132 Calvin, c’est surtout le simul peccator et justus qui fonda la Réforme luthérienne. 11. Crainte et Tremblement, par Kier
9 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Trois traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)
133 p maigres ou trop gras ? Grave question pour ceux qui jugent des vérités les plus profondes de la foi selon le poids de leu
134 et la complexion de l’auteur de l’Institution. Ce qui ne fait guère honneur à notre liberté d’esprit. Mais je m’en voudrais
135 m’en voudrais de déplorer la décadence culturelle qui marque la plupart des écrits de ce temps, au moment où certaine renai
136 nce du calvinisme laisse espérer, pour les années qui viennent, un essor tout nouveau de la pensée chrétienne. On aurait to
137 iste. Il n’est pas inutile de marquer les raisons qui , du point de vue protestant, rendent ce parallèle irrecevable. Les gr
138 réformée. Qu’est-ce qu’un témoin ? C’est un homme qui n’est pas l’inventeur de son message, mais qui renvoie sans trêve au-
139 me qui n’est pas l’inventeur de son message, mais qui renvoie sans trêve au-delà de lui-même, au-delà des formules humaines
140 des formules humaines de ce message, à la réalité qui le juge et nous sauve. Faire retour à Calvin, ce n’est pas faire reto
141 r à nos mesures humaines et littéraires ; mais ce qui importe plus que tout, c’est d’indiquer d’abord la « clé » qui donne
142 lus que tout, c’est d’indiquer d’abord la « clé » qui donne leur exacte valeur à nos variations sur ce thème. Et cette clé,
143 ole d’Agrippa, contre les Rabelais et Des Périers qui abandonnent la cause pour un idéal humaniste. Or, tous ceux-là se sca
144 Église ne sont pas toujours au-dehors. Voici ceux qui préfèrent la paix selon le monde à la vérité combattante : Je m’adre
145 de à la vérité combattante : Je m’adresse à ceux qui abusent du nom de la chrétienté pour nourrir une paix fardée ! Voici
146 tienté pour nourrir une paix fardée ! Voici ceux qui voudraient confondre la véritable grandeur de l’Église avec « une faç
147 es « libertins », ceux que nous appelons libéraux qui « gazouillent » à tort et à travers et se répandent en orgueilleuses
148 épandent en orgueilleuses « baveries », et ceux «  qui se ruent contre Dieu d’une impétuosité enragée à la façon des frénéti
149 propose quelques définitions fort bien venues : Qui veut comprendre, dans son essence, le génie littéraire de Calvin, ne
150 la marque d’une des plus puissantes personnalités qui fut jamais, il se recrée toujours lui-même. Soumission du langage à
151 ité de la Cène, ce style garde partout les vertus qui , sans doute, font le plus grand défaut à notre siècle : une fermeté d
152 and défaut à notre siècle : une fermeté délibérée qui ne s’arrête pas complaisamment à des trouvailles, une sobriété vigour
153 des sic et non, enfin ce ton naturel de grandeur qui s’accommode des plus savoureux contrastes, coupant court aux élans de
154 nes raisons. D’abord Calvin était chef de parti ; qui plus est, fondateur d’Église ; donc doublement conscient de la respon
155 un retour aux origines. Voilà la seule révolution qui compte pour l’esprit. Elle doit commander toutes les autres. 12. T
10 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)
156 ieuse : il est toujours tension entre deux pôles, qui d’ailleurs se déplacent sans cesse et parfois aussi changent de nom.
