1 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
1 cœur des femmes, de Girard, et de Cingria, ce que vous aurez la chance d’en trouver, une note ici ou là, quelques petits liv
2 n écrivant qu’ils sont drôles. (Des gens viennent vous dire : tenez, voilà qui vous fera rire. En général on est plutôt déçu
3 . (Des gens viennent vous dire : tenez, voilà qui vous fera rire. En général on est plutôt déçu.) Pour comprendre l’humour d
4 e inconvenance, un de ces scandales héroïques qui vous valent l’amour des femmes et quelque honneur parmi les hommes. Autant
5 ent, inexplicablement. Tâchez de ne pas rire ; si vous réussissez, soyez tranquilles : vous ne pleurerez pas non plus aux ch
6 as rire ; si vous réussissez, soyez tranquilles : vous ne pleurerez pas non plus aux chapitres suivants. L’humour de Pierre
7 émences nobles » et de trivialités qualifiées, et vous aurez une idée du comique de Cingria. Un humour romand… Trois auteurs
2 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
8 oman : Sara Alelia (3 novembre 1934)h i Voulez- vous un paradoxe ? Littéraire ? Je détiendrais volontiers celui-ci : que l
9 oman est un genre protestant. — Et Balzac ? dites- vous , car vous êtes Français. Eh bien, Balzac n’est pas tout le roman. Il
10 n genre protestant. — Et Balzac ? dites-vous, car vous êtes Français. Eh bien, Balzac n’est pas tout le roman. Il n’est même
11 l’honorable, la géniale exception. Il me reste à vous démontrer, ce qui n’est pas trop difficile, que Dostoïevski et Tolsto
12 en passant par Constant. Quand on parle du roman, vous ne voyez que Balzac et Zola. Je vois aussi le pasteur Sterne, le Goet
13 eller, Galsworthy, Hardy… — Lawrence, pendant que vous y êtes ! — Lawrence, parfaitement. Voyez-vous, je ne dis pas qu’ils f
14 que vous y êtes ! — Lawrence, parfaitement. Voyez- vous , je ne dis pas qu’ils furent tous des chrétiens. Plusieurs ont même é
15 une liste des romanciers français contemporains. Vous y trouverez un bon quart de protestants, c’est-à-dire dix fois plus q
16 rt de protestants, c’est-à-dire dix fois plus que vous n’en attendiez, puisqu’il n’y a qu’un million de réformés en France.
17 i l’édit de Nantes n’avait pas été révoqué ! — Je vous accorde volontiers ce quart. Quel avantage y voyez-vous pour votre fo
18 ccorde volontiers ce quart. Quel avantage y voyez- vous pour votre foi ? — Oh ! Pas le moindre ! Je constate un fait. Mais la
19 ontiers ce quart. Quel avantage y voyez-vous pour votre foi ? — Oh ! Pas le moindre ! Je constate un fait. Mais laissons là l
20 e constate un fait. Mais laissons là le paradoxe. Vous n’ignorez pas plus que moi que la plupart des romanciers dont j’allai
21 e moi que la plupart des romanciers dont j’allais vous citer les noms n’ont guère de protestant que l’origine, et quelques t
22 n protestant sans foi ? Dans toutes leurs œuvres, vous chercheriez en vain un roman véritablement chrétien. La Porte étroite
23 l’auteur de Gösta Berling ; mais une sobriété qui vous saisit le cœur, à chaque page. Toute une vie de femme se déroule sur
3 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Une histoire de la Réforme en France (15 décembre 1934)
24 er les sépultures des religionnaires) : Ceux que vous déterrez, dit la requête, ne sont point étrangers. Ce sont François,
25 Ce sont François, vrais François de nature comme vous , mieux que vous d’affection, s’il est vrai que l’humanité est la prop
26 s, vrais François de nature comme vous, mieux que vous d’affection, s’il est vrai que l’humanité est la propre affection des
4 1935, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Kierkegaard, Dostoïevski, Barth (23 février 1935)
27 e que j’ai dit – le paradoxe le plus inouï – avez- vous cette foi, êtes-vous vraiment chrétiens ? Servez-vous Dieu, ou bien v
28 aradoxe le plus inouï – avez-vous cette foi, êtes- vous vraiment chrétiens ? Servez-vous Dieu, ou bien vous servez-vous de Di
29 cette foi, êtes-vous vraiment chrétiens ? Servez- vous Dieu, ou bien vous servez-vous de Dieu ? Question terriblement gênant
30 us vraiment chrétiens ? Servez-vous Dieu, ou bien vous servez-vous de Dieu ? Question terriblement gênante, insupportable. L
31 chrétiens ? Servez-vous Dieu, ou bien vous servez- vous de Dieu ? Question terriblement gênante, insupportable. La vocation s
32 agréable » à Dieu. Point n’est nécessaire qu’il vous pousse des ailes ni que vous soyez transformés en quelque essence rad
33 est nécessaire qu’il vous pousse des ailes ni que vous soyez transformés en quelque essence radieuse et esthétique. La vie c
5 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
34 mour courtois est directement issu du catharisme. Vous savez que l’hérésie cathare, que la croisade contre les albigeois rép
35 èrement, à la suite du christianisme. J’avoue que votre démonstration me paraît convaincante. Mais comment cette interprétati
36 statut du mariage se modifie profondément, croyez- vous que ce fameux triangle, qui suppose en définitive le mariage, puisse
37 qui leur apparaît comme la seule évasion. Croyez- vous que cela puisse embellir, faciliter la vie commune ? Certes, non. Mai
38 compliquent encore le problème du mariage. Croyez- vous que les problèmes de la vie sentimentale et sexuelle puissent trouver
