1 1933, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)
1 insupportable ? Telles étaient les questions que se posait, vers la fin de la guerre, dans le presbytère d’un village de
2 ptimisme culturel sur lequel, trop souvent, elles s’ étaient appuyées, la guerre et la révolution le bouleversaient brutale
3 e non moins inouï de la Bible, de cette Bible qui se pose comme une nouvelle énigme en face des contradictions de la vie.
4 r cette question à laquelle il ne peut ni ne veut se soustraire, Karl Barth se met à relire l’Épître aux Romains, la plus
5 e il ne peut ni ne veut se soustraire, Karl Barth se met à relire l’Épître aux Romains, la plus inquiétante sans doute, po
6 ai que de ce qui rassure, une réponse qui ne veut s’ adresser qu’à ces « questions dernières » de notre vie, celle devant l
7 de nous que nous les comprenions mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes… Si nous ne prenons pas les hommes au sérieux q
8 int hostile à tout système. La théologie de Barth se donne en effet pour une simple « note marginale » à tous les systèmes
9 problème de Dieu. Il n’en faut pas plus pour que se lèvent de toutes parts de troublants paradoxes. La Bible nous parle-t
10 ètes n’ont pas de biographie : « L’homme biblique se lève et tombe avec sa mission ». Il y a plus. L’histoire biblique, lo
11 ironie, que le théologien doit avoir conscience, s’ il veut parler valablement. Mais de quoi va-t-il encore pouvoir parler
12 la tâche du théologien est de parler de Dieu, il s’ avère qu’en tant qu’homme il ne le peut : « Car parler de Dieu voudrai
13 bien aux condamnés à mort.) L’homme religieux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi à la vie. Il meurt de ne pas mou
14 t.) L’homme religieux qui se refuse à cette mort, se refuse aussi à la vie. Il meurt de ne pas mourir, selon la parole pro
15 é biblique — tels sont les thèmes autour desquels s’ organisent ces essais. Est-ce là de la théologie ? C’est plutôt une ré
16 ait la clause aryenne et trahissait sa foi, Barth s’ est dressé dans une protestation retentissante, que personne n’a osé f
2 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
17 t, Vinet… Cette énumération, pourtant inévitable, se révèle, pour mon entreprise, catastrophique. Persistons en dépit du b
18 rie la plus folle, un humour apitoyé. Si Toepffer s’ attendrit sur ses bonhommes, n’est-ce pas une manière de dégonfler les
19 livres à tirage limité. N’allez pas croire qu’il s’ agisse d’auteurs comiques : il s’agit d’abord de poètes. Je crains mêm
20 pas croire qu’il s’agisse d’auteurs comiques : il s’ agit d’abord de poètes. Je crains même de leur faire du tort en écriva
21 de gens qui ont l’air d’avoir compris de quoi il s’ agit. Il n’y a plus qu’à perpétrer une horrible inconvenance, un de ce
22 otre langue, et c’est pourquoi sans doute elle ne s’ y manifeste que par ces « ratés » émouvants, dont nous rions faute de
23 ans égale parmi nous, cette musique d’un cœur qui s’ abandonne, qui s’accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de l’
24 ous, cette musique d’un cœur qui s’abandonne, qui s’ accepte. C’est cela qui fait la qualité lyrique de l’humour de Pierre
25 Je n’ai pas de passeport ; je n’en ai jamais eu ; s’ il doit être que j’en doive un avoir un, je veux qu’il ne soit de ceux
26 oit de ceux que j’aie fabriqués moi-même. » Ainsi s’ exprime Bruno Pomposo, dont Cingria, naguère, donna les Autobiographie
3 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)
27 e génération de protestants, celle qui commence à s’ exprimer dans des revues comme Foi et Vie , Le Semeur , Hic et Nunc
28 th, M. Dominicé, qui n’ignore pas ces influences, s’ est limité dans son étude au calvinisme le plus strict. Par là même, i
29 ude au calvinisme le plus strict. Par là même, il se rend plus directement accessible au lecteur français. Essayons de mar
30 te rencontre pouvait-elle avoir lieu ? Deux voies s’ offraient : celle de l’histoire et celle de l’expérience religieuse. P
31 la voie de l’histoire, c’était d’abord chercher à s’ approcher de l’homme Jésus tel que le décrivent les évangiles. Mais, d
32 Mais, dit M. Dominicé, deux obstacles très graves se dressaient aussitôt. Le premier, c’étaient les miracles. Aussi bien,
33 . Le premier, c’étaient les miracles. Aussi bien, se méfiait-on de plus en plus de ces miracles, pour s’attacher au seul c
