1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 randeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931) a Si l’existence — le degré d’être — se mesure au pouvoir d’incarner
2 hie de l’existence personnelle qu’avant tout nous avons besoin. Kierkegaard nous en propose le type le plus efficace. Et c’es
3 l reconnaître à ce seul philosophe le privilège d’ avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne l
4 rent ; ils les reçoivent des prophètes ; s’il n’y avait pas de prophètes, les bavards seraient peut-être des créatures très s
5 emands. Rien de commun avec un Renan, un France. a . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Rudolf Kassner, Les Éléments d
2 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sarah, par Jean Cassou (novembre 1931)
6 uissance à susciter dans le monde l’amour dont il aurait besoin, qu’il imagine et dont il meurt. Car la vie est une espèce de
7 meurt. Car la vie est une espèce de marâtre et n’ a que faire de nos tendresses. Les sujets de Jean Cassou sont très part
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
8 s d’une accablante simplicité. Me tromperais-je ? Ai -je mal su lire tant de brillants essais sur le monde actuel et futur 
9 e le fait d’une disposition trop romantique que d’ avoir cru distinguer dans ces œuvres je ne sais quelle complaisance qui les
10 dire dans l’élémentaire : un être qui est nu, qui a froid, qui a faim, qui a été jeté au sein d’une nature hostile, de so
11 lémentaire : un être qui est nu, qui a froid, qui a faim, qui a été jeté au sein d’une nature hostile, de sorte qu’il lui
12 un être qui est nu, qui a froid, qui a faim, qui a été jeté au sein d’une nature hostile, de sorte qu’il lui faut sans c
13 sont pas révolutionnaires.) Et ce n’est pas qu’il ait jamais craint de tirer sur ces racines, fortement : mais il a vu qu’e
14 int de tirer sur ces racines, fortement : mais il a vu qu’elles tenaient bon, qu’elles tenaient trop de terre embrassée e
15 ion avec les éléments, avec l’effroi du monde. On a , non sans comique, loué « cet artiste raffiné » d’avoir su « se raval
16 non sans comique, loué « cet artiste raffiné » d’ avoir su « se ravaler au niveau des simples. » Non, Ramuz ne descend pas au
17 s origines, des éléments créateurs de sa race. Il a cette même lenteur imposée par la nature, ce même besoin de précision
18 el. (La révolution russe en tournant au marxisme, a provisoirement confondu ces notions.) Le communisme ramuzien, c’est c
19 n à travers le pays, et offre à tous la Parole, «  ayant l’aspect d’une brochure à couverture bleue », où les événements actue
20 de terreur et de prière. Puis, « la page du ciel a été tournée », ils se relèvent : « Il paraît bien qu’on n’est pas mor
21 arrêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle suppose
22 page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a qui ont un air raté, un air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule p
23 e Ramuz — même pas très réussie, et il y en a qui ont un air raté, un air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de c
24 ieux de la forme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa p
25 la création du monde. 6. S’il est vrai, comme l’ a montré M. Spaïer, que toute pensée est judicatoire, le fait même de p
26 lque sorte le mettre en état de crise ; et il n’y a de réalité que par et dans la crise… 7. On pourrait soutenir que l’é
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
27 e voient pas, c’est que précisément cette défense a réussi. Par contre ils veulent bien voir la révolte chez ceux-là qui
28 la crient, et la magie chez ceux qui vaticinent, ayant été moins loin que Goethe dans la domination des mystères. Ainsi se r
29 de marquer toutefois qu’une pareille assimilation eût exaspéré Goethe autant que Rimbaud, mais, croyons-nous, dans leur hab
30 concrète, grâce au recoupement de deux vies qui l’ ont réalisée selon des voies totalement divergentes, une attitude humaine
31 ttitude humaine qui me paraît commune. Que Goethe ait pratiqué « le devis des choses grandes et secrètes » comme parle Jérô
32 es ses œuvres assez de signes irrévocables pour n’ avoir plus besoin de solliciter les biographes. On a souvent rappelé l’amit
33 voir plus besoin de solliciter les biographes. On a souvent rappelé l’amitié du jeune bourgeois de Francfort et de la sag
34 même à quelques essais d’alchimie. Coquetteries, a-t -on dit, — mais il n’est point de sentiments intermédiaires qui ne con
35 itude, pour un esprit comme celui de Goethe. « On a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis, vers ce temps
36 ette assomption intérieure. Par quel « hasard » l’ a-t -il provoquée chez Goethe ? Il est un fait de sa jeunesse dont on ne s
37 i : au seuil de l’initiation, chez Goethe, il n’y a pas une révolte, il y a un péril conjuré. C’est contre ce qu’il nomme
38 e la connaissance ésotérique dans ce qu’elle peut avoir de purement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune Goethe, que déj
39 ans ce qu’elle peut avoir de purement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune Goethe, que déjà la faiblesse du corps le r
40 sa vie. Mais cette maladie, et la convalescence, ont éveillé dans son esprit les premières tentations créatrices. À l’orig
41 ent et un style. Dès ce moment le choix de Goethe a trouvé sa forme. Il lui faudra maintenant le renouveler perpétuelleme
42 une activité réelle, et même à double effet. Qu’y a-t -il de plus agissant, dans une œuvre marquée du signe de la maturité,
43 mplexe dialectique de la magie, Goethe lui-même l’ a stylisée en symboles concrets dans le Faust, œuvre longue comme sa vi
44 8, l’on découvre que c’est la magie encore qui n’ a cessé de l’entraver : Könnt ich Magie von meinem Pfad entfernen Die
45 in se joue d’un coup. La grandeur de Goethe est d’ avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transportez la dial
46 uption de cette « magie » est si violente qu’elle a certainement angoissé l’enfant : n’est-ce point pour se défendre qu’i
47 le submerge. « Je devins un opéra fabuleux. » Il a brûlé les étapes de l’initiation. Mais on ne déchaîne pas de telles p
48 e toi ». Mais Rimbaud est d’une autre trempe : il a déjà prouvé en écrivant les Illuminations qu’il peut renoncer violemm
49 Sa vie en Afrique est un second renoncement. Nous aurions combiné tout cela avec de la littérature. Car il n’est pas donné à be
50 d est notre mythe occidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentation orientale, l’a condamnée, l’a dépassée
51 Il a vécu tragiquement la tentation orientale, l’ a condamnée, l’a dépassée, acceptant comme Goethe les conditions réelle
52 iquement la tentation orientale, l’a condamnée, l’ a dépassée, acceptant comme Goethe les conditions réelles et données de
53 quels sont les plus grands Occidentaux ? Ceux qui ont incarné le choix le plus audacieux. Pascal choisit une fois pour tout
54 x de loin, d’un long abandon à l’erreur. Goethe n’ a pas connu de tels déchirements. Et c’est lui qui méritera la phrase d
55 es, les sentences du vieil Olympien de la légende ont peu de consonance avec un tel pathétique, mais quel écho n’eût-il pas
56 nsonance avec un tel pathétique, mais quel écho n’ eût -il pas éveillé dans l’âme du jeune ministre de 32 ans, adonné vers ce
57 gue peine de celui « qui toujours s’est efforcé » a purifié le corps, et l’âme est prête à recevoir « l’amour d’en haut »
58 comme un exercice de choix, l’écriture, — cela n’ a rien que de logique, et résulte de la définition même d’un tel yoga.
59 n théâtre ou l’administration du Grand-Duché. « J’ ai toujours considéré mon activité extérieure et ma production comme pur
60 liques, et, au fond, il m’est assez indifférent d’ avoir fait des pots ou des assiettes »10. Si tout de même il a peiné sur la
61 des pots ou des assiettes »10. Si tout de même il a peiné sur la composition d’Iphigénie ou des Ballades, c’est que l’art
62 x gens du monde et surtout aux belles dames qui n’ ont rien à faire. Mais un homme supérieur, qui a déjà conscience d’être q
63 n’ont rien à faire. Mais un homme supérieur, qui a déjà conscience d’être quelque chose ici-bas, et qui par conséquent d
64 sant. Et ceux-là seuls entendront ce silence, qui auront su percevoir l’accent dominateur et tendu des pages les plus égales e
65 ger que plus bas que lui. C’est-à-dire qu’il n’en a pas le droit. Certes, il est d’autres recours, d’autres points de vis
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
66 uoi l’on ne voudrait pas reprocher à M. Duhamel d’ avoir adopté pour cette fois un style conventionnel, ou plus exactement une
67 f du gouvernement. L’on s’étonne que M. Duhamel n’ ait joint à son recueil une épître au préfet de Police sur les Embarras d
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
68 te la violence des contraires. Pour tous ceux qui ont l’audace de se maintenir dans une telle dialectique, il n’existe pas
69 ance, du « pecca fortiter » de Luther. Pour qui n’ aurait pas lu d’autres ouvrages de Jouhandeau, les aphorismes qui composent
7 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alexandre, par Klaus Mann (septembre 1932)
70 s, poète abstrait à la mode de 1920, qu’Alexandre a conquis le monde. Le défaut de ce point de vue, c’est qu’il n’étonner
71 même un phénomène assez bouleversant. Klaus Mann a raconté cette histoire avec beaucoup de grâces et des pointes d’ironi
8 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)
72 solidarité du péril crée en nous une unité que n’ ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus devant la consternan
73 nique, fût-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ ont été réunies — rapidement car tout nous presse — les déclarations que
9 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
74 À prendre ou à tuer (décembre 1932)j Nous avons choisi de vivre — telle est notre révolution — dans un monde qui nous
75 er. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter hic et nunc, mais pour que les hommes vivent et demeurent de
76 sortir, — et ceux qui voudraient bien continuer, ayant certains intérêts dans l’affaire. Entre eux, la masse des braves gens
77 est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié au loup, par goût des atmosphères tragiques. Littér
78 y avait de quoi vous fâcher, braves gens, vous n’ aviez après tout rien de mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution,
79 c’était une bande de méchants garçons. Puis vous avez pensé que c’étaient des gens dangereux et avides. Et maintenant, c’es
80 ni un refus des tâches d’homme. Henri Lefebvre l’ a montré, je n’ajouterai rien à sa déclaration si simple. La révolution
81 e la révolution. Ni à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autr
82  du moins vraie celle-là.   Les témoignages qu’on a pu lire plus haut définissent deux positions révolutionnaires malaisé