157 don de Dieu ; elle s’oppose donc à toute mystique qui ne serait qu’une fuite hors du monde, comme à toute action en révolte
158 il n’est pas question de mysticisme. Ceci marqué, qui est plus qu’une réserve, il convient de remercier M. Chuzeville de no
11 1936, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le Problème du bien (12 septembre 1936)
159 le née dans le « désarroi » de l’après-guerre, et qui trouva lors du fameux congrès de Stockholm sa première réalisation co
160 r notre auteur, il faut en ajouter une troisième, qui les commande directement : celle d’un certain humanisme chrétien. L’o
161 L’ouvrage littéralement énorme (hors de la norme) qui vient de paraître sous un titre dont l’apparence paradoxale est typiq
162 que particulière à une école — est-ce trop dire — qui va de Schleiermacher à Harnack, en passant par Charles Secrétan, From
163 es incrédules, les athées, les désespérés (termes qui ne sont pas synonymes) et je leur propose de méditer le problème du B
164 s quelles qu’elles soient. Pour Barth, c’est Dieu qui met l’homme en question. M. Monod part au contraire d’une mise en que
165 sant de mort violente sous le talon d’un chrétien qui prie en marchant », — voilà qui pose à M. Monod le problème central d
166 lon d’un chrétien qui prie en marchant », — voilà qui pose à M. Monod le problème central de ce livre. Faudra-t-il donc rev
167 réaffirmation du dogme trinitaire : Dieu est un X qui ne se révèle à l’homme comme le Père que par son incarnation dans le
168 dans la nuit, fragments d’un journal de jeunesse qui remplissent 200 pages du premier tome, témoignent d’une véritable fré
169 ait, par ailleurs, à l’étayer par une philosophie qui ne saurait plus être la nôtre : j’entends le criticisme à peine criti
170 it rester pour tous les croyants : « Emmanuel ! » qui signifie : Dieu avec nous ! Est-il vraiment indispensable, est-il mêm
171 saurait m’en vouloir de lui retourner une boutade qui porte évidemment sa marquep. 13. Wilfred Monod, Le Problème du Bien
12 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Luther contre Érasme (19 juin 1937)
172 s s’en tenir à des appréciations du genre « moine qui voulait se marier », il serait sage de parcourir au moins les œuvres
173 ts quant à la doctrine religieuse : voilà tout ce qui nous est accessible d’une œuvre dont on sait pourtant qu’elle a chang
174 historique.) Remercions donc le courageux éditeur qui vient d’entreprendre la réparation de cette inconcevable lacune, en p
175 la volonté de pensée militante que ce petit moine qui , à Worms, osa dresser contre l’opportunisme impérial et sacerdotal l’
176 de la problématique chrétienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout celui d’un grand théologien ? Une verdeur de polémique
177 d’un grand théologien ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la viole
178 iment « grave », d’une dialectique sobre et têtue qui va droit au point décisif, envisage honnêtement les objections, donne
179 chez Luther assez flagrantes, pour qu’un lecteur qui refuse l’essentiel — c’est-à-dire la foi de Luther — soit tout de mêm
180 Traité du serf arbitre à la querelle avec Érasme, qui lui servit de prétexte et d’aiguillon, et qui lui donne sa verve, son
181 me, qui lui servit de prétexte et d’aiguillon, et qui lui donne sa verve, son accent personnel tour à tour ironique ou émou
182 i reposées par Luther : justification par la foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul en nous ; opposition de la just
183 ses de la Réforme. Quant à la thèse particulière, qui est la négation du libre arbitre religieux, c’est-à-dire du pouvoir q
184 e volonté puisse s’appliquer librement aux choses qui concernent le salut. Elle fait partie de notre nature, et comme telle
185 . Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme qui veut penser son existence en termes radicaux, vraiment sérieux, se vo
186 a personne même de Dieu, éternellement active, et qui nous aime. Il faut choisir. Mais le choix est-il libre ? On retombe a
187 dans son sérieux dernier la réalité d’un dilemme qui sacrifie l’homme à la vérité ? 14. Traduit du latin, aux Éditions «
13 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)
188 r acquis que les « vertus » sont de ces illusions qui ne résistent pas à l’analyse, et qu’un auteur sincère se doit de déma