34 méfiait-on de plus en plus de ces miracles, pour s’ attacher au seul caractère de Jésus. Mais alors, n’était-ce pas un abu
35 se, dialogue vivant avec le Christ des évangiles, se réduisait à une contemplation de sa vie. Dans cette difficulté, le je
36 le répète plusieurs fois : « Heureux celui qui ne s’ en scandalise pas. » ⁂ Retrouver cette réalité, c’était du même coup p
37 resse. Tout au contraire du critique moderne, qui se pose en juge du texte, Calvin n’admet et ne pratique qu’une « exégèse
38 ne pratique qu’une « exégèse d’obéissance » — il se laisse juger par le texte. On ne saurait imaginer rien de plus opposé
39 anage du protestantisme. L’ouvrage de M. Dominicé s’ inspire évidemment des mêmes principes exégétiques. Certes, l’auteur n
40 e lyrique autour d’un texte. Son sujet d’ailleurs s’ y prête peu. Mais on regrette parfois qu’il suive à pas si prudents so
41 odèle, et que l’admiration que lui inspire Calvin s’ exprime en termes aussi respectueux des objections possibles. Il est v
4 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard (26 mai 1934)
42 philosophiques et littéraires ! Probablement, il s’ en fût amusé : tout ce qui touchait à l’opinion publique était pour lu
43 roche de la mystification. Il eut peut-être ri de se voir présenté tantôt comme anarchiste et pourfendeur de prêtres, tant
44 n auteur religieux ; toute ma carrière littéraire se rapporte au christianisme, et en particulier à ce problème : comment
45 rête à certaines confusions : l’œuvre, en danois, s’ appelle La Maladie mortelle, et cette maladie, c’est le péché. L’impit
46 sme brutal du sujet. Que le lecteur, pourtant, ne se laisse point arrêter par des définitions dont la substance, tôt après
47 par des définitions dont la substance, tôt après, se révèle admirablement concrète. Le génie familier et ironique de Kierk
48 vancer tous les problèmes de notre siècle. Le ton s’ y élève à la hauteur de l’invective prophétique : Plains-toi, l’Étern
49 lains-toi, l’Éternel ne craint rien, il peut bien se défendre ; mais comment le pourrait-il quand personne n’ose se plaind
50 mais comment le pourrait-il quand personne n’ose se plaindre comme il sied à un homme ? Parle, élève la voix, parle fort,
51 ’il était possible par le traducteur). Mais il ne s’ agit là que du premier volet d’un triptyque dont il nous faut attendre
52 vec autant de science que de conscience, mais qui se répétaient fastidieusement. Surtout, il situera, définitivement je l’
53 de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du danois prophétique, ressuscité par l’angoisse m
5 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)
54 influence, limitée d’abord aux pays anglo-saxons, s’ étend rapidement depuis quelques mois en Allemagne, en Suisse, à Paris
55 t la présence discrète n’étonna personne. De quoi s’ agissait-il ? Ni de théologie, ni de problèmes sociaux, ni de morale ;
56 iaux, ni de morale ; ni même d’évangélisation. Il s’ agissait de mettre en commun des difficultés intimes, d’entrer dans le
57 onfessions sensationnelles. J’avais tort, et l’on s’ en convaincra en lisant le petit livre d’Harold Begbie, Vies transform
58 lement personnaliste. La rénovation de l’homme ne se fera jamais par le moyen de mouvements de masse, ni par des organisat
59 nnellement, activement. N’allons pas croire qu’il s’ agisse là d’une nouvelle forme de pragmatisme américain. Dire que la f
60 cain. Dire que la foi n’est réelle que là où elle se réalise ne signifie pas qu’il faille agir à tout prix. L’activiste mo
61 relation concrète avec le prochain. Mais comment s’ engager dans cette relation ? L’erreur des chrétiens, trop souvent, c’
62 ’erreur des chrétiens, trop souvent, c’est qu’ils s’ efforcent d’endoctriner ceux qu’ils rencontrent. Le « partage » précon
63 ères morales qui séparent nos contemporains, l’on s’ en persuadera facilement en lisant les récits de Begbie. Les disciples
64 sque indéniable : celui de naturaliser la foi, de s’ attacher aux résultats visibles et frappants, de retomber ainsi dans l
65 ttitude de Buchman. Car ce n’est pas assez que de se refuser à parler de théologie sous prétexte que c’est abstrait : enco
66 prétexte que c’est abstrait : encore faudrait-il se garder de vivre une théologie équivoque. À quoi les membres du Mouvem
67 ement des Groupes peuvent répondre que leur œuvre se développe dans une atmosphère de franchise, d’autocritique, de sobrié