83 s les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ ont si bien compris qu’on peut les voir déjà préparer en sous-main des te
84 mécanique du conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas de troisième terme, — ou c’est la mort19. Mais la coefficience de
85 soit d’ailleurs la conception historique que l’on ait , il faut pourtant reconnaître que la personne est un facteur « décisi
86 sée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’être conduit par la pensée de quelques-uns22. Proposition an
87 appuyaient sur le mouvement de l’histoire ». Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fatalisme,
88 ien de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t -il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivant
89 fs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons davantage. Je vois clairement que leurs buts provoquent le refus, pou
90 que du pain, finalement n’en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux certains mots d’ordre immédiats : lutte contre le
91 lles permettent à ce suprême et quotidien débat d’ avoir un sens, un point d’application : la personne. Tel est en dernière an
92 retrouvant la grandeur des luttes élémentaires, n’ aurions -nous à répondre qu’un dogmatique « Tu te trompes » ? Les hommes n’ent
93 sit. Je parle de cette seule chose au monde qui n’ ait pas besoin d’arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seul
94 erais toute ma vie, d’un seul coup éclatant. Je n’ ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à recevoir
95 vôtres ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’autre à attendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’Or
96 é, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir faites. 18. En Allemagne, un groupe en croissance rapide, le Gegner
97 ien. Parce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». 23. Le succès du communisme serait-il « de no
10 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
98 es textes, à donner l’impression que ces textes n’ ont , en somme, aucun sens relativement à celui qui les cite, car alors où
99 é à coups de platras à la manière antique ». Vous avez le ton. Ajoutez-y le plus excitant foisonnement de citations — poètes
100 est la forme particulière de son ironie24 et vous aurez ce petit volume de deux-cents pages qui, délayé en six-cents, se verr
101 e surprise, place aussitôt une citation, oublie d’ avoir raison, et nous laisse admirer cette prose de la Renaissance où palpi
102 e devenu réel que font les actuels nationalismes, ayant pour effet qu’au lieu d’être avantageuse, la chose publique empêche d
11 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
103 Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)l Qu’on ait pris Ramuz pour un « régionaliste », c’est une de ces méprises qui pe
104 puis l’esprit qui se met à douter, parce qu’il n’ a plus d’application, l’esprit qui prend peur. La guérison naîtra d’une
105 muz, apaisé, regarde tomber la neige : les choses ont de nouveau leur sens. Ramuz parle de lui, c’est la première fois. Et
106 l nous donne ce genre de pensées pour ce qu’elles ont toujours été à ses yeux : le fait d’un défaut de présence au monde, d
107 n, — ou asservir cette main. Est-ce que ma main n’ a pas sa vocation ? Est-ce qu’elle n’a rien de mieux à faire que de se
108 ue ma main n’a pas sa vocation ? Est-ce qu’elle n’ a rien de mieux à faire que de se lever avec cent-mille autres, de fair
12 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Saint-Évremond ou L’humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)
109 folie divine ? Il semble bien que Saint-Évremond ait jusqu’au bout refusé de choisir. Il croit pouvoir entretenir avec Die
110 nouveauté de l’essai d’Albert-Marie Schmidt est d’ avoir su déceler la corruption secrète de cet art trop parfait, « qui suppr
13 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)
111 st évidente, il est doublement édifiant. Ceux qui ont aimé le Chemin de la Vie retrouveront ici l’atmosphère salubre, la na
112 rina, qui choisira bien entendu Kolka dès qu’elle aura compris que l’autre « n’est pas né quand il aurait fallu ». L’Histoir
113 aura compris que l’autre « n’est pas né quand il aurait fallu ». L’Histoire a de ces exigences. On conseille à Volodia de se
114  n’est pas né quand il aurait fallu ». L’Histoire a de ces exigences. On conseille à Volodia de se brûler la cervelle. Il
115 on l’accordera volontiers à l’auteur. Ehrenbourg a utilisé pêle-mêle une masse de documents qui parlent d’eux-mêmes. Ils
116 blement conformiste. Le puritanisme des komsomols a ceci de spécifiquement ennuyeux qu’il ne crée pas en eux le moindre r
117 même rôle que la race chez les hitlériens. Il n’y a pas plus de conversion possible au prolétariat qu’au germanisme. Voil
14 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
118 ait au communisme certains reproches que d’autres ont déjà formulés, avec plus de mordant et plus de précision, et qui d’ai
119 possédé par la vie des choses et des êtres, on n’ a pas besoin d’arguments pour faire sentir l’absurdité des « lois » qui
120 able. Ramuz, mieux que personne, peut se passer d’ avoir raison, puisqu’il a pour lui la Nature27. C’est quand il parle d’elle
121 ersonne, peut se passer d’avoir raison, puisqu’il a pour lui la Nature27. C’est quand il parle d’elle qu’il est grand, qu
122 és mortes. Ceux qui se vantent d’être calculables ont très probablement raison : c’est une constatation de décès spirituel,
123 s de discussions, chez les philosophes de Moscou, ont abouti, en 1932, à des définitions tellement abstruses de cette fameu
124 aut être pour Dieu ou contre Dieu. La bourgeoisie a choisi dès longtemps, pratiquement athée sans le savoir. Le marxisme
125 homme. Est-ce possible ? Et peut-il y croire ? Il a bien vu le choix, mais l’a-t-il fait ? Il veut un monde à la taille d
126 peut-il y croire ? Il a bien vu le choix, mais l’ a-t -il fait ? Il veut un monde à la taille de l’homme. Il sait aussi que
15 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)
127 st difficile d’imaginer un livre plus profond. On a même l’impression en le lisant, de lire pour la première fois un livr
128 est inculpé, mais ils ne savent pas de quoi et n’ ont pas qualité pour le savoir. Puis, on le rend à la liberté. Toute l’hi
129 e l’histoire sera celle, non pas du procès, qui n’ a jamais lieu, mais des préliminaires, des démarches que tente l’accusé
130 l’instance suprême ; jamais personne d’ailleurs n’ a pu y parvenir. À la fin du cauchemar, on le tue dans des conditions t
16 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
131 ssante, il approuve la loi de deux ans. « Staline a raison », affirme l’affiche communiste ; mais alors La Rocque n’a pas
132 rme l’affiche communiste ; mais alors La Rocque n’ a pas tort ? — Certes, il a tort disent les gauches ; et c’est à cause
133 mais alors La Rocque n’a pas tort ? — Certes, il a tort disent les gauches ; et c’est à cause de la mystique. Et Staline
134 e de la mystique. Et Staline, disent les droites, a tort : car nous voulons une armée forte, mais non pas en vertu d’un c
135 m de la liberté populaire ! Flatus vocis ! Il n’y a qu’une seule manière de tirer à la mitrailleuse et de se faire casser
136 er que le Congrès pour la défense de la culture n’ ait rien tenté pour débrouiller un peu le complexe de mots adultérés qui
137 es vrais adversaires. (Je ne vois que Chamson qui ait dénoncé l’équivoque dont vit la droite, quand elle se proclame « nati
138 mots-clés un sens commun. Mais il me semble qu’on a fait tout autre chose, au Palais de la Mutualité. Il me semble qu’on
139 la liberté en préparant la dictature. Jamais on n’ a plus mal menti, jamais avec plus d’enthousiasme. Ni la gauche ni la d
17 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
140 e fut pas un mage, ou plutôt si l’on veut qu’il l’ ait été, au sens où l’on dirait qu’Einstein, interprète du cosmos, est un
141 ssier30. Il faut se méfier de la gloire qu’on lui a faite. On nous rapporte par exemple que « déjà vieux et ne voulant pa
142 , métamorphosé en bel adolescent, le crâne seul n’ avait pas tout à fait repoussé. Un peu d’air pénétra dans le cerveau et Par
143 a dans le cerveau et Paracelse dut mourir avant d’ avoir ressuscité ». Rajeunir son corps et son âme par l’ordure, c’est un de
144 uteur de l’anecdote était bon prophète, mais il n’ a rien compris à Paracelse. Théophraste Paracelse Bombaste de Hohenheim
145 e confus de ceux qui se croient cartésiens. Aussi a-t -on souvent tendance à le rejeter du côté des mystiques, où cependant
146 rejeter du côté des mystiques, où cependant il n’ a que faire, avec son goût de l’expérience et de l’application concrète
147 l’expression des choses jamais dites ». Paracelse a vu plus de choses qu’il ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’inve
148 que (au sens vulgaire). Ce défaut de mots propres aurait dû le contraindre à l’invention de métaphores. Mais Paracelse justeme
149 nt descend toute la science du xixe , et qui nous ont conduits à considérer notre corps comme une espèce de moteur démontab
150 astronomique de la culture occidentale. Peut-être avons -nous passé l’âge de l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de
151 blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-être avons -nous passé l’âge des rationalismes trop courts, de la mythologie féro
152 mme, et quelle est sa mesure dans l’univers qu’il a cru concevoir ! 30. « La monumentale grossièreté luthérienne », dit
153 me. Mais on se représente aisément l’embarras qui eût été le sien si l’on eût exigé qu’il nommât l’activité qu’il découvrai
154 e aisément l’embarras qui eût été le sien si l’on eût exigé qu’il nommât l’activité qu’il découvrait. Qui ne sait, de nos j
18 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Recherches philosophiques (septembre 1935)
155 phiques (septembre 1935) s Ce recueil annuel n’ a jamais mieux mérité son titre. Je veux dire que la part de la dialect
156 urait assez louer les directeurs des Recherches d’ avoir pris au sérieux le risque philosophique. Et je ne pense pas trahir le
157 trois des écrits les moins « orthodoxes » qu’ils ont accueillis cette année. La belle étude de Karl Löwith sur Hegel, Marx
158 ement. À partir de Hegel, dit-il, le philosophe n’ aura plus d’autre possibilité que celle de « réaliser » la philosophie. Ré
159 je ne dis pas que le parallèle Marx-Kierkegaard n’ ait entraîné l’auteur à déshumaniser à l’excès Kierkegaard, et à forcer l
160 riteraient beaucoup plus qu’une simple mention. J’ aurais aimé analyser aussi les trois pages où Jean Wahl résume tout le verti
161 rtige ontologique, et l’article de G. Stern sur l’ a posteriori, bien caractéristique d’un certain renouveau du réalisme.
