1 1933, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Parole de Dieu et parole humaine, par Karl Barth (30 décembre 1933)
1 c nos plus récentes lumières ? Ou bien doit-elle, tout au contraire, assumer le scandale, montrer sa permanente et salutaire
2 naces de violences sociales. Que devenaient, dans tout cela, les belles synthèses de la théologie libérale ? L’arrière-plan
3 cur pasteur de campagne, et dans lequel, soudain, toute l’Allemagne intellectuelle découvre l’expression poignante de son ang
4 er sans la trahir une pensée à ce point hostile à tout système. La théologie de Barth se donne en effet pour une simple « no
5 e apporte constituent une sérieuse attaque contre toute religiosité. Elles consistent tout d’abord en une série de points d’i
6 ttaque contre toute religiosité. Elles consistent tout d’abord en une série de points d’interrogation que Barth place derriè
7 tion » spirituelle, figure la négation absolue de toute histoire : « Vue d’en haut, c’est une série de libres actions divines
8 e la Bible nomme l’Éternel, alors que nous sommes tout entiers temporels. De celui qui transcende toutes nos idées de la tra
9 s tout entiers temporels. De celui qui transcende toutes nos idées de la transcendance. De celui qui vient à nous, mais auquel
10 e peut : « Car parler de Dieu voudrait dire, pour toute conscience sérieuse… parler de la Parole de Dieu, la parole où dieu d
11 religieuse », mais le don gratuit que Dieu fait à tout homme qui n’a plus d’autre attente. Qu’on n’aille pas croire cependan
12 pendant protestant au néo-thomisme. Il est avant tout un rappel violent à la nouveauté éternelle de l’Évangile ; une remise
13 t pas l’objet de nos recherches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherche. Il est la présupposition de toute vi
14 echerches, mais le Sujet de toute existence et de toute recherche. Il est la présupposition de toute vie, la synthèse qui pré
15 t de toute recherche. Il est la présupposition de toute vie, la synthèse qui précède éternellement nos thèses et nos antithès
16 théologie dialectique. Elle est surtout et avant tout cela une théologie de la parole de Dieu. Insuffisance radicale de l’h
17 oralisme, du spiritualisme, de l’historicisme, de tout ce qui est œuvre de l’homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu « tout au
18 uvre de l’homme, pour atteindre l’œuvre du Dieu «  tout autre ». Distinction radicale entre toutes les paroles humaines sur D
19 u Dieu « tout autre ». Distinction radicale entre toutes les paroles humaines sur Dieu, et la Parole qui vient de Dieu à l’hom
20 us créateur du terme, et qui met en état de crise toutes nos sécurités morales. (Ce n’est qu’à certains degrés de tension que
21 meux docteurs, appuyée par Hitler lui-même et par toute l’opinion publique, votait la clause aryenne et trahissait sa foi, Ba
2 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
22 i vaut l’estime des personnes de sens. Mais après tout , ne serait-il pas étrange d’apporter des preuves sérieuses de la fant
23 nomes, des phrénologues, des herboristes, un lord tout nu, les enfants terribles de Monsieur Crépin, et la silhouette élégan
24 à rencontrer une jeune femme qui leur fait perdre toute mesure. Le monde est plein de malins, de gens qui ont l’air d’avoir c
25 aussi peut-être dans la musique de Schubert, dans tout ce qui sourd de cette Weltschmerz qui n’a pas de nom dans notre langu
3 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). L’Humanité de Jésus d’après Calvin, par Max Dominicé (24 mars 1934)
26 d’une façon remarquable l’évolution accomplie par toute une génération de protestants, celle qui commence à s’exprimer dans d
27 e place à juste titre centrale, mais exclusive de toute dogmatique. « La foi n’est pas une adhésion intellectuelle à des doct
28 amour pour Jésus-Christ — amour dont il nous sait tout incapables par nous-mêmes — mais sur l’amour de Dieu pour nous. C’est
29 stère du Dieu-homme (du Christ-Jésus) hors duquel toute communion est impossible. Mystère dont l’Évangile répète plusieurs fo
30 éformée. Non point comme on revient aux solutions toutes faites : plutôt comme on retrouve la véritable et profonde acuité d’u
31 eut dire dans ce sens que l’exégèse de Calvin est toute didactique : elle veut sans cesse transformer nos questions en questi
32 ons en questions que le texte sacré nous adresse. Tout au contraire du critique moderne, qui se pose en juge du texte, Calvi
4 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Quelques œuvres et une biographie de Kierkegaard (26 mai 1934)
33 t littéraires ! Probablement, il s’en fût amusé : tout ce qui touchait à l’opinion publique était pour lui bien proche de la
34 e l’« inquiétude » littéraire. Kierkegaard, avant tout , est un chrétien ; un chrétien peu rassurant, certes, et d’une trempe
35 e suis et j’ai toujours été un auteur religieux ; toute ma carrière littéraire se rapporte au christianisme, et en particulie
36 t l’homme au nihilisme absolu : mais ce péril est tout imaginaire. Car seule la connaissance du salut promis par le Christ p
37 otre condition. Ainsi, le chrétien, seul, connaît toute la misère de l’homme : elle lui est révélée par l’Évangile qui sauve.