68 e ce temps peuvent devenir des hommes réels. ⁂ Il se peut que Kagawa soit l’homme le plus réel d’aujourd’hui. Je dirais qu
69 onseiller de l’empereur et d’une danseuse, Kagawa se convertit au christianisme pendant ses études et déclare renoncer à t
70 vilèges aristocratiques. Il embrasse la pauvreté, s’ enfonce dans les slums de Kobé, décide qu’il n’aura pas d’habitation p
71 les parois de la pièce pour permettre à chacun de se coucher. Kagawa les nourrit de son travail. Parfois, ils se révoltent
72 . Kagawa les nourrit de son travail. Parfois, ils se révoltent contre sa bonté souriante, fracassent sa vaisselle, lui tir
73 e, fracassent sa vaisselle, lui tirent dessus. Il s’ échappe et revient le lendemain. Il prêche dans le quartier des prosti
74 erculose et une maladie des yeux, il arrive qu’il s’ effondre pendant ses discours. Il écrit une Psychologie de la pauvreté
75 le tirage atteint 250 000 exemplaires. Son œuvre s’ étend dans les slums. Mais à ce moment le machinisme s’introduit au Ja
76 nd dans les slums. Mais à ce moment le machinisme s’ introduit au Japon, augmentant la misère avec le nombre des ouvriers.
77 er pour célébrer la liberté. Sa ligne de bataille s’ étend. Il crée l’Union des paysans. Il évangélise. Il devient le « fou
78 août 1934, p. 3. g. Comme l’indique la note, il s’ agit d’Avant l’aube (Éditions « Je sers ») dont Rougemont donne une re
6 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
79 es. N’est-ce point-là l’image habituelle que l’on se fait de nos climats ? Et voici un dernier argument. Prenez une liste
80 roman chrétien ? Une histoire où tout le monde «  se conduit bien » ? Il n’y aurait pas de roman. Une histoire dont le per
81 idence » mise en action au gré d’un moraliste qui se donne l’air de l’avoir bel et bien sondée ? Ce serait un conte bleu,
82 s des « païens », d’un Thomas Hardy, par exemple, se devaient de finir aussi mal que possible ? Non, car le christianisme
83 ussi mal que possible ? Non, car le christianisme se passe dans cette vie ou bien n’est pas le christianisme. Et l’on sera
84 en qu’un quelconque happy end soi-disant édifiant s’ il est certain que l’Évangile et ses promesses de salut sont seuls cap
85 ’œuvre d’art à certaine qualité du pessimisme qui s’ en dégage : pessimisme jamais cynique et désespoir jamais complaisant
86 it le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme large à travers un peuple de personnages viveme
87 es trop grandes, dans le taudis où son vieux père se saoule et sacre, dix autres scènes enfantines : c’est Andersen, en pl
88 ies, l’originalité bouleversante des êtres, qu’il s’ agisse d’un grand évêque ou de cette fille de ferme « au mince visage
89 t-être aussi des saints, mais qu’on ignore et qui s’ ignorent. Partout et jusque dans les choses, un mystère inquiétant se
90 et jusque dans les choses, un mystère inquiétant se révèle aux yeux de celui qui sait voir, parce que, mieux que d’autres
7 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
91 rvu que l’on n’y cherche pas de vains prétextes à se glorifier d’un passé bien passé, et dont il resterait à prouver qu’on
92 on dire, qu’on ne voit guère en quoi son Histoire se distingue de celle qu’eût pu écrire un savant laïque épris de toléran
93 uation volontaire des condamnations qu’il ne peut s’ empêcher de porter parfois, tout cet effort d’impartialité systématiqu
94 mais encore parce que, à tout moment, le lecteur se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu de la France si l’édit ava
95 advenu de la France si l’édit avait été observé, s’ il n’avait pas été révoqué, si Sully avait été écouté, si les jésuites
96 té écouté, si les jésuites n’étaient pas revenus, s’ ils n’avaient pas armé, après quinze autres meurtriers, un Ravaillac…
97  : la religion leur est simple prétexte ; mais il s’ agit d’établir à tout prix un cadre national centralisé, géométrique,
98 par la violence. Pour soutenir un tel dessein, il s’ agit d’établir un droit nouveau qui ne soit plus fondé que sur la seul
99 ot cite, à ce propos, un texte assez frappant. Il s’ agit de la requête adressée au roi par des protestants auxquels on ref
100 de nature comme vous, mieux que vous d’affection, s’ il est vrai que l’humanité est la propre affection des François… Bon D
101 uels tigres vivons-nous… qu’une cour de Parlement se licencie ainsi contre le droit naturel, contre l’honnêteté civile !