39 est en réalité : l’aventure la plus difficile. Si vous ne fondez pas le mariage sur une décision réfléchie, sur quoi le fond
40 ge sur une décision réfléchie, sur quoi le fondez- vous  ? Sur la fidélité, qui me paraît en même temps le véritable fondement
41 folie, mais la plus sobre et la plus quotidienne. Votre réhabilitation de la fidélité, si conforme à la conception chrétienne
42 ts et certains sacrifices, il me semble. Ne devez- vous pas publier un roman, dont le titre, La Folle Vertu, illustre bien vo
43 man, dont le titre, La Folle Vertu, illustre bien votre pensée ? Oui, je l’ai écrit presque en même temps que L’Amour et l’O
44 es du dram e. Et en ce moment, à quoi travaillez- vous  ? J’ai en chantier un livre sur La Réforme comme Révolution. Mais je
6 1963, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Mais qui est donc Denis de Rougemont (7 novembre 1963)
45 rit de passer un an en Allemagne en me disant : «  Vous qui pensez pis que pendre de notre régime, allez donc l’observer de p
46 crivain d’une part, le fédéralisme de l’autre. Je vous arrête : il n’y a pas, il n’y a jamais eu chez moi (contrairement à S
47 a « personne » à la théorie fédéraliste. L’homme, vous ai-je dit, doit être à la fois libre et responsable ; de même pour ch
48 rès cher et un grand écrivain. À ce propos, savez- vous où Ionesco a trouvé le sujet de son Rhinocéros ? Dans mon Journal d’
7 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Les prophètes de la décadence (24 septembre 1970)
49 claves ni hommes libres, ni hommes ni femmes, car vous êtes tous fils de Dieu, vous êtes tous un en Jésus-Christ. »), cette
50 ommes ni femmes, car vous êtes tous fils de Dieu, vous êtes tous un en Jésus-Christ. »), cette conception devait seule perme
8 1970, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Denis de Rougemont : l’amour et l’Europe en expert (24 décembre 1970)
51 Denis de Rougemont, les deux grands thèmes de votre vie ont été l’Amour et l’Europe. Quel était le Denis de Rougemont de
52 el était le Denis de Rougemont de ses 17 ans ? Si vous me disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge de mon premier articl
53 ses 17 ans ? Si vous me disiez 17 ans et demi, je vous dirai : l’âge de mon premier article. J’étais au gymnase de ma ville
54 s avaient aussi été gardiens de but. Comment avez- vous découvert l’Europe ? C’est entre 17 et 25 ans que j’ai découvert un p
55 quelques Allemands et plusieurs Hollandais. Cela vous donne encore une fois une idée assez exacte des influences qui se son
56 exercées sur notre petit coin de Suisse romande. Vous avez consacré de nombreuses et passionnantes pages à l’amour. Qu’est-
57 antes pages à l’amour. Qu’est-ce que l’amour pour vous  ? L’amour c’est tout. Pour moi c’est plus spécialement mon livre L’A
58 avec un peu d’anxiété. Il me disait : « Voudriez- vous me rendre un grand service ? Accepteriez-vous de céder le tour de par
59 iez-vous me rendre un grand service ? Accepteriez- vous de céder le tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un j
60 Accepteriez-vous de céder le tour de parution de votre manuscrit, que j’attends d’un jour à l’autre, car je dois publier le
61 s gens me rencontraient ils me disaient : « C’est vous l’auteur de L’Amour et l’Occident  ? Je croyais que vous aviez une g
62 uteur de L’Amour et l’Occident  ? Je croyais que vous aviez une grande barbe blanche. » C’était la première réaction. Voici
63 emière réaction. Voici l’autre réaction : « Savez- vous que votre livre a transformé ma vie ! »… Cette idée d’avoir transform
64 action. Voici l’autre réaction : « Savez-vous que votre livre a transformé ma vie ! »… Cette idée d’avoir transformé tant de
65 ui en laissais dans mon premier livre. Que pensez- vous aujourd’hui ? Je continue à penser qu’il faudrait élever les gens dan
66 t quelquefois des criminels. Revenons à l’Europe. Vous vivez à Ferney-Voltaire entouré de frontières… Un jour j’ai passé la
67 es en écumoires. » Denis de Rougemont, quelle est votre définition de la gloire ? C’est le salut. C’est ce qui vient après la
68 e d’une grande euphorie et d’un grand bonheur. Et votre définition de la mort ? Si un homme pouvait penser complètement la mo
69 oup d’hommes, sur la mort, sur la chronologie, si vous voulez. Je pense que l’immortalité n’est pas quelque chose qui commen
70 ue l’humanité ait un sens, puis ils finissent par vous faire un petit couplet de morale scientifique. On pourrait leur deman
71 leur demander : Qu’est-ce que cela veut dire pour vous , la vie, s’il n’y a aucun sens à rien ? Pourquoi ne me comporterais-j
72 e le surhomme de Nietzsche ? Au nom de quoi venez- vous me dire qu’il faut être socialiste ou qu’il faut être de gauche ? Nou
73 quelque chose qui va d’un arrière à un avant. Si vous voulez, je pense que Dieu n’est pas une cause au début de tout mais q
9 1972, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). De l’unité de culture à l’union politique (17-23 avril 1972)
74 un de nos pays a un nord et un midi : dans chacun vous trouverez des croyants et des incroyants, des hommes de gauche et des
75 yles de vie. Supprimez les frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’Europe. 2° La création culturelle en Europe e