38 événement. Voici un homme qui vient nous dire, en toute simplicité, qu’il a vu l’événement, et qu’il en est encore tout remué
39 é, qu’il a vu l’événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’air d’avoir pu inventer
5 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le mouvement des groupes — Kagawa (4 août 1934)
40 Je sortis assez déçu, comme on sort en général de toutes les rencontres prévues. Ce que je savais du Mouvement m’avait fait es
41 évangélisation standardisée à l’américaine, et de toutes les « méthodes morales », puritaines. Volontaristes, pragmatistes, op
42 le se réalise ne signifie pas qu’il faille agir à tout prix. L’activiste moderne n’est souvent qu’un agité. Le philanthrope
43 quelques revues protestantes en ont parlé. C’est tout . Nos grands journaux ignorent quelques-uns des événements décisifs de
44 tianisme pendant ses études et déclare renoncer à toute fortune. Sa famille le destitue de ses privilèges aristocratiques. Il
6 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
45 car vous êtes Français. Eh bien, Balzac n’est pas tout le roman. Il n’est même pas tout le roman français. Balzac, c’est le
46 Balzac n’est pas tout le roman. Il n’est même pas tout le roman français. Balzac, c’est le roman social. Balzac — et Stendha
47 oi, et qu’est-ce qu’un protestant sans foi ? Dans toutes leurs œuvres, vous chercheriez en vain un roman véritablement chrétie
48 sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur un rythme large à travers un peuple d
49 dans sa vie, et désormais l’accompagne en secret tout au long de cette chronique. On voit naître et grandir un fils, puis l
50 regard « objectif » de nos naturalistes appauvrit tout , faute de vouloir imaginer. Ils croient voir l’existence réelle alors
51 rabrouées par le sort, « la neige tombe, effaçant toutes traces », symbole d’une miséricorde lumineuse, dont on dirait qu’elle
7 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
52 otestant, Camille Jullian — avait adopté un parti tout différent, et c’est peut-être le seul reproche sérieux que je me sent
53 De même, John Viénot laisse délibérément de côté tout ce que l’abbé Bremond appelait l’histoire du sentiment religieux, et
54 tions qu’il ne peut s’empêcher de porter parfois, tout cet effort d’impartialité systématique qui restera la marque des hist
55 privée du xviie siècle, mais encore parce que, à tout moment, le lecteur se voit incité à imaginer ce qu’il fut advenu de l
56 ue page. Faits sinon nouveaux pour la plupart, en tout cas rassemblés pour la première fois, et propres à modifier considéra
57 rgé. Il semble bien que la pensée dominante, dans toute cette guerre faite à la foi évangélique, ait été celle des Espagnols
58 au prestige et à l’ordre de l’État. D’autre part, tout ce qui fut entrepris de bon, sous Henri IV, dans le domaine de la pol
59 ire, c’est l’idée fort peu française de l’unité à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les diversités orga
60 à tout prix et dans tous les ordres, au mépris de toutes les diversités organiques et fécondes. C’est cette idéologie importée
61 omme un épisode, le plus marquant il est vrai, de toute l’évolution politique de la royauté absolue vers « l’État totalitaire
62 risquer un mot sans doute anachronique, mais que tout le livre de Viénot nous autorise à prononcer ; c’est le mot de fascis
63 est simple prétexte ; mais il s’agit d’établir à tout prix un cadre national centralisé, géométrique, conçu dans l’abstract
64 se qui fait le crime. En face de ces prétentions toutes nouvelles, les réformés de France ne cessèrent, dès le début, de dres
65 des siècles. Le livre de John Viénot nous donne toute une anthologie de pareils traits. Grâce à quoi l’on ressort de cette
8 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Kierkegaard, Dostoïevski, Barth (23 février 1935)