8 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Kierkegaard, Dostoïevski, Barth (23 février 1935)
102 le constellation monte au zénith de notre âge. Il s’ agit maintenant d’interpréter son signe. ⁂ Crainte et Tremblement, qu
103 nsupportable. La vocation singulière de cet homme s’ épuisera dans le seul acte de l’imposer. Après cet acte, semblable au
104 mission. Dans Crainte et Tremblement, Kierkegaard se débat encore avec lui-même. A-t-il la foi ? Qu’est-ce que la foi ? He
105 commande d’offrir Isaac en sacrifice ! Abraham ne se révolte pas. Il croit en Dieu, non point en sa raison humaine. Il sel
106 n point en sa raison humaine. Il selle son âne et s’ en va vers les monts de Morija, pour sacrifier son fils unique. Il le
107 » et revint avec lui dans la vie comme si rien ne s’ était passé. Voilà le paradoxe des paradoxes : vivre comme tout le mon
108 e singulièrement avec celui de Kierkegaard. Barth s’ adresse à des auditeurs chrétiens, à des hommes qui se posent sérieuse
109 resse à des auditeurs chrétiens, à des hommes qui se posent sérieusement la question : en quoi ma foi doit-elle transforme
110 vie ? Or, toute l’insistance du grand théologien se porte dans ce livre sur un seul point : l’homme chrétien reste un hom
111 sive. Elle consiste d’abord en ce que le chrétien se reconnaît de plus en plus pécheur, de plus en plus livré à la seule g
112 La vie chrétienne n’est pas une construction qui s’ élève au-dessus du reste de la vie. C’est toute profane et banale, la
113 , et dans sa situation. Mais en quoi le chrétien se distinguera-t-il donc de l’incroyant ? En rien d’autre qu’en ceci : q
114 nverti. Il vit dans les mêmes servitudes, mais il s’ attend à Dieu, non à lui-même ni au monde. Ainsi, chez Barth et Kierke
115 ar c’est à chaque instant de la vie de la foi que se posent les questions dernières. Mais cette vision de l’homme sans ce
9 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Trois traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)
116 te image un nouveau cliché polémique : la Réforme se voit assimilée au « fays ce que vouldras » des Renaissants. Les prote
117 ommes sont toujours les plus populaires ? Comment se dire calviniste ? L’exposition Calvin à la Bibliothèque nationale, si
118 fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se lasse pas de comparer le rôle de ces témoins théologiques au Jean-Bap
119 rucifixion de Grünewald, dont la main prodigieuse se détachant sur le ciel noir désigne le Sauveur en croix : « Il faut qu
120 a cause pour un idéal humaniste. Or, tous ceux-là se scandalisent à grand bruit, « non tant pour haine qu’ils portent aux
121 béraux qui « gazouillent » à tort et à travers et se répandent en orgueilleuses « baveries », et ceux « qui se ruent contr
122 dent en orgueilleuses « baveries », et ceux « qui se ruent contre Dieu d’une impétuosité enragée à la façon des frénétique
123 es frénétiques, et tombent en de grands abîmes ou se rompent le col en s’aheurtant ». Cet étonnant traité, tour à tour élo
124 mbent en de grands abîmes ou se rompent le col en s’ aheurtant ». Cet étonnant traité, tour à tour éloquent à l’antique ou
125 ou rabelaisien dans la satire, pourrait en somme s’ intituler : Réforme contre Renaissance. Mais toutes les richesses de s
126 re de Calvin, ne doit jamais omettre que celui-ci se considérait comme ministre du Verbe divin. Prêcher l’Évangile, c’est
127 ujours avec les plus divers interlocuteurs, il ne se range jamais, comme un littérateur de second ordre, aux lois d’une es
128 plus puissantes personnalités qui fut jamais, il se recrée toujours lui-même. Soumission du langage à l’objet spirituell
129 aut à notre siècle : une fermeté délibérée qui ne s’ arrête pas complaisamment à des trouvailles, une sobriété vigoureuse d
130 sic et non, enfin ce ton naturel de grandeur qui s’ accommode des plus savoureux contrastes, coupant court aux élans de pu
10 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)
131 toujours tension entre deux pôles, qui d’ailleurs se déplacent sans cesse et parfois aussi changent de nom. On est tenté d