189 s rire de nouveau de cette « défense d’inventer » qui terrorise les romanciers du xxe siècle. Selma Lagerlöf sait encore q
190 re d’enfance retrouvée — qu’on lise les souvenirs qui composent Morbacka 16 — voilà le milieu-mère de l’imagination. C’est
191 l’imagination. C’est une légende, Gösta Berling, qui inaugure l’œuvre entière de l’auteurt. C’est une légende encore qui d
192 re entière de l’auteurt. C’est une légende encore qui donne le départ à ce roman des Löwensköld, et porte sur lui de grande
193 entions concrètes — une à chaque page, au moins — qui peu à peu illustrent la psychologie la plus secrète des héros. L’on p
194 un drame spirituel, le drame de l’absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans charité (thème fréquent dans la litt
195 profond de l’œuvre entière est formulé : « Celui qui veut être un disciple du Christ sans avoir l’amour des hommes est con
196 la mesure où les religions obscures dominent ceux qui n’ont pas la foi. Seule une prière désespérée, de pur amour, rompt le
197 entend chanter : c’est la fille de l’aubergiste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s’engage pas sur la route, e
198 d, « distinguée entre toutes » par le miracle, et qui l’accepte avec humilité. Et cinquante autres personnages, des foules
199 ’est un pays entier sous la lumière de la Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire largement, tout vit et se tra
200 , juge et sauve. ⁂ Rien de plus passionnant, pour qui vient de lire les Löwensköld, que de retrouver dans les souvenirs pub
14 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
201 Avec l’audace souriante de ces guides helvétiques qui mènent au bord du précipice le touriste stupéfait par le paysage et p
202 t vient de publier L’Amour et l’Occident , livre qui va, sans doute, susciter des polémiques passionnées. Ce jeune écrivai
203 polémiques passionnées. Ce jeune écrivain suisse, qui joint le souci de l’actualité et le goût des questions sociales à la
204 Esprit , écrit dans plusieurs revues des articles qui ne sont jamais indifférents. Il a tenu, dans notre journal, la rubriq
205 où il rédigea, en 1936, ce Journal d’Allemagne , qui , paru au printemps dernier, est un des témoignages les plus valables
206 pour écrire de ces conversations, de ces échanges qui stimulent tant d’écrivains, et leur tiennent souvent lieu de vie inté
207 rve affable des Suisses, et ce sourire des lèvres qui semble excuser le sérieux du regard. Il rit malicieusement quand je l
208 ais gêné, mal à l’aise. Ce Tristan et cette Iseut qui restent indifférents pendant leur première rencontre, ne s’aiment qu’
209 bout de trois ans de vie commune dans la forêt et qui , Tristan ayant épousé Iseut aux blanches mains, l’autre Iseut, ne rec
210 orce me demeisne ». C’est la passion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que dans la mort, et inspirera tout le romantisme
211 lité, des raffinements, une absence de sensualité qui s’opposaient aux mœurs de l’époque. Qui s’opposait surtout, complète
212 ensualité qui s’opposaient aux mœurs de l’époque. Qui s’opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à la conception chré
213 dours, développés avec un lyrisme, un vocabulaire qui resteront au cours des siècles ceux des grands mystiques. Ainsi tous
214 res ? J’en suis persuadé, dit Denis de Rougemont, qui s’anime en exposant une théorie aussi originale. D’ailleurs, on sait
215 ue chez les seigneurs cathares, fort nombreux, et qui adoptaient cette hé­résie avec d’autant plus d’enthousiasme qu’ils ét
216 chrétienne ? … Dont nous avons perdu la clef, et qui a pourtant inspiré toute notre littérature, reprend Denis de Rougemon
217 Denis de Rougemont. Le mythe de Tristan et Iseut, qui pose pour la première fois ce fameux triangle, le mari, la femme et l
218 ce fameux triangle, le mari, la femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature occidentale, n’a surgi
219 ice : Les philologues ont un respect de la lettre qui leur cache parfois le sens profond des textes… Ils répugnent à l’empl
220 stan et Iseut et chez les lyriques courtois, goût qui n’est autre que l’instinct de la mort tel que Freud l’a analysé. À un
221 profondément, croyez-vous que ce fameux triangle, qui suppose en définitive le mariage, puisse encore inspirer la littératu
222 ythe risque de disparaître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la crise du mariage. Comment cela ? C’est très simple.