66 présenté aujourd’hui par des philosophes laïques tout à fait libérés des disciplines de la foi, au moment décisif où, d’aut
67 la question, la supprime implicitement. Il réduit tout au général. Mais la Bible, que nous dit-elle ? Elle ne fait pas une t
68 bsurde », c’est-à-dire en vertu de la foi, contre toute morale et toute règle « générale ». Il va commettre un meurtre, et c’
69 à-dire en vertu de la foi, contre toute morale et toute règle « générale ». Il va commettre un meurtre, et c’est parce qu’il
70 nné Isaac pour la seconde fois ; on ne voit, dans toute l’histoire, qu’une épreuve. Une épreuve : c’est beaucoup dire, et peu
71 en quoi ma foi doit-elle transformer ma vie ? Or, toute l’insistance du grand théologien se porte dans ce livre sur un seul p
72 conduire à je ne sais quelle « spiritualisation » tout illusoire ou évasive. Elle consiste d’abord en ce que le chrétien se
73 n qui s’élève au-dessus du reste de la vie. C’est toute profane et banale, la vie que chacun doit vivre à sa place, et dans s
74 urneysen sait atteindre au cœur d’une œuvre entre toutes complexe. C’est que, plus nettement encore que Berdiaev dans L’Esprit
9 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Trois traités de Jean Calvin (20 juillet 1935)
75 e espérer, pour les années qui viennent, un essor tout nouveau de la pensée chrétienne. On aurait tort d’assimiler cette ren
76 une fois sanctionnée par l’Église. Ils sont avant tout des témoins. On ne saurait trop insister sur cette distinction fondam
77 insister sur cette distinction fondamentale pour toute la pensée réformée. Qu’est-ce qu’un témoin ? C’est un homme qui n’est
78 ile seul, éclairé par l’Esprit, reste la norme de toute théologie, fût-elle la plus orthodoxe. Barth, on le sait, ne se lasse
79 nes et littéraires ; mais ce qui importe plus que tout , c’est d’indiquer d’abord la « clé » qui donne leur exacte valeur à n
80 tion que Jean Calvin reçut de réformer l’Église. Tout ceci est fort bien exposé par M. Albert-Marie Schmidt dans son introd
81 de Calvin. Il nous donne un puissant raccourci de toute la polémique de la Réforme contre les libertins et les anabaptistes,
82 me s’intituler : Réforme contre Renaissance. Mais toutes les richesses de style que produisit ce siècle bouillonnant ont passé
83 angile, c’est à son sens engager le dialogue avec toutes les catégories d’hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialog
84 ialogue avec toutes les catégories d’hommes, avec toutes les espèces de créatures. Dialoguant toujours avec les plus divers in
85 st fait de soumission absolue à l’objet proposé : tout en portant la marque d’une des plus puissantes personnalités qui fut
86 ion qui compte pour l’esprit. Elle doit commander toutes les autres. 12. Trois traités de Jean Calvin. Préface de Jacques P
10 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (2 novembre 1935)
87 is aussi changent de nom. On est tenté de résumer toutes ces tensions en une seule et unique opposition : mysticisme et action
88 ps qu’elle est don de Dieu ; elle s’oppose donc à toute mystique qui ne serait qu’une fuite hors du monde, comme à toute acti
89 qui ne serait qu’une fuite hors du monde, comme à toute action en révolte contre l’ordre de la Parole. En confondant la foi e
90 huzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poétique plein de dangers et de merveilles. Le
11 1936, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Le Problème du bien (12 septembre 1936)
91 e famille dont les destins se confondirent durant tout le siècle dernier avec ceux du protestantisme français. Maurras, lors
92 fred Monod évoque immédiatement, dans l’esprit de tout protestant, deux grands mouvements de pensée et d’action dont il fut
93 té plus libre. On sait que pour l’école de Barth, tout au contraire, le rôle de la théologie sera purement et simplement de