132 ance en même temps qu’elle est don de Dieu ; elle s’ oppose donc à toute mystique qui ne serait qu’une fuite hors du monde,
133 t surtout Boehme le gnostique. Pour Paracelse, on s’ étonnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques »,
11 1936, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le Problème du bien (12 septembre 1936)
134 t le plus marquant d’une famille dont les destins se confondirent durant tout le siècle dernier avec ceux du protestantism
135 rotestantisme français. Maurras, lorsqu’il voulut s’ en prendre aux réformés, ne trouva rien de mieux que d’écrire un pamph
136  ». Il semble que l’auteur du Problème du Bien 13 se soit fait un glorieux devoir, et peut-être un malin plaisir, de soute
137 et le ministère du pasteur. Par ailleurs, il ne s’ adresse pas aux spécialistes, ni à l’Église, comme ce serait le devoir
138 pas la Beauté, la Joie, l’Amour, la Sainteté. Il se brise contre le problème du Bien. D’autre part, l’orthodoxie chrétien
139 réateur omnipotent, omniprésent, mais silencieux, se brise contre le problème du Mal ». Notons que cette position du probl
140 l ». (Calvin disait : « libertin spirituel ».) Il s’ agit de confondre les philosophes incroyants au moyen de leurs propres
141 un point de vue « libéral » — encore que l’auteur s’ en défende, l’adjectif ayant pris peu à peu une signification ecclésia
142 amateur de catastrophes et de crimes. Les animaux se mangent entre eux, les hommes périssent par accident, la terre trembl
143 du Tout-Puissant ; il a enseigné que le vrai Dieu s’ incarnait dans un crucifié vaincu ». Par une espèce de paradoxe — pers
144 mation du dogme trinitaire : Dieu est un X qui ne se révèle à l’homme comme le Père que par son incarnation dans le Fils,
145 pas d’inconvénient à priori, mais à coup sûr, il s’ agit là de littérature, bien que l’auteur s’en défende dans sa préface
146 r, il s’agit là de littérature, bien que l’auteur s’ en défende dans sa préface. Cela nous vaut des pages fort curieuses su
147 phiques, de poèmes, d’anecdotes, d’aphorismes. On s’ y perd bien souvent, on y apprend beaucoup. On craint aussi qu’à la fa
148 s volontiers cet argument : comment un protestant se libère d’un intellectualisme intempérant par la considération hardie
149 us ne reconnaissons pas forcément les nôtres — et s’ il ne tenait, par ailleurs, à l’étayer par une philosophie qui ne saur
12 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Luther contre Érasme (19 juin 1937)
150 sons ? Et pour quelles fins ? Si l’on ne veut pas s’ en tenir à des appréciations du genre « moine qui voulait se marier »,
151 à des appréciations du genre « moine qui voulait se marier », il serait sage de parcourir au moins les œuvres capitales d
152 elui d’Érasme, nous est suffisamment connu. Qu’on se reporte en particulier à la brillante biographie de Stefan Zweig, et
153 se trouve être M. Benda. Érasme dit le vrai, puis se lave les mains, et refuse d’endosser les conséquences de sa vérité :
154 a commis tant de crimes au nom de la vérité ! On s’ en est plus servi qu’on ne l’a servie… L’intervention de Luther en per
155 olonté. Il nie seulement que cette volonté puisse s’ appliquer librement aux choses qui concernent le salut. Elle fait part
156 n existence en termes radicaux, vraiment sérieux, se voit acculé à ce dilemme, ou plutôt à l’acceptation simultanée de ses
157 ceptée et aimée comme telle. Mais cette nécessité s’ appelle pour Nietzsche le fatum, la fatalité sans visage du Retour éte
158 es littéraires, Paris, 19 juin 1937, p. 5. r. Il s’ agit d’une recension de Traité du aerf arbitre de Martin Luther, tradu
13 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)
159 juillet 1937)s L’art de conter pour le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art tout court. Dans la littérature d
160 ce pas que l’on ne sait plus créer de la vie ? On s’ efforce de la décrire, ou pis encore, de l’expliquer… Le romancier mod
161 ’homme de science. Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secrets d’une action. La méthode