223 femmes, chacun de leur côté, rêvent de l’aventure qui leur apparaît comme la seule évasion. Croyez-vous que cela puisse emb
224 échie, sur quoi le fondez-vous ? Sur la fidélité, qui me paraît en même temps le véritable fondement de la personnalité. Ma
225 chrétienne du ma­riage, suppose chez les femmes, qui doivent être sans cesse capables de se renouveler, un ensemble de ver
226 Pour moi, le mariage devrait être une institution qui main­tient la passion non par la morale, mais par l’amour. C’est un i
227 n par la morale, mais par l’amour. C’est un idéal qui mérite bien certains efforts et certains sacrifices, il me semble. Ne
228 un héros suisse, le bienheureux Nicolas de Flue, qui eut une vie extraordinaire. D’abord soldat valeureux, il fut ensuite,
229 relles que pourraient me chercher les savants. Ce qui me touche, c’est que mon livre, paru il y a huit jours, m’a déjà valu
230 valu de nombreuses lettres d’hommes et de femmes qui se trouvaient mal mariés. Ils me disent que mon livre les aide à comp
15 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
231 Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)w x Pour beaucoup, De
232 ersonne . Pour quelques autres, il est l’écrivain qui a le mieux analysé la résistible ascension d’Adolf Hitler (dans Jour
233 lauréat du Grand Prix littéraire de Monaco. Mais qui est en réalité Denis de Rougemont ? On a dit beaucoup de bêtises — lu
234 rmule ! Elle me fait penser à une sorte d’animal, qui penserait dans un idiome bizarre et incompréhensible, et choisirait,
235 t. Il est l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages qui , tenant à la fois du journal, de l’essai, de la polémique et du récit
236 . Politique de la personne était un manifeste qui déclencha une polémique à laquelle prirent part Berdiaev, Mounier et
237 ble. Il y a une vocation de la personne, vocation qui , à la fois, distingue l’homme et le relie à la communauté où il l’exe
238 out à fait opposé aux doctrines providentialistes qui font de Dieu un Jéhovah jugeant et agissant de l’extérieur. Dieu est
239 e passer un an en Allemagne en me disant : « Vous qui pensez pis que pendre de notre régime, allez donc l’observer de plus
240 de Saint-John Perse et du peintre Marcel Duchamp, qui réalisa une extraordinaire vitrine surréaliste dans une librairie de
241 nation dans l’Europe fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à une échelle géante de la Confédération h
242 ons ainsi 350 millions d’Européens solidaires, ce qui représente presque autant que les populations des États-Unis et de l’
243 dre que je me suis trouvé opposé à Eugène Ionesco qui est un ami très cher et un grand écrivain. À ce propos, savez-vous où
244  ? Dans mon Journal d’Allemagne , c’est lui-même qui me l’a dit. w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Mais qui est donc
245 dit. w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Mais qui est donc Denis de Rougemont ? », Les Nouvelles littéraires, Paris, 7
16 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
246 970)z aa Le xxe siècle a vu la civilisation — qui ne saurait être que la nôtre, quand on en parle au singulier — étendr
247 a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les
248 peu de phrases plus fréquemment citées que celle qui annonce en somme que toutes les civilisations étant mortelles, la nôt
249 ais de Persépolis ?… Hélas, j’ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et q
250 endeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitude… Qui sait si sur les rivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qu
251 ivages de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’assiéra pas un jour sur de muettes
252 ’examen comparatif des vingt et une civilisations qui auraient existé jusqu’ici, les lois complexes, mais constantes, de le
253 précédent n’ont cessé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à
254 ent confirmées par les faits. Au cours des années qui suivent la Première Guerre mondiale, les dictatures prévues par Burck
255 x connu des Européens, celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparition de la civilisation gréco-rom
256 e notre culture présente des caractères nouveaux, qui déterminent un destin non comparable, et même tout à fait différent à