94 près avoir montré que cette expérience diffère de tout processus psychique, il précise : l’expérience religieuse ne devient
95 il donc revenir à Marcion, hérétique condamné par toute la tradition chrétienne pour avoir affirmé que le monde est l’œuvre d
96 ine critiqué. Le contenu de la Révélation, malgré toutes les philosophies, doit rester pour tous les croyants : « Emmanuel ! »
12 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Luther contre Érasme (19 juin 1937)
97 ignifiants quant à la doctrine religieuse : voilà tout ce qui nous est accessible d’une œuvre dont on sait pourtant qu’elle
98 e biographie de Stefan Zweig, et j’ajouterais : à toute l’œuvre récente du parfait disciple d’Érasme que se trouve être M. Be
99 e changer une fois de plus la face des choses ? À tout le moins doit-elle passionner le débat, et le faire puissamment rebon
100 tique chrétienne, dans cet ouvrage, qui est avant tout celui d’un grand théologien ? Une verdeur de polémique qui peut flatt
101 nêtement les objections, donne à la thèse adverse toutes ses chances, non sans ironie toutefois, et sait enfin conférer à son
102 sonnel tour à tour ironique ou émouvant. En fait, toutes les affirmations fondamentales de la Réforme sont ici reposées par Lu
103 otale entre un oui et un non absolus, et refus de tout moyen terme entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et d
104 rter le pire malentendu, que Luther ne nie pas du tout la réalité de notre volonté. Il nie seulement que cette volonté puiss
105 , substituant à un destin fatal une vocation d’un tout autre ordre. Fatalité et liberté : le problème ne peut être écarté co
106 e théologie. Il est au cœur de la pensée humaine. Tout homme qui veut penser son existence en termes radicaux, vraiment séri
107 sait que Nietzsche lui-même aboutit à un paradoxe tout semblable à celui de Luther : la liberté est à ses yeux dans la conna
108 tum, la fatalité sans visage du Retour éternel de toutes choses. Pour Luther, elle est au contraire la Providence, la personne
13 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)
109 le plaisir se perd. Et peut-être, avec lui, l’art tout court. Dans la littérature du xxe siècle, il n’y a plus de grands my
110 découvrir, à la manière de l’homme de science. Et tout l’effort de l’écrivain se porte alors sur l’analyse des motifs secret
111 se, et qu’un auteur sincère se doit de démasquer. Tout se ramènerait à la physiologie, ou à l’argent. Il ne fallait pas moin
112 ècle. Selma Lagerlöf sait encore que l’origine de tout l’art du récit, c’est la légende. Une atmosphère d’enfance retrouvée
113 l’action, sous forme de méditation ou d’analyse. Toutes les ressources du conte populaire et de l’imagerie sentimentale et ro
114 Une ironie sereine, à peine amère, les décape de toute niaiserie, et déjoue toutes les conven­tions. Surtout, un rythme merv
115 e amère, les décape de toute niaiserie, et déjoue toutes les conven­tions. Surtout, un rythme merveilleux de souplesse, d’impr
116 de souplesse, d’imprévu et d’aisance, entretient tout au long de la lecture une euphorie de l’imagination dont nous pension
117 un roman romantique de la grande tradition. Mais tout ce pittoresque humain revêt un drame spirituel, le drame de l’absolu
118 rituel, le drame de l’absolu chrétien qui détruit tout dès qu’il agit sans charité (thème fréquent dans la littérature nordi
119 es magistralement variées et fuguées. À défaut de tout résumé imaginable, j’aimerais citer ici une seule de ces « situations
120 e, il suffit de la prendre au mot : elle commande tout naturellement une suite d’incidents pittoresques ou dramatiques, à qu
121 et, il y a la tradition des puritains, mais aussi tout l’absolutisme religieux du Brand d’Ibsen, de Kierkegaard, de Luther.