162 bas. Ainsi l’on en vient peu à peu, par désir de se montrer original, à tenir pour acquis que les « vertus » sont de ces
163 ésistent pas à l’analyse, et qu’un auteur sincère se doit de démasquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à l’argent
164 t qu’un auteur sincère se doit de démasquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à l’argent. Il ne fallait pas moins q
165 ntre les lignes. (Mais, seule, la naïveté moderne se figure qu’une légende doit être crue, comme on croit les journaux, pa
166 rue, comme on croit les journaux, par exemple, et s’ en indigne, et refuse de marcher !) Le vrai « miracle », ici, c’est le
167 est ici d’une fort malicieuse lucidité. Mais elle s’ opère par le seul jeu des faits, jamais en marge de l’action, sous for
168 de l’imagination dont nous pensions que le secret s’ était perdu avec l’enfance. Comme on sent que l’auteur s’amuse de sa m
169 perdu avec l’enfance. Comme on sent que l’auteur s’ amuse de sa maîtrise : Lagerlöf, ou la gloire de conter ! Plusieurs do
170 y conduire les autres ». À ce moment aussi, l’on s’ aperçoit que la fatalité de la légende a bel et bien dominé tous ces ê
171 . Le jeune pasteur Karl-Artur Eckenstedt vient de se brouiller avec sa belle fiancée, Charlotte Löwensköld. En la quittant
172 st pas mariée, deviendra sa compagne. Il sort. Il s’ en faut de peu qu’il ne rencontre dès les premiers pas une vieille men
173 ste, qui a fort mauvaise réputation. Mais elle ne s’ engage pas sur la route, elle s’arrête dans un pré voisin. Karl-Artur
174 ion. Mais elle ne s’engage pas sur la route, elle s’ arrête dans un pré voisin. Karl-Artur doute, tremble, et marche toujou
175 a-t-il accepter ce martyre ? Déjà, le jeune homme s’ y résigne… À quelques pas de lui, elle tourne à droite. Il poursuit so
176 nte. « Elle brillait comme une rose sauvage. » Il s’ arrête. « Tu me regardes comme si j’étais une bête curieuse, dit-elle.
177 s pittoresques ou dramatiques, à quoi l’auteur ne se prive pas d’ajouter quelques traces d’humour, comme pour purifier l’é
178 n expression. Tout respire largement, tout vit et se transforme, non pas seulement selon les lois des passions, des cœurs
179 nt tyranniques, tout cela semble disposé pour que se nouent les drames complexes dont s’est nourri depuis cent ans le gran
180 posé pour que se nouent les drames complexes dont s’ est nourri depuis cent ans le grand roman occidental : vies intérieure
14 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
181 Non, Tristan et Iseut ne s’ aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)u v Avec l
182 osité, et aussi de la discrétion avec laquelle il s’ efforce de dégager l’âme secrète de nos campagnes. Denis de Rougemont
183 s amants légendaires, les héros de la passion, ne s’ aimaient pas ? Quand j’ai commencé à écrire mon livre, je voulais simp
184 indifférents pendant leur première rencontre, ne s’ aiment qu’après avoir bu le philtre, ne peuvent plus se supporter au b
185 ent qu’après avoir bu le philtre, ne peuvent plus se supporter au bout de trois ans de vie commune dans la forêt et qui, T
186 r. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il l’aime, il se borne à répéter : « Amor par force me demeisne ». C’est la passion-ca
187 isne ». C’est la passion-catastrophe, qui ne peut se résoudre que dans la mort, et inspirera tout le romantisme. Mais elle
188 ture courtoise… Littérature dont le succès rapide s’ explique mal, car elle implique une subtilité, des raffinements, une a
189 , des raffinements, une absence de sensualité qui s’ opposaient aux mœurs de l’époque. Qui s’opposait surtout, complète Den
190 alité qui s’opposaient aux mœurs de l’époque. Qui s’ opposait surtout, complète Denis de Rougemont, à la conception chrétie
191 a littérature ? Beaucoup d’historiens, d’érudits, se sont posé la question sans pouvoir la résoudre. Pour moi, l’explicati
192 Les cathares rejettent le dogme de l’incarnation, se fondent sur une interprétation purement spiritualiste des évangiles.