19 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
162 nguement et gagne en somme notre complicité. Elle a l’humour discret, sensible, qui convient à la confession d’un sentime
163 je prends aux chroniques minutieuses de sa vie33. A-t -on remarqué l’extrême rareté des documents accessibles sur la manière
164 r la manière de vivre de nos contemporains ? Nous avons des reportages et des biographies, c’est-à-dire des moyennes et des e
165 a machine. À déjeuner, vous me dites que Clarence avait eu une conversation avec Tony au cours de laquelle il lui avait décla
166 ine. À déjeuner, vous me dites que Clarence avait eu une conversation avec Tony au cours de laquelle il lui avait déclaré
167 onversation avec Tony au cours de laquelle il lui avait déclaré que vous aviez l’intention de « détruire » Mabel, ce qui boul
168 u cours de laquelle il lui avait déclaré que vous aviez l’intention de « détruire » Mabel, ce qui bouleverse Tony et vous bou
169 pourries. C’est cette vision de vous ainsi qui m’ a fait peindre ces planchers, des années plus tard, pour que vous n’aye
170 planchers, des années plus tard, pour que vous n’ ayez plus jamais à les frotter. Après le plancher vous brossez tout ce qui
171 ersonnalité. » L’homme moderne, dit Keyserling, n’ a pas de prochains ; il n’a que des voisins inévitables. Voilà Lawrence
172 erne, dit Keyserling, n’a pas de prochains ; il n’ a que des voisins inévitables. Voilà Lawrence, l’homme sans prochain. C
173 près tout, qui donc vint à son aide, à lui ? Il n’ avait que la nature, les bêtes, les choses. Envers elles, il est plein d’un
20 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
174 ’entre nous à récuser la Vérité que les mystiques ont prétendu traduire, ce qui reviendrait à les taxer de mythomanie. La f
175 e, il convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poétique plein d
176 emple, je m’explique mal l’omission de Hamann qui eût avantageusement remplacé la visionnaire Catherine Emmerich, et qui mé
177 par un préjugé historique que le « Mage du Nord » eût trop évidemment déconcerté. Ce préjugé consiste à rendre Luther respo
178 re » qu’on aimait à croire périmée. M. Chuzeville a eu le tort de vouloir y réduire l’évolution du mysticisme allemand, q
179  » qu’on aimait à croire périmée. M. Chuzeville a eu le tort de vouloir y réduire l’évolution du mysticisme allemand, qui
180 déré comme une sécularisation du mysticisme. Il m’ a semblé que cette perspective spirituelle était la seule que dégageât
181 ste Paracelse Bombaste de Hohenheim, ce dont il n’ eut jamais l’idée de se cacher. – L’érudition considérable de M. Chuzevil
21 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
182 1935)w Toujours ces mots. Quand je dis qu’ils ont perdu leur sens, il faut ajouter aussitôt qu’on a le tort de leur en
183 t perdu leur sens, il faut ajouter aussitôt qu’on a le tort de leur en accorder bien davantage qu’ils n’en gardent et que
184  » que voulait dire l’inspecteur (à moins qu’il n’ ait une conception conquérante de la beauté ?). « Démodé » : on se demand
185 ns quel pays. « Pacifiste » ? Aujourd’hui, il n’y a plus que les pacifistes pour oser réclamer ouvertement la guerre (con
22 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sur l’esprit incarné (février 1936)
186 ° si les « docteurs » nationalistes qu’il attaque ont jamais prétendu que leur politique fût une « incarnation » de l’espri
187 « incarnation » de l’esprit ; 2° au cas où ils l’ auraient fait, ce que j’ignore car je les pratique peu : s’il y a lieu de repr
188 ’Esprit, c’est-à-dire Jésus-Christ, fils de Dieu, a jamais « porté l’empreinte de certains intérêts terrestres », et cons
189 intérêts terrestres », et conséquemment, si l’on a le droit d’opposer esprit pur à esprit incarné dans des termes tels q
23 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
190 est évidente, c’est peut-être pourquoi bien peu l’ ont vue jusqu’à présent : elle « crève les yeux ». Il faut organiser la l
191 nous vaut diverses dictatures, lesquelles, pour n’ avoir pas été soumises dès le début à une volonté perspicace et fanatique d
192 es recherches de L’Ordre nouveau. Robert Aron les a décrites avec une sobre et nerveuse précision37 qui tranche sur le ve
193 battre au concret. On peut reprocher à l’auteur d’ avoir passé trop rapidement sur certaines questions dernières (le sens dern
194 préface de Malraux à son dernier ouvrage, etc.) J’ ai quelques raisons de m’en réjouir. L’Ordre nouveau en a tiré, le premi
195 lques raisons de m’en réjouir. L’Ordre nouveau en a tiré, le premier, des conclusions pratiques dans le domaine du travai
196 rience de service civil, organisée l’été dernier, a fait voir que les ouvriers savent apprécier les conséquences concrète
24 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
197 1936)z L’introduction de Kierkegaard en France a les mêmes dates que la crise : 1930-1935. Il a fallu bien près d’un s
198 ce a les mêmes dates que la crise : 1930-1935. Il a fallu bien près d’un siècle, il a fallu surtout le double truchement
199 : 1930-1935. Il a fallu bien près d’un siècle, il a fallu surtout le double truchement de Heidegger et de Karl Barth pour
200 ard est cité par tout le monde. On m’assure qu’il a même un public passionné. Mais si l’on juge de la façon dont il est l
201 dont il est trop souvent cité, l’on pensera qu’il eût mieux valu montrer plus de prudence à le répandre. Et pourtant il fal
202 nécessités de notre état spirituel. Seulement, il eût fallu le traduire autrement, pour prévenir certains malentendus inévi
203 t la succession désordonnée des œuvres qu’on nous a traduites. Kierkegaard donne l’exemple unique, je crois bien, d’un au
204 ’à leur contenu intrinsèque. Personne peut-être n’ a si jalousement pris souci de dire au bon moment ses vérités inactuell
205 ète et de philosophe « à orientation religieuse » avait en effet préparé le climat et la juste portée de ces attaques, avec u
206 un certain nombre de malentendus. 1. Parce qu’on a publié d’abord le Journal du séducteur, fragment d’un gros ouvrage in
207 laquelle ils devaient être radicalement niés, on a incité le lecteur, non prévenu ou mal prévenu, à tenir Kierkegaard po
208 t la lettre nietzschéenne. Admettons que la suite ait fait voir l’énormité de cette erreur. Je crains bien que ce n’ait été
209 énormité de cette erreur. Je crains bien que ce n’ ait été qu’au profit d’une erreur plus subtile. 2. Parce qu’on a traduit
210 profit d’une erreur plus subtile. 2. Parce qu’on a traduit la Maladie à la mort sous le titre de Traité du désespoir, Ki
211 sous le titre de Traité du désespoir, Kierkegaard a passé bientôt pour le coryphée du désespoir considéré comme un des be
212 poir fondamental du pécheur ; s’il est vrai qu’il a su montrer, avec une effrayante lucidité, l’universalité de cet état,
213 — ce qui est le mouvement même de la Réforme — on a voulu le présenter comme une espèce de nihiliste antichrétien. Parce
214 chose inquiète, inquiétante », disait Luther — il a voulu poser honnêtement la question tragique et réelle du doute insép
215 oches de l’orage, ainsi, flairant le danger », il a dit : Je n’ai pas la foi, — certains pensent qu’au fond, il n’a jamai
216 age, ainsi, flairant le danger », il a dit : Je n’ ai pas la foi, — certains pensent qu’au fond, il n’a jamais pu croire. E
217 i pas la foi, — certains pensent qu’au fond, il n’ a jamais pu croire. Et pourtant, la définition même de la foi dans l’Év
218 neur, viens au secours de mon incrédulité ». L’on eût évité ce grabuge en traduisant dès le début quelques-uns des ouvrages
219 décisif. Bien entendu, le « succès » de prestige eût été beaucoup plus restreint. Les raisons qui poussèrent Kierkegaard à
220 décision, mais tu te rends aussi rebutant que tu as été attirant ; alors tu verras tes contemporains se passionner et bie
221 ainement. Les graves malentendus que je signalais ont valu à l’auteur du Traité du désespoir un « succès » dont il est peut
222 yle kierkegaardien que la manière dont M. Tisseau a publié ces quatre petits volumes de « discours édifiants » et d’essai
223 ndis que ses écrits littéraires ou philosophiques ont pour dessein, plus ou moins déguisé, de pousser à l’absurde les attit
224 e n’est pas actualisée dans l’acte de foi. Il n’y eut jamais de sérieux absolu39 que dans la vie et dans la mort du Christ,
225 ns la mort du Christ, homme et Dieu, car lui seul eut vraiment « le droit de mourir pour la vérité », étant lui-même la vér
226 ou encore un saut dans le vide ? Et alors il n’y aurait nulle part de vrai sérieux ? Peut-être aussi cet acte existe-t-il, pe
227 vie, le hic et nunc de la foi ? Mais alors il n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie, tant qu’il n’y a pas eu cet acte de
228 a pas de vrai sérieux dans ma vie, tant qu’il n’y a pas eu cet acte de foi, ce renversement du désespoir qui s’ignore en
229 de vrai sérieux dans ma vie, tant qu’il n’y a pas eu cet acte de foi, ce renversement du désespoir qui s’ignore en certitu
230 .-S. Cette chronique était déjà imprimée, quand j’ ai lu dans les Cahiers du Sud une étude de Benjamin Fondane qui s’en pre
231 e par des mots ? Plusieurs des Discours religieux ayant pour objet de « préparer à la Communion », je ne vois pour ma part qu
25 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
232 e. Ceci tuerait cela. Et de cette dialectique, on a tiré quelques rayons d’in-octavos. Mais Claudel : « Vivre, c’est conn
233 un perpétuel avertissement, tandis que les autres ont plutôt l’air de résulter d’une série d’oublis d’avertir, d’une série
234 sens.) Car le langage, parmi d’autres fonctions, a celle-là de permettre à nos pensées de circuler. Claudel se donne un
235 e sont jetés dans un énorme embouteillage, il n’y a plus qu’à se laisser pousser dans le sens incertain de la masse. Or c
236 mots aggravés par la presse et par la politique, ont peu à peu fait passer pour communes des significations qui à vrai dir
237 ce n’est pas seulement cartésien ; et Descartes n’ a fait que constater les effets antipoétiques d’un relâchement originel
238 r vers sa vraie fin tout ce qu’une durée mauvaise a disjoint et altéré. « Car l’attente ardente de la création attend la
239 parce que ce n’est pas de son propre gré qu’elle a été assujettie à vanité » (Rom. 8, 19-20). Ne fût-ce que par son styl
240 la conçoit dans son cœur, et répète l’ordre qui l’ a créée, s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rôle d’ori
241 l’acte conscient de la fin qui l’englobe, il n’y a plus de distinction du matériel et du spirituel. L’homme « se connaît
242 qu’il éprouve à se servir des instruments dont il a la propriété ». Et son corps lui est comme « un document où il suit l
243 oétique, art de refaire le monde — tel que Dieu l’ a connu de toute éternité ! 40. En effet, la citation du Cratyle qu’i
26 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une idée de Law (janvier 1937)
244 die : La victoire appartient toujours à celui qui a le dernier écu. On entretient en France une armée qui coûte 100 milli
245 par an ; c’est 2 milliards pour vingt ans. Nous n’ avons pas plus de cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre, en
246 e et tout en population, car, pour son argent, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans le système actuel, on perd celui
247 que, dans le système actuel, on perd celui qu’on avait , sans profiter de celui qu’on a détruit si dispendieusement. Compatri