257 s voulu, se laisser ordonner à une seule doctrine qui eût régi à la fois ses instructions, sa religion, sa philosophie, sa
258 ourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchirèrent le Moyen Âge ne furent pas moins violents que ceux que no
259 raison : La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Bien d’autres avaient cru ce
260 ogènes. Voilà pourquoi elle s’est trouvé la seule qui fût assez complexe et multiforme pour pouvoir, sinon satisfaire, du m
261 sée, ou sécularisée, et détachée du christianisme qui contribua de tant de manières à la former. Par là même — et c’est bie
262 qu’en vertu de quelque chose de très fondamental qui l’y prédisposait dès l’origine : j’entends la croyance chrétienne en
263 t, et les barbares, c’est-à-dire tous les autres, qui n’étaient pas vraiment et complètement humains. Ces très hautes civil
264 ction. Valéry nous disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les
265 s Corpus et la Déclaration des droits de l’homme, qui définissent aujourd’hui, pour tous les peuples du tiers-monde à peine
266 graphes, archéologues et philosophes de l’Europe, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos déco
267 nnaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédées : c’était parfois une catastrophe naturelle, comme
268 e étaient nombreux. En est-il un seul aujourd’hui qui réclame l’oblitération ou simplement la reprise des charges de notre
269 ’est pas un apport soviétique, ce n’est pas Popov qui l’a inventé, mais bien un Juif allemand, dont le père était devenu pr
270 llemand, dont le père était devenu protestant, et qui rédigeait au British Muséum, pour le Herald Tribune de New York, des
271 pour le Herald Tribune de New York, des articles qui le faisaient vivre et qui forment une partie du Kapital. Le marxisme
272 New York, des articles qui le faisaient vivre et qui forment une partie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’E
273 la conscription universelle et les nationalismes qui en vivent. On ne saurait imaginer complexe de forces spirituelles, mo
274 européanisé la Russie. Et c’est l’URSS à son tour qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la civilisation des mandari
275 uider la civilisation des mandarins, c’est l’URSS qui a introduit dans l’Empire emmuré ce nouveau cheval de Troie occidenta
276 s-développée, courir après l’exemple de la Chine, qui essaie d’imiter la Russie, laquelle veut rejoindre l’Amérique, qui es
277 er la Russie, laquelle veut rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’Europe… z. Rougemont Denis de, « Les proph
278 Albin Michel une Lettre ouverte aux Européens , qui prendra place dans la collection dirigée par Jean-Pierre Dorlan. Dans
279 cette Lettre , Denis de Rougemont montre tout ce qui rapproche et tout ce qui divise les États de l’Europe ; il fixe égale
280 Rougemont montre tout ce qui rapproche et tout ce qui divise les États de l’Europe ; il fixe également un programme pour le
17 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
281 entre les influences françaises et allemandes, ce qui est très suisse, par définition. 17 ans, c’est le moment où j’ai pris
282 ore une fois une idée assez exacte des influences qui se sont exercées sur notre petit coin de Suisse romande. Vous avez co
283 t consacré à la femme et l’amour aujourd’hui, et qui portait comme titre : « La femme est aussi une personne ». Cela se pa
284 ur. Il m’avait demandé une étude sur l’opposition qui paraissait éclatante entre l’amour dans le mythe de Tristan et l’amou
285 ristan et l’amour dans le mariagead. Daniel-Rops, qui dirigeait la collection Présence, chez Plon, ayant lu mon article me
286 et dont l’auteur est un jeune lieutenant-colonel qui s’appelle Charles de Gaulle. » Ayant cédé mon tour, je me suis mis in
287 mme je l’ai écrit dans la préface, c’est un livre qui m’a demandé trois mois de travail et toute la vie. J’étais devenu, hé
288 coup impressionné. J’ai tâché de suivre un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui m’avaient fait des confidences
289 un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui m’avaient fait des confidences et je me suis aperçu que généralement
290 t de retarder les divorces de quelques années, ce qui provoquait pas mal de souffrances, mais peut-être aussi des prises de