193 l’amour. En embrassant le catharisme, le néophyte s’ engageait, s’il était marié, à s’abstenir de tout contact avec sa femm
194 mbrassant le catharisme, le néophyte s’engageait, s’ il était marié, à s’abstenir de tout contact avec sa femme. Les cathar
195 sme, le néophyte s’engageait, s’il était marié, à s’ abstenir de tout contact avec sa femme. Les cathares admettaient le su
196 ? J’en suis persuadé, dit Denis de Rougemont, qui s’ anime en exposant une théorie aussi originale. D’ailleurs, on sait que
197 l’a analysé. À une époque où le statut du mariage se modifie profondément, croyez-vous que ce fameux triangle, qui suppose
198 me désirable, comme un état d’exception où l’être se dépasse lui-même. Nous aspirons donc à connaître cet état que, comme
199 ’habitude. Exclue de la vie conjugale, la passion se réfugie dans l’adultère. Maris et femmes, chacun de leur côté, rêvent
200 aujourd’hui, les jeunes gens et les jeunes filles se refusent à l’hypocrisie, ne consentent plus à refouler leurs instinct
201 urde. Elle est aussi absurde que la passion, mais s’ en distingue par un refus constant de subir ses rêves, par une constan
202 s femmes, qui doivent être sans cesse capables de se renouveler, un ensemble de vertus solides et de qualités agréa­bles a
203 eiller à Sachseln, où il eut dix enfants. Puis il se retira dans un ermitage, où pendant vingt ans il se mortifia, jeûnant
204 retira dans un ermitage, où pendant vingt ans il se mortifia, jeûnant complètement. Mais, apprenant que la guerre civile
205 rétablit la paix par le covenant de 1481. Puis il se retourna dans son ermitage et y mourut. C’est un beau sujet. N’est-ce
206 ant de quitter Denis de Rougemont, je lui demande s’ il n’attend pas avec une certaine curiosité les réactions que vont sus
207 ls savent mieux maintenant comment ils pourraient se rapprocher. Si j’aide des êtres troublés à vivre à deux sans trop se
208 ’aide des êtres troublés à vivre à deux sans trop se blesser, ce sera ma plus belle récompense. Le véritable esprit chréti
209 ’est-ce pas de voir les limites d’où l’on ne peut s’ échapper ? u. Rougemont Denis de, « [Entretien] Non, Tristan et Ise
210 Denis de, « [Entretien] Non, Tristan et Iseut ne s’ aiment pas », Les Nouvelles littéraires, Paris, 12 février 1939, p. 3.
15 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
211 ible, et choisirait, quand il ouvre la bouche, de s’ exprimer en français plutôt qu’en miaulant ou en barrissant. Je suis u
212 il passera six ans, écrira La Part du diable et se liera avec plusieurs écrivains français. On décida que je serais moin
213 le . Rentré en Europe en 1946, Denis de Rougemont s’ engage alors dans l’action politique en militant pour la cause du fédé
214 péen pour la liberté de la culturey, son activité se situera désormais sur deux plans : l’écrivain d’une part, le fédérali
215 r la liberté de la culture, dans lequel Rougemont s’ engagea en parallèle, mais dont il ne fut « que » le président du comi
16 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
216 lgarités. Mais en même temps, le xxe siècle a vu se multiplier les prophètes de la décadence européenne : et ils sont tou
217 ls sont tous, ou presque tous, Européens. Loin de s’ émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le monde entier,
218 u Zuydersee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’ assiéra pas un jour sur de muettes ruines, et ne pleurera pas solitair
219 e, les dictatures prévues par Burckhardt et Sorel s’ instaurent en Russie, en Turquie, en Italie et en Allemagne, puis en E
220 ustro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une après l’autre se
221 te Europe occupée à se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une après l’autre ses conquêtes coloniales et ses
222 dence de l’Occident, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient sur le précédent de civilisations antiques aujourd’hui « di
223 édit par extrapolation des exemples antiques ? Il se pourrait, bien au contraire, que notre culture présente des caractère
224 qu’elle en a héritées, la civilisation européenne s’ est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation. Ell
225 n’a jamais pu, et surtout, elle n’a jamais voulu, se laisser ordonner à une seule doctrine qui eût régi à la fois ses inst
226 ent cru cela d’elles-mêmes, avant la nôtre. Elles se trompaient, mais cette erreur ne saurait plus être commise, à présent
227 oins. Alexandre le Grand et les empereurs chinois s’ imaginèrent qu’ils dominaient le monde entier ; c’était moins orgueill
228 ures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’ opère à sens unique et n’est plus réversible. Mais comment expliquer c
229 e de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait par là de toutes les autres, monolithiques et homogènes.