248 d celui qu’on avait, sans profiter de celui qu’on a détruit si dispendieusement. Compatriote de Law, M. Rickett songeait
249  » à la guerre. Mais le geste du capitaliste, qui eût été la plus belle farce de l’Histoire, a soulevé d’universelles prote
250 e, qui eût été la plus belle farce de l’Histoire, a soulevé d’universelles protestations. L’échec de Law et l’échec de Ri
27 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
251 s, comme par décantation, des défauts mêmes qu’on a pu reprocher aux précédents ouvrages de l’auteur. Mais c’est la métho
252 r Mounier de fonder la théorie personnaliste de l’ avoir sur les doctrines catholiques les plus solides à cet égard, celles de
253 les précisions thomistes que les siècles jésuites avaient obnubilées, et que la grande majorité des catholiques d’aujourd’hui i
254 ans l’embrouillamini politico-sentimental où nous ont plongés les doctrines et les ressentiments secrétés par le capitalism
255 e spirituel, donc humain. Je sais gré à Mounier d’ avoir , chemin faisant, démontré que la propriété n’est pas un instinct perm
256 s maintenant de rendre aux mots leur sens. Il n’y a que cela de sérieux dans la politique moderne. Et le Manifeste de Mou
257 s ce cas bien commun.) Mais je ne sache pas qu’on ait jamais songé à des théories de ce genre pour excuser la sécularisatio
258 ’erreur fréquente des écrivains catholiques. Marx a bien montré que l’usure n’est qu’un facteur secondaire, et très peu d
28 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
259 bien la traversée, cette étrange coupure qu’elle a faite dans ma vie, entre les derniers jours passés à Paris non sans f
260 vages du détroit, c’est fort apparemment que je n’ avais rien de mieux à faire. J’étais chômeur depuis trois mois. On m’offrai
261 sirée en secret dès longtemps. Je voudrais bien n’ avoir pas l’air trop romantique : mes dernières années de Paris m’avaient a
262 trop romantique : mes dernières années de Paris m’ avaient appris que cette ville, au moins pour la jeunesse sans argent, est la
263 ant il suffit de bien peu pour partir : la France a des milliers de maisons vides. Dites autour de vous que vous en cherc
264 vivre » ? C’est à cette question judicieuse que j’ ai voulu répondre.   Début de novembre Je commencerai par l’inventaire d
265 , et peu capable de comprendre que l’on veuille «  avoir  » autrement. Posséder, ce n’est pas avoir. Ce n’est pas même avoir l’
266 uille « avoir » autrement. Posséder, ce n’est pas avoir . Ce n’est pas même avoir l’usage éventuel de quelque chose. Mais c’es
267 . Posséder, ce n’est pas avoir. Ce n’est pas même avoir l’usage éventuel de quelque chose. Mais c’est user en fait de cette c
268 rer coûte que coûte.) Mon domaine, c’est ce que j’ ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’ai
269 ici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’ ai trouvé dans le chai deux tréteaux et deux planches bien rabotées ; j’
270 deux tréteaux et deux planches bien rabotées ; j’ ai dressé cela devant la fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces
271 cs enclosent de tous côtés ce jardin de curé, qui a juste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, u
272 ante odeur de laurier.   10 novembre Ce journal n’ aura rien d’intime. J’ai à gagner ma vie, non pas à la regarder. Toutefois
273   10 novembre Ce journal n’aura rien d’intime. J’ ai à gagner ma vie, non pas à la regarder. Toutefois, noter les faits pr
274 l dans le silence à peu près absolu. Mais aussi j’ ai l’impression nette d’utiliser la fin de l’élan intellectuel qui me so
275 travailler. Aujourd’hui c’est le jour du repos. J’ ai trouvé au fond d’une armoire, derrière une pile d’assiettes, deux vol
276 pays, et surtout pour les légendes, locales, qui ont fortement exagéré et embelli tout cela… La science réclame de petits
277 petit. Laissons donc de côté ce petit travail qui a dû valoir les palmes à son auteur. Le second bouquin, c’est l’œuvre d
278 peu partout pour sauver « l’esprit » d’un pays. J’ ai passé tout l’après-midi dessus. — Cela commence par une chronique his
279 naturellement l’énumération des débarquements qui ont honoré l’île, des premières galères romaines jusqu’au bateau à vapeur
280 les champs tombent en friche. La Révolution seule a ranimé l’ardeur des habitants, pour la plupart jacobins. Plusieurs de
281 t jacobins. Plusieurs des discours de leurs chefs ont été consignés par miracle : ils ne le cèdent en rien pour l’ampleur d
282 s-préfecture, un vieux docteur au fichu caractère a composé de sa longue expérience, de ses rancunes, de son amour caché,
283 gens d’ici. Elle corrige la mauvaise humeur que m’ a donnée notre épicière. Car il faut bien, hélas, commencer par l’épici
284 va vivre. Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle a des douleurs dans les jambes, et m’en parle d’abord, pour me mettre e
285 ujard, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’ ai du travail à faire chez moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose p
286 ire pour les journaux, sans doute, mais il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays. Je l’ai laissée en plein mystère. El
287 il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays. Je l’ ai laissée en plein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les cli
288 r ce pays. Je l’ai laissée en plein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence,
289 leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n’ a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver elle fait peu de réserves de
290 entrant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’ a dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, el
291 lles les augmenteront bien plutôt pour le punir d’ avoir été en face. Sans compter qu’on n’aime pas être accueilli par la répr
292 Derrière la grille, le long visage de Pédenaud. J’ ai l’impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins,
293  Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? Si, il y a des corrections écrites à la main
294 on calcul sur un bout de papier, et conclut que j’ ai à payer 72 francs pour un envoi, ce jour-là, d’une centaine de feuill
295 n télégramme, c’est une notification officielle d’ avoir à verser sans délai la somme de francs 67,25, restant due sur l’envoi
296 e sur l’envoi de ce matin. En effet, Pédenaud qui a voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone au
297 oi de ce matin. En effet, Pédenaud qui a voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone au chef-lieu. Son
298 effet, Pédenaud qui a voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone au chef-lieu. Son supérieur lui a
299 ons par téléphone au chef-lieu. Son supérieur lui a confirmé qu’un manuscrit s’affranchit comme une lettre. Il faut donc
300 . Pédenaud est mutilé de guerre. Il boite. On lui a donné cette recette auxiliaire à titre de dédommagement. Salaire : 28
301 ans nos pays », dit-on, et je crois bien que je l’ ai dit quelquefois. Mais il y a aussi des exceptions, des cas sans précé
302 ecours. Pourtant je suis bien tranquille, je ne l’ ai même jamais été aussi absolument. C’est peut-être à cause du bonheur
303 », à l’étranger… Tout ici me ramène à moi seul. J’ ai beau faire, je ne parviens pas à partager avec les hommes de ce villa
304 timentale, une gêne constamment sensible. Et je n’ ai nulle envie d’en prendre mon parti. Dans ce qu’ils ont pu entrevoir d
305 ulle envie d’en prendre mon parti. Dans ce qu’ils ont pu entrevoir de mon activité, une seule chose les a frappés : ma mach
306 pu entrevoir de mon activité, une seule chose les a frappés : ma machine à écrire. La mère Renaud, qui est une vieille am
307 est venue plusieurs fois nous voir. Hier, elle m’ a demandé avec toutes sortes de précautions oratoires embrouillées si s
308 font, et je puis le comprendre et l’admirer. Ils ont ainsi sur moi une sorte de supériorité concrète dont je ne souffre pa
309 é rigoureuse qui règnent ici avec tant d’aisance, ai -je le droit de les considérer comme les symboles visibles de l’univer
310 s pas qu’ils se méfient de moi. Simplement, ils n’ ont jamais formé de phrases, dans leur tête, à propos de ces choses-là. N
311 ore je devine qu’ils n’estiment pas que je puisse avoir une opinion plus avertie que la leur sur les sujets que je viens de n
312 en fais parfois la matière même de mon travail. J’ ai quelque peine à exprimer ceci, — qui n’est précisément qu’un sentimen
313 un siècle ou deux, se demandera-t-on comment nous avons pu rester si parfaitement aveugles ? Ou bien est-ce ma gêne qui est a
314 onner raison au bon sens de l’époque présente. Il a trop souvent fait ses preuves.   15 décembre Déjeuné, après le culte,
315 se trouve, des remplacements d’institutrices. Ils ont déjà deux garçons, et ils ont trouvé le moyen de recueillir encore un
316 ’institutrices. Ils ont déjà deux garçons, et ils ont trouvé le moyen de recueillir encore une vieille Bretonne sans ressou
317 tièrement protestante au xvie siècle, M. Palut n’ a plus aujourd’hui qu’une centaine de paroissiens disséminés. Il en vie
318 ont indifférents. Il me raconte les efforts qu’il a faits, pendant six ans, pour entrer en contact avec la population. Co
319 lques conversions. Mais c’est tout juste si elles ont compensé les abandons ou les départs. (Les protestants qui sont souve
320 raison d’être est cependant de leur parler. Il n’ a rien d’autre à faire, et il ne peut pas le faire. Et de plus, il est
321 s, il est seul à croire qu’il doit le faire. Il m’ a décrit son existence sans amertume. Il ne se plaint que de son isolem
322 converti à l’âge de vingt ans et depuis lors il n’ a jamais songé qu’il pût faire autre chose qu’annoncer l’Évangile. Qu’i
323 hose qu’annoncer l’Évangile. Qu’importe qu’il n’y ait « à vues humaines » aucun espoir de se faire entendre, si le seul esp
324 …) Ce séjour, par ailleurs plein d’agrément, ne m’ a permis de faire jusqu’ici qu’une seule expérience précise et utile :
325 , « perdre » une soirée, depuis six mois que je n’ ai plus de travail fixe. Quand je m’arrêtais d’écrire, par fatigue, je n
326 sentais pas la bonne conscience de l’employé qui a fait sa journée et qui pense maintenant à autre chose. Une sorte d’im
327 ! La colère y jaillit sans rencontrer personne. J’ ai à craindre qu’elle ne m’attaque par désir famélique de créer du nouve
328 du nouveau. Car c’est une consolation aussi que d’ avoir à faire face à quelque catastrophe intime. Certains jours on donnerai
329 ureau, d’impitoyables rendez-vous, d’indifférence avaient repoussée dans nos lombes ; cette chose toujours neuve et nouvelle qu
330 Si le travail moderne est dégradant, c’est qu’on a limité ses gestes à l’immédiat, et borné son attente au salaire. Or t
331 eu. La première condition c’est de gagner peu. (J’ ai écrit cela, je me le rappelle, peu de temps après notre arrivée, au h
332 est bien ainsi, et très complet.)   10 avril Je n’ ai pas encore parlé de la poule, la triste et digne poule noire qui habi
333 is notre arrivée, héritée du propriétaire. Nous l’ avons nourrie sans espoir pendant des mois, la croyant trop vieille pour êt
334 ssablement neurasthénique. Et voilà qu’hier, elle a pondu. Et ce matin de nouveau. De très gros œufs, me semble-t-il. (Où
335 t des problèmes qui intéressent leur existence. J’ aurais beau leur expliquer chaque terme. Ils n’y reconnaîtraient rien de ce
336 cela ne peut accrocher à rien dans cet être que j’ ai devant moi, avec ses rides, sa barbe et sa casquette, et qui continue