291 Amérique. C’est pourquoi dans la nouvelle édition qui a paru en 1954ae j’ai ajouté un long chapitre sur le divorce. Depuis
292 on deuxième livre sur ce thème, Comme toi-même , qui est édité en livre de poche sous le titre Les Mythes de l’amour, donn
293 as de sens de dire que l’on est contre la passion qui est l’une des choses glorieuses qui peut arriver à un homme. Aujourd’
294 re la passion qui est l’une des choses glorieuses qui peut arriver à un homme. Aujourd’hui, je suis parvenu à ce point qu’i
295 ner aux enfants, par tous les moyens possibles et qui mène au mariage solide, fait pour durer sinon toute la vie, du moins
296 possible ; au mariage conçu comme une œuvre d’art qui demande certains sacrifices. Tout artiste sait parfaitement que quand
297 elle doit être réservée à de très rares personnes qui seront probablement le sel de la terre ou qui seront quelquefois des
298 nes qui seront probablement le sel de la terre ou qui seront quelquefois des criminels. Revenons à l’Europe. Vous vivez à F
299 human en voiture et avec le photographe Pedrazini qui faisait un reportage sur Robert Schuman chez moi et au Centre europée
300 re avait été à peu près supprimée par des traités qui repoussaient le cordon douanier derrière le Jura et faisaient de l’en
301 il en a résulté que dans la région que j’habite, qui est prétendument zone franche, nous sommes entre deux cordons douanie
302 éfinition de la gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la mort. C’est l’accomplissement. C’est un triomphal acco
303 e pense que l’immortalité n’est pas quelque chose qui commence quand on est mort, ni que l’âme sort par la bouche et va vol
304 ue l’éternité, l’immortalité, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui le pénètre complètement et que nous y sommes dé
305 talité, c’est quelque chose qui englobe le temps, qui le pénètre complètement et que nous y sommes déjà maintenant. Plutôt
306 e plus. Et Dieu ? Je publierai peut-être un livre qui aura comme titre « Dieu », entre guillemets, ces guillemets voulant d
307 dans le détail, car il n’y a là que la précision qui est intéressante ; en évitant tout ce qui peut avoir l’air de faire c
308 écision qui est intéressante ; en évitant tout ce qui peut avoir l’air de faire croire aux gens que pour moi croire en Dieu
309 xiste, alors il y a un sens, il y a quelque chose qui va d’un arrière à un avant. Si vous voulez, je pense que Dieu n’est p
310 uefois cette comparaison un peu élémentaire, mais qui dit bien ce qu’elle veut dire : comment une cellule de notre corps po
311 firmation de l’idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du monde pourront y puiser tout un programme
18 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
312 ossible pour l’Europe, est en même temps la seule qui corresponde aux réalités de la culture européenne, aux conditions de
313 l’école, aux trois degrés, la presse, les livres, qui nous font croire, depuis plusieurs générations de bons élèves et de m
314 e historique — que leur nation est immortelle, ce qui suggère qu’elle aurait existé de toute éternité ; alors qu’en vérité,
315 , le mot « nation » désignait, dès ce temps, ceux qui parlaient même langue ? Oui, mais il n’était pas question de les enfe
316 s Pyrénées séparent l’Espagne de la France, voilà qui est clair, à condition qu’un esprit fort (ou un naïf) ne vienne pas r
317 essentiellement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés à doses variables, et qui ont éduqué notre vis
318 qui nous ont tous affectés à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nou
319 s autour de Genève, en traversant cette frontière qui ne rime à rien, ne sert à rien, ne protège contre rien, n’arrête rien
320 beau symbole de la souveraineté stato-nationale, qui ne peut plus avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’Europ
321 etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais les écoles de pensée, les styles de
322 ion perpétuelle des grands courants continentaux, qui établissent une unité vivante et dynamique et des foyers locaux de cr
323 nte et dynamique et des foyers locaux de création qui sans cesse remettent en question et renouvellent les données communes