230 , monolithiques et homogènes. Voilà pourquoi elle s’ est trouvé la seule qui fût assez complexe et multiforme pour pouvoir,
231 echniques que de livres et de missionnaires. Elle s’ est laïcisée, ou sécularisée, et détachée du christianisme qui contrib
232 ondition de son « succès » le plus visible — elle s’ est rendue plus transportable, plus acceptable et imitable qu’aucune a
233 isateur. Maintenant que c’est fait ou en train de se faire, et que voilà franchi le « seuil mondial », comment imaginer qu
234 n diffusée par l’Europe à tous les peuples puisse s’ éclipser ou disparaître, sans entraîner le genre humain dans son désas
235 tre diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’ en faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus raffi
236 e romaines, ou les quelques centaines d’Espagnols s’ emparant de l’empire des Aztèques. Il s’agissait dans tous ces cas de
237 Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques. Il s’ agissait dans tous ces cas de civilisations locales, entourées de « ba
238 de la substance même de l’Europe, et je les vois s’ européaniser par la culture plus profondément que l’Europe ne s’améric
239 par la culture plus profondément que l’Europe ne s’ américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’apport
240 ntre la théologie et la philosophie, au moment où se constituaient la sociologie et la technique, l’industrie, la grande p
241 péanisé la Russie. Et c’est l’URSS à son tour qui s’ est chargée d’aider la Chine à liquider la civilisation des mandarins,
17 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
242 une fois une idée assez exacte des influences qui se sont exercées sur notre petit coin de Suisse romande. Vous avez consa
243 titre : « La femme est aussi une personne ». Cela se passait en 1936 et Mounier s’était montré un précurseur. Il m’avait d
244 ne personne ». Cela se passait en 1936 et Mounier s’ était montré un précurseur. Il m’avait demandé une étude sur l’opposit
245 dont l’auteur est un jeune lieutenant-colonel qui s’ appelle Charles de Gaulle. » Ayant cédé mon tour, je me suis mis insta
246 impressionné. J’ai tâché de suivre un peu ce qui se passait dans la vie de ces gens qui m’avaient fait des confidences et
247 puis qu’ils avaient décidé de ne pas divorcer, de s’ en tenir à la dernière partie de mon livre. Mais voilà que, en les sui
248 es de conscience fort utiles. Mon premier mariage s’ est terminé par un divorce après mes années d’Amérique. C’est pourquoi
249 in laps de temps pendant lequel une personne peut se constituer pour essayer de découvrir sa vocation. Si elle découvre sa
250 u comme quelque chose dont chacun sait de quoi il s’ agit, mais que j’insiste pour indiquer que nous nous trouvons devant u
251 s finalement, c’est à ceci : Dieu, c’est le sens. S’ il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de sens. Certains savants aujourd’h
252 : Qu’est-ce que cela veut dire pour vous, la vie, s’ il n’y a aucun sens à rien ? Pourquoi ne me comporterais-je pas comme
253 é par l’idée d’union fédérale. Denis de Rougemont s’ est fait l’apôtre de cette croisade ; il n’est donc pas étonnant qu’on
18 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
254 17-23 avril 1972)af ag L’unité de l’Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions européennes
255 e en vingt-cinq nations, chacune trop petite pour se défendre seule, n’a pas la moindre chance de résister d’une part à la
256 ar les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectueuse des diversités d
257 oste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’ amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoires a
258 fiques et techniques aujourd’hui, à quoi viennent se superposer les influences dominantes de l’italien à la fin du Moyen Â
259 par exemple, véhiculé par l’usage ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : évêque, vescovo, obispo,
260 in, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’Eur
261 ée de contradictions dans sa genèse même, qu’elle s’ est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celt
262 plupart des cas, les libéraux de pays différents se ressemblent davantage et s’entendront mieux entre eux qu’ils ne s’ent
263 ux de pays différents se ressemblent davantage et s’ entendront mieux entre eux qu’ils ne s’entendent avec les fanatiques d
264 vantage et s’entendront mieux entre eux qu’ils ne s’ entendent avec les fanatiques de leur propre nation ; que les hippies
265 de leur propre nation ; que les hippies d’un pays s’ accorderont mieux avec ceux de n’importe où qu’avec les conformistes d