337 ontinue à me parler de la pêche, de son filet qui a été emporté hier, etc. Quel sens concret cela peut-il avoir de parler
338 emporté hier, etc. Quel sens concret cela peut-il avoir de parler de la « scission » entre cet homme et la culture ? N’y a-t-
339 « scission » entre cet homme et la culture ? N’y a-t -il pas là deux mondes qui n’ont jamais eu de contact, ni jamais de co
340 la culture ? N’y a-t-il pas là deux mondes qui n’ ont jamais eu de contact, ni jamais de commune mesure ? Je reviens à mes
341  ? N’y a-t-il pas là deux mondes qui n’ont jamais eu de contact, ni jamais de commune mesure ? Je reviens à mes pages, bie
342  : après une demi-heure de relecture attentive, j’ ai rajouté quelques virgules, précisé quelques termes trop vagues, barré
343 sique d’un homme, confrontée avec les idées que j’ avais en tête. Il y a probablement une fatalité interne dans notre culture 
344 nchante, se critique, se légitime elle-même. Elle a ses lois, qui se suffisent. Les concepts alors se combinent selon des
345 its ou les êtres qu’ils sont censés représenter n’ ont pas dans la réalité. À la fin on obtient l’absurdité que j’éprouvais,
346 réflexion qui me laisse assez froid. La culture m’ a repris. Je suis dans le faux et tout y est correct : je dis que la th
347 poule noire couve depuis hier ses treize œufs. J’ ai semé des salades, planté des choux, enfoncé une à une des graines de
348 icots dans un sillon tiré à la ficelle. Plaisir d’ avoir les doigts et les ongles terreux ; toujours ce goût d’enfance… Je ne
349 us émeut. Cette nuit, avant d’aller me coucher, j’ ai été voir au poulailler. (Nous attendions depuis deux jours l’éclosion
350 carottes, il faut encore attendre, et les choux n’ ont que quelques feuilles. Mais avec le produit de nos pêches, les bons d
351 s en fait de « rentrées ».   14 juin Hier soir, j’ avais fait une dernière revue de nos possibilités de subsister pendant les
352 ources : néant. Reste : 90 francs. Ce matin, nous avons décidé de réagir. Quand une auto risque de rater le tournant emportée
353 x dont je connaissais tout juste le nom. Que je n’ aurais jamais eu l’idée de solliciter. Et qui m’est octroyé pour un petit li
354 aissais tout juste le nom. Que je n’aurais jamais eu l’idée de solliciter. Et qui m’est octroyé pour un petit livre paru s
355 ins certains d’entre eux. Sur le moment, ce qui m’ a le plus frappé c’est que je m’étais fâché hier soir, et que la Provid
356 vidence, évidemment, se payait ma tête. Ensuite j’ ai calculé que cela nous permettait de passer l’été ici sans inquiétude.
357 n jour par semaine. Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ ai pu aller y négocier mon chèque. J’arrive devant la porte où il est éc
358 sine. J’attends je ne sais combien de temps, je n’ ai pas de montre, mais c’est très long. Aucun bruit de voix dans la sall
359 re affaire réglée, il croit devoir s’excuser de m’ avoir fait passer à côté tout à l’heure. « Vous savez, c’est la coutume, ic
360 emple (la ville prochaine sur le continent) ils n’ auraient pas idée de ça, au contraire, ils sont tout fiers de venir à la banqu
361 ils sont tout fiers de venir à la banque. Ici, on a dû faire cette salle d’attente… » Autant que j’en puis juger d’après
362 nte, après tout légitime, qu’on sache combien ils ont « mis de côté », qui peut expliquer le comportement des gens d’ici. I
363 je ne m’intéresse plus guère à leurs affaires. J’ ai pris mon parti de cet équilibre indifférent et cordial qui a fini par
364 parti de cet équilibre indifférent et cordial qui a fini par s’établir entre nous : et il ne reste que l’ennui de nos con
365 us de questions utiles.   2 juillet La sécheresse a été la plus forte : malgré nos arrosages, les salades et les choux so
366 erre se craquèle, ou devient poussiéreuse. Il n’y a plus que quelques roses aux pétales fatigués. — Et nous, nous n’avons
367 ues roses aux pétales fatigués. — Et nous, nous n’ avons plus la même patience, depuis qu’il y a de l’argent dans un tiroir. C
368 a de l’argent dans un tiroir. Cela signifie que j’ ai cessé d’être chômeur. Le départ est fixé au 10. Il va falloir vendre
369 précise de cet état qu’ils rêvent et craignent. J’ ai pensé plus d’une fois qu’il pourrait être utile de décrire ma petite
370 ser de vivre son plein. Voici un an bientôt que j’ ai quitté Paris. Voici un an que je dors bien, que je travaille sans fiè
371 e chose. Je ne dis pas que c’est le bonheur, je n’ ai jamais très bien compris ce mot, que tant de gens invoquent avec un a
29 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Gösta Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)
372 le châtiment, où le démon découvre que son œuvre a libéré les hommes de leur bonheur, et la vie de l’obsession de vivre.
373 oie dans le pays du fer, à l’époque du fer » nous ont appris à leur façon « les riches alternances de la vie ». Mais c’est
374 a vie ». Mais c’est aussi au peuple entier qu’ils ont appris sa gloire quotidienne. Rien de plus profondément moderne que c
375 femme de la littérature européenne dont le génie ait eu la force de recréer un pays tout entier, avec ses classes et ses i
376 me de la littérature européenne dont le génie ait eu la force de recréer un pays tout entier, avec ses classes et ses inst
30 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au dossier d’une vieille querelle (novembre 1937)
377 équents, ne manqueront pas d’en conclure qu’ils n’ ont pas à se mêler aux luttes sociales et politiques où leur raison a tou
378 aux luttes sociales et politiques où leur raison a tout à perdre mais que s’ils s’y trouvent mêlés, comme il arrive parf
379 ême en fasse subir de salutaires à une vie qui en a grand besoin. Que cela n’aille pas sans risques, c’est l’évidence. Ma
380 uée et se risque encore dans le chaos, et qu’elle a su y prévaloir sur quelques points. On ne voit pas bien pourquoi il f
31 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
381 Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938) ai Professeur, écrivain, traducteur d’ouvrages français, ami de la Fr
382 ce faits à ceux mêmes qui se taisent, etc., etc. ai . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Aladár Kuncz, Le Monastère noi
383 aris, janvier 1938, p. 145-146. aj. Rougemont en a rendu compte dans le numéro de mai 1934 de la NRF : «  Le Procès, par
32 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
384 ontre que l’équation Napoléon n’en doit pas moins avoir pour second membre l’abdication. Il y a sans doute une théorie de l’H
385 léon, voilà ce que nous propose Robert Aron50. Il a pensé qu’il valait mieux tirer de faits fictifs des conséquences vrai
386 ne abdication forcée en abdication volontaire, il ait fallu si peu changer et si peu imaginer. Il faut vraiment que dans l’
387 des journées qui précèdent la bataille, Napoléon a découvert la vie concrète d’un pays et des êtres dont c’est la patrie
388 e d’un pays et des êtres dont c’est la patrie. Il a conçu les premiers doutes humains sur la réalité de son empire, sur s
389 , au moment où le sort de la bataille vacille, il a retrouvé soudain le cri de la Révolution : Vive la Nation ! Or ce cri
390 vons et nous gouvernons en pleine idéologie. Nous avons fait un empire géant pour n’avoir pas été capables de fédérer nos com
391 idéologie. Nous avons fait un empire géant pour n’ avoir pas été capables de fédérer nos communes. » Voilà l’épigraphe de l’ou
392 me » et non pas à hauteur d’idéologies. Peut-être ai -je trop insisté sur l’actualité politique de cette méditation personn
393 libératrice et excitante pour l’esprit. À peine l’ a-t -on fini qu’on se jette sur Sorel, sur Madelin et sur Aubry, pour leur
33 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une révolution refoulée (juillet 1938)
394 manqués ». S’il y a eu « expérience Blum », elle a consisté à empêcher la révolution. Juin 1936 était un espoir que les
395 tout ce que l’Histoire retiendra. Ce fait initial a déterminé la courbe de l’expérience : il s’agissait d’affirmer une my
396 s civique fléchit, c’est-à-dire quand chacun veut avoir plus qu’il ne peut et ne sait faire, seule une révolution est capable
397 réformes. Mais personne ne la prépare. M. Staline a d’autres plans, et Ce soir a d’autres vertus. S’il se fait une révolu
398 prépare. M. Staline a d’autres plans, et Ce soir a d’autres vertus. S’il se fait une révolution, elle sera donc improvis
399 cinée s’est jetée dans la gueule du dragon, après avoir trompé et désarmé la résistance prolétarienne. On a refoulé dès sa na
400 trompé et désarmé la résistance prolétarienne. On a refoulé dès sa naissance la révolution de 36. D’où le « complexe » qu
34 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alice au pays des merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)
401 vécu de Minkowski. « Cette façon d’ergoter qu’ils ont tous ! », gémit Alice, constamment réfutée par un formalisme délirant
402 d’entrave, de cauchemar. Impossible de savoir qui a gagné, quand une des règles principales du jeu est omise ou inobservé
403 compose le récit. Et parfois les pièges logiques ont une double détente par calembour. Tout cela est assez bien symbolisé
35 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
404 de l’Europe en 1938. — Les démocraties de l’Ouest avaient fondé leur paix sur deux principes : droit des peuples à disposer d’e
405 as une fédération, aucun des États constituants n’ ayant renoncé à aucune de ses prérogatives au bénéfice de la Société ; d’au
406 aradoxe politique que nous venons de définir. Ils eurent l’habileté de baser leurs revendications, à la fois sur l’un des prin
407 ires sudètes. Une cession purement diplomatique n’ eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait
408 ment « rituelle ». Les uns remarquaient qu’il n’y avait guère de différence entre Berchtesgaden et Godesberg. Les autres pens
409 sses ne tardèrent pas à démontrer que Chamberlain avait su exprimer l’une des tendances fondamentales et instinctives de l’Oc
410 ératif ne fut pas exploitée par les nations qui l’ avaient remportée comme malgré elles et en dépit de leurs intérêts nationalis
411 ur. Personne ne sut opposer au Führer l’idéal qui avait fait jusqu’alors la force et l’équilibre dynamique de l’Occident : l’
36 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)
412 nt de 1908 à 1935, mais la position de l’auteur n’ a pas varié durant ce temps. Elle se ramène, me semble-t-il, à ceci : l
413 ême du christianisme.51 Alain dit quelque part n’ avoir jamais connu de « vrai croyant » qui ne vive « selon la peur ». Serai
414 qui ne vive « selon la peur ». Serait-ce qu’il n’ a jamais rencontré que des hommes « religieux », non des chrétiens viva
415 donc son enquête, si toutefois il ne tient pas à avoir raison comme Napoléon, qui faisait les demandes et les réponses. 51
37 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
416 ente, et comme innocente… Mais jamais la Nature n’ a rien produit de pareil. Vous sentez bien qu’il y a du démoniaque dans
417 s de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que l’
418 uel qu’il soit ? Celui qui cherche, c’est qu’il n’ a pas ; mais peut-être aussi qu’il n’est pas ? Celui qui a, vit de sa p
419 mais peut-être aussi qu’il n’est pas ? Celui qui a , vit de sa possession et ne l’abandonne pas pour l’incertain, — enten
420 omettre un certain équilibre social que les mœurs ont pour but de maintenir, cet équilibre étant d’ailleurs bon ou mauvais.