122 ire doucereuse, et Anna Svärd, « distinguée entre toutes  » par le miracle, et qui l’accepte avec humilité. Et cinquante autres
123 commune du bourg et des paroisses. C’est vraiment toute l’humanité suscitée et instruite par la Réforme, c’est un pays entier
124 ière de la Parole, qui trouve ici son expression. Tout respire largement, tout vit et se transforme, non pas seulement selon
125 rouve ici son expression. Tout respire largement, tout vit et se transforme, non pas seulement selon les lois des passions,
126 ans de Lagerlöf. On y admire, appliquées au réel, toutes les vertus subtiles, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon d
127 , appliquées au réel, toutes les vertus subtiles, tout le « métier » de l’écrivain : cette façon de ne pas insister, de lais
128 folles vertus, de coutumes doucement tyranniques, tout cela semble disposé pour que se nouent les drames complexes dont s’es
14 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
129 r amour qu’à l’heure où la mort le défigure déjà… tout cela est rempli de bizarreries, de contradictions, pressenties au siè
130 e peut se résoudre que dans la mort, et inspirera tout le romantisme. Mais elle inspire d’abord la littérature courtoise… Li
131 urtois ne fleurit que parmi les obstacles, exclut toute idée de progéniture, de famille ; il va contre les appétits de l’homm
132 t a-t-il pu, en moins de vingt ans, dominer ainsi toute la littérature ? Beaucoup d’historiens, d’érudits, se sont posé la qu
133 te s’engageait, s’il était marié, à s’abstenir de tout contact avec sa femme. Les cathares admettaient le suicide. Glorifica
134 us avons perdu la clef, et qui a pourtant inspiré toute notre littérature, reprend Denis de Rougemont. Le mythe de Tristan et
135 a femme et l’amant, qui est le sujet essentiel de toute la littérature occidentale, n’a surgi dans la littérature orientale q
136 tale, n’a surgi dans la littérature orientale que tout dernièrement, à la suite du christianisme. J’avoue que votre démonstr
137 e disparaître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la crise du mariage. Comment cela ? C’est très simple. Nous souffrons
138 comme dans la tragédie grecque. C’est un travail tout nouveau pour moi, et très amusant. Avant de quitter Denis de Rougemon
15 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
139 ant. Je suis un écrivain français, un point c’est tout . Il est l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages qui, tenant à la fois
140 guer. Mais pourquoi faut-il cataloguer, définir à tout prix ? C’est une idée un peu scolaire. Comment définirait-on Nietzsch
141 ue je place le point d’insertion de Dieu. Je suis tout à fait opposé aux doctrines providentialistes qui font de Dieu un Jéh
142 mon action politique et mes livres. Je suis passé tout naturellement et sans rupture de ma définition de la « personne » à l
143 i donc bien : personnalisme et fédéralisme, c’est tout un. Enfin, le 28 octobre 1963, Denis de Rougemont a reçu des mains du
16 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
144 nôtre, quand on en parle au singulier — étendre à toute la terre ses bienfaits, ses méfaits, ses produits, rarement ses valeu
145 rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux. L’écho de cette page f
146 uemment citées que celle qui annonce en somme que toutes les civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va
147 ue. Mais comment expliquer son succès ? Observons tout d’abord qu’elle résume et condense une assez longue tradition de pess
148 marche de l’histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi de croissance, d’épanouissement et de déclin fata
149 cle, Spengler va plus loin ; il est convaincu que toute culture est un organisme et correspond morphologiquement à un individ
150 imal ou végétal. Il en résulte inexorablement que toute culture est mortelle, et l’on rejoint la phrase de Valéry. Enfin, dan
151 ejoint la phrase de Valéry. Enfin, dans un effort tout à fait admirable pour embrasser l’ensemble des cultures connues, Toyn
152 isation sans hégémonie. Secundo, il n’est pas du tout certain que les précédents historiques soient applicables dans notre
153 e croissance-grandeur-décadence soit la même pour toutes les cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’
154 qui déterminent un destin non comparable, et même tout à fait différent à partir d’un certain moment, d’un certain seuil… Le
155 ns plus politiquement, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent nos villes moderne
156 omment expliquer ce phénomène sans précédent dans toute l’Histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la
157 urces les plus diverses, se distinguait par là de toutes les autres, monolithiques et homogènes. Voilà pourquoi elle s’est tro
158 ends la croyance chrétienne en la valeur égale de tout homme devant Dieu, quelle que soit sa nation, sa couleur ou sa race.