421 tions qui l’épuisent, sans que l’ordre des choses ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don Juan est un tricheu
422 qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne l’ a fait jusqu’à lui. Polémiste perpétuel, Nietzsche se trouve entièremen
423 ées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans le d
424 re séduction d’une hypothèse scientifique. Il n’y a plus de foi qui affirme et qui maintienne en vertu de l’absurde. Ah !
425 on se lasse de gagner à tout coup, pour peu qu’on ait l’envie de nier des règles que personne n’ose plus dire inviolables !
426 es vérités qu’ils respectaient, voyez comme elles ont vite cédé ! Il faudra donc s’en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà « 
427 ient. C’est encore l’aube de la terre. Personne n’ a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée, de chaque croyance, de chaque
428 , de chaque croyance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu violer le secret ; et leur défaite rapide les rend toutes mépri
429 vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’elles ont trahi leur commune vulgarité, le triomphe perd toute saveur. Il faut
430 faut détruire maintenant les valeurs neuves qu’on avait inventées pour la lutte. Il faut rejeter avec dégoût ce que l’on dési
431 trois vérités se sont rendues, et pas une seule n’ a su le retenir. Qu’importent les « contradictions » ! Ce n’est pas pou
432  ? Car si ce Dieu est mort à tout jamais, il n’y a plus d’amour possible. Il faut inventer un amour qui permette au moin
433 puissance anéantie par son succès, que Nietzsche a rencontré soudain la fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc
434 Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’il a vécu ? Dieu revivra éternellement ! Ainsi Nietzsche devient le Trista
435 r Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être la clé du m
436 ⁂ Comme je parlais de ces choses à une amie : « J’ ai connu, me dit-elle, un homme marié avec lequel ayant été coquette en
437 ai connu, me dit-elle, un homme marié avec lequel ayant été coquette en vain, il me dit en me quittant : “Je vous ajoute à ma
438 des mille e tre”. » C’étaient les femmes qu’il n’ avait pas eues, par fidélité à la sienne. Où est la tricherie ? Dans ce déf
439 e tre”. » C’étaient les femmes qu’il n’avait pas eues , par fidélité à la sienne. Où est la tricherie ? Dans ce défi install
38 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
440 iques que ceux que nous pensions connaître. Ils n’ ont pas été restaurés par les auteurs de manuels, ni patinés par nos lect
441 ons fécondes ou grotesques. Qui sait où cela nous eut menés ? Le livre de Schmidt inventorie, avec une sorte d’ardente luci
442 ente lucidité, les richesses dont l’ère classique a voulu faire le sacrifice. Ce n’est pas rien ! Cela donne à Phèdre un
443 tine d’une suprême élégance, la plus discrète, il a fallu brûler le mobilier, les souvenirs de famille datant du Moyen Âg
444 crivain contemporain, conscient de l’impasse où l’ a conduit l’idéal d’une poésie pure, pourrait trouver dans les thèmes e
445 on de culture que les facilités de l’après-guerre ont passablement déprimée. On imagine un Valéry reprenant tel dessein de
446 Paradis perdu et les « gestes de Dieu ». Le poète a reçu la vocation de restituer le cosmos à l’état adamique, d’effacer
447 on perçoit sa voix dans chaque dialecte ». Nous l’ avons perçue de nos jours, dans le dialecte d’un Claudel, parfois même dans
448 oint à nous le rendre proprement inimaginable ? N’ a-t -elle pas dissocié Nombre et Verbe au point de rendre puérile à nos ye
39 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
449 titude où pareil livre entraîne le jugement. Gide a tant répété : Ne jugez pas ! qu’il a fini par se rendre lui-même litt
450 gement. Gide a tant répété : Ne jugez pas ! qu’il a fini par se rendre lui-même littéralement « inestimable ». Comment pr
451 istence. Malgré les pages plus élaborées que Gide a groupées ça et là sous des titres particuliers (Feuillets, Numquid et
452 il ne donne de moi une idée assez fausse. Je ne l’ ai point tenu durant les longues périodes d’équilibre, de santé, de bonh
453 mais bien durant ces périodes de dépression où j’ avais besoin de lui pour me ressaisir, et où je me montre dolent, geignant,
454 r exemple, les choses tues dans ce recueil — Gide a marqué qu’une grave lacune mutile l’image qu’il nous y livre de lui-m
455 s importantes à dire sont celles que souvent je n’ ai pas cru devoir dire — parce qu’elles me paraissaient trop évidentes. 
456 ent ne serait-on pas tenté de dire surtout ce qui a frappé, ce qui est bizarre, ce qui fait exception justement. Et comme
457 e se paraître à soi-même plus perspicace, et l’on a grande tendance, par contre, à négliger, de peur de se surfaire, tout
458 ce qu’il cherche… » Or, en écrivant cela, Gide n’ a-t -il point cédé à la tentation qu’il décrit ? Cercle vicieux de la sinc
459 que le désir de compenser ou de parfaire ce qui n’ a pas été vécu, ou mal vécu. (« J’avais besoin de lui pour me ressaisir
460 rfaire ce qui n’a pas été vécu, ou mal vécu. (« J’ avais besoin de lui pour me ressaisir ».) La vie réelle n’y figure souvent
461 s d’une manière qu’il importerait de spécifier. ⁂ A-t -on remarqué jusqu’à quel point l’« antichristianisme » de Gide est ch
462 éracité « advienne que pourra ». Du moralisme, il a gardé sans doute une propension fondamentale à préférer à la lettre d
463 fussent-elles non conformistes. Mais toute morale a bientôt fait de se muer à son tour en dogme, et la morale protestante
464 ré tout de cette première éducation chrétienne, l’ a mis en garde contre certaines altérations, les plus fréquentes, du ch
465 s ! ») Ceci explique que le souci central de Gide ait été de débarrasser son christianisme de toutes les adjonctions « huma
466 tel qu’il se développa au siècle dernier. « Je l’ ai souvent dit à Claudel : Ce qui me retient [d’entrer dans l’église], c
467 pas la libre pensée, c’est l’Évangile. » Mais n’y a-t -il pas, à l’origine de ce refus de toute église (tant reformée que ca
468 Orthodoxie protestante — écrit Gide —, ces mots n’ ont pour moi aucun sens. Je ne reconnais point d’autorité, et si j’en rec
469 e sens le droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions du pape de Rome non par dégoût de l’autorité e
470 . Mais les problèmes qui se posent à nous, nous n’ avons pas pu les choisir, et encore moins les circonscrire dans un domaine
40 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
471 Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940) as Le plus intéressant dans un recueil de mélanges ou d’hommages, c’e
472 , Stravinsky. Claudel y touche de près. Cocteau y a des souvenirs, Maritain des amitiés. Pour la fête, on a invité quelqu
473 souvenirs, Maritain des amitiés. Pour la fête, on a invité quelques étrangers de marque : Thomas Mann, Zweig, Valéry. Et
474 sait Goethe, elle est elle-même enseignement. » as . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Hommage à C. F. Ramuz  », La N
41 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
475 lez-vous ? » Alors, seulement, je comprends qu’il avait dit : « J’ai un studio… » Le lendemain matin, très tôt, nous arrivons
476 rs, seulement, je comprends qu’il avait dit : « J’ ai un studio… » Le lendemain matin, très tôt, nous arrivons chez lui, ma
477 ment que le terme d’orthodoxie protestante puisse avoir un sens. Le protestant, pour lui, c’est l’opposant. (Comme on le croi
478 gner à toute pensée qui par le style d’abord ne l’ ait séduit. Il me parle souvent des Variations de Bossuet, avec une vive
479 de sa recherche. Sur un seul de ces entretiens, j’ ai pris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais eu l’impression ce jo
480 s, j’ai pris des notes. C’est celui du 20 juin. J’ avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait la prudence dans l’aveu,
481 i pris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait la prudence dans l’aveu, qu’
482 u, qu’il me disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’ a peut-être jamais répété. La conversation s’engage sur L’Amour et l’O
483 me de sa vie ». Jeune homme épris et puritain, il a voulu disjoindre l’amour et le plaisir. Il croyait que « l’amour hété
484 ccentuant, circonflexant le dernier mot. Ce qui l’ a souvent frappé chez bien des femmes, c’est leur manière « de s’offusq
485 er du désir de l’homme ». Plusieurs, mariées, lui ont confié « qu’elles tenaient la libido de leur mari pour quelque chose
486 ? — un éclair de malice au coin de l’œil. Puis il a quelques phrases obscures, apparemment contradictoires avec ce qu’il
487 tradictoires avec ce qu’il vient de me dire : « J’ ai trop longtemps gardé cette illusion que la femme n’avait pas besoin d
488 rop longtemps gardé cette illusion que la femme n’ avait pas besoin du commerce physique, autant que nous. Hélas, je ne voyais
489 clair. On se trompe ainsi, et les conséquences. J’ ai été assez bête pour croire cela ! Il ne faut jamais croire ce qu’elle
490 faut jamais croire ce qu’elles nous disent. » Il a pris une expression angoissée et crispée. « Je vous parle très sincèr
491 rle très sincèrement, je vous parle de choses qui ont joué un rôle très grave dans ma vie. » (Frappé par le ton de confessi
492 ubitement, après un silence : « C’est ainsi que j’ ai commis, à cette époque — je parle de mon premier séjour en Afrique, —
493 timement sa femme — « le seul être, dit-il, que j’ ai vraiment aimé » — tous ces passages ont été coupés. On les lira plus
494 -il, que j’ai vraiment aimé » — tous ces passages ont été coupés. On les lira plus tard. Il les a recopiés dans deux cahier
495 ges ont été coupés. On les lira plus tard. Il les a recopiés dans deux cahiers gris d’écolier. Un soir, il vient m’averti
496 y vienne prendre tous les livres dont je pourrais avoir besoin… Dès le lendemain, j’y pénètre, bien sûr. Des housses couvrent
497 ien en évidence, un fort cahier gris d’écolier. J’ ai lu les premières lignes, pour vérifier, et j’ai vite refermé la couve
498 J’ai lu les premières lignes, pour vérifier, et j’ ai vite refermé la couverture. Pudeur, ou répugnance à donner dans le pi
499 le piège ? Les deux sans doute. Combien de fois l’ ai -je revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les pl
500 près de Lausanne, à Neuchâtel, à Berne. Mais je n’ ai plus souvenir d’aucune conversation qui mérite d’être rapportée, j’en
501 iers. Jeu de télépathie, plutôt que de hasard.) J’ avais écrit, dernière question : « Qu’est-ce que le style ? » Catherine, sa
502 des bouts-rimés. Il y excellait. ⁂ Peu d’hommes m’ ont donné l’impression que le problème religieux existait dans leur vie e
503 il torturait Gide, hors quelques crises dont nous avons les témoignages, mais il restait, pour lui, problème. Gide avait peu
504 gnages, mais il restait, pour lui, problème. Gide avait peu d’instinct religieux, et moins encore de goût pour la métaphysiqu
505 les plus variés de l’évolution de Gide. Ce qui l’ a vraiment torturé, c’est l’éthique, non le religieux ; la justice et n
506 ni l’adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir la foi sans être saint lui paraissait la tricherie même, tandis qu’il
507 nt lui paraissait la tricherie même, tandis qu’il eût admis la sainteté sans foi. Que dis-je ? Il l’a souhaitée expressémen
508 eût admis la sainteté sans foi. Que dis-je ? Il l’ a souhaitée expressément. Mais comment définir un saint qui ne croit pa
509 même s’il en refusait les dimensions profondes. J’ ai dit qu’il se méfiait d’une certaine « profondeur » qui mesure parfois
510 s’émouvait… Peu d’écrivains, même chrétiens, nous ont montré pareil amour pour l’Évangile, et cela jusque dans les années o
511 oire, une civilisation sur vingt et une connues l’ ayant rendue possible et acceptable. « Hérétique entre les hérétiques », to
512 , et à lui seul, libéré de l’empire des mythes, n’ a cessé d’occuper sa pensée. Et j’ignore si c’est mal ou bien : je cons
513 ormes établies. Mais la foi, le salut personnel n’ ont rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas de l’ordre des mérites
514 place du Juge, ou mêler vanités et salut. Si Gide a refusé totalement quelque chose, c’est justement le totalitarisme, qu
42 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
515 occidentale (mars 1957)au Pourquoi l’Europe a-t -elle créé les sciences physiques, conçu l’Histoire et découvert la Te
516 ert la Terre ? D’autres cultures et civilisations ont trouvé mieux peut-être, mais pas cela. Est-il possible d’attribuer au
517 les, ou par quelque essence éternelle, comme on l’ a cru de l’unité de nos nations à partir du xixe siècle. L’Europe est
518 ssable. Pourtant, certaines options fondamentales ont pu conditionner l’allure de l’odyssée. Ôtez le dogme de l’Incarnation
519 définitions trinitaires et christologiques, vous avez quelque chose comme l’Inde et non l’Europe. De cette recherche d’un
520 u’aux débuts du siècle dernier, les Occidentaux n’ ont presque pas varié quant à la date de naissance de l’humanité. Un prof
521 viiie siècle, crut pouvoir la préciser : l’homme avait été créé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures du matin. Les
522 d’enseigner à des générations dont notre enfance a connu les derniers représentants. Cependant, vers 1950, nul ne peut p
523 illénaire d’un quatrième âge, ou Kaliyuga, lequel a commencé à minuit précise, le 18 février 3102 avant J.-C., et doit se
524 on si l’on en juge par notre siècle, tandis qu’il a toujours manqué aux Orientaux avant qu’ils aient subi notre influence
525 u’il a toujours manqué aux Orientaux avant qu’ils aient subi notre influence55. Toute réflexion sur l’Aventure occidentale se
526 que toutes les cultures et civilisations que nous avons exhumées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècle ont
527 sé de la Terre ou qui survivent dans notre siècle ont enseigné des théories du temps, et presque toutes décrivent un temps
528 it exception dans le monde antique. Ses prophètes ont cru que Iahvé intervenait par de libres actions dans l’existence terr
529 que les hommes touchés par le message évangélique ont découvert le temps irréversible de l’Histoire, et qu’ils ont osé l’ac
530 rt le temps irréversible de l’Histoire, et qu’ils ont osé l’accepter. La prédication paulinienne, avec son insistance extra
531 Histoire. Si toutes les religions traditionnelles ont développé des mythes du temps cyclique et de l’éternel retour, c’est
532 e et de l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la m
533 ns. Contre le malheur et son absurdité, l’homme n’ a d’autre recours que d’attribuer un sens à ce qu’il subit sans l’avoir
534 s que d’attribuer un sens à ce qu’il subit sans l’ avoir « mérité ». Au scandale des souffrances et de la mort, il ne répondra
535 apportait en même temps la certitude que le temps a été vaincu au matin de Pâques, que l’homme ne lui appartient que par
536 dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’homme n’ aurait pas la preuve d’une existence qui échappe au temps et à la mort. « Si
537 s quel « âge d’or du christianisme » — comme on l’ a ressassé depuis les romantiques — fut bien plutôt dans son ensemble u
538 lution introduit dans le monde par l’Évangile. (J’ ai dit plus haut que le Moyen Âge fut la période « orientale » de l’Euro
539 u par le message chrétien, l’humanité occidentale a dû trouver les moyens de l’accepter progressivement et d’y adapter se
540 toire s’y trouvent tellement noyés que personne n’ a le souci de les dater. C’est un mouvement exactement contraire qui s’
541 l’état civil des hommes et des actions humaines n’ a cessé de se préciser, tandis que la Fin et le Commencement des temps
542 taine d’années) il se révèle que notre humanité n’ a pas derrière elle six-mille ans, mais probablement six-cent-mille. Et
543 c ses quelque trois ou quatre milliards d’années, aurait déjà vécu presque un « jour de Brahma » dans le cosmos actuel. Je dis
544 te Histoire pourvoyeuse d’exemples et de leçons n’ a d’autre autorité que celle d’un précepteur. Ses « lois » ne sont enco
545 ubre, ou seulement d’une crise de croissance ? On a vu que la croyance à l’Histoire absolue, ce produit de remplacement d
546 lue, ce produit de remplacement de la Providence, a pour effet normal d’éliminer la croyance à l’action personnelle. La p
547 t au fatalisme. Comment l’Histoire et la personne ont -elles pu devenir exclusives l’une de l’autre, alors qu’elles sont née
548 ttitude chrétienne devant le temps ? Notre époque aurait -elle simplement l’esprit « plus historique » que toutes les précédent
549 e l’avenir : cette espèce de congélation du temps a pour effet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les siècles
550 ant le risque béant, soudain total, l’homme qui n’ a pas de foi cède au vertige. Sa dernière résistance à l’angoisse du te
551 plus responsable, mais c’est l’Évolution, et je n’ ai plus d’autre choix que de m’en dire l’agent. Cet abandon de l’être en
552 avers. Mais les « lois » révélées par Karl Marx n’ ont jamais prévu rien de tel ; elles permettent simplement au Dictateur d
553 de la réalité des utopies au nom desquelles on l’ a versé. Mais d’où vient cette fureur d’anticiper l’avenir jusqu’à l’hy
554 s désirs en arrière, mais les « leçons du passé » ont rarement justifié d’autres délits que ceux de la routine. L’Histoire-
555 , surmontant le vertige cosmique et temporel où l’ a plongé sa science par une mutation brusque, saura-t-il en tirer une l
556 berté nouvelle ? Je céderais à la tentation que j’ ai décrite si j’essayais d’anticiper sur nos lendemains, et ceux-ci ne s
557 ». Il suffit qu’une charte, une coutume, un usage ait vingt-cinq ou trente ans, au Moyen Âge, pour qu’on l’invoque sous le
558 ent tout sauf l’essentiel humain, parce qu’on les a conçus non comme des directives, mais comme des cadres rassurants ; d
43 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
559 e et oblitère son mandarinat. Enfin, l’Occident n’ a pas plus tôt découvert l’art nègre, les masques, la magie, le jazz, q
560 bien le même ? La Personne Le christianisme a formé l’Occident, en formant, dès les premiers conciles, ses modèles
561 urs variables », par là douée d’une liberté que n’ aura jamais l’individu, simple objet du déterminisme universel. Et quant à
562 sel. Et quant à la science d’aujourd’hui, dont on a pu penser « qu’elle n’aborde le moi que pour le disjoindre60 », il me
563 que âme individuelle, ou peut-être pour plusieurs ayant même nature ou affinité, il y a un être spirituel qui tout au long de
564 Zarathoustra nommait les Fravartis, « celles qui ont choisi » (c’est-à-dire choisi de combattre pour venir en aide à Ohrma
565 ue groupe d’êtres appartenant au monde de Lumière a sa Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sienne63. La
566 mière a sa Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sienne63. La Terre physique et tous les êtres qui l’habit
567 — Je suis toi-même ! Mais si l’homme sur la Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est une apparition monst
568 es de l’Europe, mais s’il est une croyance qu’ils ont tous en commun c’est la croyance à la métempsycose, à la transmigrati
569 igre de ce corps dans un autre ? — Non, il n’y en a point. — S’il n’y a pas de transmigration, peut-il y avoir une réinca
570 s un autre ? — Non, il n’y en a point. — S’il n’y a pas de transmigration, peut-il y avoir une réincarnation ? — Oui, c’e