159 rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux ». Depuis lors, on a ret
160 e européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’o
161 gnité de la personne humaine et les fondements de tout progrès social ; et non pas le système des castes, ni le mandarinat,
162 rase de Valéry : « Si les civilisations mouraient tout à fait, Valéry ne pourrait pas le dire, car il n’en saurait rien. » E
163 eau cheval de Troie occidental : la technique, et tout ce qu’elle entraîne dans les mœurs et les modes de penser d’une natio
164 n. Dans cette Lettre , Denis de Rougemont montre tout ce qui rapproche et tout ce qui divise les États de l’Europe ; il fix
165 enis de Rougemont montre tout ce qui rapproche et tout ce qui divise les États de l’Europe ; il fixe également un programme
17 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
166 époque je n’écrivais que des poèmes, persuadé que toute autre forme de littérature était inférieure et méprisable. En même te
167 . Qu’est-ce que l’amour pour vous ? L’amour c’est tout . Pour moi c’est plus spécialement mon livre L’Amour et l’Occident .
168 livre. J’ai été entraîné à écrire cet ouvrage par toute une suite de circonstances. La plus ancienne était un numéro de la re
169 un livre qui m’a demandé trois mois de travail et toute la vie. J’étais devenu, hélas ! aux yeux de beaucoup de gens dans bea
170 qui mène au mariage solide, fait pour durer sinon toute la vie, du moins le plus longtemps possible ; au mariage conçu comme
171 une œuvre d’art qui demande certains sacrifices. Tout artiste sait parfaitement que quand il commence une œuvre, que ce soi
172 ns l’ont cru, mais au nom d’une morale d’artiste. Tout homme est amené à être créateur d’une œuvre, ne fût-ce que de soi-mêm
173 e Symphonie, c’est quelque chose que probablement tout homme a senti dans le fond de soi-même comme l’achèvement. Cela n’a r
174 de m’endormir. Dans ces notes, je dis absolument tout , mon incroyance, ma croyance, ma difficulté de croire, mon impossibil
175 té de croire, mon impossibilité de ne pas croire. Tout cela avec la plus grande précision dans le détail, car il n’y a là qu
176 ue la précision qui est intéressante ; en évitant tout ce qui peut avoir l’air de faire croire aux gens que pour moi croire
177 ants aujourd’hui disent qu’ils ne tiennent pas du tout à ce que le monde ait un sens, à ce que notre vie ait un sens, à ce q
178 je pense que Dieu n’est pas une cause au début de tout mais qu’il est une cause finale de l’humanité, qu’il appelle le dével
179 trouvons pas seulement confirmation de l’idéal de toute sa vie ; les hommes qui demain auront la charge du monde pourront y p
180 emain auront la charge du monde pourront y puiser tout un programme politique inspiré par l’idée d’union fédérale. Denis de
18 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
181 stacle majeur que l’on dresse sans relâche contre toute union fédérale, c’est l’État national de type xixe siècle, jacobin e
182 fait toujours plus illusoire, sauf qu’elle bloque tout . Cet obstacle politique, en retour, est fomenté par la culture. Car c
183 boutissement nécessaire, inévitable et naturel de toute l’évolution humaine. L’école, surtout secondaire, apprend depuis un s
184 aux jeunes Européens de nos divers pays — contre toute évidence historique — que leur nation est immortelle, ce qui suggère
185 mortelle, ce qui suggère qu’elle aurait existé de toute éternité ; alors qu’en vérité, pour la plupart, en tant qu’État et en
186 s frontières naturelles. Et nous l’avons cru ! Or tout est faux dans cet enseignement. Il n’y a pas de cultures nationales
187 bançon comme Siger, ou anglais comme Roger Bacon. Tout cela formait une grande culture commune, bien antérieure à l’idée mêm
188 g et Sofia, Varsovie et Madrid. C’est oublier que toutes (sauf le basque et le finno-ougrien) sont étroitement apparentées. Al
189 leur commune origine indo-européenne, mais encore tout ce que leur histoire y ajouta au cours des âges : notions philosophiq
190 l’usage ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : évêque, vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop, bischof
191 hniques. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’unité cult
192 ement de la géographie au xixe , là encore contre toute évidence, mais au service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on n
193 ions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architecture, de musique, de philosophie,