571 Voici l’explication : « Le Roi dit : Nagasena, y a-t -il quelqu’un qui ne reprenne point l’individualité après la mort ? N
572 té après la mort ? Nagasena répondit : Celui qui a péché reprend une individualité, mais non un être pur. — Ô Nagasena,
573 s’il existe rien de semblable à l’âme ? — Il n’y a rien de semblable à l’âme.70 » Un texte zen chinois surenchérit : « Y
574 l’âme.70 » Un texte zen chinois surenchérit : « Y a-t -il un enseignement à donner au peuple ? — Oui. Lequel ? — Il n’y a ni
575 ent à donner au peuple ? — Oui. Lequel ? — Il n’y a ni esprit, ni Bouddha, ni aucune chose qui existe. » (Mais on ne donn
576 e « recette d’immortalité ». Et même la seule qui ait réussi. Apprenons donc à lire dans leur optique. Le même Kitaro Nishi
577 : « Ainsi que Bodhidharma (le fondateur du zen) l’ a déclaré, zen ne se soucie pas de disserter sur des notions abstruses
578 présent, ta physionomie originelle, celle que tu avais avant même d’être né.72 » Par où nous rejoignons un certain christian
579 ’amour traduisant ces trois conceptions, que nous avons les plus grandes chances de les trouver. Dans ce domaine, toute diffé
580 le prochain soit un même acte : sinon le comme n’ aurait pas son plein sens. Dans l’amour de soi-même, l’homme naturel s’ouvre
581 vient la personne ? Quel que soit le nom que lui ont donné les trois religions abrahamiques, le vrai moi est toujours susc
582 t toujours suscité par l’Amour même : « Dieu nous a aimés le premier. » Pour le chrétien, c’est parce que Dieu, qui est A
583 l’amour véritable l’explique seule. « Personne n’ a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime. » Se s
584 oi naturel. Désormais le vieil homme est jugé : n’ ayant pu l’entraîner avec elle vers son bien et l’animer de son amour, l’âm
585 e de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’ils ont partie liée, et qu’elle mourra si elle le tue. Elle se contente alors
586 nent. La plupart des névroses dites « sexuelles » ont leur genèse dans cette discorde permanente, dans ce refus que l’âme o
587 mbole de la « prison » du moi. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphose angélique, quand l’esprit lui demandait seule
588 ons les victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’amour de lui-même.74 » L’érotisme sensuel
589 tée mais non pas convertie par l’esprit — comme l’ a si bien vu Kierkegaard. Tout amour véritable procède du vrai moi et s
590 rmanente de l’esprit : le mazdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’homme et de l’amour homologues aux notions c
591 propre. » Toute personne s’origine en Dieu, qui l’ a créée afin d’être connu par elle et de « devenir en elle l’objet de s
592 soi-même », — comme étant née du même amour qui m’ a créé. « (Dieu) est celui qui dans chaque être aimé se manifeste au re
593 -là même qui assure la coalescence de ce que l’on a désigné historiquement comme amour courtois et amour mystique. Car l’
594 r de la fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t -il été des Figures féminines célébrées par les Fedeli d’amore, compag
595 es Fedeli d’amore, compagnons de Dante ; ainsi en a-t -il été de celle qui apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure de
596 chacun est le prochain en proportion de ce qu’il a quelque chose du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit de la même
597 prochain de la même manière que l’autre… ; il n’y a jamais chez deux personnes un bien absolument identique… C’est l’amou
598 erait que l’image sensible, — et c’est pourquoi j’ ai osé dire que Tristan n’aimait pas Iseut — cette passion n’est-elle pa
599 e sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré l’amour de l’Ange que les amants de la forêt du Morois en vien
600 et l’unanimité des écoles bouddhistes, comme on l’ a vu, nient la personne ou la survolent, ne connaissent que l’ego tout
601 ouddhisme. S’il est vrai que « la notion de Moi n’ a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit un texte tibétain
602 comprendre la nature de l’ultime réalité qu’après avoir détruit tout attachement inné ou acquis, pour ses semblables…84 » Et
603 es semblables…84 » Et le Bouddha lui-même : « Qui a cent sortes d’amours a cent sortes de douleurs ; qui a un amour a une
604 e Bouddha lui-même : « Qui a cent sortes d’amours a cent sortes de douleurs ; qui a un amour a une douleur ; qui n’a pas
605 t sortes d’amours a cent sortes de douleurs ; qui a un amour a une douleur ; qui n’a pas d’amour n’a pas de douleur. » Si
606 amours a cent sortes de douleurs ; qui a un amour a une douleur ; qui n’a pas d’amour n’a pas de douleur. » Si l’on s’en
607 e douleurs ; qui a un amour a une douleur ; qui n’ a pas d’amour n’a pas de douleur. » Si l’on s’en tient aux textes, la c
608 a un amour a une douleur ; qui n’a pas d’amour n’ a pas de douleur. » Si l’on s’en tient aux textes, la cause est entendu
609 ouddha que l’Europe au Sermon sur la Montagne. On aura tort. Car les grandes doctrines religieuses de l’Asie n’ont jamais ét
610 Car les grandes doctrines religieuses de l’Asie n’ ont jamais été révolutionnaires. Elles n’ont jamais prétendu transformer
611 l’Asie n’ont jamais été révolutionnaires. Elles n’ ont jamais prétendu transformer l’ensemble des réalités humaines : social
612 en condamnant la sensualité au nom de l’esprit, l’ a posée comme réalité et catégorie spirituelle. Dans les littératures d
613 auteur se trouve être un brahmane orthodoxe : « J’ avais vécu en Europe, j’avais épousé une Européenne : apparemment, cela me
614 brahmane orthodoxe : « J’avais vécu en Europe, j’ avais épousé une Européenne : apparemment, cela me donnait l’invraisemblabl
615 le cliché Orient-Occident = non-moi-personne, qui a peut-être moins cours en Orient que dans certains milieux d’Europe et
616 oser des voies aux Renonçants (ou sannyasins) qui ont épuisé la coupe, ou la dédaignent. Pas de drame, encore moins de trag
617 ers. (III, 35) Et dans les upanishads : La vie n’ a servi de rien à celui qui quitte ce monde sans avoir réalisé son prop
618 ’a servi de rien à celui qui quitte ce monde sans avoir réalisé son propre monde intérieur. Elle reste invécue, comme les Ved
619 rs d’inconséquence logique ? Mais notre science n’ a-t -elle pas inventé plusieurs logiques, aussi valables l’une que l’autre
620 amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour l’ avoir reconnu tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet de l’amour, et
621 nt tellement en garde contre l’illusion, qu’ils l’ ont mise en facteur commun dans tout ce qui existe ; (à tel point que le
622 eux l’équivalent de notre péché originel). Ils en ont fait autant pour les névroses qui s’attaquent à nos « agrégats » indi
623 era finalement résorbé, tout s’arrangera.) Ils en ont fait autant pour les personnes, potentialisées dans une seule Personn
624 elle-même ou l’image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce
625 e anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ ont dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pires
626 t : — Si tu cherches le Soi à travers elle, si tu as compris l’impermanence et t’exerces aux « vues justes » comme disait
627 ’est vouloir l’immortel, non l’éphémère, lequel n’ a rien en soi qui mérite l’amour. Cela n’empêche pas la poésie, les amo
628 , ni le désir, ni « cette adoration dont la femme a besoin pour s’accomplir, et par ce culte que nous lui rendons, nous a
629 -même. Tu dis le Soi, ce n’est personne. — Il n’y a personne. Personne ne peut aimer, sauf l’égoïste. Il y a l’amour, et
630 rejoindre l’Un primordial. Quand ses dieux mêmes auront fait leur office et fait leur temps, il y aura le Soi seul en tout. À
631  ». Depuis six millénaires, les sages de l’Asie n’ ont pas varié dans leur croyance à la dualité de l’Un et du Multiple, dua
632 ans l’Un seul, sans laisser aucune trace, comme n’ ayant pas eu lieu. Le triomphe de ces spirituels et de leur eschatologie se
633 doctrines sur la Lumière finale et sur le Vide n’ auront été, dans leur ensemble, qu’une immense transposition sur les plans p
634 lle ne sait plus d’où lui vient cette passion qui a produit la technique et les sciences, mais aussi nos structures socia
635 s. Quelle est la vraie ? Si les sages de l’Orient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la consommation des temps, p
636 totalement insensées. Si les saints de l’Occident ont raison, ils seront seuls à être là pour le savoir. La doctrine qui pe
637 té jusqu’ici, et que ces doctrines d’extinction n’ ont pas tué l’illusion du moi ; au contraire, ce moi sans valeur est en t
638 loutir dans l’Illusion de la matière (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation aventureuse, déchiffrer l’Être
639 dans l’Illusion de la matière (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation aventureuse, déchiffrer l’Être da
640 e, en tant qu’il participe au mystère du créé. Il a choisi cette voie, qu’il aille jusqu’au bout ! Pour lui la Réalité es
641 satisfaction : « La psychologie moderne, en fait, a éliminé l’ego comme entité. » (Mysticism : Christian and Bouddhist, p
642 et il est décidé qu’il sera fait suivant ce qu’il a proposé. D’autres fois, plusieurs membres de l’assemblée se lèvent en
643 e ceux-ci se trouve être, de par les causes qui l’ ont engendré, le descendant et l’héritier de multiples lignes de causes,
644 Occident. Bismarck écrit : « Faust se plaignait d’ avoir deux âmes en lui. J’ai en moi une foule d’âmes turbulentes. Et tout s
645 « Faust se plaignait d’avoir deux âmes en lui. J’ ai en moi une foule d’âmes turbulentes. Et tout se passe comme dans une
646 métaphysique occidentale. Mais Stéphane Lupasco y aura sans doute pensé. av. Rougemont Denis de, « La personne, l’ange et